La BD sur internet

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Marion Rouby

Juillet 2009

Master 2 Web éditorial Université de Poitiers


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Vous pouvez consulter ce mĂŠmoire en ligne sur

http://bdsurInternet.fr

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Sommaire INTRODUCTION _______________________________________________ - 6 HISTORIQUE ET DEFINITIONS ___________________________________ - 8 LA BANDE DESSINEE _____________________________________________ - 8 L’ART ASSISTE PAR ORDINATEUR _________________________________ - 13 LA BD ASSISTEE PAR ORDINATEUR ________________________________ - 15 VERS LE TOUT NUMERIQUE ?____________________________________________ - 18 LE LETTRAGE _______________________________________________________ - 20 LA COLORISATION ___________________________________________________ - 22 -

LES BD SUR INTERNET________________________________________ - 23 HISTORIQUE ____________________________________________________ - 23 AUX ETATS-UNIS _______________________________________________________ - 23 EN FRANCE ___________________________________________________________ - 24 DANS LE RESTE DU MONDE _____________________________________________ - 27 LES LECTEURS ________________________________________________________ - 27 -

LES SPECIFICITES DES BD SUR INTERNET __________________________ - 28 L’ESPACE ENTRE LES CASES ____________________________________________ - 28 THE INFINITE CANVAS ________________________________________________ - 31 LES BANDES DESSINEES INTERACTIVES________________________________ - 37 VERS UN BOULVERSMENT ?___________________________________________ - 40 ECRANS VS PAPIERS ___________________________________________________ - 40 LES BANDES DESSINEES SUR SYSTEME PORTATIFS _____________________ - 44 -

LA REVOLUTION FRANCOPHONE : LES BLOGS BD ________________ - 47 DEFINITION____________________________________________________________ - 47 -

POURQUOI TENIR UN BLOGBD ? ___________________________________ - 50 UN TREMPLIN VERS L’IMPRESSION ? _______________________________ - 53 VIVRE D’UN BLOGBD ? __________________________________________________ - 56 -

LA PLACE DES MAISONS D’EDITIONS ___________________________ - 58 LE KIOSQUE ____________________________________________________ - 58 READBOX ______________________________________________________ - 61 -

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FOOLSTRIP _____________________________________________________ - 62 LA COLLECTION SHAMPOOING ____________________________________ - 64 KSTR __________________________________________________________ - 64 LES MINIBLOGS _________________________________________________ - 65 ZUDA __________________________________________________________ - 66 LA FIN DES MAGAZINES PAPIERS ? ________________________________ - 68 -

LES INITIATIVES______________________________________________ - 69 LES 24H DE LA BD _______________________________________________ - 69 30 JOURS DE BD ________________________________________________ - 71 LE FESTIBLOG __________________________________________________ - 72 -

VERS LA RECONNAISSANCE___________________________________ - 73 LES DISTINCTIONS HONORIFIQUES_________________________________ - 73 THE HARVEY AWARDS__________________________________________________ - 73 THE EISNER AWARDS __________________________________________________ - 74 -

LE FESTIVAL D’ANGOULEME ______________________________________ - 74 -

CONCLUSION ________________________________________________ - 75 BIBLIOGRAPHIE ______________________________________________ - 76 MONOGRAPHIES ________________________________________________ - 76 JOURNAUX _____________________________________________________ - 76 SITES INTERNET_________________________________________________ - 77 ARTICLES SUR INTERNET _____________________________________________ - 77 -

TABLE DES ILLUSTRATIONS ______________________________________ - 78 -

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Introduction La bande dessinée, art centenaire, connaît une révolution sans précédent. Peut être le Neuvième Art va s’en trouver changer à jamais. Cette révolution : les bandes dessinées sur Internet. Dans une démarche plus communicationnelle que techniciste, nous allons explorer comment et avec quelle ampleur Internet influence le travail des auteurs de bandes dessinées, mais aussi en quoi le lecteur voit un genre pourtant si familier être chambouler.

Les bandes dessinées sont traditionnellement rattachées au support « livre », un support papier donc. Ainsi, la perspective de lire une bande dessinée sur un écran peut en dérouter certain. Mais, même si nous pouvons constater que la bande dessinée n’a jamais été aussi présente (le rapport annuel publié par l’Association des Critiques et Journalistes de Bande Dessinée fait part d’une constante augmentation du nombre de bandes dessinées publiées chaque année1), sa forme n’a presque pas évoluer depuis des décennies, voir des siècles ! En effet, « les bandes dessinées ont pour base une idée prometteuse, mais cette idée a été gâchée, ignorée et incomprise depuis des générations. Aucune forme d’art n’a vécu dans une si petite boite durant des siècles. Il est temps pour les bandes dessinées de finalement grandir et connaitre leur révolution bien méritée. »2 Ainsi, Internet est peut être le medium qui va s’avoir révolutionner le Neuvième Art.

Nous nous intéresserons dans un premier temps à l’histoire même de la bande dessinée traditionnelle (dite papier), puis à l’art sur support numérique et à la bande dessinée assistée par ordinateur. 1

4746 bandes dessinées ont été publiées en 2008 (dont 3592 nouveautés) contre 4313 en 2007 (dont 3312 nouveautés). Le site de l’ACJBD est LE site de référence en matière de statistiques et de données chiffrées liées à la BD. http://www.acbd.fr/ 2 McCLOUD Scott. L’Art invisible. Delcourt, 2007. Traduction de son ouvrage Understanding comics : the invisible Art parue en 1994.

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Puis, dans un deuxième temps nous aborderons le thème des bandes dessinées sur Internet, nous analyserons leurs caractéristiques, et tenterons de définir en quoi Internet est source de liberté mais aussi de contrainte en matière de création et de diffusion de bande dessinée. Nous parlerons du lien toujours fort qui unit les bandes dessinées papiers des bandes dessinées électroniques. Dans un troisième temps nous nous intéresserons au phénomène particulièrement important des blogsBD, phénomène presque exclusivement francophone. Et enfin le reste de l’étude se questionnera sur la place des maisons d’éditions et sur les changements que les bandes dessinées sur Internet apportent aux événements tels que les festivals.

Figure 1 : planche extraite du blogBD Chicou-Chicou, source : http://www.chicou-chicou.com

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HISTORIQUE et DEFINITIONS La bande dessinEe Il faut faire la distinction entre « la » bande dessinée et « les » bandes dessinées. « La » bande dessinée est un Art, le 9ème, alors que « les » bandes dessinées est un medium sur lequel est diffusé cet art.

La bande dessinée repose sur une idée très simple : placer une image après une autre pour symboliser le passage du temps. La première image est un dessin, la seconde aussi, et mises cote à cote elles forment une bande dessinée. Le lecteur n’a besoin d’aucune explication : il sait instinctivement que la première image est « avant » et la deuxième « après ».

Figure 2 : symboliser le passage du temps, essence même des bandes dessinées

La potentiel de cette technique est théoriquement sans limites et a été utilisé depuis des siècles (voir des millénaire) pour raconter des histoires car elle est « facile » à décoder.

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La bande dessinée peut être comparé à un langage dont le vocabulaire utilisé serait une énorme palette de symboles visuels et de codes. Certains symboles sont universels et d’autre spécifiques à certaines cultures. Certains symboles enfin sont spécifiques à la bande dessinée.

Figure 3: un exemple de symboles

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Les bandes dessinées sont la réunion de deux choses, l’une très ancienne et l’autre très jeune : le dessin et l’écriture. Les lignes du dessin forment des images (ou symboles) qui se couplent avec d’autre ligne formant des mots. La bande dessinée rattache l’image aux mots et les mots à l’image, les rendant plus proches que dans n’importe quelle autre forme d’Art. Scott McCloud, dans son ouvrage l’Art invisible, a créé « le grand triangle » pour tenter de symboliser l’équilibre et la complémentarité entre les mots et les dessins. Chaque extrémité du triangle rapporte à une notion : le réalisme, l’iconise et l’abstraction. Le réalisme tente d’être aussi fidele que possible à la réalité (par la photographie par exemple). L’iconise stylise l’image : plus on se rapproche de l’extrémité droite du triangle, plus on s’éloigne du réalisme. La stylisation absolue est le mot. En effet le mot est purement iconique : il a une signification mais ne ressemble en rien à ce qu’il décrit. D’après McCloud la bande dessinée se situé au milieu du triangle et est l’équilibre parfait entre mot et image :

3

L’anthropocentrisme nous fait décoder ce rond, ces points et ce trait comme étant un visage, ceci est donc théoriquement un symbole universel car reconnaissable par n’importe quel être humain (et à fortiori très utilisé en bande dessinée.)

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Figure 4 : the big triangle par Scott McCloud tel que présenté dans l’Art invisible

Certains spécialistes du genre font remonter l’apparition des bandes-dessinée à aussi loin que les peintures rupestres et citent des exemples de « bandes dessinées » à travers les siècles4 :

Figure 5 : peinture murale dans le tombeau de Menna, Egypte, environ 300 av. J-C, source : http://www.egypt-travelguide.co.uk

4

C’est le cas notamment de Claude MOLITERNIi dans son ouvrage Histoire mondiale de la bande dessinée. Pierre Horay, 1989. Il y a aussi une exposition de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) intitulée « la BD avant la BD : narration figurée et procédée d’animation dans les images aux Moyen-âge » et consultable en ligne sur : http://expositions.bnf.fr/bdavbd/index.htm

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Figure 6 : colonne Trajane, Italie, en 113, source : http://www.romasegreta.it/monti/foroditraiano.htm

Figure 7 : tapisserie de Bayeux, France, en 1066, source : http:// www.tapisserie-bayeux.fr

Figure 8 : codex Zouche-Nuttall, Mexique, au 14ème siècle, source : http://www.famsi.org/research/graz/zouche_nuttall

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Mais cette vision de la bande dessinée comme étant un grand courant artistique s’étalant sur des siècles ne fait absolument pas l’unanimité auprès des spécialistes. « L'histoire de l'art ne pouvait donc pas reconnaître dans la dimension narrative de ces œuvres le critère d'une discipline autonome au sein des arts visuels. »5 Ainsi la grande majorité des historiens de la bande dessinée se rejoignent à dire que son apparition remonte « seulement » au 19ème siècle, coïncidant avec le développement de lithographie. Avant cette technique les artistes devaient graver les dessins sur des plaques de bois ou sur des feuilles de cuivre (ce qui n’offraient moins de spontanéité et bien une reproduction bien plus fastidieuse). De plus, c’est à cette époque que l’auteur suisse Rodolphe Töpffer commence à publier. Il est considéré par beaucoup comme le créateur et le premier théoricien de la bande dessinée6. Il est vrai que ses planches ont un aspect étonnement moderne :

Figure 9 : extrait de "l'histoire d'Albert" par Rodolphe Töpffer, en 1844

5

GROENSTEEN Thierry, Un objet culturel non identifié. Éditions de l'An 2, 2006. p.4 Son album « l’histoire d’Albert » est en consultation gratuite sur Internet sur : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c3/Toepffer_Histoire_Albert.pdf Ainsi que le manuscrit complet de son album « vieux bois » sur : http://leonardodesa.interdinamica.net/comics/lds/vb/VieuxBois01.asp?p=1 6

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L’art assisTE par ordinateur Créer de l’art sur un ordinateur n’est pas nouveau (on peut remonter jusqu’au années 19407). La première compétition d’art digital fut organisée en 1964 par « Computers

and

Automation »

(un

périodique

américain

portant

sur

l’informatique). Mais au début peu d’artistes ont trouvé un intérêt à faire de l’art en entrant des commandes dans une machine alors qu’utiliser les outils classique leur permettaient un travail bien plus intuitifs (What you see is what you get, WYSIWYG.)

Figure 10 : Vertical-horizontal Number Three par A.Michel Noll, gagnant de la première compétition d’art digital en 1964, source : http://www.artnet.com

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Une chronologie (en anglais) de tout les événements marquant en matière d’art digital de 1945 à 2003 est consultable enligne sur : http://chat.carleton.ca/~wsy/timeline_history.html

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Cependant, alors que les logiciels et le matériel se sont développés et sont devenus plus accessibles financièrement parlant, l’art assisté par ordinateur (aussi appelé art digital, art numérique, art logiciel etc.) est devenu de plus en plus courant. Aujourd’hui beaucoup d’artistes utilisent les ordinateurs dans leurs démarches de créations et certains métiers s’orientent entièrement autour de ça (infographiste, webdesigner etc.) Certains artistes utilisent les ordinateurs pour produire des images aussi réels que possible (et se rapprochant souvent de ce qui pourrait être fait sans l’aide d’ordinateur, à l’image de la peinture digitale), alors que d’autre vont utilisés les ordinateurs pour produire des images que seul un ordinateurs peut produire.

