Avril 2012, n°21
DOSSIER : Éloge de l’anoure ! Roger FONS
Président de la FRNC Directeur de recherches honoraire CNRS
Réserves Naturelles CATALANES Conat Forêt de la Massane Jujols Mantet Mas Larrieu Nohèdes Prats-de-MolloLa-Preste Py Vallée d’Eyne avec la participation : Réserve Naturelle de Cerbère-Banyuls Réserve Naturelle Régionale de Nyer
La parole à
Réalité angoissante, l’érosion de plus en plus évidente de la diversité spécifique est une menace permanente pour l’avenir de l’Humanité. Les espèces s’éteignent actuellement dans le monde à un rythme cent à mille fois supérieur au taux moyen observé dans l’histoire de la Terre. Vertébrés, invertébrés, végétaux, il est estimé que, d’ici 2050, 30 à 40 % de la faune et de la flore auront irrémédiablement disparu. Notre planète connaît la sixième extinction massive de sa biodiversité. En ce début du XXIe siècle, les amphibiens sont particulièrement menacés. Préoccupée dès la fin des années 80, la communauté scientifique dénonce maintenant le déclin mondial flagrant de ces animaux. La moitié des 6 800 espèces environ recensées est menacée. De nombreuses hypothèses tentent d’expliquer la chute de leurs populations : déforestation, destruction des habitats, des zones humides, dégradation des écosystèmes, pollutions chimiques, introduction d’espèces allochtones, rayonnement ultraviolet, pathologies… Dotés d’une spectaculaire métamorphose — avec un cycle de vie pouvant être composé d’une phase larvaire dans l’eau et adulte sur le sol — les amphibiens sont doublement sensibles aux dérèglements environnementaux tant terrestres qu’aquatiques. Enfin, une peau nue et perméable les rend plus vulnérables aux produits chimiques et agents pathogènes présents dans leurs biotopes. Maladie émergente d’origine fongique, la Chytridiomycose vient s’ajouter aux nombreux facteurs exacerbant le déclin des amphibiens. Provoquée par un sporozoaire découvert récemment, le champignon Batrachochytrium dendrobatidis, cette affection se manifeste par une asthénie, des lésions sur la peau et une hyperkératose qui altère la respiration cutanée entraînant la mort de l’animal. Les résultats récents des chercheurs sont inquiétants : pessimisme ou réalisme, certains biologistes avancent même l’idée d’une disparition quasi totale de ces animaux d’ici une cinquantaine d’années ! Prédateurs et proies, les amphibiens jouent un rôle déterminant dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et leur disparition constitue une sérieuse menace pour la biodiversité. Bien que nous soyons dans un contexte international et national de récession économique et de régression sociale, ce serait une erreur majeure de ne pas poursuivre les efforts engagés depuis ces dernières décennies au service de la Nature. La dégradation planétaire et son incidence tragique sur nos propres vies lancent un défi. Nous possédons un riche héritage culturel, biologique et une extraordinaire diversité d’écosystèmes et de paysages, des fonds sous-marin au sommet du Canigó. Sentinelles avisées au cœur même de ce patrimoine naturel remarquable — ayant un rôle pédagogique indéniable et véritable outil de développement durable — les réserves naturelles sont indispensables à cette sauvegarde de la biodiversité qui constitue l’une des grandes priorités de la planète. Nous disposons de certains éléments de réponse face aux enjeux mondiaux. Ensemble, nous prenons acte pour l’avenir. Ensemble, nous garantissons la préservation et la transmission de notre patrimoine exceptionnel. Je reste résolument optimiste, persuadé que nous serons entendus et que nous devons poursuivre, plus que jamais, l’excellent travail déjà accompli. Lettre éditée sur papier recyclé avec le soutien de :
SOMMAIRE
L’écho des réserves, p. 2
« Fa temps », une pièce de théâtre d’actualité !, p. 2 Le chat forestier ce mystérieux chat sauvage, p. 3 Création d’un corridor écologique en basse vallée d’Eyne, p. 4 Premier plan de gestion de la Réserve Naturelle de Conat, p. 5 Entretien des sentiers : test d’un sécateur électrique, p. 5 Les brèves, p. 5
Éloge de l’anoure !, p. 6
Qu’est-ce qu’un amphibien ? Tout nous sépare et pourtant on amphibien ensemble !, p. 6 Réserves catalanes, terre d’amphibiens, p. 8 Suivi de l’Euprocte des Pyrénées : on n’est jamais amphibien servi que par soi-même, p. 9 Nohèdes et les amphibiens, une histoire d’anoure, p. 10 Pleure, ô amphi bien aimé ! Régressions et menaces, p. 10 Maladie d’anoure ? Mycose toujours !, p. 11
Découvrir notre patrimoine, p. 12
Communication et pédagogie
« Fa temps »,
une pièce de théâtre d’actualité ! Dans la pénombre, le temps est suspendu presque figé… du silence de l’oubli, des voix aux accents catalans s’élèvent pour témoigner de la vie de nos montagnes catalanes fa temps. Le pinceau de Thomas Pénanguer dessine sur la toile la poésie de ces souvenirs d’antan. Trois personnages, auxquels on ne peut que s’attacher, nous livrent avec beaucoup d’humour et de sagesse leurs regards sur la société d’aujourd’hui. Ils nous emportent dans un tango à deux temps où le contemporain flirte avec le passé. Tressage d’images, de sons et d’odeurs qui éveille les sens et invite le spectateur à plonger dans ses propres souvenirs et à réexaminer sa propre existence. Cette pièce de théâtre à la fois documentaire, charnelle et sensorielle a connu un vif succès lors de sa première représentation à Prades le 28 janvier 2012 en faisant salle comble. Une semaine plus tard, le 4 février, le spectacle était joué à Eyne avec un caractère plus intimiste et une salle tout aussi remplie. A la fin de chaque représentation, les spectateurs ont eu la joie de goûter les saveurs des soupes d’autrefois. Enthousiasme, nostalgie, joie, la palette des émotions suscitées par cette pièce est large et colorée comme l’exprime si bien Maryse, bergère de Mantet : « j’ai repris la route de Mantet le cœur plein de joie ! La compagnie Encima porte bien son nom : ses acteur ont su nous faire partager la profonde humanité que portent les paroles d’Irénée. Le temps de cette soirée, la mémoire a traversé notre présent et nous a donné l’espérance pour notre futur ». Cette pièce est née de la confluence du travail de collecte de la mémoire orale par l’association Nataph, de la 2
