Rim Rachdi - mémoire de fin d'études : Logement intermédiaire groupé (2016)

Page 1



A mes parents et ma sœur pour toutes les belles choses qui pourraient remplir un livre bien plus volumineux que celui-ci.



Remerciements Je tiens à travers ces quelques mots à remercier Madame Alia Sellami Ben Ayed, ma directrice de mémoire pour avoir aimablement accepté d’encadrer ce mémoire. Qu’il me soit permis à travers ce travail de vous exprimer mon profond respect et de vous témoigner mon estime et ma vive reconnaissance.

Je remercie madame Monia Rachdi pour la correction linguistique de ce mémoire.

Je remercie mes parents pour toutes les leçons de vie. Je remercie également tous les membres de ma famille pour leurs éternels encouragements.

Enfin je remercie mes amis pour les moments de joie et de rires que nous avons partagés lors de l’élaboration de nos rapports de mémoires respectifs.


Sommaire




"Toutes les belles valeurs architecturales sont des valeurs humaines, sinon pas de valeurs." - Frank Lloyd Wright –


Introduction Le thème de l’habitat ne cesse de susciter de l’intérêt car il se trouve au cœur des questionnements de la société contemporaine. En effet cette dernière fait face à plusieurs problématiques concernant le logement comme l’accessibilité à un lieu de vie abordable financièrement et répond aux différents besoins de ses utilisateurs. En premier lieu, pour comprendre ce qu’est un lieu de vie, il faut comprendre le comportement de l’utilisateur de l’espace dans ce lieu pour mieux cerner ses besoins et ses envies, c’est à ce moment qu’intervient l’architecte pour faire naître des espaces qui soient à la fois fonctionnels mais aussi adaptables, flexibles et durables. L’habitat se définit alors non seulement par sa présence physique comme lieu de vie, de protection et de sécurité, en tant que « carapace de la famille » mais aussi, par son caractère immatériel et par le vécu de ses habitants. Aujourd’hui la Tunisie voit s’accroitre dans ses grandes villes un nouveau phénomène, celui de l’étalement urbain qui est la cause de la raréfaction des terrains. Cet étalement a plusieurs impacts négatifs tout d’abord sur la vie des habitants, ensuite sur la ville elle-même. Il crée en effet un éloignement des usagers de leurs lieux de travail ainsi que des centres et des quartiers de commerces. En conséquence de cet éloignement, la problématique de la mobilité des habitants entre en jeu, en effet l’automobile et les transports en commun sont plus sollicités, ce qui engendre un accroissement de la pollution de la ville et un inconfort des habitants. Le logement alors comme lieu garantissant l’intimité et la sécurité n’est plus aussi accessible et facile à acquérir qu’auparavant. La raréfaction des terrains constructibles, la hausse des prix de vente et celle des matériaux de construction ainsi que l’accélération du rythme de vie font que les gens s’orientent de plus en plus vers les solutions d’habitations groupées, qui ____ 7


offrent une facilité de gestion et des prix abordables. Ce mode d’habiter commence à prospérer dans certaines villes d’Europe où les acteurs politiques et sociaux ont compris l’importance du regroupement des logements d’un point de vue écologique et durable tout d’abord et aussi d’un point de vue socio-culturel. L’habitat groupé se base sur le partage d’un espace de vie qu’on pourrait comparer à un micro village où les relations de voisinage sont importantes et où en même temps chacun peut profiter de l’individualité que lui offre son logement. Il y a donc une nécessité de garantir un double aspect privé et public dans une époque où la mixité sociale est au premier plan. Cet habitat groupé, dit intermédiaire favorise donc les liens sociaux tout en protégeant l’intimité et l’individualité de chacun. Il se présente comme énergétiquement sobre et durable. Il s’agit alors là de concevoir une architecture qui met l’homme et l’environnement au centre de la réflexion, sans prétention – une architecture sobre, digne et respectueuse de la place de l’homme et de la nature, une architecture plus adaptée aux exigences de notre société, énergétiquement consciente, saine et qui privilégie le lien social.

____ 8


Problématique

L’habitat intermédiaire groupé se présente comme un garant de la mixité sociale et fonctionnelle, de la durabilité et d’une qualité de vie appropriée à la société contemporaine. Cette société est définie par un rythme de vie effréné, une constante envie de changement et une mutation rapide des goûts et des besoins. Dans cette société multiculturelle et multigénérationnelle, chaque individu a besoin à la fois de s’affirmer et de trouver sa place en tant qu’être à part entière et aussi de se sentir en cohésion et en immersion avec le reste de la société. C’est pour cela que le processus d’urbanisation et de l’évolution de la ville ne peut pas se faire sans prendre en considération l’interaction entre la morphologie sociale1 et la morphologie urbaine2. La société étant en permanente évolution et mutation, l’habitation doit elle aussi être apte à s’adapter et à changer en fonction de ses habitants tout en maintenant un environnement vivable et qui convient à toutes les générations.

 Comment concevoir un projet architectural d’habitations groupées dans un milieu dense tout en gardant les qualités spatiales d’une maison individuelle ?

1

Emile Durkheim à propos de la morphologie sociale “La vie sociale repose sur un substrat qui est déterminé dans sa forme comme dans sa grandeur. Ce qui le constitue, c’est la masse des individus qui composent la société, la manière dont ils sont disposés sur le sol, la nature et la configuration des choses de toutes sortes qui affectent les relations collectives.” 2

La morphologie urbaine est l'étude des formes urbaines. La morphologie urbaine vise à étudier les tissus urbains au-delà de la simple analyse architecturale des bâtiments et à identifier les patterns et structures sous-jacents

____ 9


Méthodologie Ce mémoire aborde le thème de l’habitat et de l’habitabilité. Pour comprendre ce thème et aboutir à la conception d’un projet architectural, il est indispensable de l’étudier sous ses différents angles à travers une recherche bibliographique, un étalement de l’histoire de son évolution en Tunisie,

des

exemples

de

réalisations

ainsi

qu’une

proposition

architecturale d’application. Dans un premier temps nous nous intéresserons à l’évolution du concept de l’habitat intermédiaire groupé en Tunisie en rappelant ce qui a été fait aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. Nous parlerons en effet des opérations de reconstruction de la Tunisie ainsi que de l’état actuel des choses pour finalement parler de ce qu’est l’habitat intermédiaire groupé et de ses principes architecturaux. Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur les réflexions de quelques architectes sur le sujet. Nous mentionnerons donc la réflexion du Corbuiser et du groupe des team X autour de la question de la vie communautaire au sein d’un groupement d’habitat, nous exposerons aussi la réflexion de Rem Koolhaas ainsi que celle de Moshe Safdie autour de la densité d’un habitat intermédiaire groupe et finalement nous parlerons de la réflexion d’Alejandro Aravena tout juste lauréat du Pritzker Prize autour de la question de la durabilité du logement. Dans une troisième partie, nous analyserons quelques projets de références que nous trouvons en accord avec le thème que nous traitons. Cette analyse se fera en s’appuyant essentiellement sur le vécu des habitants, une notion clé dans la conception d’un projet d’habitat. Nous nous focaliserons aussi sur la typologie des bâtiments ainsi que la relation entre les espaces privés et publics. Finalement, dans la quatrième partie de ce mémoire, nous proposerons une approche conceptuelle d’un projet d’architecture dans un site choisi, en utilisant les dispositifs architecturaux de référence que nous aurons extraits de l’analyse en troisième partie.

____ 10





Introduction

La notion d’habitat intermédiaire groupé en Tunisie est une notion relativement nouvelle, elle s’est développée essentiellement aux lendemains de la deuxième guerre mondiale pour répondre à de nouveaux besoins de la société. Dans cette première partie, nous allons retracer l’évolution de l’habitat groupé en Tunisie à travers quelques exemples de l’histoire au lendemains de la deuxième guerre mondiale pour aboutir à l’état actuel des choses et finalement essayer de définir ce qu’est l’habitat intermédiaire groupé et ses principes.

____ 12


Les opérations de recasement et de reconstruction 1-1 Années 43 - 56 : La reconstruction de la Tunisie Aux lendemains de la 2ème guerre mondiale, la priorité en Tunisie était à la reconstruction du pays, car en plus de la destruction, un phénomène d’exode rural s’amorçait vers les villes. C’est alors que Bernard Zehrfuss est nommé architecte en chef des services d’architecture et d’urbanisme. Zehrfuss et ses assistants dont Jacques Marmey produisent une architecture qui oscille entre modernité et retour aux traditions du pays. Ils mettent au point le modèle de «la maison minima Tunisienne » qui servira de référence à d’autres réalisations. Il s’agit d’une transposition de la maison rurale à patio : des pièces longues et étroites disposées autour d’une cour centrale,

carrée

ou

rectangulaire. La distribution se faisait soit par le patio, soit par la périphérie des pièces adjacentes.

Quant

aux

services, ils étaient situés près de l’entrée comme dans

Figure 1 : Maison « Minima » - Bernard Zehrfuss et Jason Kyriacopoulos

les maisons traditionnelles.

____ 13


Figure 2 : plans de la maison minima

Le modèle offrait la possibilité d’ajouter de nouvelles pièces, ce qui lui donnait le caractère évolutif. Parmi les réalisations de ce groupe nous pouvons citer la cité des Andalous à Bizerte que nous présentons ci-après. La cité des Andalous à Bizerte de Le Couteur Il s’agit d’un groupe de 33 logements conçus par l’architecte Jean Le Couteur et bâtis sur un terrain municipal situé entre la route de Sidi-Salem et la route de la corniche. En tenant compte des dimensions restreintes du terrain et du prix élevé du mètre carré, l’architecte a dû chercher des solutions

convenables

et

adaptées dont l’utilisation d’une assez

grande

densité

pour

Figure 3 : plan de la cité des andalous

employer au mieux le terrain, conserver le principe de la distribution autour d’un patio, exploiter la pente du terrain afin d’offrir la vue sur la mer à tous les habitants et enfin aménager dans la composition d’ensemble des éléments de vie indispensables comme des boutiques, des écuries, un café maure…

____ 14


o Typologie

Figure 4 : façades de la cité des Andalous Au rez-de-chaussée -

Une entrée en chicane avec un escalier donnant accès à l’étage.

-

Une cour patio donnant accès à une ou deux chambres et à une

autre cour couverte et séparée de la première par un claustra. -

La deuxième cour dessert la cuisine et la

buanderie. A l’étage -

Deux chambres et une assez grande terrasse donnant suivant le cas

sur le patio ou sur la rue ; à travers un claustra.

1-2 Année 56 - 70 : premières stratégies nationales de l’habitat L’exode rural, a un impact négatif sur les grandes villes. En effet, en l’absence d’une politique d’habitat conséquente, l’exode rural a entrainé la densification des gourbivilles. C’est alors qu’en 1957, la Société Nationale de l’immobilier (SNIT) est créée dans le but « d’intervenir sur la gestion du patrimoine municipal et la construction de logements sociaux. »1 Pendant cette période post indépendance, les défis de la Tunisie sont grands. Il faut répondre à plusieurs demandes, dont l’organisation du territoire, l’équipement des nouveaux quartiers, le relogement des habitants des gourbivilles.

1

Leila Ammar : archibat n°30 – 50 ans d’architecture en Tunisie.

____ 15


La cité Ibn Khaldoun en périphérie de Tunis

En 1968-69, la Tunisie entreprend de réaliser un projet d’habitation d’une grande importance. C’est la cité Ibn khaldoun, construite en périphérie de Tunis. Ce projet était destiné au relogement

des

populations

des

«gourbivilles». Réalisé par la SNIT (Société Immobilière de Tunisie), ce quartier

de

5000

logements

était

structuré en « unités » et « centres » de voisinages reliés par de larges avenues.

Figure 5 : Plan de situation de la cité Ibn Khaldoun

La présence de rues piétonnes et de patios faisait référence au langage architectural arabo-islamique.

La SNIT s’est alors fixé parmi

les

choix

urbanistiques à adapter dans ce projet, la création d’une

nouvelle

c’est-à-dire

un

médina, espace

réconciliant traditions et modernité. Figure 6 : croquis d’une voute en façade d’un logement

____ 16


Le concepteur fait de ce projet un habitat intermédiaire entre le collectif et l’individuel. Il puise son inspiration non seulement dans l’architecture de la médina, précisément dans la maison traditionnelle à patio mais aussi dans la villa européenne standardisée. Il crée ainsi un prototype simple sans décoration inutile, il s’autorise cependant quelques éléments de décoration sur la façade afin d’éviter la monotonie.

Figure 7 : vue en façade de quelques logements

o Typologie de l’habitation Il s’agit d’un logement sur trois niveaux favorisant la densité urbaine et permettant en même temps une individualité du logement en offrant des accès indépendants à chaque habitant. « Il est une ‘’version moderne’’ de la maison à patio qui présente un front continu sur rue. C’est un modèle évolutif qui « autorise l’extension des surfaces habitables par autoconstruction ».2 Les habitations sont organisées selon un stéréotype des opposés ; jour/nuit, parents/enfants, privé/public… et selon une logique de la maison traditionnelle à patio, en empruntant le concept de la skifa qui assure un rôle de transition entre le public et le privé et qui assure l’intimité de la maison. Le patio traditionnel est aussi présent servant de cour centrale à la maison.

2

Olfa Ben Medien. «Le modèle médinal dans la production des cités et du logement social à Tunis». URBAMAG, Les médinas et ksours dans la recherche universitaire, 24 novembre 2006, http://www.urbamag.net/document.php?id=161.

