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débu e l que E t L s L e ’ O n C K t ce O e O e B ism v i t c a d’ 0 ans
CTOR
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JAMEL DEBBOUZE Rédacteur en Chef
J’
ai accepté d’être le rédacteur en chef de R.Style magazine parce que les membres de l’association R.Style sont les protagonistes du rare mouvement Hip Hop crédible qui reste en France. François Gautret : j’ai l’impression de le connaître depuis toujours. Je l’ai toujours vu en train de faire une coupole, ou d’organiser un graff, ou de monter une block party. Quand on voit l’énergie que l’association R.Style déploie et la ferveur qu’elle met dans son travail : il est impossible d’y rester insensible. Et puis, quand j’ai vu des jeunes défendre leur culture avec cette passion-là, j’ai eu envie de faire partie de leur aventure… Ils m’ont accepté comme parrain.
RSTYLE SIÈGE MÉDIATHÈQUE DES CULTURES URBAINES 74 rue d’Aubervilliers 75019 PARIS +33 (0)1 40 36 99 93 +33 (0)6 26 15 44 15 www.rstyle.fr http://rstyle.blog.canalplus.fr/
COORDINATEUR DE PROJET François GAUTRET francoisgautret@rstyle.fr + 33 (0)6 2615 44 15 DIRECTRICE ADMINISTRATIVE Hayette GAUTRET Rstyleparis@gmail.com + 33 (0)6 RÉDACTEUR EN CHEF Jamel DEBBOUZE RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Shéyen GAMBOA Sheyen.gamboa@gmail.com + 33 (0)6 62 50 93 74
JOURNALISTES Jeunes dans le programme C.E Camille LAGARDE, Jennifer PETIT, Sabira BEN EL KHEZNADJI, Mamadou TRAORE, Zakaria MEHEL, Mickael CHEVON, Myriam BOURBIA GRAPHISTE NOÉ TWO www.noe-two.com noetwo@gmail.com + 33 (0)6 20 87 21 40
SOMMAIRE 10 ANS D’ACTIVISME ET CE N’EST QUE LE DÉBUT…
Graff : www.noetwo.com
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P3 - ÉDITO PAR JAMEL DEBBOUZE P4 - RSTYLE FAIT LE MUR P6 - RSTYLE : WASA ?
I SO CHIC
P8 - LA CHUTE POUR DENIS DARZACQ
DANS L’R DU TEMPS :
P10 - PORTRAITS DE CEUX QUI ONT UN STYLE D’AVANCE P14 - RSTYLE CHEZ HERMÈS P16 - LA DÉCO BY RSTYLE P18 - SHOOTING URBAN MOVES POUR LAGABRIELLE P20 - TEXTE INÉDIT DE GAINSBOURG P21 - EVENT JEAN PATOU P22 - BEST OF FASHION
II SO AUTHENTIC
P24 - DOSSIER LE 19° ARRONDISSEMENT EST-IL LE BERCEAU DU HIP HOP ? P32 - EXCLUSIF PACO RABANNE RACONTE LA NAISSANCE DU HIP HOP FRANçAIS P34 - BBOY STYLE XAVIER PLUTUS P35 - BBOY STYLE JUNIOR BOSILA P36 - LA BLOCK PARTY REVIENT P38 - FESTIVAL URBAN FILMS P41 - UN BOLÉRO DE RAVEL HIP HOP P42 - BEST OF AUTHENTIC
III SO SHARE
P44 - LA PREMIÈRE MÉDIATHÈQUE URBAINE P46 - LE HIP HOP N’A PLUS DE FRONTIÈRE P45 - LES JEUNES EUROPÉENS PARTAGENT P48 - UN NOEL DE STARS POUR LES ENFANTS DÉMUNIS P50 - RSTYLE REMERCIE CEUX QUI L’ONT SOUTENU P52 - ZÉON RACONTE LE QUARTIER EN BD
P56 - RSTYLE PAR WALEE
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10 ANS ET CE N’EST QU’UN DÉBUT ! « R.Style en 3 mots : passion, authenticité et respect… »
Comment d’un groupe de danse en es-tu venu à une association polyvalente ? Blessé, je m’occupais de l’administratif. Ça m’a fait réfléchir. On avait de la demande au niveau programmation. Mai 99, ouverture officielle de R.Style en association pour tous les artistes du quartier ! Lors de nos fêtes réunissant toutes les disciplines du Hip Hop, Pit Bacardi, MC Jean Gabin, Neg Marrons, Moze et Sidné les graffeurs d’Agnès B. ont donné de leur temps pour le quartier. En 2002, Jamel Debbouze était notre speaker… Comment Jamel Debbouze est devenu le parrain de l’association ? DJ Abdel a présenté son frère Hichem à Jamel Debbouze. Il est devenu son garde du corps. Depuis, Jamel a trouvé son inspiration dans le quartier. Il était tout le temps au café rue Riquet. C’est ici, son quartier d’adoption. Il a vu que l’association avait vocation à créer de l’emploi. Voulant développer le quartier, c’est ainsi qu’il est devenu notre parrain. À quel moment Hayette intervient ? François : Hayette arrive à ce moment-là, en 2003. Elle a apporté stabilité et organisation. Hayette : Bénévolement d’abord, j’ai apporté mes compétences administratives et ça tombaient à pic. Puis, on a pu créer mon poste à plein temps. Pour moi, c’est plus qu’un travail, j’y ai appris beaucoup de choses.
François
Hayette
Avec plus de trente ans d’existence, le mouvement Hip Hop se structure plus que jamais ; et l’association R.Style en est l’un de ces meilleurs exemples. Voilà un collectif qui ne chôme pas. Organisateurs de formations, d’événementiels en France et à l’étranger, producteurs et diffuseurs d’artistes, ils viennent d’inaugurer la première médiathèque des cultures urbaines de l’Hexagone. Mais où s’arrêtera R.Style ? Avec leur équipe de choc, Hayette et François Gautret sont sur le terrain, créatifs, engagés, et professionnels. Dix ans, et ce n’est qu’un début… R.STYLE GARDIENNE DU TEMPLE… Non, R.Style n’oublie pas. Le quartier général de François Gautret, et donc de son association, se situe dans le 19° arrondissement, à deux pas de tous les lieux « berceaux » du mouvement Hip Hop. Et, ceci est loin d’être un détail. Avide d’histoire du Hip Hop, en savoir plus est son credo. Ardent défenseur de cette culture, et de ce quartier, son association l’est de fait. Il sait s’entourer. “Les anciens”, comme on les appelle dans le milieu, ceux qui ont bâti les fondations du mouvement français, le considère comme le petit frère. R.Style a su gagner leur confiance, si difficile à acquérir quand on n’est pas issu du pavé des années 80s. L’association n’a cessé de porter cette histoire et de rendre à César ce qui lui appartient à travers ces actions. Respectueuse et respectée, R.Style n’a plus a prouvé son authenticité.
…ET AVANT-GARDISTE Oui, R.Style est résolument tourné vers l’avenir. Graffiti, lightpainting, danse Hip Hop, beatbox, Djing, Vjing, virtual graff, stéréoscopie, speedpainting… R.Style innove toujours plus fort. Un Boléro de Ravel Hip Hop, une déco design, un cabaret urbain, un événementiel luxe et rue, 6
une street galery, un festival du film urbain… Passionné de nouvelles technologies, François porte un regard neuf sur cette culture. Hayette est la bouffée de féminité de sa créativité. Celle aussi, qui parfois lui remet les pieds sur Terre, alors qu’il entreprenait de “lightpainter” la Lune. Du rêve à la réalité, ces deux-là se complètent parfaitement. Des idées à profusion, des équipiers de talents, une association qui planche encore et toujours sur la création. Innovante et recherchée, R.Style conceptualise les idées. François, comment tout a commencé ? Hichem, mon voisin, l’un des grands du quartier, et frère de DJ Abdel m’a donné les bases de la danse Hip Hop. En 89, une salle rue de Tanger s’est ouverte pour ne plus qu’on traîne dans la rue. Hichem s’en occupe. J’y fais mes premiers pas de break. En 95, l’affluence pousse les travailleurs sociaux à me proposer de donner des cours. J’avais 16 ans, j’ai dit oui ! Un succès. En 96, je suis entré dans la compagnie de Nabil Saoudi : Quintessence, en parallèle de mes études de topographe. Il m’a transmis notamment l’écriture chorégraphique. Nous avons été programmés, entre autres, pour l’ouverture de la Coupe du Monde de Foot en 98. La même année, on nous a proposé de faire un spectacle avec les élèves de mon cours. Il nous fallait un nom : R pour Riquet, notre quartier, est devenu R.Style.
Pourquoi le 19° arrondissement est-il si particulier à vos yeux ? Hayette : En arrivant ici, j’ai connu plus de gens que toute ma vie dans le 11° arrondissement. Ici il y a quelque chose de fort. Je suis plutôt timide alors, ça m’a permit de grandir comme il le fallait. François : Je n’ai pas grandi dans la rue, mais ici, la rue est très présente à tous points de vue. Solidarité et fierté rassemblent les gens de ce quartier. C’est ce qui fait notre force. On y apprend aussi à respecter les plus grands. C’est aussi notre école, la rue. Je suis né ici et j’y vis encore. Hayette, quelle image avais-tu du hip hop avant d’entrer dans R.Style ? Hayette : Les clichés qu’une grande partie du grand public a encore sur le Hip Hop malheureusement. R.Style a complètement changé ma vision des choses. J’ai réalisé que c’était une culture à part entière. J’ai voulu que les gens la découvrent. Participer aux actions d’R.Style, ça a été efficace. J’ai vu des gens changer d’opinion sur le Hip Hop suite à nos événements. Là, je me suis dis que j’étais utile. Quelle est ta plus grande fierté au sein d’R.Style ? Hayette : Le fait de pouvoir dire chaque année qu’on a eu 30 ou 40 salariés ! Nous aidons aussi d’autres personnes à se monter en association. Nous sommes un exemple pour certains… Nous répondons à la demande avec professionnalisme et éclairons les artistes sur leurs droits. Nous sommes polyvalents. Quels sont les objectifs d’R.Style pour la prochaine décennie ? François : Créer encore des emplois. Développer le pôle formation en proposant de la diversité dans la culture Hip
Hop. Nous travaillons sur la réalisation d’un film en stéréoscopie, genre d’Avatar version urbaine dans le 19° : “Who’s the one”. Nous sommes à la recherche d’une production. Le Futuroscope et la Cité des Sciences sont sur le projet avec nous… Hayette : Continuer à évoluer, peut-être un jour en entreprise…Un lieu plus grand consacré au Hip Hop, pourquoi pas ?
R.Style en trois mots : François : Passion, authenticité et respect. Hayette : Évolution, collectif, et passion…
JANGO
RSTYLE, WASA ?
Hichem
HICHEM DIT « JANGO », Danseur émérite (Sans Limites, Quintessence, Black Blanc Beur), puis dans la protection et ami proche de Jamel Debbouze, à l’origine de la Rencontre entre Jamel et R.Style. « J’ai rencontré François : il devait être dans le ventre de sa mère. Quand il a été apte à danser, je l’ai récupéré. Il pensait plus à la bagarre à l’époque, mais je me suis vite rendu compte qu’il était déjà doué en danse. Depuis on ne s’est pas lâché. J’ai même vu les 9 mois de grossesse avant R.Style. Je suis fier de l’avoir repéré, il a même été plus loin que ce que j’imaginais ! L’association a évolué avec les bonnes bases notamment le respect. François a toujours eu les bons repères et le bon feeling. Je fais archi confiance à son association. Ils sont authentiques. Ils orientent les jeunes vers la bonne voie. Pour moi, le 19° est le berceau du Hip Hop français. Déjà, vu les noms de rues : Tanger, rue du Maroc, rue Kabylie, il y a une bonne rage et une bonne gouache ici. Je souhaite à R.Style de vieillir tout en restant jeunes, et de ne pas changer surtout : au-then-tique ! »
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PS M E T DU R ’ L S DAN
q ac z Dar arzacq,
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Atterrissage, décollage ? Qu’est-il arrivé à ce personnage ? Le photographe Denis Darzacq met en scène les b.boys d’R.Style. Instants improbables et pourtant vrais de la danse Hip Hop dans sa matrice, la série “La Chute” est née dans l’action, pour les vingt ans de l’agence VU. « Le temps était glacial, le sol très froid, se souvient François d’R.Style. La première série était assez classique, mais certains clichés nous ont donné envie de travailler sur “l’aérien”. J’ai proposé des sauts dans lesquels on ne verrait pas le départ…». Une belle collaboration voit le jour. Une initiative engagée…« Suite aux émeutes des cités en 2005, souligne Denis Darzacq, je voulais travailler avec les jeunes de ces quartiers qui, contrairement à ce que disaient les médias, savent travailler avec rigueur, avec une incroyable capacité de créativité et de réflexion, capables de s’ouvrir sur des projets, réfléchir à ce qu’on peut faire avec un photographe, inventer des mouvements et des gestes spécifiques. » C’est un ami commun, Alexandre de la Caffinière danseur classique, qui les met en relation. «François est pour moi un par-
exposition à New York au French Institut. L’une d’elles a servi d’affiche pour la SNCF, ainsi que pour le festival de Danse d’Aix, une autre a été utilisée par le chorégraphe Preljocaj pour un spectacle à l’Opéra de Paris. Le magazine anglais The Guardian y a consacré dix pages, le Newsweek USA, et le Newsweek Japon six ! « Je suis fier d’avoir, à ma façon, souligne Darzacq, rapproché la culture urbaine et la culture classique. Sans ma rencontre avec François Gautret et ses amis, je ne suis pas sûr que j’aurais réussi cette série aussi bien ! Je le remercie chaleureusement. »
François Gautret – avenue de Flandre paris 19°, janvier 2006
fait collaborateur, rajoute Darzacq, il est curieux, inventif et brillant dans ses interprétations. Son intelligence a été indispensable pour avancer et créer. » Depuis, ces images ont fait le tour du monde : prix au Wordpress photo 2007,
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DE LA CANNE
MARKO93
, LE FESTIVAL
DE LA BOMBE À LA LUMIÈRE
Et Slyde Lomalakane créa le Lyr’X. Subtile mélange de mime, de danse, d'animation et de jonglage, cette toute nouvelle discipline fait déjà sensation dans différents univers. En 2009, Raymond Domenech demande à Jamel Debbouze d’organiser une soirée détente pour l’équipe de France de Football. R.Style recrute Slyde pour cet événement. Lomalakane lance « Il paraît qu'il y a des personnes qui savent jongler dans la salle ? Je vais vous montrer ce que c'est que jongler… avec une canne. De nombreux applaudissements me saluent. En fin de soirée, l'équipe vient me féliciter. J'étais aux Anges ! » L’art jouissif de la canne naît pourtant dans la douleur. Suite à un accident en 2001, Slyde arrête net sa carrière d’acrobate. Fauteuil roulant puis béquilles sont ses nouveaux compagnons. L’inspiration voit le jour grâce à cette canne qui lui montre sa voie. « Je me suis mis à danser et créer des structures avec cette canne. Ma vie a changé. C'est une discipline complète et originale, qui a beaucoup à dire. Grâce à elle, j'ai retrouvé ma part africaine, la seule : la danse ! » C’est lors de la rencontre de danse du Juste Debout 2005 qu’il retrouve avec succès le public hip Hop. « Un moment artistique fort dont j’avais besoin. » Avec R.Style, il participe à de nombreux événements, comme le mariage de Jamel Debbouze,
MASS D U T C H S TA R
,
autre monde. Le sien. Celui de Marko originaire de SaintDenis, graffiti artist depuis 1988, et tant d’autres choses depuis. Passé maître en light painting, space painting… Marko a créé une identité graphique unique et électrique.