créativité de la compagnie Encima et de l’ingénierie des Réserves Naturelles Catalanes dans le cadre de l’appel à projet éducation à l’environnement de Réserves Naturelles de France. Il ne reste plus qu’à faire vivre ce spectacle dans les villages de nos montagnes pour faire perdurer la mémoire de nos aînés. Prolongation du théatre sensoriel par la dégustation de la soupe d’antan cuisinée sur scène.
Karine CHEVROT, technicienne RN de Mantet
Etudes et suivis
Le chat forestier ce mystérieux chat sauvage « el gat fagi » Il est là, depuis bien longtemps, tapi au fond des bois mais aussi près des villages. Discret, adepte de petits rongeurs, il est peu connu des montagnards, et pourtant, le Chat forestier (Felis sylvestris sylvestris) est un insoumis, un libertaire. Les analyses génétiques l’attestent, ce chat sauvage européen n’a jamais été domestiqué par l’Homme. Ainsi, les chats domestiques (Felis sylvestris catus) proviennent d’un autre Chat sauvage (Felis sylvestris lybica) originaire de la zone du croissant fertile entre Iran et Irak. Au coeur du berceau de l’humanité et de la domestication de nombreux animaux, il y a plus de 12 000 ans, le chat sauvage lybica s’est rapproché des Hommes et de la civilisation agro-pastorale naissante, pour profiter des rongeurs attirés par le blé et autres céréales. A contrario, le chat forestier européen a eu un destin bien différent. Si l’image d’Epinal renvoie ce chat à des paysages forestiers, les premiers résultats de notre étude démontrent que ce félin apprécie autant les forêts que les landes. Dans les Pyrénées-Orientales et les réserves naturelles catalanes, il occupe aussi bien la forêt que les soulanes et leurs landes de cistes, genêts purgatifs, genêts scorpion, prunellier ; autant de milieux offrant gîte et couvert pour plus de sécurité. Il semble occuper une grande partie de l’espace montagnard et il n’est pas exclu qu’il puisse vivre en toute discrétion dans des garrigues proches du littoral. Le terme de forestier ne lui conviendrait guère dans nos territoires. Ce petit félin possède des caractéristiques physiques particulières : petite tache blanche sous la gueule, queue annelée avec manchon noir, arête spinale avec bande noire, flanc clair. Toutefois, les chats hybrides, fruits de l’union entre chat domestique et chat sauvage rendent impossible la détermination de l’espèce sans passer par la génétique. Cette hybridation est au coeur des enjeux de conservation du chat forestier. À la fois menace et chance selon Chat forestier, station de piégeage photographique, Montilla, Nohèdes
les taux d’introgression, elle a légitimé un suivi dans les réserves naturelles catalanes. Le suivi scientifique du chat forestier dans les Réserves Naturelles Catalanes constitue une première dans les Pyrénées françaises. La collaboration avec Dominique Pontier du laboratoire de biométrie biologie évolution du CNRS à Lyon, avec François Léger (ONCFS), Jean-Pierre Pompidor et Frédéric Salgues (naturalistes), Guilhem Laurents et Nina Merciez (stagiaires), a fourni des premiers résultats probants sur le statut du chat forestier sur le mont Coronat. À partir de suivis d’itinéraires, de mises en place de stations de suivis avec pièges photographiques, de campagnes de recherches de fèces, nous avons pu prouver la présence de ce petit félin sur les Réserves Naturelles Catalanes. Pour 2012, il s’agit de récolter un maximum d’indices génétiques pour étudier le génome du chat forestier. Notre collaboration se renforce avec le Parc Naturel du Cadí Moixeró. Tout un programme dont nous ne manquerons pas de vous informer des résultats ! Olivier SALVADOR, technicien RN Jujols et Nohèdes
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Gestion et aménagement
Création d’un corridor écologique en basse vallée d’Eyne Problématique
Description de l’opération (automne 2011 )
La baisse de la pression anthropique a favorisé une progression de la forêt au détriment des prairies de fauche relictuelles dans les zones basses de la vallée d’Eyne, celles-ci étant confinées sur un linéaire étroit de part et d’autre de la rivière de l’Eina. Cette dynamique naturelle a provoqué la jointure de la forêt entre le Bosc del Quer à l’ouest et le Bosc d’Eina à l’est au niveau du bas de la vallée. Ce « verrou écologique » empêche les déplacements altitudinaux de l’entomofaune essentiellement et confine les populations en amont ou en aval. Cela a notamment pour effet d’empêcher certaines espèces de migrer vers le haut lors de périodes sèches ou, à l’inverse, de descendre lors de périodes humides et froides pour trouver une végétation donc une ressource alimentaire disponible selon les variables climatiques. L’objectif de cette action est de créer des surfaces de développement des espèces de type prairial et mégaphorbiaie et de favoriser un effet de « corridor écologique » entre la moyenne vallée et le piémont.