____ 17


Des espaces plus « modernes et européens » sont aussi présents comme le salon, la salle de bain et les chambres individuelles.

Figure 8 : Organigramme d’un modèle d’habitation

o Morphologie urbaine

Figure 9 : Plan masse de la cité ibn Khaldoun

La cité est fonctionnellement découpée en centre résidentiel, centre urbain (assurant les différents services), centre de loisir et centre de travail.

____ 18


o Le centre résidentiel

Figure 10 : Plan d’une unité de voisinage Le centre résidentiel est composé de plusieurs unités de voisinages séparées par des places et parsemées de petits commerces de quartier. Les unités de voisinage sont regroupées autour d’équipements sociauxéducatifs comme des écoles et des crèches. Ce regroupement forme des centres de voisinage dont le rôle est « le développement des relations sociales au niveau du quartier ».3

Conclusion :  Cette cité a été conçue d’après le modèle médinal, l’aménageur a, en

effet, voulu en faire une « succession de cocons » pour envelopper les habitants et leur procurer un sentiment de sécurité.  Les habitations garantissent l’intimité de leurs habitants par le biais de la

skifa.  Les unités de voisinage sont délimitées par des cheminements

piétonniers ce qui assure une sociabilité et permet un développement des relations humaines dans le quartier.

3

Olfa Ben Medien. «Le modèle médinal dans la production des cités et du logement social à Tunis». URBAMAG, 1 - Les médinas et ksours dans la recherche universitaire, 24 novembre 2006, http://www.urbamag.net/document.php?id=161.

____ 19


1-3 Années 70-2000 : apparition du logement intermédiaire 1-3-1 Années 70- 80 : premières institutions publiques En cette période, la demande en logement connait un véritable accroissement, et jusque-là, la SNIT était le seul promoteur public du pays. Pour limiter la mission de cette institution à la promotion immobilière, l’Etat a créé une deuxième institution : l’agence foncière de l’habitat (AFH) en 1973. Une année plus tard, le métier de promoteur est institué et le financement des projets est confié à la caisse nationale d’épargne logement (CNEL). Pendant cette période l’Etat emploie une politique urbaine visant le développement de l’habitat, de la planification urbaine et du transport. Cette nouvelle politique était destinée en priorité à des populations économiquement modestes. Ces derniers se sont retrouvés sous le joug d’un nouveau système de production de logement : l’habitat spontané péri-urbain qui a favorisé l’étalement des villes. En 1975, l’Etat adopte une nouvelle politique d’habitat qui vise le développement d’importants programmes de logements dans le but de dédensifier les villes. Sur le plan juridique, le code de l’urbanisme a été promulgué en 1979 dans le but de définir les modes d’élaboration, d’approbation et de gestion des différents instruments de planification. En conséquence, entre 1979 et 1985, plus de 200 plans d’aménagement urbains ont été élaborés pour réguler le développement des communes et de maitriser l’étalement spatial des villes. Au cours des années 80, il y a eu une volonté de décentralisation des fonctions tertiaires vers le nord de la ville de Tunis pour la décongestion de l’hypercentre. C’est alors que la création de trois centres régionaux a été programmée, mais seul le centre urbain nord a été réalisé à proximité de l’aéroport sur une superficie de 100 hectares.

____ 20


Les opérations tunisiennes : les UV4 En 1970, la SNIT s’engage à construire les Unités de Voisinage 4 (UV4) à El Menzeh, une nouvelle cité résidentielle destinée à une classe moyenne, répondant à la fois au besoin d’intimité et d’individualisme et aux contraintes Ce

économiques.

choix

montre

de la

typologie, prise

Figure 11 : plan d’implantation de la cité des UV4

de

conscience que l’habitat vertical, qui était jusque-là généralement utilisé, n’est pas essentiellement la solution à la question de la densité urbaine et qu’un confort des habitants est nécessaire pour leur épanouissement au sein de leurs logements. Les UV4, se présentent sous la typologie de ce que l’on n’appelait pas encore à l’époque, « semi collective » mais une typologie « intermédiaire ». Cette cité comporte 477 logements. Ce nombre est dû à la politique urbaine de l’époque favorisant la densification.

o Analyse urbaine  Les voiries Le réseau des voiries se compose de rues principales, rues secondaires, rues intérieures, ainsi que de rues piétonnes. La cité est parsemée de plusieurs parkings. Les voies principales et secondaires sont collectives. Les voies intérieures

sont

semi

collectives,

elles

desservent

les

groupements

d’habitations.

____ 21


Figure 12 : réseau des voiries

Organisation urbaine

La cité des uv4 est organisée en grappe à base de modules. Etalée sur 9,9 hectares, elle ne répond pas à une trame géométrique précise, ce qui engendre une répartition aléatoire des modules. Ce type d’organisation va à l’encontre d’une urbanité, en effet on ne trouve pas par exemple de places dans la cité. Les placettes par contre sont existantes mais dans le seul but de desservir les logements. 

Typologie des modules

Chaque unité est formée de trois habitations : deux au rez-de-chaussée et une en étage, disposées comme suit :

Figure 13 : différentes typologies des habitations

____ 22


Chaque habitation dispose d’une terrasse.

Les

terrasses

des

habitations en étages sont le résultat des retraits des habitations en rezde-chaussée, ceci confère une forme de gradin à la cité. Les

accès

aux logements

sont

indépendants. Une petite coursive dessert les habitations en rez-de-

Figure 14 : Accès aux habitations

chaussée quant aux habitations en étages, elles sont desservies par des escaliers.

Figure 16 : coursives desservant deux habitations

Figure 15 : escaliers desservant une habitation en étage

1-3-2 Années 80-2000 : la maison comme marquage du statut social Cette période est caractérisée par un redéploiement de la politique de l’habitat et des politiques urbaines. En effet, plusieurs nouveaux quartiers ont été créés dans les grandes villes et les villages. A cela s’ajoutent la nucléarisation de la famille et la mobilité des ménages ce qui a favorisé un développement de nouveaux types de logements adaptés à la nouvelle structure de la famille.

____ 23


En cette période, le logement a muté d’un objet à valeur d’usage en un objet à valeur de marquage d’un statut social. Contrairement aux maisons rurales traditionnelles, les façades sont devenues un symbole de la réussite économique et sociale du propriétaire. En plus des façades, l’échelle spatiale du logement a pris une nouvelle ampleur qui est passée d’une moyenne de 200m² dans les maisons traditionnelles à une moyenne de 500m² dans les nouveaux logements. Par ailleurs, les rapports entre l’intérieur et l’extérieur ont changé.

L’état actuel : Le paradoxe de l’habitat en Tunisie 2-1 Règlementation rigide L’habitat, est sommairement étudié dans les plans d’aménagement urbain (PAU). Le diagnostic fait par le ministère de l’équipement, de l’aménagement du territoire et du développement durable en septembre 2014 montre par exemple que la demande future en termes de logement est mal étudiée et qu’elle est le plus souvent réduite au calcul de la surface à consacrer aux habitations. Les PAU se focalisent le plus sur le zoning et les règlements d’urbanisme que sur la forme des habitations et de leur impact sur la ville. Le développement des villes et leur évolution dans le temps n’est pas prise en compte. De plus, lors de l’élaboration des PAU, il y a une absence d’un plan économique et d’une évaluation des coûts de la mise en œuvre du PAU en question. C’est pour cela qu’on se retrouve le plus souvent avec une grande différence entre ce qui a été planifié sur les plans et la réalité de l’exécution. Ensuite, l’analyse montre aussi que le PAU est un document très rigide et qu’il présente beaucoup d’obstacles à l’aménagement flexible.

2-2 Conditions d’habitat des ménages L’analyse du ministère montre une nette amélioration des conditions d’habitat des ménages, en effet, le ménage Tunisien compte un membre en moins en 2010 par rapport à en 1994. Pareil pour le nombre de ménages par logement qui est passé de 1,07 à 1,03.

____ 24


Le logement rudimentaire, quant à lui, ne représente plus que 0,4% des logements en 2010 contre 24% en 1975. Quant à la structure de la famille, elle a muté, depuis une quarantaine d’années, en un noyau prédominant formé par la structure conjugale et leurs enfants. En conséquence, la taille des ménages est passée de l’ordre de 6 personnes et plus en 1966 à 4.53 en 2004 (4.21 au grand Tunis). Cette diminution du nombre de personnes par ménage, due à la politique des limitations des naissances à partir de 1965, a engendré une amélioration des conditions du logement et un meilleur confort au sein de l’habitation. En effet, il y a eu une forte baisse de la densité d’occupation par la famille.

2-3 Inaccessibilité des ménages aux logements 17,7% des logements sont vacants en Tunisie1, ceci peut être expliqué premièrement par le fait qu’entre 1994 et 2004, une moyenne de 63.000 logements ont été construits par an alors que le Xème plan de développement (2002-2006) n’en prévoyait que 54.000 et ensuite par le coût des logements , en effet le prix du mètre carré a augmenté de 80% ces dix dernières années (inflation, bulle spéculative, coût d’aménagement, etc.). Le coût du foncier est élevé par rapport au niveau de vie, ce qui entraîne un volume important de logements de standing invendus. Le paradoxe fait que l’offre dépasse de loin la demande en nombre, sans pour autant la satisfaire puisque le logement reste inaccessible au plus grand nombre du fait de leur prix trop élevé.

1

Institut national de la statistique (2015)

____ 25


Habitat intermédiaire 3-1 Introduction On remarque ces derniers temps un intérêt particulier pour le logement intermédiaire et un retour vers l’architecture à échelle humaine qui respecte les qualités de vie requises ainsi que les besoins des habitants. En Tunisie, pour répondre au problème de l’étalement urbain, les acteurs agissant sur l’habitat ont commencé à s’intéresser à la typologie du logement intermédiaire comme par exemple l’agence foncière de l’habitat qui en novembre 2014 a conclu qu’il fallait s’orienter vers ce type d’habitat après avoir échoué à vendre des lots de terrain à usage d’habitat collectif à Ain Zaghouan, lors d’une vente aux enchères publique.

3-2 Définition Le logement intermédiaire est né de l’idée de fusion entre les logements individuels et les logements collectifs, en gardant leurs qualités et leurs avantages tout en essayant d’éviter d’incorporer leurs inconvénients. La notion d’habitat intermédiaire implique aussi la présence de nature et d’espaces de qualités.

Les aménageurs officiels Tunisiens ont défini le logement intermédiaire pendant les années 70 comme étant « des logements en ordre groupé ayant chacun un accès privé, indépendant, à partir des espaces à usage commun du rez-de-chaussée et pouvant s’articuler autour d’une cour. »

Ce concept a vu le jour vers la fin du siècle dernier, lorsque la critique des maux de la grande ville ont conduit des hygiénistes, des architectes et quelques industriels à affirmer leur volonté de proposer un habitat plus humain en cherchant à lutter contre l’entassement des logements afin d’améliorer la santé morale et physique des classes populaires.

____ 26


3-3 Principes architecturaux et urbains appliqués par l’habitat intermédiaire 3-3-1 Mixité sociale et vie communautaire Tout habitat à caractère collectif ou semi collectif est confronté à la mixité de ses habitants. La mixité se définirait comme un mélange d’éléments hétérogènes ou différents. Cette définition nous amènerait donc à considérer la mixité comme la cohabitation en un même lieu de personnes ou de groupes différents socialement, culturellement ou encore de nationalités différentes. Les habitants peuvent se composer de différentes typologies familiales : de la famille nucléaire, à la famille élargie en passant par les célibataires. La difficulté consiste à résoudre la contradiction entre les enjeux des besoins et aspirations de chacun, d’une part, et de l’intérêt commun, d’autre part.il conviendrait de proposer une configuration architecturale qui permette cette mixité, assure un brassage des différentes catégories sociales pour garantir la cohésion du groupe. 3-3-2 Densité, compacité et échelle La densité est une notion qui se rapporte au nombre de logements par superficie donnée et qui ne dépend pas de la forme ou de l’agencement des bâtiments. Elle se présente comme réponse à l’étalement urbain et à la raréfaction des terrains. En augmentant la densité, on augmente alors l’opportunité de logements et on garantit des prix abordables à tous. La densité résidentielle, généralement exprimée en logements/hectares, est évaluée de deux manières différentes : 

La densité résidentielle nette ne prend en compte que les espaces constructibles du quartier (excluant les activités non résidentielles et les espaces publics) et ne peut être utilisée que pour évaluer la rentabilité des investissements effectués sur les sites privés.

____ 27


La densité résidentielle brute se définit comme le rapport entre le nombre de logements d’un quartier et la superficie totale de ce dernier (incluant les activités non résidentielles et espaces publics). Elle fournit un portrait global d’un quartier et peut être utilisée pour évaluer la rentabilité des infrastructures et des équipements publics.

La densité favorise l’utilisation des transports en communs et aide à la réduction de la pollution et de l’émission des gaz à effet de serre. La densité est donc synonyme d’efficacité. La consommation énergétique est réduite, par exemple, une maison individuelle de deux étages aura des pertes d’énergie plus importantes de 20% par rapport à une maison jumelée et 50% de plus par rapport à un appartement.

On reproche quelquefois aux milieux à moyenne et à forte densité une mauvaise qualité de vie. S’il est vrai que les grands ensembles de tours à forte densité n’ont pas toujours favorisé le vivre ensemble, d’autres solutions ont été proposées. L’une d’entre elles consiste en une typologie combinant des duplex et/ou des triplex intégrant des espaces verts récréatifs.

