infosantésuisse Nr. 1/2010 français

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info santésuisse

La sécurité des médicaments

Le magazine des assureurs-maladie suisses


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Les effets indésirables dus aux médicaments coûtent 450 millions de francs

Assistance pharmaceutique dans les EMS du canton de Fribourg : histoire d’un succès

Contrefaçon de médicaments : la vigilance s’impose

Sommaire Sous la loupe 4 Les effets indésirables dus aux médicaments coûtent 450 millions de francs par an 6 Assistance pharmaceutique dans les EMS du canton de Fribourg : histoire d’un succès 8 La contrefaçon de médicaments : la vigilance s’impose 10 Les risques réels des achats pharmaceutiques virtuels 11 Le dossier pharmaceutique : entre interopérabilité et sécurité 12 Trois questions à Jean-François Steiert, Conseiller national et Vice-président de la Fédération suisse des services aux patients Domaine de la santé 13 Graphique du mois : Le prix des génériques encore trop élevé en Suisse 14 Comparaison des systèmes de santé suisse et néerlandais 3e partie 16 Les baby-boomers prennent de l’âge 18 A lire : Stratégie nationale « soins palliatifs » 20 Plate-forme 2009 de la SSPS : Buts en matière de santé pour la Suisse 21 Interview de l’invité du mois de janvier : Le virus Service 22 Image du mois 23 En Bref : Modifications de l’OPAS au 1er janvier 2010 24 Service : La Journée des malades le 7 mars 2010 24 Nouvelles du monde 25 Manifestations 25 Mr. Raoul 26 Service : France. Hausses de primes pour les assurances complémentaires en 2010 26 Service : Grippe porcine. La pandémie régresse, les vaccins restent

No 1, fevrier 2010 Paraît dix fois par an prix de l’abonnement 69 fr. par an, 10 fr. le numéro Éditeur et administration santésuisse, Les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure Responsable de la rédaction Maud Hilaire Schenker, Département Politique et Communication, Case postale, 4502 Soleure Téléphone : 032 625 41 27, Fax : 032 625 41 51, Courriel : redaction@santesuisse.ch production : Rub Graf-Lehmann AG, Murtenstrasse 40, 3001 Berne Conception de la mise en page  Pomcany’s mise en page  Henriette Lux administration des annonces Toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à : « infosantésuisse », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure courriel : redaction@santesuisse.ch Administration des abonnements Téléphone : 032 625 42 74, Fax : 032 625 41 51 Portail : www.santesuisse.ch Page de titre : Prisma Bildagentur AG, Zürich-Schlieren ISSN 1660-7236


Sécurité des médicaments : oui à la communication, non au protectionnisme Dans l’esprit de l’opinion publique, la sécurité des médicaments est souvent associée à la contrefaçon de médicaments pénétrant le marché officiel par des canaux détournés. Mais elle relève aussi des erreurs de médication, de l’automédication hasardeuse, de l’interaction de plusieurs médicaments, ou de la mauvaise observance du traitement pharmaceutique. Les conséquences peuvent être dramatiques, entraînant des hospitalisations évitables, voire la mort. Différentes études suisses ont ainsi montré que les effets indésirables dus aux médicaments sont à l’origine de presque 10 % des journées d’hospitalisation et que les coûts consécutifs aux erreurs de médication atteignent 450 millions de francs. La sécurité des médicaments repose avant tout sur une communication optimale. Mais elle nécessite aussi une bonne coordination, à l’échelle nationale et internationale, des différents acteurs que ce soit au niveau de la prescription ou de la distribution des médicaments. Les intervenants dans la chaîne de traitements (ambulatoire – Hôpital – ReHa) ne doivent pas être un obstacle pour les patients bien encadrés au niveau de leur traitement médicamenteux. Toutes les mesures améliorant la compliance sont les bienvenues. Le public doit être bien informé et les patients soumis à des traitements complexes bien suivis. Il faut ainsi saluer les projets pilote des hôpitaux visant à réduire les erreurs de lisibilité et de documentation. Il faut développer le dossier pharmaceutique qui assure la transparence du parcours thérapeutique et le meilleur suivi des patients. Les mesures prises par l’industrie pharmaceutique vont elles aussi dans la bonne direction. La contrefaçon doit être réduite grâce à une traçabilité renforcée du circuit de distribution. Les brochures publiées par Swissmedic, quant à elles, rendent les patients plus attentifs à leur consommation de médicaments. Les assureurs encouragent toutes ces actions, même s’ils ne sont pas directement impliqués dans la délivrance des médicaments. Ils prônent d’ailleurs depuis longtemps le Case management et le Disease management. Le patient y est un acteur central qui, grâce à une éducation thérapeutique, peut mieux suivre son traitement et mieux appréhender le flux d’informations concernant sa médication. Depuis leur création, il y a maintenant plus de dix ans, santésuisse soutient également les cercles de qualité alliant pharmaciens et médecins pour améliorer la prescription médicamenteuse. Elle est aussi l’un des principaux stimulants de la stratégie eHealth qui devrait favoriser la sécurité. Certes, la sécurité des médicaments doit être une priorité nationale et internationale, mais elle ne doit pas activer les élans protectionnistes, notamment de l’industrie pharmaceutique. Elle ne justifie pas le refus des importations parallèles ou des prix élevés pour les médicaments. L’objectif premier ne doit pas être la défense des intérêts particuliers mais celle des intérêts du patient et des payeurs de primes qui doivent supporter les coûts d’une mauvaise médication.

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Dr Beat Ochsner Membre du Conseil d’administration de santésuisse


Sécurité lors de la prise de médicaments : les hôpitaux réagissent

Les effets indésirables dus aux médicaments coûtent 450 millions de francs par an Les médicaments agissent – mais pas toujours comme il le faudrait. La plupart du temps, ce n’est pas le médicament qui est en cause mais l’être humain, dépassé par la complexité de la médecine moderne. Les conséquences peuvent être dramatiques, comme le prouvent différentes études réalisées en Suisse : les effets indésirables dus aux médicaments sont à l’origine de presque 10 % des journées d’hospitalisation. Alors que le monde politique hésite, quelques fournisseurs de prestations prennent le taureau par les cornes.

Des effets secondaires lourds, des coûts inutiles se chiffrant par milliards, voire des décès : les erreurs lors de la prise de médicaments peuvent avoir des conséquences graves. Il n’existe pas de chiffres au niveau national pour la Suisse, mais plusieurs études révèlent l’ampleur du problème : • Selon une enquête de la clinique orthopédique de l’Hôpital de l’Ile à Berne, des erreurs dans la documentation concernant les médicaments ont été trouvées chez plus de 40 % des patients hospitalisés. Aussi 10 % d’entre eux présentent-ils des effets secondaires indésirables, dont la moitié pourrait être évités. • Une enquête de la clinique de Saarbruck a démontré que la moitié des erreurs de médication est imputable à de mauvais dosages. • L’Ospedale San Giovanni à Bellinzone a constaté que 4,2 % des hospitalisations ont été directement causées par des effets indésirables dus aux médicaments. En extrapolant ce chiffre à l’ensemble de la Suisse, le nombre des hospitalisations s’élèverait à 16 000 par année, entraînant des coûts de 140 millions de francs environ. • En menant une étude parallèle, l’hôpital universitaire de Zurich est arrivé à un taux de 3 %. En cumulant les erreurs se produisant à l’hôpital, le résultat est assez consternant : 8,8 % des journées d’hospitalisation sont la conséquence directe d’effets médicamenteux indésirables. Si l’on se base sur les coûts hospitaliers stationnaires de 2008, les coûts consécutifs aux erreurs de médication atteignent 450 millions de francs. • Une enquête réalisée à Bâle a montré que 60 % des patients hospitalisés doivent prendre plus d’un médicament. Dans 5 % des cas, il en résulte des effets secondaires sévères, mettant parfois leur vie en péril. Inutile de prendre d’autres mesures, selon le Conseil fédéral

Sans vouloir semer la panique, il faut bien reconnaître que la sécurité de la médication est un sérieux problème. Quel-

ques politiciens et certains fournisseurs de prestations en ont pris conscience. La conseillère nationale socialiste, Bea Heim, a notamment attiré l’attention sur la question. Par voie de motion, elle demandait en juin 2007 à ce que les hôpitaux et les cliniques soient obligés d’appliquer des mesures pour accroître la sécurité lors de la prise de médicaments. Le Conseil fédéral lui a répondu, en septembre 2007, que la nouvelle loi sur les produits thérapeutiques prévoyait déjà une réglementation claire du processus de prescription et de remise des médicaments. De plus, en adoptant la stratégie eHealth, le Conseil fédéral s’est déclaré en faveur de la promotion de la cybersanté et du développement d’un dossier électronique du patient. La sécurité de la médication devrait ainsi gagner en acuité, puisque médecins et hôpitaux seront à l’avenir informés sur les médicaments pris par les patients et sur les incompatibilités. Le Conseil fédéral voit en la carte d’assuré – qui entrera en vigueur dès 2010 – un premier pas vers une sécurité accrue. S’ils le souhaitent, les patientes et les patients peuvent y faire enregistrer sur la puce des données concernant leurs médications à long terme. Le Conseil fédéral a donc recommandé le rejet de la motion de Bea Heim, finalement classée en juin dernier par le Parlement. Réaction des fournisseurs de prestations

En résumé, la position des forces politiques est la suivante : si le problème est incontestable, il n’est pas nécessaire de prendre des mesures spéciales, la loi sur les produits thérapeutiques et la stratégie de la cybersanté contribuant de ma-

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Photo : Keystone

Le choix des médicaments : une opération délicate. Il faut éviter les erreurs de documentation, de lisibilité et les problèmes d’interaction.

nière suffisante à le résoudre. Certains fournisseurs ne partagent cependant pas cette appréciation jugée trop pusillanime et cherchent, de leur côté, des solutions. La clinique de Königsfelden à Broug a développé, avec les services psychiatriques du canton d’Argovie, la plate-forme Internet mediQ. Grâce à un accès codé, les spécialistes peuvent vérifier les éventuels effets secondaires résultant de la combinaison de différents médicaments. Les ordonnances écrites de la main du médecin n’existent plus dans plusieurs cantons : la prescription électronique supprime les problèmes de lisibilité. L’Hôpital de l’Ile à Berne a développé avec « e-med » son propre logiciel rendant plus sûr le processus de prescription et de prise des médicaments. Durant les années 2006 et 2007 où se déroulait le projet pilote, l’hôpital a ainsi pu réduire de moitié les erreurs de médication. Dans l’intervalle, vingt hôpitaux suisses ont adopté le système « e-med » et cinquante autres sont en train de le tester. Ulrich Goetz, journaliste économique bâlois, va encore plus loin en demandant que l’utilisation des médicaments dans les cabinets médicaux fasse systématiquement l’objet d’enquêtes. Les études cliniques en vue de l’admission d’un médicament sont trop peu probantes – notamment parce que les femmes enceintes ou les enfants sont exclus de ces études et que le nombre de participants aux essais est souvent trop restreint pour obtenir des résultats pertinents. C’est pourquoi il serait important, selon U. Goetz, que Swissmedic, l’autorité de contrôle des médicaments, surveille, en collaboration avec les médecins

prescripteurs, les effets des nouveaux médicaments également après leur introduction sur le marché. Assureurs en faveur d’une sécurité accrue

Les assureurs-maladie ne prescrivent, ni ne remettent de médicaments – ils ne peuvent donc guère contribuer concrètement à accroître la sécurité lors de la prise de médicaments. Dans des domaines très spécifiques, les assureurs-maladie sont toutefois parfaitement en mesure de fournir des informations précieuses sur la prescription de médicaments – et ce, grâce à la Fédération suisse pour tâches communes des assureurs-maladie (SVK). Elle effectue des travaux variés pour le compte de la grande majorité des assureurs suisses. En ce qui concerne les médicaments coûteux et rarement utilisés, les dialyses, la nutrition artificielle à domicile ainsi que la ventilation mécanique à domicile, la SVK s’occupe notamment de l’achat de prestations, de la négociation de rabais et de l’octroi des garanties de prise en charge. Les assureurs-maladie saluent toutefois expressément les efforts faits au niveau politique (tels ceux de Bea Heim) et les initiatives des fournisseurs de prestations et ce, pour des raisons claires : la sécurité accrue des patients lors de la prise de médicaments évite des souffrances et des coûts inutiles. peter kraft

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Assistance pharmaceutique dans les EMS du canton de Fribourg : histoire d’un succès

Une baisse du coût moyen des médicaments au profit de la qualité et de la sécurité Face au vieillissement de la population, les acteurs de santé et a fortiori les professionnels des établissements médico-sociaux (EMS) doivent trouver un équilibre entre les questions d’éthique, de sécurité, d’efficacité et d’économicité. L’assistance pharmaceutique, mise en place en 2002 dans les EMS du canton de Fribourg, répond au souci économique sans nuire aux autres objectifs de qualité des soins. Quels ont été les facteurs de réussite et les difficultés rencontrées ?

