FRED & FARID
R I E N N ’ E S T P L U S B E A U Q U E L ’ E S P R I T D ’ É Q U I P E
YVES, MICHEL ET MICKAEL, ÉDUCATEURS DE L’ÉQUIPE DES POUSSINS DU CSN RUGBY DE NUITS-SAINT-GEORGES, UN SAMEDI DE TOURNOI. SOCIÉTÉ GÉNÉRALE, AUX CÔTÉS DE TOUS LES AMOUREUX DE RUGBY. FACEBOOK.COM/PARAMOURDURUGBY
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Au Havre, 140 ans plus tard P
as de Haka au HAC et pourtant, une sacrée ambiance pour ne pas écrire une ambiance sacrée.
Être posé sur les gradins du stade Océane, au beau milieu des Barbarians et de mon grand-frère rugby Denis Lalanne, a de quoi mettre un cœur à marée haute. J’ai le sentiment d’être assis sur le livre d’or du rugby français. On peut y lire à la première page que le jeu de football-rugby est apparu dans l’Hexagone précisément ici, au Havre, quand les sujets britanniques, venus faire du business, ont transbordé un jeu pseudobarbare portant le nom d’une ville du centre de leur île, sise sur les bords de l’Avon, près de Stratford, la cité de Shakespeare. En rappelant que « les matchs aller » s’étaient disputés quelques huit siècles plus tôt quand les drakkars de Guillaume-le-Conquérant retraversèrent la Manche, avec, à bord, des joueurs de soule, l’ancêtre du rugby, oblitérée « made in France ». Ainsi, un sport hybride, mélange de jeu au pied et de jeu à la main s’en fut, il y a 140 ans, à l’assaut de l’Hexagone. Avec, pour le maillot du HAC, l’harmonieux mélange du « dark blue » d’Oxford et du « light blue » de Cambridge, ce que n’a pas manqué de relever l’érudit Henri Garcia dans sa bible, La fabuleuse histoire du rugby. Notre Blond national Jean-Pierre Rives aura l’idée d’ajouter le bleu de France au maillot des Barbarians, de ce côté-ci de la Manche. Ce qui ouvre sur une « harmonie in blue » qu’aurait appréciée le compositeur américain George Gershwin, auteur du fameux « Rhapsody in Blue ». Du jeu barbare de 1872 aux Barbarians de 2012, il y a une longue passe que nous tentons allègrement… Que les Barbarians des deux Serge, Kampf et Blanco, et de Jean-Pierre Rives, le président au verbe fleuri, soient en courte tenue et crampons longs à batailler contre les fils de l’Empire du Soleil Levant, possède, à nos yeux, une valeur symbolique. Ici, le passé passe par ce 25 novembre pour ouvrir sur le futur et la Coupe du Monde 2019 au Japon. Il ne faut pas s’y méprendre, les Nippons seront prêts, comme l’estime le sage Yoshiro Mori, ancien premier ministre et actuel président de la Japanese RFU. « Il leur faudra intégrer quelques sumotoris », propose le facétieux Laurent Pardo. La culture rugby est ancrée dans leurs universités. Ce sont des attaquants nés, comme ils le
prouvent à l’occasion de leur débarquement tirèrent dessus : un mort et plusieurs blessés en Normandie. Vifs, rapides et inspirés, ils pour avoir oublié que le rugby est une jolie créent des brèches en forçant le passage dans gué-guerre en temps de paix, à déconseiller des trous de souris. Mettre 65 points (à 47) à en temps de guerre... semblable phalange n’est pas une mince perLe HAC s’exprime toujours, sur les hauteurs de formance. Un match à quinze essais (9 à 6) la ville, au stade de Langstaff, du nom d’un qui a enivré le public. Durant cette débauche pionnier anglais de 1872. Parmi les gamins de jeu en liberté, « Le Blond » (surnom de qui s’y entraînent, plusieurs fils de propriéJP Rives) applaudit comme l’enfant qu’il a taires de parcelles héritées des licenciés de su, quelque part, rester. Avec, pour le capila première heure qui les louent depuis 140 taine–fracasse William Servat, une standing ans au club pour lui permettre de poursuivre ovation méritée par un match où « la Buche » sa