Figure 17 : La même densité peut prendre des formes bien différentes

____ 28


La compacité est une notion qui va de pair avec la densité. Elle réfère au rapport entre les surfaces bâties et non bâties. Il s’agit d’une manière de concevoir l’espace avec le vide et les discontinuités, ce qui crée des espaces de transitions et des liens physiques et sociaux. La compacité permet de concevoir des milieux de vies denses et de qualité à la fois, elle permet la convivialité et respecte l’échelle humaine. La compacité renseigne sur le bâti, contrairement à la densité qui, elle, renseigne sur la population. Comme le souligne le sociologue français Fischler9, « la forme urbaine n'est pas seulement une notion esthétique, une question de composition architecturale. Comme l'indiquent ses références aux liens de transport, aux espaces verts et à la ségrégation spatiale, la forme urbaine doit aussi être évaluée selon des critères d'efficacité, de durabilité et d'équité. » La compacité favorise alors la durabilité et l’économie de l’énergie. L’échelle L’architecture résonne à de nombreuses échelles - l'échelle humaine, l'échelle du bâtiment, l'échelle urbaine. Chaque bâtiment crée en effet un impact sur son utilisateur de par son échelle, un bâtiment trop grand donnerait une impression d’étouffement et de mal être. Un bâtiment à une échelle adaptée donnerait au contraire une sensation de quiétude. Pour mettre le point sur l’importance de l’échelle d’un bâtiment et de son impact sur l’homme, l’artiste berlinois EVOL10 a créé une œuvre plastique dans le cadre d’un festival de musique à Hambourg, qui consiste en un croisement urbain en miniature à travers lequel les visiteurs peuvent passer, ils y éprouvent un sentiment d’étouffement car ils s’y retrouvent serrés entre les façades des bâtiments et leurs minuscules fenêtres.

7

Claude Fischler : Mesures de qualité de vie comparatives dans isolats humains, modes de vie traditionnels - 2008 8

EVOL : Artiste allemand spécialisé dans des miniatures de structures urbaines qu’il voit comme miroirs de la société.

____ 29


Figure 18 : Les visiteurs traversant l’œuvre

Figure 19 : vue montrant le vis-à-vis des logements

Figure 20 : les bâtiments qui s’imposent sur la nature

____ 30


3-3-3 Adaptabilité et durabilité L’objectif de l’adaptabilité est de créer un logement qui répond non seulement aux besoins présents des habitants mais aussi à leurs besoins futurs. Construire de façon durable, c’est aussi construire pour l’avenir. Un logement n’est durable que si l’on peut en profiter tout au long de sa vie, mais connaître et anticiper les besoins futurs des habitants n’est pas une mince affaire. En effet, l’évolution et les changements des modes de vies sont imprévisibles, c’est pour cela que l’architecte en tant que concepteur de l’espaces ne doit pas arrêter son acte de création à ce qu’il voit sur le moment et à ce que lui demande son client qui peut parfois ne pas se projeter dans le temps et ne pas anticiper l’avenir. C’est à l’architecte de le lui rappeler et de prévoir dans sa conception les éventuels changements et remodélisation futures de l’espace. Un logement adaptable est donc un logement qui peut être transformé grâce à des travaux légers, sans interventions sur la structure et adapté grâce à l’ajout au sein du logement d’appareillages techniques spécifiques en cas de handicap ou de mobilité réduite.

____ 31




____ 32




Introduction

Aux lendemains de la deuxième guerre mondiale, l’Europe a connu une pénurie de logements. Les architectes se sont alors penchés sur la question de la reconstruction chacun à sa manière. L’objectif était de reloger les citoyens rapidement et au moindre coup. Le champ d’action était alors libre et chacun pouvait réfléchir sur la meilleure réponse architecturale qui construirait l’Europe moderne. La réflexion devait alors porter sur la place de l’homme dans la communauté dans laquelle il vit et l’influence de l’architecture sur cette place. Parmi ces architectes, nous parlerons dans ce chapitre de Le Corbusier, connu pour ses nombreuses théories sur l’architecture et l’urbanisme qui mettent l’Homme, comme élément universel, au centre de tout questionnement sur l’espace. Nous parlerons aussi du team X (team ten) qui a suivi dans sa réflexion une autre approche, sociale et humaine cette fois, plus centrée sur la position de l’Homme dans son environnement. Ensuite, nous parlerons de la réflexion de Rem Koolhaas et de Moshe Safdie sur la question de la densité et de l’échelle urbaine qui sont deux facteurs caractéristiques de l’ère moderne, car à une époque marquée par l’accélération des modes de vie et de la grande affluence sur les grandes villes, le paysage urbain s’est densifié pour permettre à tout le monde de trouver sa place dans la ville. Nous montrerons alors la possibilité de concevoir des espaces de vie groupés de qualité à travers des exemples de réalisations de ces deux architectes. Finalement, nous introduirons une réflexion sur l’adaptabilité et la flexibilité du logement. En effet les modes de vie humains sont en perpétuelle évolution et en changement continu, c’est pour cela que l’architecture et l’urbanisme doivent s’adapter à cette évolution et intégrer la dimension du « temps » comme un paramètre indispensable à la conception. Le temps est une dimension nécessaire à la lecture sensible de l’architecture et est un levier en

____ 34


termes de développement durable. Une architecture malléable c’est donc une architecture de partage de l’espace collectif, pour aboutir à cela il faut établir des règles spatiales et prévoir à l’avance les éventuelles modifications qui seront apportées aux bâtiments. Dans ce contexte, l’architecte Chilien, Alejandro Aravena, lauréat du Pritzker Prize en 2016 a basé ses recherches et son travail au sein du bureau d’architecture Elemental sur la ville, l’espace public et les logements en s’appuyant sur la capacité de ces derniers à garantir l’égalité sociale. Dans ce chapitre, nous allons introduire la réflexion d’Alejandro Aravena sur ce sujet et présenter l’un de ses projets dans lequel il exprime cette réflexion.

____ 35


Expériences et réflexions sur la question de la vie communautaire 1-1 Le Corbusier : La machine à habiter 1-1-1 La pensée normative chez Le Corbusier Ce qui caractérise en propre la pensée architecturale de Le Corbusier, c’est son caractère normatif : « Le Corbusier est un architecte qui non seulement construit, mais qui ne cesse de dire comment on doit construire. »1 Cette double vision, liée à son caractère hautement intellectualisé, fait de l’œuvre de Le Corbusier, une construction complexe qui unit sans cesse, pensée de l’architecture et architecture de la pensée. On voit en effet que le souci des normes est présent de manière explicite dans toute l’œuvre de Le Corbusier, qu’elle soit au niveau de la recherche théorique sur l’architecture et l’urbanisme que dans ses réalisations concrètes. Pendant une époque marquée par les avancées technologiques et la mécanisation de l’industrie, Le Corbusier se veut fondateur d’une conception

architecturale

reposant

sur

des

bases

constructives

renouvelées et rendues possibles grâce à l’usage du fer et du béton et exprimant de manière adéquate l’esprit d’une époque machiniste. « L’architecture est le miroir des temps » c’est ainsi qu’il s’exprime dans son ouvrage « Vers une architecture ». De ce fait, le Corbusier s’intéresse aux mathématiques, une science qu’il considère juste et universelle, et s’inspire pour sa conception architecturale des normes mathématiques qui régissent l’univers, notamment le nombre d’or. Il publie en 1948 un article dans la revue marseillaise « Les Cahiers du sud » dans lequel il déclare : « [...] L’absence d’une règle, d’une loi me saute aux yeux, je suis atterré, je constate que je travaille en plein chaos. Me voici découvrant, pour mon usage, la nécessité d’une intervention mathématique, la nécessité d’un régulateur, obsession qui occupera, désormais, un coin de ma cervelle »2

1

Mickaël Labbé, Le Corbusier et la question des normes, Les cahiers philosophiques de Strasbourg, 2013, p55. 2 Le Corbusier, l’architecture et l’esprit mathématique, Les cahiers du sud, 1948, p483.

____ 36


o Le Modulor Le Corbusier crée, en 1948, le Modulor, un système de mesure universel destiné à l’architecture dans son ensemble, Il s’agit d’un homme d’une taille de 1,83m, debout et levant le bras gauche inscrit dans un ensemble de rectangles respectant approximativement la proportion de la section d’or : 1,618. Le modulor désigne pour le Corbusier un système de mesure entièrement standardisé, fondé d’une part sur la proportion géométrique du nombre d’or et d’autre part sur une certaine idée que se faisait le Corbusier de la stature humaine « standard » choisie comme une échelle de référence architectonique. Cette position normative qui découle des mesures d’un soldat

Figure 21 : Le Modulor

anglais de 1,83 m et qui a l’ambition de généraliser un système de mesures à l’ensemble de l’univers sans prendre en compte les différences de cultures et d’usages a quelque chose d’ethnocentriste. S’il pouvait sembler légitime alors dans un contexte d’après-guerre il convient de nos jours d’être plus nuancé et attentif aux besoins et aspirations différenciés des populations. « Selon le Corbusier, un tel système de mesure devait être applicable universellement à l’architecture et à la mécanique. […] le Modulor représente l’instrument de pensée universellement applicable et transportable dans n’importe quelle autre civilisation que la civilisation occidentale » 3

3

Jean-Claude Chirollet : Le Corbusier et le Modulor, Une utopie à l’échelle humaine, édition Les Cahiers Philosophiques Strasbourg, octobre 2015, p109-110.

____ 37


1-1-2 Exemple de projet : L’unité d’habitation de Marseille

Figure 22 : perspective extérieure

En 1952, dans une période d’après-guerre, la France connait une pénurie de logements sociaux, c’est alors que le gouvernement français fait appel à Le Corbusier pour apporter une solution à ce problème. Il construit un projet d’habitat collectif comptant 1600 habitants, comprenant 337 logements dont 14 types différents d’appartements et un hôtel. Il crée ainsi ce village vertical sous forme de barre sur pilotis.

Jacques Sbriglio, Architecte et membre de la Fondation « Le Corbusier » affirme que Le projet de

construction

Radieuse

est

de

La

Cité

l’aboutissement

d’un programme de recherche sur le logement, et la question

Figure 23 : maquettes des différentes typologies des appartements.

urbaine, mené par Le Corbusier durant près d’un quart de siècle et que le but était d’apporter une réponse nouvelle au problème de logement collectif, dans sa double dimension urbaine et architecturale en un moment où la France était en train d’accumuler un déficit considérable dans ce domaine. ____ 38


Figure 24 : typologie de la cité radieuse « Selon Le Corbusier, l’Unité d’Habitation crée un phénomène social productif dans lequel l’individuel et le collectif s’équilibrent dans une juste répartition des fonctions de la vie quotidienne »1 Dans ce sens, Le Corbusier a articulé sa conception de la cité autour d’une idée d’intégration urbaine, ceci en créant des rues intérieures ainsi que des espaces communs où il propose aux habitants d’avoir une vie associative et sportive.

Figure 25 : toit terrasse

1

Figure 26 : rue intérieure

J. SBRIGLIO : Architecte, membre de la Fondation Le Corbusier

____ 39


o Imbrication des unités

Figure 27 : imbrication des appartements

o Typologies des appartements Chaque appartement est la combinaison cellules

de

de base

première

trois :

la

comprend

l’entrée, la cuisine et la salle commune, la deuxième, la chambre des parents et la salle de bain et la troisième correspond à la chambre d’enfants installations Selon

leur

et

leurs sanitaires.

types

Figure 28 : salle commune à l’intérieure d’un appartement

les

logements sont destinés à des célibataires, des couples sans enfants ou aux familles ayant deux à huit enfants.

____ 40


Figure 29 : Disposition des pièces d’une unité sur fond de croquis de perspective d’un appartement supérieur

L’organisation des appartements s’articule autour d’une séparation des espaces de jour et des espaces de nuit.

Figure 30 : Séparation des espaces en espaces nuit et espaces jour

____ 41


1-2 Team X- l’approche sociale Il s’agit d’un collectif d’architectes qui s’est formé pendant la fin des années 1950 à l’occasion de la dixième édition des « Congrès Internationaux d’architecture moderne (CIAM) » autour de la « Charte de l’habitat », d’où le nom du collectif. Ce groupe d’architectes n’a pas développé de théorie concrète mais s’est présenté comme critique de la pensée rationaliste et techniciste de leurs prédécesseurs et de l’héritage Corbuséen. Ils pensaient en effet que ces conceptions rationalistes ne s’appliquaient plus sur la société dans laquelle ils vivaient du fait que celle-ci avait muté d’une société industrielle, organisée autour du travail, en une société de consommation caractérisée par la fragmentation sociale. C’est dans ce sens que s’exprimait Peter Smithson « Il y a aujourd’hui quelques-uns qui sont au bord d’une nouvelle sensibilité- une sensibilité des villes, une sensibilité des modèles humains et les formes de constructions collectives. Avec un regard en arrière vers les années 50 lorsque ce bord a été franchi, lorsque la théorie d’architecture a tremblé, lorsque soudainement les sciences sociales devenaient importantes. Un changement dans la sensibilité, c’est ce que je pense aujourd’hui ce qu’était le team X. »1 A cette époque, le débat sur la dislocation de l’architecture de sa matrice urbaine émerge du monde des sciences sociales. L’une des plus importantes contributions à ce débat était le livre « Paris et l’agglomération Parisienne : L’espace social dans une grande cité » écrit en 1952 par le sociologue PaulHenry Chombart de Lauwe. Celui-ci est très critique dans sa publication vis-àvis des conditions des habitations dans les nouveaux complexes urbains, surtout vis-à-vis de leur inaptitude à cerner la vie communautaire. Sa recherche s’est focalisée alors sur la combinaison des entités physiques et des entités vécues, en utilisant des notions comme « le quartier », « l’îlot », « l’immeuble » et « la rue ». Le Team X base alors sa réflexion et sa recherche sur l’approche sociale de

1

Tom Avermaete : Stem and Web: A Different Way of Analysing, Understanding and Conceiving the City in the Work of Candilis-Josic-Woods

____ 42


l’architecture pendant cette période d’après-guerre et de reconstruction de l’Europe et insiste sur la liaison directe et la forte corrélation entre l’architecture et l’urbanisme. L’enjeu consistait à réintroduire variété et complexité dans les réponses apportées aux défis de la reconstruction et à remettre au centre du projet la notion de communauté des usagers. 1-2-1 Apports du Team X Ce collectif, avec l’idée d’une contextualisation de l’architecture et de l’urbanisme, a contribué à la création de nouveaux concepts architecturaux dont certains sont inspirés sans doute de l’héritage corbuséen qu’ils critiquaient. Parmi ces concepts on peut citer : o Le Cluster (La grappe) Le cluster consistait en une recherche sur les formes d’association des logements.

