mémoire B re v et d ’ E tat D ’ A C C O M P A G N A T E U R E N M O Y E N N E M O N T A G N E
MASSIF DU HAUT-GIFFRE, ULTIME BASTION DES PREALPES CALCAIRES I THEME PARTICULIER : LA MONTAGNE ABANDONNée. La fermeture des paysages est-elle inexorable ? I EXPERIENCE PROFESSIONNELLE : LE STAGE EN SITUATION
sandra Ortiger I MAI 2011
Bibliographie et sources :
• Office National des Forêts / Section de Saint Jean d‘Aulps [Jérémy Paulus] • Fischessser B., Lambert H. Mounier J. Le Paysage de montagne. Grenoble : CTGREF • Sgard J. Les Paysages de l’aménagement du Massif Vosgien. Schéma d’orientation et d’aménagement du Massif Vosgien. • Sgard J. « Le paysage en friche ». Métropolis, n° 87 • Terrasson F. « Vive la friche ! La nature ne disparaîtra pas si les paysans s’en vont ». Le Courrier de la cellule Environnement de l’INRA • Terrasson F. La Peur de la nature. Paris : Sang de la Terre • “ La fermeture du paysage : au-delà du phénomène, petite chronique d’une construction sociale ”. Sophie Le Floch, Anne-Sophie Devanne ( CEMAGREF) et Jean-Pierre Deffontaines (INRA) • L’agriculture alpine et ses évolutions entre 2000 et 2007. N. Girard CA PACA • Mise en valeur partenariale des Territoires Versant Nord des Alpes Laure Lecourtois - SEA73 ; Pierre Julien Cournil - FAI • Patubois Alpes du nord. / Réseau Pastor’@lpes • «Débroussailler autrement» Société d’économie Alpestre de Haute-Savoie • Les troupeaux d’intérêt collectif / Réseau Pastor’@lpes • *Inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique 2e édition 2007 • Diren Rhône-Alpes, Service de la protection et de la gestion de l’espace • Institut de la montagne • Revue de géographie alpine : Des broussailles dans les prairies alpines • Organisation spatiale de l’activité et pratiques des éleveurs en vallée d’Abondance (Haute-Savoie, France). Olivier Camacho, Laurent Dobremez et Alain Capillon • Association Réserves naturelles de France • Les Cahiers du patrimoine. Morzine/Avoriaz. Editions de l’Astronome • Le Guide du relief des Alpes françaises du Nord. Henri Widmer. Editions Gap • Samoëns, histoire et Patrimoine. Pascal Roman. Editions de l’Astronome • Connaissance et gestion des milieux / Life Nature & Territoires • Alpages des pays de Savoie / Echoalp.com • Brousaille et Pâturage, un autre regard / CERPAM - Institut de l’élevage - SUAMME • Société d’Économie Alpestre de Haute-Savoie (SEA 74) • SUACI Montagne Alpes du nord. • Réseau Natura 2000 / natura2000.fr. • Haute-Savoie / Encyclopédie Gallimard. Crédits photos : D.R., S.Ortiger, Fotolia, Pastor’@lpes, Savoie Mont Blanc / Smit, Lansard, Chabance, Lecoq, Vincent, Lievain, Ramus....
SOMMAIRE LES ASPECTS SPECIFIQUES MASSIF DU HAUT-GIFFRE
ULTIME BASTION DES PREALPES CALCAIRES LA GEOGRAPHIE Géologie et Geomorphologie LES MILIEUX NATURELS HISTOIRE ET TRADITIONS LE TOURISME ET L’OR BLANC
P. 04 PAGE 06 PAGE 08 PAGE 14 PAGE 20 PAGE 26
LA MONTAGNE ABANDONNée P. 28 La fermeture des paysages est-elle inexorable ? FERMETURE DE PAYSAGE. 50 ANS D’HISTOIRE ALPAGE ET GENERALITéS LES PRINCIPALES MENACES LA MAITRISE DE LA VEGETATION D’ALPAGE ZOOM SUR LE SYLVOPASTORALISME ZOOM SUR LES TROUPEAUX D’INTERET COLLECTIF CONCLUSION
PAGE 30 PAGE 34 PAGE 36 PAGE 42 PAGE 47 PAGE 48 PAGE 49
L’EXPERIENCE PROFESSIONNELLE LE STAGE EN SITUATION
P. 50
PRESENTATION DU STAGE LES RANDONNéES BILAN DU STAGE
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
MASSIF DU
HAUT-GIFFRE Ultime bastion des Préalpes calcaires LA GéOGRAPHIE Géologie et Géomorphologie LES MILIEUX NATURELS HISTOIRE ET TRADITIONS LE TOURISME ET L’OR BLANC
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Samoëns, la vallée du Giffre et le mont Blanc en arrière plan.
6
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
D470
Moirans-en-Montagne
D2 7
Ultime bastion des Préalpes calcaires
N5
D15
Gex
Dou
D31
Les Bouchoux
C
L'A IN
HAUT-GIFFRE
St-Claude
D984
MASSIF DU
N5
06
Ferney-Voltaire N2
Oyonnax
Annemass
4
A404
Entre le lac Léman et Chamo-
D9
D88
nix, dans le nord-est du dépar-
N20
5
correspondN84 à la
partie supérieure de la vallée
Reignier
Collonges 6 N20
contre les hautes parois du Bellegarde-sur-Valserine cirque glaciaire du Fer-àCheval, ultimes remparts des Préalpes calcaires avant de
A4
0 N2
50
8
Frangy
Thorens-
E
Cet ensemble naturel de premier ordre culmine au Buet
01
et du Ruan, massifs frontaliers avec la Suisse. à près de 3100 mètres d’altitude. il présente un évident Hauteville-Lompnes
N
50
8
intérêt paysager (il est cité en partie comme exceptionnel Seyssel
Seyssel
les sites classés du Cirque du Fer-à-Cheval, du Désert de
D910
dans l’inventaire régional des paysages, avec entre autres
Annecy
Champagne-en-Valromey Platé et de la cascade du Rouget).
A41
D5
1
08
N20
LE RHONE
Albens
N504
Grésy-sur-Aix Yenne
IER
LE F
N508
toutes sortes, alpages, villages Belley et hameaux riches d’un
Alby-sur-Chéran
1
désert de pierres, parois impressionnantes, sommets de
D99
Le Haut-Giffre est fait de contrastes : cirques rocheux,
6
09
de fonte des glaciers et des précipitations. Car ce qui ca- Ruffieux et les eaux tumultueuses et capricieuses des torrents.
D1
Seynod
Rumilly
D904 ce au “Bout du Monde” et aux “Fonts”, drainant les eaux
ractérise cette région, c’est bien la profusion de cascades Virieu-le-Grand
Annecy-le-Vieux D9
Le torrent qui a donné son nom à la vallée prend sa sour-
patrimoine à découvrir entre deux randonnées. ✪
La R
Cruseilles
N LE RHON
Brénod Blanc et à l’ouest contre les massifs des Dents-Blanches
N503
cularité d’être sans issue. Elle vient, en effet, buter, à l’est,
D2
St-Julienen-Genevois
parcourue par le torrent le Giffre. Une vallée qui a la parti-
basculer vers les aiguilles granitiques du massif du Mont-
A40
A41
Haut-Giffre Nantua
03
tement de la Haute-Savoie, le
Faverges
Aix-les-Bains Le Châtelard
N5
Évian-les-Bains Dent d’Oche
Le Giffre
Thonon-les-Bains
5
Le Giffre, torrent qui parcourt le fond de la vallée à la-
uvaine Abondance
Le Biot
quelle il a donné son nom, est un torrent impétueux
Chatel
long de 42 kilomètres, au cours non régulé. Son nom
02
D9
signifierait « grandes eaux ». Il est vrai que ce torrent au régime nival, dont les eaux prennent naissance avec
Boëge
les cascades du Cirque du Fer-à-Cheval et du glacier
Avoriaz Morzine les Gets
se St-Jeoire
inondaient les villages limitrophes ainsi que la plaine de Vallon à Samoëns. Au cours du XIXème siècle, des digues
Taninges Samoëns
Bonneville A41
Scionzier
les Carroz A4
Flaine
0 N205
té 06
Aiguille Verte ChamonixMont-Blanc 5
12
St-Gervais-les-Bains
Grdes Jorasses
pied du mont Ruan, au lieu dit le Bout du Monde et le Giffre des Fonts, qui prend sa source au cirque des Fonts. Les deux Giffre confluent sur la partie amont du bassin, sur
TUNNEL DU MONT BLANC
D909
09
N2
munément Giffre) qui prend sa source au
Argentière
N20 D9
Marignier. Il est le résultat de la confluence de deux torrents. Le Giffre Haut (ou plus com-
e Pla
rt d Dése
Il rejoint l’Arve, dont il est le principal affluent, après
Mont Buet
Sallanches
Thônes
ments catastrophiques.
N5
-Glières
en pierres ont été aménagées pour parer à ces déborde-
Cirque du Fer à Cheval
Sixt-Fer-à-Cheval Vallorcine
Cluses
Roche-sur-Foron
connaît des crues assez spectaculaires. Autrefois, elles
Grand Mont Ruan
D907
la commune de Sixt-Fer-à-Cheval juste avant de franchir les Gorges des Tines. Le lit du Giffre est bordé, de Taninges à
Samoëns, de belles forêts riveraines fortement
Mont Blanc
enrésinées. Des îlots graveleux et caillouteux rappellent son caractère torrentiel. Il abrite une faune riche et diversifiée : il constitue le terrain de chasse régulier de plusieurs espèces de chauves-souris, et le castor d’Eu-
Ugine
rope s’est installé sur les berges du torrent. Bien que quasiment invisible, sa présence se signale à quelques
Beaufort
0
Albertville
troncs rongés en bord de cours d’eau.
N9
N203
du Ruan d’une part, et du Cirque des Fonts d’autre part,
8
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Le terme savoyard « lapiaz » vient
« lapis », pierre.
du latin
Il désigne le champ de lapiés.
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Géologie et Geomorphologie Un site calcaire remarquable
L
es deux massifs que constituent le Chablais et le Haut-Giffre sont les plus septentrionaux des zones externes des Alpes françaises. Bien que situés sur une même transversale à la chaîne du Mont-Blanc, ils sont très différents l’un de l’autre :
• le massif du Haut-Giffre se rattache aux massifs subalpins. Ses plis prolongent ceux des Bornes et se poursuivent par ceux du domaine helvétique de Suisse. Ses couches s’enfoncent vers l’ouest, sous la klippe du Chablais (elles s’y poursuivent en profondeur, mais ne remontent au jour qu’au voisinage des rives du Léman). Elles sont, en revanche, soulevées vers l’est, là où l’érosion les a déblayées en mettant à nu le socle cristallin du massif des Aiguilles Rouges (satellite occidental de celui du Mont-Blanc). • le massif du Chablais, qui est situé plus au nordouest, est constitué de roches totalement différentes de celles des massifs subalpins qui le jouxtent. Cet ensemble rocheux est constitué par un énorme paquet rocheux, d’origine plus orientale que le massif du Mont-Blanc, qui a été transporté par charriage. Il est maintenant posé, comme un corps étranger, sur les prolongements vers l’ouest des couches du massif du Haut-Giffre et représente donc une gigantesque “klippe”. Elle a été découpée par l’érosion dans l’empilement complexe de nappes superposées qui constitue le domaine des Préalpes auquel elle se rattache. Le lit du Giffre est d’altitude modeste (750 m à Sixt), ce qui crée de forts dénivelés. La profondeur de son entaille est assez marquée pour y séparer nettement deux groupes montagneux : • celui de Platé, au sud-ouest, est assez peu disséqué par l’érosion. Ses reliefs nord-occidentaux
Le Guide du Relief d’Henri Widmer propose un découpage du Chablais au sens large. Au nord, le Chablais proprement-dit avec cinq sousensembles. Et au sud, Platé, Sixt et les Aiguilles Rouges. La limite entre Sixt et les Aiguilles Rouges ne correspond pas à une vallée. Elle est définie par la géologie.
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Records du monde ! A Samoëns , les montagnes de Folly et du
sont sculptés dans les grès du Nummulitique (Tète de Chardonnière), qui
Criou sont de véritables “gruyères” percés de
y cachent la carapace de calcaires urgoniens (pointe d’Ayère), enduits
nombreux gouffres d’une profondeur vertigi-
superficiellement de Sénonien et de calcaires nummulitiques. L’érosion
neuse qui ont fait du massif l’une des capitales
a, au contraire, dégagé la surface de ces couches en vastes dalles dans
mondiales de la spéléologie. Deux de ces
sa partie méridionale, mais ne les entaille guère que sur les marges
gouffres ont détenu quelques années le record
méridionales et occidentales du massif (cluse de l’Arve).
mondial de profondeur.
• celui de Sixt-Fer-à-Cheval, au nord-est, est beaucoup plus profondément
• Le gouffre Jean-Bernard : en 2010, le
entaillé, surtout dans sa partie située à l’est du cours supérieur du Giffre.
réseau Jean-Bernard qui s’étend sur plus de
Il est principalement formé d’alternances argilo-calcaires du Jurassique
20 km, est le quatrième plus profond du monde.
et du Crétacé inférieur, que l’érosion a plus capricieusement découpé en
L’entrée, découverte en 1959, est située entre
crêtes, ravines et longues falaises calcaires.
le refuge de Folly et le lac des Chambres (ci-dessous), Il doit son nom à deux jeunes spéléologues
Des terrains chahutés
décédés.
Les sédiments qui composent le massif du Haut-Giffre se sont déposés
• Le Mirolda : sur la montagne du Criou, un
aux ères secondaires et tertiaires dans les fonds marins, en couches
autre réseau de cavités a été découvert en 1971.
parfois très épaisses. La surrection des Alpes les a repoussés vers
En 2003, quatre spéléos établissent un nouveau
l’ouest, courbés et froissés. Ainsi se sont formés des plis plus ou moins
record du monde à -1 733m. En 2010, il est le
accentués, parfois couchés à l’horizontale. Alors que les roches tendres,
second gouffre le plus profond au monde.
relativement plastiques, se prêtaient à ces mouvements, les niveaux durs, plus rigides, se sont fracturés en se plissant. L’érosion, très active dans ces montagnes élevées, au climat rude et pluvieux, a joué sur ces terrains chahutés. Les calcaires durs et massifs forment les escarpements et les falaises verticales. Leur fracturation a permis au gel et aux eaux courantes d’y sculpter des tours et des pitons : les Cornes du Chamois en sont un bel exemple. Les argiles et les marnes, plus tendres, s’érodent plus rapidement, en donnant des formes plus molles et des pentes douces. Ainsi s’explique la succession de falaises, de vires et de talus qui forment les versants du cirque du Fer-à-Cheval et du Fond de la Combe. Le secteur abrite un karst alpin d’altitude. Ce type de karst se développe dans les calcaires ou les dolomies de l’Urgonien ou du Sénonien. Les précipitations élevées créent des phénomènes de dissolution importants, contribuant à la formation de réseaux spéléologiques profonds (plus de 1 000 m). L’empreinte glaciaire peut être également très déterminante. Ainsi, le réseau spéléologique Jean-Bernard, qui se développe au nord de Sixt, est l’un des plus profonds (1 600 m ) connus à ce jour dans le monde. [cf. encadré] Le Haut-Giffre présente un intérêt tout autant géologique et géomorphologique (avec notamment le rocher des Fiz et le célèbre Désert de Platé cités à l’inventaire des sites géologiques remarquables de la région Rhône-Alpes), et scientifique compte tenu de son intérêt en matière de recherche appliquée (karstologie d’altitude, sédimentologie des lacs de montagne…). ✪
Géologie et Geomorphologie 5 6
6 5
4 2
2
4
5
5
3
3 4
4
6 7
5 3
1
9 8
L’ensemble du cirque du Fer-à-cheval et la vallée du Giffre vu de l’ouest, depuis la Pointe de Verreu
130 millions d’années de la formation de la chaîne alpine L’histoire de la formation du Haut-Giffre est liée à celle des Alpes. Elle commence plus particulièrement au début de l’ère secondaire et s’échelonne dans le temps. 1. Trias : ce sont les couches de grès sous-jacentes mises à nus. On les trouve en fond de vallée au Pellys. 2. Lias : ce sont des calcaires argileux noirs formés au Jurassique inférieur. 3. Les terres noires : ce sont des marnes noires à patines brunes d’environ 200 mètres d’épaisseur formées au Jurassique moyen. Elles forment les pâturages de Prazon. 4. Les falaises du Bajocien : calcaires argileux noirs, régulièrement lités. 5. Les falaises du Tithonien : ce sont des calcaires à calpionelles, formés dans des mers profondes. Le Tenneverge est constitué de multiples répétitions de ces calcaires en plis couchés. 6. Les calcaires du Berriasien : ils se superposent au calcaire tilthoniques. Ce sont les pierriers formant la base des Fiz. 7. Les couches noires du Valanginien : cette couche est constituée d’argilite schistasée. 8. Les calcaires de l’Hauterivien : ils forment la couche imperméable du massif. Ce sont des calcaires noirs silicieux. 9. Les calcaires massifs de l’Urgonien : ce sont des calcaires massifs blancs (d’où le nom des Dents Blanches), formés dans une mer corallienne à rudistes.
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Le désert de Platé : une forteresse minérale Le désert de Platé est un plateau calcaire ceinturé par une succession d’arêtes bien marquées : châteaux
Le cirque et ses cascades A
Samoëns, à 700 m. d’altitude, on mesure 1700 mm d’eau par an et à 2 500 m., la moyenne est de 4000 mm dont une grande partie sous
forme de neige. Ce qui place le massif du Haut-Giffre à la première
de Crans, Croix de Fer, Grandes Platières… Viennent
place dans l’échelle pluviométrique des Alpes françaises. Les sommets
s’ajouter les majestueuses aiguilles de Warens et
calcaires avoisinants laissent pénétrer l’eau dans le réseau souterrain
la montagne de Véran. On est ici dans le domaine
du karst. Les résurgences ou les sources n’apparaissent que plus bas
privilégié du minéral. L’homme et la forêt n’atteignent
sur le versant, le terrain moins perméable laissent sortir cette eau dans
que difficilement l’altitude de 1 800 mètres. Au-delà,
les pierriers. Mais si l’eau rencontre des barres calcaires pratiquement
l’herbe occupe la place que le rocher veut bien lui
verticales, elle chute en formant une belle cascade. La proximité des
laisser. On y accède par Flaine, par le plateau d’Assy
glaciers plus ou moins importants comme le glacier du Ruan, le glacier
et la combe de Barmerousse ou par le GR 96 au nord
de Prazon ou encore celui des Fonts assurent une réserve d’eau
et à l’est. Le site offre des panoramas exceptionnels
considérable lors de la fonte des neiges. C’est à cette période, vers le
sur le massif du Mont-Blanc au sud-est et sur celui
mois de juin, que le Giffre atteint son débit le plus haut, avec 40 m3 à la
des Aravis à l’ouest.
seconde.
Le lapiaz de Platé est reconnu comme étant le plus
Cet immense débit d’eau peut aussi s’expliquer par l’absence totale d’in-
grand d’Europe. Il recouvre la majeure partie du pla-
frastructure hydroélectrique ou de captage construit par l’homme. Les
teau, lui donnant à juste titre ce nom de « désert ».
Cirques du Fer-à-Cheval et du Fond-de-la-Combe ont été modelés par
Les glaciers ayant dans un premier temps mis la
les glaces de la période glaciaire. Si la forme caractéristique en auge
roche à nu, celle-ci fut ensuite attaquée par la neige,
des vallées glaciaires est encore visible au Fond, l’influence des gla-
le gel et le ruissellement. Les actions combinées de
ciers est plus ou moins effacée au Fer-à-Cheval. En effet, si celui-ci a
l’érosion mécanique et chimique par l’eau, variant se-
été, et est toujours, un entonnoir torrentiel soumis à l’action des glaces,
lon la nature de la roche, ont engendré une extraordi-
les processus d’érosion liés à l’écoulement des eaux superficielles ont
naire richesse de formes. Fissures et rigoles pouvant
laissé des traces généralement plus récentes. L’évolution du Fond de la
atteindre un mètre de profondeur côtoient des cuvet-
Combe n’est pas identique. Ce couloir fut certainement, dans un passé
tes, cannelures, encoches, méandres, épines, « nids-
géologique très éloigné, une ancienne galerie aquifère souterraine dont
de-poule »… Ces micro-reliefs s’étendent sur des
l’effondrement a créé un canyon. Ce dernier a été déblayé et élargi par
kilomètres et sont favorisés par la présence d’herbes,
le glacier qui l’a emprunté. Il ne reste du vieil appareil karstique que la
de mousses et de lichens producteurs de dioxyde de
résurgence des sources du Giffre au Bout du Monde. Quelques cônes
carbone, qui accélère la corrosion chimique.
torrentiels ou d’avalanches assez récents modifient le dessin de l’ancienne auge glaciaire.
“ Hold-up ” valaisan La source du Fond de la Combe ne tarit jamais, même lors d’étés très secs. La couche calcaire dans laquelle circulent ces eaux passe sous le massif du Ruan et monte pour ressortir à l’affleurement en Suisse, au niveau de l’important glacier de Susanfe. On peut penser que les eaux de fonte de ce glacier sont détournées en partie au profit de la vallée du Giffre. Ces eaux destinées topographiquement au versant du Rhône valaisan se trouvent ainsi détournées. Mais, au bout du compte, les eaux du Rhône, comme celles de l’Arve, se retrouvent dans la Méditerranée. ✪
Géologie et Geomorphologie Les cascades ont reçu des noms d’inspiration très variée, comme “ La Méridienne ”. Lorsque les anciens voyaient le soleil qui illuminait le haut de la cascade, cela signifiait qu’il était midi. “ La Fontaine de l’Or ” avec sa légende d’un montagnard chanceux qui aurait trouvé un filon d’or non loin de cette cascade. Le Joaton, Pissevache, la Lyre, la Genette, Folly, la Citerne, la Massue, Saint-Jacques, Contrainte, Tré la Chaume, Gurrets... Tous ces noms reflètent une histoire liée à chacune d’entre elles. Ci-dessus, la cascade du Rouget surnommée « la reine des Alpes ».
