Graduation project l Salma MHIRI

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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE

PROJET DE FIN D’ÉTUDES

À LA RECONQUÊTE DU PORT DE SFAX PROCESSUS DE RETOURNEMENT DE LA VILLE DE SFAX VERS LA MER

Professeurs: José Moralès, Rémy Marciano

SALMA M’HIRI



À LA RECONQUÊTE DU PORT DE SFAX

S10 DE2 Architecture et mutation Des corps engagés École Nationale Supérieure d'Architecture de Marseille 2019-2020 Mémoire Professeurs: José Moralès, Rémy Marciano Étudiante: Salma Mhiri

À La reconquête du port de Sfax

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À la reconquête du port de Sfax


REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier mes professeurs encadrants : José Morales et Rémy Marciano pour leur accompagnement et encouragement dans le cadre de ce projet.

Je

dédie

mon

travail

à

mes

grands

parents

Mounira, Zahra et Hédi, à mes parents Sondes et Fathi, en témoignage de mon infinie reconnaissance pour leur sacrifice, amour et confiance tout au long de mon parcours.

Merci à mes frères Mahdi, Yassine et Sadok qui m’ont toujours encourager à aller de l’avant, à mes chères soeurs; Lilia, Dhouha et Mariem pour leur support durant cette période, à Salma pour ses précieux conseils et sa disponibilité et enfin, à Rachid pour son indéniable soutien.

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Bizerte

Tunis Nabeul

Kairouan Mahdia Chebba Sidi Bouzid

Sfax Tozeur

Gabès

Gafsa

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Sfax: Deuxième ville de la Tunisie, dotée d’une position privilégiée sur une plaine cotière, se présente comme la capitale du sud s’ouvrant sur la mer méditerranéenne avec un littoral de 235 km.

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CONTEXTE

Gouvernorat de Sfax •Composé de 16 délégations •Population : 976 674 habitants •Superficie : 708 000 ha •Métropole économique de la Tunisie basée essentiellement sur l’huile d’olive, la pêche et les phosphate.1

El Hencha Jebiniana Menzel Chaker

El amra

Ville de Sfax Bir Ali Ben Khalifa

Agareb Îles de Kerkennah Mahrès

Gharbia

Skhira

1 Site internet du ministère de l’industrie et des PME http://www.tunisieindustrie.nat.tn/ À La reconquête du port de Sfax

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AVANT PROPOS

Sfax, la ville qui m’a vu naître et grandir, constitue encore aujourd’hui un mélange contrasté d’espoir et de détresse. De mon enfance passée au cœur de la ville, je ne garde qu’une vision fragmentée de mon quartier ; des maisons en rez-de-chaussée dispersées dans des champs d’oliviers, des pistes arborées qui reliaient les rues principales et des petits commerces qui s’étendaient sur les trottoirs. Ma ville natale était pour moi synonyme de sérénité. À un âge où je commençais à percevoir la ville sous un nouvel angle et à cerner le changement qu’il y a eu, les grands boulevards me paraissaient surpeuplés, des klaxons de voitures à ne plus en finir et un stress palpable dans tous ses recoins. Sfax a troqué sa tranquillité contre des rues surplombées de masses bâties de part et d’autre. La ville s’est développée et son architecture a beaucoup changé pendant les dernières décennies. Cela revient au fait qu’elle soit dénommée ville industrielle réputée pour son dynamisme et le sens de l’entrepreneuriat de ses habitants. Abandonnée et opprimée pendant six décennies, la ville peine quotidiennement à se faire une place parmi les principales villes tunisiennes. Entre la Siap et la NPK, deux usines extrêmement polluantes implantées de part et d’autre au bord de la mer, la capitale du sud suffoque voyant sacrifier son littoral nord et sud. C’était comme si on cherchait à mieux polluer le front marin de ce morceau de territoire. Ce n’est donc pas le fruit du hasard que Sfax est devenue l’unique ville côtière de la Tunisie qui tourne le dos à la mer. Des accumulations de dégradations environnementales ont pesé à la fois sur la qualité de vie des Sfaxiens, et sur toute action sérieuse de développement durable pour les générations futures. La capitale du sud, qui, de plus, possède le tout premier port de pêche, le deuxième port de commerce ainsi que les toutes premières salines du pays s’est transformée depuis plus de 50 ans en une parcelle de terre détachée de son littoral, délaissée et peu attractive.

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Depuis la révolution du Jasmin en 2011, le combat que mène Sfax est devenu surtout celui de ses habitants. Une prise de conscience collective des véritables problématiques de la ville se fait remarquer de plus en plus dans les rangs des habitants de Sfax. Qu’il s’agisse de la sauvegarde du patrimoine délabré de la ville ou de l’accessibilité en front de mer, la société civile semble aujourd’hui déterminée à remédier au retard du développement de la ville et à contrecarrer la marginalisation dont elle est encore victime. Mais en dépit des efforts et de l’engagement de ses militants, la ville continue encore à rencontrer de nombreuses problématiques. Une raison pour laquelle une intervention architecturale et urbaine qui participera à la revitalisation de la ville et à recoudre son lien perdue avec la mer devient nécessaire.