Les

différentes parties d’une communauté regroupées

étaient dans

un

cluster en étendant et en renouvelant les modèles existants, un concept qui vient

s’opposer

à

l’approche qui subdivisait la

communauté

différentes parties.

en Figure 31 : cluster city (Alison et Peter Smithson)

Le cluster formait la base théorique pour les « cinq grilles pour le logement » présentée par les « Smithson » dans laquelle ils ont examiné les relations entre la taille de la population et des formes architecturales.

____ 43


o Le Stem Pour bien comprendre les entités : « quartier », « îlot », « immeuble » et « rue » à la fois d’un point de vue physique et d’un point de vue vécu, Chombart de Lauwe propose de les interpréter comme des éléments du paysage de la vie quotidienne. L’ethnologie sociale1 De Lauwe compare les paysages urbains de la vie quotidienne dans des quartiers différents dans le but de repérer les éléments récurrents donc les éléments structurants. D’après lui, l’un des éléments structurants des quartiers, d’un point de vue physique et social est l’entité de « la rue ». Ce lieu géométrique, c’est la rue, dont l’importance est d’ailleurs fonction de l’exiguïté de l’habitat. La vie de quartier est intimement liée à cette rue où elle est appelée à se traduire. (…) On pourrait dire que la vie de la rue donne la mesure de la vie du quartier.2

Figure 32 : cluster city (Alison et Peter Smithson)

1

2

L’ethnologie sociale : groupe de recherche fondé par C.De Lauwe en 1949. Tom Avermaete : Stem and Web: A Different Way of Analysing, Understanding and

Conceiving the City in the Work of Candilis-Josic-Woods

____ 44


o La web (La trame) Le concept du Web, de Candilis-Josic-Woods, a émergé d’un travail d’enquête sur la possibilité de concevoir un système qui permet différentes pratiques et programmes dans un tissu urbain continu : Les propositions que nous avons développées sont caractérisées par le fait que le site est occupé de manière à ce que les diverses activités des domaines publics et privés sont logées dans ce qui équivaut à un building continu.4 L’organisation linéaire a été délaissée ici en faveur d’une base continue sur laquelle l’urbain peut se développer : Le point qui est statique et fixe évolue en une ligne qui offre plus de liberté qui à son tour se transforme en tissu continu.

Figure 33 : Candilis, Josic, and Woods, Shopping Center, Plan,(Toulouse, France, 1963)

1

Figure 34 : Bacarès-Leucate (France). Unités de logement Candilis-Josic-Woods

L’Architecture d’Aujourdhui, no. 177,‘Team 10/CIAM 10’, Janvier/fevrier 1975, p. 45.

____ 45


1-2-2 Exemple de Projet : Robin Hood Gardens

Figure 35 : Vue extérieure sur le bâtiment

Robin Hood Gardens est un complexe résidentiel conçu en 1972 par Alison et Peter Smithson, figures importantes du team X. C’est un projet de logements sociaux qui s’étale sur 1,5 hécatres à Londres. Ce bâtiment s’inscrit dans un style d’architecture brutaliste et est présenté en réponse à la forte demande en construction rapide et économique pendant la période d’après guerre

Figure 36 : axonométrie et plan masse du complexe

____ 46


Le complexe est composé de deux long blocs curvilignes qui se font face et qui sont séparés par un espace vert central.

Figure 37 : Typologie du bâtiment

Les blocs ont respectivement 7 et 10 étages et contiennent 213 appartements qui sont répartis en appartements à un seul étage et d’autres à deux étages. Ce bâtiment est conçu en respectant les normes de l’espace de Parker Morris1.

Chaque bloc est parcouru

Figure 38 : croquis montrant l'espace vert et les rues suspendues

sur toute sa largeur par des « rues suspendues » qui offrent assez d’espace aux résidents pour se reposer, se rencontrer et discuter sans gêner la circulation.

1

Le Comité Parker Morris a élaboré un rapport en 1961 sur les normes de l'espace des logements sociaux au Royaume-Uni. Il fixe des normes standards en fonction du nombre d’occupants, des superficies des chambres individuelles etc.

____ 47


Rue suspendue Terrasse Entrée Escalier Salle de bain Cuisine Chambre à coucher

Figure 39 : typologie d'un appartement à deux étages

La plupart des appartements sont de larges maisonettes avec 3 ou 4 chambres à coucher, sur deux étages reliés entre eux par des escaliers internes. Les espaces de circulation sont assez larges et les chambres bien proportionnées, ceci permet une certaine liberté dans l’aménagement.

o Les rues suspendues

Figure 40: coupe sur la rue suspendue

____ 48


Le choix de la conception des rues suspendues est présenté par Alison et Peter Smithson comme une réponse aux rues intérieures de Le Corbusier qu’ils estiment être de simples couloirs étroits qui desservent les appartements.

Figure 41: photos de la rue suspendue Les Smithson ont un intérêt particulier pour la qualité de vie des piétons à l’intérieur des bâtiments, et toutes leurs études portent sur cette relation qu’entretient le piéton avec les bâtiments et les villes qui l’entourent. Le choix de conception des rues suspendues présente pour les Smithson une réponse à la transition entre la ville et la maison, c’est donc des espaces tampon qui séparent le chaos des villes de la sérénité de la maison.

Conclusion Les Smithson ont voulu créer dans ce projet un quartier vertical où la circulation piétonne est privilégiée. Cependant, le Robin Hood Gardens continu d’être critiqué. On estime que les Smithson ont échoué dans la sociabilisation des habitants et que les rues suspendues ne répondent pas à leurs objectifs. Bjark Ingles1 estime que le parallélisme de rues suspendues fait en sorte que les habitants ne peuvent pas facilement se croiser et se mélanger, il pense que la clé de la réussite de cette sociabilisation réside dans la connexion de ces rues au sol. Le bâtiment aujourd’hui est menacé de destruction pour être substitué par une tour de 1700 logements. 1

Bjark Ingels : architecte Danois, fondateur de l’agence BIG et lauréat de plusieurs concours internationaux.

____ 49



____ 50


Expériences et réflexions sur la question de la densité et de l’échelle. 2-1 Rem koolhaas – junkspace

Figure 42 : caricature dessinée par Angeli exprimant le junkspace

Rem Koolhaas critique le gigantisme dans l’architecture dans son livre « junkspace »1, il s’attaque à une catégorie qu’il appelle « bigness » « Le grand bâtiment tourne le dos à la rue, et l’architecture s’extrait du même coup du contexte urbain. A la limite, l’édifice géant ne fait plus partie d’aucun tissu urbain »2 Rem Koolhaas, en défense de l’art de l’architecture dit que ce phénomène de « bigness » ne permet plus au geste architectural de s’exprimer mais, au contraire il se soumet aux technologies et à l’ingénierie. L’architecture est inutile. L’architecte néerlandais, défend l’idée de l’adaptabilité du bâtiment. « Rien ne dure, rien ne vieillit ; c’est la mutation permanente »3 . Il donne l’exemple de la « casa da musica » au Portugal, qui était conçue à la base comme maison individuelle pour être transformée en salle de spectacle. 1

Koolhaas (R.), Junkspace - Repenser radicalement l’espace urbain- janvier 2011 titre qui peut se traduire par « éspace-déchêt » ou « éspace-camelote » et qui est inspiré du concept de la « junkfood» - la malbouffe. 2 Entretien avec Rem Koolhaas – magazine « Books » n° 31 – janvier 2013- propos recueillis par Jean-Louis de Montesquiou 3 idem

____ 51


La « bigness » selon Koolhaas, qui est le fruit de « la rencontre de l’escalator, de la climatisation et du Placoplatre » dépouille la ville de son histoire, de son passé et en fait une ville qui s’expand vers la périphérie en accroissant la densité verticale, qui « tourne le dos à ses voies de communication » et ne prend plus en considération les rues comme espaces générateurs. Dans son travail, Rem Koolhaas affirme qu’il s’efforce toujours de psychanalyser le maître d’ouvrage afin de lui faire prendre conscience de ce qu’il veut vraiment pour son bâtiment, il avance en effet que le script du bâtiment et son vécu sont beaucoup plus importants que le bâtiment lui-même. « Le projet doit raconter une histoire, exprimer une idée littéraire [...] L’architecture d’aujourd’hui ne sait pas penser cela ; elle ne sait pas penser l’espace. Elle ne s’attache qu’au contenant – le bâtiment – et non pas au contenu. L’architecte doit être ouvert sur la sociologie, l’économie et l’urbanisme. »4 Malgré le fait que Koolhaas est plus connu par ses projets de grande échelle, la maison individuelle d’une échelle petite fait aussi partie de la réflexion de l’architecte sur la ville contemporaine. Dans son livre « living,vivre,leben »5 , Rem Koolhaas considère la maison comme un laboratoire, un lieu d’expérimentation de l’espace habité dans toute son intimité. « Une maison naît de la rencontre singulière entre ses futurs habitants et l’architecte, son concepteur »6 Ayant toujours en tête les recherches sur l’habitat initiées par les architectes modernes d’avant-garde, il repousse toujours plus loin les limites de la création en intégrant un travail remarquable sur le contexte urbain, la typologie ainsi que les matériaux de construction. La majorité des habitations construites par Rem Koolhaas ont en commun une grande liberté ; ouverture, transparence, translucidité, opacité. En donnant aux espaces une perméabilité aux variations de la lumière, Koolhaas en fait des espaces de qualité et des constructions qui se focalisent sur le vécu des habitants. Entretien avec Rem Koolhaas – magazine « Books » n° 31 – janvier 2013- propos recueillis par Jean-Louis de Montesquiou 5 Publication de OMA Rem Koolhaas- 1998 6 Entretien avec Rem Koolhaas – magazine « Books » n° 31 – janvier 2013- propos recueillis par Jean-Louis de Montesquiou. 4

____ 52


Exemple de projet : The Interlace

Figure 43 : vue en perspective de l’Interlace

The Interlace, le gratte-ciel conçu en 2009 par OMA à Singapour, est le premier édifice à recevoir l'Urban Habitat Award. Il s’agit d’un complexe de logements de différentes tailles réalisés dans des parallélépipèdes combinés entre eux de façon à créer un paysage plutôt qu'un bâtiment en hauteur. La combinaison et la superposition des volumes permettent aux architectes de réaliser des espaces destinés à des jardins et à des espaces ouverts qui offrent de nombreuses possibilités d'interrelation entre les habitants. Le jury de l'Urban Habitat Award a observé que le projet exploite de façon créative les potentialités du milieu tropical en passant du concept de "tour dans le parc" à celui de "tour comme parc".

Figure 44 : perspective intérieure

Figure 45 : Le projet dans son environnement

____ 53


Figure 46 : plan masse

Figure 47 : perspective extérieure

L’Interlace est considéré comme un habitat urbain du futur qui facilite l’interaction sociale et la vie communautaire. La tâche était de construire 1040 logements sur un site de 8 hectares entouré d’une autoroute d’une part et de 10km de parcs d’une autre part. La réglementation imposait une hauteur maximale de 24 étages et un coefficient d’occupation du sol de 2,1 ce qui offrait donc une superficie constructible de 170,000m². o

Typologie

Bloc de circulation verticale Porte d’entrée d’un logement Limites entre les logements Figure 48 : plan d’un étage type

____ 54


La typologie des logements va de l’appartement à deux chambres, au penthouse. La superficie des logements quant à elle va de 75m² à 586m². Contrairement aux solutions classiques appliquées à Singapour comme les tours d’habitations qui créent un espace résiduel vide au rez-de-chaussée, le choix des architectes s’est porté sur la superposition horizontale des unités d’habitations, en « inversant les tours » pour créer une organisation hexagonale des immeubles classiques à six étages. Ils ont en effet assemblé ces unités par leurs extrémités, avec un maximum de quatre unités superposées. La volumétrie générale se présente comme une pyramide à niveaux, en effet au premier niveau il y a onze unités de six étages chacun, ensuite dix unités, puis sept et trois unités au dernier niveau. En faisant cela, les architectes ont créé des vides entre les unités qui permettent une circulation des flux d’air et aussi, un cadrage de la vue et la création d’une perspective urbaine.

