Evaluation Speak out! 2012

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Projet Speak Out : évaluation externe

2012

RAPPORT D’EVALUATION EXTERNE PROJET SPEAK OUT Projet du Conseil Suisse des Activités de Jeunesse

Ana Valle

Photo de Bettina Kiedl, camp d’été Speak Out, juillet 2012

Année 2012 « …We

can do it without fear, we are here, we come here and you can say what you want without fear…you want really know, it’s freedom here ! We don’t really have it, but when we are here we feeling like we having one ! » Participant de Speak Out 2012

« … you come here because you don’t know and when you know it is better for us, we can stand up for our rights…» Participant de Speak Out 2012

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Table des matières 1.

Projet Speak Out ................................................................................................................... 3

2.

Evaluation externe du projet ................................................................................................. 3

3.

Méthodologie ....................................................................................................................... 5

4.

Perception du projet par les participants ............................................................................... 6 4.1.

Définition du projet Speak Out................................................................................................ 6

4.2.

Objectifs................................................................................................................................... 7

4.3.

Raisons de participation .......................................................................................................... 8

4.4.

Attentes ................................................................................................................................... 9

4.5.

Impacts .................................................................................................................................. 10

4.6.

Appréciation des interventions externes .............................................................................. 12

4.7.

Définition de la politique par les participants ....................................................................... 14

4.8.

Participation .......................................................................................................................... 15

4.9.

Appréciation du projet, aspects positifs................................................................................ 16

4.10. Appréciation du projet, aspects négatifs ............................................................................... 18 4.11. Evolution du projet, apport des anciens participants ........................................................... 20 4.12. Partage de l’expérience Speak Out........................................................................................ 20 4.13. Suites du projet...................................................................................................................... 21 5.

Apport des intervenants externes........................................................................................ 22 5.1.

Perception du projet par un intervenant externe ................................................................. 22

6.

Constats ............................................................................................................................. 25

7.

Recommandations .............................................................................................................. 27

8.

Conclusion .......................................................................................................................... 29

9.

Remerciements ................................................................................................................... 29

10. Bibliographie ...................................................................................................................... 30 11. Annexe : Intégration des MNA et Speak Out ....................................................................... 31

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1. Projet Speak Out Le projet Speak Out a été lancé en 2009 par l’organisation Terres des hommes puis a été repris par le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ) en 2010. Tout d’abord ce fut un projet pilote de trois ans et, après son succès et un bilan plutôt positif, il a été décidé de le poursuivre pour les années 2012-2014. L’objectif de ce projet est de permettre aux requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) d’être actifs face aux défis auxquels ils sont confrontés dans leur situation. Le projet veut donner la possibilité à ces jeunes de se faire entendre, de donner leurs opinions sur les débats qui les concernent. Il vise à permettre aux MNA de pouvoir s’exprimer, d’être entendus par la population sur leur situation en Suisse et sur leurs conditions de séjour et d’ainsi participer activement à la défense de leurs intérêts en développant des connaissances concrètes du fonctionnement des institutions suisses, de la politique suisse, de leurs droits et de développer au travers de ces différentes activités des compétences personnelles, sociales et d’intégration. Cela dans une démarche et une volonté de sensibiliser un nombre important de personnes aux différents problèmes évoqués par les MNA dans une perspective d’une meilleure prise en charge de ce groupe spécifique de requérants d’asile. Il est important de souligner que ce projet ne peut influencer la procédure d’asile au niveau individuel mais vise à une discussion et une amélioration du dialogue à un niveau général. De plus, un projet comme celui-ci tente de permettre d’acquérir des compétences autant sociales, culturelles que politiques pour ces jeunes. Ce qui constitue un bagage supplémentaire pour préparer leur avenir que cela soit en Suisse, dans le pays d’origine ou dans un pays tiers. Speak Out vise à une optimisation et un renforcement des compétences et du droit de participation des jeunes MNA vivant en Suisse. Le principe de ce projet est de se rencontrer à plusieurs reprises lors d’ateliers répartis sur l’année. En 2012, les jeunes MNA accompagnés de deux animateurs ont discuté, appris, créé et partagé leurs expériences lors de journées, de week-ends ou encore lors d’un camp de cinq jours durant l’été. Ils ont également pu se rencontrer et échanger lors d’interventions de personnes externes comme des politiciens suisses, des représentants du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du réseau suisse des droits de l’enfant ou encore d’Amnesty International ainsi que d’une personne travailllant pour une radio argovienne, radio Kanal K, afin d’enregistrer une émission sur le projet et les MNA.

2. Evaluation externe du projet Le but de l’évaluation externe est de présenter le projet du point de vue des participants, c’est-à-dire d’identifier et de partager les avis des mineurs non accompagnés à propos du projet Speak Out. Cela dans le souci de donner la voix aux MNA pour exprimer leurs idées, leurs perspectives sur le projet. Il a été souhaité de faire une évaluation dite externe au projet c’est-à-dire faite par une personne 3


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indépendante des organisateurs ayant mis en place Speak Out afin que les participants puissent s’exprimer librement, faire part de leurs critiques indépendamment de la coordination du projet. Les réponses et les impressions des MNA sont le « corps de ce rapport », elles sont la base du travail et constituent un retour sur le projet de l’année 2012. Mais les points de vue des organisateurs, animateurs et intervenants sont aussi considérés. Une autre évaluation est faite parallèlement mais à un niveau interne, par les organisateurs euxmêmes. Ces évaluations visent à avoir un regard rétrospectif et critique sur ce projet. A travers des discussions informelles et des entretiens, différentes questions ont été abordées avec les participants sur l’appréciation des objectifs du projet, les raisons de leur participation, les aspects positifs et négatifs de Speak Out. Et enfin l’impact présent et futur de leur participation à ce projet ainsi que la pertinence qu’il a pour eux. Dans l’évaluation de cette année, après une lecture attentive de celle de Catherine Bauman1 de l’année précédente, j’ai tenu compte de l’analyse qu’elle a faite ainsi que des recommandations qui en sont ressorties afin de pouvoir observer ce qui a évolué et dans quelles mesures ses propositions ont été possibles et applicables. J’ai également pris en considération les recommandations qui ont été faites dans le dernier rapport sur le projet de l’année 2010 et 20112 afin de constater comment ces différents éléments ont été appliqués et dans quelles mesures cela s’avère pertinent. Dans le cadre de mon travail de Master, je m’intéresse particulièrement à l’insertion des jeunes requérants d’asile mineurs non accompagnés dans la société d’accueil, la Suisse. Je cherche à comprendre comment ces personnes vivent leur quotidien de jeune/adolescent et requérant d’asile dans le pays d’accueil, à examiner la complexité de la position des requérants d’asile dans la société et à me rendre compte de l’importance que la participation à celle-ci peut avoir pour eux. J’ai souhaité préciser les entretiens pour l’évaluation avec des questions se référant à l’insertion de ces jeunes en Suisse et à leur situation particulière afin d’analyser dans quelles mesures ce projet peut les aider à s’insérer, à participer à la société (liens sociaux, connaissances de la société d’accueil, apprentissages de leurs droits, etc.). J’ai profité des entretiens de l’évaluation pour questionner de manière plus large sur l’insertion dans la société d’accueil et le vécu de la procédure d’asile en tant que jeune adolescent requérant d’asile. Pour cela, j’ai mis l’accent sur leur perception, leur propre définition de leur statut et de leur intégration. C’est pourquoi les entretiens effectués sont constitués comme suit : une présentation du jeune, une évaluation sur le projet à proprement parlé puis une série de questions touchant à l’insertion du jeune dans la société ainsi qu’à la perception de son statut, de son rôle dans la société en Suisse. Cela dans le but d’essayer de saisir comment les jeunes MNA perçoivent, à travers ce projet, un moyen d’accès et d’insertion dans la société. Question que j’aborderai brièvement à la fin de ce rapport.

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BAUMAN Catherine 2011. Speak Out ! : An evaluation of a child particpation project with unaccompanied minor asylum-seekers in Switzerland. A project of the Conseil Suisse des Activités de Jeunesse. 38p. 2

CONSEIL SUISSE DES ACTIVITÉS DE JEUNESSE 2011. Speak Out ! Rapport final 2010-2011. 18p.

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3. Méthodologie Pour récolter les données de terrain qui sont le corps de mon évaluation, j’ai tout d’abord participé aux premiers ateliers Speak Out dans le but de me familiariser avec le projet, d’observer le déroulement de ces rencontres et également de faire connaissance avec les participants. Durant les ateliers, j’ai principalement fait un travail d’observation, j’ai pris des notes pendant et après chaque atelier concernant le déroulement de la journée, les discussions qu’il y a eues et des éléments importants ressortis durant la journée. J’ai participé à l’ensemble des ateliers ce qui m’a permis d’avoir un suivi et une perception du projet certainement plus objective. J’ai récolté un grand nombre de données à travers mes observations et des discussions informelles. Il était important dans ma démarche d’établir tout d’abord une relation de confiance ou du moins de faire connaissance avec les participants afin d’avoir des entretiens plus pertinents. Au total, j’ai pu m’entretenir particulièrement avec dix jeunes, des anciens et des nouveaux participants, des francophones et des germanophones, trois filles et sept garçons, dans le but d’arriver à un travail le plus représentatif possible. Je me suis entretenue avec huit nouveaux participants, c’est-à-dire des jeunes qui ont débuté cette année, mais également avec deux participants qui étaient déjà présents l’(les) année(s) précédente(s) et qui sont revenus en 2012. Cela dans le but d’avoir du recul et une perspective peut-être différente sur le projet et de donner une idée de ce qu’un tel projet peut avoir comme impact sur le long terme. De cette manière, il est possible de mettre en avant différentes perspectives et impressions, et peutêtre de rendre compte plus clairement de l’apport d’un tel projet pour les requérants d’asile mineurs non accompagnés. Pour des raisons linguistiques, j’ai voulu me concentrer principalement sur les personnes francophones mais, comme elles étaient en très petit nombre cette année, j’ai également fait une série d’entretiens en anglais ainsi qu’un en allemand. Les biais de la langue ne sont alors pas négligeables, les lacunes linguistiques de ma part et de la leur ont amené parfois à des incompréhensions qui m’ont conduite à expliquer et préciser les choses à plusieurs reprises ce qui a certainement biaisé les réponses. De plus, il peut être difficile pour eux de développer et expliquer ce qu’ils pensent dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle. Cela amène naturellement à une série de biais importants qui est à prendre en compte dans cette évaluation. Durant le camp d’été, j’ai fait une première série d’entretiens avec trois participants. Ce moment se prêtait bien aux entretiens du fait que, sur une semaine, nous avions davantage de temps libre que dans les autres ateliers. De plus, le camp se situe environ au milieu de l’année Speak Out, ce qui permet déjà d’avoir un retour intéressant des participants. J’ai ensuite effectué trois autres entretiens lors du dernier week-end d’atelier. J’ai également fait une série de quatre autres entretiens, cette fois-ci en-dehors des ateliers Speak Out : je me suis déplacée à Zürich et à Bâle afin de m’entretenir avec quatre participants domiciliés dans ces cantons. Durant les entretiens, j’ai utilisé un enregistreur ce qui m’a permis une retranscription post-entretien exacte. Au début des interviews, j’ai demandé l’accord des personnes interrogées pour l’enregistrement en leur précisant que c’était uniquement pour mon usage personnel et j’ai garanti de préserver l’anonymat de chacun. Et enfin, j’ai précisé aux personnes interrogées qu’elles devaient 5


