infosantésuisse nr. 06/2010 français

Page 1

6/10

info santĂŠsuisse

eHealth arrive !

Le magazine des assureurs-maladie suisses


Page 6

Page 8

Page 14

Le cardiologue Tobias Wettstein économise son temps et celui de ses patients avec l’ordonnance électronique

L’avenir appartient à un patient responsable nous dit Karin Frick, chercheuse en matière de tendances futures à l’Institut Gottlieb Duttweiler

Les hausses de primes et les intermédiaires incompétents ont préoccupé l’office de médiation

Sommaire Sous la loupe

4 6 7 8 10 11

Cybersanté : entre science-fiction et réalité Le remède contre l’écriture illisible des médecins Embouteillage de données chez les médecins : Le dossier de patient électronique piétine L’analyste de tendances Karin Frick jette un regard sur l’e-quotidien du futur Télémédecine : le bon traitement, au bon moment et au bon endroit Il ne faut pas être cybercondriaque pour tomber sur un diagnostic de cancer en surfant sur le Net

Domaine de la santé

1 4 16 17 18

L’Ombudsman est à l’écoute des payeurs de primes et pointe du doigt les problèmes AG de santésuisse : des caisses unies plutôt que la caisse unique Forum Managed Care : les attentes à l’égard des soins gérés sont considérables Forfait par cas et qualité vont de pair

Rubriques

1 2 13 19 22

Graphique du mois : qui est le parent pauvre de l’eHealth en Europe ? Trois questions : à quoi sert la certification en matière de protection des données ? En bref : désormais les caisses paient même en cas d’arriérés de primes Photo du mois : pourquoi le chef mise-t-il sur le yoga ?

Service

2 0 21 21 21

De nouvelles études révèlent l’absence d’effet de « porte tournante » en psychiatrie Manifestations concernant l’eHealth ainsi que le financement des hôpitaux et des soins Nouvelles du monde Médicaments contre l’obésité sous la loupe

No 6, aout 2010 Paraît dix fois par an prix de l’abonnement 69 fr. par an, 10 fr. le numéro Éditeur et administration santésuisse, Les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure Responsable de la rédaction Maud Hilaire Schenker, Département Politique et Communication, Case postale, 4502 Soleure Téléphone : 032 625 41 27, Fax : 032 625 41 51, Courriel : redation@santesuisse.ch production : Rub Graf-Lehmann AG, Murtenstrasse 40, 3001 Berne Conception de la mise en page  Pomcany’s mise en page  Henriette Lux administration des annonces Toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à : « infosantésuisse », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure courriel : redaktion@santesuisse.ch Administration des abonnements Téléphone : 032 625 42 74, Fax : 032 625 41 51 Portail : www.santesuisse.ch Page de titre : Marc Roulin, Lausanne ISSN 1660-7236


Cybersanté : euphorie ou défiance ? Il y a 124 ans, Carl Benz présentait au monde le premier véhicule à moteur – un équipage à l’aspect bancal monté sur trois roues. L’automobile moderne était née. Mais pas plus Benz que Daimler n’auraient pu imaginer alors les autoroutes à six voies que monsieur tout-le-monde emprunte aujourd’hui. Il en va tout autrement de la cybersanté ou eHealth : le potentiel est reconnu, mais divise les esprits. Les uns ne manquent pas une occasion de louer les éventuels effets révolutionnaires pour notre système de santé et refoulent la réalité inhérente au système. Les autres, que l’on pourrait qualifier de conservateurs, voient leur existence menacée par l’éventualité subite d’améliorer la transparence, la qualité, l’efficacité et la prise en compte des besoins des clients grâce à des innovations au niveau des processus et des produits. Une information et un débat les plus larges possibles sur cette question sont donc indispensables. Car les avantages de la cybersanté – et ils existent comme l’admettent aussi ses détracteurs – ne pourront être mis à profit pour les assurés que si les gens sont informés des possibilités et des limites des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de la santé. D’importants aspects de la cybersanté en Suisse sont donc traités dans le présent numéro d’infosantésuisse : depuis la stratégie de la Confédération, dont l’objectif est la mise en place du dossier de patient électronique en guise de processus novateur, à l’accès à des informations de santé fiables en passant par les avantages de la cybersanté. Mais la réalité ne doit pas non plus mettre un frein trop brutal à l’imagination. Une vision de l’avenir de la cybersanté par une analyste de tendances et le quotidien fictif de Susanna en 2020 donnent un aperçu de ce qui nous attend peut-être demain et confirment ce que nous savons tous : même la meilleure des voitures ne peut être aussi bonne que son conducteur. P.S. : infosantésuisse a une nouvelle rédactrice en chef.   Je vous souhaite une agréable lecture.

3 | Editorial 6/10

Silvia Schütz Responsable de la rédaction


Cybersanté (eHealth) : vers une stratégie nationale

Améliorer la coordination et la compatibilité des projets

Dans le domaine de la santé, des milliards de données sont échangées et conservées, sur des supports papier et électroniques, souvent difficiles d’accès ou incompatibles. L’eHealth vise ainsi à fluidifier le transfert d’information et de manière générale à organiser et mettre en réseau tous les processus et partenaires impliqués dans le système de santé. Elle recourt pour ce faire aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et fait entrer le système de la santé dans l’ère du numérique. Dans l’idéal, les patients sont mieux renseignés sur leur traitement et sur les moyens d’améliorer leur condition de vie ; les professionnels de santé autorisés accèdent simplement et rapidement à l’historique médical des patients et assurent de fait un meilleur suivi des soins ; les assureurs gagnent un temps précieux pour rembourser les assurés avec la mise en place de logiciels de traitement des factures électroniques et leurs relations avec les prestataires de soins sont simplifiées (factures, demande d’autorisation de remboursement etc.) L’eHealth est une réalité en plein boom, veillant à améliorer la sécurité, la qualité et l’efficience des soins. Les domaines d’activités

Les principales applications en matière d’eHealth sont les suivantes : • Le dossier électronique du patient (voir p 7) comprend l’historique médical du patient (rapports de santé, hospitalisations, analyses de laboratoires, radiologies etc.), mais aussi les éventuelles allergies, les médicaments prescrits etc. • Le dossier pharmaceutique électronique (voir infosantésuisse 1/2010 p 11) rassemble l’historique médicamenteux d’un patient, mais aussi les éventuelles interactions ou contre-indications concernant un médicament et l’adaptation de la posologie selon que le patient soit un enfant ou une personne atteinte d’insuffisance rénale par exemple. • L’ordonnance électronique comme son nom l’indique est une prescription médicale informatisée qui évite les erreurs de médication dus au déchiffrage d’une écriture peu lisible. • La carte d’assuré ou carte de santé contient les données d’identification administratives du patient (nom, adresse, couverture d’assurance etc.). Mais elle pourra aussi à terme comporter à la demande de l’assuré son dossier électronique. • La télémédecine (voir p 10) permet d’établir un diagnostic ou d’assurer un suivi à distance via les téléconsultations (par Internet ou par téléphone) ou l’envoi de données (comme les relevés de tension, de glycémie etc.) par SMS ou courriel dans le cadre de programmes de soins gérés pour les malades chroniques. • Les services en ligne recouvrent les portails de santé ou les prestations de services offertes sur Internet.