Figure 11 : "she wore white", peinture digitale par Jossi Fresco, 2004, source : http://humanities.technion.ac.il/art-nov2006/028Electronic%20art.pps

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Figure 12 : "paradise" par Yoshiro Kawaguchi en 1999, source : http://www.cs.otago.ac.nz/graphite/guests.html

La BD assisTEe par ordinateur Il faut bien distinguer la création digitale d’une bande dessinée et la mise sur Internet d’une bande dessinée. En effet, un album peut être réalisé entièrement à la main, sans utiliser d’ordinateur mais être quand même destiné à être mis en ligne sur Internet (en scannant les planches par exemple) et à l’opposé un album peut être entièrement réalisé sur ordinateur mais n’être destiné qu’à être imprimé en une version papier.

Il faudra attendre les années 80 pour voir des auteurs de bandes-dessinées créer sur ordinateur. A l’époque, les premières bandes dessinées réalisées entièrement sur ordinateur demandaient un investissement temps/argent bien plus important que les bandes dessinées créées de façon classique. Shatter par Peter Gillis et

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Mike Saenz a été entièrement réalisée sur ordinateur en 1985 et a été la première de son genre.

Figure 13 : couverture du premier Shatter par Michael Saenz et Peter Gillis en 1985, source : http://sugaya.otaden.jp/d2008-07-24.html

Plus tard, des bandes dessinées plus élaborées furent créées mais pour rester rentable, elles étaient toutes dans des genres familiers et sures (comme celui des super héros, par exemple le premier Batman créé par ordinateur en 1990, Batman Digital Justice par Pepe Moreno) ce qui assurait des ventes conséquentes.

Figure 14 : couverture de Batman : Digital Justice par Pepe Moreno en 1990, source : http://www.amazon.com

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Dans le milieu des années 90, alors que les ordinateurs devenaient de plus en plus abordables et puissant, quelques artistes commencèrent à véritablement avoir du succès grâce à la publication de bandes dessinées ayant un style impossible à reproduire sans passer par l’outil informatique. Ce fut le cas par exemple de Mr.Punch par Neil Gaiman et Dave McKean en 1994. En choisissant Neil Gaiman (auteur britannique ayant un très grand succès auprès des jeunes adultes dans les pays anglo-saxons) les éditions Vertigo savaient que le cout élevé du design par ordinateur allait être très vite rentabilisé par un nombre de vente élevé.

Figure 15 : couverture de Mr.Punch par Neil Gaiman et Dave McKean en 1994, source : http://www.neilgaiman.com

D’autres en font peut-être trop, tel que Mark Landman avec sa bande dessinée en 3D, Blue Loco en 1997 : débauche d’effets, de couleurs, de typos à peine lisibles, etc. ... L’expérience laisse perplexe et l’équilibre restait encore à trouver.

En France, il faudra attendre le milieu des années 90 pour que les premières bandes dessinées numérique soient créées. A l’époque elles étaient destinées à l’édition sur CD-Rom mais et restaient rare. Une réalisation comme opération teddy bear par Edouard Lussan en 1996 faisait figure de pionnier mais a eu un coût de production de plus d’un million et demi de francs (230 000 €), « nous ne

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sommes pas habitués à ces coûts »8 expliquait le PDG de Casterman à l’époque, de plus il était difficile d'amortir un CD-ROM sur le seul marché français.

VERS LE TOUT NUMERIQUE ? Aujourd’hui la grande majorité des auteurs utilisent l’informatique à un moment ou à un autre de la conception. Dans les albums de qualité, on récent un véritable équilibre entre le dessin assisté par ordinateur et celui « fait à la main ». Par exemple, l’album Le goût du chlore par Bastien Vives (qui a obtenu le prix « essentiel révélation » au dernier festival d’Angoulême, c'est-à-dire en 2009), est entièrement réalisé par ordinateur (mis à part les crayonnés préparatoires), mais l’auteur parvient quand même a nous faire ressentir un petit coté « tremblant » (dans le bord des cases par exemple) typique du tracé à la main :

Figure 16 : Le goût du chlore par Bastien Vivés, 2008, source : http://blogs.lexpress.fr/contre-bande

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Les premiers pas de la BD interactive. Le Monde. 19 janvier 1997.

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D’après Scott McCloud, choisir l’ordinateur comme outils de départ c’est se voir offrir la possibilité d’utiliser une palette d’option énorme… Ainsi tenter d’imiter le papier c’est comme chasser un lapin avec un navire de guerre (« to choose computer as one’s primary art-making tool is to choose an almost superhuman palette of options and to devote it to merely imitating their predecessors is a bit like hunting rabbits with a battleship! »).

La création de bandes dessinées par l’intermédiaire de l’informatique offre un monde malléable sans limites d’opportunité d’expansion et de révision. Grace la toute puissante série de touches « ctrl + Z » (qui annule la dernière action) et la possibilité de sauver des versions intermédiaires, ce qui n’est bien entendu absolument pas le cas dans le cadre d’un travail réalisé entièrement à la main, les auteurs se sentent libre d’expérimenter comme jamais. A ceux qui pensent que de créer sur ordinateur ne sera jamais aussi spontané que de créer à la main, nous pouvons affirmer que le fossé entre les deux n’est que temporaire. En effet, l’avancée des logiciel et du matériel nous rapproche de plus en plus vers la possibilité d’entre aussi spontané sur ordinateur que sur une feuille de papier : les tablettes graphiques permettent aux artistes d’avoir un retour direct sur leur coup de crayon (WYSIWYG).

Figure 17 : le dernier modèle d'écran/tablette graphique par Wacom, leader du marché, source : http://wacom.com

Mais il faut bien garder en tête que si acheter une feuille de papier et un crayon est financièrement possible pour presque tout le monde, il en est tout autre chose du matériel informatique et des logiciels (et en particulier des tablettes graphiques, notamment celles sensibles à la pression).

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Le lettrage Le lettrage est l’écriture sur les pages d’une bande dessinée (dans ou hors des bulles). Il est effectué par le lettreur (en France le lettreur est souvent le dessinateur ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis). Lorsque fait à la main, c’est un travail fastidieux. Le lettrage fait même partie des catégories de la compétition des Eisner Awards (compétition la plus importante en matière de bande dessinée aux Etats-Unis tirant son nom de Will Eisner, auteur de Un pacte avec dieu en 1978 considéré comme l’album fondateur de la bande dessinée non-infantile américaine).

Tout comme nous écrivons de moins en moins avec des stylos, le lettrage des bandes dessinées se fait de plus en plus par ordinateur et il y a donc de moins en moins de lettreurs professionnels.

Le résultat est parfois très mitigé (surtout

lorsqu’il s’agit d’une traduction car dans ce cas la langue d’origine n’avait peut être pas le même sens de lecture, ainsi la taille et la forme de la bulle peuvent en être modifiées).

Figure 18 : exemple de très mauvais lettrage, source : http://www.zudacomics.com

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Il est possible de créer une version numérique de son écriture personnelle ou bien d’acheter l’écriture des autres. Des sites se sont spécialisés dans la vente de polices créées spécifiquement pour les bandes dessinées.

Figure 19 : capture d'écran du site www.comicbookfonts.com, spécialisé dans la vente et la réalisation de lettrages pour les bandes dessinées

D’après Stéphane Baril9, 70 % des auteurs de BD français font leur lettrage sur ordinateur (et plus de 80 % des américains). Le lettrage se fait effectivement beaucoup plus rapidement lorsqu’il est fait numériquement, mais certains auteurs gardent préfèrent lettrer à la main. C’est le cas notamment de Joan Sfar, le plus jeune auteur ayant reçu le prix du « trentenaire » (prix exceptionnel remis pour l’intégralité d’une œuvre et « une œuvre ayant contribuée à l’évolution de la bande dessinée) durant le festival d’Angoulême (en 2004). Il est vrai qu’il est difficile d’imaginer son album Le chat du Rabbin lettré autrement que par sa main :

Figure 20 : extrait de Le chat du rabbin par Joann Sfar, 2002, source : http://www.amazon.fr

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BARIL Stéphane. Colorisation de BD : du traditionnel au numérique. Eyrolles, 2005.

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La colorisation La colorisation est la mise en couleur des planches. Exactement comme le lettrage, elle est de moins en moins faite manuellement, beaucoup d’auteurs préfèrent la colorisation sur ordinateur. En effet le système de « calque » apporte une sécurité que n’offre pas la colorisation manuelle. En clair, chaque aplat de couleur se fait sur un calque, ainsi si une erreur est faite ou si on veut changer une couleur, il suffit de modifier un des calques sans avoir à toucher au reste (ce qui lorsque fait à la main n’est pas possible). Il est aussi plu simple de garder les mêmes couleurs (pour un vêtement par exemple) tout au long d’un album lors d’une colorisation numérique que manuelle. Et exactement comme il a des lettreurs professionnels, il existe des coloristes professionnels.

Figure 21 : exemple de planche avant et après colorisation assistée par ordinateur par Morvan, source : http://www.poukram.org

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Les BD sur Internet HISTORIQUE Dans les années 80/début des années 90, les auteurs de bande dessinée se servaient essentiellement d’Internet comme tout le monde : participer à des forums, envoyer des emails, peut-être télécharger de petites images, etc. En effet, Internet à l’époque ne permettait pas de distribuer des images d’une taille et d’une qualité suffisante pour véritablement motiver les auteurs à mettre leurs productions en ligne. Mais l’amélioration du débit à permit l’émergence de sites mettant des planches de bandes dessinées en ligne.

AUX Etats-Unis La première bande dessinée à avoir été publiée sur Internet était américaine et s’appelait T.H.E Fox par Joe Ekaitis. Sa publication a commencé en 1986 et a stoppé en 1998. Mais rien ne distingue ce webcomics (bande dessinée américain en ligne) d’un comics (bande dessinée américaine) étant publié en format papier, son seul coté « révolutionnaire » était d’être mis en ligne. Ainsi la première bande dessinée à avoir été créé spécifiquement pour être mise enligne sur Internet était Argon Zark! par Charley Parker en 1995. En effet, plusieurs éléments distinguent Argon Zark! d’ un comics et en font un véritable webcomics :  la parution était hebdomadaire  les planches avaient un format horizontal de 650 pixels sur 540, permettant d’être lu sans avoir à utiliser sur les barres de défilement


 les couleurs ne pouvaient être imprimées sans perdre grandement en qualité, elles étaient volontairement dans les tonalités que seul un écran peut restituer  certains décors intégraient de la 3D ou des GIF animés

Figure 22 : la toute première d’Argon Zark par Charley Parker en 1995, source : http://www.zark.com/

EN France Le premier fait notable en matière de bandes dessinées sur Internet en France a été la création du site Coconino World10 en 1998. Il publie les planches de jeunes auteurs et des archives provenant de la Citée Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image (CIBDI, appelée Centre International de la Bande Dessinée et de l’Image, CNBDI, jusqu’en 2007). Ses créateurs décrivent le site ainsi : « Coconino World est un projet créé et développé par des auteurs dessinateurs et scénaristes depuis novembre 1998. C'est un projet purement philanthropique de publication et 10

Consultable sur : http://www.coconino-world.com

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de mise en valeur de la création graphique narrative historique et contemporaine. Des auteurs publient d'autres auteurs en prise directe avec le public. »11

Le site est divisé en plusieurs parties dont deux sont particulièrement intéressantes :  le village des auteurs qui répertorie des auteurs comme son nom l’indique. Il est possible de lire quelques une de leurs planches en ligne et des interviews (mais il ne s’agit pas là de planches créés spécifiquement pour être mises en ligne)  coconico classics qui centralise des centaines de travaux et de sites portant sur des auteurs de bandes dessinées des 19ème et 20ème siècles. Il est ainsi possible de lire gratuitement des livres dont les versions imprimées ne sont plus dans le commerce.

Figure 23 : capture d'écran d'une des pages de la partie coconico classics, source : http://www.coconinoworld.com/graphic_post/post_007.htm

11

Source de la citation : http://www.coconino.fr/im_mng_v8/pop_apropos/pop_apropos.htm

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En 1998, des auteurs de Fluide Glacial12 (célèbre journal de bandes dessinées) créaient le webzine (magazine sur Internet) @Fluidz13 et mettent en ligne des planches exclusives. En 1999, deux bandes dessinées interactives ont un succès critique : John Lecrocheur et L’Oreille coupée (toutes les deux ayant des auteurs collectifs), mais elles ont depuis disparues de Internet.

Au début des années 2000 la production et la vente de bande dessinées papiers atteignent de nouveaux records. A l’époque il n’est pas question de publié des albums originaux sur le web, essentiellement pour des raisons de sécurité et de droit d’auteurs.

En 2001 apparaît la première bande dessinée électronique francophone dont la mise à jour est quotidienne, Lapin par Phiip, « Le monde absurde d'une bestiole moche en tissu pourri à l’humour absurde. » d’après les termes de l’auteur.

Figure 24 : case extraite de Lapin par Phiip, source : http://lapin.org/index.php

Entre 2001 et aujourd’hui (2009), de plus en plus de bandes dessinées sont accessibles en ligne (par l’intermédiaire des blogsBD, des sites de maisons d’édition, des éditeurs de bande dessinée électroniques, etc.)

