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Jérome Guigue – 11 au 19 mai 2015
from SDS#06
Rio Grande, luminaire, collection particulière, 2012
La série des luminaires s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle, s’il existe un lien entre la décoration d’intérieur et le cinéma, c’est certainement la lumière.
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La pièce présentée au Salon du Salon #6, Ride the High Country est un luminaire d’intérieur. Partant du constat que bien des gens ont chez eux un ensemble plus ou moins important de bouteilles vides qui s’entassent avant d’être jetées petit à petit. L’ajout de bouteilles équipées d’ampoules transforme cette accumulation encombrante en un luminaire à l’esthétique évolutive, au gré des bouteilles qui arrivent ou qui sont débarrassées.
Parfois montrée dans des expositions comme une sculpture, cette pièce est ré-intitulée à chaque nouvelle activation, toujours avec un titre de western. Au Salon du Salon, lieu d’exposition, de rencontres, d’échanges et de consommation, ce travail trouve sa pleine dimension fonctionnelle.
La réalisation et l’installation du luminaire Ride the High Country a fait l’objet d’une résidence de Jérôme Guigue du 11 au 19 mai 2015 au Salon du Salon.
Lauren TorTiL / Léna araGuas
La voix de Cassandre, 2015 Une proposition de Lauren Tortil en collaboration avec Léna Araguas Livre imprimé (laser n&b et impression jet d’encre), insert poster 5 exemplaires Formats : livre 13 x 19 cm, poster 46 x 62,5 cm
La voix de Cassandre est l’adaptation d’un texte de l’artiste Lauren Tortil — empruntant initialement un régime d’écriture théorique — en nouvelle d’anticipation. Phase exploratoire de recherche, manipulation littéraire, elle invite Léna Araguas, pour une carte blanche graphique, à donner forme à cette nouvelle traduction.
« La pensée ne se dit pas en vérité, elle s’exprime en véracité. Elle se divise, elle se raconte, elle se traduit pour un autre qui s’en fera un autre récit, une autre traduction, à une seule condition : la volonté de communiquer, la volonté de deviner ce que l’autre a pensé… » À l’instar de Jacques Rancière dans Le maître ignorant, cette collaboration est une mise en exergue de la volonté : la volonté d’instaurer un échange équitable entre l’artiste et le designer graphique, la volonté d’initier un espace de communication à deux regards.
Discussion avec Lauren Tortil lors de la journée de vernissage au Salon du Salon #6, samedi 16 mai à 16h et présentation du processus de création en duo.
Lauren Tortil Née en 1986, vit et travaille à Lyon
Après l’obtention de son dnep en 2010 à la Hear à Strasbourg où elle s’est enrichie d’un va-et-vient entre deux disciplines : art sonore et étude du design critique, elle quitte la France pour intégrer la Bezalel Academy of Arts and Design en Israël / Palestine, où elle oriente ses recherches sur la nature politique de l’art et du design. De retour en France en 2011, elle intègre l’Ensba de Lyon dont elle sort en 2013, diplômée de l’option design d’espace avec les félicitations du jury. Elle a participé à plusieurs événements collectifs, notamment au festival Actoral pour le projet Cône en collaboration avec Sarah Bahr, Barbur performing et Lost in the bubble en Israël/Palestine, Imaginez Maintenant au Centre Pompidou à Metz ou encore Vortex tour à la Chaufferie à Strasbourg. C’est après sa résidence au sein de Triangle France en 2014, qu’elle participe au Salon du Salon #5, en novembre 2015, où elle présente le prototype de La voix de Cassandre, accompagné de l’essai de publication éponyme, qu’elle présentera augmenté au Salon du Salon #6, en mai 2015, en collaboration avec la graphiste Léna Araguas. Léna Araguas Née en 1989, vit et travaille à Paris
Sur la même voie, le même combat : le travail, une recherche. Avec Léna Araguas, il y a l’échange, des questions, des propositions. Je suis artiste, plasticien. Penser des formes, faire jaillir l’essentiel, des formes libres, justes potentielles : voilà le travail avec Léna Araguas. Cette idée du travail est partagée, on peut commencer, fouiller l’obscurité du passé, retrouver l’origine des formes, questionner les standards. Il y a de ça dans le métier de compositeur typographe. En cela, c’est une collaboration, une création de formes singulières entre artistes. Léna Araguas partage la pensée “glissantienne”, croit au monde “archipélique”, mélange de rencontres et d’accidents. De là, d’ici, à l’intérieur de la recherche, il y a une rencontre, un échange fécond.