Figure 49 : percée visuelle crée par l’organisation des volumes o Densité Chaque unité comporte six étages et chaque étage contient huit appartements, cela fait un total de 48 logements par unité. Dans ce complexe résidentiel, il y a en tout 31 unités. Le nombre total de logement est donc de 1488 logements dans tout le complexe. La densité est alors de 186 logements par hectare. Il s’agit d’une forte densité.

____ 55


Conclusion Dans ce projet Rem Koolhaas et son équipe ont réussi à implanter un complexe résidentiel à forte densité et à grande échelle tout en respectant l’aspect humain de l’habitation et en garantissant des qualités telles que la bonne ventilation et les relations de voisinage.

____ 56


2-2 Moshe Safdie : La fragmentation spatiale Le travail de Moshe Safdie s’est orienté depuis le début de sa carrière vers le respect de l’espèce humaine dans son environnement, il a en effet mené ses recherches, entre autres, sur le problème de l’échelle et de la densité urbaine. Il a cherché à « humaniser » la grandeur et à mettre en valeur les moindres parties d’un « ensemble » et par conséquent à mettre en valeur les identités individuelles au sein d’une communauté. Sans oublier la portée urbaine de ses projets, il a toujours cherché l’intégration la plus adéquate à leur environnement tout en prenant en considération les réseaux de transport et le tissu urbain du projet. Le bâtiment devient donc une partie d’un tout. Dans le contexte de la mondialisation, Moshe Safdie insiste sur l’importance des places publiques et des espaces de convivialité pour résister aux forces qui veulent imposer la conformité et tuer le contexte et ceci grâce à des espaces tel que l’agora, les piazzas, les bazars et les galeries… Il faut donc selon Safdie préserver la vie sociale et communautaire même dans un milieu urbain à forte densité. "Nous vivons dans un monde oppressant et compliqué avec d'énormes villes et de vastes populations, et j'essaie de contribuer en le rendant plus léger, ouvert et calme […] Je tente tout d'abord de rendre les bâtiments humains. Les pays et les lieux ont une histoire et une culture. Je veux que mes bâtiments prennent racine et donnent l'impression d'avoir toujours été là ".1 Safdie estime que "la vie dans des milieux de forte densité peut et doit être beaucoup plus amusante que dans les appartements conventionnels d'aujourd'hui en forme de boite " qu'il considère comme "impropre à la consommation humaine". Son désir est d'offrir un "fragment de paradis à tout le monde », une vie meilleure pour la famille moyenne en créant un environnement complet, favorisant une vie privée, un jardin privatif, de l'air frais, la lumière du soleil, et un sentiment d'individualité au sein de chaque maison.

1

Jhon Heilpern, Moshe Safdie in « Habitat for Harmony », « vanityfair » juin 2012

____ 57


La solution réside donc dans le fait de donner vie à la diversité des usages dans un bâtiment et dans un tissu urbain. Complexes à usage mixte, espaces communs, terrasses, jardins, intégration de la végétalisation, tous ces facteurs ont le potentiel de briser la méga-échelle, d’humaniser et d'affirmer l'identité de l'individu dans l'ensemble. Un jour l’échelle et la densité pourront atteindre des niveaux tels que les dispositifs visuels et spatiaux ne parviendront plus à surmonter le sentiment de claustrophobie. Il y a ceux qui insistent sur le fait que l'espèce humaine est adaptable et que nos sensibilités apprendront à accepter l’encombrement intense, mais Moshe Safdie n’est pas de cet avis. « Faisant partie d’une espèce non encore transformée, je déteste cette diminution du sentiment de soi. Nous avons des choix. Nous pouvons et devons imposer des limites à l'échelle de nos constructions »2.

2

Safdie,M, “Moshe safdie two”, Images Publishing, 2009, p23

____ 58


2-3-1 Exemple de projet : L’habitat 67

Figure 50 : vue d’ensemble sur le projet Construit dans les années 1960 dans le cadre de l’exposition universelle de Montréal en 1967, ce bâtiment est conçu à la base comme une solution expérimentale pour l’habitat de haute qualité dans un environnement urbain danse. Ce complexe de 158 unités et qui s’étale sur une superficie de 30420m² est une nouvelle typologie qui peut intégrer les qualités d’une maison individuelle dans une densité urbaine. «Habitat 67 est en réalité deux idées en une. L’une est l’idée du préfabriqué et l’autre

est

l’idée

de

repenser la conception des

Figure 51 : perspective extérieure

immeubles d’appartements dans un nouveau paradigme » Confie Moshe Safdie dans un article publié en janvier 2013 dans le magazine « Dwell ». La méthode ingénieuse procurait à chaque appartement un toit jardin, un flux constant d’air frais et un maximum de lumière. Des qualités sans précédent pour un immeuble à douze étages. Le complexe d’appartements a été construit dans les années soixante dans le cadre de l’exposition universelle à Montréal

____ 59


Architecture de l’Habitat 67

o

Habitat 67 est considéré comme un projet pilote dans l’intégration de deux typologies d’habitat ; la maison individuelle « banlieusarde » et l’immeuble à étages économique.

Figure 52 : vues sur terrasses Pour la conception de ce complexe, Safdie s’inspire du célèbre jeu LEGO qui consiste à imbriquer des cubes les uns sur les autres. Ainsi, il crée des modules de 5 mètres sur 12 mètres et hauts de 3 mètres. Chaque appartement comporte un minimum de 2 modules et l’immeuble en possède 365.

Figure 53 : vue d’ensemble des modules

Figure 54 : imbrication des modules

____ 60


Les différents étages sont desservis par trois colonnes d’ascenseurs monumentales et des passerelles à parois en plexiglas. Les cubes d’habitation eux sont en bétons précontraints et font partie intégrante de la structure.

Figure 55 : différentes typologies des appartements

Figure 56 : coupe schématique montrant les différentes qualités du complexe d’habitation

Chaque appartement est conçu en organisant de deux à quatre cubes, de manière à permettre une ouverture et une sensation de légèreté, ces typologies offrent une aération de toutes les pièces de l’appartement et une luminosité permanente. o Densité Habitat 67 est composé de 158 logements étalés sur 30420m².La densité est donc de 46 logements par hectare, cela représente une densité moyenne.

____ 61


____ 62


Expériences et réflexions sur la question de l’adaptabilité et de la flexibilité 3-1 Alejandro Aravena : Logements dynamiques

Figure 57 : Alejandro Aravena – photo prise par Cristobal Palma Aravena et ses partenaires de « Elemental » cherchent à offrir la ville à toutes les catégories sociales et à garantir l’égalité grâce à l’architecture. Pour cela, cette équipe s’appuie sur l’innovation de la conception des projets à intérêt public et ayant un impact sur la société. Dans sa réflexion sur le logement social, Aravena, contraint par les limitations budgétaires mises par l’Etat pour la construction de logements sociaux, établit un classement des espaces de vie nécessaires dans un logement par ordre budgétaire. Il affirme en effet que pour un logement social, la priorité est à l’action et non à la réflexion, il faut donc construire le nécessaire et laisser le reste aux habitants eux-mêmes lorsque les moyens se présentent. C’est cela la durabilité selon lui. «Si l'architecture du logement ne peut plus se contenter d'être une commande sociale et doit devenir durable, c'est par sa propre réversibilité, sa capacité de

____ 63


revenir à un état minimum antérieur, à partir duquel on pourra transformer, reconstruire.»1 Elemental a mis au point un dispositif de construction ouverte. Il s’agit d’une bande à la silhouette crénelée : une série de « L » en béton, accolés, contenant sur deux étages la cellule déjà financée. Il appartiendrait ensuite aux habitants de construire eux-mêmes de nouvelles pièces, dans le vide du L, au fur et à mesure de leurs moyens. Cette typologie a engendré un processus qui a produit un quartier, activé le développement et qui est appelé à évoluer encore. Exemple de projet : Quinta Monroy

Figure 58 : vue sur trois logements Le gouvernement Chilien a confié à l’équipe d’Alejandro Aravena, la tâche de reloger les 100 familles qui occupaient illégalement les 5000 m² du quartier de Quinta Monroy en plein centre de la ville d’Iquique dans le désert Chilien. La tâche était rude, car le budget accordé à ce projet était de 7500$ avec lesquels il fallait financer l’achat du terrain, la structure du bâtiment et son architecture alors que cette somme, d’après les prix sur le marché Chilien de l’époque ne pouvait financer qu’environ 30m² de surface bâtie. 1

Alejandro Aravena dans Elemental Team: Logement Social Dynamique sans la Dette, article paru dans CyberArchi le 5 mars 2008.

____ 64


Figure 59 : Organisation des logements

Pour tirer profit au maximum du terrain, les architectes ont tout d’abord réfléchi aux maisons en bandes en réduisant la largeur du lot jusqu’à la faire coïncider avec la largeur d’une maison, mais cette typologie ne leur permet de loger que 66 familles sur 100. De plus, cette typologie permet une extension inadaptée de la maison et qui couperait la ventilation de certaines chambres. L’intimité des habitants est aussi compromise par ce genre d’organisation, car le passage se fera à travers les chambres.

Figure 60 : recherches sur les typologies

____ 65


Ensuite, la réflexion des architectes s’est orientée vers l’immeuble à étages qui est une solution très efficace en termes d’exploitation du terrain mais ils ont vite conclu que cette typologie bloquait l’extension des logements alors que le but était que chaque maison puisse au moins doubler de volume au cours du temps. Le choix de typologie s’est alors orienté vers une organisation innovante qui consistait en des maisons n’ayant qu’un premier et un deuxième étage et dépourvues de rez-de-chaussée. Pour comprendre ce choix, il faut comprendre que l’objectif des architectes était de faire de l’habitat social, un investissement plutôt qu’une dépense, c’est-à-dire que le logement social pourrait lui aussi acquérir une plus-value au cours du temps, d’autant plus que le gouvernement allait dépenser plus de 10 milliards de dollars au cours des 20 années suivantes pour le logement. o Typologie Dû au fait que 50% de chaque unité allait être construits plus tard par les habitants eux-mêmes, il fallait que la typologie soit assez poreuse pour permettre à chaque logement une extension au sein de sa structure propre. Le logement principal devait donc fournir une structure déjà prête pour éviter toute construction anarchique et aussi pour faciliter la tâche aux habitants.

Bâti Extension projetée Figure 61 : exemple d’extensions de logements

Figure 62 : coupe sur un logement

____ 66


“Vous donnez un cadre et à partir de là, la famille prend en charge le reste de la construction.»1

Figure 63 : adaptation d’un logement

Figure 64 : Les vides sont aujourd’hui comblés. Dans un article publié dans le magazine en ligne « architectural record » il est rapporté que le jour de l’inauguration du complexe d’habitations Quinta Monroy, une jeune mère a pris Alejandro Aravena de côté pour le remercier en disant que « cette maison n’a pas été conçue seulement pour elle, mais aussi pour ses enfants et les enfants de ses enfants. » 1

Alejandro Aravena, My architectural philosophy? Bring the community into the process. TED talk 2014

____ 67


Conclusion La solution qu’apporte Alejandro Aravena, est une solution architecturale qui répond au problème social de la pauvreté. Grâce à ce projet l’architecte prouve que pour qu’un logement soit durable et bénéficie d’une valeur ajoutée au cours du temps, il faut qu’il soit transformable, et adaptable.

____ 68





Introduction Après avoir introduit l’habitat intermédiaire groupé et exposé quelques théories d’architectes autour du thème, nous allons analyser dans cette partie des projets de référence pour en extraire des dispositifs architecturaux qui mettent en forme les différents aspects de ce type habitat. L’habitat intermédiaire groupé est comme nous l’avons expliqué antérieurement un type de regroupement d’habitat qui garantit une certaine qualité de vie et une urbanité. C’est pour cela que nous avons choisi d’analyser deux projets à différentes échelles qui répondent aux exigences du sujet traité. Le premier, 8 House, conçu par l’agence BIG, est un projet de 6 hectares au Danemark. Il présente des dispositifs de conception d’un bâtiment à forte densité où règne une vraie vie de voisinage et une qualité urbaine. Le second, San Damian Housing Estate, est un complexe résidentiel de 3200m² au Chili, qui présente des dispositifs architecturaux mettant en forme des ambiances recherchées ainsi que des espaces de transitions entre les espaces privés et les espaces publics du bâtiment.

____ 70


A- 8 House

Figure 65 : perspective extérieure.

Présentation Architecte: Bjarke Ingels Group (BIG)

Construit en 2010 ce bâtiment en forme de nœud de papillon

Localisation: Copenhague, Danemark

ou en forme de « 8 », d’où le

Superficie: 61,000 m²

nom du projet, est un bâtiment

Année: 2010

à usage mixte ; il comporte trois

Distinctions : Prix du meilleur projet d’habitations au Festival Mondial d’Architecture 2011

types de logements ainsi que 10 000 m² de commerces et de bureaux. Bjarke Ingels décrit ce

Echelle : Grande

projet comme une « alchimie

Densité : forte = 79 logements/ha

architecturale » réunissant les qualités d’un quartier urbain en

couche. Ce bâtiment se situe au sud de la ville de Copenhague, sur le bord d’un canal et s’étale sur une surface de 6 hectares. Il s’agit d’un complexe d’une grande échelle et de forte densité.