En janvier 2008 parait El Coyote, un site publiant un journal de bande dessinée en ligne mensuellement (mais la parution est stoppée depuis mai 2008, les auteurs 12

Site officiel du journal consultable sur http://www.fluideglacial.tm.fr/ Le webzine n’existe plus, mais ses anciens numéros sont toujours consultables sur http://www.fluideglacial.tm.fr/fluidz/une.htm 13

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affirmant ne pas voir le temps d’y travailler). La qualité du journal se distingue des autres journaux gratuits sur Internet grâce à sa très grande qualité graphique.

Figure 25 : capture d'écran du journal ElCoyote, source : http://www.cromwell.fr/elcoyote/

DANS LE RESTE DU MONDE Au Japon et en Corée, près d’un quart des albums sont en ligne, mais leur consultation se

fait

essentiellement

sur téléphone

mobile (cela permet

entonnement d’être lu dans le métro ou le train). Il reste très difficile de trouver des informations à ce sujet car les e-manga (bandes dessinées électroniques japonaises) et les e-manhua (bandes dessinées électroniques coréennes) ne sont pas encore présents sur le marché occidental pour des questions de traductions et de droits de distribution.

LES LECTEURS Dans l’immédiat, seule une étude américaine relative au lectorat des bandes dessinées sur Internet a été menée. Les lecteurs de bandes dessinées sur Internet sont définis par Tim Campbell, dans le magasine Withrow, comme « jeunes, leur fourchette d’âge allant de dix-huit ans à une trentaine d’années, la majeure partie ayant une vingtaine d’années. » Ils sont des « natifs numérique », - 27 -


des jeunes gens « vivant avec le Web et l’ayant toujours connus », ils en ont été témoins mais aussi les acteurs. « La proportion de lecteurs féminins ou masculins apparaît plus équilibrée que celle des albums BD. Ces lecteurs sont suffisamment aisés pour se permettre une connexion haut débit et suffisamment libres pour découvrir des distractions inhabituelles. Ils sont exaspérés par la fadeur de la ville idéale et parfaite présentée dans la plupart des strips américains ; leur sens de l’humour est plus spirituel, plus grossier, plus extravagant. 14 »

les specificites des bd sur Internet L’ESPACE ENTRE LES CASES La lecture des bandes dessinées nécessite de lire non seulement les dessins et les bulles, mais aussi l’espace situé entre les cases, là ou le lecteur doit faire travailler son imagination pour combler les trous et rendre le récit encore plus vivant. Le lecteur « sait » que l’espace entre les cases représente le passage du temps et qu’il doit imaginer se qui se passe entre les cases. Bien entendu, les cases n’ont pas besoin d’avoir de bords, ainsi par case, nous signifions les « scènes », c'est-à-dire deux images distinctes venant l’une après l’autre, comme c’est par exemple le cas dans Titeuf par Zep :

Figure 26 : extrait de Titeuf : le sens de la vie par Zep, 2008, source : http://www.lablondeecolo.com

14

Le lecteur de bande dessinée en ligne. Withrow. 2 juillet 2005.

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Entre les premières bandes-dessinées et les bandes-dessinées modernes cet espace n’a pas évolué :

Figure 27 : l'évolution de l'espace entre les cases sur 100 ans.

Si cela n’a absolument pas évolué c’est essentiellement du au fait que les auteurs ne peuvent bien entendu pas se permettre de faire autrement, le coût de l’impression n’offre pas la possibilité de laisser des espaces blancs (ou d’une autre couleur, peu importe) et ils se sentent obligés de remplir la plupart de la surface du papier. Ainsi ils se restreignent dans l’éventail de leurs possibilités. Par exemple, si un auteur décide de dessiner une très grosse case en haut de sa page, il sait très bien (et le lecteur avec) que la case se trouvant à coté devra être plus petite.

Figure 28 : pouvez vous deviner qu'elle sera la taille de la case numéro 2 ?

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Mais les choses sont très différentes sur Internet. L’espace entre les cases n’est pas vu comme un espace « perdu », puisqu’il n’engendre aucun coût supplémentaire, il peut être aussi grand que nécessaire, les auteurs sont ainsi beaucoup plus libre de jouer sur les formes et les tailles des cases mais aussi sur l’espace entre ces cases. Jason Turner par exemple, un auteur américain, a mis sur sont site des bandes dessinées qui ont une particularité : plus l’espace entre les cases est grand, plus elles sont éloignées dans le temps. Il joue aussi beaucoup sur l’ajustement des cases d’une telle façon qui ne serait pas possible dans des bandes dessinées imprimées car il y aurait bien trop d’espaces sans images.

Figure 29 : extrait du site de Jason Turner, source : http://www.jason-turner.com

En

effet

les

restrictions d’espace imposées

par

l’impression

n’existent

théoriquement plus lors de la création d’une bande dessinées destinée à Internet.

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The Infinite Canvas Scott McCloud a réfléchi en quoi créer pour Internet pourraient révolutionner notre façon de dessiner et de lire les bandes dessinées, et a développé la notion de Infinite Canvas (toile infinie). Il part du principe qu’Internet est comme une page pouvant s’étirer à l’infinie vers toutes les directions et il espère les auteurs de bande dessinée vont (et doivent) en profiter pour expérimenter et révolutionner le Neuvième Art. Pourquoi se contenter de dessiner des bandes dessinées ayant le même format que des pages A4 alors qu’Internet offre un éventail bien plus varié de forme ? En version imprimée, les bandes dessinées ont un format dépendant de leur genre (du moins dans la très grande majorité des cas, il suffit d’aller dans une librairie pour s’en persuader) : la bande dessinée européenne a un format de 21 × 29 cm environ, les mangas un format de 12 x 18 cm environ, les comics de 17 × 25 cm et enfin les romans graphiques15 sont très variés en taille. Mais peu importe leur genre car le découpage des pages se fait quasiment toujours de deux façon : en format strip (c'est-à-dire quelques cases alignées sur une ligne, on le retrouve surtout dans les comics humoristiques) ou en format portrait.

Figure 30 : Grimmy, un strip par Mike Peters, 2009, source : http://grimmy.com

15

Un roman graphique est d’une façon générale une bande dessinée contant une histoire complète en un seul tome comportant beaucoup de pages (plus de 150). Souvent le style y est « littéraire » et autobiographique. Les dessins y sont plus radicaux, et les histoires plus complexes que dans les albums plus courts.

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Figure 31 : extrait de Pin -up, une planche au format portrait par Yann et Philippe Berthet, 1994

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McCloud explique qu’il ne faut pas regarder l’écran d’un ordinateur comme une « page » mais bien comme une « fenêtre ». Il part du principe que la simple transposer les pages d’une bande dessinée papier sur un écran ne reflète absolument pas le potentiel créatif qu’apporte les écrans et Internet. écran d’ordinateur

Figure 32 : exemple de transposition d'une planche d'un album papier à un écran (la planche est extraite de Strangers in Paradise par Terry Moore)

16

BERTHET Philippe, YANN. Pin-up. Dargaud,1994.

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Ainsi, au lieu de faire des planches au classique format portrait, les auteurs pourraient expérimenter de nouvelles formes :

Figure 33 : par exemple une bande dessinée en ligne nous faisant faire des virages…

Figure 34 : ... ou bien nous faisant zoomer à l'intérieur des cases...

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Figure 35 : ...nous faisant descendre des cases en escalier...

Figure 36 : ...nous faisant chuter...

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Figure 37 : ...nous faisant faire un dĂŠfilement horizontal, et pourquoi pas case par case...

Figure 38 : ... nous faisant tourner en rond ...

Figure 39 : ... et enfin nous faisant choisir entre une multitude de routes.

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A l’image de la notion d’Infinite Canvas, il est possible de trouver des auteurs prenant véritablement avantages de l’écran, offrant des productions quasiment impossible à imprimer. En effet, « l’effet » que fait une planche comme Agoraphobie par Raphael.B17 sur l’écran est véritablement meilleur sur l’écran que sur le papier, on a l’impression de voir le dessin « s’animer » au fur et à mesure que nous faisons défiler la page ce qui n’est pas possible de reproduire sur papier.

Figure 40 : capture d’écran de la planche Agoraphobie par Raphael B., source : http://raphaelb.canalblog.com/archives/2009/03/11/12915850.html

Même chose pour une planche telle que Heat death of the universe par Drew Eleonor18 qui nous fait faire des virages puis un très long défilement horizontal, e tout s’inscrivant parfaitement dans l’histoire. La même histoire sur parier n’a absolument pas le même impact.

17 18

Le site et le blog de Raphaël B sont consultables à l’adresse http://raphaelb.canalblog.com/ Le site officiel de Drew Eleonor est consultable à l’adresse http://www.drewweing.com/

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Figure 41 : extrait de Heat death par Drew Eleonor, source : http://www.drewweing.com/pup/13pup.html

LES BANDES DESSINEES INTERACTIVES Cliquer sur un bouton pour tourner une page n’est pas de l’interactivité (notamment parce qu’il n’y a là rien de fondamentalement différent par rapport au geste physique de tourner la page d’un livre). Nous pouvons aussi nous questionner quand à « l’interactivité » des bandes dessinées alliant des animations et du son à l’image (c’est aussi le cas de certaines bannières de publicité, ce n’est pas pour autant que nous les qualifierions d’interactives), ainsi il s’agit là de contenus « multimédia » et non pas « interactif ».

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Ainsi certains professionnels19 s’accordent à dire que nous pouvons qualifier une bande dessinée d’interactive lorsque les actions des lecteurs peuvent influencer l’histoire. Dans ce type de bande dessinée, le schéma linéaire et classique de Shannon (source > émetteur > message > récepteur > destinataire) est bouleversé car lecteur n’est plus un simple destinataire mais devient lui aussi un émetteur car il choisi lui-même le déroulement de la narration influençant ainsi le message. Le site Impulse Freak publie une histoire sans fin et à choix multiples, donc une histoire interactive. Chaque case est dessinée par un auteur différent, faisant de l’histoire une sorte de cadavre exquis :

Figure 42 : capture d’écran de Impulse freak, source : http://www.sito.org/cgi-bin/ifreak/display

Mais le site ayant été le plus loin dans la notion de bande dessinée interactive est le site E-Mer20l. Leur planche Pop-Com-Uk est en effet très souvent citée par les spécialistes en exemple pour représenter les possibilités des bandes dessinées sur Internet. Pop-Com-Uk offre au lecteur le choix entre une multitude de « chemins », chaque chemin étant écrit et dessiné par un auteur différent (dont certains sont connus, à l’image de Chris Ware dont la bande dessinée Jimmy Corrigan a remporté le prix du meilleur album au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2003)

19

Premiers pas de la BD interactive. Le Monde. 20 janvier 1997. Site consultable à l’adresse http://www.e-merl.com/ et la planche Pop-Com-Uk est à l’adresse http://www.e-merl.com/pocom.htm 20

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Figure 43 : vue d'ensemble de la planche Pop-Com-Uk

Figure 44 : vue rapprochĂŠe de la planche Pop-Com-Uk

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VERS UN BOULVERSMENT ? Il est possible de trouver sur Internet des centaines d’exemple de planches véritablement différentes de ce qui se fait en version imprimée, mais si l’idée de The Infinite Canvas nous fait percevoir une myriade de possibilités et un potentiel extraordinaire, la grande majorité des auteurs créaient sur Internet comme ils créeraient sur le papier. Les webcomics sont pour la plupart des gag-a-day (un gag par jour), des planches sous forme de strip (quand aux bandes dessinées francophones, elles sont majoritairement au format portrait). Le format et le fait que les planches soient très courte permettent de les créer (et de les lire) très rapidement, ce qui permet de faire des mises à jours très régulière et ainsi de fidéliser l’internaute. A l’image de Phd Comics par Jorge Cham :

Figure 45 : extrait de Phd comics par Jorge Cham, source : www.phdcomics.com

ECRANS VS PAPIERS Il y a une série de reproche que l’on peut faire aux bandes dessinées en ligne. En effet, la liste des avantages de l’impression sur papier par rapport à la diffusion sur écran peut être grande :  la résolution y est bien meilleur : environ 10 fois plus affutée (pour qu’une image sur Internet soit très détaillée, elle doit être très lourde, cela peut donc poser des contraintes de coût et de vitesse de connexion)