Le peuplement forestier est constitué de pins à crochets issus de colonisation naturelle dont l’âge varie de 5 à 40 ans (futaie jardinée). Par le biais d’une coupe de type « éclaircie forte » le boisement a été transformé en prés-bois sur une bande répartie de part et d’autre du Camí de la Vall. Cela correspond à la conservation d’une tige tous les 10 mètres (soit de 100 tiges / ha en moyenne structurées en bouquets (les arbres conservés sont répartis inégalement par petits bosquets) et en clairières afin de ne pas trop dénaturer l’ambiance finale. L’extraction des bois a été réalisée selon les méthodes classiques d’exploitation forestière encadrée par un cahier des charges précis (circulation des engins, période, utilisation de la traction animale, sortie des bois houppier compris).
Résultat • Environ deux hectares traités pouvant évoluer vers une structure végétale de type prairial et augmentation significative des « effets de lisière ». • Un volume de bois estimé à 400 m3 (soit env. 1000 MAP) recyclés en auto-consommation dans la chaudière à plaquettes de la commune d’Eyne. • Un nouveau quartier pastoral créé en basse vallée permettant de gérer les milieux rouverts et d’affiner le calendrier de montée et de descente des troupeaux en estive.
Conclusion et suivi de l‘opération
Avant (photo ci-dessus à gauche) et après les travaux (photo ci-dessus à droite) Utiliser la traction animale quand c’est possible.
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Ce projet a permis de faire travailler de concert la commune d’Eyne, la réserve naturelle et le groupement pastoral sur une opération dont l’intérêt a été partagé (enjeu bois - énergie, enjeu biodiversité et enjeu pastoral) impliquant financièrement l’ensemble des parties. Cette zone va maintenant faire l’objet de suivis scientifiques approfondi (floristique, entomologique et climatique) afin de mesurer les effets à moyen et long terme. Rosmaryn STAATS, conservateur RN Vallée Eyne
Premier plan de gestion de la Réserve Naturelle de Conat La Réserve naturelle de Conat, créée en 1986, en même temps que ses voisines de Jujols et de Nohèdes, a vu son premier plan de gestion rédigé en 2011 — il est en cours de validation. Sa gestion se réalise désormais dans le cadre de la Fédération des Réserves Naturelles Catalanes. Cela facilite la collaboration avec les deux autres réserves, que rendait déjà naturelle l’unité du mont Coronat.
L’espace naturel protège une partie du secteur oriental du Bac du Coronat, ainsi que la crête qui s’élève depuis Saint-André de Belloc jusqu’à la Roca roja de la Serre pelada, englobant le fragment conatois du Pla dels Horts et les falaises blanches qui dominent la vallée du Callan. La forêt, surtout de pin sylvestre, occupe deux tiers du territoire ; pelouses, landes, falaises, éboulis, se partagent le reste.
Le diagnostic du territoire et sa confrontation avec ceux établis dans les réserves voisines montrent à Conat un déficit de connaissances qui concerne aussi bien les aspects scientifiques que ceux qui ont trait à la connaissance générale du lieu. L’objectif des cinq années à venir sera de réduire ce déficit afin, entre autre, de rendre réalisable l’ambition de gestion concertée.
Les enjeux socio-économiques sont actuellement modérés : exploitation forestière en repos, peu de pâturage, peu de sentiers fréquentables… Conat est encore une Belle au bois dormant. Ses trésors sont à découvrir. David MORICHON, conservateur RN Conat
Entretien des sentiers : test d’un sécateur électrique La La RNN de Prats-de-Mollo-la-Preste entretient dans son périmètre des sentiers de randonnées en soulane par un débroussaillage au moins tous les deux ans, entre 1 500 et 1 900 m d’altitude, sur un linéaire d’environ 20 km de landes et d’accrues de pins à crochet. La sous-traitance à une entreprise spécialisée n’a pour l’instant pas été retenue. Après 10 années d’utilisation de scies à élaguer et de grandes cisailles, dont les plus efficaces étaient à crémaillère, les tendinites aux avant-bras commencèrent à apparaître, limitant la quantité de coupes réalisées dans la journée. L’arrivée sur le marché des sécateurs électriques n’est pas nouvelle dans l’arboriculture et la viticulture, cependant le matériel a été considérablement amélioré, tant sur l’autonomie, que sur le poids et la puissance de coupe. Il devenait donc très tentant de le tester... Depuis un an c’est ce que nous avons fait. Le bilan est très positif, voici donc les résultats et caractéristiques résumés dans notre domaine d’utilisation qui n’était pas encore connu du fournisseur, c’est à dire sur coupe de branches de bois dur de 40 à 50 mm de diamètre (avec le « kit tête maxi ») : genévrier, genêt, pin à crochet... Au-delà de ce diamètre, la scie à élaguer prend le relais.