Dans le canton de Fribourg, la hausse annuelle d’environ 10 % des coûts de médicaments par résident dans les EMS de 1998 (1840 CHF) à 2001 (2477 CHF)1 a déclenché une situation de crise. Dans le même temps, la loi sanitaire cantonale exigeant une assistance pharmaceutique pour les EMS était modifiée et les cercles de qualité médecins-pharmaciens en ambulatoire affichaient des résultats positifs. La conjoncture semblait donc favorable pour conclure en 2002 une nouvelle convention tarifaire entre l’association fribourgeoise pour personnes âgées (AFIPA) et santésuisse, avec la participation de la Société des pharmaciens du canton de Fribourg. Ainsi naissait l’assistance pharmaceutique dans les EMS. Un vaste travail en réseau s’est alors mis en place, impliquant les quarante-deux EMS fribourgeois, vingt-deux pharmaciens, une centaine de médecins et les assureursmaladies. Ensemble, ils ont réfléchi à l’harmonisation des pratiques en matière de prescription et d’administration des médicaments aux 2200 pensionnaires des homes du canton. De 2002 à 2008, l’assistance pharmaceutique a permis de réduire le coût annuel moyen des médicaments par résident de 18,2 %, sans perte de qualité. Définition de l’assistance pharmaceutique en gériatrie

Dès 1994, un projet pilote d’assistance pharmaceutique d’établissements médico-sociaux (EMS) s’est développé dans le canton de Fribourg. Les résultats ont montré que le pharmacien, en collaboration avec les médecins, le personnel infirmier et la direction administrative, contribuait à améliorer l’usage des médicaments. Ce service a aussi révélé une influence positive sur la sécurité et l’efficience des médicaments mais aussi sur la formation des équipes soignantes. Le travail du pharmacien-conseil consiste à analyser les données de prescription et à identifier les priorités de rationalisation. Pour toute augmentation significative des coûts des médicaments, il distingue les facteurs de choix (prix) et d’intensité des traitements (volume). Puis, il anime la réflexion avec tous les intervenants jusqu’à la définition et l’application d’un meilleur consensus thérapeutique. Les buts sont de veiller à la qualité de vie des résidents et de demeurer dans les limites du forfait accordé.

Le cahier des charges du pharmacien

Le pharmacien-conseil d’un EMS s’engage à assurer le respect des exigences de police sanitaire quant à l’usage des médicaments à l’intérieur de l’établissement. Il veille à la sécurité (y compris la prévention des erreurs médicamenteuses), à l’efficacité et à l’économicité (choix et volume) de l’usage des médicaments en collaboration avec les autres intervenants de l’établissement (équipes de soins, médecins, direction). Il assiste aussi l’établissement dans son approvisionnement en médicaments et produits pharmaceutiques. Il récolte dans son système informatique de gestion de la pharmacie toutes les données concernant la consommation en médicaments de l’EMS. Il peut ainsi établir un rapport annuel dressant le bilan de l’année écoulée et fixant des objectifs pour l’année suivante, un rapport intermédiaire à six mois et une liste des médicaments de premier choix. Une méthode de travail participative et consensuelle

Deux à trois fois par année, le pharmacien-conseil, les médecins, les responsables infirmiers et administratifs se réunissent pour trouver un consensus thérapeutique signé par tous les responsables puis communiqué à tous les services de l’institution. Les priorités de rationalisation concernent les classes de médicaments onéreux et celles dont les coûts augmentent fortement sans raison apparente. Le personnel infirmier est directement impliqué. Non seulement, il rappelle au médecin les décisions convenues, mais il peut aussi mesurer les succès obtenus et voir les nouveaux problèmes à résoudre pour optimiser la qualité de vie des résidents et l’économicité globale de la prise en charge. Une convention tarifaire qui incite à la transparence

La convention tarifaire conclue dès 2002 entre l’AFIPA et santésuisse, avec la participation de la Société des pharmaciens du canton de Fribourg, introduisait les éléments suivants : • un forfait journalier unique de 7 CHF pour les médicaments et un forfait journalier de 2 CHF pour le petit matériel de soins (LIMA), accordés aux conditions suivantes : une comptabilisation uniforme, une imputation des excédents de charges au bilan et le versement de 60 % des éventuels excédents de recettes dans un pot commun géré par l’AFIPA et santésuisse. Le pot commun est utilisé pour compenser les déficits des EMS accueillant des résidents plus chers et son niveau est considéré comme un indicateur de l’adéquation des forfaits aux besoins des EMS. Aussi en 2005, le forfait médicament et matériel de soins LIMA est-il passé de 9 CHF à 8.50 CHF par résident. • un forfait journalier supplémentaire de 1CHF par résident (indépendamment du prix et du volume des médicaments livrés) accordé pour le paiement du pharmacien-conseil en charge de l’assistance pharmaceutique. • chaque EMS déclare annuellement son résultat en matière de médicaments documenté par le rapport du pharmacien-

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Photo : Keystone

conseil. En cas d’excédent de recette, l’EMS conserve 40 % de l’excédent à titre d’incitation positive pour la ­démarche de rationalisation. En cas de déficit systématique, l’avis d’un pharmacien expert indépendant pourra être demandé par la commission paritaire AFIPA-santésuisse. • Comme le système de financement des médicaments est forfaitaire dans les EMS, le pharmacien-conseil peut négocier avec l’industrie pharmaceutique des conditions commerciales particulières analogues à celles en vigueur dans les hôpitaux. Résultats : une baisse des coûts mais pas de la qualité

Chaque année, un groupe de recherche a comparé les performances de l’assistance pharmaceutique dans les divers EMS et a montré, de 2002 à 2006, une baisse des coûts des médicaments de l’ordre de 16,4 %. Pendant cette même période, les coûts ont augmenté de près de 29,3 % dans le domaine ambulatoire selon les chiffres officiels des assureurs-maladie. La démarche interdisciplinaire a donc permis d’inverser l’évolution des coûts des médicaments et de les maintenir dans les limites du forfait accordé par les assureurs-maladie. Pendant cette même période, une baisse significative de la mortalité et aucune hausse des hospitalisations ont été observées. La rationalisation de l’usage des médicaments ne s’est donc pas faite au détriment de la qualité de vie des résidents et n’a pas déplacé les coûts vers le milieu hospitalier. Ce travail en réseau et les économies générées ont entre autres permis de financer les situations de patients sévèrement atteints dans leur santé, de baisser légèrement le montant du forfait, de soutenir les tâches administratives des EMS, d’encourager la formation continue et de financer le travail des pharmaciens responsables.2 Le modèle fribourgeois d’assistance pharmaceutique est actuellement adapté dans les cantons du Valais et de Vaud et fait l’objet de plusieurs publications dans la presse scientifique internationale. maud hilaire schenker

Dr JF Locca et Prof. O. Bugnon, « 6 ans d’assistance pharmaceutique dans les EMS fribourgeois : succès du travail en commun et défis à venir », Symposium interdisciplinaire, 12.12.2008, Fribourg 2 M. Ruugi, M. Buchmann, R. Nyffeler, S. Robert, J-F Locca et O. Bugnon, « L’assistance pharmaceutique dans les établissements médico-sociaux : pour une maîtrise concerté de l’efficience des médicaments en gériatrie », publié dans La Revue Médicale Suisse, numéro 2501. 1

L’assistance pharmaceutique améliore la qualité de vie et la sécurité des patients.

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La contrefaçon de médicaments : la vigilance s’impose

Une lutte coordonnée à l’échelle nationale et internationale La contrefaçon de médicament est un grand sujet de préoccupation tant pour les pouvoirs publics que pour les entreprises du médicament. Si son évolution est inquiétante dans les pays en développement et dans certains pays industrialisés comme les Etats-Unis, les canaux de distribution officiels suisses (pharmacies et cabinets médicaux) semblent encore épargnés. Toutefois, diverses organisations, suisses et internationales, ont été mises en place pour lutter contre cette menace.

De manière générale, la contrefaçon se définit comme la reproduction frauduleuse du produit d’autrui, sans son consentement. Mais dans le domaine des médicaments, la situation est plus complexe. Pour être commercialisé, un médicament doit obtenir une autorisation de mise sur le marché, délivrée par une autorité sanitaire, Swissmedic. Cette autorisation garantit la sécurité, la qualité et l’efficacité du produit. Les « faux médicaments », qui ne respectent pas ces exigences, sont donc potentiellement dangereux pour la santé.1 L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) précise qu’ils « sont étiquetés frauduleusement de manière délibérée pour en dissimuler la nature et / ou la source. La contrefaçon peut concerner aussi bien les produits de marque que des produits génériques, et les médicaments contrefaits peuvent comprendre des produits qui contiennent les principes actifs authentiques mais un emballage imité, ou d’autres principes actifs, aucun principe actif ou des principes actifs en quantité insuffisante. » Jusqu’à présent, aucun cas de contrefaçons distribuées par les canaux officiels n’a été recensé en Suisse. Les sociétés pharmaceutiques, mais aussi les autorités procèdent à des inspections pour contrôler ces derniers. Mais lors de commande de médicaments par Internet (voir article p. 10), on s’expose au risque de recevoir des préparations contrefaites, ce canal de distribution échappant largement au contrôle des autorités. Un phénomène mondial

Certaines zones géographiques sont plus touchées que d’autres. Selon des estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 1 % environ des médicaments dans les pays développés pourraient être des contrefaçons ; dans les pays en développement, elles pourraient représenter plus de 10 %. Plus de 50 % des médicaments vendus sur Internet sont des contrefaçons.2 Cependant, le phénomène s’amplifie en Europe. Selon les statistiques de l’Union européenne, les douanes ont saisi 51 % de plus de médicaments contrefaits en 2007 qu’en 2006. Le phénomène ne touche plus uniquement les produits « lifestyle » – comme les produits amincissants et les inducteurs de l’érection – il concerne aussi les préparations

hormonales, les antibiotiques et d’autres médicaments vendus sur ordonnance. Les pays en développement sont les plus frappés par le fléau, dans la mesure où ce sont des médicaments vitaux tels que les antibiotiques et les produits utilisés dans le traitement de maladies comme le paludisme qui sont copiés. La fabrication et le trafic de contrefaçons de médicaments sont par conséquent un problème à l’échelle planétaire et comportent un danger évident pour la santé de tout un chacun. Les contrefaçons arrivent principalement de Chine, d’Inde, d’Amérique latine ou encore de Russie par des filières d’importation non contrôlées. Qui est responsable de la sécurité des médicaments en Suisse ?

