Ressources Spirituelles #13 ETE 2006

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LA FORMATION DES LAÏCS : MODE OU MODÈLE ? « Ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner… » Napoléon, en pointant du doigt une carte de l’empire Chinois, aurait dit : «Là se repose un géant endormi… S’il parvient un jour à se réveiller, rien ne pourra l’arrêter. » Il est peut-être dur de l’admettre, mais bon nombre d’églises européennes sont devenues aujourd’hui des « géants endormis ». Leurs auditoires du dimanche matin reflètent bien une certaine réalité spirituelle, mais beaucoup de ceux qui sont appelé membres actifs dans ces églises ne sont-ils pas tout simplement des membres présents ? Sans parler de s’identifier aux églises vivant avec le souvenir de leurs membres inscrits, ne devons-nous pas reconnaître qu’au sein de nos assemblées il existe un potentiel de force et d’énergie en sommeil ? Nos chrétiens sont-ils en mesure de servir ? Sur quels critères leurs compétences sont-elles reconnues en vue d’un ministère ? Nos structures ecclésiales permettent-elles la formation et l’exercice d’un ministère laïc ? Je n’aime pas utiliser le mot laïc qui laisse entendre de façon non scripturaire qu’il existerait un clergé — du grec Kléros le suffrage, le sort ce qui par extension désigne l’héritage, la propriété- En reconnaissant un clergé, l’église romaine a distingué les « hommes choisis » des « hommes du peuple » Il est évident qu’un des secrets de la vitalité d’une église réside dans la possibilité qu’elle offre à ses membres de s’investir dans une forme ou une autre du service chrétien. La vocation de l’Église est de servir, elle a été crée par Celui « qui est venu servir et donner sa vie… » Il est bon qu’il y ait une cohérence entre la tête et les membres du corps de Christ. Aider les croyants à découvrir leur identité en terme de service et d’engagement, planifier des objectifs réalistes en fonction des dons de chacun, développer un processus créatif de formation adapté à l’église locale favorisera de la manière la plus sûre la croissance de l’Église. Or, toute église devrait être normalement préoccupée de sa croissance ! Maintenant, les théories, les différentes écoles et les multiples expériences personnelles proposant une formation qui assure répondre à cette préoccupation sont plus nombreuses que jamais, de telle sorte qu’à la préoccupation de la croissance s’ajoute celle de la méthode qui la favorisera ! C’est en définissant les enjeux et en clarifiant ses motivations que le pasteur échappera à l’inévitable phénomène de mode, et rendra l’église sensible au modèle scripturaire du Nouveau Testament… Il serait dommage que la préoccupation de la croissance finisse par devenir un obstacle à la croissance ! C’est ici que le caractère normatif du livre des Actes revêt toute son importance. Le Saint-Esprit l’a destiné à servir de repère aux croyants de chaque génération. Sans enchaîner l’Église à un passé idéalisé, ce livre transmet les principes actif de formation propre à favoriser la croissance du peuple de Dieu. Dans cette perspective, il est question de « ce que Jésus à commencer de faire et d’enseigner ». La place du verbe faire est significative, il précède le fait d’enseigner. Pour sauver le monde il fallait plus qu’un enseignement et davantage qu’une doctrine, il fallait une vie qui allait réaliser une œuvre divine. C’est là tout l’enjeu de la formation, et toute la définition de la croissance. L’Évangile a toujours réclamé plus de vertu que de parole, et ce verset nous montre que les paroles doivent être soumises aux actes, nous devons prouver l’Évangile par notre vie. Plus que l’étude d’une méthode, les premiers chrétiens ont fait l’expérience d’une vie… « Jusqu’à ce que Christ soit formé en vous » (Galates 4 v 19) Moïse lui-même nous invitait déjà à considérer les choses sous cet angle « Sache donc en ce jour et retiens dans ton cœur » disait-il à Israël (Deutéronome 4 v 39). Le savoir est important mais si le savoir n’est pas transmis et retenu par le cœur, il devient inutile. Comprendre est insuffisant. Le « su » doit être accompagné du « vécu ». L’Évangile de Jean chapitre 13 v17 nous dit « si vous savez ces choses, vous êtes heureux pourvu que vous les pratiquiez. » La mise en pratique du vécu, voilà le résultat objectif auquel doit tendre tout processus de formation Adapter ce principe de base à un ensemble pédagogique de formation fera la différence entre la théorie et l’expérience de la vie. Il y a fort à penser que c’est à ce moment-là que le géant sortira de son sommeil. Pasteur Michel Chiner

N°13 Été 2006

RESSOURCES SPIRITUELLES Publication trimestrielle proposée par LIFE PUBLISHERS INTERNATIONAL et les Assemblées de Dieu des États-Unis 45, Chaussée de Waterloo, 1640 Rhode St. Genèse, Belgique Comité Éditorial : Bill L. Williams, Rédacteur ; Gerald Branum, Coordinateur ; Jean-Luc Cosnard, Éditeur. © Copyright 2005 General Council des Assemblées de Dieu des USA et Life Publishers International Ce magazine, composé d’articles choisis et traduits de Enrichment Journal, une publication des Assemblées de Dieu des États-Unis, est destiné aux pasteurs et aux leaders chrétiens. Plusieurs lecteurs nous demandent comment contribuer au soutien de ce magazine tant apprécié et nous les en remercions. Vous pouvez le faire : • En envoyant un chèque à l’ordre de Gerald Branum (avec la mention « Ressources Spirituelles ») à l’adresse indiquée dans le cadre ci-dessus : • Par virement sur les comptes suivants : France : Crédit Lyonnais # 048345B G. Branum (Ressources Spirituelles) Belgique : Kredietbank # 436-4156031-28 G. Branum (Ressources Spirituelles)

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Par Rick Warren

TRANSFORMER UN AUDITOIRE EN UNE ARMテ右 !

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Chaque année, notre église organise nombre de conférences de formation pour pasteurs et divers leaders dans les églises. Ces conférences rassemblent habituellement environ 3 500 participants pendant cinq jours dans nos locaux et exigent une énorme préparation logistique. Ce sont littéralement des milliers d’heures que nos volontaires investissent dans cet effort. Sans cette armée de serviteurs « laïcs », notre église serait incapable d’organiser de tels événements. Récemment, un groupe de plusieurs centaines de volontaires s’est réuni, enthousiaste, pour préparer une de ces conférences. Certains ont pris ce temps sur leurs congés ; d’autres ont dû réorganiser leur horaire de travail pour pouvoir aider à préparer les dossiers d’accueil, les badges, installer les tables et les chaises, servir les repas et nettoyer. Barbara, elle-même une volontaire, résume ainsi l’attitude du groupe : « C’est une façon formidable de rencontrer des gens et de servir le Seigneur. Nous n’en ferons jamais trop pour l’Église qui est devenue notre famille ! ». Qu’est-ce qui peut motiver ainsi les gens à servir dans un esprit de sacrifice par le biais de leur église ? Que pouvez-vous faire pour les aider à s’investir ainsi dans le ministère ? Il ne suffit pas de rêver en espérant que les gens s’impliquent d’eux-mêmes. Votre église a besoin d’une stratégie intentionnelle qui aménera les gens à un plus grand engagement et un plus grand service pour Christ. Notre église a ainsi lancé dans le ministère plus de 4 000 serviteurs laïcs par le moyen d’une stratégie qui inclut une communication suivie, un processus pratique, et une structure simple. Votre église peut recourir à ces mêmes éléments pour mobiliser ses membres en vue du ministère.

COMMUNIQUEZ LA VISION Le point de départ consiste à investir du temps à enseigner à vos membres les raisons pour lesquelles la Bible dit que chacun est appelé au ministère (voir encart suivant : Pourquoi vivre pour servir les autres ?). Établissez une base claire à travers l’enseignement, les prédications, des séminaires et des études bibliques dans les foyers. Vous ne devriez cesser de mettre l’accent sur le fait que chaque chrétien a un service à accomplir. Servir et donner sont les caractéristiques qui définissent un mode de vie semblable à Christ (cf. Marc 10 : 45). La Bible déclare qu’il est de la responsabilité de chaque membre de servir et que le travail du pasteur consiste à les équiper en vue du ministère (cf. Romains 12 : 1–8 ; Éphésiens 4 : 11–12). Réaliser que l’on est un ministre, un serviteur de Jésus-Christ, bouleverse toute une vie. Tous les croyants (et pas seulement les pasteurs) sont appelés à connaître le bonheur et la satisfaction de voir Dieu les utiliser pour changer des vies. Cela changera toute leur attitude. Nous avons par exemple un membre de notre service d’accueil qui s’appelle Van : il est vraiment doué pour établir le contact avec les nouveaux venus. Ken était israélite quand il est venu pour la première fois avec sa femme. Ils avaient visité plusieurs églises dans l’espoir d’en trouver une où Ken se sente à l’aise. Van l’a accueilli la première fois. Il lui a serré la main en lui disant, les yeux fixés dans les siens : « Je suis vraiment heureux que vous soyez venu ». Des années plus tard, Ken nous a dit : « Personne ne m’avait jamais souhaité la bienvenue dans une église auparavant. D’habitude, 4

nous entrions et sortions dans le silence. » Aujourd’hui, Ken est chrétien et il est même devenu un leader de grande valeur dans notre église. Il nous a affirmé que c’est grâce au ministère tout simple de Van et sa façon d’accueillir les gens qu’il est revenu à l’église semaine après semaine jusqu’à ce qu’il y rencontre Christ. Cet exemple renforce le principe selon lequel nul n’est inutile dans le corps de Christ et qu’il n’y a pas de services ou de ministères qui soient insignifiants.

ÉTABLISSEZ UN PROCESSUS D’IMPLICATION DANS LE SERVICE Impliquer les gens dans le service devrait être un processus continuel qui consiste à aider quelqu’un à trouver sa place dans le service plutôt qu’à vouloir combler des postes. Nous ne devrions jamais créer des postes pour essayer ensuite de les combler. Cela ne fonctionne pas. Vous aurez bien plus de succès en plaçant les gens dans le ministère si vous vous concentrez sur le caractère unique de chaque individu et le profil que Dieu lui a donné, plutôt que sur les besoins de l’institution. Notre processus de placement dans le service est constitué de six étapes : 1ère étape : Assister au séminaire « Découvrir votre ministère ». Cet enseignement est l’un des quatre cours que nous donnons chaque mois et qui constituent un tout dans le processus du développement du chrétien. Leurs thèmes sont : 1 : découvrir ce que signifie être membre, 2 : découvrir ce qu’est la maturité spirituelle, 3 : découvrir son ministère et 4 : découvrir sa mission. Chacun de ces enseignements est donné en quatre cours consécutifs donnés le deuxième dimanche après-midi de chaque mois. Chaque séminaire vient ajouter au précédent. Nous offrons le dîner et des programmes pour les enfants pour faciliter la participation de chacun. Dans le troisième séminaire, nous enseignons ce que dit la Bible sur le service, les occasions de service disponibles, ainsi qu’un concept en cinq dimensions : les dons spirituels, ce que l’on a à cœur, les compétences, la personnalité et l’expérience. Ce concept est fait pour aider la personne à déterminer dans quel domaine du service elle pourra trouver sa place.


Chaque individu a été conçu de façon unique par Dieu afin qu’il puisse réaliser certaines choses. En identifiant et en comprenant ces cinq dimensions, chacun peut ensuite découvrir la place unique dans laquelle Dieu veut qu’il puisse le servir. 2ème étape : S’engager à servir en signant la carte d’engagement. Les gens aiment s’engager pour quelque chose qui donne un sens à leur vie. Ils sont prêts à s’impliquer quand cela leur donne une raison de vivre et qu’ils sont attirés par une vision qui représente un défi. 3ème étape : Remplir une évaluation de profil personnel. Ce document très simple aide les gens à considérer sérieusement comment Dieu les a équipés. Il contient des questions qui couvrent les cinq éléments du profil : Quels dons spirituels pensez-vous avoir reçus ? Qu’avez-vous à cœur ? Qu’est-ce qui vous passionne ? Si vous saviez que vous ne pouvez pas échouer, que feriez-vous pour Dieu ? Quels talents, quelles compétences avez-vous ? Quel est votre type de personnalité ? Quel a été votre parcours spirituel ? Quelles ont été vos expériences à l’école ? dans le travail ? le ministère ? Quelles expériences douloureuses avez-vous vécues qui pourraient vous aider à encourager quelqu’un d’autre ? 4ème étape : Avoir un entretien avec un responsable de l’orientation dans le service. Nous avons formé des personnes qui servent ainsi comme conseillers d’orientation dans le service. Leur rôle est d’aider les gens à identifier trois ou quatre domaines possibles d’engagement dans le ministère. Les gens ont besoin d’une attention individuelle et de conseil lorsqu’ils cherchent à trouver leur place dans le service. Pour que quelqu’un porte du fruit dans le service, il faut qu’il soit bien orienté ; le simple fait de participer au cours ne saurait suffire. 5ème étape : Rencontrer le responsable du ministère qui vous intéresse. Pour chacun des 150 ministères de notre église, quelqu’un est désigné pour accueillir les personnes et présenter aux nouveaux volontaires comment fonctionne le service auquel ils s’intéressent. 6ème étape : Être établi publiquement lors d’une réunion spéciale que je considère comme la plus importante dans la vie de notre église. Nous l’appelons la rencontre « SALT »

(Saddleback Advanced Leadership Training — Formation avancée des responsables de Saddleback). Elle est la pièce maîtresse de notre programme de formation de nos membres. Ce rassemblement dure deux heures et inclut la louange, la reconnaissance des divers ministères, des témoignages des différents terrains d’action et des nouvelles de l’église. De plus, nous y soulignons le plus grand défi relevé face à un problème majeur durant le mois passé en félicitant le responsable qui y a fait face. Mon message est un enseignement sur les valeurs, la vision, les qualités de caractère des leaders ou les compétences requises pour le ministère. Ces messages sont appelés « leçons de leadership » et sont disponibles sur cassette. Quand nous établissons les nouveaux volontaires, nous leur demandons de se lever, et nous invitons les autres à leur imposer les mains et à prier pour eux. Après avoir franchi ces six étapes, les gens se mettent immédiatement au travail. Nous ne les surchargeons pas avec toute une formation préparatoire. Cela a souvent pour effet de fatiguer les gens, avant même qu’ils aient commencé. Nous voulons les voir plonger directement dans l’action pour laquelle ils sont motivés à apprendre. La décision de servir dans tel ou tel ministère n’est toutefois pas définitive. Si les gens prennent conscience qu’ils ne sont pas à leur place, nous ne les culpabilisons pas s’ils démissionnent. Nous les encourageons plutôt à continuer de chercher leur place. De nombreux livres sur les dons spirituels disent : « Découvrez vos dons spirituels, et vous saurez ensuite quel est votre ministère. » Nous croyons que c’est tout à fait le contraire : « Commencez par toucher à différents ministères, et vous découvrirez vos dons. »

MINIMISEZ LA MAINTENANCE ET OPTIMISEZ LE MINISTÈRE Si vous voulez sérieusement mobiliser vos membres dans le ministère, vous devez rechercher la simplicité dans votre structure. Une raison majeure pour laquelle de nombreux membres d’église ne sont pas impliqués dans le service est qu’ils sont tellement occupés à assister à des réunions qu’ils n’ont plus le temps de s’investir dans le service proprement dit. Le bien le plus précieux que les gens puissent donner à votre église, c’est leur temps. Si un homme ou une femme vient me dire : « Pasteur, j’ai quatre heures par semaine à consacrer au service dans l’église », la dernière chose que je ferai sera de le mettre dans un comité. Les comités discutent tandis que les ministères agissent. Les comités se chamaillent tandis que les ministères servent. Les comités parlent tandis que les ministères aident et prennent soin des gens. Les comités discutent des besoins tandis que les ministères répondent aux besoins. Il nous faut minimiser la maintenance afin d’optimiser et de maximiser le temps que nous consacrons au ministère. Certes, la maintenance fait partie du travail de l’église : budgets, bâtiments et multiples questions d’organisation. Mais le ministère est l’œuvre qu’accomplit l’église locale. Plus vous impliquez de gens dans des décisions concernant la maintenance, plus vous les empêcher d’accomplir l’œuvre du ministère. Dans notre église, il n’y a pas de comités. Nous avons pourtant 150 ministères différents. Le nombre a doublé ces derniers trois ans. 5


Notre personnel rémunéré se charge de la maintenance et nos membres, équipés pour le service, apprécient de pouvoir consacrer le temps qu’ils ont de disponible pour participer au ministère. Simplifier votre structure signifie aussi qu’il vaut mieux ne pas voter pour élire les personnes qui exercent le ministère. Il y a plusieurs bonnes raisons à cela : (1) Cela évite la compétition et l’attirance des gens qui s’intéressent surtout au prestige et au pouvoir qu’offre telle ou telle position. (2) Cela permet à de nouveaux ministères de se développer lentement, loin des spots et des yeux du grand public. (3) Cela permet à de nouveaux membres de s’impliquer plus rapidement. (4) Cela permet aussi d’écarter plus facilement quelqu’un qui tomberait dans le péché. Le fait de ne pas voter pour établir des gens dans le service vous permet de réagir plus vite à la direction du Saint-Esprit. Un jour, une femme est venue me dire : « Nous avons besoin d’une équipe de prière ». Je lui ai répondu : « Je suis d’accord. Vous en serez responsable. » Elle m’a répliqué : « Mais ne dois-je pas être élue ou passer par un processus d’approbation ? » Elle s’était imaginée qu’il fallait d’abord passer par tout un parcours du combattant. Je lui ai alors dit : « Bien sûr que non. Faites annoncer une réunion de préparation dans le bulletin de l’église et commencez. » C’est ce qu’elle a fait. Vous ne devriez pas avoir à voter pour savoir si quelqu’un a le droit d’exercer les dons que Dieu lui a donnés au sein du corps de Christ. Je suis sûr que vous réalisez à quel point cette approche peut être radicale. Dans une église classique, les membres s’occupent de la maintenance, c’est-à-dire de l’administration, et le pasteur est censé accomplir tout le ministère. Il n’est pas étonnant qu’une telle église ne puisse pas grandir. Elle fonctionne comme un entonnoir ! Le secret pour motiver les gens à servir durablement est de leur laisser l’autorité et la latitude nécessaires pour opérer leur activité. Laissez-les prendre leurs propres décisions sans que votre conseil d’administration ou conseil d’anciens n’interfère trop. Quand vous donnez l’autorité qui va avec la responsabilité, vous serez surpris de voir la créativité dont les gens sont capables. Les gens sont stimulés par la responsabilité. Attendez le meilleur de vos membres, et faites-leur confiance dans leur service. Lancez-leur un défi, laissezleur le contrôle et rendez-leur l’honneur qui leur est dû !