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TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ

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SFAX: VILLE DE MUTATION URBAINE

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VILLE ENTRE TERRE ET MER

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• • • •

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Morphogenèse de la ville Composition urbaine Étalement urbain et déséquilibre fonctionnel Dégradation du noyau central et enclavement de la côte

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VILLE DÉPOSSÉDÉE DE SON LITTORAL

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• •

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• •

La course de la mer dans l’histoire de Sfax Le port d’un lieu d’interaction majeure à une plateforme désertée Mutation de l’activité du port États des lieux

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PROBLÉMATIQUE ET ENJEUX

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STRATÉGIE

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LE PORT, NOUVEAU LIEU DE VIE

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• Prise de position • Programme 1. À L’échelle du quartier du port 2. À l’échelle du quai nord 3. À l’échelle du bassin

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CONCLUSION

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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62 64 66 72

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Source : edusfax.com

Source : edusfax.com

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Source : edusfax.com

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RÉSUMÉ

Sous le poids d’un manque d’espaces propices à la rencontre et à la convivialité et d’un quotidien entaché par des nuisances environnementales et des défaillances urbaines, la vie des habitants de la ville croule depuis plusieurs années. Ce travail s’articule autour du port de Sfax, autrefois l’âme de la ville, son noyau commercial mais surtout la porte de la capitale du sud et le symbole de son ouverture sur le monde, a troqué son image de capitale économique du pays contre celle d’une ville bien terne qui inspire ennui et oppression aussi bien pour ses habitants que pour ses visiteurs . En dépit de la symbolique de la mer qui fut, et ce depuis toujours, synonyme d’un lieu d’échange, de négociation et de loisirs dans la mémoire collective des Sfaxiens, il existe aujourd’hui une véritable déconnexion et une réelle rupture entre la ville et la façade maritime. En effet, la beauté du paysage se trouve cachée derrière les lignes de chemins de fer. Quant aux infrastructures portuaires, elles se voient, de jour en jour, se transformer en parkings de poids-lourds ou en aires de dépôt. Ces plateformes du quartier « Bab-Bhar » sont très peu fréquentées, sous équipées et les transformations urbaines n’ont fait que rendre l’accessibilité au front de mer encore plus difficile. Prêtes à accueillir de nouvelles fonctions, ces friches portuaires présentent grâce à leur situation, l’endroit idéal pour inscrire différentes interventions architecturales qui visent à régénérer le quartier « Bab-Bhar » et à le reconnecter à la mer, permettant ainsi de recréer la vitalité et la convivialité perdue au sein de l’ancien tissu urbain. Dans un contexte de ville industrielle où le rapport avec la nature devient de moins en moins évident, une prise de conscience du patrimoine paysager devient nécessaire. Ce projet propose un travail de réaménagement, de réhabilitation et de revitalisation de la ville, de son histoire et de son patrimoine. Il tend également à redonner un coup d’éclat à ses activités commerciales, culturelles et ludiques. La présente approche est une proposition architecturale adossée à une intervention urbaine qui vise à la revalorisation de la ville de Sfax et à rallier ses habitants à leur environnent. À La reconquête du port de Sfax

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SFAX : VILLE DE MUTATION URBAINE L’image d’une ville est fortement liée à son histoire et au processus de son évolution. Située en plaine littorale et au centre du pays, la situation de la ville lui confère un grand rayonnement maritime. Ceci attirait plusieurs civilisations et explique la sédimentation des différentes strates historique à travers le temps, amenant chacune un nouveau tissu urbain. Cette série de cartes montre l’évolution urbaine de Sfax qui est une extension simultanée par un gain de terrain sur l’eau, et au profit des terres agricoles. IXème siècle

La médina: ville islamique La ville est fondée au IXème siècle sous le règne des Aghlabides, qui ont opté pour une architecture fortifiée pour la construction de leur ville avec une enceinte de 17mètres de haut et dont le centre est occupé par la grande mosquée. Ce noyau initial de la ville de Sfax, était la seule concentration urbaine de la ville pendant des siècles ce qui explique sa richesse historique, patrimoniale et culturelle. Son appellation est d’origine berbère : « Syphax » qui veut dire la place fortifiée.

Début XXème

La ville coloniale Le 16 juillet 1881 la conquête de la ville par le protectorat français. Les colons ont décidé d’échapper à toute interaction spatiale avec le tissu médinal et de créer un noyau en continuité avec le quartier Franc, entièrement occupé par des étrangers. En 1883, Ils ont commencé à tracer leurs rues orthogonales sur des terrains gagnés sur la mer et ils ont considéré Sfax comme un point stratégique digne de communiquer avec le monde au delà des frontières au moment où les citoyens n’exerçaient qu’occasionnellement le commerce maritime.

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Fin XIXème

Sfax coloniale, premier pas vers l’industrialisation; Au fil du temps, on a adopté une stratégie de développement du commerce maritime tout en améliorant le commerce de l’huile d’olive. Mais avec la découverte du phosphate de Gafsa et la nécessité d’agrandir le port fut indispensable. Le quartier colonial marquait alors une expansion territoriale vers la mer et le premier bassin commercial fut construit. Au cours de cette occupation, la ville a connu l’implantation des lignes de chemin de fer et plusieurs usines sur le littoral au tour du noyau central qui ont transformé la bande maritime.

Années 70s

Sfax post Coloniale, une ville industrielle. Après l’indépendance, la ville a connu une poussée démographique postcoloniale qui a induit à un étalement urbain incontrôlé en faveur des terres agricoles. À partir de ce moment, Sfax est devenue une ville satellite multipolaire: un centre urbain délivrant par des routes et des rocades reliés entre eux par deux couronnes. Parallèlement, suite à l’implantation de la zone industrielle sur le littoral nord et sud, des conséquences néfastes se sont cumulées sur l’environnement marin.

