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Voir grand pour des non-voyants
Un atelier qui représente « le plus beau côté de l’Armée du Salut » aux Bahamas. Kathy Nguyen
Depuis des décennies, l’Armée du Salut aux Bahamas apporte une aide indispensable aux personnes non-voyantes ou ayant une déficience visuelle. Comme dans bon nombre de sociétés dans le monde, l’archipel compte trop peu de portes professionnelles ouvertes aux gens qui éprouvent des troubles de vision. Le Adult Blind Centre and Workshop (Centre de formation et atelier de travail pour adultes malvoyants) de l’Armée du Salut a été ouvert afin de pallier cette situation et, dans la
Un homme au travail Aveugle depuis l’âge de 15 ans, Desmond travaille au Adult Blind Centre and Workshop de l’Armée du Salut, à Nassau.
foulée, un programme d’apprentissage a été créé pour permettre à des étudiants d’acquérir une formation professionnelle visant à favoriser leur employabilité.
Les étudiants de ce centre de formation y apprennent à confectionner des vadrouilles et des coussins, à utiliser des machines servant à couper des fils, ainsi qu’à étiqueter et à empaqueter des vadrouilles. Au Adult Blind Centre and Workshop de l’Armée du Salut, la déficience visuelle n’est pas perçue comme un obstacle ou un handicap. Les étudi
ants et les travailleurs y reçoivent quelque chose qu’ils n’obtiennent que trop rarement : l’occasion de contribuer directement à leur collectivité.
La marque de l’espoir « Il était nécessaire de créer des occasions d’emploi pour les personnes aveugles ou malvoyantes, explique Sidney Albury, directeur de l’établissement. L’atelier occupe une place centrale dans le quotidien de personnes handicapées, car il donne un sens à leur vie et leur permet d’avoir un bon salaire. »
Les vadrouilles produites sont de grande qualité et, que ce soit dans les hôtels, les bureaux gouvernementaux, les écoles, les commerces, les quincailleries ou sur les navires de croisière, il est possible de trouver des vadrouilles arborant le bouclier de l’Armée du Salut un peu partout aux Bahamas. Les employés sont rémunérés équitablement—ils reçoivent un salaire supérieur au salaire minimum—et touchent une commission pour chaque vadrouille vendue.
Une contribution positive Cet atelier très productif, malgré sa taille modeste, emploie six malvoyants qui produisent 300 vadrouilles par jour. Leur force de caractère et leur rapidité d’exécution font en sorte qu’il peut être facile d’oublier qu’ils ont un handicap visuel.
Il suffit d’entrer dans l’atelier pour constater que chacun d’eux est effi
Une équipe efficace La directrice du service des missions mondiales de l’Armée du Salut, la lieutenante-colonelle Brenda Murray, observe Desmond et d’autres travailleurs à l’œuvre dans l’atelier de fabrication des vadrouilles.
cace et travaille à un rythme élevé.
Ervens, le plus jeune employé, est chargé de l’étiquetage des vadrouilles et travaille en écoutant sa musique dans son casque d’écoute. À côté de lui, Kendal regroupe les vadrouilles en paquets de six. Il les remet ensuite à Elliot qui les emballe dans du plastique. Il y a aussi un homme portant des lunettes fumées qui se sert d’une machine pour couper les franges à la taille requise, et qui s’occupe ensuite d’assembler toutes les parties de la vadrouille. Cet homme, c’est Desmond, le « patriarche » de cette petite famille de travailleurs.
Desmond travaille à cet atelier depuis 1994, et rien n’indique que cela va changer de sitôt. Tous les jours, depuis plus de 25 ans, il est heureux de venir travailler, de faire usage de ses compétences, et de côtoyer des collègues qui sont devenus des amis.
« Pour nous, c’est le plus beau côté de l’Armée du Salut », dit-il le sourire aux lèvres.
Un modèle pour le monde Le Adult Blind Centre and Workshop de l’Armée du Salut aux Bahamas ne se résume cependant pas à l’emploi de main d’œuvre et à la production de biens : il donne aussi l’occasion à des personnes vulnérables de faire leur place dans la collectivité, en plus de leur procurer un sentiment de gratification.
« À mon avis, notre atelier représente un modèle de ce qui peut et doit être fait pour les personnes handicapées, non seulement dans notre pays, mais aussi ailleurs dans le monde », conclut Sidney.
(à gauche) Kathy Nguyen est coordonnatrice des ressources pour les médias au service des missions mondiales de l’Armée du Salut, à Toronto.