Adonnez-vous au tabac, à l’alcool, aux plaisirs artificiels… ’L addiction est une succession Les publicités sont là pour soudoyer votre volonté vos pulsions vers les achats, les acquisitions : tout d’operations simples Destirigezpossible, tout est permis. No limit votre âme et on vous vendra du rêve succession d’additions et DInonnez-nous itiez-vous aux plaisirs des sens : le goût,
de soustractions. Des electrons libres, C des ions positifs qui se succedent T I aux ions negatifs et O on se trouve projeteé N dans un paradis artificiel Prevention, ou etais-tu quand je suis tombe dans l ’addiction ? Car l’addiction n’est que fiction Arreter enfin la consommation et parvenir a la redemption
la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher. Avec un peu d’imagination vous pourrez tous les satisfaire… hoisissez bien vos addictions ; ne perdez pas de vue qu’elles vous rendront esclaves et dépendants ournez le désir en besoin et votre vie prendra des couleurs maginez l’inimaginable et votre addiction donnera corps à vos rêves les plus fous sez commencer et désespérez de ne jamais inscrire le mot fin à votre addiction e cédez jamais à tous ces paradis artificiels… Et addictionnez-vous les uns aux autres. C’est la seule thérapie pour échapper au Dieu Conso
Mon premier est la premiere lettre de l’alphabet Mon second est la maniere de dire des vers, Mon tout releve de la toxicomanie
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Plus d’addictions tue le désir… Addition rime avec tentation du plaisir. Moins de volonté tue la santé… Soustraction rime avec diminution des capacités Prolifération des dépendances tue la gestion des dépenses Multiplication rime avec frustration Fraction du potentiel tue les capacités intellectuelles Division rime avec régression
Addiction, source de toutes les tentations, Quand devant toi nous cédons à la fascination Que pour toi nous renonçons à toute autre séduction Qu’envers toi, nous vouons une véritable adoration Addiction, quand tu nous tiens, telle une passion Dans notre corps, tu génères toutes sortes de vibrations Dans notre esprit tu développes une forme d’excitation Qui nous empêche tout autre type de méditation Addiction, quand tu nous manques, notre volonté devient obstination Notre cœur est secoué de convulsions Notre âme est déchirée par la privation Et notre esprit, notre être tout entier est en perdition Addiction, est-ce toi qui nous mettra l’ultime pression Addiction, nous refusons que tu deviennes notre mur des lamentations Addiction nous ne céderons pas, par amour pour toi, à la résignation Addiction, quitte notre chemin, que nous retrouvions nos vraies sensations
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INTERVIEW William Lowenstein est Président de SOS Addictions, et fondateur et directeur de la clinique Montevideo à Boulogne-Billancourt, spécialisée dans la recherche et le traitement de la dépendance.
sommaire
EDITO
Des addicts témoignent de leur comportement face à la tentation de leur addiction qui les entoure au quotidien. Ils décrivent ces dépendances qui les dévorent. Coke Addict Eye-liner Addict BB Addict Bretzels Addict Success Addict 20 min Addict Marlboro Addict Shoes Addict Fish Addict
musique Superbus est un groupe français de pop rock formé en 1999 par Jennifer Ayache. Le son du groupe mêle influences de rock français, de rock américain des années 1950, 1960 et 1980 ainsi que de punk californien.
portraits Quand l’addiction vous ronge le cerveau…
pixeladdict Otaku est une personne qui consacre la quasi-totalité de son temps à une activité d’intérieure obsessionelle comme les mangas ou encore les jeux vidéo. Le terme japonais est composé de la préposition honorifique “o” et du substantif “taku” signifiant “maison”, “demeure”, le “chez-soi”.
motion
Contributeurs. Modèles et témoignages : Julie Hassaine, Arthur Vallin, Alexandra Faure, John Galloula, Romain Villard, Alice Blanchard, Marion Hassaine, Alan Guenassia, Marc Najar, Victoria Monfort, France de Saint Steban, Clémence Laroche, Kim Novak, Tifany Agoune, Viviane Chouraqui, Claude Amar. Interview : William Lowenstein. Musique : Superbus. Studio : Michel Kempf. Ainsi qu’un grand merci à mon maître de thèse Michel Maindenberg et à mes parents qui m’ont soutenue.
temoignages
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William Lowenstein, addictologue
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S
pécialiste des addictions, William Lowenstein est Président de SOS Addictions, et fondateur et directeur de la clinique Montevideo à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), spécialisée dans la recherche et le traitement de la dépendance. Il est l’auteur de “Le toubib des toxicos est en réa” sorti chez Lattès en 1999 et de nombreux ouvrages relatifs à la dépendance.
USAGE ABUS DEPENDANCE VOILA LE MECANISME
MADD : Quel est la place des addictions dans notre société ? William Lowenstein : Les addictions recouvrent un champ extraordinairement passionnant qui va de la médecine,
quand les gens sont dépendants ; ils subissent une authentique maladie du fonctionnement cérébral qui doit être traitée comme telle, mais ils deviennent dépendants, au bout d’un feuilleton qui commence parfois par l’usage et se continue par l’abus. L’usage est un problème social, culturel, l’abus est déjà plus individuel : donc s’occuper des addictions, c’est s’occuper à la fois de la société, de l’histoire sociale, mais aussi de l’histoire des individus, et enfin de toute la neuro, bio psychologie qui va des neurosciences à la psychanalyse. C’est cette multidisciplinarité qui est vraiment passionnante quand on s’occupe des addictions.