Années 80s

Le projet Taparura Cette pollution extrême a du sacrifier la série des plages qui formaient la cote nord du littoral qui était décrétée interdite à la baignade dans les années 70’s. Il y a donc eu une volonté de reconquérir le littoral par la fermeture de l’usine chimique NPK et la mise en place du projet Taparura qui consistait à la dé-pollution et la réhabilitation de ce site dans l’objectif de retrouver la plage et de renouer avec les activités côtières. Ce nouveau remblai qui apparait n’est autre que les couches de phosphogypse répandues en mer par l’ancienne usine du groupe chimique NPK. À La reconquête du port de Sfax

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Source : edusfax.com

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VILLE ENTRE TERRE ET MER

MORPHOGENÈSE DE LA VILLE COMPOSITION URBAINE ÉTALEMENT URBAIN ET DÉSÉQUILIBRE FONCTIONNEL DÉGRADATION DU NOYAU CENTRAL ET ENCLAVEMENT DE LA CÔTE

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MORPHOGENÈSE DE LA VILLE:

Depuis l’antiquité, la ville adaptait un modèle urbain assez particulier faisant preuve d’une remarquable complémentarité entre ses différents composantes urbaines : «Jneins»2, Médina et Mer. Les «Jneins» qui représentent aujourd’hui le tissu pavillonnaire, étaient autrefois des espaces de production et de convivialité par excellence qui ont donné naissance à une agriculture prospère. Ces terres, tachetés en blanc, abritent les «Borjs»3. Ces logements présentent l’échappatoire estival de chaque Sfaxien où il se lance dans les activités agricoles, culinaires et de tissage dans le but de se préparer pour la saison hivernale et le retour à la médina. Vu du ciel, le plan de la ville est doté de cette structure radio-centrique autour d’un noyau central qu’est la médina. Au sud de ce centre historique s’est développé le quartier « Bab-Bhar », qu’est le tissu colonial, et au nord se trouve les faubourgs, puis les «Jneins» et un peu plus loin les champs d’oliviers. «Jneins» (tissu pavillonnaire) 2ème rocade Les radiales 1ère rocade Médina Quartier Bab-Bhar (ville coloniale) Lignes de chemin de fer

2 Jnens : en arabe, le terme désigne le jardin. Ici, la désignation s’applique à la ceinture de vergers situés entre la 2ème et la 3ème rocade. 3 Unité d’habitation d’un «Jnein» qui tire ses caractéristiques de l’architecture des forteresses. 16

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SYSTÈME VIAIRE À La reconquête du port de Sfax

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«Pendant tout l’été et tout l’automne, on voit croître en abondance et arriver à la plus haute perfection tous les fruits de l’Europe ; des figues, des amandes ; des olives ; des grenades ; de superbe raisin ; et jusqu’à des fleurs sans qu’il soit possible d’expliquer le secret de leur production.» Puckler Muskau (1836). Photos des différents Borj dans les Jneins. 18

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Crédit photo: Zaher Kammoun

Crédit photo: Zaher Kammoun À La reconquête du port de Sfax

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Des scènes de la Médina. 20

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Fragments du quartier Bab-Bhar (Ville coloniale) 22

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Vues sur mer. 24

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Crédit photo: Thibault Moncorger

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COMPOSITION URBAINE

Le plan de la ville s’organisent en des demi cercles concentriques ayant pour point de départ un noyau central dense formé par le tissu medinal juxtposé au tissu colonial . À partir de son noyau et en s’élargissant , la densité tend à s’estomper : faubourgs , tissus pavillonnaires et en dernier lieu , les champs d’Olivier .

Les «Jneins» (tissu pavillonnaire)

Le «R’bat» (faubourg)

Sfax El Jadida ( ville nouvelle: Bureaux + commerces) Médina Quartier Bab-Bhar (Tissu colonial)

Bassin Chott Kreknah Port commercial et industriel Zone industrielle

3 Le projet Taparura, dont la mise en œuvre a commencé dans les années 80s, vise à traiter les dépôts de phosphogypse accumulés au nord de Sfax, lesquels rendaient quasi impossible l’accès aux plages. Ce grand vide que l’on voit aujourd’hui est un remblais de 420 hectares qui est prêt d’accueillir un nouveau pôle urbain aux allures d’une ville nouvelle. 26

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Zone industrielle

Projet Taparura3

Le casino (Zone balnéaire)

Port de pêche

PAYSAGE URBAIN À La reconquête du port de Sfax

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ÉTALEMENT URBAIN ET DÉSÉQUILIBRE FONCTIONNEL La croissance démographique a engendré un déséquilibre centre-périphérie. L’agglomération de 970 000 habitants subi un étalement urbain démesuré, souvent soumis à un développement anarchique notamment en matière d’habitat spontané le «R’bat»4. Le tissu urbain se caractérise par une très faible densité comparativement aux autres villes tunisiennes: en moyenne 30hab/ ha contre 100hab/ha à Tunis5. Une conséquence phare de l’étalement urbain de Sfax: un déséquilibre fonctionnel. Ce phénomène a fait que la ville fait face à un desserrement des activités et des fonctions. Composé de la médina, du quartier « Bab-Bhar » et du quartier Sfax el Jadida, le centre ville, concentré sur un espace restreint regroupe essentiellement des fonctions tertiaires. En effet, «Il abrite la totalité du tertiaire de commandement régional (administrations régionales, sièges de banque, assurances….), la majeure partie des fonctions de bureaux et plus que 80% des établissements industriels et de services». Ali Bennasr (2003). Sfax El Jadida ( ville nouvelle: Bureaux + commerces) Médina Bab-Bhar (fonctions tertiaires)