un Boléro de Ravel revisité à Dubaï etc. « Il y a un aspect humain sur chaque intervention, c'est ce que j'apprécie vraiment dans cette collaboration. » Slyde : une canne, un artiste, beaucoup de talent…
Mais il est dingue ? Dans le noir, Marko93 agite ses bras autour d’un homme. La foule observe dubitative. Le résultat : une image sur laquelle le personnage est habillé de lumières. Ses phases graphiques éphémères, visibles uniquement sur support photographique, semblent venir d’un
SEAN
DOUBLE
CHAMPION
Son art : danser dans les cordes à sauter, l’amène régulièrement sous le feu des projecteurs. Elle représente des marques telles qu’Adidas, Nike, ou le PSG Basket Club. France Télévisions, Canal +, ou encore Arte lui consa10
Mass, une femme qui n’a pas la corde dans sa poche…
Marko, un artiste qui marque l’éphémère pour longtemps.
,FREESTYLE
crent des reportages spéciaux. Mass parcourt le globe avec ses cordes et son équipe. Elle est invitée à représenter le Double Dutch à la grande cérémonie des 20 ans du Hip Hop en France et au festival RUE au Grand Palais en 2006. R.Style a déjà l’œil sur elle. Avec eux, elle fera vibrer le public du bout de ses cordes à sauter lors du festival Création au Zénith de Lille, de la Block Party en 2007, du Cabaret Urbain au 104, de la soirée de lancement de la publicité Adidas Originals au Gaumont Champs-Elysées. Faire tourner les cordes : tout un art que Mass compte bien développer. « Aujourd'hui, j'ai intégré une nouvelle équipe Dutch down avec laquelle je réalise enfin ce que j'ai toujours voulu faire : mélanger la danse Hip Hop au Double Dutch sous forme de vrai spectacle. » 1993, le Double Dutch n’est encore qu’une discipline confidentielle en France, mais la jolie Mass la pratique depuis déjà quatre ans. Elle s’envole représenter la France à New York lors du championnat international. « Nous ne nous sommes pas qualifiés, mais j’y ai découvert l’ampleur du phénomène ! » L’année suivante, à Washington, Mass et son équipe se propulsent à la cinquième place, pour ne plus quitter le podium.
Tout a commencé par un sentiment. « J’avais envie de peindre des fresques pour inviter à l'évasion sur les murs des cités » avoue Marko93. En 1994, il mélange des formes d’écriture arabe au graffiti et au tag. Il crée ainsi le “kalligraffism”. De l’ombre à la lumière, il met de la lumière dans l’ombre avec la kalligraffie lumineuse depuis 1999. « Je travaille toujours en musique, souligne-t-il, elle rythme mon art. Je joue avec les sens. Les supports, les outils d'expressions m'importent peu. Le graffiti sur murs, toiles, à la light painting ou space painting, c'est la même chose pour moi. Je reste toujours à l'affût du graffiti dans la rue. Quand j'en sentirai le besoin, je me poserai devant un mur. » Avec R.Style, il travaille notamment pour la soirée Adidas, la soirée Jean Patou, ou encore la fête de la Science à La Villette. Il collabore avec Manifest Production et R.Style sur le concept “City by light” et monte “Paris by light”, “Saint-Barth by light”.
ment son style : look large street wear, musique et danse Hip Hop, le tout dans un véritable show.
De la danse au foot, il n’y a qu’un rebond pour Séan, double champion du monde de Freestyle Foot 2008 et 2009. Les “simples” footballeurs n’ont qu’à bien se tenir. Cette discipline alliage de foot de rue et de danse Hip Hop fait des mil lions d’émules à travers le monde. Grâce au Web, ce football “urbain” a étendu sa toile et n’a cessé de produire des images impression nantes. C’est d’ailleurs sur le net que la carrière de Séan prend son envol. Mais le bitume reste son terrain de jeu favori, il partage sa passion avec danseurs et public de rue. Il impose rapide -
Tout a commencé par une carrière de foot balleur classique qui s’annonçait plutôt bien. Mais en 2004, des blessures à répétition mettent un terme à sa vocation. Loin de se lais ser abattre, il se forme en tant qu’ éducateur sportif. Au contact des jeunes, il découvre cette discipline qui changera sa vie. «J’ai toujours aimé les techniques. Je me suis rendu compte que cette discipline faisait passer un message, des valeurs, donc j’ai tout de suite adhéré. » Il ne cessera de faire danser son ballon rond, la suite on la connaît. Avec Red Bull, il co-organise le Red Bull Street Style national. R.Style se joint à eux pour l’organisation des sélections parisiennes et la finale au forum des Halles en 2009. Une collaboration en expansion : « R.Style : ce ne sont que deux mots, rajoute-t-il, mais ils ont bien plus de compétences ! » Séan, un champion footbalistiquement dansant…
DANS L’R DU TEMPS
DANS L’R DU TEMPS
SLYDE
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M AT T H I A S B M X
Urban Technology :
K I N G
Matthias vit pour le BMX, et le BMX vit en lui ! Deux fois champion du monde de BMX Flat en 2008 et 2009, (circuit en trois étapes à travers la monde : USA, Japon et Europe), il remporte deux fois la N.O.R.A. Cup (Number One Rider Award). Bref, Matthias sur un vélo, c’est le King de la bécane.
le Hip Hop, c’est scientifique !
Sa discipline : le flat, c’est aussi la plus complexe du BMX. Un vélo, deux roues de vingt pouces, des litres de sueur, des heures de détermination, et Matthias est le plus heureux des hommes. « J’enchaîne des figures au sol, en utilisant mon corps et mon vélo. Quand tu arrives à ce que tu veux faire, je ne connais pas meilleure sensation au monde ! C’est plus qu’une discipline pour moi, c’est un mode de vie : voyages, fêtes, amis...(rires) » S’il réussit à briller pour Red Bull au Zolotaya Lilya Festival en Ukraine devant plus de 15 000 personnes à 21 ans, c’est parce qu’il dort depuis l’âge de huit ans avec son vélo ! Avec RStyle, Matthias offre une démonstration mémorable dans une galerie d’art parisienne. Et avec RStyle, après l’effort il y a toujours plus fort : « La démo était super,
Qui a dit que le Hip Hop était tendance « old school » ? À la pointe des nouvelles technologies, la Cité des Sciences a convié les cultures urbaines au Carrefour Numérique, histoire d’exhiber les dernières nouveautés en matière d’ « Urban Technology », par le biais des activités d’Rstyle.
« Tagger la Tour Eiffel ? C’est désormais possible ! »
participer à la Fête de la Science. Technologies et Hip Hop un mariage qui dure et surtout qui a de l’avenir ! Quelques questions technologiques à Fabrice Lourie, chef de projet au carrefour Numérique
la soirée qui a suivi encore mieux. Je ne me sou viens plus de la fin ! » Les nouvelles tendances de cette discipline ? « Le Flat se lie de plus en plus avec le street, tricks utilisant le mobilier urbain. Les streeteurs font des tricks de flat et les flat landers font des tricks de street. Je pense que les deux disciplines vont fusionner ! » Bon, il faudra nous décoder tout ça, Matthias, mais c’est à l’air explosif. @ suivre de près donc.
Qu’est-ce qui lie un établissement comme la Cité des Sciences aux Cultures urbaines ? La Cité des sciences est très portée sur les arts et les sciences. De plus le Carrefour numérique, étant un espace dédié à la sensibilisation du grand public, il nous semblait opportun de proposer une thématique sur les cultures urbaines.
FAYA BRAZ Champion du Monde 2009, le groupe Under Kontrol : Micflow, Tiko, Mister Lips et Faya Braz, rayonne désormais sur le monde de la rythmique. Avec un show hors du commun, ce collectif de beatboxers est à la pointe de la tendance de cette discipline. Beat box mas ter, Faya a le rythme dans la bouche. Il est de ceux capables de faire de la musique sans ins trument, sans machine, juste avec sa langue, sa salive, et sa musicalité. « Le Humanb eatbox est la 5e discipline du Hip Hop (après Danse, DJing, Graffiti, Rap NDR), précise Faya, mais ça ne veut pas dire qu’on ne fait que du Hip Hop. On joue aussi rock, jazz ou funk. Le Beatbox est un in strument ! Une pratique universelle : sans barrière de langage, compréhensible par tous. » Des artistes de la chanson française comme Camille ou Anaïs s’y sont d’ailleurs essayées avec brio et travaillent régulièrement avec des beatboxers. Évidemment, c’est depuis tout petit que Faya fait du bruit. En 1997, il découvre Razhel, le Maradona du beatbox, dans une émission de Canal+. « Une révélation, se souvient-il, ce que j’entendais était fou ! J’ai repassé la ban de 400 fois… » Un traumatisme dont il ne se remettra jamais. François d’R.Style remarque le talent de Faya au début des années 2000. Aussitôt 12
ils travaillent ensemble : Techno Parade, défilé Marithé & François Girbaud, Reebok, Nike, Rire Contre le Racisme… Faya, orchestre et ma chines à lui tout seul, a la musique pour seul combat. « Chacun a sa propre approche. Les beatboxers sont probablement les musiciens les plus libres qui existent. »
DANS L’R DU TEMPS
BEAT BOX FOR EVER
Tagger la Tour Eiffel ? C’est désormais possible avec le Virtual Graff. Poser son blaze d’un jet de lumière aussi, grâce au lightpaintig… Nombreuses découvertes qu’ Rstyle a présenté lors de cette Fête de la Science 2007. En y regardant bien, le Hip Hop a toujours détourné et inspiré les nouvelles technologies. En premier lieu, le DJ qui détourne l’utilisation de la platine vinyle. Quoi de plus innovant musicalement à l’époque ? Depuis, le Serato a libéré le DJ, la table de mixage Hoerboard offre un bijou de design aux DJs. Les jeux vidéos misent aussi sur le hip hop : B.Boy Sony Playstation où le joueur se prend pour une grande figure du break comme Crazy Legs ou Lilou, Gettin’Up de Playstation dont l’objectif est de vandaliser toute la ville dans la peau des pionniers du graff… Nombreux graffeurs sont d’ailleurs également infographistes ! Le cinéma n’est pas en reste avec notamment : Street Dance 3D sorti récemment. Le chorégraphe Franck II Louise a créé des capteurs spécifiques afin que ses danseurs soient l’origine de leur musique.
Y-a-t-il des technologies qui se développent particulièrement pour les arts urbains? Essentiellement la vidéo et l’audio numérique. La numérisation de ces médias a facilité leur développement. Dans l’optique de diffuser les oeuvres au plus grand nombre, la numérisation et Internet se sont avérés indispensables dans la démocratisation de ces arts. Par la curiosité légendaire de l’artiste, d’autres technologies ont très vite été explorées : la capture de mouvement couplée à la danse, la photographie numérique et le lightpainting. Beaucoup d’autres ont été présentées lors de cette manifestation. Avez-vous une anecdote concernant cette collaboration? La performance des beatboxers qui ont hypnotisé le public de la Cité (très nombreux), l’extase des enfants recevant leurs clichés de lightpainting, ou même de voir les danseurs savourer le fait de voir leur avatar 3D reproduire leurs mouvements en temps réel... Nous ne pouvons qu’espérer rééditer cette incroyable expérience.
RStyle, adepte de la vidéo, a toujours été à l’affût des nouveautés en matière de nouvelles technologies. C’est pourquoi, la Cité des Sciences a fait appel à eux afin de 13
R.STYLE chez HERMÈS « Des danseurs hip hop avec la Tour Eiffel en toile de fond : magique ! » Luxe et Hip Hop flirtent depuis quelques années déjà. Une liaison qui prend tout son sens quand on pense au goût prononcé pour la perfection de ces deux mondes, mais aussi à leurs images respectives d’univers impénétrables. Une exigence commune qui a réuni R.Style et la Maison Hermès lors d’une soirée de présentation de la marque. Des silhouettes angéliques dans une gestuelle divine qui défie les lois de la gravité, pour un instant hors du commun. C’est ainsi que cette rencontre restera dans tous les esprits.