En Suisse, la sûreté des médicaments est du ressort de l’Institut fédéral des produits thérapeutiques, Swissmedic, également chargé de l’exécution de la législation régissant ce domaine. Swissmedic œuvre dans divers organismes au sein du Conseil de l’Europe et au niveau international. Mais il travaille aussi en étroite collaboration avec les autorités douanières et policières nationales ainsi qu’avec l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle. Dans la lutte anti- contrefaçon, il coopère en outre avec l’industrie pharmaceutique, qui soutient notamment les mesures prises pour mettre en garde la population contre les dangers de la vente de médicaments sur Internet. Que fait l’industrie pharmaceutique pour lutter contre les contrefaçons ?

Toutes les sociétés pharmaceutiques ont en parallèle développé leur propre stratégie pour combattre la contrefaçon de leurs produits particulièrement concernés. Elles utilisent des moyens techniques tel un code-barres ou des puces à radiofréquences en vue d’assurer la traçabilité d’un produit, mais parfois aussi des éléments visuels comme des hologrammes ou un marquage invisible. Le secteur pharmaceutique prend aussi des mesures – parfois dans le cadre de coopérations internationales – à l’encontre de sociétés qui distribuent en toute illégalité des médicaments contrefaits ou non contrôlés. L’EFIA (European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations) affiche aussi clairement sa tolérance zéro. Elle lutte notamment pour la préservation des emballages originaux. Le réemballage, le changement de nom, le reconditionnement, autorisés par la loi européenne notamment dans le cadre des importations parallèles, nuiraient en effet, selon elle, à la qualité des médicaments et rendraient difficile l’identification des faux médicaments. Outre la mise en place de mesure de sécurité au niveau des emballages originaux, l’EFPIA participe à la formation des autorités dans leur reconnaissance des faux et les assiste de différentes manières. Elle souhaite aussi l’application de lourdes condamnations à l’encontre des trafiquants de contrefaçons et une harmonisation européenne des systèmes d’identification des médicaments. La lutte contre la

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Photo : Keystone

La lutte anticontrefaçon s’organise et les infractions se perfectionnent notamment dans la vente par correspondance.

contrefaçon implique la mise en œuvre de stratégies à plusieurs niveaux (légal, juridique, technologique…) Que fait le GIRP ?

Le GIRP, fondé à Paris en 1960, est l’association des grossistesrépartiteurs pharmaceutiques d’Europe. Ses membres emploient près de 140 000 personnes, stockent les produits de plus de 3500 fabricants et distribuent plus de 100 000 médicaments sur tout le continent à plus de 160 000 pharmacies. Autant dire que leur rôle dans la lutte contre la contrefaçon ne doit pas être négligé. Ils agissent d’abord de manière proactive pour minimiser les risques en élaborant notamment des procédures d’assurance qualité des produits, en sensibilisant les entreprises, en formant le personnel et en collaborant avec les divers partenaires de la chaîne d’approvisionnement et les autorités. Sur le plan technique, ils doivent disposer de données lisibles automatiquement pour la vérification du produit (identification nationale, date d’expiration, numéro de lot et numéro de série). Aussi souhaitentils la création d’un code Data Matrix sur les emballages secondaires, qui permettrait de vérifier le produit tout au long de la chaîne d’approvisionnement et au point de dispensation. Au niveau législatif, selon le GIRP, l’Europe doit encore mettre l’accent sur divers thèmes : identifier et définir clairement les activités de tous les acteurs et répartir leurs responsabilités, autoriser et inspecter tous les acteurs et rendre parfaitement transparents tous les acteurs, leurs licences et les résultats des inspections. La lutte contre la contrefaçon est ainsi un souci à tous les niveaux de la distribution. D’autres initiatives : en Suisse, la création de « Stop à la piraterie »

Pour lutter conte la contrefaçon et notamment dans le domaine des médicaments, différents représentants des autorités publiques et des milieux économiques (Swissmedic & Interpharma, ABB – Asea Brown Boveri AG, FH – ­Fédération de l’industrie horlogère suisse, internationale, IGE – Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle etc.) se sont engagés dans l’association « Stop à la piraterie », créée en 2005.

Son but est de lutter activement et durablement contre la contrefaçon et le piratage. Pour y parvenir, elle sensibilise le public et renforce tant la coordination que la coopération entre les secteurs public et privé mais aussi au sein même de ces secteurs. Cette association est soutenue par divers conseillers fédéraux.3 A l’échelle internationale : la force d’IMPACT.

En février 2006, face à la menace croissante, l’OMS fondait l’International Medical Products Anti-Counterfeiting Taskforce (IMPACT). Son but vise à construire des réseaux coordonnés à l’intérieur des pays mais aussi entre les différents pays pour stopper la production, le commerce et la vente de faux médicaments dans le monde. IMPACT agit en partenariat avec tous les principaux acteurs de la lutte anticontrefaçon : les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales, les associations des entreprises pharmaceutiques et les autorités sanitaires de régulations des médicaments. L’OMS a notamment publié, à l’intention des différentes parties concernées (gouvernement, industrie pharmaceutiques, importateurs, distributeurs etc.) des conseils relatifs aux mesures que les différentes parties doivent mettre en place pour combattre les contrefaçons de médicaments.4 Le problème de santé publique que pose la contrefaçon de médicaments demande l’adoption d’une attitude proactive pour la limiter et la prévenir. Afin d’éviter au maximum d’être victime de contrefaçon, Swissmedic et ses homologues étrangers, recommandent d’éviter de se procurer des médicaments sur Internet. maud hilaire schenker

www.leem.org (site français des entreprises du médicament) Factsheet OMS 2006 3 www.stop-piracy.ch 4 Htttp ://www.who.int/impact/activities/en/ 1 2

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Médicaments et Internet : danger !

Les risques réels des achats pharmaceutiques virtuels Valium et Viagra à moitié prix, Tamiflu et DHEA en vente libre : à en croire les publicités qui inondent nos messageries, Internet serait une gigantesque pharmacie, accessible en un clic. Mais les dangers sont bien réels : contrefaçons, médicaments non autorisés, absence de contrôle…

Quel internaute n’a pas déjà reçu un spam l’invitant à acheter du Viagra, une pilule amaigrissante ou un anabolisant ? En un clic, le chaland peut se procurer sur Internet, sans présenter d’ordonnance, toutes sortes de médicaments. Or, les ventes en ligne de médicaments ne sont pas sans risque. Quelles sont les bases légales et les dangers inhérents à de telles pratiques ? Swissmedic, l’autorité suisse de contrôle et d’autorisation des produits thérapeutiques, a publié un guide pour mettre en garde la population.1 Vente par correspondance légale en Suisse

Photo: Prisma

La vente de médicaments sur Internet en Suisse constitue un cas particulier de la vente par correspondance. Bien que la vente par correspondance de médicaments soit en principe

interdite en Suisse, les autorités cantonales compétentes peuvent, dans certaines conditions, délivrer des dérogations à certains fournisseurs. Quoi qu’il en soit, toute commande de médicament par correspondance nécessite une ordonnance médicale (ce principe s’applique aussi aux médicaments qui ne sont normalement pas soumis à ordonnance). Cette condition permet de s’assurer que le patient a bien consulté son médecin avant de passer commande et de garantir que les médicaments proviennent bien de canaux de distribution officiels et autorisés par Swissmedic. Achat sur Internet de médicaments à l’étranger

Le législateur a toutefois donné la possibilité d’acheter légalement des médicaments à l’étranger. Un particulier peut ainsi importer, pour son usage propre des médicaments correspondant à un mois de traitement. Pour les médicaments contenant des stupéfiants (tels que les somnifères…), l’envoi doit être accompagné d’une ordonnance d’un médecin suisse. Toute importation de médicaments dépassant un mois de traitement est interdite et saisie par la douane. Swissmedic ouvre alors une procédure administrative se soldant par la perte des médicaments. Les coûts inhérents à cette procédure s’élèvent en général à 300 CHF au moins et doivent être supportés par le client en Suisse. En cas d’infractions répétées ou d’importation de médicaments dangereux pour la santé, une procédure pénale peut être lancée à l’encontre de la personne qui a passé la commande. Risque premier : la santé

L’achat de médicaments sur Internet peut être dangereux pour la santé. Premièrement, établir son propre diagnostic et définir son traitement sans consulter un médecin ou un pharmacien n’est pas sans péril. Par exemple, des interactions avec d’autres médicaments pris simultanément peuvent générer des effets indésirables graves pouvant aller jusqu’au décès du patient. Ensuite, il est impossible de s’assurer de la qualité ou de la composition. Des centaines de contrefaçons, de remèdes « miracles » non contrôlés et non autorisés, de médicaments de mauvaise qualité et inefficaces, ou de préparations normalement soumises à ordonnance y sont proposées, en provenance des quatre coins du monde. Même si une préparation devait réellement contenir le principe actif déclaré, un transport ou un stockage inadapté pourrait nuire à son efficacité. Les données présentées sur les sites Web (adresse, origine des médicaments, contrôles, légalité…) sont elles aussi souvent trompeuses. La vigilance est donc de mise. Aucune contrefaçon n’ayant été jusqu’à présent découverte dans les canaux de distribution légaux (pharmacies, drogueries, cabinets médicaux) de Suisse, il est recommandé d’utiliser ce circuit fiable et accessible pour l’achat de médicaments et l’obtention de conseils médicaux. maud hilaire schenker

Attention, l’achat de médicaments sur Internet peut coûter très cher.

Le guide est disponible sous http ://www.swissmedic.ch/aktuell/00003/00366/ index.html ?lang=fr

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Le dossier pharmaceutique : entre interopérabilité et sécurité

Faciliter la coordination et garantir la sécurité des patients

Le « dossier pharmaceutique » est une carte à puce, au format d’une carte de crédit, renfermant principalement les données administratives du patient. La personne assurée peut aussi, si elle le souhaite, y inscrire des données médicales : groupe sanguin, allergies, vaccinations ou maladies. Avec l’accord du patient, les pharmaciens suisses peuvent y consulter et lister tous les médicaments – sujets à ordonnance ou à automédication – reçus par le patient. Y sont également notés le nom du prescripteur, la posologie, la date de délivrance et les actes pharmaceutiques, tels que la substitution d’un médicament original par un générique. Dans le cadre des réseaux intégrés, il pourra aussi être accessible par les professionnels du monde de la santé authentifiés et autorisés par le patient – médecins et hôpitaux par exemple – conformément à la loi fédérale sur la Protection des données. Mais l’interopérabilité n’est pas encore pleinement efficiente. Garantir la sécurité

Le dossier pharmaceutique permet ainsi d’optimiser l’observance et d’éviter les incompatibilités médicamenteuses et ce, même si le patient consulte diverses officines, grâce à la fonction « multi-pharmacies ». Le dossier normalise les formats d’échange de données et leurs méthodes de transport. Il donne aussi accès à des données scientifiques liées au médicament et à la posologie et favorise l’identification univoque des patients et des fournisseurs de soins. Il facilite ainsi la coordination des acteurs de santé et fournit des informations utiles pour le diagnostic et le traitement, notamment en cas d’urgence. Comment ça marche ?

Les pharmacies transfèrent chaque soir l’historique à un serveur sécurisé accessible uniquement aux professionnels de la santé autorisés, où les données sont archivées. Pour consulter le dossier, les pharmacies, les médecins ou les hôpitaux doivent demander la permission au patient, qui saisit son PIN Code. Si le patient est hors d’état d’exprimer son consentement, il existe une procédure d’urgence dite de la « vitre brisée ».

Photo: Keystone

En septembre 2008, la Société suisse des pharmaciens, pharmasuisse, et la coopérative professionnelle des pharmaciens suisses (Ofac), lançaient le « dossier pharmaceutique ». Ce projet retrace l’historique médicamenteux du patient et est consultable par les différents fournisseurs de prestations autorisés. Depuis d’autres outils controversés ont vu le jour.