CONCLUSION J’ai utilisé le terme de volontaires ; on parle parfois de laïcs. Je l’ai fait pour que le lecteur ne pense pas que nous parlions du personnel rémunéré de l’église. Honnêtement, je n’aime pas le terme laïc car il peut sous-entendre être chrétiens de deuxième classe et un manque de compétence. Une église biblique est uniquement constituée de serviteurs. Nous devrions traiter ceux qui servent sans être payés pour cela, avec autant de respect que ceux qui sont rémunérés pour les services qu’ils rendent. Ne vous lassez pas de communiquer encore et encore la vision du service aux croyants. Mettez l’accent sur l’importance de leur 6

ministère. Quand vous recrutez, mettez l’accent sur la portée et le sens éternels de leur service quand il est fait au nom de Jésus. La vision motive les gens. La culpabilité et la pression les découragent. Aidez les gens à voir qu’ils investissent ainsi pour l’éternité et qu’il n’est aucune cause plus grande que le royaume de Dieu. Le secret le mieux gardé de l’église est que les gens veulent contribuer — faire quelque chose de significatif avec leurs talents. L’église qui a compris cela et qui donne à chacun de ses membres l’occasion d’exprimer son don dans le ministère connaîtra une formidable vitalité, une excellente santé et une merveilleuse croissance.

Rick Warren est le pasteur-fondateur de l’église Saddleback Valley Community Church à Mission Viejo en Californie (www.pastors.net).


Par Don R. Simmons

Équiper les croyants : six éléments essentiels Dans Éphésiens 4 : 11–12, Paul explique clairement que le rôle des pasteurs, enseignants, apôtres, évangélistes et prophètes est d’équiper et de préparer les saints à des œuvres de service. Mais le fait de connaître cet impératif ne suffit pas. La question clé est de savoir comment le concrétiser. Que signifie équiper ? Est-ce l’enseignement, offrir des outils, développer des compétences, prêcher ? La réponse englobe tous ces divers points. Mais comment les pasteurs peuvent-ils mettre en œuvre un tel processus dans leurs églises ? Comment peuvent-ils amener leurs membres à passer de spectateurs à acteurs, de passer d’un entretien à l’engagement dans la mission ? Les six éléments suivants se sont avérés essentiels dans des milliers d’églises et d’organisations. Ils ont été déterminants pour amener les chrétiens à reconnaître tout le potentiel que Dieu leur a donné et à utiliser pleinement leurs dons, leurs passions, leurs expériences et leurs talents. Bien des responsables d’églises ont entretenu une mentalité fondée sur un rêve : « Si nous bâtissons l’église, les gens viendront ; et s’ils viennent, ils serviront. » Hélas, dans la plupart des églises de nos pays occidentaux, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Paul a écrit dans son épître aux Éphésiens que les leaders devaient équiper les croyants. Mais que cela signifie-t-il dans les faits ?

FORMATION Se former nécessite davantage que le simple fait d’écouter et de parler. La formation inclut la communication d’informations, la pratique, savoir s’adapter, le feedback (retour d’information) et la mise en application concrète. Il ne suffit pas de dire à quelqu’un ce qu’il doit faire pour le former, pas plus qu’il suffit d’écouter pour apprendre.

Les pasteurs passent souvent à côté de belles occasions de former les gens. Dans bien des églises, les membres du service d’accueil n’ont jamais été formés sur la façon de collecter l’offrande, d’accueillir les gens, d’indiquer où se trouvent les toilettes, la pouponnière, ou l’école du dimanche, pas plus que ne leur ont été enseignés les bonnes manières, le langage et le comportement appropriés pour quelqu’un qui représente l’église. Une église donne une formation en cinq minutes avant chaque réunion pour que les membres du service d’accueil reçoivent des instructions, de l’encouragement et prient ensemble ; c’est aussi l’occasion de leur rappeler qu’ils sont les premiers à présenter à Bonne Nouvelle par leur approche des nouveaux venus. La meilleure formation est celle qui est donnée avant de passer à l’action plutôt que des mois à l’avance ; à petites doses en quelques minutes plutôt que pendant des heures ; et sur les lieux où l’action doit se dérouler plutôt que dans une salle de classe. Il arrive que des églises aient recours à des membres qui soient des formateurs professionnels dans le domaine de l’accueil. Le pasteur peut alors faire appel à eux pour former son équipe, en aidant ces personnes à adapter leurs compétences au service qui leur est confié dans l’église. Si les pasteurs prennent au sérieux leur mission de faire des disciples et de multiplier l’impact de leur église plutôt que de se contenter du strict nécessaire pour maintenir l’église en vie, ils ne peuvent sous-estimer l’importance de la formation. Ensuite, les pasteurs doivent comprendre que la formation ne suffit pas en ellemême. Vous pouvez avoir toute une équipe de gens formés et prêts à servir, mais cela ne garantit pas qu’ils soient passionnés, consacrés et engagés. Les pasteurs doivent veiller à ce que, avant d’avoir telle ou telle 7

Bien des responsables d’églises ont entretenu une mentalité fondée sur un rêve : « Si nous bâtissons l’église, les gens viendront ; et s’ils viennent, ils serviront. »

Comment les pasteurs peuvent-ils amener leurs membres à passer de spectateurs à acteurs ? à passer d’un entretien à un engagement dans la mission ?

La plupart des églises sont très efficaces quand il s’agit de compter la monnaie et les sièges occupés, les dîmes et l’auditoire, mais peu le sont autant pour comptabiliser les heures de service et évaluer la teneur du service accompli.


position, chacun soit un serviteur qui donne de lui-même parce qu’il se sent poussé par l’Esprit à servir. Cet aspect est essentiel, mais il est souvent négligé dans notre précipitation à passer à l’action.

APPRÉCIATION Il ne s’agit pas seulement de les remercier, mais aussi de leur montrer qu’on les apprécie pour ce qu’ils sont, plus que pour ce qu’ils font. Les responsables d’église oublient souvent que les gens ont besoin de savoir qu’ils sont plus importants que ce qu’ils font. Combien de fois un pasteur fait-il sentir aux chrétiens que, s’ils n’enseignaient pas les enfants, s’ils ne surveillaient pas le stationnement, si le bulletin de l’église n’était pas plié et distribué, ils n’en seraient pas moins importants, appréciés, utiles et aimés de Dieu ? Dieu nous aime. Il ne nous a pas créés à cause de ce que nous serions capables de faire, mais pour entretenir avec nous une relation fondée sur l’amour. Nous n’entrerons pas au ciel à cause de nos œuvres de justice, pas plus que nous ne pourrons jamais trop en faire pour Dieu. Dieu est souverain ; il a tout sous son contrôle. Nos activités, fussent-elles les meilleures dans le cadre de l’église, ne sauraient changer l’opinion qu’il a de nous et son amour pour nous. Nous qui sommes leaders devons refléter la même attitude d’appréciation envers ceux qui servent. Les bénévoles ont besoin de savoir que leur relation avec leur pasteur compte plus que le service qu’ils accomplissent. Les pasteurs peuvent finir par être tellement absorbés par tout ce que doit faire l’église qu’ils en oublient d’être l’église. Les gens ont besoin d’entendre leur pasteur leur dire : « Je suis heureux que tu sois mon frère. Ta présence m’encourage. Tu es une vraie bénédiction ! » Beaucoup de pasteurs auront peut-être besoin de s’exercer afin qu’une telle appréciation ne soit pas artificielle. Vous arrive-t-il souvent d’appeler les membres de votre église pour leur dire combien vous appréciez leur service, mais que vous les appréciez encore plus pour ce qu’ils sont ? Il n’est pas rare que les leaders aient du mal à manifester une telle appréciation envers ceux qu’ils dirigent, faute de l’avoir reçue eux-mêmes. Si le pasteur est convaincu que chaque personne que Dieu envoie dans son église est « une créature merveilleuse », un « sacerdoce royal », une « pierre vivante » et une promesse de l’œuvre rédemptrice de Dieu, il sera moins enclin à se servir des gens pour faire grandir son église et plus apte à aider les gens à grandir pour devenir des disciples accomplis. La formation et l’appréciation vont de pair. Quand les gens sont formés, la grâce et la miséricorde de Dieu opèrent à travers eux et ils grandissent dans leur vie de disciple. Mais pour équiper les croyants, il faudra davantage que la formation et l’appréciation. Le troisième élément est essentiel à l’équilibre et au progrès de chacun.

FEEDBACK (RETOUR D’INFORMATION) Le feedback est souvent négligé parce que les gens sont souvent habitués à ce qu’il soit plutôt négatif, ou encore l’occasion de compliments faciles qui font peu ou rien pour les amener à un autre niveau de service ou de consécration. Un feedback authentique, enraciné dans l’amour et la grâce, pourra beaucoup contribuer à transformer des serviteurs en leaders efficaces. Il est donc nécessaire 8

de comprendre ce qu’est le feedback et comment l’utiliser. Il y a trois formes courantes de feedback. Il y a d’abord les compliments tels que « Vous avez fait du bon travail, pasteur ». Les compliments restent souvent d’ordre général, sont souvent agréables à entendre et consistent en quelques mots ; cependant, ils font peu pour améliorer le résultat, contribuer à la formation, ou stimuler la personne à l’amour et aux bonnes œuvres. Les compliments pourraient être comparés aux bulles que fait un enfant. C’est joli, agréable quelques instants, mais insaisissable et non réutilisable. « C’était bien ! », « C’était beau ! », « Bon travail ! ». De tels propos se veulent positifs, mais ne laissent aucun bienfait durable. Aident-ils la personne à progresser dans son service ou son rôle de leader ? Saura-t-elle que changer ou améliorer ? Sera-t-elle encline à reproduire la même performance en se disant que cela suffira à susciter de nouveaux compliments ? Les compliments sont les bienvenus, mais ils ne suffisent pas pour faire grandir quelqu’un dans le service. La deuxième forme de feedback est plus courante. Elle est souvent brandie comme une arme et utilisée par ceux qui sont davantage préoccupés par le désir de se faire entendre et de gagner que d’avancer et de progresser. Elle est semblable à une flèche lancée avec force. Je veux parler de la critique. La critique blesse, même lorsque telle n’est pas l’intention de son auteur. Quand elle frappe, surtout lorsqu’elle prend par surprise, elle laisse toujours des traces douloureuses. La tendance humaine est de riposter, de répliquer et de se venger. La critique survient plus souvent lorsque les gens sont fatigués, comme à la fin d’un culte ou d’une réunion d’enseignement. La critique n’offre le plus souvent rien de constructif, n’aide pas à s’évaluer ou à apprendre. La plupart des gens savent ce que produit la critique et peuvent être prompts à y avoir recours. La critique fait partie intégrante de notre mode de fonctionnement depuis notre plus tendre enfance. L’Église n’en a certes pas le monopole, bien qu’elle en soit souvent le terrain de prédilection. Quand la critique frappe, les gens se mettent en


position de retrait, sur la défensive, argumentent ou se retirent pour éviter la personne qui les a critiqués. L’Écriture nous met en garde contre l’esprit de critique. Cependant, tant qu’une église ne met pas en place un processus empreint de grâce pour encourager le feedback, la critique continuera de faire des ravages. La troisième forme de feedback est la critique constructive. Cette forme offre une alternative positive tant aux compliments qu’à la critique négative. Il y a une façon et un art de faire de la critique constructive une forme de feedback très bénéfique. Les responsables ont besoin d’apprendre à donner et recevoir de telles critiques. Le moment et les circonstances pour exprimer de tels propos peuvent souvent ne pas être propices ; le pasteur a donc besoin d’apprendre à choisir le moment pour partager une telle critique et la façon de le faire. Une critique constructive ne peut être donnée qu’après en avoir demandé et obtenu l’accord de la personne. Quand je suis fatigué après avoir prêché ou enseigné, ce n’est pas le moment de m’adresser des critiques, même constructives. Mais quand je ferai le point ou que j’évaluerai ce que j’ai pu accomplir, une critique réfléchie et gracieuse sera appréciable. Vous pouvez commencer par dire : « Estce que je peux vous faire part de certaines réflexions en feedback ? ». De telles critiques doivent provenir d’un témoin direct de ce qui a été fait. Cela exclut le risque de commérages et de médisance. Une critique peut être positive ou négative ; les trois mots les plus importants pourraient bien être : « La prochaine fois… ». Ce qui a été fait et les attitudes du passé ne peuvent être changés, mais on peut influencer le comportement d’une personne et l’aider à s’améliorer la prochaine fois. C’est d’ailleurs ainsi que Dieu agit. Il pardonne notre passé et l’oublie en le jetant au fond de l’océan. Puis il nous accompagne vers « la prochaine fois ». Une telle critique constructive amène le plus souvent à s’évaluer soi-même : « Comment penses-tu t’en être tiré avec cette leçon ? » La critique va alors fournir des étapes concrètes à franchir pour mieux faire la prochaine fois : améliorer tel ou tel point, corriger, répéter, préciser…

et grandir ! La critique constructive, quand elle est faite au bon moment et avec grâce, peut beaucoup contribuer à faire de ce qui est bien quelque chose d’excellent. Critiquer constructivement n’est certes pas dans nos penchants naturels ; c’est pourquoi le pasteur a besoin de saisir les bonnes occasions d’offrir et de recevoir les critiques comme une forme nécessaire de feedback. L’élément suivant est un proche cousin du feedback, si bien qu’on les confond entre eux ou avec la planification. Cet élément est essentiel car il place le pasteur dans le rôle souvent sous-évalué de l’évaluateur.

ÉVALUATION Ce n’est pas au pasteur mais à Dieu d’évaluer les gens. Le pasteur peut offrir appréciation, reconnaissance, correction, formation et discipline, mais il ne peut pas évaluer les personnes. Par contre, il peut évaluer les programmes et les processus. Les pasteurs doivent être très vigilants quant à leur façon de faire des choses telles qu’atteindre leurs objectifs, opérer, servir et équiper. Une bonne évaluation devrait conduire à une bonne planification, et une bonne planification mener à l’excellence dans le service. Évaluer signifie constater ce qui a fonctionné ou non, et non les personnes en tant que telles. L’évaluation offre des outils et des informations quant à ce qui doit être arrêté, poursuivi ou commencé en vue de la prochaine fois, encourageant ainsi les disciples à continuer de grandir. L’évaluation inclut tous ceux qui sont partie prenante dans le ministère, et non pas seulement ceux qui seront d’accord avec vous. L’évaluation doit être centrée sur l’avenir : « Comment pouvons-nous faire mieux la prochaine fois ? » Malheureusement, bien des églises ont entrepris des évaluations sans en tirer les conséquences. Ces évaluations ont été classées comme des informations intéressantes, mais l’église n’a tiré aucune leçon apprise pendant le processus. De plus, des pasteurs ont parfois été meurtris par des critiques tirées des évaluations passées et hésitent de ce fait à évaluer. Cela révèle à quel point certaines églises ne saisissent pas du tout ce que sont le feedback et l’évaluation. Si les gens sont évalués avant qu’ils ne soient formés, appréciés ou qu’on leur ait donné un certain feedback, le message qui est envoyé est que les tâches sont plus importantes que les personnes. L’Église de Dieu n’est pas le lieu où accomplir de bons programmes, mais où produire des disciples qui grandissent. Les églises sont souvent prêtes à évaluer programmes et projets dès qu’ils sont terminés sans prendre le temps de considérer les résultats que ceux-ci ont produits. Il faut du temps pour évaluer. L’évaluation doit être planifiée et objective. Ceux qui ont travaillé à produire un programme sont souvent réticents et trop fatigués après coup pour s’en charger. Ils sont généralement moins objectifs que des observateurs extérieurs. Lors d’un récent projet que notre ministère a organisé, nous avons engagé un observateur extérieur afin qu’il assiste à nos réunions de planification, à l’événement, au suivi et qu’il ait accès aux rapports de cette activité. Il nous a apporté une évaluation extraordinaire de nos processus de communication, nos habitudes profondément enracinées et nos angles morts. Il nous a aussi proposé des suggestions 9


constructives pour améliorer notre façon de servir les gens. Son évaluation s’est avérée être la clé d’un ministère plus efficace envers ceux que nous souhaitions atteindre. Ceux qui dirigent ont besoin d’avoir l’humilité et l’authenticité de demander du feedback et une évaluation, faute de quoi ils continueront à faire les choses selon leurs habitudes et à rejeter de nouvelles idées et l’aide précieuse et formatrice que Dieu leur offre par le regard de personnes extérieures. Dans nos églises, bien des gens ont des dons de discernement et de sagesse. Il faut leur donner des occasions de servir en tant qu’observateurs de nos façons de procéder. Un leader sage aura recours à de tels moyens afin de parvenir à une bonne évaluation.

