دديج مورغلما و ارب ىلع ينابرلا
Tout d'abord, je tiens vivement à remercier ma chère encadrante Mme Hedia Ben Nila pour son professionnalisme, son dévouement et sa bienveillance. Merci pour vos conseils inestimables et pour vos mots d'encouragement. Merci surtout d'avoir marqué mon cursus universitaire. Je remercie notamment Mr Laaroussi Eddeb de m'avoir mise sur le droit chemin et de m'avoir guidée par ses instructions au premier semestre de la cinquième année. Je remercie Mr Hichem Ben Ammar, le réalisateur du film '' Cafichanta'' pour sa serviabilité. Et Merci à tout artiste populaire ayant participé à la naissance de ce mémoire par leurs témoignages et leurs discours riches. Merci surtout pour l'art que vous nous avez offert.
remercimeNts
À ma confidente Bosbos, d'avoir toujours cru en moi.
À mes chers parents Faysoul et Majoud, source de vie et d'amour éternel, sans vous, je ne serais jamais la personne que je suis aujourd'hui. Merci pour tous vos sacrifices et pour l'éducation digne que j'ai reçue de votre part.
À mes belles tantes Essia et Fadhila, d'avoir toujours pensé à moi.
À mes « MEUFS » Karray, Kammoun et Sassou, d'avoir été toujours à mes côtés pour le meilleur et pour le pire.
Ce mémoire s'adresse à ma famille, à mes amis et à tous ceux qui ont contribué à son élaboration…
À l'être le plus proche de mon cœur, ma sœur Yasmine, pour ses encouragements continus et pour son soutien inconditionnel.
DéDiDAces
À « Dar Laamars » Islem et Abir, d'avoir embelli les quatre dernières années de ma vie.
Et à toute autre personne précieuse avec qui j'ai partagé un moment mémorable. Je vous aime...
isOmmAire:NtrODUctiON 8 PrObLémAtiqUe 10 métHODOLOgie 12 1. LA DANse, UNe trAce sPAtiALe 15 1.1 Le corps architecturaL 16 1.2 Le corps dansant 26 1.3 L'architecture, une métaphore artistique 34 1.4 concLusion 41 2. Le FOLkLOre tUNisieN, UNe métAPHOre FiLée 43 2.1 Le FoLKLore entre authenticité et dominance 44 2.2 La phiLosophie ethnique du FoLKLore tunisien 48 2.3 concLusIon 61
3. Le FOLkLOre tUNisieN, UNe cULtUre FrAgiLisée 63 3.1 La racine FoLKLorique, un contexte médinaL 64 3.2 Facteurs du décLin de L'art du mezoued 66 3.3 une nostaLgie racontée par Les récits de vie 78 3.4 concLusion 83 4. eL HALFAOUine, Le quartier chantant 85 4.1 Identité urbaine et spatiaLe d'eL haLFaouine 86 4.2 stratégie de L'intervention urbaine 96 4.3 stratégie de L'intervention architecturaLe 111 4.4 concLusIon 127 cONcLUsiON géNérALe 128 bibLiOgrAPHie 130 tAbLe Des mAtières 134 tAbLe Des FigUres 137
Car il s’agit d’un ensemble de comportements humains spontanés qui se présente comme un besoin, porteur d’une identité intellectuelle et culturelle, individuelle ou collective. La diversité artistique de ces deux arts, ne cesse de pousser l’Homme à produire encore plus des genres afin de se distinguer. Cet appétit physique et émotionnel trouve son écho aussi bien dans le domaine des arts folkloriques et en particulier dans la danse et la musique populaire pour ce qu’elles émanent comme sens et pour leurs rôles importants dans les interactions sociales. Ceux sont des manifestations indigènes explicites de tout un état d’esprit.
8
Également pour les tunisiens, ils gardent une place assez spéciale pour les arts folkloriques dans leurs coutumes et modes de vies de tous les jours. La danse et le chant ont été intégrés délicatement et naturellement dans leurs traditions. Ceci a fait de ces arts, un patrimoine culturel de ce pays qui demeure peu valorisé.
OONitrDUctiN
Danser, chanter, ont été toujours des moyens d’exprimer nos sentiments de joie et de célébrer les moments marquants de nos vies en libérant notre corps pour nous laisser guider avec notre esprit. Ceux sont des formes artistiques qui permettent l’Homme de s'y réfugier grâce à cette liberté d’expression consciente et inconsciente. Plus qu’un intérêt artistique, la danse et la musique sont devenues des pratiques sociales et culturelles qui soulignent le vécu quotidien de l’être.
9 Figure.1: Danse-Chant, Illustration personnelle
La Tunisie, pays riche en histoire, ne cesse de nous fasciner notamment par ses identités nombreuses et variées. Fruit de stratification, superposition, liaison et coexistence de cultures, une variété d’arts populaires s’imprégnait les lieux du pays et la notion du folklore tunisien commençait à surgir pour signaler les communautés depuis des siècles. Plus particulièrement, la danse et la musique représentent une richesse culturelle qui se distingue d’une région à une autre. Entre classique et populaire, un trésor culturel s’impose avec ses valeurs patrimoniales.
Dans un monde où règne une infinité d’expressions artistiques, le folklore populaire évoque d’une manière très particulière la spécificité de chaque culture. Par ses genres musicaux et ses manifestations de danse, il met toujours en valeur les diverses origines ethniques avec leurs aspects techniques et significatifs différents.
À une époque antérieure, très festive et joyeuse, un art populaire qui a pris naissance dans les faubourgs de la médina de Tunis, a permis aux tunisiens de se décontracter et de s’échapper de leurs vies monotones. La musique et la danse populaires tunisiennes représentent une figure culturelle possédant une place spéciale chez cette société grâce à son aspect modeste et vivace qui reflète autant la nature du Cependant,peuple.elles se trouvent aujourd’hui dans des circonstances difficiles malgré leur popularité chez les tunisiens. A cause d’une mutation socio-culturelle, un tel
mOrPbLéAtiqUe
10
Qu’est ce qui explique alors la dégradation de ses traces matérielles malgré l’attachement sentimental et spirituel profond des artistes populaires originaires de ce quartier ?
Dans ce mémoire, nous tenons à renforcer le lien entre l’architecture et l’art populaire tunisien. Donner une nouvelle vie à un patrimoine immatériel de notre pays, nous semble une tâche primordiale. Ceci nécessitera à notre avis, une réflexion à l’échelle du quartier El Halfaouine qui est le témoin originel de cette culture.
Quelle sera donc la stratégie urbaine et architecturale qui nous permettra de réanimer le quartier par cet héritage culturel et artistique ?
11
Ce déclin se manifeste surtout dans le cas du « mezoued », l’un des arts populaires les plus connus et les plus fragilisés en Tunisie. C’est dans ce sens que le quartier El Halfaouine se trouve actuellement abandonné par son propre art et par ses artistes. Un tel quartier très riche culturellement, d’une valeur patrimoniale exceptionnelle, dont sa dynamique crée par la musique et la danse populaire se fane.
Il s’agit d’un trésor artistique qui enrichissait les lieux du quartier et laissait des histoires dans les mémoires des gens et qui possède une appétence prononcée à persister et à s’éterniser. Comment peut-on alors sauver une telle identité artistique avant de tomber dans l’oubli ?
héritage enraciné dans l’esprit de cette population risque de se perdre. Cet esprit artistique folklorique, qui a marqué les espaces de pratiques populaires par des mouvements corporels et des sémiotiques gestuelles, se sent à présent nostalgique à cause de cette perte d’identité.
12 métHODOLOgie
1 2
Dans une logique de revalorisation de la culture populaire tunisienne et la revitalisation du quartier El Halfaouine, nous allons répartir notre démarche suivant quatre axes reliés l’un à l’autre.Pour le 1er chapitre, nous allons commencer à décortiquer les notions de bases rattachées à l’art populaire afin de saisir le lien qui relie la danse et la musique à l’architecture à travers une traduction conceptuelle du corps humain. Cette analyse portée sur le corps musical, dansant et architectural nous aidera par la suite à comprendre la particularité de cette relation dans le cas de l’art folklorique.
Pour le 2ème chapitre, nous nous intéresserons plus particulièrement aux propriétés de la danse et de la musique traditionnelle tunisienne en se concentrant plus spécifiquement à l’art du mezoued. Ça sera essentiellement un retour aux origines et aux codes sociaux qui nous mènera après à interpréter l’art populaire tunisien dans son contexte architectural et dans sa qualité spatiale.
Après avoir compris le besoin physiologique des tunisiens de s’exprimer par le biais de l’art populaire, nous allons étudier les facteurs du déclin de cet art malgré sa place populaire dans la société. Nous proposerons alors une analyse sur l’état des lieux au quartier originel de cet art, El Halfaouine afin de le comparer à l’époque d’antan en se basant sur la mémoire collective et les récits de vie des artistes originaires du quartier. Dans la dernière partie et en continuité avec les concepts retenus des chapitres précédents, nous allons rattacher d’autres approches conceptuelles référentielles pour suggérer à la fin une nouvelle stratégie à l’échelle du quartier, en traduisant la dimension artistique de l’art populaire tunisien par une réflexion globale et locale sur le quartier.
13
3 4
styledeExercceOzaslan:MerveSource:spatale,traceunedanse,La:Figure.2
cHAPItre I LA DANse, UNe trAce sPAtiALe
Entre contraste et croisement, l’étude menée sur l’architecture, la danse et la musique, s’amplifie et s’étend sans qu’elle soit bornée. Ces disciplines indépendantes convergent dans leurs divergences de manière intentionnelle. La danse et la musique, face à l’architecture, portent l’étiquette d’une seconde image imitée et réverbérée et présentent une grande ressemblance dans leurs interprétations du corps humain.
Dans cette partie, nous allons montrer l’importance du corps humain dans les trois sphères artistiques; l'art de bâtir, l'art de la danse et l'art de la musique et comprendre leurs rapports explicites et implicites à l’espace, afin de saisir la particularité par la suite de l'art populaire et la réinterpréter.
15 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Le cOrPs ArcHitectUrAL: Depuis la nuit des temps, le rapport entre le monde et l’Homme, autour duquel il s’organise et gravite, représente le centre d’intérêt de tous les domaines universels
Cesexistants.derniers se théorisent et se développent en étudiant la relation entre les éléments, les objets, l’environnement du sujet en question et le corps humain selon une logique qui s’installe dans un premier temps afin de satisfaire aux besoins sensoriels, psychologiques et corporels de l’individu. En effet, dès l’existence de l’être humain, un art de conception et de bâtir s’est manifesté instinctivement pour abriter ce corps et l’accueillir. Ceci est considéré comme premier geste de l’existence de « L’ART ARCHITECTURAL ». Dans ce qui suit, nous allons nous intéresser aux différentes interprétations du corps de l’Homme dans sa relation avec le corps architectural. L’Homme le plus ancien, l’Homme de l’âge de la pierre a réussi à s’adapter et à se débrouiller par les techniques les plus simples et les matériaux disponibles près de lui. Son unique souci était de trouver un refuge, un abri qui le protège et un écrin qui l’entoure. D’où la définition de cette notion d’espace, ce vide, qui est le négatif d’une enveloppe. Une relation aborigène et native s’est transcrite alors étroitement entre le corps de l’Homme et son contexte immédiat pour survivre.
1.1.1 Naissance de la relation corpsespace: Figure.3
16 1.1
Afin de répondre à ce besoin vital, l'Homme a défini les éléments primordiaux de cet espace d’une manière très naturelle et organique en confirmant l’importance du vide dont il a besoin pour se déplacer, bouger et produire ses mouvements. Ce vide a été délimité par des volumes et des parois, qui servaient d’enveloppes, de séparations et de mobiliers très simples et fonctionnels.Par ailleurs, la vie humaine génère des activités nocturnes et diurnes, ce qui a additionné à cet espace primitif une autre dimension indispensable, celle de l’ombre et de la lumière. Relativement aux moyens qu’avait l’Homme de l’âge de la pierre, les séparations intérieur-extérieur transmettaient ponctuellement la lumière naturelle à l’intérieur de l’espace et créaient les zones sombres souhaitées.
Petit à petit, ce rapport corps-espace a évolué car le besoin physiologique et la nature du corps même ont changé en termes de morphologie et d’échelle. Parallèlement, l’avancement des civilisations et le progrès scientifique ont imposé de nouvelles exigences corporelles liées aux modes de vies et aux croyances. Par conséquent, certains architectes ont défini des théories selon des idéologies spécifiques et différentes qui, selon eux, répondent le plus au besoin du corps humain.
17 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Le vide, lieu de déplacement et de mouvement
Les corpsenglobantdegénératricespierres,limitesle Figure.4: L'architecture primitive, Illustration personnelle
Cette étude de proportions anthropométriques vise à définir un système standard, des dimensions type qui nous permettront d’atteindre l’harmonie spatiale et conceptuelle. La réflexion semble purement biologique et mathématique tant qu’elle s’est découlée du corps humain initialement.
Le Corbusier parle de « corporalité » : « Le mètre n’est qu’un chiffragesanscorporalité.[…]LeschiffresduModulorsontdesmesures.Doncdesfaitsensoi,ayantunecorporalité.»1
18 1.1.2 La relation corps-espace selon le MODULOR: Le Modulor, le livre élaboré par « Le Corbusier » en 1950, a décrit le processus de recherche architecturale qui tend à trouver un système de mesure universel. Avec une vision plutôt fonctionnaliste et minimaliste, les proportions corporelles ont été déterminées et fixées comme règles à suivre lors de la conception. Cette manière a demeuré un modèle à calquer, une logique qui a impressionné et inspiré d’autres concepteurs de l’époque moderne jusqu’aux nos jours.
1
Le Corbusier, 1950 p63
Figure.5: Modulor, le Corbusier, couverture de l'édition française 1950
Le corps humain : source d'inspiration de Le Corbusier:
•La nature humaine: l’occupation de l’espace se fait à travers un corps qui s’adapte par son mouvement musculaire comme premier acte et puis par sa perception et sa compréhension.
•L’angle droit: C’est une verticalité rigide, une ligne déterminante toujours présente dans ses conceptions comme un choix symbolique de la posture humaine.
•Le corps de la machine : Le corps est une entité paramétrée et organisée biologiquement qui fonctionne selon des règles mathématiques, Le Corbusier a choisi donc d’épurer et de minimaliser les fonctions et de n’offrir que les fonctions qu’il considère nécessaires. L’espace est dégagé de tout objet inutile qui présente un obstacle.
19 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Figure.6: Corporalité rigide, Illustration personnelle
1.
2. L'esprit dans
20 Cette vision des choses est une sorte d’objectivation du corps humain en relation avec son esprit et son environnement, de le normaliser et le standardiser en traduisant les distances qui les séparent.
Selon Le Corbusier, le recul que pourrait avoir l’usager pour interpréter son milieu intellectuellement en se débarrassant de toute matérialité inutile et pouvoir profiter L’esprit manifeste alors comme un troisième élément dans car l’Homme, en occupant l'espace par le mouvement, grâce à son esprit. Puis, il reçoit des sensations corporelles qui dépassent la dimension matérielle et musculaire du corps. La stimulation de l’esprit par le corps et son espace est générée par une résonance avec le mouvement, ce qui provoque le dynamisme corporel. Quand on parle du mouvement, un autre facteur intervient. C’est la dimension temporelle. Bien évidemment, celle-ci a été toujours prise en considération dans les réflexions architecturales. Le Corbusier a exprimé son impressionnisme par l’architecture arabe qui se base sur la valeur du déplacement du corps car grâce à ce déplacement l’usager se permet de mieux apercevoir et vivre l’architecture: « dec’estenmarchant,ensedéplaçantquel’onvoitsedévelopperlesordonnancesl’architecture.»2 1 Julie Cattant, « Le corps dans l’espace architectural. Le Corbusier, Claude Parent et Henri Gaudin », Synergies Europe, 2016, n° 11, p 32 2 Jeanneret P, Le Corbusier, 1952, Œuvres Complètes, vol.2, 1929-1934. Zurich : Girsberger la
relation corps-espace : Figure.7: Esprit, Source: Federico Fellini Figure.8: West Side Story rehearsal, Source: PhilStern,Rita M anifestationsPiritueLLe Inter P rétation sPatiaLe
21 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale 3. La promenade architecturale, une expérience dynamique: Figure.9: Images de La Villa Savoye, Source: Archdaily
2 Parent, C. & Virilio, P. 1997. Architecture principe, 1966 et 1996. Besançon : Éd. de l’imprimeur Se pencher, tourner et tomber, c’est la nature humaine. Le fait de laisser le choix au corps d’interpréter l’espace. Son mouvement ne peut pas être conditionné par la verticalité ou l’horizontalité. Ces deux axes réduisent les possibilités corporelles. L’oblique est alors la ligne la plus naturelle. Elle reproduit l’effet de la gravité. L’architecte trouve sa réflexion explicite dans le cas de la pente qu’il emploie dans ses conceptions, à l’extérieur et à l’intérieur. Il parle notamment des façades inclinées dont les surfaces seront exploitées par leur dessus et par leur dessous.
1 La Fonction oblique est une théorie fondée par Architecture Principe (l'architecte Claude Parent et l'urbaniste Paul Virilio) dès 1963 qui établit un nouveau rapport au sol basé sur le déséquiblre et l'instabilité corporelle.
Figure.10: Dessin de Claude Parent, Source: Livre PARENT, C., ENTRELACS
Figure.11: Coupe Claude Parent, Source: Philippe Migeat-Pompidou 1. La théorie de La Fonction Oblique :
1.1.3
22 La relation corps-espace selon la FONCTION OBLIQUE:
L’interprétation architecturale du corps humain par Le Corbusier était sans doute l’une des théories les plus connues dans l’histoire de l’architecture, mais dans une autre logique de voir les choses, un autre architecte visionnaire a proposé une nouvelle théorie qui s’opposait totalement à celle-ci. L’architecte français « Claude Parent » (1923-2016), était l’inventeur de ce qu’on appelle « la fonction oblique ». 1 Sa nouvelle idée qui a rejeté principalement celle de la verticalité et l’orthogonalité et qui a suggéré une démarche totalement antagoniste était révolutionnaire à l’époque. Ill a fallu remettre en question la relation du corps humain avec le sol qui est selon lui le moteur: «Enagissantsurlecorps,l’obliquemetenœuvre«lamutationdel’hommemême».L’inclinéestle«nouveauplandelaconsciencehumaine».2
Le corps humain est naturellement organique, souple et en mouvement. Ses postures et gestes sont illimités. C’est ce que C. Parent a cherché à traduire par ses conceptions et ses dessins très expressifs et représentatifs d’une certaine fluidité et énergie tels que Le Forum et La Vague, en se basent sur le mouvement et le dynamisme découlant de l’anatomie humaine par la réinterprétation de ses courbures. Malgré son positionnement critique et révolutionnaire, sa démarche inspirait par la suite plusieurs architectes tel que « Daniel Libeskind ».