« Le 27 mars 2006, nous organisions une soirée sur le thème de “ l’Air de Paris ” au Trocadéro et nous voulions faire écho à la culture de la rue qui s’y montre quotidiennement.C’est grâce au photographe Denis Darzacq, dont nous connaissions le travail, que nous avons rencontré François Gautret et les danseurs de RStyle. L’intervention des danseurs de hip hop avait lieu sur le parvis du Palais de Chaillot Le lieu de ce mariage éphémère n’était pas un hasard. avec la Tour Eiffel en toile de fond. Magique ! » Le Trocadéro, site touristique emblème du luxe à la parisienne, est également un haut lieu de la culture Hip Hop. Le parvis vibre sous les pas des danseurs Hip Hop depuis les années 80, et le Théâtre National de Chaillot, voisin, les programme depuis régulièrement sur sa grande scène. R.Style a créé le rêve pour une soirée Hermès : luxe, énergie et volupté…
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La maison Hermès
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DÉCO PAR R.STYLE
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Et si R.Style s’invitait à la maison ? C’est chose faîte ! Comme la tendance déco est au graffiti, R.Style n’a pas hésité à adapter son activité à cette nouvelle demande. Alors pour la salle de bain, ce sera plutôt graffiti réaliste ou abstract style ? De la rue à la maison, il n’y a qu’un pas…
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Noé Two
Marko
n mur brut et riche d’aspérités s’ennuie dans un grand appartement parisien. Ils ne vont quand même pas me poncer et me peindre de ce blanc ennuyeux? Je risquerai de tomber dans la banalité et l’oubli jusqu’à la prochaine craquelure ! Les jours passent et soudain, il pense à une attaque terroriste. C’est l’équipe d’R.Style armée de ces masques et de ces bombes… de peinture. Pas question d’enduit, ni de lissage : des couleurs et des coulures, le respect des défauts du support. Une opération graffiti pour une originalité déco à toute épreuve ! Des formes irréelles, de la lumière chaude, unique je serai, unique je resterai… Avec Jay One, Noé Two, Marko, Acre, Zéon, Reyz, Zenoy, Yko, Maxy-t…R.Style propose de rhabiller, rénover, rendre unique, valoriser, façades, mobilier, véhicules, avec tout un poulle d’artistes de talents. Graffiti réaliste, figuratif, graff traditionnel, ou abstrait, les deux écoles cohabitent, même si la tendance actuelle est au graff épuré, l’importance de la forme prime sur celle du mot. R.Style a notamment rhabillé les bureaux de Jamel Debbouze, de Dj Abdel, du siège de Red Bull France, customisé des sièges by Stark, des façades pour le groupe immobilier Paris Habitat, peint des panneaux pour Holiday Inn, du mobilier pour la fête de la Science à La Villette… Leur prochain chantier ? La façade de la Rotonde de Stalingrad, futur café dansant, théâtre et lieu d’expos. On y verra l’évolution du graffiti du réalisme à l’abstrait. Graff is Back !
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Noé Two
TENDANCES DÉCO L’avis de Jean-Michel Duriez, Rochas, Jean Patou. Pourquoi du graff dans la maison ? L’un des murs de ma salle de bain était resté brut. Plus je le regardais, plus je le trouvais beau. Le miroir n’étant jamais arrivé, j’ai eu envie d’y faire un graff. J’ai fait appel à R.Style pour la réalisation. Le matin, je préfère voir de l’art devant moi, plutôt que moi en grand ! Aujourd’hui, j’ai deux petits miroirs sur ce mur qui m’intègre dans l’œuvre. J’étais tellement content que j’en ai fait faire un autre à l’entrée. C’est tellement bien réalisé, qu’aujourd’hui j’aurai des remords à déménager.
Marko
D’où vous vient cette envie d’avoir un graff ? J’ai 48 ans, ma génération a vu naître le graff. L’art urbain m’interpelle. Pour moi, ça a plus de sens et de véracité que l’art contemporain fait dans un atelier d’artiste. Le choix de l’emplacement, les messages sont plus forts. Je m’impose à vous et voilà ce que je vous dis. J’aime aussi le contexte historique qui accompagne le graff, l’aventure, la prise de risque est aussi une performance humaine à laquelle je suis sensible. Yko
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E douard L a g a b rielle
URBAN MOVES / Edouard Lagabrielle, la ville avec deux ailes « Le shooting avec R.Style avait lieu fin juin, se souvient Edouard Lagabrielle auteur de la série Urban Moves, pour être sûr d'avoir du beau temps. En me levant ce jour-là, le ciel était très menaçant. On se serait cru en automne ! Au final, le ciel très nuageux a beaucoup apporté à l'ambiance des photos. » Des danseurs volants,un instant dans le ciment, le photographe interroge le passant. Comment ne pas disparaître dans la mixité de la ville ? Comment utiliser cet urbanisme aux usages prédéfinis par d’autres ? Comment se jouer de la ville et jouer avec elle ? Voici les réponses en images. C’est lors d’un événement Reebok que le photographe rencontre François d’R.Style. Et c’est tout naturellement, que Lagabrielle pense à lui pour monter cette série photos. « Ça a été une super collaboration ! souligne-t-il. Les danseurs se sont vraiment donnés. Ils ont été force de proposition et ont enrichi le projet. Pour ça, je les en remercie. » Les photos ont été exposées au grand city store Citadium à Paris et plus récemment à la Galerie Bailly Contemporain. « Un grand merci à Claire, Jann, Bintou, Hervé, Gaston et François. » HYPERLINK "http://www.lagabrielle.net/"www.lagabrielle.net
Hervé
Claire
Jeanne François shooting pour Reebok
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L es 10 ans de Maison de Jean-Michel Duriez Patou chez J e a n
CASTING POUR JEAN-PAUL WABOTAÏ GAINSBOURG EN EXCLUSIVITÉ POUR RSTYLE « Gainsbourg, l’Afrique, il l’a rêvé, il l’a chanté… »
Un nez dans les Cultures Urbaines
En exclusivité, RSTyle Mag vous offre un des neuf textes inédits en France écrit par Gainsbourg entre 1954 et 1966. Contre toute attente, c’est au chanteur africain Jean-Paul Wabotaï que la famille du grand Serge a fait don de ces titres. Artiste déjà très reconnu en Australie, il reçoit cet incroyable héritage au nom de l’amour que Gainsbourg avait pour le berceau du monde. L’Afrique, il l’a rêvé, chanté, et lui a emprunté ses percussions, on se souvient de : Couleur Café, Bambou, Lola, ou encore Rastaquouère… Wabotaï interprète ses textes avec des sonorités africaines avec une similitude troublante dans la voix avec celle de Serge. L’artiste décide de monter un spectacle avec ces titres comprenant une chorale rap. Il se tourne évidemment vers RStyle afin de procéder au casting. Beatboxers, MCs, Djs, danseurs, chanteurs le spectacle devrait voir le jour en 2011. Voici en exclusivité l’un de ces textes :
À Pigalle ayant chanté tout l’été Désirée se trouva fort dépourvue Quand sans habits se vit nue Elle quitta l’avenue Marceau Se trouva dans le ruisseau Au bout d’un temps la famine Lui ôta ses vitamines Si bien qu’elle voulut prêter Son beau corps pour subsister Jusqu’à la saison nouvelle Je me paierai, se dit-elle, Avant l’août, foi d’animal, Un vison c’est l’principal Elle alla très respectueuse Offrir ses moindres défauts Mais bien qu’elle eût le sang chaud Elle ne put, la malheureuse, Que rester dans l’hypothèse Car ces filles, ne vous déplaise, À Pigalle, hélas, fourmillent. Serge Gainsbourg 1957
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« Si je devais faire un parfum R.Style… il serait discret, énergique, avec cette petite touche de décalé. » J.-M Duriez
Quel rapport existe-t-il entre les parfums Jean Patou et le beatbox ?. À vue de nez, rien ! Et bien, ce n’est pas l’avis de Jean-Michel Duriez, le nez de Jean Patou et celui de Rochas depuis 2009. Pour les dix ans de maison du créateur, le beatbox, le graffiti, le boogaloo et le lightpainting d’R.Style étaient les invités de marque des festivités. Retour sur une soirée luxe et Hip Hop avec un nez qui n’a pas froid aux yeux. Du Hip Hop chez Jean Patou : pourquoi ça a du sens ? Jean Patou, c’est les années folles. Juste après avoir vécu les horreurs de la guerre, 1919 : c’est un lâché total de création. Jean Patou était dans cette ambiance, dans toutes les soirées jazz. Il a créé des twin-sets avec des figures de Picasso ! Ce qui me porte à croire que s’il était encore des nôtres, il serait sensible à la culture urbaine. Je trouvais normal d’être à l’écoute de notre temps ! Pour cette fête, j’ai eu envie de donner la parole à R.Style. Ce n’était pas une lubie marketing. Ça a même pu paraître anti-marketing pour certains. Mais tout le monde est passé au lightpainting, et tout le monde a adoré. Noé Two a fait mon portrait à la bombe devant les invités subjugués. Les danseurs et les beatboxers ont vraiment été appréciés. Je ne me pose pas en connaisseur de l’art urbain, mais juste en amateur. J’ai aimé ça, et j’ai voulu le mettre en avant. Il ne faut pas hésiter, même si on ne s’y connaît pas. Je ferai de nouveau appel aux artistes d’R.Style, j’attends l’occasion
j’avais un jouet pour peindre. Désormais, lorsque je sentirai cette odeur de bombe, je repenserai aux graffs réalisés par les artistes d’R.Style que j’ai chez moi… Mon odeur préférée : c’est le kérosène pour sa magie. C’est un marqueur de sensation qui signifie : aéroport, départ, voyage… Pourtant, jamais de ma vie, je ne l’inclurais dans un parfum. J’adore l’odeur de bombe parce que c’est lié à l’art… À quoi ressemblerait un “parfum urbain” ? Là, peut-être que j’utiliserai des odeurs de solvant. Si je devais faire un parfum R.Style, j’y mettrais des notes qui rapprocheraient l’esprit de l’odeur de la bombe. Qui traduisent l’odeur urbaine, pas l’odeur de la ville. Il faudrait que j’y réfléchisse… Certains graffeurs sont plutôt discrets, il ne faudrait pas que la police puisse les retrouver à cause de leur parfum ! Il aurait une certaine discrétion, une énergie, et une jeunesse aussi, avec cette petite touche de “décalé”. Un parfum discret, sportif et unisexe. C’est comme ça que je l’imagine…
Qu’a provoqué en vous l’odeur de la bombe du graffeur ? Quand on est parfumeur, on est à la recherche d’émotions olfactives. L’odeur de la bombe, ce n’est pas une odeur qui accompagne la visualisation d’un graff, puisque lorsqu’on voit un graff dans la rue, la peinture est sèche. En tant qu’odeur pure, c’est super intéressant et émouvant. Il y a un rappel à mon enfance puisque 21
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Le ème EST-IL LE berceau
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du Hip Hop
francais? À cette question, une partie de nos intervenants, figures incontournables du Hip Hop, ont commencé par répondre : le 19° ? Bah non… Puis, la conversation avançant, l’histoire se déroulant, la salle Paco Rabanne, la Grange aux Belles, le terrain vague de Stalingrad, Tikaret, tous ces lieux-phares de la naissance du mouvement français se trouvent bel et bien dans le “grand 19°”… Ça tombe bien, c’est aussi le berceau d’R.Style !
1 - New York City Rap Tour 1982 1982, Europe1 fait venir pour la première fois le Hip Hop Américain en France à l'hippodrome de Pantin. 2 - La Salle Paco 1983 le couturier Paco Rabane ouvre une salle pour les danseurs, il reçoit également l’émission HIP HOP diffusée sur TF1 en 1985.
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3 - Fêtes et fort d’Aubervilliers En 1983 s’organise les premiers Battle de breakdance à la casse d’Aubervilliers. 4 - Le Terrain Vague de laChapelle En 1984 les graffeurs, danseurs, rappeurs et Dj organisent des FreeJam à l’initiative de Dj Dee Nasty. 5 - Tikaret En1986 le premier magasin Street Wear apparaît, ils sortent aussi des mixe-tape avec le label indépendant.
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6 - La Salle Tanger En 1989 la salle de danse ouvre afin que la guerre des bandes cesse.
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L’avis du rédacteur en chef Jamel. À cette question, je répondrais : évidemment ! Je ne sais pas s’il y est né, mais en tout cas, il y a été élevé et éduqué ! Tous les héros du 19° comme Jango… les membres actifs ont maintenu la flamme. Ils me font penser à des coureurs olympiques qui doivent protéger la précieuse flamme pour qu’elle ne s’éteigne pas. Il y a une philosophie et un État d’esprit à préserver. Merci à eux de courir.
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POURQUOI LE 19 ? L’enquête se poursuit. Pourquoi pas St-Denis, Sarcelles ou Vitry ? Le 19, par sa situation géographique stratégique devient dès le début des années 80s le point de rencontres des banlieues nord. À la convergence de différentes lignes de métro, notamment la 2 et le RER B. Les talents du Hip Hop sont drainés jusque dans les entrailles du 1-9. « Je commence dans ma cave à Sarcelles, se souvient Enrique membre des Aktuel Force. Mais, je n’y reste pas, je préfère m’entraîner là où il y a tout le monde… - Ah oui ? C’était où ? - Stalingrad, chez Paco, la Grange aux Belles… oui, c’est vrai dans les lieux phares du 19° ! »
C’EST PAS DE LA DANSE !
