EAU ET HABITAT COLLECTIF Quelle pertinence pour le réemploi sur site des eaux usées à l’échelle de l’habitat collectif ?
Romain Legendre Directeur de mémoire Denis Bruneau Séminaire Architecture, Ingénierie, Environnement et Ville durable Année 2019
SOMMAIRE
INTRODUCTION 6 01 - L’EAU DANS L’HABITAT COLLECTIF : ÉTAT DES LIEUX A - HISTOIRE de l’eau dans l’habitat
9 10
1. Avant l’arrivée de l’eau courante 2. L’arrivée de l’eau courante en France 3. Le confort moderne B - Le circuit global de l’eau
12
1. Grand cycle et petit cycle 2. Traitement préalable de l’eau 3. Assainissement et évacuation C - Au sein de la cellule de logement
15
1. Besoins et postes de consommation 2. Eaux grises / eaux noires 3. Les ressources à récupérer, opportunités à saisir
02 - LES TECHNOLOGIES EXISTANTES DE TRAITEMENT DE L’EAU A - Agir a la source
19 20
1. Réduire la quantité d’eaux usées 2. Réduire la pollution des eaux B - Traiter les eaux usées
23
1. Les traitements primaires 2. Les traitements secondaires 3. Les traitements tertiaires C - Réutiliser les ressources annexes 1. Energie 2. Boues, matières organiques et biomasse 3. Circuits d’eau annexes
34
03 - FREINS ET LEVIERS AU RÉEMPLOI SUR SITE DE L’EAU DANS L’HABITAT COLLECTIF EN FRANCE 39 A - Un cadre légal contraignant
40
1. L’influence du droit international 2. Le cas français 3. Le réemploi sur site : système du cas par cas B - Coûts et financements
43
1. Rentabilité comparative 2. Subventions et primes 3. Inadaptation au modèle économique C - Acceptabilité sociale
51
1. La société face au réemploi des eaux usées 2. Les mécanismes de rejet individuel 3. Evolution des mentalités
04 - QUELS DISPOSITIFS POUR LE RÉEMPLOI DES EAUX USÉES DOMESTIQUES SUR SITE ? 57 A - Le traitement des eaux usées sur site dans le monde
59
1. TWIST ++ : un cas allemand de circuit combiné 2. BaityKool : Un système bouclé individuel 3. Zero Liquid Discharge : Un principe de circuit fermé à usage industriel B - Imaginer un dispositif de réemploi en France
68
1. Redéfinir le cadre de conception 2. Propositions de dispositifs de traitement sur site avec réemploi 3. Des dispositifs à intérêts variés C - adéquation des dispositifs de traitement aux différents types d’habitat
76
1. Ciblage des types d’habitat 2. Adéquation comparative des différents dispositifs
CONCLUSION 82 BIBLIOGRAPHIE 86
TABLE DES FIGURES 1. Les cycles de l’eau
p. 12
2. La consommation d’eau moyenne par jour pour une personne et un foyer en France en 2018
p. 15
3. La répartition des eaux usées domestiques dans un foyer de 4 personnes
p. 16
4. La composition des eaux usées domestiques
p. 17
5. Mécanisme de fonctionnement des toilettes sèches
p. 21
6. Impact des toilettes sèches sur la consommation d’un foyer
p. 21
7. Principe du dégrillage
p. 24
8. Principe des bassins de décantation
p. 25
9. Principe des bassins de lagunages
p. 36
10. Principe des bassins à macrophytes
p. 27
11. Principe du lombrifiltre
p. 28
12. Principe des micro-stations
p. 29
13. Principe du traitement UV solaire et non solaire
p. 30
14. Principe de purification Bio-Solar
p. 31
15. Principe de fonctionnement de l’Energy Recycling System (E.R.S)
p. 34
16. Valorisation / élimination des boues produites en France en 2010
p. 35
17. Principe de fonctionnement de l’aquaponie en boucle fermée
p. 36
18. Principe de fonctionnement de l’aquaponie connectée à un système de traitement
p. 36
19. Principe de fonctionnement des panneaux à micro-algues
p. 37
20. Extrait de l’arrêté du 11 janvier 2007 définissant les normes de qualités microbiologiques, chimiques et
p. 41
organoleptiques de l’eau destinée à la consommation humaine 21. Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer individuel
p. 47
22. Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer au sein d’un
p. 47
habitat collectif de 10 logements 23. Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer individuel avec
p. 49
des subventions à 60% 24. « Seriez-vous prêt à consommer de l’eau issue du recyclage des eaux usées ? », Baromètre de l’eau
p. 54
25. L’allée de bassins à macrophytes devant le projet Twist ++ à Lünen
p. 60
26. Principe de traitement des eaux usées au sein du projet TWIST ++
p. 61
27. Le mur aquaponique dans le patio de BaityKool
p. 62
28. Principe de traitement des eaux usées au sein du projet BaityKool
p. 63
29. Le système Zero Liquid Discharge tel que proposé par Aquatech
p. 64
30. Le principe du système Zero Liquid Discharge
p. 65
31. Le système usager passif - cadre normatif
p. 70
32. Le système usager passif - cadre évolutif
p. 71
33. Le système usager actif - cadre évolutif
p. 72
34. Le système usager actif - cadre normatif
p. 73
35. Les gradients de densité urbaine
p. 76
36. La répartition des 5 types d’habitat
p. 77
37. L’arborescence des canalisations
p. 78
4
TABLE DES TABLEAUX
1. Caractéristiques du dégrillage
p. 24
2. Caractéristiques des bassins de décantation
p. 25
3. Caractéristiques des bassins de lagunages
p. 26
4. Caractéristiques des bassins à macrophytes
p. 27
5. Caractéristiques du lombrifiltre
p. 28
6. Caractéristiques des micro-stations
p. 29
7. Caractéristiques du traitement UVc
p. 30
8. Caractéristiques de purification Bio-Solar
p. 31
9. Caractéristiques des traitements par chloration, ozonation et déphosphoration
p. 32
10. Caractéristiques des combinés de traitements tertiaires
p. 33
11. Le projet Twist ++
p. 60
12. Fiche système i.WET
p. 61
13. Le projet BaityKool
p. 62
14. Fiche système Lombrifiltration / BioSolar
p. 63
15. Fiche système Zero Liquid Discharge
p. 64
16. Fiche synthèse comparative des 3 exemples de systèmes combinés étudiés
p. 67
17. Les attentes inhérentes aux 4 systèmes proposés
p. 69
18. Comparatif des caractéristiques des 4 systèmes proposés
p. 75
19. Comparaison des différents couples systèmes - habitats
p. 80
5
INTRODUCTION
Le développement durable est aujourd’hui
Cette
ressource
dite
secondaire
se
une notion communément partagée aux enjeux
retrouve dans tous les circuits mis en place par
reconnus par une majorité de personnes. Il
les activités humaines, et ce à diverses échelles :
s’appuie
(écologique,
l’agriculture, l’industrie, le tertiaire ou les utilisations
économique, culturel et social) et concerne
domestiques sont tous des domaines émetteurs,
ainsi plusieurs domaines. Parmi les nombreux
et produisent des eaux usées spécifiques.
enjeux qu’il recouvre, la gestion soutenable des
En effet, chaque utilisation de la ressource la
ressources terrestres est un thème récurrent, aussi
modifie de façon très spécifiques, et y intègre
bien concernant les ressources énergétiques que
des composants particuliers. On retrouvera par
biologiques, dont l’eau, qui va ici nous intéresser
exemple dans les eaux usées industrielles des
plus particulièrement.
métaux absents de celles issues de l’utilisation
sur
plusieurs
piliers
domestique. Les circuits diffèrent également de
Si dans de nombreuses régions du
manière drastique selon les domaines : on notera
monde, l’eau constitue une ressource précieuse
par exemple que l’agriculture ne fonctionne pas en
car rare, la question de l’accès à l’eau en Europe
circuit fermé et la majorité des eaux est perdue dans
et spécifiquement en France n’est pas la
les sols ; c’est là d’ailleurs une source de pollution
problématique rencontrée. L’enjeu est davantage
non négligeable. La consommation domestique
porté sur l’optimisation des systèmes, et la
urbaine est cependant bien plus cerclée, car une
valorisation de la ressource. Les circuits de l’eau
grande partie de l’eau consommée ou utilisée est
sont la source d’opportunités écologiques et
collectée pour être évacuée. La ressource est donc
économiques, notamment dans la réutilisation
dans ce contexte facilement récupérable et peut
directe des eaux déjà utilisées. Ce produit issu
alors être le sujet d’une valorisation consécutive.
de la consommation quotidienne est le centre de l’attention de plusieurs organismes engagés dans
Les innovations en matière de traitement
des démarches soutenables, en témoignent le
des eaux usées peuvent se lire à différentes échelles.
nombre de directives et de rapports de recherche
On observe bien évidemment l’assainissement au
liés à la revalorisation des « déchets » du circuit, tel
niveau de la commune par les stations d’épuration
que le Rapport mondial des Nations Unies sur la
mais qui ne consistent pas en un recyclage. On
mise en valeur des ressources en eau de 2017 sous
observe également des innovations en terme
titré « Les eaux usées, une ressource inexploitée ».
de technologie de traitement éclore et des
expérimentations être menées puis développées.
notion aborde la question de l’échelle de traitement,
En parallèle, des particuliers développent et
et une fois encore interroge sur la pertinence
expérimentent
de l’échelle intermédiaire de l’habitat collectif.
leurs
propres
systèmes
de
traitement, axés souvent sur la récupération d’eau
Se forme alors un ensemble de sous-
dans des circuits très courts. Ces initiatives, si elles
questions : quelles solutions techniques existe-
relèvent davantage du bricolage que d’un système
t-il ? Serait-ce intéressant du point de vue de
techniquement calibré, sont liées à des exceptions
l’usager ? Du point de vue global ? Qu’est-ce qui en
de modes de vie personnels très engagés loin
freine le développement ? Qu’est-ce qui pourrait le
d’être généralisables. Ces systèmes sont souvent
pousser ?
à la marge de la légalité, car le contexte législatif
et normatif est très contraignant. En revanche,
démarche afin de constituer des éléments de
on remarque que l’échelle de l’habitat collectif,
réponse à ces questions, nous permettant d’établir
intermédiaire entre les deux échelles évoquées
une piste de réponse à la question première. Cette
ci-avant, est moins le sujet des innovations et
démarche se déroule en quatre temps.
des expérimentations, et ce non pas faute de
Tout d’abord, se rendre compte de l’état des lieux
l’existence de technologies adaptables.
actuel en matière de circuit d’eau domestique :
Ce document vise à mettre en place une
il convient de récolter les données sur le fonctionnement du réseau d’eau de nos jours, afin On peut ainsi se demander dans quelle
d’en analyser le processus et de comprendre ce
mesure le traitement direct et le réemploi sur site
que sont les eaux usées. On s’intéressera ensuite
des eaux usées présente un intérêt à l’échelle de
aux systèmes déjà utilisés ou innovants qui sont
l’habitat collectif ?
utilisés à des échelles différentes, afin de, dans un
troisième temps, étudier les cadres qui régissent ces systèmes, tant légalement qu’économiquement ou
Plusieurs notions sont questionnées ici. En
socialement. Finalement, on étudiera les modèles
premier lieu, est initiée la question de la pertinence
partiels existant pour établir un modèle théorique
des circuits de réemplois, c’est à dire en boucle
de retraitement de l’eau le plus complet possible,
fermées, par rapport à d’autres systèmes, comme
qui permettrait alors d’évaluer la pertinence ou non
les systèmes de traitement sur site avec rejet des
à la fois du système en boucle fermée et de son
eaux usées dans les milieux naturels. La seconde
échelle intermédiaire.
7
0
01
01 L’EAU DANS L’HABITAT COLLECTIF : ÉTAT DES LIEUX
9
01
A - HISTOIRE DE L’EAU DANS L’HABITAT 1. AVANT L’ARRIVÉE DE L’EAU COURANTE
humaine ont fortement changé au cours de l’Histoire : alternant entre vecteur néfaste de maladies et aide au maintien en bonne santé,
L’eau est indissociable de l’humanité et
comme en témoignent les fluctuations de l’intérêt
de son évolution, physique comme spirituelle.
pour les bains publics, adulés des romains et
Elle transporte une image tout à fait ambivalente,
progressivement délaissés au XVe siècle, à partir
génératrice de la vie mais aussi destructrice, elle
duquel on privilégie la toilette sèche. L’eau fait
fascine et fait peur, elle est aussi bien une nécessité
son retour comme élément hygiénique central au
qu’un luxe.
XIXe siècle, favorisé par le développement de la
thalassothérapie.
Si les civilisations sont nées à proximité
des points d’eau, c’est aussi par ce biais que
s’est effectuée leur évolution spirituelle. Il est
été quotidien, son introduction domestique est
frappant de constater l’omniprésence de l’eau
très récente2. L’eau claire était utilisée dans
dans les religions païennes (sous forme d’esprits
des lieux comme les rivières, les puits, ou les
aquatiques, de nymphes, ou de dieux), tout comme
lavoirs selon les besoins, à savoir se laver, boire,
dans les religions monothéistes les plus répandues.
et laver les vêtements. Malgré l’apparition des
Ainsi, la chrétienté admet l’eau comme la base de
canalisations dans le monde romain durant
la bénédiction divine par le baptême ; l’islam, dont
l’Antiquité, les porteurs d’eau furent de corvée du
le berceau se situe dans des régions arides, érige
seau jusqu’au XXe siècle. De même, le transport
l’eau comme élément sacré ; le Lévithique, relatif au
de l’eau jusqu’aux villes par les aqueducs romains,
judaïsme, prône l’eau comme purification préalable
sa distribution par fontaines, ainsi que son
à la lecture des textes sacrés ; le bouddhisme
évacuation ne fut que peu maintenu et répandu
considère les lieux aquatiques comme propices
dans les villes médiévales. Il faudra plusieurs
à la pureté, tout comme l’hindouisme qui les
innovations technologiques (la pompe hydraulique
considère divins, le meilleur exemple étant le fleuve
notamment), quelques tentatives infructueuses de
sacré qu’est le Gange.
distribution domestique de l’eau (sous Louis XVI
Bien que l’usage de l’eau ait toujours
notamment) et l’arrivée du baron Haussmann à la
L’usage premier de l’eau par l’homme est
moitié du XIXe siècle pour que Paris se dote d’une
sans aucun doute sa consommation directe. Les
gestion municipale de l’eau avec eau courante et
sources étant limitées, la question du transport
égoûts, donnant naissance aux premières sociétés
de la ressource se pose très vite, provoquant le
de distributions de l’eau.
développement de nombreuses techniques pour y remédier, et favoriser un accès plus facile à cette ressource, bien qu’elle soit alors rarement consommée pure.
L’eau porte également un très fort aspect
hygiénique1. Les rapports entre eau et hygiène 1 Toilette et soins corporels, EAUX, exposition virtuelle des Musées de la Région du Centre (APSMRC), tenue en ligne à partir du 22 décembre 2010
2 L’eau courante, EAUX, exposition virtuelle des Musées de la Région du Centre (APSMRC), tenue en ligne à partir du 22 décembre 2010
10
2. L’ARRIVÉE DE L’EAU COURANTE EN FRANCE
écologique ; il en fut de même au niveau européen avec des directives de 2003 donnant des objectifs de contrôle de l’eau, tant d’un point de vue
C’est suite à son retour d’exil en Angleterre,
écologique, que d’un point de vue de gestion et
que Napoléon, impressionné par la modernité de
d’économie3, contraignant ainsi à une collecte
la reconstruction de Londres suite à son incendie,
et à un traitement responsable des eaux usées
décide de doter Paris de son propre système
domestiques.
de distribution générale de l’eau à l’échelle
3. LE CONFORT MODERNE
domestique ainsi que d’un système d’égoûts, surdimensionnés alors et toujours en usage aujourd’hui. Entre la moitié du XIXe siècle et la
moitié du XXe siècle, la distribution de l’eau en ville
logements a eu un impact fort sur l’organisation
se faisait à basse pression avec l’aide de châteaux
de ceux-ci. Bien qu’auparavant les riches familles
d’eau. Chaque immeuble possédait une pile (sorte
disposassent déjà dans leurs appartements de
de château d’eau individuel) à hauteur du château
leurs propres pièces d’eau dédiées au lavage
d’eau et qui se remplissait petit à petit, permettant
corporel, ce n’était pas un dispositif largement
à chaque foyer de s’approvisionner. Ces systèmes
répandu dans l’habitat commun, mais bien un luxe.
étaient régis par un syndicat des eaux qui gérait
En témoigne l’épisode du rigolarium, lorsque Le
la répartition de la consommation. Les voisins des
Corbusier introduisit dès 1924 dans son ensemble
étages supérieurs disposaient de faible pression et
de logements pour ouvriers de la Cité Frugès à
n’avaient alors pas toujours d’eau à disposition.
Pessac toutes les commodités hygiénistes alors
d’avant-garde4.
Selon le Centre d’Information sur l’Eau
L’arrivée de l’eau courante dans les
(C.I.EAU), en 1945, seules 30% des communes rurales sont desservies, et ce n’est que dans les
C’est au cours des décennies suivant
années 80 que la presque totalité des Français en
la seconde guerre mondiale, en lien avec la
dispose.
reconstruction expresse des Trente Glorieuses et avec l’industrialisation de l’habitat que les pièces
Une fois l’eau arrivée dans les foyers, il
humides (cuisine, salle de bain, cabinets) trouvent
fallait toutefois qu’elle en ressorte une fois utilisée.
leur place dans l’habitat du français moyen. Il n’est
Bien que les systèmes de récupération des eaux
plus question de se laver à tour de rôle dans un
usées aient déjà été déployés en parallèle des
grand baquet que l’on sortait de la pièce de vie,
systèmes de distribution, les eaux usées étaient
la majorité de la population accède au confort
alors directement rejetées dans la nature. Avec
moderne et à l’hygiène à domicile.
la démocratisation de l’eau courante, c’est tant la consommation de l’eau que sa pollution qui ont explosé. Il fallut pourtant attendre les années 60 pour que se mettent en place des politiques municipales de retraitement des eaux par stations d’épuration. Cette prise en charge fut par la suite
3 Directive n° 2000/60/CE du 23/10/00 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau, Journal Officiel, 22 décembre 2000
appuyée législativement par les lois du 3 janvier 1992 et celle du 30 décembre 2006, visant à
4 Pezeu-Massabuau J., Demeure mémoire. Habitat : code, sagesse, libération, Marseille, Parenthèses, 2000, 180p
garantir la qualité de l’eau ainsi que sa préservation
11
01
B - LE CIRCUIT GLOBAL DE L’EAU 1. GRAND CYCLE ET PETIT CYCLE
Le cycle domestique est lui complètement
artificiel et comporte un plus grand nombre Avant d’arriver au robinet, l’eau parcourt
d’étapes. Bien qu’il soit qualifié de cycle, le circuit
un circuit défini, sous la forme de deux cycles
n’est en réalité pas réellement fermé : il est raccordé
interconnectés (fig. 1) : l’un est naturel et appelé le
au grand cycle de l’eau. Les secteurs de l’agriculture
grand cycle de l’eau, l’autre est artificiel et qualifié
et de l’industrie disposent généralement de leur
de petit cycle, ou cycle domestique.
propre petit cycle, mais nous nous concentrons
ici sur le cycle géré municipalement pour les consommations
domestiques.
Il
se
déroule
comme suit : 1 - Le captage, qui se fait depuis une rivière, un lac ou une nappe phréatique ;
2
2 - La potabilisation en centrale spécifique (cf 1
01.B.2 - Traitement préalable de l’eau) ;
3 4
3 - Le stockage en château d’eau ; 4 - La distribution de la ressource aux logements
Grand cycle
concernés ;
Petit cycle
5 - La consommation domestique (cf 01.C.1 -
Fig. 1: Les cycles de l’eau
Besoins et postes de consommation) ; 1 L’eau contenue dans les océans et les lacs s’évapore en continu sous l’effet du soleil et
6 - La recollecte des eaux usées, et leur
provoque des formations nuageuses mobiles.
acheminement via les égoûts ;
2 La vapeur d’eau des nuages se condense au
7 - L’épuration des eaux usées recollectées (cf 01.B.3 - Assainissement et évacuation) ;
gré des conditions de pression et de température et tombe au sol sous forme de pluie ou de neige
8 - Le rejet en milieu naturel de l’eau assainie. 3 L’eau devenue liquide ruisselle le long de ruisseaux, rivières et fleuves jusqu’à l’océan, ou
Une fois rejetée dans l’environnement,
s’infiltre dans les couches terrestres pour rejoindre
l’eau reprend le chemin du grand cycle. Il est
les nappes phréatiques.
alors évident que laisser repartir dans la nature des eaux toujours polluées ou souillées revient à
4 Le petit cycle de l’eau correspond à la captation,
contaminer l’ensemble du cycle, d’où la nécessité
l’utilisation et le rejet de l’eau dans la nature par
de responsabiliser la gestion de cette ressource
l’homme pour ses besoins.
à l’échelle du petit cycle, la commune, ou
communauté de communes.
12
2. TRAITEMENT PRÉALABLE DE L’EAU
floculation (un produit coagulant est versé, on élimine près de 90% des matières restantes qui se de
regroupent en flocs) ; la filtration (pour filtrer les
l’assainissement des eaux usées à l’échelle d’un
particules de l’étape précédente, plus ou moins
habitat collectif, il est important de comprendre
performant avec microfiltration, ultrafiltration,
les traitements actuellement mis en place par les
nanofiltration) ; et la filtration par membrane
communes.
(en complément ou à la place des deux autres :
Afin
de
traiter
du
réemploi
et
membranes fibreuses organiques ou minérales,
qui filtrent plus ou moins finement selon la taille
Selon leur provenance de captage, les
des pores).
eaux naturelles n’auront pas la même qualité et n’auront donc pas besoin des mêmes traitements
AFFINAGE
avant d’être considérées comme potables. La grande variété des traitements utilisés en station rend très divers les circuits de traitements mis en
Cette étape sert à donner à l’eau des
place. Les procédés les plus courants sont répartis
qualités de confort de consommation (dites
en 4 catégories : physiques (dégrillage, filtrations,
organoleptiques). Elle se fait par traitement
décantations etc), physico-chimiques (coagulation,
chimique spécifique (adsorption sur charbon actif
floculation), chimiques (oxydation, acidification
pour évacuer les composés organiques dissous
etc) et biologiques (cultures bactériennes). Ils
restants et les polluants non encore enlevés) ou
sont soumis en succession et en complétion afin
chloration (un peu de chlore pour préserver la
d’obtenir une eau potable en fin de parcours.
qualité de l’eau dans les canalisations, et éviter la formation de nouveaux micro-organismes).