Figure.12: Forum, Source: Extrait de C. Parent
23
Figure.13: La vague, Source: Extrait de C. Parent
24 2. « Vivre l'oblique », Maison de Claude Parent:
« Chloé Parent », la fille de C. Parent a fait un témoignage, lors de l’exposition « Claude Parent : Visionary architect »1 sur leur maison d’enfance à Neuilly-sur-Seine conçue par son père et nommée « Vivre l’oblique ». Elle a décrit les modifications apportées par son père et comment il a conçu tout l’intérieur avec un jeu de rampes, même le mobilier. 1 watch?v=QI4sk4Syuaw&t=122shttps://www.youtube.com
Figure.14: Images de la table de dîner de C.Parent, Source: Vidéo: l'exposition Claude Parent: Visionnary Architect.
La table offre par ses nombreuses surfaces plusieurs possibilités pour l'utiliser. Elle s'adapte aux différentes ergonomies de la posture humaine.
25 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Autrement, le corps se démarque par d’autres dimensions que nous allons découvrir dans la prochaine partie. 1.1.4 Synthèse:
Dans cette partie nous nous sommes basés principalement sur la théorie de Le Corbusier et celle de Claude Parent, mais il y a d'autres démarches conceptuelles qui ont été découlées du corps humain suite à des interprétations différentes. Ce qui montre la multiplicité des caractéristiques corporelles et spatiales que nous offre la nature humaine.
interPréter Le corPs Par L'architecture P ostures Mouve M ents Figure.15: Synthèse le corps architectural, Illustration personnelle
La danse est une notion qui englobe une infinité de significations émotionnelles et de relations avec son environnement immédiat. Mais principalement, sa relation avec le corps est la génératrice de toutes les autres composantes, car au final, le corps est sa propriété principale. Il est l’exécuteur, le moteur de cette activité musculaire et corporelle qui peut révéler plusieurs sens Dansd’interprétations.cequisuit,nous allons déterminer les composantes de ce corps dansant dans ses différentes figures qui vont nous aider à qualifier sa dimension spatiale rattachée fortement à son aspect spirituel.
26 1.2 Le cOrPs DANsANt: 1.2.1 Définir la danse: • Selon le dictionnaire français Larousse1, la danse est un art de s’exprimer en interprétant des compositions chorégraphiques. Une suite rythmée et harmonieuse de pas et de gestes. 1 https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/danse/21620
Figure.16: encorpsLeillustrationmouvement,personnelle
CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale 1.2.2 La vibration du corps dansant: Tout d’abord, danser, c’est expérimenter et exécuter des gestes. C’est une action corporelle stimulée par le cerveau. Ce dernier, nous dicte des mouvements, parfois inconsciemment, et nous transmet des messages qui activent en nous un changement du mode statique au mode dynamique.
Pour les danseurs, le mouvement est plus qu’une pratique active, car il représente le moment propre de la conception. Il est appris et son exécution se perfectionne par la justesse des gestes ponctuels, linéaires et surfaciques.
C’est la dimension principale qui définit et matérialise instantanément le vécu corporel de l’Homme. Au moment où on passe au mode dynamique, le corps atteint la vibration et devient en résonnance avec le rythme et la musique. L’effectuation des pas suit toujours les rythmes lents, soutenus, saccadés, rapides etc… et l’enchaînement des gestes détermine les intervalles de temps que nous considérons valeurs intangibles du mouvement. 1. Le corps en mouvement: Figure.17: illustrationmouvement,encorpsLe personnelle
Cette expression vibratoire qui résulte du changement de la position d’équilibre du corps du danseur, est l’incarnation de la résonance qui va produire du son après que le corps s’imprègne du rythme. 1 Connu pour avoir créé en 1928 un système visionnaire de notation de la danse, la cinétographie (Labanotation) 2 Laban Rudolf, « Immobilité et Mouvement », extrait de méditations poétiques, Espace Dynamique, op. cit., p. 282 284
Dans un contexte pareil, « Laban Rudolf »1 décrit, dans l’un de ses poèmes de 19392 , « les mouvements de danses comme des explosions spontanées, des étincelles, des expansions qui s’écoulent et s’amplifient constamment. » Il emploie des verbes d’action tels que : attirer, repousser et surgir, afin de définir les qualités des gestes et des mouvements d’un corps dansant et dessiner sa palette énergétique.
28
En effet, la vitesse et le tempo implantent un changement dans l’allure corporelle ce qui provoque des différentes prises, des tours et des impulsions et engendre une évocation vibratoire et émotionnelle du corps en résonance à la maîtrise du mouvement. Le langage d’une danse se propose dans une dialectique d’un entre-deux, entre l’espace englobant le corps architectural et le vide. Entre le mouvement horizontal et l’oblique, entre la passivité et l’activité, entre le temps et l’espace.
En effet, par ses rythmes naturels de base (battements cardiaques, respiration, marche), le corps humain a été considéré à la fois l'instrument de musique originel et le schéma d'agencement de la matière musicale. Cela est particulièrement évident dans la musique de danse. André Schaeffner 3 affirme dans ce sens : « lamusiqueinstrumentale, ensesformeslesplusprimitives,supposetoujoursladanse:«elleestdansée.»4 Finalement, cette sonorité stimule la vibration et la résonance du corps dansant et vice versa.
CHAPITRE I:
29 La danse, une trace spatiale
3 1895-1980 est un anthropologue et ethnomusicologue français.
4 A. Schaefftier, Origine des instruments de musique. Introduction ethnologique à l'histoire de la musique instrumentale, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1994, p. 13 2. Le corps sonore :
Figure.18: Corps sonore, Illustration personnelle
Comme première définition, tout corps ou tout objet émettant du son est appelé corps sonore, même le corps en mouvement que nous venons de citer. Puisqu'il émet et réceptionne un son, il représente pour le corps humain deux processus naturels qui n’exige aucune concentration.
C’est un phénomène mécanique et physiologique dû à la traduction d’un signal bioélectrique à une onde mécanique par un organe. Ainsi, les corps sonores présentent parfois des stimulateurs de danse qui sont liés par défaut à une musicalité. Certains sons, peuvent parfois servir de rythmes musicaux et d’autres fois, ils ne représentent qu'un bruit. Ceci est valable aussi pour le corps humain, lui-même producteur de sons.
1 Diana Ringel Érès , « LE CORPS DANS L'ESPACE », Insistance, 2015,1, n° 9, p 108
Cette langue qui est devenue de plus en plus un modèle à suivre, un modèle de production vocale qui engendre des sensations différentes grâce à des gestes tactiles et des mélodies berçantes. Prenons l’exemple des jeux des doigts pour les enfants appelés aussi « les chansons à gestes ». Les mots sont choisis pour leurs sonorités et rythmes et non pas pour leurs significations et ceci évoque donc un corps parlé, chanté et inventé.
Ce jeu montre cette simplicité de communication.
Figure.19
DevantJackSource:émotionnelle,Danse: d'ééquencesssérie-Motions
30 1.2.3 La danse, une langue spirituelle universelle:1.Ladanse comme langage universel: Au-delà des caractéristiques sonores et musicales, la danse est plus qu’un sport ou un art. Elle a été toujours considérée comme une langue universelle, un outil pour faire passer des messages grâce à la transmission des émotions sur le plan intellectuel et spirituel. C’est une forme d’art scénique, où son langage trouve son moyen de compréhension et de communication des idées et des expériences intérieures dans le mouvement du corps. Explique un prof de théathre à son élève: «Enpremierc’estunlangageuniverselavec certaines différences culturelles dans la gestuelle. Le manque de force musculaire ou l’excès nous renseigne sur des états émotionnels concrets. Nous devons connaître le fonctionnement de notre corps pour pouvoir l’utiliser sur la scène de la même façon quenousapprenonsàlireuntexte.»1D’embléedèssaformeembryonnaire, le bébé s’est habitué aux rythmes. Parmi les liens les plus importants que nous créons avec le bébé c’est celui de la communication par le mouvement des mains et du corps. Un langage maternel s’installe spontanément.
Ainsi, c’est une succession de séries qui se heurtent ou se brisent, où le danseur se trouve devant plusieurs possibilités, il essaye, répète puis il choisit son prochain mouvement. Et puis, d’une manière ou d’une autre, le corps, en connexion avec son esprit, possède un autre pouvoir intégrateur qui homogénéise tout ce qui l’entoure, fusionne tous les éléments et arrive à la fin à faire passer ses sentiments.
Vincent Lucy, « Faites danser votre corps », 2018 3 Gill José, « La danse, le cops, l’inconscient », Lisbonne, Terrain, 2000, p5
itésossideinfinitéPBiLcorduetotaertéBiLLPs
« Danser c’est devenir soi-même » 2, la danse renforce notre confiance en soi, laisse libre cours à notre créativité et notre corps exprime les restrictions crées par notre esprit. C’est une forme de magie où l’esprit et le corps ne font qu’un, car le sens de la danse est dans l’acte même de danser.
Comme le dit le danseur « Merce Cunnigham » : « La danse c’est une chose qui vientdel’intérieuretvaversl’autre»3 car c’est une langue sentimentale intime et un logement du corps dans chaque musique.
2
Figure.20: Synthèse le corps architectural, Source: Barebaitdance.org
31 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale 2. La danse comme langage sensible et intime: Le mot « Danse » évoque un lien étroit entre le corps et l’esprit. C’est une stimulation qui va dans les deux sens. Mis à part l’affinement et l’amusement que nous offre cet art, c’est un engagement corporel total, car le corps est entièrement sollicité. Cet engagement booste le cerveau, crée une connexion cérébrale et engendre une connexion intime, profonde et énergique entre les deux entités qui permet le corps d'occuper l'espace qui l'englobe.
32 3. La connexion danseur-spectateur due à la relation corps-esprit :
Par conséquent, une folie, une image fictive s’installera grâce à cette conscience
« deNousdevonsnettoyerpouravoiruncorpsdisponibleàl’interprétationdequelqu’undifférentdesoi.Nousdevonséliminerlepersonnagequenouscomposonspoursoutenirnotrepropreexistence.»2
1 et 2 Diana Ringuel, « Le corps dans l’espace », Instance, 2015, 1, n°9, p 107 Notamment, ce corps dansant a le pouvoir de dessiner l’image que nous désirons transmettre. Parfois il est caractéristique de la personne dansante en soi, d’autres fois, il n’est qu’un masque, un acteur, un personnage imaginaire. Cette image peut appartenir à une autre personne, un objet ou même une idée intangible.
Sur scène, les danseurs et les hommes de théâtre se mettent, tout d’abord, spirituellement dans un cocon de rêves, d’enthousiasme et de méditation. Ils apprennent à bien connaître leurs corps pour pouvoir l’utiliser. Le corps et l’esprit s'entrelacent profondément pour que le corps arrive à exprimer ses expériences.
D'aprèsphysiologique.untémoignage, un professeur de théâtre: « D : -Il s’effectue par une prise de conscience de son corps, de savoir comment il bouge, de ses articulations. Il s’agit d’une connaissance physiologique. Un corps est composé d’os, de muscles, d’un système nerveux.Lesordrespartentdenotrecerveau.»1
Figure.21: Esprit dansant, Source: Josephine Cardin
Figure.22: Relation avec le spectateur, Illustration personnelle
A travers le mouvement, le rythme, la musique, la présence, les vêtements et le décor, un langage se traduit aux spectateurs et le corps sera accompli et demeure le centre d’intérêt de toute la scène. Par ailleurs, le spectateur observe, analyse et déchiffre le message transmis par le danseur. Au moment de l’interprétation, ce témoin de la danse se prend des fois pour un juge qui critique la justesse technique du danseur et s’auto-intègre d’autres fois pour affirmer sa présence et son rôle en tant que personnage principal de l’évènement danse. Le langage de la danse stimule chez les spectateurs aussi une relation intime corps-esprit.
33 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
1.2.4 Synthèse: La nature du corps dansant implique la fusion du mouvement corporel avec son esprit en présence d’un rythme musical. Cette triade, Corps-Danse-Musique assure par conséquent la cohérence entre tous les éléments unis par rapport à leur espace que nous allons développer dans la 3ème partie de ce chapitre.
1
Cette démarche progressive nous montrera par la suite l’analogie entre l’architecture et la musique/danse qui se réunissent dans leurs gestes, leurs significations et leurs relations avec l’espace. C’est ce que nous allons présenter et illustrer par des exemples dans ce qui suit.
34 1.3 L'ArcHitectUre, UNe métAPHOreArtistiqUe
La citation, dont l’origine véritable reste inconnue, est attribuée aux différents artistes, dont Martin Mull, Thelonius Monk, Miles Davis, Frank Zappa, et d’autres.
Désormais, nous allons considérer l’union musique/danse un seul domaine d’étude dans le reste du chapitre. Figure.23: Architecture métaphorique, Illustration personnelle
2
“Writingaboutmusicislikedancingaboutarchitecture.”
Pour commencer, il faut mentionner qu’il s’agit d’un art de composition dans les deux cas : - Le compositeur est l’architecte du tempo - L’architecte est le concepteur de l’espace
Après avoir étudié séparément le rapport corps-architecture et le rapport corpsdanse lié toujours à un rythme musical2 nous avons dégagé les caractéristiques spécifiques à chaque union.
«Écriresurlamusique,c’estcommedansersurl’architecture»1
35 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale 1.3.1 L'interprétation corporelle des gestes architecturaux: Les gestes architecturaux ont été toujours une source d’inspiration pour les chorégraphes. Dans la chorégraphie intitulée « Lafabriqued’espace, comment j’ai dansé l’architecture » de Emile Camacho dans le cadre « Rencontrer l’architecture » une interprétation corporelle, des mouvements mimétiques ont été expérimentés afin de reprendre des actes de conception. Coller/décoller- Soulerver- Ramasser- Tirer/ étirer- Encercler- OndulerRetenir- S’ajuster 3 3 Vidéo de la chorégraphie : https://www.youtube.com/watch?v=QL10obaip1I Figure.24: J'ai dansé l'architecture, Photo-montage extrait de la vidéo L’architecture et la danse se rencontrent tout d’abord dans leurs formes esthétiques et leurs compositions gestuelles qui se traduisent par une matérialité sensible et poétique. C’est ainsi que le corps dansant prend le corps architectural comme source d’inspiration
36
L’acteur travaille son corps en fonction du temps, de la vitesse et de l’espace, il joue et écoute en même temps et laisse le silence aussi intervenir pour modifier sa qualité. C’est le silence habité. Dans les exercices de théâtre et de danse, afin d’apprendre le rythme, l’acteur traverse un espace où il rencontrera des objets qu’il utilisera par la suite. Il arrive à sentir le corps comme une matière et ramène des richesses. Sentir l’espace avec le corps et l’esprit et arriver à goûter l’architecture. dans 1. L'espace réel: Figure.25: L'espace réel, Illustration personnelle
Le mouvement du corps qui génère l’espace est aussi généré dans son espace car chacun est le déclencheur de l’autre. On parle généralement d’espace habité (notion théorisée par « Rudolf Laban » )1
La danse est une forme d’exploitation spatiale. C’est un art de déplacement dans un espace de décor en synchronisation avec le rythme musical. Une sorte de poème plastique dans lequel on se promène à travers la ponctuation de l’espace avec les pas qui rend visible le flux de l’espace architectural.
sur la page 28
1 Mentionné
Le danseur considère deux types d’espaces : l’espace réel et l’espace imaginaire. Cependant, l’espace réel se caractérise par une certaine matérialité qui se manifeste dans l’aménagement, le décor, l’enveloppe et le vide. Cette qualité spatiale est complétée par une autre dimension atmosphérique.
1.3.2 Habiter l'espace par la danse:
2 Catherine Roseau, « Le corps dansant, un art de l’immatérialité », psychosomatique, relationnelle, 2013, n°1, 3p27Ibid
CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale 2. L'espace imaginaire:
•Cet aspect matériel et immatériel de l’espace de danse est bien présent dans le projet « Tesseract of time : A danse for architecture ». Nous cherchons ainsi à montrer la collaboration entre les danseurs et les architectes.
Ce dernier est délimité par des frontières fictives présentes dans l’esprit du danseur. Comme l’exemple du carré magique abordé par la danseuse « Daizy Miotello »2 , qui consiste à la création d’un carré fictif, face à un public imaginaire, dans lequel va s’inscrire le corps du danseur afin d’être sûr de la justesse de ses gestes. Son corps exprimera une organisation géométrique avec ses mouvements de déploiement et projettera ses coordonnées corporelles pour créer une figure géométrique.
37
Figure.26: personnelleIllustrationimaginaire,L'espace
Cette démarche s’insère dans une théorie qui considère l’acte et l’espace de danse immatériels par rapport aux temps : « Le corps du danseur imprime dans l’espace ses propres déplacements. Ils sont une écriture de l’espacesanssupportmatériel,vouéeàl’éphémère,àladisparitiondans la fluidité du temps qui s’enfuit. » 3. C'est à dire les limites de mouvements dans l'espace intangible se dessinent dans l'esprit du danseur.