4 R’bat : ou faubourg, du terme arabe R’badh. Le terme R’bats désigne actuellement à Sfax les quartiers populaires péri-centraux (SDGS 2, 2010) 5 Socièté d’études et d’aménagement des cotes nord de la villes de Sfax. Etude d’impact sur l’environnement (Janvier 2004). 28

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Le centre-ville

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DÉGRADATION DU NOYAU CENTRAL ET ENCLAVEMENT DE LA CÔTE Le centre-ville de Sfax avec sa situation stratégique en front de mer offrait autrefois un environnement de convivialité et de loisir pour les habitants. Aujourd’hui dénommé quartier d’affaire et de service, en rupture avec son milieu naturel, il semble alors évident que ce morceau de territoire n’attire plus les citoyens. La vacance des rues de ce noyau centrale en dehors des plages horaires de travail est assez frappante. En effet, le laisser faire des gestionnaires et l’absence d’initiative municipale adapté aux besoins du citoyen en terme d’équipement publiques ont fait que ce tissu urbain soit un milieu hostile et dégradé. Réputés pour le sens du travail et de entrepreneuriat, les Sfaxiens se sont penchés sur les affaires et l’éducation, ne cherchant pas à revendiquer une meilleure qualité de vie. Ils ont donc refluent vers les périphéries créant eux mêmes un nouvel environnement de convivialité répondant à leurs besoins en terme d’espaces d’art et de liberté. Ces nouvelles attractions de l’ordre associatif sont implantés dans les différents Borjs accueillant des éventements culturelles et ludiques et émergeant une nouvelle dynamique urbaine dans les périphérie. En possession des vergers, les Sfaxiens n’éprouvent plus le besoin des espaces publics existants vu leur médiocrité. Tout se déroulait à la maison: le foyer est un lieu de rencontre et de détente. Le centre-ville est devenu un lieu de travail. Au fil des années, la mer méditerranéenne commence de s’éclipser du paysage urbain de la ville de Sfax. Les habitants, quant à eux, se trouvent contraints d’aller vers les villes avoisinantes pour profiter de la mer des activités nautiques.

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Vie culturelle et associative créée dans les de différents Borjs de Sfax. À La reconquête du port de Sfax

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Source: lesitesfaxien.net

Au centre ville de Sfax, les espaces qui attirent encore les habitants de sont généralement à caractère commercial. Il s’agit des cafés, des souks et essentiellement, une rue piétonne dénommée « les cents mètres» reliant la municipalité (ancien hôtel de ville) à la médina. Elle abrite le théâtre municipal, des boutiques, et des cafés en rez-de-chaussée ouvrants sur une série de colonnade et des bureaux sur les étages supérieures. C’est aussi l’unique lieu qui réunit les citoyens de la villes pour les manifestations politiques, culturelles et festives. Un lieu d’échange et d’expression libre. 32

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Source: lesitesfaxien.net

Source: lesitesfaxien.net À La reconquête du port de Sfax

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VILLE DÉPOSSÉDÉE DE SON LITTORAL

LA COURSE DE LA MER DANS L’HISTOIRE DE SFAX LE PORT D’UN LIEU D’INTERACTION À UNE PLATEFORME DÉSERTÉE MUTATION DE L’ACTIVITÉ DU PORT ÉTATS DES LIEUX

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LA COURSE DE LA MER DANS L’HISTOIRE DE SFAX

Le chenal

Début XXème

Jusqu’à la fin du 18eme siècle, la mer représentait une importance majeure dans la ville de Sfax comme en témoigne encore le port. En 1891, un chenal est construit ainsi qu’un premier bassin constituant l’ancien port de pêche: le Chott Kreknah.

Quai nord de commerce Bassin Chott Kreknah ancien port de pêche

Fin XIXème à mi-XXème

En 1928, il est agrandi avant d’être déplacé vers le sud, afin de décongestionner le trafic maritime. Parallèlement, il y a eu l’apparition des premiers chemins de fer reliant Sfax à Gafsa, destinée au transport du phosphate. 36

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Chemins de fer Port commercial et industriel Anciennes plages

Nouveau port de pêche Années 70s

Le nouveau port de pêche, le port de commerce et le pôle industriel, gagnés sur la mer, prennent le dessus sur le littoral, marquant clairement une frontière entre centre ville et Méditerranée. À cela s’ajoute l’extension de la voie de chemin de fer longeant le littoral déstiné à la fois aux transport des passagers et du phosphate.

Projet Taparura

Friches portuaires

Années 90s

Ainsi, la ville de Sfax a perdu les rapports très étroits qu’elle entretenait avec la mer. Une volonté de réconciliation et de déppolution du littoral nord commence avec le projet Taparura qui n’est toujours pas abouti. À La reconquête du port de Sfax

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Source: lesitesfaxien.net

Source: lesitesfaxien.net

« Au fil des années Sfax s’est forgée en une image de ville industrielle et industrieuse dont les habitants n’ont plus d’espaces de loisirs et de détente. » Ali Bennasr (2003). 38

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La destruction de la plage de Casino : source :lesitesfaxien.net

