Les aventures cyclistes
Par Nicolas Vignand
Valence 2007 Ce livre vieillira comme du bon vin au gré des voyages, déménagements, renversements de cafés et autres mauvais traitements de la vie... Je tiens à remercier Mickael pour son assiduité à la réalisation des cartes, statistiques et profils, Johanna pour l’organisation du tour, l’accueil dans sa forge et bien entendu Estelle, ma puce, pour sa relecture attentive et sa patience à supporter un passionné à l’œuvre. Grâce à tous, nous vivons des expériences uniques...
Le JURA, une nouvelle épopée L
Johanna a tout organisé en quelques jours ; elle avait peu de temps et peu de moyens techniques. Elle a donc dû travailler le soir, avec, pour support, des cartes de la région. Le tour démarrera donc de chez elle à Lons-le-Saunier (plus précisément à Vatagna) dans le Jura : une boucle avoisinant les 400 km en 6 étapes. Le parcours était tracé de sorte que l’équipe ne s’éloigne pas à plus de 50 km du point de départ ; ils avaient ainsi un avantage stratégique : en cas de problème majeur, la maison ne sera jamais bien loin. Après les déboires qu’ils vécurent en Corse (cf. Livre Corse 2007), cet atout n’est pas négligeable. Nos 4 amis ont donc rendez-vous chez Johanna le samedi 04 août 2007 ; chacun a préparé son vélo et ses sacoches : la liste des affaires à prendre qui a déjà beaucoup servie permet une bonne réactivité ; cette dernière a néanmoins
Itinéraire Jura 2007 conçu par Johanna Jourdain
Elle prévoit une boucle avoisinnant les 420 km en 6 étapes. été mise à jour : chaque année sont apportées quelques améliorations. Mickaël et Johanna ont fait les courses la veille, ainsi tout est prêt pour démarrer le lendemain. Presque tous choisissent de manger, ce soir, une tartine dans un restaurant en ville sauf Estelle, raisonnable, qui choisit une salade. L’ambiance est estivale, les mets délicieux, c’est le calme avant la tempête en somme.
Le mot jura vient du celte et signifie «forêt» ou «forêt sauvage». Le département a été créé à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir d’une partie de la province de Franche-Comté. © Wikipedia 2007
Introduction
es destinations possibles pour nos quatre cyclistes aventuriers étaient nombreuses. Tout d’abord, Estelle avait évoqué l’Espagne ; toujours aussi frileuse, elle souhaitait profiter d’un soleil radieux et réchauffant. Nicolas ne pensait pas repartir une année de plus, il redoute de plus en plus l’inconfort de ces séjours ; mais vraisemblablement, il se laissera porter par la motivation du groupe. Le choix a été fait par Johanna et Mickaël qui préféraient la fraîcheur des plateaux du Jura : la période choisie pour le tour risquait de correspondre à de fortes chaleurs.
1ER JOUR Vatagna - Fay en montagne Distance.............................64 km Temps sur vélo. ..........3 h 30 min Dénivellé cumulé................ 592 m
Vitesse moyenne............18,3 km/h Calories. .......................1 979 Kcal
Altitude (m)
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Vitesse maximum..........51,9 km/h
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Le soleil est avec eux _______________Dimanche 05 août
ls ont décidé de se lever à 8 h ; cette année, les distances sont modérées, l’équipe peut donc se permettre de dormir un peu plus. Le petit déjeuner avalé, les vélos sont aussitôt chargés devant l’appartement de Johanna qui s’avère être une ancienne forge ; la route du Jura commence donc vers 9 h avec un beau soleil chaleureux et fortifiant.
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Les 4 cyclistes respirent rapidement le bon air des vieilles montagnes, croisent de petites maisons typiques, des villages aux cours d’eau apaisants. Une erreur anecdotique de parcours rajoute quelques kilomètres mais la route est agréable, Mickaël et Johanna retrouvent rapidement le chemin grâce à leur sens de l’orientation affûté. La faim se faisant sentir, les filles proposent de pique-niquer sur un gazon verdoyant à Arley. Ils déjeunent au bord d’une petite rivière à la fraîcheur revigorante mais également à proximité d’une canne couvant ses oeufs fraîchement pondus ; une dame sort alors de chez elle et incite le petit groupe de sportifs à se déplacer un peu plus loin.
omme c’est son anniversaire, Nicolas est gâté par Mickaël et Johanna : un gros chèque cadeau pour satisfaire ses besoins de culture à la FNAC©, pour le gâteau, un choco fera l’affaire !