Figure.27: Tesseract of time, Source: Steven Holl
38 a. «Tesseract of time: A dance for architecture » Une performance qui a eu lieu en 2015 au théâtre Harris à Chicago. C’est une collaboration entre l’architecte « Steven Holl » et la chorégraphe « Jessica Lang ». La performance comporte quatre sections : « UNDER the ground, IN the ground, ON the ground, OVER the ground. » Selon S. Holl le corps, en dansant, se met toujours en relation avec le sol d’où l’idée des quatre sections. Les danseurs vont parfois expérimenter cette relation avec le sol à travers leurs corps grâce à des structures posées ou surélevées. D’autrefois une projection de la maquette conceptuelle sur un écran vert va compléter l’image des danseurs. L’architecture de la scène est donc à la fois tangible et intangible mais qui se rend finalement toujours matérielle grâce à la présence corporelle grâce aux contacts physiques entre les corps et les surfaces, et les silhouettes qui complètent les Ainsi,projections.la
lumière a joué un rôle très important dans la danse et accentué l’effet de l’illusion et bien évidemment toute la scène est marquée par le rythme de musicalité.
Figure.28: Usine, Source: publié par Dark Noon en 2017 dans Escapades sur Over blog Figure.29: Incorpore, Illustration personnelle
Cet exemple est une expérimentation, une écriture de l’art de déplacement en fonction des émotions et de la temporalité du mouvement dans l’espace.
39 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Un échange entre une vingtaine de danseurs et les architectes du CAUE guidé par la chorégraphe « Natalie Carrié » a eu lieu dans la friche de l'ancienne usine Brusson à IlVillemur-sur-Tarn.s’agitd’uneobservation et d’exploitation corporelle du lieu spontanée et instantanée. L’expérience s’appuie sur l’imaginaire des participants et de leurs manières de comprendre l’architecture dans son état. Ils expriment la spécificité du lieu par des déplacements, des cheminements et des trajectoires en intégrant un rythme et une énergie aux éléments matériels de l’usine. (se coller aux enveloppes, s’adhérer aux poteaux, s’ajuster au sol etc…)
b. « In situ, incorpore, l'architecture par la danse » :
40 1.3.3 Synthèse:
Le rattachement de la danse/musique à l’architecture est évident car elles se rencontrent dans des logiques de compositions formelles, révélatrices de sens et parfois même spirituelle.
En outre, ces ressemblances s’imposent fortement dans les messages transmis par les œuvres. L’art de la danse comme l'art l'architectural nous incite à rêver, à stimuler notre imaginaire et à penser l’invisible. Plusieurs œuvres architecturales et artistiques ont marqué notre histoire grâce aux causes et aux significations qu’elles portent. Il s’agit parfois d’un acte moralisateur, revendicateur ou persuasif comme le cas de la danse populaire que nous allons analyser dans le prochain chapitre.
41 CHAPITRE I: La danse, une trace spatiale
Le corps humain s'orchestre d’une manière très organique et naturelle avec tout ce qui l’entoure. D'un mouvement statique à un mouvement dynamique et rythmé, le corps de l'Homme entre en résonnance émotionnelle et sensible avec l'espace.
Figure.30: Synthèse le corps architectural, Illustration personnelle
Nous dégageons alors une coexistance intime entre le corps architectural et le corps dansant musical. DU cHAPitre i :
1.4 cONcLUsiON
Figure.31: Folklore tunisien, Illustration personnelle
Comme nous avons déjà vu dans le chapitre précédent, la danse et la musique existaient depuis toujours comme un moyen d’expression. Pareillement pour le folklore populaire qui est considéré comme l’art le plus représentatif des identités communautaires dans les différentes cultures du monde entier.
Visiblement en Tunisie, la pluralité des arts et des traditions populaires reflète les racines originelles de ce pays, La succession et le rayonnement des différentes civilisations dans toutes les régions.
cHAPItre II
Le FOLkLOre tUNsieN, UNe métAPHOre FiLée
43 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
Ceci représente un potentiel culturel, un patrimoine chargé de sens et de caractères que nous allons analyser et définir à partir des connaissances et des discours portés par les professionnels du domaine qui mettent en relief la scénographie spatiale dans son rapport CORPS-ESPACEDANSE.
Il désigne bien évidemment les coutumes, les rituels, les objets, le décor et les vêtements d’une civilisation portant un caractère commun.
Le mot folklore est apparu pour la 1ère fois en 1846 dans la lettre de l’écrivain britannique « William Thoms » 1 . Il désigne l’ensemble des arts et traditions populaires d’un groupe de personnes, d’une région ou d’un pays.
2.1.1 Notion du folklore: 1. Définition: 2. L'art populaire: 2.1.2 Valeurs et symboliques du folklore:
2
Reflète l’ensemble des traditions d’une culture spécifque qui se fait par une transmission du savoir faire orale. Les artistes sont autodidactes n’ayant pas de connaissances artistiques académiques. Il s’agit des réalisations des objets artisanaux ou de pratiques culturelles telle que la musique et la danse existaient depuis toujours, mais malgré ça, ils n’avaient pas autant de valeur dans la société comparant à l’art "académique" nommé ainsi l’art des musées. C’est à partir du 19ème siècle que les études européennes commençaient à s’intéresser aux arts populaires et à ce moment-là le folklore populaire a acquis une nouvelle importance et valeur dans le domaine des arts.
Lespopulaireartspopulaires
44
2.1 Le FOLkLOre, eNtre AUtHeNticité et DOmiNANce:
1 Joann W. Kealiinohomoku, « Folk dance », Britannica, Arizona, consulté le 18-04-2022 sur : https://www. 2britannica.com/art/folk-dance/Trends-into-the-21st-centuryUnartplussavant,quinécessiteplusdeconnaissancespour la création de l’œuvre. C’est un art destiné aux musées et aux galeries, apprécié par les classes bourgeoises.
45 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
1. Authenticité du folklore populaire:
Le folklore est constitué des pratiques les plus innées émane d’un peuple car chaque culture produit un art qui lui est propre. Il s’agit d’une véritable expression des origines. C’est un phénomène local spécifique et caractéristique qui marque le contexte spatio-temporel. Chaque art populaire découle d’une mentalité distincte et d’un mode de vie particulier, ce qui fait naître cette originalité. Et comme les croyances diffèrent d’une société à une autre, nous nous trouvons devant une infinité de genres d’arts et traditions populaires. Toutefois, nous arrivons à reconnaître chaque racine. On ne pourra jamais contempler par exemple un crâne floral sans penser directement à la culture mexicaine ou rencontrer un danseur de flamenco sans penser à l’Espagne et à l’origine andalouse de cette musique et danse folklorique.
Figure.32: Authenticité folklorique, Illustration personnelle té
Figure.33:
Le folklore a toujours demeuré une forme d’expression sociale. Grâce à son authenticité, le groupe de personnes en question trouve son moyen de s’imposer dans les autres sociétés. C’est une manière de faire passer des messages forts et lourds et d’acquérir une confiance en soi. Des fois, le folklore populaire est revendicateur. Dans le cas de « Blues » par exemple, c’était principalement un chant de travail rythmant le labeur agricole des esclaves et une expression musicale des peines de la communauté noire américaine et qui portait une grande opposition à la musique classique; signe d’aristocratie et de bourgeoisie. D’autres fois, l’art folklorique exprime surtout la puissance. A l’époque de Hitler par exemple, l’art populaire était nommé « l’art de propagande », car il portait un mouvement révolutionnaire qui s’opposait au pouvoir politique en (Lesplace.comiques sont à la base une forme d’art populaire).
46 2. Dominanance de l'artiste folklorique:
Figure.34:
Toujours suivant un raisonnement social, le folklore populaire a tendance à supprimer la frontière entre les artistes et le public, s’affronte à la logique de distinction et cherche à se rendre toujours accessible au public comme les danses des villages. Hymne du travail, Illustration personnelle hda, Captain America against Hitler sur Faberfort
L’artiste folklorique arrive donc finalement à déterminer ses propres règles, sa position dans la société et face aux spectateurs, et garantie sa persistance dans sa production et sa reproduction car son art est comme tout ce qui est vivant. Il meurt et renaît Ceciconstamment.estprésent
47 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée C’est dans ce sens que « Jean Jacques Rousseau » affirme : « Donnerlesspectateurs en spectacle, rendez-les acteurs eux-mêmes, faites que chacun se voie et s’aime danslesautres,afinquetousensoientmieuxunis » 1.
chez la danse africaine populaire2 , où l’artiste raconte par ses mouvements une histoire, une anecdote, présente des fois des danses guerrières collectives et invite d’autrefois le spectateur à faire partie de la danse. Dans les quatre coins du monde, les communautés humbles ont trouvé un moyen pour marquer leur existence et justifier leur unicité à travers un art que nous appelons « folklore populaire » imposé dans les sociétés par son authenticité.
1 Jean Jacques Rousseau, lettre à d’Alembert sur son article « Genève », 1757 2 Danse de l’Afrique Subsaharienne, appelée aussi « Afro » 2.1.3 Synthèse: Figure.35: Danse Afro, Illustration personnelle
48 2.2 LA PHiLOsOPHie etHNiqUe DU FOLkLOre tUNisieN: 2.2.1 Contextes et origines: 1. L'art populaire rural: 2. L'art populaire citadin: En Tunisie, la culture populaire et traditionnelle nous fait rappel à des genres artistiques innombrables du nord au sud de ce pays, mais le terme « Folklore Tunisien » nous situe dans un premier temps dans tout un contexte spécifique. Dans ce cas, nous mentionnons précisément la musique et la danse populaire tunisienne qui ont connu leur apogée autour des années soixante. Ces deux disciplines rattachées l’une à l’autre, représentent énormément l’énergie, la nature et l’identité du peuple tunisien et son art folklorique. Ayant pour origine maghrébine, la musique populaire a pris naissance initialement aux compagnes de la Tunisie au 19ème siècle. Nommée aussi la musique « Bédouine », était accompagnée de Tbal (instrument de percussion) et de Zokra (bombarde) ou de Gasbah (flûte maghrébine). Le Mezoued (une sorte de cornemuse à peau de chèvre), d’origine libyenne, amené par les nomades bédouins (musique populaire bédouine), réadapté dans les compagnes du sud et du centre de Tunis et s’est installé finalement à la ville par l’exode rural. Cet art si populaire qui finira par être l’art musical tunisien. Le mezoued, un instrument et un genre de chant, accompagné toujours de deux autres instruments de percussion : Le Bendir et La Darbouka, représente l’art populaire citadin qui dépasse la performance musicale pour atteindre une autre dimension corporelle et spatiale que nous allons retracer par la suite.
Figure.36:Instruments,Source:Auteure
Cet art nomade reflète autant le transfert qui a eu lieu d’un artiste à un autre et marque les noms des premiers maîtres tels que les juifs « Weld Fnifen », « Weld Chnichen» et ceux qui ont succédé tels que « Ali Lasmer », « Ali Bouguera », « El Hattab Bou okkez», « El Nouri », « Ismail Elhattab » etc…
Le mezoued a pris naissance dans les faubourgs de la médina de Tunis, dans ses quartiers populaires : Bab El-Jdid, Bab Souika-El Halfaouine, Bab Lakouas, Bab Elfellah etc… et que nous trouvons aussi dans les quartiers du centre : El wardeya, El Zouhour etc…
D’ailleurs, même si le mezoued se porte essentiellement sur l’aspect rural et populaire, il provient d’une origine sacrée. Le mezoued soufi, un peu méconnu, se base sur les chants soufis dans les zaouias, des éloges de Sidi Mehrez, Essayda El Mannoubia, Sidi Belahssan, Sidi Ali El Hattab etc…
1 2 3 1 نونفلل لاعلا دهعملا ،ةركاذ ،ةفقاثملاو فقاثتلا �رهاظ �ب سنوت � ةيحكرلا ةيئانغلا نونفلا ايجولوطنأ )2007(، ةشب �مس سنوت ، ةليمجلا -Il l’a considéré art nomade car il reflète un traçage géographique de son origine. 2 Tunisie : l’art du mezoued, une histoire méconnue, nawaat, culture, publié le 12-08-2010, consulté le 18-04-2022 sur : https://nawaat.org/2010/08/12/lart-du3mezoued-une-histoire-meconnue/ReportageZandali:https://www.youtube.com/watch?v=-f4IQ-JxkJs&t=226s Figure.37 personnelleIllustrationgenres,duRichesse:
La liste des noms est indéterminable, nous serons dans l’incapacité de les citer entièrement.
Ce qu'on retient finalement, c'est que malgré l'origine lybienne de l'art populaire tunisien, il a su évoluer et être enraciné dans l'identité locale du pays.
Selon le musicologue tunisien Zouheir Gouja , le mezoued est un mélange de nombreux genres musicaux dont il partage l’ensemble des modes : Le maraboutisme et les noubas, Le stanbeli (la musique des nègres noirs de Bab Sidi Abdeslam) et le malouf.
49 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée 3. Influences et richesses du genre:
En termes de textes et de significations, le mezoued s’est aussi imprégné du Zandali, des chansons au-delà des barreaux. Une musique remplie de peines et de douleurs, issue des prisons tunisiennes. Les paroles écrites par les prisonniers qui racontent leur souffrance sont accompagnées par des mélodies mélancoliques d’une richesse technique impressionnante.
très
2.2.2
«
» «ةميملّ اي انيلع ىضرأ
50 Comme nous venons de citer le Zandali, le mezoued est par excellence une expression sociale, une allégorie purement sentimentale et émotionnelle. Il traite surtout des thèmes moroses et provocateurs : l’abandon, la perte, la rage des exclus, le désespoir des prisonniers, l’euphorie etc… Comme par exemple la fameuse chanson de l’artiste populaire célèbre Salah El Farzit » qui est née dans un contexte carcéral est devenue par la suite un hymne pour tous les prisonniers, porteur de critique politique. Cette émotion triste reflète alors un vécu, une mauvaise expérience, rattaché à un espace ou un lieu. Dans les chants des prisonniers, on ressent le malheur qui s’intensifiait d’autant plus à cause des cellules restreintes, sombres, et ténébreuses. Reflet de la musique populaire: 1. Une musique mélancolique: Il s’agit d'un art populaire modeste et simple, né dans des familles pauvres. Malheureusement, cette origine populaire a fortement accordé un regard ignorant envers cette culture qui a été souvent marginalisée et bannie. Ce qui a renforcé encore plus les sujets abordés par les chansons populaires et a poussé les artistes davantage à marquer leurs présences à travers des paroles franches et droites. 2. Une musique sociale:
Figure.38: Zandali, Illustration personnelle
Source: ةيبعشلا نونفلل ةيموقلا ةقرفلا ،نولبد يداهلا دمحم اهديصرو اهتريسم Figure.40:Nouba 91, Illustration personnelle
51 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
Le mezoued plus précisément a toujours été réputé par sa « médiocrité de goût », ceci est lié non seulement à son contexte mais aussi au fait que les « mzewdias » avaient tendance auparavant à faire leurs performances en consommant de l’alcool.
En Tunisie, même à l’époque coloniale, être un artiste (pour tout type d’art), était un métier non reconnu, voir-même mal vu.
Ainsi, certains espaces tel que les café-chantants ont été considérés infâmes à cause des clichés et des préjugés leur étant attribués par la société.
des
Ainsi, une troupe nationale des arts populaires a été fondée dans les années soixante qui présentait des tableaux inspirés de l’identité folklorique dans des festivals internationaux. Au-delà des performances aux caféchantants1, des vedettes telles que « Zohra Lambouba » et les inséparables « Zina et Aziza» encadrées par le premier danseur folklorique professionnel « Hammadi Laghbebi » sont devenues le porte-drapeau et représentaient la Tunisie partout dans le monde. Enfin, l’art populaire tunisien est devenu une source d’inspiration pour d’autres genres d’artistes tel que « Fadhel el Jaziri »2 qui a écrit Un grand tableau riche de la culture musicale populaire de la Tunisie pour être présenté à l’amphithéâtre de Carthage pour la première fois en 1991. Cette écriture théâtrale appelée « Nouba » a demeuré un évènement culturel historique de l’art populaire tunisien. 1 Un espace de fête que nous allons définir dans le prochain 2chapitreNéen 1948 à la médina de Tunis, acteur et réalisateur tunisien. : Troupe nationale arts populaires,
Toutefois, cet art populaire arrive à réunir les personnes. Malgré cette ségrégation sociale, les troupes d’art populaires sont souvent appelées à animer les soirées de mariages des bourgeois. Au moment où le chant populaire s’installe, toutes les personnes présentes deviennent actrices dans cet événement danse/chant, la différenciation s’efface pour un moment et la barrière sociale s’élimine.
Figure.39
52 « خوبرلا ،لفحملا ،ةتيبملا », ces termes fréquemment utilisés dans le vocabulaire d’art populaire tunisien, signifient des types de rassemblements, de célébrations et de danses. Malgré la peine émotionnelle qu’évoque cet art à travers ses poèmes, il s’agit d’un art festif et divertissant. C’est grâce aux rythmes rapides tels que El bounawara, El ghita, El fazzani etc… que le mezoued instaure involontairement une attitude d’épanouissement et de folie dans son milieu. Pareillement pour le Bédouin, le Stanbeli, les noubas etc… La musique et la danse populaire tunisienne étaient depuis toujours présentes dans les maisons tunisiennes où toutes les fêtes et tous les mariages sont assistés par les mzewdias. Chaque occasion officielle ou non officielle faisait appel à ce genre de musique à caractère festif comme moyen de joie et de plaisir.
Figure.41: EL Mahfel, Dessin de Zoubair Turki 3. Une musique festive:
L’art populaire tunisien est d’une richesse artistique exceptionnelle. La mixité de genres et la multitude d’origines ont fait naître une culture tunisienne spécifique. Il est proche de tout le monde car il a pu assouvir le besoin de tous de se faire entendre. Nous allons voir dans ce qui suit comment ces émotions s’amplifient grâce à la danse et son atmosphère spatiale. 4. Synthèse:
53 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
Présente dans toutes les célébrations, la danse tunisienne est unique en son genre grâce à sa forme et à son fond. Cette danse souvent appelée « la danse du bassin » est loin d’être à l’image de la danse orientale nommée « la danse du ventre» égyptienne qui est plutôt aérienne et se fait sur les demi-pointes. C’est une danse terrienne qui se fait avec les talons, d’une technicité singulière et différente, et d’une forte sensualité qui cache, derrière, une réalité sociale et un complexe de Décritesentiments.ainsi,la danse de tout le monde, offre dans sa technicité une improvisation qui répond en réalité à une constance dans l’enchaînement de ses étapes.