L’autonomie des batteries, donnée pour 8 heures, est très largement suffisante, compte tenu du temps de déplacement qui ne nous laisse rarement plus de 5 heures de coupe à effectuer. Les batteries pèsent environ 3 kg et se portent dans un petit sac à dos ajusté et confortable. Le transfert des batteries dans le sac à dos de randonnées s’avère à la longue insupportable sur les chantiers très denses en branches et lorsqu’il faut se pencher. Par rapport à la cisaille à main, le travail s’effectue au moins dix fois plus rapidement ! La seule fatigue ressentie est le poids du sécateur dans l’avant bras en fin de grosse journée. On apprécie l’absence de bruit pour l’utilisateur et l’environnement... pas de vibration, pas de carburant fossile à transporter, pas de fumée... Au regard du prix de revient de la journée de travail et du confort, on mesure facilement l’avantage financier. Pascal GAULTIER, conservateur RN Prats-de-Mollo-la-Preste
L e s b r è ve s Fréquence Grenouille
Nohèdes - le mercredi 25 avril La Réserve Naturelle de Nohèdes a participé cette année encore à cet événement national et a proposé aux enfants de 6 à 8 ans de découvrir ces incroyables animaux : Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Le crapaud, est-il vraiment le mâle de la grenouille ? Que deviennent-ils en hiver ? Sont-ils menacés ? Comment puis-je les protéger ?... Ainsi 25 enfant ont participé aux ateliers, jeux et observations des amphibiens de Nohèdes dans leurs milieux naturels : une journée riche en découvertes...
Fête des salades sauvages
Prats-de-Mollo-La-Preste Le dimanche 20 mai au Chalet de Las Conques • 10 h à 12 h - Balade et détermination • 15 h - Présentation en images des salades méditerranéennes L’objectif est de découvrir les différentes espèces et d’apprendre à déterminer celles qui sont comestibles. Repas possible sur place et sur réservation auprès du Chalet de Las Conques au 06 72 70 40 69. 5
Rainette
Éloge de l’anoure ! Visqueux, pustuleux, froids, inexpressifs, les amphibiens ont longtemps été mal aimés, surnommés les Affreux du règne animal. La zoologie des Lumières les a longtemps relégués dans le fourre-tout des vertébrés inférieurs, alors que les oiseaux, mammifères et autres papillons occupaient déjà le devant de la scène. Bon nombre d’idées reçues s’estompant avec le temps, ces petits animaux constituent de nos jours un formidable sujet d’émerveillement et de découverte. L’intensité de leurs couleurs, l’association des teintes et des textures, la délicatesse de leurs formes, suscitent un sentiment de beauté absolue comme seule la nature en est capable… Les réserves naturelles catalanes préservent des milieux naturels dont certains constituent l’habitat de nombreuses espèces d’amphibiens. Elles travaillent à l’amélioration des connaissances de ces animaux remarquables et s’engagent pour leur protection. Euprocte des Pyrénées
Salamandre tachetée
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Maria MARTIN et Raúl PIMENTA, technicienne RN Nohèdes et technicien RN Py
Qu’est-ce qu’un amphibien ? Tout nous sépare et pourtant on amphibien ensemble ! Les origines Le terme amphibien provient des termes grecs anciens αμφις [Amphis] qui signifie « les deux » et βιος [bios] qui signifie « vie ». L’amphibien est donc celui qui vit dans deux éléments, terrestre et aquatique. Les amphibiens méritent leur nom à double titre : non seulement une phase larvaire totalement aquatique précède leur métamorphose en adulte terrestre, mais ce dernier conserve le pouvoir de fréquenter les zones humides, lors de la reproduction par exemple. Les batrachomorphes, descendants de poissons primitifs qui se sont aventurés hors de l’eau, sont les ancêtres des amphibiens actuels. Ils seraient apparus sur terre au Dévonien, il y a environ 370 millions d’années, et constitueraient donc la charnière entre les vertébrés aquatiques et terrestres. À ce moment là seraient apparues les principales adaptations qui ont permis aux vertébrés de vivre sur terre : les membres pairs munis de doigts, adaptés au déplacement en milieu terrestre, la protection de l’œil par une paupière, l’individualisation du cou, etc.
La majorité des espèces d’amphibiens que nous connaissons ont en commun certains traits morphologiques et biologiques • La présence d’une peau fine et nue, sans aucune protection de type poils, écailles, ou plumes. Richement irriguée, elle est le principal organe respiratoire. Du fait de sa grande fragilité elle est recouverte de glandes à mucus qui empêchent la déshydratation, et possède des glandes à venin qui constituent un dispositif de dissuasion des prédateurs (on ne badine pas avec l’anoure !). • La métamorphose, passage d’une forme larvaire aquatique à une forme terrestre juvénile, puis adulte. Elle s’accompagne d’une adaptation du mécanisme respiratoire, dans lequel la peau conserve en permanence son rôle de premier plan ; les branchies du stade larvaire disparaissent, relayées par l’activité pulmonaire, plus accessoirement par celle de la muqueuse bucco-pharyngienne richement vascularisée. • Les systèmes intestinal, urinaire et génital débouchent dans un orifice unique appelé cloaque. • La poïkilothermie : les amphibiens sont communément appelés animaux « à sang froid » ; ils ne contrôlent pas leur température corporelle, qui varie au gré des conditions environnementales.
