N° 46 sept.-oct. 2013
ÉDITION Nationale
ACTU
La laïcité fait sa rentrée
SANTÉ
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Hajj : la menace du coronavirus
SPORT
L'accompagnement mental indispensable
MÉDINE
« L’art doit être au service d’un engagement » Dossier spécial : MODE ET BEAUTÉ EN ISLAM
SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
ÉDITO
SOMMAIRE
Du bon sens républicain
ACTU 4 La laïcité fait sa rentrée Le dialogue islamo-chrétien fête ses 40 ans
C
6 Hajj 2013 : le nombre de pèlerins en baisse 7 L’Arabie Saoudite face à la menace du coronavirus
« L’accompagnement mental est indispensable »
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SPORT 8 Mohamed Regragui :
TÊTE D’AFFICHE 16 Médine : « L’art doit être au service d’un engagement »
CULTURE 18 « Par ICI Dakar ! » : le Sénégal vient à Paris
Omar – Sur le chemin de l’école Jérusalem
De VOUS À NOUS 22 Doutes et certitudes
FOCUS
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CINÉMA 20 Rock the casbah – Enfants valises
Spécial MODE ET BEAUTÉ
10 Petite histoire du fantasme sur l’Arabo-musulmane 1 2 Islam et beauté 13 Cosmétiques halal : 14 Voile, strass et business à la mode musulmane 15 Quand le voile devient « in » Salamnews est édité par Saphir Média, SARL de presse au capital de 10 000 euros. Saphir Média : 153, boulevard Anatole-France – 93521 Saint-Denis Cedex 01 Directeur de la publication : Mohammed Colin. N° ISSN : 1969-2838. Dépôt légal : septembre 2013. Directeur commercial : Mourad Latrech. Directeur de la rédaction : Mohammed Colin. Rédactrice en chef : Huê Trinh Nguyên. Journalistes : Hanan Ben Rhouma, Nabil Djellit Maria Magassa-Konaté, Karima Peyronie. A participé à ce numéro : Chams en Nour. Rédaction : redaction@salamnews.fr – www.salamnews.fr Conception graphique : Pierre-André Magnier. Imprimé en France. Tirage : 100 000 exemplaires. Photo de couverture : © Saphir Média
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« le maquillage n’est pas haram ! »
e n’est un secret pour personne, à Salamnews nous défendons une laïcité ouverte et inclusive, telle qu’elle fut votée en 1905. C’est donc notre héritage et nous nous efforçons de le vivre en ce début de XXIe siècle. Alors, oui, nous nous réjouissons de toute action visant à promouvoir les valeurs de la laïcité. Rappelons que la laïcité avait pour objectif de « neutraliser » et de pacifier l’espace public ainsi que les espaces d’enseignement où s’exerçait une influence considérable de l’Église catholique alors toute-puissante. Les minorités religieuses de l’époque, protestantes, juives mais aussi catholiques progressistes, ont appuyé cette séparation des Églises et de l’État. La charte de la laïcité aurait donc pu totalement nous réjouir. Mais, à vrai dire, nous avons quelque gêne. Depuis une vingtaine d’années, ce principe de vie altruiste a été investi par les idées de l’extrême droite tel un cheval de Troie. Ces idées morbides font croire à l’opinion publique que l’islam de France mettrait en danger les fondements de l’État républicain. Hier, la laïcité était un vecteur de rassemblement de la nation et de protection de la conscience des minorités mais, aujourd’hui, sous influence de l’extrême droite, cette laïcité orientée tente de nous faire virer à la discorde et à la mise au pilori des citoyens de cultures musulmanes. C’est donc non pas une laïcité névrosée que nous voulons, mais une laïcité apaisée, qui puisse donner du sens à notre triptyque républicain : Liberté, Égalité, Fraternité ! Or force est de reconnaître qu’aujourd’hui l’égalité, aussi bien dans l’acquisition des savoirs de base que dans l’accès à un emploi et au logement (quand même le capital économique est présent) n’est absolument pas assurée. ■ Mohammed Colin
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SALAMNEWS N° 46 / septembre-octobre 2013
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ACTU
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SOCIÉTÉ
Agenda
La laïcité fait sa rentrée
CINÉ-DÉBAT
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ÉCOLE. Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a présenté sa charte de la laïcité le 9 septembre, qui doit être affichée dans « les lieux d’accueil et de passage des écoles » et sera complétée dès 2015 par l’enseignement de la morale laïque. Une charte en 15 articles, qui rappelle la neutralité des institutions et de l’enseignement face aux religions, la liberté de conscience ou encore l’interdiction du port des signes religieux à l’école, déjà sacralisée par la loi de 2004. Même s’il « salue la mise en place par le ministre de l’Éducation nationale d’une charte de la laïcité », Dominique Baudis, le Défenseur des droits, a annoncé son intention de saisir le Conseil d’État afin d’obtenir des « clarifications nécessaires ». Il dit constater en effet, « à travers les réclamations reçues, que beaucoup d’incer-
titudes demeurent quant au champ d’application de ce principe de laïcité ». Dominique Baudis fait ici référence aux « collaborateurs bénévoles ou occasionnels du service public » telles les mères voilées accompagnant les enfants lors de sorties scolaires. L’utilité de la charte est d’ores et déjà remise en question, certains la considérant comme un dispositif visant les musulmans de France, cibles réguliers de débats politiques sur la laïcité. ■ Maria Magassa-Konaté
INTERRELIGIEUX
Le SRI fête ses 40 ans ANNIVERSAIRE. « Entrer en dialogue ne signifie pas oublier les différences doctrinales fondamentales qui existent, mais assumer ces différences, pratiquer la rencontre et l’action commune », déclare le père Christophe Roucou, à la tête, depuis 2006, du Service national pour les relations avec l’islam (SRI), qui fête ses 40 ans d’existence. Pour marquer le coup, le SRI organise une conférence sur le dialogue interreligieux le 28 septembre et publie l’ouvrage Le Prêtre et l’Imam (Éd. Bayard, 2013), coécrit par Christophe Roucou et Tareq Oubrou. C’est en 1973 que naît, sous la houlette de la Conférence des évêques de France, le premier Secrétariat pour la rencontre avec les musulmans, qui deviendra en 1975 le SRI. Aujourd’hui, dans 70 diocèses, des délégués (prêtres, religieux ou laïcs), nommés par l’évêque du
lieu, sont chargés des relations islamo-chrétiennes. Venant en appui des rencontres sur le terrain, le SRI édite des dossiers thématiques (les mariages islamo-chrétiens ; la prière ; la présence des musulmans dans l’enseignement catholique…) et organise, chaque année, une session de formation. ■ Huê Trinh Nguyên
Abd el-Kader, construction d’une icône nationale La France fit de lui un héros de son panthéon républicain, l’Algérie indépendante l’a adopté comme le père de la nation : l’émir Abd el-Kader, qui résista à la colonisation française puis fut exilé jusqu’à sa mort en 1883, reste une légende. Débat avec Slimane Zeghidour, suivi de la projection du film À la recherche de l’émir Abd el-Kader, de Mohamed Latrèche (2004). w Le 3 octobre, à 18 h 30 MUCEM 1, esplanade du J4 13002 Marseille www.mucem.org
THÉÂTRE Invisibles La superbe pièce de Nasser Djemaï se joue plus d’un mois à Paris. Partant à la recherche de son père inconnu, un jeune homme va à la rencontre de quatre chibanis dans un foyer d’anciens travailleurs immigrés. Le texte, nourri de témoignages recueillis sur le terrain, est porté par cinq acteurs dont le jeu est fait de dignité pour aller à l’essentiel : l’émotion. w Jusqu’au 20 octobre Théâtre 13 103A, bd Auguste-Blanqui Paris 13e www.theatre13.com Illumination(s) Ahmed Madani met en scène neuf jeunes du Val-Fourré, quartier populaire de Mantesla-Jolie, pour nous conter une saga familiale sur trois générations. w Du 15 au 20 octobre Théâtre des métallos 94, rue Jean-PierreTimbaud – Paris 11e www.maisondesmetallos.org
Belgique
Le halal encaisse 1,7 milliard d’euros ÉCONOMIE. Le marché belge des produits halal représente un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros, selon une estimation du département flamand de l’Agriculture et de la Pêche effectuée sur la base du marché néerlandais. Le département évoque une croissance « sauvage » des organismes de certification halal dans un pays qui en compte actuellement une dizaine, chacun disposant de ses propres critères et méthodes de contrôle. Près de 630 000 musulmans vivent en Belgique. Le marché national du halal pèse donc bien plus lourd que l’estimation donnée, qui ne tient pas compte du marché de la Belgique francophone, où vit aussi une importante communauté musulmane. ■ M. M.-K.
DANEMARK
Premier minaret en construction
PATRIMOINE. La construction de la première mosquée de Danemark dotée d’un minaret de 22 m de haut sera bientôt achevée. En 1990, Copenhaque avait donné sa première autorisation pour l’édification d’une mosquée, mais ce n’est que récemment que le financement (150 millions de couronnes, soit 20 M€) a été trouvé auprès du Qatar. Le projet comprend, en plus d’un espace cultuel, une école, un restaurant et un centre culturel sur une surface totale de 6 800 m². Les critiques n’ont pas tardé à fuser. Au Danemark, la communauté musulmane (226 000 personnes, soit 4 % de la population totale), subit comme partout en Europe une montée de l’islamophobie. Le Parti du peuple danois, le parti d’extrême droite, dispose de 22 sièges au Parlement. ■ M. M.-K.