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se sentir libres de répondre ou non aux questions posées. Toutes les personnes auxquelles j’ai demandé un entretien ont répondu positivement et se sont prêtées volontiers à cet exercice. J’ai aussi pu m’appuyer sur les prises de notes que j’ai effectuées lors des interviews. J’ai cherché à m’entretenir avec des intervenants de Speak Out avec qui j’ai eu contact lors des différents ateliers. En accord avec eux, par courriel électronique, je leur ai envoyé un questionnaire sur un retour de leur intervention, sur leur perception du projet ainsi que sur leurs démarches suite à leur collaboration. Je n’ai reçu qu’une réponse. J’ai également fait un entretien avec l’organisatrice de Speak Out pour un retour sur le projet et sur cette année écoulée et je me suis entretenue avec une animatrice du projet à propos de ses impressions sur cette année de projet Speak Out.

4. Perception du projet par les participants Pour avoir une idée de la perception du projet par les participants, il est intéressant de saisir comment les jeunes MNA définissent ce qu’est Speak Out, leur conception des objectifs du projet et les raisons de leur participation. Ensuite identifier quelles sont les attentes de cette participation, l’influence, les impacts que ce projet a sur leur quotidien et peut-être sur leur vie future. Revenir sur les interventions de personnes externes lors de l’année. S’intéresser brièvement à la relation de ces jeunes à la politique et à leur perception de leur participation au projet et à la société. Dans un deuxième temps, identifier avec eux les aspects positifs et négatifs de Speak out. Et enfin les questionner sur le partage de cette expérience et envisager la suite possible du projet pour eux.

4.1.

Définition du projet Speak Out

Pour ces jeunes MNA, le projet Speak Out représente un espace de parole et de partage. Un endroit où ils peuvent échanger leurs expériences, leurs questions, leurs craintes, leurs doutes et leurs espoirs. Un lieu qui leur permet d’être en contact avec des personnes que, en temps normal, ils auraient peu l’occasion de rencontrer et d’échanger avec elles. Ils peuvent également effectuer un travail d’information envers la population suisse avec qui les contacts ne sont pas toujours aisés et fréquents. L’apprentissage de leurs droits est également quelque chose qui est ressorti souvent lors des entretiens. Les jeunes peuvent ainsi acquérir des connaissances importantes afin d’appréhender leur situation. Le droit à la parole et à s’exprimer sans crainte a également été relevé. Speak out représente pour eux un espace où l’on peut parler librement.

« Pour moi Speak Out, c’est un projet pour aider les mineurs requérants d’asile … à mettre au courant les personnes, ce qu’eux ils pensent … et leurs problèmes ici en Suisse. »

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« Speak Out, c’est pour le mineurs … oui c’est venu après ici … pour expliquer pour le règlement des mineurs, c’est droits des mineurs, c’est expliqué tout oui … et puis après nous connaît … (…) Speak Out pour les mineurs c’est parlé après pour essayer de connaître politique suisse. » « Moi c’est dit Speak Out c’est organisation pour les personnes MNA … c’est Speak Out c’est aider les personnes, c’est parler c’est parler difficultés si y en a, Speak Out c’est aider à rencontrer c’est politiciens suisses … c’est Speak Out c’est connaître les Rechte von Kindern…» « I can call it a project, it’s a project yes … but it’s like … it’s a place that people go and tell them … a lane about … right, about the rights in this place, you learn your rights, what is wrong what is … you learn what you are supposed to do like in school, what your right is … what that is not your rights … is like you have the freedom to speak … ok we have the freedom to speak ! To view our problems without fear … that is what I can say … because we can do it without fear, we are here, we come here and you can say what you want without fear … you want really know, it’s freedom here ! We don’t really have it, but when we are here we feeling like we having one ! »

4.2.

Objectifs

Pour les jeunes participants, les objectifs principaux du projet se trouvent dans l’apprentissage de la vie en Suisse et de sa politique, dans l’accès à de nouvelles thématiques, de nouveaux endroits, dans l’information à la population suisse de leur existence et de leurs réalités, dans la possibilité de s’exprimer, de parler de leurs problèmes et enfin dans la rencontre de personnes qui peuvent peutêtre, à un certain niveau, faire évoluer leur situation. Les objectifs de base du projet semblent bien intégrés par les participants. «C’est…apprendre des nouvelles choses… (...) … Oui, découvrir la politique suisse et puis … oui … et comme ça se passe la Suisse, ici. » « Wir möchten wissen über Politik für der Schweiz … wir auch wissen über Schweiz reden, weil die andere Kanton haben andere Tema und wir haben andere Meinung. So wie so, weil sie so gemacht haben. » «Pourquoi … parce que même si y a des gens qui savent … oui il existe des requérants d’asile mais ils ne savent pas comment les gens y vivent, c’est pour leur faire savoir comment les gens ils vivent ici en Suisse. » «Oui si on est venus à Speak Out, … c’est, c’est il y en a problème, après c’est dit …. oui c’est dit il y en a quelques problèmes après …. c’est arrangé ! » «S’exprimer, oui ! ... c’est protection c’est comment c’est protection les personnes … UMA … c’est aider nous, c’est ça rencontrer avec politiciens, c’est connaître ses droits … des enfants…» 7


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« Moi c’est … Speak Out c’est bon ! C’est bon … c’est Speak Out c’est aidé moi c’est avoir collègues … Speak Out c’est aidé moi c’est voir politique … Switzerland … Speak Out, moi je suis venu, j’habite Lucerne … c’est pas sortir Lucerne, mais Speak Out c’est aidé moi à voir Berne, à voir Fribourg, à voir Basel … c’est voir beaucoup. Speak Out c’est aidé moi, c’est connaître … Rechte von Kindern… » « Oui, j’étais à Speak Out pour rencontrer les gens, pour faire la connaissance avec les gens aussi ... Et j’ai beaucoup appris là-bas aussi pour la politique des Suisses, comment ça … comment ça fonctionne… »

4.3.

Raisons de participation

Les raisons de participation sont diverses, beaucoup de jeunes ont été motivés par les présentations dans les centres et surtout, dans un premier temps, conseillés et encouragés par leur assistant social à y participer. A la première séance, ils ne comprenaient pas forcément bien le but du projet mais, après la première rencontre, cela a été généralement plus clair et ils ont trouvé cela intéressant et ont apprécié d’avoir un plan sur le déroulement du projet au cours de l’année, cela les a motivés. Pour certains, leur participation leur permet en premier lieu de prendre l’air, de sortir un peu de leur quotidien ainsi que de rencontrer de nouvelles personnes. La volonté d’essayer de changer leur situation, d’être actif, de ne pas baisser les bras et d’apprendre la politique suisse, leurs droits, ou encore d’améliorer la langue sont des éléments qui les motivent à participer à Speak Out. Changer d’air « Ben je croyais … moi je me disais que c’était pas important … et donc ça change rien … (…) Parce que je voulais changer de l’air … que rester à la maison toujours … » « It’s not important but what it makes sens, when I am in my home. I’m so …. wenn ich in meine Zimmer bin … ich mag einfach sitzen und lesen oder nur einfach spielen oder so … wenn ich dort gehen, ich lerne Deutsch mit andere Leute sprechen, was gibt es in der Schweiz, was ist Politik … und ich muss das wissen oder. Dort ist besser als in meine Zimmer, ja … » Essayer d’améliorer la situation « Ouais … ouais c’est d’essayer de changer ma situation ou même si ça va pas changer pour moi … des autres peut-être, des gens qui viendront … ça sera possible pour eux. (…) Ouais c’est d’essayer de faire quelque chose même si … bon je sais que ça va pas changer grandchose et pis … (…) Ouais faut essayer, même … ouais, ça on sait jamais» « Je viens à Speak Out car cela m’aide à améliorer la situation…»

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Apprendre le système et la politique suisses, améliorer la langue et rencontrer des personnes « C’est parce que c’est très intéressant, je pense que ça va nous faire comprendre ce que j’ai dit tout de suite … la politique de Suisse … parce qu’il y a les autres ils ont été ici qu’une seule fois, ils ne sont jamais retournés … » « Ja ich habe schon Motivations aber sie haben nicht verändert … und meine Motivation sind meine Deutsch grammatik verbessern und dass Gesetz von der Schweiz zu lernen … auch die Kultur von der Schweiz … und einfach mit dem Menschen … ich meine wie ein nett Mann zu werden ... mit dem Leute Kontakt zu haben und einfach besser zu werden wie ein Schweizer…» « Parce que bon pour se rencontrer des gens qui sont … ouais dans la même situation que moi. Moi ça m’aide parce que … comme je vais savoir y a pas que moi qui vit comme ça … ou qui a des … oui qui a ces choses-là.» « On apprend nos droits … mais on les voit pas dans la réalité … »

4.4.

