infosantésuisse Nr.02/2008 français

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info santésuisse

La santé – hier, aujourd’hui et demain

Le magazine des assureurs-maladie suisses


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Avons-nous vraiment tout sous contrôle ? Nouveaux risques pour notre santé

World wide virus ?

Coûts des établissements médico-sociaux : de grandes disparités

Sommaire Sous la loupe 4 Avons-nous vraiment tout sous contrôle ? Nouveaux risques pour notre santé 6 Des maladies parasitaires au burnout 8 De l’importance des fibres 9 Les parts de marché sont plus importantes que le progrès médical 10 World wide virus ? 12 Problèmes de santé dus à la téléphonie mobile : l’incertitude demeure 14 Trois questions au Dr Dieter Kissling, médecin du travail à Baden Domaine de la santé 15 Graphique du mois de mars : taux de mortalité en baisse 16 Coûts des établissements médico-sociaux : de grandes disparités 18 Beaucoup d’enfants en surpoids – que faire ? 20 Managed care : plus de marché, moins de réglementation En bref 21 Effets de la suspension des prestations selon l’art. 64a LAMal 21 Contribution aux verres de lunettes et aux lentilles de contact Service 22 Les femmes meurent plus fréquemment de maladies cardiaques 22 Assemblée générale de santésuisse 22 En 2008 aussi, le nombre des assureurs-maladie reste stable 23 La revue Managed Care paraît sous une nouvelle forme 23 Consultation gratuite contre le cancer de la peau 24 Catalogue des prestations selon la LAMal : l’OFSP présente la nouvelle procédure de requête 24 Une étude met en doute l’efficacité des médicaments antidépresseurs 24 Nouvelles du monde 25 Manifestations

No 2, mars 2008 Paraît dix fois par an prix de l’abonnement 69 fr. par an, 10 fr. le numéro Éditeur et administration santésuisse, les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure Responsable de la rédaction Nello Castelli, département politique et communication case postale, 4502 Soleure, téléphone 032 625 42 49, téléfax 032 625 41 51, courriel  : redaction@santesuisse.ch production  : Vogt-Schild Druck AG, Gutenbergstrasse 1, 4552 Derendingen Conception de la mise en page Pomcany’s mise en page  Henriette Lux et Felix Bosch administration des annonces Toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à  : «  infosantésuisse  », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure courriel  : redaction@santesuisse.ch Administration des abonnements téléphone 032 625 42 74, téléfax 032 625 41 51 Portail  : www.santesuisse.ch Page de titre  : Heiner Grieder, Langenbruck ISSN 1660-7236


Les défis dans le domaine de la santé

Nous vivons de plus en plus vieux et pour la plupart en bonne santé grâce à notre niveau de vie et aux progrès de la médecine. C’est d’ailleurs pour cette raison que la santé tient une place aussi importante dans l’esprit de la population. Jamais auparavant, les connaissances sur les causes des maladies n’étaient aussi nombreuses et les rapports entre le niveau de vie, l’éducation, l’intégration sociale et la santé aussi clairs. Face à ce savoir impressionnant, on trouve souvent une attitude dictée par des impératifs pécuniaires de la politique, de l’économie et de l’individu. Depuis fort longtemps maintenant, les prestations de santé sont devenues des biens de consommation. Les malades souhaitent bénéficier du meilleur traitement possible. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent plus s’occuper de leurs proches estiment qu’il est du devoir de l’Etat, non seulement de les prendre en charge mais aussi d’en assurer le financement. Rien d’étonnant donc à ce que l’Etat et les assurances sociales soient de plus en plus sollicités. Il est plus que temps de prendre des mesures appropriées. Si nous encourageons un mode de vie sain et une meilleure qualité de vie, et si nous voulons aussi, en définitive, gérer le financement de manière ciblée, nous ne pourrons faire l’économie des incitations sociopolitiques et des mesures de pilotage requises. En commençant par la promotion de la santé dans les familles, les écoles, les entreprises et jusqu’aux retraités – l’intensification de la responsabilité individuelle à tous les niveaux en matière de santé constitue un point crucial. L’hygiène corporelle, une alimentation saine, une activité physique suffisante et l’attitude face aux addictions sont des facteurs élémentaires. Si nous voulons être à la hauteur des défis futurs de la santé décrits dans la présente édition d’infosantésuisse, il ne suffit pas de prendre des mesures de correction « après coup » et d’introduire de nouveaux modèles de financement. Il appartient à la génération actuelle, compte tenu des nombreuses connaissances sur les causes et les conséquences des maladies, de tirer les bonnes conclusions et de créer systématiquement les conditions propices à un comportement éclairé de la population en matière de santé.

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Hans-Ueli Regius Membre du Conseil d’administration de santésuisse


Les médicaments et la technologie ne sont pas les seuls remèdes contre les nouveaux dangers qui menacent notre santé

Tout est sous contrôle ! Vraiment ? Nous devenons de plus en plus vieux et notre santé ne cesse de s’améliorer. Les anciennes menaces pour notre santé ont été vaincues et les nouvelles sont sous contrôle. Tout est bien dans le meilleur des mondes, me direz-vous ? Alors pourquoi la prévention et la conscience de l’importance de la santé connaissent-elles actuellement un tel regain d’intérêt ?

Depuis 1840, l’espérance de vie en Europe centrale a augmenté de plus de quarante ans selon les calculs de l’Institut Max Planck. Ceux qui naissent aujourd’hui dans cette région du monde peuvent espérer allégrement dépasser le seuil des 80 ans. Ils – et plus encore « elles » – vivront la majeure partie de ces années en bonne santé. Cependant, les spécialistes de la prévention ne cessent de souligner les comportements nocifs pour la santé et d’élaborer des stratégies pour améliorer encore davantage la santé de la population. Cela a-t-il un sens ? Pouvons-nous espérer vivre encore plus vieux et en meilleure santé ? La médecine et la société n’ont-elles pas déjà éradiqué les pires maux ?

decin comprit alors que les praticiens qui examinaient des cadavres contaminaient souvent les mères et les enfants. Autre fait étonnant : selon le lexique historique de la Suisse, l’approvisionnement en eau potable n’a posé de problèmes, en termes d’hygiène, que pendant une courte période. Le réseau d’eau potable suisse n’a en effet vu le jour qu’au milieu du XIXe siècle. Les agents infectieux ne pouvaient donc pas auparavant se propager par ce biais. Peu de temps après, la conscience du rôle des agents infectieux s’intensifia rapidement et des mesures efficaces furent prises également dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable. Chèrement payée

L’espérance de vie a fait un bond spectaculaire grâce à l’amélioration des méthodes curatives et de l’hygiène. La découverte des agents infectieux y est pour beaucoup. L’ennemi numéro 1 est écarté mais d’autres dangers plus petits et assez sournois nous guettent. Certains sont autrefois passés inaperçus en raison de la menace importante que représentaient les épidémies, d’autres sont nouveaux. Ils sont contenus grâce au progrès médical et réclament un lourd tribut, une société médicalisée et des coûts de santé élevés.

Le triomphe de l’hygiène

Les dangers qui menaçaient la santé de nos ancêtres il y a 150 ans ont quasiment disparu de nos jours. Les épidémies terribles comme la peste ou la variole sont enrayées car on connaît leur mode de transmission. Les méthodes curatives, mais aussi et surtout l’hygiène, ont connu une envolée spectaculaire depuis la découverte des bactéries et des virus. Pendant une bonne partie du XIXe siècle, la propreté était accessoire en médecine et la désinfection totalement inexistante. Les blouses des chirurgiens étaient noires pour masquer les taches de sang. Vers 1840, un médecin viennois fit une découverte révolutionnaire dans des conditions assez macabres. Il constata que la mortalité des mères et des nourrissons était moins élevée dans le service de sa clinique qui employait exclusivement des sages-femmes que dans celui où des médecins intervenaient également. Pendant une autopsie, un de ses confrères se blessa avec un scalpel et mourut peu de temps après d’une maladie qui ressemblait à la fièvre puerpérale. Le mé-

Le stress, maladie de civilisation

Selon l’Office fédéral de la statistique, 47 % des hommes et 41 % des femmes se disent exposés à d’importantes tensions psychiques au travail. Cette situation, qui a empiré ces dernières années et décennies, reflète l’évolution des risques pour la santé sur le lieu de travail (voir les pages 6 et 7). Le Secrétariat d’Etat à l’économie a évalué les coûts liés au stress à 4,2 milliards de francs par an en Suisse. Cette somme est presque aussi importante que celle consacrée aux traitements médicaux dans l’assurance de base. D’une manière générale, les maladies psychiques semblent être un problème de santé de notre époque. Durant les années nonante, 45 % seulement des Suisses se disaient psychiquement stables alors que quelques décennies plus tôt, les maladies psychiques n’étaient évoquées qu’entre experts. Dans l’intervalle, la tendance s’est quelque peu inversée : selon une étude de l’Obsan, la majorité de la population (55 %) se sent actuellement en bonne santé psychique, et ce, alors que les traitements pour des maladies psychiques ne cessent d’augmenter. Les maladies, mais aussi leur perception dans la société et les possibilités de traitement évoluent. La « stimulation magnétique transcrânienne » par exemple est utilisée actuellement pour soigner les dépressions. Elle consiste à stimuler certaines régions du cerveau à l’aide de champs magnétiques pour qu’elles travaillent davantage. On sait en effet que dans presque toutes les formes de dépression, le flux des informations entre les cellules du cerveau est perturbé. Après une stimulation magnétique transcrânienne, l’activité cérébrale modifiée et

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De simples mesures d’hygiène – comme se laver les mains – ont entraîné d’énormes progrès au niveau de la santé.

partant l’effet antidépresseur perdurent pendant quelques jours. Presque toutes les études réalisées sur la stimulation magnétique transcrânienne attestent de son efficacité. Mais on ignore l’importance réelle de cet effet. L’amplitude des champs magnétiques nécessaire pour obtenir un résultat optimal est également un point controversé.*

grès de la médecine. Mais cela a un coût : en 1975, les dépenses de santé absorbaient 7 % du revenu national contre près de 12 % aujourd’hui. Une raison de plus pour contrer les nouveaux dangers qui menacent notre santé non pas à l’aide de médicaments, mais à renfort de prévention et de comportements plus responsables.