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Repu, chacun se met à vaquer : Estelle et Johanna profitent de l’air sain et discutent assises sur l’herbe, les garçons, eux, vont découvrir les lieux alentours : quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils découvrent des bancs d’alevins massés sur les bords de la rivières s’écartant lorsque leurs ombres les atteignent ; les masses noires se mettent alors en mouvement, dessinant des formes abstraites guidées par les gestes des deux garçons.
Dimanche 05/08
Après ces brefs moments d’oisiveté estivale, l’équipe reprend la route pour finir l’étape du jour.
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Ombres de mains
s e lasso veniebat anhelitus ore, metaque erat longe: tum denique de tribus unum fetibus arboreis proles Neptunia misit. obst
ohanna avait prévu de visiter l’abbaye de Beaume, la cascade et les sources de la Seille. L’abbaye, bien que remplie de touristes habillés de couleurs aggressives, les transporte dans une autre époque. Le mysticisme des lieux, ce profond silence dans la chapelle imposante aux mille reliques et textes anciens renvoie chacun des aventuriers dans les méandres de ses pensées. La communauté visite longuement ces lieux à l’atmosphère riche et complexe si bien que les cuisses refroidissent et la côte pour rejoindre la cascade risque de déclencher encore quelques désagréables souffrances.
J Si les premières mentions de l’existence de l’abbaye de Baume remontent à 870, son histoire commence véritablement 20 ans plus tard avec son acquisition par Bernon, abbé de Gigny. L’abbaye prospéra rapidement avant d’entrer en conflit avec celle de Cluny. Elle obtint son autonomie de 1157 à 1186 grâce à Frédéric Barberousse. L’abbaye de Baume est alors proclamée impériale.
Dimanche 05/08
© jedecouvrelafrance
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ne fois la montée franchie, la récompense apportée par la beauté des lieux compense largement l’effort fourni : le soleil radieux transperçait les chutes d’eau qui bondissaient d’un rocher à l’autre recouvrant les cyclistes d’une légère brume rafraîchissante. De nouveau, chacun erre et se laisse envahir par cette fraîcheur et cette splendeur revigorante.
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Dimanche 05/08
Estelle boit un Perrier pour se réhydrater ; Mickaël et Nicolas montent à pieds pour voir la source puis il est temps de repartir : cette fois, les muscles sont bien froids et pourtant une autre montée longue et raide les attend pour rejoindre Baume-les-Messieurs. « Ce sera la plus grosse difficulté du tour » signale Johanna.
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Cascades de la Seille
e soleil tapait fort, Mickaël part devant pour monter à son rythme, Estelle, finit, sur la fin de l’escalade, par descendre du vélo, son genou abîmé la fait trop souffrir, elle irait aussi vite en marchant… Une fois en haut, une magnifique vue s’offre aux cyclistes soulagés d’être enfin arrivés. Des jeunes du village se divertissent avec un jeux de quilles vraisemblablement typique de la région : entre quille, pétanque et bowling, cet hybride semble assez amusant. Un chaton attendrissant assiste à la scène tout en savourant les nombreuses caresses des touristes. Encore quelques kilomètres pour arriver au camping du petit cheval blanc à Fay en montagne : le propriétaire est très accueillant (sa femme le sera moins), il nous offre une boisson fraîche, un kir, pour nous remettre de nos efforts ; bien que très agréable, ce dernier, suivi d’un deuxième monta rapidement à la tête de nos amis sportifs. Ce jour là, dans la région, c’est la journée ‘bienvenue à la ferme’ : le soir, une fête est orga-
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Sur le Premier Plateau, on joue aux quilles depuis toujours. Ce jeu ancestral tient à la fois de la pétanque de par le choix de l’emplacement du lancer et du poker par la manière de bluffer sur les chances de ses adversaires. Le Vaut-Deux est une des façons de jouer aux quilles, spécifique au Premier Plateau. Le terrain se compose d’une toute petite plate-forme en ciment qui sert de quillier pour recevoir les neufs quilles et qui est entourée d’un sol inégal, parsemé de graviers de toutes tailles Il convient d’avoir neuf quilles sur le quillier et une boule pour chaque joueur. Le match se dispute en tête à tête ou par équipes. L’engagement s’effectue de l’endroit désigné par le joueur entrant le premier en lice. Il jouera sa première boule. Puis, un deuxième coup de l’endroit, où elle sera revenue après avoir fauché les quilles. C’est à partir du total de ces deux coups qu’est lancé le « Vaut-Deux ». © Luc Decroix - jeux picards - extraits des règles du jeu de quilles du Jura