Attentes

Les jeunes attendent du projet de mieux comprendre leur situation, leurs problèmes et d’essayer de trouver des solutions. L’apprentissage et le progrès de la langue française ou allemande peuvent aussi faire partie de leurs espoirs. Une partie des jeunes est consciente que sa participation au projet ne peut influencer réellement sa situation dans la procédure d’asile et sait qu’elle est indépendante du projet Speak Out comme cela l’a été expliqué à plusieurs reprises lors de l’année, mais certains arrivent quand même à des incompréhensions face à la démarche du projet. D’autres sont dans l’optique de vouloir essayer de participer même s’ils sont conscients que cela n’aura pas forcément un impact direct sur leur situation mais, pour eux, c’est toujours mieux que de ne rien faire. Ils pensent aussi que cela pourra peut-être faire évoluer la condition des prochains jeunes mineurs non accompagnés requérants d’asile qui arriveront en Suisse et que, si cela ne change pas vraiment pour eux, peut-être qu’il y aura une évolution pour les prochains. Les attentes que les jeunes ont du projet n’ont pas toutes été atteintes selon eux. « I’m here first I would learn language and second I would learn Switzerland system …» « Speak out, I want to know for Speak Out for politics people and … I want to know why we have N Ausweis, why we have not the other C Ausweis or F … and why we have not school in a normal school … » « En ce moment, non pas tout à fait (...)… parce que c’est pas ce que je pensais en fait … (...) Parce que moi je pensais … ouais … qu’ils pouvaient changer quelque chose mais en ce moment ils peuvent pas … (...) Ouais, pour la situation des gens … mais en fait c’est pas ça … (…) … oui même si ça va changer je pense que c’est pas maintenant. »

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« Oui, mais si chaque fois on parle, après … comment on dit, on n’a pas … on n’arrive pas à faire des résultats …(…) Oui, c’est un peu … comment dire … ça serait ridicule … (…) Oui, que chaque année on revient, et on fait la même chose (…). Mais je veux pas dire qu’on va changer quelque chose, mais au moins, moi je vais essayer … après on va voir, on va arriver à faire quoi … » « Moi je crois que l’on peut faire quelque chose … on peut arriver au moins à quelque chose, ce que nous on cherche …. Je suis content d’avoir connu ces personnes-là [participants de Speak Out]… » «Maintenant que je sais presque bien ce qu’on peut arriver, ce qu’on peut pas faire et tout ça … c’est clair, pour moi … je peux dire qu’on peut essayer … après on va voir … à quoi on va arriver … » « Ja, ich will einfach die Flüchtigen unter 18 Jahre alt ohne Eltern die in der Schweiz sind … ich bin auch ohne Eltern in der Schweiz und ich will auch frei zu haben, ich bin auch Hilfe zu kommen … also ich meine sie können ein gut job zufinden, zur Schule gehen, … sie muss auch enttäuschen. »

4.5.

Impacts

La participation au projet peut aider ces jeunes à développer des compétences et des connaissances qui peuvent être utiles dans les démarches quotidiennes auxquelles ils doivent faire face. Comme le fait de s’exprimer, d’apprendre à le faire et de transmettre leurs idées. Ils acquièrent des compétences qui leur servent pour leur avenir. Mais d’autres pensent que leur participation au projet Speak Out leur apporte certaines compétences mais que concrètement ils ne voient aucun changement depuis leur participation, même si cela fait plusieurs années qu’ils sont engagés dans le projet. De manière générale, comme un participant me l’a partagé, leur souci premier et d’avoir les papiers nécessaires pour rester en Suisse et se construire de manière stable un avenir. Speak Out dans une certaine mesure permet d’aller dans ce sens-là mais la procédure d’asile reste indépendante de toutes les compétences acquises. « Oui, oui j’apprends beaucoup de choses … (…) Ouais, ça change quelque chose parce que ça me permet de s’exprimer, de dire ce que je ressens … » « Oui ça m’aide parce que … ouais même si j’apprends un métier, même si je peux pas rester ici en Suisse … bon si il me dit de quitter, il peut pas prendre ce que j’ai appris dans la tête, ça c’est important pour moi d’apprendre les choses … ça je veux aller avec …» « Ouais pourquoi … c’est parce que … que je dois apprendre des nouvelles choses, que c’est important d’apprendre … quelque chose … (…) ouais pour faire peut-être, tu sais pas qu’est-ce qu’il faut mais … tu as déjà participé dans ce genre de choses … »

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« Yes. Sometimes when I sleep I think anything and I think to…for the Speak Out, why …. it’s, it helping my problem … (…) not everyday but it helping my problems so that I think to the Speak Out when I sleep, before … before I sleep I think and then I sleep.yes … » «It … all people don’t know my problems, my problems no … only the Speak Out and yes … all ... nobody know my … Speak Out, only the Speak out and …» « … maintenant moi je connais un peu les droits des enfants, je connais un peu c’est comment parler les personnes, je connais comment c’est respecter les personnes, comment c’est parler … .C’est Speak Out, ... Speak Out c’est aider moi c’est parler la radio … radio Kanal k …. ça ! » « Si cela m’aide ? oui … oui ça m’aide par le droit de l’enfant comme ça … le droit de l’enfant, moi je suis enfant on dit … mais je sais maintenant mon rôle, ce que je dois faire et ce que je ne dois pas faire … » « Yes a little bit … because I’m learning for Speak Out because I have so many questions for myself ...» « No I think not, because I cannot ... warum ich kann nicht denken über Speak Out … (…) Ya ich denke über Politik, über Speak Out aber es ist nicht so wichtig … was wenn ich denke über Politik Leute er kann nicht einfach ganz alle wissen …er kann nicht alle wissen, und er kann nicht alle reden, und er kann nicht alle wissen …» « From Speak Out … the first thing is better, we are metting different people from different classes, you know even viewing our problems to someone who is there try to listen I do that is often help … it’s better ! They understand the problemes we have in your, our heart … and to be honest if I come in this place, I feel good (…) … but honestly I think … you know we came here with no understand too much things … and is like we have to much questions and everything like that … you come here, you don’t know what is your right, what is like that … and … you come in Speak Out, you say today you can meet this person and then you can ask them because there are the people who are working with this people and then, the idea we had before is different … at least we get open up, we know what we suppose to do and everything like that and you know how we stand for our rights ! … is like … sometimes is helping you know … we have here no families and then one people like us we meet like this, we become like one family … (…) … it’s time like this maybe we could be home… but meeting like this, speaking like we do today … (…) you forgot that you have problems …even if it’s short time, but clear is helping a lot … in my side, and what people is talk to … and do be honest I m happy, for my side … I gain a lot … (…) … you are to motivated to do something … is like, it is good ! I just… I don’t know like … [a participant] … I see …she has the right in Speak Out, just speaking freely … see the way is viewing … or the other friends they speak that what they want know … and in the center you can’t do something like this … ok in my opinion, is helping too much! Because I don’t know how explain … but no one can express the feeling how we feel when we are here … (…) Me personnaly … i see people are happy … maybe this three boy say that, but they are still comming … because they know how feeling is to be here ! Feel like home! ... is the home, because at home you can tell to your father or mother what 11


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you want say … what you want, what you think is right, is like home,is a home! Is a home, is our family, our parents! It what I can say, it helps us … we live it, and they love it! I still comming … because is helping! If it’s no helping and you have what they want, they don’t come … it’s like … it’s great! » «Of course … it’s change, of course …. When you come, when you know nothing … and then you go somewhere and you learn about what you didn’t know … as you excpect it is change for a better life, you didn’t know … if you educated someone about something she understand and if she understand that is good … is like you go to school to learn because you are not suppose to be stupid … that is exactly … you come here because you don’t know and when you know it is better for us, we can stand up for our rights … not as much as … but we are not as before as we were … (…) … that much better than stay in your home … it is right, what can i do … that you not suppose to keep someone in suspense … at least you know, it is much better for me to understand my right, that i suppose to go to school … how i suppose to live in Switzerland ... but the feeling ... I can up great myself, ok it’s gonna be like this, I can encourage msyself … that much better … it not hundred percent, one, two percent is okay for me … not like before ! It is never like before! I don’t want to be stupid, is that … to know what you stand … it’s better…»

4.6.

Appréciation des interventions externes

De manière générale, les différentes activités avec les intervenants externes qui ont eu lieu lors des ateliers de Speak Out sont appréciées par les jeunes. Ils peuvent rencontrer des personnes qu’ils pourraient difficilement rencontrer dans leur quotidien. Cela leur permet d’être entendus, de s’exprimer, de dire ce qu’ils pensent, de poser les questions qui les préoccupent, de pouvoir expliquer leur situation à des personnes externes et, peut-être, de recevoir un retour, des conseils. Bien qu’ils n’aient pas le sentiment d’avoir de réelles réponses à leurs questions et le regrettent, ils relèvent l’importance d’être entendus et de mettre ces différents intervenants au courant de leur situation. Certains jeunes ont mentionné la volonté de rencontrer des personnes qui seraient plus en lien avec la thématique de la migration comme par exemple une personne qui travaille à l’Office des migrations ou encore un représentant d’une organisation pour les migrants, c’est-à-dire des personnes qui sont directement en lien avec ces thématiques et qui connaissent parfaitement le sujet car elles y sont confrontés quotidiennement, elles pourraient ainsi répondre plus précisément à leurs questions. Certains participants ont manifesté également un regret concernant des intervenants présents qui n’étaient pas forcément les plus qualifiés dans leur domaine ce qui ne permettait pas de réponses totalement exhaustives. « Oui c’est important, parce que … oui même si eux-mêmes ou … ils peuvent pas changer grand chose pour vous … c’est eux quand même qui dirigent, pour le faire savoir je pense que c’est bien… »

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« Oui, si on ne vient pas ici … on a pas l’occasion de discuter avec eux … (…) Ouais, je pense il y a que les gens, ceux qu’on a vus … c’est les habitants suisses et les politiciens … ouais que ...c’est à eux, on doit s’adresser à eux … » « Oui, c’est très bon …. oui c’est très importance oui ….(…) Oui … après c’est apprend après c’est fait après tous les gens, après c’est écouter, après c’est connait quelle situation les mineurs faire ... c’est très importance, oui. (…) Oui…c’est fait les règles après les gens c’est écouter… règles, après c’est écouter radio après c’est écouter c’est quoi les mineurs si il y a en quelques problèmes… » « Yes I think so … because I want good life … when I speak with politics maybe these people say with Berne or to other people … I don’t know … when i come i have a birth Ausweis and I have nothing…» L’enregistrement de l’émission de radio a souvent été ressenti comme une très bonne expérience et une bonne manière de se faire connaître auprès de la population suisse. « I think it was very good today … the radio…(…) Yes … I … it was good we can speak what we here do, and all people know it … when we speak they listen it at the radio and … yes it’s good … and when … all people in Switzerland they know it what our problem is … we know it to but we would that they know what Speak Out is … what we do here. Know that they do things, we coming here, we play or so … we would that thing we would that, they think that very important is Speak Out. Yes … » « Ich kenne andere Leute gelernt und über Politics gelernt. Zum Besipiel ein Mann ist gekommen von Kanal K und andere Leute und die zwei Leute …. sie sind gekommen, sie haben erzählt und letze mal sie haben geredet über Politic waren wir sind und was haben wir, sie haben geredet oder … ya wir können die Leute lernen und so ….(…)Ja ist wichtig… (…) Andere Person und auch Politik wissen… » « Oui moi je suis contente si les autres personnes suisses écoutent ça … c’est y en a d’autres idées… » « (…) Kanal K … he comming from Aarau … it’s good ja … because everybody listen for asyl, asyl children … how it’s asyl children especially the all asyl are for example the majority from Africa.»