Influence prépondérante des facteurs environnementaux

PETER KRAFT

Les maladies psychiques sont un exemple typique des nouvelles menaces qui pèsent sur notre santé. Des maladies d’un genre nouveau comme la grippe aviaire ou de « nouveaux » facteurs de risque comme l’obésité, l’abus de stupéfiants ou la pollution atmosphérique s’y ajoutent. On connaît les conséquences de l’obésité et de la consommation de tabac. En revanche, les effets de la pollution de l’air sur la santé sont moins médiatisés. En 1880, l’Urirotstock, distant de Zurich de 57 kilomètres, était visible cent jours par an alors qu’il ne l’est plus que cinquante jours actuellement d’après la Ligue pulmonaire suisse. Les conséquences pour la santé sont gravissimes. Une étude de l’Office fédéral du développement territorial fait état de 3700 décès prématurés par an dus aux poussières fines. Lorsque la concentration d’ozone est élevée durant un été, on constate 1000 décès de plus qu’en temps normal. La pollution de l’air fait donc chaque année près de 5000 victimes. Pour comparaison, l’Office fédéral de la santé publique estime à « quelques centaines » les victimes annuelles du tabagisme passif. Notre santé est considérablement meilleure qu’il y a 150 ans. De nombreux problèmes ont été résolus, de nombreux autres sont apparus. Nous maîtrisons ces derniers grâce au pro-

* La dissertation « Veränderung der Stimmungslage und der Befindlichkeit durch niederfrequente repetitive transkranielle Magnetstimulation » de Daniel Hermelink de l’Université de Munich donne un bon aperçu de l’état actuel des recherches dans ce domaine.

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Les maladies professionnelles ne sont pas en voie de disparition

Des maladies parasitaires au burnout Au XIXe siècle, la révolution industrielle a infligé d’incibles souffrances à la population d’Europe. A cette époque, le travail détruisait complètement la santé des travailleurs. Aujourd’hui, les conditions sont différentes et les salariés jouissent d’une bonne protection. Les maladies professionnelles, qui ne sont de loin plus aussi graves et nombreuses qu’autrefois, n’ont toutefois pas pour autant disparu.

Tout a basculé d’un seul coup, rien n’a plus été comme avant : à partir de 1800, l’industrialisation a brutalement modifié les conditions de vie, en Grande-Bretagne puis dans toute l’Europe. Il a fallu des décennies aux gouvernements des différents Etats pour s’adapter à cette nouvelle donne. Pendant ce temps, l’industrialisation s’est propagée à un rythme effréné et sans aucune régulation. L’agriculture, elle, était devenue non rentable, la majorité des paysans ayant dû, pour se libérer du servage, céder une grande partie des terres affermées aux propriétaires terriens d’autrefois. Leurs fermes étaient devenues si petites qu’ils n’arrivaient plus à en tirer leur subsistance. Ils fuyaient donc vers les villes où les nouvelles fabriques les attendaient. Pour une grande partie de la population, cet exode a signifié des conditions de travail et de vie épouvantables. L’usine, un enfer

grande partie de leur salaire. La plupart des familles – dont les enfants étaient autrefois nombreux – ne disposaient que d’une seule chambre. La pollution de l’air était terrible. Les fabriques tiraient leur énergie de la combustion du charbon. Les façades des maisons de Londres ou des villes situées dans la région actuelle de la Ruhr étaient complètement noires dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces conditions de vie et d’environnement ont eu des répercussions fatales sur la santé. A Manchester, la durée moyenne d’activité professionnelle d’un ouvrier était de 15 ans. La tuberculose, les maladies de la peau, les malformations osseuses dues aux carences en vitamines et les maladies parasitaires étaient le fait quotidien. En raison d’une situation de logement plus que précaire, la brutalité et l’abrutissement allaient croissant, conduisant à des actes de violence, à l’abus d’alcool et à la diffusion des maladies vénériennes. Réglementation protégeant les travailleurs

Les autorités n’ont pas réussi à réagir rapidement aux profondes mutations de la société. Les premières lois contre les abus les plus monstrueux du travail des enfants ne sont entrées en vigueur en Grande-Bretagne et en Prusse qu’après les années 1850. Mais à partir de ce moment, les Etats ont accéléré le rythme des réformes – sous la pression il faut le dire aussi des syndicats et des mouvements marxistes. Ils réclamaient ouvertement la chute du système en raison des souffrances endurées par les travailleurs et recouraient touPhoto : Prisma

William Cunningham, économiste écossais, décrit dans son ­livre «The Growth of English Industry» les conditions de travail dans une manufacture britannique aux alentours de 1850. Un enfant de douze ans avait le « privilège », en effectuant douze heures et demie par jour, de travailler un peu moins longtemps que les adultes, qui travaillaient à la chaîne jusqu’à dix-huit heures par jour. Le congé dominical n’existait pas. Celui qui tombait malade et devait donc rester à la maison était remplacé par un nouveau travailleur. La plus petite incartade, comme parler avec des collègues de travail, était sanctionnée par des réductions de salaire. Le risque d’accident était alors très élevé, les mesures de sécurité étant à cette époque totalement inconnues. Très souvent, les travailleurs étaient broyés par les courroies de transmission de gigantesques machines à vapeur. Ils étaient exposés sans protection aux gaz évacués par l’usine. Les salaires étaient si bas que les femmes et les enfants devaient également travailler pour pouvoir nourrir la famille. Après 15 ans de travail, la mort

Aux mauvaises conditions de travail s’ajoutaient des conditions de logement sordides : la plupart des ouvriers travaillant en usine vivaient dans des taudis à la périphérie des villes. Ces dernières ne réussissaient pas à absorber l’afflux de la population rurale et ne parvenaient pas à équiper les nouveaux quartiers en infrastructures indispensables, en eau notamment. Certains travailleurs obtenaient des logements dans de tristes baraquements pour lesquels des spéculateurs sans scrupules exigeaient des loyers qui ponctionnaient la plus

Esclaves des délais : les maladies professionnelles d’aujourd'hui ne sont plus forcément d’origine physique.

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jours plus souvent aux actes de violence. Dès 1820, l’occupation des fabriques et la destruction des machines sont devenues plus fréquentes en Angleterre. Avec un peu de retard, de telles révoltes ont également éclaté en Allemagne. Les Etats ont donc édicté des mesures de protection des travailleurs, qui n’ont certes pas encore grand-chose à voir avec celles que nous connaissons aujourd’hui. On parlait alors de journées de travail de douze heures, d’une interdiction du travail de nuit des enfants et de l’introduction du congé dominical. La police du commerce était responsable de l’exécution de ces prescriptions. En Allemagne, les conflits sociaux et les dommages causés à la santé consécutifs à la révolution industrielle ont conduit à une législation sociale étendue, la première en Europe. L’introduction en 1883, par le chancelier du Reich Otto von Bismarck, de l’assurance-maladie légale en a été le premier pas. Evolution de la nature des maladies professionnelles

Les conditions de travail se sont énormément améliorées depuis l’époque de la révolution industrielle. La période durant laquelle le travail ruinait complètement la santé des travailleurs n’a fort heureusement pas trop duré. Il n’empêche, les maladies professionnelles et les accidents du travail n’ont pas cessé de frapper les travailleurs et ont constamment évolué en fonction des conditions et du marché du travail. Durant la première moitié du XXe siècle, où l’industrie dominait, les maladies pulmonaires par exemple étaient

fréquentes. Avec l’avènement de la société de services, ­elles ont été remplacées par des maladies de l’appareil moteur et de la colonne vertébrale. De mauvaises conditions de travail produisent parfois des effets à retardement : les dommages durables causés à la santé par l’utilisation insouciante de l’amiante dans les années septante ne se manifestent que depuis quelques années. Tout sous contrôle ?

La formule à la mode « burnout » (épuisement professionnel) domine aujourd’hui les discussions sur les affections dues à certaines professions. Le Secrétariat d’Etat à l’économie évalue à plus de 4 milliards de francs les coûts annuels liés au stress sur le lieu de travail. Cependant, le burnout n’est pas considéré en Suisse comme une maladie professionnelle au sens propre du terme, mais comme un trouble de la santé associé à l’exercice d’une profession. Les causes ne sont pas censées dépendre exclusivement du travail mais aussi de l’environnement familial et social ou de la constitution psychique de la personne elle-même. La loi sur l’assuranceaccidents établit la définition et la liste exhaustive des maladies professionnelles.* En prenant cette liste comme instrument de mesure, les maladies professionnelles ne constituent plus un grave problème par rapport aux accidents professionnels : selon la statistique de l’assurance-accidents, il y a eu, en 2005, 242 161 accidents professionnels mais seulement 3494 cas de maladies professionnelles. Sont particulièrement fréquentes les maladies de la peau (841 cas), les lésions de l’ouïe (698), les infections (661), les maladies des voies respiratoires (259), les bursites ou inflammations des bourses séreuses (209) et les maladies de l’appareil moteur (194). Les coûts directs des maladies professionnelles se sont élevés en 2005 à 112 millions de francs. Durant la même année, les accidents professionnels ont en revanche coûté plus de 1,4 milliard de francs. Ces chiffres montrent qu’apparemment le risque de tomber malade à cause du travail est relativement modeste par rapport au risque d’accident. La mise en danger de la santé sur le lieu de travail reste pourtant un problème. D’une part les accidents professionnels peuvent entraîner des maladies qui ne figurent pas dans la statistique des maladies professionnelles. Les traumatismes crânio-cervicaux par exemple sont la plupart du temps pris en charge par l’assurance-­maladie et non par l’assurance-accidents. D’autre part, dans la statistique sur les maladies professionnelles n’apparaissent que les coûts engendrés par celles qui sont énumérées par la loi sur l’assurance-accidents. Les problèmes de dos rencontrés par les travailleurs du bâtiment ne font ainsi pas partie de cette liste. C’est pourquoi ils entrent dans la statistique « normale » de l’assurance-maladie et non dans la rubrique des maladies professionnelles. PETER KRAFT

* OLAA, Annexe 1


En matière d’alimentation malsaine, le pire semble passé

De l’importance des fibres

Photo : Prisma

L’alimentation de demain sera-t-elle plus biologique ou plus « technologique » ? Cette question divise les chercheurs, mais tous s’accordent à dire que nous mangerons à nouveau plus sainement.

surtout de l’intestin. Selon l’EPIC, une étude européenne à long terme réalisée sur une période de vingt ans avec plus de 500 000 participants, la consommation quotidienne de viande et de charcuterie en excès associée à une quantité de fibres insuffisante augmente considérablement le risque de développer un cancer de l’intestin. Même si une mauvaise alimentation ne peut sans doute pas, à elle seule, être incriminée dans l’apparition des maladies de civilisation, elle joue néanmoins un rôle non négligeable. C’est notamment le cas des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l’hypertension artérielle, des allergies et de certaines maladies de la peau. Changement de cap

Nous avons toutefois atteint un tournant décisif en matière de mauvaise alimentation. Les avis des chercheurs divergent quant à ce que nous mangerons à l’avenir, mais ils clament à l’unisson que la santé jouera un rôle majeur à cet égard. Le Gottlieb Duttweiler Institut prédit un avenir alimentaire plutôt industrialisé. Certes, le naturel revient en force, mais les producteurs cherchent des solutions pour ajouter artificiellement des composants naturels aux produits alimentaires. La limite entre les aliments naturels et artificiels s’estompe ainsi de plus en plus. Les analyses ADN devraient permettre de proposer bientôt des produits alimentaires taillés sur mesure pour répondre aux préférences et à l’état de santé des consommateurs. La transparence deviendra également un élément de plus en plus décisif : les futurs consommateurs voudront savoir très exactement ce qu’ils mangent. Compte tenu de la hausse de la demande mondiale, les aliments d’origine animale seront peut-être moins abondants et les aliments végétaux gagneront en importance. La santé : une priorité

Alimentation saine : à nouveau en vogue.

