MPAKA SARY

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Place du 13 mai. « Une p’tite photo souvenir devant le jardin

Et pourtant la photo qui en résultera sera parfaite; exposition

m’sieurs, ‘dames ? »

et maîtrise de l’intensité du flash impeccable. Et cela, grâce au

C’est ainsi que les badauds sont interpelés aux abords des

jugé et à l’expérience !

lieux touristiques comme celui-ci, dans le centre ville d’Anta-

Le photographe demande ensuite au client une avance sur

nanarivo, la capitale de Madagascar.

le prix de la photo, pour être sûr que ce dernier revienne le

La Place du 13 Mai sur l’avenue de l’Indépendance est un des

lendemain récupérer son tirage. Ainsi le cliché lui sera ven-

endroits les plus fréquentés de Tana. Boutiques, restaurants,

due entre 1000 et 2000 ariary (entre 50 centimes et 1 euros

salons de thé ou hôtels composent le décor de ce perpétuel

environ). Le salaire moyen à Madagascar étant d’1 euros par

théâtre de rue où se mêlent promeneurs, touristes Mala-

jour, on peut presque conclure que ce travail peut rapporter

gasy ou étrangers, pickpockets, vendeurs de cigarettes, de

gros. « Mais pour ça, il faut être courageux et malin ! » explique

bonbons, de beignets, de téléphones portables, de bijoux, de

Dana, 34 ans, père de deux jeunes enfants et photographe

montres,... bref tout ce qui peut se vendre et s’acheter.

de rue depuis 4 ans. « Moi, j’ai en général entre 10 et 15 clients

Parmi cette population adepte du système D, se trouve une

par jour. Avec ma femme qui travaille comme vendeuse dans un

catégorie de personnes équipées d’appareils photo qui ar-

magasin, on ne s’en sort pas trop mal. »

pentent la place de long en large et du matin au soir. Hugues,

Mais la concurrence est rude.

Johnny, Mme Marthe, Andry, Dana,...sont des photographes

Rien que sur la Place du 13 Mai, les photographes sont une

de rue , des mpaka sary *. Ils prennent en photo toutes per-

trentaine. Tous sont professionnels et ont dû payer une

sonnes désireuses d’avoir son souvenir sur la Place du 13 Mai

patente à la mairie pour pouvoir exercer leur métier. Mais

et leur vendent le cliché. La technique est simple : on aborde

d’autres personnes munis d’appareils photos s’ajoutent à la

une personne qui passe; si elle accepte on la prend en photo.

foule. Ils ne sont pas professionnels. Ce sont des étudiants,

Le photographe n’a pas droit à l’erreur, la pellicule est chère

des chauffeurs de taxi, parfois même des fonctionnaires qui

et chaque pose a donc un prix. Les appareils sont en mauvais

viennent se mélanger aux autres photographes pour arrondir

état, les cellules intégrées de mesure de lumière sont toutes

leur fin de mois. « C’est pas bon pour nous, c’est des clandestins,

HS, les objectifs sont cabossés.

ils nous prennent notre business » déplore Dana.


Depuis quelques temps des appareils photo numériques bon marché ont fait leur apparition et petit à petit, chacun est en mesure de se prendre soi-même en photo... et de se passer des services d’un photographe. Dana sent que le vent va tourner d’ici quelques années : « L’argent est de plus en plus difficile à gagner dans ce business. Je vais devoir trouver un autre boulot bientôt... ». RIJASOLO

* Mpaka Sary : littéralement preneur d’image

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© Rijasolo 2009 (textes et photographies) «MPAKA SARY» a été réalisé en mai 2007 à Antananarivo (Madagascar).

Contact auteur : (+33) 0603600417 France rija@rijasolo.com rijasolo@riva-press.com www.rijasolo.com www.riva-press.com



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