Le processus de potabilisation le plus
courant se déroule en trois grande parties :
Une fois traitée, l’eau est stockée puis
distribuée aux différents points de consommation. PRETRAITEMENT
Le
prétraitement
permet
d’éliminer
les déchets les plus gros, de faciliter l’étape de clarification et de maintenir en bon état les différents systèmes suivants. Plusieurs techniques sont mises en place : le dégrillage et le tamisage par exemple. CLARIFICATION
Le processus de clarification vise à
l’élimination des particules en suspension (sable, limon, débris organiques…), des matières colloïdales (argiles fines, bactéries…) et d’une partie des matières dissoutes (matières organiques, sels…). Il existe différents dispositifs : la décantation, ou
13
3. ASSAINISSEMENT ET ÉVACUATION
particules nocives précédentes mais également les organismes pathogènes. Ces traitements mettent
en jeu des dispositifs plus spécifiques : traitements
Une fois consommée, l’eau est rejetée
par UV, chloration, charbon actif etc.
dans le circuit municipal en direction de stations d’épuration.
Les traitements visant à nettoyer l’eau
En France, les traitements primaires sont
avant de la rejeter dans la nature sont moins
de plus en plus abandonnés au profit de traitements
contraignants que ceux visant à la rendre potable.
secondaires surdimensionnés et utilisant un
Il s’agit principalement de la rendre claire et sans
système de boues activées : les bactéries issues
résidus. On compte trois étapes nécessaires à ces
des boues de la décantation sont réutilisées
traitements :
dans les procédés biologiques secondaires. Ces procédés induisent des gains économiques et spatiaux.
- un traitement primaire : une décantation permettant d’évacuer
la majeure partie des
matières en suspension sous forme de boues, qui
Le
processus
d’assainissement
des
sont ensuite traitées (incinérées ou valorisées si
eaux usées n’est pas nécessairement accessible
possible). Ce sont ces boues qui sont responsables
partout. Dans les zones d’habitations dispersées,
de la majeure partie des mauvaises odeurs
il est souvent du devoir de l’habitant de gérer ses
associées aux stations d’épuration.
eaux usées individuellement, sans raccord au tout à l’égoût. D’autres traitements à plus petites
- un traitement secondaire : il a pour but d’éliminer
échelles interviennent alors, supposément sous la
les composés organiques polluants (la plupart
régie d’un personnel municipal qualifié.
des polluants nécessitant la consommation de dioxygène pour être dégradés, leur rejet dans la nature entraîne une consommation du
O2 des
écosystèmes et empêche ainsi le développement des
organismes
nécessitant
du
dioxygène
pour se développer). Les traitements visent particulièrement à récupérer les nitrates et les phosphates présents dans l’eau, nocifs pour l’environnement. Les procédés physiques (filtration par membrane par exemple) sont souvent couplés aux procédés chimiques (incorporation de sels pour précipiter les composés à extraire) et biologiques (introduction de bactéries et d’oxygène qui vont dégrader les composés). - un traitement tertiaire : non généralisé, ce traitement est mis en place lorsque l’eau est relâchée
dans
des
milieux
écologiquement
sensibles. Il s’agit d’éliminer plus efficacement les
14
01
C - AU SEIN DE LA CELLULE DE LOGEMENT 1. BESOINS ET POSTES DE CONSOMMATION
Les besoins en eau au sein d’un logement
réduite), son mode de vie (les athlètes consomment
en France ont fortement évolué depuis la Seconde
par exemple bien plus d’eau, à l’ingestion comme
Guerre Mondiale, favorisés par la plus grande
pour l’hygiène), ou les conditions climatiques
démocratisation de l’eau courante et par le
(en milieu sec et chaud, les gens consomment
développement d’espaces dévolus aux soins et
davantage d’eau). Cependant, il est possible
à l’hygiène au sein même du logement. D’après
d’établir un paysage de consommation moyen par
l’observatoire SISPCA, la consommation moyenne
foyer1 (fig. 2). Il ne faut pour cela pas se contenter
par jour et par habitant en France est de 148L en
de quadrupler les données, mais se référer aux
2018. Il faut noter que la consommation en eau
données relevées, car nombre d’usages ne se
change drastiquement en fonction de l’âge du
démutiplient pas lors de l’ajout de personnes dans
consommateur (un enfant consomme bien moins
le foyer (le lave-vaisselle consomme toujours
qu’un adulte), son niveau de revenu (les foyers
autant d’eau par exemple).
les plus pauvres présentent une consommation Fig. 2: La consommation d’eau moyenne par jour pour une personne et un foyer en France en 2018 (données OMS et INSEE) 39%
20%
1%
boisson
6%
cuisine
6%
jardin
2L 9L 9L Consommation par jour pour 1 personne
10%
12%
vaisselle
lessive
douche
toilettes
divers
15L
18L
56L
30L
9L
6%
148L
52%
29%
2%
2%
boisson
cuisine
2%
jardin
3%
vaisselle
8%
2%
lessive
8L 9L 9L 15L 36L Consommation par jour pour un foyer de 4 personnes
1
15
douche
toilettes
divers
224L
120L
9L
430L
C.I.EAU, L’Observatoire de l’eau, [en ligne]
2. EAUX GRISES / EAUX NOIRES la
logement (fig. 3), mais les eaux usées se regroupent
consommation d’eau se rapporte à son utilisation
dans les réseaux urbains avant l’arrivée en station
globale, et non pas à son ingestion simple par
d’assainissement des eaux usées, conjointement
l’humain. Le consommation d’eau rejette donc
avec les eaux issues du ruissellement.
nécessairement ce qu’on appelle des eaux usées.
Celles-ci sont réparties en deux catégories : les
eaux grises ou eaux ménagères, et les eaux noires
les 430L d’eau consommés par un foyer, seulement
ou eaux vannes.
96% sont récupérés en tant qu’eaux usées. Les 4%
Les eaux grises correspondent à l’eau que
restants sont perdus, soit par leur utilisation même
nous utilisons au quotidien pour nous laver, faire
(irrigation des plantes, brumisateurs, etc), soit par
la vaisselle, la lessive etc. Elles proviennent tant de
impossibilité de récupérer l’eau. Il en est ainsi pour
la salle de bain que de la cuisine, et sont chargées
la grande partie des usages de lavages : l’eau qui
de nombreux produits manufacturés : détergents,
sert à laver la voiture s’infiltre dans le sol, celle
solvants, résidus alimentaires, etc. Les eaux noires sont quant à elles les
pour laver les sols s’évapore. Cette eau réintègre directement le grand cycle de l’eau naturel.
eaux issues des toilettes, et transportent donc
les matières fécales et l’urine. Elles sont quant à
de l’eau consommée, les eaux noires un tiers. En
elles fortement chargées de matières organiques
reprennant les chiffres moyens de consommation
azotées et de germes fécaux.
d’un ménage, on calcule qu’environ 275L d’eaux
ménagères et environ 137L d’eaux vannes sont
Dans
l’espace
domestique,
Il est intéressant de remarquer que parmi
Les deux circuits de récupération de ces
eaux usées ne sont pas connectés dans l’espace du
Les eaux grises représentent deux tiers
produites par jour par foyer.
Fig. 3 : La répartition des eaux usées domestiques dans un foyer de 4 personnes
ingestion Arrivée d’eau boisson 8L
cuisine 9L
jardin 9L
vaisselle 15L
lessive 36L
Eaux grises 275L = 63 %
Eau perdue (infiltrations dans le sol) = 2%
16
douche 224L
toilettes 120L
divers 9L
Eaux noires Eau perdue 137L (évaporation) = 33% = 2%
3. LES RESSOURCES À RÉCUPÉRER, OPPORTUNITÉS À SAISIR
Les eaux grises et noires, une fois
longtemps pour leurs propriétés nutritives utiles
récupérées dans les canalisations, sont prêtes
au
à être envoyées en centrale d’assainissement
ou végétaux, et peuvent donc constituer une
des eaux usées avant d’être rejetées dans la
ressource intéressante à récupérer, dans les cas
nature. Cependant, elles disposent à ce moment-
où elles pourraient être réemployées sur site. Les
là de nombreuses ressources qui peuvent être
quantités de détergents présentes dans les eaux
récupérées. Bien que l’élément ‘‘eau’’ représente
vannes sont minimes en comparaison aux autres
90%
composantes.
de
la
composition
des
eaux
usées
développement
d’êtres
vivants
animaux
domestiques, elle n’est pas l’unique ressource intéressante à récupérer et à réemployer : que ce
soit pour les eaux grises ou les eaux noires, leur
de matières organiques constituent une part
processus d’utilisation les enrichit de composants
trop peu importante pour être envisagée comme
valorisables.
récupérable ; tout comme les composants
S’agissant des eaux grises, les quantités
liquides autres que l’eau qui y sont dilués. Il faut
Ces ressources se retrouvent d’une
en revanche noter une autre caractéristique des
part dans la composition des eaux usées.
eaux ménagères qui n’est pas en lien avec sa
Comme on peut le constater dans le schéma
composition : l’eau de nettoyage particulièrement,
2
de composition des eaux usées domestiques
issue des lave-linges par exemple, est récupérée à
(fig. 4), les eaux noires contiennent une part
une température avoisinant les 32°C en moyenne3,
importante
et
de
matières
organiques
par
le
mélange de l’eau à l’urine ainsi qu’aux fèces.
dont
les
calories
sont
potentiellement
récupérables à destination d’autres usages.
Les matières fécales sont réconnues depuis
Fig. 4 : La composition des eaux usées domestiques Eaux usées Eaux grises
Nettoyage - Eau - Détergents - Résidus organiques (aliments, tissus)
Eaux noires
Hygiène
Eaux jaunes
- Eau - Savons - Résidus organiques (poils, peaux)
2 Eme C., Boutin C., Composition des eaux usées domestiques par source d’émission à l’échelle de l’habitation - Rapport final, document élaboré dans le cadre du PANANC, 2015
- Eau - Détergents - Urine
Eaux brunes - Eau - Détergents - Fèces - Résidus papier
3 Biofluide environnement, Que sont les eaux grises, [en ligne]
17
0
02 02 LES TECHNOLOGIES EXISTANTES DE TRAITEMENT DE L’EAU
19
02
A - AGIR A LA SOURCE
Avant de penser à en récupérer les
économiques personnels et les campagnes
ressources, il convient de se poser la question
publicitaires télévisées, que par la sensibilisation
de la « création » des eaux usées, tant en terme
à l’école (affiches, exercices de maths mettant en
de quantités que de qualité. Sachant que les
scène des fuites d’eau, etc)1.
traitements municipaux de l’eau avant et après
consommation ont un impact sur l’environnement
(consommation d’énergie, utilisation de produits
produit un impact réel sur la consommation d’eau
chimiques, matières polluantes relâchées dans
des français : la consommation moyenne par jour
la nature...), quels sont les moyens de réduire
et par habitant en France était de 106L en 1975,
les volumes d’eau consommée et donc usée ?
et a augmenté continuellement jusqu’à atteindre
De quelle façon est-il possible de réduire la
165L en 2014. C’est à partir de cette année-là que
contamination de l’eau durant le processus de
la consommation a chuté pour atteindre 148L en
consommation ?
20182.
1. RÉDUIRE LA QUANTITÉ D’EAUX USÉES
Depuis
la
considération
de
de contrôle de sa consommation, l’instauration de
l’eau
gestes
quotidiens
visant
à
réduire
sa
consommation, et l’avènement de technologies propices à la réduction de la consommation d’eau.
préservation abreuve nombre de réflexions et
de campagnes de sensibilisation, tant au niveau
La première étape n’est pas une réduction
de sa consommation à proprement parler mais elle
mondial que national (l’UNESCO a notamment créé
consiste à évaluer ses consommations d’eau. Au
en 2000 le World Water Assessment Programme
delà de la simple attention portée à son utilisation,
ou WWAP afin d’équiper tous les acteurs de
des moyens existent afin de quantifier les volumes
l’eau des connaissances, outils et compétences
d’eau usés. C’est par exemple ce que propose
nécessaires à sa bonne gestion).
certaines
applications
permettant
d’installer
des capteurs sur ses compteurs d’eau et sur les
Au niveau mondial, les événements et
robinets afin de suivre et d’analyser en temps réel
campagnes internationaux s’orientent vers des
sa consommation effective.
dangers liés à l’hygiène, la gestion politique de l’eau
et aux problèmes sanitaires : la difficulté d’accès à
A partir de ces constats, il est simple de
modifier ses pratiques afin de réduire les volumes
l’eau potable, la consommation d’eau non potable,
d’eau utilisée. Les idées ne manquent pas : prendre
la défécation en plein air, etc.
un bain plutôt qu’une douche, couper l’eau pendant
Dans les faits, cette réduction s’explique
par trois biais : le développement des technologies
comme une ressource écologique à protéger, sa
Ces campagnes de sensibilisation ont
la vaisselle ou que l’on se brosse les dents, cibler et
En France, c’est en revanche sur l’utilisation
réparer les fuites…
éco-responsable et citoyenne de l’eau que se
tournent les sensibilisations. Il s’agit d’éduquer le citoyen sur l’impact que son usage de l’eau
1 Henri Smets, La sensibilisation aux valeurs liées à l’eau et à la bonne gouvernance, VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, mis en ligne le 2 juillet 2008
produit sur l’environnement, afin de l’inciter à lutter contre le gaspillage. Cela passe par de nombreux biais, tant par la démonstration des bénéfices
2
20
Observatoire SISPCA
Finalement, des installations existent afin
Fig. 5 : Mécanisme de fonctionnement des toilettes sèches
de limiter mécaniquement les consommations d’eau. C’est le cas des limitateurs-régulateurs d’eau à fixer sur les embouts des robinets, mais aussi
solide
s
des chasses d’eau à deux vitesses aujourd’hui
liquide
s
généralisées dans les logements, et qui permettent de diviser par deux le volume d’une chasse d’eau
stockage
classique.
Les toilettes sèches se sont développées
enlevage régulier
au niveau de maisons individuelles par des
évacuation par canalisation
particuliers très investis dans un mode de vie
Le mécanisme est simple (fig. 5) : l’urine s’écoule
éco-responsable, mais elles font aujourd’hui leur
par gravité avant d’être canalisée, tandis qu’un
apparition dans les habitats collectifs en France.
activateur
C’est ainsi qu’un HLM breton, Ôôôberge, dont la
solides d’être acheminés vers un stockage à
livraison des 24 appartements est prévue fin 2020,
l’arrière du dispositif. Ces systèmes mécaniques
va se voir doter de toilettes sèches dans chaque
permettent d’éviter l’utilisation de l’eau pour
logement . Evitant l’utilisation de matière carbonée
l’évacuation des déjections, économisant ainsi
comme la sciure de bois, ce système permet tout
en moyenne 120L par jour par foyer (fig. 6). Il est
à la fois de ne plus utiliser d’eau pour évacuer les
important de noter cependant que l’intervention
déjections, mais aussi de récupérer d’une part les
humaine est nécessaire pour l’évacuation des
urines, et d’autres part les excréments qui seront
matières solides stockées, à raison d’un enlevage
valorisés par la suite.
tous les 6 mois géré par une entreprise dédiée.
3
manuel
permettra
aux
éléments
Fig. 6 : Impact des toilettes sèches sur la consommation d’un foyer ingestion Arrivée d’eau boisson 8L
cuisine 9L
jardin 9L
vaisselle 15L
lessive 36L
Eaux grises 275L
Eau perdue
3 Ginisty F., Assainissement écologique : pour la première fois, des toilettes sèches vont équiper un habitat collectif, L’âge de faire, n° 138 (Février 2019)
21
douche 224L
toilettes sèches 0L
Urine Fèces (à valoriser)
divers 9L
Eau perdue
2. RÉDUIRE LA POLLUTION DES EAUX
Diminuer les volumes d’eau consommée
et les différentes espèces qui le peuplent
est un processus relativement accessible, il en va
peuvent alors s’asphyxier. C’est ce qu’on appelle
différemment pour diminuer la contamination de
l’eutrophisation d’un milieu naturel.
l’eau utilisée car l’être humain a des besoins de déjections vitaux qui ne peuvent être modulés. Le
seul levier d’action dont l’on dispose sur la qualité
positivement : les phosphates (augmentant
de l’eau que l’on rejette se situe au niveau de la
considérablement la DCO) sont interdits dans
nature des produits utilisés et qui sont incorporés
les lessives ménagères depuis 2013, et dans les
aux eaux usées : les différents détergents, savons
produits pour lave-vaisselle depuis 20174. Il faut
et produits d’entretien utilisés contiennent une
cependant noter que tout élément tensio-actif,
variation de produits plus ou moins polluants.
composant de base de tout détergent, sera toujours
La facilité de traitement de l’eau variera alors en
néfaste pour l’environnement car très difficilement
fonction des produits utilisés. On constate depuis
dégradable, et ce même s’il est d’origine naturelle
quelques années l’apparition sur le marché de
car il se retrouve très concentré dans le produit
produits d’entretien utilisant uniquement des
fini5.
produits naturels et biodégradables, mais il
Ainsi, la seule façon de limiter la contamination
reste difficile de changer l’image d’efficacité
des eaux usées domestiques par ces produits est
que
d’en faire un usage raisonné au profit de moyens
possèdent
les
détergents
traditionnels
La
législation
européenne
aux composés polluants qui nécessitent des
dits mécaniques : frotter, gratter, etc.
traitements lourds en centrale de retraitement.
Sachant
que
la
évolue
contamination
des
Afin de comprendre ce qui rend une eau
eaux usées vient du mélange de l’eau avec des
polluante, deux notions sont à retenir : la Demande
composés autres, il est nécessaire d’isoler les
Biochimique en Oxygène (DBO) et la Demande
différents composants pour les réutiliser ou les
Chimique en Oxygène (DCO). Ce sont ces deux
valoriser. La séparation des flux d’eaux usées selon
critères qui permettent d’évaluer la charge polluante
leur provenance permet de faciliter les traitements
des eaux usées. La DBO est la quantité d’oxygène
spécifiques
requise par les bactéries pour oxyder les matières
ressources. Plutôt que de canaliser ensemble les
organiques biodégradables présentes dans l’eau.
eaux grises et noires vers les stations d’épuration,
La DCO est quant à elle la quantité d’oxygène
la mise en place de réseaux différenciés permet
requise par les oxydants chimiques pour oxyder
de ne pas incorporer les matières organiques des
les particules minérales présentes dans l’eau. Plus
eaux vannes dans les eaux ménagères, ou de ne
il y a d’éléments à dégrader biologiquement, plus la
pas diluer les calories des eaux ménagères dans
DBO augmente, et plus il y a d’éléments à dégrader
les eaux vannes par exemple. On évite ainsi la
chimiquement, plus la DCO augmente.
« sur-contamination » des eaux.
et
d’optimiser
le
réemploi
des
Lorsque ces valeurs sont élevées, beaucoup d’oxygène présent dans les milieux naturels est
4 Service public fédéral, Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, [en ligne]
consommé dans cette optique de dégradation, et seul le reste est utile au développement des
5 Les tensioactifs : des ingrédients indispensables mais souvent critiqués, BioLinéaires, numéro 42 (Juillet-Août 2012)
espèces de l’écosystème aquatique concerné. Si le milieu est en manque d’oxygène, il est en anoxie,
22
02
B - TRAITER LES EAUX USÉES
Une fois les eaux usées produites,
Afin de pouvoir comprendre et comparer
plusieurs dispositifs existent afin de les traiter sur
les différents systèmes, ils seront présentés à l’aide
site en vue d’une réutilisation. Tout comme les
d’un tableau comparatif reprenant leurs principales
traitements des stations d’épuration municipales,
caractéristiques, ainsi que d’un schéma explicatif
ces systèmes sont classés selon trois niveaux :
du fonctionnement.
un traitement primaire (visant une épuration mécanique par filtration par exemple), secondaire
La première caractéristique donnée sera
(clarifiant l’eau et la nettoyant de la majorité des
la phase de traitement dont se charge le dispositif,
éléments nocifs et pathogènes) et tertiaire (pour
certains assurant tout à la fois les niveaux
affiner les performances de clarification et amener
primaires, secondaires, et/ou tertiaires ;
l’eau aux normes de potabilité).
L’état de l’eau à l’entrée du circuit indiquera
les qualités de l’eau qui peuvent y être traitées :
Ces trois niveaux de traitements combinés
eaux vannes ou ménagères, brutes, filtrées (c’est-
visent à redonner à l’eau trois critères de qualité :
à-dire débarrassées des particules supérieures
physique (l’eau ne contient plus de matières
à 0,5mm), ou claires (c’est-à-dire filtrées puis
solides ou en suspension), microbiologique (l’eau
clarifiées mais non potables) ;
est purifiée des micro-organismes, bactéries ou
virus potentiellement pathogènes) et chimique
indiquera le but optimal recherché, c’est-à-dire
(l’eau ne contient que des minéraux dans des
les meilleures performances atteignables avec un
quantités la rendant propre à la consommation
système optimisé ;
humaine et sans danger pour les milieux naturels).
La mention des effets du dispositif
Les sous-produits annexes récupérés
correspondront aux ressources obtenues au cours
Les systèmes analysés en suivant sont
du processus de traitement autres que l’eau et
des dispositifs conçus professionnellement, déjà
dont l’on pourra disposer en sortie de circuit ;
commercialisés et utilisés à différentes échelles,
allant des débits correspondant à l’habitat
les dispositifs physiques et/ou les surfaces
individuel jusqu’aux débits issus des stations
nécessaires à l’étape de traitement ;
municipales. Sont donc écartés les systèmes
bricolés par des particuliers, dont les méthodes,
mentionnera la nécessité ou non d’un apport
bien que suivant des protocoles détaillés, ne sont
énergétique autre que celui nécessaire à la
pas contrôlées et monitorées. On pourrait citer
canalisation et au transport de l’eau pour les
parmi ces méthodes celle de la décantation des
besoins du traitement ;
trois pots, ou les différentes filtrations sur tissu
par exemple. On ne s’attardera pas non plus sur
précisera pour quelle cible se trouve aujourd’hui le
les systèmes uniquement présents à très grande
dispositif dans le commerce (particuliers, collectifs,
échelle (méthode de nanofiltration, percolation...).
municipalité, industries).