• Le traitement administratif renvoie aux factures électroniques et aux demandes d’autorisation de remboursement que les hôpitaux soumettent par courriel aux assureurs.1 Situation suisse actuelle

En Suisse, l’eHealth en est encore à ses débuts, freinée notamment par l’organisation fédéraliste de l’approvisionnement en soins. Les compétences et les responsabilités aux niveaux fédéral et cantonal restent floues. La grande fragmentation du domaine médical fait que plusieurs standards et projets, souvent incompatibles, sont en place. Aussi l’industrie hésite-elle à investir, aucun standard ni interface n’ayant été définis. Les fournisseurs de prestations, les assureurs et les assurés font également preuve de réserves. Ces dix dernières années de nombreux projets ont cependant vu le jour. Plusieurs hôpitaux ont mis en place le dossier électronique du patient (voir p 7). Le canton de Saint-Gall s’est ainsi doté d’une plateforme, MeDIswiss, permettant l’échange électronique de données et l’établissement d’un dossier électronique du patient, notamment dans le domaine de la cardiologie. Il existe bien d’autres initiatives privées visant à mettre en place des dossiers électroniques du patient (le site Vitaclic proposé par la CPT ou encore les plateformes proposées par les pharmacies ou les hôpitaux etc.). L’objectif est maintenant de coordonner et de favoriser l’interopérabilité entre tous ces projets à l’échelle nationale. Pour garantir le succès d’eHealth, différentes questions doivent être clarifiées : le financement, le rapport coûts/utilité pour les différents acteurs, mais aussi le respect du droit des patients, la protection des données, la fiabilité, l’exhaustivité, l’actualisation et l’utilisation intelligente des données, mais aussi la formation.

Photo : Keystone

La cybersanté (eHealth) relevait il y a encore quelques années de la science-fiction. C’est aujourd’hui une réalité, certes balbutiante, mais vouée à un grand essor. Que recouvre cette notion aux accents futuristes ? Où en est-on actuellement ?

Science-fiction pour les uns, réalité balbutiante pour les autres, l’ère de la cybersanté est arrivée.

4 | Sous la loupe 6/10


Point de mire

La « Stratégie Cybersanté (eHealth) Suisse »

Le 27 juin 2007, le Conseil fédéral a formellement adopté la « Stratégie Cybersanté (eHealth) Suisse », élaborée par la Confédération et les cantons. Celle-ci doit permettre la création nationale de standards pour les projets de cybersanté régionaux en se basant sur une collaboration dans toute la Suisse. Elle se focalise sur les objectifs suivants : la création d’un dossier électronique du patient et la création d’un portail de santé avec des informations en lignes sécurisées, permettant aux personnes de prendre part activement aux processus de décisions relatifs à leur santé, tant en adaptant leur comportement qu’en faisant des choix lorsque des problèmes surviennent. Un Organe de coordination de cybersanté Confédération-cantons a été créé pour mettre en œuvre la « Stratégie Cybersanté Suisse ». D’ici à fin septembre 2010, un « groupe d’experts cybersanté » soumettra au DFI un rapport présentant l’objet de la réglementation, les instruments juridiques et les différentes variantes techniques de la réglementation. Sur la base de ce rapport, le DFI préparera les bases légales nécessaires afin que le Conseil fédéral décide, avant la fin de cette année, de la suite à donner à la procédure législative.2 Coûts et bénéfices

Il est extrêmement difficile d’estimer les coûts qu’entraînera la mise en œuvre de la stratégie eHealth, d’autant plus que les effets sont attendus sur le moyen et le long terme. Selon les experts, les dépenses liées à l’introduction du dossier électronique du patient s’élèveront à plusieurs centaines de millions de francs pour les assureurs. Les coûts de la conversion au dossier électronique du patient sont estimés par cabinet médical à CHF 100 000 sur cinq ans. L’Etat/les assureurs sont censés prendre respectivement en charge la moitié des coûts qui ne concernent pas le TARMED. Cela équivaut à CHF 750 millions, soit à CHF 375 millions pour les assureurs, soit à plus de 1,5 % du montant des primes pour les assurés.3 Pour évaluer la rentabilité de tels financements, il faut estimer les coûts, mais aussi les comparer aux bénéfices cliniques et économiques potentiels. Une étude de 2009 mandatée par le Ministère de la santé suédois4 chiffre à 5 millions, le nombre d’erreurs de prescriptions médicales susceptibles d’être évitées chaque année en Europe grâce à l’eHealth. Au vu de cette étude, une mise en place optimale de l’eHealth pourrait conduire à de profondes réformes du système de santé et stabiliser sur le long terme les coûts de la santé maud hilaire schenker

SCHMID, Adrian, « eHealth », dans Gesundheitswesen Schweiz 2010-2012 – Eine Aktuelle Übersicht, Huber, 2010, pp49-57 2 www.parlament.ch 3 Exposé du Dr. med. Heinz Bhend, « eHealth als Mehrwert für den praktizierenden Arzt » lors de l’nfo society days du 5 mars 2009 à Berne 4 « eHealth for a Healthier Europe ! – opportunities for a better use of healthcare resources », étude menée par Gartner, sur mandat du Ministère de la santé et des affaires sociales de Suède, 2009, 82 pages, disponible sur http ://www.se2009.eu/ 1

Felix Schneuwly Chef du département Politique et Communication

Position de santésuisse • Réserve des assureurs En tant que base légale servant au financement collectif des coûts de la cybersanté par le biais de taxes obligatoires, impôts et suppléments de primes de l’assurance de base, une telle loi risque de favoriser une pseudo-innovation, des investissements erronés et une infrastructure coûteuse, pas ou mal utilisée, mise en place uniquement parce qu’il le faut. La cybersanté risque aussi de provoquer un nouvel accroissement du volume des prestations dû à des examens médicaux qui ne sont ni nécessaires, ni adéquats, ni économiques mais qui servent simplement à compléter les dossiers des patients. • Points à approfondir dans la stratégie nationale suisse Les solutions en matière de cybersanté ne sont bonnes que si elles sont utiles. Leur utilité dépend avant tout du savoirfaire des patients et des professionnels de la santé. Aussi une coopération étroite entre les domaines de la santé et de la formation est-elle indispensable. Les processus médicaux et administratifs doivent être optimisés et harmonisés. C’est la seule manière de garantir une transmission fiable et efficace des données nécessaires aux différents acteurs. Plutôt que la peur du patient transparent, c’est la peur du fournisseur de prestations transparent qui constitue un frein à l’innovation. La protection des données devrait exiger des conditions cadres sanctionnant l’utilisation abusive des données médicales, et non rendre l’échange de données difficile. • Aspects positifs Le nouveau régime de financement des hôpitaux et la mise en place des réseaux de soins intégrés constituent des conditions cadres importantes pour une prise en charge coordonnée des patients tout au long de la chaîne de traitement. Une telle prise en charge novatrice, qui fait de la transparence de la qualité et de l’efficience des coûts un avantage concurrentiel pour les fournisseurs de prestations, n’est pas concevable sans le recours à la cybersanté.

5 | Sous la loupe 6/10


Les systèmes électroniques permettent d’éviter des erreurs fatales

L’ordonnance

du médecin

L’écriture indéchiffrable des médecins n’est pas l’invention de certaines mauvaises langues, mais un fait avéré : 42 % des ordonnances examinées en 2006 dans le cadre d’une étude menée à la clinique orthopédique de l’hôpital universitaire de Berne étaient difficiles à décrypter, 15 % carrément illisibles. Depuis que la clinique a introduit un système électronique, les appels pour demander des précisions ont cessé.