nisée par le camping qui célèbre également ses vingt ans. Nicolas ne peut s’empêcher alors de montrer son mécontentement à l’idée du bruit généré par ces festivités mais Johanna et Estelle ne semblent pas mécontentes, bien au contraire. Après avoir avalé les pâtes habituelles avec leur inévitable sauce aux cèpes industrielle, Nicolas offre sa tournée de glaces pour fêter son anniversaire ; sur le chemin, en traversant la piste de danse plein air, Estelle se fait emporter par le propriétaire du camping pour danser un rock endiablé. Après les savoureuses glaces, Estelle et Johanna se laissent entraîner par la musique sur la piste de danse : ne sont-elles pas fatiguées ? Mais l’ambiance est trop irrésistible ! « il ne faudra pas vous plaindre que vous avez mal aux jambes demain » lance Nicolas. Les garçons vont marcher dans le village, la nuit est tombée, ils assistent à l’arrivée de volutes de brume dans les champs alentours. Le soleil restera-t-il avec eux ?
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Vue Sur l’abbaye
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2EME JOUR Fay en montagne - Levier Distance.............................62 km Temps sur vélo. ...........3 h 22 min Altitude (m)
Dénivellé cumulé.................731 m
Vitesse maximum..........47,7 km/h Vitesse moyenne. ......... 18,5 km/h Calories.........................1 742 Kcal
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Un paysage pittoresque ___________________ Lundi 06 août
l fait beau ce matin. Les tentes et sacs sont occasionnellement un peu d’ombre à nos amis. Ils pliés, la troupe démarre vers 10 h. Mickaël, commencent d’ailleurs à prendre de beaux coups très entraîné, est le seul à ne pas avoir mal de soleil dans le dos (notamment Nicolas qui n’a lorsque chacun remonte pas réparti la crème corsur sa selle. Quelques rectement). vêtements lavés la veille Quelques beaux nuages A Andelot en montagne séchaient au vent accrochés par des tendeurs sur d’un blanc pur viennent les 4 compagnons achèles vélos. Avec cette chatent du pain et quelques décorer le ciel. leur, ils pourraient être vivres puis vers midi, Jorapidement rangés dans hanna propose de s’arrêles sacoches. ter dans un petit coin de nature près d’une rivière : tout le monde a faim. De nouveau, le paysage bucolique du Jura défile de part et d’autre des vélos : couleurs vives et Les automobilistes nous regardent curieux en chaudes de la paille et du foin, végétation verpassant sur la route. Café et carreaux de chocolat doyante et beau ciel bleu emplissent les cœurs sont le luxe que nos voyageurs se sont autorisé de bien-être. L’équipée croise souvent des rumipour le dessert. nants paisibles ; des chevaux les accompagnent en galopant comme s’ils souhaitaient faire partie de l’aventure. Mickaël et Johanna décident de faire une courte pause devant une église typique d’un petit village campagnard pour vérifier la direction à suivre ; chacun se réhydrate, certains mangent une barre de céréales : chocolat/banane, fruits rouges, noix de coco, noisette, le choix ne manque pas. Nicolas remarque que les boulons de son porte-bagage commencent à se desserrer : quelques coups de tournevis suffiront à le remettre d’aplomb mais l’ensemble n’a pas l’air très solide ; espérons que cela tienne jusqu’à la fin… Quelques beaux nuages d’un blanc pur viennent décorer le ciel et faire
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’après-midi, la route passe par le pont et fastidieux kilomètres pour le trouver, nos amis affamés se retrouvent devant une porte close : du Diable permettant de traverser un immense gouffre s’étendant entre deux le restaurant est fermé tous les lundis. Contramontagnes. Les routes jurassiennes sont décririés mais plein d’espoir, ils parcourent la ville à tes comme étant plates, ce ne sont que des bala recherche d’un autre endroit chaleureux pour livernes : le dénivelé est effectivement équilibré satisfaire leur appétit grandissant. En vain… mais la route ne cesse de Nicolas, affamé et furieux, s’offusque : « estdescendre pour remonter ; même avec l’énerce possible de ne trouver Le ciel se grise sérieugie accumulée lors de la aucun endroit pour se sement cette fois. descente, cela ne suffit rassasier en plein mois jamais à remonter la d’août dans une région côte qui suit… L’effort touristique ! ». Ils avaleest donc beaucoup plus important que sur du ront des pâtes à la sauce bolognaise puis iront se plat ! De plus, les routes forestières tracées par coucher. Certains avaient alors la ferme intention les bûcherons sont droites n’évitant ainsi aucun de trouver un restaurant jurassien le lendemain ! dénivelé aux cuisses souffrantes des quatre cyclistes.