23
L’installation
La
nécessaire
consommation
évoquera
énergétique
Finalement l’échelle de commercialisation
1. LES TRAITEMENTS PRIMAIRES
Les
traitements
primaires,
ou
prétraitements ont pour but de nettoyer l’eau afin de rendre les traitements en aval plus performants. Il s’agit de retirer les particules les plus grosses, telles que les matières fécales ou les débris organiques, mais aussi une partie des matières en suspension (MES).
Le dégrillage
Le dégrillage progressif correspond au
Afin d’être efficacement filtrée, l’eau
traitement primaire le plus couramment employé
doit arriver sur la grille à une vitesse n’excédant
tant en entrée de station d’épuration que dans
pas 1,2m/s. Les différentes grilles doivent être
les systèmes industriels. Il s’applique aux eaux
régulièrement relevées afin de récupérer les
usées mais également aux eaux de ruissellements
éléments filtrés appelés refus de dégrillage. Cela
charriant parfois branches et autre débris. Agissant
permet d’une part d’éviter la colmatation des
comme des tamis de plus en plus fins (fig. 7), les
filtres qui limiterait alors les débits de traitement,
grilles permettent de séparer l’eau des déchets et
et de valoriser les refus de dégrillage, qui sont le
particules les plus grosses.
plus souvent des matières végétales sur les grilles sont
les plus grosses, et forment des boues au niveau
indispensables à tous les circuits afin d’éviter que
des tamisages les plus ressérés. Ces boues sont
des débris possiblement dangereux pour l’intégrité
parfois valorisables mais le plus souvent incinérées
du réseau entrent dedans et l’abiment.
ou enterrées.
Les
grilles
les
plus
larges
Tab. 1 : Caractéristiques du dégrillage
Fig. 7 : Principe du dégrillage Eau usée liquides
Microstations
solides
Dégrillage moyen 40 > 10 mm
Phase de traitement
Primaire / secondaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères brutes
Effet
Dégrillage fin 10 > 6 mm
Tamisage 6 > 0,5mm
Eau usée filtrée
Refus de dégrillage (à valoriser)
24
Taux d’abbatage moyen des MES (50%), DBO (60%) et DCO (60%). Faible action contre le phosphore et les micro-organismes
Sous-produit annexe
Boues
Installation nécessaire
Cuves enterrées
Consommation induite
Energie électrique
Echelle de commercialisation
Particuliers
Les bassins de décantation
Les
bassins
de décantations furent
et solvants des eaux ménagères. Dotés d’une
les systèmes les plus utilisés dans les stations
densité moins importante que celle de l’eau, ces
d’épuration municipales à la fin du XXe siècle
produits flottent en surface, et les lames racleuses
pour leur facilité de fonctionnement. Ils étaient
du pont les guident vers la périphérie ou elles sont
aussi bien utilisés en traitement primaires que
récupérées. On récupère cette fois les eaux claires
secondaires, mais on tend aujourd’hui à limiter
en partie basse de la cuve.
leur usage aux traitements primaires afin d’assurer
Tab. 2 : Caractéristiques des bassins de décantation
par la suite un assainissement plus efficace via d’autres technologies.
Bassins de décantation
Le principe de base est très simple (fig.
8) : il se base sur la gravité. Arrivant dans une cuve ronde par une colonne centrale, les eaux usées stagnent un certain temps, le temps que les particules lourdes et les matières en suspension
Phase de traitement
Primaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères brutes Nettoie l’eau d’une partie des MES (taux d’abbatage de 50%) et des huiles
Effet
se déposent au sol. Une partie des bactéries s’agrège, ou flocule, et forme des agrégats plus faciles à récupérer. La cuve circulaire permet la mise en place d’un pont racleur qui, comme son nom l’indique, pousse les flocs vers le puit central, permettant la récupération des boues. On récupère
Boues, huiles
Installation nécessaire
Cuves avec ponts racleurs ou ponts suceurs X
Consommation induite
les eaux claires en partie haute de la cuve.
Sous-produit annexe
Ces bassins permettent également, par le
Echelle de commercialisation
même procédé gravitationnel, de séparer les huiles
Municipalités, industries
Fig. 8 : Principe des bassins de décantation Pont racleur Amène les boues décantées vers le puit central
Pont racleur Dirige les huiles en surface vers la périphérie
Récupération de l’eau décantée Par surverse
Récupération des boues
Récupération des eaux décantées
Arrivée des eaux usées dégrillage préalable
Arrivée des eaux usées dégrillage préalable
25
Récupération des huiles Par surverse
2. LES TRAITEMENTS SECONDAIRES
Les
traitements
secondaires
ou
bassins aérobies, tout comme les bassins à
de
clarification ont pour visée de purifier l’eau d’un
macrophytes,
disposent
d’atouts
esthétiques
point de vue physico-chimique : il s’agit d’enlever
valorisants : eau claire, végétaux...
un maximum de matières en suspension (MES),
mais aussi de demande biochimique en oxygène
d’installation en fait un dispositif assez peu
(DBO) et de demande chimique en oxygène (DCO).
développé au niveau de maisons individuelles
La demande en surface de ce type
ou de groupements d’habitats, au profit des municipalités. Les bassins de lagunage
Tab. 3 : Caractéristiques des bassins de lagunage Traitement par bassins de lagunages
Le lagunage consiste à faire passer
les eaux usées à un débit très lent à travers une
succession
de
plusieurs
bassins
aux
caractéristiques différentes.
Phase de traitement
Primaire / secondaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères dégrillées
La profondeur des bassins anaérobies
permet la dégradation des particules sans
Bon taux d’abbatage des MES (79%), DCO (60 à 80%), DB0 (80%), phosphore et azote (60 à 70%) Bonne action contre les micro-organismes grâce à l’exposition solaire
Effet
oxygène (d’où le nom). C’est également dans ce bassin que les MES décantent par gravité. Couplés aux bassins facultatifs, les bassins anaérobie permettent d’éliminer 75% de la DBO et de la DCO1. Cette performance est accentuée dans les bassins aérobies. La faible profondeur de ces derniers
Sous-produit annexe
Boues (tous les 10/15 ans)
Installation nécessaire
Plusieurs bassins successifs, pour une surface de 12m² par équivalent habitant
permet également, par action des UV solaires, la destruction des germes pathogènes résiduels.
difficilement
intégrables
au
paysage
X
Consommation induite
Si les deux premiers bassins sont car
Echelle de commercialisation
sombres et pouvant faire émaner des odeurs, les
Municipalités
Fig. 9 : Principe des bassins de lagunages Eau usée dégrillée liquides solides Eau claire
bassin anaérobie (5 > 2,5m)
bassin facultatif (2,4 > 1,2m)
bassin aérobie (<1m)
1 Racault Y., Boutin C, Le lagunage naturel en France - Etat de l’art et tendances, Ingénieries n° spécial, 2004, p77 à 86
26
Les bassins à macrophytes
Les bassins à macrophytes, bien que
relativement coûteux en surface, permettent une bonne intégration paysagère, sans risques d’odeur. Ils nécessitent également assez peu d’entretien
Les
bassins
à
macrophytes
se
si ce n’est le faucardage annuel des roseaux et
développent en France à partir des années 80 pour
l’évacuation décennale des boues résiduelles.
les traitements des eaux des petites et moyennes collectivités, puis sont adoptées par les particuliers.
Tab. 4 : Caractéristiques des bassins à macrophytes
Les macrophytes désignent les végétaux utilisés
Traitement par bassins à macrophytes
pour purger l’eau. Le système le plus courant est dit à écoulement vertical (fig. 10).
Phase de traitement
Primaire / secondaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères brutes
Effet
Très bon taux d’abbatage des MES (98%), DCO (85%), DB0 (98%), phosphore et azote (65 à 70%) Mauvaise action contre les micro-organismes
Sous-produit annexe
Matière végétale suite au faucardage des roseaux
Installation nécessaire
Plusieurs bassins plantés, entre 1m² et 2,5m² par équivalent habitant
L’eau usée domestique arrive dans le
bassin chargée de tous ses éléments organiques (seul un dégrillage sommaire préalable est requis), et y reste au repos pendant une période calibrée selon les quantités d’eau traitées. Le substrat du bassin présente plusieurs étages de graviers à la granulométrie croissante. C’est la biomasse présente à l’étage supérieur (les macrophytes, souvent des roseaux, et leur flore bactérienne) qui permet de dégrader les matières organiques, pendant que l’eau, filtrée, avance dans le circuit. On
Consommation induite
compte deux à trois bassins à macrophytes afin d’atteindre les normes d’abbatage de MES, DBO et
Echelle de commercialisation
DCO dans l’eau avant son rejet (cf Tab. 4) . 2
X Particuliers, municipalités
Fig. 10 : Principe des bassins à macrophytes solides Eau usée liquides
graviers fins 80 cm
graviers grossiers galets
drainage
2 EPNAC-IRSTEA, Epuration des eaux usées domestiques par filtres plantés de macrophytes, 2005
27
Eau claire
Le lombrifiltre
Développé dans les années 2000, le
permettent de filtrer les particules que les vers
lombrifiltre joue sur la combinaison de deux
ne traitent pas, notamment les germes fécaux.
acteurs biologiques : les lombriciens (vers de terre
En fin de parcours, l’eau est récupérée en fond de
qui digèrent la terre et l’aèrent), et les bactéries
cuve. Ce dispositif biologique permet un excellent
aérobies. Sa flexibilité de mise en place est un
traitement des MES, DCO et DBO (cf tab. 5)4.
atout : la cuve peut être enterrée comme hors-sol,
Tab. 5 : Caractéristiques du lombrifiltre
et ne nécessite que peu d’entretien. On le retrouve
Traitement par lombrifiltre
aussi bien pour traiter les eaux usées de petites collectivités que dans des habitats individuels.
Phase de traitement
Secondaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères broyées
Effet
Excellent taux d’abbatage des MES 99%), DCO (85%), DB0 (99%), azote (84%) Faible action contre le phosphore et les micro-organismes
Sous-produit annexe
Lombricompost
Installation nécessaire
Cuve enterrée ou hors-sol 0,5m² de surface par équivalent habitant
l’effet de la gravité, et atteint les étages à composants
Consommation induite
X
minéraux (sables, graviers). C’est à ce niveau là
Echelle de commercialisation
Le lombrifiltre est un dispositif de bio-
traitement composé de plusieurs couches (fig. 11). Les eaux usées domestiques, après un premier broyage visant à réduire la taille des débris organiques, sont projetées au sommet de la cuve. Le premier étage est composé de copeaux de bois auxquels sont joints les lombriciens (à raison de 25.000 par m2)3. Ces vers de terre ingèrent les déchets et les excréments présents dans l’eau et les digèrent. L’eau descend petit à petit les étages sous
que se développent des bactéries aérobies qui
Particuliers, Municipalités
Fig. 11 : Principe du lombrifiltre solides Eau usée liquides poste d’injection lombriciens + copeaux de bois ( 1m ) sables + bactéries aérobies ( 50cm ) graviers ( 20cm )
Eau claire
4 Sohé assainissement, Guide d’utilisation de l’unité Débéo 5EH, 2015
3 Mairie de Combaillaux / CIHEAM-IAMM, LombriStation, épuration des eaux usées par les lombriciens, mai 2005
28
Les Micro-stations
Les micro-stations sont des reproductions
temporelle qui s’opère : on alterne les phases de
miniatures des stations d’épuration collective. On
décantation et d’aération dans une seule cuve au
en trouve aujourd’hui une trentaine d’agrées et
lieu de trois.
parues au Journal Officiel.
Tab. 6 : Caractéristiques des micro-stations Microstations
Elles peuvent être de deux ordres : à
boues activées ou à cultures fixées. Le système à boues activées (fig. 12) comporte trois cuves : la première sert à décanter les matières organiques principales ; la seconde est aérobie (on y injecte de l’air) afin de faire floculer les matières en
Phase de traitement
Primaire / secondaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eaux vannes ou ménagères brutes Taux d’abbatage moyen des MES (50%), DBO (60%) et DCO (60%). Faible action contre le phosphore et les micro-organismes
Effet
suspension et les micro-organismes. Enfin, la dernière cuve permet de faire reposer les agrégats créés avant de récupérer l’eau claire. Les boues de la dernière cuve sont récupérées et insérées dans la première afin de faciliter la décantation des matières organiques par les bactéries : ce sont les boues activées. On les récupère ensuite depuis la première cuve.
Le système à boues fixées répond aux
mêmes principes, mais au lieu d’une séparation spatiale des procédés, c’est une séparation
Sous-produit annexe
Boues
Installation nécessaire
Cuves enterrées
Consommation induite
Energie électrique
Echelle de commercialisation
Particuliers
Fig. 12 : Principe des micro-stations Décanteur primaire
Aérateur Bactéries aérobies
Clarificateur
Arrivée des eaux usées brutes Eau claire
Récupération des boues
29
3. LES TRAITEMENTS TERTIAIRES
Les traitements tertiaires ou d’affinage
Ces traitements sont disponibles à des
ont pour but de rendre l’eau conforme aux normes
échelles très variées : de la station autonome avec
chimiques de potabilité mais aussi d’en améliorer
panneau solaire pour une utilisation individuelle ou
les qualités organoleptiques, c’est-à-dire ce qui la
domestique, à la station d’épuration municipale.
rend agréable à boire : goût, turpitude, ou odeur.
Fig. 13 : Principe du traitement UV solaire et non solaire
Pour ce faire, il faut jouer sur quatre facteurs : la présence résiduelle de matières en suspension
Eau claire
(MES), de micro-organismes pathogènes, de phosphore et d’azote.
UVc
Il est important de noter que ces
traitements ne sont pas indispensables selon les usages envisagés pour l’eau traitée : si elle est destinée à l’irrigation, les matières en suspension, le phosphore et l’azote sont autant de nutriments qui, en quantités controlées, servent à enrichir la terre.
Lampe UV
UV (solaire ou non)
Eau désinfectée
UVc
L’action des rayons ultra-violets (UV)
Eau claire
est essentiellement dirigée vers les microorganismes pathogènes (répartis en 4 catégories : virus, bactéries, protozoaires et vers). Le principe d’action est simple : les UV dirigés contre les micro-
Eau désinfectée
organismes s’attaquent directement à leur ADN, Réacteur
empêchant ainsi leur reproduction et conduisant à leur disparition. La longueur d’onde optimale est de 254nm5. Elle est présente naturellement dans
Tab. 7 : Caractéristiques du traitement UVc
les rayonnements UV solaires mais peut aussi être induite par une lampe à basse pression de vapeur
Traitement par UVc
de mercure (fig. 13).
Les critères à respecter pour que le
traitement soit efficace tiennent principalement à la clarté de l’eau : plus il y aura de particules opaques (comme les MES), plus les rayons UV seront stoppés. Un micro-organisme caché derrière une particule sera protégé et donc pas affecté par le
solaires
Phase de traitement
Tertiaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eau claire
Effet
Désinfection X
Sous-produit annexe
traitement. Les traitements secondaires préalables sont donc indispensables.
Installation nécessaire
Cuve solaire
Réacteur avec lampe UV
Consommation induite
Energie solaire
Energie électrique
5 Genoud E., Le traitement de l’eau par UV, une méthode efficace pour éliminer les micro-organismes, Le Journal des Fluides n° 38 (Mai-Juin 2010)
Echelle de commercialisation
30
non solaires
Particuliers, Municipalités
Procédé de purification bio-solar
Tab. 8 : Caractéristiques de purification Bio-solar
Le procédé de purification Bio-Solar
développé par Helio-Pur reprend le principe de
Purification Bio-Solar
la désinfection par UV solaires en y joignant un apport de CO2 (fig. 14).
C’est un filtre biologique composé de
deux éléments : une cuve transparente, similaire au traitement UV classique, et une pompe à compresseur d’air, ou Airlift. C’est ce dispositif qui permet d’introduire du CO2 dans la cuve. Le but du dispositif est d’accélérer la photosynthèse, qui permet de transformer les germes fécaux en biomasses (petites algues). Ces organismes sont facilement récupérables en sortie de circuit, et sont une ressource bénéfique en matière de nutriments, tant pour les végétaux que pour les animaux.
Phase de traitement
Tertiaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eau claire
Effet
Désinfection
Sous-produit annexe
Biomasses
Installation nécessaire
Cuve solaire, compresseur d’air pour injection de CO2
Consommation induite
Energie solaire
Echelle de commercialisation
Particuliers, Municipalités
Les rendements en terme de désinfection
sont meilleurs que le système à UV classique, et permettent la constitution d’un sous produit valorisable, les micro-algues (tab. 8).
Fig. 14 : Principe de purification Bio-solar
UVc
Oxygène
Eau désinfectée
Eau claire CO2
Biomasse
31
chloration, Ozonation, dephosporation
L’adjonction
aux
eaux
traitées
de
L’utilisation de l’ozone est bien plus
produits chimiques spécifiques est un procédé
coûteuse car elle nécessite des équipements
très communément utilisé. Ne reposant pas sur
spécifiques afin de créer l’ozone à partir d’air et
l’utilisation d’un rayonnement, la chloration et
d’électricité. C’est un gaz aux propriétés oxydantes
l’ozonation ne nécessitent pas de traitements
bien plus importantes que celles du chlore. Il
secondaires aussi performants que ce qu’exige un
possède aussi des propriétés désodorisantes qui
traitement par UV : ils purifieront tout aussi bien
en font un procédé efficace dans l’amélioration des
une eau moins claire et contenant plus de MES,
qualités organoleptiques de l’eau. Ce procédé reste
DBO et DCO.
très peu utilisé actuellement en raison de son coût.
Le produit utilisé le plus ancien est
Les
été
de
sujets
déphosphoration
le chlore, qui dispose d’une bonne capacité
actuels
à endommager les membranes des micro-
récents. Le phosphore est un élément favorisant
organismes, même en petite quantité. Facile
l’eutrophisation des milieux (cf 02.A.2 - Réduire
à mettre en place et peu chère, cette solution
la pollution des eaux), mais il est aussi un
présente toutefois le désavantage de former des
composant essentiel de nombreux fertilisants. Le
sous-produits possiblement cancérigènes . Une
récupérer sert donc un double objectif de réduction
étape supplémentaire de déchloration par l’ajout
de pollution et de valorisation de ressource. C’est
de bioxyde de souffre ou par charbons actifs est
ce que met en place la technologie StruviaTM de
souvent nécessaire afin d’en neutraliser les effets
Veolia : le phosphore est précipité en réacteur sous
indésirables (goût par exemple). Dans les cas où
forme de cristaux de struvite récupérables, grâce
l’eau n’est pas réutilisée sur site mais stockée,
à l’augmentationdu pH et à l’adjonction de sels de
elle est presque systématiquement chlorée afin
magnésium7.
6
ont
principes
de
développements
d’éviter la reformation de micro-organismes. Tab. 9 : Caractéristiques des traitements par chloration, ozonation, et déphosphoration Chloration Phase de traitement Etat de l’eau à l’entrée du circuit Effet
Ozonation
Déphosphoration
Tertiaire
Tertiaire
Tertiaire
Eau claire
Eau claire
Eau claire
Désinfection, affinage de Désinfection, affinage de l’abattage des MES, DBO et DCO l’abattage des MES, DBO et DCO
Précipite le phosphore en cristaux de struvite (99%)
X
X
Cristaux de struvite (fertilisant)
Installation nécessaire
Réacteur
Réacteur
Réacteur
Consommation induite
X
Sous-produit annexe
Echelle de commercialisation
Municipalités, industries
Energie électrique Municipalités, industries
X Municipalités, industries
7 Veolia Water Technologiy Communication, StruviaTM, le recyclage durable du phosphore à partir des eaux usées, Novembre 2015
6 Bourbon B., Lapalus G, Le Daheron V., Louvet C., Marais J., Pages M., Les traitements tertiaires : pour quoi faire ?, 2015
32
Combinés de traitements tertiaires
Tab. 10 : Caractéristiques des combinés de traitements tertiaires
Plusieurs entreprises ont développé des
stations à usage des particuliers pour améliorer les propriétés de l’eau arrivant du circuit collectif.
Combiné de traitements
Ces stations prêtes à l’emploi existent à plusieurs échelles : un traitement de l’eau à l’arrivée dans le logement, un traitement à chaque point de consommation d’eau (sous l’évier par exemple), ou en traitement des arrivées d’eau alternatives comme l’eau de pluie. Elles n’ont pas vocation à
Phase de traitement
Tertiaire
Etat de l’eau à l’entrée du circuit
Eau potable
Effet
Désinfection, réduction des MES, déphosphoration
potabiliser l’eau mais à en améliorer le goût, l’odeur, Sous-produit annexe
la clarté, etc.
Ce sont souvent des stations combinant
plusieurs traitements tertiaires basiques : filtres
Installation nécessaire
Stations individuelles (succession de filtration, charbon actif, lampe à UVc)
Consommation induite
Energie électrique
Echelle de commercialisation
Particuliers
à particules, filtres à charbon actif supprimant le goût du chlore, déphosphoration, lampes à UV... Ces stations nécessitent un entretien régulier (changement des filtres par exemple) afin de garantir leur efficacité.
33
X
03
C - RÉUTILISER LES RESSOURCES ANNEXES
Retraiter les eaux usées, c’est en extraire
Le système Energy Recycling System
les composés qui s’y sont intégrées lors du
ou E.R.S., mis en place via un partenariat entre
processus de consommation. Une grande partie
BioFluides
de ces composés est une ressource possiblement
Construction
réutilisable. Il est aussi intéressant de voir qu’au-
parisiennes de logements sociaux de se doter
delà du traitement, la mise en place de circuits
d’un dispositif de captation des calories des eaux
bouclés annexes peuvent tirer parti des eaux usées
usées vers la production d’eau chaude sanitaire.
mais ne sont pas des dispositifs de traitement.
Le dispositif permet de récupérer 49 000 KWh/an,
Environnement a
permis
et à
Paris
deux
Ouest
opérations
soit 55% des besoins en énergie pour l’eau chaude sanitaire des bâtiments1.
1. ENERGIE
Le système regroupe les eaux usées dans
On a pu le constater précédemment (cf
un volume d’eau (ballon de préchauffage). L’eau
01.C.3 : Les ressources à récupérer, opportunités
usée refroidie est ensuite éjectée. L’eau chauffée à
à saisir), les eaux ménagères entrent dans le circuit
45°C intègre alors le ballon d’eau chaude sanitaire
des eaux usées à une température moyenne de
(E.C.S.), dont la température est encore augmentée
32°C. Concernant les lave-linges et lave-vaisselles
à l’aide d’une chaudière électrique avant de pouvoir
uniquement, cette valeur s’établit à 50°C.
intégrer le circuit de consommation (fig. 15).
un dispositif qui, par transfert de calories, chauffe
Fig. 15 : Principe de fonctionnement de l’Energy Recycling System (E.R.S.)