HISTORIQUEMENT PARLANT « Les gens du 19° ont un sacré héritage, affirme JohnyGo pionnier du rap en français et 19ien de souche. Comme le décrit Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, c’est là qu’on exposait les cadavres pour dissuader les étrangers d’entrer dans Paris. On l’appelait le Gibet de Montfaucon, situé entre la rue St Martin et la rue de La Grange aux Belles. Les bandits venaient s’y cacher, puis s’y installaient. Plus tard, il y a eu les Pompes Funèbres à la place du 104 actuel Établissement Artistique de la Ville de Paris, et les Abattoirs, à la place de l’actuel Villette… Ici, il y a eu les prises de drogues record ! Ça a l’air calme comme ça, mais c’est une banlieue. Le 10 et le 18 n’en sont que les prolongements. » Finalement, ici, l’art prend racines en enfer, la culture émerge des abîmes. C’est comme ça. C’est historique. Pourquoi la culture Hip Hop y aurait échappé ? Née dans l’enfer du Bronx, au milieu des années 70s, elle est sur le déclin dans l’underground new yorkais aux débuts des années 80s. Sortie de l’ombre par la “branchitude” new-yorkaise, elle s’apprête à envahir le monde en passant par le 19°…
NEW YORK CITY RAP TOUR 1982 Le rap a déjà quelques entrées sur les radios pirates parisiennes. « Le rap sur disque n’est arrivé qu’en 79, précise Dee Nasty le parrain du Hip Hop hexagonal. Quand il y a eu les radios libres en 81, ça a été mon combat. J’étais sur radio Arc-en-ciel dans le 18°. Mon émission s’appelait Funkabilly. Je diffusais des nouveautés dont le rap. » Culturellement parlant, le Hip Hop débarque en France en 1982, dans les bagages du New York City Rap Tour, sponsorisé par Europe1 et la FNAC, à l’initiative de Bernard Zekri futur directeur de l’information chez Canal +. Trois dates à Paris, dont l’une à l’Hippodrome de Pantin, dans le 19°. Échec commercial cuisant, mais pour Dee Nasty, c’est le catalyseur… 26
« Tout est arrivé après le NYC Rap Tour fin 82, précise Dee Nasty, il n’y a pas eu de génération spontanée. Je vois la première soirée, au Bataclan. C’est blindé. La deuxième à l’Hippodrome, il y a à peine 200 personnes, mais on découvre la force du Hip Hop à travers ses quatre éléments. C’est traumatisant ! Futura2000 et Phase2 graffent, pendant que Ramelzee et Fab Five Freddy rappent, Bambaataa et DXT scratchent. Les RSC descendent dans le public pour breaker et ouvrir les premiers cercles de France ! C’est fort. » Dee Nasty n’y va pas par curiosité. « Je connais tous les éléments : j’ai vécu à San Francisco fin 70s, j’avais 18 ans. Mon rêve : retrouver tout ça ici. Je n’avais pas compris que rap, danse, DJ faisaient partie d’un tout : le Hip Hop. Je le découvre comme tout le monde, dans un article du magazine Actuel et grâce au NYC Rap Tour. Afrika Bambaataa y explique tous les éléments, le côté philosophique de la Zulu Nation : il faut se défier artistiquement et non manuellement. J’aime ça. Il y a cette force qui motive les gamins de quartiers. »
Dan de Tikaret, l’historique boutique Hip Hop du “ grand 19°”, évoque l’événement avec une pointe d’ironie « Une affiche annonce les meilleurs danseurs de NYC… Je m’attends à voir de supers danseurs de jazz rock. Nous, on est à fond là-dedans. Là-bas, je vois Bambaataa scratcher : je ne comprends rien. Puis, les RSC arrivent, ils montent sur la tête et retombent. Je me dis : c’est pas de la danse, ça ! C’est trop nouveau pour moi, je n’aime pas. Il y a quand même un truc qui se passe, et je reste. Mister Freeze arrive avec son “moonwalk” et son parapluie : la claque. Je suis dégoûté, parce que j’ai 22 ans, et je travaille déjà dans la friperie. Je me fais chier depuis tout ce temps, et c’est maintenant que ça arrive. Dès le lendemain, à Montparnasse, on lâche vite les rollers pour essayer de l’imiter. » Tout a commencé comme ça pour une poignée de pionniers…
PANDÉMIE URBAINE Dee Nasty ne lâche plus l’affaire et contamine bon nombre de jeunes. « Dee Nasty ? Un visionnaire ! » souligne JohnyGo. Le parrain du Hip Hop français pose les premières pierres d’un mouvement culturel aujourd’hui incontournable en musique, mode, design… La pandémie se fait lentement, mais sûrement. Pour le graffeur Jay One, 19° de souche, l’histoire démarre au travers du petit écran : « Mon univers de l’époque, c’est la mouvance punk rock, la BD underground etc. C’est l’époque James Brown, mais moi je suis Clash, Ska, The Police, Kurtis Blow, Blondie. Puis, je vois une émission sur la salsa new yorkaise, on voit les Rock Steady Crew danser. Derrière, je vois un mec qui assure grave : il graffe. Je me dis, “il est bon ce gars” ! » Ce n’est que le début…
Pour le parrain Dee Nasty, les étincelles sont multiples. « À Bagneux, il y a le Centre Alpha, qui dès 82, organise des sessions Hip Hop. À Vitry, Lionel D rappe déjà en français et en anglais. À Belleville, il y a une salle de répét’ dans laquelle quelques breakers dansent mercredis et samedis. Il y a quelques soirées dans le Parc des Buttes Chaumont, mais les riverains se plaignent… Il y a sûrement d’autres choses ailleurs en Ile-de-France. De mon côté, j’atterris dans le 19 par hasard. Fin des années 70s : rue Manin, en 81 : rue de Belleville, puis Riquet en 87 jusqu’à il y a deux ans. Je suis un activiste. J’ai tout fait pour porter haut les couleurs du 19°, mais je suis bien placé pour ne pas mentir. Dans le Hip Hop, il y a pas mal de négationnisme, de tentation de glorifier. » C’est dit.
LE BRONX PARISIEN Les quartiers nord-est de la capitale regroupent les mêmes catégories sociales que le Bronx new-yorkais, voilà sûrement le pourquoi du comment. « Les 18°, 19° et 10° sont les quartiers les plus populaires de Paris, rappelle Jay. Le Hip Hop arrive d’abord à Paris, comme dans les autres grandes villes du monde. Des années 60 à 80, il n’y a pas de représentation de ces populations immigrées à la télévision, donc pas de culture de référence. Le Hip Hop permet à ces gens-là de s’identifier, et c’est accessible pour pas cher. Être à Paris nous a sauvé ! »
« Née dans l’enfer du Bronx, la culture Hip Hop s’apprête à envahir le monde en passant par le 19°… »
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LA GRANGE AUX BELLES Toujours dans le triangle d’or la salle de la Grange aux Belles, aussi baptisé Bataclan2, fait office de grande messe dominicale. « Le vrai rassemblement à cette époque, précise Dee Nasty, c’est à la salle du parti communiste rue de la Grange aux Belles ! De 500 à 1000 personnes viennent danser au son de Chabin qui mixe de supers galettes jazz rock, reggae, soul et afro beat. Je me souviens de défis de danse mémorables de Solo, des PCB contre Aktuel. On appelait ça le Bataclan, parce que Chabin faisait ça au vrai Bataclan avant, puis il a repris les mêmes soirées là-bas. » Un endroit mythique où tout le mouvement se retrouve. « Le dimanche après-midi, se souvient Lucien, parce qu’on est des minos, c’est le passage obligé. On danse tous un peu. C’est un endroit clé pour l’histoire de la danse, l’un de mes premiers souvenirs dans le Hip Hop. »
TERRAINS VAGUES « C’est à la fin des années 80s que ça quitte le 19° pour devenir un phénomène national… » Le Hip Hop démocratise la culture. Pour un mouvement de banlieue, comme les médias aiment à le caricaturer, le berceau Hip Hop est bien parisien. Bon nombre d’artistes succèdent à Eddy Mitchell, Édith Piaf et autres “blousons noirs” enfants du 19, fiers de l’être, et ayant depuis marqué le paysage artistique, Dee Nasty, Oxmo Puccino, DJ Abdel, Jay One… « Le 19° est connu pour être le berceau du Hip Hop français dans le monde entier, sourit Jay. Je me suis approprié ce territoire. Quand je suis à l’étranger, je le représente. C’est à la fin des années 80s que ça quitte le 19°pour devenir un phénomène national… » Lucien, premier français à faire des featuring avec des grands noms du rap américain dans les années 80s, est un migrant du 94. Il se souvient « En réalité, à l’époque, on n’a pas cette mentalité de quartier… On ne parle pas du 19°, 18° ou 94, on parle en station de métro. Là, où il faut être pour danser, graffer… c’est Colonel Fabien, Stalingrad. Et à Riquet : pour la guerre ! » Le 19° devient la Mecque au delà des frontières… « Toute l’Europe, rajoute Dan, vient dans “le quartier Hip Hop” de France : le succès du bouche-à-oreille ! » Et Lucien de rajouter… « C’est là, qu’il y a les vitamines du Hip Hop. »
PACO RABANNE Le Centre 57, plus connu sous le nom de salle Paco Rabanne, est ouvert gracieusement, à tous les artistes “alternatifs”. Un bel endroit, boulevard de la Villette, sur trois niveaux, aujourd’hui siège d’une célèbre société de vente aux enchères sur le net. « On ne s’est pas rendu compte avant qu’il ne disparaisse à quel point ce lieu était important pour nous. » souligne Dee Nasty. Lucien, enthousiaste, nous conduit en pèlerinage : « Je ne suis pas revenu ici depuis l’époque… C’était là, sauf qu’on entrait par la porte centrale. Il n’y avait pas tous ces bureaux vitrés au rez-dechaussée. Ça s’entraînait dans les coins et à l’étage… » Priés de sortir par le nouveau propriétaire, nous quittons le lieu des premiers battles mythiques saisis par l’émotion. 28
Dans sa dépanneuse, JhonyGo, se souvient d’une anecdote. « Un jour, l’un de nous parle au portier en costume : c’est cool de la part de Paco de nous laisser sa salle, celuici acquiesce et quitte les lieux. C’était lui ! Plus tard, je le recroise : “je veux vraiment faire de la musique, mais j’ai besoin d’une boîte à rythme !” Il me dit : “c’est combien ? Je lui dis 2000 Frs, je crois. Il sort de sa poche 2000. – Et si c’est 2500 ? Il me donne 3000… C’est le mécène du Hip Hop, mais aussi du Jazz Rock. À cette époque, les rêves sont permis, on peut toucher le monde avec notre art ! »
L’ESSOR D’AKTUEL FORCE « Un jour, se souvient Enrique, le magazine Actuel est présent dans la salle. Ils nous offrent des joggings avec le nom du magazine écrit dessus. C’est comme ça qu’on s’est appelé Actuel Force. Le K est arrivé plus tard… » C’est ici que les recruteurs pêchent les nouveaux talents. Un producteur italien cherche les PCB pour une grande tournée. Il sait que c’est chez Paco qu’il les trouvera. Mais ils ne sont pas là. Les Aktuel Force, si. Finalement, ce sont eux qui partiront en tournée pour des mois de contrat. La salle Paco située stratégiquement, entre Tikaret, Stalingrad, et la Grange aux Belles, devient au milieu des années 80s le nid incontournable de nombreuses vocations. Sidney y tourne même quelques émissions de la mythique H.I.P. H.O.P…
Avant le célèbre de La Chapelle, il y a celui de Rébéval à Belleville, 19°. Le premier terrain investit par les graffeurs. « Il y a même une fête de la musique là-bas, se souvient Dee Nasty. Ils y font quelques fresques, mais très vite il y a des constructions. Doc, un métis de Belleville, a été le premier à peindre dans ce terrain. » La première émission TV de Hip Hop au monde : H.I.P. H.O.P. de Sidney sur TF1 s’éteint pour d’obscures raisons fin 84. Pour beaucoup, c’est le début de la fin, ou le creux de la vague. C’est sans compter sur la résistance qui a trouvé un nouveau terrain de jeu… 85, le graffeur Ash2, membre du collectif BBC, se rend à la salle Paco Rabanne. Sur son chemin, entre les métros La Chapelle et Stalingrad, ligne 2, il découvre un grand terrain vague. « Sur la façade extérieure, se souvient son camarade Jay, les Musulmans Fumants, des peintres de la ville dans la figuration libre, avaient peint. Ash2 saute le mur… C’est parce qu’on est visible du métro aérien qu’on trouve bien de s’installer là. » Situé dans le 18, à la frontière du 19, ce terrain est le lieu idéal pour graffer en plein jour, à l’abri des regards. Les BBC le transforment en galerie d’art clandestine. Le bruit court à la vitesse de la lumière. Tout le monde s’y retrouve.
BARBECUES ET FREE PARTYS « J’y mets la musique, précise Dee Nasty, et elle ramène danseurs, rappeurs et postulants DJs… » ; « Que de souvenirs dans ce terrain, soupire Jay. On joue au baseball, on fait des barbecues. On y roule dans une voiture abandonnée. Les flics traînent au poste ceux qui courent le moins vite, et appellent les parents, même ça, c’est marrant ! Il y a une bouche d’égouts, un jour, quelqu’un est tombé dedans… Beaucoup d’Européens viennent sur le terrain. En France, on est porte-drapeaux du Hip Hop. » Et puis, surtout, dans ce terrain il y a les mythiques Block Parties, fêtes de rue, de Dee Nasty. L’esprit, le vrai est là. « Le terrain est un catalyseur, les quatre éléments se retrouvent au même endroit. Majestic et Kader demandent 2Frs dans un Kangol, pour entrer dans le terrain. Je récupère le chapeau, ça paye le groupe électrogène. »
RENAISSANCE À STALINGRAD Les pionniers du rap y testent leurs rimes. « Avec Destroy Man, souligne JohnyGo, on rappe à Stalingrad. Dee Nasty oublie parfois l’essence pour le groupe électrogène. Pendant qu’on rappe, la musique s’arrête d’un coup, il est obligé de chercher de l’essence avec son vespa… » ; « C’est notre petit New York à nous, rajoute Dee Nasty. Grâce à ces 200 personnes rené le Hip Hop. Savoir que ce terrain a une aura, nous rend fiers. L’Europe y vient se ressourcer, comme dans le Bronx. La passion a cette force ! C’est à Paris plus qu’ailleurs. » Pour Dan, responsable de la première boutique Hip Hop Tikaret, c’est le même traumatisme : « Pour certains : c’est Saint Denis le berceau, pour moi c’est le 19°, et le terrain vague. Je ne connais pas d’autres endroits de rassemblement à St Denis ou ailleurs. Sur le terrain, on ne se pose pas de questions, on va les uns vers les autres. S’il n’y avait pas eu le terrain, il n’y aurait pas eu Tikaret. »
LA FIN D’UN TERRITOIRE Les danseurs s’entraînent douloureusement sur une dalle de carrelage noir et blanc à l’emplacement d’une ancienne maison. Mais lorsqu’il faut construire le grand centre de tri postal, c’est par la dalle que l’on commence le forage. Les danseurs sont donc les premiers à quitter les lieux. « Le terrain dépend du commissariat de la rue de Tanger dans le 19°, précise Dee Nasty. Les flics dans le terrain : c’est régulier, mais ils surveillent surtout les toxicos qui viennent se shooter. 29
Teddy “ CKC“ - Dan Tikaret Le fait qu’on soit là, évitent qu’il y ait trop de toxicos finalement. Il y a une sorte de consensus. Puis, le commissaire change, et la politique du commissariat avec. Plus de tolérance ! » Les fêtes se poursuivent jusqu’à l’automne 86. « On est victime de notre succès, souligne Dee Nasty. On rassemble jusqu’à 250 personnes. On a même fait un feu pour la dernière au mois de novembre… puis les CRS débarquent. “Ne revenez jamais, ça pourrait vous coûter cher !” Ce que je fait. » Le terrain vague a permis au Hip Hop de tenir pendant les années de traversée du désert. Les graffeurs y officient jusqu’en 87.