M.: Avez-vous déja été victime d’une addiction ? W.L.: Je n’ai pas été victime d’une addiction particulière, mais je ne suis pas passé loin dans
deux domaines. Le premier domaine est un domaine comportemental qui est celui de l’activité physique intensive. J’ai été élevé dans une famille très sportive avec un père champion, sportif de haut niveau, on dirait aujourd’hui. J’ai passé mon enfance à faire du sport, à l’adolescence, cela ne s’est pas amélioré et jusqu’à trente-cinq ans, si je n’avais pas “ma dose” de sport de trois à quatre heures par jour, je n’arrivais pas à être bien, à dormir correctement ou à me sentir apaisé. On pourrait dire que cela a été ma première addiction comportementale. La seconde est venue plus tardivement, c’est ce que les anglo-saxons appelle le “workaholisme” : si je ne travaille pas, si je ne suis pas occupé, le week-end ou les vacances sont particulièrement difficiles… J’essaie de me soigner notamment en respectant les dimanches et en faisant en sorte que le troisième ou quatrième jour de vacances, je ne sois pas appelé par le service de ma clinique ou par mes amis pour me chercher un peu de travail ; je me soigne mais la guérison me paraît facile surtout pour ce domaine là.
M.: Quel est le spectre des addictions ? W.L.: Le spectre des addictions est très large, ca va des addictions comportementales comme par exemple l’addiction au jeu, à des addictions extrêmement sévères et classiques
comme l’alcoolo dépendance ou l’addiction à l’héroïne ou à la cocaïne. Comme toute maladie, il y a des formes plus sévères, vous savez qu’il y a des asthmes qui sont légers, qui vont embêter les gens peut-être une ou deux fois dans leur vie, et d’autres qui vont tuer les personnes atteintes de la maladie asthmatique. Pour les addictions, c’est la même chose, il va y avoir quelques addictions réelles, sans grande gravité et d’autres évidemment qui vont faire des milliers de morts. Au premier rang de celle ci, il y a l’alcool, il y a le tabac, il y a l’héroïne, il y a la cocaïne et maintenant il y a le cannabis. Donc le spectre est large, ce sont des addictions mais elles n’ont pas toutes la même dangerosité ou la même gravité. L’engrenage de la dépendance se fait parce que notre cerveau cherche toujours ce qui peut nous faire du bien, ce qui peut nous apaiser et entre un petit apaisement immédiat et un grand risque futur, notre cerveau n’est pas extraordinairement fait, il choisira toujours le petit apaisement immédiat, par exemple, fumer une cigarette, ou prendre un comprimé pour dormir quel que soit la connaissance du risque futur. Je dirais que l’engrenage des addictions est typiquement humain parce que le principal producteur des drogues au monde est en fait notre cerveau humain. Nous produisons ces drogues et lorsque nous modifions ces systèmes avec d’autres drogues venues de l’extérieur, les choses deviennent réellement compliquées à contrôler, et c’est pour ça que la dépendance entraine cette perte de choix, cette perte de liberté.
M.: Pouvez-vous me parler du mécanisme infernal des addictions ? W.L.: Le mécanisme des addictions se résument aux trois épisodes classiques : usage, abus, dépendance.
L’usage est la rencontre avec une substance, l’alcool, le cannabis, la cocaïne avec des fonctions positives. Au fil de cette répétition, de ces abus, notre cerveau va se transformer au niveau cellulaire, c’est à dire que cela ne va plus marcher comme avant. Notre cerveau va avoir besoin de cette essence pour pouvoir fonctionner et c’est au fil de ces parcours nécessaires avec ces substances que vont s’installer les dépendances, c’est à dire que notre cerveau ne va plus pouvoir fonctionner correctement sans cette substance, et hélas, les transformations cellulaires auront entrainer chez nous au stade de dépendance une transformation de notre humeur, une transformation de notre sommeil, une transformation même de notre pensée ainsi qu’une transformation de nos relations aux autres et à la société. Usage, abus, dépendance, voilà le mécanisme. Ce que nous ne savons pas précisément, c’est pourquoi certains vont s’arrêter à l’usage ou à l’abus. Est ce qu’il y a des facteurs génétiques essentiellement ? Est ce qu’il y a des facteurs psychologiques, des facteurs personnels, culturels ? Surement tout cela à la fois, pour expliquer que certains sont plus vulnérables que d’autres, que nous sommes un peu inégaux devant les drogues et que certains ne s’arrêteront pas au stade d’usage ou d’abus, mais deviendront dépendants et à ce moment là, perdront leur liberté de choix.
M.: Quels sont les facteurs déclencheurs ? W.L.: S’il y a bien un facteur sur lequel tout le monde s’accorde pour dire ce qui prédispose aux addictions, c’est de l’ani-
mal à l’homme, le stress. Plus nous sommes stressés, plus lorsque nous rencontrons une substance qui peut nous apaiser, nous risquons d’en devenir dépendant. Au delà de cet accord sur ce facteur de vulnérabilité, les discours divergent un peu : personnellement, je suis toujours surpris que des personnes qui sont devenus dépendantes soient affichés par une sorte de profil un peu dépressif, un peu looser, un peu ralenti parce que 90% de mes patients à la clinique Montevideo ne rentrent absolument pas dans ce profil là. Ce sont au contraire des personnes hyperactives, hyper-sensibles, je dirais même hyper réactives, qui ont un appétit un peu plus important que la moyenne. Et c’est de cette hyperactivité, à mes yeux, que va naître la vulnérabilité aux addictions. Ce sont des personnes qui ont une plus grande émotivité également, et lorsqu’elles rencontrent une substance qui peut les apaiser, c’est un peu comme si une personne circulait depuis des décennies sur une autoroute émotionnelle très rapide, trouvait une petite aire de repos avec la substance pour se poser. Je dirais que le profil des personnes qui risquent de devenir “addicts” ou dépendantes est plutôt un profil du côté du plus ou de l’hyper, qu’un profil du côté des moins, des personnes hyper-sensibles, hyper émotives, hyperactives ou hyper réactives, et encore une fois, qui cherchent un peu plus de choses dans la vie que les autres.