Puisque la danse tunisienne provient de plusieurs contextes ethniques, elle redéfinit les rapports sociaux et souligne la différence de l’expression entre femmes et hommes. Il faut alors comprendre leurs rôles sociaux, bien mimés dans ces danses, qui se croisent à un moment donné.
Figure.42: Reflet de la danse populaire:
2.2.3 Reflet de la danse populaire:
Le mouvement de déhanché, accompagné par des sourires enjôleurs, explore une ondulation corporelle submergeant l’espace et permet la libération du corps de son esprit pour dégager une certaine sensualité.
Figure.43: La danse du bassin, Illustration personnelle Figure.44
En dansant, la femme occupe toute la salle par son charme, ses gestes fluides et ses mains onduleuses. Elle arrive à prendre conscience de la présence physique de son corps en résonance avec les rythmes de percussions. Les applaudissements et les cris de jubilation (les youyous) des autres femmes signifient une invitation à l’assistance à la danse, un encouragement qui mène la fille ou la femme à passer d’une simple spectatrice à une actrice principale de la scène. Le passage à la scène se fait progressivement en traversant tout l’espace pour créer son cercle individuel (son espace imaginaire) mais qui s’intègre avec les autres cercles des autres danseuses.
personnelleIllustrationimaginaire,réel/espace,populaireDanse:résonnance
54 1. La danse des femmes, une danse rebelle: Dans ce cas, la danse se présente comme un défi. Un acte audacieux qui affirme la présence de la femme. Elle est vécue par les femmes comme moyen d’expression important car elle représente un besoin physique et physiologique à la fois. C’est une manière de prouver sa féminité devant les personnes présentes tout autour. Avec ses actes souples, les femmes exercent une gestuelle très personnelle, centrée sur le bassin marqué encore plus par son habit.
Créée par les ouvriers des mines de phosphate à la fin du 19ème siècle, elle a été inventée dans les cafés ou ils se rassemblaient. Les pas marquent les rythmes saccadés du « Fazzani » ce qui rend la tentation de la danse devient irrésistible.
55 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée 2. La danse des hommes, une danse virile: Même si la danse, en Tunisie, est généralement liée au jeu féminin, elle remonte à une origine masculine. Les hommes considéraient la danse comme un moyen d'exprimer leur virilité et leur courage. Comme la danse des sabres ou « Zgara », accompagnée par la zokra et le tbal, qui présente un combat avec un bâton comme symbole de protection. Nombreuses sont les danses des hommes, telles que la danse de Boussaadiah, Le Nekhikhe, les danses des îles, les noubas etc… mais la plus connue de toutes, c’est la danse du « Rboukh ».
Avec des gestes puissants de terrassements, de piochage et de portage, un dialogue mimique se produit et les hommes entrent en compétition et se mettent en défi. Ils absorbent l’espace avec leurs bras ouverts et revêtissent le sol avec leurs pas ancrés. Ce contact rapide et agressif avec l’espace s’aère avec la fluidité matérialisée par le foulard. Figure.45: Rboukh, Source: Collage personnel des Photos de Rochdi Belgasmi
Figure.46: Danse des hommes, Illustration personnelle
Comme nous venons de l’expliquer, la danse tunisienne présente pour les femmes et les hommes, un outil simple pour affirmer leurs personnalités à l’égard de la société. Certes, les techniques et les gestes corporels sont différents,m le message qu’on fait passer change mais le cœur de cette danse est le même. Le jeu du corps avec l’espace est évident dans les deux cas. Le danseur populaire tunisien contrôle la scène sur laquelle il joue avec ses mouvements et domine le reste de l’espace avec l’énergie qu’il dégage. Grâce aux rythmes rapides de la musique populaire, le danseur se met dans son rôle en un instant comme s’il y avait un effet catalyseur. Quelle que soit la danse individuelle ou collective, l’espace est ponctué par les pas terriens et s’organise suivant des cercles concentriques. Elle fait aussi intégrer progressivement le spectateur par ses claquements des mains, ses cris et son implication à la danse. La danse tunisienne est un acte spontané particulier dans son rapport à l’espace et aux spectateurs qui se produit comme une manifestation émotionnelle figurative découlée d’une interprétation sociale.
3. La danse populaire dans son rapport à l'espace: Par intention de s’enraciner, cette danse est réapparue chez les « mzewdias », a été redécouverte et réhabilitée comme une revendication identitaire, une recherche des origines ainsi que pour le débordement aussi. Le « Rboukh » parmi d’autres danses masculines, est une danse avec un aspect rebelle mais léger, un marquage de territoire.
56 Le « Rboukh » a été considéré comme une danse vulgaire chez les bourgeois ce qui a provoqué sa disparition après l’indépendance.
1. Mise en scène de l'atmosphère spatiale: 2.2.4 L'atmosphère des lieux du mezoued:
Par ailleurs, des matelas dispatchés sur les tapis artisanaux, contournaient le patio traditionnel, représentaient le caractère tunisien avant que le matériel du mezoued évolue et la scène soit aménagée par des chaises, des microphones et des baffles (Phénomène apparu avec le fameux artiste populaire « Hedi Habbouba »). Que ce soit avec les « Mzewdias » ou « Essanâat » (les danseuses), cet aménagement traditionnel comprenait toujours une sorte de tables basses afin de servir à manger lors de la performance ou de l’exercice.
Le Bkhour, cette substance aromatique qui brûle en répandant une odeur, envahit l’espace par son nuage, unifie en quelque sorte les autres éléments et amplifie l’extase des personnes.
Certaines composantes de cette mise en scène sont devenues des habitudes et des rituels reliés à l’évènement de la danse. Les comportements sont systématiques et spontanés car la danse pour les tunisiens, se présente comme un réflex, une réaction immédiate dans le cas d’une joie extrême. D’ailleurs, pas uniquement lors des mariages et des grandes fêtes, en effet, elle est une manifestation exprimant la bonne humeur qui peut apparaître brusquement dans n’importe quel rassemblement ou réunion intime.
Figure.47: Évolution de la scène du mezoued, Illustration personnelle Avant Après
Dans ces évènements, une ambiance chaleureuse d’amusement se fait sentir grâce à toute une mise en scène ; Le décor, la bouffe, le braséro (EL KANOUN) les actes de sacrifice, l’encens (EL BKHOUR) etc… Ceux sont des éléments qui définissent non seulement le genre musical, mais aussi l’atmosphère spatiale qui accentue la folie.
57 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
2. Expérience atmoshpérique de la TRANSE:
Figure.48: Atmosphère de la transe, Illustration personnelle
58
Tout d’abord, la transe, d’une manière générale est définie comme un changement temporaire de la conscience de soi dont la sensibilité aux stimulations devient réduite. C’est un état d’exaltation fréquente, une sorte de transportation hors de soi et du monde réel, et de comportements automatiques.
CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
A force que tous les éléments entrent en harmonie, le danseur atteint l’état de transe. L’enthousiasme intensif et la fascination extrême sont là. C’est le stade final de connexion des esprits et une alchimie unique d’échanges corporels avec l’espace physique et imaginaire, de transformations expérimentales, de sons et de rythmes enjoués sur percussions. A ce niveau-là, c’est la danse qui contrôle le mouvement du corps et résonne en Notamment,lui.
Figure.49: Ascendance de la transe, Illustration personnelle
l’espace crée initialement par les Tunisiens présente des qualités qui stimulent dès le départ la transe petit à petit. Les espaces traditionnels parsemés de couleurs et de textures ramènent de la joie, le jeu de lumières projetées à travers les patios et les toits ponctué par des petites flammes de bougies et l’atmosphère qui s’estompe par la fumée de l’encens. La transe est comme un pouvoir sensuel qui rattache toutes les composantes de la scène ; objets, musique et personnes, à travers le balancement des membres, le dynamisme corporel et l’harmonie énergétique.
60 2.2.5 Synthèse: L’art populaire tunisien se distingue des autres genres par son atmosphère spatiale et spirituelle résultante de toute une mise en scène qui enrichit encore plus ce que dégage la musique et la danse traditionnelle. Figure.50 personnelleIllustration2,CHAPretenusConcepts:
Comme tout art populaire, la musique et la danse tunisiennes sont un univers complexe né d’une mentalité et d’une société très spécifique. Il est une union entre un art musical populaire et une performance corporelle traditionnelle qui dégage des codes sociaux. C’est l’art de tout le monde, accessible à tous les Cetspectateurs.artréussittoujours à implanter de la joie et du bonheur dans les lieux qui l'accueillent. La musique populaire est l’hymne des tunisiens grâce à ses mélodies et ses textes poussés, complété par une production corporelle qui remplit l’espace par ses gestuelles fluides et ses pas terriens.
61 CHAPITRE II: Le folklore tunisien, une métaphore filée
Les ambiances tunisiennes sont traduites par des qualités spatiales originales qui risquent d’être perdues dans le temps. C’est dans ce sens que nous allons étudier par la suite les facteurs qui menacent la persistance de cette belle atmosphère. 2.3 cONcLUsION DU cHAPitre ii:
Figure.51: Artiste populaire, Source: Auteure
Le folklore tunisien est d’une valeur artistique confirmée qui a découlé d’une culture populaire typique de notre pays. Néanmoins, l’art du mezoued semble en déclin et ce pour plusieurs prétextes. Ces facteurs ont joué un rôle très important dans l’impact spatio-culturel de cet art et présentent une menace sur sa persistance. Dans cette partie, nous allons donc comprendre ces effets et ces facteurs et retrouver le nouveau chemin du mezoued.
Le FOLkLOre tUNsieN, UNe cULtUre FrAgiLisée
63 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée cHAPItre III
2. Naissance de la racine folklorique: •Exp du Souk El Attarine: la vente des produits parfumés traditionnel utilisés par les artistes populaires Figure.53: Souk El Attarine , Source: Nicolas Fauqué
64 3.1 LA rAciNe FOLkLOriqUe, UN cONtexte méDiNAL: Au VIIIème siècle, La médina de Tunis se composait d’une mosquée autour duquel s’organisait le tissu urbain sous la protection de la Kasbah. Cette morphologie a été délimitée par des remparts accessibles par sept portes. Pour des raisons démographiques uniquement et non pas culturelles ou artistiques, elle s’étendait vers le nord et le sud vers le Xième siècle d’où la naissance des deux faubourgs ; Rbat Bab Souika- Rbat Bab Eljazira. Cette ville arabe traditionnelle a toujours introduit un lien avec la culture de l’art populaire tunisien. Mise à part son système socio-économique crée par les souks et qui présentent des produits traditionnels et artisanaux tels que l’encens, le henné, les bougies au Souk el-attarine par exemple, les faubourgs nord et sud accueillaient la population rurale à des concessions des souverains.
1. Naissance de la médina et ses faubourgs sans ancrage de l'art populaire:
Figure.52: Médina , Source: Jellal Abdelkafi, "La médina de Tunis, espace hstorique"
Figure.54: Shéma de l’organisation urbaine de la médina de Tunis en 1860, Source: Jellal Abdelkafi, «La médina de Tunis, espace historique», pesses du CNRS, 1989, p 51 Installation de l'art populaire par l'exode rurale
Ceci a permis l’installation finale de l’art populaire tunisien par l’exode rurale dans les quartiers populaires Bab Souika- El Halfaouine, Bab Lakouas, Bab Sidi Abdeslem, Bab EL Jedid, Bab El Fellah etc…. Ainsi, les faubourgs sont plus aérés avec les ruelles plus élargies. Ceci a ramené les aménagements en places publiques qui accueilleraient par la suite les moments festifs.
CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
Figure.55: Télévision tunisienne, Source: Hatem Bourial, «Nostalgies:Lestempshéroïquesdelatélévision», sur Webdo.tn la télévision n’était pas accessible à tout le monde, pas assez commercialisée, les diffusions n’étaient pas en couleurs et non permanentes pour dominer autant le Cependant,téléspectateur.au moment où les diffusions sont devenues plus continues, l'évolution a commencé à fasciner encore plus les téléspectateurs par les couleurs et l'ouverture sur d'autres cultures étrangères inconnues. Un nouvel aspect technologique différent de celui des théâtres et des cinémas. 1
¹ Neila Driss, « Naissance de la télévision tunisienne », Webdo, Tunisie, Fev 2020, consulté le 30/04/2022 sur: https://www. webdotn/2021/02/01/naissance-de-la-television-tunisienne/
66 Comme tout le monde le sait, tout progrès technologique apporte des effets positifs et négatifs. Tout de même pour le cas de la télévision en CetteTunisie.dernière est apparue pour la première fois en Tunisie, entre les années cinquante et soixante, avec la fameuse télévision italienne RAI puis avec la diffusion des émissions de la télévision publique tunisienne. Dans les premières années, elle n’avait aucune influence néfaste sur le mezoued car au départ, 3.2.1 Effet de la télévision: 3.2 FActeUrs DU DécLiN De L'Art DU mezOUeD:
Les gens trouvaient beaucoup plus de confort en s'épanouissant chez eux au lieu de bouger et payer pour regarder un spectacle ailleurs. Notamment, même si la télévision tunisienne avait pour but principal la culture et l’intellect, le mezoued a été relégué aux marges. Son interdiction de la télévision était imposée pendant plusieurs années. L'impact de la dominance de la télévision avec l’interdiction du passage de mezoued a écarté cet art populaire des pratiques culturelles des tunisiens.
Figure.56: TV,ladeEffet Source fr.sott.net:
Ce nouveau degré d’accessibilité a attiré encore plus le téléspectateur, lui a offert une nouvelle facilité de divertissement avec une attitude émotive, affective et intellectuelle. Celle-ci a exercé des effets négatifs sur plusieurs activités tel que le théâtre et le cinéma.
Les spectateurs de l’art populaire ont commencé petit à petit à être dominés par ces programmes qui remplaçaient leur déplacement aux salles de spectacles, aux cinémas et aux cafés-chantants.
67 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
L’intention d’apporter quelques modifications a mené plus tard une programmation générale qui concerne tout le quartier. A l’origine, il s’agissait d’une simple demande d’entretien des coupoles de la mosquée Sidi Mehrez du quartier Bab Souika-Halfaouine. Suite à celà, une approche d’embellissement de toute la mosquée a été développé et a déclenché au final tout un projet de rénovation du quartier.
68 3.2.2 Réaménagement
Le quartier Bab Souika Halfaouine, le centre de l’art folklorique tunisien dont le comble de la joie et de la fête a marqué les années cinquante et soixante exposait à la fois un potentiel historique et des contraintes urbaines à traiter.
Dominé par les mosquées Sidi Mahrezet Saheb Ettabaa, il représente un nœud charnière, un espace urbain central à la frontière de la médina centrale et le reste du faubourg nord, où les places publiques jouaient des rôles culturels et commerciaux importants.
Pour cette partie, nous allons nous baser sur l'ouvrage de l'architecte-paysagiste urbaniste tunisien «Jellal Abdelkafi», «La médina de Tunis, espace historique»1.
Au début des années 1970, le président de la République a
Bab Souika- El Halfaouine:
Jellal Abdelkafi, « La médina de Tunis, espace historique », pesses du CNRS, 1989, 277p Figure.57: Bab Souika d'antan, Source: Wikipédia
1
du quartier
•Objectifs : -Restauration des monuments -Aménagementhistoriques d’une place publique -Résolution des problèmes de -Installationscirculation des équipements culturels/ collectifs manquant Figure.58: Plan de situation, Source: Jellal Abdelkafi, «La médina de Tunis, espace historique», pesses du CNRS, 1989, p 180
69 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
annoncé son intention de rénover le quartier et donner une perspective sur les deux mosquées, Sidi Mehrez et Saheb Ettabâa, pour créer une grande place aux martyrs sur l'axe résultant.
Les monuments historiques Bab Souika-Halfaouine internationale (Pierre Vago, Olivier Clément Cacoub) et des architectes Lelocaux.programme a été arrêté en 19831984 et l’opération s’est déroulée sur plusieurs phases de 1984-1989.
Cette volonté de marquer politiquement le quartier Bab Souika-Halfaouine est une mobilisation gérée par le ministère de l’équipement, de l’habitat, la municipalité, les cellules destouriennes, l’ASM (l’association de sauvegarde de la médina, des architectes de renommée Médina centrale
Mosquée Saheb Ettabaa- Mosquée Sidi Mehrez: les cibles principaux de l'intervention Places publiquesTunnel Zone d'intervention finale
O.C Cacoub a proposé donc une multitude d’interventions pour remodeler l’espace urbain et pour créer « Une place à la dimension du président » qui suggérait des actions de démolitions énormes pour un quartier à tissu socio-économique Plusieursparticulier.idées ont été refusées par l’ASM qui a demandé le respect de la morphologie de la médina et les professeurs de l’ITAAUT (Institut Technologique d'Architecture et d'Urbanisme de Tunis) ont exprimé leur désaccord à travers une pétition : « « Le quartier humble à l’échelle de l’homme, page de notre histoire, œuvre des siècles et témoin d’une civilisation » doit être respecté.»11 Jellal Abdelkafi, «La médina de Tunis, espace historique», pesses du CNRS, 1989, p 203
70 On cherchait, en quelque sorte, à rationnaliser l’espace médinal traditionnel afin que la capitale atteigne la modernité des pays L’architectedéveloppés.
Figure.59: Bab Souika-Halfaouine en travaux, Source: Illustration personnelle
Cette réorganisation urbaine a affecté directement les entités architecturales du quartier ayant un lien avec le mezoued et d’autres arts populaires. C’est à ce moment-là que le folklore tunisien a commencé à se déraciner de son propre contexte originel par la disparition et la démolition de ses espaces que nous allons définir un par un dans ce qui suit. L’opération est alors passée d’un vaste projet de démolition à un projet de réhabilitation du quartier par : -L’expropriation des terrains -Le réaménagement des places -La construction d’un tunnel et des équipements collectifs -Réhabilitation et constructions de nouveaux commerces, logements et bureaux.
71 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
tout ce processus d’intervention s’est concentré certes à régler des points importants, mais il a tout à fait écarté de sa démarche la culture populaire de ce quartier.