Grenouille rousse
Cette adaptation est très économe en énergie mais induit une activité dépendante des climats, des saisons et des aléas météorologiques.
Les amphibiens contemporains sont répartis en trois ordres • les urodèles (salamandres et tritons), caractérisés par un corps allongé et la présence d’une queue ; • les anoures (grenouilles, rainettes et crapauds), chez lesquels la queue disparaît au stade adulte et dont les membres postérieurs sont, la plupart du temps, adaptés au saut ; • les gymnophiones, non représentés en Europe, qui sont apodes, c’est-à-dire sans membres. En 2011 on dénombre près de 6 800 espèces d’amphibiens sur l’ensemble de la planète. Il en reste à découvrir : on en estime le nombre total entre 8 000 et 10 000. Les anoures, les plus nombreux, représentent près de 80 % de la batrachofaune décrite. Les amphibiens ont colonisé tous les types de milieux, des dunes littorales aux régions d’altitude en passant par les forêts, les bocages, les jardins et même les zones industrielles. Ils restent cependant inconnus des mers, des océans, des déserts et des régions polaires.
Maria MARTIN, Raúl PIMENTA, technicienne RN Nohèdes et technicien RN Py Crapaud commun
Combien d’années vivent les amphibiens ?
La grenouille qui voulait rester plus petite que le bœuf
Cette question est souvent posée… Il convient toutefois de distinguer la durée de vie moyenne constatée dans des conditions naturelles, de la longévité « record », recensée ici ou là, et qui n’a souvent qu’une valeur anecdotique ! C’est ainsi que la littérature a récemment fait part d’une femelle d’Euprocte des Pyrénées qui a atteint l’âge respectable de 29 ans au fin fond de son ruisselet… Mais d’une manière générale, les amphibiens vivent entre 5 et 10 ans selon les espèces et les types de milieux qu’ils occupent.
La plupart des espèces mesurent entre 8 et 20 cm au stade adulte, mais quelques-unes ne dépassent guère 1 cm. Cette année a été découverte une grenouille papoue (Paedophryne amauensis), qui s’avère être le plus petit vertébrés connu à ce jour : adulte, elle mesure tout juste 7,7 mm ! D’autres, telle la grenouille Goliath du Cameroun (Conraua goliath), atteignent facilement 30 cm du museau au cloaque. Le record absolu est détenu par un urodèle : la salamandre géante de Chine (Andrias davidianus) peut atteindre 1,80 m de long, pour un poids d’une cinquantaine de kilos… 7
Pélobate cultripède
Alyte accoucheur
Réserves catalanes, terre d’amphibiens La nuit tombée, à proximité de l’étendue collinaire de Jujols, de nombreux crapauds se précipitent vers l’eau rafraîchissante. Les mâles portent un étrange collier de perles sur les pattes ar-rères. Ces petites billes ocres renferment leur descendance dont ils prendront soin jusqu’à leur éclosion. Ces Alytes accoucheurs sont communs dans notre département, y compris dans les montagnes. Comme eux, de nombreuses espèces sortent de leur cachette diurne et rejoignent les points d’eau des réserves catalanes, à la saison de la reproduction. Onze espèces différentes ponctuent ainsi de leurs coassements les fraîches nuits printanières des réserves. Parmi les plus ordinaires, vous reconnaîtrez facilement le Crapaud commun, c’est celui qui vous toise de sa pupille orange du haut de ses 110 mm de hauteur au grand maximum. Attention, cependant, à ne pas le confondre avec la Grenouille rousse, de taille approchante, qui fréquente régulièrement les mêmes plans d’eau. Tout aussi commune, l’élégante Rainette méridionale est la petite grenouille qui colonise gaiement vos parcs et jardins et qui pénètre par curiosité jusque dans vos habitations. Parfois, elle pousse la coquetterie jusqu’à troquer sa robe verte de tous les jours pour une toilette bleu lagon. Cette indiscrète n’est présente que sur la réserve du Mas Larrieu car elle ne saurait se dispenser de la douce chaleur de nos plaines et littoraux. Elle n’est pas la seule à faire sa difficile et à éviter la fraîcheur de nos montagnes : le Crapaud calamite, le Pélobate cultripède et le Discoglosse peint sont trois crapauds que vous pouvez également rencontrer à basse altitude. Le discoglosse, fugitif du laboratoire Arago, camouflé grâce aux ocelles kaki dessinés sur son dos, progresse furtivement dans les milieux naturels. Sa présence a néanmoins été détectée dans les réserves de la Massane et du Mas Larrieu. Crapaud calamite
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Teinté également de kaki mais avec une apparence plus ramassée, le calamite a des exigences moins marquées et peut se rencontrer en moyenne montagne. Il affectionne les milieux ouverts et ne craint pas de fréquenter les sites créés par l’homme. Comme le pélobate, ce crapaud éclaboussé de taches brunâtres, il disparaît dès que le milieu se referme. Calamites, rainettes, discoglosses, pélobates, quel tintamarre la nuit dans la réserve du Mas Larrieu ! C’est sans compter, qui plus est, sur la présence des grenouilles vertes… Ne nous attardons pas sur ces espèces dont la distinction nécessite une oreille fine et entraînée et repartons au sein de nos réserves de montagne, à la découverte d’amphibiens plus discrets et moins célèbres, de l’ordre des urodèles. Le plus connu d’entre eux, la Salamandre tachetée, avertit les prédateurs de sa toxicité par sa robe jaune et noire. Habitante régulière des bois frais, elle possède toutes les caractéristiques de cet ordre, corps allongé, présence d’une queue, tout comme l’Euprocte des Pyrénées, animal aux mœurs encore plus discrètes. Ce dernier joue régulièrement à cache-cache avec les naturalistes qui, pour le débusquer, doivent le chercher parmi les anfractuosités, les pierres et la litière accumulée des torrents des montagnes. Seules les réserves de Nohèdes et de Prats-de-Mollo l’abritent avec certitude. Le Triton palmé est le seul représentant des tritons des RNC. Il s’est révélé aux naturalistes il y a deux ans dans la réserve du Mas Larrieu et a fait une brève incursion dans les réserves de Nohèdes et de Jujols, probablement aidé de la main de l’homme. Mais continuons à chercher et à étudier : le monde des amphibiens nous réserve encore bien des surprises ! Céline Quélennec, coordinatrice scientifique FRNC Discoglosse peint