M.: Que pensez-vous des campagnes de prévention ? W.L.: Ah les campagnes de prévention du gouvernement ! Elles se sont améliorées du temps
de Nicole Maestracci* et de Dider Jayle** à la fin des années 90. Avant, c’était catastrophique ! Je me souviens d’une campagne qui avait coûté cher au gouvernement et aux contribuables, qui se résumait à dire “la drogue, c’est de la merde”, ce qui était vraiment un scoop très utile, dont l’effet n’a jamais été évalué, mais qui était tourné en ridicule par la plupart des lycéens puisqu’ils savaient bien que “shit” est la traduction de merde, donc ça les faisait plus rire qu’autre chose. C’était un message d’une imprécision terrifiante ! Moi j’aime bien pour la prévention, deux choses : inconsidérer les gens là où ils sont, c’est à dire au stade où ils sont, on ne fait pas la même prévention par rapport à un usage que par rapport à un abus que par rapport à une dépendance. Vous pouvez expliquer, par exemple, que le tabac est mauvais pour la santé, si la personne est gravement tabacco dépendante, cela ne fera qu’aggraver son angoisse et sa culpabilité : elle fumera donc plus en conséquence. L’autre point, c’est de commencer la prévention, il semblerait que dans notre pays, les choses importantes soient compréhensibles que quand il est trop tard, c’est à dire quand les enfants sont au stade de l’adolescence. Ils veulent se mettre en opposition avec ce qui les entourent. C’est au stade de l’enfance ou de la scolarité encore bien heureuse, quand les enfants veulent faire comme les grands qu’il faut faire passer les messages de prévention sur les drogues, comme on essaye de les faire passer sur un patrimoine santé, en disant “voilà ce que vous allez rencontrer” parce qu’une société sans drogue, ça n’existe pas, “voilà quels seront les effets, voilà quelles seront aussi les dangerosités, donc peut-être que le plus simple est de ne pas commencer par l’usage”. Pas un discours moral mais un discours de prévention. S’il suffisait de dire “non aux drogues” pour être efficace, à quel qu’âge que ce soit, nous le saurions. Nous savons au contraire qu’il ne suffit pas de dire “non” pour protéger les gens.
* Présidente de la FNARS (Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale) ** Conseil des ministres à la tête de la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie.
ce’ qui predi’ spose aux’ addictions, c est de l animal l homme, le stress
le principal producteur des drogues au monde est notre cerveau humain
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LORS QUE j’étais encore une femme d’affaires épanouie, dévorée par le stress de la publicité, j’avais
un goût prononcé pour les bons repas et le grignotage. Le grignotage, parlons-en ! Un petit paquet de gâteaux par-ci, une tablette de chocolat par-là, des gorgées répétées de Coca-Cola pour faire passer le tout et les kilos qui arrondissaient mon tour de taille. Donc, avec une volonté de fer, je troquais le Coca-Cola rouge, traditionnel et bourré de sucre pour le Coca Light, regardé jusque-là avec dédain comme étant l’apanage des grosses. Et c’est alors que j’ai commencé à me donner bonne conscience en me disant que le plaisir n’étant pas le même, le goût étant moins plaisant, je pouvais multiplier la consommation sans scrupules ni complexes. Je commençais ainsi à m’apparenter à ces fumeurs qui trouvent toutes les excuses à leur vice quand ils passent du paquet de Marlboro rouge au paquet de Marlboro doré. Décidément, le rouge est une couleur dangereuse ! Petite fumeuse, crapoteuse diraient les mauvaises langues, peu amatrice de café, j’ai trouvé dans le Coca-Cola Light, un excitant qui me permettait de me réveiller à l’heure où les autres digèrent, qui coupait ma journée au moment fatidique du goûter… Car, qui n’a pas des souvenirs d’enfance du pain, du chocolat et de l’orange pressée de quatre heures ? Eh bien, cette nostalgie, je l’ai nourrie en buvant avec délectation, mon Coca, puis mon Coca Light… Oh Coca-Cola, ersatz de mon orange pressée. Peu à peu, j’ai pris l’habitude de consommer tous les jours à mon bureau ce breuvage revigorant. Mais surtout pas d’importation à mon domicile qui aurait risqué de contaminer mes enfants. Interdiction pour eux de boire cette boisson illicite et réservée aux adultes ou en tous cas à leur maman en dehors des goûters d’anniversaire. Le Coca-Cola devait rester pour eux une boisson festive et rare. Puis j’ai arrêté de travailler, il y a de cela dix ans. Mes enfants avaient grandi et certains trouvaient un certain plaisir à boire ce soda pour américains, aurait dit mon père ! Économie oblige, je suis passée à la bouteille de 1,5 litres. Le contenant modifie la consommation. - La bouteille en verre de 25cl, c’est au café. C’est le rendez-vous avec les amis, le moment de détente, l’apéritif. On verse petit à petit le liquide dans un verre dont on a, au préalable, enlevé les glaçons. Impies les garçons qui remplissent les verres de glaçons ! Ils ne savent donc pas que ces glaçons fondent et dénaturent le Coca ? En revanche, la petite rondelle de citron donne un air de cocktail qui fait du Coca un apéritif comparable à celui des grands… - La canette de 33 cl ne se conçoit que si l’on boit à même en visant bien… Le plaisir de la canette est intense, pour peu qu’elle soit bien fraîche car c’est d’abord la main qui apprécie le froid. Puis le bruit quand on la débouche, si particulier et bref.