Les rejets de Phosphogypse SIAPE ; Source : elmasaa.tn

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LE PORT : D’UN LIEU D’INTERACTION À UNE PLATEFORME DÉSERTÉE

POÉTIQUE DU LIEU: Léandre Vaillat décrit dans son ouvrage ‘Le collier de Jasmin’ une scène du quotidien au bord du nouveau chenal en 1946 : «C’est l’heure ou rentrent les barques. Lentement, leur unique voile glisse au ras de la berge, reflétant dans les eaux calmes du chenal un peu de la pourpre dont elle est teinte. J’assiste au déballage de la pêche, j’entends les poissons tomber un à un, sur les pavés, avec un bruit mou. De grandes corbeilles, formées de cerceaux que rattachent des cordelettes, sèchent au soleil. Le long du quai, les marchas trient avec soin les éponges pêchés par les Grecs, dans les îles Kerkennah. À la porte du marché, les Israélites achètent des coquillages blancs qu’ils réduiront en poudre, afin de polir les bijoux et de les rendre plus brillants.» La poétique de ce lieu ne réside que dans la mémoire des Sfaxiens, ou sur de anciennes photos. Les nouvelles générations n’ont pas eu la chance de connaître la qualité de vie qu’offrait la ville auparavant. Le port, cœur battant de la ville pour son activité commerciale mais surtout pour la liberté qu’il proposait aux habitants pour la rencontre, l’échange avec les commerçants et en relation avec le marché centrale. Une dynamique sociale et économique régnait sur ce lieu avec un beau tableau du défilé des bateaux de pêche.

Chott Kreknah (Vieux port) 1949

Chott Kreknah (Vieux port) 1897

Au fil du temps, une nouvelle organisation des activités portuaires a vu le jour, il s’agit d’activités commerciales d’échanges maritime installées dans le quai nord principal et le nouveau quai de phosphates. Ceci a participé à l’activation du tissu urbain autour et à instaurer une nouvelle vivacité dans le quartier Bab-Bhar. Quai nord de commerce 1956

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À la reconquête du port de Sfax


UN LIEU HOSTILE ET DÉLAISSÉ:

Chott Kreknah 2018

L’extension des lignes chemins de fer en 1956 a marqué une tournure dans la pratique du pot. Le port de pêche a été déplacé vers le sud laissant un bassin vide perdant toute sa vivacité d’autrefois. Aujourd’hui, ce lieu est la plus part du temps déserté. Il devient parfois occupé par des stationnements anarchiques des camions et les habitants ne s’y rendent qu’occasionnellement: des évènements éphémères de l’ordre associatif sous formes de spectacles de son et de lumières. Le quai nord de commerce, quant à lui, a perdu ses fonctions principales comme la douane et le poste de police se transformant en une air dépôt, prête à accueillir une nouvelle vie et à générer une dynamique urbaine en lien avec le reste de la ville. Ces friches portuaires freinent le développement de la frange maritime, ils ont besoins de nouvelles visions de restauration, de reconversion, de réhabilitation mais surtout d’une stratégie urbaine de réunification.

Chott Kreknah 2018

Le centre-ville a connu son pic quand il était en perpétuelle interaction avec son milieu marin. Devenu victime de l’industrialisation, le paysage marin est tombé dans l’oubli est ainsi le centre urbain. Une stratégie de réconciliation de la ville avec son milieu naturel semble alors indispensable.

Quai nord de commerce 2019

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Mutation de l’activité du port

Le chenal

Début XXème

Le chenal n’avait pas uniquement un caractère commercial c’était l’occasion d’assister à un spectacle et de se ressourcer en produits frais. À l’aube, les pêcheurs entrent dans le chenal avec leurs barques en bois chargées de poissons puis entament l’entretient de leur filets et du matériels endommagés.

Quai nord de commerce Vieux port de pêche

Fin XIXème à mi-XXème

Le chenal fut comblé et agrandit et continu à rassembler les habitants pour le divertissement et le ressourcement, surtout avec la mise en place du marché central. Le quai nord de commerce commence à prendre de la largeur sur le littoral avec des installations portuaires et de services. 42

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Chemins de fer Bassin «Chott Krekna»

Années 70s

Le développement des lignes de chemin de fer au niveau de la limite villeport et le cloisonnement des industries portuaires a engendré la rupture de la ville avec son port mais surtout de l’habitant avec la mer. C’est à ce moment que les sfaxiens refluent vers les périphéries laissant ce milieu vacant.

Friches portuaires

Pont mobile (1999)

L’accès des bateaux au bassin est désormais de nouveau possible

Années 90s

Hostile et délaissée, la plateforme du bassin Chott Kreknah est devenue un lieu de parking pour les grands camion ou personne n’y va. D’autre part et avec le recul de l’activité industrielle au centre-ville, le quai nord a perdu ses fonctions et se trouve aujourd’hui comme une simple air de dépôt et de stockage.

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États des lieux

En dépit de sa proximité de la mer, le quartier Bab-Bhar est presque isolé de la mer. D’une part à cause des lignes de chemins de fer et d’un part en raison des friches industrielles , véritable barrière isolante. Ce qui a limité le développement de la ville du coté de la mer. On se retrouve alors avec des plateformes délaissées et inaccessibles. Le bassin et le quai nord. Médina

Quartier Bab-Bhar

Quai nord de commerce

Bassin «Chott Kreknah» Vieux port de pêche

Navette (Loude de Kerkennah)

Port commercial 44

À la reconquête du port de Sfax


À La reconquête du port de Sfax

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LIMITE

VILLE/PORT

:

Marché central

Bassin Chott Kreknah

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Lignes de chemins de fer Port industriel