RECONNAISSANCE « Nous vous demandons, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous » (1 Thessaloniciens 5 : 12). La reconnaissance et l’appréciation sont deux choses différentes. L’appréciation honore les gens pour ce qu’ils sont, tandis que la reconnaissance reconnaît les gens pour ce qu’ils font. La reconnaissance dit : « Merci ! Nous avons observé que vous avez bien servi. Ce que vous faites compte. » La recherche dans le domaine du bénévolat indique que les gens ne servent pas pour se faire remercier ou honorer, mais qu’ils ne le feront pas très longtemps sans ces éléments. La meilleure forme de reconnaissance est personnelle et individuelle ; elle vient de ceux qui sont servis et offre un rappel durable du fait que le service accompli a fait une différence dans leur vie. Un article d’un magazine américain spécialisé dans le domaine du bénévolat indique que le manque de reconnaissance et d’appréciation pour ce qu’ils sont et font est l’une des principales raisons pour lesquelles les bénévoles cessent leur engagement. La reconnaissance n’a pas besoin de coûter bien cher : elle prend surtout un peu de temps. La meilleure marque de reconnaissance sera souvent une simple note écrite, un coup de fil amical ou un courriel attentionné qui sera individuel et connecté au service spécifique accompli par la personne, plutôt que général. De nombreux pasteurs prennent souvent le temps pendant le culte de demander à ceux qui servent de se lever afin que l’église lui exprime sa reconnaissance. Certes, cela part d’un noble sentiment, mais cela contribue peu à encourager les autres à servir, pas plus que cela n’honore correctement ceux qui servent. Voici un exemple : une veuve de 68 ans quitte sa maison à 6h30 du matin le dimanche. Elle prend deux bus successifs qui l’amènent à trois rues de l’église qu’elle fréquente. Elle marche jusque là, entre dans le bâtiment, installe sa classe, accueille 24 enfants de 8 et 9 ans, les salue tous par leur nom, leur enseigne ce qu’elle a préparé de tout son cœur, les embrasse en leur disant au revoir, en leur rappelant qu’elle leur passera un coup de fil dans la semaine pour savoir s’ils ont mémorisé leur verset biblique. Ensuite, elle assiste au culte, chante dans la chorale, donne sa dîme, serre la main du pasteur et repart. Quelques semaines plus tard, elle se lève à la demande du pasteur avec 30 autres moniteurs, diacres, chauffeurs de bus, etc… C’est une piètre façon de lui exprimer la reconnaissance de l’église ou de lui montrer son appréciation ; c’est pourtant là une pratique courante dans nos églises. Cette même veuve sera souvent de ceux qui vont 10

servir lors de la réception en l’honneur de l’anniversaire du pasteur, du dîner d’accueil des nouveaux membres, et même du piquenique organisé pour les jeunes ! Elle est une personne à part entière. Elle ne dira vraisemblablement jamais à personne qu’elle apprécierait une certaine reconnaissance ; elle ne sert pas par orgueil. Mais le service est un acte d’humilité que l’église a besoin d’honorer et de reconnaître de façon personnelle et appropriée.

Les pasteurs peuvent être tellement focalisés sur ce que doit faire l’église qu’ils en oublient que nous sommes appelés à être l’église. La véritable reconnaissance… • est une forme d’appréciation qui dit « merci » à ceux qui prennent soin des autres, les servent et se donnent ; • est valorisante car elle souligne l’importance, l’utilité et même la nécessité d’un service qui passe souvent inaperçu aux yeux des autres, et qui n’en contribue pas moins à l’œuvre et au royaume de Dieu ; • est formatrice en ce qu’elle communique aux autres les opportunités de service qui sont disponibles et ce qu’apporte le service à celui qui l’accomplit — bien des églises ont besoin d’apprendre à reconnaître et apprécier ceux qui servent déjà avant même de penser à en recruter d’autres ; • saisit l’occasion d’honorer des témoignages de fidélité dans le service en des moments particuliers ; ceux-ci seront un exemple pour les autres — la reconnaissance souligne le temps, le talent, l’énergie et le zèle déployés qui ont été l’occasion d’un pas en avant dans la croissance spirituelle du serviteur autant de ceux qu’il a servis. La plupart des églises sont très efficaces quand il s’agit de compter la monnaie et les sièges occupés, les dîmes et l’auditoire, mais peu le sont autant pour comptabiliser les heures de service et la teneur du service accompli. Il nous faut « compter ce qui compte » et savoir reconnaître ceux qui servent fidèlement, qu’ils soient rémunérés ou non, pasteur ou non, pour le service qu’ils accomplissent envers l’église ou la ville. La reconnaissance favorise la croissance et insuffle une vigueur nouvelle pour le service.


La véritable reconnaissance est tangible et intangible, mais ceux qui en bénéficient ne l’oublient pas. Je chéris encore les quelques gages de reconnaissance que j’ai reçus en tant que pasteur des enfants au Texas il y a près de vingt-cinq ans. Ces objets me rappellent que Dieu m’a utilisé et peut encore le faire. Dieu veut m’employer pour amener les autres à diriger avec un cœur de serviteur. Les responsables d’église peuvent être tellement accaparés à accomplir leur tâche qu’ils en oublient ceux pour lesquels ils exercent leur ministère et qui œuvrent à leurs côtés. C’est ainsi que se perpétue le mythe selon lequel un pasteur, un prédicateur ou un ancien doivent tout faire eux-mêmes.

RÉFLEXION Notre héritage évangélique fait que nous ne mettons pas souvent l’accent sur la réflexion, qu’elle soit d’ordre théologique ou autre. Réfléchir signifie regarder en arrière, voir de près, arrêter sa pensée pour considérer une chose. Tout comme les miroirs et les surfaces polies réfléchissent la lumière, le peuple de Dieu reflète sa lumière par les œuvres de leur service. Les pasteurs sont parfois tellement occupés à courir d’une tâche à l’autre ou d’un ministère à l’autre, qu’ils ne prennent plus le temps de ralentir et de réfléchir à ce que Dieu a fait et comment, à la façon dont il les a utilisés pour accomplir ses desseins. Toute la Bible est pleine de « matière à réflexion » : depuis Moïse et sa rencontre avec Dieu au buisson ardent, jusqu’à Paul qui réfléchit à son besoin d’être « crucifié avec Christ » (Galates 2 : 20) et de « connaître la communion de ses souffrances » (Philippiens 3 : 10). Jonas a eu l’occasion de réfléchir pendant que le ricin poussait (Jonas 4 : 5–6). Marie « repassait ces choses dans son cœur » (Luc 2 : 19). Jésus laissa ses disciples pour aller dans le Jardin des Oliviers afin d’être seul et de parler avec son Père (Luc 22 : 39–41 ; Jean 18 : 1). Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que, régulièrement, Jésus et les disciples se retiraient après avoir exercé le ministère dans des lieux tranquilles afin de réfléchir à ce qui venait de s’y passer. C. S. Lewis a écrit : « Nous pouvons vivre une expérience et passer à côté de son

sens ». Nous pouvons souvent être pris au piège de vivre l’expérience de l’œuvre de Dieu dans et à travers nos vies tout en en manquant le sens et le message ; nous nous sommes affairés à ramasser des mûres si bien que nous ne remarquons même pas « le buisson ardent de Dieu », comme le disait Élizabeth Browning. La réflexion nous amène à nous poser deux questions : « Et alors ? » (« Quel est le sens de cette expérience ? ») et « Et après ? » (« Que m’apprend-elle aujourd’hui ? »). Il est important de se poser ces questions après une réunion, après un temps passé seul avec Dieu, après un voyage missionnaire ou un projet particulier, ou après avoir enseigné l’école du dimanche ou une étude biblique. Les gens servent fidèlement quand ils peuvent connecter leurs actes de service à leur système de croyance, leur doctrine, et la mission de leur église. Ils doivent aussi pouvoir établir la relation spirituelle entre des actes de service et ce qu’ils entendent et apprennent. Dieu apprend à ses enfants bien des leçons à travers leurs actes et la réflexion leur permet ensuite d’apprendre effectivement ses leçons. Suite à un projet en faveur d’un couple âgé, j’ai demandé aux étudiants qui m’y ont aidé ce qu’ils avaient ressenti à travers cette après-midi. Ils m’ont répondu : « On est fatigués, mais c’est une bonne fatigue car on sait qu’on a fait quelque chose de bien ! » Je leur ai alors demandé : « Et alors ? » Cela les a amenés à parler du besoin de ressembler de plus en plus à Jésus, de développer un cœur attentif pour les gens plus vulnérables, les pauvres, et les désœuvrés. Quant à la question : « Et après ? », ils ont commencé à intégrer cette action à un plan plus vaste et à leur désir d’être de meilleurs disciples. C’est ainsi que ce projet devint une leçon sur la compassion de Dieu, le royaume de Dieu et les tendres bontés de Dieu. Nous aurions pu réaliser ce projet, rentrer chez nous, prendre une douche, un bon repas et passer à autre chose. Mais le fait de réfléchir sur place à l’issue du projet permit aux participants de grandir spirituellement. C’est pourquoi la réflexion suit les autres éléments essentiels de la formation, l’appréciation, le feedback, l’évaluation et la reconnaissance. Si les leaders mettent ces éléments en pratique dans chaque ministère de l’église, chaque programme et chaque initiative, les gens grandiront en disciples matures et feront des émules. Certes, mettre ces six principes en pratique prend plus de temps. Mais nous servons le Dieu qui a créé le temps et qui tient nos vies dans sa main. Le premier rôle des leaders de l’Église est « d’équiper les saints en vue de l’œuvres du service » (Éphésiens 4 : 11–12). Si nous n’avons pas le temps d’équiper les croyants avec une vision globale et réfléchie vers l’excellence, que sommes-nous donc occupés à faire ?

Don R. Simmons Ph. D., est le directeur de Leadership Equipping and Development (Équiper et développer les leaders), à Fresno en Californie.

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Par Barry J. Meguiar

Pourquoi tant d’églises jouissent-elles d’une croissance explosive et d’autres non? Un changement flagrant semble bel et bien se produire lorsque les membres de l’église cessent d’être de simples spectateurs pour prendre part au ministère, et ce en dehors des murs de l’église.

Pour que grandisse l’Église… 12


Les pasteurs sont généralement tentés d’évaluer la santé spirituelle des chrétiens à ce qu’ils peuvent voir dans le cadre des activités de l’église : des réunions vivantes, de bons auditoires, beaucoup de gens à l’appel, et des revenus excédant les prévisions budgétaires sont considérés comme des preuves concluantes du fait que Dieu agit puissamment dans le cœur des gens. Mais cette forme d’évaluation toute visuelle est-elle à propos ? Comment se fait-il que nous ayons autant de monde pour louer le Seigneur avec passion le dimanche matin, et si peu aux autres réunions ? Serait-ce dû au rythme effréné de notre société, ou symptomatique d’un problème plus vaste ? Comment expliquer que certaines églises aux États-Unis et ailleurs connaissent une croissance explosive, et d’autres non ? Un changement flagrant semble bel et bien se produire lorsque les membres de l’église cessent d’être de simples spectateurs pour

prendre part au ministère, et ce en dehors des murs de l’église.

que l’Église au Brésil est en croissance continuelle. Ils sont constamment en train d’évangéliser et d’intégrer les nouveaux convertis dans l’Église, les enseignant à devenir eux-mêmes des témoins. Nous continuons de mettre l’accent sur l’évangélisation et de motiver les croyants dans le témoignage. » 1 Il est important de noter que l’enseignement aux chrétiens brésiliens est clair : ils sont appelés à être des témoins, quels que soient leurs dons et leurs talents et leurs autres responsabilités dans l’église locale. Quel contraste avec les raisonnements conventionnels de nombreux chrétiens ! Nous considérons l’évangélisation comme une option réservée à certains, comme d’autres chantent dans la chorale ou servent au sein du conseil d’administration. En fait, le témoignage et l’évangélisation sont souvent considérés comme le lot de ceux qui ne sont pas capables d’occuper des postes plus en vue dans l’église. Les chrétiens considèrent souvent l’évangélisation comme le travail de suite auprès des personnes nouvelles dans l’église. Nous ne devrions pas être surpris du peu de croissance dans nos pays quand la plupart des croyants ont perdu de vue leur mission première et universelle d’être sel et lumière dans un monde ténébreux et dépravé. Dieu ordonne que chacun soit engagé dans l’évangélisation personnelle pour deux raisons : 1) Faire du partage de notre foi une priorité nous tient à genoux, dans la Parole et dans les rassemblements de l’église. 2) Rendre témoignage de notre foi personnelle accomplit le Grand Ordre de Mission.

MON EXPÉRIENCE OPTION OU COMMANDEMENT ? Plus de la moitié des membres des Assemblées de Dieu dans le monde vivent au Brésil ; l’Église dans ce pays nous offre un modèle extraordinaire de réveil. La question fut posée à Terry Johnson : « Qu’est-ce que les chrétiens du monde peuvent apprendre de leurs frères brésiliens ? ». Voici sa réponse : « Être des témoins, évangéliser et prier. La vie des chrétiens brésiliens est saturée de prière, et ils saisissent toutes les occasions de témoigner… C’est pour cela

En tant que membre d’église, je peux vous dire qu’il est tout à fait possible d’être fidèle aux réunions, de faire partie du conseil d’administration, de chanter dans la chorale, de faire valoir ses dons, et même de faire des voyages missionnaires, sans jamais en retirer de joie. C’est ce que j’ai souvent vécu ; je me suis demandé ce que j’avais fait de ma joie et comment la retrouver. D’autres fois, j’étais rempli de joie et convaincu que je ne pourrais plus la perdre. Qu’est-ce qui faisait la différence ? 13

Mes plus grands moments de joie étaient ceux où je partageais personnellement ma foi.


Dans les deux cas, je participais, je servais et je donnais. Dans les deux cas, j’étais respecté de tous dans mon église, alors même que je vacillais en mon esprit entre deux personnages. Ce n’est qu’après une longue période que la réponse devint évidente. Sans exception, mes plus grands moments de joie étaient ceux où je partageais personnellement ma foi. Le partage de ma foi avait fait toute la différence ! Jésus a dit : « Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de fruit… Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jean 15 :8, 11). Telle a été mon expérience.

COMMENT OBTENIR UNE JOIE PLEINE ET ENTIÈRE La première chose que font les nouveaux convertis est de partager naturellement leur foi avec tout leur entourage. Quelqu’un a dit : « Il est facile de repérer de nouveaux convertis : ils sont tellement zélés, mais ça leur passera ! » Mais voici plutôt la question qu’il faudrait nous poser : « Pourquoi nous attendons-nous à ce que les nouveaux convertis perdent leur zèle en devenant soi-disant plus matures ou à cause de leur contexte culturel ? » Cela ne semble en tout cas pas être le cas au Brésil. Les églises que nous voyons grandir ici ou ailleurs sont remplies de gens qui partagent leur foi avec audace et invitent les gens à leur église avec enthousiasme. (Voyez l’encart ci-joint sur le thème : « Comment mobiliser les membres de l’église »). Dieu nous a promis que notre joie demeurerait pleine et entière aussi longtemps que nous amènerons d’autres personnes au Seigneur. Est-ce le message que nos chrétiens entendent ? Ils assistent à des réunions, servent et prennent certaines responsabilités. Mais connaissent-ils la joie de servir le Seigneur en rendant témoignage de lui ? Billy Graham a écrit dans un article : « Un chrétien qui n’exprime pas l’amour de Christ envers l’humanité par un service motivé par la compassion ne vit pas pleinement une vie de disciple. De même, un chrétien qui n’exprime pas l’amour de Christ pour l’humanité par un témoignage verbal clair ne vit pas davantage pleinement sa vie de disciple. Nous avons trop longtemps considéré que l’évangélisation était le lot de quelques professionnels ou la tâche du pasteur. Un tel point de vue n’est pas conforme au Nouveau Testament, pas plus qu’il n’est réaliste si nous devons faire face aux défis des décennies à venir. La tâche est tout simplement bien trop vaste. » 2 Quand les églises grandissaient très vite aux États-Unis, les pasteurs comme les membres partageaient activement leur foi et proclamaient l’Évangile. L’Église était en feu. Mais la croissance de nos églises fut accompagnée par le développement des compétences de ceux qui les dirigeaient. Cela a contribué à diminuer la valeur que l’on attribuait au témoignage que les membres étaient capables de rendre à l’Évangile. Avec le temps, cela a amené les chrétiens à s’impliquer de plus en plus dans l’infrastructure de nos églises en pleine croissance. De nos jours, nous sommes enclins à ne pas attendre des chrétiens qu’ils amènent des gens au Seigneur. Nombreux sont ceux qui ne ressentent pas de fardeau personnel pour le salut des perdus qu’ils côtoient chaque jour. Quand les chrétiens ne se sentent pas personnellement responsables de partager leur foi, ils sont moins 14

enclins à porter du fruit, et davantage à vivre sans joie, à devenir indifférents et apathiques, à se relâcher dans leur fidélité envers leur église, à être facilement induits à critiquer et plus vulnérables face à des tentations pouvant les faire tomber dans des péchés grossiers. Les chrétiens ont souvent tendance à vivre leur marche avec le Seigneur à deux vitesses. Dans l’église, ils peuvent être de généreux donateurs et des participants actifs tenus en haute estime par leur pasteur. Mais nombre d’entre eux ne pensent pas un seul instant à servir Dieu en dehors de l’église. Bien des gens préfèrent jouer à l’église dans l’église. Nous savons tous que l’Église n’est pas faite de briques et de ciment mais de personnes. Le fait de confiner notre expérience chrétienne et notre exubérance à l’intérieur de l’église empêche le monde d’entendre notre message. Mais quand nous vivons notre foi en dehors des murs de l’église, nous pouvons contribuer à changer notre monde. John Maxwell compare nos vies à un match de rugby et nos églises à la mêlée. Il souligne le fait que bien des chrétiens ne sortent jamais de la mêlée pour faire le match. Il y a aux États-Unis environ deux millions de personnes qui tiennent en moyenne sept conversations significatives avec des non-chrétiens chaque semaine. Cela signifie qu’environ quatorze millions de personnes sont chaque semaine sous l’influence directe de chrétiens. Nous avons le potentiel pour changer des multitudes de vies et atteindre notre monde. Dieu promet à ses enfants une joie pleine et entière qui leur sera restaurée dès lors qu’ils commenceront à partager personnellement leur foi. Et tout ce qu’il faut pour que cela arrive, c’est que les pasteurs aident les croyants à se considérer eux-mêmes comme l’Église, en dehors de leurs murs. NOTES 1 The Pentecostal Evangel, 9 novembre 1997. 2 Christianity Today, 8 décembre 1997.