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Hajj 2013 : l’Arabie Saoudite réduit le nombre de pèlerins
Manque à gagner
C’est le cas de l’agence Star Travel International. Tous les ans, le quota de visas qui lui est attribué est de 450 mais, avec la réduction de cette année, ce sont 360 visas qui pourront lui être délivrés par les autorités saoudiennes. « Nous avons 90 visas en moins. Ce n’est pas négligeable », commente Saer Said, l’un des responsables de l’agence, qui compte 11 ans d’activités derrière elle. Au courant de la décision prise par l’Arabie Saoudite, « il y a deux mois », Star Travel a heureusement pu annuler les contrats qu’elles avaient signés par avance avec les hôteliers sans pertes financières. Au final, la réduction du nombre
de pèlerins lui coûtera tout de même un manque à gagner par rapport aux années précédentes. Un manque qui a son poids, car l’offre pèlerinage équivaut à 50 % de l’activité de cette agence de voyages. Toutes les autres agences qui proposent le hajj subissent ce sort comme Méridianis, qui voit son quota descendre à 700 visas, ou Ariane Voyages, qui se retrouve avec moins de 400 visas au lieu d’un peu plus de 500. Mais la réduction des quotas n’a pas causé d’autres « préjudices » car les autorités saoudiennes ont « prévenu à l’avance », indique également Salim, d’Ariane Voyages.
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QUOTAS. Le nombre des pèlerins venant de l’étranger a été réduit de 20 % et celui des fidèles du royaume de 50 %. « Cette décision est exceptionnelle et temporaire », a assuré le ministre du Hajj, Bandar Hajjar. Motif : les travaux d’extension de la Grande Mosquée de La Mecque qui devraient, à terme, porter la capacité d’accueil du site à 2,2 millions de personnes. Conséquence : dans les pays musulmans, cette décision a suscité de nombreuses déceptions chez les personnes qui comptaient effectuer leur grand pèlerinage (hajj) cette année ; en France, les agences qui proposent ce voyage ont dû revoir leur organisation.
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Les autorités saoudiennes ont annoncé une réduction importante du nombre de fidèles autorisés à effectuer le hajj, le grand pèlerinage à La Mecque, prévu pour mi-octobre 2013. En France, les agences de voyages ont dû se réorganiser.
La mesure de baisse des quotas de pèlerins restera en vigueur jusqu’à la fin des travaux réalisés autour du mataf (zone de circumambulation autour de la Ka‘ba). Elle coûterait à l’industrie du hajj 1,3 milliard de dollars.
que-t-il. Pourtant, nous avons « un engagement financier et un Lenteur engagement humain » auprès des de l’administration Les professionnels du secteur clients, insiste M. Said. montrent du doigt l’organisation des autorités saoudiennes qui Des travaux urgents tardent trop souvent à leur com- « Pour peser » face à une admimuniquer des prises de décisions, nistration saoudienne qui ne leur pourtant cruciales pour la pré- facilite pas la tâche, plusieurs paration des voyages des candi- agences agréées hajj, dont celles dats au pèlerinage. Ainsi, pour où travaillent Saer et Salim, se les agences, le renouvellement sont regroupées à travers un colannuel de l’agrément hajj relève lectif sous l’égide du ministère du parcours du combattant. de l’Intérieur. Quant aux informations fournies Mais une nouvelle déconvenue par les autorités saoudiennes, à pourrait les frapper car une légistravers notamment le consulat, lation interdisant les personnes elles sont « très opaques » et assez de faire le hajj plus d’une fois « floues », juge Salim, d’Ariane tous les cinq ans pourrait être Voyages. « Il faut comprendre que appliquée cette année. Une note le contexte saoudien est un contexte officielle dans ce sens a été particulier » marqué par « la len- envoyée aux agences au mois teur de l’administration », expli- d’avril. Si Méridianis ou Ariane
Voyages ont pris leur « précaution » en n’acceptant aucun client ayant effectué le hajj il y a moins de cinq ans, ce n’est pas le cas de certaines agences qui risquent de se retrouver avec des annulations à un mois du pèlerinage. Reste que les travaux menés à La Mecque sont essentiels face à l’afflux des fidèles. « C’est un mal nécessaire, c’est plus qu’urgent », estime M. Said. À La Mecque, la construction de l’Abraj Al Bait, un complexe de plusieurs tours destinées à l’accueil des pèlerins, s’est achevée en 2012. À présent, les travaux dans la Ville sainte se concentrent autour de l’extension de la Grande Mosquée. À terme, ils devraient permettre d’accueillir plus de 2 millions de personnes. ■ Maria Magassa-Konaté
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3,16 Mio
w 3,16 millions, c’est le nombre officiel de pèlerins, ayant effectué le hajj à La Mecque en 2012. Plus de 1,7 million d’entre eux sont des pèlerins étrangers, venus de 189 pays. (Source : Bureau saoudien des statistiques générales et de l'information)
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La menace du coronavirus
SANTÉ. L’Arabie Saoudite est le pays le plus touché par le coronavirus. Depuis septembre 2012, le royaume saoudien a recensé pas moins de 100 cas (sur 114 dans le monde), dont 47 sont morts du virus proche du SRAS, le syndrome respiratoire aigu sévère. Rebaptisé syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) du fait que cette région est le foyer de l’infection, le coronavirus a dernièrement tué 2 Saoudiens.
Restrictions de voyage pour les plus fragiles
À ce jour, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas émis de restriction de voyage à destination du pays et des Lieux saints de La Mecque et de Médine, estimant que « le risque pour un pèlerin individuel de contracter le MERS-CoV est très faible ». De son côté, l’Arabie Saoudite déconseille l’accès à son territoire
aux personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète, les femmes enceintes, les enfants âgés de moins de 12 ans et les personnes de plus 65 ans désirant effectuer le hajj, qui aura lieu cette année en octobre. La Direction générale de la santé (DGS) en France, qui avait d’abord évoqué une restriction de visas en juillet, indique désormais qu’il ne s’agit que d’une mise en garde. Plutôt que de se terrer dans le silence, le ministère saoudien de la Santé a établi un plan de communication sur le coronavirus pour mettre en avant ses efforts dans la lutte contre cette menace sanitaire, informer des derniers cas déclarés dans le pays et ainsi rassurer au mieux ses citoyens et les candidats au pèlerinage. Pour ce faire, il a mis en place un site officiel (en arabe et en anglais) dédié au MERS-CoV [www.moh.gov.sa]. ■ Hanan Ben Rhouma
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Lors du grand pèlerinage à La Mecque, la menace du coronavirus plane toujours. Le hajj réunit chaque année plus de 3 millions de musulmans. Dans le même temps, le mystère reste entier sur le virus de type SRAS contre lequel aucun traitement ni vaccin n’existe.
Conseils Les autorités saoudiennes appellent à la vigilance de chacun pour réduire la propagation de la maladie. Se laver les mains régulièrement, utiliser des mouchoirs pour tousser ou éternuer et s’en débarrasser dans une poubelle, porter un tissu devant sa bouche lors de son pèlerinage et rester à l’écart des personnes infectées sont quelquesuns des conseils à retenir. En cas de fièvre ou de troubles respiratoires lors du pèlerinage et dans les jours qui suivent le retour au pays, le patient est tenu de consulter un médecin sans délais et d’alerter les autorités compétentes.
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sport 3
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w Chez les sportifs de haut niveau, 3 types de facteurs prédisposent à la blessure : les facteurs psychologiques, les facteurs sociaux et les facteurs d’entraînement. Ainsi, la capacité d’adaptation au stress et l’image de soi seraient en relation avec une certaine propension aux blessures sportives.
Par Nabil Djellit
Regragui : « L’accompagnement mental est indispensable »
Quelle est la place du mental dans les résultats sportifs des athlètes de haut niveau ? Mohamed Regragui : Le mental, c’est 70 % de la performance finale. On peut être à 200 % physiquement et ne pas être bon car, dans la tête, cela ne suit pas. Dans le footbal, les exemples sont légion. Les équipes réduites à 10 après une expulsion s’imposent parfois face à 11 joueurs. Cela n’est dû qu’à des facteurs psychologiques. Cela situe l’importance du mental, et les problématiques qui peuvent en découler. En quoi l’accompagnement mental est-il si important ? Il est indispensable. Le football est le sport où il y a le plus de besoins parce que les sommes en jeu sont importantes, et souvent les joueurs ont des baisses de régime du fait de l’environnement ou de leur rapport à l’argent.
Jérémie Janot, on a travaillé sur la confiance, c’est un gros stressé, et Kevin Anin, il était dans une quête de soi-même. Je ne fais pas tout le travail, ce n’est jamais grâce à moi, ce sont les ressources de chaque personne qui font qu’elle avance. L’hypnose comprend plusieurs méthodes, ce n’est pas forcément comme on peut se l’imaginer, et cela peut être simplement conversationnel. Montrés du doigt, les comportements des entourages peuvent-ils influer sur le mental du sportif ? Souvent, quand le sportif acquiert de la notoriété, on imagine que ce sont les potes ou ceux qu’on appelle les nouveaux amis qui sont les plus néfastes. Mais l’environnemesnt familial peut l’être également : un père omniprésent par rapport aux gains du joueur ; les frères qui galèrent un peu… autant d’étapes de vie difficiles. Et puis les joueurs gagnent beaucoup d’argent, mais ils en prêtent aussi. Je suis ami avec Zoumana Camara (défenseur du PSG), il a toujours été aux petits soins avec sa famille.