Au Pied Du Tenneverge Le cirque du Fer-à-Cheval Du Grenier de Commune au Grand Mont-Ruan, en passant par l’altier pic de Tenneverge (ci-contre) , la nature a créé une série de gigantesques marches d’escalier. Terrasses inclinées ou vires étroites, entrecoupées de falaises, elles forment le bel hémicycle du Fer-à-Cheval. Le sentiment qui naît de l’austère combe où naît le Giffre, écrasée par les masses rocheuses, justifie son nom, le Bout du Monde. Le cirque lui-même s’offre dans toute son ampleur depuis les prairies du Plan des Lacs : un amphithéâtre de plus de deux kilomètres de diamètre, des falaises de cinq cents mètres de haut et une trentaine de cascades qui jaillissent de partout, parfois en plein milieu des parois. A la fonte des neiges, la vision en est tout à fait spectaculaire. Mais quelle que soit la saison, ce haut-lieu touristique reste un site d’exception.
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Le terme savoyard « lapiaz » vient
lapis », pierre.
du latin «
Il désigne le champ de lapiés.
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
LES MILIEUX
NATURELS Un exceptionnel intérêt paysager
D
e ces hautes montagnes calcaires formant de larges étendues karstiques aux zones verdoyantes abritant alpages et forêts, il en résulte un contraste brutal dans la nature des substrats qui influe directement sur la composition floristique. C’est là
l’un des critères de la très grande diversité biologique du massif, qui concerne autant les habitats naturels que la faune ou la flore. La vigueur des reliefs et la variété des expositions contribuent aussi à cette diversité, ainsi qu’une situation géographique qui place le Haut-Giffre en limite occidentale de répartition pour certaines espèces caractéristiques de Alpes centrales. Les étages subalpin et alpin sont ici particulièrement bien représentés. Les pratiques pastorales contribuent également à la diversité des paysages et des milieux. Les paysages locaux illustrent de façon saisissante l’empreinte glaciaire (cirques de la haute vallée du Giffre…), aussi bien que le modelé karstique d’altitude (Platé...).
Des habitats exceptionnels et variés Parmi les points forts en matière de patrimoine biologique, on peut évoquer en matière d’habitats : les dalles rocheuses. La flore est riche d’espèces remarquables tant en ce qui concerne les plantes forestières ou celles des formations à grandes herbes (aconit napel et paniculé, ancolie des Alpes, racine de corail, listère à feuilles cordées, pyrole à une fleur, sabot de vénus, chardon bleu…), celles des zones humides (laîche de Magellan, laîche pauciflore, linaigrette engainée, scirpe de Hudson…), ou des secteurs rocheux (genévrier sabine, primevère oreille d’ours) et d’altitude (achillée noirâtre des massifs subalpins orientaux, androsaces de Suisse et pubescente, orchis nain, drave de Fladniz…).
Milieux naturels répertoriés
• Landes à rhododendron • Fourres d’aulnes verts des Alpes • Forets mixtes de ravins et de pentes • Tourbières hautes • Bas-marais alcalins • Pelouses riveraines arctico-alpines • Dalles rocheuses
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
La faune est remarquablement représentée parmi les mammifères (cerf élaphe, bouquetin des Alpes, chamois, musaraigne alpine, chiroptères…), les insectes (papillons apollon et petit apollon, azurés de la canneberge et de la croisette, thécla de l’orme…), les reptiles et batraciens (couleuvre d’esculape). Certaines espèces à répartition orientale parviennent ici en limite de leur aire. C’est le cas parmi les plantes avec l’aposéris fétide, par exemple et pour les animaux, avec la salamandre noire, dont c’est la seule localisation française connue à ce jour. Les impressionnantes parois calcaires qui dominent les vallées de l’Arve et du Giffre sont particulièrement favorables à l’avifaune rupicole comme le chocard à bec jaune, le faucon pèlerin ou encore le tichodrome échelette. Elles sont aussi propices à l'installation du gypaète barbu, espèce emblématique qui fréquente assidûment les lieux. Les galliformes de montagne sont particulièrement bien représentés. En effet, si la présence du grand tétras (espèce en régression généralisée et qui peut malheureusement dorénavant être considérée comme pratiquement éteinte dans les Alpes françaises) n’est plus dans le meilleur des cas que résiduelle, toutes les autres espèces appartenant à ce groupe sont encore observables ici. Ceci justifie que le Haut-Giffre soit inventorié au titre des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO).
Désert de Platé : des espèces animales et végétales adaptées
De nombreuses fonctionnalités De multiples interactions existent au sein de ce massif, avec des espaces les plus représentatifs en terme d’habitats ou d’espèces remarquables : écosystèmes montagnards pastoraux, forestiers ou rocheux, karst, zones humides, torrents…
Les zones rocheuses d’altitude sont particu-
Le massif du Haut-Giffre représente de nombreuses fonctionnalités na-
lièrement inhospitalières tant pour le règne
turelles liées à la préservation des populations animales ou végétales.
végétal qu’animal. Sécheresse, variations de
Notamment en tant que zone d’alimentation ou de reproduction pour de
température, enneigement, rareté de la terre
multiples espèces, dont celles précédemment citées, ainsi que d’autres
sont autant de facteurs poussant à la sélection
exigeant un large domaine vital comme le cerf élaphe, le bouquetin des Al-
d’espèces particulièrement adaptées, souvent
pes, l’aigle royal, le gypaète barbu…, grâce aux connections multiples avec
rares, parfois protégées. La flore comprend or-
les autres massifs voisins (Dents du Midi, Chablais, Aiguilles Rouges…).
chidées, gentianes, laiches et fougères. La faune
Il met, enfin, en exergue, la sensibilité particulière de la faune souterraine,
compte des espèces prestigieuses : bouquetin
tributaire des réseaux karstiques et très dépendante de la qualité des eaux
et chamois, aigle royal et lagopède, tétras-lyre et
provenant du bassin versant. La surfréquentation des grottes, le vanda-
grand tétras, bélinotte et bartavelle.
lisme des concrétions peuvent de plus rendre le milieu inapte à la vie des espèces souterraines. L’ensemble présente par ailleurs un évident intérêt paysager. Il est cité en par-
Ci-dessus : Tétras-Lyre et Lagopède.
tie comme exceptionnel dans l’inventaire régional des paysages, avec entre autres les sites classés du Cirque du Fer-à-Cheval et du Désert de Platé. ✪
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ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
LES MILIEUX
NATURELS
Les sources du Giffre
Du fait de la forte amplitude altitudinale, cette zone présente un étagement de la végétation qui va du montagnard à l’alpin. Forêts, landes, pelouses se succèdent. La flore est riche et variée. La reine des Alpes (ci-contre) et le sabot de vénus (ci-dessus) en sont deux espèces phares. La faune compte également de nombreuses espèces emblématiques telles que le Bouquetin des Alpes.
La salamandre noire (salamandra atra) est un amphibien vivipare et entièrement terrestre. Son aire de répartition géographique est limitée à l’arc alpin, de la Suisse à l’Autriche, avec quelques localités isolées dans les Alpes dinariques, de la Slovénie à l’Albanie. Quelques individus ont été trouvés à 1700 m d’altitude. Cette forme qui ne semblait ne pas avoir dépassé le Rhône, jusqu’alors considéré comme une barrière à la colonisation, prouve la présence de salamandres noires à l’ouest du fleuve,
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
18
Présentation du massif
FOCUS
sur des zones naturelles d’intérêt écologique * Les Têtes des Suets
L
La chapelle de Samoëns accueille depuis quelques
es Têtes des Suets dominent Samoëns. Cette partie du massif à exposition ensoleillée
années une colonie d’esti-
et essentiellement boisé, abrite de nombreuses espèces d’oiseaux nichant en forêt,
vage d’oreillard septentrional.
ainsi que d’autres espèces animales remarquables. On y rencontre la grenouille rousse,
Comme son nom l’indique,
essentiellement nocturne et très
cette chauve-souris possède de
active par temps de pluie. Au prin-
grandes oreilles, presque aussi
temps, les adultes se regroupent
longues que son corps. Cette
dans des mares pour procréer. Ils
zone est également fréquen-
regagnent, ensuite, les bois envi-
tée par une autre espèce de
ronnants pour poursuivre leur vie.
chauves-souris : la loctule de
C’est dans ces mêmes bois qu’ils
Leisler, qui y a été observée en
vont hiberner. On peut rencontrer
chasse.
cette grenouille manifestant une
L’église, quant à elle, est le
grande résistance au froid jusqu’à
lieu de reproduction du grand
assez haute altitude. Les cônes
murin. Les populations de cette
des conifères étant la principale
espèce, l’une des plus grandes
source de nourriture du cassenoix moucheté (ci-contre), il n’est pas rare de voir et d’enten-
chauves-souris présentes en
dre cet oiseau, perché au sommet d’un épicéa et poussant son cri rauque, semblable au
France, y sont en régression. En
choc de deux pierres que l’on cogne l’une contre l’autre. Il se nourrit essentiellement des
région Rhône-Alpes, elle reste
amandes des cônes de pin cembro. Toutes ne sont pas avalées : comme le geai, il enterre
néanmoins présente dans tous
une partie de son butin en prévision de la disette hivernale. Il creuse alors des tunnels dans
les départements, mais le plus
l’épaisse couche de neige pour accéder à ses cachettes. Certaines cachettes ne seront ja-
souvent en effectifs modestes.
mais retrouvées : il participe ainsi à la régénération du pin cembro. L’hirondelle des rochers, quant à elle, est présente dans les falaises et les gorges encaissées. On peut aussi citer d’autres espèces d’oiseaux remarquables telles que l’aigle royal, la bécasse des bois, le faucon pèlerin ou le grand-duc d’Europe. ✪
Le lit du Giffre
L
e lit du Giffre est bordé, de Taninges à Samoëns, de belles
forêts riveraines fortement enrésinées. Des îlots graveleux
et caillouteux rappellent son caractère torrentiel. Il constitue le terrain de chasse régulier de plusieurs espèces de chauves-souris, et le castor d’Europe s’est installé sur les berges du torrent. Bien que quasiment invisible, sa présence se signale à quelques
troncs rongés en bord de cours d’eau. L’avifaune est également bien représentée, tout comme d’ailleurs les invertébrés, avec plusieurs espèces de libellules. ✪ * Sources : Inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique / Direction régionale de l’environnement Rhône-Alpes
LES MILIEUX
NATURELS
LA Réserve Naturelle de Sixt Fer à Cheval • Communes : Sixt Fer-à-Cheval et Passy • Superficie : 9 200 ha • Altitude : de 770 m à 3 100 m • Date de création : 1977
L
a montagne de Sixt et notamment le cir-
rents milieux qui sont à l’origine de paysa-
que du Fer-à-Cheval ont reçu une pro-
ges très contrastés : forêt, falaises, glaciers,
tection à la mesure de leur beauté. Créée en
lapiaz, cirques montagneux, alpages... Mon-
1977, la plus grande réserve de Haute-Sa-
de exclusivement calcaire, la Réserve na-
voie couvre les trois-quarts de la commune.
turelle de Sixt-Passy présente une grande
La réglementation inhérente aux Réserves
variété de formes modelées par l’érosion.
naturelles nationales permet d’assurer la
Des zones forestières aux plus hauts som-
protection du territoire tout en favorisant le
mets, environ 800 espèces végétales ont
maintien des activités traditionnelles.
été recensées dont vingt-huit orchidées !
Elle constitue avec les Réserves naturelles
Le hêtre et l’épicéa dominent la forêt de
de Passy et des Aiguilles Rouges un en-
Sixt, mais seules les plantes bien adaptées
semble de plus de 14 000 ha, paradis de la
ont élu domicile dans les pâturages.
faune alpestre.
La répartition des milieux selon l’altitude fa-
Surfréquentées, certaines parties de la
vorise une grande diversité : chevreuil, san-
commune de Sixt-Fer-à-Cheval ont du être
glier, marmotte, lièvre variable... La faune
classées en 1993, au titre des grands sites
sauvage profite de la tranquillité de la ré-
nationaux. La même année, la Région Rhô-
serve naturelle : bouquetin, gypaète barbu,
ne-Alpes a classé à son tour la commune
lagopède alpin, aigle royal. Certaines zones
site d’intérêt régional.
où niche le tétras-lyre sur l’alpage de Praz-
Plus grande réserve de Haute-Savoie,
de-Commune et de Salvadon, colonisées
la Réserve naturelle de Sixt s’étend sur
par les aulnes verts et les rhododendrons,
9 200 ha. L’amplitude d’altitude, le climat
ont été restaurées par des travaux de
et le relief ont permis l’installation de diffé-
broyage de la végétation. ✪
20
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
les montagnards ont fait reculer l a fo r ê t , arpent après arpent,
“ Sous l’impulsion des religieux,
créant et élargissant des pâtures. Les alpages ont fait la richesse des villages de la vallée au Moyen-Age. ”
21
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
HISTOIRE ET TRADITIONS Une civilisation agro-pastorale
S
i les premières traces du peuplement de la région remontent à l’âge de Néanderthal, selon toute vraisemblance, il a fallu attendre le retrait des glaciers et les temps néolithiques avant que les vallées de l’Arve et du Giffre connaissent un peuplement
permanent. À l’âge du Bronze, comme en témoigne une infinité de vestiges archéologiques, la région recouvrant le futur Faucigny était déjà peuplée. Des objets de bronze ont été retrouvés jusque dans des villages de haute altitude. Facile d’accès, la vallée du Giffre a certainement été habitée très tôt par les Gallo-romains, les Celtes puis les Burgondes. Mais c’est sans doute après l’installation des chanoines à l’abbaye de Sixt en 1144 que la haute vallée a été habitée de façon permanente. En effet, Aymon I de Faucigny, alors novice à l’abbaye
Le Faucigny et la Maison de savoie
d’Abondance, charge son frère Ponce de fon-
Au XIIIème siècle, la famille
der un nouveau monastère à Sixt. Le monastère
de Faucigny est l’acteur
est à l’origine du développement de la vallée du
incontournable de l’histoire
Haut-Giffre jusqu’à la Révolution française.
savoyarde. Au décès d’Aymon II,
En 1792, les troupes révolutionnaires françaises
en 1253, sa succession entraîne
envahissent la Savoie qui devient département
la province du Faucigny vers
du Mont-Blanc. La loi proscrivant toute forme de
la Maison de Savoie, puis vers
congrégation, les confréries religieuses sont in-
celle des dauphins de Viennois.
terdites et leurs biens confisqués.
Le Faucigny est ensuite cédé
l’Abbaye de Sixt. L’abbaye est un monastère
Sous l’Empire, la prospérité revient dans la vallée
à la France pour revenir à la
de chanoines qui suivent la règle de Saint
et une ère de grands travaux d’endiguements
Savoie en 1355, à l’occasion
Augustin. En 1809, Jean-François Albanis
occupe
d’un échange. Entre 1514 et
De 1640 à 1644, Ponce de Faucigny construit
les
Frahans.
Après
l’occupation
Beaumont l’acquiert pour y établir le siège
autrichienne et le départ de Napoléon 1 , la
1659, les Genevois-Nemours,
de l’exploitation des mines de fer qu’il remet
Savoie redevient sarde jusqu’à son annexion en
branche cadette de la Maison
en activité. L’abbaye à été transformée en
1860. Durant la Restauration sarde, les ouvrages
de Savoie, vont régner sur le
hôtel à l’époque où les premiers touristes
de canalisation du Giffre se poursuivent pour ne
Faucigny, le Genevois et le
s’achever qu’au début du XXème siècle.
Beaufortain.
anglais ont commencé à venir à Sixt .
er
22
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
Les premiers visiteurs de la vallée Le premier touriste de la vallée fut Saint François de Sales, en 1603, venu au Cirque du Fer-à-Cheval constater les dégâts de l’éboulement de Tête Noire survenu une année plus tôt. Avant 1764, Horace Bénédicte de Saussure s’était rendu à Sixt pour effectuer des observations géologiques et c’est le 20 septembre 1770 que les frères Deluc, des aristocrates genevois, atteignent les premiers le sommet du Buet où ils y font diverses expériences scientifiques. Dès 1790, les sentiers de communication entre la vallée de Sixt et celle de Chamonix figuraient sur la “ Carte en perspective de la vallée de Chamonix et de ses
montagnes avoisinantes ”. Entre 1848 et 1863, des touristes célèbres visitèrent la vallée de Sixt. Les Princes d’Orléans, les enfants de Victor Emmanuel, le ministre Cavour, le Prince Napoléon et, en 1884, Guillaume II alors Kromprinz d’Allemagne. Pendant ce temps, les montagnes du Haut-Giffre encore méconnues étaient peu à peu parcourues par des géologues, des naturalistes ou encore des topographes. Ceux-ci En 1892, alors que débarquent les premiers
précédèrent les alpinistes attirés par la sauvagerie des lieux. En 1857,
touristes, un chemin de fer dessert la vallée du
Alfred Wills, avocat à la Cour d’Angleterre et membre fondateur de l’Al-
Giffre. Il relie Annemasse à Samoëns , et après son
pine Club tombe amoureux de la vallée après avoir gravi le Buet avec
électrification en 1932, la ligne se poursuit jusqu’à
le guide Auguste Balmat (petit neveu de Jacques Balmat). Cet Anglais
Sixt. Il remplace alors l’antique diligence qui partait
fit construire “ Le Nid d’Aigle ” au Cirque des Fonts à 1400 mètres d’al-
de Genève à 4 heures pour n’arriver que sept heures
titude. En 1883, Sixt recevait une délégation du C.A.F. qui fit un banquet
plus tard. A partir de 1932, six services quotidiens
en plein air au Fer-à-Cheval à l’occasion de sa création. En 1891, la
sont assurés en été, allant jusqu’à dix le week-end.
première cantine du Fer-à-Cheval était construite. Tout près d’elle, un
23
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
HISTOIRE ET TRADITIONS
mirador de bois permettait d’admirer les cascades. En 1899, Pierre-Marie Moccand dit “ Pierre au merle ” construisit un café-musée au Molliet. Là, étaient exposés une importante collection de clichés photographiques et des animaux empaillés. En 1910, c’est le refuge du Grenairon qui fut construit et, trois ans après, on aménagea un vieux chalet d’alpage à la Vogeal-
ble fut construite jusqu’au Fer-à-
Le chemin des contrebandiers
Cheval et, en 1934, Sixt reçut les
Les contrebandiers atteignaient la Suisse par
Etats Généraux du Tourisme.
le col de Coux en six heures de marche. Les
le. En 1932, le chemin de fer arrive jusqu’à Sixt et une route carrossa-
Génération après génération, les hommes vont défricher et gagner du terrain
douanes françaises se trouvaient à l’alpage de
sur la montagne pour cultiver et vivre de l’élevage. Eleveurs et agriculteurs
Fréterolles alors que le poste des douanes suis-
pendant des siècles, les habitants de la vallée du Giffre se feront tour à tour
ses se situait, comme aujourd’hui (ci-dessus),
mineurs, tailleurs de pierre, colporteurs, mais aussi contrebandiers. Après
au col de Coux à 1 920 m. Les contrebandiers
1860, ils accueilleront les premiers visiteurs venus contempler la nature. Ils
empruntaient également le col de Bostan,
les guideront vers les sommets et transformeront peu à peu certaines de
moins surveillé. Pendant la Seconde guerre
leurs maisons pour héberger les touristes, construiront des hôtels, puis des
mondiale, ce même itinéraire a servi a conduire
remontées mécaniques.
des Juifs vers la Suisse neutre.
La Compagnie des Guides Après l’ascension historique du Buet et l’arrivée des premiers voyageurs, les montagnards de la vallée vont offrir leurs services comme guides pour des visites du Fer-àCheval et des Fonts. A partir de 1830, William Rayer établit une liste de six guides qu’il recommande aux touristes. En 1856, ces professionnels sont constitués en société et travaillent à tour de rôle. En 1863, treize guides dont cinq aspirants et deux propriétaires de mulets forment la société. Enfin, le 20 janvier 1865, la Compagnie des Guides de Sixt est créée sous l’autorité de M. Allamand, maire, et de M. Guy, sous-préfet de Bonneville. Pour faire partie de la compagnie, les candidats
24
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
doivent habiter la commune, avoir au moins 21 ans et pas plus de 50 ans, savoir lire et écrire, connaître les localités de la région et les curiosités susceptibles d’intéresser les voyageurs. La commission d’examen d’entrée se compose du juge de paix (président), du maire (vice-président), du guide chef, du guide délégué et de l’instituteur. Elle se réunit du 1er au 10 mai de chaque année. Les candidats sont ensuite commissionnés par le sous-préfet et doivent porter une médaille prou-
Jacques Balmat, dit Mont-Blanc
vant leur appartenance à la Com-
En 1834, deux hommes traversent le glacier du
fils Louis et Eugène s’illustrèrent, en particulier, en faisant de l’activité de
Ruan. “Où vont-ils ces deux là?” se demandent
guide un métier à part entière. Joseph Raphet commence à exercer le
deux petits bergers occupés à garder les vaches
métier de guide vers 1880. Il est nommé guide de deuxième classe le 20
à la Vogealle. “Ces deux-là” sont Jacques
décembre 1907 et quelques mois plus tard, réalise sa première course au
Balmat, dit Mont-Blanc, qui gravit le premier le
Buet. A cette époque, la course la plus demandée était la traversée Sixt-
sommet du mont Blanc en compagnie de Michel
Chamonix par le col d’Anterne. La traversée Ruan-Tenneverge est faite
Gabriel Paccart. Le second, c’est un pauvre
plus rarement mais c’est elle qui laisse le plus d’émotion aux touristes
homme de Vallorcine mais fameux chasseur de
car elle se déroule dans un décor sauvage, parmi les glaciers et sous des
chamois, dénommé Pache. Les deux compères
parois impressionnantes. Mais la course préférée de Joseph Raphet est
sont à la recherche d’or car François-Joseph
la Tour Sallière, sommet suisse voisin du mont Ruan. Il en parle tellement
Mocand, ancien maire de Sixt et chasseur
que le nom de ce sommet devient son surnom. Il exerce jusqu’en 1919 et
d’ours, avait parlé de “la tanna de l’or” (le trou
meurt peu de temps après, en 1922.
pagnie. La Compagnie des Guides fonctionne officiellement jusque vers 1880, mais dans les années qui suivent, on continue quand même de faire découvrir les montagnes de la vallée aux touristes. Joseph Raphet et ses
de l’or), une crevasse dans un pâturage sous le
Son fils Louis devient rapidement un bon guide. Il accompagne souvent
glacier du mont Ruan. Nos deux amis progres-
le géographe réputé Robert Perret, ancien élève d’Henri Vallot. A partir de
sent sur une vire de plus en plus étroite. Alors
1911, Louis Raphet suit le géographe durant de nombreux étés, parcourant
que Balmat continue, Pache décide de s’arrêter.
les massifs du Buet, des Fiz et de Platé dans tous les sens. A partir de
Balmat ne devait jamais réapparaître. Le mystère
1920, le guide et le géographe partent à la découverte du mont Blanc
de cette disparition fit rentrer Balmat dans la
et de son massif avec un bon nombre de courses à leur palmarès. Le
légende. On dit que le syndic fit promettre aux
18 février 1925, Louis Raphet est nommé guide première classe. Lorsqu’il
deux jeunes bergers de ne rien révéler de ce qui
n’est pas employé par le géographe, Louis Raphet travaille pour le compte
s’était passé. Ainsi la région resterait préservée
des hôtels de Sixt et pour quelques clients particuliers. ✪
de la “fièvre de l’or”.