Bibliothèque

Quai nord de commerce

SONOTRAK Navette maritime Îles de Kerkennah

Port commercial

Fabrique de glace

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PATRIMOINE

Bab el Kasbah Porte

Cathédrale de Sfax Source : edusfax.com

de

la

Place de la Kasbah

médina

Église Orthodoxe Cathédrale de Sfax

Immeuble ben romdhane et l’hotel de ville Source : edusfax.com

Marché central

Bab Diwan

Porte de la médina

Immeuble ben romdhane et l’hotel de ville Source : edusfax.com

Hangars de phosphate Source : edusfax.com 48

Bab-Diwan Source: lesitesfaxien.net À la reconquête du port de Sfax


Gare SNCFT

Bab Diwan

Porte de la médina

«Les 100 mètres» Rue piétonne Immeuble Ben Romhan

Municipalité Hôtel

de

ville

Hangars de phosphate

Hotel les oliviers

+ Square Paul Bourde

Hotel les olivier et Square Paul Bourde Source: lesitesfaxien.net À La reconquête du port de Sfax

La Gare SNCFT Source: lesitesfaxien.net 49


PROBLÉMATIQUE ET ENJEUX

Face aux dégradations majeures qui se sont cumulées et aux défaillances urbaines au niveau de l’interface ville/port, les habitants de Sfax se retrouvent aujourd’hui face à des plateformes portuaires en friche dessinant une limite épaisse entre les deux tissus villageois et portuaire. Que ce soit par l’infrastructure comme les lignes de chemin de fer ou par de simples éléments physiques tels que les grilles, le port et la ville ne se côtoient plus ; il n’y a plus d’échange. De ce fait, le centre-ville de Sfax a perdu sa vivacité et le port est devenu un corps étranger infranchissable avec des occupations anarchiques. Dans un contexte où la reconquête de l’espace public oublié devient nécessaire pour la ville de Sfax et ses habitants, la frange maritime fait l’objet d’une opportunité de projet :

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Comment retourner le paysage urbain vers la mer tout en activant le noyau central de la ville?

Comment la réinvention de la relation port/ville peut-elle introduire de nouvelles pratiques de l’espace public?

Comment investir les délaissés engendrés par l’abandon du port et reconnecter les habitants au passé où le port avait une forte présence dans la mémoire collective?

À la reconquête du port de Sfax


OBJECTIF ET STRATÉGIE

L’objectif est de proposer une approche qui arrive à changer la perception du déjà-là et de montrer qu’une vision d’un futur imaginé est possible. Cette approche porte architecturale adossée baine qui participera à culturel et paysager du suivantes: • • • • • •

sur la création d’une proposition à une intervention l’échelle urla valorisation du patrimoine urbain, littoral. Il se traduit par les finalités

Rétablir le lien entre l’habitant et son milieu naturel. Réintégrer le port dans le fonctionnement de la ville. Réformer l’attractivité de cette frange et de tout le quartier « Bab-Bhar ». Créer de nouveaux panoramas en front de mer. Aménager l’espace public de façon à créer des lieux conviviaux propices à la rencontre. Offrir différentes typologies d’espaces publics et de rencontre qui répondent à la spécificité de la pratique de la ville par ses habitants.

Cette intervention consiste alors à investir le tissu portuaire aujourd’hui mal considéré pour instaurer une nouvelle dynamique urbaine dans un noyau central hostile. Il s’agit d’injecter diverses activités qui établiront de nouveau le lien entre la ville, le port et les habitants. Ce lien est à la fois symbolique et fonctionnel, capable d’accueillir une programmation hybride et une densification d’ampleur importante, et ce par la transformation des sites abandonnés comme la revitalisation du Bassin Chott Kreknah, la requalification urbaine du quai nord de commerce et la réhabilitation de ses hangars. Ces plateformes longtemps hostiles méritent de leur insuffler une seconde vie pour ramener les habitants vers la mer. Pour ce faire, le projet tente d’imaginer un ensemble de scénarios d’usage lui permettant d’évoluer dans un temps futur.

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Source : edusfax.com

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LE PORT, NOUVEAU LIEU DE VIE

PRISE DE POSITION IMPLANTATION DU PROJET PROGRAMME 1. À L’ÉCHELLE DU QUARTIER DU PORT 2. À L’ÉCHELLE DU BASSIN

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PRISE DE POSITION

Le projet se construit le long de la lisière ville/port et se propose de trouver des dispositifs qui reconnecte les deux tissus. Réaménager le bassin «Chott Krekna» et l’ancien quai nord de commerce sans nier la beauté refoulée du paysage industriel et portuaire, c’est amener le visiteur à pratiquer le site tout en mettant en évidence des cadrages sur un paysage exceptionnel. Sur les deux sites, le projet se présente comme un objet architectural qui longe cette frange maritime en remédiant aux fractures urbaines, aux fonctionnements du tissu voisin, et à l’activité du quartier et du port comme un ensemble. L’architecture pensée dans ce contexte propose des plateformes superposés avec des toitures terrasses le long de la limite du port créant de larges panoramas et de nouveaux usages. L’aménagement des grandes esplanades du port renoue l’habitant avec ses anciennes habitudes, et recrée des points de rencontre et d’échange qui donnent une attractivité particulière au quartier.

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1. IMPLANTATION DU PROJET

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Sur le bassin «Chott Krekna» le projet s’implante sur la limite de la plateforme et en la continuité les bâtiments existants. La grande esplanade reste dégagée et libre d’accueillir divers appropriations possibles; des manifestations culturelles, des événements festifs, des installations ludiques ou alors des marchés éphémères.