TIKARET : ROBES DE COCKTAIL ET BASKETS Autre lieu emblématique de l’Histoire du Hip Hop et du “grand 19” Tikaret (commerce en turque), rue du ChâteauLandon. « Au début, se souvient JhonyGo, il y a des fringues de femmes et des baskets. Bando en a même volés ! » ; « Tikaret fait partie de ces points stratégiques, se souvient Lucien, il faut s’y retrouver, les infos circulent par là-bas. » Tout commence grâce au terrain vague, fin 85. « Je cherche un commerce pour la friperie de mon associée et moi, se souvient Dan. J’en trouve un à Château-landon, un ancien bar louche. Je me dis, c’est à côté du terrain vague, je pourrais m’entraîner après la fermeture ! On est au croisement de trois communes : 18, 19 et 10. Mais la boutique est protégée par les gars du 19 ! Les autres boutiques se font canner, pas moi. Dans la friperie, on vend surtout des robes de Cocktails. C’est pratique la boutique, c’est un moyen de se retrouver puisqu’on n’a pas de portable à l’époque. »
LE 19 SUCCURSALE DE NEW YORK Finalement, les graffeurs des BBC forcent l’Histoire, et Tikaret devient la succursale de New York. « Comme je vais à NYC régulièrement pour ramener de la fripe, ils me prennent la tête pendant six mois pour que je leur rapporte des ceintures avec leur nom dans la boucle. Finale30
ment, je trouve le grossiste à Chinatown, et c’est parti ! » 86, il faut amorcer un virage. Six mois après, la boutique devient 100% Hip Hop. On vient de toute l’Europe pour le terrain vague, mais aussi pour faire ses courses. « Heureusement qu’il y a Tikaret, rajoute Dee Nasty, sinon pour la sape, c’est catastrophique. » Très vite, la presse lui fait de l’œil. « 7 à Paris d’abord, se souvient Dan. Puis Canal +, Paris-Match, Libé, Nova. Une seule mauvaise presse : France-Soir. Ils ont déformés mes propos, n’ont parlé que dépouille et gangs. »
TIKARET, UNE ÉCONOMIE HIP HOP La boutique devient un modèle, un espoir. « Grâce à Tikaret, rappelle Dan, les gens ont commencé à gagner de l’argent avec le Hip Hop. Cassettes, Magazines, T-shirts… Certains se sont identifiés à moi. Ça leur a donné envie de quitter leur banlieue et faire du commerce. Un noir derrière la caisse, c’était donc possible. Ça les rendaient fiers. Xuly Bët, Airness, Dia, venaient me déposer des pièces. Dans ma boutique, les jeunes étaient considérés comme des clients comme les autres. Pas un seul instant, je n’ai été malheureux. Cut Killer est venu y faire ses mixtapes dans le studio en bas. Kery James y a enregistré sa première maquette. Booba venait s’y entraîner. Bea vendait ses bijoux. Ça a été la maison mère pour beaucoup… Je suis resté dans le 19, jusqu’en 97. Les gens ne montaient plus jusque là : peur de la dépouille. Direction les Halles… »
DÉPOUILLE, ZOULOUS ET CIE
« Dans le 19, en particulier dans le quartier de Riquet, précise Dee Nasty, il y a un état d’esprit gang, qu’il n’y a pas ailleurs dans Paris. Les banlieues existaient avant le Hip Hop. Il a fait qu’elles se sont trouvées une identité, et qu’elles se sont collées au modèle américain. Les Requins Vicieux de Gare du Nord et les Requins Vicieux junior notamment avaient le côté sombre, et le côté flamboyant artistique. »
DANS LE 19, LES HÉROS S’APPELAIENT…
RADICALISATION DU MOUVEMENT
ÉPILOGUE
De Paris, en banlieue… « La presse dissout le mouvement parisien en véhiculant une image sombre du Hip Hop, se souvient Jay. Il y a les gangs radicaux comme à Sarcelles. Il y a de la dépouille, alors les gens ne viennent plus. La musique se radicalise : Secte Abdulaï, Public Enemy. Sarcelles et St-Denis sont les deux premières banlieues à devenir Hip Hop. »
Aujourd’hui, le pôle nord-est n’existe plus singulièrement, mais reste une force grâce notamment à l’association R.Style et la Médiathèque des Cultures Urbaines. Pour Jay, le 19 c’est le paradis : « Je n’habiterai pas ailleurs ! Il y a une diversité incroyable ici. C’est vaste et en relief. Il y a le métro aérien, le canal, les Buttes Chaumont. C’est séduisant. La banlieue est une sale invention ! C’est vert, mais c’est chiant. Ça t’écarte de tout ce qui peut être intéressant… Avec R.Style, on a l’intention de mettre 4 sculptures, les 4 éléments du Hip Hop, pour commémorer les débuts du Hip Hop en France dans un parc du quartier. » Alors, rendez-vous pour l’inauguration dans le 19 !
À cette époque, Dan se lance dans la basket. « À 11h, il y a déjà la queue devant la boutique. À partir de 89, ça devient chaud : en Suisse, j’entends, “faut pas aller à Tikaret, tu te fais dépouiller !” Alors quand le mec achète, on raccompagne notre clientèle au métro : service aprèsvente ! » Au même moment, un boycott général de tous les disquaires parisiens a lieu sur le rap. « Trop de vol, affirme Dee Nasty, trop de danseurs devant les boutiques. Ça fait pagaille. Les disquaires disent que le rap est mort. Je n’y crois pas. » La Culture Hip Hop en étendant sa popularité se dilue en y perdant quelques plumes de créativité…
Dee Nasty, Jay One, JohnyGo, Hichem, DJ Abdel, Bando, JeanGabin, Noël des Nec Plus Ultra, Skki, DJ Max, Big Brother Hakim, Oxmo Puccino, Pit Baccardi, Claudine des Ladies Night, DJ Romento, Natacha la première rappeuse blonde de Riquet…
LES SUPPORTERS Les années Mitterrand veulent changer les choses. Avec Jack Lang au Ministère de la Culture, des subventions sont débloquées pour les associations artistiques. On décentralise la culture, et celle des jeunes : c’est le Hip Hop. Les MJC de l’Hexagone s’équipent, et les groupes de rap se structurent. Le Hip Hop gagne les banlieues et la province. « Paco, Bizot, Massadian, Agnès B, souligne Jay, ont été mécènes du Hip Hop. Ils aiment la Culture et n’ont pas peur des jeunes. Grâce à leur ouverture d’esprit, ils ont contribuer à l’évolution de ce mouvement. »
Dj Dee Nasty
JohnyGo
Fin des années 80, le vent tourne. La guerre des gangs reprend de plus belle. La Zulu Nation, ses rassemblements “Fêtes et Forts” à deux pas du 19, au Casse-autos du Fort d’Aubervilliers, aux Francs-Moisins, et ses beaux préceptes sont balayés par l’amalgame que font les médias entre : zulus et gangs. « On se disait zulu, se souvient Lucien, ça représentait le Hip Hop, une appartenance. Mais je ne le criais pas sur les toits. C’était de la musique et du mental. Je ne portais pas pour autant de colliers. Le fait d’avoir des codes a séparé les gens… Les histoires de quartiers, d’arrondissements, ont commencé. À Riquet, il y avait les CKC… ambiance de gangs, de bandes, l’endroit où il y avait le plus de vaillants ! Ils étaient toujours en guerre avec les BD (Black Dragons). » La Salle Riquet, rue de Tanger, ouvre ses portes en 89, pour palier à cette guerre des gangs, à l’initiative d’un travailleur social Raymond Latour. Hichem, le frère de DJ Abdel, y fait le jour et la nuit. Certains y breakent, comme François Gautret futur porteur de projet d’R.Style, d’autres…y sont.
Jay One
Lucien
Xavier
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PA C O R A B A N N E , raconte la « Salle Paco »
J’ai amèrement regretté que les voisins ne comprennent pas l’intérêt de cette salle. C’était quand même mieux que les mômes soient là, plutôt que dans le métro ? Acceptez-vous le qualificatif de mécène de la danse Hip Hop à l’époque ? Oui, je me suis battu pour qu’ils aient un lieu pour être tranquilles, les jours de pluie etc. Certains ont participé à des défilés pour moi… J’ai 76 ans, ma mémoire flanche, je ne me souviens pas des noms. Souvent je dis que je commence à être attaqué par Eisenhower (rires)… J’étais ravi de les voir évoluer ensuite à la télévision etc. Je regrette qu’aujourd’hui il y ait un tel conformisme, une chape de plomb s’est abattue sur tout ça.
« Le Centre 57, et l’évolution de la danse Hip Hop qui s’y est joué, a été un très grand moment de ma vie… »
Il est LA personnalité qui a compté dans l’histoire de la danse Hip Hop au début de la décennie 80. Son Centre 57, que beaucoup appelaient la “Salle Paco”, situé boulevard de la Villette, était le haut lieu de rassemblement de ces artistes. Le couturier Paco Rabanne, mécène de cette culture naissante, raconte pour la première fois son admiration pour la danse Hip Hop, et le pourquoi du comment. Pourquoi avoir ouvert un lieu dédié à la musique et la danse ? Je suis le premier couturier en 1964 à mettre de la musique dans les défilés de mode. Avant, c’était dans le silence avec une “aboyeuse” qui criait le numéro du modèle… Moi, qui aimais la musique contemporaine, les Stones, les Beatles et autres, j’ai voulu y ajouter cette énergie. Mettre de la musique et faire défiler des femmes noires, ça a été un horrible scandale ! Les journalistes me crachaient au visage : “La mode, c’est pour les blancs, pas pour les négresses ! Pourquoi avez-vous choisi ces filles-là ?”, “Je cherchais des filles très belles : je les ai trouvées !” Plus tard, j’ai décidé de mettre des percussionnistes africains sur mes défilés. J’ai fait le tour des studios parisiens pour qu’ils puissent répéter. En général, on me disait : “Pas de problème, pour quel orchestre ?” et puis “Ah non, Monsieur, ça ne va pas être possible !” J’étais dans une telle colère, que j’ai décidé d’acheter un lieu pour que mes musiciens puissent répéter tranquilles. À quoi ressemblait ce lieu atypique ? Je l’ai trouvé Place du colonel Fabien, un immense lieu où l’on fabriquait des montgolfières, une forêt de bois. J’ai décidé d’en faire un lieu de répétitions. Il y avait deux énormes plateaux de danse et une vingtaine de studios, sur 3 000m2 de plancher. C’était libre pour mes musi32
EXCLUSIF ciens, mais le bruit s’est répandu dans Paris. Alors j’ai décidé de proposer trois heures par jour, trois jours par semaine, pour chaque groupe, gratuitement. Il y avait des danseurs modern jazz, africains, contemporains… Des centaines de personnes y venaient chaque jour. Parfois même certains n’avaient pas de lieu où dormir. Je leur donnais l’autorisation de s’y faire un petit coin…
Comment ont débarqué les danseurs Hip Hop au Centre 57 ? J’avais lancé un truc : les blancs étaient interdits d’accès. J’avais trop entendu : “Pas de nègres ici”. Mon lieu était réservé aux “reubeus“ et aux noirs. Un blanc pouvait venir accompagné d’un noir ou d’un reubeu…(rires) Je l’ai fait exprès. Un jour, un musicien antillais m’a dit “Mon frère fait du Hip Hop. Tu sais ce que c’est ?”, “Je vais régulièrement à New York et j’ai vu les danseurs Hip Hop en face du Plaza Hôtel, côté Central Park faire le show plusieurs fois. C’est très bien.”, “Ils font un battle de danse ce soir”, j’ai dit “Qu’ils viennent ici !”. J’ai vu arriver des tas de groupes… ça s’est passé comme ça. Leur danse était pour moi prodigieuse et parfois hallucinante… Je me souviens du petit Joeystarr, de MC Solaar et son grand frère. Tous ces jeunes s’entraînaient là. Le lieu était beau, très lumineux, très propre. Des danseurs américains sont mêmes venus avec Afrika Bambaataa (le parrain de la culture Hip Hop NDR).
Mais, il y avait également des détracteurs… Des bruits ont couru évidemment. Tout ça parce qu’ils ne comprenaient pas que je fasse ça gratuitement. Pour moi, qui suis un réfugié politique espagnol, pour moi qui avais vécu dans des conditions difficiles, je voulais que ceux qui en bavaient en France soient accueillis gratuitement dans de bonnes conditions. Des parents sont venus vérifier. Je me méfais du qu’en dira-t-on. Je refusais d’être copain avec eux, nous n’étions pas de la même génération. De toute façon, je travaillais et voyageais beaucoup à l’époque. Mon bureau était ailleurs. J’avais une équipe qui gérait la salle et les plannings. Ils me prévenaient quand il y avait des événements et des défis. Je restais dans une salle en verre. Je ne voulais pas les rencontrer pour ne pas les déranger. Je montais sur la mezzanine au troisième étage pour admirer les défis. Je voyais des figures incroyables que je ne voyais même pas à New York.
