Pépinière du Désert
Pépinière du désert/Breeding ground in the desert Projet de Fin d’Etude - session de janvier 2017 Hélène Bats et Sarah Clément encadrées par Gilles Ebersolt
Startup Lions et Learning Lions, que nous nommerons «Lions», sont les deux faces d’une ONG fondée en 2015 par un groupe de jeunes européens dont l’initiateur du projet vivait au Turkana. Son objectif est d’insérer de jeunes kenyans dans la vie active au travers des métiers du numérique car le Kenya possède une très bonne couverture internet. Après une année d’essai dans la ville de Lodwar, l’ONG doit se développer avec de nouveaux moyens sur un site dédié, à proximité du lac Turkana, pour l’instant les élèves ont cours dans les salles vides d’un lycée. L’ONG fait appel à Gilles Ebersolt qui y voit un support pédagogique et soumet le projet à ses élèves, les laissant intéragir avec le commanditaire. Il nous a semblé y voir une parfaite transition entre nos classes en architecture et le monde professionnel.
SOMMAIRE Avant-propos..................................................................................... 3 Sommaire..........................................................................................5 Présentation du Kenya et du Turkana...............................................6 Catalogue du voyage Carnet de voyage...............................................................15 Typologies remarquables...................................................76 Projet................................................................................................79 Bibliographie et Glossaire Références.........................................................................90 Petit guide Turkana et Swahili............................................92
KENYA La République du Kenya est un pays d’Afrique de l’Est qui recouvre 580 367km². Il est limité par le Soudan du Sud et l’Éthiopie au nord, la Somalie à l’est, de l’Ouganda à l’ouest et de la Tanzanie au sud-ouest, à l’est il est bordé par l’océan Indien sur 536 km. Sa capitale, et plus grande ville, est Nairobi avec 3 millions d’habitants. La population kenyanne se compose de 48,46 millions d’individus répartis en 44 tribus. Situé sous l’équateur, le Kenya est soumis à un climat chaud rythmé par deux saisons des pluies. La plus abondante est comprise entre mars et mai, la seconde entre novembre et décembre. Cependant, leur intensité et leur durée varient grandement d’une région à l’autre. Son point culminant est le mont Kenya avec 5 199 m tandis que son plus long cours d’eau est le fleuve Tana (700 km). Le pays est traversé par le grand rift oriental qui coupe, du sud au nord, le tiers occidental du pays du reste du territoire. Dans ce rift se logent plusieurs lacs : Magadi, Naivasha, Elementaita, Nakuru, Bogoria, Baringo, Turkana. De nombreux fossiles d’hominidés ont été découverts dans cette région que l’on qualifie de berceau de l’humanité
Soudan du Sud
Éthiopie
Lac Turkana Moyale
Lodwar
Marsabit
Ouganda
Wajir
Somalie
Kitale Kisumu
Nakuru
Embu
Lac Victoria
Garissa
Nairobi
Machackos Lamu Malindi
N O
0
E
Mombasa
Tanzanie S 100
200 km
ville aéroport axe routier majeurs
Océan Indien
TURKANA Le Turkana est une région au climat semi-aride située au nord est du Kenya. Le territoire connait deux saisons des pluies, mais on décompte rarement plus d’un jour de pluie par an. La température moyenne est de 30°C, l’écart entre le jour et la nuit de dépasse pas 10°C. Quatre paysages caractérisent la région : les collines rocheuses, arrondies et arborées; la plaine, sablonneuse et rocailleuse parsemée de quelques acacias, de broussailles, le sol est marqué par les lits de rivières asséchées, le delta de l’Omo avec ses pâturage marécageux et la plage avec ses palmiers doums et son sable blanc. La capitale et plus grande ville de la région est Lodwar avec ses 1 millions d’habitants. C’est dans ce paysage qu’évoluent les turkanas, un peuple nilotique d’éleveurs semi-nomades pour qui le bétail, en particulier les chèvres, est au coeur du système économique et culturel. La majorité des turkanas est analphabète, si certains parlent le swahili, très peu parlent l’anglais. La colonisation, l’isolation de la région, les aléas climatiques, la construction de barrages sur le fleuve Omo et les conflits armés ont fragilisé la population. A l’est, le comté est limité par le lac Turkana. C’est le lac le plus au nord de la Vallée du Grand Rift. D’une superficie de 6 405 km2 et d’une longueur de 260 km c’est le plus grand lac permanent en milieu désertique., ses affluents sont la rivière Turkwell, la rivière Omo et la rivière Kerio. Son eau alcaline, impropre à la consommation et à l’agriculture n’a pas permis de développement humain sédentaire dans la région. Appelé Ka’alakol («la mer aux nombreux poissons» en turkana) le lac Turkana regorge de poissons. Dans les années 80 l’agence norvégienne pour le développement tente de lancer l’industrie de la pêche pour exporter des perches du Nil, mais le projet se solde par un échec et les chambres froides sont aujourd’hui abandonnées. Depuis peu le plus grand parc éolien d’Afrique construit à la pointe sud du lac exploite les vents constants. Aucune autre industrie ne s’est installée au Turkana.