Oh Coca-Cola, ersatz
coke addict Enfin, la première gorgée. Intense. Le gaz est encore bien comprimé. Les zygomatiques se contractent, le nez picote, les yeux pleurent un peu et, inéluctablement, si cette gorgée est avalée un peu rapidement, suit un petit rototo appelé pudiquement hoquet. Le problème de la canette est que le premier tiers est un véritable délice mais très vite, le gaz s’échappe et ne reste que le goût du sucre chimique. Il faut parfois jeter la canette avant de l’avoir terminée. Un vrai crime de lèse majesté. D’autant plus que je suis mère au foyer et que je peux désormais effectuer un va-et-vient incessant entre mon bureau et ma cuisine. Car il n’est évidemment pas question de monter la bouteille au deuxième étage ; cela signifierait que le Coca se réchaufferait. Impensable. Et, bien évidemment, indispensable de serrer au maximum le bouchon pour préserver le gaz. Le plaisir de la “1,5 litre” est de boire “à la bouteille” au grand désespoir de ceux qui partagent votre maison. Et là, la dose est de trois gorgées toutes les demi heures. Les rondeurs sont absorbées par les descentes et les montées de deux étages. De toutes façons, il est bien connu que le Coca Light ne fait pas grossir et quoiqu’il arrive ce n’est plus mon problème. Ma consommation de Coca Light commence désormais au réveil. Pas de petit déjeuner, mais une longue goulée dès mon arrivée dans la cuisine, à jeun, suivie d’une autre après la promenade du chien. Et après, c’est selon les activités. Celle qui suscite la plus grosse consommation est le repassage. Un tee shirt, une gorgée. Un pantalon, une gorgée. Une chemise, une gorgée… Comme j’ai repris une nouvelle activité professionnelle, je n’ai pas imaginé passer une journée sans mon ami. Dès que je rentre chez moi, j’ouvre la porte du réfrigérateur et la mauvaise humeur est totale si la bouteille est presque vide, dégazéifiée ou le bouchon mal vissé. Elle atteint son paroxysme si la porte ne contient pas le breuvage magique. N’imaginez même pas qu’il n’y a pas de réserve. C’est quasiment impossible mais, heureusement les petits épiciers, ouverts à toute heure, permettent de ne pas souffrir du manque trop longtemps. Enfin le repos bien mérité du guerrier. Si un coup de blues me terrasse avant de rejoindre les bras de Morphée, je m’autorise – mais seulement de temps en temps – un dernier verre pendant mon bain que je prends bouillant ; et là le contraste entre le froid et le pétillant du coca et la chaleur et l’immobilité de l’eau du bain, procure une sensation encore différente. Pour résumer, une vraie addiction, je l’avoue humblement. Une dépendance dont je ne parviens pas à me défaire. Non, je mens ! Dont je n’ai pas envie de me défaire. Un esclavage dont j’ai parlé à un médecin en lui demandant de “m’aider” car le produit n’est pas sain. Il m’a regardée comme si j’étais folle ! Car le problème de l’addiction au Coca comme celle de l’addiction à la cigarette, c’est que l’excès laisse un goût pâteux dans la bouche et que chaque jour on se dit que le lendemain sera le premier jour… Sans ! Ce n’est pas demain la veille.
de mon orange pressee
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CRITURE DE CHANEL 10 noir black
une référence apprise par cœur, un achat mensuel, une nécessité, en d’autres termes une véritable addiction. Alors que d’autres ne pourraient pas se passer de leur café le matin, mon trait d’eye-liner est devenu un geste quotidien dès le réveil, ma façon de bien démarrer la journée. Cela fait un peu plus de cinq ans que ce simple stylo rythme ma vie. Posé dès le matin, quelques retouches pendant la journée, et intensifié le soir, mon eye liner fait partie intégrante de mon quotidien et ne me quitte jamais. Sortir sans maquillage et surtout sans ce trait noir pour souligner mes yeux me paraît impensable, ne serait-ce que pour descendre les poubelles ou acheter une baguette de pain.
EYELINER ADDICT
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Noir, et pas une autre couleur, eye-liner et non pas khôl ou crayon, cela peut paraître un peu réducteur, futile, voire superficiel, mais il me définit et souligne ma personnalité. Sans lui, je me sens nue et pas moi-même, comme s’il me manquait quelque chose. Véritable “drogue”, il se multiplie à la fois dans mon sac ou dans ma salle de bain. Cela peut faire rire certains ou inquiéter mon entourage, mais cela reste un accessoire de beauté auquel je m’associe. Toujours la même marque, toujours le même modèle, pour rien au monde je n’en changerais. Mon eye-liner, une addiction, une passion voire une véritable obsession.
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bb ADDICT
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E BESOIN HUMAIN de communiquer a toujours été présent et nécessaire.