Qu’avez-vous découvert de cette culture ? Une danse inattendue et tellement incroyable. J’adorais l’enthousiasme de ces danseurs. C’était bien avant l’explosion de Michael Jackson. Pour moi, c’était une danse libre. J’ai toujours aimé sa modernité et les choses qui ne sont pas bourgeoises. Comme moi. C’est pour ça que j’ai fait des robes en papier, en métal… J’ai toujours voulu innover. Je me suis beaucoup servi de cette musique dans les défilés de mode. La culture Hip Hop vous a–t-elle inspiré dans votre création ? Oui, bien sûr. J’essayais de retrouver dans les vêtements que je faisais la désarticulation corporelle que j’adorais dans le Hip Hop. J’aimais cette désorganisation du geste de danse. La gestuelle du vêtement, c’est important pour moi. Je ne voulais pas faire défiler les mannequins comme par exemple, à l’époque, chez Dior : statiques, verticales. Les filles qui défilaient pour moi étaient libres, comme dans le hip hop, elles avaient des choses à exprimer. Ça a été un très grand moment de ma vie…
C’est très vite devenu un lieu incontournable pour les danseurs Hip Hop ? Des groupes qui avaient grandi dans la salle se sont mis à lancer des défis à des groupes de Marseille, ou de Lyon. J’ai vu débarquer des danseurs de partout pour se défier au Centre 57. Moi, je regardais ça discrètement, mais j’étais heureux. Je trouvais ça splendide… L’animateur Sidney a même fait son émission H.I.P. H.O.P., depuis chez moi. L’émission dominicale de FR3 Mosaïques aussi est venue tourner. Un jour, j’ai même vu arriver Winnie Mandela. Elle m’a dit qu’on parlait de mon initiative jusqu’en Afrique du Sud. J’ai même prêté la salle à Jacques Lang pour son concept La France a du talent. Il se passait plein de choses. Ça a été un moment superbe pour tout le monde. Pourquoi ce lieu hyper fréquenté a-t-il fini par fermer ? J’ai été attaqué en justice par le voisinage désespéré de voir autant d’étrangers venir dans cette salle. Ils ont trouvé comme excuse “ouverture sans autorisation d’une salle de spectacle”. Ils m’ont dit qu’une salle de spectacle devait avoir quatre sorties de secours et je n’en avais que trois… J’ai précisé que ce n’était qu’une salle de répétition. Mais rien n’y a fait, j’ai été obligé de fermer. 33
XAVIER B.BOY A L’ETAT PUR
JUNIOR
Une légende ! B.Boy de la première heure, Xavier Plutus n’a cessé de représenter la danse hip hop hexagonale avec classe et musicalité à toute épreuve. Représentant le crew mythique Aktuel Force dans le cœur, il poursuit aujourd’hui avec R.Style, la transmission de sa passion pour la danse à travers le monde. Un B.Boy engagé…
UN B.BOY EN OR
Tu danses depuis presque trente ans, comment voistu l’évolution des danseurs hip hop ? Xavier : Beaucoup sont très forts techniquement, mais savoir se poser sur la musique et improviser c’est plus rare ! Pourtant, c’est ça, la danse. Quand le Hip Hop a débarqué en France, on était largement moins forts techniquement, mais il y avait plus de “danseurs”. Le Hip Hop, c’est quoi pour toi ? Le cœur, pas le cerveau. La sincérité, pas le calcul. C’est valable pour toutes les disciplines Hip Hop. Il faut y mettre des sentiments. Cash Money, champion du monde des Djs, est venu au Globo en 86. J’ai vu Dee Nasty pleurer de plaisir. Le cœur parlait… La musique et l’individu sont au cœur du Hip Hop. Je collectionne les vinyls. J’ai des platines, je fais quelques schratchs, cut, pass et mix. J’ai fait aussi du remplissage pour des potes graffeurs et cartonné des métros parisiens. Raconte-nous tes débuts : En 82, on disait “le mouv”, Hip Hop n’existait pas. Je dansais le “smurf” dans les caves d’Aulnay avec Blaise, Truand, Bertin. En 83, je suis descendu au sol. Nous dansions au Bataclan, à la Salle Paco Rabanne, au Trocadéro… Mon premier groupe : Impérial Breakers a précédé Aktuel Force. Il n’y avait pas vraiment de battles, mais beaucoup de groupes : PCB, Hip Hop Force, 42nd Street, les Street kids… Comment le crew Aktuel Force a vu le jour ? Il s’est construit grâce au défilé de mode que Paco Rabanne avait organisé avec des danseurs comme Blaise, Latdior, Gabin, Maurice… Le magazine Actuel avait édité des joggings à son effigie. Et notre nom est parti de là. Un jour de 84, à la salle Paco, un producteur cherchait les PCB pour une tournée en Italie. Il a accepté de nous auditionner et nous a choisi. Nous avons gagné ce battle différé contre les PCB ! Hôtel 5 étoiles, gardes du corps, vêtements… Retour à Paris, retour à notre réalité. J’avais 16 ans, et les plans comme ça il n’y en a plus eu beaucoup dans mes débuts. J’ai compris qu’il fallait rester HUMBLE. Il y a eu le creux de la vague à la fin des années 80… et puis la transmission est devenue importante. La phase de la coupole a été décisive. Ceux qui y arrivaient restaient, ceux qui ne la passaient pas quittaient le milieu. Heureusement, il y a eu des étincelles européennes, sinon le break serait mort. L’italien Maurizio et l’allemand Storm sont allés aux USA et ont montré qu’en Europe le Hip Hop existait toujours. Les Américains avaient déjà oublié la danse Hip Hop, ils se sont remis au travail. Je me considère aujourd’hui comme un artiste à part entière. Depuis, j’ai enseigné en Afrique, en Colombie, dans les Favelas, là où les gens dansent pour le cœur… et j’adore ça. 34
B.boy Junior met le feu partout où il passe. Les podiums, il les collectionne. Médiatisé lors de sa victoire à l’émission Incroyable Talent de M6, champion du monde par équipe en 2001, Junior n’en n’oublie pas pour autant de faire ses preuves dans le milieu du Hip Hop : battles et scènes de théâtres. Fidèle complice d’ R.Style, il participe notamment au Boléro de Ravel à Dubaï. Animal, original, mais surtout fatal… Ton style est unique, comment le définirais-tu ? J’ai un physique atypique, je ne danse forcément pas comme les autres. Je suis souvent aérien sur les mains, mais je ne reste jamais trop dans la performance physique. Mon état d’esprit aussi est différent. Je veux représenter mon style le plus longtemps possible en suivant l’évolution, mais sans copier les mouvements “à la mode”. Ma danse : c’est moi, ma façon d’être. Un peu sauvage, pas forcément dans le rang. Puissance, originalité, souplesse et musicalité. J’essaie de lier ces quatre qualités qui me semblent fondamentales pour un danseur. Je donne le meilleur de moi-même en essayant de me surpasser. Il faut trouver son personnage. Si tu n’as pas besoin d’en faire trop pour qu’on le remarque, c’est qu’il te va à merveille. Certains se donnent un style et essaient de ressembler à un autre danseur à la mode… je les plains ! Plus ça va, plus je me trouve. L’accomplissement d’un danseur, c’est connaître son corps au maximum. Un danseur qui débute ne ressemble à personne, il faut tout faire pour que ça dure. Tous, dans la même direction mais sans jamais se croiser. Je reste ouvert d’esprit. Tout m’inspire : ce qui m’arrive dans la journée, les dessins animés, les bandes dessinées, les animaux. Raconte-nous ton explosion médiatique ? Les créations avec les Wanted, (sa compagnie cham-
pionne du monde 2001 NDR), et les stages que l’on a donnés tout autour du globe m’ont donné une notoriété internationale. Mais, c’est suite à une vidéo diffusée sur le net du premier Red Bull BC One, battle solo, où je me suis classé 3° mondial, que ma renommée a explosé. En 2007, j’ai remporté l’émission Incroyable Talent sur M6, ce qui m’a donné une médiatisation auprès de Monsieur et Madame tout le monde. Comment ça se vit ? Eh bien, normalement. Lorsque tu débarques à Dubaï, on te reconnaît à la frontière… quel effet ça t’a fait ? Lorsque tu vois que finalement n’importe qui peut apprécier ton travail, même des gens qui n’ont rien à voir avec la danse et encore moins le Hip Hop, c’est très fort ! Découvrir des cultures différentes grâce à la danse, ça aussi c’est fort. Ton plus beau souvenir avec R.Style ? C’est beau d’avoir vu grandir ce bébé, et de voir qu’il a fait d’autres bébés. Des projets ensemble, on en a pas mal. Certains sont en cours, d’autres en “cours toujours”… (Rires). Les événements avec Jamel Debbouze sont d’excellents moments. Plus récemment : Dubaï sous les grêlons ! J’apprécie aussi beaucoup les Blocks Parties. Des bons moments avec R.Style, il y en a eu tellement… 35
L’avis du rédacteur en chef Jamel. Ça devrait avoir plusieurs noms ce truc-là. J’ai vu une solidarité party. Un truc que tu vois que dans le 19. Des gens de toutes les classes sociales, de toutes les origines,un truc éclectique, comme la musique, avec un état d’esprit de partage. C’est ça dont Nicolas Sarkozy devrait s’inspirer pour la France : d’une block party !
DJ DEE NASTY, JAYONE, SIDNEY, JOHNNY GO, EJM, SAXO, LITTLE MC, LUCIEN, JAMEL DEBBOUZE, DJ FAB, AWER, LION SCOT, KAMALA, AKTUEL FORCE, GABIN, FOX, LAURENT FLY, XAVIER, KARIM, PCB, SOLO, WILLY, SCALP, NIKO, MAXY-T, ACRE, NOETWO, REYZ, BANGA, ALEX, KAYONE, SWEN, DAN ET CEDRIC TICARET, HICHEM, DJ ABDEL, DJ BRONCO, ZENOY, NABIL QUINTESSENCE, WALID, KANTI, ZENOY, CEET, SEZAM, DON, LADY K, ZEKI, TILT, DIRTY MUSIC, SMURF, DIZE, FLP, ROCK, DGEE, MUSTY, ANAIS, PERSU, ROCKY, THE BLIND, DJ SWEET DICK WILLY, DJ ROMETO LE JAZZ, DJ POM, DJ KIAZ, DJ TRO2BASS, VICELOW, REWIND, ARZIN, FAYABRAZ, MIC SPAWN, ARMANE, JUSTY BILOU, JUNIOR, NACERA, BINTOU, LAMINE, VALENTINE, WILLIAM, HAMED, ZEON FAST, TRANE, BAGARE, KONGO, RAMZI, END OF THE WEAK, EBENE, SEAN, ANDREAS, MATTHIAS, PHAX, MENT ET BIG, BEARZ, IOYE, MORIZIO, FAMILY, RACHDI, IBRAHIM, SIAKA, DJ PRINCETOOMS, SIDY, ANJUNA, CHABONE, DJ ASKO, DJ CLEON, 93 MC, PSYCOPAT, SONIC, PART ONE...
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URBAN FILMS FESTIVAL
AUJOURD’HUI
L’ AU T R E CIN ÉM A FRANCAIS « Le cinéma français doit ressembler à la France telle qu’elle est aujourd’hui… » Alain Etoundi - Europacorp
Premier festival de films consacré aux cultures urbaines, l’Urban Films Festival, donne le la de la nouvelle tendance du cinéma. Des personnages bruts, drôles ou pathétiques, des histoires vraies, sombres ou loufoques trouvent leur dénominateur commun dans leur décor : celui de la rue de Paris, à Boston, en passant par Sao Paulo ou Bamako. Des scénari qui mettent en avant l’art DE la rue, et l’art DANS la rue. Ça aussi, il fallait l’inventer. Le film urbain, un style cinématographique qui s’affirme, et c’est un peu grâce à l’Urban Film Festival d’R.Style. Ça tourne… La foule est hétéroclite, passionnée de cinéma, de hip hop, ou bien des deux. Un mélange qui se marie à la perfection avec pour toile de fond une autre vision de l’art. François, Hayette et leur équipe ne savent plus où donner de la tête…
U R BA N F I L M S FESTIVAL
Photo & Design : Noé Two
ARMÉ DE SON HI8
Il en aura fallu des heures de travail pour arriver à ce résultat en si peu de temps. À l’origine un passionné d’images et de Hip Hop en la personne de François Gautret. Armé de son caméscope Hi8 depuis 1996, il avale des kilomètres de bandes avec sa passion : la danse hip hop. La rue, ses danseurs, la sueur, les blessures, l’espoir. Les images parlent d’elles-mêmes et racontent la réalité de ces artistes méconnus. Et puis, le déclic vers la professionnalisation a lieu en 2001. La délégation Jeunesse et Sports du 92 le contacte pour recueillir ses bandes à l’occasion d’une exposition Les pieds sur Terre, la tête dans les Étoiles d’Anne Bruyère. « J’ai proposé de gérer mes images, se souvient François. En contrepartie, j’ai demandé une formation au montage vidéo. C’est Francette Levieux photographe officiel de l’Opéra de Paris qui m’a formé. J’ai réalisé les portraits de Gabin, Nabil, Nasty, Régis… qui ont servi à l’exposition. Grâce à ça, j’ai commencé à faire mes propres films. »
« Nous présentions des films dans des festivals où les cultures urbaines n’étaient jamais représentées, souligne François. C’est ainsi que nous ait venu l’idée d’un festival sur les films urbains. » Le cinéma MK2 Quai de Loire s’implante dans le quartier d’R.Style, celui qui a vu naître le Hip Hop. C’est l’occasion de frapper à la porte d’un vrai cinéma, qui deviendra un partenaire de choix.
DÉMMARRAGE EN FLÈCHE
2005, première édition. C’est aussi l’occasion pour toutes les réalisations de l’ombre de refaire surface. Lors de l’appel à candidature : R.Style reçoit plus de 300 films, tous supports confondus : HI8, DVD, VHS, «… tout ce que les gens avaient montés depuis toutes ces années sans jamais trouvés de diffuseurs. On a même reçu des films de grands réalisateurs comme Niels Tavernier ou de grosses productions comme EuropaCorp. » Les trois séances de la première édition sont complètes. Le festival devient une réponse à une vraie demande, les ingrédients du succès. La Rencontre prend une dimension internationale via le Ministère des Affaires Étrangères et la Commission Européenne. « On propose un catalogue de tous les films sélectionnés selon la thématique du festival qui nous accueille (les filles dans le hip hop, le hip hop : une démarche contemporaine ?), précise François, puis on refait un master correspondant. »
Rien n’est acquis, pour ne rien figer. R.Style pratique la perpétuelle remise en question pour rester à l’écoute de son temps. « Sur le web, indique François, il y a quantité de choses : des démos, des performances… rarement des films avec une réelle écriture scénaristique. Le comité de sélection de notre festival est de plus en plus exigeant sur la technique. Du reportage classique, on est arrivé à des fictions, avec de vrais jeux d’acteurs. Le hip hop s’ouvre à d’autres champs d’expression : théâtre urbain, mode, costumes… De nouvelles perspectives s’ouvrent à nous. Désormais, nous recevons quatre à cinq longsmétrages par an. Dessins animés, documentaires, fictions : la qualité est grandissante. De plus en plus de bourses sont accordées aux films urbains, de plus en plus de grandes productions s’intéressent à cette thématique. » La création audiovisuelle urbaine est en pleine ébullition. L’urban film : un style qui s’affirme et pour longtemps.