Soudan du Sud Éthiopie
Triangle d’Ilemi
Kokuro Banya
Todenyang Lokitaung
Ileret North Island
Koobi Fora
Marangering Kakuma
Kalokol Center Island
Gajos
Eliye Springs Lodwar
Lac Turkana
Lorugumu
Loyangalani South Island
Kachum
Ouganda
Kakalet Lokitanyala
Napolirumu
N E
O
N
S
0
10 20
30 km
ville
aéroport
route bitumée
E
O S
CHRONOLOGIE KENYA
septembre 2017 La Cour Suprème du Kenya invalide les élections.
22 juillet 2017 Reconnaissance de la communauté indo-pakistanaise comme la 44ème tribus kenyanne.
1992-1996 Troubles ethniques à l’Ouest
1998 Attentat terroriste contre l’ambassade américaine à Nairobi : 213 morts et au moins 4000 blessés.
1956 Création de la première université du pays : l’Université de Nairobi
1920-1925 Jomo Kenyatta fonde un parti (le XXX) en faveur de l’indépendance. 1895 Le kenya devient une colonie britanique
1963-1964 Indépendance du Kenya Kenyatta président jusqu’à sa mort en 1978 1952-1956 Révolte des Mau Mau ; Répression britannique et arrestation de Kenyatta, libéré en 1961.
1905 la capitale est déplacée à Nairobi
1888 Arrivée des Anglais
1498 Arrivée du navigateur portugais Vasco de Gama
1885 Conférence de Berlin, frontières définitives du Kenya
CHRONOLOGIE TURKANA 2015 Création de Learning Lions et StartUp Lions, début des cours.
2012 Début de la construction du plus grand parc éolien d’Afrique au sud du lac.
1991 Ouverture du camp de réfugiés de Kakuma pour accueillir les Soudanais qui fuient la guerre. 1976 Fin du contrôle des déplacements de la population.
1954-1961 Emprisonnement de Jomo Kenyatta à Lokitaung.
1900-1918 La région est pacifiée par les forces coloniales britanniques.
2013 Création du Turkana County, la région devient plus autonome.
2000 Début des raids Dassanech dans la région.
1984 Découverte du «Turkana boy».
1960 Reconversion d’une partie des pasteurs Turkanas en pêcheurs à cause d’une grande sécheresse.
1926 Les déplacements de la population du Turkana sont restreints par ordonnance du gouvernement. 1888 Sámuel Teleki et Ludwig von Höhnel découvrent le lac Turkana.
BELLE PHOTO
TABLEAUX DE VOYAGE
Étrangères d’une Afrique que nous ne connaissions qu’à travers les récits de l’Histoire, les ventres gonflés des enfants du Sahel et la communication rôdée des associations humanitaires nous embarquions pour le Turkana le 13 septembre. Le programme de l’ONG nous paraissait surdimensionnée et après des échecs comme celui des pêcheries norvégiennes dans les années 80, ce voyage devait nous permettre de mieux juger des besoins de Lions et de la légitimité d’un tel projet. Nos objectifs : voir le site, rencontrer des Turkanas et nous rendre compte du mode de vie et des pratiques constructives locales.
Soudan du Sud
Éthiopie Triangle d’Ilemi Kokuro Lobur
Lokitaung
Nariokotome
Kokuselei Loropio
Lac Turkana
Kalokol
N E
O S
0
10
20
30 km
escales trajet route bitumée
Lodwar
Eliye Springs
RENCONTRES
Pablo
Akeru
ingenieur civil madriléne venu expérimenter la construction au Kenya comme volontaire, il loge dans les missions de la Missionary Community of St Paul the Apostle (MCSPA) touché par le sort des turkanas il développe les filières locales pour définir une nouvelle architecture vernaculaire, adaptée à la vie sédentaire.
jeune mère de famille qui vit près de Lobur. Avec leur petite quarantaine de chèvres, la famille est très pauvre et Akeru travaille comme maçon pour la mission pour nourrir sa famille, elle ramasse aussi du bois de construction pour d’autres familles plus riches.
Antonius
Antonia
membre fondateur de l’ONG Lions, il s’est installé au Turkana en 2015, après avoir travaillé 5 ans dans les ventes et la logistique pour une grosse entreprise allemande.
ancienne chef de projet dans le design et la mode, elle est actuellement professeur bénévole pour Lions.
Adam
jeune Turkana qui a travaillé pour la MCSPA, il a notamment voyagé en Espagne pour témoigner de la vie des Turkanas auprès de potentiels mécènes. Il parle Angais, Swahili, Turkana, Espagnol et un peu Italien. Il fut notre traducteur pendant tout le séjour.
ET AUSSI Mais aussi, David, notre chauffeur Kikuyu, Make, la matronne de Lobur, Ido, l’agronome, le chef des tailleurs de pierres, le constructeur de barrage, les missionnaires de Kokuselei... tant de rencontres qui nous on permis d’affiner nos constats sur place.
LODWAR
Lodwar est la ville principale du district du Turkana. Avant poste commercial construit en 1933 au milieu des collines arides, elle abrite aujourd’hui près d’un demi-million d’habitants qui survivent sous un soleil de plomb et une température oscillant entre 30°C et 40°C. Après l’atterissage sur le tarmac ou quelques chèvres jouent, Antonius nous accompagne acheter quelques vivres pour le voyage. Depuis la voiture, nous voyons les magasins en tôle, grillagés, qui s’allignent le long de la route. Des femmes vendent des avocats, des oignons ou encore des bananes dans la rue.