Vous avez travaill avec des footballeurs professionnels comme Jérémie Janot, Ousmane Dabo ou Kévin Anin ; en quoi l’hypnose a-t-elle été utile ? Pour Ousmane Dabo, je suis intervenu dans le deuil qu’il a dû La France a été traumatisée faire de sa fin de carrière. Avec par le fiasco du Mondial 2010.
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Spécialiste de la gestion mentale des sportifs de haut niveau, Mohamed Regragui utilise l’hypnothérapie pour mieux aider les joueurs de football à appréhender leur environnement ainsi qu’à optimiser leurs performances. Cet ancien joueur au parcours atypique, passé par Saint-Étienne, le Portugal et le Bangladesh, séduit déjà quelques clubs professionnels qui voient la possibilité de mieux accompagner les carrières des footballeurs, parfois instables. Entretien.
« L’environnement familial, amical et les aléas de la vie peuvent avoir des influences néfastes sur les performances finales », déclare Mohamed Regragui, coach auprès de sportifs de haut niveau (ici en compagnie de David Beckham, ex-PSG). Aussi « l’accompagnement mental est indispensable ».
En termes de valeurs, les jeunes footballeurs originaires de banlieue ont été visés, qu’en pensez-vous ? Les éducateurs du football n’avaient pas vu venir le phénomène. Cette nouvelle génération a d’autres valeurs, elle n’en a parfois plus du tout. À une autre échelle, cela pourrait se reproduire comme au sein de clubs par exemple. Quand un jeune de centre de formation gagne 7 000 € et qu’il sait que son professeur n’en gagne que 1 200, il est difficile de garder les pieds sur terre. Cependant, le travail est aussi à faire avec les entourages, et notamment les parents. Depuis le Mondial 98, ils vivent dans un rêve. À l’époque, j’étais éducateur de poussins au Racing 92, j’avais vu des parents venir me me demander si leur gamin pouvait devenir Zidane…
Sochaux l’utilise déjà, à Lorient aussi, et cela existera de plus en plus, car les éducateurs en place ont une autre manière de travailler. Et le nerf de la guerre, ce sont les codes de communication qu’il manque pour échanger avec certains jeunes. Il faut faire du cas par cas, car chaque individu est différent. Il y a des personnes qui marchent à l’affect, d’autres ont besoin de communication…
Avez-vous été approché par des clubs ou des fédérations ? Oui, j’ai rencontré Noël Le Graët, le président de la Fédération française de football (FFF), ainsi que Willy Sagnol, entraîneur de l’équipe de France Espoir, eux souhaitaient que j’établisse un plan pour travailler avec la direction technique nationale (DTN). J’ai aussi rencontré le président de l’OM Vincent Labrune et, fin Quelles sont les solutions ? juillet, j’ai vu José Anigo, le direc L’accompagnement mental est teur sportif de l’OM ; il a été très indispensable. Un club comme réceptif, c’est en cours. ■
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FOCUS
Spécial
Mode et Beauté
Dans la peinture orientaliste du XIXe siècle, la femme apparaît souvent nue ou à demi-nue lors de scènes de bain, de hammam ou de harem, ou bien dansant sous le regard masculin… Ici dans La Sieste (1878), de Frédérick Arthur Bigman, le corps de la femme est allongé dans la nonchalance mais ne reste pas moins un objet d’attirance.
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Petite histoire du fantasme sur l’Arabo-musulmane…
«
Par Karima Peyronie
Décrite, dessinée, esquissée depuis des siècles, la beauté arabe fascine autant qu’elle fait peur. Les plus grands peintres, écrivains et, plus tard, cinéastes ont posé leur regard sur ces belles d’Orient. Retour sur quelques références qui ont fait leur réputation.
« Sur l’escalier, en face de nous […] une femme debout, en pantalons roses, n’ayant autour du torse qu’une gaze d’un violet foncé […]. Elle a sur le bras droit, tatouée, une ligne d’écritures bleues », c’est par ces mots que Gustave Flaubert décrit (dans Le Voyage en Égypte, 1849-1852) la danseuse orientale qui se présente à lui, et qui lui offrira un spectacle des plus dépaysants entre percussions et ondulations. Tous les clichés de la belle Orientale sont réunis comme le veut la lignée des orien-
talistes qui ont tant sublimé cet exotisme lointain. Peintres et écrivains s’en sont donné à cœur joie pendant des siècles pour décrire l’image de la beauté arabe, pleine de volupté, charnue, sensuelle, plantureuse, indécente de beauté et si impudique sous leur œil voyeuriste. Alors que les femmes de l’époque du Vieux Continent étaient guindées dans leurs corsets trop serrés, la femme arabe représentait la liberté du corps, la jouis-
sance de l’opulence lovée dans son harem et/ou hammam, des thèmes si chers notamment au peintre Jean-Léon Jérôme. Dans Bain maure (1870) et Après le bain (1881), il dépeint sous la moiteur des vapeurs la nonchalance aguicheuse de ces femmes d’un autre monde, qui passeraient leur temps à papoter, à chanter et à se laver dans une oisiveté et un narcissisme les plus complets. Et ce ne sont pas les illustres peintres Eugène Delacroix (Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834)
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3100-2907 av. J.-C. et Pierre-Auguste Renoir (L’Odalisque, 1870) qui iraient s’opposer à cette image puisque, à travers leurs œuvres, ils figent, eux aussi, à jamais ce fantasme.
Exotisme pour voy(ag)eurs
Dans ce temps où l’Orient ne se dévoile qu’à quelques aventuriers et à leurs caravanes venus s’engouffrer dans le désert tout aussi secret, la femme arabe devient synonyme de sensualité – pour ne pas dire sexualité –, voire d’amour. Comme l’énigmatique « Aziyadé », la muse de Pierre Loti, cette Turque qui fit chavirer un jeune officier : « Elle passa chaque matin une heure en effort pour apprêter ses cheveux rebelles qu’elle trouvait inconvenants […] et celui qui consiste à teindre ses ongles. » La femme arabo-musulmane est coquette, elle est l’exultation de la féminité, baigne dans des rituels de beauté à n’en plus finir. Comme le souligne l’écrivaine tunisienne Emna Bel Hadj Yahia : « Le hammam est le royaume des corps nus, il est la vengeance de la chair nue sur la pudeur, la décence et les scrupules. » Ces mêmes soins et gestes qui sont encore des références dans la cosmétique d’aujourd’hui. La femme arabe de l’époque se porte en trophée pour ces voyageurs, comme joyau rapporté servant de muse à une toile ou à une page vierge en manque d’inspiration.
Télégénie de la femme arabe
pantalons transparents et vouée à être danseuse du ventre. » Le cliché s’exporte en Europe, où une certaine Samia Gamel, cascade de cheveux ondulés, visage de porcelaine aux formes « tentatrices », déchaîne les spectateurs hypnotisés par son déhanché d’une sensualité extrême. Elle fera tourner la tête à Fernandel dans Ali Baba et les Quarante Voleurs (1954), un rôle qui la propulse à jamais au rang de star, la première du genre. Il faudra attendre les vagues de colonisations et l’amélioration des moyens de transport pour que le monde reconnaisse une forme moins chimérique à la femme arabo-musulmane. Finalement, elle ressemble à l’Occidentale. Elle va même jusqu’à se travestir en reprenant les mêmes codes, minijupe et bigoudis sur la tête, du Caire à Tunis, en passant par Alger. Puis les décolonisations marquent progressivement le retour du voile : « À partir des années 1970, […] le mouvement de revoilement se déclenche, avec un point marquant lors de la révolution théocratique en Iran qui réaffirme avec force l’identité islamique et impose aux femmes iraniennes le port du tchador », puisque « les espoirs déçus d’une société juste provoquent une désaffection à l’égard des idéologies nationalistes et populistes, tandis que le discours fondamentaliste apporte une critique et un projet », analyse Lucette Valensi, directrice d’études à l’EHESS et co-auteure de L’Islam en dissidence (Éd. Le Seuil, 2004).
Une nouvelle battante
La beauté se voile en public devant l’œil étranger, pour mieux se préserver dans sa sphère privée. Pourtant, peu à peu, la femme arabe
© BAC Films
Plus tard, le cinéma reprendra ce témoignage. Et comme le rappelle le réalisateur Jack Shaheen dans son documentaire Real Bad Arabs (2006) : « Dès le cinéma muet, Hollywood va représenter la femme arabe toujours vêtue de
w C’est à cette période que l’on date les premiers cosmétiques et maquillages, à l’époque pharaonique. Fards à paupières, rouge minéral pour les lèvres, khôl étaient déjà utilisés par les belles reines d’Égypte, symbole absolu de la beauté orientale.
Dans Caramel (2007), la réalisatrice Nadine Labaki met en scène 5 personnages féminins, emblématiques de la diversité des femmes d’aujourd’hui et loin des stéréotypes. Dans un institut de beauté, à l’abri du regard masculin, elles se confient et s’entraident afin d’ourdir des stratagèmes pour rester jeune, séduire l’homme aimé ou redevenir vierge.