Notre alimentation ne se caractérise plus par des carences, mais par la surabondance. Résultat : les maladies dues à une sous-alimentation ont fortement reculé dans nos contrées, comme par exemple les déficiences du système immunitaire, les maladies provoquées par un manque de vitamines ou les déficits de croissance graves chez les enfants. Le cancer de l’estomac est également devenu plus rare parce que les gens mangent moins d’aliments avariés. Des carences aux erreurs alimentaires

Certes, l’alimentation moderne a permis de mettre fin aux carences alimentaires, mais elle a ouvert la voie aux erreurs alimentaires. Nous mangeons trop de viande, de sel, de ­sucre et de graisse et trop peu de fruits, de légumes et de fibres, d’où la progression des cancers des poumons et

Pour le ministère allemand de la Formation et de la Recherche, en revanche, les aliments du futur ne seront ni « élaborés » ni « taillés sur mesure ». Dans ses principes directeurs pour une politique agraire future (Leitbild für eine zukunftsfähige Agrarpolitik), il table sur une importance croissante de l’agriculture biologique. Ce « changement de cap agricole » modifierait aussi le comportement des consommateurs car l’alimentation durable se développerait parallèlement à la production durable des aliments. Alimentation design ou bio, les chercheurs partent en tout cas du principe que d’ici quelques années, nous nous alimenterons plus sainement qu’aujourd’hui. La diététicienne finlandaise Sanna Piiroinen met cela sur le compte de la grande diversité actuelle des produits alimentaires : pour se faciliter le choix quotidien, de nombreuses personnes se limiteront à l’avenir à des critères tels que la santé, la qualité et la sécurité des aliments. PETER KRAFT

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Gianfranco Domenighetti : les considérations commerciales pèsent déjà trop lourd dans le système de santé

Les parts de marché plus importantes que le progrès médical Les systèmes de santé doivent permettre un accès rapide et équitable des individus à des prestations médicales efficaces. Cet objectif d’un approvisionnement sanitaire moderne fait l’unanimité. Pour l’expert tessinois en sciences sociales Gianfranco Domenighetti, cet objectif est toutefois menacé dès lors que les considérations commerciales prédominent, comme c’est le cas aujourd’hui.

Domenighetti s’appuie sur les dépenses en matière de publicité et de marketing des acteurs concernés pour démontrer cette commercialisation croissante.1 Il cite des valeurs inquiétantes pour l’industrie pharmaceutique : les grandes entreprises investiraient en effet entre 5 et 17 milliards de dollars dans le marketing.2 Ces dépenses représentent plus du double du budget affecté à la recherche et au développement de nouveaux produits de la plupart de ces sociétés. Des stratégies astucieuses sont mises au point : par l’intermédiaire de fondations, des valeurs plus basses qu’autrefois sont communiquées au sujet de certaines maladies. Il y a quinze ans, une mesure de la pression sanguine de 160/100 était qualifiée d’hypertension artérielle. Aujourd’hui, la Société Suisse d’Hypertension, dont le comité consultatif est avant tout composé de représentants d’entreprises pharmaceutiques, préconise un traitement médical à partir d’une tension de 140/90. Mais ce n’est pas tout : en 2003, la commission américaine « Joint National Commission on Prevention » avait même qualifié de problématiques des valeurs à partir de 120/80. Elles nécessiteraient des « investigations supplémentaires ». Des patients comme s’il en pleuvait

Imitations lucratives vs progrès médical

En 2006, la revue pharmaceutique indépendante « Prescrire » a examiné les nouveaux apports de tous les médicaments mis sur le marché entre 1981 et 2005. Sa conclusion est préoccupante : sur 3335 préparations, 2789 (84 %) sont de simples imitations de produits déjà existants. Seules 85 (2,5 %) montrent un réel progrès thérapeutique. 106 médicaments (3 %) présentent peut-être même des inconvénients par rapport à des produits plus anciens. Ces chiffres révèlent les investissements pharaoniques des entreprises pharmaceutiques dans le marketing et l’importance comparativement faible de la recherche et du développement. Le fait que les « nouveaux » médicaments peu innovants se voient néanmoins délivrer l’autorisation de mise sur le marché amène Gianfranco Domenighetti à la conclusion suivante : « Les autorités de surveillance sont devenues les larbins des entreprises. » PETER KRAFT

Gianfranco Domenighetti a tenu un exposé sur ce sujet lors du congrès de H+ qui s’est tenu les 14/15 juin 2007 à l’hôtel Bellevue Palace, Berne. 2 Source : Center for Public Integrity 2005. 1

Photo : Prisma/santésuisse

Sous le nom de « National Cholesterol Education Programme (NCEP) », des experts américains ont élaboré en 2004 des

directives pour le traitement des maladies cardio-vasculaires. Selon Gianfranco Domenighetti, bon nombre de ces spécialistes travaillent pour l’industrie pharmaceutique ou touchent des honoraires de cette dernière. Si ces directives étaient appliquées à la lettre, plus de la moitié de la population de plus de 25 ans souffrirait d’hypertension, de problèmes cardio-vasculaires ou des deux à la fois. A partir de 42 ans, ils seraient 80 % voire 90 % à partir de 49 ans. Domenighetti cite par ailleurs une étude qui révèle qu’aux EtatsUnis, 50 % des femmes dont l’utérus a été retiré continuent d’être suivies dans le cadre de la prévention contre le cancer du col de l’utérus.

Les profits sont souvent plus importants que les innovations.

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Mobilité, guerres, climat et pénurie d’eau : les nouveaux risques sanitaires sont globaux

World wide virus ? Les risques qui pèsent sur notre santé seront à l’avenir globaux. Les virus prennent l’avion avec les touristes et les hommes d’affaires qui font le tour du monde. Le réchauffement climatique crée de nouveaux espaces vitaux pour les agents pathogènes. Les villes qui deviennent toujours plus grandes ne favorisent pas particulièrement la santé. Et surtout, la santé de la population mondiale dépend du volume d’eau potable propre à sa disposition.

Les maladies contagieuses sont tout aussi mobiles que le genre humain. Au XIVe siècle, il a fallu trois ans pour que la grande épidémie de peste se propage de la Sicile jusqu’à la Norvège. Les gens voyageaient peu à l’époque et seulement sur de courtes distances. Aujourd’hui, il est possible d’atteindre n’importe quel point du globe en vingt-quatre heures. Les habitants des nations industrielles font un large usage de cette possibilité. Il n’est donc pas étonnant que la vitesse de propagation des épidémies ait radicalement augmenté.

les voyageurs ne sont pas suffisamment vaccinés. Aujourd’hui déjà, la tuberculose revient sous nos latitudes. Réfugiés et réchauffement climatique

Les épidémies trouvent d’autres vecteurs que les vols aériens tels les conflits armés ou les graves crises économiques qui génèrent un afflux de réfugiés. Le problème existe lorsque la population des pays d’émigration est peu résistante aux maladies des pays de provenance des réfugiés. Le réchauffement climatique pourrait aussi devenir un risque pour notre santé. Certaines parties du globe ne bénéficiant en effet que de chutes de pluie parcimonieuses, il est tout à fait probable que des guerres de l’eau éclateront. La hausse du niveau de la mer et la submersion des régions ­côtières engendreront à coup sûr une arrivée massive de réfugiés. Et si les températures augmentent, des agents pathogènes éliront domicile dans des régions qui jusqu’ici étaient trop froides pour eux. Les allergies à l’ambroisie (ou ambroisie à feuilles d’armoise) ne sont qu’un premier et modeste exemple d’une plante allergisante qui s’est acclimatée chez nous en raison de températures plus élevées.

Les virus voyagent beaucoup

En se fondant sur les cas de pneumopathie SRAS, des scientifiques de l’Institut Max Planck ont étudié le cheminement utilisé par les épidémies globales pour s’étendre. La carte mondiale des voies de transmission du virus ressemble un peu à la carte des vols offerts par une grande compagnie ­aérienne. Le SRAS s’est répandu par le biais des vols très fréquentés entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Les grands aéroports constituent des nœuds de propagation des virus. De là, les agents pathogènes gagnent rapidement le monde entier. Selon les chercheurs de l’Institut Max Planck, il ne sert donc finalement pas à grand-chose de combattre les virus dans leur lieu d’origine, dans la mesure où ils ne circulent pas à partir de ces foyers mais via de grands carrefours aériens. Retour de maladies éradiquées ?