Rivière Turkwel
E
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1
2
3 km
E
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Carte de la ville de Lodwar.
LIONS
Le Turkana ne dispose pas de minerais, ni de pétrôle, ni d’un sol fertile, ni d’eau... En revanche, la connexion internet est très bonne (de loin supérieure à celle que l’on a à Paris par exemple). En se basant sur ce constat l’ONG Lions a décidé de former des jeunes dans les domaines suivants: développement de logiciels, conception graphique et production de médias. Ces jeunes vendent ensuite leur services en ligne et se mettent à leur propre compte. Aujourd’hui Lions a besoin d’un véritable campus pour permettre à ses élèves d’apprendre dans les meilleures conditions possibles : sans poussière, avec une ventilation de qualité pour réduire l’usure des ordinateurs et en ayant la possibilité de loger élèves et professeurs sur place.
PROFESSEUR
enseigne et travaille en partenariat avec Tunapanda Institute.
ICT* CENTER au KENYA un environnement idéal pour vivre, apprendre et travailler.
LEARNING LIONS gUC
JEUNES TALENTS
Sélection et formation ciblée des jeunes talents dans des compétences à forte valeurs ajoutées.
séléctionnés après un test de QI et un entretien taux d’acceptation : 5%.
SOUSTRAITANCE EN LIGNE+ agents de vente IT
STARTUP LIONS GmbH (SARL)
Incubateur et conseil de vente destinés au microstartups.
DONATION
pour soutenir le coût de fonctionnement du programme d’éducation à but non lucratif.
EXPERT IT** BÉNÉVOLE
soutient les Lions sur une base de volontariat.
STARTUP LIONS ASSETS KENYA Ltd
loue des locaux et du matériel aux Startups.
«Business plan» de l’ONG Lions.
*ICT : «Information and Communications Technology», autrement dit : les technologies de l’information et de la communication. **IT : «Information Technology» soit la technologie de l’information, ce sigle ce réfère à tout ce qui tient de la technologie informatique
CLIENTELE MONDIALE qui a besoin de faire sous-traiter des tâches simples, techniques ou créatives.
EnG’OL
Le palmier doum (eng’ol) est une ressource essentielle pour les Turkanas. On le retrouve en grand nombre sur les rives ensablées du lac. Ses feuilles sont séchées puis tressées pour faire des nattes (m’keka) ou nouées sur des sections de bois pour faire des toitures (makuti). Les toits en makuti ont une durabilité de deux ans et sont fabriqués par des professionnels. Les mkekas sont composées de plusieurs bandes tressées, parfois avec un motif, que les femmes produisent en rouleaux. Ses fruits, comestibles, sont une importante source de nourriture en période de disette et son bois, très poreux, permet de fabriquer des radeaux pour pêcher.
Tonnelle dans la cour de l’hôtel à Lodwar, la toiture en makuti est posée sur une charpente en bois.
TURKANA
Les turkanas seraient issus d’un ancien peuple de chasseurs cueilleurs qui auraient remonté le Nil. L’eau est tabou pour les turkanas et aujourd’hui encore la majorité d’entre eux sont des éleveurs semi nomades évitant la pêche car celui qui pêche c’est : «celui qui n’a pas assez de bêtes pour vivre». En effet, les chèvres sont le coeur de l’économie de la région, elles servent de monnaie d’échange et fournissent le lait et la viande. Les femmes s’occupent de la construction du camp, de la cuisine, des vêtements, de la nourriture et des enfants, tandis que les hommes se battent et que les jeunes garçons gardent les troupeaux. Les turkanas sont l’une des tribus les plus pauvres du pays et, les conflits, la désertification, la famine, et l’explosion démographique, rendent la population dépendante des aides humanitaires.
Des femmes turkanas dans une akai dans les collines près de Lokitaung.
MANYATTA
Manyatta est un mot massai qui désigne un groupe de huttes dans un enclos. Par extension ce terme peut désigner la hutte elle-même. Il existe deux types de huttes chez les turkanas : les huttes couvertes : akai ; et les huttes sans toit ekol et etiam. Les deux types mesurent généralement moins de deux mètres de diamètre. Les akais servent à s’abriter du soleil en journée ou à dormir pour les personnes les plus vulnérables. On peut parfois les fermer à l’aide d’un cadenas dont la clef pend aux colliers de la mère de famille. Les ekols sont des «dortoirs», rarement destinés à des personnes précises, par exemple les enfants d’un village passent facilement d’un ekol à un autre. Ces huttes ont une structure en branches entrelacées, plantées dans le sol, puis nouées entre elles avec des noeuds en ficelle. Cette trame est recouverte par des nattes, des bâches, des peaux de chèvres, des cartons ou encore du makuti selon ce dont dispose la constructrice.
1
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4 3 Différentes huttes akai : 1. en ville, avec un toit en écorce d’arbre par dessus une bâche et une structure en branchages; 2. sur les rives, avec un toit en makuti et des murs en feuille de palmier doum tissées; 3 et 4. dans les collines, avec des journaux et des cartons sur une structure en branchages.
TANK
Le lac Turkana est le plus grand lac permanent en région désertique mais son eau alcaline est impropre à la consommation et à la culture. Il est donc essentiel de pouvoir stocker l’eau potable, que ce soit l’eau de pluie ou l’eau souterraine. Des réservoirs en tôle ou en plastique sont ainsi disséminés dans les villes, posés sur passerelles métallique à 4 ou 5 mètres du sol. A l’image des canalisations, ces « tanks » fuient ou débordent ce qui donne naissance à de petites parcelles de végétation florissante sous l’ombre des réservoirs.