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Ce soir, la communauté a décidé de manger dans un restaurant de spécialités comtoises, cependant, il faudra rependre les vélos ; après des longs
La two dogs est une bière confectionnées en Australie ; l’acidité raffraichissante du citron s’associe à merveille avec la bière savoureuse.
Lundi 06/08
A 16 h, l’équipe arrive au camping. Johanna, Nicolas et Mickaël vont profiter de la piscine qui leur offre un rafraîchissement agréable mais de moins en moins justifié (d’ailleurs Estelle a déjà froid) : le ciel se grise sérieusement cette fois. Tout le monde se rejoint à la tente ensuite pour décider de boire un coup ; Nicolas, épuisé, s’endort dans la tente et ne les rejoindra qu’ensuite : pendant ce temps, les autres avaient découvert une nouvelle boisson, la two-dogs©. C’est un breuvage unique entre bière et limonade : à la fraîcheur d’une bière blonde de qualité s’ajoute l’acidité exaltante et vivifiante du citron.
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3EME JOUR Levier - Le Frasnois km Distance............................ 72,1 Temps sur vélo. .......... 3 h 34 min m Dénivellé cumulé............... 940
/h Vitesse maximum..........47,7 km /h Vitesse moyenne.........20,24 km l Calories......................... 1 921 Kca
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Les éléments se déchaînent ___________________________ Mardi 07 août oute la nuit, des trombes d’eau s’abattent sur les tentes ; le choc des lourdes gouttes sur la toile fragile compose un inquiétant refrain saccadé et entêtant. Le froid traversant les modestes logements, vient glacer nos aventuriers qui s’enfouissent au fond de leurs sacs de
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couchage. Le matin, les tentes et les affaires sont trempées : le linge lavé la veille n’a pas séché. Heureusement, les averses ont cessé.
que cela ne e, espérons née humid Une mati .. durera pas.
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Après le petit déjeuner, tous se rendent au supermarché pour remplir le garde-manger déjà bien vide. Ensuite, il faut repartir.
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Etouffantes ténèbres
a route est trempée, l’eau chargée de substances collantes et sombres est projetée par la vitesse des roues de vélo ; malgré un ingénieux assemblage de sacs poubelles pour protéger les affaires, les cyclistes étaient bien trempés et leurs affaires bien sales. Coup de pédale par coup de pédale, la route avance. Malgré les conditions difficiles, l’équipe garde espoir : une belle cité aux vestiges médiévaux (Nozeroy) récompensera leurs efforts.
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ls en profitent pour manger avec une splendide vue sur les monts alentours : Estelle a froid : « quel temps pourri ! » s’exclame-t-elle en mettant son pull et un pantalon. Johanna n’a pas très faim. Alors que Nicolas constate qu’il a oublié la deuxième batterie de l’appareil photo, le groupe observe la brume envahissant la vallée qui sinuait à leurs pieds. Bientôt les animaux qui pâturaient dans les champs n’étaient plus discernables, noyés dans un épais brouillard grandissant. Une auberge permettra à nos compagnons de boire un café au sec et au chaud avant de repartir pédaler dans le froid hostile.
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Situé en hauteur, Nozeroy accueillit un château fort aujourd’hui en ruines. Nozeroy eut son heure de gloire au Moyen Âge, sous la dynastie des Chalons, princes d’Orange. Elle controlait les routes d’accès vers la Suisse et l’exploitation du sel.