55°C
Chaudière
Ballon E.C.S.
10°C Arrivée d’eau 37°C
45°C
Ballon de préchauffage E.C.S.
9°C
32°C Consommation
Eaux usées à traiter
E.R.S. 1 STARQUEST CAPITAL, Logements : une eau chaude recyclée à partir des eaux grises usées, 2013
34
2. BOUES, MATIÈRES ORGANIQUES ET BIOMASSE
En extrayant les différents composants
Le compostage réemploie les matières
des eaux usées, une grande partie des systèmes
sèches des boues et les associe aux déchets verts
de traitement conduit à la production de sous
(issus
produits : boues ou biomasse par exemple.
macrophytes par exemple) pour produire un
des
faucardages
des
bassins
à
compost aéré dont les qualités sont maîtrisées. Les boues issues des différentes stations
De par leur nature très humide et très compacte,
d’épuration municipales (STEP) ont des devenirs
les boues sont difficilement brûlées, ce qui fait de
variés (fig. 16). En 2010, environ 1,1 millions
la filière incinération un moyen peu écologique de
de tonnes de matière sèche ont été produites
les supprimer.
en France . Chaque technique de valorisation
Faisant partie de la catégorie des déchets non
ou d’élimination nécessite une déshydratation
dangereux, ces boues sont enfouissables après
préalable et un traitement spécifique.
déshydratation.
2
Dans le cas de boues issues de systèmes de Fig. 16 : Valorisation / élimination des boues produites en France en 2010
petites dimensions (habitat individuel, petites municipalités), elles sont intégrées majoritairement à un système de compostage.
43% 33%
Les
matières
organiques
fécales
récupérées des toilettes sèches sont également valorisables via la filière du compostage. Ces
18%
systèmes sont en voie de développement, comme le montrent l’apparition de nouvelles subventions 1%
en Bretagne pour la filière du compostage et la
1%
mise en place d’une filière de valorisation des urines3.
Ep
an ag da r g Co icol e m e po st ag e In ci né ra tio n S En to fo ck ui ag ss e ge Va l in oris du a st tio En riell n e d’ vo au yé tre e s S ver TE s P
4%
Les biomasses issues par exemple des
systèmes Bio-Solar sont également d’excellents
L’épandage agricole consiste à récupérer
fertilisants car elles contiennent les nutriments
la matière sèche des boues pour les déposer dans
nécessaires au développement des végétaux
les zones de culture. Etant donné la faible marge
lorsqu’ils sont intégrés dans la terre, mais
de manoeuvre sur la qualité de la matière déposée,
également au développement animal lorsqu’elles
et malgré son coût peu élevé, ce procédé tend à
sont réinjectées dans des systèmes aquaponiques
diminuer au profit du compostage.
par exemple.
2 AMORCE, Boues de station d’épuration : techniques de traitement, valorisation et élimination, mis en ligne en Novembre 2012
3 Ginisty F., Assainissement écologique : pour la première fois, des toilettes sèches vont équiper un habitat collectif, L’âge de faire, n° 138 (Février 2019)
35
3. CIRCUITS D’EAU ANNEXES
Fig. 17 : Principe de fonctionnement de l’aquaponie en boucle fermée
Cultures Absorbent les nutriments (nitrates) et renvoient une eau propre
Au cours du processus de traitement,
notamment après les traitements secondaires, d’autres boucles peuvent être greffées sur les
Bassin à poissons Produisent des déjections
circuits d’eau.
Systèmes aquaponiques
Les systèmes aquaponiques se basent
sur l’interaction de trois entités : les végétaux, les animaux et les bactéries. Le principe de base est un circuit fermé (fig. 17). Des poissons sont élevés dans des aquariums. Ils produisent des déjections (excréments et urine). L’eau souillée est envoyée
Cuve à bactéries Transforment l’ammoniaque et l’urée des poissons en nitrates
dans une cuve bactérienne, où les bactéries dégradent l’urée et l’ammoniaque en nitrates. Cette eau arrive alors dans des bacs où des plantes sont mises en culture. Trois techniques existent : sur
Plantes comestibles
des racs flottants, dans un substrat perméable
Poissons comestibles
ou par gouttière, l’important étant que les racines végétales soient en contact direct avec l’eau. Les plantes se nourrissent des nitrates, nutriments
Fig. 18 : Principe de fonctionnement de l’aquaponie connectée à un système de traitement
alors présents dans l’eau et rendent l’eau propre pour être renvoyée aux poissons. La culture de
Arrivée d’eau usée après traitement secondaire
plantes maraîchères ou aromatiques en permet la consommation, tout comme l’élevage contrôlé des
Cultures
poissons, si les espèces choisies sont comestibles (un exemple classique est la truite).
Bassin à poissons
Ces systèmes disposent également d’une
alternative connectée à un réseau de traitement (fig. 18) : les eaux usées, après un traitement secondaire sont riches en phosphore et en azote qui sont très nutritifs pour les plantes. Elles absorbent ainsi ces nutriments avant de renvoyer l’eau claire aux poissons. Avec l’ajout d’une source d’eau supplémentaire, il faut rééquilibrer le cycle en ouvrant une sortie, l’eau pouvant alors être soumise à des traitements tertiaires. Cuve à bactéries Evacuation du trop-plein possible continuité de traitement
36
Micro-algues
Qualifiées d’or vert, les micro-algues
sont dotées de nombreuses propriétés propices aux développements de systèmes de production d’énergie. Installées dans des panneaux de façade, elles permettraient à l’avenir de produire de l’électricité par la production de biogaz, aussi bien que d’assurer un confort thermique.
Bien qu’encore assez peu utilisés car peu
connus et récemment développés, il existe déjà des panneaux de façade utilisant cette technologie, appelée colonne Morris. L’utilisation de ces algues mène à trois actions concrètes bénéfiques au
développement
écologique
de
la
ville :
purification du CO2 présent dans l’air, production de biométhanes et de biogaz, et finalement récupération d’une biomasse valorisable1.
Fig. 19 : Principe de fonctionnement des panneaux à micro-algues
Le procédé se déroule ainsi en trois
temps (fig. 19) : les algues sont baignées entre deux couches de verre dans une eau enrichie en
Arrivée d’eau usée après traitement secondaire
nutriments nécessaires à leur développement. En utilisant le CO2 présent dans l’air et la lumière,
Nutriments liquides
elles se développent par photosynthèse. Au cours de la photosynthèse, de la chaleur est produite, qui pourrait à terme être récupérable et participer
CO2
au chauffage du bâtiment. Les panneaux sont
Air purifié
en fait des bains de culture voués à maximiser le Panneau de façade Photosynthèse
développement des algues. Celles-ci sont ensuite récupérées, afin de les faire fermenter en cuve (digesteur) pour en extraire un biogaz (production d’électricité verte) ou des biométhanes (production de biocarburants). Une fois ce processus terminé, les algues sont séchées et transformées en
Digesteur fermentation
biomasse réutilisable.
Il est à noter que l’utilisation de ces Evacuation possible continuité de traitement
panneaux de façade impose la visibilité des algues et leur teinte verte.
1 Les micro-algues : la ressource énergétique du futur, L’EnerGEEK, mis en ligne le 7 Juin 2017
37
Biométhanes Biogaz
Biomasse
0
03
03 FREINS ET LEVIERS AU RÉEMPLOI SUR SITE DE L’EAU DANS L’HABITAT COLLECTIF EN FRANCE
39
03
A - UN CADRE LÉGAL CONTRAIGNANT
L’eau
étant
considérée
comme
2. LE CAS FRANÇAIS
un
patrimoine public, son utilisation est soumise à de nombreuses législations qui contraignent sa
consommation et son retraitement.
d’un Code de l’Eau qui regrouperait l’ensemble
La législation française ne dispose pas
des lois et décrets liés à la ressource. Toutes ces législations sont éparpillées entre le code
1. L’INFLUENCE DU DROIT INTERNATIONAL
de l’environnement, le code des collectivités territoriales, le code pénal etc. Toutefois, on peut
distinguer la construction progressive et toujours Le droit international adopte le principe de
actuelle d’un régime juridique de l’eau organisé
souveraineté nationale en matière de législation sur
autour de trois grandes lois sur l’eau : la loi du 16
l’eau. Cela signifie que, bien que divers organismes
décembre 1964 relative au régime et à la répartition
comme l’UNESCO ou l’OMS publient régulièrement
des eaux et à la lutte contre leur pollution ; la loi du
des recommandations juridiques, chaque pays
3 janvier 1992 sur l’eau, et la loi du 30 décembre
est libre de légiférer comme il l’entend. Toutefois,
2006 sur l’eau et les milieux aquatiques.
ce principe de souveraineté nationale est limité par le principe de coopération, qui impose par
exemple une gestion équitable et raisonnable
la loi les nécessités de protection de la ressource
de la ressource en eau. Les Etats riverains et
face à la pollution, en mettant en place des moyens
partageant par exemple un fleuve ont obligation de
de contrôler les bassins hydrographiques et de
coopérer sur la mise en place de leurs législations,
sanctionner les pollueurs. Elle institut aussi les
ou devront en répondre devant la Cour de Justice
Agences Financières de Bassin (appelées Agences
Internationale (CIJ) .
de l’Eau depuis 1991), dont le rôle est de mettre en
1
La loi du 16 décembre 19643 intègre dans
place les moyens de contrôle, de traitement, et de
Le droit de l’Union Européenne (UE)
protection des eaux.
présente quant à lui beaucoup plus de contraintes imposées à l’ensemble des états membres. Ainsi,
la directive cadre sur l’eau du 22 décembre 20002
précisément la gestion de l’eau par la mise en
fixe des normes générales en matière de qualité et
place de deux documents : les schémas directeurs
de quantité de consommation de l’eau. Elle soumet
d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE)
les états membres à des exigences de résultats,
et les schémas d’aménagement et de gestion des
dans des délais prescrits. L’objectif de cette loi est
eaux (SAGE), différencié par l’échelle d’action (les
d’harmoniser les juridictions européennes en vue
SAGE correspondant à une portion réduite des
de protéger efficacement le patrimoine aquatique.
SDAGE).
La loi du 3 janvier 19924 organise plus
1 Encyclopédie de l’environnement, Le droit de l’eau en France, [en ligne]
3 Loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution, JORF, 18 décembre 1964
2 Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau, JOCE, n° L 327, 22 décembre 2000
4 La loi n° 92-3 sur l’eau du 3 janvier 1992, JORF, n° 3, 4 janvier 1992
40
La loi sur l’eau du 30 décembre 20065
domestiques spécifiques : hygiène (douches, bains)
renforce la loi de 1992 en garantissant l’accès à
et consommation (eau de cuisine, de boisson) ;
l’eau dans des conditions économiques viables.
ainsi que des seuils de qualité. Les paramètres
Autour de ces trois lois gravitent nombres
microbiologiques, chimiques et organoleptiques
de réglementations annexes. Parmi elles, on
de l’eau requis pour sa consommation humaine
trouve certains arrêtés qui définissent l’usage
(toute utilisation sur équipement résidentiel donc)
de l’eau potable obligatoire pour des usages
sont très clairement définis (fig. 20).
6
Fig. 20 : Extrait de l’arrêté du 11 janvier 2007 définissant les normes de qualités microbiologiques, chimiques et organoleptiques de l’eau destinée à la consommation humaine
5 Loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques, JORF n° 303, du 31 décembre 2006 6 Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine, JORF n°31, 6 février 2007
41
3. LE RÉEMPLOI SUR SITE : SYSTÈME DU CAS PAR CAS Les différents systèmes de traitement
les propriétaires à garantir la conformité de
autonome ou assainissement sur site sont
leur installation sous un délai de quatre ans,
sujets à une évaluation de leurs performances
tant
avant la mise sur le marché. Ces filières agrées
d’eau que pour le rejet dans l’espace naturel.
dépendent des Services Publics d’Assainissement
Non Collectif (SPANC), qui détermine la viabilité
des dispositifs. Le SPANC a deux missions
traitement des eaux usées et leur réemploi sur site
principales7 : guider les professionnels dans la
dépend donc d’une coopération entre différents
mise en place des assainissements autonomes,
acteurs : les entreprises créatrices des technologies
et en contrôler les installations. Pour atteindre ces
de retraitement, les municipalités, les différents
objectifs, les professionnels peuvent mettre en
organismes
place plusieurs démarches, dont l’établissement
et
d’un
résidentiels.
Avis
Technique
(procédure
décrite
et
encadrée par l’arrêté du 02/12/1969). Celui-ci est
pour
des
qualités
de
consommation
La mise en place d’un système de
bailleurs
de
contrôles,
sociaux
les
initiateurs
constructeurs des
projets
En synthèse
délivré après analyse exhaustive des capacités du dispositif, notamment après installation test
et plusieurs années de fonctionnement. Ces
au réemploi sur site de l’eau traitée. Les textes
vérifications permettent de garantir une qualité de
citant les eaux usées n’envisagent que leur
l’eau répondant aux normes en vigueur.
utilisation pour l’irrigation. Jusqu’en 2014, il
Il n’existe pas en France de loi spécifique
était même interdit de faire circuler de l’eau
Les systèmes de retraitement sur site
non potable dans des circuits internes au
font partie de l’assainissement non collectif : le
logement. Bénéficiant d’un trou juridique, les
cas le plus courant étant par exemple les fosses
systèmes de boucle fermée doivent uniquement
septiques chez les particuliers qui ne peuvent
répondre à deux conditions : respecter les
pas être reliés au tout-à-l’égoût. En celà, ils
normes de traitement des eaux usées, et
sont soumis à deux législations principales :
satisfaire les exigences de qualités chimiques,
la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de
microbiologiques et organoleptiques requises
2006 (LEMA)8, et la deuxième loi Grenelle9, qui
par la loi pour la consommation humaine. Au delà
ont défini les exigences requises. La LEMA de 2006 a donné aux maires et aux communautés
de l’aspect législatif, c’est la frilosité du SPANC
d’agglomération des outils pour gérer les services
concernant les accréditations des dispositifs qui
publics d’eau et l’assainissement, notamment
limite leur développement.
en
matière
de
contrôle
des
dispositifs
La mise en place de systèmes de
d’assainissement non collectifs. La deuxième
retraitement combinés au réemploi sur site
loi grenelle leur permet en outre de contraindre
de l’eau est donc traitée au cas par cas par les organismes de contrôle. Toutes ces procédures nécessitent un véritable investissement de la
7 Ministère de la transition écologique et solidaire et Ministère des solidarités et de la santé, Portail sur l’assainissement non collectif, [en ligne]
part des constructeurs et bailleurs sociaux (conjointement aux entreprises d’installation) qui
8 Loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les milieux aquatiques, JORF n° 303, du 31 décembre 2006
doivent alors trouver leur compte ailleurs dans la
9 Grenelle II ou Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement JORF n°0160, 13 juillet 2010
leur rentabilité.
mise en place de ces systèmes, notamment par
42
03
B - COÛTS ET FINANCEMENTS 1. RENTABILITÉ COMPARATIVE Pour calculer la rentabilité des systèmes
systèmes permettant de traiter les eaux usées
de traitement sur site (que nous appellerons TSS),
domestiques sur site en vue de réutiliser l’eau
il faut les comparer avec les frais qu’engendrent
comme eau de consommation. Ce sont forcément
un raccordement au tout-à-l’égout, et aux stations
des circuits complets pour potabiliser l’eau
d’épuration (STEP). On utilise pour ce faire un
(traitement secondaire et tertiaire). Ces dispositifs
ensemble de données de base moyennes, qui
exemptent les habitants concernés de la part
rendent compte d’une synthèse de plusieurs
du prix de l’eau dédiée à son assainissement,
sources
rapportant
1,2,3,4
tant sur les consommations que sur
prix
de
l’eau
à
2,05€/m³.
les systèmes utilisés.
le
Ce que l’on nommera STEP neuve
correspond
Les TSS avec rejet sont les systèmes
au
raccordement
d’un
habitat
permettant de traiter les eaux usées domestiques
au réseau urbain de traitement de l’eau, avec
sur site avant de les rejeter dans la nature sans
le paiement sur 20 ans de la construction
passer par les circuits de traitement municipaux,
de la station d’épuration. La STEP existante
constitués
secondaires
correspondra au raccordement de l’habitat au
majoritairement. Les TSS avec réemploi sont les
réseau urbain, dans les cas où la station existe déjà.
de
traitements
Durée de vie
Consommation
Prix
- La durée de vie moyenne
- Sur la base de la consommation
- Le prix de l’eau moyen en France
estimée d’une STEP est de 100
moyenne par foyer de 430L/jour,
en 2014 est de 3,98€/m³ dont
ans. Son financement se fait sur
on obtient une consommation de
2,05€ dédié à la potabilisation
20 ans ;
157m³/foyer/an ;
et au transport et 1,93€ dédié à
- La durée de vie moyenne d’un
- Dans le cas d’un TSS avec
TSS secondaire et tertiaire est
réemploi, on estime à 90% la part
- Les tarifs du SPANC sont
estimée aux alentours 25 ans.
d’eau recyclée dans le volume
standardisés
d’eau consommée, soit 10% d’eau
dérives existent : le contrôle initial
provenant du réseau, équivalent à
est tarifé à 130€, la redevance
15,7m³/foyer/an.
annuelle
l’assainissement ;
est
(bien
que
de
33€/an
moyen
des
des
en
moyenne) ; -
Le
prix
TSS
secondaires est estimé autour de 8 000 € (cas des microstations et des lombrifiltres par exemple) ; 1 Le service public d’information sur l’eau, Le prix de l’eau, [en ligne] 2
- Le prix moyen des TSS tertiaires
ECLA, L’assainissement non collectif, [en ligne]
est estimé autour de 4 000 € (UV,
3 Higounenc F. et Sécher M., Etude de la rentabilité d’une STEP, [en ligne]
et charbon actif).
4 Tricel Environnement, Coût annuel d’une microstation d’épuration, [en ligne]
43
Pour établir la rentabilité des systèmes, on
met en place une formule permettant de chiffrer globalement les coûts liés au dispositif : Frais de mise en place
Frais de fonctionnement, d’entretien et de consommation
+
Uniques
Annuels
Il est primordial de noter que ces coûts d’investissements
correspondent
aux
coûts
pour un foyer unique et pour une installation (ou un raccordement unique). Nous verrons par la suite comment considérer ces résultats pour une multitude de foyers.
LES STATIONS D’ÉPURATION NEUVES
LES STATIONS D’ÉPURATIONS EXISTANTES
Dans le cas des STEP neuves, la mise en
Dans le cas d’une municipalité dont la
place du dispositif municipal est un investissement
station d’épuration ne nécessite pas de transition
important. Il est répercuté sur la facture d’eau des
ou de réfection à neuf, les seuls frais facturés aux
foyers qui sont enregistrés comme bénéficiant du
foyers connectés sont les frais d’entretien, les
service d’assainissement des eaux usées.
taxes et l’eau achetée.
Prix du terrain + prix d’installation + prix des réseaux + sécurité de 10% pour imprévus - subventions
:
prix de l’eau x consommation d’eau par foyer
nombre de foyers reliés
Annuels
Uniques Prix du terrain + prix d’installation + nombre + prix des réseaux de foyers : + sécurité de 10% pour imprévus reliés prix de l’eau - subventions x consommation d’eau par foyer Uniques Annuels
prix de l’eau x consommation d’eau par foyer
On obtient alors la formule Annuels
suivante :
3,98 €/m³ x 157 m³/an = 625 €/foyer/an
prix de l’eau
Pour une ville de taille moyenne, cefoyer prix s’établit à x consommation d’eau par
3,98 €/m³ 5 90 €/an/foyer, Annuelssur une durée de 20 ans .On établit
Annuels
x 157 m³/an 90 €/foyer/ an + = 625 €/foyer/an alors la formule suivante : Annualisés (sur 20 ans) Annuels
+
d’investissement
Annuels
+
90 €/foyer/ an Annualisés (sur 20 ans)
3,98 €/m³ x 157 m³/an = 625 €/foyer/an
Cette formule représente la situation d’une majorité des foyers en France : en effet on estime que 95%
3,98 €/m³ x 157 m³/an = 625 €/foyer/an
des logements sont reliés au tout à l’égoût6 et utilisent les services d’assainissement des eaux
Annuels
usées de la municipalité.
5 CAPAS, Station d’épuration : le coût complet (détail des calculs), [en ligne]
6
44
ECLA, L’assainissement non collectif, [en ligne]
LES TRAITEMENTS SUR SITE AVEC REJET
LES TRAITEMENTS SUR SITE AVEC RÉEMPLOI
Les TSS rejetant l’eau n’ont pas de lien
Tout comme les TSS avec rejet, les TSS
avec les stations d’épuration municipales, ce qui
avec réemploi de l’eau usée n’ont pas de frais
induit deux conséquences : d’une part les foyers
en lien avec l’assainissement municipal. Le prix
concernés ne payent pas les frais d’installation de
de l’eau est donc aussi de 2,05 €/m3. La formule
la STEP, d’autre part le prix de l’eau est de 2,05 €/m3
générale d’investissement est identique, mais les
en moyenne, car les frais d’assainissements sont
valeurs qui y sont associées changent.
exclus.