Un réservoir à Nariokotome.
ONG
Le nord du Turkana est marqué par les conflits locaux et internationaux, on y trouve le camp de Kakuma qui accueille près de 200 000 réfugiés sud soudanais. A la violence s’ajoute la désertification galopante et l’explosion démographique, cette dernière accentuant les autres... c’est ainsi que depuis les années 60 les sécheresses et les famines s’accumulent sur le territoire. Les ONG sont ainsi omniprésentes et une grande partie de la population est dépendante de l’aide alimentaire et des soins qu’elles fournissent. Cette présence prend parfois la forme d’infrastucture isolée, ci-contre, un centre pour enfants à Lorropio. Il a été construit par Lions pour engager des relations de bon voisinage avec les chefs locaux
Le St Augustine Children Center ouvert par l’ONG mère de Startup Lions en 2015 distribue chaque jour 200 repas pour les enfants des villages alentours.
TOITURE
Pour assurer un confort intérieur dans les bâtiments en parpaing ou en pierres surmonté d’un toit en tôle, la toiture est désolidarisée des murs pour permettre à l’air de passer et de rafraîchir la pièce. Le centre pour enfants installé sur le site de Lorropio est conçu de cette façon. Il a aussi la particularité d’être, à quatre pans, deux pans symétriques plus haut, ce qui laisse un espace pour faire circuler l’air, on retrouve souvent ce type de toiture dans les pays tropicaux. Les maçons nous expliquent qu’ils ont orienté les ouvertures nord sud pour éviter que le toit ne soit arraché par les vents dominants. Pour éviter que la poussière et le sable charriés par les vents n’entrent dans le bâtiment l’appui des baies est à un mètre du sol.
IntĂŠrieur du St Augustine Children Center sur le site de Lorropio.
MISSION
Les missions religieuses sont présentes dans tout le pays. Les missionnaires de la communauté de St Paul l’Apôtre sont les plus actifs dans la région du Turkana, créées par le prêtre Paco Andreo en 1988 les missions sont aujourd’hui au nombre de 11, dont 4 au Turkana. La plus grande, Nariokotome est la principale, on y trouve garages, atelier de travail du bois, pompe à essence, église, four à chaux, écoles, nombreux logements pour les prêtres et les volontaires, fermes, etc. Actuellement, les missionnaires sont les acteurs les plus importants auprès des populations locales car ils financent la majeure partie des infrastructures (barrages, hopitaux, écoles...).
barrage
chapelle
La mission de Lobur installée dans les collines à la frontière avec le Soudan du Sud.
maison des prêtres
Eglise de Nariokotome, dessinée et construite par un prêtre de la mission.
village
maison des volontaires
atelier-garage maison-échoppe
réserve de matériaux
SUPER ADOBE
L’une des premières constructions de Pablo au Turkana est une petite maison-échoppe à Lobur faite en super adobe. Cette technique a été mise au point par l’architecte Nader Khalili (prix Aga Kahn 2004) consiste à empiler sur une fondation de 30cm, des sacs en plastique (généralement en polypropylène tissé) remplis de sable ou de terre. La liaison entre chaque strate de sacs se fait par un fil barbelé, les sacs sont ensuite enduits. Cette technique est anti-sismique, peu chère et solide, mais elle demande un effort considérable pour monter les sacs de sable, construire les cintres en bois pour les baies, etc. Pour terminer sa maison-échoppe Pablo a mis 3 mois, avec une dizaine d’ouvriers. Second inconvénient de cette technique, à cause de la forte inertie de la terre, les pièces sont très chaudes, et l’air est lourd, pour compenser il faut une aération constante.
Maison-ĂŠchoppe en Super Adobe Ă Lobur.
VOÛTE NUBIENNE
Les toilettes sèches de l’école primaire de Lobur ont été construites en briques de terre crue, mélangée à de la fibre végétale ou animale puis séchées au soleil, appelées briques d’adobe. En montant ces briques en voûte nubienne (c’est ainsi que l’on nomme la forme prise par la ligne directrice de l’arc) il n’est pas necessaire d’utiliser de coffrage en bois et la mise en oeuvre est rapide et facile à enseigner. Pablo a utilisé les matériaux disponibles sur le site : glaise, poils de chèvres ou fibres végétaux, puis, a enduit sa construction avec de la chaux pour prévenir de la violence des pluies. L’architecte Hassan Fathy a fait connaitre la technique dans les années 70 en construisant des villages et des équipements en Egypte
Construction des toilettes sèches de la nursery de Lobur en voÝte nubienne.
VOÛTE CATALANE
La voûte catalane, aussi appelée voûte sarrasine, est une technique antique redécouverte puis développé depuis le XVIIe en espagne, elle est remise au jour à la fin du 19ème siècle par l’architecte catalan Rafael Guastavino qui améliorera la technique en l’associant à des structures métalliques. Ces voûte presque planes se composent d’une première couche de briques jointes avec du plâtre par dessus laquelle une seconde couche, jointe avec du mortier, est posée selon un angle de pose de 45° par rapport à la première. On ajoute ensuite encore une feuille de briques en changeant d’angle de pose. La coque en briques obtenue est légère et possède une excellente résistance à la compression. La prise rapide du plâtre permet de ne pas utiliser de cintre.