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Cité médiévale de
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Nozeroy
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omme le relief l’impose, les cyclistes suaient dans leurs vêtements lors des montées pour être glacés dans les descentes par la froideur du vent sournois. Ils arrivent enfin au camping prévu : sur une pente de la montagne, le paysage plongeait dans un immense et sombre lac. Une douche chaude revigore les corps las et détrempés ; cette fois ils trouveraient ce restaurant de spécialités comtoises : plus qu’un réconfort, c’était une nécessité pour redonner du courage et de l’entrain à pédaler.
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Le lait à comté est produit dans de petites exploitations qui pratiquent une agriculture extensive respectueuse des sols. Les vaches Montbéliarde et Simmental française sont les seules races reconnues pour la production du lait à comté. Leur alimentation se compose essentiellement d’herbe fraîche en pâture l’été et de foin, à l’étable, pendant la saison hivernale. L’ensilage d’herbe est interdit, tout comme la culture du maïs. © Wikipedia 2007
Johanna a mené son enquête, il faudra pédaler mais cette fois le restaurant est ouvert : il n’en faut pas plus pour décider la troupe à partir : encore des kilomètres, des montées, des descentes et enfin ils arrivent : au milieu de la nature rendue hostile par l’humidité, le froid et la brume, un chalet de bois aux couleurs réchauffantes : ils avaient enfin trouvé le restaurant… Nicolas accroche les vélos à un arbre fruitier et tous se réfugient dans la chaumière qui les enlace alors de sa chaleur bienveillante. Chacun déguste sa boisson préférée : les garçons essayent les limonades ELIXIA aux saveurs nouvelles : myrtilles et mirabelles. Les arômes délicieux et envoûtant de ces boissons remettent du baume au cœur. Des lumières vives jaillissaient des murs, les discussions vivantes et les rires des personnes alentours emplissent les lieux de chaleur humaine. Elle n’avait d’égale que la froideur des paysages pluvieux s’amoncelant derrières les épaisses vitres de l’auberge. Mickaël et Johanna prennent une fondue au Comté, Estelle un jarret de porc et Nicolas un Mont d’Or fondu dans sa
boîte. L’indescriptible et fantastique plaisir à déguster ces mets de qualité a remonté le moral des troupes pour affronter les épreuves à venir. Un tel entrain que le retour à la tente s’est fait dans la joie et la bonne humeur, sans douleurs malgré la bruine insidieuse et le sombre paysage étouffé par le brouillard.
un x du Jura, nt Le crémeu onctueux do ès tr e ag m ent Fro vi ro p e al igin la recette or l’apDoux sous en fait du ont d’OR». «M on ti pella quel manger tel On peut le re dans sa nd fo e ir ou le fa pain tremper du la boîte pour ec de av t u to le et déguster charcuterie.
froid et idité, le m u h l’ r a er et hostile p re fruiti re rendue à un arb tu a s o n él v la e s et Mick che le lieu d las accro Nicolas : au mi : co t i ée en N ér v f i ré rr t… a nt d np restauran enfin ils sa boisso s remette trouvé le reuve de escentes et s boisson n b d i ce a f es es s’ en d d , t n t es n ch ûta Chacu x de ale avaien monté x et envo tes : ils eillante. t les lieu v eu n ètres, des en a ci en f ss i m i f b él li u lo d i r a p u k chale arômes re des urs réch o prenne ours em
4EME JOUR Le Frasnois - Maisod Distance.......................... 54,4 km Temps sur vélo. ...........2 h 41 min Dénivellé cumulé................683 m
Vitesse maximum.........54,4 km/h Vitesse moyenne. .........20,3 km/h Calories.........................1 432 Kcal
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Les nuages se rassemblent __________ Mercredi 08 août
urant la nuit, vers deux heures du matin, un arceau de la tente de Mickaël et Johanna s’est fracturé et a percé la toile de tente : il faudra le réparer ou en trouver un autre, sans quoi, il n’y avait plus assez de surface au sec pour abriter tout le monde : ce qui était un problème essentiel avec le temps maussade. Les routes étant toujours humides, le linge n’avait toujours pas séché : chacun portait ce qui lui restait de sec, cela commençait à poser problème. Heureusement, malgré un temps morose, l’équipe avait échappé au pire : pédaler sous une pluie battante. Du moins pour l’instant.