Julien Creuzet
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La voix de Cassandre, Lauren Tortil, poster, Salon du Salon #5, novembre 2014
nicoLas GuiLLemin
Une nouvelle économie affective, 20 modes 1 boîte contenant 20 cartes format 12,8 x 16 cm 10 exemplaires 2015
Notre imaginaire est encore marqué par les années 70 ; le voyage, la sexualité, l’alimentation, la nature, y occupent ainsi une bonne place. Mais que ces espérances aient été détournées par le marketing et une invitation frénétique à consommer, ou que la crise économique n’ait dissipé ces rêves, il est certainement temps de reconsidérer cet imaginaire à l’aune de nos modes de vie réels. Attention vers les choses communes, société biotique, sentiment de la réalité, ces manières d’être et de penser dessinent une nouvelle configuration de nos sentiments. L’économie affective, c’est cette configuration qui réunit des façons de faire, une économie et des représentations de soi et des autres, une affectivité. Les 20 cartes, de ce “jeu” de l’économie affective, décrivent des modes, des manières de vivre et de penser, introduites par un ensemble de concepts et de sentiments.
Nicolas Guillemin s’intéresse à la relation que nous entretenons à notre milieu : cette préoccupation oriente ces recherches vers les sentiments, la géométrie ou encore l’écologie. Son travail artistique se construit à partir d’expériences et de recherches théoriques. Le résultat peut être exposé dans des lieux d’art (au mamo à Marseille en 2014, par exemple) ou faire l’objet de séminaire et de conférences (8 conférences sur la définition de l’art à Drouot Paris).
Il a travaillé avec le groupe Ikonotekst, notamment dans le cadre du séminaire pour une nouvelle économie affective.
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Une nouvelle économie affective, 20 modes, 2015
cLaude cLosky
Double six Vidéo, boucle, couleur, muet, 5 ’
1994
Collection du Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Claude Closky, Né en 1963, vit et travaille à Paris
Claude Closky est représenté par la galerie Laurent Godin à Paris.
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Double six, 1994
Double six est constitué d’un plan séquence. La caméra filme ma main droite lancer et ramasser deux dés en plan fixe. Les 10 premiers coup de dés sont quelconques et les 100 suivants forment des doubles six. (chaque lancé de dés est différent)
Fouad Bouchoucha
La forme des possibles (Rhinoceros 3d, Top Solid 7, Archicad, catia, SolidWorks, Solid Edge, Autocad) 7 dessins, rotring noir, 102 x 68 cm, exemplaires uniques, 2013
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La forme des possibles, 7 dessins, rotring noir, 102 x 68 cm, 2013
Fouad Bouchoucha
Né en 1981, vit et travaille à Marseille
Fouad Bouchoucha est représenté par la Galerie Eric Dupont à Paris.
Forme supposée la plus réelle de ce que pourrait être l’origine de la création, la page blanche renvoie ici à ces nouvelles matrices d’où l’univers actuel éclôt. Les zones vierges de travail virtuellement outillées, issues des logiciels leader en terme de Conception Assistée par Ordinateur sont ici reproduites à l’imperfection du geste humain. Rhinoceros 3d, Top Solid 7, Archicad, catia, SolidWorks, Solid Edge, Autocad — déesses suprêmes garantes des nouvelles formes modélisées de notre environnement industriel, dépassent aujourd’hui les possibilités de l’artisanat alors mis hors d’échelle du monde. Réintroduire la main — même experte — revient ici fermer les possibles — à réintroduire l’erreur potentielle.
Leila Quillacq
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