Typologie L’architecte n’a pas voulu donner à ce complexe une typologie classique où les différentes activités sont séparées dans différents blocs, il les a au contraire réunies sur plusieurs étages qu’il a reliés par une rampe cyclable qui atteint le 10ème étage.

____ 71


Figure 66 : typologie du bâtiment

Les logements sont placés en haut du bâtiment alors que les activités commerciales sont à sa base. Ainsi chaque couche horizontale bénéficie des qualités qui lui sont requises ; les appartements bénéficient de la vue, la lumière du soleil et de l’air frais tandis que les locaux commerciaux sont en relation directe avec la vie dans la rue.

Eléments architecturaux 3-1 La rampe cyclable

Figure 67 : photos prises par des habitants de la 8 House, publiées sur un réseau social

____ 72


Elle se présente comme une promenade faisant

architecturale,

office

d’accès

à

quelques logements et de lieu

de

rencontre

des

habitants.

Celle-ci

est

devenue

un

élément

organisateur de la vie à « 8 house ». En effet, plusieurs

Figure 68 : vue sur la rampe cyclable

activités et évènements y sont organisés comme des courses à pieds, ou tout simplement des jeux d’enfants dans la neige pendant l’hiver. La disposition horizontale et la présence de la rampe, confèrent au bâtiment un caractère de voisinage urbain tridimensionnel où la vie tranquille de la banlieue se mélange à la vie énergétique de la ville, là où logements et commerces deviennent homogènes.

3-2 Les cours En donnant au bâtiment la forme d’un « 8 », l’architecte a fait naître deux cours aménagées sur lesquelles ouvrent

toutes

habitations,

et

les

qui

sont Figure 69 : cour intérieure

traversées par la rampe. Ces cours servent de lieu commun où des activités sont

organisées,

les

enfants peuvent jouer tout en restant à la vue de leurs parents habitations.

depuis

leurs Figure 70 : vue sur les deux cours intérieures

____ 73


Processus de conception

Figure 71 : diagrammes explicatifs L’architecte a procédé à un processus de conception suivant des étapes logiques. La première était de disposer sur le terrain une forme suivant les limites de celui-ci tout en respectant la règlementation de la zone, ensuite, il a fait un épannelage fonctionnel en distribuant les fonctions sur différentes couches comme « un gâteau urbain » en disposant les fonctions commerciales et bureautiques au rez-de-chaussée, et les fonctions résidentielles dans les niveaux supérieurs afin d’offrir à ceux-là le calme et la tranquillité qui leur est nécessaire. L’architecte a voulu créer un passage direct à travers le bâtiment pour relier deux places de la ville, il a donc créé un nœud au milieu du bâtiment qui a donné à ce dernier la forme d’un « 8 ». Enfin, pour des raisons d’orientation et d’illumination, l’architecte à surélevé la partie sudouest et abaissé la partie diamétralement opposée pour permettre un bon ensoleillement des habitations.

____ 74


Typologie des logements

____ 75


La vie dans « 8 House » 6-1 Photos et témoignages d’habitants o Photos prises par les habitants En parcourant l’internet et les réseaux sociaux, on trouve des photos prises par les habitants de ce complexe, accompagnées de commentaires qui rendent compte de leur vie de tous les jours. A travers ces photos, on réalise l’impact de l’architecture sur l’utilisateur de l’espace et on comprend le choix de l’utilisation de certains éléments.

Figure 72 : photos personnelles d’habitants de la 8 House, publiées sur un réseau social

____ 76


6-2 Documentaire : The infinite Happiness d’Ila Bêka et Louise Lemoine

Figure 73 : photos extraites du documentaire « The infinite Happiness »

6-2-1 Présentation Ila Bêka et Louise Lemoine sont deux cinéastes qui focalisent leurs recherches sur l’expérimentation de nouvelles formes de narration cinématographique en relation avec l’architecture contemporaine. Ainsi, leur intention est de parler d'architecture, ou plutôt de laisser l'architecture nous parler, à partir d'un point de vue « intérieur », à la fois personnel et subjectif. Contrairement à la plupart des films sur l'architecture, ces films se concentrent moins sur l'explication du bâtiment, de sa structure et de ses détails techniques. Ils laissent le spectateur entrer dans la bulle invisible de l'intimité quotidienne de certaines icônes de l'architecture contemporaine. Grâce à une série de moments et de fragments de vie, un portrait particulièrement spontané du bâtiment émerge. Cette expérience présente une nouvelle façon de regarder l'architecture qui élargit le champ de sa représentation.

____ 77


6-2-2 The infinite Happiness1 Réalisé comme un journal vidéo quotidien, « the infinite Happiness » est une expérience architecturale et humaine à la fois. Le film nous plonge à l’intérieur du vécu des habitants de « 8 house », et nous fait part du ressenti de ses occupants. Ila bêka et Louise Lemoine ont habité à l’intérieur de « 8 house » pendant 21 jours et nous racontent leur expérience de vie dans ce village vertical.

Jour 1 : Encourageant « Per » après sa 50eme pompe.

Jour 2 : entrain de suivre « Gitte Stark », le photographe d’instagram le plus connu dans la « 8 House » et son amie pour faire la parfaite photo architecturale

Jour 4 : nous discutons avec « Timo » l’entrepreneur, dans le café « 8 house » à propos du challenge de la création d’un environnement vivable dans une zone peu peuplée.

1

Titre qui peut se traduire par « Le bonheur infini » en référence à la forme du bâtiment qui représente le symbole de l’infini (∞)

____ 78


Jour 5: « Palle », l’homme en or de la « 8 House ».

Jour 6: Louise cherche des sons dans la cour sud.

Jour 10: rendez-vous avec Christian, accordeur de piano aveugle. Il accorde les pianos de la cathédrale de « 8 house »

Jour 7: Entrain de suivre « KIM », le facteur pendant sa tournée matinale sur la rampe.

Jour 11: Louise et Ila apprennent le Tai-Chi avec Madame Lingxiu lors du lever du soleil

____ 79


Jour 14: nous sommes les invités de Susanna pour un petit déjeuner danois très bon.

Jour 15: Anja Karina, « le guide couleur » des différents étages.

Jour 17: Woody, le célèbre chat de la « 8 house ».

Conclusion La « 8 House » est un bâtiment à caractère humain, par son architecture, il établit des liens de voisinage et une vie communautaire. La rampe et les cours sont des espaces générateurs d’événements et d’activités. Ils favorisent donc le lien social. L’architecture de ce bâtiment a développé la fibre artistique des habitants qui sont devenus malgré eux passionnés de photographie. La mixité fonctionnelle crée au sein du bâtiment fait de ses habitants une micro communauté autosuffisante. Bjark Ingels estime qu’il a réussi dans ce projet à faire ce que Alison et Peter Smithson ont échoué à faire dans leur Robin Hood Gardens, c’est-à-dire, la sociabilisation des habitants grâce à la rampe qui est la transposition de la rue suspendue. Il pense que leur échec est dû au fait que les « rues » du Robin Hood Gardens n’ont pas un contact direct avec le sol du rez-de-chaussée. ____ 80


B- San Damián Housing Estate

Figure 74 : vue extérieure à partir d’une cour intérieure

Présentation Architecte : Chauriye Stäger Arquitectos

Construit en 2014 ce projet est

Localisation : Santiago, Chili Superficie : 3200 m² Année : 2014

situé

dans

l’est

de

Santiago, dans une nouvelle zone

urbaine

qui

se

développe rapidement et où les maisons à terrasses sont

Echelle : Petite Densité : faible = 18.75 logements/ha

prédominantes. En opposition à ce qui est le plus courant dans la région,

l’architecte a choisi de créer un prototype de maison individuelle qu’il réplique six fois et dans différentes orientations jusqu’à remplir complétement le terrain. Cette disposition ne permet pas d’avoir des places de parking autour des maisons c’est pour cela qu’il a crée un parking sous terrain.

____ 81


Espaces de transition

Parking sous terrain

Figure 75 : coupe transversale sur le projet

2. Typologie • Un premier étage, rectangulaire et linéaire qui couvre le rez-de-chaussée à certains endroits pour créer des marquages d’entrées et des balcons. • Un rez-de-chaussée composé de formes en dents de scie. • Une plateforme reliant les six habitations qui sert de rue intérieure et de lieu de rencontre. • Un parking sous terrain libérant le rez-de-chaussée.

Figure 76 : axonométrie du bâtiment

____ 82


____ 83


Eléments architecturaux 3-1 La rue intérieure L’architecte développe dans ce projet l’idée de la rue intérieure qui rappelle la réflexion de Le Corbusier à propos de la vie communautaire

dans

ses

projets. En effet la rue intérieure est un lieu de rencontre, de passage et de communication. Elle assure aussi une percée visuelle et une sensation de continuité dans le projet.

Figure 77 : schéma de la rue intérieure

3-2 la cour Les cours intérieures sont des espaces de rencontre et de convivialité pour les voisins, ce sont des espaces d’échange et de partage où les habitants peuvent profiter des avantages de la vie en communauté.

Figure 78 : schéma des cours intérieures

____ 84


3-3 les espaces de transition La rotation du 1er étage par rapport au rez-de-chaussée permet la création d’espaces supplémentaires comme des marquages d’entrée et de petites placettes qui permettent une continuité du logement et une transition vers l’espace commun.

Figure 79 : porche d’entrée

3-4 Le toit terrasse Chaque habitation a un toit terrasse que ses propriétaires sont libres d’aménager comme bon leur semble. Ces terrasses permettent un contact visuel avec le reste des terrasses, ceci favorise encore une fois la vie de voisinage.

Figure 80 : toit terrasse

____ 85


3-5 La percée visuelle Donnant sur la rue intérieure, la fenêtre haute assure une continuité entre

l’intérieur

et

l’extérieur

et

favorise la vie de voisinage. La fenêtre encadre la vue et permet un apport continuel de lumière.

Figure 81 : cadrage de la vue extérieure

Conclusion La typologie de ce complexe est génératrice d’espaces de vie communautaires comme la rue intérieure et les porte-à-faux du 1er étage. Le parking sous terrain permet de libérer l’espace au rez-de-chaussée pour son exploitation comme espace de vie. Les toits terrasses permettent l’adaptabilité du logement et la continuité visuelle avec les voisins.

____ 86


____ 87






Introduction

Après avoir étudié le sujet du logement intermédiaire groupé sous ses différents angles et après avoir analysé des projets de référence, nous nous proposons de concevoir un projet architectural dans un site choisi, dans lequel nous appliquerons les différents principes et aspects appris sur ce sujet. Le projet en question devra répondre à la problématique posée qui concerne la flexibilité du logement dans sa dualité collective et privée, son adaptabilité ainsi que la façon avec laquelle il répond à la problématique de la densité et de l’échelle urbaine. Nous introduirons dans ce chapitre une analyse du site choisi ainsi que les raisons de ce choix, puis nous parlerons des dispositifs architecturaux utilisés dans la conception du projet, en nous appuyant sur des schémas explicatifs.

____ 89


Choix du site Dans la nouvelle révision du code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (CATU) il est prévu de favoriser la mixité fonctionnelle dans le cadre de la politique de décentralisation et de la limitation de l’étalement urbain. En effet Mme Raoudha Larbi, directrice de l’urbanisme au ministère de l’équipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire a déclaré que « l’objet est de faire de l’aménagement et de l’urbanisme un levier de développement social, économique et environnemental » Le choix du site s’est alors porté sur le centre urbain nord car c’est un milieu dense en plein développement et qui présente une vraie mixité urbaine vu la présence de différentes fonctions dans la zone dont notamment des équipements publics et privés, des équipements universitaires, des bureaux, des commerces et des logements.

1-1-Situation

N

Centre-ville de Tunis

Centre urbain nord

Banlieue nord

Lac de Tunis

Figure 82 : situation du centre urbain nord par rapport à la ville de Tunis

____ 90


Le centre urbain nord se situe dans la partie nord de la ville de Tunis plus exactement, entre l’aéroport du coté est et la cité olympique du côté ouest et s’étale sur une superficie de 100 ha. Ce centre se situe à 6km du centre-ville de Tunis, à une dizaine de kilomètres de la banlieue nord et à 4km du lac de Tunis.

N

Figure 83 : zones environnantes au centre urbain nord

Ce quartier s’est développé de part et d’autre de l’axe qui prolonge la route nationale 8 et la route régionale 21. Avec le développement urbain de la ville de Tunis vers le nord, le centre urbain nord a pris une position centrale faisant de ce dernier un important nœud de transition entre les zones périphériques nord et ouest de Tunis. Rappelons, que ce centre a été planifié au cours des années 80, à la suite de la politique de décentralisation des fonctions tertiaires et la décongestion de l’hypercentre de Tunis.

____ 91


1-2 Epannelage fonctionnel de la zone

N

Habitations Habitations

Equipements

projetées Espaces

Equipements projetés

verts

Ambassade

Bureaux

Etablissements universitaires

Figure 84 : Epannelage fonctionnel de la zone d’étude

____ 92


1-3 Choix du terrain et réglementation

TERRAIN Superficie 3188² COS : 0,6 CUF : 3 Retraits :

- 5 mètres sur rues de largeur 10 m - 2 mètres sur rue de largeur 20 m Figure 85 : plan d’aménagement urbain de la zone

____ 93


L’habitat intermédiaire groupé est comme nous l’avons montré dans ce mémoire un habitat qui favorise la mixité sociale et fonctionnelle. Le choix du terrain s’est alors naturellement porté sur un terrain à double vocation qui accueille habitat et équipements. Le terrain se situe dans un milieu urbain mixte et dense, entouré de bâtiments dédiés aux habitations, aux bureaux, aux commerces ainsi qu’à des équipements et des espaces verts.