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devient une effrontée, celle qui tient tête face aux hommes de son entourage. Le type de figures que l’on retrouve dans les films La Source des femmes (de Radu Mihaileanu, 2011) ou encore Une séparation (d’Asghar Farhadi, 2010). Elle devient même maligne dans sa stratégie pour faire advenir la paix comme dans Et maintenant, on va où ? (de Nadine Labaki, 2011) ou franchement rebelle contre les diktats du système comme dans Persepolis (de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, 2007). Récemment, ses plus grands rôles sont offerts dans les films en prise avec le Proche-Orient, où elle incarne à la fois la « mère-mama », dans sa dévotion, et l’effrontée tenace, dans son engagement, comme dans Inch’Allah (d’Anaïs Barbeau-Lavalette, 2013) ou Incendies (de Denis Villeneuve, 2011). Sa grâce transparaît dans la profondeur et la détermination de son regard unique et non plus dans l’impudeur de ses courbes. Sa beauté devient secrète, objet à nouveau de tous les fantasmes, proie de ses détracteurs européens qui peinent tant à vouloir percer le mystère de cette femme arabe.
Belle et schizophrène…
Au même moment, les codes de beauté changent aussi dans le monde arabe. Très paradoxalement, sous les voiles de plus en plus en longs se cache une explosion de sensualité contrariée, ornée par des toilettes les plus osées et griffées. L’art musical met en scène les plus sulfureuses, de Nancy Ajram à Haifa Wehbe, en passant par Myriam Farès. Des poupées ultrarelookées et refaites, qui dictent les nouveaux standards du monde arabe. Enfin, les nouvelles générations abandonnent les chaînes européennes pour les musicales arabes, où défilent en boucle leurs nouveaux miroirs. Et c’est ainsi que fleurit en Iran et aux Émirats l’explosion des rhinoplasties et liftings pour des femmes voilées de la tête aux pieds. Dernier rebondissement dans ce va-et-vient schizophrénique de la féminité arabe : le revoilement de ses icônes arabes, comme l’actrice égyptienne Hanane Tork, portées par la rédemption et l’expression de leur identité face à un Occident hostile depuis les événements du 11-Septembre. Finalement la femme arabe, serait-ce cette beauté insaisissable, pleine de paradoxes, entre pudeur et féminité, soumission et force, nonchalance et activisme ? ■
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Islam et beauté
Les règles d’hygiène
Ainsi, la purification de l’âme passe obligatoirement par celle du corps, notamment à travers les ablutions : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous vous disposez à la salât [prière rituelle], lavez vos visages et vos mains jusqu’aux coudes ; passez les mains mouillées sur vos têtes et lavez vos pieds jusqu’aux chevilles. Si vous êtes en état d’impureté majeure, purifiez-vous » [Coran, s. 5, v. 6]. L’islam impose même un bain complet hebdomadaire ; le Prophète recommandait en ces termes : « Se laver le vendredi est obligatoire pour chaque musulman. Et il doit en plus se nettoyer les dents avec le siwâk et toucher un peu de parfum » (hadith rapporté par Muslim). D’ailleurs, le vendredi, jour de prière collective à la mosquée, est aussi l’occasion de se distinguer : « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de prière portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès » [Coran, s. 7, v. 31].
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EXIGENCE. « Dieu est source de beauté et aime la beauté » est un hadith bien connu des musulmans. En ces quelques mots, il rappelle la splendeur et la grandeur du Créateur tout en soulignant que ses créatures, hommes et femmes, doivent tendre vers Sa perfection. On retrouve cette même idée dans : « Certes, nous avons créé l’être humain dans la forme la plus parfaite » [Coran, s. 95, v. 4]. La notion de beauté n’est pas seulement physique ici, elle fait surtout référence à celle de l’âme, à la bonté, à la sincérité, à la générosité… autant de qualités, parmi celles de Dieu, qu’on retrouve dans ses 99 beaux noms (asma ul-husna). Cette beauté est intemporelle, elle s’imprègne dans les bonnes actions et intentions qui parleront pour le fidèle, le jour du Jugement. Mais pour accomplir et affronter avec force les contraintes de la vie, l’islam impose la santé des corps, leur beauté et leur fraîcheur.
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La religion musulmane exalte la beauté et ses rituels à travers de nombreux hadiths et sourates qui s’adressent aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Lecture appliquée de quelques-uns…
Fiole à khôl, ivoire incrusté de nielle, XIVe-XVe s., période mamelouke, Égypte.
L’islam ne fait aucune distinction de genres concernant cette nécessité de soin, qui est considérée non pas comme de la coquetterie mais comme un respect envers autrui. Il encourage les fidèles à choyer ce que Dieu leur a offert comme : « Celui qui a des cheveux doit les honorer », préconise le Prophète Muhammad (rapporté par Abû Dâwud).
L’union dans la beauté
La beauté ne doit pas être ostentatoire, elle se résume à de la pudeur dans la sphère publique et à de la séduction entre époux. Ainsi, le port du voile permettrait de préserver cette beauté : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées » [Coran, s. 33, v. 59]. Plusieurs interprétations accompagnent cette sourate, mais toutes les écoles juridiques musulmanes s’accordent sur le fait qu’il est interdit à la femme de se parer de telle sorte qu’elle provoque des « désirs illicites ». L’homme aussi possède ses propres recommandations comme : « Distinguezvous des polythéistes : laissez pousser les barbes et taillez les moustaches. » La Sunna (tradition prophétique) recommande aussi l’épilation ou le rasage des poils des aisselles et du bas ventre, au moins une fois tous les 40 jours. On conclut ainsi que l’hygiène, et par extension la beauté, devient un signe de distinction, et d’appartenance chez les musulmans, comme c’est le cas de la circoncision des jeunes garçons. ■
Flacon de parfum incrusté d’or et d’argent, période islamique (640-1805 apr. J.-C), Égypte.
Cosmétiques prophétiques Le musc Matière naturelle extraite des glandes abdominales des cerfs porte-musc d’Asie centrale, le musc est le plus noble des parfums utilisés par le Prophète, selon lequel « celui qui reçoit du parfum qu’il ne le refuse pas car c’est un produit léger à porter et agréable à sentir ».
Le henné Extrait des feuilles d’un arbuste tropical, le henné s’utilise pour les cheveux mais aussi les ongles des mains et des pieds pour en prévenir l’altération grâce à ses vertus antifongiques et astringentes. Le Prophète a dit : « Les meilleures choses par lesquelles vous pourriez changer la couleur de vos cheveux blancs sont le henné et le katam. »
Le khôl Poudre minérale utilisée à l’origine par les femmes et les hommes, dont le Prophète, pour soigner les yeux, le khôl est aujourd’hui à la base du maquillage car il intensifie le regard.
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5 Mrds
w L’Asie, qui abrite plus de 60 % de la population mondiale musulmane, est le premier marché
des cosmétiques halal, dont le marché mondial est estimé à 5 milliards de dollars, soit 3,6 milliards d’euros.
(Source : Organic Monitor)
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Cosmétiques halal : « Le maquillage n’est pas haram ! » Les cosmétiques halal débarquent timidement en France pour des consommatrices averties et au beau potentiel d’achat. Le point sur ce nouveau marché avec Nebila Ayachi, créatrice de Hasna Cosmetics*.
Jusqu’où va la « halalisation » des cosmétiques ? Même les plus grands hits de la cosmétique traditionnelle se retrouvent en version halal pour tenter de suivre les tendances de la mode sans renier les principes tirés de la foi. Quelles sont leurs promesses ?
• Le vernis, d’Inglot : grâce à sa formule légère, l’eau peut atteindre l’ongle pendant les ablutions ; ce vernis pourrait donc être porté pendant la prière… Testé et approuvé par un imam…
• Les poudres minérales, de Samina Pure MakeUp : elles laisseraient respirer la peau pour un maquillage naturel et sain. Se démaquille à l’eau.
• Les gammes capillaires et gels douches, d’Hussana : à base de glycérine végétale, des produits doux pour la peau et enrichis en huiles essentielles pour le côté sensoriel.
• La bb cream, de Glamore Halalcosmetics : une crème qui lisse, hydrate et teinte, pour remplacer le fond de teint trop épais et moins discret…
Photos non contractuelles : © D. R.