Les conseils que peuvent leur donner les intervenants semblent importants à leurs yeux également même s’ils n’ont pas vraiment l’impression d’avoir eu de réelles bonnes réponses aux questions qu’ils ont posées.

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« Je trouve que ça c’est bon, c’est très bien … il va nous donner des idées aussi par exemple il y a une femme qui nous a demandé là-bas, qui nous a demandé des questions … elle nous a dit pour faire, qu’est-ce qu’on aimerait faire ici, il faut je ne sais pas c’est quoi … après elle dit … il ne faut pas faire des choses comme ça des bêtises, après elle a donné des conseils … il faut chercher des amis pour la Suisse, comme ça c’est très bien … » «They understanding … like the first we meet in Berne, two people … one women and one man … it was great … because ... they not give us really good answers … but they put using our place … they understood ... not good answers because we always expect positif … they … can everything … people don’t have always positif answer … like that, but it was ok ! Ok we meet different people but I don’t remember good…like today it was good! At least they tell us our rights and we also tell them the right, that what we have that we don’t have … it was like they don’t have really good answers, but they understand … exactly, there are understanding people, and it is all we need! They understand us and view our problems ...» «(…) and then we meet politicians and we tell them something like that, the really problem we are facing and then they tell us is like that, is like this … it helps ...at least you know … it’s all you understand what you are supposed to be! not … you are living because just you are living! But at least when they hear it, it is better if hear it …. if they don’t come, they never know! But if at least they come, even they can do nothing, but they think about it! Something good more than hear anything! It is better! If they don’t come they don’t want understand anything! You tell something and they say we didn’t know … what is happening … they are not looking for it … they come and then they see what is important … I know they can promise that they can do it, but at least they really know what is happening… (…) they closer to the governement than us these people…»

4.7.

Définition de la politique par les participants

Les participants ont à maintes reprises souligné l’importance de comprendre la politique suisse pour vivre ici, mais ce n’est pas toujours très clair et simple pour eux de définir ce que cela est et représente. Pour certains, ce concept reste vague et abstrait ou encore ne les intéresse pas vraiment. A l’inverse, un participant a manifesté son intérêt de peut-être s’engager dans la politique plus tard, envie suscitée par sa participation à Speak Out.

« Politics … I can’t explain … for politics … I don’t know poltics for Europe and my land it’s not the same … it’s difficult … Europe have richitg democracy … Africa no … it’s difficult for poltics … (…) Yes I live in Switzerland … but I have only Speak Out, i know Politic Switzerland only with Speak Out, before I don’t know … now I have little bit … for Switzerland politics ... (...) Yes it’s important because … I’m living here ....»

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« C’est important … c’est parce que si tu comprends la politique, tu vas comprendre maintenant comment tu vas te prendre en Suisse, comme tu vas être en Suisse … mais si tu ne comprends pas la politique c’est difficile … (...) Voilà, tu vas mieux comprendre ta situation…» « It is important to learn politics … why … ok ... Politics I don’t know … about politic things … but I know politic is about this things … it is not only decisions form the governement or something like that … politic … I think … Politic is important I know … you should ... it is hard, is complicated … it is to change and then don’t change … i can say that people that work in the politic things … close in office like that and make politic … politic is all coming out, go face to people and then you go politic … but if you are close in your office and then you say that you do politic … you go associated … to the society and then you go to do politic … it what I can say, you don’t close yourself … and you are making politic, it is not politic ! Because they don’t know what is really going on! I think … if they could come out to the office or they making politics … and not only write what is done and what is sould be done … they could come to a good judgment … judging think to according to … not the really reality … I think politic it is all about reallity! This for me, Politic is reality not thinking that you make politic! That is ! Not only writing and reading, got to face to the reality … and then you go make politic! » «I don’t have interest for poltics … (...) I don’t know why … I don’t want to speak to much about politics, because I hate poltitics … I came for Africa, Africa politic it always difficult, I think like this … » «(…) mais franchement ça ne m’intéresse pas la politique ! »

4.8.

Participation

Le projet Speak Out met l’accent sur la participation des jeunes et leur relation au monde politique. Lorsque je leur ai demandé ce qu’était pour eux la participation au projet et à la société suisse et si Speak Out les aidait dans ce sens-là, ils n’ont pas tous pu répondre à la question, souvent simplement par manque de compréhension du terme participation et de son sens. « …Parce que je ne trouve pas que je participe dans la vie … je trouve que moi je suis coincé où je suis…(…) Parce que je suis un requérant d’asile… » « Ya Speak Out c’est aider nous c’est …. participer … c’est participer les … c’est participer pour les personnes, c’est rencontrer les personnes. C’est faire les personnes connaître Speak Out c’est organisation, c’est aider les personnes MNA, sensi … sensibiliser les personnes …c’est faire connaître les personnes suisses que les, les Ausländer … oui les étrangers … MNA c’est vivre en Suisse, c’est y en a droits de protection… »

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4.9.

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Appréciation du projet, aspects positifs

Je leur ai demandé quels étaient les aspects positifs qu’ils pouvaient ressortir de ce projet et de leur participation. Ils ont généralement apprécié les thématiques abordées à Speak Out, ils ont beaucoup appris sur leurs droits, sur la politique, ils ont pu améliorer un peu la langue française et/ou allemande, apprendre à connaître les différentes positions des personnes rencontrées, leur rôle ainsi qu’apprendre à exprimer leurs problèmes et à les argumenter. Pour l’instant, ils n’ont pas d’idées précises de nouvelles thématiques à aborder. Ils ont relevé l’importance de pouvoir avoir un endroit pour poser les questions concernant la procédure d’asile, leur place en tant que requérant d’asile dans la société suisse qui sont des sujets dont ils peuvent parler librement à Speak Out, lieu où des personnes les écoutent et essaient de donner des réponses à leurs questions. Le fait de construire un groupe et de travailler ensemble est un élément important pour eux. Pouvoir partager, s’exprimer, s’encourager, parler de leurs droits leur donne confiance pour « se battre pour ». Enfin, parler, partager ensemble mais également simplement faire des activités, des jeux et passer du temps avec d’autres personnes est un élément qu’ils ont apprécié à Speak Out. « J’aime bien qu’on joue, on fait des trucs, des activités comme ça… » Partager son expérience « C’est bien parce qu’on est … on est beaucoup de personnes qui … comment dire … qui vient participer pour donner leurs idées … et pour aussi pour améliorer leur situation, c’est bien pour ça ! » « Ouais … de dire, parce que moi seul je peux pas … dire les gens suisses ou les politiciens ce que je ressens … mais là oui c’est possible … mais si ça va pas changer les choses … mais ils peuvent savoir, nous aussi … on dit … » « Je veux dire, c’est bien Speak Out, Speak Out c’est aider beaucoup de choses … c’est … aussi c’est Speak Out c’est aider nous, c’est parler nos problèmes aux politiques suisses, ça c’est moi c’est trouver c’est bon pour moi, c’est bon pour les autres personnes… » «Yes it is important exactly! ... to meet people like us, ok sometimes in Speak Out when you come here, you have, speak problems like this … you ask yourself this. And you meet a other person and telling a big problem you having more than him and ... we can exchange ideas at least, ok I m not dying tomorrow, at least when you meet them you share different ideas … it helps !» Donner confiance « C’est positif, je suis très content … c’est … aussi c’est la confiance… (…) Oui c’est en confiance oui, c’est la confiance pour étudier pour l’école… oui c’est la confiance, beaucoup! C’est très bon, très bon ! »

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« Yes, it’s cool … it’s important for me, it was very good … and yes … and it’s good that I’m here …» « Now I know we don’t give it after tomorrow but at least we understand when we meet people like they don’t answer good, but they understand … we didn’t know and that is good to stand for yourself! We know how to stand for yourself in Speak Out! Because we understand our rights… » Rencontrer des nouvelles personnes « We meet together for others children … for example I’m comming from Basel, somebody come from Lucerne, Lausanne … we make chat! It’s nice! » « Ah oui oui … ça m’a aidé pour connaître d’autres gens, oui… (…) Oui c’est important… » « Oui moi j’ai trouvé que toutes les personnes de Speak Out, il y en a pas de mauvaises personnes à Speak Out, c’est pour cela moi c’est venu toujours, c’est continuer Speak Out, c’est pas manqué Speak Out, je suis venu tout le programme Speak Out … parce que c’est pas vu là-bas personnes pas bons, toutes ces personnes c’est bon, c’est parler ... » « Yes it’s cool, but it’s not important … yes I share with other people my life and this people say me her life … but it’s not important, I have to much friend and I have other person…» « For me it’s important to meet this kind of people, people from differents country, people with differents problems, people with problems like me and those that not understand my problem ! »

Apprendre ses droits en tant qu’enfant requérant d’asile « Before I don’t know what asyl and … now I’m going to Speak Out and I have too much questions for myself … about asyl … (…) Yes. For example I can …. in Europe … I can say, I can ask for asyl, because I have rights …. I’m eigtheen years old, underage … I can asking something because the asylum people are like normal people … we don’t have scare, we can speak … for example I want something I can question somebody … » « For positive, Speak Out good job for asyl, good job … good work for asyl children, under … teenager.» « Yes the subject it’s good … it’s important for asyl … no other ideas … » « Oui les choses qui sont bien c’est l’ambiance, aussi … des questions qu’on a posées… Beaucoup de questions. »

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« Positif ist wir reden über unsere Heim und andere Heim, warum wir sind da gekommen, warum wir reden über Speak Out, wir wissen das wissen oder … (…) »

Appartenir à un groupe « Good things about Speak Out it is like we are free is the first thing. We like we also belong … when you meet different people like that and you feel people together, you feel belong … and then we belong somewhere, is good to belong somewhere … we don’t have family … something like that came up, you feel like belong … it is what wen need to belong somewhere … you know someone care about us … and really need this care like Speak out … is like we understand our rights, we learn ....»

