LE SENS DE L’HISTOIRE Comment reposer cette question philosophique perdue depuis le retrait des philosophies de l’histoire au XXème siècle, au profit des sciences historiques ? Comment interroger le sens de l’Histoire, dans la double acception du terme de sens, signification et direction, sans s’enfermer dans les limites d’une approche strictement positive, voire positiviste ? Telle est la question que j’essaie de traiter dans cet essai, en recourant à une méthode phénoménologique. Dans une première partie, j’examine les problèmes épistémologiques du sens de l’Histoire, la majuscule servant à distinguer l’Histoire-récit des historiens de l’histoire-processus. Je fais le bilan des déplacements et transformations introduits par la Nouvelle Histoire (identifiée pour l’essentiel, avec l’Ecole des Annales), en regard de la conception « classique » du métier d’historien et montre que l’Histoire contemporaine ne vise pas une pure vérité objective, mais une objectivité médiée par la subjectivité de l’historien et celle du public. C’est plutôt une unité de signification qui est visée dans ce triple rapport de la réalité historique à l’historien et au lecteur de l’Histoire. Mais il appartient avant tout à l’historien eidéticien de dégager le sens de l’Histoire qui lui est présentée par l’historien de métier. Ainsi se dégage une « vision d’essence » de l’Histoire que l’historien eidéticien qui est d’ailleurs plus un philosophe qu’un historien au sens professionnel du terme, acquiert. Lire l’Histoire en philosophe eidéticien, c’est donc d’abord se donner les moyens d’accéder à cette vision d’essence, mais ce n’est pas tout. A la lumière d’une philosophie (toujours transcendantale), le philosophe se forge un second instrument d’interprétation de l’Histoire et construit un modèle axiologique qui va lui permettre de déterminer ses valeurs de référence. C’est l’objet de la seconde partie de cette thèse. Enfin, pourvu de ces deux instruments, d’une part une méthode phénoménologique (ou une science historique eidétique), de l’autre une vision philosophique des valeurs universelles de l’historicité ou de la réalité-humaine, l’eidéticien se propose d’évaluer le sens de l’histoire contemporaine, afin de décider si elle s’oriente dans « le bon ou le mauvais sens ». C’est la prise en compte de cinq signes significatifs de notre temps, l’être-métis, la biologie, la politique, le religieux et l’éducation qui me conduit à constituer le sens de l’Histoire, par la réduction au plan pratique, du hiatus entre l’empirique et le transcendantal. Dans les trois Appendices de l’essai, le problème du mal dans l’Histoire est étudié et là encore, quelques réponses sont suggérées pour lutter contre son emprise. Roland LLINARES I.S.B.N. : 2-284-01850-5 Editions du Septentrion, Presses Universitaires, Thèse à la carte. 1999.