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Qu’est-ce que la cosmétique Les produits cosmétiques bio halal ? ont souvent la réputation d’être Nebila Ayachi : Appliquée aux moins efficaces, moins aboutis cosmétiques, la notion de halal que les produits classiques. Il (licite) s’applique à travers des n’empêche que les consommachartes qui encadrent la productrices de culture musulmane les tion et la composition, en exiutilisent fréquemment, car ce Ayachi geant l’utilisation de composants Nebila sont des produits sains. Depuis a fondé Hasna végétaux, une absence formelle Cosmetics en 2012 : l’arrivée des cosmétiques halal, d’alcool, de produits agressifs ou « Nous proposons des elles disposent d’une alternative de maquillage allergènes, ou encore de graisses produits qui correspond à leurs convicde haute qualité animales. Il existe aujourd’hui abordables, qui suivent tions, en plus d’être naturels. des ingrédients qui peuvent les tendances. Mon est de faire poser problème comme l’allan- souhait Quel est l’état du marché accéder à un large toïne (extrait de bave d’escargot), public ces produits en France ? l’ambre gris (qui provient du de cosmétique halal La cosmétique halal est très de développer cachalot), le collagène d’origine et peu connue en France, contraiune gamme animale, l’élastine, l’éthanol… de soins corporels rement à l’Asie et au ProcheLa cosmétique halal interdit la et capillaires. » Orient. Cependant, les persmaltraitance des animaux et pectives de croissance sont impose la notion de commerce équitable, prometteuses : les mentalités changent doude partage et de soutien communautaire. cement en France, car le sujet divise même Nous-mêmes reversons chaque année la au sein de la communauté. Moi-même, je zakât [« impôt social purificateur », 4e pilier me suis fait la réflexion de dire qu’on « hade l’islam, ndlr] et soutenons la cause des lalise » tout et n’importe quoi de nos jours ! Puis, au fur et mesure de mes recherches, j’y femmes dans le monde. ai compris la nécessité. On ne « mange » pas son maquillage, Certains ne considèrent-ils pas alors pourquoi des gammes halal ? Des laboratoires américains ont prouvé qu’il est contradictoire de promouvoir qu’une consommatrice de rouge à lèvres du maquillage halal, puisque, selon eux, ingérerait jusqu’à 24 mg de produit par le maquillage est contraire à la pudeur jour ! Les produits cosmétiques classi- musulmane ? ques contiennent de nombreux composés En soi, le maquillage n’est pas haram chimiques, qui, au fil du temps, imprè- (illicite) : selon de nombreux hadiths (parognent notre organisme et peuvent conduire les du Prophète), il est autorisé d’utiliser du à des problèmes de santé publique (cancers, khôl et du henné. Pour les autres produits maladies chroniques, allergies, fertilité…). (fard, fond de teint…), ils n’existaient pas Les cosmétiques halal, comme ceux que aux premiers temps de l’islam, on se réfère nous proposons, sont fabriqués à partir de donc aux avis juridiques émis jusqu’à préminéraux, de plantes, d’extraits de fruits et sent. De façon générale, l’embellissement d’huiles végétales. et la parure, quelle que soit leur forme, ne doivent pas être « excessifs ». ■ K. P. Alors, quelles différences entre le bio et le halal ? * www.hasnacosmetics.fr
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FOCUS
Spécial
Mode et Beauté
Par Karima Peyronie
Voile, strass et business à la mode musulmane ont moins de 25 ans… toutes de potentielles acheteuses dans la visière des investisseurs. Aux États-Unis, on déploie même le tapis rouge comme à la dernière Fashion Week de New York, qui accueillait en guest star la couturière noire américaine Ann Nahari et ses modèles voilées.
« La Malaisie a toujours été à la pointe de la création de la mode musulmane, à mi-chemin entre monde moderne et conservatisme, tout en bénéficiant d’une main-d’œuvre avantageuse », décrypte Sara, la créatrice de Dubai Dress Mastoura [www.robeorientaldubai.fr]. Depuis près 10 ans, il est vrai que ce pays multiplie les événements mode pour devenir, selon son propre aveu, « le Paris de la mode musulmane d’ici à 2020 ». Sur les podiums, tous les styles s’affrontent : les robes de soirée, les abayas revisitées, les sarouels dénaturés, avec strass et paillettes pour couvrir les formes en stilettos… Certains couturiers sont même hissés au rang de stars comme l’excentrique Dian Pelangi ou le sage Rizalman Ibrahim. Des Émirats à la Turquie, en passant par le Maghreb, la Russie et certaines capitales d’Europe (comme Londres), les festivals de mode islamique se multiplient. Et pour cause, lorsqu’on sait qu’il y a 800 millions de femmes musulmanes dans le monde, dont 40 %
C’est la question que l’on se pose en voyant les dernières campagnes de pub Valentino, où les tuniques longues aux cols fermés, d’héritage arabo-musulman, remplacent les fendus et décolletés. Sûrement le rachat en 2012 de la maison par la très mondaine Cheikha Mazah Bint Nasser du Qatar y est pour quelque chose… À l’heure où l’indécence a été exploitée outre mesure, où chaque centimètre de peau a été exposé, et si le nouvel esthétique était de se couvrir ? Et le succès de la jeune Britannique Barjis Chohan conforte cette théorie. La jeune protégée de Vivienne Westwood a créé la surprise en quelques saisons, en s’imposant dans la mode internationale tout en promouvant l’image d’une femme « qui marche dans la rue sûre d’elle-même et de ses choix ». Sa philosophie ? « La pudeur, c’est beau. Se couvrir est un choix libérateur ! » Sara ne peut que se réjouir de ces dynamiques qui « apportent une image différente de la femme musulmane et, espérons-le, feront évoluer l’opinion sur l’islam en général ». ■
Et si la mode islamique Le show à la musulmane devenait LA mode ?
Le marché mondial de la mode islamique représente 72 milliards de dollars (source : ESMOD). Ici, un des défilés de mode qui s’est tenu à l’Islamic Fashion Fair, à Jakarta (Indonésie), en mai 2013.
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sont à l’infini, car, comme l’exprime Hana Tajima, il est important d’« offrir une vision de la beauté qui a été sous-estimée dans la mode grand public. […] L’idée qu’il existe des formes de beauté qui ne sont pas sexualisées et qui ont un sens ». Ces figures de mode alternative s’inspirent elles-mêmes de stylistes issus de la haute couture islamique.
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HIJABISTAS. On les appelle les « muslimhipster » ou « mipsters », ces hipsters musulmans, ceux qui créent un style « musulman à la cool » à grand renfort de clichés décalés sur les réseaux sociaux. Pas de frontière géo-sociétale, le Web se charge de globaliser ces musulmans tendance, en portant en égérie quelques icônes, comme la styliste-photographe anglaise Hana Tajima [hanatajima.com/] ou la blogueuse maroco-danoise Imane [fashionwithfaith.tumblr. com]. Leur point commun ? Porter le voile sans faire de concession sur leur style, à la fois pudique, urbain et chic. Digne des portfolios des magazines, elles se mettent en scène sur leurs sites où rien n’est laissé au hasard dans ces mix’n’matchs gagnants. Le voile devient une forme d’art. L’ode à une féminité retrouvée, qui mise sur le vêtement plutôt que sur le corps. Suivies de très près par la communauté des hijabistas (pour hijab et fashionistas), elles donnent des pistes pour détourner la mode à l’avantage de leur foi. Le voile devient un accessoire de mode à part entière, lorsque l’on surprend même des vidéos tutorielles sur hijup.com, qui montrent les différentes façons de le nouer. La créatrice Fatima Rafiy – et sa marque Noor D’Izar – en exploite aussi toutes les possibilités, en proposant un voile avec visière, en fourrure, ou même avec des ouvertures pour les lunettes ! Les possibilités
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La religion musulmane exalte la beauté et ses rituels à travers de nombreux hadiths et sourates qui s’adressent aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Lecture appliquée de quelques-uns…
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13 M€ millions 78,95
w C’est le prix de la robe la plus chère au monde, une abaya, de la créatrice anglaise
Debbie Wingham, incrustée de diamants rouges.
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Quand le voile devient « in » BUSINESS. Alors que les sites anglo-saxons de vente de prêt-àporter destiné aux femmes pudiques explosent, en France l’offre reste encore très limitée. Depuis moins de deux ans, des marques sortent du lot ici ou là pour proposer des collections « islamo-compatibles » qui suivent les tendances. « Avant, les filles allaient s’acheter leurs vêtements au marché ou sur des e-shop musulmans où se vendaient quelques modèles d’abayas exportées », explique Fouzia, créatrice de Miss Toura [www.misstoura.com]. « J’ai lancé ma marque pour mon cercle proche. Jamais je n’aurai pensé être en rupture de stock un an après la création ! Impossible de savoir le nombre de femmes voilées en France, mais une chose est sûre : nous sommes de plus en plus nombreuses, et se vêtir reste un besoin primaire. » Deux évidences sur lesquelles repose un marché français où
tout est à faire, et les perspectives d’évolution certaines puisque « aujourd’hui les femmes musulmanes veulent être à la mode, sans s’exclure socialement. Elles ont baigné dans leur culture occidentale, tout en ayant un profond désir de s’habiller selon les règles de l’islam ». Avec cette même volonté : exprimer leur identité avec style !
Le hijab version H&M et Zara
« La vraie première révolution est celle des couleurs, lorsque, enfin, dans la rue, on ose sortir du noir, bleu marine ou gris », analyse la blogueuse Hafida [www.hijabselect.com], qui porte un regard de fashionista pieuse dans la mode. Et c’est vrai qu’en regardant les nouveaux e-shops on s’émerveille devant la diversité des tissus et la variété des styles. « Sur mon blog, je propose des looks adaptés à toutes les femmes musulmanes, qu’elles
© France Keyser
Peu d’offres, beaucoup de demandes, les chiffres sont inexistants pour décrire la réalité de la mode islamique en France. Tour d’horizon sur les prémices de cette tendance modeste.
Les femmes de culture musulmane n’hésitent plus à associer vêtement « islamicocompatible » et accessoires de mode, créant ainsi leur propre look.
soient plutôt casual chic, sportwear, classique ou urbaine… » Comme les collections sur les e-shops français restent encore limitées et que les frais de port vers les autres pays peuvent être un frein à l’achat, la meilleure méthode reste de « hijabiser le style H&M ou Zara ». Sur une robe noire ou une jupe longue et chemisier, on n’hésite plus à multiplier les bijoux, jusqu’à porter des headbands sur le voile pour parfaire le look.
Les modeuses musulmanes deviennent, malgré elles, des stylistes d’un jour en façonnant elles-mêmes leur look, car malheureusement « il y a encore un problème de qualité et de finitions dans l’offre existante. Les marques de mode musulmane ont trop peu de visibilité. Le cœur du problème, ici, est le manque de cohésion et de solidarité pour promouvoir un véritable marché, et cela pas seulement dans la mode… », déplore Hafida. ■ K. P.