4.10. Appréciation du projet, aspects négatifs Pour les jeunes, le fait de ne pas avoir la garantie que ce qu’ils font à Speak Out peut réellement influencer leur situation est parfois difficile à gérer et de ce fait altère leur motivation. Lors des retours pendant les ateliers, il est ressorti également à plusieurs reprises qu’il y avait trop de moments de discussions, de réflexions et pas assez de pauses, d’activités autres que de travail de réflexion. Un participant a relevé que c’était parfois trop long de faire un bilan de ce qui était posititf et négatif à la fin de chaque atelier et activité car cela ne leur semblait pas nécessaire parce que les thèmes étaient souvent les mêmes. Ils ont transmis que cela les fatigue et peut les démotiver. Pour certains, c’était ressenti alors parfois comme trop long et ennuyeux, mais les avis sont plutôt partagés à ce sujet. Il est vrai qu’en tant que jeunes, les envies et les intérêts sont parfois ailleurs que, uniquement, dans le travail de réflexion. De plus, ils ont noté le fait qu’ils n’avaient pas toujours de réponses aux questions préparées et que certaines activités étaient peut-être trop compliquées. Par exemple, un participant a l’impression qu’ils ont beaucoup parlé de politique mais que personne n’avait vraiment bien compris ce que cela signifiait et englobait réellement. Plusieurs participants ont fait part de leur regret concernant les intervenants et leurs réponses pas assez précises, pas assez claires pour eux. Ils n’ont pas l’impression d’avoir eu de bonnes réponses à leurs questions et que les explications sont restées parfois trop générales. Tout de même ils soulignent l’importance d’avoir pu leur poser leurs questions afin d’être au courant. Un participant a relevé que lors de l’intervention des politiciens, les animateurs expliquaient et complétaient leurs propos ce qui a parfois porté à confusion. Le fait que des participants n’étaient pas toujours présents lors des ateliers ou que certains jeunes ont arrêté en cours de route est également quelque chose qui a pesé sur le groupe et qui a découragé quelques participants. Effectivement, au début de l’année, il y avait une trentaine de jeunes. Puis, finalement, il y avait en moyenne une quinzaine de personnes présentes aux ateliers durant l’année entière. Les jeunes ont souligné l’importance que le groupe reste le même pour mieux avancer, pour ne pas devoir constamment répéter les choses. Ce qui peut-être amène alors à trop de répétitions ou encore à une baisse d’implication des participants lors des ateliers.

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Trop de discussions… autres envies « Negative...sometimes it’s boring, long time we do speaking ... (…) Yes, I don’t like too much speaking … you remember we going for one week Speak Out … oh my god too much speaking, only one day free … difficult, langweilig …. but it’s good because this project doing for asyl… » « Speak Out it’s a nice programm because for …. But we are teenager we make the all day playing … but it’s a good project, it’s important ! Now we have in mind only play, too much play … we want to much play … because I’m 18 years old, I want a boyfriend, thing like that…» Pas de réelles réponses à leurs questions… quels résultats ? « Et ce que je trouve pas bien… est qu’on n’est pas, on n’a pas la garantie que l’on peut arriver à quelque chose… » «Negativ…was machen die Leute, die Leute waren in unser Heim und die Leute hören warum wir sind da gekommen, sie wissen schon oder … aber sie machen gar nicht! » «Negative part … I don’t know ... but I know what we hope with Speak Out … is not negatif but is my view … what i think this people that can listen to us … because you are the one that making they come … we hope they do what they say they will do … we wanna see the change! Even if one or two percent … but at least we know that we have family and home like this … where we say our problems because is like your father or home like that … and when you say a problem to your family they help … so even if it have to be a milion percent or hundred percent but even two percent it is just enough for us ... I don’t say it’s negatif but they hope Speak out it is just speaking and stay like that … but if it is one percent not for us but for people who are coming … just we need change not only Speak Out, we speak and we hope that something be done! Something like that …» « Yes it’s was good … but I don’t understand … I have a question … in Speak Out every year, for every year this programm we make together speaking and we have so many questions, these questions go for …Parlement, Switzerland Parlement ? Everybody questions, in Lucerne we write questions … what do you think about Speak Out ?... This questions going to Parlement ? » Groupe pas assez engagé «Ja natürlich aber am Anfang wir haben zuviel … (…)bezahlt für die Leute und für die Reservation vor Ticket und Reservations und so weiter … aber wir waren bis am Ende so wenige Leute und zum Beispiel … (…) Ich meine dass nerv mich wenn die Leute einfach dort bleiben, einfach lassen und die Augen offen und … was wir sagen und was wir sollen machen und wir müssen noch erzählen … wenn die Leute wollen unsere Gruppe zu kommen, also es braucht wirklich einfach Deutsch gut zu lernen, und was wir müssen erzählen …»

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4.11. Evolution du projet, apport des anciens participants Le fait que des participants des autres années soient présents est une aide positive pour les nouveaux arrivants. Certains m’ont fait remarquer que c’était important de savoir que d’autres personnes étaient déjà passées par là et qu’elles étaient encore présentes, et d’entendre par elles que cela valait la peine de prendre part à ce projet. Certains des anciens participants aident à comprendre le projet, jouent comme un rôle de « leader » dans les groupes et sont parfois sollicités pour des explications quant au sens du projet, au déroulement des autres années. Ils ont pu apporter des éléments importants de réflexion lors de certaines discussions. D’anciens participants ont souligné qu’il est difficile que la plupart des personnes ne restent pas plusieurs années mais arrêtent après un an et qu’il faudrait qu’un groupe fixe participe plus longtemps. « Ouais, si par exemple même si les animateurs peut-être ils t’expliquent, si tu trouves aussi quelqu’un qui a participé déjà une année ou … plusieurs fois, si il t’explique lui aussi, tu auras du courage, mais ça avant y avait pas de gens qui ont participé beaucoup, tu viens c’est que les organisateurs qui t’expliquent et pis … ben tu reviens plus. (…) Oui, j’ai encouragé un peu…(…) Nan comme moi j’avais commencé le projet … y avait pas de gens qui m’ont encouragé de venir… » « To be honest, there was a lot of people [the first meeting], I have a little scare, I was like how a lot of people, I m scaring…and then you meet people like that …. I remember this girl … [former participant] … I meet her and she was so friendly and she explain everything, she knows all these places … we play, tell us what … she tell me up but after we talk with group…» « … oui, par exemple au début, il y a des gens qui viennent qu’une fois et qui reviennent plus … mais … non là ça va parce que y a des gens qui viennent plus qu’une année ou plusieurs fois, ils continuent … mais avant c’était pas comme ça. (…) Des gens qui viennent une fois, deux fois et tout d’un coup ils arrêtent !? (…) Ouais, moi je trouve pas ça bien…(…) Peut-être bon ils ont pas aimé ou peut-être comme ils ont su que, ouais, ça n’allait pas changer quelque chose, c’est juste pour s’exprimer et pis… »

4.12. Partage de l’expérience Speak Out Lorsque je leur ai demandé s’ils parlaient du projet autour d’eux, dans leur quotidien, leurs réponses ont été très diverses. Certains ne parlent pas du tout du projet dans leur environnement habituel par manque de connaissances ou de possibilités. D’autres en parlent à différentes personnes, soit au centre où ils vivent, à des amis, à l’école ou encore via les réseaux sociaux. De ce fait, ils encouragent parfois d’autres jeunes à y participer ou du moins ils font connaître le projet autour d’eux.

« Yes before we together meet in WUMA … we speak mit … together with she …now I’m lonely … now I don’t speak about Speak Out because I don’t have here friends… »

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« Yes, I speak … now it’s finish the school but I have to speak with my teacher and with my …“chef“ … » « Oui oui c’est parlé amis, oui oui… (...) Oui c’est parlé d’autres personnes, oui c’est parlé. (…) Oui oui c’est demande après expliqué Speak Out nous faire ça … oui c’est demandé ça, c’est dit ça. » « Oui je vais garder ça, je vais …. y a si quelqu’un va parler moi, je peux parler ce qu’est Speak Out… (…) Oui c’est y en a amis là-bas c’est Speak Out, die Schule auch c’est parler einmal» « Ja ich spreche mit meine andere Kollegen … aber sie wissen dann was Speak Out … sie sagen diese Leute … wo gehst du? In Bern, Lausanne … er sagen dass ist gut! Und was haben sie gemacht? Wir reden über Politics und so … mit diese Leute … und sie sagt ok schon gut! » « Oui j’ai parlé avec un ami… (…) Oui seulement avec une personne … (…) Si c’est important pour moi de le dire à quelqu’un ?... Oui c’est important…peut-être que si je parle avec lui, peut-être que lui aussi il va voir des projets là-bas… (…) Oui il est mineur… »

4.13. Suites du projet La plupart des jeunes m’ont spontanément fait part de leur envie de continuer de participer au projet si celui-ci se poursuit, ils pensent que c’est important pour les accompagner dans leur situation. D’autres ont partagé leurs doutes concernant la suite de leur participation à Speak Out, surtout par manque de temps car ayant beaucoup de tâches dont ils doivent s’occuper seul, pour l’école mais également pour leur lessive, leur repas ; cela prend souvent du temps et ils ne veulent ou ne peuvent donner la priorité à Speak Out. « Now I can’t because I have school, I have to much work … I can nobody help me for my home work, I make lonely, I make everything because I’m eighteen … two days free, Saturday and Sunday …. I have only two days free. » «I think yes, maybe when I have match I can’t to Speak Out coming … when I have a other program with big people I cannot coming…when I’m free I can to Speak Out gehen and I can tell with my chief I can coming, when I have match I can’t coming, but I continue that… » « Oui, oui moi je continue venir, oui c’est venu c’est très bon, très important … si venu ici c’est apprendre beaucoup de mots… » « Moi c’est vivre en Suisse, moi c’est continuer avec Speak Out. Moi je suis pas venir derrière c’est toujours Speak Out. »