Même si elle ne représente qu’une infime partie du suivi des données d’un patient, une ordonnance électronique permet d’éviter des erreurs fatales ! L’écriture des médecins n’est pas seule en cause, mais aussi les erreurs d’indications. En fonction des études considérées, jusqu’à 1700 personnes mourraient chaque année en Suisse des suites d’effets indésirables de médicaments.1 Les estimations divergent fortement, mais elles soulignent toutes l’existence bien réelle de ce problème. D’après plusieurs études internationales, les systèmes électroniques permettent de réduire les erreurs graves de 55 % environ. L’illisibilité disparaît totalement, ce qui est un point très important car si un « 1 » est pris pour un « 4 », un patient risque de recevoir la quadruple dose du médicament prescrit. « Nous avons constaté à l’Hôpital de l’Ile à Berne que la moitié des indications erronées survient lors de la transcription de l’ordonnance médicale sur la feuille de soins », explique Maximillian Hartel, médecin-assistant du service de chirurgie orthopédique de l’Hôpital de l’Ile. Depuis 2008, ce service qui compte 70 lits dispose d’un système électronique « maison » incluant entre autres un contrôle automatique du dosage et des interactions médicamenteuses. La sécurité des patients et l’efficacité s’en trouvent renforcées de manière significative. Depuis l’introduction de ce système, les demandes de pharmaciens ou de médecins du fait d’ordonnances illisibles ont totalement cessé, souligne Hartel.

lise deux programmes car il numérise aussi les dossiers de ses patients. Le dossier électronique des médicaments contient toutes les données administratives des patients de même que l’historique des prescriptions. Lorsqu’il établit une ordonnance, Wettstein saisit le nom du médicament original et obtient automatiquement la liste des génériques autorisés avec leur prix. Une éventuelle incompatibilité des médicaments est également affichée. Le cardiologue transmet les ordonnances électroniques par Internet à la pharmacie « Zur Rose » qui envoie les colis directement aux patients. Tobias Wettstein reçoit une copie de chaque livraison effectuée. Pour les ordonnances renouvelables, la pharmacie envoie un message aux patients afin de leur rappeler la prochaine date de livraison. Les patients peuvent annuler l’envoi. Prescriptions documentées

La bonne lisibilité, le contrôle automatique de compatibilité et l’affichage des génériques sont quelques uns des avantages pratiques de l’ordonnance électronique. Mais il en existe un autre, à savoir « la documentation rigoureuse des médicaments prescrits, du médecin-prescripteur, de la date de prescription et de la posologie », affirme Wettstein. Si un patient est hospitalisé pour des effets indésirables dus à des médicaments, une vérification rapide permet de savoir si l’ordonnance est en cause. Car bon nombre de patients pratiquent l’automédication à l’insu des médecins et se font prescrire des médicaments par différents médecins - sans aucun contrôle de compatibilité. Les dossiers d’ordonnances électroniques, accessibles à tous les médecins, sont donc incontournables à l’avenir selon Tobias Wettstein. silvia schütz

Fattinger et al., Bulletin des médecins suisses, 1998 ; 79 :2615-8.

1

La commande est transmise directement de l’ordinateur à la pharmacie

Photo : Silvia Schütz

Le cardiologue Tobias Wettstein rédige des ordonnances électroniques depuis l’ouverture de son cabinet en 2006. Il uti-

Tobias Wettstein, spécialiste FMH en cardiologie et médecine interne, a ouvert son cabinet en 2006. Il travaillait auparavant en tant que cardiologue à l’hôpital Triemli à Zurich. Il établit des ordonnances et des dossiers de patients électroniques.

6 | Sous la loupe 6/10


Le dossier électronique du patient : l’information au cœur des soins

De nombreuses questions restent en suspens

Le dossier électronique du patient – aussi appelé dossier patient intégré (DPI) ou dossier médical électronique (DME) – rassemble en un seul support la documentation clinique, mais aussi des aides à la décision ou des alarmes sur les interactions médicamenteuses lors de la prescription. Il permet un partage rapide et complet de l’information clinique entre les professionnels en charge du patient (selon les droits d’accès) et facilite la lisibilité des écrits. De nombreux hôpitaux l’utilisent déjà, comme les hôpitaux universitaires de Genève. Quelque 2400 infirmiers, sages-femmes et responsables d’unités y ont été formés, de septembre à décembre 2009, pour assimiler les nouveautés du programme. Les cours ont été complétés d’un suivi pratique sur le terrain.1

Photo : Silvia Schütz

Le système de santé actuel est très fragmenté. Les lieux de soins et les intervenants autour du patient sont particulièrement nombreux. Conséquence : l’histoire médicale du patient est morcelée, ce qui entraîne des problèmes au niveau de la prise en charge médicale et administrative notamment. Donner une dimension intégrée à la trajectoire du patient, tel est le but du dossier électronique, projet central de la « Stratégie cybersanté suisse ».

Comme sur ce fleuve, tout ce qui est déposé peut être récupéré par tout un chacun à tout moment.

ment le médecin de famille sera-t-il rémunéré pour le travail supplémentaire de mise à jour des données ?

Un défi technique et juridique

Financement, coûts et utilité

Le dossier électronique constitue toutefois un défi technique, organisationnel et juridique. Il suppose en effet des standards techniques rendant le système compatible sur tout le territoire, des clefs assurant la confidentialité, une mise en réseau sûre etc. Mais il soulève aussi de nombreuses questions : qui est responsable des informations présentes sur le dossier ? Qui atteste de leur actualité, de leur exhaustivité et de leur véracité ? La fiabilité des données étant essentielle, les médecins estiment que l’entretien du contenu médical relève du devoir des médecins (de famille). Le patient doit avoir accès à ses données, sans pouvoir les modifier.2 Ce nouvel outil nécessite aussi un changement de paradigme dans le monde des soins : le dossier n’est plus seulement le dossier d’un service hospitalier ou d’un cabinet médical, il est le dossier du patient, un historique qui le suivra tout au long de sa vie. Les différents acteurs doivent donc être prêts à partager l’information.

santésuisse, elle, craint que les investissements coûteux dans les infrastructures, les frais d’exploitation récurrents, la sécurité des données, etc. ne fassent que renchérir les coûts de la santé, tant que les incitations à améliorer la productivité feront défaut. Elle s’oppose aussi à un report unilatéral des coûts sur les assureurs-maladie, voire sur les payeurs de primes. Les coûts supplémentaires doivent être pris en charge par les acteurs qui en retirent un bénéfice direct, notamment les fournisseurs de prestations qui peuvent organiser leurs tâches administratives plus efficacement et ainsi économiser des coûts. Si en théorie, le dossier électronique améliore la qualité et la chaîne des soins, les informations à disposition quant au bénéfice médical et économique du dossier électronique restent encore lacunaires.4

La réserve des médecins

Les médecins émettent cependant quelques réserves. Pour beaucoup, l’informatique se limite encore à un échange de courriels et à une recherche d’informations médicales. Seuls 2 % des médecins3 assurent un historique médical électronique de leur patient. Plusieurs raisons sont souvent invoquées pour justifier une telle réticence : le temps nécessaire pour mettre en place un tel processus, la crainte d’une altération de la relation patient-médecin, la protection, la sécurité et la perte des données et le rapport coûts/utilité peu avantageux. Le financement est aussi problématique : com-

maud hilaire schenker

1 COSTA, Giuseppe, « Dossier patient amélioré », dans Pulsations, journal gratuit des HUG, mai 2010, p4 2 BHEND, Heinz, « Cybersanté : combien et à quel prix ? », dans Primary Care, numéro 5, 2010, pp96-97 3 Status quo der IT-Infrastruktur und IT-Kompetenz in Schweizer Arztpraxen 2007, Verbindung der Schweizer Ärztinnen und Ärzte FMH/ Schweizerische Gesellschaft für Allgemeinmedizin SGAM 4 FITTERER, R et al. «Was ist der Nutzen von eHealth ?» Eine Studie zur Nutzenevaluation von eHealth in der Schweiz. Health Network Engeneering, Institut für Wirtschaftsinformatik, Hochschule St. Gallen.

