A Tilio…
PROLOGUE (en lecture gratuite)
I FEEL THE DARK Alors qu’il gît au milieu de la scène, ses longs cheveux blonds étalés sur le sol, Tilio ne comprend pas. Jamais aucun de ses cauchemars ne l’a emmené aussi loin, Jusqu’au goût du sang. La musique s’est tue mais son cœur se fait entendre, soulevant sa poitrine par petits coups diffus. L’organe freine, accélère subitement, ralentit, s’immobilise, puis reprend son rythme initial, à chaque fois plus faiblement, comme vidé de sa substance. Un liquide chaud humecte ses doigts. C’est bien lui qui saigne, sa vie fuit. Il prend peur. Tilio était entré sur scène salué par une clameur rauque. La guitare rugissait déjà, la basse pilonnait et la batterie martelait. Seule manquait sa voix déchirée, son hurlement vengeur pour couronner cet ouragan de décibels. Des odeurs âcres de sueur, de cigarettes et de bière se mêlaient au parfum sucré des fumées d’ambiance. Tilio aimait cette atmosphère étouffée, cette ambiance de ténèbres, ces foules poilues se mouvant en faisant virevolter au-dessus d’elles des volutes de couleurs au gré des jeux de lumières et des riffs de guitares. Chaque salle avait ses caractéristiques, son acoustique, son décor mais Tilio retrouvait à chaque concert cette énergie indispensable qui lui permettait de hurler sans contrainte son désespoir à la gueule du monde. Ce public-là, sous ses carapaces épaisses de cuir et de métal, lui avait toujours témoigné une inestimable affection. Depuis ses premiers concerts dans les caves des pubs de Soho, il tentait à chaque fois de s’en montrer digne en sacrifiant ses cordes vocales comme on fait une offrande. A son entrée, une armée de bras tatoués s’était levée toutes cornes tendues vers le ciel. Devant lui, des dizaines de fans s’étaient pressés contre la fragile rambarde de protection située à l’avant de la scène. Des premiers rangs
débordait une marée noire que même les colosses du service de sécurité ne parvenaient à contenir. Malgré cette pression, Tilio avait plongé sans hésitation dans la masse sonore. Pourtant, une brèche, même infime, et une vague déchainée se déverserait sur les musiciens et engloutirait sa grande silhouette noire. Il prenait son élan pour lancer sa première salve de hurlements quand une première détonation retentit. L’oreille affutée de Tilio reconnut tout de suite le souffle familier d’une arme à feu, la large impulsion poudreuse suivie du sifflement d’une ogive de métal tranchant l’air jusqu'à l’impact, dans le cas où la cible est atteinte. Toutefois, son écho s’était immédiatement dilué. Dans cette confusion, Tilio ne parvint à localiser ni la cible ni le tireur. Les musiciens cessèrent de jouer, laissant couler leurs notes. Les plus vifs se mirent à terre, les autres restèrent hagards, leurs instruments à la main, leurs yeux effrayés balayant l’espace sans savoir quoi ou qui chercher. Des cris surgissaient de partout, de la fosse, des coulisses, mais aussi du fond de la salle. Une deuxième détonation éclata. Soudain Tilio vit la foule s’écarter devant lui comme un banc de poissons s’écarte d’un prédateur. Debout au milieu d’un grand cercle vide, un homme en noir se tenait face à lui, droit, les jambes légèrement écartées, les bras tendus en position de tir. Ses yeux sombres le fixaient avec une intensité effrayante. Il le mettait en joug et Tilio ne pouvait se dérober. Leurs regards se croisèrent. Dans ce face-à-face, Il était bien la cible, l’homme à abattre. Celui qui ne devait pas quitter cette salle vivant. Pendant une fraction de secondes, Tilio resta paralysé, retenant son souffle. Il pouvait à peine voir le visage de son agresseur, à demi couvert sous une épaisse capuche, mais il reconnut cette silhouette. L’homme en noir restait lui immobile, concentré sur son geste. — TOUT ÇA C’EST DE TA FAUTE ! La troisième balle lui arracha le ventre. Un impact mou fit alors écho dans son corps. L’ondulation remonta jusqu'à sa nuque et recouvrit son crâne, pressant ses yeux dans leurs orbites et lui obstruant les narines. Une masse invisible s’abattit sur ses épaules. Ses jambes faillirent et il s’écroula sans avoir pu esquisser un geste.