De plus en plus dans nos sociétés dites virtuelles, la communication est telle que le nombre de personnes avec lesquelles nous échangeons s’agrandit, et les moyens de communiquer évoluent jusqu’au point de ne plus nous voir. Le Blackberry offre une possibilité encore plus poussée : un “contrôle” de la communication qui deviendra par la suite incontrôlable pour l’utilisateur. En effet, je suis une “crackberry” : terme employé par les tabloids anglais, utilisant le mot “crack” qui signifie la dépendance à des stupéfiants et “berry” pour “blackberry”. Le Blackberry agit comme une espèce de “doudou” qui rassure émotionnellement. En effet, nous pouvons être en constante communication les uns avec les autres… Bel objet me direz vous ? Oui, jusqu’à un certain point. Pour ma part, je suis arrivée à ce point de non-retour. L’addiction est telle que quand mon “bbm” vibre je me dois de répondre et cela même lorsque je conduis, ce qui m’a été fatal une fois : accident de voiture. Sans gravité aucune, mais cela m’a permis de réagir. Nous sommes constamment en communication les uns avec les autres, mais les échanges deviennent superficiels. Vous ne savez plus pourquoi vous échangez, tout devient superficiel. C’est pour cela, que même avec un blackberry, l’overdose est présente, tout comme l’addiction aux stupéfiants, l’overdose de bbm existe ! Votre téléphone sonne toutes les deux minutes ou vibre, ce qui vous rend fou : l’unique solution est de couper toute communication, ce que j’ai fait la semaine dernière. Blackout de 3 jours sans portable ni mails… Et vous vous rendez vite compte que dans notre monde, vivre sans ces outils de communication parait impossible.
Le Blackberry agit comme une espece de doudou qui rassure emotionnellement
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BRETZELS ADDICT 30
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ES B RETZ ELS pe
tit dé rythm j e ent m u n e goûter r au a vie d o comm u pour un îner, en gu . Du e is p salées de nuit, c etit creux d e de es e so quotid nt devenu petites do jour es uc ie for me n. Leur no mon petit eurs m pl m’intr Les pa chaqu igue e me fait rir aisir quets e e, s t j’en a i toujo e comptent fois une déc leur goût leur p o u est à mes e nvies rs un sur m ar dizaine d uverte. jo an o M’im aginer urnalières. i dans mon s mon plac ar ne sac po journé ur sat d et e, est i pas en cro isfaire q n Addic tion c concevable uer, ne sera ert . it-ce q ma do u’un d se d’é es étrange, nergie ans la ces pe Prête à parc pour l tits gâ a ou teaux le bre m’app tzel id rir toutes le journée. ortent s épice éal, je recett es, à te r d i e é s c d o eP uv lp de bre tzels fa oint que je m re chaque aris pour tr o m i d’ada pter m ts maison. U e suis lancé ois de nou uver e es ve n da Et dep uis pe recettes au véritable ré ns la fabric lles ga u, at cette p g etite d j’ai découv ré de mes e l me per me ion n o Non s ttant e eulem uceur : ma rt une vertu vies. e d nutrit insoup ionne nt, ils m’ap iminution çonné d l s p e envie de fum nécessaires ortent tout cigarettes ! e de , et er pl par un bretze une cigarett en plus de ein de bien l, alor e s pour se fait resse cela, dès q faits u quoi s n ’en pr tir, je la rem ’une iver ? place
success ADDICT
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AGNER N’EST PAS une option.
Est-ce la volonté de gagner ou la peur de perdre qui me pousse à me lancer des micro-challenges tout au long de la journée ? Je m’explique, je ne me lance pas des challenges sur des performances auxquelles je suis préparé, mais des challenges dont l’issue sera indépendante de ma volonté. Exemple : j’arrive à la caisse dans un supermarché, les caisses sont bondées, je m’installe dans la queue qui me semble la plus rapide, je compte le nombre de personnes devant moi, “ok je suis 8e”, je compte le nombre de personnes dans la file d’à côté et repère le 8e également, “ce sera mon concurrent” : il faut que je franchisse la porte de sortie avant lui comme un sprinter franchit la ligne d’arrivée.
En y réfléchissant bien, ce challenge est totalement stupide, il suffit que l’autre caissière soit plus rapide pour que je perde, donc je ne suis pas maître de ma victoire, et mon concurent (qui n’est d’ailleurs pas au courant qu’il est en compétition avec moi !) ne peut rien faire pour aller plus vite non plus. Autre exemple : je suis au feu rouge, une moto de même cylindré s’arrête à côté de moi, je sens un motard un peu nerveux, du genre “kéké” qui veut montrer à tous les automobilistes derrière lui qu’il va atteindre plus vite que tout le monde le prochain feu. Je ne suis pas du genre “m’as-tu-vu” dans le domaine auto/moto, mais dès que je décèle cette attitude, je rentre en compétition avec lui, je dois contrer son attitude en étant meilleur c’est à dire dans le cas présent, arriver au prochain feu plus vite que lui.