7 | Sous la loupe 6/10


L’évolution du domaine de la santé nous conduit vers un patient responsable

« L’homme sera lié au réseau » Photo: màd.

le patient s’informera mieux grâce aux blogs, aux applications et aux groupes d’intérêts du monde entier. Ceux qui sont dépassés devront-ils s’offrir un chauffeur ?

Je crois qu’il faut se concentrer sur le citoyen majeur moyen. Les autres continueront à avoir besoin d’aide. L’argument « ils n’y arriveront pas » est à mon avis invoqué trop souvent et trop rapidement. Ceux « qui n’ont pas fait d’études » savent aussi parfaitement réserver leurs voyages et vacances en ligne. A l’avenir, nous devrons nous relier à un satellite nous garantissant 24 heures sur 24 les informations nécessaires ? Karin Frick Karin Frick est directrice du laboratoire d’idées de l’Institut Gottlieb Duttweiler et membre de sa direction. L’économiste étudie les tendances futures et les courants inverses touchant à l’économie, à la société et à la consommation.

L’homme est lié au réseau, peu importe qu’il s’agisse du téléphone mobile, du WLAN ou d’un satellite. Les interfaces font partie intégrante de son propre corps. Les personnes en surpoids se font rappeler automatiquement de descendre du bus une station avant l’arrivée. Les lentilles oculaires artificielles, les appareils acoustiques, les stimulateurs cardiaques – tout dépendra un jour du réseau. Et les SmartPhones sont-ils la meilleure interface ?

Les coûts de la santé augmentent. Il faudra donc automatiser une partie des prestations de l’assurance de base et se les procurer en libre service, prédit Karin Frick, chercheuse en matière de tendances futures à l’Institut Gottlieb Duttweiler.

Dans le domaine de la santé, vous voulez déléguer certaines prestations de service au patient.

Le patient est en mesure d’effectuer lui-même certains actes de routine. Nous avons besoin pour cela de la cybersanté et d’un patient majeur responsable de sa propre santé. Il s’annonce lui-même chez le médecin en cas de nécessité et gère son propre dossier. Dans quels domaines peut-on recourir à l’automatisation ?

Dans des domaines comme la gestion du diabète par exemple, le monitorage d’autres personnes ou l’observation de soimême, comme dans le cas fictif de Suzanne (p. 9). Certains malades chroniques tireraient grandement profit de la cybersanté. L’autogestion est renforcée par les moyens techniques. La logique qui prévaut est de soutenir le patient, sa famille et ses amis grâce à la technique. A l’avenir, le médecin s’appellera-t-il docteur E ?

Non, nous aurons toujours besoin de médecins pour les cas difficiles et aussi pour certaines formes de prévention. L’évolution dans le domaine de la santé ressemble à celle de l’automobile. En 1901, Gottlieb Daimler partait de l’idée qu’à l’échelle mondiale la demande en voitures ne dépasserait pas le million, par manque de chauffeurs – il ne pouvait pas concevoir que la plus grande partie de la population conduirait elle-même son véhicule. Le médecin a pour l’instant encore beaucoup d’autorité mais, avant de le consulter,

Les appareils offrant des applications pour les professionnels et pour les non initiés illustrent une évolution passionnante. En principe, les non initiés peuvent déjà poser eux-mêmes leur propre diagnostic. Les applications se diffusent rapidement par les échanges via les blogs de personnes provenant de tous les horizons. Le développement de nouvelles applications utiles est constant. Il existe déjà plus de 1000 applications pour les professionnels. Quel est le prochain pas vers l’autogestion ?

La question décisive est de savoir comment les informations circulent. Le flux patient-médecin-assureur n’aura plus rien de linéaire. Les réseaux sociaux présents sur Internet permettent déjà un échange entre les acteurs les plus divers. Le blogueur qui révèle publiquement son cancer fait une publicité extrême à sa maladie. Il reçoit rapidement des réponses d’autres malades souffrant de cancer. Sur la base de ces informations, il se décide pour un traitement. Quel sera le cyber-avenir des caisses-maladie ?

Les caisses-maladie et les médecins documenteront électroniquement le diagnostic, les valeurs, le traitement et le succès de celui-ci. Cette information fondée sur des preuves sera ensuite mise à disposition du public. S’agissant de maladies graves et complexes, il sera passionnant d’observer par exemple ce que les concepteurs de logiciels en feront et quelles solutions alternatives se développeront – des essais in silico ou sur son alter ego virtuel ? interview: silvia schütz

8 | Sous la loupe 6/10


Fiction 2020 : le quotidien de Suzanne dans le meilleur des mondes L’application « sleep cycle » a de nouveau fait son travail. Suzanne se réveille à l’heure idéale, 6h14, sur un air de sitar, sa musique personnelle synthétisée. Un coup d’œil sur l’iPhone montre que la puce implantée dans le bras a aussi fait son œuvre en stabilisant, par l’apport automatique d’insuline ou de glucose, le taux de glycémie à un niveau idéal. Impossible de faire mieux. C’est l’heure du premier café !

qu’elle se lève de table et se dirige lentement vers l’armoire, elle active via Icon son moniteur à distance : comment va la grandmère ? Suzanne contrôle comme chaque jour le détecteur de mouvements installé dans l’appartement de la vieille dame et le distributeur de pilules pour savoir si elle a pris tous ses médicaments dans le bon ordre. Le moniteur montre que tout est normal chez la grand-mère. Il est donc inutile d’alarmer les voisins.

@@@@

@@@@

Suzanne ayant omis de mettre la puce toxicologique sur « off », l’iPhone piaille à la première gorgée comme une volée d’oiseaux à l’apparition d’un chat. La puce dans la cavité buccale réagit à différentes substances toxicologiques. Suzanne fait immédiatement un prélèvement salivaire. Elle le portera ensuite avec la prise de sang effectuée par ses soins dans la boîte aux lettres de ­Medpro, avant d’aller au supermarché. Le bref regard jeté tous les matins sur l’iPhone est tout aussi routinier que le coup d’œil lancé dans le miroir avant de sortir. L’iPhone de Suzanne est son coach tout au long de la journée, il l’avertit, la conseille et la motive.

Pendant qu’elle travaille, Suzanne s’informe à intervalles réguliers de l’apparition de foyers de maladies contagieuses à proximité (application HealthMap). Elle s’assure en contrôlant les interactions entre médicaments (application Medscape) que les pilules commandées en ligne contre les maux d’estomac sont compatibles avec ses stimulants. Elle compare aussi régulièrement sa propre température à celle des Japonaises du même âge. Elle partage par ailleurs ses expériences en matière d’ulcère de l’estomac avec le reste du monde grâce à un blog créé à cet effet. Sa journée de travail se termine en fin d’après-midi par une bonne nouvelle : sa caisse-maladie lui verse un bonus en raison de ses bons taux de cholestérol et de glycémie, de son excellent bilan minéralogique, de son sommeil suffisant et d’une bonne activité physique (résultat de l’e-monitoring des assurés). Elle se sent des ailes pour préparer sa soirée. Alors qu’elle veut consulter encore une fois sa courbe du bonheur, l’écran devient tout noir – la batterie a rendu l’âme.