Suivi de l’Euprocte des Pyrénées : on n’est jamais amphibien servi que par soi-même
Sources : ONF, FRNC (A.Grel)
L’Euprocte des Pyrénées, Calotriton asper (Dugès, 1852), est un amphibien endémique de la chaîne pyrénéenne et de ses piémonts. Il affectionne les eaux courantes et fraîches des ruisseaux et torrents de montagne, et passe une grande partie de sa vie dans les cavités et les anfractuosités humides, les réseaux hydriques souterrains. Connu à ce jour des réserves naturelles de Nohèdes et Prats-de-Mollo-laPreste, la répartition départementale de cet animal nous réserve probablement encore des surprises… Depuis 2011, l’office national des forêts et la fédération des réserves naturelles catalanes souhaitent approfondir la connaissance de la répartition de cette espèce sur leur périmètre d’intervention et caractériser son habitat à travers le relevé de divers paramètres, biotiques et abiotiques. Ce partenariat permet de travailler selon une méthodologie commune, tout en couvrant une large partie de l’aire de répartition potentielle de Calotriton asper dans notre département. La cartographie de la présence de l’espèce dans les réserves naturelles et les forêts domaniales des Pyrénées-Orientales, ainsi que la centralisation et l’exploitation de l’ensemble des données recueillies selon un protocole identique, nous permettront, à terme, de mieux appréhender les caractéristiques écologiques de cet amphibien méconnu. Ce faisant, nous améliorerons ensemble notre pouvoir de protection de cet amphibien patrimonial. Maria MARTIN, technicienne RN Nohèdes
Euprocte des Pyrénées : juvénile (à gauche) et larve (à droite)
Nohèdes et les amphibiens, une histoire d’anoure Cette réserve, très riche en zones humides, abrite diverses espèces d’amphibiens. Or, depuis la création de cet espace naturel protégé jusqu’en 2009, seuls des inventaires étaient réalisés et nous ignorions, pour la plupart de ces espèces, la structure, le mode de fonctionnement et l’évolution de leurs populations. Notre équipe a récemment mis en place un suivi de ces populations. Notre objectif est de mieux appréhender les tendances évolutives des amphibiens à Nohèdes, mais aussi
de participer à l’estimation et à la compréhension de l’état de la batrachofaune française. En effet, nous participons ainsi à un programme national de suivi piloté par la Société herpétologique de France : le POPAMPHIBIEN. À Nohèdes, à l’aide de ce protocole national (que nous avons décliné en quatre méthodologies afin de le rendre applicable à l’échelle locale), crapauds communs, grenouilles rousses, salamandres tachetés et euproctes des Pyrénées sont désormais suivis de près…
Prospection nocturne à l’Estany del Clot, Nohèdes
Maria MARTIN, technicienne RN Nohèdes
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Pleure, ô amphi bien aimé ! Régressions et menaces Nous assistons actuellement à une crise de la biodiversité telle, qu’on a pu la comparer aux cinq extinctions massives que notre planète a connues par le passé. Bien que l’extinction des espèces participe à l’histoire de l’évolution, les disparitions actuelles sont 100 à 1 000 fois plus rapides que le taux naturel, désignant la responsabilité de l’homme dans cette situation. Les amphibiens sont parmi les plus touchés. Ils sont particulièrement vulnérables aux facteurs déclenchant la crise en raison de particularités physiologiques et écologiques liées à leur place dans l’évolution : ils manifestent une extrême dépendance aux zones humides et une extrême sensibilité aux agressions que celles-ci subissent depuis plusieurs décennies. Le déclin des populations s’observe en Europe depuis les années 40, mais il n’y a qu’une trentaine d’années que l’on a compris la gravité d’une situation qui ne s’est pas atténuée aujourd’hui : la moitié des espèces européennes présente un déclin avéré, dont deux tiers seraient « confrontés à un risque élevé d’extinction à moyen terme »1. Crapaud électrifié, RN Forêt de la Massane
Atteintes aux biotopes et aux biocénoses
Atteinte globale
L’urbanisation, la progression des infrastructures routières, l’intensification de l’agriculture, l’assèchement des zones humides, la rectification et l’endiguement des cours d’eau… sont autant de facteurs de bouleversement ou de destruction des milieux naturels, et les causes majeures de la régression des amphibiens. Les populations sont de plus en plus isolées au sein d’habitats fragmentés, ajoutant le péril de leur affaiblissement génétique. L’introduction d’espèces allochtones peut nuire aux populations locales d’amphibiens, induisant parfois compétition, prédation, maladies.