Barry J. Meguiar est le P.D.G. de Meguiar’s Inc., à Irvine en Californie.


Par Anthony Palma

1ère partie:

Herméneutique, promesses de l’Ancien Testament, et terminologie alternative Cette série d’articles explorera les divers aspects de l’enseignement pentecôtiste sur le baptême dans le Saint-Esprit. Elle traitera de deux sujets liés à ce thème, à savoir le fait qu’il est subséquent au salut et qu’il est accompagné du parler en langues. Nous couvrirons d’abord les considérations herméneutiques, les promesses de l’Ancien Testament et la terminologie alternative sur le thème du baptême de l’Esprit.1

CONSIDÉRATIONS HERMÉNEUTIQUES Les aspects herméneutiques doivent être pris en compte en ce qui a trait à la

doctrine du baptême de l’Esprit, et ce pour deux raisons : 1) les mouvements pentecôtistes, charismatiques et celui dit de la troisième vague ne sont pas unis dans leur compréhension du baptême de l’Esprit ; 2) de sérieux défis émanant de trois sources différentes ont été lancés à cette doctrine d’un point de vue herméneutique : (a) les cessationnistes qui défendent le point de vue selon lequel les dons extraordinaires du Premier Siècle ont été discontinués, (b) les non-cessationnistes qui ne font pas partie de ces mouvements et qui admettent la continuation des dons extraordinaires mais rejettent la 15

Il est légitime de faire une étude inductive à partir du récit des incidents relatés dans le livre des Actes pour en tirer les leçons théologiques cumulées au fil de ces récits.


Au jour de la Pentecôte, les disciples furent « remplis du Saint-Esprit » ; ils n’ont pas été régénérés par cette expérience.

compréhension du baptême de l’Esprit, (c) certains exégètes au sein du mouvement qui mettent en doute la validité herméneutique de cette doctrine. Les présupposés suivants et les points clé d’herméneutique ont servi de guide à la rédaction de cette série. Ils sont donnés succinctement comme arrière-plan et comme cadre de réflexion pour faciliter la compréhension du contenu de la suite de ces articles. 2 Ces points ne sont pas forcément énumérés dans l’ordre de leur importance pas plus que dans un ordre strictement logique. Ils se chevauchent quelque peu et se font en partie ombrage les uns aux autres. 1. Toute Écriture est divinement inspirée. Le Saint-Esprit, auteur divin, ne saurait se contredire dans les Écritures. Un écrit ou un auteur biblique ne saurait par conséquent en contredire un autre. 2. Notre exégèse de l’Écriture doit être contrôlée par une saine compréhension de la discipline de la théologie biblique. La définition de la théologie biblique peut varier, mais sa substance affirme que les doctrines peuvent émerger du texte biblique et ne pas être imposées au texte. 3. Chaque auteur biblique doit être compris selon ses propres termes. La grille d’interprétation propre à Paul ne doit pas être appliquée à Luc, pas plus que celle de Luc à Paul. La Bible n’est pas un livre de théologie dogmatique ou systématique ; divers auteurs bibliques peuvent donc employer une terminologie similaire avec des nuances de sens différentes. À titre d’exemple, l’expression « Recevoir l’Esprit » peut revêtir des nuances selon que c’est Luc, Paul, ou Jean qui l’emploient. Que veut dire chacun d’eux lorsqu’il emploie ces termes ? 4. Différents auteurs bibliques peuvent avoir une emphase différente. L’évangile de Jean, par exemple, souligne la divinité de Christ ; Paul met l’accent sur la justification par la foi ; Luc, tant dans son évangile que dans le livre des Actes, se concentre sur l’aspect dynamique du ministère du Saint-Esprit. Puisque Luc se concentre sur cet aspect de l’œuvre de l’Esprit, il est important de comprendre ce qu’il a à dire sur à ce sujet. 5. Après avoir compris ce que tel auteur biblique a voulu exprimer dans 16

son contexte, ses enseignements doivent être reliés à ceux des autres auteurs et de l’ensemble des Écritures. 6. Les différences apparemment inconciliables sont généralement caractérisées par la complémentarité plutôt que par la compétition ou la contradiction. Quelle est la perspective de tel ou tel auteur ? Par exemple, Jacques contredit-il vraiment Paul au sujet de la relation entre la foi et les œuvres ? Ou ses propos sont-ils davantage guidés par la raison pour laquelle il a écrit cette lettre ? Dans ce cas, ne devraient-ils pas être interprétés en fonction de celle-ci ? Paul et Luc se contredisent-ils vraiment au sujet du ministère de l’Esprit ? 7. Les écrits de Luc appartiennent au genre littéraire historique. Mais le livre des Actes est bien plus qu’une simple histoire de l’Église Primitive. Les recherches récentes reconnaissent Luc comme un théologien à part entière, autant que comme historien. Il se sert de l’Histoire pour présenter sa théologie. 8. Dans le cadre de la méthode historicocritique d’interprétation biblique, la discipline que l’on appelle critique rédactionnelle a été largement acceptée ces dernières années. La prémisse de base est que l’écrivain biblique est un éditeur, et que son écrit présente en fait sa théologie. Il peut donc prendre le matériel dont il dispose et le formuler de façon à présenter ses convictions théologiques prédéterminées. À la base, la critique de la rédaction est une entreprise légitime et nécessaire. Mais dans sa forme la plus radicale, elle permet à l’auteur d’altérer les faits et même de créer une histoire et de la présenter comme factuelle afin de servir ses intentions théologiques. Pour illustrer comment ce principe fonctionne, Paul n’aurait pas pu demander aux Éphésiens : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint après voir cru ? » (Actes 19 : 2, Darby), car il enseigne dans ses lettres que la personne qui croit au Seigneur reçoit l’Esprit au même moment. Luc a donc créé cet incident ou altéré les propos exacts de Paul afin que le récit reflète sa propre compréhension de l’œuvre de l’Esprit. Cette forme radicale de critique rédactionnelle est inacceptable pour tous ceux qui ont une haute opinion de l’inspiration divine des Écritures. Le Saint-Esprit, en bon surintendant, n’aurait pas permis à un écrivain


biblique de présenter comme un fait quelque chose qui n’aurait pas vraiment eu lieu. 9. Les écrits historiques sont sélectifs et subjectifs par nature, tout comme ils sont influencés par le point de vue et les prédilections de l’auteur. C’est le cas du livre des Actes, sans toutefois jamais perdre de vue que l’historiographie de Luc n’est pas ultimement la sienne mais celle du Saint-Esprit. 10. La théologie narrative est une approche de l’herméneutique relativement récente. Un aspect est ce qu’on appelle l’analogie narrative. En y ayant recours, l’auteur invite le lecteur à faire une étude comparative des récits similaires afin de découvrir des schémas ou des échos, tels que des phrases ou des thèmes récurrents. 3 L’aspect analogique de la théologie narrative est étroitement lié à l’approche pentecôtiste traditionnelle dans sa compréhension du baptême de l’Esprit selon les termes des récits du livre des Actes. 11. Une objection à la compréhension pentecôtiste du baptême de l’Esprit est le fait qu’elle se fonde sur un précédent historique, ce qui, disent certains, ne peut suffire pour établir une doctrine. Selon ce point de vue, il est possible que Luc ait rapporté une expérience de l’Esprit subséquente à son œuvre de régénération et même que cette expérience ait inclus la glossolalie, mais il est impropre d’en déduire une doctrine. Autrement dit, les récits narratifs sont descriptifs, et non prescriptifs, puisque qu’aucune proposition n’affirme explicitement que les expériences qu’ont vécues les disciples n’étaient pour tous les croyants. Le raisonnement inductif est toutefois une forme légitime de logique. Il consiste à formuler une conclusion générale à partir de l’étude d’incidents ou de déclarations particuliers. Comment pourrions-nous justifier autrement la doctrine de la Trinité ou de l’union hypostatique — le fait que Christ soit à la fois pleinement humain et pleinement divin, tout en étant une personne unique ? Le Nouveau Testament ne contient aucun texte ne décrivant l’une ou l’autre de ces doctrines de façon explicite. Il est donc légitime de faire une étude inductive à partir du récit des incidents relatés dans le livre des Actes pour en tirer les leçons théologiques cumulées au fil de ces récits.

Une objection souvent soulevée par les critiques est que, si nous insistons sur le précédent historique d’une expérience de l’Esprit après la conversion, nous devrions faire de même avec d’autres précédents tels que vendre tous nos biens ou tirer au sort quand nous devons prendre des décisions. Mais Dieu n’a jamais prescrit à l’Église Primitive d’agir de la sorte pas plus qu’il ne l’a poussée à le faire ; de plus, ce sont là des incidents uniques. Ce furent là des initiatives personnelles prises par des individus de leur propre chef. Mais Jésus a bel et bien ordonné aux disciples d’attendre jusqu’à ce qu’ils soient remplis de l’Esprit. Plus encore, être rempli de l’Esprit est une activité divine et non humaine. 12. Une autre objection à la position pentecôtiste se base sur la question de l’intention de l’auteur. La question a été posée : « Quelle était l’intention de Luc en écrivant les Actes ? » La réponse est qu’il a voulu rapporter comment l’Évangile s’est propagé dans tout le monde romain ; ce n’était pas pour donner un enseignement sur le baptême de l’Esprit. Mais comment expliquer la propagation de l’Évangile autrement que par l’impulsion divine, la puissance du Saint-Esprit ? Actes 1 : 8 résume en une phrase tout le livre des Actes. Les deux clauses principales de ce verset sont étroitement liées et ne sauraient être séparées : « Vous recevrez une puissance » et « vous serez mes témoins ». 4 Si le mandat d’« aller par tout le monde » est toujours d’actualité, alors le revêtement de puissance nécessaire pour son exécution sera aujourd’hui encore tel que Jésus l’a promis. 13. Liée à l’objection précédente est l’idée selon laquelle ce sont seulement des groupes représentatifs qui ont vécu dans les Actes une expérience spéciale du Saint-Esprit, pour montrer que l’Évangile se propageait et incluait tous les peuples — les Juifs à Jérusalem (chapitre 2), les païens (chapitre 10), et les disciples de Jean-Baptiste (chapitre 19). Mais cette position est critiquable sur plusieurs plans : 1) il est souvent ignoré ou passé sous silence l’expérience personnelle de Paul après sa conversion lorsqu’il fut rempli de l’Esprit (9 : 17). Cela ne faisait pas partie d’une expérience vécue au sein de l’un de ces groupes. 2) Les premiers prédicateurs n’ont-ils jamais eu l’occasion 17

L’Esprit est descendu sur lui et s’est manifesté tout au long de son ministère terrestre. Tel est le modèle qu’il a laissé à tous les croyants.


de rencontrer certains des disciples de Jean-Baptiste pendant les vingt années qui séparent les chapitres 2 et 19 des Actes ? 3) De plus, ces hommes étaient-ils effectivement des disciples de Jean ? Ou étaient-ils des disciples de Jésus en manque d’instruction ? 5

LA PROMESSE DE L’ESPRIT DANS L’ANCIEN TESTAMENT

La promesse de la venue de l’Esprit inclut à la fois le fait qu’il est venu faire sa demeure dans le cœur des croyants et qu’il veut le revêtir de puissance en vue du service.

L’Ancien Testament est le prélude indispensable à toute discussion sur le baptême dans le Saint-Esprit. Les événements du jour de la Pentecôte (Actes 2) furent le point culminant de l’accomplissement des promesses que Dieu avait faites des siècles auparavant concernant l’institution de la nouvelle alliance, qui allait également inaugurer l’ère de l’Esprit. Deux passages en parlent très clairement : Ézéchiel 36 : 25–27 et Joël 2 : 28–29. Le passage d’Ézéchiel parle d’être aspergés d’une eau pure et ainsi purifiés de toute souillure spirituelle. Il continue en disant que le Seigneur enlèverait le cœur de pierre de son peuple et lui donnerait « un cœur nouveau » et mettrait en lui « un esprit nouveau ». C’est par le Saint-Esprit qui vient demeurer dans le cœur des croyants que cela devient possible : « Je mettrai mon Esprit en vous » (verset 27). Il en résultera qu’ils suivront ses ordonnances, et qu’ils observeront et pratiqueront ses lois. La promesse est clairement liée au concept néotestamentaire de la régénération. Paul parle du « bain de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3 : 5), se faisant ainsi l’écho des paroles de Jésus quant à notre besoin de « naître d’eau et d’Esprit » (Jean 3 : 5). La transformation qui s’opère par la nouvelle naissance produit un mode de vie changé, ce qui est rendu possible par l’Esprit résidant dans le cœur. Le Saint-Esprit demeure en chaque croyant (Romains 8 : 9, 14–16 ; 1 Corinthiens 6 : 19). La notion même d’être chrétien sans le Saint-Esprit est une contradiction dans les termes. La prophétie de Joël est très différente de celle d’Ézéchiel. Elle ne parle pas de transformation intérieure, d’un changement de comportement, ou du SaintEsprit demeurant en nous. Le Seigneur y dit plutôt : « Je déverserai mon Esprit sur toute chair ». Le résultat sera remarquable : 18

ceux qui le recevront prophétiseront, auront des songes et des visions. Cette prophétie nous rappelle le désir intense de Moïse : « Puisse tout le peuple de l’Éternel être composé de prophètes ; et veuille l’Éternel mettre son Esprit sur eux ! » (Nombres 11 : 29). Les parallèles entre la prophétie de Joël et le souhait de Moïse sont sans équivoque. Ce qui distingue ce texte de celui d’Ézéchiel, c’est que les résultats de l’activité de l’Esprit sont très différents ; ils sont frappants et charismatiques par nature. L’Esprit vient sur le peuple de Dieu d’abord pour le revêtir de puissance afin qu’il prophétise. Cela est évident dans la citation que Pierre fait de Joël dans son message de Pentecôte (Actes 2 :16–21). Pierre ajoute : « Et ils prophétiseront » (verset 18) au milieu de la citation, répétant et soulignant le fait que « vos fils et vos filles prophétiseront » (verset 17). Au jour de la Pentecôte, les disciples furent « remplis du Saint-Esprit » ; mais ils ne furent pas régénérés par cette expérience. Devons-nous en conclure qu’il y eut deux venues historiques distinctes du Saint-Esprit, compte tenu de la différence substantielle entre les prophéties d’Ézéchiel et celle de Joël ? La réponse se doit d’être négative. Il est plus logique de parler de la promesse globale de la venue de l’Esprit qui englobe le fait qu’il vienne habiter le peuple de Dieu et le remplir en vue de le revêtir de puissance. Ce sont deux aspects de la promesse de l’œuvre du Saint-Esprit dans l’ère où nous vivons. La promesse de l’Esprit ne fut pas accomplie jusqu’au jour de la Pentecôte (Actes 2). Mais la conception virginale de Jésus par la puissance de l’Esprit était l’aube d’une ère nouvelle. L’Esprit est descendu sur lui et s’est manifesté tout au long de son ministère terrestre (Matthieu 3 : 16 ; Luc 4 : 18–19 ; Actes 10 : 38–39). Tel est le modèle qu’il a laissé pour tous les croyants à qui le Seigneur de l’Ancien Testament a promis qu’ils seraient habités et revêtus de puissance par le Saint-Esprit.

LA TERMINOLOGIE DU BAPTÊME DE L’ESPRIT Le livre des Actes contient quelques 70 références au Saint-Esprit. Puisqu’il relate la venue de l’Esprit et nous donne


des exemples de son interaction avec les hommes, il est naturel de se tourner vers ce livre pour y trouver une terminologie spécifique au baptême de l’Esprit. Les expressions suivantes y sont employées de façon interchangeable : • Baptisé dans l’Esprit (1 : 5 ; 11 : 16) ; • L’Esprit survenant, descendant ou tombant (1 : 8 ; 8 : 16 ; 10 : 44 ; 11 : 15 ; 19 : 6 ) ; • L’Esprit répandu (2 : 17–18 ; 10 : 45) ; • La promesse du Père (1 : 4) ; • La promesse de l’Esprit (2 : 33, 39), l’Esprit étant lui-même la promesse ; • Le don de l’Esprit (2 : 38 ; 10 : 45 ; 11 : 17), l’Esprit étant lui-même le don ; • Le don de Dieu (8 : 20), le don venant de Dieu ; • Recevoir l’Esprit (8 : 15–20 ; 10 : 47 ; 19 : 2) ; • Être rempli de l’Esprit (2 : 4 ; 9 : 17). Du point de vue de la fréquence, l’expression baptisé dans le Saint-Esprit est celle qui revient le plus souvent et ce dans chacun des évangiles (Matthieu 3 : 11 ; Marc 1 : 8 ; Luc 3 : 16 ; Jean 1 : 33). L’expression être rempli de l’Esprit est employée fréquemment mais avec un sens plus inclusif, qui sera discuté plus tard dans cette série. L’expression baptême dans le Saint-Esprit, nom équivalent à l’expression verbale être baptisé dans le Saint-Esprit, ne se trouve pas dans le Nouveau Testament en tant que telle, mais elle est souvent employée par souci de clarté pour signifier cette même expérience. Le terme de baptême de l’Esprit a aussi toute sa raison d’être. Aucun terme ne communique à lui seul tout ce que cette expérience implique. Les termes employés ne devraient pas être poussés à l’extrême de façon littérale ; ils sont simplement des mots employés par les écrivains bibliques pour nous aider à mieux cerner le sens de cette expérience. Par exemple, les mots baptisé ou rempli mettent l’accent sur le fait qu’il s’agit d’une expérience dans laquelle le croyant est entièrement dominé ou submergé par le Saint-Esprit. Parmi d’autres effets, cette expérience rehausse et intensifie l’œuvre du Saint-Esprit déjà présent dans la vie du croyant.