Malheureusement,
actuel, Source: ASM
21 435546 zaouias Figure.60: Plan de
spatio-culturelle: 1. Les
Dans cette partie, nous allons repérer approximativement les mutations spatiales qui n’ont plus de traces afin de comparer l'état actuel avec l'ancien, en se basant sur la mémoire collective des originaires du quartier Halfaouine à travers leurs récits de vie. Ainsi, nous allons parfois étendre la recherche au-delà des limites de ce quartier vu que tout le faubourg nord fonctionne en tant qu’une seule entité. mutation transformations vécues par les anciens espaces d'art populaire: l'état
3.2.3 La
Les hommages rendus aux « Oulis » s’exprimaient aussi par le Mezoued Soufi et le stanbeli qui animaient autant les quartiers par les sorties organisées et les parades musicales. Malheureusement, aujourd'hui, nous observons une abscence de cette activité.
• Le palais Khaznadar: Figure.61: placette El Halfaouine, Source: auteure. AprèsAvant 3 Figure.62: Spéctacle au palais Khaznadar, Source: auteure
•
Elles accueillaient ainsi les spectacles, les jeux d’animations, les soirées populaires en plein air.
Les Zaouias: Construit par le ministre « Mustapha Khaznadar » au cours des années 1950, et accueilli par la suite plusieurs fonctions. D'abord, un palais, ensuite un hôpital, puis une école primaire pour devenir à la fin le siège du théâtre national tunisien qui était un véritable théâtre des arts populaires au début du XXème siècle.
12
•
73 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée Grâce à la structure plus dégagée des faubourgs, les places publiques représentaient des nœuds et des points de rencontres importants.
La place Halfaouine était le dégagement festif qui émouvait l’esprit des Aujourd'hui,habitants.ellesetrouve sans âme, sans festivité. Elle demeure un passage.
Les places publiques:
74
A l’intérieur, ils sont constitués de plusieurs salles, chacune a son spectacle, avec des hauts tréteaux (scènes) couronnés par des pièces décoratives, des rideaux, et des chaises. En effet, plusieurs commerces du quartier se transformaient aussi en cafichantas les soirs. Selon « Hedi Habouba », on installait ainsi dans les rues d’El Halfaouine des tentes pour avoir encore plus d’espaces de spectacles.
Ces lieux, influencés par les cafés-concerts en Europe et en Amérique, représentent les premiers traits des spectacles en Tunisie. Apparus en Tunisie vers la fin du XIXème siècle (salle d’El Hajj Ali Bouguerra à Bab Elkhadhra) jusqu’à la fin du XXème siècle, selon «Samir Bacha», étaient des salles de performances de musique à cordes, de musique folklorique, de danse, de jeux magiques etc… Connus sous le nom « Cafichanta » ou «اتناشيفاك », marquait Bab Souika-Halfaouine, le cœur palpitant du vieux Tunis, surtout pendant les années cinquante et soixante. Ils animaient le quartier tout au long du mois du ramadan et avaient une place importante chez les Tunisiens qui ne cessaient de les fréquenter.
Les spectacles des cafichantas, n’ont pas seulement ramené de la joie aux habitants, mais ils décoraient également les rues de Bab Souika«Halfaouine:…Avant quelques jours du Ramadan, les organisations commençaient, degrandesaffiches ornaient tout le long des rues, tous les passages se démarquaientparlesnomsdescélébrités.», nous a affirmé l’artiste « Moncef Abla».
Les cafés-chantants:
Figure.63: Bab Souika, Source: Photo de Jacques Pérez Figure.64. Source: Film Cafichanta Figure.66Figure.65.
Ce que nous retenons, c'est que ces lieux ont disparu malgré la place importante et une relation directe avec l'art populaire tunisien. 4
•
A part les cafés des hommes où la danse du « Rboukh » est née, les hommes avaient tendance à chanter du mezoued lors des rassemblements amicaux dans les mkhazens.
Une sorte de garage ou de dépôt, très simple et sans d’aménagent spécifique.
75 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
•Les mkhazens: Figure.67: Maison traditionnelle, Source: auteure. Malheureusement, certains artsites ont quitté leurs maisons qui se trouvent maintenant dans un état dégradé.
Un espace exploité que par les hommes comme lieux de regroupements
Les espaces privés: Ceux sont les lieux principaux des fêtes et des répétitions de la musique et de la danse traditionnelles. Lors de ces évènements, le décor traditionnel, la bouffe et les braséros s'installent dans les patios ou sur les toits.
Denocturnes.nosjours, ces habitudes ne sont plus présentes dans les espaces de travail ou de stockage.
•Les maisons:
Figure.68: Des maisons de mezoued et de stanbeli abandonnées, Source: auteure
Figure.69: Makhzen, Source: Extrait du feuilleton Tunisien «Chwereb» 5
•
76 Présentes sur la rue Bab Lakouas, exposent les instruments folkloriques, généralement indiquées par les noms des grands maîtres.
On se trouve aujourd’hui avec des espaces fermés laissés à l’abandon, des espaces qui ont changé de vocations et d’autres sans aucune trace matérielle qui restent inscrits que dans la mémoire des gens (exemple des cafés-chantants)
• Les boutiques: Aujourd'hui, Des anciens bureaux/ boutiques sur la Rue Bab Saadoun sont tombés en ruine, d'autres ont été réappropriés.
D’autres sont nommées « Bureaux » auparavant, géraient les réservations et les organisations des soirées de mezoued.
6
Figure.70: Boutiques à l'époque, Source: Film Cafichanta
Figure.71: Boutiques abandonnées, Source: auteure
•Finalement, le quartier a vécu un grand changement. Les nouveaux modes de vie ont impacté l’espace et vice versa.
Par contre, le quartier exhale encore de l’art. Les traces vivantes essayent de survivre au-delà des souvenirs.
CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
Dans ces boutiques, on trouve des artistes connaisseurs de l’histoire folklorique (نييعيانصلا), qui sont toujours rattachés à leur profession et à leur savoir-faire, portant une responsabilité aux yeux des grands noms derrière ces bureaux.
Figure.72: Bab Lakouas, Source: Auteure 2. Les traces vivantes du mezoued:
Ceci est marqué surtout par les boutiques des instruments ouvertes à Bab Lakouas et qui demeurent jusqu’à nos jours un repère pour les artistes du mezoued.
Afin d'imaginer l'époque d'antan et de nous plonger dans les souvenirs, nous avons fait plusieurs visites au quartier et rencontré plusieurs artistes et célébrités de ces dernières décennies dont certains ont laché ce domaine pour qu'ils nous racontent l'histoire de l'art populaire et du mezoued. Figure.73: Nostaligie, Illustration personnelle
La dégradation de l’art populaire tunisien semble perdre son identité et les lieux qui lui permettent d’être pratiqué. Nous nous trouvons face à une menace culturelle que nous devons cerner pour mieux réflechir à la survivance de notre patrimoine.
Dans notre cas d’étude, la valorisation du mezoued nous paraît une priorité culturelle, car ceci a non seulement impacté l’espace architectural et urbain, mais a laissé aussi des cicatrices émotionnelles chez les tunisiens.
C’est pour cette raison là que nous allons nous mettre à l’écoute des récits de ces personnes ayant une relation profonde avec cet art. 3.3. UNe NOstALgie rAcONtée PAr Les récits De vie
Cette approche se caractérise par plusieurs méthodes tel que les entretiens, les questionnaires et les récits de vie. Le mezoued dans notre cas, est un art qui demeure peu étudié, avec peu de traces écrites et peu de références historiques.
CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée 3.3.1 L'importance des récits de vie Cette analyse doit être d’autant plus accompagnée par une enquête sociale.
Le seul moyen d’apprendre sur cet héritage sera par les générations passées qui ont vécu l’apogée de cet art en question.
Car comment peut-on passer de cette apparence si festive, à une réalité actuelle méconnaissable?
Par quel moyen ? quand ? et pourquoi ? tant de questionnements qui ne seront perceptible que par les propos et récit même de ses habitants. Une analyse qui repose sur l’écoute, l’entente et le respect de leurs points de vue. Voir ce qu’ils en pensent, ce qu’ils redoutent, et à quoi ils aspirent dans le futur.
C’est pourquoi le récit de vie est l’ultime outil de notre démarche, par ses questions ouvertes menant vers un seul sens, celui de comprendre nos traditions, nos coutumes et l’histoire même d’El Halfaouine.
Qui dévalorise la musique populaire en particulier et l’art en général. Pourquoi sommes-nous témoin d’une telle décadence.
80 Si nous arrivons aujourd’hui à dessiner les scènes du folklore populaire, c’est grâce aux descriptions des anciens artistes ou spectateurs. Les archives audio-visuelles de cet art sont ainsi peu nombreuses. En effet, la mémoire visuelle de ces gens est presque le seul témoin de la spatialité du quartier et de son évolution.
1 Film tunisien réalisé par Hichem Ben Ammar en 1999 1. L'espace aux yeux des artistes: « Le public est à 10cm de la scène, au cafichanta...» « Pourquoi la laisser partir cette mémoire?» Aujourd’hui, les scènes que nous avons décrites dans le deuxième chapitre ont vécu un changement avec la mutation du quartier car elles ont commencé à sortir de leur cadre traditionnel populaire originel (maisons à patio, mkhazen, caféchantant etc…) pour suivre les temps. L’évolution de l’aménagement, le changement dans les rituels musicaux dans le quartier, le progrès et le rajout de quelques nouveaux instruments, sont des facteurs qui peuvent assurer la durabilité de l’art populaire par son développement mais qui peuvent aussi faire dissiper sa base si on ne le fait pas avec prudence.
Mais ce qui nous a touché le plus lors des témoignages, c’est la morosité avec laquelle ils racontaient l’espace car il y a un lien émotionnel spécial entre les artistes et le quartier. Pour eux, Bab Souika-Halfaouine est une sorte de propriété privée, un endroit propre à eux qu’ils connaissent par cœur. Il admiraient leur ancien lieu : « El Halfaouine, le souk des bouchers , la place, Saheb Ettabaa, ça c’estmavie,cequartierestàmoi…», a décrit « Naima Békir » dans le film «Cafichanta »1 La plupart d’entre eux, ont du mal à accepter le changement et à tolérer les nouveaux standards de l’art populaire. Ils exprimaient leur volonté à faire renaître les anciens espaces. « J’aimerais bien refairelecafé-chantant,àchaqueoccasion, si on m’en donnait la permission» disait « Hammadi Ben Sassi » dans « CAFICHANTA ».
Figure.74: l'Artiste Mohamed Azouz, Source: Film CAFICHANTA Figure.75: Hammadi Ben Sassi, Source: Film CAFICHANTA
Ainsi, la connaissance musicale et instrumentale acquise par les anciennes générations a fait de cet art une source d’argent et un moyen d’interactions Lessociales. artistes s’investissaient intellectuellement et physiquement dans le savoir-faire pour qu’il soit rentable et leur garantir une vie modeste et heureuse.
l’ambiance festive du faubourg nord semble éteinte. Certes, la propagation de l’art dans d’autres régions, a assuré son intégration chez plus de familles, mais ceci n’a jamais reproduit le même charme du quartier.
اوت اوت و لبق لبق » : rien n’est plus le même Figure.76: l'Artiste Lamine Elwechtati, Source: Film CAFICHANTA Figure.77: l'Artiste Taher Bouborj, Source: Auteure
2. L'aspect nostalgique des artistes: L’atmosphère a changé avec l’espace et les gens ont perdu leur attachement culturel pour ce lieu. Les nuits du ramadan ne sont plus vivaces et les journées du quartier ne sont plus musicales. Le Tunisien en général et l’artiste en particulier se trouvent désorientés dans leur ère. Ces derniers sont unanimes dans leurs propos, en considérant leur quartier comme perdu voir même délaissé par cet art populaire qui faisait autrefois le bonheur des riverains. mezoued a permis aux artistes de se déplacer de voyager et de découvrir
denouveauxlieux,surtoutaveclesgroupesde«HammadiLaghbebi»delatroupenationale».«
«…Le
A l’apogée de cette musique populaire, ils se sentaient décontractés et épanouis : « tantCefutBabsouika-Halfaouine,ilyavaitunetelleambiance,tantdechosesàvoir,defestivité.C’étaitlejourenpermanence»,ajoutait«NaimaBékir».Cesjours-là,
Quant aux artistes, évoquer le terme « mezoued » éveille en eux un tiraillement sentimental entre amertume et gaieté.
81 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
82 Aujourd’hui, on se trouve devant une réalité triste. Des artistes qui ont lâché leurs rêves et leurs ambitions à cause des facteurs que nous avons cités précédemment.
Contrairementfutur. à la télévision qui a mis aux marges le mezoued par exemple, l’art du cinéma était un moyen important pour la documentation audio-visuelle de cet art. Des réalisateurs comme Hichem Ben Ammar et Sonia Chamkhi ont montré leur intérêt à la culture populaire. A travers leurs films respectifs « Cafichanta » et « L’art Du Mezoued » ( ce dernier a été réalisé en 2010), les artistes populaires se sont exprimés librement afin de confirmer leurs talents et leurs capacités tout en critiquant les facteurs du déclin et en reproduisant le vécu ancien.
3.3.3 Synthèse: 3.3.2 Histoire valorisée à travers le cinéma:
Les récits de vie représentent le cœur de notre travail et de notre recherche. Ils nous ont permis de communiquer avec le passé et de sentir la nostalgie des artistes afin de comprendre ce qu’ils cherchent dans le
Toutefois, ils encouragent l’évolution, la réhabilitation de l’art populaire et donc créer le lien avec d’autres genres musicaux et d’imprégner de nouveaux espaces. Mais ceci doit être toujours fidèle aux besoins de l’artiste populaire, aux attentes des spectateurs et à la spatialité originelle de ces pratiques culturelles.
Par conséquent, ces mutations architecturales ponctuelles ont impacté le reste du tissu urbain et la vie socio-économique du quartier. Ce qui nous invite à définir une approche d'intervention qui vise à réintégrer l'art populaire à l'échelle urbaine et architecturale à la fois afin de garantir sa persévérance.
3.4 cONcLUsiON DU cHAPitre III:
83 CHAPITRE III: Le folklore tunisien, une culture fragilisée
El Halfaouine qui donne un souffle et une sacralité forte de l’héritage médinal d’avant, grâce à ses ruelles, ses boutiques, ses habitants et ses habitudes est un lieu de mémoire à identité spatio-culturelle qui semble perdu dans son aspect matériel et immatériel par la disparition et la transformations de ses espaces identitaires.
85 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant cHAPItre Iv eL HALFAOUINe, Le qUArtier cHANtANt Les traces matérielles de l'art populaire du quartier El Halfaouine commencent à Cettes'estomper.alerte nous a invité à revoir l’état du quartier pour y inscrire une nouvelle réflexion fidèle à l’esprit folklorique tunisien et à son contexte en garantissant une évolution et une durabilité artistique à travers une approche spatio-urbaine qui tend à revaloriser cette culture populaire et rendre hommage à ses vedettes. Figure.78 personnelleIllustrationchantant,quartierLe:
86 4.1 IDeNtité UrbAiNe et sPAtiALe D'eL HALFAOUiNe: 4.1.1 Lecture analytique du quartier El Halfaouine: Figure.79: Accéssibilité au quartier, Source: Snazzy Mapp. Figure.80: Flux du quartier, Source: Snazzy Mapp 1. Accessibilité: El Halfaouine se trouve au cœur du faubourg nord de la médina de Tunis d’où la multiplicité des rues d’accès . 2. Les flux importants: L'importance des flux est liée explicitement aux activités dynamiques présentes du quartier et selon leurs fréquentations.
87 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant BâtiVide Vue le caractère médinal du quartier, les vides se matérialisent par des points Nousponctuels.dégageons trois types de vide: 1- Une place publique 2- Des petits dégagement de 3-despassage.interstices entres constructions privées Un dégagement qui détache implicitement la mosquée de ses alentours Des intersticesPascachéesd'hauteurs importantes - Il s'agit donc d'un tissu très dense, constitué par des bâtisses qui ne dépassent pas les R+2. La ledudégagementlereprésenteplacetteplusgrandquartier,pointle plus fluide. -Le dégagement se manifeste aussi à la limite véhiculaire du quartier. Figure.81: Dégagement, Source: Auteure Figure.84: Densité urbaine, Source: Auteure Figure.82: Plein, vide, Source: ASM Figure.83: Placette, Source: Auteure 3. Identité médinale du quartier à travers son plein et son vide:
Figure.85: Fonctions du quartier, Source: ASM
Figure.86: Photos des différentes fonctions du quartier, Source: Auteure
Source: Auteure
La lecture du paysage urbain du quartier est marquée par des transitions et des temporalités différentes. Nous avons dégagé quatre moments marquants et rajouté un cinquième, celui de notre projet architectural. Mouvements urbain,
auteureASM+Source:urbain,Moments:Figure.87 Figure.88:
90 4.1.3 Lecture sensible du paysage urbain:
91 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant Figure.89: Ruelles calmes, Source: Auteure Figure.90: Ornementation, Source: Auteure
•1
Figure.91: Photos du marché, Source: Auteure
92
Mais ce qui nous a attiré le plus dans la lecture paysagère et sensible du quartier, c’est comment la vie sociale et économique du quartier s’imprègne de l’espace public et le marque dans son vécu et dans sa perception. La forme d’appropriation de l’espace chez les usagers d’El Halfaouine rompe avec les limites matérielles des bâtiments. Les commerces du souk se prolongent les dimanches pour occuper la petite place de la mosquée et le contourner. Souk El Jazzarine occupe même les locaux en RDC de la mosquée et devient un nouvel élément de sa grande façade
-Le vécu est en mouvance continue, il évolue et change aux rythmes de ses habitants chaque instant de la journée.
Figure.93: Photos de la placette, Source: Auteure Figure.92: Appropriation de l'espace Source: Auteure
La placette Halfoauine se trouve au cœur du quartier et de tout le faubourg nord.
Mise à part son ancien aspect festif et sa dimension culturelle du passé, elle demeure jusqu’aux nos jours un élément générateur des activités environnantes.