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 un livre reste tout de même bien plus portatif : il est facile à glisser dans un sac et à lire dans le bus, dans le train, dans un lit, à la plage. Mais nous devons bien noter qu’il est aujourd’hui possible d’acheter des livres électronique ou de consulter Internet sur son téléphone, sa console de jeu ou son ordinateur portable, ainsi nous nous dirigeons vers autant de « portabilité » que celle d’un livre. Non seulement les bandes dessinées ne sont encore que très peu présentes sur les systèmes portatifs mais en plus…  … le livre reste meilleur marché. Le prix d’un album de bande dessinée papier est très bas en comparaison de son équivalent électronique. Pour pouvoir accéder aux albums en ligne, il faut acheter un ordinateur, payer une connexion Internet etc. Bien entendu les gens ont un ordinateur personnel (ou un téléphone) relié à Internet pour bien plus d’usages que la simple lecture de bandes dessinées, mais si nous ne prenons en compte que cette activité spécifique alors le format papier est effectivement bien meilleur marché (à part peut être si vos achats de bande dessinée papier sont si nombreux que cela vous reviendrez moins cher de les acheter en version électronique, mais ceci n’est même pas possible puisqu’en France très peu d’album papiers sont aussi proposés en version électroniques21)  la plupart des gens savent comment lire une bande dessinée papier. Les jeunes enfants sont mis en contact avec des albums à la bibliothèque, à la maison, à l’école, chez des amis, etc. et le décryptage se fait instinctivement. C’est très différent pour ce qui est de lire en bandes dessinées en version électronique car il faut déjà être capable de maitriser l’outil informatique.  il est important pour les collectionneurs d’avoir quelque chose à poser sur leurs étagères.  nous pouvons nous poser des questions quand à « l’immersion » possible dans une bande dessinée en ligne. En effet, lorsque nous lisons une bande dessinée papier, nous ne faisons que lire, nous sommes très concentré sur ce que nous faisons et si c’est un album de qualité nous pouvons nous projeter profondément dans l’histoire. La lecture n’est coupée que par le fait d’avoir à bouger les yeux de gauche à droite puis de droite à gauche et de tourner les

21

D’après l’Association des Critiques et des journalistes de Bande Dessinée (ACBD) sur les 4746 bandes dessinées publiées en 2008, seulement 37 d’être elles ont aussi été publiées en version électrique. Le bilan est consultable à l’adresse http://www.acbd.fr/les-bilans-de-l-acbd.html

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pages, mais il s’agit là de gestes qui nous sont très familiers. C’est une tout autre histoire sur un écran. En effet lorsque nous lisons une bande dessinée en ligne, plusieurs éléments viennent perturber l’immersion possible dans l’histoire : o nous pouvons ressentir un certain inconfort à lire sur un écran (en effet nous clignons moins des yeux lorsque nous lisons une page Internet que lorsque nous lisons un livre, cela peut entrainer des sensations de picotement, de sécheresse et yeux rouges22) o certains auteurs ne cherchant absolument pas à nous faire oublier que nous sommes sur un site Internet. En effet, une bande dessinée en ligne comme PVP est de bonne qualité, mais les auteurs ne cherchent pas une seconde à nous faire oublier que nous sommes sur un site Internet. Mais il s’agit là de strip, des histoires très très courtes, l’immersion n’est donc pas de mise. De plus tout le « fouillis » autour des strips est au contraire une part importante du site car les internautes sont encouragés à laisser des commentaires, à découvrir d’autres planches ou à aller visiter d’autres sites…

Figure 46 : capture d'écran du site PvP, source : http://pvponline.com

22

Une étude sur l’impact physique que peut avoir le temps passé devant un écran d’ordinateur est consultable en ligne (en anglais) sur : http://www.webword.com/interviews/williams.html. Il s’agit de l’interview d’un docteur expliquant notamment nous sommes souvent mal assis devant les ordinateurs dans une pièce mal éclairée et que cela entraine divers problèmes de santé (mal de dos, douleurs aux articulations, mot de tête etc.)

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o les bandes dessinées électronique aux formats différent des formats habituels (du type Infinite Canvas ou interactives donc) peuvent complètement déstabiliser certains lecteurs, ils auront alors beaucoup de mal à s’immerger dans l’histoire o lorsqu’une histoire se dispache sur plusieurs pages Internet, il faut parfois chercher longtemps avant de trouver comment accéder à la page suivante (fastidieusement chercher le bouton « suivant » par exemple)

Les désavantages d’ordre « technique » par rapport à la version papier (résolution et confort des écrans, vitesse de connexion, portabilité etc.) vont certainement s’estomper avec la progression et l’amélioration des technologies et n’ont donc pas véritablement pour responsable les auteurs de bandes dessinées eux même. Par contre, c’est le cas de la question relative à l’immersion. La solution envisageable pour améliorer cette dernière est donc une planche de format « écran ». Ainsi l’internaute n’aura absolument pas à utiliser les barres de défilement. De plus, il faudrait éviter les bandeaux publicitaires (spécialement ceux qui sont animés) et même éviter un menu de navigation. Passer d’une page à l’autre pourrait se faire simplement en cliquant n’importe ou dans la page ou en pressant la touche « entrée ». C’est le cas par exemple d’une histoire comme Nowhere girl23 par Justine Shaw. L’internaute n’a pas à chercher le bouton « suivant », il n’y a rien sur les cotés, et les marges sont noires (comme pour chercher à immerger le lecteur encore plus dans l’histoire) :

23

Site consultable sur http://www.nowheregirl.com/

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Figure 47 : capture d'écran d'une planche de Nowhere Girl par Justine Shaw, source : http://www.nowheregirl.com/episode/01/05.html

Ainsi l’internaute peut lire la totalité de l’histoire (qui fait prêt de 49 pages) sans quitter les yeux de l’écran, sans avoir à regarder son clavier ou à bouger sa souris. Mais qu’est ce qui oppose une version papier Nowhere Girl d’une version électronique ? Rien. D’un coté, même si l’immersion du lecteur dans la version électronique est totale, nous pouvons véritablement nous question quand à la démarche de Justine Shaw : n’est-il donc pas possible d’allier la notion d’Infinite Canvas à celle d’immersion ? Il apparaît que si un auteur se permet d’expérimenter graphiquement, son histoire perd en ergonomie et il devient plus dur de s’immerger, ce qui peut en parti expliquer pourquoi la grande majorité des auteurs continu à produire sur écran comme ils produisent sur papier : en format strip ou portrait.

LES BANDES DESSINEES SUR SYSTEME PORTATIFS La lecture d’une bande dessinée électronique sur un appareil portatif (type téléphone 3G, iPhone, etc.24) comporte des contraintes n’existant pas sur les écrans d’ordinateur car ils sont bien plus petits.

24

Mettons de coté les livres numérique (type e-books) car dans ils sont dans l’immédiat en noir et blanc. Il n’est donc pas encore possible de télécharger des bandes dessinées pour les lire sur un e-book (comme en témoigne le site de la FNAC http://livreelectronique.fnac.com/)

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Ainsi, soit aucune démarche n’a été adoptés (ce qui est le cas de la grande majorité des sites proposants des bandes dessinées) et les lecteurs sur appareils mobiles doivent lire les planches sur leurs petits écrans de la même manière que n’importe quel site (ce qui peut être difficile car les case peuvent être trop petites si on ne zoome pas, mais trop grande lorsqu’on zoome, etc.), soit elles sont adaptées en faisant des compromis et notamment en procédant à la narration « case par case », ce qui peut être considérer comment portant en quelque sorte atteinte à l’intégrité de la planche (à part si la planche a été créée dans la perspective d’être lue sur système portatif) :

Figure 48 : simulation d'affichage d'une bande dessinée sur iPhone sur le site de la sélection officielle du festival d’Angoulême 2009, source : http://essentielfnacsncf.ave-comics.com/

Cependant, il existe un site français qui s’est spécialisé dans la diffusion de bandes dessinées sur téléphone, il s’agit de Pixizbubble25. Les bandes dessinées ont été créé spécifiquement pour être diffusées sur téléphone et leur lecture est gratuite (hors coûts de communication fixés par les opérateurs car la lecture se fait en direct, il n’est pas possible de les télécharger, il faut donc se rendre sur le site) mais il ne propose dans l’immédiat que 3 styles (manga, humour et sexy) et la qualité des planches est très relative.

25

Le site est consultable sur www.pixizbubble.com

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Ainsi, nous pouvons affirmer qu’en occident, la bande dessinée sur les téléphones/livres numériques/PDA n’en est qu’à ses prémices, contrairement au Japon et à la Corée où lire des bandes dessinées en ligne sur ces systèmes est devenu très courant26.

26

RHEINGOLD Howard. Foule Intelligentes. M2, 2005.

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La rEvolution francophone : les blogs BD DEFINITION Le site Technorati (spécialisé dans le classement et le recensement des blogs) a annoncé en 2008 que 180 millions de blogs ont été créés durant cette seule année27. Et bien entendu, au milieu de tout ça, certains sont des blogs en bandes dessinées, les blogsBD. Les autres medias que sont la presse, la radio et la télévision commencent à s’intéresser au phénomène des blogsBD et il est possible de lire des articles de fond dans des revues non-spécialistes.

Figure 49 : illustration extraite du blogBD de Pénélope Bagieu, Ma Vie est tout à fait Fascinante, source : http://www.penelope-jolicoeur.com/

27

Le site Technorati publie chaque année un rapport très complet (en anglais) sur les blogs, leurs créateurs et leurs lecteurs. Même si une partie des données ne concernent que les Etats-Unis, il y a tout de même des informations concernant les blogs à un niveau mondial. Le rapport de 2008 est consultable sur http://technorati.com/blogging/state-of-the-blogosphere/

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Un blogBD (ou BD blog, blog en bande dessinée, blog de bande dessinée) est un blog composé entièrement ou en partie de bande dessinée. Le ou les auteurs peuvent êtres des professionnels ou des amateurs. Exactement comme dans les blogs «traditionnels », le contenus peut être autobiographique ou fictif (mais généralement il s’agit d’autobiographies). Les planches publiées sur les blogsBD sont appelées des notes et sont généralement publiées dans un style ante chronologique (du plus récent au plus vieux).

Figure 50 : extrait de note par Leslie Plée dans son blogBD Vue de la province, source : http://vuedelaprovince.canalblog.com/

En France (et généralement dans pays et régions francophone tels que la Belgique et le Québec), les blogBD sont autant populaire que le sont les webcomics aux Etats-Unis. Mais il ne s’agit pas là du même type de bande dessinée. En effet la plupart des webcomics sont des histoires de fictions dont le ou les auteurs présentent des mises à jour régulières et qui ont en général un début et une fin (principe du a-gag-a-day). Les blogsBD par contre ont tendance à présenter un contenu plus divers : anecdote, expérience personnelle, « tranche de vie », réflexion, fiction, histoire sans fin, simple illustration etc. (il est aussi à noter que la plupart des blogsBD mélangent la nature de leurs notes). Bien entendu cette distinction ne se veut pas exclusive, mais reflète simplement la tendance. Ainsi il est à noter que c’est le style autobiographique qui domine. Mais certains blogsBD francophone sont à cheval entre le blog et la fiction, tel que le blog de

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Chicou-Chicou28 (par un collectif d’auteurs) : il présente des personnages fictifs (caractéristique des webcomics) mais a qui il arrive des histoires de la vie quotidienne (caractéristique des blogsBD) et sans qu’il n’y ait de dénouement ni de grande ligne scénaristique à suivre.

Figure 51 : note extraite du blogBD Chicou-Chicou, source : http://www.chicou-chicou.com

Le blogsBD va montrer les progrès de l’auteur produisant des œuvres qui peuvent sembler indépendantes les unes des autres mais qui au regard de l’ensemble produit dénote d’une cohérence dans sa démarche et une évolution dans son style.

Exactement comme les blogs classiques, les blogsBD peuvent être hébergés sur des plates-formes de blog (type Canablog29 par exemple) ou sur des sites personnels.

28

Le blogBD de Chicou-Chicou est consultable à l’adresse http://www.chicou-chicou.com Canalblog est une plate forme hébergeant près de 500 000 blogs, dont certains sont des blogsBD. Le site officiel de Canablog est consultable sur http://www.canalblog.com 29

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POURQUOI TENIR UN BLOGBD ? Plusieurs éléments peuvent motiver un auteur de bande dessinée à créer et entretenir un blogBD :  cela peut être un très bon support de communication. C’est une bonne façon de se faire connaître des lecteurs mais aussi des éditeurs  il est possible d’y diffuser des projets non-aboutis (ou alors qui n’ont pas été acceptés par les éditeurs)  cela permet d’entrer en contact direct avec les lecteurs (par le biais des courriels ou des commentaires) pour discuter du style artistique ou narratif, des thèmes abordés, etc. Bref, se servir du blogBD pour échanger avec ses lecteurs, ne plus avoir la sensation de créer pour une masse anonyme, et peut être amélioré son travail.  pour y travailler son style, s’obliger à dessiner et écrire régulièrement et ainsi à progresser.