BAPTISÉ PAR ET DANS LE SAINT-ESPRIT Le Nouveau Testament établit-il une distinction entre le fait d’être baptisé par

le Saint-Esprit et celui d’être baptisé dans le Saint-Esprit ? Sept passages contiennent à la fois le verbe baptiser et le nom SaintEsprit ou Esprit. Tous ces versets nous enseignent-ils la même chose quant à la relation qui existe entre les deux termes ? Pas de baptême du Saint-Esprit. Les écrivains du Nouveau Testament ne parlent jamais du baptême du Saint-Esprit. Le terme est ambivalent et pourrait être employé pour décrire l’une ou l’autre expérience de l’Esprit. L’une est un baptême par l’Esprit par lequel nous sommes incorporés dans le corps de Christ. L’autre est un baptême dans l’Esprit par lequel nous sommes revêtus de puissance en vue du service. Baptisé dans l’Esprit. L’expérience pentecôtiste est correctement décrite par l’expression être « baptisé dans (préposition grecque en) le Saint-Esprit » (Matthieu 3 : 11 ; Marc 1 : 8 ; Luc 3 : 16 ; Jean 1 : 33 ; Actes 1 : 5 ; 11 : 16 ; voir aussi Luc 24 : 49 ; Actes 1 : 8). C’est là la traduction la plus exacte du grec qui communique le mieux le sens de cette expérience. Elle est préférable pour deux raisons. D’abord, la préposition grecque en est la proposition la plus versatile du Nouveau Testament et peut être traduite en, avec, par, parmi, à l’intérieur de selon le contexte. Nous pouvons éliminer les deux derniers sens car ils ne sauraient s’appliquer aux passages que nous étudions. Nous pouvons aussi éliminer par dans les passages des évangiles et des Actes car Jésus, et non pas le SaintEsprit, est celui qui baptise. Nous sommes baptisés par Jésus dans le Saint-Esprit. Ensuite, en est préférable à avec car il communique mieux le langage imagé employé pour le Saint-Esprit. Le verbe baptizo signifie immerger ou tremper. Il serait étrange de dire « Il vous immergera (ou vous trempera) avec le Saint-Esprit ». Il est bien plus naturel de dire « dans le Saint-Esprit ». Cette préférence pour « dans le Saint-Esprit » est renforcée par l’analogie avec le baptême d’eau qui se fait dans l’eau. Préférer traduire ce mot par en dans les passages des évangiles et des Actes ne relève pas d’une simple question de sémantique pas plus que d’un désir de couper les cheveux en quatre. Cela reflète une bonne compréhension de la nature du baptême dans le SaintEsprit, en mettant l’accent sur le fait qu’il s’agit d’une expérience dans laquelle le croyant est totalement immergé dans l’Esprit. Baptisé par l’Esprit. Il faut distinguer le fait d’être baptisé dans le Saint-Esprit d’être baptisé par l’Esprit dans le corps de Christ (1 Corinthiens 12 : 13). 6 La même préposition en est utilisée dans ce verset ; la première partie de la phrase dit : « Car c’est dans (en) un seul Esprit que nous tous… avons tous été baptisés dans un seul corps.» Dans désigne ici le Saint-Esprit comme le moyen ou l’instrument par lequel ce baptême a lieu. L’expérience dont Paul parle ici est différente de celle mentionnée par Jean-Baptiste, Jésus et Pierre dans les six autres passages. Les deux groupes de passages que nous discutons (les six dans les évangiles et les Actes, et celui de 1 Corinthiens) contiennent quelques termes similaires. Mais il est discutable d’avancer que, sous prétexte que certaines combinaisons de mots se retrouvent dans divers passages, leur traduction et leur signification doivent toujours être les mêmes. En dehors de certaines similitudes, ces deux groupes de passages ont peu en commun. Par exemple, Paul mentionne un Esprit. Il n’utilise pas le terme composé Saint-Esprit ; 19


Entre autres choses, cette expérience vient rehausser et intensifier l’œuvre du Saint-Esprit qui demeurait déjà dans le croyant.

L’expérience pentecôtiste est appelée à juste titre « être baptisé dans le Saint-Esprit ».

il parle d’être « baptisés en un seul corps ». De plus, la phrase « en un seul Esprit » précède le mot baptisés. Dans tous les autres passages, il suit le verbe, à l’exception de Actes 1 : 5 où, aussi curieux que cela paraisse pour certains, il vient entre les mots Esprit et Saint. Le contexte détermine souvent le choix que doit faire le traducteur pour rendre le sens d’un mot ou d’une expression. Il est donc utile de voir comment Paul utilise des expressions similaires ou identiques à « dans (en) un seul Esprit ». Le contexte immédiat, qui contient quatre phrases semblables devrait être déterminant. 1 Corinthiens 12 : 3 nous dit : « Nul, s’il parle par (en) l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ! et nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! si ce n’est par (en) le Saint-Esprit. » Le verset 9, par lequel Paul continue sa liste des dons spirituels, nous dit : « À un autre, la foi, par (en) le même Esprit ; à un autre, des dons de guérisons, par (en) le même Esprit ». Cette dernière phrase est identique à celle du verset 13. Dans tous ces exemples où le mot en est en rapport direct avec le SaintEsprit, la traduction par s’impose et s’avère bien plus claire que toute autre traduction. De plus, tout le chapitre parle de l’activité du Saint-Esprit. Ce concept est mentionné sous une forme légèrement différente dans Romains 6 : 3, qui parle d’être « baptisés en Christ Jésus ». Galates 3 : 27 parle aussi d’être « baptisés en Christ ». Ce baptême est différent de celui mentionné par Jean-Baptiste, Jésus et Pierre dans les évangiles et dans les Actes. Selon Jean-Baptiste, c’est bel et bien Jésus qui baptise dans le SaintEsprit. Selon Paul, c’est le Saint-Esprit qui nous baptise en Christ, ou dans le corps de Christ. S’il faut maintenir cette distinction à tout prix, il nous faudrait en arriver à l’idée saugrenue que Christ nous baptise en Christ ! En résumé… La distinction entre être baptisé par l’Esprit et dans le Saint-Esprit n’est pas imputable à une herméneutique pentecôtiste qui serait biaisée. Une comparaison de la traduction du mot en dans 1 Corinthiens 12 : 13 dans les principales versions montre une préférence évidente même parmi les érudits non-pentecôtistes pour le mot par. C’est le choix qu’ont fait les versions Ostervald et Semeur notamment, 20

ainsi que la plupart des principales versions anglophones. Chaque baptême a une raison d’être qui lui est propre. 1 Corinthiens 12 : 13 nous parle de l’incorporation, ou du baptême, en Christ et en son corps. Cela est différent du baptême dans le Saint-Esprit, dont le but premier est de nous donner sa puissance pour être ses témoins (Luc 24 : 49 ; Actes 1 : 8). NOTES 1 La deuxième partie traitera de la relation chronologique entre ces événements. La troisième considérera la question du parler en langues comme d’un élément nécessaire. La quatrième abordera le but du baptême de l’Esprit et la terminologie inclusive des expressions : « Être remplis du Saint-Esprit ». 2 Les érudits de la tradition pentecôtiste classique ont beaucoup écrit sur cet aspect du sujet. Je mentionnerai entre autres : French L. Arrington, Donald A. Johns, Robert P. Menzies, William W. Menzies, Douglas A. Oss, Roger Stronstad. 3 Pour une discussion plus approfondie de la théologie narrative, voir Douglas A. Oss, « A Pentecostal/Charismatic View, » dans Are Miraculous Gifts for Today ? ed. Wayne A. Grudem, (Grand Rapids, Mich. : Zondervan Publishing, 1996), 260–262 ; et Donald A. Johns, « New Directions in Hermeneutics, » Initial Evidence, ed. Gary B. McGee, (Peabody, Mass.: Hendrickson Publishing, 1991), 153–156. 4 Les citations sont de la Bible dite à la Colombe sauf indication contraire. 5 Ce point sera couvert dans la deuxième partie de cette étude. 6 Certains érudits reconnus de la tradition pentecôtiste traditionnelle préfèrent la traduction dans et interprètent cette clause comme signifiant le baptême pentecôtiste dans l’Esprit.

Anthony Palma, Th.D., est un enseignant de longue date dans les Assemblées de Dieu des États-Unis. Il vit à Springfield dans le Missouri.


Par Richard D. Dobbins

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Chacun possède un réservoir de sentiments enracinés dans les relations qu’il a vécues avec les gens qu’il a côtoyés dans le passé et qui l’ont ainsi marqué : parents, grands-parents, frères et sœurs, amis d’enfance, amis de cœur, et dans certains cas, anciens conjoints. Plus les gens et les circonstances de notre présent ressemblent aux gens et aux circonstances de notre passé, plus il est probable que nos réactions aient tendance à être colorées par les sentiments cachés de notre cœur. C’est ainsi que, dans la vie, les réactions totalement objectives sont extrêmement rares. Les rapports qu’entretiennent les chrétiens avec leurs pasteurs peuvent stimuler ce genre de schémas émotionnels.

LA RELATION CHRÉTIEN-PASTEUR EST UNIQUE EN SON GENRE La relation entre le pasteur et son assemblée est unique. Il n’est aucune autre relation professionnelle qui génère une telle intensité émotionnelle. Les médecins et autres thérapeutes qui connaissent ce phénomène sont bien plus protégés par (1) la nature plus structurée et professionnelle de la relation et (2) le temps limité qu’ils passent avec chaque patient. Les pasteurs, quant à eux, peuvent se trouver jusqu’à cinq fois (et plus) en contact avec les membres de leur église chaque semaine, ne serait-ce que lors des réunions publiques, comités, et autres occasions, sans oublier les entretiens particuliers. La relation chrétien-pasteur ressemble aux relations familiales. Jésus a parlé de la similitude qui existe entre la famille naturelle d’une personne et sa famille spirituelle (Marc 3 : 31–35). Cela explique peut-être pourquoi le pasteur est souvent perçu par bien des personnes comme le substitut d’un parent. Quand le pasteur et ses membres ont eu des relations familiales saines, leurs rapports mutuels n’en seront en principe que davantage plaisants. Mais s’ils ont connu des relations malsaines dans leur famille, cela peut ouvrir la porte à des situations potentiellement explosives dans la famille de l’Église.

LE PASTEUR EN TANT QUE FIGURE D’AUTORITÉ Les pasteurs qui n’ont pas eu de rapports sains avec les figures d’autorité dans leur famille naturelle peuvent rencontrer des difficultés à vouloir être eux-mêmes des figures d’autorité saines dans l’Église. Certains peuvent abuser de leur pouvoir, d’autres ne supporteront pas les critiques et d’autres encore seront trop timides pour exercer leur autorité pastorale, même lorsque cela serait vital pour l’unité de l’église. Les chrétiens qui ont été abusés par des parents autoritaires peuvent être prédisposés à rechigner face à toute expression de l’autorité pastorale, aussi saine soit-elle. Ces gens pourront s’en prendre violemment à leur pasteur, ventilant ainsi la colère qu’ils n’ont jamais pu exprimer envers leurs propres parents. Les chrétiens qui ont eu tendance à idolâtrer leurs parents feront parfois de même avec leur pasteur. Aux yeux de certains, le pasteur et sa famille ne peuvent jamais rien faire de bon ; pour d’autres, ils ne peuvent jamais mal faire. Les pasteurs en bonne santé émotionnelle ne sont pas séduits par les critiques ni par leurs fans. Ils savent que le vrai pasteur vit quelque part à mi-chemin entre la fosse et le piédestal. 22

Dieu seul connaît les complications sans fin causées dans la vie de pasteurs sincères, de membres de conseils, et d’autres croyants à cause des sentiments cachés et incompris qui se terrent au fond du cœur (Jérémie 17 : 9 ; Jean 1 : 8).

LES CHRÉTIENS ONT TENDANCE À IDÉALISER LEUR PASTEUR EN TANT QU’ÉPOUX Ceux qui considèrent que leur propre conjoint est insensible ont tendance à voir leur pasteur comme celui qui possède tous les traits de caractère tendres et romantiques qu’ils ne trouvent pas chez eux. Mais dans la plupart des cas, une conversation franche avec l’épouse du pasteur suffirait à leur donner une vision plus réaliste des choses. Quand une personne de l’autre sexe désire un entretien de relation d’aide avec le pasteur, ce dernier se trouve confronté à une situation potentiellement dangereuse. Ces personnes souffrent généralement de relations amoureuses brisées ou abusives et rencontrent donc leur pasteur en un temps particulièrement vulnérable de leur vie. Quelles que soient les circonstances, les pasteurs sont légalement et moralement tenus de protéger autant euxmêmes que les personnes qu’ils reçoivent, afin de veiller à ne pas ouvrir une brèche dans les limites physiques ou affectives au cours des sessions de relation d’aide. Les conseillers professionnels font référence aux sentiments que le conseiller réveille chez la personne en la faisant parler de ses souvenirs de personnes et situations passées comme à un transfert. De même, ces mêmes sentiments qui se bousculent dans l’esprit de la personne conseillée pendant ces rencontres sont appelés le contre- transfert. Le transfert est un processus inconscient par lequel la personne conseillée prête au conseiller les sentiments et les fantasmes, positifs et négatifs, qui trouvent leurs racines dans ses réactions envers des personnes significatives qui ont marqué son passé. Le contre-transfert est la réaction émotionnelle inconsciente du conseiller envers la personne qu’il conseille, réactions qui interfèrent le plus souvent avec son objectivité.


Satan profite de ces sentiments cachés du cœur pour frustrer le processus de guérison et provoquer autant de destruction que possible, tant chez la personne qui cherche conseil que chez le conseiller, fût-il un pasteur. Un pasteur avisé comprend bien que tout sentiment quelque peu amoureux que la personne qu’il conseille peut manifester envers lui n’est pas dû à son charme irrésistible ou à son physique éblouissant. De tels sentiments proviennent d’une certaine admiration et d’une confiance implicite envers le pasteur en tant qu’homme de Dieu. S’il n’était pas pasteur, de tels sentiments ne naîtraient jamais. Les personnes conseillées peuvent tomber amoureuses de l’image du parent ou du conjoint idéal dont ils rêvent, du représentant de Dieu qui essaie de leur expliquer l’amour divin, et non pas de la personne faite de chair et d’os qui est assise en face d’elles.

DÉVELOPPER ET APPLIQUER UN SYSTÈME DE CONTRÔLE Les pasteurs doivent sauvegarder soigneusement la confiance de la personne qu’ils conseillent et prendre l’entière responsabilité de toute transaction émotionnelle pendant le processus de relation d’aide. Ils doivent protéger à la fois la personne qu’ils conseillent et qui est vulnérable, et euxmêmes face aux sentiments qu’elle peut nourrir à son encontre. Ils doivent aussi se protéger et protéger leur visiteur de tout sentiment inapproprié qu’ils peuvent sentir se développer en eux. Mais comment s’y prendre concrètement ? Il vous faut vous discipliner à prendre certaines mesures pratiques en vous préparant à chaque session de relation d’aide. Quand j’arrive dans mon bureau le matin, je commence à me préparer, spirituellement et mentalement, aux personnes que je dois voir. Je commence par parcourir ma liste de rendez-vous et par relever mentalement les sentiments que le nom de chaque client suscite en moi. Certes, je veux que le Seigneur m’aide à servir chacun de mon mieux, mais je n’éprouve pas les mêmes sentiments envers chaque personne qui me rend visite. Si vous voulez être honnête et efficace dans des situations de relation d’aide, vous

ne pouvez ignorer le côté unique de chaque personne que vous voyez et votre propre réaction à chacune d’elle. Bien sûr, vous ne ferez pas part de ces données à la personne. Occasionnellement, le nom d’une femme attrayante et captivante apparaît sur ma liste. Mes sentiments me pousseront à me réjouir à la pensée de la revoir. Même s’il se peut très bien qu’elle ne soit attirée par moi que dans mes fantasmes et non les siens, il est toujours de ma responsabilité de tenir cet entretien de façon à ce qu’elle comme moi soyons en sécurité. Au fil des ans, le Seigneur m’a aidé à définir et observer une discipline protectrice par rapport aux femmes qui viennent me consulter qui s’est avérée très efficace. Cette discipline tient en huit points simples et pleins de bon sens : 1. Maintenir une limite physique de un à deux mètres entre la personne et moi. Toute personne a besoin de près d’un mètre autour d’elle pour se sentir rassurée et en sécurité. 2. Garder un esprit de prière et être attentif à mes sentiments pendant la session. 3. Garder un esprit de prière et être attentif aux sentiments de la personne que je conseille. 4. Comprendre que la relation d’aide est un engagement dans un conflit spirituel, qui se mène sur le terrain des pulsions, des fantasmes et des idées à partir desquels la personne fera certains choix. 5. Réaliser la nécessité essentielle du recours à la vérité biblique et à la prière pendant le processus de relation d’aide. 6. Honorer la personne conseillée comme un enfant de Dieu et respecter le caractère sacré des limites physiques (je ne touche jamais une femme que je conseille). 7. Réaliser qu’à n’importe quel moment pendant la session, votre contrôle de la vie et du ministère que Dieu vous a confiés peut ne tenir qu’à ce mètre de distance physique que vous maintenez entre vous-même et la personne que vous conseillez. 8. Rappelez-vous souvent ce qui arriverait si votre conjoint, votre famille, vos collègues pasteurs et tous ceux qui vous accordent toute leur confiance apprenaient que vous avez gâché votre moralité et celle de quelqu’un d’autre en ne sachant pas 23

Satan profite de ces sentiments cachés du cœur pour frustrer le processus de guérison et provoquer autant de destruction que possible, tant chez la personne qui cherche conseil que chez le conseiller, fût-il un pasteur.

Plus les gens et les circonstances de notre présent ressemblent aux gens et aux circonstances de notre passé, plus il est probable que nos réactions aient tendance à être colorées par les sentiments cachés de notre cœur.