Attitude stupide, je me dis que j’ai gardé mon âme d’enfant pour me rassurer. Ces petis défis du quotidiens viennent ponctuer ma journée comme des micro-étapes dans les phases de transition que tout le monde connait (métro, feu rouge, queue de supermarché, balade en vélo...) Traumatisme infantile de l’échec ? Peut-être, en tout cas impossible pour moi de perdre la face lorsque compétition il y a, cela devient une obsession ; une fois que j’ai choisi de gagner, il faut absolument que j’arrive à mes fins, sinon c’est le drame. J’ai besoin de ces défis tout au long de la journée, une espèce de “je peux le faire” qui raisonne dans ma tête. Lorsque j’y arrive, cela me soulage. Plus que le fait de gagner, je crois que cette micro seconde de bien-être procuré par la victoire me pousse à rechercher d’autres compétitions tout au long de la journée.
traumatisme infantile de l echec ’
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B
onjour, moi c’est Clémence 22
ans, et ça fait deux mois que j’ai arrêté de “geeker”.
Bon d’accord dit comme ça je vous l’accorde, ça peut paraître un peu faible dans la hiérarchie des addictions. Le niveau de risques est certes moins grand, je n’ai pas risqué l’ulcère, pas frisé l’overdose, ni côtoyé le cancer, mais j’étais bien partie pour une inscription directe, sans passer par la case départ et sans toucher 20 000 euros, à Pôle emploi. Je m’explique : diplôme fraîchement en poche, premier job, première expérience dans la vie active, vient le temps des responsabilités, le temps des compromis. Adieu vie d’étudiante. Et qui dit responsabilité, dit très vite, adieu métro boulot, apéro, dodo, et welcome le très simple et ennuyeux refrain métro boulot dodo. Et un beau jour, lors d’un de ces matins moroses, je L’ai rencontré, et tout de suite je L’ai eu dans la peau : Le 20 minutes. Le 20 minutes, c’est un quotidien gratuit distribué à chaque bouche de métro. Ce qui au début n’était qu’un simple prétexte à distraction, pour passer le temps et tenter d’oublier une rame de métro bondée par des gens de mauvaise humeur, est très vite devenu un véritable rendez-vous, un tête-à-tête. Et plus les jours passaient, plus, lorque j’étais en retard je pressais le pas de peur qu’il n’en reste plus. Et si par hasard il n’en restait plus qu’un, et que mon voisin tentait de s’en emparer, je n’hésitais pas du haut de mon mètre soixante à lui emboîter le pas et lui arracher pratiquement le journal des mains. Et puis, un jour, il n’y en a plus eu, pendant une semaine entière. Tous les matins, petite anxiété : va-t-il revenir ? J’aurais même été capable de l’acheter ce journal gratuit, si j’avais pu. Et puis… Il est revenu ! Et là, mon rapport à l’info a changé. Pendant des années, j’avais négligé l’information, le monde et ses déboirs ne m’intéressaient pas. Je trouvais la rédaction du Monde trop pompeuse, celle du Figaro trop politique et pour ce qui est de celle du Canard Enchainé, elle était définitivement trop “déchainée”. Mais le 20 minutes, lui, avec son format et ses articles plus proches des dépêches AFP qu’un quelconque exercice de style, m’a véritablement réconciliée avec tout ça. Et c’est là que le problème se corse.
En effet, j’avais tant d’années à rattraper. Donc, petit à petit, en arrivant au boulot, je prenais dix minutes pour approfondir ce que je pouvais avoir lu dans le journal avec des articles plus poussés sur internet. Puis, ce n’est plus un sujet mais deux, trois, quatre, cinq sujets qui ont éveillé mon attention. On ne pouvait plus à proprement parler de sujets mais de dossiers, qu’il me fallait découvrir, qu’il fallait que je lise, coûte que coûte, et surtout quelque soit le volume de travail s’empilant sur mon bureau. Et puis, je n’ai plus seulement pris 10 minutes, mais 20, 30, 40 puis une heure tous les matins pour m’adonner à cet exercice. Ensuite, cet exercice a peu à peu accouché d’une page internet connectée sans interruption sur un site d’informations. Ce site, une fois dévoré en long en large et en travers, aurait pu me rassasier, mais non, chaque site à une rubrique bien particulière : la rubrique des dépêches. Le principes des dépêches est simple, c’est un flux d’informations en continu, qui vous tient à la page de tout ce qui peut se passer de crucial ou de banal dans le monde qui vous entoure. Et pour une toute nouvelle geek de l’information sur internet, l’appât était de taille. Ce n’était plus une pile de dossier mais bel et bien l’Everest qui prenait forme autour de moi. Et le pire dans tout ça, est que mes patrons ne pouvaient se rendre compte de rien. En effet, en fin stratège je continuais malgré tout, à tapoter énergiquement mon clavier, pour tromper mon petit monde. Les échéances de certains dossiers, l’irritation de certains clients n’y changeaient rien. Il faut ajouter à cela que je n’avais pas l’impression de faire quelque chose de mal, que ce soit envers eux et envers la longévité de mon futur professionnel. Puis, de lectrice active, je suis devenue “internaute” compulsive, commentant chaque sujet qui m’interpellait. Je devenais de mauvaise humeur, irritable si l’un des internautes ayant commenté le même article que moi tardait à répondre, voire répondait mal, à côté de la plaque. Ensuite, est venu le mois de mars, clôture de l’exercice, et là, le glas a sonné. J’avais passé un mois entier à délaisser totalement toute activité en rapport avec la vie de mon entreprise, sans m’en rendre compte. J’ai, malgré tout, préservé mon emploi, mais j’ai dû, pour cela, prendre des résolutions draconiennes. En effet, j’ai programmé mon ordinateur professionnel, afin de m’interdire l’accès à de nombreux sites internet d’informations. Aujourd’hui, l’entreprise est redevenue à mes yeux un lieu de travail. Mais cela ne m’empêche pas de me lever une heure plus tôt tous les matins, et de me coucher une heure plus tard tous les soirs, non plus pour lire le 20 minutes, mais désormais le Monde et le Figaro, qui ne sont pas si mal écris en fin de compte, vous ne trouvez pas ?