@@@@ Pendant qu’elle se rince la bouche par précaution et qu’elle pose un pansement sur la canule implantée pour faciliter ses prises de sang, les prévisions pour les personnes sensibles au temps arrivent. Elles confirment son sentiment que la journée sera bonne, sans nervosité ou maux de tête. Inutile donc de reporter ses réunions. La connexion en ligne avec sa courbe du bonheur, que Suzanne alimente depuis des mois en introduisant heure par heure dans une banque de donnée son état d’humeur, lui signifie quelques instants plus tard l’heure optimale pour son rendez-vous du soir : 20h35. La seule chose qui la préoccupe est son calendrier des menstruations : il la met en garde contre une « attaque de boulimie » vers le soir. Suzanne inscrit dans le calendrier : 19h00, biofeedback (interaction « corps-esprit ») contre la fringale. @@@@

@@@@ Le rendez-vous du soir sera désastreux. Au lieu de mener la discussion selon la banque de données, Suzanne se fie à sa mémoire. Après la phrase « je veux un homme pour la vie, me marier rapidement et avoir des enfants », son partenaire prend le large en vitesse. Ce n’est pas grave, l’alarme sonnant dans la poche de son pantalon suite à son départ précipité trahit le fait qu’il a un stimulateur cardiaque.* silvia schütz

Dessin : Marc Roulin

« Levez-vous, allez, bougez ! », ordonne l’écran en clignotant. Cette annonce s’affiche quand son pouls est trop faible. Pendant

* Les informations sur les applications et les scénarios sont inspirés d’un entretien avec Karin Frick, de l’Institut Gottlieb Duttweiler.

9 | Sous la loupe 6/10


Photos : màd.

Le potentiel d’économie est énorme

La consultation télémédicale ménage les ressources L’objectif de la consultation télémédicale, aujourd’hui largement répandue en Suisse, consiste à orienter le patient sur le bon traitement au bon moment et au bon endroit. Cela permet d’épargner les ressources de toutes les parties prenantes.

Les troubles pour lesquels les gens appellent chez Medi24 ne nécessitent généralement pas de consultation immédiate chez un médecin.

Les trois quarts environ de la population suisse ont accès gratuitement, 24 heures sur 24, aux conseils médicaux de centres de télémédecine grâce à un moyen de communication simple, le téléphone. Peu de pays d’Europe occidentale disposent d’une offre comparable. À l’étranger, on cherche à se renseigner et on souhaite profiter de nos expériences.

s’agit au fond de restituer aux gens leur compétence en matière de santé, par exemple quant à l’utilisation et à l’effet de remèdes de famille. Cela renforce également la responsabilité individuelle.

L’urgence est mal évaluée par 70 % des gens

Pas de confiance et d’acceptation sans sécurité

Des études montrent que 70 % des citoyens évaluent mal l’urgence de leur problème médical. Beaucoup de gens consultent un médecin alors que ce ne serait pas nécessaire du point de vue médical. La fièvre, les questions sur des médicaments, la toux, les maux de gorge ou de ventre comptent parmi les causes les plus fréquentes des appels à Medi24. Or ces cas ne nécessitent généralement pas une visite médicale immédiate. Il y a là un potentiel d’économie considérable : en effet, une consultation médicale coûte 150 francs et une visite aux urgences 500 francs.

La sécurité nécessite des normes de qualité. Pour les centres de téléconsultations médicales, le code de déontologie de la FMH exige l’indépendance du conseil, une documentation et une protection des données sans faille (secret médical), un personnel médical qualifié et des processus standardisés. Des normes établies depuis longtemps déjà dans les centres de télémédecine opérant en Suisse tels que Medi24.

Déterminer l’urgence et non poser un diagnostic

Le conseil médical par téléphone ne remplace pas une visite médicale indiquée. Il consiste à établir l’état de santé de l’appelant, l’urgence d’une visite médicale et la marche à suivre, ceci sur la base d’une interview structurée, assistée par ordinateur, et des connaissances d’un professionnel de la santé. Aucun diagnostic n’est posé. Dans les deux tiers des cas, Medi24 peut recommander une automédication. Il

Dr méd. Andrea Vincenzo Braga, médecin-chef et membre de la direction de Medi24.

Doté du statut de cabinet médical, Medi24 est le pionnier suisse de la télémédecine avec plus de dix ans d’expérience et plus de 1,5 million de consultations télémédicales à son actif. Plus de deux millions de gens ont accès à Medi24 via des assureurs-maladie et des réseaux de médecins. L’entreprise traite jusqu’à plus de 3000 consultations par jour ; en 2009, elle en a donné 400 000. Son équipe interdisciplinaire composée de médecins spécialistes et de conseillers médicaux diplômés fournit des prestations fondées sur des critères éthiques et médicaux 24 heures sur 24 en D/F/I/E. Medi24 est reconnue par la FMH comme établissement de formation. L’entreprise a son siège à Berne et occupe une centaine de personnes.

Société des 24 heures

Nous évoluons vers une société qui fonctionne 24 heures sur 24. La disponibilité des services médicaux ne fait pas exception. Un petit enfant fiévreux ne respecte ni les horaires du cabinet du médecin ni le sommeil de sa mère (alors dépassée par les événements). Un appel à un centre de téléconsultations médicales desservi en permanence permet d’éviter une visite au service d’urgence au milieu de la nuit. Avantages incontestés dans les RSI

Le Conseil national a approuvé l’introduction de réseaux de soins intégrés (RSI). Plus des deux tiers d’un panel de 350 professionnels du secteur suisse de la santé estiment que la télémédecine est extrêmement utile dans le cadre des RSI. Cette claire majorité s’est dégagée lors d’une manifestation sur le thème du Managed Care, peu après les délibérations du Conseil national. Nouvelles perspectives inspirées par le gatekeeping

De nombreuses initiatives des autorités, des hôpitaux ou des réseaux de médecins tendent à établir un gatekeeping. Toutes visent à orienter les patients le plus rapidement possible afin qu’ils puissent être traités au bon endroit et au bon moment. Des telles offres faciles d’accès permettent de tenir compte des besoins liés à l’évolution sociale et démographique. La télémédecine répond donc fort bien aux réalités actuelles. dr.med. andrea vincenzo braga

10 | Sous la loupe 6/10


Trouver des informations de santé correctes est plus simple que de les interpréter

Santé en ligne : à consulter avec modération Quels que soient les symptômes saisis sur le moteur de recherches, le terme de cancer apparaît tôt ou tard. Le patient ne sait pas démêler le vrai du faux, il est dépassé par le flot d’informations diffusé sur la Toile. Lorsque le patient trouve des contenus sérieux, il ne les comprend pas et ne peut rien en faire. Nous avons voulu vérifier la justesse de ces affirmations en demandant à une grandmère de surfer pour infosantésuisse.

A 76 ans, Danielle Martin dispose d’un accès Internet depuis huit ans pour échanger des courriels avec son petit-fils qui vit en Australie. Pour infosantesuisse, notre « enquêtrice » a cherché un « bon site » sur les douleurs abdominales. Elle ne connaît aucun portail de santé, elle lance donc une simple recherche sur Google (« c’est mon petit-fils qui m’a donné ce tuyau ») en tapant le mot-clé « mal de ventre ». Les trois premiers sites qui s’affichent sont doctissimo.fr, creapharma.ch, eurekasante.fr. Elle clique sur la première page. Mais la présentation confuse ne la satisfait pas. Elle se rend alors sur le second site. Danielle Martin a toute confiance, le site indique clairement le nom de tous les médecins et pharmaciens ayant collaboré à la rédaction des articles. L’émetteur le contenu et la présentation des informations finissent de la convaincre. Elle n’avait jamais entendu parler auparavant de ce site et ne l’aurait jamais visité de sa propre initiative. Mais elle trouve les contenus de bonne qualité et apprécie la présentation. eurekasante.fr est le seul site certifié HON. Les certificats HON (www.hon.ch), le principal label de qualité pour les sites dédiés à la santé, sont censés aider les utilisateurs à distinguer le « bon grain de l’ivraie » parmi l’offre en ligne pléthorique. Mais malgré leur indéniable utilité, les certificats ne remplacent pas le bon sens. Les labels de qualité et les éva-

luateurs de site sont légion (Discern et Omni (UK), HON (CH), URAC (US), NetScoring (F), etc.). Ces labels sont décernés à certaines échéances. Rien ne permet donc de savoir comment un site a évolué depuis sa certification. Il n’en reste pas moins que sur ces pages certifiées, l’utilisateur trouvera un certain nombre d’informations (financement, exactitude médicale des contenus, etc.) qui doivent être fournies et publiées pour obtenir un certificat HON. Sur la base des informations trouvées, Danielle Martin déclare qu’elle observera quand, où et à quelle fréquence les douleurs surviennent, et qu’elle sera attentive à la couleur de ses selles. « Mais si mes maux de ventre persistent, je consulterai mon médecin », finit-elle par conclure. Où les Suisses recherchent-ils des informations sur la santé ?