Les pasteurs sont légalement et moralement tenus de protéger autant eux-mêmes que les personnes qu’ils reçoivent, afin de veiller à ne pas ouvrir une brèche dans les limites physiques ou affectives au cours des sessions de relation d’aide.

contrôler les limites physiques qui s’imposent dans une situation de relation d’aide. Chaque année, je parle avec plusieurs pasteurs qui n’ont pas su se discipliner dans leurs rapports avec les personnes de l’autre sexe qu’ils ont conseillées. C’est ici une question de tolérance zéro. De tels comportements ternissent l’image de Christ. Ces pasteurs sont rarement conscients des ravages qu’ils ont ainsi causés aux personnes conseillées et à leur famille, mais aussi à la capacité de toute l’Église à faire confiance à un autre pasteur. Plus d’une fois, j’ai entendu des membres de conseil déçus et en colère me dire : « Comment vais-je expliquer à mes enfants que le pasteur ne peut plus être notre pasteur ? » Une assemblée dont le pasteur est ainsi tombé est profondément meurtrie pour longtemps.

AUTRES SENTIMENTS QUI PEUVENT COMPLIQUER LES RELATIONS La tentation sexuelle n’est pas le seul moyen que Satan emploie pour amener nos sentiments cachés à troubler la paix d’une église. Les pasteurs doivent aussi veiller à leurs relations avec leurs comités et tous les membres de leur église. Ils doivent être conscients de trois sentiments latents qui peuvent compliquer les relations dans l’église, s’ils ne sont pas identifiés et réglés. 1. Un pasteur doit se garder de la colère et du sentiment de rejet. Aucun d’entre nous n’aime se sentir rejeté par les autres ou être l’objet de leur colère. Les pasteurs sont particulièrement sensibles à ces sentiments quand ils les perçoivent chez des gens dont ils recherchent l’accord et l’approbation — peut-être même en ont-ils besoin — en vue d’être des dirigeants efficaces. Une des réactions les plus saines que vous puissiez avoir dans une situation où un membre de votre conseil vous méprise ou vous rejette est de la banaliser. N’en faites pas une montagne. N’oubliez pas que, s’ils avaient l’occasion de s’exprimer librement, 15 à 20% des gens de n’importe quelle église diraient qu’ils préfèreraient avoir quelqu’un d’autre comme pasteur. La plupart des pasteurs perçoivent de la colère ou du rejet à leur encontre de la 24

part d’un ou deux leaders parmi leurs membres. Ne prenez pas ces attaques comme étant trop personnelles. Absorbez-les de façon à en minimiser l’impact en public, et laissez-en la responsabilité là où elle est : sur les épaules de celui ou celle qui vient ainsi de ventiler ses sentiments. Réalisez que celui qui essaie de vous infliger ainsi ses sentiments bataille probablement lui-même avec un aspect non encore sanctifié de son histoire avec les figures d’autorité. Prenez d’avance la décision que, si de tels sentiments devaient être exprimés dans une réunion de conseil ou d’affaires, vous n’allez pas y réagir personnellement. Réagissez sans vous mettre sur la défensive quand il s’agit clairement de sentiments biaisés en disant par exemple : « Franck vient-il d’exprimer les sentiments de tout le comité ou bien s’agit-il simplement de ce qu’il ressent personnellement ? » Encouragez les autres à exprimer leurs opinions sur les questions qui sont discutées. Les pasteurs ne peuvent fonctionner dans de bonnes conditions quand ils se sentent menacés par la colère et le rejet de ceux qui dirigent l’église. Un des sentiments profonds et cachés du cœur d’un pasteur est le besoin de sentir que les autres sont satisfaits de lui et l’acceptent. Plus vous serez conscient des interactions complexes de vos propres sentiments et de ceux des autres, moins ils pourront déclencher des situations douloureuses et souvent inutiles parmi ceux qui dirigent l’église à vos côtés. 2. Un pasteur éprouve le besoin d’être aimé. Nous avons tous besoin d’être aimés. Mais certains pasteurs, à cause de ce besoin particulièrement intense, risquent de présumer qu’ils ne sont pas aimés, simplement parce qu’un membre de leur conseil émet une opposition même mineure à une de leurs idées. Un pasteur mature comprendra que, s’il serait merveilleux que tout le monde l’aime, ce n’est certainement pas une nécessité. Il sait que, la plupart du temps, ses idées de programmes et de méthodes pour l’église ne sont pas des révélations reçues directement du ciel. Cela l’aidera à ne pas se sentir visé trop personnellement quand, dans le cours normal des délibérations et


des débats, des opinions différentes des siennes sont exprimées. 3. Un pasteur éprouve le besoin d’avoir raison. Les pasteurs ont une autre caractéristique en commun avec les autres leaders : le besoin d’avoir raison. Certains membres de conseil ont ce même besoin. Cultivez assez d’humilité de cœur pour être capable de dire à votre conseil et aux membres de vos comités : « Mes frères, je peux me tromper ! », et dites-le sincèrement ! Votre capacité à le reconnaître inspirera davantage encore confiance envers votre ministère de leader. Les gens sains d’esprit ne s’attendent pas à ce que leur pasteur soit infaillible. Sondez ces sentiments cachés de votre cœur : le fait de ne pas vouloir que les autres soient en colère contre vous ou vous rejettent, le désir de voir les autres vous aimer et le besoin d’avoir raison. Vous serez un leader d’autant plus sage. Vous serez aussi moins enclin à agir impulsivement face à ces pulsions soudaines. De plus, vous découvrirez aussi que la vaste majorité des enfants de Dieu ne seront pas en colère après vous et ne vous rejetteront pas. Au contraire, ils vous aimeront et apprécieront les nombreuses bonnes idées que vous apporterez pour enrichir les programmes et activités de l’église. Ils vous admireront pour le simple fait que vous aurez appris à être conscient de ces sentiments. Ils vous verront dès lors comme un modèle crédible parce que vous serez prêt à admettre vos faiblesses. Ils vous respecteront et n’auront que d’autant plus confiance en votre ministère.

Richard D. Dobbins, Ph.D., est psychologue, fondateur et directeur de EMERGE Ministries, à Akron dans l’Ohio aux États-Unis.

CONSIGNES GÉNÉRALES POUR LA RELATION D’AIDE PASTORALE 1. Maintenez la confidentialité. L’exception à cette règle serait le cas où des raisons éthiques ou légales vous obligeraient à rompre une confidence. Il est impératif que les pasteurs se familiarisent avec les lois de leur pays concernant les confidences faites aux ecclésiastiques et aux exceptions à la confidentialité. 2. Évitez de manipuler la personne que vous conseillez. Beaucoup de ceux qui cherchent l’aide d’un pasteur sont particulièrement vulnérables. 3. Évitez de prendre des décisions à la place de la personne qui cherche de l’aide. Bien des gens viennent trouver un pasteur en s’attendant à des réponses divinement révélées à leurs problèmes. Le pasteur peut être quelque peu directif dans son approche de la relation d’aide mais doit veiller à ne jamais prendre de décisions à la place de la personne. 4. Ne faites pas le facteur sauf quand cela est approprié. Il peut certes arriver qu’il soit utile et thérapeutique de partager et d’interpréter avec quelqu’un le comportement ou les propos d’une autre personne en vue de les voir se réconcilier. Mais du fait que le pasteur est souvent en contact avec la famille ou l’entourage de la personne qu’il conseille et avec lesquels elle peut être en conflit, celle-ci peut parfois désirer ou s’attendre à ce que le pasteur fasse office de messager. Cela n’est pas approprié. 5. Ne devenez pas un voyeur. Le pasteur doit veiller à ne pas chercher à avoir des informations qui ne sont pas nécessaires à la compréhension du problème abordé. Chercher à obtenir des détails de nature sexuelle pour l’excitation que cela peut apporter est inapproprié, injuste et contre-productif. 6. Ne vous laissez jamais aller à une implication romantique ou sexuelle avec quelqu’un que vous conseillez. La relation d’aide individuelle avec une personne de l’autre sexe peut devenir une source de séduction très forte. Les pasteurs devraient s’assurer que quelqu’un d’autre est en vue quand ils conseillent quelqu’un de l’autre sexe. De plus, ils ne devraient pas voir quelqu’un de l’autre sexe pour plus de trois sessions. Adapté de Randolph K. Sanders, ed., Christian Counseling Ethics : A Handbook for Therapists, Pastors & Counselors (Downers Grove, Ill. : Intervarsity Press, 997), 83–84. Utilisé avec permission.

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Par Donald R. Spradling

La prière change tout 26


Un proverbe africain dit : « Chaque matin, une gazelle se lève en sachant qu’elle doit courir plus vite que le lion le plus rapide, sans quoi elle se fera dévorer. Et chaque matin, un lion se lève en sachant qu’il doit courir plus vite que la gazelle la plus lente, sans quoi il mourra de faim. Alors, que tu sois une gazelle ou un lion, chaque matin quand tu te lèves, tu as intérêt à courir ! » Courir représente une toute autre priorité et nécessité pour la gazelle ou le lion dans la brousse africaine que pour ceux qui sont dans un zoo occidental. Les réalités de la mort et de la vie font de la course une priorité quotidienne. La prière est certainement une de ces priorités vitales si nous voulons voir la puissance de Dieu tout changer dans notre vie de chaque jour. Une femme en détresse et en pleurs m’appela un jour pour m’expliquer que sa sœur venait d’être assassinée. « Comment les gens peuvent-ils être aussi mauvais ? » me demanda-t-elle ; elle était incapable de surmonter sa douleur et son incompréhension. J’ai immédiatement commencé à lui parler et à tenter de la réconforter, mais j’ai entendu une voix intérieure me dire : « Ce qu’il lui faut, ce n’est pas de la relation d’aide, mais de la prière ». Sans hésiter, je l’ai alors dirigée vers celui qui pouvait seul guérir l’angoisse de son âme et calmer sa tempête. Parce que j’avais moi-même prié, j’étais confiant et prêt à prier avec et pour elle. Dans les secondes qui suivirent, la tempête s’apaisa et la paix et l’espoir remplirent son cœur. La prière fut notre arme, et elle nous apporta la victoire.

PRENDRE EN MAIN NOTRE VIE DE PRIÈRE Il semble incroyable que Dieu nous donne un moyen aussi efficace et accessible par lequel nous pouvons être en communion avec lui, grandir et mener une vie victorieuse. Cependant, comme bien des choses qui nous sont disponibles dans la vie quotidienne, la prière devient un lieu commun et une option dans nos vies. Dans notre monde indiscipliné et désordonné, la prière ne semble importante que dans les temps de crise ou pour arriver à nos propres fins.

La plupart des chrétiens sont d’accord pour dire que la prière est importante et que nous devrions prier plus souvent et plus efficacement, mais notre ennemi commun est le manque de temps. Nous disons : « Je n’ai tout simplement pas le temps ! » Mais cela n’est pas vrai. Si quelqu’un a le moindre temps pour regarder la télévision chaque jour, il n’y a pas de raison qu’il ne puisse pas trouver de place pour la prière dans son programme. C’est nous qui décidons ce que nous faisons de notre temps. Quelqu’un a dit : « Si vous voulez que quelque chose soit fait et bien fait, demandez à quelqu’un de très occupé de s’en charger ! » Pourquoi ? Parce que les gens occupés ont le sens des priorités et cherchent à gérer leur temps le mieux possible. Il nous appartient de gérer notre temps de prière, faute de quoi elle n’aura jamais la place qui lui revient. Aristote a dit : « Nous sommes ce que nous faisons de façon répétitive. Ainsi, l’Excellence n’est pas un acte mais une habitude ». Si cela est vrai, la prière ne sera productive dans nos vies que lorsqu’elle aura la première place. Nous devons l’inclure dans les éléments non négociables de notre vie.

VOUS POUVEZ Y ARRIVER La plupart des gens se trouvent toutes sortes d’excuses pour ne pas faire ce qui est important. Par exemple, ceux qui ont besoin de perdre du poids trouvent des excuses du genre : « C’est génétique : je n’y peux rien ! » ou encore : « Mon problème est chimique ; suivre un régime me donnera donc encore plus de problèmes. » Dans presque tous les cas, il existe un moyen de réussir à faire ce qui est important. Nous devons réentendre encore une fois la Parole de Dieu qui dit : « L’esprit que Dieu nous a donné ne s’esquive pas face au danger » (2 Timothée 1 : 7, version Knox). La version Amplified New Testament rend ce verset de cette façon : « Il nous a donné un esprit de puissance, d’amour, de calme et d’équilibre, de discipline et de maîtrise de soi ». Dieu nous a déjà donné le don de la discipline et de la maîtrise de soi. Vous faites face à un vrai défi, mais vous pouvez remporter la victoire et devenir puissant par la prière. Vous pouvez prier plus souvent et plus efficacement. C’est une question de choix. 27

La prière aiguise la lame du ministère. Notre Seigneur en était bien conscient ; malgré tout ce qui pesait sur ses épaules, il savait mettre du temps à part pour prier.

Je ne connais personne qui aime les premiers moments de quelque programme d’exercice que ce soit. Ce n’est qu’après avoir commencé à prier qu’une certaine euphorie et une certaine onction émergent.

Trois éléments ressortant du paradigme de la prière qui peuvent changer votre vie.


LE PARADIGME DE LA PRIÈRE Un événement majeur est introduit dans Luc 9. Jésus a donné à ses disciples l’autorité de prêcher la Bonne Nouvelle, de chasser les démons et de guérir les malades. Ils ont parcouru la région en proclamant la nouvelle du royaume, en guérissant les malades et en faisant des miracles. Quelques jours plus tard, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean et monta sur une montagne pour prier, et « pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea » (verset 29). Le rapport étroit entre le changement d’aspect de Jésus et la prière est indéniable. Des choses glorieuses et dramatiques se firent jour tandis qu’il priait. S’il serait insensé de penser que chaque prière doit être accompagnée d’éclairs et de visitations d’anges, il n’en est pas moins vrai que Dieu est attentif à chaque prière qui lui est adressée selon sa volonté et qu’il y répond. Le paradigme de la prière dans Luc 9 nous concerne tout autant aujourd’hui que les disciples qui étaient ce jour-là sur la montagne. Le Seigneur veut que nous soyons marqués par le bouleversement qu’introduisit la prière à ce moment précis. Les disciples furent invités à vivre cette expérience afin qu’elle leur serve de leçon à tout jamais. Tandis que Jésus priait, l’aspect de son visage changea ; ses vêtements devinrent éclatants d’une blancheur surnaturelle ; des visiteurs célestes se sont présentés pour échanger des propos édifiants ; une voix porteuse d’un message d’approbation, celle du Père céleste en personne, se fit entendre, et les disciples furent témoins de la gloire de Dieu dans une mesure extraordinaire — tout cela à cause de la prière ! Le fruit de cette puissance fut évident tandis que Christ et ses disciples redescendirent pour faire face aux impossibilités humaines. Un jeune garçon fut guéri.

L’EFFICACITÉ DE LA PRIÈRE Ce sont certainement le sens de l’urgence et la dimension prophétique de son ministère immédiat qui ont poussé Jésus à rechercher ce temps de prière. Il était habitué à la prière et en connaissait toute la valeur. Il priait tôt (Marc 1 : 35) ; il priait seul (Marc 6 : 46 ; Luc 5 : 16) ; il priait avec une grande consécration (Luc 6 : 12 ; 22 : 41). La prière fut pour lui une priorité qui demeura une discipline de sa vie depuis son enfance jusqu’à la croix. Quelqu’un a dit : « Ce n’est pas la quantité de prière qui compte mais sa qualité ». Il s’agit là en fait d’un autre de nos subtils mécanismes de fuite. S’il est vrai que la qualité importe plus que la quantité, il l’est tout autant que, pour accomplir davantage d’exploits et de plus grands pour le royaume, Jésus a dit : « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et le jeûne » (Marc 9 : 29). Il est sage de considérer l’importance de la prière en relation avec notre efficacité. Dans son livre, Les sept habitudes des gens qui réussissent, Stephen Covey partage une histoire fort à propos : Imaginez que vous rencontriez quelqu’un qui est en train de scier fébrilement un arbre dans les bois. « Que faites-vous ? demanderez-vous. — Ne voyez-vous pas que je suis en train de scier cet arbre ? répond l’autre, agacé. — Vous avez l’air épuisé, vous exclamez-vous. Cela fait combien de temps que vous y travaillez ? — Plus de cinq heures, et je n’en peux plus. C’est vraiment très dur. — Pourquoi ne prendriez-vous pas cinq minutes de pause 28

pour aiguiser votre lame ? demandez-vous. Je suis sûr que cela irait bien plus vite ensuite. — Je n’ai pas le temps d’aiguiser ma scie, réplique-t-il catégoriquement. Je suis trop occupé à scier. » Nous sommes souvent tombés dans le piège qui consiste à scier avec une lame émoussée. Nous sommes occupés, toujours en mouvement. Nos agendas sont pleins. Mais notre lame est émoussée. La prière aiguise la lame du ministère. Notre Seigneur en était bien conscient ; malgré tout ce qui pesait sur ses épaules, il savait prendre du temps à part pour prier. C’est ainsi qu’il a connu une métamorphose (traduction littérale du mot rendu couramment par transfiguration). Sa conversation avec Moïse et Élie concernant la croix et le réconfort apporté par la voix du Père étaient liés à ce temps que Jésus avait consacré à la prière. Le ministère de délivrance qui l’attendait au pied de la montagne avait aussi un rapport direct avec ce temps de prière. L’efficacité de la prière est à jamais en relation avec ce paradigme de la prière.