Frais d’installation + contrôle SPANC
Frais d’installation + contrôle SPANC Uniques
Uniques
+
+
Redevance SPANC + frais d’entretien des installations + frais de consommation d’eau
Redevance SPANC + frais d’entretien des installations + frais de consommation d’eau
Annuels
Annuels
Nécessitant
des
traitements
de
Les TSS avec rejet ne disposent que
potabilisation de l’eau, ces dispositifs sont plus
de traitements secondaires, ce qui en fait des
chers à l’achat (12 000 € en moyenne basse) et
installations moins coûteuses que les TSS avec
induisent également des frais d’entretien plus
réemploi de l’eau nettoyée, on se trouve aux
€ élevés,12de000 l’ordre de 250 €/an.
alentours 8 000des € 8 000 €. Le coût d’entretien est lui
8 130 € Frais d’installation + 130moins € aussi bien élevé avec une moyenne globale + contrôle SPANC Uniques de 150 €/an, bien que les fraisUniques soient en réalité + + Uniques
+ 130 €
Uniques
12 130 €
Cependant, l’avantage de ces systèmes Uniques Frais d’installation
est la réinjection dans le circuit de consommation + contrôle SPANC
+
+
de l’eau nettoyée. Cela évite alors de reprendre de Uniques
l’eau 33 au€ +réseau à 15,7m³/ 250 € municipal. € + On estime 315
plutôt ramassés par période (l’entretien décennal +
+ 32 €
foyer/an la consommation d’eau du réseau.
par exemple). 33 € + 150 €
505 € Redevance + frais d’entretien installations + 322 €consommations Les frais deSPANC d’eaudes s’élèvent quant + frais de consommation d’eau Annuels à eux à 322€ par an : Annuels Annuels
Redevance SPANC + frais d’entretien des installations Annuels Ainsi, les frais liés à l’eau duAnnuels réseau sont de + frais de consommation d’eau
32 €/foyer/an : Annuels
2,05 €/m³ x 157 m³/foyer/an = 322 €/foyer/an
2,05 €/m³ x 15,7 m³/foyer/an = 32 €/foyer/an
On obtient ainsi la formule d’investissement par
On obtient ainsi la formule d’investissement par
foyer suivante :
foyer suivante :
8 000 € + 130 € Uniques
+
Uniques
33 € + 150 € + 322 € Annuels
12 000 € + 130 €
8 130 €
Uniques
+
+
12 130 € Uniques
33 € + 250 € + 32 €
505 € Annuels
Annuels
45
+ 315 €
Annuels
COMPARAISON DES SYSTÈMES
A
partir
des
différentes
formules
On se base sur un habitat collectif
d’investissements, on peut mettre en place
abritant 10 foyers. Les besoins surdimensionnés
un graphique comparatif de la rentabilité des
des systèmes TSS induisent une augmentation
différents systèmes pour un foyer unique (fig.
approximative de 50% de leurs prix7.
21). Pour rappel, les TSS correspondent aux
La formule d’investissement par foyer dans le
traitements sur site, les STEP au raccordement en
cadre d’un immeuble de 10 logements change
station d’épuration.
alors pour devenir :
(
Trois constats sont à établir :
Premièrement, on voit qu’au moment de la
Frais d’installation + contrôle SPANC
Uniques
( (
) ) )
Frais d’installation + + contrôle SPANC Redevance SPANC + frais d’entretien des Uniques installations +
fin de leur durée de vie théorique (25 ans), aussi bien les systèmes de traitement sur site avec rejet de l’eau que ceux avec réemploi direct sont moins rentables que le raccordement aux stations
:
nombre de foyers reliés
:
nombre de foyers reliés nombre
:
de foyers reliés
(dès 21ans d’utilisation), les traitements sur site
Annuels Redevance SPANC + nombre : + frais d’entretien de foyers + frais dedes consommation d’eau installations reliés Annuels Annuels
avec réemploi de l’eau sont plus rentables que
ceux rejettant l’eau dans la nature.
réduites, tantrejet pour les traitements avec rejet que TSS avec TSS avec réemploi
(
d’épuration.
Deuxièmement, on constate qu’à terme
Troisièmement,
on
constate
que
+
Les sommes sont alors considérablement + frais de consommation d’eau
Annuels
si
pour les traitements avec réemploi : 1 213 €
l’utilisation des traitements sur site avec réemploi
TSS avec rejet Uniques
perdure au-delà de leur durée de vie théorique, ils
+
deviennent plus rentables que le raccordement
18 € Uniques + 322 €
De cela on peut déduire qu’actuellement,
Annuels
dans le cadre d’un logement individuel, les
18 € + 322 €
installations de retraitement sur site ne sont pas rentables. Face à ça se présentent deux solutions :
340 €
+
1 813 €
TSS avec réemploi Uniques
+
1 813 €
1 213 €
aux traitements municipaux.
)
28 € Uniques + 32 € Annuels 28 € + 32 €
340 €
60 €
+ 60 €
Annuels
Annuels
ou bien avoir des systèmes dont la durée de vie atteint les 35 ans pour les TSS avec réemploi et
En comparant la rentabilité de ces
au moins 50 ans pour les TSS avec rejet, ou bien
systèmes avec le raccordement aux stations
baisser les frais de mises en place et les frais
d’épuration (fig. 22), il devient évident que les TSS
d’entretien du système.
sont économiquement très rentables, et ce dès la 3e année pour les TSS avec réemploi, et la 4e pour
C’est
intéressante
là :
qu’arrive mutualiser
une
proposition
les
installations
les TSS avec rejet.
On constate également une rentabilité
autour d’un certain nombre de foyers dans le
bien meilleure des traitements avec réemploi que
cadre d’habitats collectifs. Si les frais de mise
celle des traitements avec rejet, amortissant dès la
en place augmentent un peu, ils n’augmentent
seconde année leur prix initial.
pas proportionnellement au nombre de foyers raccordés.
7 Tricel Environnement, Coût annuel d’une microstation d’épuration, [en ligne]
46
Fig. 21 : Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer individuel Investissement ( en € ) 40 000
Durée de vie théorique des TSS
TSS avec réemploi TSS avec rejet
30 000
STEP neuve STEP existante
20 000
12 000 10 000 8 000
0
5
10
15
20
25
30
20,5 n ( en années )
35 31,5
40 33
Fig. 22 : Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer au sein d’un habitat collectif de 10 logements Investissement ( en € ) 40 000
Durée de vie théorique des TSS
TSS avec réemploi TSS avec rejet
30 000
STEP neuve STEP existante
20 000
10 000
1 800 1 200 0
5 2 3 4
10
15
20 n ( en années )
47
25
30
35
40
2. SUBVENTIONS ET PRIMES
Assainissement non collectif
Les subventionnements se font à deux
niveaux : d’une part au niveau des municipalités pour le développement de filières de retraitement
Là encore les Agences de l’Eau jouent un
des boues ou pour faire transitionner leurs stations
rôle primordial dans l’obtention de subventions. Il
d’épuration vers des stations biologiques ; d’autre
faut préciser que bien que les subventions visent
part à destination des particuliers pour les aider
les traitements non collectifs (c’est-à-dire non
à mettre en place leur système de traitement
raccordés aux stations d’épuration municipales),
autonome.
les Agences de l’Eau n’ont pas pour interlocuteur des particuliers mais des bureaux d’études, syndicats ou constructeurs. Les aides octroyées
Assainissement collectif
peuvent monter jusqu’à 60% du coût de l’étude et
Les
subventions
à
destination
des travaux, avec un plafond fixé à 3 000€9.
des
collectivités émanent des conseils régionnaux et départementaux (parfois jusqu’à hauteur de 25%
D’autres organismes moins attendus
du prix de la station d’épuration) mais aussi des
peuvent participer également : l’agence nationale
diverses Agences de l’Eau. Ces subventions visent
de l’habitat (ANAH), jusqu’à 50% du coût des travaux
la plupart du temps à développer les filières peu
et 50 000€ ; la caisse des retraites jusqu’à 3 500€ ;
énergivores et peu polluantes. Elles proviennent de
et le SPANC (Services publics d’assainissement
l’argent des redevances collectées via la facture
non collectif) également jusqu’à 60% du prix des
d’eau de tous les usagers connectés aux stations
travaux10.
d’épuration (par le biais de la taxe d’assainissement d’un montant de 1,93 €/m3 d’eau consommée).
contractés pour le financement des installations : la
Les subventions servant au financement
Des
prêts
peuvent
également
être
stations
CAF propose des prêts de 1 000€ à ses bénéficiaires,
d’épuration, il existe aussi des primes dédiées
et l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la
à récompenser l’efficacité des dispositifs. Ainsi,
Maîtrise de l’Énergie) propose des prêts à taux zéro
l’Agence de l’Eau de Bretagne a mis en place
jusqu’à 10 000€.
préalable
à
la
construction
des
une prime à l’assainissement collectif en 2018 , 8
dédommageant
financièrement
les
maitres
Tous les dispositifs ne sont pas elligibles
d’ouvrages de stations d’épuration selon les
aux subventions et prêts. La situation du projet
qualités de l’eau traitée.
(réhabilitation ou neuf) et la situation personnelle
Ces
primes
accompagnées
de
et
subventions
contrôles
réguliers
dans le cas de logements individuels influencent
sont
également
du
l’obtention
ou
non
des
divers
financements.
fonctionnement des systèmes de traitement.
9 Agence de l’eau, Les aides financières de l’agence de l’eau Loire-Bretagne en assainissement non collectif, 2018
8 Agence de l’eau, Prime - assainissement collectif, [en ligne]
10 Green Tech Journal, Les subventions pour une micro-station d’épuration, [en ligne]
48
Fig. 23 : Comparaison de la rentabilité de 4 systèmes de traitement des eaux usées pour un foyer individuel avec des subventions à 60%
Investissement ( en € ) 40 000
Durée de vie théorique des TSS
TSS avec réemploi TSS avec réemploi subventionné 30 000
TSS avec rejet TSS avec rejet subventionné STEP neuve
20 000
STEP existante
10 000 4 800 3 200 0
5
10
15 11
20
25
30
35
40
22 n ( en années )
Si l’on se doute que les subventions
Le seuil de rentabilité d’un TSS avec
rendent les TSS d’autant plus rentables qu’ils ne
réemploi face au raccordement à une STEP
le sont déjà théoriquement à l’échelle d’un habitat
existante est alors établi à 15 ans, tandis que
collectif, on se rend compte en revanche qu’une
celui d’un TSS avec rejet est de 22 ans. Ces deux
subvention de 60% des travaux permet de les
valeurs étant inférieures à la durée de vie théorique
rendre suffisemment rentables dans le cadre
des TSS, on constate que les subventions sont
d’habitats individuels (fig. 23), et ce à partir de la
indispensables à la rentabilité de tels systèmes au
11 année au mieux face à une STEP neuve.
niveau des logements individuels, ce qui n’est pas
e
le cas pour le collectif.
49
3. INADAPTATION AU MODÈLE ÉCONOMIQUE Un des principaux freins au développement
40%11. Cette baisse des volumes traités entraîne
des traitements sur site, avec ou sans réemploi
une baisse des revenus liés à l’assainissement,
est sans conteste son inadaptation au modèle
récupérés par la taxe d’assainissement sur
économique en vigueur en France et à la grande
la facture d’eau. Or la majorité de leurs frais
centralisation des systèmes d’assainissement des
sont fixes, liés à l’entretien de leurs réseaux.
eaux.
Ça peut être l’initiation d’un cercle vicieux :
ceux qui possèdent les moyens de sortir du réseau
Le développement de ces systèmes
en sortent, laissant les charges augmenter pour ceux
locaux
induirait
baisse
qui en dépendent. Le débat est toujours en cours
des volumes d’eau traités par les collectivités,
quant aux solutions possibles face à ce problème :
et par là même la baisse de leurs revenus. En
instauration d’une taxe de départ du réseau,
Australie, suite au développement de systèmes
réduction des réseaux et obligation des systèmes
de recyclage horsdes stations municipales, les
alternatifs dans certaines zones, acceptation de
volumes traités par la ville ont baissé jusqu’à
la non rentabilité du réseau d’assainissement...
nécessairement
une
en synthèse
L’installation des systèmes de traitement
dynamiques à long terme pour la majorité des
sur site (TSS) en habitat collectif présente un
technologies de traitements sur sites actuels.
avantage indéniable au niveau financier, tant
face au logement individuel (qui nécessite lui
l’apport de subventions extérieures pour être
sont
rentable) que face au raccordement en station
parallèle tant des filières collectives municipales
d’épuration collective (STEP). Bien que le modèle
que des filières autonomes, témoignant d’un côté
de calcul proposé fasse une synthèse moyenne
d’une dépendance au consommateur, et de l’autre
des systèmes existants, il est probant dans les
d’un désir d’innovation et de circuits courts.
De plus, il faut noter que les subventions symptomatiques
d’un
développement
11 Leflaive X., Conditions de déploiement des systèmes d’eau urbains alternatifs, Flux, n° 76-77 (FévrierMars 2009), p 62-70
50
03
C - ACCEPTABILITÉ SOCIALE 1. LA SOCIÉTÉ FACE AU RÉEMPLOI DES EAUX USÉES
usages domestiques, il n’y en aurait en réalité besoin que pour 10%.1
La
stratégie
politique
face
à
ces
changements de paradigme est l’information LA culture collective de l’eau
des citoyens, on cherche à convaincre l’individu
d’adopter de nouvelles pratiques.
La culture collective de l’eau tourne
autour d’un faisceau de valeurs, de symboliques,
Les risques sanitaires
de conventions et de pratiques partagées par une
même communauté. Ces concepts induisent une
représentation collective spécifique des notions de
constituent certes un risque pour les milieux
confort, de plaisir et de statut social. En France et
naturels mais aussi un risque pour l’homme. Elles
dans la majeure partie des pays dits occidentaux,
peuvent être le vecteur de maladies hydriques
la culture de l’eau est basée sur une conception
telles que le choléra, la dysenterie ou les hépatites
industrielle et hygiéniste issue des XIXe et XXe
A et E, à cause des micro-organismes pathogènes,
siècles, lorsque les circuits d’eau courante se
des germes fécaux ainsi que des contaminants
sont démocratisés (cf 01.A.2 L’arrivée de l’eau
chimiques qu’elles charrient.
courante). L’innovation du recyclage de l’eau et de
sa consommation directe remet en cause bien des
niveaux : par l’ingestion directe d’eaux usées — de
principes issus de cette conception.
l’eau en elle-même mais également des aliments
Les eaux usées mal traitées ou non traitées
La contamination peut se faire à plusieurs
issus de plantations irriguées par eaux usées — ;
Tout d’abord cela remet en question la
par contact cutané, lors de l’aspersion des eaux
centralisation technique et de gestion au profit de
usées sur les espaces verts par exemple ; ou
circuits courts. De ce fait, le citoyen n’est plus un
par inhalation, les composés polluants volatiles
receveur passif de service mais devient un acteur
pouvant s’extraire des circuits d’eau à l’air libre.
de sa consommation : il est responsabilisé.
Plusieurs cas sont recensés et ont fait
Ensuite, cela change la perspective sur le
grand bruit (jouant sur l’activation des mécanismes
dogme traditionnellement admis de la dissociation
de dégoût, cf 03.C.2 - Les mécanismes de rejet
entre l’eau pure, associée à l’eau potable et l’eau
individuel) : on peut citer par exemple le cas d’un
usée considérée comme un déchet, en considérant
circuit d’eaux usées ayant fui et contaminé les
celle-ci comme une ressource. Cela nécessite
eaux propres d’une ville des Pays-Bas, causant
de nuancer les catégories, en introduisant les
un développement de maladies hydriques dans la
concepts d’eaux grises, noires, brunes par exemple,
population du quartier.2
mais aussi la notion d’adaptation entre la qualité
de l’eau et son utilisation. En effet, si on utilise
recommandations quant au réemploi des eaux
actuellement de l’eau potable pour la totalité des
usées, sans pouvoir d’obligation légale ou juridique,
L’OMS
publie
régulièrement
des
la limitant à la simple irrigation et mettant en
1 Barbier R., Le buveur d’eau et le recyclage des eaux usées, Espaces et sociétés, n° 139 (Avril 2009), p 107-121 2 Fife-Shaw C., Barnett J., Chenoweth J., Consumer Trust and Confidence: Some Recent Ideas in the Literature, International Water Association, Maastricht, juin 2007
51
place des barrières de contrôles à chaque étape (traitement, irrigation, récolte, vente des cultures).
Il faut noter tout de même que l’eau traitée sur
se forment de deux manières4 : d’une part les
site présente souvent de meilleures qualités que
croyances empiriques, issues de l’expérience
l’eau du réseau : en circuit court elle n’est stockée
personnelle préalable ; d’autre par les croyances
que peu de temps et évite de circuler dans des
dans les informations issues d’un autre émetteur.
kilomètres de canalisations parfois dégradées ou
Concernant la croyance dans les systèmes de
incorporatrices de polluants. On pense notamment
réemploi de l’eau, on se situe davantage dans ce
aux cas de saturnisme liés aux canalisation
deuxième cas, étant donné que les cas existants
parisiennes .
sont rares voire inexistants en France. La confiance
3
se base donc sur les informations extérieures ; or
2. LES MÉCANISMES DE REJET INDIVIDUEL
la majorité de la littérature accessible aux profanes concernant ces systèmes adopte un point de vue sceptique sur ces technologies.
LA DESINFORMATION COMME SOURCE DE REJET
Face aux difficultés d’acceptabilité sociale
des
omniprésence des informations négatives se
stratégie ne prend pas en compte la façon dont
double d’une forte méfiance envers les colporteurs
chaque individu adopte ou non un changement
des rapports officiels et industriels, présentant eux
qu’on lui propose, demande, ou impose. Au delà
une image positive de l’innovation. Les usagers
de l’information en tant que telle, c’est la façon
avancent comme argument le fait que les lobbys et
dont elle est amenée qui importe le plus. La
les politiques n’ont que peu d’intérêt dans la santé
défiance envers les corps politiques et les lobbys
publique et cherchent la rentabilité ou le pouvoir.
industriels est un facteur de la réticence à accepter les gages de performances vantés par les experts.
De plus, il faut noter que ce n’est pas parce qu’une
Les aspirants émulateurs des systèmes
de traitements sur site doivent donc jouer sur
information est intégrée par un individu qu’elle a
la valorisation des expérience positives pour
nécessairement un impact sur son comportement.
améliorer d’une part l’image du gestionnaire
Pour motiver un changement dans l’acceptation spécifiquement
retentissements
des problèmes de santé aux habitants5. Cette
par le biais d’études expertes. Cependant, cette
ici
les
a contaminé le réseau d’eau potable et engendré
serait de démontrer l’efficacité des systèmes
et
cause,
où un système de traitement sur site avec rejet
d’accuser le manque d’information. La solution
innovation,
En
scandales sanitaires, par exemple aux Pays-Bas
du recyclage de l’eau sur site, la réaction est
d’une
Les croyances de manière générale
et donc la réception du message envoyé, mais
du
aussi développer la connaissance empirique
recyclage de l’eau et de sa consommation directe,
du
deux facteurs sont importants : les croyances
consommateur
en
le
confrontant
aux
expérimentations en cours.
vis-à-vis des conséquences du changement, et l’aspect émotionnel et affectif. LA FORMATION DES CROYANCES 3 Ministère de la santé, Le plomb et le saturnisme — de la recherche aux actions de réduction des expositions, 2015
4 Fife-Shaw C., Barnett J., Chenoweth J., Consumer Trust and Confidence: Some Recent Ideas in the Literature, International Water Association, Maastricht, juin 2007 5
52
Idem.
L’ASPECT EMOTIONNEL ET AFFECTIF
Les
aspects
émotionnel
et
affectif
Un autre critère important est le facteur
jouent aussi un grand rôle dans l’adhésion aux
« beurk », issu de la rupture entre une innovation
innovations, notamment en matière de recyclage.
et les représentations traditionnelles ancrées dans l’imaginaire commun. Dans notre cas, c’est
Le sentiment d’injustice est un puissant
le fait de considérer de l’eau usée, mentalement
moteur de rejet : les consommateurs incités à
assimilée aux déchets, comme un élément de
changer leurs modes de vie et de consommation
ressource pour la consommation humaine.
peuvent éprouver un tel sentiment face à la disproportion apparente des demandes. Cela
s’exprime via des questionnements tels que
dans un quartier australien disposant de circuit de
« pourquoi me demande-t-on de consommer les
retraitement d’eaux usées mais sans réemploi :
eaux usées, alors que les eaux usées domestiques
99% des habitants se disaient d’accord pour
représentent bien moins de volumes que les
utiliser l’eau traitée pour l’irrigation ; ce chiffre
effluents industriels ou agricoles ? » . Pour palier
chutait à 49% pour des usages de lessives ; et
ce sentiment, la sensation de décision active et non
seulement 0,7% d’entre eux se sentaient prêts à en
subie est d’une grande importance. Le dialogue et
envisager la consommation directe. Pourtant, les
la concertation sont donc des outils d’adhésion à
contrôles réalisés attestaient que l’eau traitée était
l’innovation.
de bien meilleure qualité que l’eau issue du réseau
6
Un exemple probant est une étude réalisée
municipal !8
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si une Le facteur « beurk » peut facilement
grande partie des projets innovants en matières
de retraitement des déchets et notamment de
être modulé par le dialogue entre gestionnaire et
réemploi de l’eau usée sur site se fait dans le
habitants. Une solution communément apportée
cadre d’habitats participatifs, où les habitants se
au niveau des municipalités est de rejeter l’eau
sentent véritablement acteurs de la conception
propre dans une nappe phréatique, induisant l’idée
de leur lieux de vie. En témoigne par exemple
de nettoyage naturel de l’eau, avant de la repomper
le projet d’habitat participatif Ôooberge, où les
depuis la même nappe phréatique. L’acceptation
habitants ont conjointement décidé d’installer
par les habitants s’en retrouve très augmentée.
dans chaque logement des toilettes sèches (cf
Cependant
02.A.1 - Réduire la quantité d’eaux usées).
compatible avec un retraitement en circuit court.
7
ce
type
de
solution
n’est
pas
8 McKay J., Hurlimann A, Attitudes to Reclaimed Water for Domestic Use: Part 1, Water n° 30 (Mai 2005) p 4549
6 Barbier R., Le buveur d’eau et le recyclage des eaux usées, Espaces et sociétés, n° 139 (Avril 2009), p 107-121 7 Ginisty F., Assainissement écologique : pour la première fois, des toilettes sèches vont équiper un habitat collectif, L’âge de faire, n° 138 (Février 2019)
53
3. EVOLUTION DES MENTALITÉS Les données du baromètre de l’eau9
ressource en eau (réduire sa consommation ou
effectué par le C.I.EAU les plus récentes montrent
consommer des eaux usées recyclées) si cela a un
une très grande évolution entre 2013 et 2018 dans
impact bénéfique sur leurs finances (fig. 24).
l’image qu’ont les français du réemploi des eaux
usées. En 2018, 86% des français accepteraient
en plus en tête les risques d’une pénurie d’eau
d’utiliser une eau issue du traitement des eaux
qu’induirait
usées, mais seulement 53% seraient prêt à la boire.
sentiment d’insécurité agit comme un moteur sur
C’est tout de même une grande évolution, quand
les velléités de changement de mode de vie.
on sait qu’ils n’étaient que 5% à l’envisager en
2013. Ils seraient 75% à accepter de consommer
mettre en perspective avec le revirement de
des produits agricoles irrigués avec des eaux
l’augmentation des volumes d’eau consommés
usées, contre 68% en 2014.
depuis 2014 par habitant (165L/jour en 2014 contre
Plusieurs raisons sont évoquée pour
148L/jour en 2018). Cela montre qu’en plus de
expliquer ce changement. D’une part, l’aspect
l’intégration mentale des nécessités écologiques,
pécunier joue un rôle primordial : 53% des français
celles-ci commencnet à infuser dans les pratiques
envisagent des gestes de préservation de la
quotidiennes avec des résultats quantifiables.