Les pharmaciens multiplient les initiatives pour garantir la sécurité des patients et favoriser la coordination des fournisseurs de prestations.

tamment la liste des médicaments délivrés sur ordonnance dans une pharmacie abilis dans les dix-huit derniers mois et la substance active du médicament (nom en latin), utile en cas de consultation par un professionnel de la santé à l’étranger. Le pharmacien peut accéder au dossier médicamenteux avec l’accord du client (code personnel), depuis n’importe quelle pharmacie abilis de Suisse. Les dossiers de santé

Depuis, d’autres projets similaires controversés ont été développés par les géants de l’édition de logiciels et de l’Internet : Google Health et HealthVault de Microsoft permettent au patient de saisir ses propres données ou de les faire télécharger depuis des appareils biomédicaux (glucomètres, tensiomètres etc.). Le patient peut aussi demander à ce que le professionnel de santé mette à disposition ses données pour qu’elles soient téléchargées. Seuls les professionnels de santé et l’entourage autorisés par le patient peuvent consulter les données en ligne. Mais ces outils posent plusieurs questions : ne servent-ils pas seulement à générer une publicité ciblée ? Qui garantit la qualité et l’exhaustivité des données ? Ne nuisent-ils pas en fin de compte à la crédibilité de projets sérieux de la cybersanté ? maud hilaire schenker

abilis : le précurseur

Depuis 2006, il existe une autre initiative de l’Ofac, abilis, active dans 325 pharmacies du pays, qui permet au patient d’accéder lui-même, via Internet, et de manière sécurisée, à son dossier médicamenteux. Cet historique contient no-

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Trois questions à Jean-François Steiert, Conseiller national et Vice-président de la Fédération suisse des services aux patients

Photo : www.parlament.ch

Sécurité des médicaments : plusieurs domaines restent problématiques

Le Conseiller national, Jean-François Steiert.

Le Conseiller national Jean-François Steiert est aussi le Vice-président de la Fédération suisse des services aux patients, qui œuvre au quotidien pour la sécurité des médicaments. S’il juge la situation suisse en termes de sécurité des médicaments satisfaisante, plusieurs points restent à améliorer, notamment pour les malades chroniques.

Que pensez-vous de la sécurité des médicaments en Suisse ? Quel serait le système miracle pour l’améliorer ?

Seuls les charlatans promettent des miracles. Ceci étant, la Suisse a atteint en comparaison internationale un niveau satisfaisant en matière de sécurité des médicaments. Plusieurs domaines restent cependant problématiques, notamment en ce qui concerne les patients chroniques, les établissements pour personnes âgées ou encore l’usage de médicaments hors normes (« dual use »), sans parler des dangers accrus qui découlent de la vente de médicaments par

correspondance, avec un degré de professionnalisation de la fraude qui prend des proportions inquiétantes. S’il n’y a pas de recette miracle, les pistes suivantes pourraient cependant améliorer la situation et être suivies avec une plus grande attention : • une meilleure transparence pour l’ensemble des filières, du producteur au patient, avec des compétences professionnelles renforcées à tous les niveaux et la suppression de fausses incitations économiques telles qu’elles existent actuellement, par exemple dans la promédication dans de nombreux cantons alémaniques ; • pour les domaines délicats pour lesquels nos services sont régulièrement saisis de cas (EMS, dual use, durée des procédures, etc.), la priorité doit aller à la systématisation de mécanismes permettant des regards croisés. On peut citer les cercles de qualité entre médecins et pharmaciens qui peuvent aussi impliquer les patients et qui ont également fait leurs preuves en EMS (qualité et efficacité de la médication), la participation accrue des représentants des patients dans les processus de choix, la constitution de banques de données et de fonds de recherche clinique indépendants des producteurs et d’autres mesures analogues permettant à tous les acteurs, patients compris, d’effectuer des choix en meilleure connaissance de cause. Les pouvoirs publics devraient investir dans de tels processus, y compris par des fonds neutralisés que l’industrie pharmaceutique n’est pas fondamentalement opposée à mettre à disposition selon son lobbyiste le plus avisé ; • enfin, d’autres facteurs à améliorer ou à assurer résident dans des conditions cadres tels qu’un personnel suffisant, en nombre et en qualité de formation, dans l’ensemble de la chaîne de soins.

Que fait votre association au quotidien pour améliorer la sécurité des patients en matière de médicaments ?

La Fédération suisse des patients a des échanges réguliers avec tous les principaux partenaires de la santé, en Suisse et au niveau international, tant en ce qui concerne les défis politiques que les cas particuliers que nous sommes amenés à traiter au quotidien. S’agissant de l’amélioration de la sécurité des patients en matière de médicaments, la Fédération en a fait un point fort de son activité. Elle s’engage au plan politique pour les solutions esquissées dans la première réponse, et au niveau pratique par des informations que nous fournissons de manière systématique à nos patients. Nous préparons un dépliant d’information et de responsabilisation à l’attention des patients, qui devrait être distribué à large échelle. Pensez-vous que la cybersanté (dossier électronique uniformisé des patients, carte d’assuré, bracelet électronique dans les hôpitaux, etc.) peut améliorer la sécurité au niveau de la médication ?

Il est dans l’intérêt manifeste des patients de tirer le maximum de la cybersanté en termes de qualité et d’économicité. L’utilité pour l’amélioration de la qualité (cohérence des traitements, reprises de diagnostics, etc.) dépendra cependant fortement de l’usage adéquat des données, dans un climat de confiance sur les intentions liées à cet usage. Cela implique une propriété des données pour les patients et la constitution d’éventuelles banques de données sous une forme indépendante des assureurs. interview : maud hilaire schenker

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Graphiques du mois de janvier

Le prix des génériques encore trop élevé en Suisse En Suisse, les prix des génériques – en termes de prix de fabrique – sont environ deux fois plus chers que dans les pays de comparaison européens. Les indices des génériques montrent peu de fluctuation quel que soit le nombre de pays inclus dans le panier de comparaison.

Les graphiques du mois de janvier comparent les indices des génériques en Suisse avec les autres pays européens. On voit ainsi que la moyenne de l’indice reste toujours à peu près égale selon les pays comparés. L’indice est le plus bas si l’on se base sur les quatre pays de références que sont l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et

les Pays-Bas. Il augmente lorsque l’on ajoute à ce panier initial l’Autriche et la France et il fluctue encore légèrement avec l’addition de l’Italie (voir graphique 1). Pour pouvoir établir un tel indice, il faut que la molécule soit disponible dans au moins trois pays contenus dans le panier. Il a aussi fallu calculer un prix moyen pour tous les pays. Les prix ont été comparés au volume total pour donner la vision la plus réaliste possible du marché et des dépenses. Danemark, Royaume-Uni et Pays-Bas : les pays où les génériques sont moins chers

de 0,33 et au Royaume-Uni avec un indice de 0,36. Si la France, l’Italie et l’Autriche présentent des médicaments originaux à un prix relativement bas, il n’en est pas de même pour les génériques. La France possède un indice de 0,78, l’Italie de 0,74 et l’Autriche de 0,66, soit les indices les pus élevés après celui de la Suisse (voir graphique 2). Quoiqu’il en soit, la différence qui existe entre l’indice en Suisse et les autres pays révèle un potentiel d’économies estimé à quelque 240 millions de francs par santésuisse. La baisse de prix pourrait atteindre jusqu’à 25 %. MAUD HILAIRE SCHENKER

Les coûts des génériques sont les plus bas au Danemark avec un indice s’élevant à 0,30, au Pays-Bas avec un indice

GRAPHIQUE 1: COMPARAISON DES PRIX DES GENERIQUES EN EUROPE (PAR GROUPE DE PAYS) INDICE DES GENERIQUES CH = 1,00 1,00

1,20 1,00

0,36

0,60

0,52

0,48

0,80

SOURCE: IMS

0,40 0,20 L’indice est le plus bas si l’on se base sur les quatre pays de références que sont l’Allemagne, le Danemark, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

0,00 4 PAYS DE, DK, GB, NL

CH

6 PAYS DE, DK, GB, NL, AT, FR

7 PAYS DE, DK, GB, NL, AT, FR, IT

GRAPHIQUE 2: COMPARAISON DES PRIX DES GENERIQUES EN EUROPE (PAR PAYS)

FR

IT

SOURCE: IMS

NL

0,74

GB

0,78

0,40

0,33

0,30

0,60

0,36

0,80

0,52

0,66

1,00

INDICE DES GENERIQUES CH = 1,00 1,00

1,20

0,20 En Suisse, les prix des génériques sont environ deux fois plus chers que dans les autres pays européens.

− CH

AT

DE

DK

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Aux Pays-Bas, il n’y a pas que les cafés qui obéissent à la concurrence, les assurances-maladie aussi.

Dossiers : comparaison entre les systèmes de santé suisse et néerlandais. 3e partie

Troisième partie : quelles leçons pour les deux pays ? Les précédents articles ont montré les points communs et les différences des systèmes suisses et néerlandais. Le système néerlandais souvent posé comme numéro 1 des systèmes de santé a-t-il quelque chose à apprendre de l’expérience suisse ? Et le système suisse va-t-il si mal qu’il doit être remanié de fond en comble et imiter le système néerlandais ?

Le premier article de notre dossier présentait le système néerlandais (infosantésuisse 9/2009), le deuxième montrait les points communs partagés par les deux systèmes (infosantésuisse 10/2009). Ce dernier article se veut une synthèse cristallisant premièrement les différences et les ressemblances essentielles des deux systèmes et tentant finalement de voir quels enseignements peuvent être tirés des deux systèmes. Autrement dit, quels sont leurs points forts et leurs faiblesses respectives ? Comment s’améliorer, sinon en regardant ce qui se passe au-delà de nos frontières ? Une différence culturelle

La principale distinction entre les deux pays est d’ordre culturel et concerne le degré de centralisation. Le système néerlandais est très centralisé, loin de la

fragmentation du système suisse. L’Etat y joue avant tout un rôle de régulateur et ne fournit pas de prestations. Les hôpitaux sont en effet majoritairement privés, même s’ils fonctionnent comme des institutions d’utilité publique. Avec la réforme de 2006, la planification hospitalière a disparu. Les assureurs, qui comptent aussi des concurrents étrangers, sont autorisés à réaliser des bénéfices et à proposer des contrats d’assurance collectifs, choses impossibles en Suisse. Le marché de l’assurance néerlandais est aussi très concentré : cinq grandes sociétés d’assurance couvrent 82 % des 16 millions d’habitants. En Suisse, les dix plus grandes caisses maladie assurent 80 % de la population. Le système s’y caractérise par une forte décentralisation qui accorde une grande autonomie aux cantons. De fait, la Suisse connaît de grandes disparités régionales au niveau de la densité médicale et hospitalière et de larges variations de primes d’un canton à l’autre et à l’intérieur même des cantons. Une différence organisationnelle

La seconde dissemblance fondamentale concerne l’organisation des soins de premier recours. Aux Pays-Bas, tous les patients doivent s’inscrire auprès du généraliste de leur choix. Sauf en cas d’urgence, l’accès aux spécialistes ou

à l’hôpital n’est ainsi possible que par l’intermédiaire d’un médecin de famille. Les généralistes ont donc une fonction centrale de gatekeeper et se montrent restrictifs en termes de prescription de médicaments. Aussi les dépenses des soins ambulatoires sont-elles relativement basses. Des politiques, misant sur la compétitivité et l’efficience, sont également entreprises pour limiter le nombre de lits d’hôpital et de spécialistes, entraînant une faible densité de spécialistes. La Suisse, en comparaison, affiche un grand nombre de spécialistes, auxquels les assurés ont directement accès (excepté dans les soins gérés). Des points communs structurels

Par delà les distinctions, les deux pays partagent de nombreux points communs concernant notamment la structure du système fondé sur l’obligation d’assurance, une large assurance de base, offerte par des assureurs concurrents. Les deux pays autorisent aussi les assurés à changer d’assureur tous les ans en espérant qu’ils fondent leur choix sur les différences de primes et l’efficience. Les deux pays tentent aussi de développer des modèles d’assurance alternatifs et de trouver un juste équilibre entre concurrence et régulation de l’Etat. Toutefois, le degré de liberté des assureurs varient d’un pays à l’autre.