destinée. (son surnom) a envoyé du bois et porté le feu Oui, historique journée pour le rugby havrais : aux quatre coins du terrain. Dur de penser que elle gonfle la foi dans leur sport des irrésemblable joueur ait opté pour la retraite ! ductibles de l’autre ballon. Sous le regard Denis Lalanne, auteur de l’incontournable d’un homme, pour l’occasion heureux, Serge Grand Combat du XV de France fait, ici, à Kampf, mécène (et bien plus) des Barbarians, 87 printemps, un pèlerinage aux sources. les vainqueurs de l’après-midi se lâcheront Il songe, en découvrant Le Havre, à ce peravec frénésie dans une troisième mi-temps sonnage démultiplié que fut Mc Orlan, né stimulée par « los Amarillos », une banda de Pierre Dumarchey. Écrivain majuscule qui fuego composée de lascars du sud-ouest. a joué au HAC, décédé en 1970, « Dudule » (à ne pas placer à deux ans après le premier grand de toutes les oreilles) « Bien sur, ce qu’on a vécu avant portée chelem du rugby français, sous fut entonné et les chanle match, ces soirées arrosées sons des fêtes de Bayonne le commandement de Christian Carrère. « Il était demi, je n’ai jamais en chœur. En se serpour nous souder, ce n’est pas reprises su au juste s’il portait le 9 ou le 10, rant par les épaules au nom possible en club... même si, de la fraternité qui a pris le disons qu’il jouait 9 et demi... », glisse malicieusement le toujours d’après moi, il faudrait toujours pouvoir. Jérôme Fillol, demi vert Denis qui eut la chance de le de mêlée indestructible, commencer les saisons en petit fils de Guy Basquet, côtoyer, du joli temps des Boni et d’Antoine Blondin. Dans la tribune festoyant car c’est le meilleur fondateur des Barbarians où les Barbarians sont regroupés, S arlat en 1979 (avec moyen de se connaître ! ». àFouroux David Auradou, le géant du Stade et Rives), aussi à Jérôme Fillol, demi de mêlée l’aise en bringue que sur le Français, évoque ses débuts au HAC. On apprend qu’il n’y a pas un indestructible, petit fils de Guy Basquet, terrain, lâche : « Bien sur, ce club de rugby au Havre, mais trois : aussi à l’aise en bringue que sur le terrain qu’on a vécu avant le match, « il y a aussi le Havre Rugby Club des soirées arrosées pour dont je suis le président, il est né en 1904, nous souder, n’est pas possible en club... même avant de disparaître et de renaître, et le Racing si, d’après moi, il faudrait toujours commencer Club Port du Havre, le club des dockers, qui les saisons en festoyant car c’est le meilleur existe depuis 1966. Avec, en tout, cinq cent moyen de se connaître... » Le fait que la troilicenciés, ce qui n’est pas si mal pour une ville sième mi-temps ait encadré les deux premières dont le club phare (le HAC en l’occurrence) est contribue à démontrer combien les Barbarians en honneur », éclaire le rondouillard Jacques forment une entité à part. Ce qui n’empêche Malaurie. pas qu’il a fallu aux entraîneurs, les Laurent, En pleine guerre (nous sommes en 1944), le Travers et Labit, promis au Racing, une HAC décida de s’en aller disputer un match à sérieuse dose de talent pour permettre aux Fécamp dont les marins ont cessé leurs expéprotagonistes de se retrouver tactiquement en ditions vers Terre-Neuve d’où ils ramenaient si peu de temps. « J’irai revoir ma Normandie », la morue depuis la nuit des temps. Entassés dit la chanson. Pour l’occasion, beaucoup l’ont dans un camion bâché, les Normands prodécouverte. Ce que les Barbarians y ont vécu voquèrent l’attention des soldats anglais les ont marqués pour la vie. Soif d’amitié, faim qui les prirent pour des Allemands et leur de rugby, c’était chouette au Havre...
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