Amel Boubeker, sociologue : « Le voile se banalise en dehors de tout message politique » ÉLITE. « Dans les années 1990, le voile avait une dimension engagée, plutôt réservée à l’élite, il était
LAÏCITÉ. « Les jeunes filles ne perçoivent pas leur voile comme une provocation des valeurs laïques françaises, ni une manière de s’isoler, surtout lorsqu’elle “l’occidentalise”. Elles ne le voient pas comme un obstacle et sont convaincues que les choses changeront dans quelques années ; même si, pour l’heure, certaines femmes déchantent, elles l’abandonnent, font des compromis, quittent le pays ou sombrent dans la déprime, ne voyant pas leur ascension socioprofessionnelle possible. D’ailleurs, 90 % des femmes qui portent le jilbab (vêtement ample qui couvre tout le corps, de la tête aux pieds, ndlr) sont mariées, le mari prenant le relais économique. » LIBERTÉ. « Le voile en France peut être perçu comme l’échec cuisant de l’émancipation de la femme occidentale alors que dans les pays arabes il peut être considéré comme une forme de liberté, surtout là où il était interdit. L’un des acquis des révolutions arabes est d’avoir permis l’émergence du voile dans l’espace public. Il se banalise en dehors de tout message politique. Il est tout à fait possible de voir une femme voilée et gauchiste aujourd’hui ! »
© D. R.
le signe d’un certain avènement. Aujourd’hui, les jeunes filles ne passent plus par ce même cheminement religieux ni politique. Leur voile devient un phénomène de génération plutôt que cultuel. Il est l’affirmation d’une identité minoritaire, circonscrit par l’environnement immédiat où il est facile de le porter. »
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Tête d’affiche
Médine
Avec son dernier opus Protest Song, Médine, le rappeur made in Havre, met une fois de plus sa plume et sa voix rauque au service de ses multiples engagements, notamment contre l’islamophobie. Rencontre avec un artiste conscient.
À 30 ans, vous sortez votre quatrième album, est-ce l’album de la maturité ? Médine : Je n’aime pas trop les expressions toutes faites. C’est l’album d’un rappeur qui a une vie de famille maintenant. Je n’ai jamais eu une vie subversive avec des rebondissements. J’ai toujours eu une vie paisible. Mon histoire s’est construite en même temps que ma carrière. Je préfère parler d’album musicalement plus abouti, dans son époque. Souhaitiez-vous être un rappeur engagé dès vos débuts ? C’est l’image que j’aimerais garder. J’ai une vie d’homme engagé. Dans la lutte à la fois contre l’islamophobie et contre les discriminations. Je suis aussi président d’un club sportif situé dans un quartier populaire du Havre. Je suis sur plusieurs fronts dans ma vie d’homme et cela se ressent dans mon art, car le rappeur a la prétention d’être le plus sincère, celui qui ne
crée pas de personnage, qui est en phase avec les gens. J’essaie d’être honnête. Mais ce n’était pas mon ambition de départ : je voulais faire du rap comme les grands rappeurs que je voyais à la télé : NTM, IAM, Idéal J, Arsenic. C’était par amour de cette musique. Ensuite, il y a l’amour de la langue française qui est entré en ligne de compte. Puis on se rend compte que l’art n’a d’intérêt que s’il est mis au service d’un engagement ou d’un message. C’est dans ce sens-là que je conçois aujourd’hui ma pratique. Vous avez sorti, en 2012, le livre Don’t Panik avec Pascal Boniface… Cela reste de l’écriture. C’est un autre format, mais c’est le même principe. Écrire un morceau, écrire un chapitre, c’est sensiblement pareil. Je le vois comme un autre format qui va permettre à mon message d’aller ailleurs, de ne pas rester dans les carcans du rap français.
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« L’art doit être au service d’un engagement » BIO EXPRESS Né au Havre le 24 février 1983, Médine Zaouiche, d’origine algérienne, grandit entouré d’un frère et d’une sœur. Dès les années 1990, il fait partie d’un collectif de rappeurs, La Boussole. Le groupe créé son propre label Din Records en 2002. Deux ans plus tard, Médine sort son premier album solo intitulé 11 septembre, récit du 11e jour, dans lequel il revient sur les conséquences des attentats du World Trade Center. En 2005, il sort son deuxième album, Jihad, le plus grand combat est contre soi-même. La même année avec le titre « Boulevard Vincent Auriol », il rend hommage aux victimes de l’incendie d’un immeuble parisien. En 2008, il signe l’album Arabian Panther, qui devient alors son plus gros succès dans les bacs. En 2012, l’artiste publie son premier livre Don’t Panik, coécrit avec le géopolitologue Pascal Boniface. En 2013, il sort l’album Protest Song et peaufine actuellement un ouvrage sur le thème des chansons protestataires. Sa tournée 2013 commence à l’Olympia, à Paris, le 13 septembre, et se poursuit en régions jusqu’en novembre. Côté familial, marié à une Laotienne, Médine est l’heureux papa de deux enfants, Massoud et Mekka.
Avez-vous l’intention de renouveler l’expérience ? Bien sûr. C’est déjà en cours avec l’album Protest Song, j’ai fait quelques recherches, eu quelques discussions avec des amis qui ont aussi fait des recherches sur le sujet. On a réussi à compiler un bouquin comprenant 15 chapitres sur l’histoire du Protest Song, de la chanson contestataire depuis les
chants d’esclaves dans le sud des États-Unis jusqu’au rap français d’aujourd’hui. Vous êtes l’un des rares artistes à revendiquer votre identité musulmane. Pourquoi est-ce important ? Justement parce qu’il n’y en pas beaucoup d’autres qui s’affirment et se revendiquent comme étant des personnes qui sont
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« La communauté musulmane n’est pas un organe marginal de la société française. Les musulmans sont bien dans leurs baskets. » de la communauté musulmane. Sans jouer le rôle de la victimisation, c’est parce qu’il y a si peu de personnes que je prends très au sérieux ce sujet quand je le traite dans mes albums. Je me dis : « Si, moi, je déserte le terrain, qui va le faire ? » Et je sais que revendiquer son appartenance à la communauté musulmane peut être disqualifiant. On peut dire : « Médine, c’est un musulman qui ne parle qu’aux musulmans, donc commercialement cela ne m’intéresse pas, je n’irai pas acheter son album. » Médiatiquement aussi cela peut fermer certaines portes. Je l’ai déjà ressenti en radio, dans la presse et des salles de concert. On a l’impression qu’affirmer son appartenance à la communauté musulmane est un facteur d’exclusion. Je le vis déjà socialement ; alors artistiquement je le comprends mais j’essaie justement de passer par là où les gens ne m’attendent pas. En effet, je ne parle pas que de sujets qui concernent les musulmans. Cependant, la lutte contre l’islamophobie doit concerner tout le monde. Vous étiez dernièrement à la Rencontre annuelle des musulmans de France et à celle du Havre. Que vous apportent ces rencontres ? Cela me rend fier et me galvanise sur pas mal de choses. Ce sont des endroits qui sont devenus des forums d’expressions pour que la communauté musulmane se retrouve, discute des sujets de préoccupation. C’est une source à laquelle je vais m’abreuver. Je vais comprendre les préoccupations de ma communauté, voir comment on y réfléchit, quels sont les process mis en place pour aboutir à un plan d’action pour essayer de résoudre certains problèmes : des problèmes d’identité, des problèmes de logistique... Cela me rend fier aussi de rencontrer
la communauté musulmane dans sa grande diversité : je vois des gens d’origines différentes, de compétences différentes, d’origines sociales différentes… Finalement, la communauté musulmane n’est pas, comme on tente de la montrer, un organe marginal de la société française. En réalité, les musulmans sont bien dans leurs baskets. Ils sont impliqués dans tous les cœurs d’action, socialement, professionnellement. Face à la montée de l’islamophobie, comment réagissez-vous ? J’ai concocté une petite stratégie, que j’appelle de la transgression. Je pense qu’il y a des gens qui sont mieux placés que moi pour réagir, organiser et mobiliser les gens. Moi, je suis un artiste et je peux utiliser un autre instrument pour protester contre les actes islamophobes. Protester, ce n’est pas forcément réagir au lendemain des événements. J’essaie de faire deux pas en arrière et d’observer la situation, de voir comment la communauté le prend, comment cela est traité médiatiquement et là j’interviens. On peut penser que je ne réagis pas, mais c’est une réaction moins frontale qui porte ses fruits sur la longueur. Je ne veux pas être dans une réaction impulsive. C’est une stratégie qui vise plutôt à couper l’eau directement au robinet plutôt que d’essayer d’endiguer l’eau à certains endroits. Dans Protest Song, vous célébrez l’Afrique. Y avezvous des projets ? J’ai fait un premier voyage au Sénégal, il y a une dizaine d’années. Je trouve aujourd’hui le Sénégal transformé quand j’y suis retourné dix ans plus tard. J’observe une espèce de force vive, une jeunesse qui est
encore plus dynamique que la jeunesse française et qui est de plus en plus instruite. On a un rôle à jouer en tant qu’Africain de la diaspora, que ce soit en Afrique subsaharienne ou au Maghreb. Il faut rappeler que l’Afrique, ce n’est pas que des petits Africains noirs qui tendent la main pour réclamer. C’est une presse qui se libère de plus en plus. Ce sont des intellectuels, des économistes : c’est ça l’Afrique. Des infrastructures qui prennent naissance. Un peuple qui parvient à se révolter. Il y a des tentatives démocratiques qui sont en train de se réaliser, en Tunisie par exemple. Toutes ces initiatives qui voient le jour sur le continent africain : je me dis qu’on a un rôle à jouer. Le Havre : votre ville natale est également importante à vos yeux... C’est bien beau d’avoir des projets pour nos continents d’origine, mais je suis né au Havre, j’ai toute ma famille au Havre, je n’ai pas envie de déplacer ma proactivité, de la mettre au service des autres alors que les gens qui me sont le plus proches en ont le plus besoin. J’ai des projets pour Le Havre. Je me dis pourquoi ne pas rattacher culturellement la ville du Havre à Paris en créant une espèce d’académie, une école ? En tout cas, j’y réfléchis. Il y a six duos dans votre dernier album, c’est ça l’esprit collégial du rap ? C’est un esprit que j’ai développé récemment. Dans mes albums précédents, il n’y avait que deux ou trois morceaux que je partageais avec un invité. Là, j’ai décidé d’en faire davantage, car c’est au contact des autres que je m’enrichis. ■ Propos recueillis par Maria Magassa-Konaté
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Abcédaire
AAmitié comme
Toutes mes histoires ont été enrichies par la présence de mes amis d’enfance. Je suis depuis la plus tendre enfance avec certains amis avec lesquels je continue à travailler. On est de la même génération, on a découvert la musique, repratiqué notre religion et forgé notre état d’esprit ensemble.