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« Je voudrais que ça continue comme ça… (...) Oui je reviens… (…) C’est parce que on va comprendre beaucoup de choses aussi … peut-être ce qu’on a parlé l’année passée, l’année prochaine on va parler quelque chose d’autre… (…) Toujours apprendre de nouvelles choses, voilà! (…) Toujours la politique, c’est toujours la politique … » « (…) and ok i think we should coutinue because we need it … it has to keeping moving because Speak out like I say is a home for people like us … that is a home so we need it! Too much not small! Because we need it too much…»

5. Apport des intervenants externes A travers l’observation des différentes ateliers et des interventions de personnes externes ainsi que de leurs retours à la fin des activités, il est possible de remarquer que tous les intervenants des ateliers de l’année 2012 ont semblé satisfaits de leur venue et surtout d’avoir eu un contact direct avec les jeunes MNA, profitant ainsi de l’occasion de se confronter vraiment à leur situation et à leurs questions. Les premières personnes rencontrées ont apporté quelques réponses aux jeunes. Par exemple, la représentante du HCR leur a fait part de la volonté du HCR Suisse d’impliquer Speak Out dans un projet visant à mettre en place des lignes directives pour les pays européens de prise en charge concernant l’asile. Le HCR souhaite présenter ces lignes directives aux MNA participant à Speak Out afin qu’ils fassent un retour sur la concordance de ces lignes avec leur réalité, leurs attentes. Les intervenants ont souligné l’importance d’un tel projet et de l’occasion de pouvoir entendre directement les soucis et préoccupations de ces jeunes pour pouvoir transmettre ces informations dans des cercles plus larges. Concernant la rencontre avec les politiciens, l’écho a été plus mitigé à propos des réponses obtenues et de la qualité du débat. Celui-ci est resté très général, les intervenants ne pouvant répondre clairement aux questions personnelles et, de par leur jeunesse, manquant encore d’expérience dans le domaine de l’asile. Les deux jeunes politiciens ont montré de l’intérêt pour le projet et ont souligné le fait qu’ils allaient en parler dans leur groupe de travail respectif. Lors du dernier atelier, pour les intervenants du réseau des droits de l’enfant et d’Amnesty International, les retours ont été plutôt positifs concernant les discussions en groupe. Ces interventions ont principalement été un moyen de faire connaître le projet et la situation des MNA souvent peu connue, de créer un contact direct, de cerner mieux la vision du système suisse, d’évaluer les compétences et les préoccupations de ces jeunes.

5.1.

Perception du projet par un intervenant externe

Impressions du projet Speak Out

« Je pense que le projet Speak Out est très important pour les jeunes qui y participent. Il est important qu'ils restent actifs dans leur quotidien et qu'ils aient la possibilité de s'exprimer sur leurs soucis et difficultés. Je pense que cela leur apporte du courage. »

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« Je pense que c'est un projet très bien organisé et utile pour les jeunes. » Les points positifs : « La disponibilité, l'écoute et la patience des animateurs. La diversité des activités. » « J'ai l'impression que ce projet est important afin que les MNA sortent de leur quotidien, qu'ils soient stimulés, se retrouvent entre eux (pas seulement ceux du même centre), qu'ils puissent exprimer leur crainte et comprendre le fonctionnement du système en Suisse. Je pense que leur participation peut leur permettre de mieux comprendre le système de l'asile en Suisse et le fait que des associations s'intéressent à leur situation peut les aider à se sentir moins seuls » Retour sur l’intervention

« Dans un premier temps, je suis venue en tant qu'observatrice parce que je ne savais pas trop à quoi m'attendre et s'il y avait des attentes envers Amnesty International. J'ai ensuite eu la chance de pouvoir discuter avec plusieurs jeunes et ai été touchée par le sourire de certains et pas la tristesse des autres. La discussion a été parfois un peu difficile à cause des problèmes de communication mais j'ai trouvé le tout très enrichissant, de mon côté en tout cas. » « Lors de ma participation, j'ai beaucoup appris sur le projet et les difficultés rencontrées par les jeunes dans leur quotidien. Le projet est très bien structuré et les animatrices ont très bien géré la séance. D'un point de vue personnel, j'ai beaucoup apprécié être présente mais en tant que membre de AI, je ne sais pas trop si cela aura été utile. »

Impression des MNA

« J'ai été surprise par le dynamisme de certains et par les capacités linguistiques d'autres. Je trouve ça très positif. Je les ai trouvés réceptifs et engagés. Mais d'autres étaient plus sur le retrait, peut-être à cause de problèmes de compréhension ou de démotivation. »

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Recommandations

« Je pense que le projet peut permettre aux jeunes de s'insérer plus facilement dans la société mais il faudrait, à mon avis, si cela est le but, augmenter les réunions. Si j'ai bien compris vous vous rencontrez une fois par mois voire tous les deux mois, et cela ne me semble pas suffisant pour assurer un suivi des jeunes dans leur intégration à la société suisse. Il faudrait également avoir plus d'activités avec des jeunes suisses à mon avis. SI j'ai bien compris, les jeunes MNA ont des soucis à lier des amitiés avec des jeunes suisses vu qu'ils ne sont pas vraiment en contact avec eux (classes différentes, centre pour MNA, …) et je pense que se serait favorable à leur intégration si plus d'activités avec des jeunes suisses pouvaient être organisées. » « Je pense que ce projet peut permettre une participation politique des jeunes mais à nouveau il se posera le problème de la langue. Une participation avec des acteurs de la politique suisse et du public ne peut avoir lieu que si les jeunes peuvent communiquer sur leur parcours et leur situation. Pour cela, il faut vraiment les motiver à apprendre la langue et leur expliquer que cela leur sera bénéfique pour leur parcours en Suisse, même s'ils reçoivent une première réponse négative à leur demande. »

Suites éventuelles « J'aimerais bien continuer à participer au projet mais je ne sais pas trop comment. Je n'ai pas bien compris quelles étaient les attentes du projet Speak Out à mon égard ou à l'égard d'Amnesty et de quelle manière je pouvais participer. » « Amnesty International a un grand impact sur le public et la thématique de l'asile est toujours d'actualité dans nos actions, je pense qu'il est possible d'envisager une collaboration avec le projet Speak Out dans les actions de sensibilisation du public. Le groupe des juristes peut également apporter des conseils en la matière, s'il y a une demande. »

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6. Constats En analysant les entretiens effectués, j’ai constaté que les éléments de définition du projet et de ses objectifs principaux comme le fait de rencontrer des personnes, d’apprendre ses droits, de pouvoir s’exprimer et d’apprendre une langue concordaient avec les appréciations des jeunes à propos des aspects positifs de Speak Out et de son impact. C’est un point important quant à l’utilité et la cohérence du projet. Parmi les participants au projet Speak Out, il est à remarquer qu’il y a différents degrés d’intérêt et de compréhension des thématiques, des objectifs du projet mais que tous les jeunes ont montré l’envie d’être actifs sans pour autant avoir les outils à leur disposition pour y arriver. Parfois certains jeunes avaient beaucoup de peine à expliquer et à argumenter le but de Speak Out ou encore à présenter leur situation, leurs droits ou même par exemple à expliquer ce qu’était un MNA. Cela a contribué au fait que les débats sont restés parfois superficiels lors des discussions. Il est vrai que beaucoup d’éléments ne sont pas toujours clairs et connus pour ces jeunes requérants même si cela les concerne directement comme la procédure d’asile, les permis, leurs droits. Speak Out permet de mieux prendre connaissance de cela, même si pour certains jeunes cela semble rester très abstrait. Le projet permet de s’exprimer, de parler de leur situation, ce qui ne leur est que rarement proposé et ils ne sont pas forcément habitués à le faire. Speak Out leur permet alors d’apprendre et d’entraîner ces différentes compétences. Un point très positif du projet est la démarche participative, la prise en compte des jeunes dans toutes les démarches des ateliers, dans le processus de réflexion et de mise en place et un accent est toujours mis sur l’avis, les envies des participants. Pour les différentes activités, il est demandé aux jeunes d’élaborer les idées, de préparer les différents travaux individuellement ou en groupe puis d’essayer de les présenter. A travers ce processus, les jeunes apprennent à exprimer et mettre en paroles leurs problèmes, à essayer de comprendre les raisons des différentes problématiques et à esquisser des solutions pour enfin apprendre à les exprimer à d’autres gens et à les défendre en argumentant. Que ce soit dans l’élaboration d’une émission de radio, d’une pancarte, d’une pièce de théâtre, les jeunes sont toujours acteurs. Et cela semble être un élément important pour eux. Le fait que les jeunes ne parlent pas tous la même langue et surtout qu’ils n’ont que des connaissances partielles des langues utilisées (allemand, français et anglais) influence déjà fortement la prise de parole par les jeunes dans le projet et leur participation. Les traductions ont parfois fatigué les participants mais aucun ne s’est réellement plaint de cela comprenant qu’il n’était pas possible de procéder autrement. Les groupes de langues pour les discussions, instaurés cette année, semblent être une bonne solution comme le souligne un des animateurs : « La discussion se déroule beaucoup mieux et est davantage fluide sans les traductions. Les groupes de langues sont donc principalement positifs. Les aspects négatifs sont qu’il y a un déséquilibre dans le nombre de participants (pas beaucoup de MNA dans le groupe francophone) et que tous ne peuvent pas profiter des contributions de tout le monde … et les retours en grand groupe sont parfois pénibles à faire (fin de journée, difficulté à se concentrer) ». Les participants ont également relevé que les groupes de langues permettent de discuter de manière plus approfondie et que cela rend les discussions moins fatiguantes que lorsqu’elles sont traduites en continu. 25