Nombreuses sont donc les causes de l’hécatombe que subissent ces animaux fragiles, complexes leurs interférences. Les changements climatiques actuels, aux conséquences pas toutes évaluées, sont responsables en Europe de la régression des espèces à affinité continentale, et bouleversent la phénologie de la reproduction.
Atteintes aux individus L’épiderme des amphibiens est très sensible aux substances chimiques (herbicides, pesticides, engrais, métaux lourds…) facilement drainées par la pluie vers les zones humides. Ces pollutions provoquent des empoisonnements et perturbent la biologie du développement et de la reproduction des survivants. La circulation routière est particulièrement meurtrière pour les espèces qui migrent massivement vers les zones humides en période de reproduction. Les amphibiens sont l’objet d’un commerce, légal ou pas, mais apparemment lucratif. Recherche médicale, animaux de compagnie, gastronomie… si certaines espèces provoquent la répulsion, d’autres sont particulièrement appréciées… dans l’assiette ! Les cuisses de grenouilles restent très populaires en Europe, où s’en maintient un trafic. Des pathologies émergentes accentuent le déclin planétaire des amphibiens : maladie « des membres rouges », chytridiomycose et différentes nécroses. Leur propagation par l’homme est une raison bien identifiée de leur explosion.
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Quelles que soient les raisons de l’intérêt que l’homme porte à cette faune, qu’elles soient mercantiles, intellectuelles, affectives, il manifeste aujourd’hui un souci d’éthique environnementale. Ce qu’il a défait, il s’efforce de le restaurer par des mesures légales et des actions concrètes, de plus en plus nombreuses, qui viennent heureusement contrarier le déclin. 1
(UICN, 2008). Les raisons en sont diverses, complexes, mais largement imputables aux activités humaines.
Maria MARTIN, technicienne RN Nohèdes David MORICHON, conservateur RN Conat
Maladie d’anoure ? Mycose toujours !
Prélévements sur un Euprocte des Pyrénées à l’aide d’un écouvillon
La chytridiomycose est une maladie émergente qui vient s’ajouter aux nombreux facteurs de déclin des amphibiens. Elle est provoquée par au moins une des différentes souches du champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bd) connues à ce jour (Farrer et al., 2011), et cause, à l’échelle mondiale, le déclin rapide des populations de ce groupe. L’infection se transmet dans l’eau, par des zoospores qui colonisent la peau de ces animaux et qui sont à l’origine de dépigmentation et autres lésions cutanées : les amphibiens peuvent mourir des suites de l’infection (Dejean et al., 2010). Les activités humaines (pêche, déplacements, etc.), dans ou à proximité de sites aquatiques, participent fortement à la propagation de cette mycose, qui est aujourd’hui considérée par l’UICN (1) comme « l’une des pires maladies jamais observées chez les vertébrés en termes de nombre d’espèces infectées et de capacité à décimer les populations ».
Afin de mieux comprendre certaines dynamiques de population et pour mieux envisager toute action de conservation de la batrachofaune, les réserves naturelles catalanes ont participé en 2011 à une étude nationale de répartition de la maladie, initiée en 2008 sur le territoire français et pilotée par le Laboratoire d’écologie alpine de l’université de Savoie dans le cadre d’un programme de recherche européen (2). Cette étude a permis de détecter le Bd sur un crapaud calamite de la réserve naturelle du Mas Larrieu. Parmi les différentes lignées présentes en Europe, il en existe une particulièrement virulente. Celle-ci, incontrôlable dans le milieu naturel, a été détectée dans les Pyrénées, et sa présence dans notre département serait inquiétante. Il convient de rester vigilant et d’identifier la (ou les) lignée(s) présente(s) sur notre territoire : ainsi, de nouvelles campagnes de dépistage ont lieu dès cette année pour traiter ce problème majeur. Notre pouvoir de « sentinelle » au sein des espaces naturels protégés nous
permet de rapidement donner l’alarme en cas de problème, de mettre en œuvre des mesures pour limiter la dissémination de cette maladie et d’éviter ainsi, dans la mesure du possible, l’infection massive de nos territoires. 1) Union internationale pour la conservation de la nature 2) Il s’agit du RACE : Risk Assessment of Chytridiomycosis to European Amphibian Biodiversity. Pour en savoir plus : Dejean T., Miaud C. et Ouellet M., 2010. La chytridiomycose : une maladie émergente des amphibiens. Bull. Soc. Herp. Fr. : 134 p. (27-46). Farrer A., et al., 2011. Multiple emergences of genetically diverse amphibianinfecting chytrids include a globalized hypervirulent recombinant lineage. PNAS Early Edition : 5 p.