L’escalier des toilettes sèches de la nursery de Lobur en cours de construction.
Vue de face de l’escalier des toilettes sèches terminé.
CHARPENTE MÉTALLIQUE
Le Kenya dispose d’un véritable savoir faire en métallurgie et, les grilles aux fenêtres, les portails et le mobilier sont souvent travaillés et possèdent chacun leur propre motif. Au Turkana, les missions équipées d’un atelier fabriquent leurs propres charpentes en acier. Par exemple, pour la toiture de l’école à Lobur, Pablo et son équipe ont fabriqué une charpente sur mesure qui s’emboite sur des accroches métalliques scellées dans les murs en super adobe. Créer une accroche de charpente métallique sur des murs en super adobe :
1. installer un «U» en plaque d’acier, la partie la plus haute arrive à la hauteur du faitage du mur
2. continuer de monter le mur en sacs de sable en passant dans le «U»
4. emboîter la ferme métallique dans cette accroche
3. refermer le «U» et souder un morceau de section tubulaire de 7x5cm sur le sommet
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Plan de toiture de l’école de Lobur.
Vue d’ensemble de l’école de Lobur.
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10 m 10 10
FERME
Dans la plaine, au pied de la mission de Lobur, l’ONG israélienne Arava a ouvert une ferme-école. Dans cette exploitation deux étudiants en agronomie apprennent à une trentaine d’élèves turkanas, en majorité des mères de famille, comment faire pousser des légumes. Seuls un élève sur quatre se mettra à cultiver à la sortie. La ferme est irriguée grâce à une pompe mécanique actionnée par une éolienne qui remplit les tanks. Des plants de tomates poussent protégés sous une ombrière agricole. Les cultures doivent faire face à la chaleur mais aussi aux invasions d’insectes qui peuvent détruire les récoltes. Arava est basée à Lobur mais les volontaires s’occupent aussi de dizaines de fermes, réparties dans toute la région, qu’ils visitent tour à tour.
Ferme-ĂŠcole de Lobur.
ÉNERGIE
Les missions sont dépendantes de l’énergie, de l’éléctricité pour s’éclairer et pomper l’eau et de l’essence pour faire tourner les véhicules. L’énergie éolienne, quasiment constante dans la zone, permet de faire fonctionner mécaniquement les pompes à eau, elle peut aussi fournir de l’éléctricité. L’énergie solaire est une autre possibilité mais les panneaux photovoltaiques se couvrent rapidement de poussière et leur efficacité baisse. Les missions sont dépendantes des générateurs qui prennent le relai en l’absence de vent et de soleil.
Système de refroidissement des batteries à Lobur.
VILLAGE TRADITIONNEL
A la tombée du jour, nous raccompagnons Akeru, une des jeunes ouvrières de Pablo, dans son village. Le village se compose de deux alaars, les alaars sont des clôtures en branches d’épineux qui protègent les huttes et les animaux des hyènes ou des voleurs de bétail. Dans l’alaar on trouve d’autres enclos plus petits où le bétail est installé la nuit. En théorie, les huttes (akai et ekol) sont installées selon l’importance de leur propriétaire et l’entrée est réservée à l’akai de la première femme. Les ekols sont accolés aux enclos des chèvres ou des autres animaux pour les surveiller la nuit.
enclos pour le bétail
Sur le chemin du retour, un berger chante dans la nuit, il s’adresse au ciel et demande la protection pour ses animaux. akai
alaar ekol 0 5
Plan du village d’Akeru.
25 m
Village dans les collines derrière la mission.
KOKURO
Le matin du mardi nous allons visiter Kokuro, une ville formée par les familles frontalières qui ont fuit les raids des dassanetchs sur leurs villages. Les quartiers consistent en un collage d’alaars, les rues correspondent aux espaces résiduels et forment un véritable labyrinthe. Cette morphologie urbaine est rendue possible par l’absence de propriété du sol au Turkana donc de cadastre ou d’une quelconque règle d’aménagement. Les espaces se divisent en deux catégories : les espaces privés qui sont limités par les alaars, et un espace public formé des rues et de quelques parvis (tribunal, police...).
Plan de la ville de Kokuro.
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10
50m
NÉO-VERNACULAIRE
La manyatta en branchages étant surtout adaptée à la vie nomade, la sédentarisation des turkanas les a poussés à développer de nouvelles formes d’habitats. Nous avons pu observer deux typologies récurrentes : la maison en torchis et la maison en tôle, cette dernière fait souvent office de magasin. Les murs de la maison en torchis consistent en une trame de branchages dans les insterstices de laquelle on insert des boules de glaise. Le sol est en terre battue et le toit est généralement en makuti. Ce type de construction est bon marché, demande très peu de savoir faire mais s’abîme vite et demande un entretien régulier. Les maisons en tôles sont généralement posées sur une semelle de béton, les plaques de tôles sont simplement posées et accrochées à une charpente en bois qu’il faut renouveler quand les termites la détruisent.
Maison en torchis sur la côte à Kilifi.
Maison-magasin en tôle à Kokuro, la famille des propriétaires est très riche.