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Photo : Prisma

sont fournis par des hôpitaux publics subventionnés par l’argent public. Seuls la liberté de contracter et un même financement moniste pour les soins stationnaires et ambulatoires insuffleraient plus de compétitivité et d’efficience. En Suisse, la concurrence sur le marché de l’assurance maladie est donc plutôt limitée, tant les assureurs manquent des outils nécessaires.

Aux Pays-Bas, les assureurs peuvent choisir avec quels fournisseurs ils veulent passer des conventions. Dans le domaine ambulatoire, la liberté contractuelle est totale, elle est en revanche partielle (environ 10 %) dans les soins stationnaires aigus. En Suisse, la liberté de contracter n’existe pas et les assureurs n’ont pas le droit de faire de bénéfices dans le cadre de l’assurance de base. Leçons de l’expérience suisse

Régulation inefficace L’exemple suisse montre ainsi qu’autoriser d’un côté la concurrence dans le marché de l’assurance-maladie et le limiter d’un autre côté par des régulations inefficientes érode une grande partie des gains potentiels apportés par la concurrence. Pour ouvrir la voie à la réalisation d’un modèle de concurrence régulée, la Suisse doit rectifier certains aspects de son système de santé. En font notamment partie l’amélioration du système de compensation des risques et la liberté de contracter (actuellement limitée aux soins gérés), qui suppose la concurrence entre les fournisseurs de prestations. Or, ce n’est actuellement pas le cas. Dans les soins ambulatoires, ce sont en effet les négociations collectives (type TARMED) qui prédominent, alors que les soins stationnaires

Managed Care En revanche, la Suisse se montre plus avancée en matière de soins gérés. Son expérience remonte au début des années 90, bien que les soins gérés ne soient admis que dans un cas particulier (tous les fournisseurs de soins gérés doivent aussi offrir une assurance de base ordinaire). Les preuves empiriques démontrent que les coûts peuvent seulement être économisés dans les organisations où les médecins partagent un risque financier (type HMO). Et pourtant ce modèle est le moins populaire de toutes les formes de soins gérés existant et représente seulement 2 % du marché. Le modèle doit donc être encouragé et plus développé. Leçons de l’expérience néerlandaise

La concurrence régulée La concurrence régulée part du principe que les choix du consommateur poussent les assureurs à plus d’efficience et d’innovation. Dans le cas où la liberté de contracter est instaurée, cette incitation à plus d’efficience se répercute sur les fournisseurs de prestations (sans perdre pour autant les aspects positifs garantis par l’intervention de l’Etat que sont l’accès à l’assurance, les soins pour tous et la qualité des soins). La Suisse possède certains éléments de la concurrence régulée comme l’obligation d’assurance avec un panier de base prédéfini, la liberté pour les assurés de choisir leur assureur sans risquer d’être refusés, la réduction des primes et la compensation des risques. Mais elle manque d’autres éléments indispensables présents aux Pays-Bas comme la liberté de contracter, une bonne compensation des risques, l’intervention à tous les étages du marché des autorités de la concurrence, l’autorisation donnée aux assureurs de réaliser des pro-

fits, le financement moniste, un moniteur de la qualité. Nécessité d’un consensus politique L’exemple des Pays-Bas montre aussi que les systèmes de santé ne peuvent se développer de manière cohérente que s’il existe un consensus politique quant à la direction à donner au système. Cet accord a ainsi permis aux Pays-Bas d’accomplir un grand pas en avant avec les réformes de 2006 vers le modèle de concurrence régulée. En suisse, le consensus est loin d’être atteint : la moitié du monde politique est en effet favorable à un système de santé plus étatique et l’autre moitié à plus de concurrence. En conséquence, les réformes restent bloquées. Monitoring de la qualité Un important élément de la concurrence est le monitoring systématique de la qualité. Aux Pays-Bas, des indicateurs de performance ont été développés en étroite collaboration avec l’Association néerlandaise des hôpitaux, la Fédération des hôpitaux universitaires , l’Association des médecins et l’Inspection de la santé. Ces indicateurs sont présentés chaque année dans les rapports annuels des hôpitaux et peuvent être comparés d’une année sur l’autre et d’un hôpital à l’autre. Ils sont loin d’être aussi élaborés qu’aux USA ou en Allemagne. Quoiqu’il en soit, c’est un premier pas important. En Suisse, malgré les actions des hôpitaux et des cantons, il n’existe pas de politique nationale en la matière. Les Pays-Bas sont certes en avance, mais les deux pays doivent encore progresser dans le domaine. La comparaison entre les deux pays indique que trop de pouvoirs délégués au niveau cantonal, combiné à un large soutien public des soins hospitaliers, n’encourage ni l’efficience, ni la stabilisation des coûts. Le message envoyé à la Suisse est donc clair : réorganiser son système pour éliminer les rôles multiples des cantons.1 maud hilaire schenker Robert E. Leu, Frans Rutten, Werner Brouwer, Christian Rütschi et Pius Matter, The Swiss and the Dutch health case systems compared, Nomos, 2008.

1

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Les baby-boomers prennent de l’âge

Le boom des retraités a de lourdes conséquences Les « baby boomers », ces enfants nés durant les années de forte natalité de l’après-guerre arrivent bientôt à l’âge de la retraite. Ils bouleversent les données démographiques et révolutionnent l’image de la vieillesse. Le système de santé n’est pas épargné par cette mutation.

Le nombre des retraités progresse à un rythme effréné en Suisse comme le révèle l’Office fédéral de la statistique (OFS) : en 2005, les personnes de 65 ans étaient au nombre de 69 500, mais elles étaient déjà 85 000 fin 2009 et seront 90 000 en 2013. La raison de cette hausse est l’arrivée à l’âge de la retraite AVS de la première génération de baby-boomers (1944 à 1950). Une seconde poussée significative du nombre de nouveaux retraités aura lieu lors du départ à la retraite de la seconde génération de ­baby-boomers (1957 à 1966). Selon les prévisions de l’OFS, les personnes de 65 ans pas- seront alors de 96 000 en 2021 à 114 000 en 20301. Mais les nouveaux retraités ne sont pas seulement plus nombreux, ils ont aussi une espérance de vie plus longue. Aussi, actuellement, une femme de 65 ans peut-elle encore espérer vivre 22 ans, un homme du même âge, 19 ans, soit un an et demi de plus qu’il y a dix ans. Ces évolutions démographiques entraînent une hausse continue du pourcentage de personnes âgées par rapport à la population résidante globale. Alors qu’aujourd’hui une personne sur six a plus de 65 ans, une personne sur cinq aura 65 ans en 2020 et même une personne sur 4 en 2030, selon les prévisions de l’OFS. Une génération privilégiée

Dans leur ouvrage consacré aux babyboomers2, le professeur de psychologie Pasqualina Perrig-Chiello (université de Berne) et le professeur de sociologie François Höpflinger (université de Bâle) se penchent sur cette profonde mutation démographique et sur ses conséquences. Ils constatent par ailleurs que ce changement démographique va de pair avec une mutation sociale et culturelle. L’âge est réinterprété par les baby-

boomers, et de toutes nouvelles possibilités s’ouvrent à ces « jeunes vieux » (60 à 75 ans). François Höpflinger qualifie d’ailleurs cette nouvelle génération de personnes âgées de « génération privilégiée ». Elle a grandi durant une phase de croissance économique unique, a bénéficié de bien meilleures opportunités de formation et de carrière que les générations précédentes et a profité du développement des systèmes de retraite et de santé. Elle atteint l’âge de la retraite en étant en meilleure santé et a, dans l’ensemble, une espérance de vie plus longue sans problèmes de santé majeurs à redouter. Sans oublier que les personnes de 60 ans sont aujourd’hui plus sûres d’elles et les femmes plus indépendantes que leurs mères. Les personnes qui arrivent actuellement à la retraite ont appris à gérer les changements et se sont familiarisées avec les technologies de l’information. Mais au sein de cette nouvelle génération de retraités, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne en termes de formation, de revenus, d’état de santé et de style de vie. La qualification de « privilégié » ne s’applique pas, loin s’en faut, à tous les jeunes retraités. Une influence croissante

Les jeunes retraités gagnent en importance sur le plan social et politique non seulement du fait de leur nombre, mais aussi de leur expérience et de leurs connaissances. Ils constituent un facteur économique de plus en plus décisif. Ils influencent toujours plus les programmes culturels et les offres de loisirs. Nombreux sont ceux qui s’engagent dans des activités sociales après la retraite, d’autres continuent de s’instruire. La mobilité des séniors, en termes de voyages et de déplacements, qui est déjà assez marquée actuellement, ne

cesse d’augmenter. Par ailleurs, l’autonomie et l’autodétermination sont des éléments cruciaux également à un âge avancé comme le montrent les groupes et réseaux organisés et gérés par des séniors, qui rejettent de plus en plus toute ingérence extérieure. De nouveaux standards et modèles pour la troisième phase de vie voient le jour depuis quelque temps déjà. Les baby-boomers les aident à percer et « révolutionnent » ainsi la notion d’âge comme l’écrit le duo d’auteurs Perrig-Chiello et Höpflinger dans le sous-titre de son livre. Changements dans le système de santé

L’arrivée des baby-boomers à l’âge de la retraite va aussi se répercuter sur le système de santé. Le marché de la santé constate actuellement déjà que la forme physique, le bien-être et une bonne apparence extérieure sont importants également après 65 ans pour un nombre grandissant de femmes et d’hommes. La demande de prestations de remise en forme et de prévention de la santé ne cesse de croître à l’instar des produits anti-âge qui se vendent de mieux en mieux. La prise de conscience d’une alimentation équilibrée se fait aussi plus nette. Selon l’Enquête suisse sur la santé3 auprès des 60 à 70 ans – notamment chez les femmes –, elle est actuellement déjà plus importante que dans les catégories d’âge plus jeunes. Mais entre la prise de conscience et la réalité, il y a souvent un grand pas, comme le révèle également cette enquête. Le pourcentage de personnes qui veillent à conserver une bonne condition physique en pratiquant du sport et d’autres activités physiques intenses diminue en effet progressivement à partir du « milieu de vie ». D’un autre côté, le nombre de personnes présentant une surcharge pon-

ESPERANCE DE VIE EN 1997 ET 2007 HOMMES 1997

FEMMES 1997

HOMMES 2007

FEMMES 2007

A LA NAISSANCE

76,3

82,1

79,4

84,2

A 65 ANS

16,5

20,4

18,5

21,9

A 65 ANS EN ETANT EN BONNE SANTE

11,8

11,9

13,0

13,5

SOURCE : OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE

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NOMBRE ET POURCENTAGE DE MALADES ATTEINTS DE DEMENCE PAR CATEGORIE D’AGE EN 2008

25000

NOMBRE

20000

15000

10000

40,00% 35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00%

5000

5,00%

0

PART EN POURCENTAGE PAR TRANCHE D'AGE

SOURCE: ASSOCIATION ALZHEIMER SUISSE

30000

Perspectives

0,00% 30 A 64

65 A 69

70 A 74

75 A 79

80 A 84

85 A 89

90 +

Le nombre de cas de démence augmente de manière exponentielle après 80 ans.

POURCENTAGE DES PLUS DE 65 ANS SUR LA POPULATION GLOBALE SOURCE: OFFICE FEDERALE DE LA STATISTIQUE

25,0%

20,0%

15,0%

10,0%

5,0%

0,0% 2000

2010

2020

2030

Le vieillissement démographique est une réalité. Ses conséquences sur le système de santé seront lourdes à l’horizon 2030.