Pour Hervé, auteur du blogBD sobrement intitulé Le blog d’Hervé, « c'est l'opportunité d'être face à une liberté de création sans borne. On nous impose rien, contrairement à l'édition, pas de format, pas de couleurs, pas de nombre minimum de planches. »30 Même chose pour Mélaka et son blogBD Les carnets de Mélaka, « le blog, en tant qu’endroit de détente, sert à sortir du carcan du métier, où on n’a pas forcément la liberté de dessiner ce dont on a vraiment envie. Les blogs sont des œuvres à part entière. Les éditeurs puisent dans ce vivier, ils auraient tort de s’en priver ! »31 Yannick Lejeune, organisateur du Festiblog32, affirme que les blogsBD doivent être vu comme « un vivier passionnant des auteurs de demain. Entre le précédent

30

Extrait d’une interview d’Hervé par le site Rue89, source http://www.rue89.com/2007/10/02/aufestival-des-blogs-bd-la-tendance-est-au-nombril-expose 31 Extrait d’une interview menée par le site Presse-Papier, source http://www.pressepapier.fr/2009/05/15/les-blogs-bd-entre-laboratoire-et-mise-a-nu/ 32 Voir page 70

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Festival [2006] et celui de cette année, 50% des auteurs sont passés professionnels et 80% ont publié un ou plusieurs albums. »33

D’après Pénélope Bagieu, dont le blogBD Ma Vie est tout à fait fascinante enregistre plusieurs dizaines de visites quotidiennes a été publié en version papier par la maison d’édition Gawsewitch, « ce média qu'est Internet est une vitrine complètement dingue pour un créatif. Si cela ne fait pas tout, ça m'a vraiment apporté des contacts pour mon travail. »34

Les blogsBD rapprochent les auteurs de leurs lecteurs. Ils peuvent finalement recueillir en direct les commentaires, réactions, réflexions et encouragements de leur public. D’après Yannick Lejeune « ces blogs permettent une proximité évidente entre le lectorat et les auteurs. Avant, l’auteur travaillait dans son coin pendant six mois, ensuite il fallait trois mois pour être publié, et à la fin de cette grossesse solitaire, il obtenait un avis du public et de la critique. Aujourd’hui, le blog permet d’avoir un retour des lecteurs quasi instantané. »

Lors d’une interview vidéo35, Gilles Roussel (alias Boulet, auteur du blog http://bouletcorp.com), un dessinateur professionnel de bandes dessinées jeunesses, explique « je peux faire sur le blog tout ce que je ne peux pas faire dans mes albums. Les tentatives de découpages hasardeuses. Tenter des narrations qui ne seront pas forcement comprises, on ne peut pas vraiment se permettre cela dans les albums jeunesse […]. Même si j’ai pas mal de gens qui lisent mon blogs, et que les chiffres peuvent paraitre grand ça reste quand même une microsphère36 […]. Quand on fait du blog, on fait pas forcement de la bd. Il y a des gens très bon en blog mais qui font des bd ratées parce que ce n’est pas le même rythme, la lecture n est pas la même, faire des bd est un métier différent ». Gilles Roussel tient l’un des blogsBD les plus couronné de succès de la blogosphère (l’ensemble des blogs, le tout étant vu par certains comme un monde 33

Le phénomène des blogsBD. Metro, 03 juillet 2007. Craquez pour Pénélope Bagieu. Metro, 30 juin 2007 35 Source : http://www.dailymotion.com/relevance/search/boulet+interview/video/x2hpxy_interviewbdblogueurs-boulet_creation 36 Il y a jusqu’à 30 000 connexion quotidienne au blogBD de Gilles Roussel, source : Des dessinateurs de BD délaissent la planche pour la Toile. Le Monde, 23 février 2008. 34

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à part sur Internet) puisqu’il est considéré comme l’un des bloggeurs francophones le plus influent par le site Wikio37.

Figure 52 : extrait de note par Gilles Roussel, source : http://www.bouletcorp.com/blog/index.php?date=20081118

Le revers de la médaille est peut être que certains lecteurs ne connaissent même pas ses albums papiers, pourtant Gilles Roussel a publié plus d’une dizaine d’albums, tous sans aucuns rapport avec blog (Raghnarok, Womoks, Le Miya ou La Rubrique scientifique) : « en janvier, à Angoulême, j’ai été plus interpellé au sujet de mon blog que de mes albums. […] C’est une situation qui me paraît un peu illusoire. Les albums restent, le blog c’est du vent, de l’éphémère. J’ai beaucoup de lecteurs sur le Net parce que je suis relativement constant dans les mises à jour. […] En plus, c’est gratuit. Mes albums auraient, eux aussi, dix fois plus de lecteurs s’ils étaient distribués gratuitement ! »38 Interviewer par Rue8939, une étudiante en Art-Déco dénonce « l’emprise » des blogsBD « Aujourd'hui, si t'a pas ton blog, t'es un looser. Les blogs BD nivellent l'illustration par le bas. C'est rigolo, mais ça ne fait pas du tout appel à l'imagination, et sur la forme, ce n'est pas très exigeant. » Mais nous sommes en droit d’estimer que ses propos sont à relativiser de part ce qui a été exposé plus haut (c'est-à-dire estimer que les blogsBD sont un terrain d’expression libre pour les auteurs, ce qui leur permet de s’éloigner des contraintes imposées par les éditeurs), de plus sur les centaines d’auteurs ayant publiés une bande dessinée 37

Wikio publie chaque année une « cartographie interactive» de la blogosphère mettant en évidence les blogs considérés comme les plus influents et leurs connexions les uns aux autres. La carte est accessible à l’adresse http://labs.wikio.net/wikiopole/ 38 Extrait du site Internet Ecrans (site mis en place par le journal Libération), source : http://www.ecrans.fr/Boulet-c-est-canon.html 39 Source http://www.rue89.com/2007/10/02/au-festival-des-blogs-bd-la-tendance-est-au-nombrilexpose

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papier en France en 2008, une infime partie tient un blogBD comme l’explique le bilan de l’Association des Critiques et Journalistes de Bande Dessinée40, il est donc difficile de croire à un quelconque dictat.

UN TREMPLIN VERS L’IMPRESSION ? Un petit nombre d’auteurs de blogsBD ont publiés des versions papiers de leurs blogs. Ainsi, Internet devient une passerelle d’un medium à un autre. Lorsqu’un auteur a beaucoup de visite de sont blogsBD, il représente une opportunité commerciale pour une maison d’édition, les internautes pouvant en effet être vus comme le reflet du lectorat plus général.

Il faut cependant garder en tête que la plupart des auteurs publient des planches sur leurs blogs, à priori, sans la perspective de les voir un jour être imprimés. Ainsi, lorsqu’un auteur se voit contacté par une maison d’édition lui proposant de publier une version « papier » de son blog, un gros travail de retouche est à faire. Beaucoup de planches ne sont pas transposable telles quelles ou bien n’ont absolument rien à faire dans une bande dessinée papier. Sur ce thème, MLC, auteur du blogBD Monsieur le Chien41 dont une version papier a été publiée en 2007 suis au succès du blog, explique « un certain nombre de posts avaient plus affaire avec le monde un poil nombriliste du blog qu'avec de la narration BD pure et dure (qui était quand même mon but, je voulais faire de la BD pour distraire les gens et pas raconter ma vie pour que ça distraie les gens), ceux-là dégageaient automatiquement. […] Deux grosses boîtes m'avaient contacté pour publier le blog, un peu comme c'est arrivé à d'autres mais moi, évidemment, ça n'est pas allé jusqu'au bout. Raisons évoquées? Je suis politiquement incorrect pour l'une des éditions et l'autre m'a très largement laissé comprendre que politiquement, j'étais plutôt incorrect ». Il a donc opté pour une maison d’édition modeste et peu

40 41

Le bilan est consultable à l’adresse http://www.acbd.fr/les-bilans-de-l-acbd.html Le blogBD de MLC est consultable à l’adresse http://monsieur-le-chien.fr

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connue, Théloma, mais cela a présenté certains inconvénients (qui auraient été les mêmes avec une plus grosse maison) : « (…) il m'avait été proposé en couv' du broché, j'ai accepté sur la base d'exemples cités, comme les bouquins de l'Association42, et au final, je me retrouve avec une couverture qui a un grammage à faire peur, léger comme une couv de Télérama et qui a largement emmerdé le lectorat (et moi au milieu) »43 La spontanéité des blogsBD perd en partie de son essence dans sa version papier. Par exemple, un auteur publiant une planche sur un événement de l’actualité sur son blog peut se poser des questions quand à la justification de mettre cette même planche dans la version papier du blog plusieurs mois (voir année) après cet événement. Ensuite, la qualité des planches sur un blogBD peut être considérée comme trop basse pour une version papier : Martin Vidberg, auteur du blogBD Le Journal d’un remplaçant explique « la qualité graphique qui est peu demandée sur les blogs, (traduction: j'en avais rien à foutre du dessin), j'ai donc redessiné un certain nombre de pages dans ce style qui n'est absolument pas le mien à l'origine mais qui s'est créé au fur et à mesure des pages (du blog BD, NDLR). J'ai donc essayé de niveler dans le sens des dernières pages parues à l'époque. Ensuite, bien que coloriste peu affirmé, j'ai recolorisé l'ensemble pour que ça soit un peu mieux que sur le blog. »44 Mais qui achète les versions papiers des blogsBD ? Des internautes connaissant déjà le blog ? D’après Martin Vidberg, « en dédicace, j'ai pu constater qu'environ un tiers de mon lectorat est constitué de lecteurs de BD de tout type, un tiers d'enseignants intéressés par le sujet et pas forcément lecteurs de BD et environ un tiers de lecteurs du blog. Il s'agit d'une estimation approximative ! » Ainsi, les lecteurs de blogsBD représenteraient une par non négligeable des acheteurs, élément important pour les maisons d’édition. Pour ce qui est de MLC, il estime les lecteurs du blog comme a l’origine de la quasi-totalité de ses ventes de la version papier car elle a été distribuée dans très peu de libraires et aucune communication n’a été faite quand à sa sortie (mis à par sur son blog).

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Maison d’édition dont les albums ont des formats différents du traditionnel A4 de la bande dessinée franco-belge, plus petit et avec une couverture epaisse mais souple. Elle a notamment publié Persepolis de Marjane Satrapi. Le site officiel est consultable sur http://www.lassociation.fr/ 43 MLC. Paris est une mélopée. Théloma, 2007 44 Le blogBD de Martin Vidberg est consultable à l’adresse http://www.martinvidberg.com/blog/

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Une fois leurs blogsBD transposés en version papiers, certains auteurs effacent leurs archives, en quelque sorte pour motiver l’internaute à acheter l’album, mais cela reste une minorité car la plupart des auteurs parient sur les « bonus » de la version papiers pour voir les internautes les acheter (en rajoutant des pages inédites par exemple, ou en retravaillant certaines planches). Ainsi,

l’auteur

Laurel, dont le blog Un crayon dans le cœur45 lui a permit non seulement de publier un album de fiction en format papier (une éditrice l’a repéré grâce à sont blog et lui a proposé de travailler avec un scénariste professionnel pour créer une bande dessinée jeunesse) mais aussi une version papier de son blog, explique qu’il y a un travail de retouche des notes, « je redessine toutes les anciennes notes, les vieilles BD sont trop mal fichues. Pour l'instant j'ai environ 80 pages de prêtes. »46 L’auteur Gilles Roussel a même mis en ligne quelques planches pour expliquer pourquoi il a décidé d’accepter de faire éditer son blog en version papier et explique comment il doit s’organiser pour trier les notes et décider lesquelles feront parties du recueil et lesquelles n’en feront pas partie.

Figure 53 : extrait d'une note par Gille Rousse, source : http://www.editions-delcourt.fr/special/notes_de_boulet/

Mais certains professionnels ne semblent pas estimer que la transposition sur papier d’un blogBD soit pertinente. C’est notamment le cas de Thierry Groensteen, ancien directeur du Centre national de la bande dessinée (CNBDI, aujourd’hui devenue Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image, CIBDI) : « l’intérêt de publier ses bandes dessinées sur Internet repose d’une part 45

Le blog de Laurel est consultable à l’adresse http://www.bloglaurel.com Extrait d’une interview menée par le magazine Psychologie et mis en ligne à l’adresse http://admin.blogs.psychologies.com/portraits_de_blogueurs/2008/10/laurel.html 46

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sur le suivi de l’actualité, d’autre part sur l’interactivité, la capacité donnée au lecteur de laisser des commentaires. Or, ces deux possibilités sont absentes dans un livre ». Alisson Reber, rédactrice en chef du site Internet du magasine Bodoï (spécialisé dans la critique de bande dessinée) estime que « les deux milieux vont coexister encore un moment. La publication papier reste une forme de reconnaissance pour l’artiste qui tient un blog. » Certain auteurs voient d’un mauvais œil le fait que les éditeurs potentiels ne cachent pas le fait qu’ils visitent régulièrement les blogsBD à la recherche d’opportunité de publication. C’est le cas notamment Turala, auteur du Blog de Franquin47, qui semble estimer que les auteurs se censurent : « mon blog a toujours été une sorte de journal intime. J’y publie les dessins et les idées qui sont trop personnelles, ou trop politiquement incorrectes pour passer dans mon travail d’illustration, de publicité, ou de bande dessinée. Le blog bande dessinée a perdu un peu de son âme en devenant un simple espace de prépublication, selon moi. » 48

Quoi qu’il en soit, il semble que de voir son blogBD imprimé et distribué en une version papier est vu comme une consécration du point de vu des auteurs (et une source non négligeable de revenus.)