RECETTES
Le but de Pablo est de construire des équipements selon un procédé écologique et économique tout en formant des artisans turkanas. Une grande partie de son travail consiste donc à tester des techniques et à améliorer ou à adapter les recettes en fonction des ressources disponibles sur place. Voici l’une de ses recettes :
Enduit chaux/glaise/crotte : x10 x10
x10 x10
x10 x10
1/4 1/4 1/4 1/4 1/4 1/4 1/4 1/4
1. remplir 1/4 du bidon d’eau
2. remplir 1/4 du bidon de glaise
3. remplir 1/4 du bidon d’excréments
x2 x2
4. écraser les gros morceaux et bien mélanger.
5. ajouter les fibres végétales ou animales
6. couvrer et laisser reposer sous le soleil au moins une journée
De gauche à droite : brique en sable de termitière-crottin de chèvre, brique en sable de termitière, briques plates en ciment (avec un sable plus ou moins fin).
TOITURE DOUBLÉE
Non loin de la ville de Lokitaung se trouve la cellule où le premier président du Kenya : Jomo Kenyatta, a passé quelques années, enfermé par les anglais. Cette petite pièce de moins de 10m², avec sa seule ouverture grillagée et sa porte en tôle est étonnamment fraîche malgré les murs en béton et le toit en tôle. Cela s’explique par le faux plafond en tôle : l’air compris entre les deux plaques de d’acier isole la cellule, et évite à celle-ci de surchauffer.
Ancienne geĂ´le de Jomo Kanyatta.
FIBRES
Dans les collines près de Lokitaung, une famille produit les fibres de sisal qui sont utilisés dans les enduits et les briques d’adobe fabriquées à Lobur par Pablo et son équipe. Les feuilles sont coupées, décortiquées, essorées puis séchées. Les volontaires de la mission passent une fois par mois récupérer de grands sacs en papier remplis des fibres de sisal. Ce travail permet à cette famille très pauvre de vivre correctement. Annecdote confirmant que la majorité des kenyans, même parmi les plus pauvres, sont connectés : l’un des hommes du village allait charger son téléphone en ville (certainement à plus de 20km du village), pour pouvoir écouter de la musique via internet.
Préparation des fibres végétales.
PIERRE
Sur la route de Nariokotome nous nous arrêtons à la carrière de Mlango. Cette carrière n’appartient à personne, àl’instar du sol, les ressources de la terre appartiennent à celui qui les exploite. Ce jourlà une petite équipe de tailleurs de pierre Turkana menée par un chef Luo terminent leur journée et chargent à la mains un camion de pierres. Ils acceptent de nous montrer, comment, avec un équipement rudimentaire, ils taillent la roche en blocs de 6x6 ou de 6x9 pouces.
DÊmonstration des tailleurs de pierre dans la carrière de Mlango près de Nariokotome.
MAISON EN PIERRE
Dans les missions les murs de nombreuses maisons ont une structure en béton et un remplissage en pierres locales (souvent du grès) vendues par les turkanas. Les toitures sont généralement en tôle, parfois en makuti posé sur une charpente métallique. Pour construire ces bâtiments les missions font appel à des constructeurs basés sur la côté kenyane qui font venir la main d’oeuvre et les matériaux. Ces bâtiments adaptés à un climat bien plus humide nécessitent au Turkana un flux d’air permanent pour ne pas surchauffer, le confort intérieur n’y est pas assuré.
Tas de pierres destiné à la vente dans la lande.
Maison des missionnaires Ă Nariokotome.
CHAUX
Pour cuisiner ses enduits et ses mortiers Pablo avait besoin de chaux, or les pierres nécessaires à la fabrication de chaux hydraulique sont présentes dans la région. Il s’est donc lancé dans la production de chaux à l’échelle locale. Un four à chaux est alors construit à Nariokotome, la cuisson des pierres calcaires demande une certaine rigueur et le feu doit être maintenu plusieurs jours. Après sept tentatives infructueuses Pablo réussit enfin a obtenir une chaux viable. La chaux est conservée sous forme de chaux éteinte dans des fûts métalliques. Produire cette chaux sur place a deux avantages : en plus de créer des emplois, les constructeurs ne sont plus dépendants des acheminement de matériaux depuis Lodwar voire Nairobi. Pablo envisage de construire une usine pour fabriquer de la chaux.
Vue depuis le haut du four Ă chaux construit par Pablo Ă Nariokotome.
PATIO
A Kokuselei les premiers logements pour les missionnaires ont été construits de façon à former un patio autours d’un grand arbre. La salle à manger construite plus récemment est connectée au patio qui fait maintenant office d’espace d’accueil et de centralité, car, si les missionnaires ne dorment plus dans les batisses en terre, la qualité de ce lieu demeure, en particulier grâce à l’ombre de l’arbre et à l’espace dégagé. Les missionnaires ont aussi réutilisé cette typologie en cour pour les plans de la nouvelle école.
Patio central de la mission de Kokuselei.
OMBRIERES
Après avoir dormi dans des maisons trop chaudes (murs en terre avec des toitures en tôle), les missionnaires ont fait construire de grandes structures métalliques couvertes par des mkekas ou des lattes en bois. Sous ces toitures, des tentes en toile servent de chambres aux missionnaires et aux volontaires, offrant un confort thermique imbattable. La charpente métallique est commandée à Nairobi, puis installée sur une dalle de béton de 15 centimètres d’épaisseur. La première toiture construite est à deux pans, grillagés et couverts de mkeka, la seconde toiture installée est une terrasse, en partie couverte à l’étage.