RENDEZ-VOUS ANNUEL URBAN FILM FESTIVAL, au mois d’octobre, dans de grandes salles de cinéma parisiennes, et en tournée internationale. Suivre l’actualité du festival sur w w w . r s t y l e . c o m
W W W . R S T Y L E
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Tapis rouge, pointures du genre, parterre d’invités prestigieux, sélection de qualité, des films du rire aux larmes, soirées jusqu’au bout de la nuit, et désormais des prix récompensant le meilleur scénario, le meilleur réalisateur… l’Urban Films Festival n’a presque rien à envier au Festival de Cannes. Aux extrémités du 19°, du MK2 Quai de Seine au 104, les passionnés et les curieux se pressent pour assister à une projection unique en son genre : celles de films pour la plupart inédits et qui ne trouvent pas leur place dans les festivals traditionnels. Ici, toutes les cultures urbaines ont rendez-vous avec le cinéma, sans discrimination. 38
Puis pour Zaléas TV, une télévision locale, François se retrouve à la tête de sa propre émission. Un appel à participation pour un concours européen de courtsmétrages sur 3 thèmes imposés (beauté, handicap, enfance) arrive entre ses mains. Il se lance dans le défi, en répondant aux thèmes à travers le prisme du Hip Hop. Ces trois courts-métrages font l’effet d’ovni dans la sélection du festival. C’est ce qui lui donne envie de tester ses films dans d’autres festivals. En 2004, il obtient le 1er prix avec le film Ghetto Paradis lors du festival canadien Télé-jeunes en francophonie, alors que de grandes écoles de cinéma comme la FÉMIS sont représentées. “Sincérité, authenticité” encensera même un article dans Le Monde. Une remise officielle du prix a eu lieu par la Mairie de Paris, qui s’étonne que l’association n’ait pas pu financer son voyage au Canada.
Marko & Noé Two
UNE BELLE HISTOIRE
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BOLÉRO HIP HOP POUR LE SHEIK DE DUBAÏ
L’AVIS DU RÉALISATEUR Présente dès la première édition à l’Urban Film Festival, Nadja Harek, originaire de Montpellier, est passionnée de vidéos, mais aussi de culture Hip Hop depuis l’enfance. Sa spécialité : suivre les danseurs dans les coulisses de grandes compétitions comme le Battle Of The Year.
« Le métissage danseurs classiques-danseurs Hip Hop a très bien fonctionné. »
pour ces thématiques maintiennent les auteurs dans une précarité, c’est dommage. Une nouvelle écriture, amorcée sur le net, et engendrée par une nécessité de s’exprimer coûte que coûte, a permis à certains de s’engager vers les longs-métrages. Ce cinéma a des choses à dire, et le fait tant bien que mal, avec les moyens du bord. De nouvelles D’après vous, qu’est-ce qu’a apporté Quels sont les enjeux aujourd’hui d’un chaînes apparaissent, plus pertinentes, plus libres, plus autocinéma «urbain» ? ce festival d’une manière générale ? Plus d’informations aux specta- C’est le représentant légal de ces nomes. C’est l’avenir. Créons nos teurs : cette culture est encore «minorités visibles» absentes des propres vitrines. Plus le monde trop jalonnée de préjugés. Il y a écrans, aux institutions de l’ac- verra nos films, mieux notre eu un vrai développement du film cepter. La frilosité des diffuseurs culture sera comprise.
Noé Two & T.Kid 170
L’AVIS
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DE
L’EXPERT
urbain. Ça a motivé beaucoup de réalisateurs ! Ça m’a permis de montrer mes films dans une belle salle de cinéma à Paris. Le fait de pouvoir observer le public réagir directement a été gratifiant pour moi. J’y ai rencontré El Diablo et IZM, scénaristes et créateurs des LASCARS avec qui j’ai pu travailler par la suite.
maghrébine, asiatique et autres, plus le cinéma français sera riche Alain “Beef ” Etoundi, directeur du pôle de sa “pluriculture” et encore urbain pour la maison de Luc Besson plus prolifique. Europacorp, membre du jury de l’Urban Film Festival, plante le décor d’un Que pensez-vous de cette initiative cinéma urbain. d’Urban Films Festival ? C’est très honorable, surtout en ce moment. Ce festival comme quelques autres tels que Génération Court ou les Pépites du Cinéma sont des bouffées d’oxygène pour grand nombre de personnes. Pour une population souvent stigmatisée, montrée du doigt, pouvoir s’exprimer et s’affirmer à travers des Quels sont les enjeux aujourd’hui d’un films est une belle reconnaiscinéma «urbain» ? sance. Mais comme le dit souvent Le cinéma français doit retrans- Luc, il y a quelque chose qui est crire la France telle qu’elle est très simple à faire : écrire. aujourd’hui, et admettre que la culture urbaine est indispensable Quel soutien apportez-vous à cet au 7ieme Art. Plus il y aura de événement ? comédiens, scénaristes, réalisa- Pour l’instant, malheureusement, teurs, français d’origine africaine, ce n est qu’un soutien physique,
en tant que membre du jury. Mais très prochainement avec la Cité du Cinéma de Luc Besson à Saint-Denis, nous pourrons aider plus concrètement ce genre d’événements, et aider les participants à réaliser et monter leur projet cinématographique. Ce qui lie mon association Barback Rouge et R.Style c’est le sens du partage et la transmission de valeurs saines aux plus jeunes. Des valeurs que R.Style, puise dans le mouvement Hip Hop.
Un Boléro de Ravel version Hip Hop et résistant à toutes épreuves ? Un défi à la hauteur de l’équipe d’R.Style ! Commandité par le Prince Mohamed, Sheik de Dubaï, François Gautret et Morgan Dragon ont pris les rênes de la scène dans le cadre de la célèbre course hippique Dubaï World Cup 2009. Classique, contemporain, Hip Hop, un spectacle haut en couleurs, fort en sensations et surtout résistant aux intempéries… Des grands noms de la danse Hip Hop Junior, Walid, Xavier… ainsi que Mia Frye, le danseur Étoile Alexandre Galopin, et la compagnie contemporaine Attractif pour une pièce maîtresse de Maurice Béjart, voilà une distribution avant-gardiste comme les aime ce ‘pays-ville’ résolument tourné vers le futur. « Une agence française implantée à Dubaï, mandatée par le Sheik, précise Hayette d’R.Style, nous a contacté pour monter un Boléro de Ravel version Hip Hop et se mêlant à la danse classique dans le cadre des festivités de la course hippique World Cup. » Ah Dubaï ! Ses palmiers, sa course hippique de réputation internationale, ses températures caniculaires et son ciel bleu en toute saison… enfin presque, parce que l’édition 2009 voit l’azur s’assombrir dangereusement à la tombée de la nuit lord du filage. Impossible de dormir. De l’Hôtel, les danseurs prennent conscience de l’ampleur des dégâts. Six heures du matin, un nuage noir menace et se transforme en quelques secondes en un immense orage. Des grêlons gros comme des balles de golf s’abattent férocement sur les structures de la course. Leur scène s’est effondrée, le désert est blanc
de grêle. On leur annonce dans un premier temps que le show est annulé. Le temps d’un petit-déjeuner, et la solution est trouvée. L’événement est totalement réorganisé en centre en ville. « Les résidents nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu ça dans le désert, affirme Hayette d’RStyle. Quatre heures avant l’événement, il a fallu reconstruire la structure en un temps record. » Les techniciens se mettent au travail, la scène est reconstruite presque à l’identique. Il faudra réajuster le show sur une scène deux fois plus petite. « S’ils sont capables de refaire une telle structure en si peu de temps, affirme François, nous devons être capable de remettre rapidement en place le Boléro dans de nouvelles conditions. » Malgré les précipitations et la précipitation, le spectacle a été un succès. « Depuis, on retravaille pour le Sheikh, ajoute-t-elle. Il est intéressé par un Dubaï by Light en light painting. Comme le métissage danseurs classiques-danseurs Hip Hop a très bien fonctionné, l’agence nous a demandé de réfléchir à de nouveaux concepts. Depuis, on a rejoué le Boléro à Abu Dhabi avec Mia Frye…» Rien n’arrête R.Style !
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VOIR, ÉCOUTER, ET ÉCRIRE L’HISTOIRE,
la 1ère Médiathèque des Cultures Urbaines ouvre ses portes « Véritable caverne d’Ali Baba pour les curieux de culture, l’équipe a dépoussiéré pellicules, Hi8, fanzines collectors, et autres parchemins sur le hip hop… »
L’avis du rédacteur en chef Jamel. Je trouve que c’est un des plus beaux endroits du monde : cette médiathèque, comme toutes les médiathèques du monde. Son utilité est fondamentale : ouvrir les sens de celui qui y pénètre. Si un funky drumer de James Brown tombe sur la bonne personne, il se peut que ça l’inspire et qu’il ponde un chef d’œuvre lui-même derrière.
en images d’archives, soulignent-ils, en explorant leurs différentes influences de la capoeira, au Mime Marceau, en passant par les danses russes et les arts martiaux... » À l’origine de cette initiative originale : une frustration. « L’idée est née lors de l’Urban Films Festival que nous organisons depuis 2005 avec les cinémas MK2, racontent-t-ils. Chaque année, lors de l’appel à participation, nous recevons en moyenne 150 films. Une trentaine seulement est diffusée pendant la sélection officielle. Nous nous retrouvons avec de nombreux documents intéressants, mais non diffusés. Nous souhaitions que tout le monde puisse en profiter. »
les premiers danseurs urbains dans son lieu ? Dans quel film urbain Jean-Claude Van Damme a-t-il fait sa première apparition cinéma ? À combien se vendent les toiles de graffiti artistes aujourd’hui ?… Toutes les réponses sont à la Médiathèque des Cultures Urbaines.
UNE MÉDIATHÈQUE IN THE PLACE TO BE
Mais comme tout n’est pas si facile avant l’inauguration R.Style a connu les sueurs froides. Les principales difficultés que l’association a rencontrées ? « Trouver des partenaires financiers, soulignent Hayette et François. Le Hip Hop est encore incompris de certaines structures, fondations, entreprises mécènes... Mais tout ça est en train de bouger. L’autre challenge a été de trouver un lieu suffisamment grand pour accueillir l’intégralité du contenu de la médiathèque. Pour l’instant, un premier pas a été fait. » Et bien évidemment c’est dans le 19° arrondissement, à deux pas du 104 l’établissement artistique de la Ville de Paris, qu’elle fleurira. Dans le terreau du Hip Hop français diront certains ! La Médiathèque des Cultures Urbaines : une source d’information incomparable pour tous ceux qui ne se contentent pas de ce que les grands médias racontent sur le hip hop. À visiter de toute urgence…
Véritable caverne d’Ali Baba pour les curieux de culture, l’équipe a dépoussiéré pour vous, vieilles pellicules, cassettes VHS, films Hi8, magazines, fanzines collectors, et autres parchemins…( enfin presque). « Des fictions, énumèrent en chœur Hayette et François de R.Style, des courts et des longs-métrages, des reportages, des films d’animation, des comédies, des inédits et des introuvables sur le web ! » Révéler le meilleur, comme le pire, histoire de se faire une idée sur ces cultures, mais surtout pour comprendre sa richesse et son avenir certain, c’est le pari de R.Style. « On y trouvera notamment des documents sur les origines de la danse urbaine
Unique en France, ce lieu dédié à l’Histoire de ces cultures, en plus de 3000 documents audio, vidéo et écrits, sera en perpétuelle ébullition. Non seulement, ces cultures émergentes pour la plupart à peine trentenaires inspirent encore beaucoup les auteurs, réalisateurs, mais elles évoluent presque au quotidien ! Et comme ça bouge sans cesse du côté de la rue, il y a toujours des choses à dire, des polémiques, des artistes à découvrir, des nouvelles techniques à explorer. L’occasion de vivre l’interactivité avec ces cultures aura lieu chaque mois à la Médiathèque : débats, rencontres, expositions… À la fois référence pour les professionnels, chercheurs, et étudiants, ce lieu
INFOS + Documents audio, vidéos, et écrits à consulter sur place du lundi au vendredi de 13h à 19h, la matinée étant réservée aux groupes, scolaires, chercheurs, professionnels… et le samedi de 11h à 18h pour tous publics. La Médiathèque des Cultures Urbaines : 74 rue d’Aubervilliers Paris 19°, métro Stalingrad ou Riquet (ligne 2, 5 et 7). Rens. : 06 26 15 44 15 ou 06 17 82 49 50. La Médiathèque est soutenue par : Immobilière 3F, Mairie de Paris, DPVI, Région Ile de France, DAC, Mairie du 19e, DRDJS, Fondation SFR…
Pour ceux qui rechignaient à aller au CDI du collège, voilà une occasion sans pareille de se réconcilier avec la bibliothèque ! La première Médiathèque des Cultures Urbaines de France a ouvert ses portes à Paris le 21 avril dernier à l’initiative de l’association R.Style. Plus de 100m2 du 19 arrondissement pour tout voir et savoir sur la culture Hip Hop et les cultures urbaines. Sortez vos poscas…
Maire du 19°
Qui a inventé le mot “Hip Hop” et que signifie-t-il ? Qui a appris à Michael Jackson à faire le “moonwalk” ? Comment la première émission Hip Hop au monde s’est retrouvée sur TF1 ? Quel créateur de mode a accueilli
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sera également un véritable tremplin pour les jeunes artistes. Mais pas seulement. Un book d’artistes photos et vidéos, pour les talents des cultures urbaines, sera disponible dans les locaux. Tous les mois, la médiathèque sera de sortie pour partager son contenu. Le Comedy Club accueillera les soirées « Do The Right Mov’ ». Au programme : projection des films cultes du genre, suivi de rencontres avec des réalisateurs, artistes, passionnés, distributeurs, producteurs... puis soirée dansante animée par des Djs.