Nous voyageons aussi dans des régions où sévissent des maladies qui sont réputées éradiquées chez nous ou qui nous ont jusqu’ici plus ou moins épargnés. La peste existe encore à Madagascar, en Tanzanie ou au Vietnam. Le typhus est largement répandu en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord, le choléra en Inde et au Népal. Ces pays sont autant de destinations où se rendent les habitants des pays occidentaux pour passer leurs vacances. Il est parfaitement concevable qu’ils rapportent ces germes avec eux et les propagent via les aéroports. Ce phénomène se produit avant tout lorsque

« Crise de la santé en milieu urbain »

La géographe Frauke Kraas, de Cologne, écrit que le vieil adage « vie en ville, meilleur approvisionnement en soins, meilleure santé – vie à la campagne, moins bon approvisionnement en soins, moins bonne santé », n’est plus valable en tant que tel et qu’il est même en train de s’inverser partiellement. L’urbanisation galopante pousse un nombre toujours croissant de gens à recourir aux prestations des services de santé urbains, conduisant peut-être à terme à des goulets d’étranglement, dans les pays occidentaux mêmes, si les moyens à disposition restent stables. Les hôpitaux de Londres, la plus grande ville d’Europe, ont déjà maintenant les plus longues listes d’attente du continent. Birgit Obrist, ethnologue, parle d’une « crise de la santé en milieu urbain ». Les logements exigus, une mauvaise qualité de l’eau, l’insécurité sociale et économique, les conflits ethniques, les pa-

Les aéroports sont des carrefours pour les voies aériennes mais aussi pour les virus.

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Photos : Prisma

La pénurie d’eau frappe 80 pays du globe – la tendance est à la hausse.

rents qui élèvent seuls leurs enfants, le stress, les drogues et la violence, constituent des facteurs nuisibles à la santé, facteurs omniprésents dans les villes. Plus l’urbanisation progressera, plus nous serons confrontés à ces problèmes – qui ont également une incidence sur la santé. Birgit Obrist craint que les villes des pays riches n’enregistrent un accroissement de maladies chroniques telles que les problèmes cardio-vasculaires, le diabète ou les tumeurs.

lent ­entre l’Inde et le Pakistan, deux adversaires politiques acharnés. Des conflits potentiels à propos de l’Euphrate et du Tigre existent également, fleuves qui intéressent la Turquie, la ­Syrie et l’Irak. Les luttes armées pour l’eau sont déjà une réalité : entre 1948 et 1999, l’Université de l’Etat d’Oregon en a dénombré 37.

Pénurie d’eau dans de grandes parties du monde

Le risque de conflit ne constitue qu’une face du problème. Une consommation d’eau croissante conduit rapidement, dans les régions où les chutes de pluie sont rares, à la diminution du niveau de la nappe phréatique. L’eau ne devient ainsi pas seulement plus rare mais aussi plus vulnérable aux pollutions. Pour beaucoup de pays émergents, dont les besoins en eau augmentent très fortement, cela pourrait entraîner des problèmes de santé très importants. De surcroît, avec des sols toujours plus construits et plus contaminés, l’eau de pluie qui alimente la nappe phréatique charrie, en pénétrant dans la terre, de grandes quantités de matières polluantes. L’importance de l’eau pour la santé est aussi prouvée par des exemples positifs impressionnants : depuis qu’en Egypte, l’approvisionnement en eau et son traitement ont été améliorés, le taux de décès des nourrissons a diminué de plus de 30 %. Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, a déclaré lors de la Journée mondiale de l’eau en octobre 2002 : « Aucune autre mesure que de l’eau potable propre et des équipements sanitaires ne permet de mieux lutter contre les maladies et de sauver des vies. »

Selon les estimations de l’ONU, le plus grand risque de guerres et de maladies provient d’un élément qui est en fait le garant de la vie sur terre, l’eau. Aujourd’hui déjà, plus de quatre millions de personnes meurent chaque année parce qu’elles ont bu de l’eau polluée. En comparaison, selon l’OMS, le sida tue chaque année 2,9 millions de personnes et le trafic routier 1,3 million d’individus. Sur cent nonantedeux pays que compte la Terre, la pénurie d’eau frappe quatre-vingts d’entre eux. L’ONU estime que d’ici 2030, 5,4 milliards d’êtres humains seront touchés par ce fléau – autrement dit la plus grande partie de la population mondiale. Des scénarios pessimistes tablent sur le fait que des centaines de millions de personnes se réfugieront au cours des prochaines décennies dans des régions riches en eau. Les Etats situés dans des zones à risque élevé s’y préparent déjà. L’Egypte partage le Nil avec plusieurs autres Etats dans une région qui, par ailleurs, est sèche. Husni Mubarak, président de ce pays, a déjà déclaré en 1995 que l’Egypte ne mènerait plus de guerres – sauf pour l’eau. Dans le conflit du ProcheOrient, l’accès au fleuve Jourdain joue un rôle important. L’Indus et le Gange, deux des plus grands fleuves d’Asie, cou-

Décès de nourrissons : 30 % en moins grâce à de l’eau propre

PETER KRAFT

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Absence de preuves scientifiques d’innocuité

Problèmes de santé dus à la téléphonie mobile : l’incertitude demeure Peu de sujets sont aussi controversés que celui de l’exposition aux radiations avec la téléphonie mobile. Et peu de sujets sont défendus avec autant de véhémence, les partisans et les détracteurs de la téléphonie mobile s’appuyant les uns et les autres sur des recherches scientifiques. Des chercheurs renommés et indépendants affirment toutefois qu’il n’existe aucune preuve de la dangerosité des téléphones portables et des antennes relais. Mais il n’existe pas non plus de preuve du contraire.

Même le Forum Mobil, un groupement d’intérêts des fournisseurs suisses de communication mobile, n’arrive pas à totalement dissiper les doutes à l’égard des radiations des téléphones portables et des antennes relais. « Il existe des milliers d’études sur la communication mobile, mais peu résistent à des critères scientifiques », écrit le Forum dans sa brochure « Comprendre plutôt que spéculer » (« Verstehen statt spekulieren »). Il cite notamment l’expert en radiations autrichien Norbert Vana : « Il est impossible de fournir une preuve absolue d’innocuité comme le réclament les opposants à la communication mobile. Car il faudrait pour cela pouvoir exclure tout ce qui est imaginable. » Des opposants bien armés

Les détracteurs de la communication mobile disposent toutefois d’armes plus lourdes que l’absence de preuve d’innocuité. « Après quinze ans de communication mobile, la population souffre d’une sensibilité accrue à l’électricité », affirme Hans-Ulrich Jakob du groupement d’intérêts gigaherz.ch. Depuis 1995, le pourcentage de personnes souffrant d’électro­ smog serait passé de 0,5 % à 15 %. Lors d’une exposition permanente à des champs électromagnétiques relativement faibles, le risque de cancer augmente déjà considérablement. Hans-Ulrich Jakob s’appuie à cet égard sur une étude des Autrichiens Örjan Hallberg et Gerd Oberfeld. Jakob réprouve aussi la législation suisse qui prétend fixer une valeur limite dix fois inférieure à celle recommandée par la Commission internationale de protection contre les rayonnements. Or ces valeurs limites plus basses ne s’appliquent qu’aux « endroits sensibles », où les valeurs des radiations « baissent d’ellesmêmes à 10 % ». Il est également très critique vis-à-vis de la Commission internationale de protection contre les rayonnements dont les membres, selon lui, « proches de l’industrie » s’élisent et se destituent entre eux.

Conséquences à long terme : la grande inconnue

Il faut toutefois concéder à la Commission internationale de protection contre les rayonnements qu’elle est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé. Aucun des membres de la commission ne travaille pour l’industrie. Ils sont tous professeurs d’université dans les branches scientifiques les plus diverses. Les chiffres alarmants brandis par HansUlrich Jakob ne sont pas scientifiquement établis selon la plupart des scientifiques – mais pas non plus démentis. Brigitte Schlehofer du centre de recherches contre le cancer de Heidelberg (Krebsforschungszentrum Heidelberg) part du principe que « les rayonnements émis par les téléphones portables ne sont pas dangereux ». Tout en précisant dans la foulée qu’on ne dispose pas « d’études à long terme ». Le spécialiste autrichien des radiations Robert Vana n’exclut pas que les troubles soi-disant provoqués par les antennes relais aient d’autres causes. Une étude a, en effet, révélé que des personnes se sont plaintes de troubles survenus à la suite de l’installation d’une antenne relais à proximité de leur domicile alors que celle-ci n’était pas encore en fonctionnement. La Terre émet des radiations plus fortes

A première vue, la puissance des radiations constatée confirme cette hypothèse. La valeur limite pour les antennes relais est de 6 volts par mètre (V/m) en Suisse. Or le champ électrique naturel de la Terre émet déjà 100 V/m. Une ligne haute tension émet même 5000 V/m. Ces chiffres n’expliquent cependant pas tout : l’être humain est sans doute fait pour supporter les rayonnements naturels de la Terre, mais tolère-t-il les radiations supplémentaires dues aux antennes relais des téléphones portables ? Par ailleurs, nous ne sommes généralement exposés que très brièvement aux radiations fortes des lignes haute tension alors que nous le sommes en permanence à celles des antennes relais. Minimiser l’exposition personnelle aux radiations

Rainer Müller de l’Union allemande pour la protection de l’environnement et de la nature explique dans la revue allemande « Connect » pourquoi il est si difficile d’obtenir des résultats de recherche sur les radiations des téléphones portables. Tout d’abord, notre exposition aux radiations est multi­ factorielle – il est difficile de déterminer quelle part de la sensibilité à l’électricité est imputable aux téléphones portables, voire à d’autres sources de rayonnements comme les émetteurs radio. Deuxièmement, certaines personnes sont très sensibles aux radiations, d’autres pas. C’est pourquoi Rainer Müller recommande de ramener la technologie mobile à son objectif initial – la téléphonie mobile. Car ce

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Photo : Prisma

ne sont pas les entretiens téléphoniques et les SMS qui exigent la multiplication d’antennes toujours plus puissantes, mais la transmission de morceaux de musique, de vidéos ou d’autres volumes importants de données. Wolfram König de l’Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements émet une recommandation pragmatique qui consiste à réduire autant que possible son exposition personnelle aux radiations dans la vie quotidienne. Car à l’état de « connaissances actuelles de la science, il n’y a pas de répercussions sur la santé en deçà des seuils limites. Mais elles ne peuvent pas non plus être totalement exclues. » En clair, le téléphone portable doit avant tout servir à téléphoner. Et entre nos quatre murs, on peut sans crainte utiliser les téléphones fixes et les connexions Internet. PETER KRAFT

L’exposition aux radiations dans la médecine

La majeure partie des radiations artificielles auxquelles nous sommes exposés provient de la médecine. A doses élevées, les rayons ionisants des appareils de radiologie et des appareils de tomographie augmentent le risque de cancer. Les radiographies du tube digestif (estomac, intestins) et les tomographies sont particulièrement intensives en termes de radiations. L’exposition médicale aux radiations se distingue toutefois fondamentalement des autres expositions : d’une part, il ne s’agit pas d’un risque collectif. Seuls ceux qui suivent une thérapie s’exposent à un risque. Deuxièmement, la thérapie tout autant que le renoncement à cette dernière constituent un risque : si un diagnostic ne peut être posé compte tenu de l’absence de radiographies, les conséquences sur la santé peuvent être gravissimes. En ce qui concerne les examens radiologiques, l’Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements recommande de ce fait d’évaluer le risque quant aux examens et au renoncement à ceux-ci. Il les déconseille pour les examens de routine, pour de simples motifs de preuves dans les cas d’assurance et dans les situations où les autres possibilités de diagnostic n’ont pas encore été exploitées.