HISTOIRE ET TRADITIONS Les Frahans :
les maçons et tailleurs de pierre de la haute vallée du Giffre. La tradition de la pierre a marqué la vallée du Haut-Giffre qui regorge de carrières de calcaire. La qualité de la pierre et le savoir-faire des hommes permettaient aux jeunes de sortir de leur condition précaire. On a compté jusqu’à 900 hommes originaires de la vallée du Giffre qui effectuaient ces migrations saisonnières. La renommée de ces artisans maçons et l’excellence de leur travail ont fait que leur zone d’influence et de migration s’est étendue avec le temps à travers toute l’Europe. La fierté de ces travailleurs créa un esprit de corps et la Société des maçons vit le jour. Son objectif était l’instruction Alfred Wills et son projet de construction d’un chalet de plaisance
et la protection des travailleurs. L’école de dessin
à l’alpage des Fonts a connu de vives oppositions. Les opposants
de Samoëns fut créée pour former les jeunes de
voient d’un mauvais œil la venue de cet alpiniste protestant. Fina-
la vallée à toutes les techniques de la pierre.
lement, en 1859, la construction du chalet débute. Auguste Balmat
Pour communiquer et pour ne pas se faire com-
(petit neveu du chercheur d’or) est le premier régisseur. Le Nid
prendre des autres, ils utilisaient un dialecte bien
d’Aigle, appelé “Le Château”, va voir arriver chaque année une petite
à eux : « le mourmé». Des témoignages de leur
population anglaise. Après des débuts mouvementés, les relations
talent subsistent partout sur l’architecture de la
entre les Anglais et la population locale, jusqu’alors mauvaises, s’améliorent et deviennent même très cordiales. Pendant la Deuxième guerre mondiale de 39-45, le Nid d’Aigle reste inoccupé. Quelques années plus tard, la famille Norton trouve une demeure en mauvais état. Le chalet a été pillé pendant l’Occupation.
La conquête des sommets du Haut-Giffre 1770 Ascension du Buet, depuis les Fonts, par J.-A. et G.-A. Delu avec le chasseur de chamois Bernard Pomet. 1863 Ascension du Tenneverge, depuis le col du même nom, par Alfred Wills et Claude Gurlie. 1864 Traversée Ruan-Tenneverge, par le glacier de Prazon, par Alfred Wills, Milman et J. Bozon. 1875 Ascension du Grand Ruan versant suisse par G. Béraneck 1881 Ascension française du Grand Ruan, depuis le col de Sageroux, par P. Perret, F. Moccand et J. Simond. 1904 Descente à ski du Buet sur Vallorcine par Joseph Ravanel “Le Rouge” de Chamonix. 1905 Ascension de la Corne du Chamois par E.-R. Blanchet, E. Rivaz et A. Bochatay. 1908 Traversée des Dents Blanches par L. Dufour et A. Daim. 1945 Ascension de la face ouest du Tenneverge par P. et G. Blanc.
vallée et plus particulièrement à Samoëns.
26
ASPECTS SPECIFIQUES HAUT-GIFFRE
Présentation du massif
LE TOURISME ET
L’OR BLANC Une économie traditionnelle déclinante
D
jeunes Anglais fortunés avait pour habitude, pour
construite au cœur d’un cirque naturel à 1 600 m. d’altitude.
parfaire leur éducation, d’effectuer le “ grand tour ” qui pas-
Flaine, aujourd’hui classée monument historique, annoncera
sait par l’Italie, Paris... Si le massif du Mont-Blanc est leur
l’arrivée du futur Grand Massif.
terrain de jeu favori, on les retrouve aussi dans le Haut-Gif-
Le Grand Massif réunit les cinq domaines skiables de
ès la fin du XVIIIème siècle, des aristocrates anglais,
En 1968, le géophysicien Eric Boissonnas conçoit Flaine, une
amateurs de défis sportifs, explorent les Alpes. Ces
station sans voiture dans laquelle on circule skis aux pieds et
fre, menés par Alfred Wills, fondateur du Club Alpin anglais.
Flaine, des Carroz-d’Araches, de Morillon, de Sixt et de Sa-
Au voyage itinérant, les Anglais préfèrent finalement la vil-
moëns . Ce vaste domaine skiable s’étageant entre 700 et
légiature et profiter des charmes de la nature. Les premiers
2 500 mètres d’altitude, donnent accès à 260 km de pistes.
visiteurs arrivent alors que l’économie traditionnelle basée
Mais le Grand Massif est loin d’être le seul atout du Haut-
sur la culture, l’élevage et l’exploitation du bois décline.
Giffre. La riche histoire de la vallée, son patrimoine religieux,
Vers 1905, des Septimontains fondent l’association Veloski-
la beauté de ses alpages et de ses paysages, la randonnée
montagne pour le développement des sports de montagne
et toutes les activités liées à la montagne sont autant d’at-
et en 1912, le CAF organise à Samoëns et à Chamonix des
traits qui séduisent un grand nombre de visiteurs. ✪
joutes internationales de ski. Samoëns se voit d’emblée dans le peloton de tête des stations françaises, avec une clientèle
MONT BLANC 4810m
AIGUILLE VERTE 4122m
cosmopolite, venue bien sûr d’Angleter-
LES GRANDES PLATIERES 2480m
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Secteur Massif (145 Km de pistes)
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Facile
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Difficile
Difficult
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Moyenne
Medium
Mittel
Très difficile
Very difficult
Sehr schwer
Poste secours
First aid post
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Parking
Parking
Parkplatz
Télécabine
Gondola
Gondolbahn
Caisse
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Télésiege
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Téléski difficile
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Zone ludique
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De 1935 jusqu’à la Seconde guerre mon-
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d’Autriche et même de Turquie, de Russie
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pimprene lle
re et de Suisse mais aussi de Belgique,
AIGUILLE DU MIDI 3842m
CLUSES
Dir. A40 Genève Annecy
Picknickraum
Restaurant d’altitude Zone pique-nique
Mountain HöhenRestaurant restaurant Pique-nique Picknickzone area
Zone de protection animale
Wildlife protection area
Schutzzone tier
Sessellift
Spielzone
Zone de Forest Waldschutz protection protection area forestière (cembraie)
TETE DU CO 2692
28
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
LA MONTAGNE
ABANDONNée La fermeture des paysages est-elle inexorable ? FERMETURE DE PAYSAGE. 50 ANS D’HISTOIRE PAGE 30 ALPAGE ET GENERALITéS PAGE 34 LES PRINCIPALES MENACES PAGE 36 LA MAITRISE DE LA VEGETATION D’ALPAGE PAGE 42 PAGE 47 . ZOOM SUR LE SYLVOPASTORALISME PAGE 48 . ZOOM SUR LES TROUPEAUX D’INTERET COLLECTIF
CONCLUSION
PAGE 49
Depuis plusieurs décennies on constate un important embroussaillement d’alpages.
Ce phénomène de « f e r m e t u r e » entraîne
une
perte de production fourragère, une homogénéisation des paysages et une modification des habitats floristiques et faunistiques caractéristiques des espaces d’altitude des Alpes du Nord.
30
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
LA FERMETURE
DU PAYSAGE Histoire d’un demi-siècle de paysages “ ouverts et fermés ”
Née avec les problèmes environnementaux dans les années 1970, la notion de fermeture du paysage connaît son apogée dans les années quatre-vingt, au cours d’un conflit opposant défenseurs d’une nature “ naturelle ” et discours catastrophe annonçant la mort sociale de la société rurale. Puis elle devient une norme d’appréciation de l’évolution de ces espaces, créant ainsi une norme d’aménagement, l’ouverture. La fermeture du paysage fera l’objet de nombreuses études et recherches.
A
u lendemain de la seconde guerre mondiale, la
la filière bois. Si les capitaux les plus importants viennent
préoccupation dominante en matière agricole fut
de la ville pour construire ces « reboisements spéculatifs »,
celle de la modernisation technique, avec pour
ces derniers sont perçus comme susceptibles d’apporter
objectif l’augmentation de la production. Celle
un soutien à l’agriculture, selon une vision qui continue à
des années soixante concerne l’organisation socio-écono-
considérer la production agricole comme le pivot du déve-
mique visant à accroître le revenu des agriculteurs. La dimi-
loppement rural. L’époque où boiser était un modèle d’amé-
nution de la population agricole, non seulement n’est pas un
nagement dominant dans nombre de régions de moyenne
problème, mais est perçue comme le passage obligé vers la
montagne n’est, aujourd’hui, pas totalement révolue.
modernisation. Néanmoins, les déséquilibres démographi-
L’expression de fermeture du paysage dans le débat relatif
ques de la population agricole (baisse et vieillissement) vont
à l’avenir des régions rurales défavorisées apparaît vérita-
rapidement cristalliser les angoisses d’une société en pleine mutation. Portant leurs regards sur des régions présentant des « conditions naturelles difficiles », des scientifiques s’intéressent à la question de savoir « comment l’économie mo-
derne se satisfait […] aujourd’hui d’un milieu naturel pauvre et d’une tradition paysanne élaborée dans cette pauvreté. » Des ruralistes annoncent la disparition de la société rurale traditionnelle et, au-delà, la mort sociale des campagnes. À la question « Notre pays va-t-il mourir ? », certains répondent que « l’objectif essentiel est le maintien de la vie humaine
[…] dans les zones marginales, et surtout en montagne ». C’est aussi l’époque du renouveau de la politique forestière nationale, qui se dote en 1946 d’un outil financier, le Fonds Forestier National. L’objectif est de mettre à profit la libération de terres par l’agriculture afin de combler le déficit de
cette transformation du paysage « exprime dramatiquement l’abandon de la terre par les hommes. inadmissible lorsqu’il s’agit du paysage de montagne, quintessence de l’expression des rapports de l’homme à la nature, paysage « où se lisent l’opiniâtreté des hommes, leurs solutions de survie, parfois à la limite de l’effort humain », « le respect de la tradition », « la valeur du geste »
31
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
La Pointe de Sales.
blement dans les années soixante-dix. Il accompagne l’arri-
cadre de vie et des paysages (Fischesser, 1987). Pour eux,
vée de la notion même de paysage, à la fois dans le champ
le paysage n’est pas seulement le produit non intention-
politique de l’aménagement du territoire et dans le champ
nel de l’activité agricole ou forestière mais peut faire l’objet
scientifique. Le contexte dans lequel cette notion apparaît
d’une action créatrice volontaire. Au delà de l’aspect ma-
est celui de la conjonction des prises en compte des problé-
tériel, une dimension esthétique et sensible des paysages
matiques liées à la montagne et celles de la question envi-
fait son apparition prenant en compte le regard des touris-
ronnementale. On commence aussi à prendre en compte le
tes mais aussi des habitants.
fait que dans certaines zones, la production seule ne suffise
Le problème de la fermeture du paysage est posé essen-
pas, même avec l’appoint d’activités forestières, à faire vivre
tiellement à propos des vallées. D’après B. Fischesser,
les agriculteurs et que leur vocation puisse être étendue à
parce qu’elles « introduisent la vie de la plaine » et sont
d’autres services à l’intention des citadins et des touristes.
des « axes visuels » d’importance, elles constituent une
Le maintien d’une population rurale et agricole suffisante
des images fortes du paysage de montagne, et les « dé-
est souhaité « non seulement pour elle-même mais aussi
gradations » qu’elles subissent sont largement dénoncées.
pour ne pas laisser se dégrader le patrimoine naturel, ne
Il y a en particulier « l’obstruction des fonds de vallées et
pas laisser disparaître le tissu social mais au contraire pour
le comblement de l’espace ouvert par des boisements de
l’adapter aux besoins grandissants de la population, de plus
résineux », qui « supprime les grands couloirs de lumière
en plus à la recherche d’éléments compensateurs à l’usure
et de vie » (Sgard) ; « la fermeture de l’espace par la fo-
de la vie urbaine » d’après A. Génin en 1971.
rêt peut annihiler l’attraction visuelle des points forts du
Paysages et esthétisme
paysage […] et des paysages à structure forte peuvent devenir flous et fuyants » (Fischesser). La fermeture du
C’est dans ce contexte que des paysagistes s’attellent à
paysage désignerait donc les difficultés d’appréciation
faire du paysage une valeur spécifique de l’aménagement
d’un paysage qui se transforme sous l’effet de boisements
du territoire., impulsant une autre façon de penser l’amé-
et qui va à l’encontre d’un modèle de référence qu’est le
nagement en prenant en compte des attentes sociales
paysage ouvert. Un problème d’esthétique contrariant la
tous azimuts, et notamment celles relatives à la qualité du
lecture d’un paysage de vallée et un problème émotionnel
32
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
puisqu’« un effet d’oppression résulte de la substitution de
l’espace fermé à l’espace ouvert ». Mais le problème fondamental, c’est que cette transformation du paysage « exprime dramatiquement l’abandon
de la terre par les hommes qui l’ont cultivée et ne va pas dans le sens d’un développement résidentiel et touristique » (Sgard). Or, cela est présenté comme proprement inadmissible lorsqu’il s’agit du paysage de montagne, quintessence de l’expression des rapports de l’homme à la nature, paysage « où se lisent l’opiniâtreté des hommes, leurs
solutions de survie, parfois à la limite de l’effort humain », « le respect de la tradition », « la valeur du geste » selon B. Fischesser. Fondamentalement, le problème demeure la peur de la mort sociale de la société rurale, à laquelle vient s’ajouter la peur de l’absence de touristes (double
La Dent d’Oche
mort sociale). Cela se retrouve sans ambiguïté dans l’objectif d’aménagement : « il semble indispensable - si l’on
veut y garder les hommes - de tenir à tout prix des espaces ouverts et des zones de lumière » (Sgard).
Vers la conservation des écosystèmes Sous la pression croissante des demandes environnementales extérieures, s’amorce un mouvement de recherches interdisciplinaires. Cette mouvance scientifique, contribuera de manière déterminante à la reconnaissance d’une forme d’agriculture restée longtemps également marginale, l’élevage en zone de montagne, et de son rôle dans la conservation des écosystèmes et des paysages. Plus pré-
À partir du milieu des années 1990, les débats paraissent se calmer. La conception de la nature maîtrisée et protégée par l’homme a, semblet-il, remporté une victoire. La notion de fermeture du paysage, ou sa version écologique de fermeture des milieux, ou encore sa version « neutre » de fermeture de l’espace, est reprise partout, sans que son contenu soit sujet à discussion. »
cisément encore, les surfaces en herbe (qu’il s’agisse de prairies naturelles, prairies humides, estives...) et le modèle
ment sur l’eau). Dans ce contexte, un double événement va
herbager vont devenir l’emblème d’agricultures alternati-
donner une nouvelle impulsion au débat social concernant
ves au modèle productiviste. À cette époque, donc, « […] la
l’avenir des territoires ruraux. La publication des prévisions
notion de paysage devient un élément privilégié à prendre
démographiques du SCEES (Service Central des Enquê-
en considération dans la conception d’une gestion agro-
tes et des Etudes Statistiques, 1984), puis de leur prolon-
écologique de l’espace rural. La naissance récente et le ra-
gement économique par le CGGREF (Conseil Général du
pide développement de l’écologie du paysage traduisent le
Génie Rural, des Eaux et des Forêts, 1986), instaure une
succès de ces conceptions nouvelles du paysage dans le
véritable peur de l’abandon de pans entiers du territoire
même temps où l’agronome s’y intéresse lui-même de son
national. Ces prévisions sont presque immédiatement re-
côté davantage ».
mises en cause mais ni les tentatives pour relativiser le
À partir du milieu des années 1980, le modèle productiviste
phénomène « friches », ni la dénonciation des discours
de l’agriculture est de plus en plus remis en cause : sont à
catastrophistes ne tempèrent la montée de cette idée
l’ordre du jour la limitation des excès de la production agri-
d’abandon du territoire, dont la symbolique est particuliè-
cole et la réduction des effets sur l’environnement (notam-
rement forte et largement relayée par les médias. Ainsi, au
33
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
tournant des années 1990, le phénomène des friches et la
ture maîtrisée et protégée par l’homme pour certains et
fermeture des paysages sont au coeur d’un débat où s’op-
pour d’autres, comme une opportunité de laisser la nature
posent deux conceptions de la Nature : l’homme doit-il se
reprendre ses droits.
poser en « maître et protecteur de la nature » ou bien en-
À partir du milieu des années 1990, les débats paraissent se
visager de laisser la nature reprendre ses droits, au moins
calmer. La conception de la nature maîtrisée et protégée par
dans certaines portions de l’espace ?
l’homme a, semble-t-il, remporté une victoire. La notion de
Une catastrophe annoncée
fermeture du paysage, ou sa version écologique de fermeture des milieux, ou encore sa version « neutre » de ferme-
Parmi les défenseurs d’une nature humanisée et maîtrisée,
ture de l’espace, est reprise partout, sans que son contenu
nombreux sont ceux qui s’emparent d’un vocabulaire quasi
soit sujet à discussion, sans que l’objectif d’ouverture des
militaire reprenant l’idée de la menace et de l’agression
paysages qu’elle appelle automatiquement soit discuté. La
avec une vision des territoires ruraux où les arbres rempla-
notion de fermeture du paysage est comme un leitmotiv
ceraient les hommes. Ce double phénomène de disparition
entrant dans la justification de nombre d’interventions publi-
des hommes et de fermeture des paysages aurait alors un
ques sur l’espace rural qui comptent parmi leurs orientations
effet tant sur la diversité écologique que sur l’économie
des objectifs environnementaux au sens large (paysage,
locale, puisqu’il nuirait au bien-être des habitants comme
biodiversité…). L’invasion par la friche de l’espace agricole,
au développement touristique. Mais ce sont peut-être les
largement annoncée au début des années 1990, n’a pas eu
impacts esthétiques et sensibles de la friche et des enré-
lieu. En revanche, on a pu constater l’abandon temporaire,
sinements qui ont été le plus souvent soulignés. «Si la fri-
maîtrisé et intentionnel de certaines terres. On observe le
che vient à se développer et que les contours s’effacent,
plus souvent des lisières plus nettes de forêts, des bordu-
la hiérarchie des espaces se dissout, la lumière s’homo-
res affermies de parcelles. De même que la futaie jardinée
généise, la compréhension disparaît, il n’y a plus de points
revient à l’ordre du jour comme mode de gestion alternative
de vue. L’impression d’abandon et d’isolement prédomine,
aux coupes franches ou à blanc, on s’oriente vers un espa-
mais aussi celle d’étouffement, de suppression du contact
ce-jardin. On observe au niveau des exploitations agricoles
avec les autres. La proximité de la forêt mal entretenue ré-
des projets d’introduction de l’arbre sous des formes variées
veille de vieilles craintes, l’espace de sécurité s’évanouit »
compatibles avec le fonctionnement des systèmes de pro-
(Sgard, 1990).
duction. Les formules de multi-usages comme le sylvopas-
En réaction à cette volonté de maîtriser l’évolution des pay-
toralisme ou l’agroforesterie se développent. L’ONF (Office
sages, quelques voix s’élèvent pour proposer un point de
National des Forêts), par exemple, clôture des parcelles à la
vue contraire, ou au moins plus nuancé, en faveur des dyna-
demande des agriculteurs pour étendre les surfaces desti-
miques naturelles. Ainsi, certains insistent sur la « chance »
nées aux pâturages des troupeaux. La fermeture-ouverture
offerte à la société de retrouver un idéal de nature « naturel-
du paysage semble s’insérer dans une dynamique d’aména-
le ». Parmi les naturalistes les plus déterminés, F. Terrasson
gement jardiné du territoire et intervenir comme facteur à
dénonce la Peur de la nature. Il propose une alternative à
prendre en compte dans les projets de développement terri-
une image de la friche comme « quelque chose d’agres-
torial. Le maintien des paysages ouverts, qu’appelle l’idée de
sif, de volontairement hostile » et, finalement, il nous in-
fermeture du paysage trouvent largement leur place dans
vite à cesser d’opposer la nature et l’exploitation agricole.
les problématiques environnementales et des rapports so-
D’autres soulignent, avec l’abandon des terres et le déve-
ciaux à l’espace et à la nature. ✪
loppement des friches du milieu des années 1980, la possibilité de revenir à une « esthétique particulière » qui existait à l’époque des communaux. Ainsi, au milieu des années 1990, l’utilisation de la notion de fermeture des paysages est à son apogée, élément d’un débat sur l’idée d’une na-
D’après : “ La fermeture du paysage : au-delà du phénomène, petite chronique d’une construction sociale ”. Sophie Le Floch, Anne-Sophie Devanne ( CEMAGREF) et Jean-Pierre Deffontaines (INRA)
34
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
ALPAGE ET PAYSAGES
GENERALITéS L’alpage et ses pelouses d’altitude représentent, certainement, le paysage le plus emblématique de la montagne. Si pour le citadin qui rejoint la montagne pour son immense terrain jeu, l’alpage représente souvent un monde de vie sauvage et paisible, il ignore que ce paysage traditionnel est le fruit d’un labeur sans cesse recommencé par ceux qui l’ont façonné. L’alpage est à “ l’image d’un mariage de raison entre l’homme et la nature ”, on y retrouve l’omniprésence des gestes humains, le vécu des montagnards aux coutumes ancestrales.
L
a zone d’alpage se déroule de l’étage subalpin
matiques tels que le chardon bleu, l’ancolie des Alpes et
jusqu’aux prairies de haute montagne. En partant
de nombreuses espèces d’orchidées...
de l’habitat principal qui se situe dans la limite
Ces milieux sont aussi le lieu de refuge d’une faune abon-
des cultures, s’organise un axe de montée vers la haute
dante et diversifiée :
montagne.
• de nombreux oiseaux : lagopèdes, chocards...
On y trouve d’abord une zone de chalets de remue : des
• des mammifères : bouquetins, chamois, marmottes
prairies dérobées à la forêt qu’il faut entretenir et faucher.