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Avoir un atelier sur plusieurs jours, comme le camp d’été, apporte des choses différentes comme le constate un animateur : « Nombreux avantages : pour la dynamique et l’ambiance du groupe, pour le déroulement du programme (plus de possibilités, temps pour tout : pause, activités, contenus), pour la qualité du travail fourni : possibilité d’avoir un suivi et de travailler sur des questions plus en profondeur… Inconvénients : le fait de se voir pendant plusieurs jours peut peut-être être un frein à la participation de certains jeunes qui ne veulent ou ne peuvent pas dormir ailleurs pour plusieurs jours, etc.… ». Il a été remarqué que le camp était peut-être un peu trop long et qu’il serait plus judicieux de faire par exemple un jour de moins pour que cela ne soit pas trop imposant pour les participants. La mise en place d’un camp durant l’année est un élément nouveau et semble être une mesure intéressante et adéquate pour pouvoir d’une part renforcer la cohésion de groupe et d’autre part avoir le temps de faire un plus grand nombre d’activités et de les aborder plus en profondeur. Dans son évaluation du projet de l’année 20113, Catherine Bauman a présenté plusieurs points qui lui semblaient important de travailler dans la pousuite de Speak Out. De manière générale, différents éléments ont été pris en compte et appliqués lors de l’année 2012. L’information transmise par les animateurs et les organisateurs quant à leurs motivations et leur engagement au projet Speak Out a été clairement faite, les animateurs ont pris soin à plusieurs reprises d’expliquer leur rôle et en quoi consistait leur travail, ce qui a semblé convenir aux jeunes. C. Bauman a relevé l’importance d’avoir un suivi concernant les anciens participants afin de se rendre compte de l’impact à long terme de leur participation au projet. Cette année plusieurs jeunes avaient déjà pris part à Speak Out et ont pu faire profiter les autres de leur expérience. Il serait intéressant de contacter ceux qui n’étaient plus présents au projet en 2012. Selon C. Bauman, les adultes devraient rester vigilants sur le potentiel des activités du projet et des nouvelles connaissances acquises pouvant décourager les MNA et qu’il est important de se focaliser sur les solutions également, en faisant un débriefing sur les discussions, les informations reçues à la fin des activités pour éviter au maximum ce risque. Lors de mes observations et des entretiens effectués, je n’ai pas ressenti un découragement important suite à ce qui avait été dit mais plutôt constaté que cette prise en compte de ces réalités était un bon acquis et leur procurait des outils pour défendre leurs droits et leur situation. Quelques recommandations de C. Bauman restent difficiles à résoudre mais il est important de les garder en mémoire pour la suite du projet. Un retour par les animateurs ou par les intervenants euxmêmes sur les démarches effectuées par les visiteurs externes serait intéressant à transmettre aux jeunes pour qu’ils puissent mesurer l’impact de ces interventions. Il est vrai que cette année, les participants de Speak Out n’ont eu que peu de retours concrets des différentes interventions, à l’exception de l’émission de radio. Un autre point qui reste toujours sensible est la compréhension et l’acceptation par les jeunes du fait que le projet ne peut avoir d’impact individuel sur les procédures d’asile. Durant l’année 2012, cette question-là a été régulièrement précisée par les animateurs. Plusieurs jeunes ont semblé bien comprendre cela même s’ils le regrettent, mais il est vrai qu’à travers les entretiens avec les MNA, je remarque que cela reste un point délicat et qui, malgré les explications données, reste toujours peu 3

BAUMAN Catherine 2011. Speak Out ! : An evaluation of a child particpation project with unaccompanied minor asylum-seekers in Switzerland. A project of the Conseil Suisse des Activités de Jeunesse. 38p.

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clair pour l’ensemble des participants mais cela semble inhérent à la situation. C. Bauman proposait alors que lorsqu’il s’agit de problématiques individuelles, il serait certainement intéressant de pouvoir diriger les jeunes vers une structure, des personnes, des documents qui leur permettent de comprendre et d’approfondir ces questions personnelles. Cela n’a pas particulièrement été fait à ma connaissance. Enfin, un autre élément de C. Bauman qui reste à travailler est que les organisateurs devraient être vigilants sur les sujets qui n’entrent pas dans le projet comme le statut précaire et le futur inconnu des MNA. Il serait bien de considérer de nouvelles manières créatives d’approcher ces « vulnérabilités » dans les prochaines étapes du projet, en encourageant d’autres organismes à participer pour répondre à ces questions parler du fait qu’en réalité une majorité devra peut-être rentrer chez elle, ou rester ici mais sans permis. Cela en prenant en compte le fait que les MNA seront exposés à de nouveaux risques dans les temps à venir et évoquer la réalité de leur manque de perceptives pour le futur. Selon C. Bauman, il faut engager les MNA à discuter ces sujets, du moins ceux qui le souhaitent.

7. Recommandations 

Pour rejoindre l’avis des jeunes, un groupe plus hétérogène et plus nombreux permettrait peut-être de motiver davantage les participants et créerait une meilleure dynamique de groupe. Le nombre de filles pourrait être plus important, comme le nombre de francophones afin de dynamiser les échanges.

Les intervenants pourraient être des personnes plus en lien avec la migration, mieux informées sur l’asile (exemple : ODM, organisation pour les migrants….) ce qui permettrait des réponses certainement plus précises à leurs questions. Il est important que les jeunes rencontrent d’autres personnes comme par exemple la police et les politiciens pour être confrontés à d’autres réalités et d’autres perspectives mais il semble important d’avoir au moins une rencontre dans l’année avec des personnes qui peuvent leur donner des réponses claires et complètes sur la thématique de l’asile.

Organiser davantage de rencontres avec de jeunes Suisses serait une bonne manière d’intégrer les participants dans une autre dynamique. Ils pourraient peut-être alors créer des contacts, se faire des réseaux sociaux, ce qui n’est pas toujours aisé pour eux au quotidien. Par exemple sous la forme de rencontres autour de jeux, de discussions, d’activités communes plusieurs fois dans l’année. Il serait alors intéressant d’intégrer un groupe de jeunes Suisses lors de plusieurs ateliers.

Des retours concrets sur ce que les intervenants entreprennent après leurs interventions à Speak Out semblent importants pour les jeunes, pour leur motivation. Par exemple, l’expérience de l’émission de radio a été marquante et très appréciée car ils ont pu « entendre le résultat ». Dans la mesure du possible, il faudrait également trouver un moyen de leur expliquer, de leur montrer ce qui a été fait dans le prolongement de la rencontre par les différents intervenants. 27


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Les jeunes ont manifesté l’envie de faire davantage d’activités, de jeux lors des réunions. Pour cela il serait alors utile d’augmenter les rencontres durant l’année. Pas forcément de plus longs ateliers, mais des rencontres plus régulières. Cela règlerait alors peut-être le problème du nombre de pauses et des discussions trop longues sans la possibilité d’interrompre par manque de temps. Et favoriserait également une meilleure participation des jeunes au projet. Une solution serait peut-être de mettre en place un camp de trois jours, à Pâques par exemple, pour éviter que ce ne soit trop long, mais assez rapidement en début de projet pour que les jeunes s’impliquent plus facilement et rapidement dans celui-ci en créant des liens, en se sentant mieux intégrés en participant à des activités ludiques et en ayant plus de temps à disposition que lors d’une journée. Cela permettrait alors peut-être que davantage de jeunes s’impliquent dès le début dans le projet et décident de poursuivre leur participation et éviterait la baisse d’engagement constatée chez quelques jeunes en fin d’année. Il est possible par la suite de planifier, comme cela a été fait cette année, des journées, des week-ends et un camp de quatre jours. Cela a été remarqué en 2012, le camp, bien que peut-être un peu trop long, permet aux jeunes de se connaître différemment, de prendre le temps de partager d’autres activités, d’autres moments en dehors des discussions organisées.

L’ensemble des participants a souvent manifesté l’envie de faire plus d’activités récréatives et moins de temps de réflexion et de travail. Problématique revenue à diverses reprises cette année, ce qui est certainement propre aux personalités des participants 2012 et de leurs intérêts. Mais à partir de là, une réflexion pourrait se faire quant à la façon d’aborder les thématiques et les discussions. De par leur jeune âge, les participants se fatiguent plus vite lors de temps de réflexion, de travail d’écoute ou par écrit. Un moyen pourrait être d’insérer plus d’éléments créatifs et de jeux lors des rencontres. Un temps d’écoute, de travail pourrait être suivi régulièrement ou automatiquement d’un jeu permettant aux jeunes d’asseoir les connaissances fraîchement apprises, par exemple sous forme de jeux de société, jeux de rôle et autres moyens créatifs. Cela permettrait l’incorporation des différents sujets abordés en évitant peut-être de dresser un bilan après chaque discussion, ce qui a été parfois trop rébarbatif selon eux. Les sujets peuvent être incorporés plus clairement. Encore une fois cela dépend en grande partie de la dynamique du groupe et de ses participants.

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8. Conclusion Dans l’ensemble, le retour des jeunes participants sur cette année écoulée de Speak Out est positif. Ils ont apprécié de prendre part à ce projet afin de connaître leurs droits, de connaître des nouvelles personnes ou encore d’appartenir à un groupe. Tout cela fait partie des éléments importants qu’ils ont partagés et qui semblent faire sens pour eux dans leur situation. Il est important de relever que je me suis entretenue avec les personnes qui ont suivi régulièrement le projet durant toute l’année, ce qui implique déjà qu’ils ont trouvé l’utilité d’y participer. Les inquiétudes principales ressorties des entretiens et des ateliers sont principalement l’attente qu’implique la procédure d’asile, l’avenir incertain quant à l’acquisition du permis de séjour et ce que cela suppose au quotidien comme dans leur formation et les différences de prise en charge des MNA entre les divers cantons. A Speak Out, les jeunes MNA participant au projet ont aimé pouvoir parler librement sur des questions qui les concernent et auxquelles ils ont rarement des réponses satisfaisantes.

9. Remerciements Je tiens à remercier les organisateurs et les animateurs de Speak Out qui m’ont réservé un bel accueil au sein du projet ainsi que les intervenants qui ont répondu à mes questions. Et un grand merci à tous les jeunes que j’ai rencontrés lors de ce projet, plus spécialement aux participants qui ont accepté de se prêter à l’exercice des entretiens. Je garde un merveilleux souvenir de ce temps passé avec toute l’équipe de Speak Out.