Les effets des antennes de téléphonie mobile sur la santé restent controversés.

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Trois questions au Dr Dieter Kissling, médecin du travail à Baden

Le médecin du travail Dieter Kissling est préoccupé par l’augmentation du stress lié au travail. Bien que le burnout ne soit pas reconnu comme une maladie professionnelle, les employés et les entreprises doivent, selon lui, veiller ensemble à créer des postes de travail moins stressants.

Dr Dieter Kissling, spécialiste en médecine du travail.

Photo : MÀD

« Le stress équivaut à l’amiante d’autrefois »

Avez-vous constaté une évolution des pathologies professionnelles depuis que vous exercez en tant que médecin du travail ?

Si l’on se réfère à la statistique de l’assurance-accidents, le nombre de maladies professionnelles est insignifiant par rapport à celui des accidents professionnels. Cette impression est-elle trompeuse ?

La statistique repose sur la liste des maladies professionnelles du Conseil fédéral. Or cette liste est très restrictive. Une hernie discale chez une personne ayant soulevé des charges lourdes pendant cinquante ans est-elle considérée comme une maladie professionnelle ? Non, si l’on s’en tient à la liste du Conseil fédéral alors qu’il est évident, dans cet exemple, que l’hernie discale est due au travail. Pour les troubles psychiques en revanche, il est extrêmement difficile de prouver ce qui relève de l’individu, de l’environnement, d’un trouble de la personnalité ou du travail.

Que pensez-vous de la prévention des maladies professionnelles en Suisse ?

La CNA a fait énormément de choses dans le domaine de la prévention des accidents. En ce qui concerne les problèmes de santé d’origine professionnelle, le stress est un peu de nos jours ce qu’était l’amiante autrefois : on savait déjà dans les années 60 que l’amiante provoquait des cancers, mais on n’a agi que vingt-cinq ans plus tard. On sait que le stress a des conséquences massives sur la santé, qui se chiffrent à plusieurs milliards de francs par an. Et pourtant, nous opérons encore trop peu. Il faut faire de la prévention à deux niveaux : l’individu doit apprendre à gérer le stress, soit en organisant mieux son poste de travail, soit en apprenant à parfois dire non. Les entreprises, quant à elles, doivent veiller à offrir des conditions de travail peu stressantes à leurs employés. La marge de manœuvre accordée aux collaborateurs, la reconnaissance, des exigences réalistes et un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée sont des éléments importants. Certaines entreprises jouent déjà un rôle pilote à cet égard et s’engagent très fortement en faveur de la promotion de la santé. INTERVIEW: PETER KRAFT

Photo : Prisma

Les accidents du travail ont sensiblement diminué, mais en matière de maladies professionnelles, tout dépend de ce que l’on entend par ces termes. Le Conseil fédéral a dressé une liste des maladies professionnelles selon la LAA, mais il y a aussi des pathologies liées au travail. Ces dernières ont fortement augmenté, notamment les maladies dues au stress. Il faut toutefois préciser que les médias s’intéressent aussi de plus en plus au stress. Le stress n’a rien de nouveau en soi, l’écrivain et humoriste allemand Wilhelm Busch avait déjà rédigé un poème sur le syndrome du burnout au XIXe siècle.

Adaptation d’un poème de Wilhelm Busch sur le stress

En effet, il était indispensable Partout, où quelque chose avait cours Pour le bien de la commune Actif, il y était toujours Les fêtes des tireurs, au casino les bals, Course de chevaux et jury Rencontres chantées, répétition générale Rien ne se passait sans lui. Sans lui rien à faire, Pas d’heure libre pour lui. Hier, quand on l’a mis en terre Il était vraiment là aussi.1 Busch, Wilhelm, «Wirklich, war er unentbehrlich!», in Kritik des Herzens, in Wilhelm Busch. Historisch-kritische Gesamtausgabe in vier Bänden. Hrsg. von Friedrich Bohne. Wiesbaden u. Berlin, Vollmer Verlag [1960], Band 2, S. 502.

1

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Le graphique du mois de mars

Recul massif de la mortalité prématurée Les Suissesses et les Suisses meurent de moins en moins de causes qui sont évitables. Les années de vie perdues ont ainsi diminué de moitié au cours des vingt-cinq dernières années.

Faut-il attribuer ces résultats aux efforts engagés dans le domaine de la prévention, aux meilleures méthodes de traitement ou tout simplement à un style de vie plus sain ? Selon l’Office fédéral de la statistique, « seules » 3819 années de vie ont été perdues prématurément en 2004 sur un total de 100 000 hommes contre 2059 années pour les femmes. En 1981, ces chiffres étaient presque deux fois plus élevés. Cette tendance s’observe dans toutes les causes de décès à l’exception de la cirrhose ­alcoolique chez les femmes. Moins d’accidents et de suicides chez les femmes

La durée de vie potentielle perdue correspond aux années comprises entre le décès prématuré et le soixante-dixième anniversaire. Si une personne meurt à 60 ans des suites d’un accident, la statistique compte dix années de vie potentielle perdues. Chez les hommes, les principales causes de mortalité prématurée sont le cancer (28 %), le système cardio-vasculaire (17 %), les accidents et violences (15 %) ainsi que le suicide (12 %). Chez les femmes, les causes sont les mêmes mais le cancer occupe une part plus importante (43 %) que le système cardio-vasculaire (11 %),

les accidents (7 %) et le suicide (9 %). Cela ne signifie cependant pas que les femmes meurent plus souvent de cancers. Elles totalisent sensiblement moins d’années de vie perdues que les hommes car elles ont moins d’accidents et de maladies cardio-vasculaires. Donc si les deux sexes meurent de cancer à la même fréquence, la part du cancer dans les statistiques est plus importante chez les femmes. Prévention ou progrès médical

On ignore quels facteurs ont contribué dans quelles proportions au recul de la mortalité prématurée. La prévention a sans doute joué un rôle primordial dans la baisse du nombre de victimes de la circulation et du tabagisme tandis que le progrès médical est certainement à l’origine de la diminution des cancers ainsi que des maladies cardio-vasculaires et des maladies infectieuses. La statistique ne fournit cependant pas de ­détails à ce sujet. PETER KRAFT

NOMBRE D’ANNÉES POTENTIELLES DE VIE PERDUES POUR 100 000 HABITANTS 8000 HOMMES

FEMMES

7000 6000 5000

Source : Office fédéral de la statistique

4000 3000 Mort prématurée de moins en moins fréquente pour les Suissesses et les Suisses.

2000 1000 0 1981

1985

1990

1995

15 | Domaine de la santé 2/08

2000

2004


Les dépenses en soins n’ont rien à voir avec le nombre de lits : pourquoi ?

Coûts des établissements médico-sociaux : de grandes disparités Les coûts en EMS pris en charge par les assureurs-maladie dans les différents cantons ne sont pas liés au nombre de places offertes dans les homes, même si dans tous les cantons le taux d’occupation des établissements médico-sociaux est bon. Comment peut-on expliquer ces différences de coûts considérables ?

alors qu’en Suisse alémanique, c’est un système à quatre échelons qui prévaut. Enfin, dans la plupart des cantons, les établissements médico-sociaux peuvent choisir s’ils souhaitent adhérer à une convention portant sur des forfaits partiels ou globaux. Les dépenses concernant les médecins, les médicaments ou les moyens auxiliaires sont déjà incluses dans le forfait global (choisi par la plupart des homes importants). Dans la statistique, elles figurent sous la rubrique des coûts des EMS. Si le home adopte le forfait partiel, les prestations médicales ou les médicaments sont facturés séparément et apparaissent sous la rubrique coûts des médecins ou coûts des médicaments. Lorsque, dans un canton, beaucoup de homes optent pour le forfait global, les coûts des établissements médico-sociaux augmentent statistiquement.

Selon la statistique des assurés de santésuisse, les coûts des EMS se situent à Neuchâtel à 345 francs par patient. L’Office fédéral de la statistique indique que le canton compte 74 lits de soins pour 1000 habitants arrivés à l’âge de la retraite. Dans le canton de Zoug, la densité en lits est pratiquement aussi élevée – mais les coûts par assuré sont, avec 193 francs, sensiblement plus bas. Glaris affiche la densité en lits la plus élevée (123), Genève la plus basse (52) – les coûts par patient sont néanmoins relativement proches (228 et 208 francs). Comment est-ce possible ? Systèmes tarifaires différents

Les tarifs applicables au domaine des soins ne sont pas réglementés par une convention nationale. L’ordonnance sur l’assurance-maladie fixe simplement des tarifs cadres indiquant la limite supérieure à ne pas dépasser. Le reste est une affaire de négociations entre les acteurs en présence dans les différents cantons. A l’intérieur d’un canton, les tarifs peuvent même varier d’un home à l’autre. Dans tous les cantons, les forfaits sont gradués en fonction de la gravité des cas. Mais les niveaux de soins requis ne sont pas identiques. En Suisse romande, c’est un système à huit échelons qui domine

Différences d’un home à l’autre

Les listes des EMS varient fortement dans les divers cantons. Elles peuvent comprendre majoritairement des homes plus ou moins importants. Comme nous l’avons vu, cela n’est pas sans incidence sur la statistique des coûts des soins. De plus, l’orientation médicale des homes joue un rôle : les établissements

COÛTS DES ÉTABLISSEMENTS MÉDICO-SOCIAUX PAR ASSURÉ EN 2006

350

354

300

285 259

250

247

239 236

231 228

224

216 211 208 208

200

201 197 193

188 186

178 178 173 172 151 147 146

150

128 109

100 50

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Pourquoi les coûts des établissements médico-sociaux par assuré varient aussi fortement d’un canton à l’autre ?