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OUVRIR LES FRONTIÈRES AUX JEUNES POUR LA COMMISSION EUROPEENNE
souligne-t-il. J’y ai beaucoup appris. Ce sont des acquis dont je me sers pour diriger mes projets… C’est pourquoi, aujourd’hui, je souhaite faire profiter les jeunes de ces expériences européennes qui leur ouvrent des portes ». « Grâce au circuit d’échanges de la Commission Européenne, les projets audiovisuels d’RSTYLE ont pu voir le jour. » La Commission Européenne et R.Style marchent main dans la main pour le développement des initiatives jeunes. Plusieurs fois par an, l’association envoie des jeunes aux quatre coins de l’Europe échanger sur un même thème avec leurs voisins soutenus par la Commission. Se découvrir, se comprendre et surtout partager pour avancer.
« Ça m’a permis de développer mon réseau à l’échelle internationale, soutient François Gautret, de construire et d’échanger avec des regards différents. » En effet, le porteur de projet de R.Style a lui aussi été l’un de ces jeunes envoyé par l’Association Zaléas TV soutenue par la Commission Européenne en 2002, afin de développer les liens entre 46
populations. Et, on voit aujourd’hui le résultat avec l’essor de l’association et de ses multiples activités ! La Commission finance la rencontre entre jeunes afin de provoquer une réflexion sociale comme sur le thème des arts urbains, des problèmes des quartiers, des œuvres humanitaires, des opérations scientifiques, mais aussi pour participer à des séminaires, ou des formations… « J’ai notamment participé à un séminaire sur “Le leadership” en Italie, grâce à l’association Civitas Solis et la Commission Européenne,
Nassim, 20 ans, est l’un adhérents d’R.Style envoyés à la rencontre de jeunes européens en Italie, en 2009, sur le thème de “La Culture Hip Hop en Europe”. « J'y ai beaucoup appris au contact de jeunes lituaniens, se souvient Nassim. En tant que pays jeune, son art en général, mais surtout sa culture Hip Hop, sont naissants et en pleine expansion. » Lui, jeune b.boy, a notamment échangé avec un danseur polonais. « Du coup, rajoute-il, cette année
une nouvelle rencontre va avoir lieu, cette fois à Varsovie, sur le thème : “One Love, le b.boying”… » Pour Myriam, jeune danseuse adhérente, c’est la relation humaine qui a primé : « Aller à l'étranger pour promouvoir sa discipline avec des amis, c'est le pied. J’ai échangé beaucoup de “moves” avec les autres européens. Génial ! » Des parcours de jeunes enrichis par cette expérience qu’R.Style et la Commission Européenne ne manqueront pas de suivre de près.
R.STYLE AIRLINES, LE TOUR HIP HOP-ERATEUR Découvrir Paris sur le thème des Cultures Urbaines, c’est aussi rencontrer les légendes vivantes de cet art. « L’an passé, se souvient-elle, nous avons réalisé le rêve de l’un de ces jeunes, amateur de b.boying, en lui présentant Xavier Plutus, pionnier de la danse Hip Hop française. Il était très ému… Nous avons vécu quelques rencontres mémorables comme celle-ci. » Chaque participant emporte des documents illustrant la culture Hip Hop de son pays afin d’échanger entre touristes et tisser la toile urbaine avec des contacts hexagonaux. Le groupe suit les événements de la quinzaine Hip Hop à Paris : le festival Paris Hip Hop, et visite des lieux mythiques comme l’Élysée Montmartre ou le Palace. Des jeunes adhérents formés par RStyle jouent les guides touristiques durant ces dix jours de visite !
CARTE POSTALE HIP HOP POUR LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES « Découvrir Paris sur le thème des Cultures Urbaines, c’est aussi rencontrer les légendes vivantes du Hip Hop » Le bureau de poste de Stalingrad, la rue du Château-Landon, la piscine du Forum des Halles… ne sont pas des adresses habituelles des circuits touristiques de la Capitale. Et pourtant, elles sont les principaux sites visités par le tour-opérateur d’R.Style. Pour le Ministère des Affaires Étrangères, l’association organise une visite insolite du Paris Hip Hop chaque année. Et oui, R.Style, c’est aussi une agence de voyages ! Pas tout à fait comme
les autres, puisqu’elle propose de découvrir Paris à travers les lieux mythiques qui ont marqué l’Histoire de la Culture Hip Hop française. Toujours avec cette volonté de servir la légende urbaine, R.Style en colla-
boration avec le Ministère des Affaires Étrangères reçoit chaque année, en juin, de jeunes touristes du monde entier. « Nous accueillons un groupe d’une quinzaine de jeunes entre 18 et 25 ans, précise Camille d’R.Style, ayant un attrait pour la France, et envoyés par les ambassades. Ce sont de futurs responsables de pôles culturels à l’étranger ou des artistes sélectionnés pour participer à ce circuit. » Leur voyage est intégralement pris en charge par les ambassades de France et le Ministère des Affaires Étrangères, ce qui facilite ces échanges.
Précédemment porté par l’INJEP, Institut National de la Jeunesse et de l'Education Populaire, François y était intervenant et accompagnateur. Désormais, R.Style porte le projet depuis quatre ans. Satisfait des prestations, le Ministère des Affaires Étrangères leur a proposé d’autres projets. Au travail !
Favorisant les rapports humains et les échanges d’expériences, chaque participant rédige un carnet de voyages. « Ils racontent comment ils ont découvert, par exemple, le Palais de Tokyo à travers une initiation au graff que nous leur avons organisée sur les murs du Musée d’art contemporain. C’est interactif, le touriste passe à l’action. Les carnets de voyages sont ainsi plus riches. » souligne Camille. 47
UN NÖEL V.I.P. POUR LES ENFANTS du quartier
VITE, DES PÈRES NOËLS V.I.P. !
Des lions, des clowns, des acrobates, mais aussi Jamel Debbouze, Diam’s, Omar et Fred, ou dans un même coffret-cadeau, c’est possible ! Depuis quatre ans, Kissman Productions et petits plats dans les grands pour offrir un noël de rêve à 300 jeunes issus des quartiers. suivi d’un parterre de stars chargées de cadeaux pour des enfants démunis, c’est aussi ça Un jour glacial de décembre, le ciel est sombre en plein après-midi, un groupe de bambins, aux couleurs de l’arc-en-ciel, débarque devant le grand Cirque d’Hiver à Paris. Alors que les vannes fusaient dans le bus quelques minutes plus tôt, soudain le groupe est bouche bée. Avec l’encadrement R.Style, les enfants ne sont pas au bout de leurs surprises. Dans la salle, les strapontins en velours rouge claquent, les jeunes prennent place. Que le spectacle commence ! Les numéros se suivent, mais ne se ressemblent pas. Dorénavant, et pour un bon nombre de jours à venir, les sourires illuminent les visages. Objectif atteint pour les auteurs de l’opération. « Un jour, Jamel (Debbouze NDR) appelle l’équipe d’R.Style, se souvient François Gautret, et nous
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propose d’organiser un noël pour les enfants du 19è arrondissement en collaboration avec Kissman Production. Nous n’avons pas hésité une minute. Deux jours après, nous nous voyons pour mettre le projet sur pieds. Il décroche son téléphone, en deux minutes, la RATP nous avait mis trois bus à disposition…» Le challenge d’R.Style : choisir les enfants pour qui Noël n’est pas très généreux, et donner une dimension inattendue à cette sortie surprise. « Nous sélectionnons les enfants via les associations du quartier, souligne Hayette d’R.Style, mais aussi grâce aux mamans qui fréquentent l’association ». L’effet de surprise reste entier, puisque les jeunes imaginent rentrer dans leur quartier à la fin du spectacle. Dans une salle annexe du Cirque d’Hiver, un
encore Robert Pirès, R.Style mettent les Un cirque Bouglione, la magie de Noël…
grand goûter et leurs stars préférées Jamel, Lâam, Omar et Fred, Jennifer, Mélissa Theuriau, Zaho, le 113 et bien d’autres, les attendent chargés de cadeaux. R.Style, Kissman Prod. et Barback Rouge, qui s’est joint à l’opération, ont convaincu facilement leurs partenaires comme Rochas, Reebok, Playstation, Nintendo, Ravensburger, Barbie, Umbro, Kinder, ou encore Adidas d’étoffer la hotte de ce Père Noël exceptionnel. Le succès de l’opération a étendu ses frontières à d’autres quartiers. La fondation Besson, notamment, accompagne des enfants d’Aulnay, mais aussi de Pantin, d’Aubervilliers. Les jeunes émerveillés repartent des photos de ce Noël inoubliable en poche… Comme quoi, le Pôle Nord, ce n’est plus si loin.
L’avis du rédacteur en chef Jamel. Je connais Francesco Bouglione, je lui propose un projet pour le Noël des enfants de quartier. Il accepte immédiatement, comme les associations R.Style et Barback Rouge. Je ne suis que le prétexte. Dans les quartiers : il y a beaucoup d’enfants qui ne demandent qu’à voir, écouter. Des « liens » comme R.Style sont indispensables au bon fonctionnement de la société. C’est là qu’on voit que ce sont plus que des associations, ce sont des anti-dépresseurs. Ils permettent aux gens d’avoir accès à des choses auxquelles seuls ils ne rêveraient même pas !
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REMERCIEMENT A la commission Européenne qui nous a permis de réaliser ce magazine A toute l’équipe de réalisation et notre rédacteur en chef Jamel Debbouze Les Journalistes : Sabira Ben El Kheznadji, Myriam Bourbia, Mamadou Soumaré, Jennifer Petit, Zak Mehhel, Camille Lagarde, Hayette Gautret Journaliste pro : Ingrid Gamboa Shéyen Graphiste (Mise en Page) : NoéTwo
R A P N I F A L E D S T O LES M N I A R R A P LE DJ ABDEL
Photos d’archives : Enriqué, Willy Vainqueur, Nicolas Briquet, Dan et Cédric de Ticaret, Jumbo, François Gautret, Photos art et Performeurs, Red Bull, Marko 93, Denis Darzacq Merci pour leurs interventions : Philippe Hadey pour Bagua, Jamel Debbouze, Hichem, Denis Darzacq, Slyde, Mass, Marko 93, Sean, Matthias Dandois, Faya Braz, Fabrice Lourie, La Villette, Hermès, Héloïse Jost, Abdou, William, Jay One, Lotfi aka Yko, Maxy T, Edouard Lagabrielle, Gaston, Hervé, Jann, Claire Moineau, Bintou Dembelé, Jean-Paul Wabotaï, Jean-Michel Duriez, Lucie Mass, BMRP, Christine Pigot Sabatier, Pierre Hermé, Mélissa Theuriau et Dimitri Theuriau, Tom Boogaloo, Zenoy, Obsen, NoéTwo, dossier Old School Jay one, Lucien, Dj Dee Nasty, Johnny Go, Enriqué, Dan de Ticaret, Paco Rabane, Sidney, Price Minister, Xavier Plutus, B.Boy Junior, Block Party avec Hip-Hop Citoyens Julien Cholewa, Matthieu Doucet Bieisse, Bruno Laforestrie, l’Urban Films Festival, Mk2 Nathalie Kreuter, Bertrand Roger, Caroline Leseur, Nadja Harek, Antoine Etoundi aka Beef, Europacorp Urban, le Comedy Club, le CENTQUATRE, José Manuel Gonzalves, Julie Sanerot, Alice Garcia, Bams, Rualité, Patoch, Boléro Show à Dubai, Benjamin Bergé, Mined, Valentine, Estelle, Audrey, Walid, Mickael, Candice, Jade, Compagnie Attractif, Morgane Dragon, Mia Fry, VIA, Prisme, Market Place, Eva Platini, L’Oréal, le Louvre, Aj Flandre, Sophie Agnel, Anaïs, Pierre Granson (merci d’avoir pris en charge la déclaration au J.O d’R.Style en 1998 avec l’AJ), le Cinq, Acre, Ramzi DM, Reyz, Ghetto art concept, Spadge, Francesco et Pasqualina, Civitas Solis Italie, Chus la CEMU Espagne, Ouali Chékour APAC FORME, Virginie Plate-forme Jeunesse Belgique, Christian Guillermin, Paris Habitat, Jean-Jacques Samary et les B.G.A, la fondation Seydoux, le Ministère des affaires étrangère Jacques Rougetet, les Ambassades des France, Dj Key et Sim’H, Kissman Prod Slievan, Lucie, Thomas, Abdel, Atika et Karim Debbouze, Nadia Lamriq Divine Soul, le Cirque Bouglionne, Omar et Fred, Pires, Diams, le 113, Jenifer, Zaho, la maison Rochas, Adidas, Kinder, le secour populaire, la RATP, Barback Rouge, Dj Abdel, Dom RS Boxe, Zeon pour la BD
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Pourquoi as-tu accepté le parrainage ? François, l'un des fondateurs d’R.Style est un gars de chez moi. Il dansait dans la salle du 19° arrondissement où mon frère donnait des cours de break. Il a l’esprit Hip Hop ! J'ai accepté de parrainer l'association car l’idée de transmettre les codes et les valeurs de la culture Hip Hop par des ateliers et des événements m’a vraiment plu. C'est important de soutenir ces initiatives !
Quelle anecdote retiens-tu de 10 ans d'association avec R.Style ? Pour une soirée de jour de l’an que j’animais : Century 2000, je voulais des danseurs mémorables. J’ai demandé à François de monter ce plateau exceptionnel. Ce soir-là, pour la première fois à Paris, nous avons vu débarquer tout droit de sa Bretagne : l’incroyable Junior, devenu depuis une star de la danse internationale.
Comment as-tu vu évoluer l'association en 10 ans ? Je soulignais avec fierté qu’R.Style a ouvert la première Médiathèque des Cultures Urbaines avec tous les films cultes qui vont de la fiction au reportage : Wild Style, Do The right Thing, Scratch... Ils ont été plus loin que de simplement animer des ateliers de Deejaying. C’est avec ces initiatives qu’on écrit la culture Hip Hop. La démarche de réunir des éléments cultes, c’est établir une base de l’histoire du Hip Hop. Les Block Party organisées par l’association, nous ramènent aux valeurs de notre culture. Les membres de l’association sont actifs. Je suis vraiment fier de voir tout ce qu'ils font.
RStyle en 3 mots ? Hip Hop, 19eme, famille. RStyle à de l'avenir…
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