D’autre part, les français ont de plus le
réchauffement
climatique.
Cette évolution des mentalités est à
Fig. 24 : « Seriez-vous prêt à consommer de l’eau issue du recyclage des eaux usées ? », Baromètre de l’eau
5% 5% OUI
Raisons de l’acceptation
OUI
2014
€ €
NON NON
53% 53%
5%
2018
NON NON
OUI OUI
7% 7%
€
NON
53%
48% 48% 45% 45%
Raisons de l’acceptation
OUI
€ €
7%
22% 22% 25% 25%
48% 45%
53% 53%
22% de l’environnement Sauvegarde
NON - enquête 9 C.I.EAU, TNS Sofres, Les français et l’eau OUI nationale 2018, Document élaboré dans le cadre du Baromètre de l’eau 22e édition, 2018
25%de la ressource en eau Préservation
€ Attrait financier 54
Le
53%
EN SYNTHÈSE
des
démarche proche de la nature, la sensibilisation
usagers face à la consommation directe des
économique… On peut constater une évolution
eaux usées traitées sur site tient à un ensemble
positive dans l’image que renvoit le réemploi des
complexe de valeurs et de notions : l’ancrage
eaux usées pour la consommation depuis 2014,
d’une culture de l’eau spécifique, la méfiance
d’autant plus lorsque l’on constate que les gestes
envers ceux qui la promeuvent, les sentiments
de préservation de la ressource s’ancrent petit à
d’injustice ou le facteur beurk par exemple.
petit dans les pratiques domestiques, entraînant
une réduction des volumes d’eau consommés.
Le
rejet
communément
admis
Cependant, les lignes peuvent bouger
grâce à plusieurs leviers : la concertation entre
gestionnaires et consommateurs, la sensibilisation
parcourir avant que le réemploi passe d’une
par l’expérience, la modulation des façons de
acceptation théorique dans les mentalités à une
concevoir le réemploi pour l’inscrire dans une
acceptation de sa mise en pratique dans les faits.
55
Toutefois, il reste encore du chemin à
0
04 04 QUELS DISPOSITIFS POUR LE RÉEMPLOI DES EAUX USÉES DOMESTIQUES SUR SITE ?
57
Maintenant
vu
les
projet Twist ++, mettant en oeuvre un système
l’eau,
les
partiel de réemploi des eaux usées en Allemagne ;
consommations ménagères et les différentes
et c’est à l’occasion du Solar Decathlon Middle
technologies
de
East qu’a été conçu le projet BaityKool, présentant
l’eau ainsi que l’environnement légal, financier
une boucle complète de recyclage de l’eau dans le
et social qui les entourent, il est temps de nous
cadre d’une habitation individuelle. C’est face à la
intéresser aux dispositifs existants qui combinent
raréfaction de la ressource et aux priorités établies
ces traitements. Afin de reconsommer de l’eau
que l’on a vu apparaître les systèmes appelés
sur site, il est nécessaire d’employer au moins
Zero Liquid Discharge aux Etats-Unis avant que
des traitements primaires et secondaires, si ce
ces boucles de recyclage total des eaux issues de
n’est également des systèmes tertiaires selon
l’industrie ne se diffusent dans d’autres pays.
fonctionnements
que
des
l’on
cycles
permettant
le
a de
retraitement
les usages envisagés. Cependant, on se rend vite compte que de tels projets sont encore rares et
Théoriquement, en tirant parti des acquis
expérimentaux, et d’autant plus en France.
apportés par l’étude de chaque cas, il devient concevable d’imaginer une boucle fermée de
C’est
dans
le
cadre
d’événements
traitement et de réemploi total de l’eau pour un
liés aux innovations durables que des projets
ensemble de logements dans un cadre législatif
émergent : l’IFAT de Berlin par exemple, ou
et culturel français), ce que l’on tentera d’établir en
les différents concours du Solar Décathlon.
suivant afin d’évaluer la pertinence et la faisabilité
En effet, c’est à l’IFAT qu’a été présenté le
de ces dispositifs.
58
04
A - LE TRAITEMENT DES EAUX USÉES SUR SITE DANS LE MONDE
Afin d’étudier les différents projets, nous
phases de traitement établies, les systèmes
nous baserons sur plusieurs informations. Tout
utilisés, et les dimensionnements tant en volumes
d’abord, le cadre dans lequel le projet est né,
traités qu’en surface nécessaire au dispositif.
que ce soit à l’occasion d’un concours, d’une
étude expérimentale ou en réponse à un besoin
traités, on utilise l’unité de l’équivalent habitant
empirique. Ensuite, nous verrons l’échelle de mise
(ou EH) qui correspond à une certaine quantité
en place du dispositif, afin d’évaluer la concordance
d’éléments
avec l’échelle de l’habitat collectif qui nous
traiter, et non pas à un volume d’eau. Ainsi, deux
intéresse. Enfin, nous noterons le cadre législatif
volumes d’eau égaux mais pollués différemments
et normatif dans lequel s’inscrit le projet en notant
ne correspondront pas au même nombre d’EH.
les différences et similarités avec le cadre législatif
Si l’Europe1 définit 1EH comme 60g de DBO, en
français détaillé en partie 03.A - Un cadre légal
France, 1EH correspond à 60g de DBO, 135g
contraignant.
de DCO, 15 g d’azote et 4 g de phosphore (cf
Pour les dimensionnements en volumes
potentiellement
contaminants
à
02.A.2 - Réduire la pollution des eaux pour
L’analyse des systèmes ne détaillera pas
comprendre DBO et DCO).
les différentes technologies mises en oeuvre, car
Afin
de
mieux
comprendre
elles ont déjà fait l’objet d’une analyse en partie
fonctionnement des différents systèmes, un
02 - Les technologies existantes de traitement
schéma global de fonctionnement sera également
de l’eau. Cependant, on notera les différentes
établi.
1 Directive n° 91/271 du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, JOCE n° L 135 du 30 mai 1991
59
le
1. TWIST ++ : UN CAS ALLEMAND DE CIRCUIT COMBINÉ
Fig. 25 : L’allée de bassins à macrophytes devant le projet Twist ++ à Lünen
TWIST ++
Si certaines expérimentations visent à
améliorer les installations en place pour les rendre
Maître d’oeuvre
Bauverein à Lünen (BVzL)
Localisation
Lünen, Allemagne
Type de projet
Réhabilitation des circuits d’eau d’un ensemble de logements
Nombre de logements
120
Etat
En chantier (2017-2020)
moins polluantes et plus efficaces, le constructeur Bauverein, situé à Lünen en Rhénanie-du-NordWestphalie (Allemagne), y construit un complexe de logements collectifs visant à proposer un nouveau modèle urbain en terme de gestion de l’eau. Il met en place le système i.WET développé par l’institut Fraünhofer ISI, et permettant de valoriser les eaux usées domestiques. Le projet regroupe 120 logements de petite taille, représentant 250 EH à
Tab. 11 : Le projet Twist ++
traiter chaque jour. Il est intéressant de préciser
que le projet s’inscrit dans un environnement urbain : voisinage dense et rues à l’alignement (fig.
25).
Système i.WET Le projet TWIST ++ a été présenté à l’IFAT
— le salon international des innovations en matière Concepteur
Fraunhofer ISI
de gestion et traitement de l’eau — de Berlin en mai
2014. Dirigé par l’institut de recherche Fraünhofer Phase de traitement
Primaire / secondaire
Se situant en Allemagne, le cadre législatif
diffère des possibilités de système en France. La
ISI, le projet regroupe des expérimentations faites sur trois secteurs au sein de villes allemandes Systèmes utilisés
difficulté majeure liée au système i.WET réside
innovantes en matière de traitement des eaux
sein même du logement, en tant que réservoir
- Récupération des calories desàeaux grises pour le (dont Lünen), consistant tester des installations chauffage
dans la réutilisation des eaux grises brutes au de chasse d’eau. Cette réutilisation est dans les
des eaux grises usées. En tant que - Réemploi projet innovant, il a pu dans les toilettes
faits impossible en France, car tout usage lié à la
bénéficier de subventions par son inscription
consommation humaine doit encore actuellement
- Traitement des eauxprioritaire noires dans le programme-cadre de recherche par bassin à macrophytes
être effectué avec de l’eau potable (cf 03.A - Un
« Recherche pour le développement durable — Gestion l’eau ». Volumes de traités
> 250 EH
Surface occupée
≈ 1m² / EH donc > 250 m²
cadre légal contraignant).
60
des logements à une température avoisinant les
Système i.WET
32°C et acheminées dans les caves où, selon un
Concepteur
Fraunhofer ISI
Phase de traitement
Primaire / secondaire
Systèmes utilisés
- Récupération des calories des eaux grises pour le chauffage
système proche de l’E.R.S (cf 02.C.1 - Energie), les calories en sont extraites pour participer au chauffage des logements. Les eaux grises froides sont alors stockées pour servir à la chasse d’eau. Les eaux noires sont ensuite envoyées vers un second réseau, de traitement cette fois ci, basé sur des bassins à macrophytes (cf 02.B.1 - Les
- Réemploi des eaux grises dans les toilettes
traitements primaires). Ceux-ci sont intégrés à l’aménagement paysagé extérieur. Ils servent alors
- Traitement des eaux noires par bassin à macrophytes
une double fonction : d’une part traiter les eaux vannes avant leur rejet par infiltration dans les sols,
Volumes traités
> 250 EH
Surface occupée
≈ 1m² / EH donc > 250 m²
et d’autre part mettre à distance visuellement la rue des logements. La surface de 250m2 de bassins à macrophytes nécessaire pour traiter les eaux
Tab. 12 : Fiche système i.WET
usées produites est donc étirée tout au long de la
Le système i.WET (fig. 26) repose sur
présentant une croissance rapide, ils seront
l’extraction sélective des flux d’eaux usées :
revalorisés en tant que biomasse en usine afin de
on traite séparément les eaux grises des eaux
produire de l’électricité ou d’être transformés en
noires. Les eaux grises sont récupérées au sein
compost.
parcelle. Les essences plantées (osier, roseaux)
Fig. 26 : Principe de traitement des eaux usées au sein du projet TWIST ++ Arrivée d’eau
Récupération d’eau de pluie
LOGEMENTS Utilisation
Utilisation
Eaux grises 32°C CAVES
Eaux noires
9°C
EXTERIEUR PARTAGE
Récupération des calories pour le chauffage des logements
Traitement par macrophytes
61
Rejet des eaux traitées
Valorisation des déchets végétaux
2. BAITYKOOL : UN SYSTÈME BOUCLÉ INDIVIDUEL
Fig. 27 : Le mur aquaponique dans le patio de BaityKool
BaityKool
Si le projet se situe dans le désert du
Moyen-Orient, les entreprises participant au
Maître d’oeuvre
Consortium universitaire (ENSAPBx, ENSAM, UBx)
Localisation
Dubaï, Emirats Arabes Unis
français.
Type de projet
Habitat individuel écologique
Nombre de logements
1
Etat
Construit (2018)
développement du circuit d’eau sont cependant françaises et exercent aussi sur le territoire
Le concours encadre les projets par un
document contenant toutes les règles et attendus des différents jurys (chaque équipe doit soumettre son prototype à 10 épreuves, de l’architecture à l’ingénierie en passant par la soutenabilité ou la
Tab. 13 : Le projet BaityKool
communication). Le programme est un logement
Le projet BaityKool est né dans le
imaginant que le module puisse s’adapter afin de
cadre duLombrifiltration Solar Decathlon Middle Purification East 2018. Système + BioSolar Ce concours permet à une vingtaine d’équipes
permettre le télétravail, modifiant le calcul des EH
Concepteur Nobatek et + HelioPur internationales de proposer de construire un
logement uniquement) et 10 EH (configuration
habitat écologique utilisant uniquement l’énergie
accueil de travail).
Phase deCette traitement / secondaire tertiairea solaire. premièrePrimaire édition en pays /chaud
vu la participation d’une équipe française portée
par des universités et écoles bordelaises sous
limitent le réemploi des eaux usées ou des eaux
BioSolar Purification le nom de BaityKool. -Parmi d’autres innovations
de pluie récupérées à un unique usage, l’irrigation.
(rafraîchissement par (rayonnement vers) la voûte + toit rafraîchissant
Cette disposition rapproche le contexte normatif
Systèmes utilisés
pour quatre personnes. Baitykool le réinvente en
à traiter, ainsi compris entre 4 EH (configuration
- Lombrifiltration
De plus les réglementations du concours
céleste ou intégration de panneaux solaires à
du concours de la législation française (bien qu’une
des systèmes de toiture), le projet développe
nuance soit à apporter : depuis 2014 en France, on
un propos sur la sauvegarde de la ressource en
devrait pouvoir utiliser de l’eau usée si celle-ci est
eau, particulièrement précieuse en climat chaud.
conforme aux normes de potabilité établies).
( + aquaponie )
Volumes traités
4 EH < 10 EH
Surface occupée
≈ 10m²
62
Nombre de logements
1
Etat
Construit (2018)
Système Lombrifiltration + BioSolar Purification Concepteur
Nobatek + HelioPur
Phase de traitement
Primaire / secondaire / tertiaire
Systèmes utilisés
- Lombrifiltration
Le système de traitement établi traite
ensemble eaux ménagères et eaux vannes (fig. 28). Il combine à la fois un traitement primaire/ secondaire (le lombrifiltre) à un traitement tertiaire (le BioSolar Purification), mais également à des fonctions annexes par l’intégration d’un système aquaponique et d’une toiture végétalisée (fig.
- BioSolar Purification
27). Celle-ci permet de refroidir le patio par l’effet
( + toit rafraîchissant )
d’évapotranspiration des plantes. Il faut noter que le bâtiment n’est pas relié à un réseau mais
( + aquaponie ) Volumes traités
4 EH < 10 EH
Surface occupée
≈ 10m²
dispose d’un réservoir d’eau au début du concours afin de monitorer sa consommation.
Finalement, l’eau issue de ce double
système de traitement est théoriquement potable, et donc potentiellement réinjectable dans le circuit
Tab. 14 : Fiche système Lombrifiltration / BioSolar
de consommation d’eau, bien que le règlement du concours ne permette pas la mise en place de ce dispositif.
Fig. 28 : Principe de traitement des eaux usées au sein du projet BaityKool Réservoir d’eau LOGEMENT
EXTERIEUR
Utilisation
Lombrifiltre
PATIO
Toit rafraîchissant
Aquaponie
Poissons
BioSolar Purification
Végétaux
Rafraîchissement
Biomasse à valoriser
63
3. ZERO LIQUID DISCHARGE : UN PRINCIPE DE CIRCUIT FERMÉ À USAGE INDUSTRIEL
BaityKool Maître d’oeuvre
Consortium universitaire (ENSAPBx, ENSAM, UBx)
Localisation
Dubaï, Emirats Arabes Unis
Type de projet
Habitat individuel écologique
Nombre de logements
1
Fig. 29 : Le système Zero Liquid Discharge tel que proposé par Veolia, Karbala, Irak Etat
Construit (2018)
Tab. 15 : Fiche système Zero Liquid Discharge
Système Zero Liquid Discharge Concepteur Phase de traitement
Le Zero Liquid Discharge (ZLD) est un
principe d’assemblage de différentes technologies
Divers ( Aquatech / Suez / Veolia...)
de traitement des eaux usées industrielles. Il est
Primaire / secondaire / tertiaire
systèmes d’assainissement comme Aquatech,
développé par plusieurs entreprises proposant des Suez ou Veolia.
Systèmes utilisés
- Traitements physico-chimiques
Ces
différents
dispositifs
se
sont
- Traitements biologiques
développés dans les endroits où les milieux
- Filtration membranaire
étaient trop fragiles pour permettre le rejet d’eaux industrielles, même traitées. Dans les régions où
- Evapoconcentration Volumes traités
Variables (selon industrie)
Surface occupée
> 400 m²
la ressource en eau est rare, les autorités se voient parfois contraintes d’imposer aux industriels de fonctionner en boucle fermée : ce fut le cas par exemple en Californie suite à la sécheresse de 2015.
64
Le ZLD a d’abord été employé par des
chimique permet de se débarrasser des huiles et
industries charriant de gros volumes d’eau, mais
principales matières organiques ou lourdes par
l’exclusivité de ces secteurs n’est plus de mise
décantation simple, ou par ajout de produits visant
aujourd’hui : la démocratisation des systèmes et
à faire coaguler, floculer ou précipiter les différents
l’apparition de nouvelles technologies a rendu le
polluants.
ZLD adaptable à de plus petites structures.
Puis, les traitements biologiques se mettent à l’oeuvre pour éliminer les polluants organiques de
L’intérêt pour les industries, au delà du
l’eau.
fait de réduire leur empreinte écologique, se situe
Ensuite, les filtrations membranaires permettent
d’un point de vue légal : comme elles ne rejettent
d’abattre les MES, DBO et DCO, tandis que les
pas l’eau dans la nature, elles s’extraient des
filtrations sur charbon actif permettent d’éliminer
législations qui y sont liées, et n’ont donc pas
le phosphore et l’azote. De ces filtrations
à respecter les normes spécifiques aux milieux
membranaires sont issues d’une part de l’eau
naturels en matière de DBO ou DCO par exemple.
recyclée qui peut être réutilisée, d’autre part des
L’eau traitée doit simplement correspondre aux
déchets liquides. Par évapoconcentration, on
normes en vigueur dans l’utilisation industrielle,
peut séparer l’eau de ces déchets, qui sont alors
qui varie selon les process de chaque usine.
éliminés ou valorisés.
Le système ZLD fonctionne en suivant 4
étapes (fig. 30). Tout d’abord, le traitement physico-
Finalement, le cycle reprend son cours.
Fig. 30 : Le principe du système Zero Liquid Discharge Procédés physico-chimiques Décantation, coagulation, floculation
Utilisation en process industriel Eaux usées
Boues valorisables
Eau recyclée
Evapoconcentration Séparation des déchets liquides de l’eau
Déc liqu hets ide s
Procédés biologiques Boues activées, bioréacteurs, microalgues...
Déchets à traiter Filtration membranaire Microfiltration, ultrafiltration...
65
En synthèse Chacun de ces dispositifs présente
également un autre propos (mise à distance, mise
plusieurs similarités avec l’idée du réemploi des
en conscience, mobilier, etc) comme un atout
eaux usées dans l’habitat collectif, que ce soit en
primordial.
matière de normes, de lieux et de modes de vie, d’usage, de système employé, de visée en terme
Face
au
constat
de
l’inexistence
de qualité de l’eau, ou de volonté d’intégration du
d’exemple correspondant au sujet, il paraît
système. Malgré tout, aucun ne répond entièrement
intéressant de vouloir extrapoler les expériences
à la problématique, car aucun ne présente à la fois
menées (de retraitement partiel, à petite échelle
les critères recherchés : un système fermé (avec
ou dans un domaine différent de celui du cadre
traitement et potabilisation), pour réemploi (dédié
domestique) afin d’imaginer ce que pourrait être
à la consommation humaine), le tout dans un
un système de recyclage sur site des eaux usées
habitat collectif. Cependant, comme le synthétise
domestiques.
le tableau n° 16, il y a des enseignements à tirer de ces cas expérimentaux.
définir le cadre de conception, c’est à dire les
Pour ce faire, on commencera par en
Pour l’analyse, on considère les apports et
objectifs fixés et les principes de réflexion mis en
productions annexes comme bénéfiques lorsque
oeuvre, ainsi que les référents desquels on tiendra
ceux-ci participent à la vie du foyer ou sont
compte, en terme de législation et de mode de vie.
valorisables sans trop de dépenses énergétiques
(ce qui n’est pas le cas des déchets industriels
comment ces systèmes peuvent se constituer et
par exemple). Quant à l’intégration, on considère
quels avantages ils peuvent présenter.
le fait que le système de traitement de l’eau serve
66
Ensuite
seulement
nous
verrons
Tab. 16 : Fiche synthèse comparative des 3 exemples de systèmes combinés étudiés Dispositif
Twist ++ Allemagne
BaityKool
Zero Liquid Discharge
(Non transposable en raison de la législation française)
(Cadre normatif et concept de vie du logement similaire à la France)
Emirats Arabes Unis
International
Secteur d’utilisation
Habitat
Habitat
Industrie
Echelle
Collectif
Individuel
Primaire / secondaire
Primaire / secondaire tertiaire
Situation géographique
Phase de traitement
Réemploi sur site
Partiel
(eaux ménagères réutilisées, eaux vannes traitées puis rejettées)
- Récupération des calories pour le chauffage du bâtiment Apport annexe
- Récupération des déchets végétaux pour compost ou production énergétique
Bonne
Intégration
Partiel
(possible techniquement mais non mis en place sauf pour irrigation)
Primaire / secondaire tertiaire OUI
- Biomasse issue de la BioSolar Purification - Végétaux et poissons issues de la culture en aquaponie
- Boues de décantation
- Rafraîchissement du patio
Bonne
Mauvaise
— Système de récupération des calories en local technique
— Lombrifiltres et BioSolar Purification peu valorisés
— Installation très lourde
+ Bassins à macrophytes intégrés au traitement de la lisière de parcelle
+ Systèmes annexes (aquaponie et toit végétal) qui participent du confort de vie dans le logement
+ Efficacité d’installation
Lombrifiltre potentiellement intégrable comme mobilier de jardin (pour exemple voir Napevomo)
67
04
B - IMAGINER UN DISPOSITIF DE RÉEMPLOI EN FRANCE
1. REDÉFINIR LE CADRE DE CONCEPTION
périphérie des villes.
Finalement, deux principes doivent être
appliqués pour chaque circuit : le principe de Critères immuables
contrôle, qui assurera en tout temps la qualité des eaux consommées ou rejetées, et le principe
Le premier des points importants dans
de sobriété qui préconise d’éviter la combinaison
la conception des systèmes sera le concept de
de deux systèmes dont les effets se superposent
boucle. Il ne s’agit pas de dispositifs de traitement
dans un souci d’économie (on ne combinera
des eaux usées avec rejet ultérieur dans la nature
pas un lombrifiltre et un bassin à macrophytes
mais d’un système de recyclage, c’est à dire de
par exemple, car tous les deux permettent des
réemploi des eaux usées au sein du logement
traitements primaires et secondaires).
comme eau de consommation après traitement.