• de nombreux insectes et papillons
On y monte à la fonte des neiges (le remuage). Ces chalets secondaires sont échelonnés en plusieurs stations, Des usages pastoraux en forêt permettent des espaces forestiers entretenus.
on y stocke le foin prélevé dans les prés de fauche environnants. Après une courte halte en zone de combat, les bêtes gagnent les alpages : on retrouve les génisses sur les pelouses grasses, les chèvres restent en zone de combat, tandis que les moutons préféreront les hautes pâtures rocailleuses.
Les pâturages boisés Ils sont le fruit d’une évolution des alpages. Il s’agit le plus souvent de pelouses ayant été colonisées partiellement par la forêt et au sein desquelles s’est poursuivie une exploitation pastorale plutôt extensive. Ils offrent une juxtaposition des milieux intéressante sur le plan écologique et paysager : prairies, forêts, lisières. On parle de pré-bois ou de pâturages boisés.
Les pelouses d’altitude
Bien que les fonctions agricoles et sylvicoles soient prédominantes, les paysages sylvo-pastoraux constituent une
Elles se situent à une altitude variant entre 1 600 et 2 400
ressource patrimoniale originale. (cf page 48)
mères d’altitude. On distingue schématiquement deux ty-
Ils sont le lieu de vie d’une flore et d’une faune riches. La
pes de pelouses :
juxtaposition des milieux différents (pelouse, forêt), la pré-
• Les anciennes prairies de fauche ou pelouses gras-
sence d’arbres et d’arbustes à baies constituent autant de
ses généralement proches des chalets. Les restitutions
refuges pour de nombreuse espèces animales :
animales souvent importantes contribuent à la présence
• grande faune : chamois, chevreuils, cerfs...
d’un tapis herbacé dense.
• oiseaux : tétras-lyres, gélinottes, chouettes, pics...
• Les prairies d’altitude situées sur des pentes fortes : la
• ainsi que plusieurs espèces de chauves-souris.
biomasse végétale (quantité d’herbe) y est plus faible. Ces milieux constituent la base de l’alimentation pour le bétail pendant la période estivale pour de nombreux éle-
Le reposoir
veurs de la vallée. Ils représentent également un vérita-
Le reposoir est un cas particulier de l’alpage. Là où les
ble attrait touristique car ils contribuent pleinement à la
troupeaux se reposent et fument abondamment le sol,
beauté des paysages et à la diversité de la faune et de la
croît un ensemble de plantes vivaces avides de l’azote
flore : on peut y observer de nombreuse espèces emblé-
contenu dans ces sols. Ces plantes développent un
36
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
Les domaines skiables feuillage luxuriant et se reproduisent abondamment. On y
La richesse de ses paysages, font de l’alpage, l’espace pri-
trouve toutes les plantes piquantes (orties, cirses laineux...),
vilégié des randonnées hivernales (raquettes et skis) et de
celles utilisées autrefois en cuisine comme le rumex ou
la pratique du hors-piste. Mais bon nombre d’alpages et
l’oseille des Alpes mais aussi les plus dangereuses comme
de pelouses d’altitude sont aussi le territoire des domai-
l’aconit napel capable d’empoisonner le bétail.
nes skiables. La plupart des stations d’été et d’hiver sont concernées. Les Alpes du Nord regroupent 129 stations de ski (1) soit un domaine skiable d’environ 92 000 ha, dont 17 100 ha de pistes. Comme dans les autres massifs français, les superficies enneigées artificiellement sont en forte progression et sont estimées, en 2005, à 2 600 ha, soit 58 % des surfaces françaises en neige de culture. Les domaines skiables concernent près d’un quart des unités pastorales. On recense des domaines skiables sur près d’un quart des 2 000 unités pastorales d’altitude des quatre départements (2). En Haute-Savoie, près du tiers des alpages sont concernés, 23 % en Savoie, 14 % en Isère et seulement 3
Rumex ou rhubarbe des moines, plante emblématique du reposoir. On utilisait autrefois ses larges feuilles à l’emballage du beurre pour la descente de l’alpage.
% dans la Drôme. Les surfaces revégétalisées représentent environ 5 % des surfaces pâturées. A l’échelle d’un alpage, ce taux peut toutefois être beaucoup plus élevé.
Les chalets d’alpage Les chalets d’alpage constituent des éléments caractéristiques et patrimoniaux de nos paysages et marquent la présence de l’homme en montagne. On les définit comme étant des constructions en alpage traditionnellement utilisées de façon saisonnière pour l’habitat et les besoins professionnels des éleveurs et des agriculteurs occupés à la fauche. L’architecture de ces bâtiments a subi les évolutions et les transformations de la société. Certains chalets d’alpage se retrouvent ainsi abandonnés, d’autres servent de résidences secondaires tandis qu’une partie de ces chalets d’alpage a heureusement conservé sa vocation originelle liée au pastoralisme.
✪
37
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
Les Chalets de Chardonnière à Morzine.
LE DOMAINE PASTORAL DE HAUTE -SAVOIE *
Effectif animal inalpé • 9 500 vaches laitières • 15 000 autres bovins • 24 000 ovins • 4 000 chèvres • 400 équins • 300 unités pastorales laitières dont 220 (73 %) avec fabrication à l’alpage
Superficie totale du département : 458 000 ha • Forêts : 173 000 ha • Alpages : 67 000 ha 900 unités pastorales soit 15 % de la surface totale soit 43 % de la surface agricole utile.
Les acteurs du pastoralisme • 1 300 éleveurs alpagistes • 120 communes possédent 50 % des surfaces d’alpage • 16 Associations Foncières Pastorales [AFP] et 1 Union Départementale • 25 groupements pastoraux regroupant 100 éleveurs • 2 Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole • 4 Réserves Naturelles comprenant des alpages • 5 Alpages domaniaux gérés par l’ONF
* enquête pastorale de 1996
Le patrimoine pastoral • 500 chalets d’habitation utilisés par les alpagistes • 500 chalets-étables utilisés • Un patrimoine bâti qui représente près de 4 000 bâtiments • 120 communes concernées par les alpages parmi lesquelles 32 communes/stations touristiques qui réunissent 75 % du domaine pastoral du département.
38
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
L’HOMME
ET l’EQUILIBRE DE LA MONTAGNE Les principales menaces qui pèsent sur ces milieux Les espaces pastoraux sont souvent considérés comme des lieux où les activités humaines, régies par des savoir-faire ancestraux, ont su maintenir un équilibre harmonieux entre l’homme et la nature. “ Une vision emblématique de ces espaces que celle d’animaux en semi-liberté pâturant une herbe abondante et diversifiée sous le regard attentif et bienveillant du berger ! ” Si cette image reste parfois conforme à une certaine réalité, l’équilibre semble parfois fragilisé par le développement de pratiques à risques sous l’effet d’évolutions fortes du contexte dans lequel s’exercent les activités pastorales (intensification en alpage, diminution de la main d’œuvre disponible, augmentation des coûts de production).
39
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
La déprise agricole Cette notion de « déprise agricole » est récente, l’apparition de l’expression daterait Un exemple de fermeture de pâturages. La colonisation d’une clairière ou de pâturages, que ce soit par l’épicéa ou l’aulne vert selon sa situation, va extrêmement vite s’il n’y a aucune intervention.
de la fin des années 70. Elle
L
de l’occupation de l’espace
traduit l’idée d’une diminution
a dégradation des paysages par suite du recul de l’activité agricole est considérée
par l’activité agricole sans
comme un enjeu majeur dans les Alpes. Chablais et Haut-Giffre illustrent bien le phé-
qu’il y ait remplacement par
nomène de fermeture de l’espace mais sont aussi représentatifs d’un paradoxe assez
une autre activité. Liée à la
répandu dans les Alpes du Nord françaises : les versants et les alpages sont encore ex-
modification du système de
ploités et pourtant ils se boisent progressivement. Les conditions de milieux jouent un rôle
production ou de l’utilisation
majeur sur la localisation des usages agricoles de l’espace, mais elles ne peuvent pas suf-
des terres, elle est souvent ac-
fire pour expliquer pourquoi l’embroussaillement gagne des prairies encore exploitées. Si la
compagnée de l’intensification
fauche permet de lutter efficacement contre l’avancée des ligneux, il n’en est pas de même
de l’exploitation de d’autres
dans les prairies pâturées non fauchées où la capacité de prélèvement par les troupeaux
espaces agricoles.
s’avère faible par rapport à la production d’herbe. Cette situation se répète d’année en année
La déprise concerne en partie
et c’est la cause la plus probable de la propagation des ligneux. Pour sécuriser leur système
des terres difficiles, aupara-
fourrager et pour simplifier le travail, les éleveurs constituent des unités de pâturage surdi-
vant exploitées pour l’élevage,
mensionnées par rapport aux besoins des animaux. Ils mettent en œuvre des pratiques de
lequel a également disparu
rattrapage, consistant en un entretien mécanique complémentaire au pâturage, pour conte-
et de nombreuses exploita-
nir la dynamique des ligneux. De telles pratiques, exigeantes en travail, ne sont pas mises en
tions céréalières. Elle est liée
œuvre sur toutes les pâtures.
d’autre part au faible taux de
Comme dans d’autres régions françaises, cette problématique de « fermeture des paysa-
reprise des exploitations par
ges » est construite sur trois postulats : la fermeture du paysage se traduit par une modifica-
les nouvelles générations des
tion de la perception visuelle d’une portion d’espace par la restriction du champ visuel. Cette
familles d’agriculteurs. Enfin,
modification de la perception est liée à la progression naturelle ou artificielle des ligneux sur
l’influence des marchés et
des espaces abandonnés par l’agriculture. Enfin, la « fermeture » remet en cause les repré-
des politiques (PAC, quotas,
sentations paysagères collectives des espaces concernés.
incitations à la jachère...),
Depuis les années 1970, la pression des activités humaines sur les écosystèmes subalpins et
la dégradation des condi-
alpins a considérablement augmenté du fait, notamment, de la mécanisation des pratiques
tions économiques et plus
pastorales et du développement des stations de ski. Cette pression se traduit localement par
généralement le contexte
une dégradation des prairies pâturées (perte de biodiversité, installation d’espèces invasives,
d’extensification, conduisent à
érosion des sols...).
la déprise.
En alpage, la concentration des animaux dans les parcs de nuit ou les parcs de traite en
La surface de terre agricole
réponse à des contraintes d’élevage nouvelles (troupeaux de grande taille, main d’œuvre
par travailleur n’a cessé d’aug-
réduite, mécanisation, retour des grands prédateurs) entraîne localement le remplacement
menter avec la mécanisation,
des prairies subalpines par une végétation nitrophile et pauvre en espèces. Des études sont
tout comme les rendements.
menées pour expérimenter les interactions entre sol et végétation dans ces pelouses d’alti-
Les structures se sont
tude dégradées. ✪
agrandies.
40
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
Les principales menaces qui pèsent sur ces milieux Les pelouses d’altitude • Des pratiques pastorales inadaptées : un sous-pâturage ou un surpâture
Deux adventices problématiques des alpages
• Une fertilisation trop importante conduisant à une banalisation de la flore • L’embroussaillement par la végétation arbustive • L’embroussaillement par les plantes indésirables (rumex, cirstes)
Les pâturages boisés • Une fermeture de ces milieux par la végétation arbustive et arborée (aulne vert, épicéa) conduisant progressivement à la fermeture des clairières. • L’absence de passage entre clairières pour le bétail entraînant progressivement l’aban-
Vératre
don des pratiques pastorales
(Veratrum album)
• Un pâturage non adapté en zone forestière : surpâturage par les bovins ou introduction
Plant vivace à rhizome, il préfère
de chèvres, par exemple, pouvant mettre en péril le renouvellement de la forêt par abrou-
les pâturages sous-exploités aux
tissement des semis (consommation des jeunes pousses).
sols frais, profonds et faibles en
• Une exploitation forestière non respectueuse des pelouses : dépôt de branches sur les
éléments minéraux. Très présent
zones pâturées.
de 1000 à 2200 mètres d’altitude
L’l’impact des travaux d’aménagement
dans les Alpes du Nord, le vératre se multiplie lentement mais
Actuellement, les surfaces végétalisées s’accroissent et des aménagements
concurrence redoutablement les
sont réalisés à des altitudes de plus en plus élevées en station. Simultané-
espèces fourragères. Sa consom-
ment, les activités pastorales se développent sur les pistes végétalisées, ainsi
mation à l’état vert par le jeune
que la concertation entre éleveurs et gestionnaires des stations.
bétail peut provoquer des troubles
• Les différentes opérations de minages et de terrassements, destinées à
digestifs.
remodeler la topographie pour faciliter et sécuriser la pratique du ski conduisent, dans la majorité des cas, à une mise à nu de la roche mère et à un déficit important de matière organique. • Ces aménagements détruisent l’écosystème. • L’enneigement prolongé, grâce à la neige de culture damée, a pour effet de diminuer la période végétative en retardant d’environ trois semaines le démarrage de la végétation sur l’emplacement des pistes.
Rumex
• En raison de la baisse significative de l’enneigement en moyenne montagne, les prélèvements
(Rumex obtusifolius)
d’eau pour l’enneigement artificiel des pistes de ski augmentent. Les aménagements liés au
Le rumex préfère les prairies bien
tourisme peuvent également modifier le fonctionnement hydrologique du bassin versant, entraî-
pourvues en éléments fertilisants
nant des impacts directs ou indirects sur les milieux humides de montagne.
et peu denses. Du fait de sa forte
La surfréquentation
compétitivité, de son immense production de graines à faculté
Certaines pelouses alpines subissent de fortes dégradations du fait d’une fréquentation
germinative durable et de sa forte
touristique anarchique. Le non-respect des sentiers, par exemple, accentue l’érosion tan-
capacité de repousse, le rumex
dis qu’une surfréquentation, notamment à certaines périodes de l’année, occasionne des
exige une stratégie de lutte
gênes pour la faune.
permanente.
1999 Passage de la pelouse au stade forêt Passage du pré-bois au stade forêt Passage de la pelouse au stade “ voraches ”
1970 Un exemple de fermeture de l’espace pastoral [Les Boudimes / Cornettes de Bise / Vallée d’Abondance]
L’abandon de la montagne Si les plaines et les vallées alpines de basse altitude connaissent une forte croissance, les villages d’altitude continuent à se dépeupler, exception faite de hauts lieux touristiques. Selon B. Fischesser, « l’arc alpin pourrait à terme offrir le contraste caricatural des
régions suburbaines, au pied de régions dépeuplées ou le naturel reprendrait ses droits. Les Alpes sont loin d’être vides, mais elles sont inégalement occupées » L’abandon de la montagne provoque de nombreux traumatismes visibles par tout un chacun : • Les chemins qui se dégradent ou même disparaissent • Les murets de pierre qui servaient à retenir les terres, s’éboulent et créent des processus de ravinement • Les ruines qui prolifèrent • Des sources qui se tarissent et des réseaux d’irrigation abandonnés • Des paysages qui se ferment, des sites qui deviennent inaccessible • Des prairies plus pâturées qui deviennent des toboggans naturels pour les avalanches.. Ces mêmes avalanches qui, par leur répétition, finissent par dégrader le tapis végétal et l’ouvrir à l’érosion. ✪
« La nature, certes, reprend ses droits, mais elle a trop longtemps collaboré avec l’homme, pour ne pas en accuser le contrecoup de son départ »
42
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
LA MAITRISE de la végétation d’alpage Vers la reconquête des espaces pastoraux La limitation de l’embroussaillement et de la fermeture du paysage répond à des enjeux qui dépassent le cadre agricole. Au-delà de la gestion des ressources fourragères, elle répond à de nouvelles demandes : touristiques, environnementales, paysagères… Des pratiques pastorales inadaptées reconduites plusieurs années de suite, conduisent au développement d’espèces de faible intérêt pastoral. Pour lutter contre le développement de ces espèces qui peuvent devenir très envahissantes, des interventions ponctuelles mécaniques ou chimiques sont parfois utilisées mais elles sont surtout suivies d’un pâturage régulier et d’une évolution des pratiques pastorales qui peuvent être à l’origine de la dégradation des surfaces.
43
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
P
our lutter contre la fermeture des milieux pastoraux, de nombreuses méthodes sont traditionnellement utilisées. Des méthodes qui sont, à l’heure actuelle, remises en cause quant à leur efficacité et leur
Point de vue Dans le n°48 de L’Alpe, Claude Janin, professeur associé à l’institut de Géographie alpine à Grenoble, nous propose une vision “esthétique” et environnementale de l’évolution de nos paysages alpins.
coût. Dans des régions réputées pour leur herbe grasse et leur alpages laitiers productifs, quelques notions relatives aux broussailles et au rôle cen-
Extrait de “Vache et paysage, de pis en pis?”
tral du berger et de l’éleveur avaient été oubliées. Grâce à de nombreuses
« La disparition progressive de l’élevage bovin dans les
expérimentations, notamment autour des troupeaux d’intérêt collectif, la
Alpes risque bien de conduire à une «reforestation» des
reconquête des espaces pastoraux semble bien amorcée.
paysages et au développement des friches par l’abandon des prairies d’altitude. Mais au fond, ces panoramas de
Maintenir la fertilité des milieux
carte postale sont-ils bien nécessaire à la biodiversité
Les sols des parcours et alpages sont souvent affectés par des processus
montagnarde?
de décarbonatisation et d’appauvrissement minéral qui entraînent une dis-
(...) La vache est donc l’une des causes de l’évolution des
parition progressive des espèces des milieux fertiles au profit d’espèces
paysages alpins, dont l’un des premiers signes est ce qu’on
acidophiles caractéristiques des milieux pauvres. Avec le pâturage, en pré-
appelle la fermeture du paysage, comme si une extension
levant les plantes, les animaux exportent également des éléments miné-
des boisements traduisait sa dégradation. On attribue en
raux, ce qui accélère la diminution de fertilité du sol.
général cette dynamique à la disparition du nombre d’ex-
Pour compenser une telle diminution de fertilité, des apports de fumure
ploitations agricoles. En oubliant qu’elle a été compensée,
sont nécessaires. Même si la gestion de la fertilisation rencontre souvent
au moins en partie, par l’agrandissement d’autres exploi-
des limites liées au relief et à la morphologie des pâturages, ainsi qu’à la
tations. Les raisons de la déprise agricole sont souvent
nature des sols (difficultés d’épandage ou de parcage sur les surfaces
plus subtiles. La fin de la polyculture et la spécialisation
pentues ou excentrées, faible réaction des sols maigres à la fertilisation),
en élevage de nombre d’espaces alpins a entraîné une
cette fumure doit le plus possible être basée sur une valorisation des dé-
modification des usages. Avec l’abandon de la polyculture,
jections animales.
les parcelles proches des exploitations de fond de vallée,
Adapter le chargement animal à l’offre fourragère
accueillent souvent aujourd’hui les pâturages d’entre-sai-
Si les animaux, par leurs déjections, modifient la végétation en influençant
sons qui s’étageaient auparavant sur les versants. Devenus
le niveau de fertilité du sol, leur action sur la végétation se manifeste aussi
inutiles, ils sont désormais colonisés par la forêt.
à travers :
Le regard souvent négatif porté sur cet emboisement peut
• le piétinement qui provoque des dégâts sur les végétaux et tasse le sol
être pourtant perçu de façon positive comme un retour à un
• la pâture qui, en supprimant une partie des végétaux, exporte des élé-
espace naturel, plus sauvage et favorable à la biodiversité,
ments nutritifs et induit des réactions au niveau des plantes.
mais aussi comme une nouvelle ressource durable, écono-
ou des replats, ont été transformées en prairies. Celles-ci
Ainsi le niveau de chargement animal (nombre d’animaux et temps de pré-
mique et énergétique, apportée à la filière bois. Le paysage
sence sur une surface) détermine de manière importante la végétation en
est un objet de débats où transparaissent souvent aussi
place et sa productivité. Un chargement animal trop élevé, à cause d’effets
des enjeux de société.
de piétinement et de surconsommation des plantes (surpâturage), favorise
Bien souvent aussi, les dynamiques d’urbanisation ont des
les plantes à rosettes au détriment des graminées productives et met par-
conséquences indirectes. Le développement d’espaces
fois le sol à nu, ce qui se traduit par une forte dégradation des potentialités
résidentiels sur les replats et les pentes inférieures des
pastorales du milieu et une plus forte sensibilité à l’érosion. A l’inverse, des
vallées peut priver les élevages de surfaces mécanisables,
niveaux de chargements trop faibles favorisent le développement d’espè-
mettant ainsi en péril leur équilibre fourrager. Dans ce
ces peu ou pas consommées par les animaux, ceux-ci se contentant de
cas, c’est l’ensemble de l’exploitation qui peut disparaître,
prélever les plantes les plus appétentes en raison de l’offre élevée. Une
entraînant ainsi l’abandon des prairies qu’elle valorisait par
telle situation permet alors le développement d’espèces végétales de fai-
le pâturage, et par conséquent la fermeture paysagère. (...)
44
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
ble intérêt pastoral telles que le nard. Si de tels sous-chargements persistent d’année en année, on constate alors l’installation d’espèces ligneuses qui traduit généralement, du moins jusqu’à une certaine altitude (environ 2000 mètres), la colonisation progressive de ces espaces par la forêt. Pour définir le chargement animal adapté aux potentialités fourragères de la végétation, des outils ont été créés et sont utilisés pour la réalisation de diagnostics pastoraux plus ou moins approfondis selon les besoins de gestion.
Restaurer les surfaces en voie de dégradation Des pratiques pastorales incorrectes (chargement, fertilisation), reconduites d’année en année, conduisent au développement d’espèces de faible intérêt pastoral. Pour lutter contre le développement de ces espèces, qui peuvent devenir très envahissantes, il est alors nécessaire de mettre en oeuvre des interventions ponctuelles de type mécanique ou chimique. Naturellement ces interventions, souvent coûteuses et exigeantes en temps de travail, n’ont véritablement de sens qu’à condition de pouvoir corriger les pratiques pastorales à l’origine de la dégradation des surfaces.
Les interventions chimiques Compte tenu du coût élevé des traitements, des contraintes techniques (météo, épandage, pâturage…) et des risques pour l’environnement, ces interventions sont réservées à des surfaces réduites. Les moyens chimiques permettent de lutter contre des espèces herbacées (rumex, vératre). Contre les espèces ligneuses (aulne vert), la lutte chimique seule ne suffit Broyats de végétaux suite à un débroussaillement mécanique
pas, il faut toujours la coupler à des interventions mécaniques pour obtenir un résultat satisfaisant et pérenne.