Son emplacement stratégique lui a attribué une forte centralité. En effet, tous les accès du quartier convergent en ce point.
93 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
Actuellement, elle comporte une fontaine en panne, 6 structures de pergolas, et une série de 8 grands arbres.
•2 1,2: Des séquences prises un dimanche montrant l'aspect urbain donné par la fripe.
Moment 4: La placette, le noyau mouvant du quartier
Ce vide matérialise une sorte de rupture avec la densité forte du quartier, et permet un dégagement aux édifices avoisinants. Ainsi, La placette vient dans la continuité du fameux Souk El Jazzarin. Ce marché quotidien s’étale les dimanches sur les limites de la placette et de la mosquée. Les habitants ont tendance à s’approprier l’espace par leurs petits commerces.
94
Elle communique aussi avec les cafés les plus populaires du quartier: Café Sidi Amara/ Café El Fazzani.Laplacette devient le lieu de dialogue entre la mosquée et les deux palais.
Figure.94: Noyau, Source: Auteure
Figure.95: Limites de la placette, Source: Auteure
Figure.96: placette: point de connexion, Source: Auteure
95 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant L’aspect convivial, vif et animé fait la spécificité du quartier. Les bâtiments collés les uns aux autres intensifient le rattachement social entre les habitants et les usagers. C’est un quartier modeste où il n’y a pas de ruptures entre les diverses constructions et activités. La culture, l’économie et la religion coexistent en symbiose. Il existe une harmonie même dans le contraste. Comme nous l’avons déjà montré dans le 3ème chapitre, l’art populaire commence à s’y perdre, mais ce quartier demeure vivant et dynamique par ses habitants et ses activités de tous les jours malgré l'affaiblissement de l'identité folklorique.
Figure.97: synthèse analyse urbaine Source: Auteure
4.1.4 Synthèse: Par conséquent, cet effet de centralité s’est accentué encore plus par l’exploitation spatiale et fonctionnelle des usagers. La placette se présente comme un générateur de vie sociale et économique du quartier. Elle met en rapport les différentes activités en catalysant leur dynamique. Elle reflète bien évidemment l’aspect convivial et chaleureux d’El Halfaouine par ses cafés populaires où on trouve l’esprit vivace du quartier.
Mais avant de le définir, nous nous sommes intéressés à quelques projets concrets qui ont réussi à animer un fragment urbain ou un espace public à pratique culturelle. C'est un projet de réhabilitation de la cité des Etats Unis dans le 8ème arrondissement de CetteLyon. création avait pour objectif d'évoquer une mémoire collective d'un ancien village nègre qui a été rasé vers la fin des années trente et laissé sans traces physiques à travers des oeuvres artistiques.
Seules les rares témoignages oraux confirmait son existence.
Le musée Tony Garnier vient s'implanter alors juste en face de l'ancien emplacement de ce village nègre.
Cette variété et alternance de programme vise à garder le dynamisme et la vitalité culturelle tout au long de l’année dans l'ensemble du quartier.
El Halfaouine, un quartier ayant une riche histoire culturelle, se trouve aujourd’hui encore prêt à loger l’art populaire et à être réanimé. A travers l'analyse urbaine et les récits de vie, nous avons pu dégager que ce quartier présente des potentialités qui, à notre regard, pourraient être un support pour notre stratégie d'intervention.
Ancien village 4.2.1 Le Musée Urbain, Tony Garnier à Lyon: 1. Objectif du projet: Le Musée Tony GarnierFigure.98: Emplacement du musée Tony Garnier, Source: Snazzymap
96 4.2 strAtégie De L'iNterveNtiON UrbAiNe:
Afin de faire revivre l’art populaire, nous proposons d’intégrer une série de programmes temporaires et permanents dans tout le quartier d'une manière ponctuelle.
C'est une sorte d'exposition artistique urbaine qui s'est manifestée par une réalisation de 25 peintures murales dispatchées tout au long du quartier.
La création des fresques a commencé en 1988 et terminé en 2001, puis leur rénovation a eu lieu en 2016.
Figure.100: Tony Garnier, Source: MadameBougeotte.com
97 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
Figure.99: Cité des Etats-Unis, rue de Serpollières, vers 1930, Source: Lyon-France.net
2. Le concept général: C'est un musée en plein-air qui fait découvrir ainsi le visiteur la conception architecturale de Tony Garnier.
Le musée urbain Tony-Garnier a été conçu par Grand Lyon Habitat avec L'association de peintres muralistes « CitéCréation ».
Raymond Ancien premier ministre Ancien député-maire
98 « Avec le ciel pour cimaise, les 24 peintures murales de ce parcours culturel sont autant de fresques-miroirs tendus vers la dignité des habitants et l’admiration des visiteurs.BravoàtouslesacteursdecettegrandeœuvrequiparticipelargementaurayonnementdelavilledeLyon. »
Barre,
de Lyon Figure.101: Garnier,TonydeFresques Source: MadameBougeotte.com Figure.102: Map de Tony Garnier, Source: MadameBougeotte.com
99 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
Le choix de l'emplacement des fresques a crée la scénographie et la muséographie de ce projet.
Ce choix de répartition spatiale a finalement garanti la communication avec tout le quartier et elle a assuré son animation et l'éveil de la mémoire oubliée.
Figure.103: Concepts retenus Ref1, Source: Auteure
3. Concepts retenus: L'étalement urbain Se déplacer tout au long du d'interventionslesDispatcherquartierpoints par déambulationla S'inspirer de l'histoire du lieu L'implication de l'usager ponctuelleL'intervention
Le fait de les étaler ponctuellement sur tout le quartier incite le visiteur de se déplacer dans toutes les directions afin de découvrir toutes les oeuvres et s'impliquer corporellement et intellectuellement.
Figure.105: Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque D'Images
4.2.2 La
Figure.104: Château de Prague, Source: Flickr
La ruelle d'or est une voie étroite qui se trouve au château de Prague. Au début, elle ne faisait pas partie du château et n’abritait pas les même fonctions qu’aujourd’hui.
100
C'est une ruelle constituée d'une série de maisonettes qui ont été construites au XVIe siècle, et servaient à l’origine d’habitations au gardes du château. D'ailleurs, elle doit son nom aux orfèvres qui y habitaient à cette époque là. ruelle d'or, Prague: 1. historiqueAperçu :
Figure.108: Concepts retenus REF 2, Source: Auteure
2. Intervention: Après leur rénovation de leurs états, elles sont transformées en boutiques. Elles accueillent aujourd'hui des expositions d'objets à l'image de l'histoire.
Figure.107: Boutique Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque
101 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant Les maisons ont été intégré dans le circuit après la guerre. On les a repeintes en plusieurs couleurs pour leur donner un nouvel aspect vif et nuancé.
3. Concepts retenus: La reconversion des anciens espaces espacesL'intégrationhistoriques.desanciensdansuncircuit culturel afin de les valoriser.
Figure.106: Reconversion-Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque
2. La scène de danse: La Seine Campus Saint Jussieu Quai Saint BernardFigure.109: Localisation du quai Saint-Bernard, Source: Snazzymap Figure.110: Les scènes de danses, Illustration personnelle
1 Wikipédia
1. Evolution historique: 4.2.3 Éveil urbain par des scènes dansantes: Le quai Saint-Bernard, Paris
102
C'était un lieu de baignade populaire du XVIe au XVIIIe siècle, et puis à XVIIIe siècle, il y avait un port fluvial spécialisé dans le transport du vin.1 Il marque la limite du campus Saint Jussieu construit sur le site de l'ancienne Halle aux vins en 1964.
A la fin des années 1970, une partie du port est devenue un espace vert pour exposer des sculptures artsitiques (Musée de sculpture en plein air) et s'est organisée en sous zones créées pour des manifestations de danses diverses.
Le parc Tino Rossi, situé sur le quai SaintBernard à Paris, propose des petits amphithéâtres au public tous les soirs de 19h à 21h. et minuit quand il fait beau. C’est une succession de mini-gradins qui accueillent le Tango, La Salsa, Le Swing, Le Folk et plusieurs autres danses populaires offrant une ambiance énergique exceptionnelle où tout le monde y participe. Même les passagers n’arrivent pas à la résister.
Le quai Saint-Bernard, qui va du pont d'Austerlitz au pont de Sully au 5ème arrondissement, était à l'origine appelé «Vieux Chemin d'Ivry » .
Même si nous rencontrons sur une même ligne une multitude d'évènements indépendents, nous sentons une harmonie. Il n'y a ni de génance sonore ni de confusion, car ces mini scènes ont crée des petites bulles d'atmosphère dansante, où tous les pratiquants sont concentrés qu'à faire la fête.
103 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
3. Concepts retenus: La configuration en sous zones dans un espace public afin d'offrir plus de choix aux artistes de danse et de musique populaire. Création de bulles d'atmosphère musicales et dansantes.
Figure.111: Les soirées de danses, Source: Paris Info Figure.112: Une soirée d'été, Source: Nour Karray Figure.113: Concepts retenus REF 3, Source: Auteure
Cet aménagement urbain a offert aux usagers plusieurs possibiltés. Cette une configuration a donné un aspect fluide au quai. Elle a réussi à répondre aux besoins des manifestations de danses populaires car elle reflète la spontanéité de leurs actes.
ATM 1 ATM 2 ATM 3
1. Démarche
104 L’art populaire étant de nos jours abandonné par rapport aux nouveaux genres artistiques, nécessite une sorte de réhabilitation culturelle et spatiale.
Figure.114: Approche urbaine, Source: Auteure
Dans l’intention d’animer tout le quartier, notre démarche se base principalement sur l’étalement urbain, par l’injection de nouvelles fonctions d’une manière ponctuelle et répartie sur notre territoire d’intervention celui du quartier El Halfaouine. Notre intérêt primordial est d’orienter les usagers à réinterpréter le quartier dans toutes ses artères. Nous aurons besoin donc des fonctions permanentes qui assureront la durabilité culturelle, sociale et économique du quartier par l’implication des ses habitants, et d’autres à caractère événementiel qui accentueront le dynamisme culturel entre le quartier et les quartiers voisins. conceptuelle:
Le retissage culturel est le point de départ de notre réflexion. C’est dans ce sens que nous cherchons alors de créer un nouveau terrain de communication et de partage artistique entre les différentes générations en recréant les anciens espaces et ambiances et en inventant de nouvelles spatialités de réinterprétation. Le programme associera par conséquent : - Les anciens et les nouveaux artistes populaires. - Les usagers du quartier et de ses alentours. - Les visiteurs 4.2.4 Intervention sur le quartier El Halfaouine:
Pour pouvoir exploiter et intervenir sur un tissu existant dense, nous avons quatre choix :
- Réinvestir les interstices trouvés entre les habitations.
d'un Agenda Culturel: L’éveil du folklore tunisien nécessitera ainsi la transmission des savoirs faire et des capacités artistiques d’où le besoin de créer des espaces d’apprentissage : Espaces de répétitions, ateliers d’instruments, ateliers de couture et des espaces de rencontres artistiques.
2. Développement
Afin de tracer l’histoire folklorique, nous allons créer un espace architectural (Dar El Folklore) qui offre une visite expérimentale qui fait renaître l’époque d’antan.
105 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
- Agir sur les menaces en ruines et sur les espaces fermés et délaissés.
C’est dans ce sens que nous avons fixé une série d’évènements qui animeront le quartier tout au long de l’année. Dans cette logique nous aurons besoin alors d’intervenir sur l’échelle urbaine, en aménageant des scènes pour les performances musicales et dansantes et d’intervenir architecturalement pour la création de nouveaux espaces.
- Occuper les étages libres de quelques commerces et faire bénéficier leurs propriétaires par des nouvelles sources de revenus.
Une approche évènementielle nous permettra d’encourager les pratiques folkloriques.
Le quartier devra être par la suite bien équipé lors de ces évènements : création de nouveaux restaurants, offrir des espaces d’hébergement. Intervention architecturaLe Figure.115: Agenda culturel, Source: Auteure
- Intervenir sur l’espace public du quartier.
106 3. Une stratégie globale: Vers une réanimation et l'éveil de tout un quartier:
107 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant Figure.116: Transformations urbaine, Source: Auteure
Les artistes populaires ont besoin d'espaces de pratiques spontanées et naturelles, car la musique et la danse populaires se caractérisent par l'improvisation et les jeux libres. Dans notre projet, nous cherchons essentiellement à laisser libre cours à la créativité
Figure.117:
Laartistique.placette
4. Réaménagement
108
Halfaouine, présente un grand potentiel du quartier. Par sa centralité et son histoire festive, elle paraît un térrain favorable pour les évènements socio-culturel. conséquent, nous tenons à la réaménager pour accueillir les petites manifestations de tous les jours et les festivals annuels. de la placette: : Placette, Source: ASM+Auteure
Par
•Concepts et intentions
109 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant Figure.118: Croquis conceptuels de la Placette, Source: Auteure
4.2.5 Synthèse: Figure.119: Esquisse placette, Source: Auteure
110 ESQUISSE d'aménagement de la placette:
Le mezoued et les autres arts folkloriques cherchent à confirmer des traces physiques et culturelles. Pour ceci, nous avons choisi d’intégrer dans le quartier des fonctions éducatives et d’apprentissage, des espaces pour exposer leurs performances et leurs pièces d’art matérielles tels que les vêtements et les instruments et des points de rencontres et d’échanges culturels. En occupant des endroits éparpillés un peu partout dans le quartier, les artistes et les visiteurs participeront à déclencher un nouveau dynamisme, une nouvelle vie folklorique qui ressemble à celle des années soixante.
111 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant 4.3
-Ce musée est déstiné à promouvoir les nouveaux talents et les créations artistiques contemporaines pour qu'il soit un lieu d'échange culturel accueillant des visiteurs de toutes les nationalités. Son programme offre alors: -Des espaces de loisir, un auditorium, des ateliers d'apprentissage, une librairie, des expositions temporaires, un espace parking.
4.3.1 Réinterprétation du langage traditionnel: Musée d'art moderne Mohamed VI, Marroc
1. Présentation du projet: Figure.120: Musée d'art moderne, Source: Sortir mag Figure.121: Rabat, Source: Google maps -Le choix architectural du musée a été déterminé par le Cabinet Karim Chaker.
strAtégie DeArcL'iNterveNtiONHitectUrALe:
Pour bien enrichir notre démarche, nous nous sommes intéréssés à deux types de projets ayant une relation directe avec: 1- Le contexte paysagère/ urbain. 2- Les ambiances spatiales artistiques.
-Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain est le premier musée du Maroc, répondant aux normes muséographiques internationale. -Il se situe dans la ville de Rabat au Marroc, et il a été commandé par le roi Mohamed VI et il a ouvert ses porte en Octobre 2014.
Figure.122: Extérieur du Musée, collage personnel Figure.123:Concept du Musée, Source: Auteure concept
Les Arcades: Le vocabulaire principal qui anime la peau extérieure du musée. La colonnade à double arche est moins ornementé que les autres Pararchitectures.contre,elle est signalée par des claustras qui reprennent le motif traditionnel «Ktef wa Darja».
1. A l'extérieur, l'architecte s'est inspiré des détails architecturaux de son environnement.
LE MUSÉE duArchitectureRabat Il s'agit d'une ville à identité traditionnelle particlière et diversifiée avec ses architectures arabomauresques ornementées.
2. Choix conceptuels: On cherchait donc de réaliser une conception qui s'inscrit et s'intègre parfaitement dans son paysage urbain à caractère patrimonial et qui communique aussi avec l'esprit contemporain des oeuvres.
1
112
2. Le langage traditionnel fait la transition avec l'intérieur avec les claustras et les motifs arabesques dessinés sur le sol.
2 3
Figure.124: Intérieur du Musée, Facebook Musée d'art moderne Mohamed VI
3. A l'intérieur: Les espaces d'expositions sont très minimalistes pour être en symbiose avec l'esprit moderne et contemporain des objets artistiques. L'organisation des espaces se fait subtilement avec des parois légères pour guider les visiteurs. D'où on remarque la rupture avec le cadre traditionnel extérieur.
113 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
3. Concepts retenus: Cacher l'ambiance moderne par une enveloppe qui respecte le style traditionnel du contexte urbain. Développer les ambiances intérieures de façon à répondre aux besoins des expositions. Reprendre les détails architecturaux traditionnels pour créer de nouvelles formes plus modernes.
Figure.125: Concepts retenus REF, Source: Auteure
Il s'agit d'une installation des néons ryhtmés dans des espaces sombres ou peu éclairés sans obstacles.
Figure.127: Expo Heureux soient les fêlés, Source: Nour Karray
1 1 lumiere-151390-2/https://www.artsixmic.fr/2021-03-15-olivier-ratsi%E2%80%89-heureux-soient-les-feles-car-ils-laisseront-passer-la4.3.2 La lumière, un aspect expérimental: 1. Heureux soient les fêlés, Olivier Ratsi:
Figure.126: Photos de Heureux soient les fêlés, Source: Gaite-lyrique.net
114 C'est une exposition-expérience de l'artiste plasticien et architecte de regard Olivier Ratsi qui a eu lieu à la Gaîté Lyrique ( établissement culturel à Paris) en Octobre 2021.
-Il s'agit d'une expérience sensorielle qui matérialise physiquement la relation entre l'objet, l'espace et le spectateur par la lumière irradiante en évoquant plusieurs sens: -Ce jeu de lumière est accompagné d'une variation de volume de musique pour accentuer l'ambiance ambiguée créee.
-L'atmosphère installée permet le visiteur de se plonger dans l'expérience immersive imaginé par Olivier et puis elle le stimule intellectuellement et arrive à questionner ses sens.
Figure.129: Heureux soient les fêlés, Source: Gaite-lyrique.net
Dans ce projet, la lumière est plus qu'un élément ambiant:
-Par la dominance de l'ambiance sonore, l'effacement de profondeur et la disparition des objets par le noir, une énérgie illusoire et une hallucination s'installent.
Cette exposition se manifeste à travers cinq expériences réparties sur les différents espaces: Voir les signes, Voir rouge, Voir fugitif, Voir brut, Voir le spectre.