Seconde toiture terrasse pour abriter les logements des missionnaires Ă Kokuselei.
ARCHITECTURE CONTEMPORAINE
A côté de la nouvelle école de Kokuselei se dresse un bâtiment que les turkanas nomment «le serpent». C’est un dispensaire construit par des étudiants du MIT de l’atelier de Selgas Cano et Ignacio Peydro en 2015. Le workshop s’est déroulé en 2 phases : la selection d’un projet étudiant conçu aux États-Unis, puis, la construction sur place avec le duo d’élèves selectionné, les missionnaires et les villageois. Les murs sont en blocs de ciment, montés en quinconce pour se faire de l’ombre mutuellement. La charpente de la toiture est en tubes d’acier maintenus entre eux avec des noeuds d’échaffaudage pour former les portiques principaux. Les bandes de tôle sont torses et superposées avec un espace laissé entre les deux, ce qui crée un effet de courant d’air permanent.
Clinique construite par les élèves du MIT en 2015 à Kokuselei.
BARRAGES
Plus de 300 barrages sont dispersés dans les collines du Turkana, ces réservoirs d’eau contiennenent l’eau de pluie et offrent ainsi des points d’eau quasi permanent pour abreuver le bétail et les hommes. Certains barrages permettent de conserver l’eau de la saison des pluies près de 9 mois. Les missions financent ces ouvrages et tout le voisinage participe à la construction du barrage. Les pierres sont amenées sur le site puis posées une à une et du béton est coulé pour les sceller. Le sol du réservoir est badigeonné de béton pour limiter l’absorption d’eau par la terre. Un vrai savoir-faire se développe dans la région et aujourd’hui ce sont des ingénieurs turkanas qui gèrent la construction de ces digues.
Barrage principal de la mission de Lobur.
SITE DU PROJET
En redescendant le long des rives du Turkana nous nous sommes arrêtés sur le site de Lorropio afin de prendre quelques mesures. Le sol est jonché de gros galets de grés, parfois alignés comme des murets où poussent des arbres, ils indiquent la présence d’anciens lits de rivières. Quelques faux plats sabloneux rythment notre montée. A l’est, la vue sur le lac est imprenable, tandis qu’à l’ouest une petite colline allongée domine le paysage. A l’aide d’une bouteille d’eau et d’un mètre nous relevons une pente de 7%. Objet cylindrique blanc et bleu posé sur la steppe, un tank de 80m3 alimenté par une pompe solaire vient d’être terminé par l’ONG Lions.
Vue panoramique du site de Lorropio.
Mesures sur le terrain.
RÉSUMÉ DES TYPOLOGIES RENCONTRÉES
Ekol 0
1m
5m
Akai
Maison en torchi
Magasin en tôle charpente bois
Maison des Missions Saint Paul the Apostle en béton remplissage pierre
Logements en patio
Ombrière bois au dessus de tentes en toile
Magasin en sacs de sable
Toilettes en voûte nubiènne et voûte catalane
Clinique en tôle et section d’échafaudage
CONCLUSION
D’abord sceptiques quant au fondement de ce projet aux airs d’utopie, la réalité du terrain et nos nombreux échanges avec les jeunes turkanas nous ont finalement convaincues de la viabilité du projet ; à condition de leur offrir une architecture adaptée. En effet, le projet est d’isoler au maximum les jeunes de leur famille, en installant le campus à l’écart, afin qu’ils puissent capitaliser et ouvrir leur startup au lieu de redistribuer leurs gains sous la pression familiale. Même si cela peut sembler brutal, c’est une tentative d’ancrer une solution à long terme pour répondre au changement de paradigme culturel du à la sédentarisation et à l’explosion démographique de la population. Nous sommes intimement convaincues que le travail des ONG et l’aide alimentaire dans la région offrent des réponses curatives ne permettant que la survie des hommes et des femmes tout en créant une fragile dépendance, sans avenir. Nous avons également réalisé que la sédentarisation croissante poussait les locaux à construire des maisons de plus en plus pérennes, en s’inspirant des techniques de construction des autres ethnies : un véritable savoir faire en construction se développe dans la région. Cet élan bâtisseur donne encore plus de sens à ce projet.
PROJET
LA VOLONTÉ D’UN PROJET DURABLE
Pour construire le projet il faut de la main d’oeuvre et des matériaux, l’idée est donc de faire de la construction de l’ICT Center un chantier-école, tout au long duquel des professionnels bénévoles formeront des ouvriers turkanas à des techniques adaptées à cet environnement semi désertique. Au fil du temps les ouvriers deviennent alors des professionnels, s’installent à leur compte et forment à leur tour de nouveaux artisans; le besoin en habitations permanentes des ONGs, puis ensuite celui des turkanas se sédentarisant, leurs fourniront du travail. Peu à peu, les habitants du Turkana développeront leur propre style d’architecture, une architecture néo-vernaculaire. En parallèle, l’isolement du site, et plus généralement du Turkana, rend toute importation de matériel très délicate et très risquée (bandits, chocs, etc.). Il est donc nécessaire d’utiliser des matériaux géosourcés. Les habitants récoltent les ressources, les petits ateliers locaux se multiplient pour transformer ces matières premières, enfin les produits finis sont vendus, d’abord aux ONGs pour des projets comme l’ICT Center ou la clinique de Kokuselei, puis pour les constructeurs locaux. Dans le contexte du Nord du Turkana actuel, la construction de l’ICT Center de Lions doit s’inscrire dans une logique, durable, afin que les prochaines générations puissent peu à peu devenir indépendantes des aides extérieures, trop inconstantes.