L’EXERCICE DE LA PRIÈRE Comme toute autre discipline, la prière est difficile. La meilleure façon de prier est encore de commencer. Je ne connais personne qui aime les premiers moments de quelque programme d’exercice que ce soit. Ce n’est qu’après avoir commencé à prier qu’une certaine euphorie et une certaine onction émergent. Des miracles se produiront si nous dépendons de Dieu dans la prière, comme dans le cas du fils tourmenté par un démon dans Luc 9 : 37–42. Alors que Pierre et Jean étaient en route pour la prière au Temple, ils rencontrèrent un boiteux qu’ils guérirent (Actes 3 : 1–10). Nous devons apprendre à inclure cet exercice de communion et d’intercession dans notre programme. Le moment où nous prions n’est pas aussi important que le fait que nous priions. Certains sont des lève-tôt et prient le matin. D’autres préfèrent le milieu de la journée ou la soirée. Ce qui est important, c’est de se fixer un temps et de le programmer dans notre horaire. Certains invoqueront comme excuse : « Mais je prie tout le temps ! » C’est cette même personne qui vous dira : « Je fais


de l’exercice en allant au bureau à pied ». Certes, cela est bon, mais rien ne peut remplacer du temps mis à part intentionnellement pour la prière. Je suis depuis quatre ans un programme en huit étapes qui m’a énormément apporté. Chaque étape est importante pour ma vie personnelle ou vitale quant à l’œuvre de Dieu. Cela commence par la prière et l’action de grâces, la famille, l’Église, le pays, les missions, les amis, le ministère, les projets et divers besoins. Je prie une heure par jour en suivant ce guide, 365 jours par an, tous les ans. Beaucoup de membres de mon assemblée ont choisi ce même exercice pour leur vie de prière personnelle, ce qui a apporté un renouveau à leur vie spirituelle.

La plupart des chrétiens sont d’accord pour dire que la prière est importante et que nous devrions prier plus souvent et plus efficacement, mais notre ennemi commun est le manque de temps. Il y a autant de façons de prier que d’emplois du temps : à vous de trouver un plan de prière qui vous aide à bénir votre monde puis à vous y tenir. William Hinson, pasteur de la First Methodist Church de Houston, au Texas, partageait un exercice de prière exceptionnel en rapport avec son assemblée. Il sentait que sa prière pour la croissance de son église était trop générale, si bien qu’il a réparti ses membres en groupes de dix. Il les informa par lettre qu’il allait prier pour eux chaque jour de la semaine en cours, les invitant à partager avec lui les besoins particuliers pour lesquels il pourrait intercéder. Cette église a connu une croissance sans précédent et la vie de prière de son pasteur en a été d’autant plus exercée. J’ai commencé ce même processus dans notre église, et l’impact a été remarquable. L’exercice de la prière sera toujours difficile, mais les résultats sont incroyables. Quelle qu’en soit la forme d’expression, le principe demeure le même depuis des millénaires : « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, — je

l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays » (2 Chroniques 7 : 14).

LE POUVOIR EXPONENTIEL DE LA PRIÈRE L’impact que la prière peut avoir n’a jamais pu être sérieusement mis en doute ; quand les hommes invoquent le Seigneur, la synergie de la Parole de Dieu et de son Esprit leur font vivre des expériences qui affectent profondément leur vie. Il nous appartient de mettre la prière à notre ordre du jour ; Dieu, quant à lui, se chargera de les exaucer. J. Edwin Orr a écrit : « Quand Dieu veut faire quelque chose avec son peuple, il les conduit toujours à la prière ». David Barrett, qui est impliqué dans un mouvement mondial de prière, a écrit que : • 170 millions de chrétiens se sont engagés à prier chaque jour pour le Réveil et l’évangélisation. • 20 millions affirment que la prière est leur vocation première au sein du corps de Christ. • 10 millions de groupes de prière affirment que le Réveil est en tête de liste de leur agenda. Nous pourrions bien être en train de vivre le plus grand mouvement de prière avec un impact exponentiel en vue d’un Réveil mondial et d’une immense moisson d’âmes. Actes 4 : 31 nous dit que, lorsque les gens prièrent, le lieu trembla. Cela ne nous fut pas rapporté tel un événement isolé, mais comme un principe pour nous stimuler à la prière. La gazelle et le lion savent que courir est pour eux une question de vie ou de mort. Les hommes et les femmes qui servent Dieu savent que la prière est cruciale à leur survie. Si nous ne prions pas, nous serons rattrapés et dévorés par le lion qui rugit. Si nous ne prions pas, nous ne verrons jamais les dons liés au ministère se manifester et nous n’aurons pas la grâce d’être et de rester victorieux. Les leaders de l’Église Primitive ont bien senti que le rôle de la prière était déterminant ; c’est pourquoi, lorsque leur emploi du temps fut surchargé par d’autres responsabilités, ils prirent cette résolution stratégique : « C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole » (Actes 6 : 3–4). La prière qui change tout doit passer par-dessus et avant tout.

Donald R. Spradling est le pasteur principal de l’église Christian Life Church de Long Beach en Californie.

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Par Sobhi Malek

Parlons de l’islam Les musulmans sont unis par des liens très forts : une même confession, une même histoire, un seul livre, une seule loi et un seul prophète.

L’islam est un système complexe. L’austérité y est adulée et de stricts codes de conduite constituent la norme. Il est attendu de chacun qu’il se conforme à des normes morales élevées, et plus encore de la part des femmes. La permissivité sexuelle n’est pourtant pas rare. La malhonnêteté dans les affaires financières est souvent louée. L’homosexualité, quoiqu’attribuée à des causes différentes de celles invoquées dans le monde occidental, est un fait courant. Tant que ces actes sont commis sous le couvert, et que ceux qui s’y adonnent ne font pas la honte de la communauté et ne provoquent pas de scandale, l’immoralité subsiste. Les progrès de la technologie moderne, des appareils ménagers, et l’accès à internet sont acceptés et encouragés, même si la liberté de pensée fait encore face à une forte résistance. Comment peut-on comprendre et analyser une culture pleine de contradictions et de valeurs conflictuelles ? J’aimerais aborder ici trois questions qui sont posées aujourd’hui dans bien des milieux.

QUEL EST LE SECRET DERRIÈRE LA MULTITUDE ÉNORME DE GENS QUI ADHÈRENT À L’ISLAM ? Comment se peut-il qu’un cinquième de la population mondiale offrent leur allégeance à Mahomet ? Il nous faudrait plus de place que n’en contient tout ce magazine pour considérer les douzaines de réponses à cette question. Mais en bref, les musulmans ont droit jusqu’à quatre femmes à la fois. De plus, ils peuvent disposer d’un nombre illimité de concubines. C’est là un facteur important dans la croissance numérique phénoménale de l’islam de par le monde. Même dans des pays où la polygamie est illégale, certains musulmans épousent plusieurs femmes lors de cérémonies religieuses. Ces mariages ne sont 30

pas déclarés devant l’État. Un observateur superficiel sera porté à croire que ces hommes ont plusieurs maîtresses. Mais selon la loi islamique, ces unions sont tout à fait légales. Le fait d’avoir plusieurs épouses et concubines contribue largement à la croissance biologique. Prenez l’exemple de Oussama ben Laden, fondateur et leader d’El-Qaïda, et cerveau des attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Il était l’un des 54 enfants nés de Mohamed ben Laden de ses épouses et concubines. Il y a quelques années, un leader musulman a déclaré en France : « Nous conquérrons la France par le ventre de nos femmes ». L’islam est fort de nombreux actes de compassion. Mahomet lui-même ayant été un orphelin et sa mère une veuve, il a défendu la cause des orphelins et des veuves. Divers groupements et associations musulmanes dans le monde entier offrent des aides financières, de l’aide médicale gratuite et une éducation gratuite à ceux qui sont dans le besoin. Ceci est un incitatif non négligeable pour les pauvres et les laissés pour compte de se convertir à l’islam. Légalement, dans les sociétés musulmanes, l’islam est une rue à sens unique. Un musulman, qu’il soit né ainsi ou le soit devenu par la conversion, ne peut quitter l’islam. La peine pour le péché d’apostasie est sévère : « S’ils deviennent apostats, prenez-les et tuez-les où que vous les trouviez. Ne prenez jamais parmi eux d’amis ou d’aides » (Coran, 4 : 89). Les lois financières dans certains pays musulmans avantagent les musulmans. Ils ont la priorité d’emploi, du logement et dans l’éducation. Les non musulmans ne connaissent pas ce privilège. Devenir musulman signifie devenir privilégié.


Dans les premiers temps, les présents jouaient un rôle important dans l’avancement de l’islam. Mahomet envoyait du butin, des cadeaux, et de l’argent à des non musulmans dont il voulait se faire des amis et des alliés. Aujourd’hui encore, en Afrique comme en Amérique, les musulmans ont recours à la même stratégie. On peut offrir à un converti potentiel une épouse, un travail, une somme généreuse d’argent, ou une maison pour l’encourager à se convertir à l’islam. Dans les pays musulmans, l’islam est le protégé de l’État. Les missionnaires musulmans sont envoyés et soutenus financièrement par le gouvernement. Par exemple, de grosses sommes d’argent ont été données par l’Arabie Saoudite, la Libye, le Qatar, le Koweït, Oman, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis, l’Égypte et la Jordanie pour bâtir le centre islamique de Toledo, dans l’Ohio aux États-Unis. Il est aussi fait appel à la communauté des fidèles. On appelle cela la « umma (nation) du prophète ». C’est la communauté à laquelle appartiennent tous les musulmans. Où qu’ils se trouvent dans le monde, ils sont tous frères et sœurs. Ils sont tous égaux. Ils s’appartiennent mutuellement. Ils sont unis par des liens très forts : une confession, une même histoire, un seul livre, une seule loi et un seul prophète. Cela leur donne un sentiment de sécurité. Là encore, cela est attrayant pour tous les laissés pour compte que l’individualisme des sociétés occidentales a laissé livrés à leur désarroi, abandonnés et rejetés. La Mecque est le point focal, visible et magnétique de l’islam. C’est vers La Mecque que les musulmans se positionnent pour prier cinq fois par jour. C’est à La Mecque qu’ils se rendent en pèlerinage. C’est là, et nulle part ailleurs, qu’ils ressentent toute l’effervescence, l’unité, l’égalité, une profonde fraternité et le respect de soi. La Mecque donne aussi au disciple de l’islam un profond sentiment de sécurité. Là, entouré de quelques deux millions de coreligionnaires, il voit bien qu’il n’est pas seul. Il s’agit là d’un puissant aimant sociologique et religieux qui attire et réunit du monde. Imaginez-vous participer à une conférence évangélique avec quelques deux millions de chrétiens nés de nouveau !

L’islam contient bien des facettes qui en appellent aux désirs humains. Un cheikh musulman disait qu’une raison de la propagation phénoménale de l’islam était le fait qu’il s’agit d’une religion qui s’accommode de la nature humaine, de ses désirs et de son comportement. La doctrine de l’unicité absolue de Dieu est l’emphase principale et le cœur même de l’islam. Elle semble exercer un profond attrait, même si elle se heurte à de sérieux problèmes quand on la confronte au test de la logique. De plus, il est facile de se convertir à l’islam. La personne ne doit rien sacrifier d’important ni endurer d’épreuve particulière pour suivre cette religion. La transition se fait habituellement sans difficulté. Une autre raison pour laquelle l’islam est attrayant est qu’il touche aux réalités de la vie quotidienne. Les codes musulmans ont des règles et des lois pour presque chaque activité de la vie quotidienne : nourriture, hygiène, prière, travail, voyages, sexe et relations interpersonnelles. Cela rend l’islam attrayant car il régule toutes les activités quotidiennes et répond aux problèmes très terre-à-terre que la vie soulève. L’islam est aussi attrayant par le fait que son credo inclut des règles et des croyances qui incluent les dimensions de la vie sociale telles que l’éducation et le judiciaire. Nombreux sont ceux qui trouvent cela séduisant.

QU’EST-CE QUI AMÈNE UN MUSULMAN À DEVENIR UN TERRORISTE PRÊT AU SUICIDE ? Les terroristes sont prêts à mourir en tuant les autres et en détruisant leurs propres biens. Faute de pouvoir atteindre son but par des négociations, tel sera prêt à se détruire et à détruire les autres. Voici quelques exemples tirés des récentes manchettes de journaux : • Des terroristes se suicident pour détruire des casernes militaires américaines et françaises au Liban, tuant 241 américains et 58 français. • Des terroristes tuent trois mille personnes en détruisant les Tours Jumelles à New York. • Un terroriste se fait sauter, tuant avec lui vingt personnes à Jérusalem. 31

Comprendre les contradictions et les valeurs conflictuelles dans la culture islamique

Les musulmans ont droit jusqu’à quatre femmes à la fois. De plus, ils peuvent disposer d’un nombre illimité de concubines.


• Une femme se fait sauter ainsi que 10 autres personnes. • Des palestino-américains de la deuxième et troisième générations applaudissent les attentats suicide ! Si divers groupes ont utilisé le terrorisme par le suicide tout au long de l’Histoire, cette méthode a pris des proportions colossales ces dernières années. Mourir pour avoir combattu une sainte guerre (Jihad) garantit au musulman une place dans le paradis. Dès que les leaders déclarent qu’une guerre est une sainte guerre, les gens sont d’emblée prêts à mourir et à s’assurer ainsi une place dans le ciel. Un leader musulman a dit : « L’arme du martyr… est facile et ne nous coûte que notre vie… Les bombes humaines sont imparables, pas même par des bombes nucléaires ». Ceux qui perpétuent des attentats suicide sont poussés par la forte conviction que leur cause est juste, fut-elle religieuse ou politique. Quand les fondamentalistes musulmans essaient de vivre la loi islamique en la prenant au pied de la lettre et d’assujettir les autres à leur religion, et voient leurs plans finalement déjoués, leurs espoirs s’évanouir et défaits par leurs propres institutions et par d’autres facteurs extérieurs, ils ont alors recours au terrorisme. Loin d’être des déchets de la société, comme certains le supposent, les terroristes suicide sont souvent des gens de bonnes familles ayant eu accès à une bonne éducation. Je crois qu’ils souffrent d’un complexe de supériorité. Ils sont très conscients de leur religion et sont extrêmement fiers de leur identité. Ils croient que l’islam est la seule religion qui ait le droit d’exister. Ils luttent pour abolir ou vaincre tout ce qui se met en travers de leur chemin : autorités civiles, autorités religieuses, pouvoirs politiques ou même forces militaires. Je crois qu’un autre facteur est constitué par les victoires marquantes que les troupes arabes ont remportées dans les débuts de l’histoire de l’islam ; cela a implanté en eux un sens irréversible et inflexible de triomphalisme qui contrôle la pensée, les émotions et la volonté des peuples musulmans. Le résultat se voit jusque dans leur attitude aujourd’hui. Quand ils décident de faire quelque chose, ils le font, quels que soient les moyens 32

auxquels ils doivent recourir et les conséquences. Puisqu’ils ont la faveur d’Allah et qu’il leur a donné la supériorité sur tous les autres, comment pourraient-ils accepter d’être moins que cela ? Cette forme de pensée est inconcevable.

À QUI VA LEUR ALLÉGEANCE ? L’islam a une vision dichotomique du monde : dar-ul Islam (la maison de l’islam), et dar-ul harb (la maison de la guerre). Les fidèles font partie de la maison de l’islam. Les sociétés séculières et les non musulmans font partie de la maison de la guerre. Seyyd Qutb l’exprime clairement quand il dit : « L’islam ne connaît que deux sociétés (dans le monde), la société musulmane et la société païenne non musulmane ». Le système islamique exige une allégeance. Un vrai musulman ne saurait être fidèle à un système non musulman. Cela constituerait une trahison pure et simple. La véritable identité d’un musulman est donc liée à l’islam et non au pays où il se trouve vivre. Sa première loyauté est envers la communauté de l’islam.

CONCLUSION Les chiffres peuvent être intimidants et nous pouvons être révoltés par les actes terroristes, mais nous devons voir les musulmans comme des hommes et des femmes dans le besoin. Ils ont besoin de Christ. Tout comme tout autre peuple qui n’a pas accepté l’expression de l’amour de Dieu au Calvaire, le peuple musulman n’a pas de vraie paix, de joie et de satisfaction profonde. Ils sont poussés par des règlements et des lois rigoureux qui sont fondés sur des « tu feras » et des « tu ne feras pas ». Seule la grâce de Dieu peut leur faire découvrir le pardon, la liberté et la vie. Ma profonde conviction est que, pour atteindre ce but, nous devons aimer profondément les musulmans, puis ouvrir notre bouche à chaque occasion pour partager Christ avec eux.

Sobhi Malek, Docteur en Missiologie, est missionnaire parmi les musulmans et professeur invité sur le monde islamique dans de nombreux séminaires théologiques de par le monde.