-Elle impulse le mouvement du visiteur et l'invite à approprier l'espace par une scénographie déambulante. Il devient un élément de la scène par sa présence physique imposée dans le défilé des lumières.
115 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
Figure.128: Plan Heureux soient les fêlés, Source: https://gaite-lyrique.net/storage/2021/06/04/heureuxlesfeles-ratsi-feuilledesalle-2021-06.pdf
Le reste de l'espace est vide et toute la scène sera générée par le jeu des lumières Cette expérience est un jeu animé par le visteur qui devient lui même l'acteur principal de la scène.
Figure.130: Photos de Ton ombre certaine, Source: Olafur Eliasson
2. Ton Ombre certaine, Olafur Eliasson: C'est une expérience sensorielle stupéfiante de l'artiste danois Olafur Eliasson, qui a été présentée en 2010 dans plusieurs villes telles que Paris, Berlin, Londres etc... Cinq spots de couleurs se projètent sur un mur de couleur blanche éclatante.
Son passage devant les projecteurs placés sur le sol complètera la toile qu'est le mur.
116
En effet, chaque mouvement ou chaque blocage d'un spot de lumière engendra d'autres coloris et projetera d'autres silhouettes sur le mur ce qui intensifie l'effet dansant. C'est un effet d'optique qui incitent les gens à se manifester corporellement -Définir l'espace et l'atmosphère par la lumière. -Dessiner la scène et les personnages par la lumière -Intégrer le spectateur dans l'évènement et l'inviter à y participer par le mouvement de son corps.
117 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
3. Concepts retenus des deux projets:
Dans la continuité de notre approche urbaine, Dar EL Folklore est un projet d'expositions expérimentales qui offre des espaces de performances folkloriques et invite les visiteurs à vive une éxpérience extatique. Un projet qui propose à la fois une immitation et une réinterprétation des ambiances dansantes et musicales de l'époque d'antan.
- C'est un terrain vièrge encerclé par les murs mitoyens des constructions avoisinantes. Sur sa limite nord-est, il exsiste un petit espace en ruine qui lui -appartient.Ilpossède deux accès: 1. La première rue vient en continuité avec la placette du quartier. 2. Un autre accès privé sur sa limité sud.
Pour notre projet Dar El Folklore nous avons choisi le plus grand terrain non bâti.
Figure.131: Plan masse de Dar El folklore, Source: ASM + auteure
118 4.3.3: Dar EL FOLKLORE
C’est un terrain plat qui fait 479m² de surface qui se trouve juste à l’Est de la placette centrale.
1. Présentation du terrain:
- Le Terrain était une série de mkhazen (Espaces de dépôt où les hommes pratiquaient de temps en temps le Rboukh). Aujourd'hui, il se trouve délaissé, tracé que par ses limites.
119 Nous allons occuper les étages des petits commerces vu qu'ils sont en bon état. 2. État du lieu: Figure.132: Photos et relevés du site, Source: auteure Figure.133: Dar El folklore et voisinage, Source: auteure
3. Démarche conceptuelle: Parti et intentions: Approche de dialogue avec le contexte existant Figure.134: 1ere volumétrie, Source: auteure
Prendre un recul par rapport au café pour s'y détacher et marquer l'entrée.
Etaler le volume sur les 4 commerces existants au RDC pour envelopper partiellement la Façade afin de communiquer avec la placette. Réinterpréter la forme des arcades en l'épurant, afin de garder l'identité des commerces en particulier et de la médina en géneral ( Concept REF4) . Figure.135: etalement de façade, Source: Auteure
Suivre la forme du terrain vu les contraintes imposées par les voisins en éliminant la menace en ruine.
120 L'idée consiste principalement à créer un projet qui se démarque dans son milieu médinal comme un monument sans l'agrésser. Un projet qui reflète l'esprit musical et dansant du mezoued et de l'art populaire.
Créer deux volumes principaux selon les directions du terrain qui vont être générés plus tard par les vides des patios.
Figure.136: Phases de recherche volumétrique, Source: Auteure
121 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
Nous cherchons à concevoir un projet qui reflète autant le mouvement et la dynamique de la danse et la musique folkloriques tunisiennes, qui donne une nouvelle valeur au mezoued en s'inspirant de son aspect modeste tout en traduisant les ambiances colorées à l'intérieur.
3. Les murs aveugles marquent un changement brusque, ils marquent le silence subit dans la danse.
Jouer avec les variations d'hauteurs et monter en Hauteur par rapport aux voisins pour marquer le monument -> nouvelle valeur Traduire les différents rythmes du mezoued par les ouvertures:
1. Le Rythme rapide et accéléré, par des petites ouvertures qui se succèdent et s'altèrnent courtements. Ce genre d'ouvertures projetera à l'intérieur un jeu de lumière chargé qui incite au mouvement.
2. La variantion progressive des ryhtmes reflète les premiers pas de danse pour la 1ère expérience.
122 Programme quantitatif: Figure.137: Programme quantitatif, Source: Auteure
123 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant
L’expérience est une alternance entre l’espace réel et imaginaire. Nous allons offrir une expérience de transcendance et d’ascendance. Nous allons faire vivre au visiteur une expérience qui l'incitera à dialoguer par son corps avec le corps architectural à travers la musique et la danse. Il commencera par apprendre les premiers pas de danse jusqu’à atteindre si possible l’état de transe. Les scènes et les pas de danse seront marqués et tracés au début du parcours et estompés à la fin de l’expérience qui va être basée sur les jeux de lumières, le son et les traçages au sol.
4. ESQUISSE du projet :
1.Le parcours commence par « L’Exode » : Une sorte d’historium. Les projections guident le visiteur vers le prochain espace en lui racontant l’histoire et les origines du folklore. Arrivant de la placette festive, le premier passage se démarque par la transition entre l’extérieur qui respecte son paysage traditionnel épuré et l’intérieur qui réinterprète les scènes folkloriques d’une manière contemporaine. Parcours et programme qualitatif: Figure.138: Parcours expérimental, Source: Auteure Figure.139: Image de projet, Source: Auteure
4. Apprendre la danse des hommes : Une plateforme creusée par des pas tracés avec la matière du « Slime » (donner un effet d’ancrage dans le sol). L’espace est ainsi décoré par des petits aménagements des anciens Mkhazens . Figure.140: esquisses et ambiances du projet, Source: Auteure
2. Avec des petites ouvertures et plateformes qui changent d’échelles progressivement, les messages sonores et écrits des femmes invitent le visiteur à apprendre les premiers pas de danse.
1erRDCÉtage
5. Tracer une ancienne scène de Cafichanta en délimitant les places des visiteurs par un traitement au sol. 6. Une nouvelle Cafichanta : espace commercial, ayant un 2ème accès indépendant.
124
3. Un traçage au sol fluide et en mouvance guidera la danse des visiteurs avec de la musique et des projections. Le visiteur rencontra aussi les costumes et les instruments exposés.
7. Phase avant la transe : les scènes sont encore tracées par des plateformes vibratoires, des fumées d’encens, des bougies, des éclairages ponctuels sur le sol et le volume augmente. 8. Les patios avec les anciens scènel’imagebasses).(matelasaménagementsettablesRenforcerdel’anciennedansl’esprit.
125 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant Dar El Folklore reflète à la fois une image simple et modeste de l’art populaire tunisien, mais qui se distingue subtilement dans son contexte pour attribuer à cet art humble un nouveau caractère monumental valorisé. En s’inspirant à la fois du contexte médinal et de l’esprit dansant de notre folklore, nous allons offrir aux visiteurs des expériences variées entre l’authenticité originelle et l’écriture moderne de cet art. 4.3.4 Synthèse: El Mahfel:2ème Étage Brouva 1/2 Transe:
9. La transe, l’extase finale. Les 4 murs en mirroir effacent les limites de la pièce et donnent un effet de profondeur et d’illusion d’optique. La salle est envahie de fumée artificielle et d’encens, un éclairage central qui marque la scène collective en présence des LEDs colorées.
Figure.141: esquisses et ambiances du projet, Source: Auteure
Figure.142: Images du projet, Source: Auteure
127 CHAPITRE IV: El Halfaouine, le quartier chantant 4.4 cONcLUsION DU cHAPitre iv: La réintégration et la revalorisation du mezoued et des autres arts populaires dans le quartier El Halfaouine trouve son chemin dans la liaison entre le passé et le présent. Tout cela à travers la réinsertion des ambiances festives et chaleureuses de l’ancienne époque qui nous a imprégné une nostalgie et par l’invention d’une nouvelle rencontre avec les nouvelles générations d’artistes populaires, Nous avons essayé dans notre démarche de ponctuer de nouveau le quartier par plusieurs activités artistiques où nous sauvegarderons dorénavant des traces physiques, écrites et auditives de cet art.
C’est ainsi que l’intervention à l’échelle urbaine nous permettra de réanimer tout le quartier en y insérant des atmosphères festives et en impliquant tous les passagers dans le monde de l’art populaire. Retracer et réinterpréter l’époque folklorique d’antan, sont à notre regard, une étape primordiale qui assura le retissage culturel entre le passé, le présent et le futur d’un patrimoine immatériel intangible.
Notre travail a été focalisé certes sur une seule culture et un contexte bien spécifique. Mais notre démarche cherche concrètement à proposer une stratégie prototype qui permet de valoriser et conserver tout patrimoine culturel. A travers ce mémoire, nous tenons à donner de l'importance à nos cultures et à chercher à les valoriser, car c’est ce qui défini l’identité et la spécificité de notre pays.
Notrefolklorique.démarche conceptuelle est une inspiration de la particularité de cet art qui tend à reconnecter le corps et l’esprit tunisien à une spatialité folklorique. Cet art qui est une manifestation corporelle et musicale en dynamisme continu, chargé de sens, de vivacité et de mouvement. Il reflète ainsi l’âme de son quartier originel El Halfaouine qui risque aujourd’hui de perdre son identité culturelle.
OOcNcLUsiNgéNérALe
El Halfaouine, le quartier chantant, est un projet qui développe une réflexion qui touche à la fois l’échelle urbaine et architecturale au profit de la culture populaire. Dans ce processus, nous avons mené une lecture sensible de cette culture dans son propre contexte afin de comprendre ses différentes dimensions. Ceci nous a permis de définir une approche d’intervention qui injecte de nouveaux espaces et de nouveaux évènements dans le tissu urbain du Cettequartier.stratégie est accompagnée par une seconde intervention architecturale « Dar El Folklore ». Un monument qui tend à affirmer cette nouvelle valeur à l’égard de l’art populaire à travers l’expérimentation scénographique de la danse et de la musique
128
129 Figure.143: Halfaouine lyoum, Illustration personnelle
130 -Jacques Revault, « Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles) », France, éditions du centre national de la recherche scientifique, 1980 -Jellal Abdelkafi, « La médina de Tunis, espace historique », pesses du CNRS, 1989, 277p -Juliette Saloux, « À la recherche d’une architecture musicale : définitions de paramètres théoriques et concrets pour la conception d’une architecture musicale », Architecture, aménagement de l’espace. 2019 -Mohamed Zellama, « Espace extérieur urbain : Mémoire d’un territoire », mémoire d’architecture, ENAU, Tunis, 2009 -Zouheir Gouja, « Une tradition musicale de transe Afro-maghrébine « Stanbâli » », INT, Cahier des arts et traditions populaires, 11, p71-87 - Aline Ripert, « L'art populaire et ses images », Ethnologie française, nouvelle serie, T. 13, No. 3, De l'imagerie populaire contemporaine (juillet-septembre 1983), pp. 219-230 consulté le 10/05/2022 https://www.jstor.org/stable/40988773?origin=JSTOR-pdfsur - Benjamin Straehli, « Le son, un événement localisé dans le corps sonore ? », 2017 consulté le 6/02/2022 sur https://doi.org/10.4000/methodos.4731
méthodos,
•bibLiOgrAPHie Livres et ouvrages: articLes: 2019-سنوت ،نيدلا ءلاع ،ةيسنوتلا ةيبعشلا ةفاقثلا يف ةيقيرفلإا بساورلا ،يواوزلا نيمأ نونفلل يلاعلا دهعملا ،ةركاذ ،ةفقاثملاو فقاثتلا يترهاظ نيب سنوت يف ةيحكرلا ةيئانغلا نونفلا ايجولوطنأ، ةشب ريمس 2007سنوت ، ةليمجلا
- CAION MENEGUELLO NATAL, « Les artisans de la concorde : Remarques sur le Congrès des Arts Populaires de Prague (1928) », Brésil, 2021, Anais do Museu Paulista: História e Cultura Material, vol. 29, e52 consulté le 18-04-2022 sur : https://www. redalyc.org/journal/273/27365965054/html/#fn2
- Catherine Roseau, « Le corps dansant, un art de l’immatérialité », psychosomatique, relationnelle, 2013, n°1, 27p Chantal Grosléziat, « LE CORPS EN MUSIQUE », Spirale, 2010, 4, n° 56, p 89-93 Diana Ringel Érès , « LE CORPS DANS L'ESPACE », Insistance, 2015,1, n° 9, p 107-110
131 - Blanchette, J.-F, Marius Barbeau et l’authenticité de la tradition en art populaire. Rabaska, 2015, 13, 141–151. Sur https://doi.org/10.7202/1033757ar
- « Cahier des arts populaires », revue de centre des arts et des traditions populaires, Institut National d’Archéologie et des arts, Tunis, 1987, 204p
Emmanuelle Jardonnet, « Rochdi Belgasmi, le corps et l’esprit de la rue tunisienne Le jeune danseur et chorégraphe revisite l’étonnante histoire des danses traditionnelles du pays dans une « conférence performée », Le Monde, France, 2017 sur et-l-esprit-de-la-rue-tunisienne_5140113_3236.htmlwww.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/06/07/rochdi-belgasmi-le-corps-https:// - Gill José, « La danse, le cops, l’inconscient », Lisbonne, Terrain, 2000, p 57-74 consulté le 11/01/2022 sur https://doi.org/10.4000/terrain.1075 - Hafsi Bedhioufi, « Danse des hommes et transgressions sociales », Cultures et sociétés, 2010, p.93-101 - Hatem Bourial, « Nostalgies tunisoises : Bab Souika, comme vous ne le reverrez plus, Nostalgies », 2019, récupéré sur WEBDO nostalgies-tunisoises-bab-souika-comme-vous-ne-le-reverrez-plus/https://www.webdo.tn/2019/08/29/ -Houda Bair, « La première carte moderne de Tunis (1831-1832). Le travail de Fable en contexte », Politique, Culture, Représentations, 2009 consulté le 10/05/2022 sur https://journals.openedition.org/cybergeo/22716?lang=fr&file=1 -Jean Marc Lebeaupin, « Olivier Ratsi : Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière », 2021, consulté le 4/02/2022 sur lumiere-151390-2/03-15-olivier-ratsi%E2%80%89-heureux-soient-les-feles-car-ils-laisseront-passer-la-https://www.artsixmic.fr/2021- Joann W. Kealiinohomoku, « Folk dance », Britannica, Arizona, consulté le 18-042022 sur : https://www.britannica.com/art/folk-dance/Trends-into-the-21st-century
In: Lieux dits, Vol. 3, no.3, p. 3-4-5-6, 2012, sur http:// hdl.handle.net/2078.1/156027
132 - Julie Cattant, « Le corps dans l’espace architectural. Le Corbusier, Claude Parent et Henri Gaudin », Synergies Europe, 2016, n° 11, p 31-48
Maud Nicolas, « Ce que « danser » veut dire Représentations du corps et relations de genres dans les rituels de mariage à Tunis », Terrain, danse, France, 2000, p. 4156 consulté le 9/01/2021 sur file:///C:/Users/user/Desktop/lien%20articles/livre%20 en%20lignes/ce%20que%20danser%20veut%20dire.pdfMouradSakli,«Musiquetunisienneetuniverssonoreau
-Leila Ammar, « Les enjeux du patrimoine ancien et récent à Tunis aux XIXe et XXe siècles, entre volontés de sauvegarde et périls », Al-Sabîl : Revue d'Histoire, d'Archéologie et d'Architecture Maghrébines [En ligne], n°3, Année 2017 sur http://www.al-sabil.tn/?p=2877
« Les danses tunisiennes », Vitrifolk, Divers, consulté le 6/02/2022 surLehttp://www.vitrifolk.fr/divers/divers-tunisie-danse-tunisienne.htmlTemps,«FidélitéàlamémoireRencontreavecSoniaChamkhi, suite à la sortie de son film documentaire « L'Art du Mezoued » », 30/12/2010 surLheureux,https://www.turess.com/fr/letemps/51466Charlotte.Danserl'architecture.