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MARLBORO ADDICT
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UMER TUE NE commencez pas”. Mais comment ne pas
commencer une fois le paquet entre les mains ? Déjà cinq ans que la cigarette, aussi simple soit elle, fait partie de mon quotidien. Il faut toujours trouver un prétexte pour aller “en fumer une” pour se déculpabiliser, l’anxiété, le stress, la nervosité ou le simple plaisir de se retrouver entre toxicos… Si vous pensiez qu’interdire de fumer dans les lieux publics ou qu’augmenter le prix du paquet de cigarettes allait m’arrêter ou réduire ma consommation ? Jamais ! Bien au contraire, qu’il vente ou qu’il neige, “ma pause clope” est devenue indispensable et je suis prête à parcourir des kilomètres pour trouver un tabac ouvert à 2h du matin.
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Certes, on ne fait que nous rappeler les méfaits de la nicotine sur notre santé, mais les bienfaits sont aussi nombreux ; le plaisir de répéter ce geste quotidien accompagné d’un café, la sensation d’être plus détendue et d’avoir eu notre “dose” d’une durée limitée ; plein de petites choses anodines qui me font passer une bonne journée. J’ai toujours deux paquets dans mon sac, au cas où je serais en manque et que mon entourage aussi, autant faire partager mon addiction… Je ne vis que pour les cigarettes, mais pas n’importe lesquelles, Marlboro Light ou rien ! Ni trop fortes ni pas assez, elle font partie de mon nécessaire, tout comme ma trousse de maquillage qui, à la longue, risque d’être jalouse tellement je l’utilise peu. Alors oui, fumer tue, mais pour l’instant je suis en pleine forme, vis, et respire à plein poumons !
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ui, certes j’ai beaucoup de chaussures. C’est logique puisque c’est ce que je préfère ache-
ter. C’est ce qui me fait le plus plaisir. Cela dit, j’arrive toujours à avoir des tenues avec lesquelles je n’ai pas de chaussures qui conviennent. Mes chaussures sont mes bijoux. Elles complètent une tenue, embellissent ma silhouette. Une jolie tenue n’est rien sans une belle paire de chaussures. C’est d’abord affectif, je me souviens de ma grand-mère qui m’a toujours conseillé de porter de bonnes chaussures en cuir (pour la durée de vie, le maintien, le confort du pied), elle remarquait toujours lorsque j’en avais une nouvelle paire, elle me les mettait en “forme” lorsqu’elles me faisaient un peu mal à l’arrière… Du coup, mes chaussures sont aussi mon remède anti blues, donc elles occupent une place importante. Elles représentent quelque chose de sérieux, contrairement à ce que pensent certains. Elles me font avancer dans la vie, je ne suis pas révolutionnaire ni superman, mais elles me permettent d’avancer vite ou pas, et, quelquefois, de tenir mes pieds au sec ! Ah, mes chaussures et moi, c’est une grande histoire de coups de foudre à répétition ! Quand je vois une paire, je sais déjà avant même de l’essayer si elle va repartir avec moi ou non. C’est presque maladif : il y a certaines paires que je ne peux juste pas laisser dans le magasin. Je vais tourner autour, les essayer, les regarder sous toutes les coutures, me demander si c’est vraiment raisonnable (bien sûr ça l’est rarement), mais finalement, c’est plus fort que moi, et je ressors du magasin avec mes chaussures et sans la boîte ! Chaque nouvelle paire est un petit défi : trouver La tenue qui ira parfaitement avec et pas l’inverse. Les chaussures, c’est mon petit plaisir quotidien. Le matin quand je prends la paire que je vais porter et que je l’enfile, j’ai toujours un sourire de gamin ravi. Mes chaussures, c’est le rôle que j’ai envie de jouer le jour où je les porte : c’est ma représentation théâtrale quotidienne à moi. Tout a commencé avec ma première paire de Church’s ! Une paire de Westbury marron à boucle… Non seulement, elles étaient belles, mais elles étaient confortables et mettaient mon pantalon et ma posture en valeur. C’était autre chose que les mocassins à semelles plastiques de mon adolescence ! Et puis, elles ont embellies en vieillissant. Il est vrai que je les cirais à chaque fois que je les portais. C’est à ce point précis que le drame se noue. On ne porte pas la même paire de chaussures tous les jours, sinon le cuir ne peut pas sécher correctement et l’empeigne se déforme et sèche. Mais alors, qu’allais-je porter ? Des mocassins à semelles plastiques ? Certainement pas !
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J’ai donc fait l’acquisition d’une deuxième paire de Church’s, des Westbury noires à boucle ! Aussi belles que les marrons, superbes avec un jean ou un pantalon gris. Et alors, quelle classe avec un costume ! Très bien mais deux paires, çà fait deux jours… Alors j’ai goûté aux mocassins de Church’s. Pas mal non plus ! Et puis l’aventure prend un tour nouveau. Lors d’un séjour à New York, je découvre, après avoir acheté une chemise dans le temple de la chemise, Brook’s Brothers, la boutique Alden au coin de la rue. Alden est le seul fabricant de souliers au monde qui utilise de la culée de poulain. C’est un cuir très particulier, plus épais, moins souple, utilisé à l’envers c’est à dire la fleur à l’intérieur, la croûte étant traité pour l’extérieur, qui s’assouplit et se forme à l’usage. Lorsqu’on a porté une fois des souliers en cordovan (culée de poulain), il n’est plus possible d’en porter d’autres. Et elles sont inusables !