Par William P. Farley

À l’automne 1821, un étudiant en droit se mit à chercher le Seigneur. Pendant l’année qui venait de passer, un Réveil avait balayé sa ville, Adams, dans l’État de New York. Il avait refusé de s’y impliquer. Mais suite à cela, il se mit à prier. Quarante ans plus tard, il se souvient de sa conversion : « Le Saint-Esprit descendit sur moi de telle façon qu’il me sembla qu’il parcourait tout mon corps et mon âme. J’eus l’impression d’être transpercé par une onde électrique qui me traversait de part en part. En fait, il semblait venir comme par un amour liquide ; je ne saurai l’exprimer autrement. Cela ressemblait au souffle même de Dieu. Je me souviens distinctement que cela me fit l’effet du souffle que provoqueraient d’immenses ailes. Il n’y a pas de mots pour exprimer le grand amour qui fut alors répandu dans mon cœur ». 1 C’est ainsi que naquit le ministère de Charles Grandison Finney (1792–1875), qui allait être un des évangélistes les plus célèbres et les plus influents de l’histoire américaine. Le ministère de Finney fut en quelque sorte la crête de la vague du second grand Réveil (1792–1835 environ). Ce fut un temps d’expansion rapide vers l’ouest et d’une croissance de la population sans

précédent. Les Américains avaient intégré la doctrine d’une « destinée évidente » ainsi que l’optimisme face aux prouesses humaines et au potentiel si unique de leur peuple à ce moment de l’Histoire. Finney fut l’incarnation même de cet idéal sur le plan spirituel. Mark Noll résume ainsi l’importance de Finney : « Il n’est pas exagéré de dire que Finney pourrait être mis au même rang que les Andrew Jackson, Abraham Lincoln, et autre Andrew Carnegie… comme une des figures publiques les plus significatives de l’Amérique du XIX è siècle. Sans aucun doute, il est le personnage crucial par excellence du monde évangélique blanc américain après Jonathan Edwards. » 2

LES PREMIÈRES ANNÉES Peu de temps après sa conversion radicale, Finney étudia sous l’enseignement de son pasteur presbytérien George Gale. Gale l’encouragea à s’inscrire au Séminaire de Princeton. Mais Finney méprisait autant la théologie que les théologiens ; il écrivit : « Je leur ai clairement dit que je ne voulais pas me mettre sous la même influence qu’eux ». 3 Dans ses mémoires, Gale se souvient d’autres raisons : « Finney n’est pas allé au 33

Le ministère de Finney fut unique. À une époque où la plupart des pasteurs lisaient leurs prédications, Finney prêchait sans notes


séminaire parce qu’il n’est pas parvenu à s’y faire accepter ». Quelle que soit la raison, Finney n’a pas reçu d’éducation théologique formelle. Il fut donc placé en formation avec son pasteur Gale et un autre pasteur. En 1823, Finney obtint sa licence de prédicateur, et fut ordonné pasteur en 1824. C’est à cette période que la Female Missionary Society l’a envoyé travailler en tant qu’évangéliste dans les villages perdus du nord-ouest de l’État de New York. Dieu lui donna du succès. En 1825, il arriva à un point tournant dans son ministère. Finney fut invité à prêcher à Utica, dans l’État de New York. Utica se trouvait tout prêt du Canal Erie qui venait d’être creusé. C’était une métropole florissante et en pleine croissance. Finney y prêcha pendant deux ans ainsi que dans les villes voisines de Rome et Syracus avec une efficacité de plus en plus grande. Les techniques de Finney étaient novatrices. Il n’évangélisait pas comme ses prédécesseurs, Jonathan Edwards, George Whitefield, et Asahel Nettleton. 4 Pour amener les gens à la conversion, il faisait délibérément monter le timbre émotionnel des réunions. Il adopta et rendit populaire la pratique méthodiste consistant à demander aux nouveaux convertis de s’avancer sur le devant, ou de s’asseoir au banc des pénitents pour signifier leur décision de suivre Christ. Il gagnait les gens « à l’usure » en faisant durer la réunion. Ses réunions duraient parfois quatre heures ou plus. Ces formes de manipulation n’ont pas échappé à l’œil de ses critiques.

LA CONFÉRENCE DE NEW LEBANON Finney connut une certaine mesure de succès, mais à cause de ses pratiques, une vague de résistance finit par s’élever. Ses principaux opposants étaient deux grands noms connus dans tout le pays : Lyman Beecher et Asahel Nettleton. 5 À l’été 1827, une conférence fut convoquée à New Lebanon dans l’État de New York, pour tenter de régler ces différends. Selon Ian Murray, la conférence se résuma à « savoir si l’on était pour ou contre, non pas les émotions, mais plutôt le fait d’adopter des méthodes qui, ajoutées à la prédication et à la prière, faisaient la promotion des émotions ». 6 34

Nettleton et Beecher étaient d’un côté ; Finney et ses supporters étaient de l’autre. Nettleton et Beecher étaient tous deux diplômés de Yale. Ils représentaient la tradition théologique de la Nouvelle Angleterre selon leurs pères spirituels. Finney, manquant d’éducation formelle, campait sur son interprétation personnelle des Écritures et sur les bienfaits du changement. La conférence de New Lebanon se termina dans une impasse. L’échec de ceux qui voulaient censurer Finney devint la victoire de ce dernier. Cela lui donna une mesure de respectabilité qui lui faisait précédemment défaut. Pour la première fois, les églises des grandes villes de la côte est s’ouvrirent à son ministère. Entre l’été 1827 et l’automne 1829, il conduisit des campagnes à Wilmington, Philadelphie et New York.

RÉVEIL À ROCHESTER Entre l’automne 1830 et l’été 1831, le ministère de Finney atteint son point culminant à Rochester, dans l’État de New York. L’Esprit de Dieu était sur lui avec une grande puissance. Comme Utica, Rochester était un centre commercial florissant près du Canal Erie récemment achevé. La puissance de Dieu était telle dans le ministère de Finney qu’il n’était pas rare que les affaires soient suspendues dans tout le secteur où il prêchait pour que les gens assistent à ses réunions. De grandes foules le suivaient ainsi d’une église à une autre. Charles Hambrick-Stowe, biographe de Finney, nota ceci : « Nombreux étaient ceux qui diraient qu’il s’agissait là du plus grand Réveil local dans l’histoire américaine ». 7 Il poursuit en citant Breecher : « Le Réveil quasi national qui débuta à Rochester fut la plus grande œuvre de Dieu, et le plus grand Réveil de religion que le monde ait jamais vus en si peu de temps ». 8 La campagne de Rochester a aussi uni les chrétiens autour de deux questions sociales : la tempérance et l’abolition de l’esclavage. Les deux allaient avoir de très vastes implications.

ÉCRIVANT ET ENSEIGNANT En 1832, le feu du Réveil commença à fléchir et Finney prit un pastorat


à New York. En 1835, le Collège Oberlin, dans l’Ohio, nouvellement fondé, l’invita à être son premier professeur de théologie. Finney était âgé de 47 ans et était épuisé. Il avait besoin de repos et sentait le changement de climat spirituel, si bien qu’il accepta. Il passa le reste de sa vie à enseigner à Oberlin et à conduire des réunions de Réveil en divers lieux, y compris à New York, Boston et en Angleterre. Jusque là, Finney s’en était tenu à l’évangélisation. Faute d’être publiées, ses positions théologiques étaient relativement peu connues. Tout cela changea en 1835 quand Finney publia ses Discours sur les Réveils religieux. Pour en résumer le contenu, Nathan Hatch écrit : Finney s’y lance dans une critique acerbe de l’orthodoxie calviniste, allant directement à la jugulaire du système calviniste. Il nie l’autorité implicite de l’éducation, se moque de l’impotence de prédications soigneusement écrites à la main… et décrie le style détaché et très « digne » des pasteurs bien éduqués. Il s’en prend à la bureaucratie ecclésiastique, en particulier ceux qui coupaient les cheveux en quatre et faisaient la chasse à l’hérésie, qui caractérisait les conclaves presbytériens… Finney en appelait à une révolution copernicienne afin que la vie religieuse soit centrée sur l’auditoire. Il méprisait l’étude formelle de la divinité ». 9 Le problème était que Finney ait écrit ses Discours sur les Réveils religieux alors qu’il était pasteur presbytérien ordonné. Cela mit ses prises de position en conflit avec la théologie de sa propre dénomination. De plus, ce qu’il allait écrire par la suite confirma qu’il croyait en la possibilité d’une entière sanctification pour les chrétiens nouvellement convertis, niait l’imputation du péché et de la culpabilité d’Adam, croyait en la capacité humaine de se créer une nouvelle nature, niait la substitution dans l’expiation, et en la possibilité de susciter un Réveil en appliquant certaines techniques. Autrement dit, il reniait de larges sections de la confession de Westminster qu’il avait juré de défendre. Aux côtés de Asa Mahan (1799–1889), président du Oberlin College, il développa davantage ces idées pour en faire ce qu’on allait appeler « la théologie d’Oberlin ».

En 1837, sentant la pression de ses collègues presbytériens, il démissionna de sa dénomination presbytérienne et se rattacha aux congrégationalistes. En 1851, sous la pression, Mahan renonça à la présidence de Oberlin et l’administration fut unanime pour demander à Finney de devenir son président. Il avait alors 59 ans. Finney assura ce poste jusqu’en 1866 où il démissionna à cause de son âge. Mais il continua d’enseigner à Oberlin et d’évangéliser jusqu’à sa mort en août 1875.

LE MINISTÈRE DE FINNEY Le ministère de Finney fut unique. À une époque où la plupart des pasteurs lisaient leurs prédications, Finney prêchait sans notes, et le plus souvent sans préparation, se levant pour parler selon ce que l’Esprit lui donnait de dire. Plus tard, il eut recours à un plan général pour son message. Finney n’avait aucune estime pour l’éducation formelle. Son style de prédication était parfois critiqué pour les jugements durs qu’il prononçait. Finney se livrait souvent à des innovations. Parce qu’il ne croyait pas au péché originel, il croyait que les hommes pouvaient se tourner vers Dieu dans la repentance sans intervention divine surnaturelle. Tant et si bien que toute mesure qui pouvait amener quelqu’un à prendre une décision pour Christ était légitime à ses yeux. Appels à l’autel, prière publique pour les inconvertis présents dans l’auditoire et appels constants à prendre une décision instantanée à suivre Christ faisaient partie intégrante de son ministère. S’il est vrai que certains méthodistes et autres baptistes avaient eu recours à ces méthodes depuis quelques temps, Finney les a rendues populaires. Elles sont d’ailleurs encore utilisées aujourd’hui. Comme Murray le note, « ce qui se produisit là (dans l’État de New York sous Finney) devint comme la ligne de partage des eaux dans l’histoire évangélique et introduisit la première controverse majeure sur la signification des Réveils entre des leaders qui croyaient les uns comme les autres tout autant en l’œuvre du Saint-Esprit ». 10 À son honneur, Finney fit beaucoup pour contribuer à l’application sociale de l’Évangile. Finney, Mahan et ceux qui 35


les suivirent furent parmi les premiers à se lever pour l’abolition de l’esclavage. Il a également pris fermement position contre la franc-maçonnerie.

LA THÉOLOGIE DE FINNEY Finney était ouvertement pélagien. Ses autres croyances théologiques mentionnées plus haut montrèrent à quel point la formation théologique le répugnait. Un historien résume ainsi la théologie de Finney : « Toute l’idée selon laquelle un homme irrégénéré était gouverné par sa nature déchue était inacceptable… Tout ce qu’il fallait pour se convertir, c’était une décision de la volonté, et non un changement de nature… Si la conversion était le résultat de la décision du pécheur, et si le fait d’induire cette décision était la responsabilité du prédicateur… alors toute mesure qui pouvait contribuer à amener l’inconverti au point d’une conversion instantanée et absolue était forcément bonne ». 11 Ces idées étaient contraires à l’orthodoxie prévalente que la plupart avaient accepté depuis que le Mayflower avait accosté au Rocher de Plymouth en 1620. Où Finney a-t-il donc pris ses idées ? La plupart des historiens pointent vers l’influence de Nathaniel William Taylor (1786–1858), professeur de théologie à Yale. Les points de vue de Finney étaient presque identiques à ceux que l’on trouve dans des écrits tels que « New Haven Theology » que l’on a aussi appelé « New Divinity ». 12 Murray dira que « la voix était celle de Finney, mais la pensée celle de Taylor ». 13 Comme le dit Nathan Hatch, « les abstractions de New Haven Theology ont tout à coup pris vie dans le fanatisme rugueux et intempestif des Nouvelles Mesures de Finney ». La théologie de New Haven, rendue populaire par Finney, a fini par provoquer une division. En 1838, les presbytériens se divisèrent en l’Ancienne École et la Nouvelle École. La première représentait la tradition théologique héritée de la Réforme par l’intermédiaire des puritains. La seconde incarnait la nouvelle théologie enseignée par Taylor et Finney.

LES POINTS FORTS DE FINNEY Les nombreux points forts de Finney expliquent au moins en partie la façon 36

puissante dont Dieu se servit de lui. Une de ses forces fut certainement sa vie de prière. Il était un homme à la vie de prière intense et prolongée, ce dont les pasteurs ont bien besoin. Finney considérait qu’il pouvait produire un Réveil par certaines techniques, mais sa vie de prière y contribuait largement. Il passait souvent des heures entières dans la prière avant et après ses réunions de Réveil. Sa seconde force fut l’onction généreuse du Saint-Esprit qui reposait sur lui. Quand il prêchait, les gens tombaient souvent prostrés dans un profond silence. Puis ils entraient dans une profonde et pénétrante conviction de péché, pour se tourner ensuite vers Christ, ce que des moyens humains à eux seuls ne sauraient expliquer. La troisième force de Finney fut son éthique de travail. Quand il conduisait un Réveil, il travaillait seize heures par jour, sept jours par semaine. Après un exercice aussi intense, il se retirait plusieurs semaines à la ferme de ses beaux-parents dans l’État de New York pour récupérer. Quatrièmement, le zèle de Finney pour l’évangélisation était incomparable. Il aimait les perdus et se donnait sans compter pour leur rédemption.

SES POINTS FAIBLES Finney avait aussi des faiblesses qui ont limité son impact à long terme pour l’Église, et qui ont parfois causé bien des dégâts parmi ceux qui manquaient de discernement. Le premier de ses points faibles fut sa mentalité d’indépendant : « Seul avec moi-même et ma Bible ». Pour Finney, la théologie et l’Histoire de l’Église étaient un territoire à survoler rapidement. Cela l’a souvent conduit à manquer de docilité et à refuser la correction. Nous avons d’ailleurs noté plus haut son refus d’écouter ses aînés lors de la conférence de New Lebanon pendant l’été 1827. Finney écrivit par exemple : « Il y a beaucoup d’ignorance dans les églises au sujet du Réveil… Très peu de gens ont une connaissance quelque peu solide de cette question ». 14 Mais de grands Réveils avaient eu lieu en Amérique du nord et en Angleterre depuis 1790. Le plus grand Réveil de l’Histoire, qu’on appela The Great


Awakening (Le Grand Réveil), eut lieu sous Whitefield, Edwards et Wesley aux environs de 1740. En ignorant l’Histoire récente, Finney imaginait être le premier à vraiment comprendre ce qu’était un Réveil. « Finney a débuté son propre parcours spirituel, note Nathan Hatch, en niant l’impact de toute autorité religieuse passée. Il se reposait sur ses propres lumières et sa propre raison, mais en refusant tout ce qui aurait pu constituer un tuteur théologique ». 15 Cette position l’a exclu du christianisme confessionnel historique sur bien des sujets doctrinaux d’importance. Nous en avons déjà noté quelques-uns. Sa seconde faiblesse, qui est en rapport avec la première, fut l’élévation de la raison au-dessus de la révélation. Finney exigeait que chaque mystère biblique soit ramené à une formule rationnelle humaine. Il luttait pour « ajuster les vérités du christianisme dans un tel système harmonieux de pensée qu’aucune violence ne fut faite aux exigences de la raison, observe Murray. Tel était, comme il le disait souvent, après la conversion des âmes, le grand but de sa vie ». 16 Finney ne pouvait accepter les mystères tels que la coïncidence de la souveraineté de Dieu et de la responsabilité humaine.

QUELQUES ENSEIGNEMENTS Nous pouvons tirer de nombreux enseignements de la vie de Finney. Tout d’abord, Dieu se plaît à utiliser des vases imparfaits. Dieu a manifesté sa puissance à travers les faiblesses de Finney (2 Corinthiens 13 : 4). Cela devrait encourager tout pasteur. En dépit des imperfections de Finney, Dieu s’est plu à l’utiliser. En dépit de nos imperfections, il nous utilisera aussi. Ensuite, nous avons besoin de discernement. La puissance surnaturelle de Dieu n’est pas une caution pour tout ce qu’un homme croit ou fait. Dieu a oint Samson même s’il couchait avec les prostituées philistines. Dieu a oint et aimé Charles Finney même s’il rejetait le péché originel et l’expiation substitutrice. Mais le contraire est aussi vrai. Les lacunes d’un homme ne réduisent pas à néant la capacité de Dieu à agir à travers lui. Balaam était idolâtre mais Dieu a quand même parlé prophétiquement par son

intermédiaire. Nous apprenons de Finney à ne pas douter de la puissance de Dieu sur la vie d’un homme sous prétexte que sa vie ou sa doctrine est imparfaite. Troisièmement, nos positions théologiques vont déterminer nos pratiques. La théologie « New Haven » de Finney a déterminé les techniques d’évangélisation qu’il a adoptées. Il a trop insisté sur la part de la décision humaine parce qu’il rejetait le péché originel. Sa vue très haute de l’homme a gouverné sa façon d’évangéliser. De même, nos positions théologiques détermineront notre approche. Quatrièmement, soyons humbles. Ne faisons pas cavalier seul. Lisons l’Histoire de l’Église et tirons-en des leçons. Étudions la théologie des grands penseurs chrétiens tels Augustin, Calvin, Luther, et Edwards. Nous ne serons pas déçus…

William P. Farley est pasteur de l’église Grace Christian Fellowship à Spokane, État de Washington. Il est l’auteur de For His Glory, Pinnacle Press, et de Outrageous Mercy, Baker.

NOTES 1 C.G. Finney, The Autobiography of Charles Finney (Minneapolis : Bethany, 1876. Réimprimé en 1977), 21,22. 2 Mark A. Noll, A History of Christianity in the United States and Canada (Grand Rapids: Eerdmans, 1992), 176. 3 Finney, 47. 4 Pour plus de précisions sur les méthodes de ses prédécesseurs, voir William P. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment (Automne 2005). 5 Voir William P. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment (Automne 2005). 6 Iain Murray, Revival and Revivalism (Edinburgh: Banner of Truth, 1994), 243, 7 Charles E. Hambrick-Stowe, Charles Finney and the Spirit of American Evangelism (Grand Rapids: Eerdmans, 1996), 110. 8 Idem, 113. 9 Nathan Hatch, The Democratization of American Christianity (New Haven: Yale, 1989), 197. 10 Murray, 227. 11 Murray, 245,246. 12 Voir William P. Farley, « Asahel Nettleton — The Forgotten Evangelist, » Enrichment (Automne 2005). 13 Murray, 262,263. 14 Murray, 248. 15 Hatch, 199. 16 Murray, 256. Il s’agit d’une citation des mémoires de Finney.

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