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Mercredi 08/08
Il leur fallait maintenant grimper un beau col, les genoux grincent et d’horribles petits monstres viennent ramper sur les routes : attirés et activés par l’humidité, les limaces sortaient des sous bois recouvrant le sol de leur mucus gluant et nauséabond.
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Mercredi 08/08
’équipe décide de faire un ravitaillement une fois arrivée à Saint Laurent en Grandvaux. Mickaël en profite pour chercher une solution à son arceau de tente : après avoir passé quelques minutes dans une boutique de bricolage, il ne trouve pas d’arceau, ni même aucune solution simple… Le vendeur, pressé de fermer (mais très cordial néamoins) offre généreusement un rouleau de scotch et un morceau de cable. Cela ne donnera rien. Heureusement, en partant le matin, Mickaël a trouvé une sardine de tente : il fait entrer cette dernière dans le tube de l’arceau : grâce à cette ingénieuse idée, la tente, bien que peu résistante, tiendra encore debout pour les prochaines nuits ; par contre elle n’opposerait pas la moindre résistance à une bourrasque un peu trop violente.
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nouveau à pleuvoir. Au loin, les sombres reliefs entourent l’immense lac de Vouglan. Un épais brouillard vient annoncer l’arrivée de la nuit s’insinuant depuis les montagnes. La météo prévoit un retour du beau temps demain. Les cyclistes avaient tenu jusque là, demain tout rentrerait dans l’ordre. Johanna et Estelle prennent des jetons de sèche-linge pour pouvoir, enfin porter des affaires propres et sèches : la machine est très sollicitée et l’attente est longue (40 minutes pour un cycle de séchage), une hollandaise leur passe devant sans prévenir, il faudra attendre encore 40 minutes. Estelle grince des dents : elle a froid et faim.
Ce dessin fait avec les moyens du bord représente un groupe de limaces : des gastéropodes qui mesurent de 1 à 15 cm. Ils ont quatre tentacules dont deux qui ont des yeux. Les autres sont utilisés pour capter les odeurs et sont sensibles aux goûts. © Wikipedia 2007
La fine pluie bat en retraite alors que l’équipe traverse une forêt massive et sombre : de grands arbres s’étendent à perte de vue, seuls quelques filets de lumière parviennent à traverser cette obscure forteresse de bois et de feuilles. Quand enfin, ils parviennent au camping, il se met de
Mercredi 08/08
A midi, il n’y aura pas de repos pour les guerriers ; à peine le frugal repas achevé, la pluie se met à tomber, l’équipée adossée à des bottes de foin doit alors remballer toutes les affaires pour ne pas les tremper. Malgré tout, Nicolas fait chauffer de l’eau pour le café : ils en auraient besoin ! Cependant le liquide vaisselle s’est déversé dans le sac contaminant tous les produits : l’amertume est telle, qu’elle empêche toute consommation. Ils repartent donc sous une petite pluie régulière sans avoir pu avaler leur boisson réchauffante. Le linge ne séchera pas encore cette fois.
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endant ce temps, les enfants du camping, excités par une journée d’activités d’intérieur, tournaient et couraient autour des quatres aventuriers qui n’avaient même plus la force d’apprécier la vitalité de cette jeunesse. L’un des petits met à sécher ses pieds en les plaçant devant l’évacuation d’air chaud du sèche-linge : il n’en faut pas plus pour qu’Estelle fasse de même dès que le petit fut parti vaquer à d’autres occupations.
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icolas et Mikael partent en quête d’un chargeur de batterie pour l’appareil photo. Après un rapide tour de camping non productif, ils se dirigent en direction de l’accueil : «oh joie», la gestionnaire possède un chargeur compatible. Elle s’occupera de charger la batterie. Quand enfin les affaires de nos aventuriers sont sorties du sèche linge, elles sont presque sèches. Johanna propose de manger au snack pour être au sec, personne ne la contredit. La nourriture y est classique : pizza pour tous sauf Johanna qui prend une salade. Les plus affamés prennent également une crèpe au dessert.