Figure 54 : extrait du Miniblog de Véronique, version papier de son blogBD MissGally, source : http://missgally.com/blog/

VIVRE d’UN BLOGBD ? 47 Blog consultable à l’adresse http://franquin.over-blog.com/ 48 Groensteen, Reber et Turala ont été interviewés sur le site lavie.fr, l’article est consultable sur http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0920-festival-bd-dangouleme-le-pixel-est-il-lavenir-de-labulle/retour/11/hash/6c253b7c22.html

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Si les blogsBD permettent de se « défouler », de se faire connaître, ils ne permettent pas dans l’immédiat d’en vivre. En effet, Yannick Lejeune explique « certains webcomics sont devenus payants aux Etats-Unis ou se rémunèrent au nombre de publicités affichées, mais il y a là-bas un effet de masse qui rend cela possible. En France, le blog est plus un 'apporteur d’affaires' qu’un moyen de se rémunérer. »49 Des petits bénéfices sont possible, par exemple par la vente des planches originales (à l’image de Lisa Mandel mettant à l’enchère sur son propre blogBD des planches originales50), par les revenus publicitaires (mais il faut pour cela recevoir un nombre conséquent de visites) ou par la vente de produits dérivés (tshirts, badges etc.). Mais dans la plupart des cas, tenir un blogsBD ne rapporte pas d’argent (cela peut même en couter dans le cas des blogsBD à fort succès car ils demandent beaucoup de bandes passantes) et ironiquement, accepter d’en publier une version papier est la solution la plus intéressante financièrement. Ainsi, dans l’immédiat, aucun n’auteur francophone ne vit de son blogBD.

Figure 55 : capture d'écran du blogBD de Lisa Mandel, source : http://lisamandel.net

49 50

Le phénomène des blogsBD. Metro, 03 juillet 2007. Le blogBD de Lisa Mandel est consultable sur http://lisamandel.net

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La place des maisons d’Editions La place est maisons vis-à-vis des bandes dessinées sur Internet est très majoritairement attentiste. Effectivement les maisons d’éditions ont toutes des sites Internet faisant la promotion de leurs bandes dessinées, mais elles ne cherchent pas à financer la production de bandes dessinées « destinées » à Internet. Cette frilosité peut peut-être s’expliquer par la peur des difficultés de protection qu’engendre la mise enligne de bande dessinée, la diffusion en ligne pose des problèmes de droit complexes, elle implique de connaître le statut de cette forme nouvelle et de négocier avec chaque auteur individuellement. Mais il y a tout de même quelques exceptions :

LE KIOSQUE Le Kiosque n’est pas une maison d’édition mais est un site Internet proposant des versions numérique des livres, bandes dessinées et magasines. Le site propose une centaine d’albums51 de bandes dessinées dont les prix varient entre 2 et 8,50 euros (moins cher qu’en version papier donc. Par exemple, « Atalante » par Criss est vendu 12,26 euros à la Fnac en version papiers et 4,90 euros sur lekiosque.fr en version électronique). Une fois les albums achetés, ils ne sont consultables qu’en ligne en se connectant au site avec son identifiant et son mot de passe, vous ne pouvez donc pas les télécharger et les consulter plus tard, vous devez impérativement être connecté à Internet.

51

En juin 2009.

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Les tires proposés sont relativement « classiques », ce sont des albums trouvables en supermarché ou chez les grands libraires (type Virgin ou Fnac), pas besoin de se rendre dans chez un libraire spécialisé en bande dessinée pour les trouver et le site met essentiellement l’accent sur les magasines auxquels il est possible de s’abonner. Ainsi nous pouvons nous questionner sur la véritable prise de risque du site : le choix est très restreint et ne semble refléter les gouts que du très grand public… mais est ce que trouver sur Internet ce que nous pouvons trouver facilement dans un supermarché est vraiment ce que nous voulons ? Ou voulons nous trouver en version numérique des bandes dessinées plus difficiles à trouver, peut être même dont les tirages sont épuisés ? Lekiosque.fr est un site extrêmes pratique (notamment si vous vivez à l étranger), facile à utiliser et bon marché, mais il s’agit la aussi de mettre en ligne des bandes dessinées non spécifique à Internet. Les seules bandes dessinées «nonimprimées » sont celles de la maison d’édition Foolstrip (voir page 60)

Figure 56 : capture d'écran de la page d'accueil du Kiosque, source : http://lekiosque.fr

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Figure 57 : capture d’écran montrant comment se présentent les bandes dessinées sur lekiosque.fr, source : http://www.lekiosque.fr/Atalante-numero-1-Le-Pacte-online-l144555.aspx

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ReadBox En 2005, les éditions Dargaud/Lombard mettent en ligne le site ReadBox qui pré publie des albums ou des extraits d’albums. Il ne s’agit absolument pas de diffuser des albums uniquement sur Internet, mais bel et bien de faire la promotion des albums « papiers » mais Dargaud/Lombard fait les choses un peu différemment de des autres maisons. En effet, il est possible de lire quelques extrait d’albums sur les sites des maisons d’éditions (4 ou 5 pages en général, dont parfois les pages de titres), mais sur ReadBox il est possible d’en lire bien plus (parfois jusqu’à la moitié d’un album). Il s’agit bien sur d’une sorte de « teaser » : on fait en sorte que le lecteur ait envi d’acheter l’album papier pour connaître la suite et fin de l’histoire. Comme avec lekiosque.fr, ReadBox nous prouve qu’il est possible de lire des bandes dessinées en ligne et nous laisse percevoir une possibilité : qu’un jour la lecture complète ne se fasse qu’en ligne. Hélas le site n’est plus mis à jour (la dernière mise à jour remontant à aout 200852)

Figure 58 : capture d'écran du site ReadBox, source : http://www.read-box.com/

52

A ce sujet, j’ai envoyé un email aux éditions Dargaud en avril 2009 pour tenter de savoir pourquoi ils ne mettaient plus ReadBox à jour. Ils m’ont répondu qu’ils allaient me répondre dans les plus brefs délais mais je n’ai toujours rien reçu à ce jour (juin 2009), ainsi peut être n’ont-ils pas suffisamment de personnel travaillant pour la cellule Internet de la maison.

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Figure 59 : capture d’écran montrant comment se présentent les bandes dessinées sur ReadBox, source : http://www.readbox.com/readboxplayer.php?modeStarter=portail

FOOLSTRIP Créée en 2007, Foolstrip est la seule maison d’édition française proposant une collection de bandes dessinées « uniquement » électroniques. D’après Vincent Demons, le PDG, « à travers les blogs d’auteurs, la BD fait aujourd'hui partie du paysage Internet, pourtant le secteur reste encore très peu professionnalisé. Notre volonté est au contraire de repérer des auteurs, de les promouvoir et de les rémunérer pour leur travail comme le font toutes les maisons d'édition traditionnelles. Pour nous, il est évident que c'est là qu'est l'avenir de l'édition. Ça s'est passé comme ça pour la musique, pour les films ; ça devrait être pareil pour la bande dessinée. La France est encore en retard, mais au Japon et aux EtatsUnis, les catalogues numériques sont déjà très développés. Nous avons tout de même fait une version imprimée à 1 000 exemplaires de «Mon chat et moi» de Kek, l'un de nos succès, pour nous faire connaître ailleurs que sur la Toile. Mais la version papier doit rester au rang des produits dérivés. Avec la publication Internet, nous pouvons aussi toucher un autre public. Un lectorat plus technologique et plus universel. […] Internet permet des rapports plus souples - 62 -


entre l'auteur et l'éditeur. L'essentiel de notre chiffre d'affaires vient de la publication sur les plates-formes numériques, et un peu des tirages papiers, car une partie de notre lectorat y reste très attachée. »53 De plus, en proposant des versions traduites de ses bandes dessinées (en anglais et allemand) le site tente de se faire connaître internationalement. Une partie de chaque albums est accessible gratuitement mais il faut payer pour pouvoir consulter le reste. Basique ment, le site propose des extraits d’albums gratuitement sur son site et si l’internaute veut en prolonger la lecture, alors il doit en acheter la version papier ou la version numérique. L’achat de la version numérique ne se fait pas sur le site même de Foolstrip mais sur lekiosque.fr. Ainsi Foolstrip est le site professionnel français se rapprochant le plus de l’édition « tout numérique », mais il semble que l’étape reste encore dure à franchir. Quoi qu’il en soit Vincent Demons m’a tout de même affirmer par courriel que l’entreprise est viable (sans préciser le chiffres d’affaire ni même le nombre de salariés mais indiquant que les auteurs sont rémunéré 200 euros la planche) mais que dans l’immédiat aucun auteur ne pourrait subsister uniquement en publiant chez eux, les ventes étant trop basses.

Figure 60 : capture d'écran de la page d'accueil de Foolstrip, source : http://www.foolstrip.com

53

Vincent Demons a été interviewé sur le site lavie.fr, l’article est consultable sur http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0920-festival-bd-dangouleme-le-pixel-est-il-lavenir-de-labulle/retour/11/hash/6c253b7c22.html

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LA COLLECTION SHAMPOOING Lewis Trondheim, auteur français de bande dessinée très actif (il a notamment gagné plusieurs prix à Angoulême et en a été le présentant en 2007), est à l origine de la création de la collection Shampoing chez la maison d’édition Delcourt. La particularité de Lewis Trondheim c’est qu’il sélectionne pour Shampoing beaucoup d’auteurs qu’il a lui-même repéré sur Internet par l’intermédiaire de blogsBD. Il a ainsi découvert le travail de Gilles Roussel par l’intermédiaire de son blogBD et non pas de ses albums et lui a proposé de d’écrire et de dessiner l’un des albums de Donjon (série dont 35 tomes sont déjà parus depuis 1998, rythme exceptionnel pour une bande dessinée française). De même pour plusieurs auteurs de la collection, dont un n’est absolument pas un dessinateur professionnel mais qui tient un blogsBD comme passe temps.54

KSTR KSTR (prononcer Kaster) est un label de bande dessiné lancé en mai 2007 par les éditons Casterman et qui s’appuie sur un soutien éditorial sur Internet. Le site Internet du label a été créé un an avant la sortie des premiers albums. Didier Borg, le responsable de KSTR, explique qu’il a utilisé Internet pour bâtir l'identité de KSTR, « une communauté s'élabore, qui rassemble des auteurs et des lecteurs ayant les mêmes goûts, musicaux, cinématographiques ou comportementaux. »55 En gros l’équipe de KSTR sillonne Internet, lit énormément de blogBD et tente de repérer des auteurs (amateurs ou professionnels) ayant à leurs yeux du talent et pouvant potentiellement produire un album de qualité. Elle établi alors le contact et débute alors (ou pas) une collaboration. Elle tente aussi de rendre KSTR très visible sur les sites spécialisés, les blogs, les forums etc. pour tenter de faire

54

Le site de la collection Shampooing est consultable sur http://www.editionsdelcourt.fr/catalogue/collections/shampooing 55 La promotion par le Net. Le Monde, 11 mai 2007.

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connaître le label et peut être attiré des auteurs potentiels. Les auteurs peuvent aussi contacter d’eux mêmes KSTR pour leur proposer un projet d’album. KSTR cherche à attirer le public des 15/25 ans et pour se démaquer des publications habituelles publient ses livres sous un format à cheval entre la bande dessinée européenne et le manga (17 x 25 cm). Une chose est sure, le label publient très certainement des bandes dessinées de qualité car leurs album Le goût du chlore par Bastien Vivès a gagner le prix « essentiel révélation » au dernier festival d’Angoulême (2009) et l’album Esthétique et filature par Lisa Mandel et Tanxx n’a rien gagné mais a tout de même fait parti de la sélection officielle. Mais là encore il ne s’agit absolument pas de publier sur Internet mais de s’en servir comme d’une sorte de terrain pour chasseur de tête.

Figure 61 : capture de la page d'accueil du site de KSTR, source : http://www.kstrbd.com/

LES MINIBLOGS Les Miniblogs sont issus de l’imagination d’une auteure de bande dessinée nommé Véronique Danac (alias Gally). Ce sont de très petits albums de bandes dessinées (8cm x 12cm) de quelques pages vendus pour 1 euros. En tout, 20

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Miniblogs ont été publiés. Chaque Miniblog a un auteur différent. Sur la dernière page du livre se trouve une adresse Internet et le lecteur est invité à se rendre s’y rendre « pour continuer l’histoire. » En gros les Miniblogs font la promotion de blogBD, les auteurs cherchant à augmenter la fréquentation de leurs blogs en en faisant une promotion « papier ».