Maria MARTIN, technicienne RN Nohèdes
Espèces invasives : amphibien mal acquis ne profite jamais Considérées comme la seconde cause d’érosion de la biodiversité mondiale, les espèces invasives sont la cible des politiques environnementales et incitent les gestionnaires d’espaces naturels à la vigilance. Qu’est-ce qu’une espèce allochtone ? Quand devient-elle invasive ? Les espèces apparaissant dans un milieu situé hors de leur aire naturelle d’origine sont qualifiées d’exotiques ou d’allochtones. Elles ont été déplacées de diverses manières par l’homme, souvent volontairement, pour la recherche ou le commerce (fourrure, alimentation, nouveaux animaux de compagnie…). Elles trouvent parfois des conditions suffisantes pour survivre et se naturaliser dans ce nouveau milieu. Après plusieurs générations, d’aucunes font partie intégrante de l’écosystème et participent même à son bon fonctionnement, mais d’autres se multiplient au détriment de la diversité locale. Cette menace s’exprime par la compétition, la prédation, la destruction d’habitats, ce qui désigne les perturbateurs comme invasifs ou envahissants. Les populations d’amphibiens sont ainsi confrontées à de nombreux ennemis dont l’écrevisse de Louisiane, le vison d’Amérique, les salmonidés ou… d’autres batraciens !
Des amphibiens invasifs dans notre département ? Les deux espèces classées invasives dans l’hexagone sont absentes du département : la Grenouille taureau, géante à grand appétit, et le Xénope commun, étrange animal au corps lisse. Deux autres espèces exotiques sont à surveiller sur le sol catalan. Leur impact sur la faune locale n’est pas ou peu connu. Le Discoglosse peint, naturalisé à partir de quelques individus évadés au début des années 1900 du laboratoire Arago de Banyulssur-Mer, poursuit une colonisation qui le conduit actuellement de l’Hérault aux alentours de Gérone. Les grenouilles rieuses importées pour l’alimentation et la recherche se reproduisent avec les grenouilles vertes de notre littoral. Elles constituent des lignées hybrides où seul le génome de l’espèce exotique est transmis. Le risque occasionné par cette contamination génétique est mal évalué. Céline Quélennec, coordinatrice scientifique FRNC
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La Fête de la nature 2012 La Fête de la nature, ce sont cinq jours de manifestations gratuites au contact direct de la nature, pour permettre à tous les publics de la découvrir ou la redécouvrir. Des milliers de manifestations sont ainsi organisés par les associations de conservation et d’éducation à la nature, les collectivités locales, les établissements scolaires, les entreprises, les particuliers… sur tout le territoire français, en métropole et en Outre-mer, dans les villes comme à la campagne, mais aussi en Suisse, au Portugal, aux Pays-Bas. La Fête de la nature se déroule chaque année au mois de mai, à une date proche (sauf exception) du 22 mai, date de la journée internationale de la biodiversité. Pour en savoir plus et découvrir le programme national : http://www.fetedelanature.com
Réserve Naturelle de Jujols dimanche 13 mai Les rapaces et passereaux du mont Coronat • « Découverte des grands rapaces de la réserve naturelle » Randonnée - départ 9 h, retour 17 h (550 m de dénivelé), randonnée accessible aux personnes non ou mal voyantes avec des accompagnateurs de montagne diplomés handi nature. Réservation obligatoire (20 personnes) : 06 71 52 20 72
Réserve Naturelle de Cerbères-Banyuls samedi 12 mai Découverte de la réserve depuis le sentier du littoral Rendez Vous au parking des Espérades, temps de randonnée 1 h 30 (chaussures de randonnée recommandées). Arrivée sur la plage de Peyrefite (baignade possible) et retour libre au parking des Espérades. Deux sorties dans la journée. Premier départ à 9h45 pour la sortie de la matinée et second départ à 13h45 pour la sortie de l’après-midi.
• Goûter offert par le comité d’animation de Jujols 17 h 00, RDV à la mairie • « La femme oiseau » : spectacle de contes traditionnels autour des oiseaux et du désir de l’Homme de transformer sa condition. Tête en l’air, le nez au vent…Il rêve de rejoindre les cieux. L’esprit volatile de nos deux acteurs nous accompagnent dans un voyage qui puise sa force dans la sagesse millénaire des contes traditionnels. Sabine possède l’art de la parole en ricochet, sa voix grave et suave alliée à la musicalité de Samir font de ces rencontres un véritable moment de bonheur, teinté d’humour et d’authenticité. - De18 h à 19 h (sans réservation) RDV devant l’église
Réalisation, publication, diffusion : FRNC - Directeur de la publication : Roger Fons - Rédactrice en chef : Florence Lespine - Conception, animation : Karine Geslot - Rédaction et relecture : Karine Chevrot, Pascal Gaultier, Pascale Gédéon, Karine Geslot, Maria Martin, David Morichon, RaÚl Pimenta, Martine Pluvinage, Céline Quélennec, Olivier Salvador, Rosmaryn Staats - Crédit photographique et illustrations : Compagnie Encima, Joseph Garrigue, Pascal Gaultier, Olivier Grosselet, Nathalie Guénel, Claude Guisset, Bruno Le Roux, Alain Mangeot, Maria Martin, David Morichon, Hervé Texier, David Sannier. N°ISSN- 2106-6698 12
Fédération des Réserves Naturelles Catalanes, 24 rue Jean-Jaurès, 66500 Prades. Tel: 04 68 05 38 20 - conf.reserves.catalanes@espaces-naturels.