Source : Office fédéral de la statistique

400


COMPARAISON ENTRE LES LITS EN EMS POUR 1000 HABITANTS EN ÂGE DE LA RETRAITE ET LES PLACES D’AIDE ET DE SOINS À DOMICILE POUR 10 000 PERSONNES EN ÂGE DE LA RETRAITE Source : Office fédéral de la statistique

200

LITS DE SOINS 180

PLACES D’AIDE ET DE SOINS À DOMICILE 160 140 120 100

Moins de lits en EMS signifie en règle générale plus de places Spitex.

80 60 40 20 0

GL AR OW SH LU SG NW TG UR GR SZ BE ZH FR ZG NE CH BS AG TI SO JU AI BL VD VS GE

médico-sociaux qui hébergent des personnes ne nécessitant pas toute la panoplie des soins ont des coûts plus bas par lit que les établissements prenant en charge les cas lourds. Mais d’autres institutions peuvent aussi être mentionnées sur les listes – par exemple des divisions de soins de longue durée dans les hôpitaux ou les cliniques psychiatriques. Elles peuvent aussi être intégrées dans la statistique des coûts des EMS : ainsi, dans le canton de Neuchâtel, qui affiche les coûts les plus élevés, des instituts de gérontopsychiatrie se trouvent sur la liste des EMS. Particularités cantonales

La stratégie en matière de soins adoptée par les cantons joue en fin de compte un grand rôle. A Genève par exemple, un home n’accueille que des personnes fortement tributaires de soins. Il n’y a pratiquement pas de place pour les cas plus légers. C’est pourquoi Genève dispose de peu de lits en EMS. Ces lits étant réservés aux cas lourds, les coûts sont relativement élevés, ce qui explique qu’en dépit de lits peu nombreux, Genève se situe, pour les coûts en EMS, dans la moyenne suisse.

Reste à savoir ce que Genève fait des cas plus légers. Le canton mise fortement sur l’aide et les soins à domicile. Il existe à Genève 19 places Spitex pour mille habitants en âge de la retraite. C’est, avec le canton du Jura, la proportion la plus élevée de Suisse. La moyenne nationale se situe à un peu plus de neuf. Influence de l’aide et des soins à domicile : difficile à quantifier

Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique le montrent : les cantons qui ont peu de lits en EMS ont tendance à compenser cette situation en offrant un plus grand nombre de places dans le domaine de l’aide et des soins à domicile. En ce qui concerne les coûts, la

comparaison est plus difficile : les cantons qui ont des dépenses élevées au titre de l’aide et des soins à domicile n’enregistrent pas toujours des coûts inférieurs au niveau des établissements médico-sociaux. Il n’est toutefois pas possible d’en déduire que le fait d’encourager l’aide et les soins à domicile n’entraîne aucune économie au niveau des coûts des soins. Dans les divers cantons, les coûts des EMS à charge de l’assurance-maladie sont calculés en fonction de modalités à ce point différentes qu’une comparaison est extrêmement difficile. PETER KRAFT

Le surveillant des prix demande une utilisation à pleine capacité des lits

Dans infosantésuisse 1/08, nous avons parlé d’un taux d’occupation en général élevé des lits dans les institutions stationnaires de Suisse. Dans le domaine des soins et de la psychiatrie, le taux d’occupation n’est nulle part inférieur à 90 %, et ce, conformément à une directive du surveillant des prix. Si le taux d’occupation chute à moins de 90 % dans ces institutions, il s’ensuit des réductions de tarif pour cause de surcapacité. Pour les hôpitaux dotés d’un service d’urgence, la valeur limite s’élève à 85 %. Cette directive tend à éviter les surcapacités. Les établissements stationnaires ont donc eux aussi tout intérêt à remplir leurs lits – sous peine de subir une réduction tarifaire.

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Promotion Santé Suisse lance la deuxième phase de la campagne « Poids corporel sain »

Beaucoup d’enfants sont en surpoids – que faire ? Un enfant sur cinq est en surpoids en Suisse et un enfant sur vingt est même obèse. C’est ce qui ressort d’une étude mandatée par Promotion Santé Suisse. Les Suissesses et les Suisses ont parfaitement reconnu le problème mais, en ce qui les concerne personnellement, ils n’estiment pas devoir réagir. C’est ce qui a poussé Promotion Santé Suisse à poursuivre la campagne « poids corporel sain » et la lutte contre les kilos superflus chez les enfants et les adolescents.

En collaboration avec les services médicaux scolaires des villes de Berne, Bâle et Zurich, Promotion Santé Suisse a fait évaluer les données relatives au poids des écoliers de tous les niveaux scolaires. Les résultats sont alarmants : un enfant sur cinq est en surpoids et un sur vingt est obèse. Alors que 16 % des enfants fréquentant les jardins d’enfants sont concernés par le surpoids, leur part monte jusqu’à 23 % dans le secondaire. On relève qu’à Bâle le nombre d’enfants en surpoids est sensiblement plus élevé qu’à Zurich et à Berne mais ce, seulement à partir du niveau moyen. A l’âge du jardin d’enfants, les conditions sont encore les mêmes pour tous les enfants. Influence du sexe et de l’origine sociale

Le problème est reconnu, mais…

Promotion Santé Suisse a confié à l’Université de la Suisse italienne à Lugano une enquête sur l’attitude et la percep-

Photo : www.gesundheitsfoerderung.ch

Dans toutes les villes, mais en particulier à Bâle et à Zurich, les garçons sont davantage concernés par le surpoids. Les disparités sont encore plus flagrantes dans les niveaux scolaires supérieurs. A Zurich, dans le secondaire par exemple, 18 % des filles sont en surpoids, la pro-

portion s’élève à 25 % pour les garçons. Les écarts sont encore plus marqués entre Suisses et étrangers : 27 % des enfants étrangers sont en surpoids contre 16 % des enfants suisses. A Bâle et à Berne, des évaluations ont en outre été effectuées en fonction de l’origine sociale. Les enfants des niveaux supérieurs dont les parents n’ont pas fait d’études sont à Berne en surpoids à raison de 40 %. Lorsque les parents disposent d’une très bonne formation, les enfants des niveaux supérieurs sont en surpoids « seulement » à hauteur de 9 %. Une étude du laboratoire d’alimentation humaine de l’EPF Zurich a mis en évidence qu’en matière de surpoids chez les enfants, il n’y a pas de différences notables entre ville et campagne. Les chiffres de l’étude mandatée par Promotion Santé Suisse devraient donc être pertinents pour l’ensemble de la Suisse.

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18 | Domaine de la santé 2/08


tion de la population quant au thème du poids corporel. Les résultats sont étonnants : les Suissesses et les Suisses appréhendent de manière tout à fait réaliste la problématique du poids corporel. La grande majorité ne se sent toutefois pas concernée et ne juge pas nécessaire de changer quelque chose dans ses habitudes. Voici quelques exemples, en matière tout d’abord d’activité physique : les Suisses pensent que la moitié d’entre eux ne bougent pas assez. Mais seulement 36 % trouvent qu’ils sont eux-­ mêmes trop passifs. En matière d’alimentation ensuite : les personnes interrogées sont d’avis qu’environ la moitié de la population se nourrit sainement. Mais elles sont très nombreuses (76 %) à affirmer que pour leur part elles mangent de manière équilibrée. En matière de surpoids enfin : la population pense qu’un Suisse sur trois souffre d’une surcharge pondérale suffisamment importante pour mettre sa santé en danger. Mais un sur sept seulement se sent effectivement concerné par le problème. Les auteurs de l’étude parlent alors d’un « optimisme non réaliste ».

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Bonne connaissance du problème et des causes de surpoids

Il est évident que les Suissesses et les Suisses ne sont pas indifférents à leur poids. Sur une échelle de un à sept, le degré moyen d’appréhension de la problématique du surpoids se situe à 5 (même si peu de gens avouent être personnellement concernés). Chez les personnes en surpoids, il est légèrement plus élevé et, chez les femmes, il est beaucoup plus prononcé que chez les hommes et les personnes ayant un poids normal. Autre constatation intéressante : la population sait que le surpoids est la conséquence d’un manque de mouvement, d’une alimentation malsaine ou qu’il est affaire de tempérament individuel. Seuls 6 % pensent que le surpoids est exclusivement imputable à des conditions liées à notre société et que l’on ne peut par conséquent rien faire contre ce problème. Poursuite de la campagne

Les points suivants semblent donc clairs : • Le surpoids est un problème – avant tout chez les enfants. • Les Suissesses et les Suisses en sont conscients. • Ils savent quelles sont les causes du surpoids et ce qu’il faut faire pour lutter contre ce fléau. • Aux yeux de la population, ce thème est important. • Pourtant, la volonté de modifier quelque chose dans le comportement individuel n’est pas très grande chez la plupart des gens. Le problème est reconnu – pour les autres mais pas pour soi-même. Ce constat montre qu’il existe encore une grande marge de manœuvre en ce qui concerne la modification du com-

portement individuel. Pour Promotion Santé Suisse, cela signifie aussi que l’engagement de la Fondation dans cette problématique est « nécessaire et important ». C’est pourquoi l’organisation poursuit son programme d’action pour un poids corporel sain chez les enfants et les adolescents – en dépit des critiques formulées à l’encontre des affiches de l’année passée taxées de discriminer les personnes en surpoids. Selon le sondage de l’Université de Lugano, pour 74 % de la population, les slogans « La Suisse prend du ventre » et « Alors, on se bouge ! » ne posent pas problème. Ces formules sont même mieux acceptées par les personnes en surpoids. Malgré ces résultats, la Fondation entend tenir compte des critiques et n’utilise désormais ces slogans que sur des affiches accompagnées de conseils concrets. Au-delà des affiches, des programmes d’action

En 2008, les affiches et les spots publicitaires constituent également un élément central de la campagne. Mais audelà de ces supports, Promotion Santé Suisse s’engage aussi, en collaboration avec les départements cantonaux de la santé, à mettre sur pied des programmes d’action pour un poids corporel sain. De tels programmes sont planifiés dans plus de vingt cantons et sont déjà mis en œuvre dans six d’entre eux. A Lucerne par exemple, avec la coopération du canton, Promotion Santé Suisse soutient des écoles promouvant l’activité physique. Et à Bâle-Ville, le programme « Gsundes Znüni » encourage les enfants et les parents à prendre des collations équilibrées. PETER KRAFT

Pour un poids corporel sain chez les enfants : nouvelle affiche de Promotion Santé Suisse.

