aquatiques ainsi que le pastoralisme sont apparus comme très vulnérables au changement climatique, tandis que les espèces exotiques envahissantes ou bien les espèces locales extérieures à la réserve, pourraient bénéficier au contraire du changement climatique pour s’implanter. Ce diagnostic a également permis d’identifier les pressions majeures (pratiques pastorales et tourisme) et définir les leviers d’actions sur lesquels il est nécessaire d’agir pour favoriser la résilience de la réserve. L’objectif premier du plan d’adaptation est de préserver la biodiversité et surtout les fonctionnalités des écosystèmes. Les actions proposées souhaitent éviter la « maladaptation », c’est-à-dire ne pas renforcer le changement climatique et de ne pas amplifier
les pressions existantes. Les mesures proposées sont donc « sans regret », c’est-à-dire qu’elles restent pertinentes quelle que soit l’évolution climatique future et présentent des co-bénéfices (ex : des mesures servant à la fois à la préservation de la biodiversité et ayant des retombées positives pour d’autres acteurs du bassin versant…). Au-delà d’être une liste de mesures d’adaptation, le plan vise non seulement à sensibiliser et mobiliser les acteurs mais aussi à montrer que des actions sont possibles et que le changement climatique peut être à envisager comme un élément déclencheur, pour améliorer la gestion de la réserve et de son territoire environnant. C’est l’occasion que chaque acteur du territoire perçoive les impacts induits par le changement cli-
matique sur leurs activités et ainsi de faire évoluer les pratiques, dans une logique durable et respectueuse du territoire. Ce plan est basé sur une logique « gagnant-gagnant », qui permettra de diminuer ou de limiter les impacts du changement climatique, d’améliorer la préservation de la biodiversité et les fonctionnalités écologiques, de maintenir les services écosystémiques et d’augmenter la résilience du territoire au regard du changement climatique. Kenzo Héas chargé de missions LIFE Natur’Adapt Fédération des réserves naturelles catalanes
Se lancer dans une démarche d’adaptation au changement climatique : une façon de porter un autre regard sur son aire protégée et son territoire environnant ! 66 km, c’est le linéaire de digues exisgement climatique. Elle nous amène tant sur l’île de Ré soit 62% de ses à développer une vision prospective côtes. Localisée dans les marais salés de l’évolution de l’espace naturel produ nord de l’île, la réserve naturelle tégé et son territoire environnant sous de Lilleau des Niges, gérée par la LPO, l’effet du changement climatique et n’y échappe pas. Le site à cheval sur donc à prendre conscience de ce qui la mer et les marais est traversé par pourrait changer à l’avenir. S’il y a enun système d’endiguement, hérité de core 10 ans suite à la tempête Xynthia, la période de conquête par l’Homme il n’était pas question d’envisager un de nouvelles terres sur la mer entre le XIIème et XIXème siècle pour y produire du sel. Dans le contexte du changement climatique et d’élévation du niveau marin, on comprend donc aisément que la réserve naturelle et son territoire environnant dépendent pour beaucoup du devenir de ces digues et de leur gestion. En tant que gestionnaire de la réserve naturelle, cela nous a donc conduit à nous mobiliser pour être associés localement aux discussions portant sur la stratégie en Vue aérienne de la réserve naturelle nationale de matière de gestion du trait de Lilleau des Niges (copyright : Yann WERDEFROY) côte, tant ce sujet conditionne l’avenir du site. En plus de répondre à certaines questions restées effacement des digues délimitant le en suspens depuis de nombreuses andomaine terrestre de la réserve natunées pour le gestionnaire, notamment relle, aujourd’hui, la LPO en tant que en ce qui concerne le statut des digues gestionnaire a fait évoluer sa position, sur la réserve naturelle, ces discussions en accord avec le nouveau programme nous ont amenés à être force de propod’actions de prévention des inondasitions et à interroger certains acteurs tions (PAPI) de l’île de Ré, qui ne prélocaux sur des sujets sur lesquels ils ne voit pas la reprise et l’entretien des s’étaient jusqu’à présent pas questiondigues traversant la réserve naturelle. nés. « Il ne s’agit donc plus de défendre à tout prix mais bel et bien d’accompaC’est là tout l’intérêt de se lancer dans gner l’évolution du milieu et de prépaune démarche d’adaptation au chan-
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rer l’avenir ». Pour cela, la stratégie de la réserve naturelle est de relocaliser les enjeux biologiques qui seront amenés à disparaître sous l’effet de la maritimisation du secteur terrestre, soit à court terme à la suite d’un évènement naturel extrême soit à moyen terme avec la hausse du niveau marin. Etant donné la valeur patrimoniale attribuée aux marais sur l’île de Ré, l’acceptation locale de cette stratégie marquée par la reprise par la mer de plusieurs dizaines d’hectares de marais, constitue un enjeu majeur pour le gestionnaire dans les mois et années à venir. Celle-ci passe, notamment, par un travail de sensibilisation des acteurs locaux et partenaires de la réserve, au fait que la physionomie du site, sous l’effet du changement climatique, pourrait être bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui avec toutes les conséquences que cela induit. Véritable cheminement intellectuel, ce travail initié dans le cadre du projet Life Natur’Adapt et qui demande à être pérennisé dans le cadre du nouveau plan de gestion de la réserve naturelle, permet d’amorcer et d’accompagner le changement de perception que peut avoir le gestionnaire lui-même ainsi que les acteurs locaux de l’aire protégée et de son territoire environnant. Emilien Bastian Chargé de mission LIFE Natur'Adapt Ligue pour la Protection des Oiseaux