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J’ai donc toutes les chaussures de la collection Alden, toutes sauf celles qui ne me plaisent pas, bien sûr, soit une trentaine ! Il m’était devenu impossible de résister à l’envie de m’acheter une nouvelle paire lors de chacun de mes voyages à New York. Très vite un premier problème s’est posé : j’avais tous les modèles ! J’ai trouvé une solution… Je donnais celles qui me paraissaient un tout petit peu plus vieilles que les autres, faisant ainsi une place dans mon “chaussing” (dressing à chaussures) et justifiant ainsi le besoin d’acheter une nouvelle paire. Désir exaucé dès mon prochain séjour à New York ! Las, j’ai découvert un autre problème… Le modèle “loafer” est très chic avec un jean, beaucoup plus chic que les Westbury à boucle. Très bien, les marrons le lundi, les noires le mardi. Et le mercredi ? Alors, j’ai commencé à les acheter en double. Pas moi, cette fois ! J’ai demandé à ma fille ainée, qui partait faire un stage à New York, d’aller à la boutique Alden, de dire à Ralph Bonato qu’elle était ma fille et le tour était joué. À son retour, en me donnant les chaussures, ma fille s’est aperçue que je les avais déjà. C’est là qu’elle m’a pris pour un fou et m’a demandé d’écrire cette confession. Vous pensez que je suis fou, vous ?
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’AI PRIS CONSCIENCE de ma dépendance au poisson cru il y a déjà quelques années de
cela. Comme toute personne friande de nouvelles saveurs culinaires, je goûtais ce met dans un restaurant nippon, sans prétention mais qui aujourd’hui revêt à mes yeux un rôle non négligeable dans ma vie. Au début, j’y allais une fois par semaine, puis deux, puis trois et à présent, je ne peux plus m’en passer. Cette dépendance connaît malgré tout de nombreuses vertus. Chargé en Oméga 3, Oméga 6, le poisson cru a pourtant des bienfaits qui ne devrait pas peser sur la conscience. Or, cette addiction est telle qu’elle m’empêche parfois de tester de nouveaux endroits, elle m’enferme même dans un cercle ou seuls, les amateurs de cette spécialité peuvent survivre. Si je n’ai pas ma ration hebdomadaire, l’angoisse monte et me tourmente l’esprit. Qu’il soit blanc, sauvage, gras, mariné, je l’aime pour tous les goûts… Je me persuade de ces bienfaits nutritionnels pour justifier mon addiction dangereuse, oui dangereuse. Oui, mais pourquoi ? Car l’écosystème est en rogne contre moi, car ma haute consommation de thon rouge cru et d’espadon s’est soldée par une voie de disparition de ces espèces aquatiques. Je suis la première chagrinée de cette tragédie mais lorsqu’on est atteint et dépendant d’une substance, on écoute rien ni personne et on se laisse porter par cette addiction qui nous rend si heureux lorsqu’on la consomme. Il va falloir entamer une cure de désintoxication car je suis au cœur de cette polémique et de ce débat. Étant consciente de cette dépendance et des abus qu’elle cause, je me vois également peu à peu perdre le contrôle de ma propre liberté d’action, tant mon addiction au poisson cru est sévère. En effet, le repli sur soi, ma fermeture d’esprit, ma haute consommation de mercure et de mauvaises bactéries présents dans le poisson cru, tous ces facteurs sont susceptibles d’aggraver mon état et mon psychisme. Addicted au poisson cru, qui l’eût crû ? Lorsque votre pêché mignon devient obsession…
Qu il soit blanc, sauvage, gras, mari’ nE, je l aime pour tous les goUts ’
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ords-toi la langue
Tu vas finir par te taire Rien n’est plus tendre Qu’un petit bout de chair Je ne me passe plus de vous Je ne me passe plus de tout
Refrain J’additionne les addictions Je collectionne à ma façon J’additionne les addictions Je collectionne à ma façon Et je les jette comme je prends J’affectionne les tourments Et j’apprends Et je les jette comme je prends J’affectionne les tourments Et j’apprends Mords-toi la langue Tu vas finir par me plaire Reste dans l’angle Que je te voie bien le faire Je ne me passe plus de vous Je ne me passe plus de tout Refrain Mords-toi la langue Mords-toi la langue Tu vas finir par me plaire Je ne me passe plus de vous Je ne me passe plus de tout Refrain
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e premier mariage entre un Japo-
nais tombé amoureux d’une héroîne de jeu vidéo a été célébré à Tokyo. L’heureux époux fit ses vœux devant sa console où clignotait sa dulcinée. Symbolique, cette cérémonie rendait hommage avant tout à un phénomène de société inquiétant. Le mouvement Otaku, qui désigne les mordus obsessionnels des mangas et jeux en ligne. Au Japon, la pression sociale et familiale, conduit de nombreux jeunes à se désolidariser de la réalité, à fuir les relations humaines réelles pour se réfugier dans le cyberespace, qui fonctionne alors comme un exutoire, un paradis artificiel.
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Le mouvement Otaku, designe les mordus otaku obsessionnels des mangas et jeux en ligne au japon, La pression sociale, conduit les jeunes a se refugier dans le cyberespace, qui fonctionne comme un exutoire.
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