Tilio l’a bien compris: Dans quelques minutes, son cœur ne redémarrera pas. Tout cela est bien réel. Sa tête est lourde, son corps engourdi. Sa cage thoracique se comprime, il étouffe. Sa peau le brûle, une fièvre le prend, l’obligeant à se courber, à se recroqueviller sur ce sol dur et froid, à s’enfouir sous lui-même. Ses tempes bourdonnent, et c’est à peine s’il perçoit les autres détonations tant leurs battements résonnent dans son crâne. On bouge autour de lui, on crie, on se bat même au loin. Tilio suffoque, voudrait crier à l’aide. Il serre encore le micro dans sa main droite, l’approche péniblement de sa bouche, mais aucun souffle ne parvient à sa gorge. Ses poumons ne répondent plus, ils se noient. Jamais il n’avait autant souhaité respirer, avaler de l’air, emplir son corps de l’invisible gaz salvateur. Tilio gémit, voudrait hurler pour se vider puis se remplir… en vain. Est-ce déjà la fin ? A-t-il suffisamment respiré, crié, vécu ? Des images reviennent. Sa vie fut mouvementée, souvent injuste, mais doitelle se terminer ainsi alors qu’il en ouvre une nouvelle page ? On s’approche. Une ombre s’adresse à lui : — Tilio ! Merde ! Tiens bon ! On va s’occuper de toi maintenant… Mets-toi comme ça, voilà, un docteur arrive ! — Un docteur, ici, vite ! Putain de merde un docteur ! crie-t-on alors qu’on le déplace sur le côté. Tilio sent l’agitation autour de lui. Des bras le soulèvent et lui étirent les membres. La douleur est atroce. Ses doigts lâchent le micro qui heurte le sol dans un claquement extraordinaire amplifié par les enceintes de la salle. On le transporte à travers des couloirs, des ombres et des lumières se succèdent à travers ses paupières entrouvertes. Un tremblement le secoue, un brutal changement de température intervient. Il comprend qu’on l’a soutiré de la chaleur moite de la salle pour la froideur extérieure quand il entend des sirènes d’ambulances. Des portes claquent. Les hurlements de la sirène deviennent plus sourds et la lumière plus forte. L’agitation autour de lui a cessé mais il se sait en mouvement. Des ombres se penchent sur lui et l’interpellent. On lui place un masque sur le visage, on lui injecte divers liquides qu’il sent se faufiler sous sa peau et s’infiltrer dans sa chair.
Après un dernier sursaut qui le fait bondir, Tilio se calme enfin. La douleur s’évanouit et il peut laisser aller son corps à la pesanteur. Son esprit se libère. Il tente d’inspirer… en vain. Où est Marie ? \,,/
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DANS LA PRESSE… Emaginarock.fr "S’il y a bien une chose qu’on peut reconnaître à l’auteur, c’est le fait qu’il a réussi à exprimer le Metal dans son texte" Metal-Eyes.com « Saad Jones connait notre univers Metal sur le bout des doigts » TheMetalMag.com "Merci à l’écrivain pour m’avoir fait voyager dans son histoire." W-Fenec.org « A nous, initiés à un mouvement souvent mal compris et jugé effrayant, de profiter de ce roman » HornsUp.fr "Tous les éléments sont réunis pour que le lecteur passe un bon moment à lire. Jamais la tension et le suspens ne se relâchent." Sons-of-Metal.com « Ces pages sentent le vécu et tournent à un rythme digne du Death Metal. » Hardforce.fr « Un roman prenant qui oscille entre frénésie, tristesse, abnégation et abandon de soi » COREandCO webzine « Il serait dommage de passer à côté de ces pages qui mettent ENFIN en valeur le Metal » French-Metal.com « Un voyage au pays des metalleux que vous ne regretterez pas ! »
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