FORMATEURS BÉNÉVOLES
PRODUIT FINI
construction de l’ICT Center de Lions
TRANSFORMATION DES MATIèRES PREMIèRES
OUVRIER
DÉVELOPPEMENT D’UN SAVOIR FAIRE LOCAL
ARCHITECTURE NÉO VERNACULAIRE
RESSOURCE LOCALE
OUVRIER EXPÉRIMENTÉ
CARTE DU SITE
tank
amoncellement de galets
pompe solaire
galet Ă˜ > 50cmX
St Augustine Children Center
N
piste principale
pierre plate
E
O S
sable fin
0m
200m
RESSOURCES MATÉRIAUX terre pierres plates galets de grés sable de termitière makuti glaise sable eau chaux fibres végétaux / animaux déjections animales
SAVOIR-FAIRES blocs de ciment makuti ébénisterie vannerie super adobe adobe voûte nubienne voûte catalane poterie
CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES Les termites rendent l’utilisation du bois impossible ou réduite dans le temps. La température élevée constante empêche de jouer sur un déphasage thermique. Le site est en pente, il faut en partie terrasser le terrain.
PROGRAMMATIQUES Les espaces de travail doivent être : . hermétiques à la poussière . ventilés au maximum ; . rapidement exploitables . sans étage ; . facilement accessibles.
IMPLANTATION
Face au lac, face au vent, le bâti s’aligne. Dense, il encadre une fine bande sabloneuse légèrement soulignée par deux talus de galet qui montent à la hauteur d’un enfant. Le projet est introverti, il regarde vers le bandeau doré qu’il enserre. Fait du sol, il devient mirage et se floute sous la lumière aveuglante du ciel turkana. A l’extrémité nord de cette langue de sable, un cirque naturel, à peine construit, surplombe le paysage et se fait scène, pour accueillir les groupes d’étudiants, les professeurs ou les invités de marque.
Photo aérienne du site prise par l’un des prêtre aviateur de la mission de Nariokotome fin 2017. Dans le cadre rose, la zone que nous souhaitons aménagées et construire.
BIBLIOGRAPHIE et GLOSSAIRE
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIE CISNERO Fernan Eladio Dieste 1917-2000. Dia del Patrimonio. EL PAIS, oct. 2006 CRATerre-EAG The basics of, Building with Arches, Vaults and Cupolas. CRATerre Construire en Terre. Editions Alternatives.1979 FATHY Hassan Architecture for the Poor. 1969 NORTON John Woodless Construction. Unstabilised Earth Brick Vault and Dome Roofing without Formwork. Building Issue, vol. 9, n°2. 1997
OCHSENDORF John Guastavino Vaulting, The Art of Structural Tile. Princeton Architectural Press. 2010 SUDU
The Sustainable Urban Dwelling Unit in Ethiopia Vol 1 & 2. Ruby Press. 2015
Truñó Ángel Construcción de bóvedas tabicadas. Reverte. 2004 VAN LEGEN Johan The Barefoot Architect. Shelter. 2008
FILMS DEPARDON Raymond Afriques : comment ça va avec la douleur? 1996 MAC DOUGALL David, Judith. Une femme parmi les femmes. 1981 UYS Jamie Les Dieux Sont Tombés sur la Tête.1980 EXPOSITION Afritecture. Building Social Change. Andres Lepik. 2013 à la Pinacotheque du Musée d’Architecture de l’Université de Munich
QUELQUES MOTS RAMENÉS DU TURKANA
akai : hutte fermée, ventilée et ombragée, où l’on travaille ou se repose, les plus fragiles y dorment (nourrissons, vieillards) akine : chèvre alaar : barrière en buissons épineux autours des huttes et des enclos, cette clôture sert à se protéger des voleurs et des animaux sauvages dassenech : tribu d’éleveurs de vaches venue d’Ethiopie et ennemie des turkanas ejoka : bonjour ekol : enclos à ciel ouvert où dort la famille turkana et parfois quelques enfants voisins eng’ol : nom du palmier doum etiam : voir ekol jua kali (swahili) : «do it yourself» fait maison makuti : toiture faite de tuiles en feuilles de palmier doum nouées sur des petits morceaux de bois manyatta : (massai) désigne un groupe de huttes dans un enclos. Par extension ce terme peut désigner la hutte elle-même. mkeka : natte tressée par les femmes avec les feuilles de palmier doum
Crédits photos : Gilles Ebersolt, Sarah Clément-Viénot et Hélène Bats sauf la photo aérienne (p95-96) prise par le père Tonio et Ludwig Illustrations : Hélène Bats et Sarah Clément-Viénot Nous remercions Gilles Ebersolt pour son accompagnement, les membres de l’ONG Lions et les missionnaires pour leur accueil sur place; Adam, notre traducteur et ami. Et enfin notre école qui a soutenu le projet, en particulier Pascal Hamon.