19 | Domaine de la santé 2/08


Etude sur l’avenir du système de santé

Photo : Prisma

Managed care : plus de marché, moins de réglementation

Managed care en Suisse : l’offre est certes abondante – pourtant, le besoin d’agir se fait sentir.

Une étude réalisée à la demande de l’Association des entreprises pharmaceutiques en Suisse (vips) le prouve : à l’échelle internationale, le système suisse de santé dispose d’une offre variée de modèles de managed care. Toutefois, selon Peter Zweifel et Johannes Schoder, de l’Université de Zurich, responsables de l’étude, le besoin d’agir se fait sentir. Afin de compléter cette analyse, dix experts suisses ont présenté leurs thèses sur le managed care dans « Pharmadirect », la publication de la vips.

Pour Ruth Humbel Näf, politicienne spécialiste de la santé, il est nécessaire, à la veille des débats qui auront lieu au Conseil national sur le projet du ma­ naged care, d’améliorer les décisions du Conseil des Etats. Certes, la démarche à la base de ce projet est bonne mais elle doit aller plus loin : outre des réductions de primes, il faut encore plus recourir aux quotes-parts différenciées et créer des incitations financières plus attractives pour les prestataires de soins. En revanche, selon Peter Fischer, chef de la Visana, le managed care n’a pas besoin d’être particulièrement réglementé. Ne plus entraver le développement du managed care

Hans-Ueli Regius, directeur général de la Swica, attend des politiques « de freiner les bureaucrates de Berne lorsqu’ils cherchent à empêcher les assureurs de faire fonctionner de vrais modèles de managed care ». Concrètement, les économies réalisées grâce au managed care ne doivent pas simplement être répercutées sous forme de baisses de primes. Il faut aussi mieux rémunérer les médecins qui font office de gatekeepers et les hôpitaux pour les traitements axés sur les effets durables. Felix Gutzwiller, conseiller aux Etats, qui constate que « cela fait dix ans, voire davantage, que nous oscillons entre économie de marché et économie planifiée », plaide en faveur d’un modèle de concurrence réglementée offrant un cadre général favorable au managed care. Rolf Gabriel, directeur de Sanacare, persuadé que le «  managed care permet de bousculer le marché et de mettre un peu le sys-

tème sous pression », propose des solutions pour organiser différemment les prestations. Suggestions pour faire progresser le managed care

P. Zweifel et J. Schoder, responsables de l’étude, émettent quelques suggestions favorisant le développement et une diffusion plus large du managed care. Ils demandent en particulier : • la suppression de la limitation de la redistribution des économies réalisées grâce au managed care ; • la mise en place d’un cadre général qui incite à la concurrence pour la prise en charge des malades chroniques, notamment par le biais d’une compensation des risques adéquate ; • la suppression de l’obligation de contracter entre assureurs-maladie et prestataires ; • le développement d’un système de « e-Health » pour l’optimisation tant médicale qu’organisationnelle des processus de traitement ; • l’amélioration de l’information sur la qualité des prestations médicales. Fondamentalement, il faut moins de ­réglementation, plus de responsabilité individuelle mais il faut aussi mieux encourager la prévention et un mode de vie sain. JOSEF ZIEGLER

• Managed care – comparaison internationale et enseignements pour la Suisse ; Université de Zurich. • Le managed care en Suisse – positions et préconi­ sations de dix experts suisses, dans Pharmadirect (No 20, janvier 2008).

20 | Domaine de la santé 2/08


S’il existe à l’encontre d’un assuré une suspension de la prise en charge des coûts des prestations selon l’art. 64a LAMal, l’assureur-maladie diffère le remboursement des factures jusqu’à ce que, dans le cadre de la procédure de poursuite, les primes ou les participations aux coûts arriérées ainsi que les intérêts moratoires et les frais de poursuite soient payés intégralement. La suspension de la prise en charge des coûts des prestations s’applique aussi bien dans le système du tiers garant que du tiers payant.

d’une suspension de la prise en charge des coûts des prestations. Le fournisseur de prestations dispose de plusieurs possibilités pour se faire une idée sur la volonté et la capacité de paiement d’un patient. Il peut ainsi se renseigner auprès du patient ou auprès de l’office des poursuites compétent. Compte tenu des informations obtenues, il lui appartient de décider s’il veut prendre le risque que quelques-unes de ses factures puissent faire l’objet d’une suspension de la prise en charge des coûts des prestations.

Le fournisseur de prestations peut-il refuser de traiter un patient ?

Pas d’accès aux prestations médicales ?

Les fournisseurs de prestations privés ne sont pas tenus – à part les obligations fixées par la législation cantonale (en général traitement en cas d’urgence) – de soigner des patients. Le fournisseur de prestations privé peut décider de son propre chef quels patients et combien de patients il veut traiter. Il peut en particulier refuser de traiter des patients qui ne paient pas régulièrement leurs primes ou qui sont sous le coup

La non-obligation des fournisseurs de prestations privés de traiter des patients ne signifie cependant pas que l’assuré sous le coup d’une suspension n’ait pas accès aux prestations médicales. Le canton doit garantir l’approvisionnement en soins de sa population. Les personnes assurées peuvent s’informer auprès du service cantonal compétent où elles peuvent réclamer une aide médicale même en cas de suspension de la prise en charge des coûts des prestations.

En

Suspension de la prise en charge des coûts des prestations selon l’art. 64a LAMal – Effets pour l’assuré et pour le fournisseur de prestations

JUDITH PETERMANN BÜTTLER

Contribution aux verres de lunettes et aux lentilles de contact une hauteur de Fr. 180.– tous les cinq ans, à la condition que la franchise ait déjà été payée par l’assuré. Si l’assuré ne s’est pas encore totalement acquitté de sa franchise, la contribution aux lunettes/lentilles de contact est déduite de la franchise. Dans ce cas, il n’y a pas de paiement à l’assuré. Les lunettes peuvent être remboursées en supplément des positions LiMA 25.02.02.00.1 et 25.02.03.00.1 (cas spéciaux pour lentilles de contact). Pour le remboursement des verres de lunettes, la question déterminante est celle de l’économicité, de l’efficacité et de l’adéquation de l’utilisation alternative de lunettes et de verres de contact.

VERENA BUCHER

Photo : Prisma

Les remarques préliminaires générales sur la LiMA définissent les aides visuelles comme « des dispositifs optiques qui servent à corriger les erreurs de réfraction ou à corriger, à améliorer ou à traiter un autre état pathologique de l’œil ». Selon la LiMA, chapitre 25, l’assurance obligatoire des soins paie, jusqu’à 18 ans révolus, une contribution de Fr. 180.– par an pour l’achat de verres/lentilles de contact. Dès la dix-neuvième année, une ordonnance médicale est uniquement exigée lors de la première prescription de lunettes/lentilles de contact. Leurs adaptations ultérieures peuvent être effectuées par un opticien. A partir de cet âge, l’assurance obligatoire des soins participe à

21 | En bref 2/08


Les chiffres de la Suisse sont comparativement bons

Les femmes meurent plus fréquemment de maladies cardiaques Photo : Prisma

Selon le Réseau européen du cœur (EHN), 4,3 millions de personnes meurent chaque année de maladies cardio-vasculaires. Un décès sur six est donc imputable à ce type de maladie. Contrairement à l’opinion largement répandue chez nous, les femmes sont, avec 2,3 millions de cas de décès, plus fréquemment touchées que les hommes (2 millions de cas). 1,8 million de personnes meurent avant leur 75e anniversaire d’une maladie cardio-vasculaire – cette fois pour la plus grande part des hommes qui totalisent 1,2 million de cas. Les hommes décèdent donc plus rarement que les femmes d’une maladie cardio-vasculaire – mais en revanche plus prématurément qu’elles. En comparaison avec les pays voisins, la position de la Suisse est relativement bonne. Sur 100 000 personnes âgées de moins de 65 ans, vingt meurent d’une maladie cardio-vasculaire. La France se situe un peu en dessous de la moyenne (17), l’Allemagne (30) et l’Autriche (33) largement au-dessus.

En 2008 aussi, le nombre des assureurs-maladie reste stable

Assemblée générale de santésuisse L’assemblée générale ordinaire de santésuisse aura lieu le 16 mai 2008 à 10 h à l’hôtel Bellevue Palace, Berne. L’assemblée des délégués de la SVK se déroulera à la suite de l’assemblée générale de santésuisse. Les assureurs affiliés recevront sous pli séparé l’invitation et les documents correspondants.

Pas de modification du paysage des assureurs

Ordre du jour

1. Ouverture de l’assemblée générale et accueil par Christoffel Brändli, conseiller aux Etats, président de santésuisse 2. Discours de bienvenue 3. Procès-verbal de l’assemblée générale du 1er juin 2007 à Berne 4. Rapport de la direction sur la marche des affaires 5. Rapport de gestion 2007 6. Comptes annuels 2007, rapport de l’organe de révision, décharge à donner au conseil d’administration 7. Elections 7.1 du président 7.2 du conseil d’administration 7.3 de l’organe de révision pour 2008 8. Clôture Une conférence de presse et un débat public sur un thème actuel touchant au domaine de la santé seront organisés lors de l’assemblée générale.

22 | Service 2/08

En 2008 comme en 2007, 87 assureurs offrent l’assurance-maladie obligatoire. Il n’y a eu ni dissolution ni création de nouvelles entités. L’assainissement des structures a été massif surtout au début de l’introduction de la LAMal : entre 1996 et 2000, le nombre des assureurs-maladie a chuté de presque un tiers en passant de 145 à 101. A partir de cette date, le marché semble avoir été plus stable. Jusqu’en 2005, le nombre des assureurs-maladie a enregistré une ­légère tendance à la baisse. En 2006, il a augmenté pour la première fois par rapport à 2005 (85) pour atteindre 87 assureurs-maladie. Depuis, leur nombre est resté constant.


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Februar 2008

La revue Managed Care paraît sous une nouvelle forme

Editorial

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Offizielles Organ

FORU M MAN A G E D CARE

Editores Medicorum Helveticorum

L’organe officiel du Forum Managed Care (FMC) a un nouveau nom et un nouvel éditeur. La première édition de Care Management, publiée par les Editions médicales suisses EMH, succède à l’ancienne revue Managed Care éditée par la firme Rosenfluh. Care Management s’adresse, à raison de six numéros par an, aux fournisseurs de prestations, répondants des coûts, politiciens, autorités et entreprises qui s’occupent de la gestion de la qualité et des coûts dans le domaine de la santé. La première édition de la revue Care Management est consultable sous www.care-management.emh.ch.