Figure 62: les couvertures de quelques Miniblogs, source : http://missgally.com

ZUDA En 2007, l’éditeur américain DC Comics56 met en ligne Zuda, un portail mettant en compétition des auteurs publiant sur le net. Des auteurs professionnels ou amateurs peuvent envoyer 8 planches de bandes dessinées, et chaque mois, 10 d’entre eux sont sélectionnés pour être mis en compétition. Les internautes peuvent voter pour leur favoris et le gagnant peut alors signer un contra avec Zuda pour produire 52 autres planches rémunérées. Si l’album de 60 pages est très apprécié des internautes, l’auteur peut se voir proposer d’autres contrats par Zuda. Seul deux comics ont été imprimés, High Moon et Bayou. Ces deux albums ont eu un très grand succès sur Internet, et l’équipe de Zuda a estimé qu’une impression et une distribution dans les librairies et sur les sites de ventes en ligne aiderait le site à se faire connaître. 56

DC comics est, avec Marvel, l’un des deux plus importants éditeurs de comics, avec notamment l’édition de Batman, Superman et Watchmen.

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Pour pouvoir être publié sur le site, vous devez suivre certaines règles strictes :  les planches doivent être de 800 pixels de large et 600 de haut, RBG, format JPG, 400 dpi.  il faut présenter 8 planches, ni plus ni moins  les huit planches peuvent raconteur une histoire complète ou non, ou chaque planches peuvent raconteur une histoire différence mais de la même série (deux idées différentes ne peuvent pas être présentées en même temps)  vous devez inclure une description courte de votre histoire (200 signe, espaces inclus) et une longue (2000 signes, espaces inclus) Toutes les planches sont mises en ligne et les internautes votent pour leurs favorites. Celles qui obtiennent le plus grand nombre de votes font partie des 10 finalistes et les internautes peuvent voter pendant un moi complet. Lorsque votre histoire est dans les 10 finalistes, Zuda vous rémunère 500 $, et si vous êtes le gagnant, 1000 $ de plus, puis 250 $ par planche.

Figure 63 : capture d'écran lors de la lecture d'une planche sur Zuda, source : http://www.zudacomics.com/

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LA FIN DES MAGAZINES PAPIERS ? D’après un rapport publié par l’ACBD en 2008, la presse spécialisée dans la bande dessinée souffre de la concurrence d’Internet (mais ceci est vrai pour les autres formes de presse.) Il y a en tout 71 revues spécialisées en France, dont 18 magazines diffusées en kiosque (il y en avait6 de plus en 2007). Le rapport explique les lecteurs délaissent les revues « papiers » pour plusieurs raisons, dont le fait qu’ils peuvent « trouver toute l’information souhaitée sur les 46 (32 en 2007) site généralistes sur le 9ème art, lesquels sont de plus en plus consultés et bien documentés : à l’instar de actuabd.com, auracan.com, bdgest.com, bdselection.com, bdzoom.com, labd.cndp.fr et wartmag.com ; ou encore

de

bulledair.com,

1001bd.com, du9.org,

bandedessinee.info, graphivore.be,

bdetente.com,

mundo-bd.fr,

bedeo.fr,

planetebd.com,

sceneario.com, toutenbd.com…, pour ne citer que les plus performants sur le plan de l’information et de la critique. » Mais il est intéressant de noter que l’une des revues les plus connus, Bodoï a totalement arrêter sa diffuser « papier » pour se concentrer sur sa diffusion numérique, ainsi peut être

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Les initiatives Les 24h de la BD Le principe des « 24h de la BD » a été inventé par Scott McCloud en 2004. C’est un exercice de style pour les auteurs de bande dessinée (professionnels ou amateurs) : ils doivent dessiner 24 planches en 24h. L’exercice commence en général vers 14h et finis à 14h le lendemain. La thématique est la même pour tous et des restrictions sont imposées (par exemple « Consigne : L'histoire doit être muette et se dérouler dans un musée »). Les planches sont mises en ligne gratuitement au fur et à mesure qu’elles ont dessinées. Les premières 24h de la BD en France ont eu lieu en 2007 durant le festival d’Angoulême. Depuis elles sont devenue très populaire durant les divers festivals de bande dessinée français. Ce qui est véritablement intéressant c’est que ces albums sont destinés presque exclusivement à la mise en ligne (seul quelques auteurs professionnels font ensuite publier leurs 24 planches, mais c’est rare car 24 planches est relativement court pour un album de bande dessinée et que étant donné que les planches sont faites très rapidement, la qualité est parfois relative) mais que cela n’empêche pas les auteurs de dessiner très classiquement. En effet, j’ai parcouru (en fonction aperçu) l’ensemble des planches de 250 histoires accessibles en ligne, et toutes sont dessiner en format portrait (format traditionnel) alors que les auteurs savent pertinemment qu’il s’agit là de planches destinées à la mise en ligne. Ceci est peut être relativement symptomatique du carcan dans lequel est probablement enfermée.

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Figure 64 : capture d'ĂŠcran du site officiel des 24h de la BD, ici sur la planche de Gilles Roussel, source : http://www.24hdelabandedessinee.com

Figure 65 : dĂŠtail d'une des planches de Gilles Roussel, source : http://www.24hdelabandedessinee.com/public/auteurs2009.php?id=9334

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30 jours de BD Le principe de 30 jours de BD est comme son nom l’indique un site Internet diffusant chaque jour une planche de bande dessinée. Il a été créé en 2006. Les planches diffusées sont fournis par des auteurs professionnels ou amateurs ayant droit, pas question de scanner une page d’un album dont vous n’êtes pas l’auteur et de l’envoyer par exemple. Le créateur du site, Skuky en parle dans une interview, « Je blogue depuis un peu plus de deux ans. Etant scénariste BD, je cherchais avant tout des dessinateurs pour collaborer avec moi sur divers projets. Puis de fil en aiguille, j'ai découvert de nombreux talents sur la toile, qui m'ont donné l'envie de tous les réunir en un seul et même blog. On y découvre une planche de BD inédite chaque jour, dessinée par des auteurs différents. L'équipe de 30joursdebd.com regroupe près de 45 dessinateurs et une dizaine de scénaristes. Une partie des membres de cette équipe sont les talents de demain de la BD, comme Baba, Ced, MLC, Ian Dairin qui publient déjà dans des magazines vendues en librairie ou qui viennent de sortir leurs albums. »57

Figure 66 : capture de la page d'accueil de 30 jours de BD, source : http://30joursdebd.com

57

Interview de Skaky disponible sur le site Les Blogonautes consultable sur http://blogonautes.blogomaniac.fr/blogonautes-112530_jours_de_bd_blog_du_jour_sur_blogonautes.htm

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LE FESTIBLOG Le Festiblog est le festival des blogsBD. C’est un événement annuel qui a commencé en 2005 à l’initiative de Yannick Lejeune (directeur Internet du leader français de l'enseignement supérieur privé IONIS), et qui permet aux auteurs de blogsBD de rencontrer leurs lecteurs et vis versa. C’est un événement gratuit se déroulant en septembre à Paris. Cela concerne une centaine de dessinateurs à chaque fois. Il est possible de venir avec une simple feuille blanche pour demander une dédicace (de toute façon certains auteurs n’ont pas publié de bandes dessinées « papiers »). Yannick Lejeune affirme que le festival est un succès, « l’année dernière [2007] il y a eu plus de 6000 personnes sur place et la queue devant le stand de Laurel faisait plus de cent mètres. Tous les blogueurs connus ont dessinés pendant des heures pour faire plaisir à leurs lecteurs. Cette année, on a du coup doublé le temps de dédicaces de certains. Il y a surtout deux révélations, cette année, explique Lejeune, Pénélope Jolicoeur, qui vient du milieu de l’illustration, et Fabrice Tarrin, un dessinateur de BD qui a connu un succès fou après son histoire avec Laurel. Un truc digne de Voici. » Mais lorsqu’on lui demande s’il pense que le phénomène des blogsBD va durer, il répond « je ne crois pas. Les blogs BD ne vont pas disparaître, évidemment, mais les web comics vont finir par prendre le dessus. Ce sont des sites autour d’une série de bande-dessinée, mais qui bénéficient d’un véritable modèle économique. Comme Penny Arcade, par exemple. »58

58

Interview donnée au site Ecrans consultable sur http://www.ecrans.fr/Ce-week-end-les-blogsBD-sortent,2221.html?keepThis=true&TB_iframe=true&height=500&width=600

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Vers la reconnaissance Les prix décernés aux auteurs de bandes dessinées ont toujours été un bon moyen de « pendre le pouls » de la tendance du milieu, il est ainsi intéressant de constater que des prix concernant les bandes dessinées électroniques sont apparus ces quelques dernières années dans les cadres de quelques unes des plus importantes compétitions en la matière.

Les DISTINCTIONS HONORIFIQUES THE HARVEY AWARDS Les « Harvey Awards »59, créées en 1988, sont l’une des deux compétitions les plus importantes en matière de bandes dessinées aux Etats-Unis. Outres, les distinctions classiques (meilleurs albums, meilleurs espoir etc.), depuis 2008 ont été ajouté la distinction « meilleur album en ligne ». Nous pouvons aussi noter que des artistes dont les albums ne sont pour l’instant consultable que sur Internet (car ils sont uniquement sur le site de Zuda dans l’immédiat) font partis de la sélection officiel « meilleur nouvelle série » et « meilleur nouveau talent ».

59

Le site officiel est consultable à l’adresse http://www.harveyawards.org/

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the eisner awards Les « Eisner Awards », sont l’autre très importante compétition de bande dessinée aux Etats-Unis. Contrairement au « Harvey Awards », le public ne vote pas, seul un jury composé de professionnels vote. La remise se fait durant le « Comic-Con International » à San Diego, le plus grand rassemblement lié à la bande dessinée au monde. La compétition avait déjà reconnus la création digitale en ajoutant le prix du « meilleure peintre ou artiste multimédias » en 1993, mais cela ne concernait pas uniquement les auteurs de bande dessinée. En 2005, le prix de la « meilleure bande dessinée digitale » a été ajouté. Il s’agit là de récompenser la meilleure bande dessinée sous format électronique et étant diffusé sur Internet.

LE FESTIVAL D’ANGOULEME Le festival international de la bande dessinée d’Angoulême est le plus important festival en matière de bande dessinée en Europe (peut être même dans le monde). Si le festival n’a pas encore de sélection « bande dessinée électronique », il semble que les organisateurs aient répondue promptement au phénomène des blogsBD francophone en créant en 2008 le prix « révélation blog ». D’après le site officiel, le jury est composé de « blogueurs émérites, d'un représentant du Festival International de la Bande Dessinée et de ses partenaires, d'un représentant de chacune des structures éditoriales impliquées, de l’organisateur du festiblog, ainsi que de l'animateur du blogroll blogbd.fr. »60

60

Le site officiel est consultable sur http://www.prixdublog.com/

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conclusion Le succès des blogsBD en France, et des webcomics aux Etats-Unis nous montre que lire des bandes dessinées en ligne est possible. La technologie est là, les connexions sont suffisamment rapides et les résolutions d’écrans suffisamment grandes pour que nous puissions lire des bandes dessinées confortablement sur un écran. Et même si, statistiquement parlant, le nombre de planches sur Internet reste une goutte d’eau en comparaison du nombre de bandes dessinées « papiers » sortant chaque année, Internet opère une petite révolution éditoriale. Il devient au même titre que l'affichage, la radio et la presse, un véritable média pour la promotion des bandes dessinées et provoque de vrais échanges entre auteurs et lecteurs. Mais la révolution vient aussi et surtout de la claque graphique que certaines bandes dessinées en ligne nous donnent. Les auteurs explorant le « canevas infinis », jouant sur les espaces, les formes, les couleurs, et donnent un coup de jeune à un genre qui n’a, d’un point de vu graphique et narratif, absolument pas évolué depuis sa création. Et pourtant, malgré les possibilités théoriquement infinies offertes par le format électronique et Internet, la majorité des auteurs continuent à publier sur Internet comme ils publieraient sur papier. Un tel conservationisme relève de la tendance que nous avons à interpréter nouveaux medias à travers le filtre des anciens medias. Les bandes dessinées papiers ne disparaitront bien sur pas, le plaisir de lire et de posséder un album n’a aux yeux de beaucoup rien à voir avec la lecture du même contenu sur un écran. Peut être devrions nous tenter de ne pas opposer versions papiers et versions électroniques frontalement car ces deux formes sont complémentaires. Internet serait à la bande dessinée ce que les concerts sont à la musique : il s’agit de se donner en spectacle, d’être en contact direct avec son public, de s’éloigner de ce qu’on fait habituellement car les règles et les contraintes tombent.

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Bibliographie MONOGRAPHIES  BARIL Stéphane. Colorisation de BD : du traditionnel au numérique. Eyrolles, 2005.  GROENSTEEN Thierry. Un objet culturel non identifié. Éditions de l'An 2, 2006.  McCLOUD Scott. L’Art invisible. Delcourt, 2007. Traduction de son ouvrage Understanding comics : the invisible Art parue en 1994.  MOLITERNII Claude. Histoire mondiale de la bande dessinée. Pierre Horay, 1989.  RHEINGOLD Howard. Foule Intelligentes. M2, 2005.