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Bibliographie

ANTONY Elodie 2010. Les mineurs non accompagnés séjournant en Suisse : quelles perspectives d’avenir ? Réflexion sur la participation du mineur dans la mise en place de solutions durables. Sion : Institut universitaire Kurt Bosch. 45p. BAUMAN Catherine 2011. Speak Out ! : An evaluation of a child particpation project with unaccompanied minor asylumseekers in Switzerland. A project of the Conseil Suisse des Activités de Jeunesse. 28p. BAUMAN Catherine 2011. Swiss unaccompanied minor asylum-seekers ‘Speak Out’: Balancing the need for protection and the desire to promote agency. Master’s thesis, Graduate Institute of International and Development Studies. 61p. CONSEIL SUISSE DES ACTIVITÉS DE JEUNESSE 2011. Speak Out ! Rapport final 2010-2011. 18p. CONSEIL SUISSE DES ACTIVITÉS DE JEUNESSE 2012. Speak Out ! Un projet du Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), 2012-2014. 13p. LACHAT CLERC Martine 2007. « La situation des mineurs non accompagnés en Suisse. » Bulletin Défense des enfants international vol. 13, N° 1, p.1 MELE Cristina 2009. Les trajectoires d’asile des mineurs non accompagnés qui arrivent en Suisse : confrontation de leur situation dans les cantons de Genève, Vaud, Berne et Zurich. Neuchâtel : Université de Neuchâtel Institut de géographie. 91p. RHYN Reto et GRAFF Emilie 2009. Speak Out ! Participation socio-politique des mineurs non accompagnés de Suisse. Bern: Terre des Hommes-aide à l’enfance.

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Annexe : Intégration des MNA et Speak Out

Le projet Speak Out vise à insérer les jeunes MNA par la participation politique, par la prise de parole sur les questions qui les concernent. En prenant part aux décisions de l’environnement immédiat dans lequel ils vivent, ils peuvent alors se sentir plus concernés afin d’agir pour et dans la société. Speak Out vise à les aider à développer des compétences sociales, d’intégration et à développer leurs aptitudes personnelles. Les requérants d’asile mineurs non accompagnés sont une partie non négligeable des requérants d’asile en Suisse, mais cette population est souvent peu connue. Pourtant leurs caractéristiques propres, comme le fait d’être mineur et non accompagnés, rajoutent une dimension différente à celle des autres requérants d’asile. Malgré leurs parcours différents, ces jeunes se retrouvent tous dans une situation plus ou moins similaire car ils sont tenus de suivre une procédure d’asile, comme tous les autres requérants d’asile, procédure qui constitue pour eux la seule possibilité d’entrer et de rester légalement en Suisse. Ils doivent attendre que l’Office des migrations (ODM) analyse leur demande pour savoir s’ils ont l’autorisation de rester et vivre dans ce pays. Il s’agit de définir si ce qui a été raconté sur leur parcours de vie est vraisemblable et correspond aux critères donnant droit au statut de réfugié. L’ODM examine donc ce qui a été raconté à la lumière de ces critères. Cela peut prendre du temps. Les personnes doivent donc patienter sans savoir si elles pourront devenir indépendantes de la structure d’asile et construire leur futur dans le pays d’accueil. Pendant cette période d’attente, les MNA sont pris en charge par la grande structure de l’asile qui leur impose un cadre. Ce sont les organisations cantonales d’accueil aux migrants qui décident des moyens d’encadrement de cette population. Dans certains cantons, des centres d’accueil spécifiques pour les mineurs non accompagnés existent. Ces foyers sont des lieux provisoires dans lesquels les personnes attendent la permission de vivre en Suisse légalement avant leur majorité. Mais cela varie suivant les moyens et les capacités que les cantons peuvent et veulent offrir pour mettre en place ces infrastructures adaptées à ces jeunes mineurs. L’attente d’un permis rend l’avenir incertain pour les jeunes. Leur quotidien est alors souvent empreint d’attentes, d’incompréhensions, d’espoirs ainsi que de découragements. Leur vie quotidienne est réglée par le cadre de l’asile, l’attente de la procédure et cette situation peut durer plusieurs années. Les jeunes (re)commencent leur vie dans le pays d’accueil, la Suisse, et alors un processus d’intégration au pays d’accueil se fait «naturellement», c’est-à-dire en passant du temps, en vivant dans le pays, le processus d’intégration se fait alors petit à petit et parallèlement à travers les « mesures, et des outils d’intégration » qui sont mis à leur disposition (cours de langue, etc.). Les MNA vont s’insérer dans les différentes structures qui leur sont offertes (cours, école,…) afin d’apprendre la langue, créer des réseaux sociaux et prendre connaissance des différentes institutions et du fonctionnement du pays d’accueil. La politique suisse d’accueil des requérants d’asile met en place certains programmes pour l’insertion de cette population mais pose des obstacles également qui vont les exclure de la société d’accueil. De plus les MNA sont requérants d’asile durant la période de leur adolescence, ils vivent une situation particulière qui influence leur quotidien, mais également leur projet d’avenir et le développement de leur personne en tant qu’adulte en devenir. L’insertion et la participation de ces jeunes à la société d’accueil ne sont donc pas choses forcément aisées et toujours encouragées. Leur engagement au sein de Speak Out peut contribuer à aider ces personnes à prendre la parole, à « se faire une place » dans un espace, une période de leur vie durant laquelle ils n’ont que rarement la possibilité de s’exprimer librement. Dans le cadre de ce 31


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projet, les jeunes apprennent à identifier leurs problèmes et à s’exprimer sur les questions qui les concernent ainsi qu’à apprendre des éléments importants pour s’insérer dans la société, comme leurs droits ou encore le fonctionnement de la société suisse, de la politique d’asile du pays d’accueil et de la procédure à suivre. Ils acquièrent des compétences à plusieurs niveaux : liguistiques, argumentatives ou encore organisationnelles, ce qui ne peut être que bénéfique pour leur participation à la société ainsi que pour leur futur. Ils peuvent alors participer activement à travers l’acquisistion de compétences et l’apprentissage de connaissances concrètes sur l’endroit où ils vivent. Cela contribue à améliorer leur participation. A côté de ces éléments-là, ils font également connaissances d’autres jeunes dans une situation semblable à la leur et qui vont vivre des expériences similaires mais avec des réactions différentes, des conditions différentes. Ils peuvent alors partager, échanger, débattre avec leurs pairs ainsi qu’avec des citoyens suisses. L’intégration sociale de ces jeunes est un élément important mis en avant dans le projet Speak Out. L’aspect des liens sociaux, les contacts établis durant les ateliers est un élément central relevé par les participants eux-mêmes. Il est intéressant de voir ensuite dans quelles mesures ces liens ont une importance, un impact sur leur quotidien malgré le fait qu’ils ne se rencontrent que rarement en dehors des ateliers Speak Out. Ces liens sociaux sont importants pour les jeunes comme le fait qu’ils aient du temps libre et l’accès à des loisirs, qu’ils participent à des activités sociales : « Les moyens investis dans les loisirs et la vie sociale des mineurs permettent de prévenir l’isolement, le repli sur soi, la violence et sont la base des compétences sociales sur lesquelles les MNA pourront s’appuyer pour construire leur avenir. » (LACHAT CLERC 2007 : 66). Un réseau social s’organise lorsque ces jeunes séjournent en Suisse. Les liens construits dans les pays d’accueil ne doivent idéalement pas être rompus soudainement en cas de changement. Des personnes adultes, des animateurs, des organisateurs ou encore des intervenants de différents domaines participent à Speak Out pour pouvoir débattre, pour que les jeunes puissent poser des questions à des personnes concernées par le domaine et ainsi transmettre, reporter plus loin leur parole, leur discours. En s’engageant dans ce projet, ils sont encouragés à devenir acteurs dans la société d’accueil. Il est intéressant de se demander à quel point les thèmes discutés, les expériences vécues au sein du projet contribuent à l’insertion de ces jeunes au quotidien, à leur bien-être. Cela peut s’avérer paradoxal dans la mesure où cette intégration peut rendre plus complexe leur situation qui reste incertaine et leur avenir flou. Mais comme le note l’auteure Lachat Clerc (2007), l’intégration, du moins temporaire, des MNA est importante : « Elle est la base de la construction de son projet d’avenir personnel.» (LACHAT CLERC 2007 : 65). Malgré le fait qu’ils ne savent souvent pas combien de temps ils resteront en Suisse et s’ils obtiendront un permis de séjour, leur insertion dans la société d’accueil reste certainement importante pour vivre cette attente. L’accès et le choix de formation sont capitales et cela indépendamment de leur situation future : « Une orientation professionnelle correspondant à l’aspiration du mineur et aux possibilités d’emploi dans le pays d’origine doit alors être envisagée. » (LACHAT CLERC 2007 : 65). Une formation, un apprentissage doivent être possibles pour ces jeunes : « Si l’accès à un apprentissage s’avère difficile le mineur doit pouvoir bénéficier d’une formation dans une structure alternative afin d’acquérir certaines compétences professionnelles et intellectuelles. ». Ils pourront se servir de cela comme « bagage » pour leur avenir en Suisse ou ailleurs : « Les connaissances qu’ils acquièrent en Suisse doivent lui permettre de prendre son destin en main, d’avoir une meilleure compréhension du monde et de sa propre réalité » (LACHAT CLERC 2007 : 65). Il est important d’évaluer attentivement ce qui conviendra le mieux à ces jeunes. Lachat Clerc (2007) note que : « Lorsque un MNA est autorisé à rester à long terme dans le pays 32


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d’accueil ou lorsque son placement temporaire est prolongé afin qu’il termine ses études, par exemple, les professionnels doivent procéder à une évaluation minutieuse de sa situation afin d’organiser son séjour de la manière lui correspondant le mieux. » (LACHAT CLERC 2007 : 67), tâche qui pourrait être effectuée par le tuteur. En ce qui est du placement à long terme, il doit être préparé avec le mineur qui ne devrait pas être livré à lui-même dès qu’il a atteint la majorité. L’intégration du jeune migrant peut être influencée par une diversité de facteurs : l’existence ou non d’un réseau social de contacts et ses caractéristiques, de la disposition ou non d’un représentant légal qualifié, du travail éducatif des professionnels qui l’entourent. Cela dépend des caractéristiques personnelles ainsi que des structures cantonales mises en place pour les MNA. Mais dans ce sens, le projet Speak Out peut aider les MNA à développer leurs compétences personnelles et à comprendre leur propre situation et la rendre ainsi plus vivable. Les jeunes MNA participant au projet Speak Out ont montré une volonté à apprendre comment vivre ici et à défendre leurs droits. Mais ils ne savent pas toujours comment avoir accès à ces éléments, quels moyens utiliser ou encore à qui s’adresser. Speak Out est alors un moyen d’accéder à cela. La participation de ces jeunes à un tel projet montre une certaine volonté à rester actifs et à participer à la vie en Suisse, ce qui ne peut être que bénéfique pour leur futur. Quel qu’il soit.

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