Les interventions mécaniques Elles se justifient souvent par des raisons pastorales (reconquête de surfaces pâturables) mais elles ont souvent aussi d’autres vocations (paysagère, écologique, cynégétique, patrimoniale). Sur des espèces pas ou peu ligneuses, cela va de l’arrachage à la main (verâtre, chardon, ronces) à la fauche dans les premiers stades de développement des plantes (vératre, chardon, callune, myrtille, genêts). Contre les espèces à croissance rapide (églantiers, ronces), des coupes répétées voire l’arrachage mécanique sont souvent nécessaires pour être efficaces. Dans le cas d’herbacées, le broyage de la végétation consiste à couper au niveau du sol une végétation composé d’herbes, espèces semi ligneuse et de rejets ou de jeunes pousses de ligneux avec une motofaucheuse, une débroussailleuse à dos ou un gyrobroyeur. Les espèces particulièrement ligneuses (genévrier, aulne vert…) requièrent des interventions mécaniques plus lourdes (broyeur, débroussailleuse).
La coupe systématique consiste à la coupe de tous les ligneux présents
Une aptitude oubliée des troupeaux à brouter des broussailles
sur une parcelle (à la tronçonneuse ou matériel spécialisé) puis l’élimina-
• Les animaux qui consomment des broussailles
tion des produits de coupe. Du fait de son coût élevé, cette méthode n’est
ne le font pas car « ils ont trop faim… ! »
valable que pour la remise en état de parcelles fortement embroussaillées
• Les broussailles ne sont ni un «aliment de
(plus de 15%) soumises à d’importants enjeux . On distingue trois phases :
disette» ni un «aliment du pauvre».
une coupe systématique de tous les ligneux, une traitement chimique par
• Il ne s’agit pas de forcer les troupeaux à les
aspersion pour limiter la repousse et une intervention chimique ou méca-
brouter puisqu’ils le font naturellement et
nique un an après le débroussaillement pour éliminer les repousses. On
souvent avec plaisir.
utilise notamment cette technique pour éliminer l’arcosse (aulne vert) qui
• En élevage, il faut donc tendre à tirer un bon
conquiert rapidement les espaces sous-utilisés.
profit alimentaire du mélange herbes et brous-
La coupe sélective des ligneux élimine seulement certains ligneux de fa-
sailles.
çon à permettre aux animaux de mieux circuler dans la parcelle et d’augmenter ainsi leur impact sur les ligneux : c’est l’usage de la force de tonte
• Plusieurs sortes de broussailles ont une valeur comparable à une bonne herbe de prairie !
animale. Outre l’intérêt pour limiter l’embroussaillement, cette technique a un intérêt pastoral en permettant aux animaux de valoriser les ligneux dans une ration équilibrée.
PROPORTION DE BROUSSAILLES OBSERVée Dans le régime sur pâturages embroussaillée (% de matière sèche intégrée)
Mieux raisonner les actions sur les ligneux
70 - 100 %
Chèvre laitière en taillis de chêne durant l’été et l’automne.
20 - 60 %
Brebis à viande sur lande à genêts au printemps et en été.
10 - 30 %
Génisse future laitière en alpage durant l’estive.
5 - 20 %
Jument suitée sur landes et pré-bois en été et automne.
Certains ligneux peuvent entrer dans la ration alimentaire, constituer des abris pour les animaux voire présenter un intérêt écologique certain pour la faune et la flore. Plutôt que d’envisager leur élimination systématique, exigeante en temps et en coût d’intervention, il est aujourd’hui préférable de chercher à définir une densité minimale acceptable. Il faut pour cela constituer un plan de pâturage intégrant une cartographie des zones de reconquête et d’amélioration pastorale ou de non pâturage et tenant compte des intérêts écologiques pour la faune et la flore. Des expérimentations récentes ont montré l’intérêt de combiner des coupes manuelles avec l’action naturelle de l’animal (sa force de tonte). Il s’agit alors de choisir des espèces animales susceptibles de consommer des ligneux en assez forte quantité, ce qui est essentiellement le cas des ovins et surtout des caprins. Les animaux mangent les bourgeons, branchages et feuilles, piétinent les jeunes pousses, affaiblissent les ligneux par action d’écorçage, déposent de la fumure sur le sol ce qui a pour effet de favoriser les plantes herbacées. Une expérimentation menée par la SEA de Haute-Savoie a montré que l’efficacité de la force de tonte animale est d’une vingtaine d’hectares par an sur 120 jours d’alpage avec un troupeau de 1000 brebis et de 15 chèvres (troupeau non laitier). La nuit, le troupeau était parqué sur des zones de reconquête, avec déplacements fréquents des parcs, tous les deux jours environ. Le coût d’une telle opération, comprenant une dizaine de journées de débroussaillement manuel, est revenu environ à 1000 euros l’hectare.
46
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
La force de tonte animale Les débroussaillages mécaniques et chimiques consti-
ingestions très rapides par « grosses bouchées », alors
tuent des méthodes d’appoint qui apparaissent de plus
que l’ingestion devient plus lente sur des parcours où
en plus comme complémentaires d’un pâturage raisonné.
on rencontre principalement de petites feuilles et des
La vache, mais plus encore la chèvre, la brebis et le che-
épines, du fait d’une préhension plus difficile. Au cours
val ont une place centrale dans les opérations de réou-
d’un repas, l’alternance de phases longues en secteurs
verture et de restauration de pâturages où la dynamique
de prélèvement rapide avec des phases courtes en espa-
des ligneux est importante. Les travaux de l’INRA (Ins-
ces intermédiaires de circulation et de diversification du
titut National de la Recherche
repas permet la valorisation d’un espace hétérogène par
Agronomique) ont montré que
l’élevage. L’aptitude des animaux à trier varie selon l’es-
les pâturages sur parcours em-
pèce et leur degré d’adaptation à des milieux pastoraux
broussaillés peuvent être bien
hétérogènes et s’acquiert par l’apprentissage, en présen-
valorisés par les ruminants, no-
ce de congénères plus âgées par exemple.
tamment chez les petits rumi-
Différentes étapes de remise en état et conduite de pâtu-
nants. En effet, la diversité des
rages embroussaillés sont nécessaires, de la conception
structures végétales rencon-
de l’itinéraire technique à la conduite du pâturages et aux
trées permet le prélèvement de
pratiques d’entretien. Ce contrôle de la végétation herba-
masses importantes, chaque prise alimentaire, influant
cée et arbustive par des animaux spécialisés est efficace
sur le flux ingéré et la rumination. La diversité stimulant
et adapté à la remise en état des grands espaces pasto-
l’appétit, les broussailles sont alors en interaction positive
raux comme l’on montré les expérimentations menés sur
avec les herbacées car elles permettent à l’animal de di-
l’alpage de Cuidex – les Bôs à Morzine. Cette méthode
versifier son régime alimentaire tout en satisfaisant ses
peu coûteuse à permis une amélioration rapide de la qua-
besoins alimentaires, certaines broussailles ayant une
lité fourragère des pelouses. Ainsi la combinaison de cou-
valeur comparée à une bonne herbe de prairie. Ainsi un
pes manuelles sélectives avec l’usage de la force de tonte
parcours composé de landes et de sous-bois permet des
animale permet une action efficace sur les ligneux. ✪
L’alpage de Cuidex (Morzine)
Taux de perte de surface pastorale estimée pour l’ensemble : 40%.
1966 Limites de l’alpage en 1966
Limites de l’alpage en 1966 Envahissement majoritaire par l’aulne vert Envahissement majoritaire par la lande Zones reconquises en juin 2004 (début des opérations «force de tonte animale»)
2004
47
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
ZOOM
La montagne abandonnée
Les troupeaux d’intérêt collectif
La force de tonte animale pour une reconquête pasto-environnementale
L
a Société d’Economie Alpestre de Haute-Savoie a expérimenté, dès 2004, une mé-
1
thode de reconquête pasto-environnementale avec comme utilisation principale la
“force de tonte ” de troupeaux ovins / caprins gardés en permanence. L’action du berger
et du troupeaux, complétée éventuellement par un travail de débroussaillement manuel permet de récupérer des zones embroussaillées,, de limiter l’extension des ligneux et d’assurer par la fertilisation liées aux déjections une amélioration rapide des qualités fourragères. Cette méthode est basée sur la concertation et le dialogue entre tous les acteurs et utilisateurs de l’espace pastorale.
2
[1] La journée, le troupeau évolue de manière extensive mais groupée sur une zone dite d’amélioration (ZAP) sous la conduite du berger. Le troupeau agit favorablement par une action de prélèvement de la strate herbacée, la consommation partielle des ligneux, le piétinement et la fertilisation régulière du sol. [2] Le soir, ou durant la chôme, le troupeau est rentré en parc électrifié, sur une surface de 1500 à 3000 m² avec chiens de protection. Sur ces surfaces (ZRP), il agit par consommation des feuilles, branchages, écorces jusqu’à 1,20 m (1,50 m pour les chèvres). Dents et pieds affaiblissent les ligneux et les déjections concentrées favorisent la sélection et le développement d’herbacées de bonne valeur fourragère. Les parcs sont déplacés tous les deux jours pour éviter tout risque de surpâturage et d’érosion. Cette opération répétée durant 100 jours en moyenne, permet de reconquérir de 12 à 15 hectares.
3
[3] Exemple d’un plan de pâturage
Dimension environnementale • Méthode de débroussaillage moins impactante pour les milieux que
Résultats après 4 ans d’expérimentation sur un secteur en voie d’abandon (Les Follys –Morzine). (Source: SEA 74)
les méthodes mécaniques et chimiques. • Amélioration des habitats d’espèces floristiques et faunistiques emblématiques comme le tétras-lyre. • Prévention contre les risques naturels (avalanches, incendies…) • Amélioration de la qualité paysagère
Dimension économique • Nouvelles relations économiques entre les acteurs des espaces d’altitude (ex. rémunération des travaux d’entretien des pistes de ski…) • Favorise l’installation d’éleveurs • Formalise le principe de rémunération supplémentaire du pastoralisme comme gestionnaire d’espaces fragiles • Valorise économiquement des ressources fourragères abandonnées
Dimension sociale • Instaure de nouvelles habitudes de dialogue entre les acteurs • Valorise le rôle des bergers et des éleveurs • Redynamisation des traditions pastorales dans les secteurs abandonnés • Renforce et modernise l’image pastorale des territoires
2004 2008
ZOOM 48
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
Le pâturage boisé UNE TRADITION OUBLIÉE
Typologie simplifiée des espaces sylvopastoraux
D
epuis le Moyen-âge, les paysages montagnards des Alpes du nord,, en-des-
Type 1 – Pâturages peu boisés Recouvrement : 0–25% Vocation pastorale à conserver
sous de 1800 mètres environ, sont marqués par une dualité entre espaces
agropastoraux ouverts et milieux forestiers fermés. Mais entre ces deux espaces persistent des zones intermédiaires, hybrides, généralement appelés pré-bois ou pâturages boisés. Ces milieux particuliers permettent de mener conjointement deux activités traditionnelles des espaces d’altitude : le pastoralisme er la sylviculture. Des pratiques bien différentes qui gagnent, ici, à être conduites simultanément car le présence de l’une bénéficie à l’autre. Pour l’élevage, le pré-bois offre au bétail une herbe
Type 2 – Pâturages boisés Recouvrement : 25–50% Vocation pastorale à rétablir
plus fraîche et donc intéressante en période sèche mais aussi des zones de protection et de repos. Pour la production forestière, la présence d’animaux offre une sélection et un entretien des tiges, la “dent du bétail” effectue une sélection et un élagage partiel des arbres et limite la concurrence avec les herbacées. L’une des caractéristiques des espaces sylvopastoraux des Alpes du Nord tient dans la place prépondérante occupée par l’épicéa. Cette essence particulièrement dynamique colonise les zones pastorales par régénération naturelle et aboutit rapidement à des peuplements importants étouffant la strate herbacée. Outre la complémentarité avec des surfaces pastorales ouvertes voisines, la ré-
Type 3 – Bois pâturés Recouvrement : 50–75% Vocation pastorale et forestière partagée
habilitation de ce mode de gestion ancestral offre de nombreux intérêts : • de meilleurs potentiels fourragers • une production du bois-énergie en complément de revenus liés au pâturage • davantage de diversité biologique avec des effets de lisières et d’espaces de transition • la protection des sols et des troupeaux contre les risques naturels (chutes de pierres, avalanches, vent...) • elle façonne des paysages attractifs l’été comme l’hiver
Type 4 – Forêts Recouvrement : 75–100 % Vocation forestière à améliorer
49
ASPECTS SPECIFIQUES THème particulier
La montagne abandonnée
Combiner les méthodes « Selon l’embroussaillement, mais aussi selon le niveau de priorité paysagère, les besoins et les moyens financiers disponibles, les techniques à mettre en oeuvre sont différentes : un chantier de débroussaillement est parfois nécessaire pour remettre en état la parcelle alors que dans d’autres cas on préférera une adaptation de la conduite du pâturage pour stopper ou limiter la dynamique des ligneux » (Cahiers techniques du réseau ARCOSSE). Remettre en état une parcelle embroussaillée nécessite d’envisager un itinéraire technique de plusieurs années, les coûts d’entretien et de réalisation sont importants ; agir entre partenaires pour une gestion multi-usage des espaces pastoraux et combiner les interventions, (coupes manuelles et force de tonte animale notamment) permettent d’optimiser les coûts et l’efficacité. Débroussaillement et désherbage restent toutefois des solutions extrêmes pour remettre en état des quartiers d’alpages. L’objectif reste de préserver au maximum un état de végétation par des pratiques respectueuses de l’environnement et cohérentes avec les objectifs d’exploitation. ✪
L’accompagnateur ACTEUR DES ESPACES PASTORAUX
Comment partager ces émotions que provoquent ces paysages de montagne s’il fallait crapahuter en altitude pour espérer deviner une vallée, un sommet au loin entre des immensités boisées. Pourtant ce reboisement pourrait satisfaire mon sens écologique et, effectivement m’apparaître comme un juste retour de la nature vers un espace plus sauvage, favorisant la biodiversité. Mais, comme nous l’avons vu, la montagne n’est pas seulement affaire d’esthétisme, de sensibilité ou de contemplation, c’est aussi une richesse patrimoniale, des savoirs-faires ancestraux et surtout un lieu de vie que se partage l’homme et la nature et où chacun doit y trouver ses ressources. La sauvegarde ou la reconquête des espaces pastoraux, outre son côté emblèmatique des paysages de montagne, soulève des enjeux qui vont bien au-delà des problèmes écologiques. L’économie locale et le développement touristique y sont directement liés et tous les acteurs ont un rôle a jouer. Les espaces pastoraux sont aujourd’hui le cadre de nombreuses activités. La préservation de ces milieux est aussi dépendante de l’intérêt porté par les professionnels du tourisme et de la montagne, de la façon dont ils relayent les messages pédagogiques auprès de leur clientèle, des comportements qu’ils adoptent et font adopter sur le terrain. Si l’exercice en un même lieu d’une activité professionnelle de production et d’activités de loisirs peut parfois poser des problèmes (clôtures ouvertes, détérioration des points d’eau, endommagement de la ressource pastorale, affolement du troupeau par des chiens…), c’est aussi l’opportunité de valoriser une image pastorale portée par des savoirs-faires issus de traditions retrouvées et de sciences modernes éprouvées. Acteur de ces espaces, l’accompagnateur a nombre de choses à dévoiler à ses clients, sur l’alpage, sur les alpagistes, sur ce métier de berger qu’il faut réhabiliter, sur une agriculture raisonnée qui valorise un terroir et ses produits, sur le goût que les enfants doivent retrouver... ✪
50
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
LE STAGE
EN SITUATION Compte-rendu des randonnées PRESENTATION DU STAGE LES RANDONNEES BILAN DU STAGE
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52
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
PRESENTATION DU STAGE EN SITUATION A
fin de mettre le mieux à profit cette période de stage, j’ai décidé de m’y consacrer à temps plein sur toute la période estivale. J’ai du donc m’organiser dès le début de l’hiver, afin d’être totalement disponible et me
mettre dans la situation réelle d’un AMM. J’ai souhaité que cette période me permette de balayer le plus d’aspects possibles de la profession : les réalités de terrain, les produits, les différents publics, l’aspect économique, ... Mon stage s’est organisé autour de deux nouvelles “structures” et de mon maître de stage Jean-Michel Peccoux. • Le bureau des Guides de Sixt-Fer-à-Cheval J’avais eu connaissance au début de l’hiver de la création de ce nouveau bureau. Il me semblait intéressant d’être présente au début de la constitution d’un syndicat local à qui, de plus, je pouvais éventuellement donner un coup de pouce en mettant mes compétences en communication à leur service. Si le bureau n’a pas été en mesure de me proposer des randonnées, il m’a toutefois permis de rencontrer mon maître de stage, accompagnateur en renfort sur le bureau de Sixt. • Jean-Michel Peccoux. Après un certain nombre d’années en Bureau des Guides, Jean-Michel travaille désormais de manière indépendante. Il a une clientèle fidèle de saison en saison : centres et colonies de vacances principalement. C’est avec lui ou pour lui, que j’ai réalisé bon nombre de mes randonnées. Il m’a ouvert son carnet d’adresses et m’a permis de découvrir d’autres facettes du métier, notamment avec Stéphane Ferrand et ses ânes, ou Fred Jouy et sa passion pour les plantes culinaires. • Le bureau d’activités montagne Evolution 2 Avoriaz Là encore, il s’agit d’une création puisque cette école de ski a ouvert son bureau d’activités cet été 2010. Une expérience intéressante puisqu’il n’y avait pas d’accompagnateur au sein du bureau. J’ai donc pu évoluer de façon totalement autonome. Si les sorties n’ont pas été nombreuses, c’était l’opportunité de concevoir des itinéraires, de faire les pots d’accueil, de gérer la communication, les permanences... ✪
Afin de lancer l’activité du bureau d’Avoriaz, j’ai conçu différents outils de communication : • Site internet : avec programme hebdomadaire et inscription en ligne • Flyers génériques • Flyers / programmes hebdomadaire • Affiches • Interventions radio
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
LES RANDONNéES
53
Les randonnées
I LES LAGOTS / GOLESE HAUT-GIFFRE I LES CHALETS DE SALES CHABLAIS I VALLEE DE LA MANCHE CHABLAIS I RANDONNéE FORESTIERE CHABLAIS I ANTERNE / LES Fonts CHABLAIS I COL DE BISE/ CHALETS D’OCHE HAUT-GIFFRE I CORNETTES DE BISE HAUT-GIFFRE I TÊTE DE BOSTAN HAUT-GIFFRE I LAC DE GERS CHABLAIS I CASCADE DES BROCHAUX CHABLAIS I COL RATI CHABLAIS I PLANTES CULINAIRES HAUT-GIFFRE I TOUR DES FIZ MonT-BLANC I TRIENT-CHAMPEX MonT-BLANC I CHAMPEX-FERRET MonT-BLANC I FERRET-COURMAYEUR MonT-BLANC I COURMAYEUR-LES MOTTETS MonT-BLANC I LES MOTTETS-CONTAMINES CHABLAIS
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SYMBOLES MéTéO
Soleil
Variable
NUAGEUX
Pluie faible
AVERSES
ORAGE
54
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
01
Les randonnées
Les LAGOTS / LA GOLESE I Jour 1 En boucle au départ des Allamands / Samoëns
CHABLAIS SAMOENS
ALTITUDE depart
1 096 m.
ALTITUDE MAXI
1 775 m.
DENIVELéS
+ 680 m.
L’ITINERAIRE JOUR 1 Au parking, un large chemin monte directement dans la forêt de Bostan. Vers l’altitude 1500 m., le chemin abandonne la forêt pour sortir sous les dents d’Oddaz. Après quelques virages, on atteint les chalets de Bostan. La montée continue dans la combe puis rejoint le sentier venant du col de la Golèse (panneau) qu’il faut laisser pour rejoindre le refuge de Torney -Bostan, tout proche.
DATE
22 juin 2010
METEO
HORAIRES Départ I 13h00 Nuit au refuge Horaires effectifs de la randonnée
13h30 I 17h30
La randonnée La randonnée a été organisée par Jean-Michel et Jean-Marc, le directeur du centre, afin que le nécessaire à la préparation du repas du soir soit acheminé au refuge. Le chemin d’accès est, en effet, en travaux et le refuge se retrouve
LES PARTICIPANTS
difficilement accessible en 4x4. Nous nous retrouvons donc à Morillon en tout début d’après-midi. Petit brief
I Client : DMJ Morillon
de Jean-Michel, vérification des équipements et départ des navettes vers les
Classe de découverte
Allamands. L’objectif de la randonnée est bien sûr la découverte du milieu montagnard, mais c’est surtout l’occasion de passer une première nuit en re-
I 21 personnes
fuge. Leur professeur de sport m’explique que cette semaine hors du collège
19 adolescents 14/15 ans
est très attendue par les élèves, c’est “Le” rendez-vous des 5ème. Nous avons
2 professeurs / accompagnants
donc un public tout acquis à notre cause et des professeurs qui visiblement se “sont battus” pour venir.
I Conseiller de stage présent
Les travaux sur le chemin ont transformés notre itinéraire en un énorme chan-
Jean-Michel Peccoux
tier de blocs, de boue et pierres concassées qui complique notre randonnée nous obligeant à faire pas mal de hors sentier. Il y a dans le groupe un jeune
I Originaires du nord de la France,
hémiplégique que ce terrain chahuté n’aide pas beaucoup. Après lui avoir pro-
(Lens), cette semaine est proposée
posé mes bâtons, qu’il refuse, son prof m’explique qu’il met un point d’honneur
chaque année par ce collège privé aux
à faire exactement les mêmes activités que les autres et refuse systémati-
classes de 5ème.
quement l’aide qu’on peut lui apporter. Si son pied se coince en permanence
I Première randonnée pour la plupart.
entre deux pierres, cela ne semble pas l’affecter outre mesure. Nous ne som-
I Le programme de la semaine : une
mes, de toute façon, pas pressés par le temps.
activité de pleine nature par jour :
A la demande de Jean-Michel, je profite de la bergerie et d’une pause au bas-
raft, escalade, randonnée,
sin d’eau pour leur parler des alpages et de la vie “ d’en-haut ”. C’est un groupe
accrobranche et VTT
réceptif et sympa. Arrivés au refuge, Manu, le gardien, nous accueille et leur explique le fonction-
Interventions et sujets abordés
nement et la vie d’un refuge. S’en suivra le chahut mérité des nuits en dortoir et les échanges habituels entre chambre des filles et celle des garçons.