Selon les estimations de l’OFS (Office fédéral de la Statistique), les plus de 80 ans passeront de 360 000 actuellement à 460 000 en 2020 et à 630 000 en 2030. Les « jeunes vieux » seront tôt ou tard confrontés aux mêmes maladies chroniques et troubles de la vieillesse que la génération avant eux. Certes, ils auront besoin de soins plus tard, mais le nombre de personnes ayant besoin de soins augmentera proportionnellement au nombre de personnes atteignant 65 ans actuellement. Les cas de démence progresseront notamment très fortement. Selon le rapport national sur la santé 20084, la probabilité de développer (prévalence) une démence double tous les cinq ans à partir de l’âge de 65 ans. Si moins d’une personne sur 50 y est confrontée à 65 ans, une personne sur trois est atteinte de démence après 90 ans. Il faut donc s’attendre à l’avenir non pas à une baisse, mais bel et bien à une hausse massive des coûts des soins. L’Observatoire suisse de la santé5 estime que les coûts des soins de longue durée passeront de 8 milliards aujourd’hui à 12,3 milliards d’ici 2020 et à près de 18 milliards de francs d’ici 2030. Des programmes efficaces de prévention et de promotion de la santé ainsi que des mesures favorisant l’autonomie jusqu’à un âge avancé permettraient toutefois d’amortir un tant soit peu la croissance future des coûts. Un potentiel inexploité réside encore dans ce domaine pour ce qui concerne la jeune génération de retraités. Walter Frei

dérale augmente proportionnellement – chez les 60 à 70 ans, elles sont plus de 50 %. Les personnes avec un faible niveau de formation sont particulièrement touchées. Elles souffrent aussi davantage de maladies chroniques comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie, le tabac et la consommation excessive d’alcool. Le fait que le nombre d’années en bonne santé ait néanmoins augmenté en Suisse est imputable à la forte baisse des professions pénibles et à une meilleure couverture médicale.

L’amélioration de l’état de santé des séniors de 60 à 75 ans d’aujourd’hui par rapport à la génération précédente ne se traduit pas par une baisse des coûts de la santé. Au contraire, les coûts vont encore croître compte tenu des exigences grandissantes de la jeune génération de retraités. Cependant, le problème de coûts le plus important est encore à venir lorsque les baby-boomers entreront dans le quatrième âge (à partir de 80 ans), ne serait-ce qu’à cause de leur nombre.

Office fédéral de la statistique, « Population résidante permanente selon l’âge et le scénario ‘moyen’, évolution future de la population – Mise à jour 2009 » 2 Perrig-Chiello, P., Höpflinger, F., Die Babyboomer – eine Generation revolutioniert das Alter, éditions NZZ, Zurich 2009 3 Office fédéral de la statistique, Enquête suisse sur la santé 2007 4 Observatoire suisse de la santé (Obsan), La santé en Suisse : rapport national sur la santé 2008 5 Observatoire suisse de la santé, Les coûts des soins de longue durée d’ici à 2030 en Suisse, Neuchâtel 2008. 1

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A lire : Stratégie nationale « soins palliatifs »

Dignité et qualité de vie jusqu’au décès Les soins palliatifs veillent à ce que les personnes vivent mieux, souffrent moins et soient bien entourées à l’endroit de leur choix, et ce même durant leur dernière phase de vie. En Suisse, cependant, l’offre en soins palliatifs est insuffisante, les critères de qualité font défaut et le financement n’est pas clarifié, comme le montre une étude publiée en automne 2009. La nouvelle stratégie nationale en matière de soins palliatifs, présentée dans le cadre d’une conférence de presse et soutenue par la Confédération et les cantons, est censée améliorer la situation.

Les soins palliatifs, discipline de soins globaux, regroupent les traitements médicaux et les soins destinés à soulager la douleur et autres maux. Le constat de départ est le suivant : les personnes vivent plus longtemps, leurs maladies sont plus longues et complexes et le recours aux soins augmente donc considérablement. Mais si les besoins sont énormes, les offres en soins palliatifs sont pauvres. « Un acte de civilité »

Pascal Couchepin, ancien Conseiller fédéral, a déclaré que la nécessité d’offrir des soins palliatifs aux personnes malades et en fin de vie devait être considérée comme un devoir par notre civilisation. Or, la prise en charge sanitaire n’est actuellement pas adaptée pour relever un tel défi. Une offre en soins palliatifs disponible dans toute la Suisse et censée compléter la médecine curative, fait défaut. Un programme national de recherche permettra de mieux connaître les besoins des personnes en fin de vie. Comme l’a souligné Pierre-Yves Maillard, président de la CDS (Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la sante), il ne s’agit pas de miser exclusivement sur les spécialistes en soins palliatifs. 80 % des soins d’accompagnement aux mourants relèvent des soins de base. Il s’agit donc de proposer des offres de perfectionnement afin que le personnel soit armé pour remplir de telles tâches. L’analyse des activités des organisations d’assistance au suicide a aussi conforté les pouvoirs publics dans l’idée de mettre en place une offre en soins palliatifs progressistes couvrant toute la Suisse.

tions de soins palliatifs à rembourser par l’assurance-maladie ? Aujourd’hui, cette dernière couvre approximativement 80 % de l’offre en soins palliatifs. Comme il s’agit souvent de situations complexes, le niveau de soins requis est supérieur à la moyenne, et il correspond souvent au taux tarifaire maximum. Le nouveau régime de financement des soins amplifie la problématique : en effet, jusqu’à 20 % des coûts peuvent être imputés aux patients. De même, le catalogue des prestations dans l’ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins (OPAS) ne couvre vraisemblablement pas l’ensemble des prestations nécessaires au traitement des patients dans le domaine des soins palliatifs. Globalement, le remboursement des coûts liés à une prise en charge à domicile est moins important qu’à l’hô-

La question la plus importante…

Afin d’évaluer les besoins, la Confédération et les cantons ont décidé de créer un Groupe national de promotion des soins palliatifs censé optimiser leur intégration dans le système de santé suisse. Différents groupes de travail ont été institués, ayant pour mandat d’élaborer des mesures dans les domaines « soins », « financement », « sensibilisation », « formation » et « recherche ». La question la plus importante concerne le financement : quelle est la part des presta-

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et dans les EMS. Les questions de savoir si, dans quelle mesure, et quand les problèmes financiers pourront être réglés, ne sont jusqu’à maintenant pas clarifiées. Des décisions politiques devront de toute manière être prises pour atteindre l’objectif visé d’étendre les offres en soins palliatifs à l’ensemble du territoire. Une meilleure information

Dans son rapport, l’Office fédérale de la santé publique (OFSP) constate en outre que les patients et leurs proches ainsi que les professionnels de la santé sont trop peu informés sur les offres en soins palliatifs. C’est pourquoi il convient de mieux faire connaître au grand public cette nouvelle forme de prise en charge afin que la population sache ce que sont les soins palliatifs,

Photo : Keystone

pital. Les patients gravement malades et mourants sont ainsi souvent hospitalisés, alors qu’ils pourraient être pris en charge à domicile, avec une équipe mobile opérationnelle dans le domaine des soins palliatifs. De telles équipes pourraient également, en plus des soins et de l’assistance, assumer la coordination entre les prestataires et la gestion des cas/des soins (case/disease management), mais elles n’existent malheureusement encore qu’en nombre insuffisant. Le financement de tels services reste encore flou. Selon le rapport final de l’Office fédéral de la santé publique, Evaluation des besoins dans le domaine des soins palliatifs. Récapitulatif et conclusions, la première urgence est incontestablement le problème du financement, en comblant avant tout les lacunes au niveau des soins à domicile

ce qu’ils peuvent ou non proposer. Les offres en soins palliatifs sont souvent méconnues, tout comme leurs éventuelles lacunes. Il est indéniable que l’offre diffère d’un canton à l’autre. La qualité varie elle aussi fortement, ce qui nécessite d’établir des standards contraignants. Dans le domaine de la recherche, le rapport critique l’aspect trop ponctuel et le manque de coordination des recherches en matière de soins palliatifs. De plus, il n’existe qu’une seule chaire de soins palliatifs (pour l’instant vacante). C’est pourquoi il faudrait concentrer les activités des chercheurs et renforcer l’intégration de la recherche dans les structures universitaires. Conclusion : une nouvelle façon de voir les choses

Les soins palliatifs permettent de voir les choses autrement et d’avoir une attitude différente avec les malades en fin de vie. Il incombe aux décideurs politiques de définir ce qui est faisable et peut être financé et de fixer le calendrier des prochaines étapes de mise en œuvre. Il ne faut pas perdre de vue que les mesures, qui peuvent avoir un certain coût maintenant, représentent une utilité concrète sur le long terme : la qualité de vie des personnes gravement malades et mourantes sera améliorée. Il faut aussi tenir compte du fait que le travail des proches et des bénévoles reste d’une grande importance et qu’il n’est pas question d’y renoncer si l’on veut éviter que les soins et une assistance globale aux personnes âgées et en fin de vie ne conduisent à une hausse insupportable des coûts de la santé. Les soins palliatifs offrent aussi l’opportunité de briser le tabou entourant la mort, de permettre à la société de se réapproprier ce thème et donc de mieux apprendre à gérer et à vivre avec les limites qui sont les nôtres. JOSEF ZIEGLER

Office fédéral de la santé publique, Evaluation des besoins dans le domaine des soins palliatifs. Récapitulatif et conclusions. Zurich, 7 octobre 2009. Judith Tragener, Thomas von Stockar, Susanne Stern, Remo Zandonella.

Veiller à la dignité des personnes en fin de vie est une priorité de notre société.

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Plate-forme 2009 de la SSPS : Buts en matière de santé pour la Suisse

Tous veulent faire de la prévention – mais comment ?

Ilona Kickbusch, économiste de la santé, a précisé qu’au niveau international les buts axés sur les résultats (output) s’imposent lentement face aux buts axés sur les ressources investies (in-put). Par exemple, l’objectif poursuivi est de faire baisser la mortalité due au cancer du sein plutôt que d’effectuer le plus grand nombre possible de mammographies. De plus, les buts ne se focalisent plus exclusivement sur la santé, ils prennent aussi en compte la qualité de vie et les facteurs de risque des maladies. Selon Ilona Kickbusch, la fixation judicieuse des buts de santé requiert quelques conditions préalables. Il faut prévoir une période de temps suffisamment longue. Seules quelques rares mesures de prévention permettent d’escompter un effet immédiat comme celui de la baisse drastique des décès consécutifs aux accidents grâce au port de la ceinture de sécurité. Les principaux acteurs doivent soutenir activement les buts fixés. De plus, il faut préalablement disposer de données appropriées pour être en mesure d’identifier les besoins d’intervention. Et enfin, avertit Ilona Kickbusch, il faut de bons indicateurs pour vérifier si les buts sont atteints. Confédération vs cantons

Salome von Greyerz, responsable de la prévention à l’OFSP, a expliqué les points fondamentaux de la future loi sur la prévention. Cette loi privilégie avant tout les domaines du dépistage précoce et des maladies chroniques. Elle est cen-

sée régler la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons : la Confédération est responsable de la stratégie et de la coordination, les cantons de l’exécution concrète des programmes de prévention. Salome von Greyerz attend de cette loi une fourniture de prestations de prévention plus équitable et aussi des résultats plus convaincants et mesurables. Carlo Conti, directeur de la santé du canton de Bâle-Ville, voit les choses un peu différemment. Avec une part importante de personnes âgées et de migrants, les objectifs de prévention de Bâle-Ville ne sont évidemment pas les mêmes que ceux du canton d’Uri par exemple. Carlo Conti met également en garde contre de trop grandes attentes. Les discussions concernant les primes des caisses-maladies dominent à ce point la scène politique que des mesures de prévention n’exerçant pas directement un effet modérateur sur les coûts risquent de trouver peu de soutien de la part des politiques et de la population. Succès du label « Friendly workspace »