XXIème siècle », consulté le 10/05/2022 sur file:///C:/Users/user/Desktop/lien%20articles/livre%20en%20lignes/ si%C3%A8cle.pdfMusique%20tunisienne%20et%20univers%20sonore%20au%20XXI%C3%A8me%20 - « Mùsica Oral Del Fur », Revue internationale, 1995 consulté le 10/05/2021 folklorique%20tunisienne.pdffile:///C:/Users/user/Desktop/lien%20articles/livre%20en%20lignes/danse%20sur -Pierre Godo, « l’architecture et le corps », Association Le Lisible et l'illisible, Le Philosophoire, 1999, 1, n° 7, pages 43 à 54 -Tunisie : l’art du mezoued, une histoire méconnue, Nawaat, culture, publié le 12-082010, consulté le 18-04-2022 sur : https://nawaat.org/2010/08/12/lart-du-mezouedune-histoire-meconnue/ -Patrik Lynch, « Steven Holl and Jessica Lang’s “Tesseracts of Time” Explores the Relationship Between Architecture and Dance », Archdaily, 2016 consulté le 3/03/2022 sur langs-tesseracts-of-time-explores-the-relationship-between-architecture-and-https://www.archdaily.com/797079/steven-holl-and-jessica-
133 - CAUE de la Haute-Garonne, « In situ, In corpore - L'architecture en dansant », 2017 consulté le 3/03/2022 sur https://www.youtube.com/watch?v=0Cu2x3apu0I&t=134s - Hichem Ben Ammar, « Cafichanta », Ulysson, 1998, trailer sur : https://www. youtube.com/watch?v=7YYFmdZa420&t=1s - SCI-Arc Channel, « Claude Parent : Visionary architect », 2020, consulté le 18/01/2022 sur https://www.youtube.com/watch?v=QI4sk4Syuaw&t=122s - Sos Art, « 13- Art histoire d'une idée. Septième partie : l'art populaire », 2015 consulté le 14/02/2022 sur https://www.youtube.com/watch?v=z0QYaoAhgFw&t=355s pu0I&t=134s - Tunisieco , « Kafichanta en Tunisie – 1960 », consulté le 20/11/2021 sur https://www. youtube.com/watch?v=KHYvhnu1HOA - 32BNY, « Dance with Architecture Jessica Lang », 2016 consulté le 3/03/2022 sur https://www.youtube.com/watch?v=Vi7CPHY9KQM&t=266s vIdéographie: ىلع ،)2018( ،يبرعلا تايقئاثو | ةيسنوتلا نوجسلا ديشن .. يلادنزلا https://www.youtube.com/watch?v=-f4IQ-JxkJs،يبرعلا
134 •tAbLe Des mAtIères INtrODUctiON 8 PrObLémAtiqUe 10 métHODOLOgie 12 1. LA DANse, UNe trAce sPAtiALe 15 1.1 Le corPs architecturaL 16 1.1.1 Naissance de la relation corps-espace 16 1.1.2 La relation corps-espace selon le MODULOR 18 1. Le corps humain, une source d'inspiration de Le Corbusier 19 2. L'esprit dans la relation corps-espace 20 3. La promenade architecturale, une expérience dynamique 21 1.1.3 La relation corps-espace selon la FONCTION OBLIQUE 22 1. La théorie de la fonction oblique 22 2. « Vivre l'oblique » maison de Claude Parent 24 1.1.4 Synthèse 25 1.2 Le corPs dansant 26 1.2.1 Définir la danse 26 1.2.2 La vibration du corps dansant 27 1. Le corps en mouvement 27 2. Le corps sonore 29 1.2.3 La danse, une langue spirituelle universelle 30 1. La danse comme un langage universel 30 2. La danse comme un langage sensible et intime 20 3. La connexion danseur-spectateur due à la relation corps-esprit 32 1.2.4 Synthèse 33 1.3 L'architecture, une MétaPhore artistique 34 1.3.1 L'interprétation corporelle des gestes architecturaux 35 1.3.2 Habiter l'espace par la danse 36 1. L'espace réel 36 2. L'espace imaginaire 37 1.3.3 Synthèse 40 1.4 concLusion 41 2. Le FOLkLOre tUNisieN, UNe métAPHOre FiLée 43 2.1 Le foLKLore entre authenticité et doMinance 44 2.1.1 Notion du folklore 44 1. Définition 44 2. L'art populaire 44 2.1.2 Valeurs et symboliques du folklore 44
135 1. Authenticité du folklore populaire 45 2. Dominance de l'artiste folklorique 46 2.1.3 Synthèse 47 2.2 La PhiLosoPhie ethnique du foLKLore tunisien 48 2.2.1 Contextes et origines 48 1. L'art populaire rural 48 2. L'art populaire citadin 48 2.2.2 Reflet de la musique populaire 50 1. Une musique mélancolique 50 2. Une musique sociale 50 3. Une musique festive 52 3. Synthèse 52 2.2.3 Reflet de la danse populaire 53 1. La danse des femmes, une danse rebelle 54 2. La danse des hommes, une danse virile 55 3. La danse populaire dans son rapport corps-espace 56 2.2.4 L'atmosphère des lieux du mezoued 57 1. Mise en scène de l'atmosphère spatiale 57 2. Expérience atmosphérique de la transe 58 2.2.5 Synthèse 60 2.3 concLusIon 61 3. Le FOLkLOre tUNisieN, UNe cULtUre FrAgiLisée 63 3.1 La racine foLKLorique, un contexte MédinaL 64 3.2 facteurs du décLin de L'art du Mezoued 66 3.2.1 Effet de la télévision 66 3.2.2 Réaménagement du quartier Bab Souika- El Halfaouine 68 3.2.3 La mutation spatio-culturelle 72 1. Les transformations vécues par les espaces d'art populaire 72 2. Les traces vivantes du mezoued 76 3.3. une nostaLgie racontée Par Les récits de vie 78 3.3.1 L'importance des récits de vie 79 1. L'espace aux yeux des artistes 80 2. L'aspect nostalgique des artistes 81 3.3.2 Histoire valorisée à travers le cinéma 82 3.3.3 Synthèse 82 3.4 concLusion 83 4. eL HALFAOUine, Le quartier chantant 85 4.1 Identité urBaine et sPatiaLe d'eL haLfaouine 86 4.1.1 Lecture analytique du quartier El Halfaouine 86 1. Accessibilité 86 2. Flux importants 86
136 3. Identité médinale du quartier à travers son plein et son vide 87 4.1.2 Fonctions du quartier 88 4.1.3 Lecture sensible du paysage urbain 90 4.1.4 Synthèse 95 4.2 stratégie de L'intervention urBaine 96 4.2.1 Le Musée Urbain, Tony Garnier à Lyon 96 1. Objectifs du projet 96 2. Concept général 97 3. Concepts retenus 99 4.2.2 La ruelle d'or, Prague 100 1. Aperçu historique 100 2. Concept général 101 3. Concepts retenus 101 4.2.3 Éveil urbain par des scènes dansantes: Le quai Saint-Bernard, Paris 102 1. Evolution historique 102 2. Scènes de danses 102 3. Concepts retenus 103 4.2.4. Intervention sur le quartier El Halfaouine 104 1. Démarche conceptuelle 104 2. Développement d'un Agenda Culturel 105 3. Une stratégie globale: Vers une réanimation du quartier 106 4. Réaménagement de la placette 108 4.2.5 Synthèse 110 4.3 stratégie de L'intervention architecturaLe 111 4.3.1 Réinterprétation du langage traditionnel 111 1. Présentation du projet 111 2. Choix conceptuels 112 3. Concepts retenus 99 4.3.2 La lumière, un aspect expérimental 114 1. Heureux soient les fêlés, Olivier Ratsi 114 2. Ton ombre certaine 116 4.3.3: Dar EL FOLKLORE 118 1. Présentation du terrain 118 2. État du lieu 119 2. Démarche conceptuelle 120 4. Esquisse du projet 123 4.3.4 Synthèse 125 4.4 concLusIon 127 cONcLUsiON géNérALe 128 bibLiOgrAPHie 130 tAbLe Des FigUres 137
91, Illustration personnelle 51
33
personnelle 34
imaginaire, Illustration personnelle 37
Reflet de la danse populaire: 53 Figure.43: La danse du bassin, Illustration personnelle 54
Danse des hommes, Illustration personnelle 56
Ascendance de la transe, Illustration personnelle 59
31
le corps architectural, Illustration personnelle 41
EL Mahfel, Dessin de Zoubair Turki 52
Zandali, Illustration personnelle 50
Troupe nationale des arts populaires, Source: اهديصرو اهتريسم ةيبعشلا نونفلل ةيموقلا ةقرفلا ،نولبد يداهلا دمحم
24
23
Atmosphère de la transe, Illustration personnelle 58
16
Folklore tunisien, Illustration personnelle 42
hda, Captain America against Hitler sur Faberfort 46
sur Over blog 39
38
21
Richesse du genres, Illustration personnelle 49
Instruments,
22
Danse Afro, Illustration personnelle 47
du travail, Illustration personnelle 46
39
Auteure 48
Rboukh, Source: Collage personnel des Photos de Rochdi Belgasmi 55
1950 18
Authenticité folklorique, Illustration personnelle 45
Danse populaire , espace réel/ imaginaire, Illustration personnelle 54
Évolution de la scène du mezoued, Illustration personnelle 57
vidéo 35
23
137 •tAbLe Des FIgUres Figure.1: Danse-Chant, Illustration personnelle 9 Figure.2: La danse, une trace spatale, Source: Merve Ozaslan: Exercce de style 14
30
25
26
27
20
29
19
17
20
Photo-montage extrait de
Noon en
Figure.3: Le corps architectural et le corps de l'Homme, Illustration personnelle Figure.4: L'architecture primitive, Illustration personnelle Figure.5: Modulor, le Corbusier, couverture de l'édition française Figure.6: Corporalité rigide, Illustration personnelle Figure.7: Esprit, Source: Federico Fellini Figure.8: West Side Story rehearsal, Source: PhilStern,Rita Moreno, Figure.9: Images de La Villa Savoye, Source: Archdaily Figure.10: Dessin de Claude Parent, Source: Livre PARENT, C., ENTRELACS DE L'OBLIQUE Figure.11: Coupe Claude Parent, Source: Philippe Migeat-Pompidou Figure.13: La vague, Source: Extrait de C. Parent Figure.12: Forum, Source: Extrait de C. Parent Figure.14: Images de la table de dîner de C.Parent, Source: Vidéo: l'exposition Claude Parent: Visionnary Architect. Figure.15: Synthèse le corps architectural, Illustration personnelle Figure.16: Le corps en mouvement, illustration personnelle Figure.17: Le corps en mouvement, illustration personnelle Figure.18: Corps sonore, Illustration personnelle Figure.19: Danse émotionnelle, Source: Jack Devant Figure.20: Synthèse le corps architectural, Source: Barebaitdance.org Figure.21: Esprit dansant, Source: Josephine Cardin Figure.22: Relation avec le spectateur, Illustration personnelle Figure.23: Architecture métaphorique, Illustration Figure.24: J'ai dansé l'architecture, la Figure.25: L'espace réel, Illustration personnelle Figure.26: L'espace Figure.27: Tesseract of time, Source: Steven Holl Figure.28: Usine, Source: publié par Dark 2017 dans Escapades Figure.29: Incorpore, Illustration personnelle Figure.30: Synthèse Figure.31: Figure.32: Figure.33: Hymne Figure.34: Figure.35: Figure.36: Source: Figure.37: Figure.38: Figure.39: Figure.40:Nouba Figure.41: Figure.42: Figure.44: Figure.45: Figure.46: Figure.47: Figure.48: Figure.49:
22
36
32
138 Figure.50: Concepts retenus CHAP 2, Illustration personnelle 60 Figure.51: Artiste populaire, Source: Auteure 62 Figure.52: Médina , Source: Jellal Abdelkafi, "La médina de Tunis, espace hstorique" 64 Figure.53: Souk El Attarine , Source: Nicolas Fauqué 64 Figure.54: Shéma de l’organisation urbaine de la médina de Tunis en 1860, Source: Jellal Abdelkafi, «La médina de Tunis, espace historique», pesses du CNRS, 1989, p 51 65 Figure.55: Télévision tunisienne, Source: Hatem Bourial, «Nostalgies:Lestempshéroïquesdelatélévision», sur Webdo.tn 66 Figure.56: Effet de la TV, Source: fr.sott.net 67 Figure.57: Bab Souika d'antan, Source: Wikipédia 68 Figure.58: Plan de situation, Source: Jellal Abdelkafi, «La médina de Tunis, espace historique», pesses du CNRS, 1989, p 180 69 Figure.59: Bab Souika-Halfaouine en travaux, Source: Illustration personnelle 71 Figure.60: Plan de l'état actuel, Source: ASM 72 Figure.62: Spéctacle au palais Khaznadar, Source: auteure 73 Figure.61: placette El Halfaouine, Source: auteure. 73 Figure.63: Bab Souika, Source: Photo de Jacques Pérez 74 Figure.64. Source: Film Cafichanta 74 Figure.65. 74 Figure.66. 74 Figure.67: Maison traditionnelle, Source: auteure. 75 Figure.68: Des maisons de mezoued et de stanbeli abandonnées, Source: auteure 75 Figure.69: Makhzen, Source: Extrait du feuilleton Tunisien «Chwereb» 75 Figure.70: Boutiques à l'époque, Source: Film Cafichanta 76 Figure.71: Boutiques abandonnées, Source: auteure 76 Figure.72: Bab Lakouas, Source: Auteure 77 Figure.73: Nostaligie, Illustration personnelle 78 Figure.74: l'Artiste Mohamed Azouz, Source: Film CAFICHANTA 80 Figure.75: Hammadi Ben Sassi, Source: Film CAFICHANTA 80 Figure.76: l'Artiste Lamine Elwechtati, Source: Film CAFICHANTA 81 Figure.77: l'Artiste Taher Bouborj, Source: Auteure 81 Figure.78: Le quartier chantant, Illustration personnelle 85 Figure.79: Accéssibilité au quartier, Source: Snazzy Mapp. 86 Figure.80: Flux du quartier, Source: Snazzy Mapp. 86 Figure.81: Dégagement, Source: Auteure. 87 Figure.82: Plein, vide, Source: ASM. 87 Figure.84: Densité urbaine, Source: Auteure. 87 Figure.83: Placette, Source: Auteure. 87 Figure.85: Fonctions du quartier, Source: ASM 88 Figure.86: Photos des différentes fonctions du quartier, Source: Auteure 89 Figure.87: Moments urbain, Source: ASM+ auteure 90 Figure.88: Mouvements urbain, Source: Auteure 90 Figure.89: Ruelles calmes, Source: Auteure 91 Figure.90: Ornementation, Source: Auteure 91 Figure.91: Photos du marché, Source: Auteure 92 Figure.92: Appropriation de l'espace Source: Auteure 93 Figure.93: Photos de la placette, Source: Auteure 93 Figure.96: placette: point de connexion, Source: Auteure 94 Figure.94: Noyau, Source: Auteure
94
126
Figure.101: Fresques de Tony Garnier, Source: MadameBougeotte.com 98 Figure.102: Map de Tony Garnier, Source: MadameBougeotte.com 98 Figure.103: Concepts retenus Ref1, Source: Auteure 99 Figure.105: Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque D'Images 100 Figure.104: Château de Prague, Source: Flickr 100 Figure.106: Reconversion-Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque D'Images 101 Figure.107: Boutique Ruelle d'or, Source: Hercules Milas / Alamy Banque D'Images 101 Figure.108: Concepts retenus REF 2, Source: Auteure 101 Figure.109: Localisation du quai Saint-Bernard, Source: Snazzymap 102 Figure.110: Les scènes de danses, Illustration personnelle 102 Figure.111: Les soirées de danses, Source: Paris Info 103 Figure.112: Une soirée d'été, Source: Nour Karray 103 Figure.113: Concepts retenus REF 3, Source: Auteure 103 Figure.114: Approche urbaine, Source: Auteure 104 Figure.115: Agenda culturel, Source: Auteure 105 Figure.116: Transformations urbaine, Source: Auteure 107 Figure.117: Placette, Source: ASM+Auteure 108 Figure.118: Croquis conceptuels de la Placette, Source: Auteure 109 Figure.119: Esquisse placette, Source: Auteure 110 Figure.121: Rabat, Source: Google maps 111 Figure.120: Musée d'art moderne, Source: Sortir mag 111 Figure.122: Extérieur du Musée, collage personnel 112 Figure.123:Concept du Musée, Source: Auteure 112 Figure.125: Concepts retenus REF, Source: Auteure 113 Figure.124: Intérieur du Musée, Facebook Musée d'art moderne Mohamed VI 113 Figure.126: Photos de Heureux soient les fêlés, Source: Gaite-lyrique.net 114 Figure.127: Expo Heureux soient les fêlés, Source: Nour Karray 114 Figure.129: Heureux soient les fêlés, Source: Gaite-lyrique.net 115 Figure.128: Plan Heureux soient les fêlés, Source: https://gaite-lyrique.net/storage/2021/06/04/ heureuxlesfeles-ratsi-feuilledesalle-2021-06.pdf Figure.130: Photos de Ton ombre certaine, Source: Olafur Eliasson 116 Figure.131: Plan masse de Dar El folklore, Source: ASM + auteure 118 Figure.132: Photos et relevés du site, Source: auteure 119 Figure.133: Dar El folklore et voisinage, Source: auteure 119 Figure.134: 1ere volumétrie, Source: auteure 120 Figure.135: etalement de façade, Source: Auteure 120 Figure.136: Phases de recherche volumétrique, Source: Auteure 121 Figure.137: Programme quantitatif, Source: Auteure 122 Figure.138: Parcours expérimental, Source: Auteure Figure.139: Image de projet, Source: Auteure 123 Figure.140: esquisses et ambiances du projet, Source: Auteure 124 Figure.141: esquisses et ambiances du projet, Source: Auteure 125 Figure.142: Images du projet, Source: Auteure Figure.143: Halfaouine lyoum, Illustration personnelle
Figure.95: Limites de la placette, Source: Auteure 94 Figure.97: synthèse analyse urbaine Source: Auteure 95 Figure.98: Emplacement du musée Tony Garnier, Source: Snazzymap 96 Figure.99: Cité des Etats-Unis, rue de Serpollières, vers 1930, Source: Lyon-France.net 97 Figure.100: Tony Garnier, Source: MadameBougeotte.com 97
139
115
129
123
El Halfaouine, le quartier chantant, se présente alors comme un projet prototype, cherchant à faire revivre tout patrimoine culturel sans traces tangibles. Mots clés : El Halfaouine, art populaire, folklore tunisien, patrimoine culturel, mémoires et souvenirs •Résumé
Dans le Rbat Bab Souika-Halfaouine, un art populaire festif marquait les années soixante. A travers le chant et la danse folkloriques, les Tunisiens incrustaient des ambiances spatiales exceptionnelles dans les lieux du quartier.
Cet art demeure aujourd'hui une preuve du déclin d'une culture populaire, d'une menace patrimoniale immatérielle attristant ses admirateurs. Ceci présente des répercussions néfastes à la fois sur l’art et sur ses espaces de pratiques.
Par conséquent, afin de faire renaître cette culture folklorique nous serons dans la logique d’une intervention qui touche autant l’échelle urbaine qu’architecturale du quartier avec une réflexion qui se base sur les ambiances spatiales pour les évènements artistiques populaires.
Dans le but de revaloriser une telle culture avec peu de traces écrites, une approche socio-spatiale nous permettra d’analyser les facteurs de changements vécus par El Halfaouine, à travers un retour aux années post-coloniales racontés par les souvenirs des '' Wled el Rbat''.