Selon les données de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich, 25 % des Suisses se procurent des informations sur la santé essentiellement dans les journaux et les revues, 20 % auprès de leur médecin de famille et 15 % sur Internet et dans leur entourage. La télévision et la radio suivent juste après. Le site le plus plébiscité en matière de santé est Wikipédia, de même que les sites qui évaluent les fournisseurs de prestations. Plus de 70 % des internautes et tout autant de « consommateurs des médias » comprennent bien ou relativement bien les informations sur la santé trouvées sur le Net. L’Internet ne peut se substituer à un médecin

Reste à savoir dans quelle mesure les informations trouvées permettent de résoudre un problème de santé. « Dans bien des cas, le patient ne sait que faire de ces informations », explique Grazia Siliberti de Medi24, le pionnier suisse de la télémédecine. Selon elle, le risque est grand qu’en saisissant des symptômes anodins, on tombe sur des maladies mortelles, ce qui peut engendrer des peurs et des inquiétudes inutiles. « Un patient qui surfe sur le Web n’est pas un médecin, il ne peut interpréter correctement les résultats trouvés par rapport à ses symptômes », affirme Grazia Siliberti. En revanche, ils stimulent l’imagination. A chaque fois qu’une émission sur la santé est diffusée, Medi24 reçoit nettement plus d’appels sur les sujets traités lors de ladite émission. Les internautes doivent savoir que tout symptôme n’est pas synonyme de maladie grave ou mortelle et que seul le médecin est habilité à poser un diagnostic fiable, sur la base d’un examen clinique et de résultats de laboratoires. silvia schütz

Surfer sur le Net peut se révéler stressant pour les cybercondriaques. Le mot « cancer » surgit souvent au détour des sites médicaux.

11 | Sous la loupe 6/10


Graphique du mois

En Europe, la Suisse est un désert en matière de cybersanté En Suisse, les médecins de famille recourent plus fréquemment qu’en moyenne européenne à la gestion électronique des données administratives des patients. La transmission de ces données aux répondants des coûts et aux autres organismes payeurs est également supérieure à la moyenne de l’UE. Mais pour tout ce qui va au-delà de la gestion administrative, les médecins de famille font piètre figure, comme le montre de manière probante le présent graphique.1

L’avance du Danemark (rouge foncé) sur l’UE et la Suisse est frappante. La prescription d’ordonnances électroniques, la transmission des données de laboratoire au cabinet médical, l’enregistrement des données médicales du patient, l’utilisation de l’ordinateur pendant les consultations font partie du quotidien des médecins de l’ensemble du territoire danois. Si le Danemark est le pays modèle par excellence, c’est qu’il a su, dès 1996, mettre en œuvre efficacement sa stratégie en matière de dossier électronique du patient. La Suisse, état fédéraliste, caractérisé par la répartition des pouvoirs entre la Confédération et les cantons, offre des conditions moins homogènes que le Danemark. La relative méconnaissance de la « Stratégie Cybersanté (eHealth) Suisse », notamment au sein du corps médical, explique aussi le retard de la Suisse. Selon les résultats du baromètre Swiss eHealth2, les bases légales sont également insuffisantes et la coordination laisse à désirer. Quelques applications particulières du domaine de la cybersanté sont en revanche utilisées quotidiennement depuis longtemps en Suisse, mais l’analyse individuelle du rapport coût/bénéfice dicte largement la décision de les adopter ou non.

Peu d’échange de données au-delà de son propre pré carré

Par ailleurs, le graphique montre que si dans l’eldorado scandinave de la cybersanté, les données médicales des patients sont assez souvent transmises à d’autres fournisseurs de prestations, l’UE et la Suisse font preuve de plus de retenue. Le malaise est manifeste dès que les données quittent la sphère de l’organisation professionnelle concernée. Selon le baromètre Swiss eHealth, les médecins font peu confiance aux autres partenaires du système de santé, en dehors des membres affiliés à leur organisation, la FMH. Il n’est donc pas étonnant que la coordination entre le corps médical, les assurances-maladie et les autorités sanitaires soit rare. silvia schütz

C’est ce que montre l’enquête sur la cybersanté en Europe réalisée par la Commission Européenne, complétée par les données de la Société Suisse de médecine générale (SSMG), extrait de : Gesundheitswesen Schweiz 2010-2012, p. 49 ss. (Système de santé suisse 2010-2012, en cours de traduction) 2 Le premier baromètre Swiss eHealth a été élaboré sur mandat des InfoSocietyDays à l’Institut de recherche GFS à Berne et présenté au public en mars 2010. 1

L’ORDINATEUR AU CABINET MÉDICAL MEMORISATION DES DONNEES ADMINISTRATIVES DES PATIENTS ORDONNANCE ELECTRONIQUE

TRANSMISSION DES DONNEES MEDICALES DES PATIENTS AUX AUTRES FOURNISSEURS DE PRESTATIONS

MEMORISATION DES DONNEES MEDICALES DES PATIENTS

UTILISATION DE L’ORDINATEUR PENDANT LA CONSULTATION

TRANSMISSION DES DONNEES DE LABORATOIRE DU LABORATOIRE AU CABINET MEDICAL

La Suisse est très en retard en matière de eHealth, comparée à ses voisins européens.

UTILISATION D’UN SYSTEME SPECIALISE

TRANSMISSION DES DONNEES ADMINISTRATIVES DES PATIENTS (AUX REPONDANTS DES COUTS OU AUX AUTRES FOURNISSEURS DE PRESTATIONS) DANEMARK MOYENNE DES 27 PAYS MEMBRES DE L’UE SUISSE (SELON UN SONDAGE FMH/SGAM)

SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE / SGAM. EXTRAIT DE SYSTEME DE SANTE SUISSE 2010-2012, P.55. SURVOL DE LA SITUATION ACTUELLE

12 | Domaine de la santé 6/10


Trois questions à Aida Müller, responsable de la protection des données chez SASIS SA

« Renforcer la confiance des clients »

Dans quelle mesure ces labels de qualité garantissent-ils la protection des données des clients ?

La Loi sur la protection des données (LPD) prévoit la possibilité de certifier des entreprises ou des produits. Pour obtenir cette certification, la politique en matière de protection des données de l’entreprise doit être formulée et documentée par écrit. Cela englobe notamment la documentation écrite et vérifiable des objectifs, des directives ainsi que des mesures organisationnelles et techniques visant à garantir la sécurité des données. Il s’agit donc d’un système de gestion complexe, avec des règles et des obligations claires, qui doit être conforme à la protection des données et supérieur aux prescriptions légales minimales en vigueur. L’entreprise s’engage formellement à respec-

ter toutes les prescriptions et fait régulièrement contrôler et valider par des organismes indépendants son observation desdites prescriptions.