Thomas Mattig, directeur de la fondation Promotion Santé Suisse, ne partage pas le pessimisme de Carlo Conti. Il se réfère au succès du label « Friendly workspace » par lequel Promotion Santé Suisse, en collaboration avec le monde de l’économie, distingue les entreprises accordant une valeur particulière à la promotion de la santé. Aujourd’hui déjà, peu après son introduction, 50 000 employés en bénéficient. Leur nombre fera plus que doubler très prochainement, car de très grandes entreprises vont adopter le label. Markus Nufer, gestionnaire des programmes gouvernementaux chez IBM Suisse, s’est expressément félicité de cette collaboration entre les organisations publiques et l’économie privée. Il a toutefois clairement souligné que de tels « partenariats publics/privés » ne peuvent réussir que si les deux parties en tirent un profit égal.

promotion de la santé au niveau individuel. Les médecins de famille connaissent en détail les besoins de leurs patients et sont donc largement compétents pour promouvoir leur santé. Selon B. Studer, les réseaux de soins intégrés (Managed care) sont le mieux à même de remplir cette tâche. Les médecins en pratique libre facturent selon le TARMED, qui rémunère la répétition de traitements beaucoup mieux que les conseils de promotion de la santé. Voilà pourquoi, aux yeux de Bernhard Studer, les mesures visant à encourager les réseaux de soins intégrés sont aussi des investissements dans la promotion de la santé. Optimisme mesuré

Stephan Hill, directeur de la SSPS, a résumé la journée de travail en faisant preuve d’un optimisme modéré : les partenaires témoignent certes d’une attitude positive face à la prévention et aux buts de santé et une base de discussion commune existe bel et bien. Mais les divergences de conception restent très nombreuses quant à la manière de fixer les buts de santé et de les réaliser. peter kraft

Photo: Keystone

Pendant presque une année, la Société suisse pour la politique de la santé (SSPS) a étudié avec les représentants de tous les partenaires du domaine de la santé la question de l’acceptation des buts de santé. La SSPS a présenté les conclusions de cette étude lors d’un colloque final intégrant les résultats des ateliers de travail, exposés et discussions d’experts.

Promotion de la santé au niveau individuel effectuée par les médecins de famille

Pour terminer, Bernhard Studer, médecin de famille et membre de la direction de Sanacare, a montré l’importance de la

Les buts suisses en matière de santé : une construction fragilisée par le manque de consensus.

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L’invité du mois de janvier : le virus

« De la recherche, vous pourrez donc en faire encore longtemps ! » L’année passée, il a fait fureur. La Suisse, et même le monde entier, ont tremblé et ne pensaient qu’à une chose : des rues et des cafés vides, des matchs de revenants sur les terrains de sport et des hôpitaux surpeuplés. Mais il nous a à nouveau surpris : au moment où on l’attendait le plus, il ne s’est pas manifesté. Nous voulons bien sûr parler du virus. Il rompt enfin le silence et donne des explications à infosantésuisse.

Nous sommes heureux de vous avoir chez nous.

Je suis ravi que quelqu’un me le dise. D’habitude, seuls les chercheurs, qui ont congelé mes collègues de la variole, ou les firmes pharmaceutiques, qui font avec nous – ou plutôt contre nous – d’assez bonnes affaires, sont de cet avis. A dire vrai, il ne s’agit nullement d’une déclaration de sympathie à votre égard – je me réjouis seulement d’entendre les histoires intéressantes que vous allez sûrement me raconter.

Oui, je peux sans autre satisfaire votre curiosité bien que, pour nous, la transmission de la maladie a été beaucoup plus intéressante lorsque nous pouvions encore agir sans avoir été démasqués. Que voulez-vous dire par là ?

Nous étions simplement plus libres, nous pouvions déclencher toutes sortes d’épidémies sans être trop dérangés. L’époque où les chercheurs croyaient connaître les causes de toutes les infections et administraient massivement des antibiotiques aux personnes malades a été passionnante. Les antibiotiques ! En ce temps-là, grâce à eux, nous avons pu donner une formidable impulsion au carnaval des virus. Une époque magnifique ! Carnaval des virus ?

Oui, parfaitement. Nous ne voulons pas toujours revêtir la même apparence et nous nous déguisons volontiers, tout comme vous. Vous parlez de carnaval et nous, de mutation. Cependant, vous le fêtez plutôt à la fin de l’hiver et nous, au début.

Mais cette fois, vous n’avez pas été très inventifs. Avec la grippe porcine, nous attendions en fait des « déguisements » un peu plus perfides.

Ce n’est pas dans l’esprit du carnaval de se déguiser comme les autres l’attendent. Le but de l’opération est de vous faire peur. Mais si de temps à autre, nos accoutrements produisent moins d’effroi que prévu, cela ne peut guère nous nuire. Nous restons ainsi très mystérieux et imprévisibles.

ensuite, la situation devient incontrôlable. De plus, il est ennuyeux de faire toujours la même chose. Cela m’étonnerait beaucoup que nous revenions déjà l’année prochaine avec la grippe. Mais on ne sait jamais…

Est-ce que cela vous fait plaisir que nous, les êtres humains, le couronnement de la création, puissions trembler à ce point devant vous, les organismes les plus primitifs ?

En ce qui vous concerne, qu’en est-il à propos du réchauffement climatique ? Nous avons l’impression que vous serez les premiers à migrer pour cause de changement climatique.

Plaisir, qu’est-ce que cela veut dire ? Nous faisons simplement ce que nous savons faire, ce pourquoi nos gènes nous programment. Et nous en tirons le meilleur parti possible. Vous, les êtres humains, vous faites aussi des choses qui vous sont naturelles mais qui, dans l’idéal, n’ont pas de sens. Vous consommez des produits nocifs, vous intriguez, pratiquez des sports de combat et construisez des missi- les de longue portée. En fait, tout cela est un non-sens – mais pour beaucoup d’entre vous, c’est une véritable fascination ou, comme vous le dites, un plaisir.

C’est vrai. Nous sommes fortement tributaires de la température. Le groupe de la grippe n’est pas particulièrement content, il préfère le froid.

De votre côté, ne craignez-vous pas que la recherche effectuée par les scientifiques puisse un jour vous donner le coup de grâce ?

C’est déjà arrivé. Le virus de la variole a par exemple été éradiqué. Quelques types de virus ont déjà la frousse de subir le même sort – mais pour les virus en tant qu’espèce, je ne vois aucun danger. Il n’y a pas de solution valable pour nous anéantir globalement. Chaque type de virus est différent et chacun d’entre nous nécessite une autre stratégie d’extermination. De la recherche, vous pourrez donc en faire encore longtemps.

Nous parions que si cela continue, vous devrez vous replier sur la Scandinavie où, quand vous travaillerez, en hiver, il fera toujours sombre – donc plus de lumière du jour pour vous.

Vous avez raison. Mais cela ne changera rien, puisque dans les vaisseaux sanguins il fait de toute manière sombre. Dernière question : pourquoi êtesvous en fait si méchants ?

Méchants ? Nous ne sommes pas méchants. Bien sûr que si, vous tuez chaque année des milliers de personnes.

Revenons à la grippe porcine : avezvous déjà prévu quelque chose pour la prochaine saison du carnaval ?

Oui, mais ce n’est pas notre intention. Il y a des sortes de virus qui ne font rien à l’homme, alors qu’ils tuent différentes espèces d’animaux – et inversement. Cela prouve bien que ce n’est pas notre objectif de vous tuer. Vous faites même de la recherche pour voir comment vous pourriez nous utiliser pour lutter contre les tumeurs et anéantir les bactéries. Par ailleurs, si celui qui nous héberge meurt, nous disparaissons avec lui. En définitive, nous faisons ce pourquoi nous sommes programmés – comme vous.

Non, cela se produit spontanément. L’un d’entre nous a tout à coup une idée et

interview : peter kraft

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Photo : Keystone

Mois Image

Rudimentaire ne veut pas dire inefficace Même avec des moyens rudimentaires, il est possible d’œuvrer à une large échelle pour la santé nationale. Cette pharmacienne dresse l’inventaire de la pharmacie d’un des centres mobiles TASO (The Aids support Organisation), fondée en 1987 en Ouganda. Cette organisation non gouvernementale locale est depuis devenue sa création la plus importante d’Afrique dans la prise en charge des malades du SIDA. A sa fondation, TASO rassemblait des gens unifiés par une même expérience de la maladie, en une période de forte stigmatisation, ignorance et discrimination. Elle propose une aide sociale, médicale et psychologique pour aider les patients à accepter le diagnostic et à mieux vivre avec la maladie. Elle offre aussi un service d’aide médicale à domicile pour les personnes ne pouvant se déplacer, elle conduit les personnes à l’hôpital, elle dispose de centres de jour, elle organise des programmes de formation et fait du lobbying à l’échelle  locale, nationale et internationale. Elle sensibilise les populations aux problèmes générés par   le Sida. Depuis juin 2004, TASO a permis à 23 000 personnes, dont 1000 enfants d’accéder à une thérapie antirétrovirale. Depuis 2008, TASO a entamé une nouvelle stratégie cherchant à raviver la prévention contre le SIDA.


Modifications de l’Ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins (OPAS) au partir du 1er janvier 2010 Le DFI (Département Fédéral de l’Intérieur) a procédé aux modifications suivantes de l’Ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins (OPAS).

par l’inconvénient lié à la radiation relativement forte. Cette prestation ne devrait pas être effectuée très fréquemment en Suisse. La tarification a déjà été intégrée dans le Tarmed.

Depuis le 1er août 2009, les prestations à la charge de l’assurance-maladie peuvent être fournies non seulement par des physiothérapeutes au sens des art. 46 et 47 OAMal, mais aussi par des organisations de physiothérapie, au sens de l’art. 52a OAMal. A l’instar des ergothérapies, des organisations peuvent donc désormais proposer des physiothérapies. Le point « physiothérapie uro-gynécologique et urologique » indiqué au chiffre 10 sous la lettre b « mesures thérapeutiques, conseils et instruction » a été reformulé en « physiothérapie du plancher pelvien ». La terminologie précédemment utilisée était trop restrictive et a engendré des problèmes de délimitation de l’obligation de prise en charge des prestations. Les indications concernent le traitement de troubles urologiques ou gynécologiques dans le domaine du plancher pelvien (incontinence urinaire, prolapsus de l’utérus, etc.). Art. 12a, lettre c

Cet article consacré aux vaccinations contient des adaptations des conditions conformément aux recommandations de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) sur la base du « Plan de vaccination suisse 2009 ». Ces adaptations concernent la vaccination contre « Haemophilus influenzae » pour les enfants jusqu’à l’âge de cinq ans. Art. 12d, lettre d

Les conditions préalables à une mammographie pour les patientes à risque (fille, mère ou sœur de femmes atteintes d’un cancer du sein) étaient assorties d’un délai qui a été supprimé. Les autres conditions n’ont pas été modifiées. En ce qui concerne la mammographie de dépistage pour toutes les femmes à partir de 50 ans, la limitation jusqu’au 31.12.2009 a également été supprimée. Comme par le passé, ces examens doivent être réalisés dans le cadre de programmes de dépistage. Modifications de l’annexe 1 de l’ordonnance sur les prestations de l’assurance des soins

3 Gynécologie, obstétrique La prestation « Embolisation de fibrome de l’utérus » devient une prestation obligatoire. Ainsi, les femmes qui souffrent de troubles imputables à des fibromes de l’utérus peuvent désormais être soignées par embolisation des artères qui irriguent les fibromes en guise d’alternative à une ablation chirurgicale des fibromes utérins voire de l’utérus tout entier. L’avantage de cette intervention moins invasive est quelque peu relativisé