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Le lac de Vouglans est situé dans le Jura, à 2025 km au Sud Sud-Est de Lonsle-Saunier. Il est la deuxième retenue artificielle française avec 605 millions de m³. Le barrage (voûté à double courbure) a été installé par edf entre 1964 et 1969. © Wikipedia 2007
5EME JOUR Maisod - Vatagna Distance...........................40,6 km Temps sur vélo............ 2 h 07 min Dénivellé cumulé................445 m
Vitesse maximum.........53,8 km/h Vitesse moyenne. ...........19,1 km/h Calories......................... 1 125 Kcal
Altitude (m)
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L’heure du choix Jeudi 09 août
ls ont mal dormi. Nicolas et Johanna font des cauchemars, Estelle a mal au dos et aux hanches. Les affaires sont trempées, il a encore plu toute la nuit et l’humidité ambiante a trempé les affaires sèches. Une fois nos quatre malheureux arrivés à la sortie du camping, c’est le moment de la consultation du bulletin météo : pluie.
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Le découragement commence à se faire sentir, notamment chez Nicolas et Estelle qui supportent de moins en moins les conditions désastreuses, ils sont tous trempés, les affaires également. Plus rien ne sèche du fait de l’absence de soleil et de chaleur. Johanna explique : « dans quelques kilomètres un embranchement permettra de choisir entre le retour ou la poursuite du périple ».
Jeudi 09/08
Encore quelques kilomètres sans pluie et l’heure de la décision est venue : les 4 compagnons sont là, devant l’embranchement, les voitures filent, la réflexion est aussi longue que difficile.
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répondit-elle l’air embarrassée. Tergiversations, réflexions, suppositions, l’équipe ne veut pas lâcher l’affaire : « pourquoi Jo ne finirait-elle pas avec Mickaël pendant que nous rentrons avec Estelle » propose Nicolas ; « pourquoi ne pas finir avec Mickaël, Nico ? » reprend Johanna : finir à deux n’a pas la même valeur que finir tous ensemble.
Le Paysage est fantomatique
Jeudi 09/08
stelle est lasse : « vous savez ce que j’en pense » dit-elle « s’il le faut je vous suivrais mais vraiment à contrecœur ». Mickaël grogne qu’il ne veut pas abandonner. Johanna ne sait pas quoi penser : « je voudrais continuer mais pas avec ce temps ! ». Nicolas part demander les prévisions météo à un couple de promeneurs se réchauffant dans un bar autour d’un café bien chaud : — il va pleuvoir aujourd’hui comme hier. — et demain ? Rétorque Nicolas plein d’espoir, — comme hier et aujourd’hui, il pleuvra demain,
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Le courage récompensé ls prennent donc la direction de Lons. La raison les a, heureusement, conduit à rentrer : une averse tombe, trombes d’eau. Ils se protègent sous un abribus, mangent et sont contraints de reprendre la route.
Epilogue
Visitez le blog des Averses Juras siennes et poste z vos commentai res : www.averses-ju rassiennes.c4.fr
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Frappant la peau et les vêtements, coulant et giclant de toute part, l’averse rend la visibilité mauvaise ; mais il faut avancer maintenant jusqu’au bout. La pluie cesse un peu avant une dernière grande montée finale. Une fois arrivés, les aventuriers ne regrettent pas leur choix : de nouveau, surviennent des averses mais maintenant, ils sont au chaud, confortablement installés, propres et secs chez Johanna. Ils avaient roulés presque trois jours dans des conditions climatiques malheureuses, souvent trempés, gelés. Et il pleuvait encore… Malgré les caprices du temps, nos cyclistes ont réussi à parcourir plus de 382 kilomètres. Les conditions, désastreuses étaient plus qu’inattendues. Malgré tout, ils ont vécu de grands moments de plaisir et de réconfort. La nature a même parfois été clémente avec eux, leur laissant admirer quelques uns des nombreux charmes de la région. En Franche-Comté, cette semaine là, un record des précipitations a été relevé ; il n’avait pas plu autant depuis un siècle en cette période estivale.
Les éléments s’étaient déchaînés contre eux, ils ont su résister longtemps. A chaque aventure, aussi difficile qu’elle puisse être, personne ne peut prétendre que nos quatre cyclistes n’y retourneront pas une fois de plus...
Epilogue
Personne ne peut prétendre qu’ils n’y retourneront pas une fois de plus…
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