• ALPAGE ET VIE EN MONTAGNE • LA MARMOTTE • LE REFUGE DE MONTAGNE
Analyse personnelle C’est l’une de mes premières randonnées et je ne suis pas encore très à
remarques eventuelles
l’aise dans mes interventions. J’ai aussi beaucoup de mal avec le “ madame,
vous ” auquel je ne suis pas habituée et que je ressens plus comme une
Randonnée effectuée à plusieurs
distanciation que comme une preuve de respect. Jean-Michel m’expliquera
reprises pendant l’été à la journée ou
son importance avec un public jeune, l’occasion aussi d’échanger sur la pé-
sur deux jours.
dagogie. La soirée est aussi l’occasion de dialoguer avec les professeurs. Je suis toujours curieuse de connaître comment ils ont monter leur projet
En images : le groupe refait le plein d’eau au bassin des Chalets de Bostan.
de séjour, le retour qu’en font les enfants et les parents.
56
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
02
Les randonnées
Les LAGOTS / LA GOLESE I Jour 2 En boucle au départ des Allamands / Samoëns
GIFFRE SAMOENS
ALTITUDE depart
1 096 m.
ALTITUDE MAXI
1 775 m.
DENIVELéS
+ 680 m.
L’ITINERAIRE JOUR 1 Du refuge, on reprend le sentier en direction du col de la Golèse, qui mène entre lapiaz et massifs de rhododendrons au refuge du même nom. La suite de l’itinéraire consiste à suivre la large piste qui rejoint la route goudronnée qui ramène au point de départ.
DATE
23 juin 2010
METEO
HORAIRES Départ I 08h00 Retour I 12h30 Horaires effectifs de la randonnée
09h00 I 11h30
LES PARTICIPANTS I Client : DMJ Morillon Classe de découverte
La randonnée Petit déjeuner et départ pour le retour vers Samoëns. Les marmottes sont
I 21 personnes
au rendez-vous du briefing du matin au cours duquel Jean-Michel explique
19 adolescents 14/5 ans
le déroulé de notre matinée. Le groupe est tout aussi intéressé et attentif
2 professeurs / accompagnants
que la veille. A la demande de mon tuteur, je profite de la cavité du sentier qui rejoint la Golèse pour faire une intervention sur la géologie, le rôle de
I Conseiller de stage présent
l’eau, l’érosion. Non loin des Lagots, nous avons la chance d’observer un
Jean-Michel Peccoux
Gypaëte sous les Dents d’Oddaz. Observation aux jumelles et petite pause explicative grâce au support illustré que j’ai dans mon sac. Arrivés au-dessus du refuge de la Golèse, je fais un peu de lecture de pay-
Interventions et sujets abordés
sage et une description de la vallée de Morzine. Le lieu propose un panorama intéressant sur les Hauts-Forts et, fréquemment, dans les groupes,
• GEOLOGIE
certains ont skié ou entendu parlé de la station d’Avoriaz. C’est aussi l’oc-
• GYPAETE BARBU
casion de parler des alpages, des changements intervenus dans la vie des
observé aux jumelles
montagnards avec l’arrivée des stations de sports d’hiver.
• LECTURE DE PAYSAGE
Après une pause pour observer les vaches que l’on croise aux abords des
• La Vallée de Morzine
chalets d’Abérieu, nous finissons notre randonnée par le chemin carrossable qui nous ramènera au parking, en papotant les uns avec les autres.
Analyse personnelle Ces deux jours ont été l’occasion de mieux connaître et d’apprécier mon maître de stage qui va m’accompagner durant tout le reste de l’été. J’apprécie qu’il me demande rapidement d’intervenir auprès de notre public. Ce jour-là, il me fera un vrai débriefing de mes interventions et de ces deux jours de randonnée. Outre ses compliments et ses corrections, j’apprécie tout particulièrement les conseils qu’il lâche sans compter et surtout l’opportunité de partager sa vision du métier et de la montagne en général. Page de gauche : le dents d’Oddaz. En haut : le refuge de Bostan.
58
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
03
Les randonnées
Les Chalets de Sales Au départ du Lignon / Sixt-Fer-à-Cheval
GIFFRE SIXT-FER-A CHEVAL
ALTITUDE départ
1 180 m.
ALTITUDE MAXI
1 870m.
DENIVELéS
+ 690 m.
L’ITINERAIRE Au bout de la route du Lignon, suivre la large piste qui s’engage dans la forêt. [balisage du GR5). La piste se transforme en sentier pour monter un peu plus franchement, jusqu’à un virage qui offre un beau point de vue sur les cascades de la Pleureuse et de la Sauffraz. Un peu au-dessus, il faut laisser la direction du lac d’Anterne et continuer le sentier jusqu’au replat qui longe le torrent de Sales. On peut, éventuellement passer rive gauche du torrent (passerelle). Plus loin, le sentier s’élève de nouveau pour franchir le Pas de sales et se poursuit au-dessus de la cascade, dans les gorges de Sales. Après avoir surmonter la cascade du Trainant, un défilé étroit nous amène jusqu’au vallon, où l’on découvre d’abord la petite chapelle, puis le refuge et les chalets.
Page de gauche : les chalets de Sales. Ci-contre : le pas de Sales
DATE
21 juillet 2010
METEO
HORAIRES Départ I 8h30 Retour I 17h00 Horaires effectifs de la randonnée
9h30 I 16h15
La randonnée Cette journée qui m’avait été annoncée comme compliquée s’avérera être l’une des plus belles de l’été, si ce n’est “la” plus belle. Arrivée tôt au centre pour donner un coup de main à la préparation des pique-niques, le personnel de la colonie me présente le groupe que je dois accompagner comme “ difficile ”. Le directeur me conseille même d’abandonner l’idée d’aller à Sales, me conseillant une simple petite balade à Sixt, histoire de les occuper. Le groupe
LES PARTICIPANTS
qui comprend quelques éléments fortement perturbateurs, a un manque de sommeil évident après plusieurs nuits agitées et une cohésion plus que fra-
I Client : DMJ Morillon
gile... et, pour finir, un garçon qui souffre d’obésité et que personne n’imagine
Colonie de vacances
aller au bout d’une journée de marche. Après un tel tableau, ma journée s’annonce... compliquée ! Mais, après avoir
I 17 personnes
vendu l’idée à leur éducateur qui nous accompagne, j’ai malgré tout très envie
13 adolescents 13/16 ans
d’essayer, quitte à réduire l’itinéraire et à ne pas aller jusqu’à Sales.
1 éducateur
Le départ est donc donné et exceptionnellement, il se fait rapidement. Je dé-
1 BAFA
couvre un groupe étonnamment silencieux, attentif et qui va s’avérer extrêmement touchant et attachant. Mon autoritaire briefing (de peur de me faire
I Originaires du nord de la France, le
déborder) s’avérera bien inutile. Allah, arrivé tout droit du Caire quelques mois
séjour des adolescents est financé
auparavant, s’émerveille devant chaque cascade en faisant des aller-retour
par leur mairie. Au départ, le séjour est
qui multiplient son dénivelé par deux, la “ bande à part ” des filles parties clo-
destiné au 16/17 ans, mais faute de
pes au bec décide finalement de faire groupe avec les autres, et un petit sai-
candidat, la mairie a ouvert la semaine
gnement de nez de l’un d’eux finira par créer une vraie solidarité. Chacun y va
aux plus jeunes.
de ses questions pour leur accompagnatrice et de ses encouragements pour
I Premier séjour en montagne et
celui qui peine un peu. Quant à Anthony et ses 130 kg , s’il annonce fréquem-
première randonnée pour tous.
ment “ je n’ y arriverai pas ”, il accepte de mettre ses pas dans les miens et de
I Le programme de la semaine : une
me faire confiance.
activité de pleine nature par jour :
C’est un pique-nique de “ vainqueurs ” que nous partagerons sur les lapiaz de
raft, escalade, randonnée,
Sales. A la pause-café au refuge, leur éducateur me racontera l’histoire de
accrobranche et VTT
chacun de ces jeunes, maltraité, malade, oublié et me dira combien ces moments de fierté d’eux-même sont importants.
Interventions et sujets abordés • La réserve de Sixt
Analyse personnelle
• L’eau et les cascades
Je suis, depuis le début de mon stage, toujours très inquiète de mes capaci-
• GEOLOGIE
tés en matière d’autorité et de relations aux jeunes. Cette journée m’a per-
• Sport et santé
mis de définitivement me rassurer, même si je suis totalement consciente que ce genre de public peut déraper à tout moment.
remarques eventuelles
D’autre part, je me suis beaucoup interroger sur le bien-fondé de maintenir un itinéraire “physique” pour eux, au détriment d’une journée plus «tran-
Randonnée effectuée aussi le 28 juillet,
quille”. Si la plupart ont trouvé la randonnée difficile, tous étaient heureux et
toujours pour DMJ : 18 adolescents + 2
fiers d’être aller au bout. Mais je continue de m’interroger sur les valeurs du
accompagnants venus du Var.
“goût de l’effort” auxquelles je suis, peut-être, parfois, trop attachés.
60
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
04
Les randonnées
Vallée de la Manche
Traversée col du Fornet / lac des Mines d’Or au départ d’Avoriaz
CHABLAIS AVORIAZ
ALTITUDE depart
1 814 m.
ALTITUDE MAXI
2 225 m.
DENIVELéS + 650 m. / -1230 m. L’ITINERAIRE Au départ de la station, rejoindre le lac de Chavanette que l’on longe par l’une ou l’autre de ses rives. Emprunter le sentier qui monte, jusqu’à l’arrivée du télésiège. De là, passer le col du Fornet, (névé) pour rejoindre le sentier qui descend jusqu’au chalet de l’Aiguille, à la bifurcation prendre le sentier marqué de points jaunes pour rejoindre le col de Coux. Du col, descendre à travers les alpages par une sente pas toujours bien marquée (ou par le sentier forestier) pour rejoindre les chalets de Fréterolles. De là, suivre la large piste qui mène au lac des Mines d’Or, puis à l’Erigné.
4 août 2010
DATE METEO
HORAIRES Départ I 9h00 Retour I 17h30 Horaires effectifs de la randonnée
9h00 I 16h45
La randonnée Si les remontées mécaniques offrent de belles opportunités de randonnées au départ d’Avoriaz pour un public peu sportif ou débutant, elles gâchent quelque peu l’esprit-même de la montagne. Cette traversée Fornet / Vallée de la Manche m’a permis, cet été, de faire découvrir un aspect un peu plus authentique de la vallée tout en limitant les dénivelés, notamment en montée. Ce groupe était composé, en majeure partie, de clients que j’avais eu à la demi-
LES PARTICIPANTS I Client : Evolution 2 Avoriaz
journée et à qui j’avais conseillé de se joindre à cette balade. Il y avait aussi une femme de 45/50 ans, qui s’était présentée à plusieurs reprises au bureau en demande de randonnées “sportives” et qui annonçait une expérience conséquente. Le départ est donnée et après les vérifications de rigueur, je m’aperçois qu’elle
I 9 personnes
“jeûne” sur les conseils, dit-elle, d’un guide avec qui elle part souvent.
7 adultes
Dans la montée au Fornet, je m’occupe plus particulièrement d’une jeune femme
2 adolescents
asthmatique et fait en sorte qu’elle se mette dans mes pas pour gérer une montée la plus douce possible. Voyant que notre “super randonneuse” souffre quelque
I Clients du bureau d’Evolution 2 à
peu, je lui conseille d’en faire de même mais elle souhaite appliquer ses propres
Avoriaz. Quatre parmi eux sont déjà
“techniques”, toujours issues de ces expériences passées. Arrivés au col, petite
venus avec moi en randonnée
grimpette pour admirer le mont Blanc. Un panorama que tout le monde apprécie,
I Une famille de vacanciers anglais.
sauf notre “trekkeuse” qui refusera de crapahuter les 10 mètres de dénivelés né-
[ne parlent pas du tout français]
cessaires. Heureusement le reste du groupe est plus que sympathique.
I Hormis la famille anglaise et une
La suite de notre journée sera un peu moins sympa puisque notre “compagne
cliente qui se dit expérimentée, pour
difficile” finira par chuter dans la sente qui rejoint le col de Coux et se faire mal
les autres, c’est une première fois sur
à la cheville. De là s’en suivra, pour moi, une fin de journée difficile : descendre
une journée entière.
le groupe au col pour le pique-nique, remonter chercher la cliente, descendre le
Interventions et sujets abordés
groupe à Fréterolles et les installer pour le goûter et remonter au pas de course une nouvelle fois. Après l’avoir “casée” dans le 4x4 de l’alpagiste qui gentiment la
• Avoriaz et son architecture
redescendra jusqu’à l’Erigné, j’ai pu finir cette journée dans une ambiance un peu
• Le Alpages
plus sereine.
• Les domaines skiables et l’environnement • Sport et santé
Analyse personnelle
• La vie en montagne
J’ai appelé le soir même mon maître des stage afin de savoir si j’avais pris les bonnes initiatives. Car, en effet, je me suis demandé s’il fallait ou non déclen-
remarques eventuelles
cher les secours qui seraient forcément venus en hélicoptère. Je l’ai strappé
J’ai mis cette randonnée au programme
et n’était pas certaine que l’on ne puisse pas me le reprocher. En même temps,
du bureau d’Avoriaz chaque semaine.
son mal semblait surjoué et j’avais surtout l’impression qu’elle était vexée de
Elle nécessite une navette pour le retour
son piètre niveau physique. Enfin, tandis que je la redescendais, elle n’avait de
sur Les Prodains / Avoriaz
cesse de répéter que nous avions fait une “course de haute-montagne”, et je sentais les “ennuis” arrivés. Au final, un petit débriefing de rigueur m’apprit qu’il fallait souvent se méfier de
Page de gauche : le lac des Mines d’Or à Morzine. En haut : la cabane des douaniers au col de Coux
“ceux qui se présentaient comme des cadors”. Cette mésaventure a été une vraie leçon car avant cela j’aurais pu partir sur un itinéraire complexe au regard d’un niveau annoncé. Il faut savoir jaugé, autant que l’on peut, notre clientèle.
62
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
05
Les randonnées
randonnée “Forestière” Alpage de l’Encrenaz / La Côte d’Arbroz
CHABLAIS LA Côte d’Arbroz
ALTITUDE depart
1 170 m.
ALTITUDE MAXI
1 540m.
DENIVELéS
+ 500 m.
L’ITINERAIRE Du centre du village de la Côte d’Arbroz, prendre le sentier fléché qui indique EssertRomand. Après quelques mètres, le sentier grimpe à travers bois jusqu’à une bifurcation. Laisser la direction d’Essert-Romand pour suivre la direction du col de la Basse. Le chemin suit à flan jusqu’à la sortie des bois. Au lieu-dit le Paquis, prendre le chemin de gauche qui rejoint le col de l’Encrenaz. Un peu au-dessus du parking, prendre la route carrossable qui monte en direction du Char des Quais.
pa riers les al ds découv ent à trav ts et gran agréablem mille, peti ta fa on En m s no naz… i animent de l’Encre contes qu es et les nd ge lé s ront le tre vallée. gnes et no z l’Encrena au col de us 9h00 Rendez vo : 200m Dénivelé + fants s avec en ic: famille bl pu ut To
DATE
alpage, et
ant forêt, offr
m
d 8 ndre à pied ndez vous pouvez rejoi Re
Verre de l'a 0m mitié offe aux randon nivelé + : 20 rt Dé neurs par moyen * Barbecue la m chuneu icirs ar palité .* m et ic 8h bl bu us Pu vette pr oposés pa Rendez vo r le Val d'Au *s.Ambianc lpsan :350m e festive et imation.* ir de 9 an Dénivelé + musicale as nts à part is avec fa la en ab rs surée par du Ch cheu m s ar us m et M m iq ns us m ue icadan les so populaire mon Public bo en rs eu découvrir : , traditio elne Ve mpagnat le alzpine nn le acco … llon de et té Dela Er*ic du lle va ue au be la Dr r er ivi s pa le t té Ol en an m ch ne en ai rez rez cert t au longde e. Vous se Tou l'ap iner-mila e… et au motrès di tagn re, en faun allez chem us s les mar flo ie s de nombreuse en s vo am ani r ma he s ie tio Chauess ns ette avec no de gra ron ric forest ur tui ce Fo ur tes po an du es ouv ss de ert au un ai es à tous: faire la caus al randonnée conn Dans la pe au col Ch e les x,àla re indisp au lement r ac- ensable e qu col Foron plaisir de im Or tige s bénévo Découvri r les som e desan s tiqu lesratraces suur ersée du ous Sarnd osepo cadrée e then tous les itiné sur la trac ue v tite trav tes! nées en s et !! Pe ent Conte C’est avec urnet ag vue grandi .. e lp q forêt montalegn t au e. un u e lé en br raires !!! Randon ec ge ar A rs ndes mmet av ia tin avec Dufol’Office e l’ gnateu pèces d’ Mar d'animaux nviv e ge d - onta eu iner au sode accompa eet verses es an. onm di m m z. rm gn on e cotagnà l’alpa Lé te a en M ta gn c c r n on la n en par des e mpagn en plein Blanc et le ours ambia at Vêtements e ncre m rice en ont tset acco Forêts. et le Sec e l’E ne National mpagnat rê u ve r co ier. Fran mets, le Mait.r avec voituragimperméables, diplômés ns u col d dedes etro e nati rde forest çois Lest onal desfo naz puis co t da se r ert uis le ffic étier ga C'es de l’Encre protection solaire et en oq l m l’O d ep le eurs Co uo de n ez d off au y. rir n cas sont itié rre de l'am couv 7h30 dé Sensibilisation à pie ndo us aux risques us vo a Ve e r vo r ég ez e alement fort d qu et Rend ejoin ement cons ur s é .*gne naz, puisna - ipalitta nic ezr n che mu eillés ! r v ro la « r a u Jar Fo pa din o s u’à ental » m avec dudecolalmontagne nneur sqérim ncre juexp on.* de l’E aux ran p . do ulps animati 50 g m plètes iles1pahr le Val d'A csé 30 parkinle lé + : 700 en Montagne. des expérieDé ve po 7h ns com fa ni nce pro io us . Secours it s e te men u vo rs pt vet é ées c ri en ns marcheu e et bu, cir adan: on n sicez Mund broz. si insc * Barbecu rRe h d’Ar rand destre cile 1ale assurée pa blic très bo ur la Côte s depleine naturePu is » pé avec cueitetfamusic vette *po s qua * AmbiaVnce cirtiv ,fes à 17h00 haussure ensables sle Prof ! esseur … !! har de » TT ine C alp : m is Nimb C sé. Tr u e s lle p 0 a us ai d ne : an com u ir tein on 40 pren 9d a dre la filtration et la de s is ou r des q rtir de que autori laire, traditi Dénivelé +: « Le t itinér vafa Char chnts à pa musique popuaux d’accueil. e, pique ni dépollution desu our du us les cheurs en es et rencontr oles ar l’eaur. plac t m e re e av r u « Le t ns tt ec b u bo ve s bu s, Public ns Uneet ans le exploitant po tauration approche ludiq bleue de la science et ibles d esEC Le imatio rméa dispon ulsp,de, LaRGA pe uses an im l’occ asion d’aborders rando ont scitoy ge de l’A nombre pa ents e « al m enneté, ca l’éco d Fiches M l’ i e on à t id t i Ca : le mid -m Vlyê». et en s us rè e to p ir l’env s à ironn l'a la ur s ement etsl’éco lés. ! ne de te so eillogie on er ng n nd lo uv n io ra o u t o s a tc ites tec n Toutsemblemen ro e attude p gr m de s rte o f Contes et légende Ras t men égale n air avec traces
naz de l’Encre 00 au col
18 juillet 2010
METEO
HORAIRES
Départ I 7h30 Retour I 16h00
vrir Décou
les
Horaires effectifs de la randonnée'animaux avec l’Off
8h00 I 12h30
LES PARTICIPANTS
ice
. d Forêts al des Nation s risque n a ux ilisatio ib s c n e v e S ne a o nt a g . de la m tagne n Mon e rs u o le Sec
I Client : OT Vallée d’Aulps pour la Fête de la Randonnée
montagne en plei . François Lestoquoy
« Jardin
ental »
expérim
en menées riences des expé esseur of Pr le ture avec la pleine na ation et
La randonnée
Traite des à 17h00 : ntre avec les co ren vaches et Le de La GAEC exploitants ». « Mont Caly
Les Organisat eurs: Val d’Aulps Communauté Animation de communes l’Office de tou et risme de la Vallée ulp Le Secours d’A s gne en mo nta
tr dre la fil : compren Nimbus au . on de l’e ti llu po dé e et la scienc dique de lu he oc nneté, Une appr cocitoye order l’é ab d’ n e. l’occasio l’écologi ement et l’environn
: teurs choisis Etonnamment, les itinéraires ne sont nietracés, anisa ni tion s Org nima et
L A unes s ulps ’Aulp comm al d’A
V ed té de Vallé unau par les accompagnateurs mais par Cl’Office de la tourisme. gne omm urismedu onta o e l’Offic
de t
rs ecou
en m
Le S La prestation étant bénévole, ils ont quelques difficultés à trouver des candi-
dats. Co-organisée par le Secours en Montagne dont je fais partie, je m’étais I 23 personnes
portée volontaire. Il me semblait que dans le cadre de mon stage, c’était une
dont 7 enfants de différents âges
expérience intéressante.
Je découvre quelques jours auparavant le thème, l’itinéraire et Martin, agent
I Agent ONF et AMM
ONF. Ce n’est, bien sûr, pas la randonnée que j’aurais choisie ne maîtrisant
Martin Dufournet
pas suffisamment le thème sans préparation en amont. Après quelques navettes entre le parking et le départ du village, nous dé-
I La Fête de la randonnée attire chaque
marrons donc notre journée avec un groupe très éclectique, de 7 à 77 ans.
année de nombreux participants.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il s’agit surtout de personnes de
Certaines éditions ont accueilli près
la vallée. Cette randonnée qui est annoncée comme facile, démarre rapide-
de 400 personnes avec des groupes
ment sur un raidillon à travers bois, difficile pour les personnes âgées et les
pouvant aller jusqu’à 100 personnes.
jeunes enfants. De plus, l’heure matinale nous offre des températures peu
Les dernières éditions, l’Office du
agréables dans les bois. Le long du parcours, Martin fait de nombreux arrêts
tourisme a décidé, sur l’insistance
pour parler de son métier. Le sujet suscite toujours de nombreux échanges
des accompagnateurs, de limiter les
de la part de quelques participants, masculins et propriétaires eux-mêmes.
groupes à 25.