6 Ophtalmologie L’obligation de prise en charge de la prestation « Mesure de l’osmolarité du liquide lacrymal au cabinet médical » (notamment chez l’ophtalmologue) est rejetée. La pression osmotique joue un rôle important dans le transport des liquides et l’équilibre des liquides des cellules et espaces intercellulaires. La mesure de l’osmolarité du liquide lacrymal pourrait par exemple être pratiquée en cas de diagnostic « d’œil sec ». Le rapport coût/utilité n’est toutefois pas favorable actuellement. 8 Psychiatrie Les nouvelles recommandations de l’OFSP, de la Société Suisse de Médecine de l’Addiction (SSAM) et de l’Association des médecins cantonaux de Suisse (AMCS) d’octobre 2009 constituent désormais les conditions préalables au « traitement de substitution en cas de dépendance aux opiacés ». Cela vaut pour les traitements avec prescription de méthadone, de buprénorphine et d’héroïne. Pour les assureurs-maladie, cette modification n’entraîne guère de changement, puisque les protocoles thérapeutiques ont été depuis longtemps déjà adaptés à ces recommandations. 11 Réadaptation Les conditions ont été reformulées et le principe de base de la réadaptation cardiaque ambulatoire a été quelque peu affaibli dans le domaine de la rééducation cardiovasculaire avec la formulation suivante : « la rééducation cardiovasculaire peut faire l’objet d’un traitement ambulatoire ou hospitalier ». Selon le nouveau texte de l’ordonnance, les affections suivantes plaident plutôt en faveur d’un traitement hospitalier : un risque cardiaque élevé, une insuffisance myocardique, une comorbidité (diabète sucré, BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive), etc.). Dans l’ancien texte de l’ordonnance (révisée au 01.07.2009), les indications de risque cardiaque élevé, d’insuffisance myocardique et de comorbidité (diabète sucré, BPCO, etc.) tenaient lieu d’énumération exhaustive pour la réadaptation en milieu hospitalier et excluaient toute autre indication. La modification a été réalisée suite aux pressions des cliniques de réadaptation cardiaque stationnaire qui auraient enregistré une perte sensible des admissions depuis la révision de l’ordonnance le 1er juillet 2009. Indépendamment de la formulation, l’assureur-maladie doit continuer de vérifier, lors de chaque demande de prise en charge des coûts, si un séjour hospitalier correspond aux critères EAE.

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En

Art. 5 al. 1, phrase introductive, et lettre b, chiffre 10


Nouvelles du monde

Journée de réflexion : Mère/ père malade – et les enfants ? La « journée des malades » est une association d’utilité publique, fondée en 1939. En sont membres des organisations de patient, ligues de la santé, associations professionnelles et d’autres organismes actifs dans le secteur de la santé. Une fois par année la « journée des malades » sensibilise la population sur un thème particulier lié au monde de la santé. La prochaine « Journée des malades » aura lieu le 7 mars 2010. Le sujet en est « Mère/père malade – et les enfants ? » ou comment gérer la maladie chronique ou mortelle, le handicap au sein de la famille. Comment les enfants le vivent-ils ? Douleurs ? Culpabilité? Incompréhension ? Angoisses ? Responsabilité ? Quel que soit son âge, livré à lui-même avec sa propre perception d’une grave maladie ou d’une invalidité, l’enfant risque d’être entravé dans son développement. Selon son âge, l’enfant voit les changements chez ses parents et a besoin d’en parler. Mais il cache parfois ses craintes ou ses fantasmes de peur d’aggraver les soucis de ses parents Il est donc important qu’il mette des mots sur ses peurs et ses besoins, qu’il soit accompagné et soutenu. Les enfants ont en effet autant besoin d’attention que la personne malade ou les adultes les plus proches. « Le silence est d’argent, la parole est d’or », tel est le titre d’un cours destiné aux parents concernés par la maladie et tel sera le cœur de cette journée de réflexion.

Visiter un colon géant : dans un centre commercial de la ville de St. Catharines, au Canada, les visiteurs peuvent explorer un colon géant de 12 mètres de long et de 2,4 mètres de haut et découvrir de l’intérieur le cancer du colon. L’exposition est organisée en partenariat avec le Ministère de la santé.

Pour plus d’informations, veuillez consulter www.tagderkranken.ch.

Photo : Prisma

Service

La « Journée des malades » 2010 aura lieu le 7 mars 2010

Mozart pour les prématurés : La musique de Mozart apaiserait les prématurés et les aiderait à prendre plus rapidement du poids. Trente minutes de musique par jour suffiraient selon une étude de l’Université de Tel Aviv. Les chercheurs ne peuvent expliquer ces résultats de manière scientifique. La mélodie répétitive pourrait en être la cause. Un SMS pour réduire la queue dans les hôpitaux : en Malaisie, à Johor Baru, le Ministère de la Santé a introduit un système de SMS pour rappeler au patient leurs rendez-vous et éviter la queue dans les hôpitaux. Un SMS sera aussi envoyé pour indiquer quand encore cinq patients précèdent le destinataire du SMS. Hôtel de luxe dans un asile de style victorien : l’hôpital psychiatrique de Broadmoor au Royaume-Uni, qui a été le séjour de nombreux meurtriers depuis 1863, dont le tueur en séries Charles Bronson, pourrait être vendu et reconverti en hôtel ou en appartements de luxe. L’argent récolté lors de la vente aiderait à la construction d’un nouvel hôpital psychiatrique, répondant mieux aux standards de sécurité et d’intimité des patients.

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Manifestations Organisateur

Faits particuliers

Date/Lieu

Pour plus d’informations

Thème : Baromètre Swiss eHealth – Du diagnostic au traitement

11–12 mars 2010 www.beaexpo.ch BEA Expo AG, Berne

Swiss eHealth Forum MKR Consulting SA

Pflege – kompetent, sichtbar, wertschöpfend FHS St. Gallen, Hochschule für Angewandte Wissenschaften

Journée avec des exposés et des ateliers

16 mars 2010 Centre de formation continue Université de Saint Gall (Executive Campus HSG)

www.fhsg.ch

17–18 mars 2010 KKL Lucerne, Luzerner Saal

www.trendtage-gesundheit.ch

6. Trendtage Gesundheit Luzern interpharma, USZ, Département de santé et du social du canton de Lucerne

Thème : Défi innovation avec la participation entre autres de Didier Burkhalter, de Thomas Cueni, Constantin Beck, Carlo Conti

Dessin : Marc Roulin

Informez-nous de vos manifestations : redaction@santesuisse.ch  Plus d’informations sur www.santesuisse.ch

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Service

France : en 2010, le prix des assurances complémentaires augmente

Les assurances complémentaires taxées pour résorber le trou de la sécurité sociale En 2010, les Français devront débourser davantage pour pouvoir s’offrir une complémentaire santé. Les cotisations « devraient augmenter d’environ 5 % en 2010 », selon Jean-Pierre Davant, le président de la Mutualité française, dans une interview accordée au Parisien le 28 décembre 2009. La mutualité avait déjà indiqué en octobre que l’augmentation des cotisations serait d’au moins 3,9 %. Pour justifier cette augmentation, les mutuelles mettent en avant plusieurs facteurs extérieurs : la hausse du forfait hospitalier de 2 euros, la grippe A qui, outre l’achat des vaccins, provoque une augmentation des consultations et des prescriptions, mais aussi la taxe sur le chiffre d’affaires que le gouvernement avait instauré l’an passé pour obtenir un milliard

d’euro des mutuelles pour financer la sécurité sociale. Dans ce contexte, les Français semblent cette année davantage se rabattre sur des contrats premiers prix qui offrent une moins bonne protection pour compenser la hausse des primes et s’y retrouver dans leur budget. Cette hausse des tarifs est annoncée, alors que la santé devient une préoccupation majeure pour les Français. Selon une récente étude de Jalma, un cabinet de conseil en protection sociale, les dépenses de santé à la charge des ménages ont progressé de 50 % entre 2001 et 2009. Face à cette situation, la Mutualité appelle à « réorganiser [le] système de santé » plutôt que de transférer des dépenses de l’assurance maladie obligatoire vers les complémentaires.

Grippe porcine : les doses de vaccins s’empilent à la Confédération

La pandémie régresse, les vaccins restent

Photo : Keystone

En Suisse, l’épidémie de grippe porcine a connu son pic à la mi-novembre avec 2360 cas recensés en une semaine. Leur nombre a diminué pour se chiffrer à 418 la dernière semaine de 2009. Le nombre d’hospitalisations a suivi la même courbe, passant de 77 à 7 durant la même période. Au total la maladie a engendré 430 hospitalisations entre juillet 2009 et la fin de l’année 2009.

Seule une petite partie des 13 millions de doses de vaccins contre la grippe A (H1N1) ont été utilisées en Suisse. Actuellement, presque plus personne ne se fait vacciner et les doses en trop s’empilent à la Confédération et dans certains cantons. Sur l’ensemble des doses achetées, 3 millions ont été livrées aux cantons, a indiqué Jean-Louis Zurcher, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). L’OFSP n’est pas en mesure de dire combien de personnes se sont effectivement fait vacciner. Dans plusieurs cantons interrogés, il semblerait que seule une petite partie des doses livrées ait été utilisée. La Confédération a déboursé 84 millions de francs pour les 13 millions de doses commandées au total. A ces coûts s’ajoutent les frais de stockage, qui ne peuvent pas encore être chiffrés, a révélé le porte-parole de l’OFSP. La France connaît une situation identique. L’État a donc décidé de résilier les commandes en cours. 50 millions de doses, sur 94 commandées, sont annulées. Mais la résiliation de contrat ne résout pas tout. Malgré des ventes au Qatar et à l’Égypte, et le don de 9,4 millions de doses à l’Organisation mondiale de la Santé, le gouvernement détient encore un stock de 25 à 30 millions de doses. Avec 33 millions de traitements antiviraux, d’une durée de vie de sept ans, la France a vu, là aussi, beaucoup trop grand. En outre, la France a acquis un milliard de masques anti-projections et 723 millions de protection. Les critiques fassent à la mauvaise gestion de la campagne de vaccination ne cessent de pleuvoir à l’encontre de la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, et elles ne risquent pas de s’arrêter après la diffusion de ces chiffres.

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17. / 18. März 2010 | KKL Luzern

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Herausforderung Innovation Machbarkeit – Finanzierbarkeit – Ethik

Innovation ist Erneuerung. Ob erforscht, entwickelt oder zufällig entdeckt, wir erwarten von Innovationen immer eine Verbesserung bisheriger Zustände. Gerade der medizinische Sektor ist geprägt durch innovative Entwicklungen. Sie sind zugleich Fundus und Triebfeder unseres qualitativ hoch stehenden Gesundheitswesens, haben aber oft auch erhebliche Mehrkosten zur Folge. Es diskutieren unter anderem:

Konstantin Beck Leiter CSS Institut für empirische Gesundheitsökonomie; Privatdozent

Melchior Buchs Generalsekretär, FASMED

Bernhard Bührlen Leiter Geschäftsfeld Innovationen im Gesundheitssystem, Fraunhofer (D)

Tagungspartner

Die Trendtage Gesundheit Luzern stehen unter dem Patronat von:

Dr. Thomas Cueni Generalsekretär, Interpharma

Henny van Laarhoven Managing director, Orbis Shared Service Center Orbis Medischen und Zorgconcern, MB SITTARD, (NL)

Eric Scheidegger, Botschafter Stellvertretender Direktor SECO und Leiter Direktion Standortförderung

Georg Staubli Leitender Arzt Notfallstation/Medizinische Klinik, Kinderspital Zürich

Baxter Luzerner Kantonsspital G-tec.swiss > GDK Schweizerische Konferenz der kantonalen Gesundheitsdirektorinnen und -direktoren

Kontakt /Anmeldung: Forum Gesundheit Luzern | Horwerstrasse 87 | CH-6005 Luzern | T: 041 318 37 97 | F: 041 318 37 10 | info@trendtage-gesundheit.ch

Medienpartner

Roger Zobrist CEO, Academy for Medical Training and Simulation AMTS

Competence EMH Schweizerischer Ärzteverlag Medical Tribune

> Bundesamt für Gesundheit BAG


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