Environnement légal
Bien entendu, tout comme il est vain
d’imaginer une machine à mouvement perpétuel sans prendre en compte les frottements induits
et qui en invalident le concept, il serait vain de
réemploi des eaux usées domestiques constituent
penser un système de recyclage des eaux usées
actuellement une entrave à la facilité de conception
comme complètement hors-circuit. Deux aspects
et de mise en oeuvre de ces dispositifs (cf 03.A.3
sont à prendre en compte : d’une part la fluctuation
- Le réemploi sur site, système du cas par cas).
des besoins selon les périodes de l’année et les
Par exemple, et malgré le changement effectué en
occupations, qui rend variable les volumes d’eau
2014, il reste très compliqué d’avoir l’autorisation
présents dans le circuit ; et d’autre part le processus
de faire circuler de l’eau non potable dans des
même de la consommation humaine de l’eau qui
circuits intérieurs, par exemple pour la chasse
en élimine une partie du circuit et provoque des
d’eau (au risque qu’un enfant boive dans la cuvette,
pertes de volumes, que ça soit par l’ingestion, par
et s’intoxique). On distinguera donc deux cas :
l’irrigation ou tout simplement par évaporation.
l’un s’inscrivant dans les bornes du cadre légal
Même en disposant de systèmes de réservoirs
français actuel, l’autre se permettant d’en sortir
pouvant absorber les variations volumiques de
pour optimiser davantage le circuit.
Deux
dispositions
légales
liées
au
consommation, il reste nécessaire que le circuit soit relié à une ou plusieurs sources d’eau claire
extérieure (circuit municipal ou récupérateur d’eau
normes, il s’agira de potabiliser les eaux usées sans
de pluie par exemple), et dispose d’un moyen
distinction d’usage de réutilisation. Les eaux usées
d’évacuer les surplus (trop-plein, possibilité de
traitées mais non potables ne seront admises que
rejet naturel).
pour des usages d’irrigation. On qualifiera ce cadre
de « normatif ».
Bien que l’on soit rattachés à la question
Pour le premier cas respectueux des
du logement collectif, et donc d’une certaine densité de logement notamment en cadre urbain,
on envisagera également certains systèmes
étudier la possibilité d’un double circuit d’eau de
déployables au sein de groupements de logements
consommation, l’un potable servant à l’ingestion
individuels, comme il en existe beaucoup en
directe notamment, le second d’eau purifiée mais
68
Dans le second cas en revanche, on pourra
n’atteignant pas les normes de potabilité et qui
les lombriciens, qui peuvent rebuter une personne
permettrait de remplir les réservoirs de chasse
non avertie (cf 03.C.2 - Les mécanismes de
d’eau ou de lave-linge. Cette disposition, bien que
rejet individuel). Enfin, on évitera également les
complexifiant les circuits, respecte le principe de
systèmes imposant un changement d’habitudes et
sobriété en évitant de potabiliser des eaux qui n’en
de modes de vie, comme les toilettes sèches. Ces
auraient pas besoin, et permet par ce biais là de
premières dispositions visent à présenter des
préserver les dispositifs mis en place en limitant
systèmes aptes à entrer dans le quotidien des gens
leur sur-utilisation. On qualifiera ce cadre de
de manière démocratisée. Nous appellerons ces
« évolutif ».
usagers « passifs » dans leur rapport à l’évolution des pratiques face au défi écologique.
Impact et investissement personnel
A l’inverse, on imaginera aussi le cas de
foyers volontaires dans l’évolution de leur mode
De la même manière, le cadre social
d’acceptabilité
de
ces
mentalités), on étudiera deux cas de figure. Le
des possibilités de changements des habitudes
premier concernera des systèmes induisant
(toilettes sèches, gestion active des déchets,
peu de changements de mode de vie, le second
entretien des systèmes, cultures sur place…). Nous
s’adressant à des foyers investis écologiquement.
appellerons ces usagers « actifs ».
Evolution
envisagera donc la mise en place de systèmes annexes de production par exemple, mais aussi
(cf
-
évoluant des
doucement
03.C.3
systèmes
de vie et devenant acteurs de leur logement. On
Afin de garantir une intégration peu
impactante de ces systèmes de réemploi à un
Suite à la définition du cadre de conception,
mode de vie actuel, le premier critère sera le peu
on distingue deux environnements différents,
d’entretien requis de la part de l’usager afin de
normatifs et évolutifs, et deux cibles, les usagers
maintenir l’installation en état de marche. De
passifs et actifs. La combinaison de ces différents
même, les systèmes utilisés privilégieront les
éléments nous amène donc à imaginer quatre cas
dispositifs peu présents visuellement, et présentant
distincts, présentant des attentes et des objectifs
des facilités d’acceptation : on évitera par exemple
spécifiques (tab. 17).
Tab. 17 : Les attentes inhérentes aux quatre systèmes proposés
USAGER PASSIF
USAGER ACTIF
CADRE NORMATIF
CADRE EVOLUTIF
USAGER PASSIF - CADRE NORMATIF
USAGER PASSIF - CADRE EVOLUTIF
- potabilisation complète avant réemploi - intégration discrète du dispositif - pas de dispositifs annexes nécessitant une intervention de l’usager
- possibilité de double circuit eau purifiée / eau potable - intégration discrète du dispositif - pas de dispositifs annexes nécessitant une intervention de l’usager
USAGER ACTIF - CADRE NORMATIF
USAGER ACTIF - CADRE EVOLUTIF
- potabilisation complète avant réemploi - acceptation de dispositifs induisant des changements d’usage - acceptation des dispositifs annexes nécessitant une intervention de l’usager
- possibilité de double circuit eau purifiée / eau potable - acceptation de dispositifs induisant des changements d’usage - acceptation des dispositifs annexes nécessitant une intervention de l’usager
69
2. PROPOSITIONS DE DISPOSITIFS DE TRAITEMENT SUR SITE AVEC RÉEMPLOI
Usager passif + cadre normatif Le système « usager passif - cadre
L’ensemble des eaux usées est ensuite traité par
normatif» répond à un besoin de traitement et de
micro-épuration puis potabilisé via un traitement
potabilisation complète des eaux réutilisées, grâce
UV. La chloration permet de garantir de bonnes
à des systèmes facilement acceptés par des foyers
conditions de stockage. Le réservoir collectif
peu investis écologiquement. Pour expliquer son
permet d’approvisionner en eau les logements, et
principe, on peut le résumer à une boucle simple :
si les quantités ne suffisent pas, l’arrivée d’eau du
consommation - récupération des eaux usées -
réseau municipal peut venir en complément. On
potabilisation - stockage, et le circuit recommence
peut également compter selon les régions sur la
(fig. 31).
récupération d’eau de pluie avant traitement pour
Après consommation de l’eau on récupère
renflouer les volumes consommés. Finalement,
de manière différenciée les eaux grises et noires
une évacuation est prévue, mais après le passage
afin de tirer parti des calories présentes dans les
en micro-station pour garantir les normes de
eaux grises pour le chauffage ou l’eau chaude.
sanité requises pour le rejet en milieu naturel.
Fig. 31 : Le système usager passif - cadre normatif
Arrivée d’eau
LOGEMENT
Utilisation
Eaux grises 32°C
Récupération des calories (pour E.C.S ou chauffage)
LOCAL TECHNIQUE COLLECTIF
Réservoir d’eau potable
EXT.
Eaux noires
Traitement UV + chloration
Microstation d’épuration
Evacuation (si trop-plein)
Récupération d’eau de pluie
70
Usager passif + cadre évolutif Le système « usager passif - cadre
extrait les calories avant de les purifier en vue
évolutif » reprend le principe du système
de leur reconsommation. Si les eaux noires
précédent en imaginant son adaptation face à un
rejoignent les eaux grises dans la première étape
potentiel assouplissement des réglementations.
de traitement, une différenciation du circuit s’opère
Contrairement
on
par la suite : avant sa potabilisation, une partie de
distingue ici deux boucles de traitement en partie
l’eau traitée emprunte un circuit différent, dédiée
connectées : l’une dédiée à la potabilisation des
aux usages nécessitant une eau claire mais pas
eaux grises, l’autre au réemploi direct des eaux
forcément potable, comme la chasse d’eau ou le
noires (fig. 32).
lave-linge. C’est dans ce circuit d’eau claire que
s’adjoindraient les arrivées d’eau de pluie.
au
précédent
système,
Concernant les eaux grises, le système
est exactement le même que le précédent. On en
Fig. 32 : Le système usager passif - cadre évolutif
Arrivée d’eau
32°C
LOCAL TECHNIQUE COLLECTIF
Réservoir d’eau potable
EXT.
Utilisation
LOGEMENT
Utilisation
Récupération des calories (pour E.C.S ou chauffage)
Réservoir d’eau claire
Traitement UV + chloration
Microstation d’épuration
Evacuation (si trop-plein)
71
Récupération d’eau de pluie
Usager actif + cadre évolutif Le système « usager actif - cadre évolutif»
moins consommateur d’énergie et d’espace mais
répond à un mode de vie engagé prenant en compte
qui nécessite une ouverture d’esprit vis-à-vis de la
l’évolution législative et les facilités qu’elle pourrait
consommation de l’eau qui en résulte. De même,
apporter. Assez similaire au système précédent
les traitements UV sont remplacés par le BioSolar
(système en deux boucles), la différence réside
Purification qui nécessite un entretien plus régulier
dans le choix des technologies utilisées, moins
lié à la biomasse qui s’y développe.
consommatrices d’énergie, et dans l’adjonction de
Les systèmes annexes peuvent être implantés
système annexes (fig. 33).
à deux endroits du circuit : soit en lien avec le
On retrouve les deux circuits, l’un d’eau
réservoir d’eau claire, soit en sortie de lombrifiltre
potable, l’autre d’eau claire. Les traitements
afin de ne pas perdre les nutriments utiles aux
primaires et secondaires ne sont plus assurés
cultures. Comme vu précédemments, leurs intérêts
par une micro-station mais par un lombrifiltre,
sont divers : alimentation, énergie, confort…
Fig. 33 : Le système usager actif - cadre évolutif Arrivée d’eau
Utilisation
LOCAL TECHNIQUE COLLECTIF
LOGEMENT
Utilisation
32°C
Réservoir d’eau potable
Récupération des calories (pour E.C.S ou chauffage)
EXTERIEUR
BioSolar Purification + chloration
Biomasse
Evacuation (si trop-plein)
Réservoir d’eau claire
Système annexe
Lombrifiltre
Produits
Récupération d’eau de pluie
72
Usager actif + cadre normatif Le système « usager actif - cadre
permet également de remplacer les eaux noires
normatif» permet de respecter les réglementations
par la récupération de l’urine d’une part et des
actuelles, en reprenant le principe du circuit unique
fèces de l’autre. Combinées aux macrophytes
potable. Il présente deux différences vis-à-vis du
faucardés, les fèces sont un excellent compost qui
circuit précédent : d’une part, le lombrifiltre laisse
peut être réutilisé sur site selon les nécessités, ou
la place à un système donnant des sous-produits,
valorisé par les municipalités afin d’en faire profiter
et d’autre part la boucle d’eau claire est en fait
le secteur agricole.
remplacée par une filière sèche (fig. 34).
Si le circuit des eaux grises est très
similaire
au
précédent,
le
traitement
Si le système respecte les législations
par
actuelles, il demandent en revanche un grand
lombrifiltration laisse la place à un traitement par
investissement de la part des habitants, pour
macrophytes, qui nécessite cependant davantage
accepter les toilettes sèches mais aussi pour
de place. Le faucardage des roseaux permet
entretenir les bassins à macrophytes dont les sous
de disposer tous les six mois d’un apport de
produits permettent d’optimiser le fonctionnement
déchets verts. L’instauration de toilettes sèches
du système dans son ensemble.
Fig. 34 : Le système usager actif - cadre normatif
LOCAL TECHNIQUE COLLECTIF
Arrivée d’eau
Eaux grises 32°C
Réservoir d’eau potable
Récupération des calories (pour E.C.S ou chauffage)
BioSolar Purification + chloration
EXTERIEUR
Utilisation
LOGEMENT
Utilisation
Biomasse
Système annexe
Evacuation (si trop-plein)
Produits
73
Traitement par macrophytes
Récupération d’eau de pluie
Compost (déchets verts + fèces)
3. DES DISPOSITIFS À INTÉRÊTS VARIÉS
Le tableau 18 permet de comparer les
quantités consommées tant par le réemploi que
caractéristiques des quatre systèmes proposés.
par l’élimination des eaux noires, mais permet
On se rend très vite compte que les systèmes
aussi de valoriser aussi bien les eaux traitées
demandant un engagement de la part des usagers
(calories, nutriments) que les déchets produits
présentent de meilleurs caractéristiques en terme
(déchets verts, fèces)...
d’intégration et de valorisation du dispositif (en
En synthèse
terme de quantité de sous produits récupérés par exemple).
L’établissement de ces systèmes nous
permet de dégager quatre remarques sur la
L’analyse du système « usager passif-
faisabilité des dispositifs de réemploi sur site.
cadre normatif » nous indique qu’il serait possible dès à présent de concevoir les systèmes permettant
tout à la fois de s’inscrire dans la législation sans
circuits possibles. Par le nombre élevé de
avoir à détourner les usages traditionnels de
solutions techniques existantes et de circuits
l’habitant vis-à-vis de l’eau.
annexes disponibles, le réemploi sur site peut
Le
évolutif »
système est
une
« usager réponse
passif-cadre
présentant
prendre de multiples formes afin de s’adapter
une
tant aux bâtiments qu’aux habitants.
meilleure sobriété écologique par l’intégration du
double circuit, ajustant les traitements aux besoins
De plus, la nature combinatoire des
systèmes (le fait d’associer plusieurs dispositifs
réels de qualité d’eau dans le logement. Sa faible
les uns à la suite des autres) peut permettre
nécessité de modifications de modes de vie, tout
un phasage temporel dans la mise en place du
comme le système précédent, pourrait faciliter la
circuit. On peut par exemple commencer par un
démocratisation de ce type de systèmes.
La première est la grande variété des
circuit de traitement sur site avec rejet des eaux
Le système « usager actif - cadre
claires dans la nature, pour venir quelques années
évolutif » est un bon exemple d’un système
plus tard compléter le circuit par des traitements
compact (adaptable en local technique plutôt qu’en
plus pointus et ainsi constituer une boucle de
extérieur si besoin) qui pourrait se développer
réemploi.
en milieu urbain et s’accompagner de systèmes annexes facilement intégrables au logement. Il
Si les deux points précédents sont
requiert cependant un investissement de la part de
positifs, deux autres viennent ternir la facilité de
l’habitant dans la gestion des systèmes.
conception des systèmes de boucle. Peu importe
Finalement, avec le système « usager
les solutions techniques adoptées, tous ces
actif - cadre normatif », on se rend compte que le
circuits nécessitent un espace assez conséquent
cadre normatif n’est pas nécessairement bloquant
pour être mis en place, que ce soit en intérieur
à la mise en place de circuit de recyclage de l’eau
(local technique) ou en extérieur, ce qui complique
sur site sous réserve qu’il soit accompagné d’une
leur apparition dans le cadre de réhabilitation ou
grande velléité de changement et d’investissement
dans des environnements urbains très denses.
écologique de la part de l’habitant. C’est pourquoi
des circuits de ce format sont plus à même d’éclore
L’absence de systèmes prêts-à-l’emploi
dans le commerce actuellement est aussi un frein,
dans les habitats individuels ou dans le cadre de
car il nécessite un investissement de recherche
conceptions participatives de logements collectifs.
et de collaboration professionnelle préalable au
Il reste le plus intéressant vis à vis de la protection
chantier.
de la ressource en eau : il permet d’en limiter les
74
Tab. 18 : Comparatif des caractéristiques des quatre systèmes proposés USAGER PASSIF CADRE NORMATIF
USAGER PASSIF CADRE EVOLUTIF
USAGER ACTIF CADRE EVOLUTIF
USAGER ACTIF CADRE NORMATIF
BOUCLE SIMPLE
DOUBLE BOUCLE
DOUBLE BOUCLE
BOUCLE SIMPLE
- eaux grises et noires traitées ensemble - potabilisation générale
- circuits eau potable / eau claire
- circuits eau potable / eau claire
- élimination des eaux noires - potabilisation des eaux grises
Systèmes de traitement
- microstation - UV - chloration
- microstation - UV - chloration
- lombrifiltre - BioSolar Purification (BSP) - chloration
- bassin à macrophytes - BioSolar Purification (BSP) - chloration
Systèmes annexes
- Récupération calorique
- Récupération calorique
- Récupération calorique - Systèmes de culture
- Récupération calorique - Systèmes de culture
Sous produits récupérés
- Chaleur
- Chaleur
- Chaleur - Produits de culture - Biomasse
- Chaleur - Produits de culture - Biomasse - Compost (déchets verts + fèces)
Système
Type de boucle
Intégration du dispositif
Reponsabilité d’usage
Intérêt du dispositif
MOYENNE
MOYENNE
BONNE
TRES BONNE
— Pas de valorisation architecturale des dispositifs
— Nécessité d’un grand local technique
— Nécessité d’un grand local technique
— BSP en extérieur visible difficilement intégrable
Pas de valorisation architecturale des dispositifs
BSP en extérieur visible difficilement intégrable
Nécessité de surface extérieure conséquente
+ Pas de gêne visuelle ou odorante
+ Pas de gêne visuelle ou odorante
+ Lombrifiltre valorisable comme élément architectural
+ Macrophytes très facilement intégrable en extérieur
Systèmes annexes valorisants d’un point de vue confort visuel
Bonne symbiose des dispositifs
BASSE
BASSE
Pas de nécessité de changement d’usage ou de mode de vie
Pas de nécessité de changement d’usage ou de mode de vie
Entretien restreint et délégué
Entretien restreint et délégué
Adaptable dès à présent sous réserve d’assurer la compatibilité et l’optimisation des dispositifs combinés
HAUTE
Facile à démocratiser et présentant une bonne sobriété écologique
75
Systèmes annexes valorisants d’un point de vue confort visuel
TRES HAUTE
Nécessité de gestion des systèmes annexes
Adaptation aux toilettes sèches
Vérification régulière des lombriciens
Nécessité de gestion des systèmes annexes Entretiens réguliers des macrophytes
Facile à adapter en densité de logements haute, peu consommateur et vecteur de bénéfices
Adapté en périphérie urbaine avec des espaces extérieurs, très réducteur des conso d’eau et vecteur de bénéfices
04
C - ADÉQUATION DES DISPOSITIFS DE TRAITEMENT AUX DIFFÉRENTS TYPES D’HABITAT
Maintenant que l’on a un aperçu de la variété
des possibilités de combinaisons des traitements sur site des eaux usées domestiques en vue d’un réemploi, on cherche à affiner la pertinence de tels systèmes selon les différents types d’habitat, en comparaison aux stations d’épuration et aux systèmes de traitement sur site avec rejet. Pour ce faire, on définira les différents types d’habitats ciblés et leurs caractéristiques, avant de comparer les différents couples systèmes-habitats.
1. CIBLAGE DES TYPES D’HABITAT Les gradients de densité urbaine
Afin d’établir les différents types d’habitat
que l’on veut introduire dans notre analyse
Ainsi un centre-ville peut se trouver à cheval sur le
comparative, on se base sur deux critères. Le
centre urbain et l’aire urbaine, où n’être qu’une petite
premier tient à la typologie de l’habitat, c’est-à-
partie du centre urbain. De plus, le système est
dire si les logements sont collectifs ou si ce sont
ici simplifié sous forme de cercles concentriques
des logements individuels. Le second critère tient
mais il peut s’adapter en intégrant des dimensions
à la densité urbaine dans laquelle il se situe. Pour
géographiques ou des polycentralités, sans que
classifier ces densités, on se base sur les modèles
notre analyse s’en retrouve toutefois changée.
urbains initiés par Clark d’après une base de Burgess, sur les gradients de densité urbaine (fig.
Fig. 35 : Les gradients de densité urbaine
35). En adaptant ce modèle, on retrouve 3 zones de
Aval
densités différentes :
- la première, dite centre urbain, correspond
Densité Zone périphérique
aux espaces de centralité disposant des densités de bâti les plus élevées ;
Aire urbaine
- la seconde, dite aire urbaine, correspond
aux quartiers alentours disposant d’une densité moyenne de bâti ;
Centre urbain
- enfin la troisième, dite zone périurbaine,
Densité -
Densité +
correspond aux espaces d’étalement urbain à la frontière de la zone rurale et présente une très faible densité de bâti.
Il est à noter qu’il n’y a pas de corrélation
systématique entre ces trois zones et les dissociations centre-ville / banlieues, car le modèle Amont
se base uniquement sur la notion de densité bâtie.
76
Densité -
Densité -
Les cinq catégories d’habitat
En
combinant
les
deux
critères
préalablement décrits, on distingue cinq catégories d’habitat, répartis inégalement dans les différents gradients de densité urbaine (fig. 36) : on retrouve dans le centre urbain les habitats collectifs denses existants, et les habitats collectifs denses neufs ; dans l’aire urbaine se situent les habitats collectifs peu denses (auxquels on assimile les habitats
Collectif dense existant
individuels groupés), et les habitats individuels
denses ; finalement se trouvent dans la zone
Collectif existant Collectif dense neuf Lesdense habitats collectifs denses existants
correspondent aux immeubles desgroupés centre-villes Collectif dense neuf Collectif peu dense / individuels
périurbaine les habitats individuels isolés.
historiques, souvent très denses, par exemple Collectif peu dense Individuel dense/ individuels groupés
le centre historique de Bordeaux, composé Individuel dense Individuel isolé
d’immeubles anciens de 3 à 6 étages. Les habitats
Fig. 36 : La répartition des 5 types d’habitat
Individueldenses isolé collectifs
neufs
correspondent
aux
immeubles qui seront construits dans le centre urbain, par exemple au niveau des Bassins-à-flot de Bordeaux. La distinction entre neuf et existant est nécessaire dans la mesure où elle permet de prendre en considération la possibilité d’intégrer ou pas des locaux dédiés aux solutions techniques de traitement des eaux.