Photo : màd.

La loi révisée sur la protection des données est entrée en vigueur le 1er janvier 2008. Récemment, SASIS SA a été la première organisation suisse à avoir obtenu la certification officielle en matière de protection des données selon l’OLPD. Aida Müller est responsable de la sécurité des informations et de la protection des données chez SASIS SA. Elle explique l’importance de ce certificat (ou de tout autre certificat équivalent) pour les clients et l’entreprise.

Quelle est la valeur d’un tel certificat ?

La certification en matière de protection des données sert avant tout à renforcer la confiance des clients et à rendre transparente l’organisation de la gestion des données. Plus les données traitées sont sensibles et plus leur transmission par des moyens électroniques est facile, plus la confiance des clients est importante. En l’espèce, la certification s’applique au traitement et à la diffusion des données de la carte d’assuré de santésuisse (CADA). Certes, les données traitées et imprimées sur la carte d’assurance-maladie suisse (LAMal), comme les informations personnelles, les numéros d’AVS et de la carte, ne sont pas des données très sensibles. Mais si la carte d’assuré devait permettre d’accéder au dossier des patients, une telle certification s’imposerait. Elle signifie que l’entreprise respecte toutes les mesures de sécurité et garantit la fiabilité, la documentation et la mise en œuvre des processus correspondants. Le système de gestion de la protection des données joue un rôle décisif à cet égard car la transparence des processus internes et externes est indispensable pour détecter à temps les non-conformités et les éliminer. A quels défis sont confrontés les responsables de la protection des données au sein de l’entreprise ?

Le (ou la) responsable de la protection des données de l’entreprise doit occuper un poste très autonome au sein de cette dernière et dépend directement, en règle générale, du directeur. Soutenir les responsables hiérarchiques de sa

Aida Müller : « La protection des données gagne en importance car les outils électroniques permettent de transmettre les données personnelles de plus en plus facilement ».

société en les conseillant sur des questions relatives à la protection et au traitement des données fait partie de ses principales tâches. Il doit également s’assurer que les dispositions en matière de protection des données sont respectées. Il assure donc une fonction de surveillance et doit pouvoir à tout moment consulter les bases de données et les traitements de données existants. Le responsable de la protection des données n’a toutefois pas de pouvoir de décision et ne peut pas imposer, à lui seul, des directives relatives à la protection des données. Il doit soumettre à la direction des propositions de correction indispensables afin que celleci puisse décider de mesures de mise en œuvre appropriées. Interview : silvia schütz

13 | Domaine de la santé 6/10


Rapport d’activité 2009 de l’Ombudsman de l’assurance-maladie : il montre là où le bât blesse

Les primes élevées sont source d’inquiétudes

Les 5523 cas soumis à l’Ombudsman concernent avant tout le changement d’assureur (conclusion d’une assurance, résiliation) et les primes. En revanche, les demandes relatives aux prestations n’ont que faiblement augmenté. La conjonction de la crise économique et de la croissance des coûts de la santé a causé aux assurés et aux assureurs des problèmes importants durant l’année sous revue. Selon l’Ombudsman, les caisses ont réagi à la hausse des coûts en durcissant les contrôles lors du remboursement des prestations ; et elles ont souvent répondu négativement aux demandes des assurés, alors qu’il aurait été indiqué de se montrer conciliantes. L’exaspération des assurés face à la forte augmentation des primes est compréhensible. On conçoit dès lors qu’ils se soient montrés plus agressifs et aient adressé des critiques souvent peu objectives à leur assureur. Il est même arrivé, peut-on lire dans le rapport, que les collaborateurs de l’Ombudsman aient été vertement pris à partie, voire menacés. C’est ainsi qu’avant même d’exposer son problème, une assurée a, dans son courriel, attiré l’attention de l’Ombudsman sur l’art. 11 du code pénal, qui punit toute personne restant inactive, alors qu’elle a l’obligation d’agir. Pour l’Ombudsman, le climat d’insécurité né de la crise financière et économique explique l’agressivité de certains assurés. D’autres personnes lui ont aussi

notifié qu’au vu des milliards engagés dans le sauvetage des banques, le modeste payeur de primes d’assurancemaladie avait bien le droit d’être soutenu à son tour.

Les assureurs-maladie ont aussi contribué au climat d’insécurité, écrit l’Ombudsman, en annonçant à très court terme une augmentation des primes en cours d’année et en omettant de mentionner le droit des assurés de résilier leur contrat. Cette situation a provoqué un flot de questions. De telles hausses de primes en cours d’année, approuvées par l’autorité de surveillance, sont parfaitement légales. Contrairement à la croyance générale, les hausses de primes ne sont pas seulement possibles en fin d’année.

contrat d’assurance, l’assureur répond des fautes de ses intermédiaires. Mais quand peut-on parler de « ses » intermédiaires ? La situation est claire s’il s’agit d’employés de l’assureur. Il n’en va pas de même des intermédiaires qui travaillent pour plusieurs assureurs et négocient des contrats au gré des situations et des incitations financières. Dans ces cas, la situation semble plus « complexe », même après consultation de l’autorité de surveillance des marchés financiers, la FINMA. Le Bureau de l’Ombudsman n’est donc pas en mesure de déterminer dans chaque cas concret si l’assureur est responsable ou non. Il existe malheureusement des agences de courtage qui forment à peine leurs intermédiaires et se soucient peu de leurs aptitudes. C’est ce que révèlent en tous les cas les témoignages des assurés relatant le déroulement des entretiens.

Intermédiaires peu sérieux

Collaboration avec les moutons noirs

L’Ombudsman a été particulièrement assailli de réclamations au dernier trimestre 2009, au moment des changements d’assureur. La plupart des critiques ont porté sur les agissements des intermédiaires. Selon le droit du

Les conseils erronés sont légion et certains intermédiaires vont par exemple jusqu’à prétendre que les formules d’offre ne lient pas ceux qui les ont signées et qu’elles sont révocables en tout temps, ce qui est faux. Bien entendu,

Augmentation des primes en cours d’année

Photo : Prisma

Au cours de l’exercice 2009, 5523 personnes cherchant conseils se sont adressées à l’Ombudsman, soit 15 % de plus qu’en 2008. Rudolf Luginbühl, Ombudsman de l’Office de médiation, attribue cette forte augmentation aux hausses de primes supérieures à la moyenne fin 2009 ainsi qu’à une présence accrue de l’assurance-maladie dans le débat public.

Quelques moutons noirs suffisent à ternir la réputation de tout un troupeau. Les courtiers peu scrupuleux en sont un exemple.

14 | Domaine de la santé 6/10


8000 7000 6140 6000

5574

5231

6071

5481

5431

5145

5000

4775

5087

5523 4815

4000 3000 2000 1000 0

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

comme le souligne l’Ombudsman, il ne s’agit nullement de condamner tous les intermédiaires et de discréditer l’ensemble de la branche. Néanmoins, il est préoccupant que des caisses-maladie recourent toujours aux services d’une minorité d’intermédiaires incompétents. La question des intermédiaires offre aussi l’occasion d’éclaircir les relations entre les assureurs et l’Ombudsman. Délais à respecter !