Je m’aperçois que les enfants s’ennuient et que les femmes ont froid. La deuxième partie de la randonnée est plus facile et nous retrouvons le soleil.
Interventions et sujets abordés
Le petit hameau des Praz nous offre un beau panorama sur le mont Blanc et les massifs alentours que je peux commenter.
• L’ONF
Arrivés à l’alpage, il est l’heure de partager un repas et une après-midi convi-
• Le BOIS ET SON EXPLOITATION
viale avec l’ensemble des groupes, tous revenus de leurs randos respectives.
• Traces d’Animaux • Massif du Mont Blanc
Analyse personnelle A travers cette randonnée, j’ai pu confirmer qu’il est important que les thèmes soient en adéquation avec son public. Un sujet trop technique est difficile d’abord pour un large public. De même, le tracé de l’itinéraire est important, même avec peu de dénivelé, une montée un peu raide sur un sol glissant peut s’avérer difficile pour certains. Enfin, il faut s’avoir s’adapter à une journée que l’on aurait peut-être pas dessiner de la sorte mais qu’il faut quand même mener à bien.
64
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
06
Les randonnées
Anterne / Les Fonts En boucle au départ du Lignon / 2 jours
GIFFRE SIXT-FER-A CHEVAL JOUR 1 JOUR 2
ALTITUDE depart
1 180 m.
ALTITUDE MAXI
2 040 m.
DENIVELéS J.1 DENIVELéS J.2
+1120 m. I - 940 m. - 530 m.
L’ITINERAIRE Au bout de la route du Lignon, suivre la large piste qui s’engage dans la forêt. [balisage du GR5). La piste se transforme en sentier pour monter un peu plus franchement, jusqu’à un virage qui offre un beau point de vue sur les cascades de la Pleureuse et de la Sauffraz. Un peu au-dessus, il faut laisser la direction des Chalets de Sales pour prendre le sentier en direction d’Anterne. On arrive alors au replat du collet d’Anterne. Poursuivre le sentier qui descend, traverser le ruisseau (passerelle) et suivre le balisage jusqu’au refuge. Prendre une sente qui s’élève au-dessus en direction du Petit Col d’Anterne, puis prendre la direction des Fonts. La descente se poursuit à travers des alpages puis par la Forêt. Au pont des Mitaines, suivre la large piste jusqu’au refuge. RETOUR. Du refuge, suivre la piste en laissant à Cellière la direction du Fardelay, jusqu’à Salvagny
DATES
8 et 9 août 2010
METEO
HORAIRES Départ J1 I 9h00 Retour J2 I 12h30 Nuit en refuge
La randonnée C’est avec difficulté que le groupe se met en branle, ce matin-là, ça râle et ça traîne un peu les pieds dans ce groupe d’adolescents qu’une “guéguerre” filles-garçons ne rend pas franchement facile. Le départ du Lignon est loin de calmer l’ambiance un peu survoltée, ce matin d’août a déversé nombre de randonneurs sur cet itinéraire fort fréquenté. Je profite d’une intervention sur
LES PARTICIPANTS
la Réserve pour laisser un groupe d’ados qui nous précède prendre un peu d’avance. J’ai un peu de mal à repérer mes “ouailles” au milieu de cette foule
I Client : DMJ Morillon
et ils ne font rien pour me faciliter la tâche : tandis que certains courent, les
Colonie de vacances
filles marchent en “fractionné” : “deux pas et je m’assois”,... La plus jeune du groupe est en réelle difficulté, je décide donc de répartir le contenu de son sac
I 15 personnes
à dos sur une partie du groupe des garçons. Je m’apercevrai plus tard qu’elle
13 adolescents 13/16 ans
m’a eu aux sentiments et déciderai de lui rendre son portage. Les deux BAFA
2 BAFA
qui m’accompagnent sont quelque peu débordés et ont, eux aussi, un peu de peine à marcher. Après une montée au Collet laborieuse, le pique-nique au
I Des différences d’âge et des niveaux de marche importants
bord du ruisseau s’accompagnera des vomissements de l’un et des pleures d’une autre, paniquée de s’apercevoir qu’il n’y a plus de réseau téléphone.
I Première nuit en refuge pour la plupart.
Tandis que je laisse une partie du groupe aux BAFA pour une sieste répara-
I Le programme de la semaine : une
trice, j’emmène les plus excités pour une découverte de la faune et de la flore
activité de pleine nature par jour :
à travers les lapiaz.
raft, escalade, randonnée,
La montée au col et la descente sur les Fonts s’avérera difficile pour une
accrobranche et VTT
grande majorité, la longueur de l’itinéraire ayant eu raison de leur motivation. L’installation au refuge sera un peu compliquée compte tenu de la volonté
Interventions et sujets abordés
inébranlable des BAFA de ne pas déroger à leur obligation de séparer filles et garçons. Certains seront déçus de voir un refuge si bien équipé. Ils s’atten-
• La réserve de Sixt
daient à une cabane sans confort, d’autres refuseront de dormir dans la partie
• L’eau et les cascades
haute, pour cause de claustrophobie.
• Les REFUGES
Le lendemain, le retour se fera sur le même ton, un peu autoritaire afin de
• Sport et santé
ramener tout ce petit monde dissipé sans encombres. Le passage de la pas-
• Alfred Wills
serelle se fera un par un en ma compagnie, faisant en sorte que les plus pani-
• Comportements en montagne
qués ne soient pas à la vue du reste du groupe. Un retour qui s’avérera beaucoup plus long que prévu, la fatigue de la veille ayant laissé quelques traces.
remarques eventuelles Un itinéraire un peu long pour ce
Analyse personnelle
groupe. N’ayant pu trouver de place à
C’est l’une des rares randonnées où j’ai dû faire preuve d’autorité afin d’avoir
Alfred Wills, DMJ a du se rabattre sur
toujours la maîtrise du groupe. Même si c’est nécessaire dans certains cas,
Les Fonts.
je trouve toujours dommage quand l’ultra-vigilance prend le pas sur le partage. La gestion des BAFA restera ma grande découverte de mon stage. Sur
Page de gauche : les chalets des Fonts En haut : le refuge d’Anterne / Alfred Wills
la grande majorité des sorties, les accompagnants se sont parfois révélés plus comme des problèmes que comme des aides. De plus, ils sont souvent à l’origine de l’ambiance qui règne dans le groupe.
66
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
07
Col de bise / Les Chalets d’oche Traversée Chalets de Bise, La Fétuière Bernex
CHABLAIS BERNEX
ALTITUDE depart
1 502 m.
ALTITUDE MAXI
1950 m.
DENIVELéS
Les randonnées
+ 592 m. /- 884 m.
L’ITINERAIRE Partir sur le chemin du vallon de Bise, devant les chalets, en direction de la pointe de Pavis et le continuer jusqu’à la bifurcation, en direction du col de Bise (1915 m.). le sentier devient plus raide jusqu’au col. Après celui-ci, redescendre sur la gauche, à flanc, puis remonter en direction du col de Pavis. Prendre le sentier de droite qui mène au col des Portes d’Oche, jusqu’au lac puis aux chalets d’Oche. Laisser le sentier qui mène à la dent d’Oche et emprunter celui qui redescend dans les bois. Après avoir traversé le ruisseau par une passerelle, on arrive devant le chaletbuvette de La Fetuière.
DATE
16 juillet 2010
METEO
HORAIRES Départ I 8h30 Retour I 17h30 Horaires effectifs de la randonnée
9h30 I 16h00
La randonnée La journée commence par un agréable petit-déjeuner au centre de vacances de Bernex, puis nous partons en mini-bus pour rejoindre les chalets de Bise. Présentation, briefing et départ pour le col. Le début du sentier dans le joli vallon de Bise se fait en compagnie des Abondance, peu décidées à laisser le passage aux enfants, pas tous rassurés. La pente qui s’accentue divise notre groupe. Jean-Michel part devant avec les bons marcheurs, tan-
LES PARTICIPANTS
dis que je me charge de motiver les plus en difficulté. Petite pause “goûter” au col. Nous proposons au groupe deux itinéraires
I Client : Eurocoptère
aux choix. Jean-Michel part avec certains pour un itinéraire par les crêtes,
Colonie de vacances
tandis que je me charge des autres, en empruntant le sentier habituel. Nous nous retrouvons au col de Pavis pour le pique-nique sous l’œil des nom-
I 16 personnes
breux bouquetins qui occupent les faces au-dessus de nous. C’est aussi
13 adolescents 14/15 ans
l’occasion de discuter avec le responsable des animateurs qui nous accom-
1 éducateur
pagne pour cette randonnée.. Une super ambiance règne dans le groupe et
2 BAFA
il n’y est pas étranger. Je donne le départ pour le retour sur Bernex, après une courte intervention
I Conseiller de stage présent
sur la sécurité en prévision des pierriers que nous allons traverser. Comme
Jean-Michel Peccoux
pour la montée, les filles en pleine discussion traînent un peu mais ce sont surtout les 2 jeunes BAFA qui nous accompagnent que l’on attend.
I Originaires de Marseille
Nous nous regrouperons à la passerelle avant d’entamer l’ultime descente
I Ils reviennent chaque année et
à travers bois et finir par un goûter / débriefing de la journée en attendant
commencent à avoir une bonne
le bus. Tout le monde semble heureux de sa journée (hormis nos 2 BAFA
expérience de la rando. Jean-Michel
qui semblent bien fatiguées !) J’apprécie le “ vous revenez madame l’année
connait donc la plupart depuis de
prochaine ” , que me jettent certains des enfants.
nombreuses années.
Jean-Michel et moi passons au centre saluer son directeur et finissons no-
I Le niveau de la randonnée évolue
tre journée autour d’une bière à échanger sur mon futur métier.
chaque été en fonction de leur âge.
Interventions et sujets abordés
Analyse personnelle
• Observation des Bouquetins
Après chaque sortie, Jean-Michel prend toujours l’initiative de passer voir le
• L’alpage et les vaches
directeur des colonies pour qui il travaille. J’apprécie sa façon de gérer ses
• GEOLOGIE
relations clients. Il cherche toujours à améliorer la prestation qu’il leur fournit
• Sécurité en montagne
et est source d’idées pour les sorties et saisons à venir. C’est appréciable pour un stagiaire de pouvoir partager toutes les facettes du métier, d’autant
remarques eventuelles
que ma démarche n’est pas uniquement basée sur l’accompagnement mais bien sur l’ensemble de la profession.
Nous disposons ce jour-là, de talkie-
L’usage des talkies est une première pour moi et j’en ai vu là toute l’utilité :
walkie pour communiquer entre nous.
pouvoir réaliser deux itinéraires en fonction du niveau de chacun, se retrouver pour partager le pique-nique.... et certainement rassuré le tuteur !
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
08
Les randonnées
Cornettes de bise
En boucle au départ des Chalets de Bise
CHABLAIS VACHERESSE
ALTITUDE depart
1 502 m.
ALTITUDE MAXI
2 432 m.
DENIVELéS
+ 964 m.
L’ITINERAIRE Partir en longeant la bergerie, prêt du refuge. Le sentier se dirige en direction du pas de la Bosse (1 816 m.). Suivre ensuite, sur la gauche, le sentier qui longe le pied de la paroi. S’engager dans le couloir du Sérauquin qui zigzague jusqu’à un épaulement. Puis traverser sur la gauche et s’engager dans la branche principale du couloir jusqu’à une brèche que l’on franchit par quelques passages rocheux. Suivre le sentier bien marqué qui parcourt l’arête sud de la montagne jusqu’à rejoindre le sommet. Effectuer la descente en restant proche de l’arête ouest jusqu’au pas de Chaudin (2250 m. ) On s’engage alors sur le versant suisse jusqu’à rejoindre la combe de Chaux-du-Milieu. Poursuivre la descente dans le creux des Crozets, puis remonter jusqu’au col d’Ugeon. Puis descendre jusqu’au replat de la borne-frontière et suivre le sentier qui longe le ruisseau et qui mène au point de départ.
DATE
22 juillet 2010
METEO
HORAIRES Départ I 8h00 Retour I 17h30 Horaires effectifs de la randonnée
9h30 I 16h00
La randonnée Je suis sur la terrasse du centre et j’attends, pas très à l’aise, l’arrivée de Fred que je ne connais pas. Les clients sont tous là et l’ambiance est celle d’un groupe de fidèles du village-vacances, alors que le pique-nique du midi se dispatche dans les sacs. Nous nous répartissons dans les voitures et le trajet jusqu’à Vacheresse nous laisse le temps, à Fred et moi, de faire un peu plus amples connaissances. Une route barrée, la pluie... l’arrivée est un peu tardive.
LES PARTICIPANTS
Le groupe se met en branle en direction du pas de la Bosse et rapidement des différences de rythmes se font sentir : du traileur qui trottine devant au retraité
I Client : Les Chavannes / Onnion
“qui ne voyait pas ça comme ça !”. Il y a aussi un quadragénaire, opéré du cœur,
Village-vacances
qui gère son effort et “la super-randonneuse” qui s’inquiète auprès des retardataires de savoir s’ils ont bien lu l’énoncé de la journée. Je décide de me mettre
I 15 personnes
en serre-fils et m’occupe plus particulièrement de ceux en difficulté. Le couloir
adultes de 30 à 65 ans
du Sérauquin s’avale doucement. Tandis que notre retraité se soucie du retard infligé au groupe, je le rassure. Fred fait quelques aller-retours pour s’assurer
I BE AMM
que tout va bien et me fait remarquer que ma présence tombe plutôt bien.
Frédéric Jouy
Ni le panorama, ni les bouquetins ne sont au rendez-vous. Le brouillard s’est invité à notre pique-nique au sommet et la pluie nous rejoint pour le retour.
I La plupart sont des fidèles du centre
Fred décide d’échanger les rôles, je prend donc le groupe en main. Je suis
de vacances et des randonnées de
assez contente de constater que notre sexagénaire gambade en descente,
Fred, accompagnateur permanent au
tandis que notre “super-randonneuse” connait quelques difficultés sur la ro-
centre pendant l’été
che mouillée. Je fais des pauses afin de rassembler “les troupes” mais au
I Le centre propose un programme
quatrième stop, au peu avant le col d’Ugeon, il nous manque Fred et deux
de randonnée sur la semaine, de
clients. Nous attendons. Rien. je demande au groupe de m’attendre là et je
différents niveaux et des activités
retourne sur nos pas. Je crie, j’appelle... Rien. J’ai perdu l’accompagnateur ! Le
outdoor diverses pour adultes et
groupe ne semble pas rassuré dans le brouillard. Je leur explique qu’ils sont
enfants.
entre de bonnes mains et que les deux autres clients le sont aussi. Cela fait un bon moment que nous attendons, je décide de descendre le groupe jusqu’au
Interventions et sujets abordés
refuge et de m’occuper de trouver Fred une fois les clients mis au chaud. Ce n’est que plus tard que nous distinguerons des voix au loin. Les voilà bien au-
• Alpage et vie en montagne
dessus de nous : une erreur d’itinéraire les a détournés du sentier qui parfois
• Sport et santé
se perd un peu. Une épopée qu’ils raconteront sans doute à l’apéro du soir.
remarques eventuelles
Analyse personnelle
Cette randonnée m’est proposée dans
Même si je n’en menais pas large - j’avais tout de même perdu l’accompagna-
le cadre de mon stage par Fred Jouy
teur - je suis restée calme de façon à ce que le groupe, qui était malgré tout
que mon maître de stage m’a présenté.
inquiet, ne succombe pas à la panique. C’était, encore une fois, la preuve que le portable ne fait pas tout et que les zones non couvertes sont légion en montagne : être capable d’avaler des dénivelés au pas de course semble plus qu’indis-
Page de gauche : les chalets de Bise
pensable. Enfin, la maîtrise du secteur est importante. La même “aventure” sur un itinéraire que je ne connais pas m’aurait certainement réellement inquiétée.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
09
Les randonnées
Tête de BOSTAN
Depuis Chardonnière / Refuge de Tornay-Bostan
CHABLAIS MORZINE JOUR 1 JOUR 2
ALTITUDE depart
1 340 m.
ALTITUDE MAXI
2 406 m.
DENIVELéS
+ 1 127 m.
L’ITINERAIRE Du pont de Chardonnière, prendre la large piste qui monte dans les bois jusqu’aux chalets de Vigny et conduit au col de la Golèse (1671 m.). Emprunter le sentier qui monte au-dessus du refuge, jusqu’aux Lagots, puis entame une descente jusqu’à nous mener au refuge de Bostan. Du refuge, emprunter le sentier d’origine qui démarre en contrebas du refuge et mène au lac des Verdets puis au col de Bostan. Emprunter le sentier qui court à flan sous la Tête des Verdets, jusqu’à la Tête de Bostan marqué d’un gros cairn. Descendre par le sentier qui reste sur la ligne de crête et se poursuit dans de larges pentes jusqu’à parvenir au croisement du chemin emprunté pour l’itinéraire de montée qu’il faut désormais suivre pour le retour.
DATE
11 août 2010
METEO
HORAIRES Départ I 7h30 Retour I 16h30 Horaires effectifs de la randonnée
9h00 I 16h15
La randonnée Pour cette randonnée, nous nous donnons rendez-vous, Jean-Michel et moi, en chemin, lui montant de Samoëns, moi de Morzine. Nous devons récupérer notre groupe monté la veille au refuge de Bostan. Pause café avec les gardiens de la Golèse à qui nous montons les croissants. Ce matin-là, nous apprenons que notre “colonie” s’est présentée la veille, pensant être arrivé au refuge de Bostan, ce qui nous confirme qu’un accompagnateur serait
LES PARTICIPANTS
quand même le bienvenu sur leur première journée. Arrivés au refuge, ils sont encore au petit-déjeuner et nous racontent leur trop “longue” ascen-
I Client : Eurocoptere
sion de la veille et leur déception à la Golèse, se croyant arrivés.
Colonie de vacances
Le soleil n’est pas au rendez-vous ce matin-là et seul un marmotton daigne se montrer au loin. Sur le sentier qui mène au lac des Verdets, la jeune ani-
I 15 personnes
matrice du groupe se tord la cheville. Malgré un strap, elle doit rapidement
15 adolescents 14/15 ans
renoncer et rejoindre le refuge. L’autre BAFA, qui traîne à la main une valise
2 BAFA
faisant office de trousse de secours se sent désormais “l’âme d’un chef”. Et il faudra gentiment le “recadrer” au moment où il demande aux enfants de
I Conseiller de stage présent
s’habiller alors que je viens de leur demander d’enlever leur veste.
Jean-Michel Peccoux
La Tête étant toujours dans les nuages, nous décidons de faire la pause de midi à l’abri du vent et nous nous posons derrière la petite cabane du col. Si
I Colonie de vacances installée aussi à
la traversée de cette zone de lapiaz enchante certains, pour d’autres, les en-
Morzine. Même principe que le centre
jambées entre les fissures calcaires s’apparentent à la pratique d’un sport
de Bernex : les jeunes reviennent
extrême. Après notre pique-nique, nous entamons l’ultime montée vers la
d’une année sur l’autre.
Tête de Bostan puis la redescente, que nous aimons réaliser hors-sentier jusqu’au refuge de la Golèse. Nous nous amusons du groupe qui nous a
remarques eventuelles
suivi sur notre itinéraire et qui semble peu à l’aise au moment où nous nous arrêtons pour une pause-sieste et qui se retrouve ainsi seul hors de vue de
Randonnée réalisée sur le même
la sente habituelle. L’occasion d’expliquer au enfants, qu’hiver comme été,
principe le 27 juillet et le 20 août.
on ne suit pas n’importe quelle trace. A la Golèse, Jean-Michel récupère
Afin d’économiser une journée AMM,
notre blessée qu’il redescendra en 4x4, tandis que je m’occupe d’acheminer
le groupe monte seul, la veille, au refuge
le reste du groupe jusqu’à Chardonnière où leur bus les attend.
de Bostan.
Interventions et sujets abordés
Analyse personnelle Je suis allée de nombreuses fois à Bostan, pendant l’été, empruntant à peu
• LA Marmotte
près tous les itinéraires. Si je m’inquiétais au début de mon stage, de la re-
• LES ALPAGES
dondance des sorties et d’une éventuelle lassitude, je m’aperçois à quel
• GEOLOGIE
point c’est agréable de maîtriser un secteur. Outre le fait de se sentir en
• LECTURE DE PAYSAGE
confiance et de pouvoir proposer des variantes, je sens que mes interven-
• La Vallée de Morzine
tions sont de plus en plus claires, concises, donc mieux travaillées. Une fois encore, je remarque que la gestion des accompagnants est une compétence à part entière et que les animateurs, souvent très jeunes, ne nous facilitent pas toujours la tâche.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
10
Les randonnées
LAC DES GERS I Jour 1
Rando ânes I Sixt-Fer-à-Cheval / Gers
GIFFRE SIXT-FER-A CHEVAL
ALTITUDE depart
800 m.
ALTITUDE MAXI
1 510 m.
DENIVELéS
+ 816 m.
L’ITINERAIRE Depuis la route de Salvagny, rejoindre le pont des Nants. Peu après le hameau des Nants, le chemin rejoint la large piste des Cascades. Le chemin monte à travers bois jusqu’à rejoindre la bifurcation qui mène aux Chalets de Porte que nous laissons sur la droite pour enfin arriver sur le vallon de Sales. Le bivouac est prévu près de la ferme, bien avant le lac [point coté 1504].
13 juillet 2010
DATE METEO
HORAIRES Départ I 9h00 Bivouac Horaires effectifs de la randonnée
10h30 I 15h30
La randonnée Je me présente relativement tôt auprès de Stéphane, afin de faire sa connaissance et de participer aux préparatifs des ânes. Je connais, alors, un peu les mules pour avoir réalisé quelques treks en leur compagnie, mais suis pleine d’apriori sur les ânes que l’on m’a raconté comme difficiles à “manœuvrer”. Stéphane a un autre départ, une famille anglaise part en liberté pour quelques jours. J’en profite pour écouter les recommandations et les règles de
LES PARTICIPANTS I Client : Colonie de vacances SNCF
conduite. Notre groupe arrive plutôt tard, mais l’itinéraire est court et le bivouac à Gers nous permet de ne pas compter le temps. Stéphane a prévu de redescendre dans l’après-midi et de nous rejoindre le lendemain matin. Je serai donc seule
I 15 personnes
pour la soirée, avec les deux animatrices du groupe.