JOURNAUX  Premiers pas de la BD interactive. Le Monde, 20 janvier 1997.  Coconino, les bulles crèvent l'écran. Sud Ouest Dimanche, 14 décembre 2003  Les Editions Dupuis investissent dans un producteur de contenus en ligne. La Tribune, 6 février 2001.  Dessin sur toile. Libération livres, 24 janvier 2002.  Internet, mobiles, consoles : la BD envahit l’univers numérique. Le Figaro, 10 août 2005  La Toile fait des bulles. Le Figaro, 25 janvier 2005.  Le lecteur de bande dessinée en ligne. Withrow, 2 juillet 2005.  Des bulles plein les blogs. L'Express, 1 décembre 2005.  Les blogueurs font leur trou. La Charente Libre, 13 octobre 2006.

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 La promotion par le Net. Le Monde, 11 mai 2007  Craquez pour Pénélope Bagieu. Metro, 30 juin 2007  Le phénomène des blogsBD. Metro, 03 juillet 2007.  Les premiers pas de Ced et Shuky dans la BD. Ouest France, 29 octobre 2007

SITES INTERNET  Le site de l’ACJBD est LE site de référence en matière de statistiques et de données chiffrées liées à la BD : http://www.acbd.fr/  Le site de l’exposition de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) intitulée « la BD avant la BD : narration figurée et procédée d’animation dans les images aux Moyen-âge » : http://expositions.bnf.fr/bdavbd/index.htm  Une chronologie (en anglais) de tout les événements marquant en matière d’art digital de 1945 à 2003 est consultable enligne sur : http://chat.carleton.ca/~wsy/timeline_history.html  La « cartographie interactive» de la blogosphère mettant en évidence les blogs considérés comme les plus influents et leurs connexions les uns aux autres : http://labs.wikio.net/wikiopole/

Articles sur internet  Ce week-end, les blogs BD sortent de leurs cases : http://www.ecrans.fr/Ce-week-end-les-blogs-BDsortent,2221.html?keepThis=true&TB_iframe=true&height=500&width=600  30 jours de BD, blog du jour sur Blogonautes : http://blogonautes.blogomaniac.fr/blogonautes-112530_jours_de_bd_blog_du_jour_sur_blogonautes.htm  Festival BD d'Angoulême : le pixel est-il l'avenir de la bulle? : http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/0920-festival-bd-dangouleme-le-pixel-est-illavenir-de-la-bulle/retour/11/hash/6c253b7c22.html  Portraits de bloggeurs : http://admin.blogs.psychologies.com/portraits_de_blogueurs/2008/10/laurel.html - 77 -


 Au festival des blogs BD, la tendance est au nombril exposé : http://www.rue89.com/2007/10/02/au-festival-des-blogs-bd-la-tendance-est-aunombril-expose  Boulet, c’est canon : http://www.ecrans.fr/Boulet-c-est-canon.html  Interview vidéo de Gilles Roussel (Boulet) : http://www.dailymotion.com/relevance/search/boulet+interview/video/x2hpxy_inter view-bdblogueurs-boulet_creation  Les blogs BD, entre laboratoire et mise à nu : http://www.pressepapier.fr/2009/05/15/les-blogs-bd-entre-laboratoire-et-mise-a-nu/

table des illustrations Figure 1 : planche extraite du blogBD Chicou-Chicou, source : http://www.chicouchicou.com ____________________________________________________ - 7 Figure 2 : symboliser le passage du temps, essence même des bandes dessinées _____________________________________________________________ - 8 Figure 3: un exemple de symboles__________________________________ - 9 Figure 4 : the big triangle par Scott McCloud tel que présenté dans l’Art invisible _ 10 Figure 5 : peinture murale dans le tombeau de Menna, Egypte, environ 300 av. JC, source : http://www.egypt-travel-guide.co.uk _______________________ - 10 Figure 6 : colonne Trajane, Italie, en 113, source : http://www.romasegreta.it/monti/foroditraiano.htm _____________________ - 11 Figure 7 : tapisserie de Bayeux, France, en 1066, source : http:// www.tapisseriebayeux.fr_____________________________________________________ - 11 Figure 8 : codex Zouche-Nuttall, Mexique, au 14ème siècle, source : http://www.famsi.org/research/graz/zouche_nuttall ____________________ - 11 Figure 9 : extrait de "l'histoire d'Albert" par Rodolphe Töpffer, en 1844 _____ - 12 Figure 10 : Vertical-horizontal Number Three par A.Michel Noll, gagnant de la première compétition d’art digital en 1964, source : http://www.artnet.com__ - 13 -

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Figure 11 : "she wore white", peinture digitale par Jossi Fresco, 2004, source : http://humanities.technion.ac.il/art-nov-2006/028Electronic%20art.pps _____ - 14 Figure 12 : "paradise" par Yoshiro Kawaguchi en 1999, source : http://www.cs.otago.ac.nz/graphite/guests.html _______________________ - 15 Figure 13 : couverture du premier Shatter par Michael Saenz et Peter Gillis en 1985, source : http://sugaya.otaden.jp/d2008-07-24.html________________ - 16 Figure 14 : couverture de Batman : Digital Justice par Pepe Moreno en 1990, source : http://www.amazon.com __________________________________ - 16 Figure 15 : couverture de Mr.Punch par Neil Gaiman et Dave McKean en 1994, source : http://www.neilgaiman.com________________________________ - 17 Figure 16 : Le goût du chlore par Bastien Vivés, 2008, source : http://blogs.lexpress.fr/contre-bande _______________________________ - 18 Figure 17 : le dernier modèle d'écran/tablette graphique par Wacom, leader du marché, source : http://wacom.com ________________________________ - 19 Figure 18 : exemple de très mauvais lettrage, source : http://www.zudacomics.com ____________________________________________________________ - 20 Figure 19 : capture d'écran du site www.comicbookfonts.com, spécialisé dans la vente et la réalisation de lettrages pour les bandes dessinées ___________ - 21 Figure 20 : extrait de Le chat du rabbin par Joann Sfar, 2002, source : http://www.amazon.fr ___________________________________________ - 21 Figure 21 : exemple de planche avant et après colorisation assistée par ordinateur par Morvan, source : http://www.poukram.org ________________________ - 22 Figure 22 : la toute première d’Argon Zark par Charley Parker en 1995, source : http://www.zark.com/ ___________________________________________ - 24 Figure 23 : capture d'écran d'une des pages de la partie coconico classics, source : http://www.coconino-world.com/graphic_post/post_007.htm ____________ - 25 Figure 24 : case extraite de Lapin par Phiip, source : http://lapin.org/index.php - 26 Figure 25 : capture d'écran du journal ElCoyote, source : http://www.cromwell.fr/elcoyote/ ___________________________________ - 27 Figure 26 : extrain de Titeuf : le sens de la vie par Zep, 2008, source : http://www.lablondeecolo.com ____________________________________ - 28 Figure 27 : l'évolution de l'espace entre les cases sur 100 ans.___________ - 29 Figure 28 : pouvez vous deviner qu'elle sera la taille de la case numéro 2 ?_ - 29 - 79 -


Figure 29 : extrait du site de Jason Turner, source : http://www.jason-turner.com_ 30 Figure 30 : Grimmy, un strip par Mike Peters, 2009, source : http://grimmy.com- 31 Figure 31 : extrait de Pin -up, une planche au format portrait par Yann et Philippe Berthet, 1994 _________________________________________________ - 32 Figure 32 : exemple de transposition d'une planche d'un album papier à un écran (la planche est extraite de Strangers in Paradise par Terry Moore) ________ - 32 Figure 33 : par exemple une bande dessinée en ligne nous faisant faire des virages… ____________________________________________________ - 33 Figure 34 : ... ou bien nous faisant zoomer à l'intérieur des cases... _______ - 33 Figure 35 : ...nous faisant descendre des cases en escalier...____________ - 34 Figure 36 : ...nous faisant chuter... _________________________________ - 34 Figure 37 : ...nous faisant faire un défilement horizontal, et pourquoi pas case par case..._______________________________________________________ - 35 Figure 38 : ... nous faisant tourner en rond ..._________________________ - 35 Figure 39 : ... et enfin nous faisant choisir entre une multitude de routes. ___ - 35 Figure 40 : capture d’écran de la planche Agoraphobie par Raphael B., source : http://raphaelb.canalblog.com/archives/2009/03/11/12915850.html________ - 36 Figure 41 : extrait de Heat death par Drew Eleonor, source : http://www.drewweing.com/pup/13pup.html __________________________ - 37 Figure 42 : capture d’écran de Impulse freak, source : http://www.sito.org/cgibin/ifreak/display_______________________________________________ - 38 Figure 43 : vue d'ensemble de la planche Pop-Com-Uk ________________ - 39 Figure 44 : vue rapprochée de la planche Pop-Com-Uk_________________ - 39 Figure 45 : extrait de Phd comics par Jorge Cham, source : www.phdcomics.com 40 Figure 46 : capture d'écran du site PvP, source : http://pvponline.com _____ - 42 Figure 47 : capture d'écran d'une planche de Nowhere Girl par Justine Shaw, source : http://www.nowheregirl.com/episode/01/05.html________________ - 44 Figure 48 : simulation d'affichage d'une bande dessinée sur iPhone sur le site de la sélection officielle du festival d’Angoulême 2009, source : http://essentielfnacsncf.ave-comics.com/ ____________________________ - 45 -

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Figure 49 : illustration extraite du blogBD de Pénèlope Bagieu, Ma Vie est tout à fait Fascinante, source : http://www.penelope-jolicoeur.com/_____________ - 47 Figure 50 : extrait de note par Leslie Plée dans son blogBD Vue de la province, source : http://vuedelaprovince.canalblog.com/ _______________________ - 48 Figure 51 : note extraite du blogBD Chicou-Chicou, source : http://www.chicouchicou.com ___________________________________________________ - 49 Figure 52 : extrait de note par Gilles Roussel, source : http://www.bouletcorp.com/blog/index.php?date=20081118 _____________ - 52 Figure 53 : extrait d'une note par Gille Rousse, source : http://www.editionsdelcourt.fr/special/notes_de_boulet/________________________________ - 55 Figure 54 : extrait du Mingiblog de Veronique, version papier de son blogBD MissGally, source : http://missgally.com/blog/ ________________________ - 56 Figure 55 : capture d'écran du blogBD de Lisa Mandel, source : http://lisamandel.net ____________________________________________ - 57 Figure 56 : capture d'écran de la page d'accueil du Kiosque, source : http://lekiosque.fr ______________________________________________ - 59 Figure 57 : capture d’écran montrant comment se presentent les bandes dessinées sur lekiosque.fr, source : http://www.lekiosque.fr/Atalante-numero-1-LePacte-online-l144555.aspx_______________________________________ - 60 Figure 58 : capture d'écran du site ReadBox, source : http://www.read-box.com/ _ 61 Figure 59 : capture d’écran montrant comment se présentent les bandes dessinées sur ReadBox, source : http://www.readbox.com/readboxplayer.php?modeStarter=portail _____________________ - 62 Figure 60 : capture d'écran de la page d'accueil de Foolstrip, source : http://www.foolstrip.com _________________________________________ - 63 Figure 61 : capture de la page d'accueil du site de KSTR, source : http://www.kstrbd.com/ __________________________________________ - 65 Figure 62: les couvertures de quelques Miniblogs, source : http://missgally.com _ 66 Figure 63 : capture d'écran lors de la lecture d'une planche sur Zuda, source : http://www.zudacomics.com/ _____________________________________ - 67 Figure 64 : capture d'écran du site officiel des 24h de la BD, ici sur la planche de Gilles Roussel, source : http://www.24hdelabandedessinee.com _________ - 70 - 81 -


Figure 65 : detail d'une des planches de Gilles Roussel, source : http://www.24hdelabandedessinee.com/public/auteurs2009.php?id=9334 __ - 70 -

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ROUBY, Marion. Les bandes-dessinées sur Internet : vers une révolution du 9ème art ?. Mémoire pour obtenir le Master 2 Web éditorial : Université de Poitiers, 2009, 80 p. Version enligne : http://bdsurinternet.fr

RESUME : La bande dessinée, art centenaire, connaît une révolution sans précédent. Peut être le Neuvième Art va s’en trouver changer à jamais. Cette révolution : les bandes dessinées sur Internet. Dans une démarche plus communicationnelle que techniciste, nous allons explorer comment et avec quelle ampleur Internet influence le travail des auteurs de bandes dessinées, mais aussi en quoi le lecteur voit un genre pourtant si familier être chambouler.

MOTS-CLEFS : bande-dessinée/ Internet/ web/ comics/ webcomics/ blogs/ blogsBD

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