Service

Imprimée à présent aux Editions médicales suisses

Troisième Journée nationale du cancer de la peau du 5 mai 2008

Examen gratuit de taches cutanées suspectes Photo : Prisma

La troisième Journée nationale du cancer de la peau se déroulera le 5 mai prochain. Comme les années précédentes, 150 dermatologues membres de la Société suisse de dermatologie et de vénérologie procèderont ce jour-là à des examens gratuits de taches cutanées suspectes. Les personnes porteuses de taches pigmentées qui croissent rapidement, dont la couleur, la forme ou la grandeur se modifient, qui saignent ou qui démangent, pourront les montrer de manière anonyme à un ou une dermatologue. Dès le 7 avril 2008, les personnes intéressées pourront remplir un questionnaire d’évaluation de leurs propres risques de développer un cancer de la peau dans environ 500 pharmacies affiliées à pharmaSuisse. Au cours de la Journée nationale du cancer de la peau de l’année dernière, les dermatologues ont examiné gratuitement à peu près 8000 taches cutanées douteuses. La plupart des personnes qui ont consulté un spécialiste ont pu quitter le cabinet en étant rassurées. Dans quelques cas, un cancer de la peau a effectivement été détecté et a pu faire l’objet d’un traitement précoce grâce à cette Journée nationale de dépistage.

23 | Service 2/08


Nouvelles du monde

Service

OFSP – Assurance-maladie – Séance d’information

Comment les nouvelles prestations médicales entrent dans le catalogue des prestations ? La procédure de requête pour la prise en charge par l’assurancemaladie obligatoire (assurance de base) de prestations médicales, d’analyses et de moyens et appareils nouveaux ou contestés a été remaniée. Les nouveautés seront présentées le 13 juin 2008, de 9 h 30 à 12 h 30, à l’hôpital de l’Ile à Berne. Cette manifestation est destinée au public cible suivant : auteurs potentiels d’une requête (fournisseurs de prestations, sociétés spécialisées de médecine et de laboratoires médicaux, fabricants et entreprises de distribution), assureurs, entreprises de conseil ainsi qu’autorités et organisations spécialisées. La participation est gratuite. Vous trouverez le programme détaillé et le formulaire d’inscription sous : www.bag.admin.ch – Actualités – Manifestations

Les pilules du bonheur sont trop souvent délivrées

Une étude met en doute l’efficacité des médicaments antidépresseurs Les médicaments antidépresseurs sont la plupart du temps inefficaces, c’est ce que conclut une étude publiée dans la revue indépendante PLoS Medicine. En cas de dépressions sévères, ces médicaments s’avèrent certes actifs mais ils ne sont guère utiles lorsqu’il s’agit de légères dépressions. L’étude ne critique pas les antidépresseurs en tant que tels mais la manière dont ils sont prescrits : ils seraient souvent délivrés dans des cas où il ne faut en attendre aucun effet. Selon les auteurs, l’autorité américaine d’admission des médicaments n’ayant publié que partiellement les études cliniques sur les antidépresseurs, il en résulterait un tableau déformé de leur efficience.

Lucentis Les assurances-maladie allemandes ont refusé une offre de Novartis pour la prise en charge des coûts du Lucentis, médicament contre la cécité due à l’âge. Novartis proposait que les coûts soient limités à 315 millions d’euros par an pour tous les patients allemands. Les assureurs-maladie ne sont pas entrés en matière, le médicament Avastin, qui offre une efficacité comparable, ne leur coûtant que 33 millions d’euros par an.

Hormones contaminées A Paris, sept médecins se retrouvent devant le tribunal pour avoir administré à leurs patients des hormones de croissance contaminées, faisant jusqu’à ce jour 111 morts de la maladie de Kreutzfeld-Jakob. Les hormones avaient été prélevées sur la glande hypophyse de personnes ­décédées.

Photo : Prisma

Trafic d’organes Le chef d’une bande organisée indienne se livrant au commerce d’organes s’est sauvé à l’étranger peu avant d’être emprisonné. Il avait prélevé des organes sur des milliers de patients contre un modeste dédommagement, voire même à l’insu de certains. Le gouvernement indien entend à présent lutter contre des tabous religieux : l’hindouisme considère que les cadavres des donneurs d’organes sont déshonorés. C’est pourquoi les dons d’organes légaux sont très rares.

24 | Service 2/08


Manifestations Organisateur

Fait particulier

Date/Lieu

Renseignements

6 mai Berne

www.ssps.ch

Woher ? Wohin ? Und Wie ? Gesundheitswesen 2020

8 mai Centre des congrès, Zurich

www.rvk.ch

Séminaire sur l’avenir du système de santé et, en parallèle, ateliers de travail

du 25 au 28 mai Centre international de conférences, Genève

www.genevahealthforum. hug-ge.ch

5 juin World Trade Center, Zurich

www.fmc.ch

Frontières ouvertes – chance ou danger pour la santé publique ? SSPS

Thème : La santé publique et les accords bilatéraux

Forum de l’assurance-maladie sociale RVK – Association des petits et moyens assureurs-maladie Geneva Health Forum Hôpitaux universitaires de Genève

Symposium 2008 Managed Care : Managed Care – the next generation Forum Managed Care

Contributions notamment de Stephan Sigrist, chercheur, et de Fritz Britt, directeur de santésuisse

Comment les nouvelles prestations médicales, analyses, moyens et appareils entrent dans le catalogue des prestations de la LAMal ? Office fédéral de la santé publique

Séance d’information concernant la nouvelle procédure de requête

13 juin Hôpital de l’Ile, Berne

www.bag.admin.ch

Dessin : Marc Roulin

Informez-nous de vos manifestations : redaction@santesuisse.ch  Plus d’informations sur www.santesuisse.ch

25 | Service 2/08


ANNUAIRE

de l’assurance-maladie suisse – édition 2008 L’Annuaire de l’assurance-maladie suisse paraîtra probablement au mois d’avril 2008.

L’édition 2008 comprend dans sa partie administrative : • les chiffres concernant l’assurance-maladie sociale en Suisse • la liste des autorités fédérales et des commissions • l’organisation de santésuisse (conseil d’administration, collaborateurs de la direction de Soleure, secrétariats régionaux et cantonaux) • la liste des teams d’assureurs chargés de la collaboration au sein de l’association et des commissions paritaires de santésuisse • les institutions affiliées • les instances cantonales compétentes en cas de litige impliquant l’assurance de base ou l’assurance complémentaire • la liste des membres de santésuisse avec des informations détaillées • les groupements d’assureurs-maladie • les statuts et règlements de santésuisse • le tableau des prestations aux accouchées

La partie législative contient, entre autres, les lois et ordonnances suivantes : • ordonnance sur la limitation de l’admission des fournisseurs de prestations à pratiquer à la charge de l’assurance-maladie obligatoire • ordonnance sur le calcul des coûts et le classement des prestations par les hôpitaux et les établissements médico-sociaux dans l’assurance-maladie (OCP) • loi fédérale sur la partie générale du droit des assurances sociales (LPGA) • ordonnance sur la partie générale du droit des assurances sociales (OPGA) • loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) • ordonnance sur l’assurance-maladie (OAMal) • ordonnance sur les prestations de l’assurance-maladie des soins (OPAS) • liste des moyens et appareils (LiMA) • loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA) • ordonnance sur l’assurance-accidents (OLAA) • loi fédérale sur le contrat d’assurance (LCA) • loi sur la protection des données (LPD) • ordonnance relative à la loi fédérale sur la protection des données (OLPD)

L’ouvrage est disponible en français et en allemand à Fr. 39.50 par exemplaire, TVA incluse, frais de port et d’emballage en sus.

Commande Je commande _____ exemplaires de l’Annuaire de l’assurance-maladie suisse 2008, édition française _____ Exemplare Handbuch der Schweizerischen Krankenversicherung 2008, deutsche Ausgabe

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• Fax 032 625 41 51 • shop@santesuisse.ch • www.santesuisse.ch

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Congrès annuel 2008 Lieu:

Université de Fribourg

Enhance your career in the health care field

Date:

16 et 17 avril 2008

Postgraduate Education

Programme:

1er jour: Ateliers-débats sur des thèmes inhérents au médecin-conseil et à la médecin d’assurance

• Master of Advanced Studies in Health Economics and Management (MASHEM)

2ème jour: Protection des données

Intervenants: ainsi que

Comment les données des assurés peuvent-elles, osent-elles et doivent-elles être traitées dans l’assurance-maladie et les autres assurances?

• Master of Advanced Studies in Pharmaceutical Economics and Policy (MASPEP)

e. a. Dr. iur. Hanspeter Thür, PFPDT, Rudolf Luingbühl, Ombudsman de l’assurance-maladie Dr. med. Jacques de Haller, Président FMH

Executive Education

A qui nous adressons-nous: Médecins, spécialistes du monde de l’assurance, juristes. Programme et inscription:

Program taught in French Full master over two years (part-time) or one year (full-time)

voir www.vertrauensaerzte.ch et www.medecins-conseils.ch.

Bilingual program French / English Full master over two years (part-time) or one year (full-time)

• Mastering the New Challenges of Health Care Offered annually A partnership between the Institute of Health Economics and Management at the University of Lausanne and Harvard Medical International Contact: iems@unil.ch Phone: +41 21 692 34 68

For any information: www.hec.unil.ch/iems

Renseignements: bureau SSMC, sous info@medecins-conseils.ch, Tél. 052 226 06 03

Mise au Point – Politique de la santé Gratuit ! Le nouveau « Mise au point » 1/2008 : Cette publication est conçue en premier lieu pour les politiciens, les journalistes, les cadres des assurances et toutes les personnes intéressées à la politique de la santé. Cette revue paraît quatre fois par année. Elle est disponible par numéro ou sous forme d’abonnement. Veuillez compléter et retourner ce talon à  : santésuisse, service des éditions, case postale, 4502 Soleure, fax 032 625 41 51.

Commande _______ exemplaire(s) de « Mise au point / Politique de la santé » _______ abonnement Nom / Prénom   • Fax 032 625 41 51 • shop@santesuisse.ch • www.santesuisse.ch

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