N

Habitations

Bureaux Et commerces

Bureaux

Parking

Espaces verts

Figure 86 : fonctions des bâtiments environnants aux terrain

____ 94


N

Circulation dense

Circulation moyenne

Figure 87 : voiries environnantes au terrain

Figure 88 : orientation du terrain

____ 95


o Photos du site

Le terrain choisi est actuellement en cours de construction. Nous allons proposer un bâtiment alternatif qui offre les principes d’une architecture adaptées au thème étudié et à ses exigences de point de vue qualités spatiales.

____ 96


Projet architectural En considérant les atouts et les contraintes du terrain choisi, la conception architecturale s’est portée sur une typologie offrant plusieurs éléments architecturaux qui garantissent une intégration au site ainsi qu’une bonne qualité de vie intérieure au projet.

Figure 89 : éléments du projet Le bâtiment doit garantir des notions que nous avons traitées dans ce mémoire comme la densité, la durabilité, la mixité sociale et fonctionnelle

____ 97


Figure 90 : utilisateurs du bâtiment

Le projet architectural que nous élaborons ici est un projet à visée multigénérationnelle et multiculturelle, toutes les catégories de personnes doivent trouver leur place dans ce bâtiment et s’y sentir chez eux.

2-1 Programme Le cahier des charges de la zone exige que les rez-de-chaussées des terrains à double vocation d’équipements et d’habitats collectifs, soient consacrés à des locaux commerciaux et que les étages supérieurs soient eux consacrés à l’habitat. Pour réponde à la problématique de la densité, nous avons choisi de concevoir un projet de même densité qu’un immeuble classique mais avec une meilleure qualité architecturale. De ce fait, et en prenant une moyenne de 150m² de surface de plancher par logement, nous aurons à concevoir une cinquantaine d’habitations.

____ 98


2-2 Dispositifs architecturaux de références

Intégration de l’élément de la rue intérieure

Réinterprétation du patio traditionnel

Figure 91 : schéma des dispositifs architecturaux de référence

____ 99


Des porte-à-faux et des espaces couverts engendrés par l’organisation des unités

Figure 92 : schéma des dispositifs architecturaux de référence

____ 100


2-3 Typologies des logements Appartement étudiants / célibataires -

Kitchenette Salon Bureau Salle de bain Mezzanine (Chambre à coucher + coin lecture + dressing) Terrasse

Appartement retraités / handicapés -

Appartement pour familles (Parents + 2 à 4 enfants)

Salon + Salle à manger WC Cuisine Chambre à coucher Salle de bain Terrasse

RDC - Entrée - Salon + SAM - Cuisine - Séjour - WC Etage - Chambre parents - 2 Chambres enfants - 2 Salles de bain - Dressing - Terrasse

____ 101


2-4 Esquisses 2-4-1 Esquisses non retenues o Esquisse 1

Petits commerces + Parking

Plateforme séparatrice

Habitations

Figure 93 : Recherche sur la typologie du bâtiment Dans cette esquisse nous divisons le bâtiment sur deux zones. Une zone publique en rez-de-chaussée où on retrouve des commerces et des parkings et une autre zone privée où se situent les habitations. Les deux zones sont séparées par une dalle étendue sur toute la surface du terrain. Cette esquisse est rejetée, car cette typologie n’offre pas l’habitabilité recherchée et à laquelle on aspire à travers ce mémoire. De plus la dalle séparatrice qui se trouve qu’à trois mètres du sol ne donne qu’un aspect renfermé et étouffant à la zone publique qui est supposée être agréable et conviviale.

____ 102


o Esquisse 2

Figure 94 : Recherche sur la typologie du bâtiment

Cette esquisse présente un bâtiment en U composé de plusieurs modules. Une toiture inclinée relie les trois tronçons qui sert aussi de rampe sur laquelle les habitants peuvent se promener et pratiquer le sport. Cette esquisse est rejetée car elle la façade sud-est ne s’aligne pas avec le bâtiment voisin et cela crée un trou urbain.

____ 103


2-4-2 Esquisse retenue

Figure 95 : perspective extérieure

L’esquisse finalement retenue présente un bâtiment composé d’un assemblage de modules de differentes tailles. L’implantation s’est faite en U pour respecter le coefficient d’occupation du sol qui est de 0.6 ainsi que pour respecter le jumelage avec le bâtiment voisin imposé par le cahier des charges de la zone.

Figure 96: plan masse

Figure 97: schéma de la rampe

____ 104


Figure 98 : vues intérieures

Une rampe à trois paliers relie les 3 tronçons du bâtiment pour aboutir à une placette suspendue où les habitants peuvent profiter du paysage et avoir des activités de groupe. La rampe sert aussi de parcours sportifs, en effet les habitants peuvent y pratiquer la marche ou la course à pied sans avoir à s’éloigner de leurs appartements.

Figure 99 : façade sud-ouest

Toutes les façades du bâtiment sont parsemées par des percées visuelles qui assurent une connexion entre la ville et l’intérieur du bâtiment. Ce sont des évidements entre les modules qui permettent une aération du bâtiment et un cadrage de la vue.

____ 105



Bibliographie Ouvrages o Junkspace, Rem Koolhaas, Payot, 5 janvier 2011. o Les cahiers philosophiques de Strasbourg n°34 : Le Corbusier : Penser en architecture, Première édition, 2013

o Hot to Cold , BIG, Taschen, 23 janvier 2015. o Moshe Safdie (Millennium) (Volume 2), Images publishing group, Avril 2009.

Publications et thèses o « C’est quoi l’habitat intermédiaire ? » Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération Strasbourgeoise, Décembre 2014.

o L’habitat intermédiaire en pays de Savoie : « une alternative à l’étalement urbain conservant des qualités de la maison individuelle » - Claire Miège, architecte et urbaniste de l’état Français. Septembre 2010

o Pour une nouvelle stratégie de l’habitat : Diagnostics et recommandationsMinistère Tunisien de l’équipement, de l’aménagement du territoire et du développement durable, 6 Septembre 2014.

o Entre confort, désir et normes : le logement contemporain- Monique Eleb et Philippe Simon, Août 2012

o Entre maison et appartement : l’habitat intermédiaire, Agence d’urbanisme et de développement intercommunal de l’agglomération Rennaise, Décembre 2008

o Habitats Alternatifs : Individuels denses ou Intermédiaires. Etude en Auvergne, Bourgogne, Franche Comté et Rhône Alpes. Janvier 2010

o Stem and Web: A Different Way of Analysing, Understanding and Conceiving the City in the Work of Candilis-Josic-Woods ,Tom Avermaete

o Continuité et discontinuité dans le mouvement moderne – Magazine : Le carré bleu, février 1968.

o L’Architecture d’Aujourd’hui, no. 177,‘Team 10/CIAM 10’, Janvier/février 1975

____ 106


o Olfa Ben Medien. «Le modèle médinal dans la production des cités et du logement social à Tunis». URBAMAG, Les médinas et ksours dans la recherche universitaire, 24 novembre 2006, www.urbamag.net/document.php?id=161.

o Dossier de presse : « Mouvement moderne : premières autocritiques, TEAM 10, une utopie du présent » Exposition du 20 mars au 11 mai 2008 à la cité de l’architecture et du patrimoine de Paris.

o Les espaces de vie, un habitat collectif mixte et intergénérationnel, Aurélie Meyer, Charlotte Marmet http://issuu.com/charlottemarmet/docs/un_habitat_collectif_mixte_et_inter

o Creating Communities, Lisa Irvine , Mars 2013 http://issuu.com/lisairvine/docs/creating_communities

Interviews et conférences o TEDx talk : Alejandro Aravena. « My architectural philosophy? Bring the community into the process, octobre 2014. https://www.ted.com/talks/alejandro_aravena_my_architectural_philosophy _bring_the_community_into_the_process

o Entretien avec Alejandro Aravena dans le magazine électronique : Architecture Record : « Alejandro Aravena Wins 2016 Pritzker Architecture Prize » , 13 Janvier 2016

o TEDx talk : Moshe Safdie : Comment réinventer l’immeuble, Mars 2014. https://www.ted.com/talks/moshe_safdie_how_to_reinvent_the_apartment_ building?language=fr

o Entretien avec Moshe Safdie : « Habitat for Harmony » Vanity fair, propos recueillis par Jhon Heilpern, juin 2012. http://www.vanityfair.com/culture/2012/06/moshe-safdie-architecture-oftoday-bilbao-effect

o Entretien avec Rem Koolhaas dans le magazine « Books » n°39, janvier 2013, propos recueillis par Jean Louis de Montesquiou.

o Interview: The Smithsons on Housing www.youtube.com/watch?v=UH5thwHTYNk

____ 107


Table des Figures

FIGURE 1 : MAISON « MINIMA » - BERNARD ZEHRFUSS ET JASON KYRIACOPOULOS: SOURCE : ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI N20, 1948, SPECIAL TUNISIE, P70.......................................................................................... 13 FIGURE 2 : PLANS DE LA MAISON MINIMA : SOURCE : ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI N20, 1948, SPECIAL TUNISIE, P70 .............................................................................................................................................................. 14 FIGURE 3 : PLAN DE LA CITE DES ANDALOUS : SOURCE : ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI N20, 1948, SPECIAL TUNISIE, P70......................................................................................................................................................... 14 FIGURE 4 : FAÇADES DE LA CITE DES ANDALOUS : SOURCE : ARCHITECTURE D’AUJOURD’HUI N20, 1948, SPECIAL TUNISIE, P70 ............................................................................................................................................ 15 FIGURE 5 : PLAN DE SITUATION DE LA CITE IBN KHALDOUN : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................... 16 FIGURE 6 : CROQUIS D’UNE VOUTE EN FAÇADE D’UN LOGEMENT : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................... 16 FIGURE 7 : VUE EN FAÇADE DE QUELQUES LOGEMENTS : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................................... 17 FIGURE 8 : ORGANIGRAMME D’UN MODELE D’HABITATION : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................... 18 FIGURE 9 : PLAN MASSE DE LA CITE IBN KHALDOUN : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................................... 18 FIGURE 10 : PLAN D’UNE UNITE DE VOISINAGE : SOURCE : OLFA BEN MEDIEN. «LE MODELE MEDINAL DANS LA PRODUCTION DES CITES ET DU LOGEMENT SOCIAL A TUNIS». URBAMAG, LES MEDINAS ET KSOURS DANS LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE, 24 NOVEMBRE 2006, WWW.URBAMAG.NET/DOCUMENT.PHP?ID=161 ......................................... 19 FIGURE 11 : PLAN D’IMPLANTATION DE LA CITE DES UV4 .................................................................................. 21 FIGURE 12 : RESEAU DES VOIRIES.................................................................................................................. 22 FIGURE 13 : DIFFERENTES TYPOLOGIES DES HABITATIONS ................................................................................... 22 FIGURE 14 : ACCES AUX HABITATIONS ............................................................................................................ 23 FIGURE 15 : ESCALIERS DESSERVANT UNE HABITATION EN ETAGE :SOURCE : AUTEUR............................................. 23 FIGURE 16 : COURSIVES DESSERVANT DEUX HABITATIONS :SOURCE : AUTEUR...................................................... 23 FIGURE 17 : LA MEME DENSITE PEUT PRENDRE DES FORMES BIEN DIFFERENTES : SOURCE : VIVRE EN VILLE, ADAPTE DE URBAN TASK FORCE, TOWARDS AN URBAN RENAISSANCE SOURCE : AU-DELA DES PERCEPTIONS NEGATIVES, LA DENSITE : EFFICACE ET AGREABLE HTTP://WWW.SAGACITE.ORG/2011/02/DENSITE/ .......................................................... 28 FIGURE 18 : LES VISITEURS TRAVERSANT L’ŒUVRE : SOURCE : HTTP://EVOLTASTE.COM/WORKS/NORDKREUZ/CATEGORY:INSTALLATIONS#NORDKREUZ ......................................... 30 FIGURE 19 : VUE MONTRANT LE VIS-A-VIS DES LOGEMENTS : SOURCE : HTTP://EVOLTASTE.COM/WORKS/NORDKREUZ/CATEGORY:INSTALLATIONS#NORDKREUZ ......................................... 30 FIGURE 20 : LES BATIMENTS QUI S’IMPOSENT SUR LA NATURE SOURCE HTTP://EVOLTASTE.COM/WORKS/NORDKREUZ/CATEGORY:INSTALLATIONS#NORDKREUZ: .......................... 30 FIGURE 21 : LE MODULOR : SOURCE : LE MODULOR, SANS LIEU, 1945, FONDATION LE CORBUSIER, HTTP://TINYURL.COM/ZSMZC5E ................................................................................................................... 37 FIGURE 22 : PERSPECTIVE EXTERIEURE SOURCE : HTTPS://EN.WIKIPEDIA.ORG/WIKI/UNIT%C3%A9_D%27HABITATION .............................................................................................................................................................. 38 FIGURE 23 : MAQUETTES DES DIFFERENTES TYPOLOGIES DES APPARTEMENTS. SOURCE : PHOTO PERSONNELLE PRISE A LA CITE DE L’ARCHIECTURE DE PARIS. ................................................................................................................. 38 FIGURE 24 : TYPOLOGIE DE LA CITE RADIEUSE SOURCE :AUTEUR ....................................................................... 39 FIGURE 25 : RUE INTERIEURE : SOURCE : HTTP://UTOPIES.SKYNETBLOGS.BE/ARCHIVE/2008/12/11/LE-CORBUSIER1887-1965-LA-CITE-RADIEUSE.HTML ........................................................................................................... 39 FIGURE 26 : TOIT TERRASSE : SOURCE : HTTP://PROFESSEUR.BESNARD.PAGESPERSOORANGE.FR/5/CENTRE/TOITURE/SEQ02-TERRASSE/RESSOURCE.HTML................................................................. 39