Dans son épaisseur, le projet abrite une mixité programmatique. Les fonctions sont fixes ou changeantes et les évidements entre les masses sont appropriables. À la reconquête du port de Sfax


Lignes de chemins de fer

Bassin «Chott Krekna» (Projet Architectural)

Port industriel

Quai nord de commerce

Port commercial

ATELIERS ET BUREAUX

MANIFESTATION CULTURELLE

ÉTALEMENT CAFÉ, KIOSQUES

TOIT-TERRASSE ET PANORAMA

PROMENADE DU PORT

LOGEMENTS

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2.

ACCESSIBILITÉ

Porte du port de commerce et d’autres fonctions Accès véhiculaire de service

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Sur le quai nord, l’inaccessibilité piétonne au site a guider le choix de l’implantation avec une grande plateforme sur la longueur du site et à la lisière ville/port pour enjamber la voie ferrée. De ce fait, la limite qui séparait les deux tissus devient elle même le lien. À la reconquête du port de Sfax


Nouvel accès piéton qui enjambe les lignes de chemins de fer Axe piéton

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3.

EMPRISE AU SOL

-L’architecture pensée dans ce contexte repose sur une trame qui structure l’ensemble de l’intervention -Elle part des lignes directrices du déjà là pour définir les plein et les vides. -L’implantation de la structure découle d’une volonté de réduire l’emprise au sol afin de libérer au maximum l’espace public.

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-Il en résulte des volume longitudinaux qui regroupent dans leur épaisseur une multitude d’activité. -Il sont formés d’une superposition de plateformes dont la toiture est accessible et offre un panorama sur le paysage.

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PROGRAMME 1. À L’ÉCHELLE DU QUARTIER DU PORT

Revitaliser le quartier «Bab-Bhar»:

Ce projet propose un travail de réaménagement, de réhabilitation et de revitalisation de la ville, de son histoire et de son patrimoine. Afin de redonner une nouvelle vie à ces délaissés portuaires et afin de les rendre accessibles aux usagers, un travail sur l’accessibilité est nécessaire. En effet, aujourd’hui l’accessibilité est réduite aux véhicules de service su port. De plus l’appropriation des quai du bassin par les poids lourds, n’encouragent pas les usagers à le pratiquer. Il est donc primordiale de créer une promenade qui rend possible la pratique de ces sites et qui repose sur la création d’axes qui relient le tissu médial au port. Et ce, en passant par le tissu colonial mettant en valeur ses bâtiments historiques.

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RUE «EL ARBI ZARROUK»

RUE «HABIB ACHOUR»

*La promenade proposée permet de repenser la mobilité en faveur du piéton. En effet, le redimensionnement des rues permet d’agrandir la largeur du trottoir, et de réduire celle de la chaussée, afin de ralentir la vitesse des voitures. Et d’offrir plus d’espace au piéton. Des alignement d’arbres offrent un parcours ombragé et donc plus agréable * Ces nouveaux aménagements encourageront les associations déjà actives à organiser des sorties à vélos de découverte et de sensibilisation sur la préservation du patrimoine architectural, culturel et naturel de la ville. Ces manifestations ranimeront une économie locale et une attractivité qui garantit la vivacité continue de l’espace public. AVENUE «HABIB BOURGUIBA» 64

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PLAN MASSE À La reconquête du port de Sfax

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2.

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À L’ÉCHELLE DU QUAI NORD

Pour le quai nord, aujourd’hui séparé du reste de la ville par les lignes de chemins de fer, abrite une mixité programmatique qui découle de l’emprise du projet. Il s’agit d’un parc urbain sur une plateforme de 500m de long qui fait passer la ville de l’autre coté de la voie ferrée et s’articule au sol par des éléments verticaux.

Celle-ci offre des pistes cyclable, des aires de jeux, de la végétation et des extensions de café en terrasses.

L’aménagement aérien de cette promenade renferme une piste cyclables, de la végétation, des aires de jeux pour enfants et des extensions de cafés en terrasses.

Dans son épaisseur, l’intervention architecturale regroupe une multitude de fonctions; à savoir des galeries commerçantes, des ateliers appropriables, une cantine et des bureaux, situés en bas de la plateformes, articulés eux par des patios et qui donnant sur un paysage portuaire particulier.

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1. Les hangars, libérés de leurs fonctions portuaires, constituent de grandes surfaces couvertes pouvant servir à accueillir de nouvelles activités liées à la culture et aux loisirs (Salon d’exposition, salle de spectacle, un espace multisports, une halle de marché, etc).

2

2. Les espaces extérieurs sont aménagés en terrains de sport, des aires de pic-nique, des kiosques, les terrasses de cafés/restaurants... Par leur appropriation comme espace publique, le quai constituent une continuité paysagère inédite au bord de l’eau.

1

Hangar du quai nord

1. Les étages supérieurs sont réservés au logements. Il s’agit d’un habitat accessible à tous, en particulier pour les personnes en situation de précarité à Sfax. 2. Espace médiatif, médiathèque et musée portuaire.

1

2

Espace méditatif

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Sur le quai de commerce

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La pratique du terrain la journée

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1. Le hangar est réhabilité et transformé en structure capable d’accueillir des activités culturelles, sportives et de spectacle. 2. Le théâtre en plein air.

4

La pratique des lieux la journée

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Le théâtre en plein air la nuit

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Ambiance à l’intérieur du hangar

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3.