CCompétitivité comme
C’est vouloir être le premier sans écraser son frère. Une compétitivité positive. C’est ce qu’il manque dans mon domaine, le rap français. Souvent, pour se faire valoir, on va marcher sur la tête d’un autre. Je suis opposé à cela.
FFraternité comme
C’est lorsqu’on pousse l’amitié un peu plus loin. C’est ce qui nous lie dans mon équipe, le label Din Records. Il y a des Rebeus, des Renois, des Blancs, des Chinois. On ne fait pas de différences.
PPassion comme
L’amour, la passion de quelque chose peut réussir à soulever des montagnes à des moments où l’on n’y parvient plus autrement.
SSavoir comme
Dans l’album Protest Song, un morceau s’appelle « D’arobase à zéro », où je mets en avant cette capacité à s’en sortir socialement grâce au savoir, à la connaissance et à la compréhension. Je mets en évidence le lycée Averroès (classé meilleur lycée de France en 2012, ndlr).
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culture Par Huê Trinh Nguyên
Par ICI Dakar ! Le Sénégal vient à Paris
ÉCLECTISME. Après les États-Unis (« Islam & the City », en 2011, annonçant l’ère post-11-Septembre) et l’Algérie (« Viva l’Algérie ! », célébrant le cinquantenaire de l’indépendance en 2012), c’est au tour du Sénégal d’investir l’Institut des cultures d’islam (ICI). Sous l’intitulé « Par ICI Dakar », l’ICI offre une programmation hors des sentiers battus de ce pays foisonnant d’artistes qu’est le Sénégal, qui vient d’ailleurs de voir nommer une femme comme nouveau Premier ministre en la personne d’Aminata Touré – chose assez rare sur le continent africain comme ailleurs pour être soulignée.
Programmation résolument contemporaine
© Fabrice Monteiro Institut des cultures d’islam – Institut français du Sénégal
« Par ICI Dakar » navigue entre spectacles de musique (Didier Awari, Matador, Nuru Kane) et de danse (Hardo Kâ), chants sacrés, contes de la tradition orale (Boubacar Ndiaye)… Si la semaine du 13 au 21 septembre marque le cœur du festival, par une programmation journalière riche de découvertes, « Par ICI Dakar » se prolonge jusqu’au 21 décembre, ponctué
de visites guidées dans le quartier de la Goutte-d’Or, de ciné-débats (Toiles d’araignée, d’Ibrahima Touré, le 21 novembre ; Des étoiles, de Dyana Gaye, en avant-première le 19 décembre) et de brunchs littéraires.
Un foisonnement qui questionne l’islam subsaharien
Parmi les brunchs, on notera, en particulier, le 7 décembre, la rencontre avec François-Xavier Fauvelle-Aymar, auteur de Le Rhinocéros d’or (Alma, 2013), et le 21 décembre, la venue de Souleymane Bachir Diagne, classé parmi les 25 plus grands penseurs du monde en 2005, spécialiste de Muhammad Iqbal, qui présentera son nouvel ouvrage L’Encre des savants. Réflexions sur la philosophie en Afrique, et partagera ses idées avec Séverine Kodjo-Grandvaux, auteure de Philosophies africaines (tous deux publiés chez Présence africaine). Quant à l’exposition photographique de Fabrice Monteiro « La voie du Baye Fall », elle met en lumière un mouvement spirituel assez critiqué dans le monde sunnite arabe : le Baye Fall, une branche de la confrérie des Mourides, fondée par le cheikh Ibrahima Fall, lui-même disciple de cheikh Amadou Bamba. Forts de leur culture wolof mais pas moins musulmans, les Mourides représentent 28 % de la population sénégalaise. ■ Voir le programme complet sur www.ici.paris.fr
© Élise Fitte-Duval
Du 13 septembre au 21 décembre, l’Institut des cultures d’islam lance la 8e édition de son Festival, avec pour invité d’honneur le Sénégal.
Tandem Dakar-Paris VITALITÉ. « Par ICI Dakar » s’inscrit dans le Tandem Dakar-Paris, un programme d’échange culturel organisé par les deux capitales qui a permis, durant le 1er semestre 2013, à des artistes français comme Grand Corps Malade de se produire au Sénégal, et, durant le 2e semestre, à des artistes sénégalais connus (le chanteur Ismaël Lô ; la chorégraphe Germaine Acogny…) ou qui le sont moins d’aller à la rencontre du public parisien. Parmi les quelque 50 événements culturels emmenés par des artistes dakarois dans une dizaine d’établissements parisiens : la « Black Fashion Week » (5 et 6 oct.) ; les « Mardis du cinéma de Dakar » (du 15 oct. au 5 nov.) ; un hommage au cinéaste Djibril Diop Mambety (12, 17 et 24 nov.) ; un bal populaire (8 déc.)… w www.tandem-dakarparis.com
Pour aller plus loin HORIZONS. Et si jamais les amoureux de ce pays ne peuvent se déplacer à la capitale, on ne manquera pas de (re)lire avec délice les grands auteurs sénégalais devenus des classiques que sont Cheikh Hamidou Kane (L’Aventure ambiguë, grand prix littéraire d’Afrique noire 1962), Mariama Bâ (Une si longue lettre, 1980), Aminata Sow Fall (La Grève des Battu, 1986) ou Fatou Diome (Le Ventre de l’Atlantique, 2004). Côté culture générale, on lira de Souleymane Bachir Diagne l’indispensable Comment philosopher en islam ? (Éd. du Panama, 2008), et de Tidiane N’Diaye ses ouvrages édifiants sur le pillage du continent noir, que ce pillage soit historique (Le Génocide voilé, Gallimard, 2008) ou contemporain (Le Jaune et le Noir, Gallimard, 2013). Côté cinéma, on se visionnera les nombreux films d’Ousmane Sembène (Camp de Thiaroye, prix spécial du jury au Festival de Venise 1988) ou encore de Moussa Touré (La Pirogue, prix du public et prix de la mise en scène au Festival de Locarno 2012).
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CInÉMA
À voir aussi w Le tout nouveau Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille, propose des cycles cinéma Istanbul (21 et 22 sept.), Israël-Palestine (12 et 13 oct.) et une série de films accompagnant l’exposition « Au bazar du genre : féminin-masculin en Méditerranée ».
Par Huê Trinh Nguyên
père et notable de la ville de Tanger, vont être l’occasion de régler les comptes et de mettre à nu l’hypocrisie qui a régné durant toutes ces années passées où le père régnait en maître. Dialogues corrosifs, soins apportés aux décors, casting féminin particulièrement réussi, rencontres édifiantes ou poétiques avec les fantômes (Omar Sharif)… Rock the Casbah peut être vu comme un film éminemment féministe qui égratigne les traditions et interdits faits au nom de l’islam, mais aussi comme une parabole des sociétés arabes dont les peuples viennent
© Hassen Brahiti
COCOTTe-minute. L’on rit et l’on pleure dans le film de Laïla Marrakchi. Mais le spectateur ne pleure pas de tristesse à la mort du patriarche comme le font les héroïnes du film, ce sont des larmes d’émotion. Car de l’émotion, il y en a dans Rock the Casbah. Rien à voir avec la chanson bien connue du groupe rock punk des Clash des années 1980, mais le propos n’est pas moins explosif. Car la casbah, la maisonnée familiale, est une vraie cocotte-minute. Les trois jours de deuil qui vont voir se réunir les membres de la famille de Moulay Hassan, le défunt
© 2013 Arnaud Borrel
Rock the Casbah
de faire leur révolution mais ne et sensibles nous laisse le cœur parviennent pas à faire le deuil plein d’espoir. ■ de l’ancien système dictatorial dont les vestiges sont encore Rock the Casbah, de Laïla Marrakchi, Morjana Alaoui, Nadine Labaki, prégnants. Un film d’actualité avec Lubna Azabal, Hiam Abbass, donc, qui s’achève par une acmé Adel Bencherif, Fatima Harandi dramatique mais parce qu’il a "Raouia", Omar Sharif… été parcouru d’épisodes joyeux En salles le 11 septembre 2013.