13 enfants 12/13 ans
Les ânes chargés et les explications aux enfants données, nous partons sur
2 BAFA
notre itinéraire. Les deux animatrices, se montrent, à mon sens, très autoritaires voire quelque peu “brailleuses”, ce qui n’est pas pour me réjouir. Les
I BE AMM
enfants se battent pour s’occuper de nos compagnons, le contraire aurait été
Stéphane Ferrand
étonnant. Dans ce groupe, peu sont à l’aise avec l’animal et se font vite mener la vie dure. D’autres randonnées avec ânes me montreront des enfants tout
I Les enfants ont un sac à dos avec
à fait dans leur élément et comprenant très vite comment mener leur compa-
leurs affaires personnelles, karimat
gnon de portage.
et sac de couchage
Après le pique-nique, vite là compte tenu de notre heure de départ, nous re-
I Les 2 ânes portent tout le matériel pour le bivouac et les repas des 2 jours.
joignons le vallon de Sales où Stéphane nous laisse pour l’installation de notre bivouac. L’organisation s’en trouve un peu compliquée par les deux animatrices qui ont un sens des “ vacances ” bien à elles. Entre temps, je suis allée à la ferme m’enquérir de l’heure de la traite et de l’autorisation d’y emmener
Interventions et sujets abordés
les enfants. Je dois faire preuve d’autorité auprès de mes compagnes pour qu’elles les autorisent à s’y rendre. Tout le monde passe un excellent moment
• LES ânes
et goûte avec plaisir au lait que nous offrent les alpagistes. Le repas est à la
• La vie en montagne
hauteur de l’animation puisqu’elles auront toutes les peines du monde à faire
• L’alpage et les vaches
cuire leurs pâtes entre deux punitions pour bavardages. La veillée sera rapide
• Faune et Flore
sous le coup d’une énième punition.
remarques eventuelles
Analyse personnelle
Randonnée effectuée à d’autres
Ces deux jours sont avant tout les premiers accompagnés par des ânes.
reprises en accompagnement de famille
Outre l’aspect portage et autonomie qu’ils proposent, j’apprécie la convivialité
sur le premier jour de leur raid pour leur
que cela instaure. Et j’apprécie tout particulièrement l’apprentissage que Sté-
expliquer les rudiments de la randonnée
phane m’apporte : avec le “ mode d’emploi ”, c’est vraiment sympa. D’autres
avec un âne. [Pour le compte des Anes
journées me le prouveront à nouveau.
du Haut-Giffre]
La colonie propose l’équipement et les enfants se retrouvent avec des sacs pas franchement adaptés à leur morphologie. Pour certains c’est difficilement
Page de gauche : le lac de Gers
supportable. J’espère que l’expérience ne les a pas braquer contre l’activité.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
11
Les randonnées
LAC DES GERS I Jour 2
Rando ânes en boucle sur 2 jours I Gers / Samoëns
GIFFRE SAMOËNS
ALTITUDE depart
1 550 m.
ALTITUDE MAXI
1 550 m.
DENIVELéS
- 850 m.
L’ITINERAIRE Du lac de Gers, suivre le chemin qui mène au chalets de Porte (1470 m.) Suivre cet itinéraire en laissant sur la gauche le sentier qui mène au pont de Lédedian, pour gagner Roux. Après, le sentier devient étroit et serpente à travers bois et conduit à la Poya, puis à Bémont. Traverser le pont sur le Nant d’Ant et suivre la route qui conduit jusqu’au pont qu’il faut traverser pour rejoindre Samoëns.
DATE
14 juillet 2010
METEO
HORAIRES Nuit au bivouac Retour I 15h00 Horaires effectifs de la randonnée
9h30 I 15h30
LES PARTICIPANTS I Client : Colonie de vacances SNCF
La randonnée Stéphane nous rejoint le matin alors que nous venons, avec difficulté, de ranger le matériel du bivouac. Quelques moments plus tôt, j’ai emmené avec
I 15 personnes
moi un petit groupe de volontaires, saluer nos compagnons, les brosser et
13 enfants 12/13 ans
les rapprocher de notre camp pour les bâter.
2 BAFA
N’y étant pas aller la veille, nous nous rendons jusqu’au lac, le temps pour les enfants de s’essayer aux ricochets, et pour Stéphane et moi de partager
I BE AMM
un café avec les propriétaires du gîte.
Stéphane Ferrand
Stéphane est venu, comme à l’accoutumé, avec son chien qui intéresse presque plus les enfants que les ânes qui, semble-t-il, commencent à être beaucoup moins réceptif. La bataille de la veille pour les mener s’inverse et il faut presque les forcer pour qu’ils s’en occupent.
Interventions et sujets abordés
Le retour se fait calmement. Il faut dire que les animatrices ont donner le ton
• LES ânes
dès le réveil et que quelques punitions sont déjà tombées. Nous faisons une
• Securité en montagne
halte aux chalets de Porte pour le pique-nique de midi. La part des accom-
• L’alpage et les vaches
pagnateurs a été oubliée, nous nous partageons donc, Stéphane et moi, un
• Faune et Flore
reste de salade qui traîne dans mon sac depuis la veille. Nous ne ferons que peu d’interventions sur cette journée de retour mais surveillons avec attention que la descente en forêt se fasse dans le calme et en toute sécurité. Le goûter se partagera au parking, en attendant leur bus. De notre côté, nous chargeons les ânes et les transférons sur Morillon où ils sont attendus pour une balade le lendemain.
Analyse personnelle Outre mon apprentissage des animaux de bât, ces deux jours ont été l’opportunité de vivre, une nouvelle fois, une autre facette du métier et du secteur. Cela a été l’occasion de nombreux échanges avec Stéphane, qui est, lui aussi, un exemple d’accompagnateur aux multiples compétences. J’ai apprécié la confiance qu’il m’a faite en me proposant ultérieurement d’accompagner ses clients. Comme je l’avais déjà constaté sur des expériences précédentes, les aniPage de gauche : nos compagnons au repos. En haut : le lac de Gers.
maux de bât laissent peu de place à des interventions sur des sujets divers, ils sont un thème fort à eux seuls.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
12
Les randonnées
CASCADE DES BROCHAUX Les Lindarets / Avoriaz, Montriond
CHABLAIS AVORIAZ
ALTITUDE depart
1 800 m.
ALTITUDE MAXI
1 900 m.
DENIVELéS
+100 m. /- 540 m.
L’ITINERAIRE Du centre de la station d’Avoriaz, prendre le large chemin qui monte au-dessus des immeubles supérieurs. L’itinéraire se 30 juillet 2010 LES PARTICIPANTS DATE poursuit en descente jusqu’à la cascade I Client : Evolution 2 Avoriaz (1692 m.) Remonter la piste jusqu’à une METEO HORAIRES petite sente qui démarre un peu au-dessus Départ I 10h00 I 20 personnes du gite des Brochaux. Retour I 15h30 13 adultes + 7 enfants [5/8 ans] Horaires effectifs de la randonnée La sente suit le ruisseau jusqu’à l’arrivée 10h00 I 16h15 1 AMM en renfort des pistes d’hiver. Poursuivre par la route jusqu’au village des Lindarets et revenir par le même itinéraire. Des Lindarets et sujets abordés remarques eventuelles CartoExploreur 3DInterventions - Copyright IGN - Projection Lambert II étendu / NTF - Echelle 1:25000 © FFRP (1467m), revenir sur ses pas jusqu’à la pour les itinéraires et sentiers de randonnées GR®, GRP®, PR® • FLORE Randonnée effectuée à plusieurs Lécherette pour emprunter le télésiège • L’eau et les cascades reprises pendant l’été, principalement “Express Lindarets” puis emprunter le chemin qui ramène à la station en suivant • LES ALPAGES à la demi-journée. les panneaux “piétons”. • LE VILLAGE DES LINDARETS
500 m
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
13
Les randonnées
COL RATTI / alpage de Foron Au départ du col de l’Encrenaz / La Côte d’Arbroz
CHABLAIS LA COTE-D’ARBOZ
ALTITUDE depart
1 433 m.
ALTITUDE MAXI
1 923 m.
DENIVELéS
+ 467 m.
L’ITINERAIRE Du col de l’Encrenaz, emprunter la large piste qui mène à l’alpage de l’Aup. Poursuivre sur la piste qui parcourt à flanc la large croupe du Char des Quais. Elle conduit au replat du col de la Basse. Continuer la montée sur le sentier, qui vers le haut, oblique vers la gauche pour rejoindre le col Ratti. Gagner la ligne de crête pour arriver sur la bosse qui domine la combe de la Chaux-de-Vie. Redescendre par une sente qui suit la ligne de crête puis rejoint le sentier de montée. Du col de la Basse, rejoindre un sentier qui se perd un peu pour gagner l’alpage de Foron.
DATE
18 août 2010
METEO
HORAIRES Départ I 9h00 Retour I 16h00 Horaires effectifs de la randonnée
LES PARTICIPANTS I Client : Evolution 2 I 2 adultes un père et sa fille [Anglais]
9h45 I 15h00
Interventions et sujets abordés • FAUNE ET FLORE
remarques eventuelles La seule randonnée pendant laquelle
CartoExploreur 3D - Copyright IGN - Projection Lambert II étendu / NTF - Echelle 1:25000
• LES ALPAGES
© FFRP pour les itinéraires et sentiers de randonnées GR®, GRP®, PR®
j’ai du m’exprimer uniquement en anglais. Réalisée à plusieurs reprises à la demi-journée sans aller à Foron.
500 m
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
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Les randonnées
PLANTES CULINAIRES
Journée à thème sur le plateau des Plaines Joux aux Brasses
CHABLAIS AVORIAZ
ALTITUDE depart DENIVELéS
1 428 m.
+/- 50 m. ~
L’ITINERAIRE Pas d’itinéraire précis. Frédérc Jouy emmène son groupe au gré de ses trouvailles sur le plateau des Plaines-Joux, qu’il connait parfaitement. Le repas de midi se fera à l’abri dans son chalet, l’occasion pour lui de récupérer les bocaux de ses préparations qui serviront à la dégustation l’après-midi.
DATE METEO
21 juillet 2010 HORAIRES Départ I 9h00 Retour I 16h30 Horaires effectifs de la randonnée
9h30 I 16h00
Interventions et sujets abordés
LES PARTICIPANTS I Client : Les Chavannes / Onnion Village-vacances I 16 personnes adultes 35/50 ans I BE AMM Frédéric Jouy
remarques eventuelles
• Plantes Culinaires
Journée pendant laquelle je ne suis
• Degustation
pratiquement pas intervenue. J’avais
CartoExploreur 3D - Copyright IGN - Projection Lambert II étendu / NTF - Echelle 1:25000 © FFRP pour les itinéraires et sentiers de randonnées GR®, GRP®, PR®
presque autant à apprendre que les clients. Sujet de prédilection de Fred qu’il maîtrise à la perfection.
500 m
79
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
15
Les randonnées
TOUR DES ROCHERS DES FIZ En boucle au départ du Lignon / 2 jours
GIFFRE SIXT-FER-A CHEVAL
DATE
2/3 sept. 2010
METEO
HORAIRES Départ J1 I 9h30 Retour J2 I 16h00 Nuit en refuge
ALTITUDE depart
1 180 m.
ALTITUDE MAXI
2 220 m.
DENIVELéS J1 + 1077 m / -255 m DENIVELéS J2 + 580 m / -1437 m
LES PARTICIPANTS I Client : par connaissance I 3 personnes Adultes 30/35 ans I Première randonnées sur 2 jours et première nuit en refuge.
L’ITINERAIRE Jour 1. Suivre l’itinéraire n°6. Passer devant le refuge A.Wills et gravir la pente qui se présente. Au sommet le sentier se poursuit au travers de quelques vallonnements, jusqu’au lac dont on rejoint les rives par la gauche. Au bout du lac, le sentier monte en direction du col d’Anterne d’où on aperçoit le refuge. Jour 2. Du refuge, suivre la piste qui mène au Chalets d’Ayères. Le sentier part en suivant un petit ruisseau et monte dans la pente entre les éboulis. L’itinéraire accède à de gros blocs. Suivre le balisage. Des passages équipés mènent jusqu’au Dérochoir. Passer sur l’autre versant et suivre le sentier du vallon de Sales. Puis suivre l’itinéraire n°3.
sujets abordés • La réserve de Sixt • L’eau et les cascades • Sport et santé
remarques eventuelles Une boucle que j’apprécie particulièrement. La diversité des paysages en fait une bonne initiation au raid sur plusieurs jours, si les clients ne présentent pas d’appréhension particulière pour le passage du Dérochoir.
JOUR 1 JOUR 2
80
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
16
Les randonnées
TRIENT / CHAMPEX I TMB Par l’alpage de Bovine
MASSIF DU MONT-BLANC
ALTITUDE depart
1 297 m.
ALTITUDE MAXI
1 975m.
DENIVELéS + 930 m. / - 660 m. L’ITINERAIRE De Trient, rejoindre le col de la Forclaz par le sentier horizontal qui démarre au-delà de la N506. Suivre le sentier qui longe le torrent jusqu’au chalet de Giète (1 884 m.). Le GR monte en fôret avant de rejoindre les chalets de l’alpage de Bovine. Après un sentier en lacets, franchir le torrent et rejoindre le vallon de Six-Fours, puis en lègère descente le chalet de Jure. Traverser le vallon qui mène au Plan-del’Au (1330m), puis à la jonction avec la route, prendre à droite pour rejoindre le chemin qui mène à Champex.
DATE
23 août 2010
METEO
HORAIRES Départ I 8h30 Retour I 16h00 Nuit à Champex
LES PARTICIPANTS
Le trek
I Client : Altitude Mont Blanc
N’étant pas disponible avant, je rejoins le groupe sur leur deuxième journée.
Agence de trek
Mon arrivée suscite quelques inquiétudes qui ne me mettent pas très à l’aise. Leur accompagnateur s’est décrit auprès d’eux comme dépressif et ils pensent
I 15 adultes
que je viens le remplacer. J’essaie tant bien que mal de me présenter et de lever
+ 1 BE AMM
leurs inquiétudes. Chaque jour sera le théâtre de blagues du même genre que, ni les clients, ni moi-même, ne comprenons toujours mais auxquelles nous fini-
I Une moyenne d’âge autour de la
rons par nous habituer.
quarantaine dont la grande majorité
Le TMB est un parcours que je connais, ce qui me permettra de trouver ma
a déjà pratiqué la randonnée sur
place au sein du groupe sans trop de problème. L’accompagnateur me dit ne
plusieurs jours. Ils sont tous bien
pas aimer parler de montagne et de ce qui s’y rapporte, je vais donc pouvoir
équipés.
remplir mon rôle à plein temps.
I Parmi eux, trois Suissesses de 65,
Le groupe étant important, je suis la plupart du temps avec ceux de tête tan-
67 et 75 ans, avec une pratique et
dis qu’il ferme la marche avec les plus lents. J’ai un peu de mal à me faire à
une connaissance de la montagne
ses méthodes, mais ce sont ses clients et je ne me permet pas d’appliquer les
conséquentes, mais qui à l’âge de la
miennes. En effet, je suis surprise la première matinée de voir les clients partir
retraite cherche un peu plus de con-
seuls sans un mot, au moment de la pause-café ou du déjeuner. L’AMM m’ex-
fort qu’auparavant.
plique qu’il les laisse faire leur propre programme, quitte parfois à ne pas faire le même itinéraire. Je ne vois plus très bien l’intérêt de partir accompagné et
Interventions et sujets abordés
trouve cela plutôt dangereux. Le trek s’est déroulé sans encombre, avec pour ma part, de vrais moments de
• LECTURE DE PAYSAGE
partage avec le groupe. Un petit bémol toutefois sur la journée du vendredi où
• GEOLOGIE
nous avons pris un énorme orage en montant sur le col des Fours. A la tête
• Plantes médicinales
du groupe, cette journée a été, pour moi, une véritable piqûre de rappel sur ce
• Sport et santé
que peut être la montagne quand la météo se déchaîne.
• EQUIPEMENT • Sécurité en montagne
Analyse personnelle J’ai, a plusieurs occasions, vécu des semaines de trek avec des accompagnateurs, et à chaque fois, j’ai apprécié de partager une semaine entière avec un groupe. La relation clientèle est une partie du métier que j’apprécie particulièrement. Une semaine qui m’a permis, aussi, de confronter ma pro-
En haut : pique-nique au mont Fortin
pre idée de “l’accompagnement” à celle d’un autre.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
17 DATE
Les randonnées
CHAMPEX / Ferret I TMB Nuit en hôtel à Ferret 24 août 2010
METEO
ALTITUDE depart
1 486 m.
ALTITUDE MAXI
1 705 m.
DENIVELéS + 550 m. / - 600 m. L’ITINERAIRE Du Lac de Champex, suivre le sentier balisé qui mène jusqu’à Issert. Traverser le ruisseau, puis continuer jusqu’au village de Praz de Fort (1151 m.). A la sortie du village, traverser la route, puis rejoindre le sentier qui passe de l’autre côté du ruisseau. Il monte doucement jusqu’à gagner le village de la Fouly (1593 m.). Après avoir traverser le village, continuer le sentier jusqu’à rejoindre Ferret.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
18 DATE
Les randonnées
Ferret / Courmayeur I TMB Nuit au Refuge Monte Bianco 25 août 2010
METEO
ALTITUDE depart
1 705 m.
ALTITUDE MAXI
2 537 m.
DENIVELéS + 940 m. / - 900 m. L’ITINERAIRE Du village de Ferret, prendre le sentier qui démarre en aplomb de la route. Après quelques lacets, il conduit à l’alpage de la Peule (2071 m.), puis continue vers le Grand Col Ferret (2537 m.). Entamer la descente qui serpente jusqu’au refuge Elena (2062 m.). De là, laisser la direction du Petit Col Ferret et continuer le chemin qui mène à Arnuva (1789 m.) Puis transfert en bus jusqu’à Courmayeur.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
19 DATE
Les randonnées
Courmayeur / Les Mottets I TMB Nuit au refuge des Mottets. Variante par le mont Fortin 26 août 2010
METEO
ALTITUDE depart
1 680 m.
ALTITUDE MAXI
2 811 m.
DENIVELéS + 1250 m. / - 900 m.
L’ITINERAIRE Du refuge Monte Bianco, suivre le chemin qui rejoint la route à la Visaille. Continuer la large piste jusqu’au pont du lac Combal. S’engager sur le GR qui monte sur la gauche. A la bifurcation, laisser le GR du TMB et prendre sur la droite le sentier qui s’engage dans la pente et rejoint le mont Fortin (2811 m.). Au col, faire un aller-retour au sommet, puis reprendre le sentier. Au croisement du col des Chavannes (2603 m.), continuer à flan jusqu’au col de la Seigne où l’on retrouve l’itinéraire du GR. Laisser l’itinéraire du refuge Robert Blanc sur la droite et descendre vers le refuge des Mottets (1870 m.)
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
20 DATE
Les randonnées
LES MOTTETS / CONTAMINES I TMB Arrivée à Notre Dame de la Gorge 27 août 2010
METEO
ALTITUDE depart
1 870 m.
ALTITUDE MAXI
2 665 m.
DENIVELéS + 900 m. / - 1500 m. L’ITINERAIRE Du refuge des Mottets, prendre la piste qui mène à la Ville des Glaciers. De là, emprunter le sentier qui monte jusqu’au col des Fours (2 665 m.) Laisser sur sa droite la Tête Nord et s’engager en direction du col du Bonhomme. Au gros cairn (2479 m.), bifurquer sur le GR en direction des Contamines. (nous continuerons jusqu’au refuge afin de nous mettre à l’abri quelque temps) Suivre le GR qui descend continuellement jusqu’’à la bifurcation des Chalets de Jovets. Laisser la direction des lacs, et poursuivre la descente jusqu’à Nant Borrand, puis par le chemin romain qui mène à Notre-Dame-de-la-Gorge.
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EXPERIENCE PROFESSIONNELLE STAGE EN SITUATION
Le bilan
BILAN DU STAGE EN SITUATION U
ne première approche professionnelle qui a rempli les objectifs que je m’étais fixés. J’ai pu “toucher” pratiquement toutes les réalités du métier qu’il s’agisse de l’accompagnement à proprement-dit, que l’approche économique, humaine,
commerciale... Alors que je ne le connaissais pas quelques semaines auparavant, Jean-Michel Peccoux, mon maître de stage, a pleinement joué son rôle de tuteur. J’ai particulièrement apprécié le sérieux et la disponibilité avec lesquels il a traité chacune de mes sorties, que ce soit avec ou sans lui, débriefant chacune d’elles. Sa confiance, le partage de son expérience et de ses compétences m’ont beaucoup apporté. Le stage a aussi été l’opportunité de dialoguer avec bon nombre de professionnels, de partager leurs points de vue et leurs ressentis et de me situer, aussi, en fonction des différentes approches que j’ai pu côtoyer. Cette période d’apprentissage m’a permis de valider certaines approches que j’avais du métier et d’affiner mon projet professionnel futur. M’étant beaucoup intéressée et documentée sur l’aspect économique du secteur, au-delà d’ailleurs de ma période de stage, le terrain et l’approche clientèle ont été des éléments indispensables à la conception d’une activité professionnelle future en tant qu’accompagnatrice. J’ai pu mesurer toutes les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les accompagnateurs et les syndicats locaux, le difficile équilibre financier pour certains, l’appréhension d’un marché en mutation qui doit se renouveler sans cesse, un public qui évolue et qu’il faut séduire. Comme je l’ai noté dans les analyses des randonnées effectuées, ces dernières ont été l’occasion de valider - ou de découvrir - un aspect du métier, qu’il s’agisse de la gestion de la clientèle et des différents publics, de mon propre comportement face à certaines situations, des problèmes d’itinéraire, de sécurité ou de logistique, ou simplement de connaissances du milieu montagnard. A travers ce stage comme au cours des formations, au contact des professionnels, j’ai pu mesurer le chemin qu’il reste à parcourir : des connaissances encore bien faibles du milieu naturel qu’il faudra sans cesse approfondir, des pratiques qu’il faudra sans doute encore acquérir... De même que cela m’a permis d’estimer ce que mon expérience et mes savoirs-faire antérieurs conjugués à cette nouvelle activité vont pouvoir m’apporter dans le futur. ✪
sandra ortiger Chemin de Gravueraz 74340 SamoĂŤns tĂŠl. 04 50 21 42 69 mob. 06 21 06 35 17 sandraortiger@me.com