Collectif dense existant
Collectif dense existant
Collectif dense neuf
Collectif dense neuf
Collectif peu dense / individuels groupés
Individuel dense
Collectif dense / collectifs individuels peu groupés Lespeu habitats denses et les
habitats individuels groupés sont assimilés en Individuel dense une seule catégorie car ils présentent les mêmes
Individuel isolé
Individuel isolé
caractéristiques vis-à-vis de l’intégration des
solutions techniques de traitement des eaux :
Encore une fois, le schéma présenté est
association de plusieurs foyers autour d’un
une simplification de la répartition globale des
même système, dans un environnement bâti
différents types d’habitats. Chaque zone urbaine
moyennement dense. On pourra citer comme
présente un plan de répartition tout à fait différent
exemple de ces quartiers celui du Grand Parc à
de celui des autres.
Bordeaux (habitat collectif moyennement dense).
77
L’implantation du circuit d’assainissement municipal
Sur le schéma de répartition des différents
types d’habitat ciblés vient se calquer le circuit d’assainissement municipal (fig. 37). Souvent située en aval de la rivière quand elle existe, afin Collectif dense existant
d’éviter que les rejets ne contaminent les stations
Collectif dense neuf
de captation placées en aval, la station d’épuration est le point d’arrivée d’une arborescence de
Collectif peu dense / individuels groupés
Les dense habitats Individuel
individuels
denses
canalisations. Ces canalisations présentent un
ou
certain coût de mise en place, répercuté sur la
moyennement denses sont une catégorie distincte Individuel isolé
facture d’eau via la taxe d’assainissement, mais
des habitats individuels groupés dans la mesure
également un coût d’entretien régulier. Leur
où leur système de traitement des eaux est géré
disposition arborescente met en exergue un
individuellement. De par leur nature de logement
déséquilibre de rentabilité : en effet, on considère
individuel, on considère dans la majorité des cas
que sur l’ensemble de la zone urbaine, 60% des
la présence d’un espace extérieur privatif, bien
gens vivent dans le centre urbain, contre 40% dans
que réduit. Les logements peuvent être existants,
l’aire urbaine et la zone périurbaine ; en revanche,
comme neufs. Un exemple de ces quartiers est
25% seulement du réseau de canalisations à
celui des quartiers d’échoppes bordelaises.
destination des stations d’épuration desservent le centre urbain, et 75% sont déployés dans les zones périphériques1 ! Ce décalage montre donc que les portions périphériques au réseau sont bien moins rentables que les portions centrales, ce qui touche les habitats individuels mais aussi les collectifs en zone peu dense. Fig. 37 : L’arborescence des canalisations
Collectif dense existant
Aval
Collectif dense neuf Collectif peu dense / individuels groupés
Individuel dense
Individuel isolé Finalement,
les
habitats
individuels
isolés correspondent aux différents quartiers périphériques, symptomatiques de l’étalement
60% des habitants
pavillonnaire. On peut également y intégrer les
25% du réseau
logements géographiquement distants des zones urbaines ou périurbaines, de type maisons de campagne ou logements agricoles.
40% des habitants 75% du réseau
Amont
1
78
C.I.EAU, L’Observatoire de l’eau, [en ligne]
2. ADÉQUATION COMPARATIVE DES DIFFÉRENTS DISPOSITIFS
Facilité d’acceptabilité citoyenne
Maintenant que les différents types
d’habitat et leurs caractéristiques sont définis, on peut les croiser avec les les systèmes de traitement
Afin
d’introduire
étudiés, en établissant des couples. Le tableau 19
d’acceptabilité
(page suivante) permet de restituer l’ensemble des
aspects sont à prendre en compte. Le premier
couples. Afin de les comparer, on y introduit les
concerne le type de système employé : les stations
points positifs et les points négatifs qui résultent de
d’épuration et les systèmes de traitement sur
l’adaptation de chaque système au type d’habitat.
site avec rejet sont bien plus facilement acceptés
Ces critères sont issus des réflexions menées
que les systèmes avec réemploi direct (bien que
précédemment dans l’établissement du présent
l’on ait vu que des adaptations de systèmes sont
document. Ils sont basés sur 4 champs.
possibles pour rendre l’acceptation citoyenne plus
citoyenne
la du
dimension
système,
deux
facile).
Intégration à l’habitat
Deuxièmement, la typologie d’habitat
joue aussi, puisque les probabilités sont bien plus La première donnée étudiée correspond
fortes qu’un foyer seul accepte des systèmes
à la possibilité et à la facilité d’intégration du
responsabilisants. Ainsi, plus le nombre de
système ciblé selon le type d’habitat. Ainsi, pour
logements raccordés au système augmente, plus
les traitements sur site, les logements neufs
la probabilité que l’ensemble des foyers concernés
seront favorisés, car ils peuvent intégrer dès leur
accepte des systèmes responsabilisants diminue.
conception des locaux techniques dédiés aux
Pour l’installation de traitements avec réemploi,
dispositifs de traitement. Ce sera également le
les logements collectifs (et les systèmes pour
cas pour les logements disposants d’espaces
groupement d’habitats individuels) sont donc
extérieurs et pouvant accueillir ces systèmes a
défavorisés au profit des logements individuels.
posteriori. Rentabilité
Intérêt écologique
La seconde donnée relevée fera état
Finalement,
le
dernier
critère
relevé
de la rentabilité du système. Si dans l’absolu les
concerne la performance du système d’un point
systèmes de traitement sur site sont plus rentables
de vue écologique global. De ce point de vue,
que les systèmes de traitement sur site avec
les systèmes de traitement sur site permettant
rejet et d’autant plus rentables que les stations
l’adaptation de systèmes annexes sont avantagés,
d’épuration, il ne faut toutefois pas oublier que leur
par la production locale de sous-produits valorisés.
rentabilité dépend aussi de l’échelle du système
Les systèmes avec réemploi, par leur faible
et donc du type d’habitat (individuel ou collectif),
consommation sont eux-mêmes avantagés par
ainsi que des subventions disponibles. Ainsi, on
rapport aux systèmes avec rejet. Concernant les
se souvient que les systèmes de traitement sur
stations d’épurations, les stations neuves (ou ayant
site sont difficilement rentables dans le cas des
transitioné vers un modèle plus éco-responsable)
logements individuels en l’absence de subventions.
seront également favorisées, car elles seront plus
On notera également la rentabilité ou non du
à même d’intégrer des systèmes plus performants
réseau municipal selon la situation urbaine propre
et moins dégradants vis-à-vis des milieux naturels
à chaque type d’habitat.
sensibles que les stations existantes.
79
Le tableau 19 nous permet de regrouper
Le système n’est globalement pas adapté
toutes ces remarques dans les cases associées
Le système ne présente pas d’intérêt spécifique
sous forme de + ou —. La synthèse de ces éléments
Le système est adapté
pour chaque couple donne alors une tendance.
Le système est optimal
Tab. 19 : Comparaison des différents couples systèmes - habitats SYSTEME HABITAT
Station d’épuration (STEP) Existante +
Neuve +
Possibilité de STEP écologique
Individuel isolé —
INDIVIDUEL
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
+
Individuel dense
—
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
+
COLLECITF / INDIVIDUEL GROUPE
Collectif peu dense ou individuel groupé
—
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
+
Collectif dense neuf
+
Possibilité de STEP écologique
—
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
+
+
Espaces extérieurs idéaux ; Petits volumes rejetés donc peu de risques de pollution des milieux
—
Non rentable sans subvention
+
Petits volumes rejetés donc peu de risques de pollution des milieux
—
Non rentable sans subvention
+
Possibilité de STEP écologique
Rentable face aux STEP ; Espace disponible pour les dispositifs de traitement
—
—
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
+
Réseau central très rentable pour la ville
Possibilité de STEP écologique ; Réseau central très rentable pour la ville
—
—
+
Collectif dense existant
—
Réseau périphérique peu rentable pour la ville
Traitement sur site (TSS) avec rejet
+
Rentable face aux STEP ; Espace disponible pour les dispositifs de traitement
—
+
+
Réseau central très rentable pour la ville
Possibilité de STEP écologique ; Réseau central très rentable pour la ville
—
—
Rentable face aux STEP ; Espace disponible pour les dispositifs de traitement
—
Peu d’espace disponible pour les dispositifs de traitement
80
Traitement sur site (TSS) avec réemploi +
Espaces extérieurs idéaux ; Pas d’eau rejetée donc pas de pollution des milieux; Foyer individuel donc acceptation plus facile ; Facilité de réemploi des composts créés
—
Peu rentable sans subvention
+
Pas d’eau rejetée donc pas de pollution des milieux ; Foyer individuel donc acceptation plus facile
—
Peu rentable sans subvention
+
Très rentable face aux STEP ; Espace disponible pour les dispositifs de traitement ; Pas d’eau rejetée donc pas de pollution des milieux ; Facilité de réemploi des composts créés
—
Nécessité de concertation pour certains systèmes
+
Très rentable face aux STEP ; Espace facile à concevoir pour les dispositifs de traitement ; Pas d’eau rejetée donc pas de pollution des milieux
—
Nécessité de concertation pour certains systèmes
+
Très rentable face aux STEP ; Pas d’eau rejetée donc pas de pollution des milieux
—
Nécessité de concertation pour certains systèmes ; Peu d’espace disponible pour les dispositifs de traitement
En analysant les résultats de synthèse du
ils restent en deçà des systèmes avec réemploi sur site
tableau 19, trois constats s’imposent.
de l’eau. En revanche, leur force réside dans la facilité
Tout d’abord, on se rend compte que sur du
d’acceptation citoyenne qui en font des systèmes plus
logement neuf, les traitements sur site avec réemploi
faciles à démocratiser que les systèmes avec réemploi,
direct sont les plus adaptés. Si l’on regarde le cas
constituant déjà un pas vers l’acceptation globale des
des logements individuels, on se rend compte que
circuits locaux d’assainissement.
la difficile rentabilité des systèmes en boucle fermée est contrebalancée par leur facilité d’intégration, de
valorisation et d’acceptation. C’est ce qui fait des
d’épuration. On constate que leur arborescence
logements individuels un bon terrain d’expérimentation
spécifique en fait des systèmes à valoriser dans
pour ces systèmes avant de passer à des échelles plus
les quartiers denses ou les réseaux peuvent être
grande. Au niveau des logements collectifs ou individuels
rentables. Au contraire, dans les zones périphériques,
groupés neufs ou en zones peu denses, on voit que si
il devient évident qu’il est plus intéressant, tant pour
les usagers arrivent à passer la barre de l’acceptation
la municipalité que pour les usagers, de se tourner
des systèmes responsabilisants, ceux-ci ne présentent
vers des systèmes d’assainissement sur site. De plus,
aucun autre désavantage.
comme précédemment évoqué, le fait de faire basculer
Le troisième constat concerne les stations
des stations d’épuration sur des réseaux plus petits
Deuxièmement, on constate que les traitements
permettrait d’adapter facilement des bio-technologies
sur site avec rejet ne sont jamais les systèmes optimaux,
telles que les lombrifiltrations, comme il en existe déjà
car tant en terme d’intérêt écologique que de rentabilité,
dans certaines petites municipalités2.
En synthèse
Dans
une
logique
de
gestion
de
des stations d’épuration plus neutres vis-à-vis
l’assainissement à l’échelle globale, les systèmes
des milieux naturels.
de traitement sur site ne se présentent pas
comme une solution exclusive mais plutôt
comme une alternative parmi d’autres. Cela peut
municipal, c’est-à-dire dans des zones moins
permettre la transition de notre gestion de la
densément bâties, devraient ainsi se tourner vers
ressource en eau, car l’introduction d’une nouvelle
des solutions de traitement des eaux sur site.
échelle d’assainissement entre la municipale et
Ces réseaux locaux permettraient de retrouver
l’individuelle permettrait de les optimiser.
une échelle de traitement intermédiaire. Si l’on
peut imaginer que les traitements sur site avec
Les zones qui seraient alors hors-réseau
Ainsi, au regard de notre analyse, il
rejet se démocratiseraient plus rapidement
semblerait intéressant de recentrer les réseaux
dans le cas d’habitats collectifs, on peut aussi
d’assainissement municipaux sur les zones très
penser que les traitements avec réemploi
densément bâties. À cela deux raisons : favoriser
trouveraient dans les logements individuels
la rentabilité du réseau en équilibrant le ratio
un champ d’expérimentation bénéfique à leur
logements connectés / longueur du réseau, mais
développement et, à terme, à leur déploiement
aussi permettre une transition plus facile vers
général.
2 Mairie de Combaillaux / CIHEAM-IAMM, LombriStation, épuration des eaux usées par les lombriciens, mai 2005
81
CONCLUSION
La réflexion mise en place dans ce
De ces deux constats émane alors un
document est issue de deux constats. Tout d’abord,
premier questionnement : le traitement et le
la nécessité croissante de gérer de manière
réemploi sur site des eaux usées domestiques
responsable la ressource en eau, thématique
ont-t-ils un intérêt à l’échelle de l’habitat
largement abordée dans les différents rapports sur
collectif ? Deux notions sont questionnées ici :
le climat. Cette gestion raisonnée s’attache, dans
d’une part la pertinence du système de réemploi
les pays occidentaux, à la conservation de la qualité
en lui même, en comparaison avec les systèmes
de l’eau dans les milieux naturels, c’est-à-dire les
d’assainissement classiques qui rejettent l’eau
ressources constituant le grand cycle de l’eau, mais
dans les milieux naturels ; et d’autre part la notion
aussi à réduire l’impact du cycle domestique de
d’échelle de traitement, qui proportionne ces
l’eau sur les milieux, que ce soit par la réduction des
dispositifs à un foyer, un groupement de logements,
volumes d’eau consommés ou par une meilleure
ou à une ville.
efficacité des dispositifs d’assainissement. Ce
premier constat mène naturellement au second :
subsidiaires :
si le cycle domestique de l’eau se développe aussi
existe-t-il ? Est-ce intéressant du point de vue de
bien au niveau municipal qu’au niveau individuel, il
l’usager ? Du point de vue global ? Qu’est-ce qui
n’existe en revanche que très peu d’exemples de
en freine le développement ? Qu’est-ce qui pourrait
cycle à une échelle intermédiaire, c’est-à-dire à
le pousser ? La réponse à ces questionnements
l’échelle d’un groupement de logements (habitat
secondaires ont permis de répondre à la question
collectif ou habitats individuels regroupés).
guidant ce rapport.
82
S’en suit un faisceau de questions quelles
solutions
techniques
Afin de rassembler nos éléments de
évidence les limites indéniables qu’elles imposent.
réponse, la démarche que nous avons mise en
L’étude de la rentabilité des systèmes s’est faite
place s’est déroulée en quatre temps.
par une comparaison à deux niveaux : d’une part
une comparaison des systèmes, démontrant une
Il a fallu tout d’abord comprendre en
meilleure rentabilité des dispositifs de réemploi
détails comment nous gérons actuellement notre
direct de l’eau que celle des dispositifs avec rejet,
ressource en eau. Par le détour de l’histoire pour
et a fortiori que celle des stations d’épuration ;
comprendre sa mise en place, nous avons détaillé
et d’autre part une comparaison en terme
le fonctionnement du cycle domestique de l’eau.
d’échelle de traitement, montrant l’importance
Nous avons ainsi compris quels sont les traitements
des subventions dans l’objectif de rentabilité des
préalables à sa consommation, et quels sont ceux
systèmes individuels. Finalement, en se penchant
qui permettent son assainissement. Pour clore
sur les mécanismes d’acceptation citoyenne de
ce chapitre d’état des lieux, nous avons analysé
ces systèmes, nous nous sommes rendus compte
le paysage aquatique d’une cellule de logement,
d’une évolution très positive vis-à-vis du réemploi
afin de comprendre quels sont les éléments à
direct de l’eau, mais qui nécessite maintenant un
cibler dans le retraitement des eaux usées, et en
passage de l’acceptation théorique à la pratique.
s’efforçant de considérer chaque composant
comme une ressource à exploiter.
avons dans un dernier temps tenté d’établir des
Forts
de
ces
connaissances,
nous
Une fois ces informations en tête, nous
propositions de dispositif de réemploi sur site. La
nous sommes penchés dans un second chapitre
première étape, regarder des systèmes similaires
sur les différentes façons de traiter les eaux
mais incomplets (soit en boucle partielle, soit sur
usées, à travers un catalogue global des solutions
de l’habitat individuel, soit sur le secteur industriel),
techniques possiblement mises en oeuvre. Le but
nous a permi de montrer la viabilité et la faisabilité
a été de se nourrir des différentes connaissances
des systèmes de réemploi. La seconde étape a
actuelles en matière de retraitement, mais aussi,
permis de développer quatre dispositifs répondant
dans un but de sobriété écologique, en matière de
à des cadres de conception distincts, et mettant
réduction de la pollution et de valorisation globale
en exergue la flexibilité d’adaptation des systèmes
de la ressource.
de retraitement sur site avec réemploi. Enfin, une
dernière étape a été nécessaire afin de nuancer
Il a fallu dans un troisième temps prendre
l’adéquation de ces systèmes à tous les types
conscience des différents cadres dans lesquels
d’habitat.
s’inscrivent les systèmes de retraitement des eaux
domestiques sur site et d’autant plus ceux incluant
un réemploi direct de la ressource. Pour ce faire,
nous retrouvons avec bon nombre d’outils en main
nous avons étudié l’ensemble des législations
afin de proposer une piste de réponse à notre
s’appliquant sur la ressource aquatique, et mis en
question première.
83
Une fois cette démarche terminée, nous
Deux points se révèlent en faveur des
des accréditations du SPANC, qui autorise ou non la
systèmes de réemploi sur site à l’échelle de l’habitat
mise en place des systèmes d’assainissement non
collectif. Le premier est l’intérêt écologique de ces
collectifs, qui empêche ces systèmes d’émerger.
solutions, et ce à plusieurs niveaux. Le premier aspect, le plus évident, est la nette réduction
des volumes d’eau consommés et donc captés
sociale. Si l’on a pu voir que le rejet qui entoure
dans la nature, grâce au système de boucle. Cet
ce type de système provient tout aussi bien de
aspect se double d’une minimisation des risques
l’environnement sociétal que de mécanismes
de pollutions des milieux naturels aquatiques
psychologiques individuels, on a également
en éliminant le rejet des eaux usées. D’autres
constaté que les mentalités changeaient depuis
aspects sont moins évidents, et nécessitent un
quelques années. Deux raisons sont mises en
autre regard que la simple observation factuelle :
avant : d’une part le sentiment de plus en plus
les systèmes de retraitement sur site permettent
généralisé d’urgence écologique, et d’autre part la
une mise en évidence visuelle et donc une mise en
possibilité de rentabiliser l’investissement, qui agit
conscience des problématiques de traitement des
comme un levier puissant sur les changements
eaux, ce qui peut mener à terme à une meilleure
de mode de vie. Ce frein de l’acceptation sociale
responsabilisation citoyenne.
pourrait donc, par le biais de l’attrait financier,
se convertir en moteur du développement des
Le second point d’intérêt concerne la
Le second frein est celui de l’acceptation
systèmes de réemploi sur site.
rentabilité des systèmes. Dans la prolongation de la sobriété écologique, la réduction des
Le troisième point noir soulevé est celui
consommations due au réemploi permet de
de l’inexistence actuelle de solutions prêtes-
réduire les investissements financiers annuels.
à-l’emploi. Seuls le temps et l’expérimentation
Cette réduction permet de compenser les prix
à échelle individuelle ou sur des systèmes de
d’installation des systèmes, et d’autant plus dans
traitement avec rejet en milieu naturel pourront
le cadre de logements collectifs, car les logements
permettre la création de systèmes combinés
individuels doivent compter sur les subventions
standards, facilitant leur démocratisation.
pour que de tels systèmes soient rentables.
En revanche, trois points se sont révélés
Ainsi, afin de répondre à la question
aller à l’encontre du développement des dispositifs
de l’intérêt des systèmes de réemploi des eaux
de réemploi sur site des eaux domestiques. Le
domestiques sur site à l’échelle de l’habitat
plus évident d’entre eux concerne les cadres
collectif, et en considérant les dimensions
législatifs, réputés très contraignants en France.
écologiques, financières et sociales comme des
Après l’analyse des différents textes éparpillés,
aspects jouant en faveur de tels dispositifs, on
nous nous rendons compte qu’en effet, la loi est
tend à affirmer la pertinence tant du système
limitante sur l’utilisation des eaux usées dans le
de réemploi que de l’échelle d’action. Il faut
logement, réduisant leur usage à l’irrigation, tous
toutefois rappeler que ces solutions présentent
les autres usages étant obligatoirement associés
un intérêt en tant qu’alternative parmi d’autres, et
à de l’eau potable. En revanche, et c’est là un point
non comme système exclusif. Un développement
intéressant peu mis en pratique, rien n’interdit
des systèmes de réemploi sur site, en parallèle
de réutiliser des eaux usées traitées si celles-ci
d’un recentrage des réseaux municipaux et du
sont potabilisées selon les normes en vigueur.
développement de terrains d’expérimentations
Légalement, rien ne limite aujourd’hui la mise en
permettrait une optimisation profitable de la
place de ces systèmes. Toutefois, c’est la frilosité
gestion de la ressource en eau en France.
84
Suite
à
cette
analyse,
d’autres
pistes de réflexion s’ouvrent, avec leur lot de questionnements. D’une part, maintenant que l’on sait que ces systèmes présentent un intérêt, quelles sont les pistes afin d’en favoriser le développement? Certaines notions abordées dans le présent document apportent quelques hypothèses : la standardisation des systèmes mettant en jeu le développement technique et la coopération des entreprises, l’assouplissement des accréditations données par le SPANC, les expérimentations à échelle individuelle afin de calibrer les systèmes, mais aussi le développement de la promotion de tels dispositifs. D’autre part, on peut aussi se poser la question de l’intégration architecturale poussée de ces systèmes. Comment penser des solutions techniques qui servent l’architecture plutôt que de la contraindre ? Le développement de ces technologies peut-il et doit-il produire une nouvelle esthétique architecturale ?
Le
développement
des
systèmes
d’assainissement des eaux domestiques sur site avec réemploi direct en est encore à ses balbutiements, et il devra répondre à nombre de défis techniques, architecturaux et sociaux avant d’ambitionner son déploiement et sa démocratisation générale.
85
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Eau et Habitat Quelle pertinence pour le réemploi sur site des eaux usées à l’échelle de l’habitat collectif ?
Romain Legendre Directeur de mémoire Denis Bruneau Séminaire Architecture, Ingénierie, Environnement et Ville durable Année 2019