SORTIEs dvd
INTÉGRATION. Dans le train de la vie, 25 voyageurs, 15 nationalités… Tako, Thierno, Simbala, Dalel, Hamza… Des adolescent(e)s venu(e)s du Congo, de Côte d’Ivoire, d’Algérie, de Tunisie il y a quelques mois à peine en France sont élèves en classe de primomigrants dans un collège parisien. Pas facile quand on a été élevé par ses grands-parents au pays, que l’on a connu la guerre ou que l’on est devenu orphelin de s’adapter à sa nouvelle vie en France. Or l’intégration passe d’abord par l’apprentissage de la langue. Et c’est Julie, professeure de français et professeure principale, qui est chargée de mener
© Aloest Distribution
Enfants valises
cette classe atypique, que Xavier de Lauzanne a filmée une année durant. Au plus près des visages, des doutes aussi, la caméra filme le long apprentissage de ces jeunes gens. Malgré les difficultés de la langue, ceux-là mêmes qui
Djeca, enfants de Sarajevo,
d’Aida Begic (Bosnie, Allemagne, France, Turquie), mention spéciale du jury Un certain regard, au Festival de Cannes 2012.
n’osaient s’exprimer du fait de leur accent prennent de l’assurance et se révèlent de vrais poètes. Ils chantent la vie, leurs souvenirs d’amour et leur espoir de réussir. Xavier de Lauzanne affirme n’avoir pas voulu réaliser un film militant et politique sur la
Aujourd’hui,
d’Alain Gomis (Sénégal, France), ours d’argent, à la Berlinale 2012.
question de l’immigration. Mais en nous faisant découvrir la formidable implication des enseignants, il fait mentir un certain président qui estimait que les fonctionnaires de l’Éducation nationale ne travaillaient pas suffisamment et dénonce en creux un de ses ministres qui faisait arrêter des enfants de familles sans-papier à la sortie de l’école. Avec Enfants valises, l’on se dit alors que la France conserve sans doute encore sa tradition d’accueil et peut continuer à se prévaloir comme étant le pays des droits de l’homme. ■ Enfants valises, documentaire de Xavier de Lauzanne. En salles le 11 septembre.
Le Passé,
d’Asghar Farhadi (France), prix d’interprétation féminine et prix du jury œcuménique, Festival de Cannes 2013.
www.salamnews.fr
PROGRAMME TV Sur le chemin de l’école MARATHON. Jackson, 11 ans, et sa petite sœur vivent au Kenya ; Zahira, 12 ans, habite dans les montagnes de l’Atlas marocain ; Samuel, 13 ans, est en Inde ; Carlito, 11 ans, et sa sœur sont dans les plaines de Patagonie. Sur des continents différents, ces enfants ont ceci de commun qu’ils ont ce même courage pour parcourir des kilomètres afin de gagner leur lieu de savoir qu’est l’école. Et cette même soif d’apprendre… Parce que les aléas de la vie leur ont tôt fait comprendre que l’instruction est une clé, voire la seule, pour s’extraire de leurs dures conditions. Un film documentaire soutenu par l’UNESCO. ■ H. T. N. Sur le chemin de l’école, de Pascal Plisson. En salles le 25 septembre.
Jérusalem HISTOIRE. Documentaire à 180° Imax® présenté sur écran géant à la Géode, Jérusalem se donne à voir de façon inédite. L’on survole, depuis le ciel, le mur des Lamentations, l’église du Saint-Sépulcre et le dôme du Rocher, les trois lieux emblématiques des religions monothéistes qui marquent leur présence au sein de la Ville sainte. Et l’on se promène en compagnie de trois jeunes filles, juive, chrétienne et musulmane, qui nous racontent « leur » Jérusalem. Une immersion visuelle concoctée par National Geographic. ■ H. T. N.
Iqraa International Le Bouquet Musulman disponible chaîne 664 chez Free et chaîne 536 chez SFR
12 h et 22 h (tous les jours) Fatawa
Découvrez l’émission incontournable qui répond à toutes vos questions fondamentales sur la religion. Envoyez vos questions à : fatawa@iqraa.com 7 h 30 et 13 h 30 (du lundi au jeudi) La science et la foi Cette émission met en lumière les merveilles de la science et conduit à une méditation spirituelle pour renforcer la foi en Allah.
Politique-Fiction. Omar vit en Cisjordanie, éloigné de sa bien-aimée Nadia par le mur de Séparation. Déjouant les balles des soldats israéliens, il escalade quotidiennement le mur pour rejoindre Nadia. Avec ses deux amis d’enfance Tarek et Amjad, il décide de créer une cellule de résistance. Sauf que leur première opération tourne mal. Capturé, torturé puis manipulé par l’armée israélienne, Omar est relâché contre la promesse d’une trahison. Va-t-il la tenir ? Premier film financé à 100 % par des Palestiniens, Omar a remporté le prix du jury Un certain regard au Festival de Cannes 2013. ■ H. T. N. Omar, de Hany Abu-Assad. En salles le 16 octobre.
MBC, dans le Bouquet Arabia de Free, SFR, Bouygues Telecom, Virgin. 11 h (du dimanche au jeudi) Al Kabir
Découvrez le talk-show animé par Khaled et Jane, qui traite des questions de société. 14 h (du mardi au samedi) Tala Nouvelle série événement sur MBC. Découvrez la vie mouvementée de la jeune Tala. 15 h (tous les jours) Tabakh Al Sultan
10 h 30 et 14 h 30 (mercredi) L’histoire de l’Andalousie
Jérusalem, de Daniel Ferguson. En salles le 16 octobre à la Géode.
Omar
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Un documentaire poignant et instructif sur l’Histoire de la civilisation musulmane en Andalousie. 20 h (du lundi au vendredi) Visitez la Palestine
Nouvelle série turque sur vos écrans. L’histoire d’amour impossible entre un cuisinier et une mystérieuse jeune fille. 21 h 30 (tous les jours) Ramiz Ankhamoun
Découvrez plus de 29 villes différentes en Palestine, leurs coutumes et traditions et plongez au cœur des événements les plus importants.
Découvrez cette émission hors du commun présentée par Ramez Galal, qui met à l’épreuve ses invités dans des tombeaux égyptiens pleins de pièges.
Découvrez la programmation complète sur :
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DE VOUS À NOUS Par Chams en Nour, psychanalyste
Doutes et certitudes
Vous traversez un moment difficile ? Vos réactions et celles des autres vous surprennent ? Vous avez l’impression d’être dans une impasse ? Quelle décision prendre ?… Cette rubrique accueille vos questions, vos réflexions ou tout simplement vos partages d’expériences. À partir du bel islam et d’une lecture appliquée du Coran, des solutions peuvent toujours être trouvées. Posez vos questions à de vousanous@salamnews.fr
« JE VIENS DE PASSER LE BAC (avec succès, ouf !) mais j’ai un gros souci dans mes relations avec mes amis. J’ai tendance à être solitaire, à avoir besoin de me réfugier dans ma bulle, car je trouve que les gens sont trop durs. Je ne les comprends pas, je ne partage pas les mêmes valeurs en général. Par exemple, les amis ne pensent qu’à s’amuser, à faire la fête ; mais moi, cela ne me dit rien, et ils me traitent de rabat-joie. Je suis inquiète pour mon avenir, est-ce que je suis parano ? » Aminata, 18 ans Chams en Nour. Peut-être aviez-vous besoin de vous concentrer sur votre examen ? Et de ce point de vue vous avez bien fait, puisque vous avez passé avec succès cette épreuve qui vous ouvre les portes de la vie d’adulte. Mais si vous avez tendance à préférer la solitude, en effet, à votre âge, ce n’est généralement pas courant. Il y a bien sûr un équilibre à trouver. Il faudrait en savoir plus sur votre histoire, votre enfance, les relations dans la famille, les frères et sœurs. Votre place dans la fratrie, par exemple, peut avoir son importance. Vous êtes à un âge de transition souvent malaisé, le moment où l’on s’élance dans la vie nécessite d’avoir de bonnes assises. Parfois, on peut en manquer et l’envol est de ce fait plus difficile. ■
« MA FILLE ME REPROCHE de n’avoir pas su la soutenir, et je vous avoue qu’elle n’a pas tort. Elle est courageuse, a réussi ses études, commence à travailler et elle s’est construite en l’absence d’une maman, car ma première femme est décédée quand elle a eu 4 ans. Je me suis remarié quelques années plus tard. Je reconnais que je ne me rendais pas compte qu’elle se battait toute seule et je n’ai pas voulu voir que sa belle-mère ne s’intéressait pas à elle. J’ai sans doute été trop accaparé par mon travail. Pourtant, je suis sûr de l’avoir encouragée, mais je n’ai pas dû en faire assez… Être père, ce n’est pas toujours facile. » Omar, 47 ans
Chams en Nour. En effet, être père est difficile. Son rôle est réel et symbolique à la fois. Il a le devoir de protéger, d’offrir les meilleures conditions d’épanouissement possible à ses enfants. Il les prépare à la vie en société, à tenir compte des règles, et des autres en général. Il est aussi de donner l’exemple par son comportement. Pas toujours évident, en effet. Mais il y a aussi le niveau symbolique. Il est alors le représentant de la Loi, il est celui qui transmet les valeurs de ses ancêtres aux générations futures. C’est un passeur des valeurs vraies. Une « sacrée » responsabilité, n’est-ce pas ? L’intention compte plus que tout en islam. Si vos intentions étaient et sont bonnes, votre fille saura le comprendre. Si non, il vous reste la possibilité de lui demander pardon du fond du cœur. Cela aussi, elle devrait pouvoir le comprendre. ■
N° 46 SEPT.-OCT. 2013
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ÉDITION NATIONALE
ACTU
LA LAÏCITÉ FAIT SA RENTRÉE
HAJJ : LA MENACE DU CORONAVIRUS
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SPORT
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SANTÉ
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