____ 108


FIGURE 27 : IMBRICATION DES APPARTEMENTS SOURCE : HTTP://UTOPIES.SKYNETBLOGS.BE/ARCHIVE/2008/12/11/LE-CORBUSIER-1887-1965-LA-CITE-RADIEUSE.HTML ...... 40 FIGURE 28 : SALLE COMMUNE A L’INTERIEURE D’UN APPARTEMENT ..................................................................... 40 FIGURE 29 : DISPOSITION DES PIECES D’UNE UNITE SUR FOND DE CROQUIS DE PERSPECTIVE D’UN APPARTEMENT SUPERIEUR SOURCE : AUTEUR .................................................................................................................... 41 FIGURE 30 : SEPARATION DES ESPACES EN ESPACES NUIT ET ESPACES JOUR SOURCE :AUTEUR................................. 41 FIGURE 31 : CLUSTER CITY (ALISON ET PETER SMITHSON) : SOURCE : HTTPS://WWW.STUDYBLUE.COM/NOTES/NOTE/N/ARCH-350-EXAM-2/DECK/2233024 ....................................... 43 FIGURE 32 : CLUSTER CITY (ALISON ET PETER SMITHSON) SOURCE : IDEM .......................................................... 44 FIGURE 33 : BACARES-LEUCATE (FRANCE). UNITES DE LOGEMENT CANDILIS-JOSIC-WOODS : SOURCE : HTTPS://WWW.STUDYBLUE.COM/NOTES/NOTE/N/ARCH-350-EXAM-2/DECK/2233024 ....................................... 45 FIGURE 34 : CANDILIS, JOSIC, AND WOODS, SHOPPING CENTER, PLAN,(TOULOUSE, FRANCE, 1963) : SOURCE : HTTP://DAVIDHANNAFORDMITCHELL.TUMBLR.COM/PAGE/799 ......................................................................... 45 FIGURE 35 : VUE EXTERIEURE SUR LE BATIMENT : SOURCE : HTTPS://EN.WIKIPEDIA.ORG/WIKI/ROBIN_HOOD_GARDENS ............................................................................. 46 FIGURE 36 : AXONOMETRIE ET PLAN MASSE DU COMPLEXE : SOURCE : .............................................................. 46 FIGURE 37 : TYPOLOGIE DU BATIMENT : SOURCE : HTTP://SED.AASCHOOL.AC.UK/WP-CONTENT/GALLERY/ROBINHOOD-GARDENS/BUILDING-SCHEME-FLATS-ASSEMBLY-01-03.JPG ...................................................................... 47 FIGURE 38 : CROQUIS MONTRANT L'ESPACE VERT ET LES RUES SUSPENDUES : SOURCE : WWW.ARCHDAILY.COM ........ 47 FIGURE 39 : TYPOLOGIE D'UN APPARTEMENT A DEUX ETAGES : SOURCE : AUTEUR................................................ 48 FIGURE 40: COUPE SUR LA RUE SUSPENDUE : SOURCE : WWW.ARCHDAILY.COM .................................................. 48 FIGURE 41: PHOTOS DE LA RUE SUSPENDUE : SOURCE : MUNICIPALDREAMS.WORDPRESS.COM ............................... 49 FIGURE 42 : CARICATURE DESSINEE PAR ANGELI EXPRIMANT LE JUNKSPACE : SOURCE : HTTP://UNINOMADE.NET/ASSETS/REBORDOSA.JPG ...................................................................................... 51 FIGURE 43 : VUE EN PERSPECTIVE DE L’INTERLACE : SOURCE : HTTP://WWW.LUMIERESDELAVILLE.NET/2014/06/11/LE-COMPLEXE-RESIDENTIEL-ENTRELACE-DE-SINGAPOUR/ ........ 53 FIGURE 44 : PERSPECTIVE INTERIEURE : SOURCE : HTTP://WWW.LUMIERESDELAVILLE.NET/2014/06/11/LECOMPLEXE-RESIDENTIEL-ENTRELACE-DE-SINGAPOUR/ ....................................................................................... 53 FIGURE 45 : LE PROJET DANS SON ENVIRONNEMENT : SOURCE : HTTP://WWW.LUMIERESDELAVILLE.NET/2014/06/11/LE-COMPLEXE-RESIDENTIEL-ENTRELACE-DE-SINGAPOUR/ ........ 53 FIGURE 46 : PERSPECTIVE EXTERIEURE : SOURCE : HTTP://WWW.LUMIERESDELAVILLE.NET/2014/06/11/LECOMPLEXE-RESIDENTIEL-ENTRELACE-DE-SINGAPOUR/ ....................................................................................... 54 FIGURE 47 : PLAN MASSE : SOURCE : HTTP://WWW.LUMIERESDELAVILLE.NET/2014/06/11/LE-COMPLEXERESIDENTIEL-ENTRELACE-DE-SINGAPOUR/ ....................................................................................................... 54 FIGURE 48 : PLAN D’UN ETAGE TYPE SOURCE : AUTEUR .................................................................................. 54 FIGURE 49 : PERCEE VISUELLE CREE PAR L’ORGANISATION DES VOLUMES : SOURCE : HTTP://WWW.DEZEEN.COM/2009/09/04/THE-INTERLACE-BY-OMA/ ................................................................ 55 FIGURE 50 : VUE D’ENSEMBLE SUR LE PROJET SOURCE : HTTPS://FR.WIKIPEDIA.ORG/WIKI/HABITAT_67 ................. 59 FIGURE 51 : PERSPECTIVE EXTERIEURE SOURCE : HTTP://WWW.HABITAT67.COM/ .............................................. 59 FIGURE 52 : VUES SUR TERRASSES SOURCE : HTTP://WWW.HABITAT67.COM/ .................................................... 60 FIGURE 53 : VUE D’ENSEMBLE DES MODULES SOURCE : HTTP://WWW.HABITAT67.COM/ ..................................... 60 FIGURE 54 : IMBRICATION DES MODULES SOURCE : HTTP://WWW.HABITAT67.COM/ + AUTEUR .......................... 60 FIGURE 55 : DIFFERENTES TYPOLOGIES DES APPARTEMENTS SOURCE : HTTP://WWW.HABITAT67.COM/HOMMAGE/#HABITAT67 ................................................................................ 61 FIGURE 56 : COUPE SCHEMATIQUE MONTRANT LES DIFFERENTES QUALITES DU COMPLEXE D’HABITATION SOURCE :AUTEUR .................................................................................................................................... 61 FIGURE 57 : ALEJANDRO ARAVENA – PHOTO PRISE PAR CRISTOBAL PALMA SOURCE : HTTP://WWW.ARCHITECTURALRECORD.COM/ARTICLES/11451-ALEJANDRO-ARAVENA-WINS-2016-PRITZKERARCHITECTURE-PRIZE .................................................................................................................................. 63 FIGURE 58 : VUE SUR TROIS LOGEMENTS SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROYELEMENTAL ............................................................................................................................................... 64 FIGURE 59 : ORGANISATION DES LOGEMENTS SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROYELEMENTAL .............................................................................................................................................. 65 SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROY-ELEMENTAL FIGURE 60 : RECHERCHES SUR LES TYPOLOGIES SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROYELEMENTAL ............................................................................................................................................... 65 FIGURE 61 : EXEMPLE D’EXTENSIONS DE LOGEMENTS SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-

____ 109


MONROY-ELEMENTAL ................................................................................................................................. 66

FIGURE 62 : COUPE SUR UN LOGEMENT SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROYELEMENTAL ............................................................................................................................................... 66 FIGURE 63 : ADAPTATION D’UN LOGEMENT. SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTA-MONROYELEMENTAL ............................................................................................................................................... 67 FIGURE 64 : LES VIDES SONT AUJOURD'HUI COMBLES SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/10775/QUINTAMONROY-ELEMENTAL ................................................................................................................................. 67 FIGURE 65 : PERSPECTIVE EXTERIEURE. SOURCE :WWW.BIG.DK ........................................................................ 71 FIGURE 66 : TYPOLOGIE DU BATIMENT SOURCE :WWW.BIG.DK......................................................................... 72 FIGURE 67 : PHOTOS PRISES PAR DES HABITANTS DE LA 8 HOUSE, PUBLIEES SUR UN RESEAU SOCIAL SOURCE : INSTAGRAM .............................................................................................................................................. 72 FIGURE 68 : VUE SUR LA RAMPE CYCLABLE SOURCE :WWW.BIG.DK.................................................................... 73 FIGURE 69 : VUE SUR LES DEUX COURS INTERIEURES SOURCE :WWW.BIG.DK ....................................................... 73 FIGURE 70 : COUR INTERIEURE SOURCE :WWW.BIG.DK ................................................................................... 73 FIGURE 71 : DIAGRAMMES EXPLICATIFS SOURCE :WWW.BIG.DK ....................................................................... 74 FIGURE 72 : PHOTOS PERSONNELLES D’HABITANTS DE LA 8 HOUSE, PUBLIEES SUR UN RESEAU SOCIAL SOURCE : INSTAGRAM .............................................................................................................................................. 76 FIGURE 73 : PHOTOS EXTRAITES DU DOCUMENTAIRE « THE INFINITE HAPPINESS » : SOURCE :OUVRAGE HOT TO COLD 77 FIGURE 74 : VUE EXTERIEURE A PARTIR D’UNE COUR INTERIEURE SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIAN-HOUSING-ESTATE-CHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS ............. 81 FIGURE 75 : COUPE TRANSVERSALE SUR LE PROJET SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIANHOUSING-ESTATE-CHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS .......................................................................................... 82 FIGURE 76 : AXONOMETRIE DU BATIMENT SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIAN-HOUSINGESTATE-CHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS ....................................................................................................... 82 FIGURE 77 : SCHEMA DES COURS INTERIEURES SOURCE :AUTEUR...................................................................... 84 FIGURE 78 : SCHEMA DE LA RUE INTERIEURE SOURCE :AUTEUR ........................................................................ 84 FIGURE 79 : PORCHE D’ENTREE SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIAN-HOUSING-ESTATECHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS .................................................................................................................. 85 FIGURE 80 : TOIT TERRASSE SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIAN-HOUSING-ESTATECHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS .................................................................................................................. 85 FIGURE 81 : CADRAGE DE LA VUE EXTERIEURE SOURCE : HTTP://WWW.ARCHDAILY.COM/550401/SAN-DAMIANHOUSING-ESTATE-CHAURIYE-STAGER-ARQUITECTOS .......................................................................................... 86 FIGURE 82 : SITUATION DU CENTRE URBAIN NORD PAR RAPPORT A LA VILLE DE TUNIS SOURCE :AUTEUR SUR FOND GOOGLE EARTH .......................................................................................................................................... 90 FIGURE 83 : ZONES ENVIRONNANTES AU CENTRE URBAIN NORD : SOURCE : AUTEUR ............................................ 91 FIGURE 84 : EPANNELAGE FONCTIONNEL DE LA ZONE D’ETUDE : SOURCE : AUTEUR .............................................. 92 FIGURE 85 : PLAN D’AMENAGEMENT URBAIN DE LA ZONE .................................................................................. 93 FIGURE 86 : FONCTIONS DES BATIMENTS ENVIRONNANTS AUX TERRAIN : SOURCE : AUTEUR .................................. 94 FIGURE 87 : ORIENTATION DU TERRAIN : SOURCE : AUTEUR ............................................................................ 95 FIGURE 88 : VOIRIES ENVIRONNANTES AU TERRAIN : SOURCE : AUTEUR ............................................................. 95 FIGURE 89 : ELEMENTS DU PROJET : SOURCE : AUTEUR.................................................................................. 97 FIGURE 90 : UTILISATEURS DU BATIMENT : SOURCE : AUTEUR .......................................................................... 98 FIGURE 91: SCHEMA DES DISPOSITIFS ARCHITECTURAUX DE REFERENCE................................................................. 99 FIGURE 92: SCHEMA DES DISPOSITIFS ARCHITECTURAUX DE REFERENCE : SOURCE : AUTEUR ................................. 100 FIGURE 93 : RECHERCHE SUR LA TYPOLOGIE DU BATIMENT : SOURCE : AUTEUR ................................................. 102 FIGURE 94 : RECHERCHE SUR LA TYPOLOGIE DU BATIMENT : SOURCE : AUTEUR ................................................. 103 FIGURE 95 : PERSPECTIVE EXTERIEURE : SOURCE : AUTEUR..…………………………………………………………………………104 FIGURE 96: PLAN MASSE : SOURCE : AUTEUR……………………………………………………………………………………………104 FIGURE 97: SCHEMA DE LA RAMPE : SOURCE : AUTEUR..……………………………………………………………………….……104 FIGURE 98 : VUES INTERIEURES: SOURCE : AUTEUR..……………………………………………………………………………..……105 FIGURE 99 : FAÇADE SUD-OUEST: SOURCE : AUTEUR..…………………………………………………………………….…….……105

____ 110


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.