À L’ÉCHELLE DU BASSIN

Pour le bassin «Chott Krekna», une structure en L qui d’une part créée une enceinte autour de l’esplanade, et d’autre part créée un espace de convivialité. Elle regroupe un entremêlement d’activités qui mettent en scène l’histoire du lieu étant premier port de pêché du pays.

Cette plateforme portuaire de valeur historique et significative importante dans la mémoire collective des sfaxiens est reparti en divers scénarios.

6 Annonce à haute voix d’une marchandise en vente. Lieu de vente de produits frais, spécialement de poissons. 7 Mot d’origine arabe signifiant ancienne barque en bois. 72

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Bibliothèque municipale

Le marché central

Esplanade de la liberté

Valorisation de la chaine de poissons

Formation Sensibilisation

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Vu que Sfax est connu pour sa richesse halieutique, le premier scénario consiste à une valorisation de la chaine de poissons:

4 2 3 1

Ouverture du marché sur le bassin

1. Ouvrir le marché central sur les quais pour le mettre en valeur et pour promouvoir la vente. Valoriser la notion de la «criée»6 sur les quais du bassin. 2. Créer une galerie commerçante avec des ateliers de préparation du poisson, avec des démonstrations de la part des pêcheurs. 3. Cuisine communautaire et table citoyenne. 4. Mise en valeur de la gastronomie sfaxienne par un comptoir de consommation culinaire authentique. 5. Proposer des espaces de dégustation et de convivialité. Le deuxième scénario est de l’ordre de la sensibilisation, il est important que les habitants et/ou les visiteurs soient conscients des sérieux problèmes qui menacent la biodiversité maritime: 1. Prévoir un espace dédiés aux exposition temporaires ou permanentes sur les techniques de pêche artisanales à Sfax et ses spécificités. 2. Une salle polyvalente qui pourrait accueillir des colloques et des conférences autour de la pêche en Tunisie et en méditerranée. 3. Organiser des visites guidées autour de la pêche aux poulpes avec des sorties en «Flouks»7 vers les îles de Kerkennah.

Ouverture du marché sur le bassin 74

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Dégustation et table citoyenne

Marché et galerie commerçante

Exposition et héritage culturel À La reconquête du port de Sfax

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Le centre d’apprentissage constitue le troisième scénario pour ce site. Il s’agit de divers formations possible qui peuvent durer entre une semaine et six mois, pour se faire, le centre doit comporter:

3

1 4

2

1. Des ateliers d’artisanat; ce sont des espaces interaction et de partage qui permettent de profiter du savoir-faire des artisans locaux et produire des outils de pêches à l’ancienne avec les matières locales. 2. Un espace de lecture et de recherche ouvert aux apprentis comme aux habitants proposant une documentation sur la vie maritime, sa faune et sa flore. Ainsi que sur l’histoire du site et les mutations qu’il a subit au fil des années. 3. Des logements pour les apprentis. 4. Un solarium ouvert au public.

Des ateliers et des logements

Le dernier scénario est rattaché au loisir et à la détente. De part sa position stratégique dans le noyau central de la ville, le nouvel aménagement de son esplanade, le bassin «Chott Krekna» devient un pôle attractif qui garanti la vivacité de tout le quartier «Bab-Bhar». La pratique du lieu change durant les différentes plages horaires de la journée. L’esplanade urbaine est le lieu idéal pour toutes sortes de manifestations culturelles, festives ou ludique qu’elles soient des installations temporaires, des événements éphémères ou des rencontres citoyennes. Pratique de l’esplanade la matinée 76

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Des ateliers et des logements

Evénement nocturne à l’esplanade À La reconquête du port de Sfax

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B

C

C

A

A

B

Plan Rez-de-chaussée 78

0

10

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Coupe AA

Coupe AA

Coupe AA

Façacde Nord-Est À La reconquête du port de Sfax

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CONCLUSION

Ce projet de fin d’études consolide la mémoire collective des Sfaxiens, cherchant à amener une vivacité au quartier de « BabBhar » en instaurant une nouvelle dynamique urbaine, et ce à travers une approche multiscalaire. Une analyse globale du quartier permet de comprendre ses enjeux afin de trouver une réponse qui s’inscrit dans le contexte concerné. L’objectif principal est de proposer une approche qui amène une nouvelle perception du déjà-là et de reconnecter les habitants à un noyau central qui a perdu son ampleur. Afin de rendre ce morceau de la ville de Sfax plus en harmonie avec ses usagers et son milieu, cette approche, qui porte sur la création d’une proposition architecturale adossée à une intervention à l’échelle urbaine, participera à la valorisation du patrimoine urbain, culturel et paysager du littoral. La réflexion se concentre sur la manière d’habiter la lisière ville/ port et tente de la transformer d’un fragment inhabité du territoire à un nouveau lieu consacré aux habitants. La plateforme du bassin « Chott Krekna » marque encore un changement d’échelle de projet qui tend à la reconquête de l’ancien port de pêche de la ville, ayant une valeur historique aux yeux des habitants. Ceci a permis d’imaginer des scénarios de vie dans des lieux hostiles qui puissent évoluer dans le temps et devenir une centralité attractive.

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PLAN MASSE À La reconquête du port de Sfax

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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Affiche du syndicat d’initiatives. 1850 Source : edusfax.com

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Il était une fois à Sfax... Images des anciennes plage, du club nautique et des clubs de nuits. 1946-1970 Source : edusfax.com

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Plan de Sfax. 1891 Source : edusfax.com

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Source : edusfax.com

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