Celui qui veut changer d’assureur doit envoyer sa résiliation dans les temps. Après la communication de la nouvelle prime (vers la fin de l’année), l’assuré a encore un mois pour le faire. Nombreux sont les assurés qui ne comprennent pas pourquoi ce n’est pas le cachet de la poste qui fait foi, mais le moment où la lettre de résiliation est arrivée dans la sphère d’influence de l’assureur. Ils croient à tort qu’il suffit d’envoyer la lettre de résiliation le dernier jour avant l’expiration du délai. Il n’est pas rare qu’un envoi recommandé avec le numéro de la rue, mais sans le numéro de case postale, soit délivré un jour plus tard si l’assureur ne reçoit ses recommandés que dans sa case postale. Il importe donc de ne pas résilier une assurance au dernier moment. Une petite équipe pour une grosse masse de travail

Les cas par langue se répartissent comme suit : 4453 entrées en allemand

2006

2007

2008

2009

SOURCE: FONDATION OMBUDSMAN DE L'ASSURANCE-MALADIE

EVOLUTION DES RECLAMATIONS 1999 − 2009

De nombreux assurés se sont dits choqués que des deniers publics aient été utilisés pour renflouer les banques alors que rien n’est fait pour les « petits payeurs de primes ».

(2008 :3891), 909 en français (2008 :794) et 139 en italien (2008 :130). Les dossiers encore pendants vers la fin de l’année étaient un peu plus nombreux que d’habitude (278 cas). Mais grâce à l’effort accompli pendant la période des fêtes, bien peu n’avaient pas encore été abordés au début de 2010. Le secrétariat, dirigé par Rudolf Luginbühl, dispose de deux collaboratrices juridiques, d’un expert en assurance-maladie et d’un secrétaire. La dotation en personnel, qui comprend 4,5 postes, et la composition de l’équipe sont stables depuis assez longtemps. L’équipe relativement petite a ainsi été en mesure de maîtriser un afflux croissant de demandes. Il ne faut pas s’attendre à ce que le nombre de cas diminue en 2010. Le rapport annuel traite aussi deux thèmes spécifiques : dans le chapitre « Prestations de soins », on apprend que les frais de transport et de sauvetage font partie des thèmes récurrents du Bureau de l’ombudsman. Quant au chapitre « Indemnités journalières », il décrit les problèmes engendrés par le transfert de l’assurance collective d’indemnités journalières vers l’assurance individuelle. Les deux chapitres sont d’un grand intérêt, tant pour les assurés que pour les employés des caisses.

fondation et au règlement y afférent. Trop souvent, les assurés le considèrent soit comme un avocat gratuit auquel ils peuvent donner des instructions, soit comme une juridiction dont la saisie interrompt les délais en cours. L’Ombudsman n’est pas non plus une autorité de surveillance des assureursmaladie. Sa mission réside dans la médiation, ce qui présuppose la confiance de l’assuré et de l’assureur. Aussi ne porte-il aucun jugement de valeur sur les institutions de l’assurance-maladie. Afin que l’Ombudsman puisse exercer sa médiation dans des litiges concrets, il est indispensable de lui adresser des copies de tout le dossier. Ainsi, il peut d’emblée saisir la situation. Joseph Ziegler

La Fondation « Ombudsman de l’assurancemaladie » créée par santésuisse est active depuis 1993. Rudolf Gilli, ancien directeur de la Concordia, en est le président actuel. Le secrétariat est dirigé par Rudolf Lüginbühl, Ombudsman de l’Office de médiation. La Fondation a changé de nom en 2008 (elle s’appelait auparavant « Ombudsman de l’assurance-maladie sociale »). La suppression du mot « social » indique clairement que l’Ombudsman s’occupe aussi des problèmes liés aux assurancesmaladie complémentaires. Adresse : Ombudsman de l’assurance-maladie Morgartenstrasse 9, 6003 Lucerne Tél. allemand : 041 226 10 10 Tél. français : 041 226 10 11 Tél. italien : 041 226 10 12 Renseignements : Du lundi au vendredi De 09h00 à 11h30 Fax : 041 226 10 13 info@om-am.ch www.ombudsman-am.ch

L’ombudsman n’est pas un avocat gratuit

Dans son rapport annuel, l’Ombudsman rappelle les principes qui régissent son activité, conformément à l’acte de

15 | Domaine de la santé 6/10


Photos : Gregor Patorski

L’attention des délégués est grande durant l’assemblée. Les journalistes s’entretiennent avec le Président Claude Ruey au point de presse.

Assemblée générale 2010 de santésuisse à Berne

Les propos sans équivoque du président L’assemblée générale 2010 de santésuisse a été marquée par un discours fort du président. Ses propos visaient, dans leur ensemble, à démontrer les conséquences désastreuses d’une caisse unique. Le président Claude Ruey a fustigé, lors de la partie publique de l’assemblée, les démagogues aveugles cherchant à orienter les débats sur de faux problèmes. Dans la seconde partie de l’assemblée ouverte au public, Peter Rowohlt et Joanne Marcotte ont présenté deux systèmes de santé différents en vigueur en Allemagne et au Québec. La comparaison a clairement fait ressortir les avantages d’un système mixte privé-public par rapport à un système étatisé.

Dans son allocution d’ouverture, Claude Ruey, président de santésuisse, s’est montré très offensif. Il a estimé que ceux qui lancent ou relancent ici et là l’idée d’une caisse unique font non seulement preuve de démagogie, mais d’aveuglement en restant prisonniers de l’idéologie étatiste : une caisse unique permettrait, en admettant qu’elle y parvienne, d’économiser au maximum 8‰ du montant global des dépenses de santé de notre pays. En agissant ainsi, les démagogues focalisent le débat sur de faux problèmes : « Quand on lui montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt ! ». Le président a parfois l’impression, notamment en ce qui concerne la réforme des soins intégrés, que dans notre pays les majorités ne sont réu-

nies que pour bloquer un projet : «  Des médecins qui n’ont encore jamais entendu parler de soins intégrés m’expliquent pourquoi il ne faut pas les introduire ». Il faut laisser l’idéologie au vestiaire, sortir des querelles politiques et créer un climat de confiance. Et pour sortir des idéologies, il faut oser voir les réalités en face, les aborder sans préjugés, ni œillères ; c’est précisément ce que veulent les assureurs de santésuisse. « Oui à l’unité, non à la caisse unique »

Pascal Strupler, nouveau directeur de l’Office fédéral de la santé publique, a saisi la balle au bond et n’a pas mâché ses mots en s’adressant aux assureurs réunis en assemblée générale : les caisses-maladie affiliées, qui composent le groupe d’une société d’assurance, portent durablement préjudice au système de santé. Mais lui aussi « préfère l’unité parmi les caisses à la caisse unique ». Cette déclaration a été suivie d’un long applaudissement. Lors de la partie statutaire de l’assemblée, le rapport annuel et les comptes ont été approuvés à l’unanimité. Les délégués ont également élu à l’unanimité Claude Ruey à la présidence pour la période administrative 2010-2012. Le Conseil d’administration a été reconduit avec deux nouveaux membres, M. Pius Gyger d’Helsana, succédant à M. Manfred Manser, et M. Marc-Olivier Buffat de la Supra, succédant à M. Charles Barbey. Les deux membres sortants ont été chaleureusement remerciés pour les précieux services rendus.

Comparaison de deux systèmes

La seconde partie publique de l’assemblée générale était consacrée aux coûts hospitaliers, le segment de coûts le plus lourd des dépenses de santé ; ils représentent en effet 40 % des coûts à la charge de l’assurance de base. Aussi santésuisse a-t-elle voulu voir ce qui se passe au-delà de nos frontières. Elle a ainsi invité deux orateurs de deux pays différents pour parler des expériences faites dans leur système de santé respectif. Peter Rowohlt, collaborateur auprès de l’assureur-maladie DAK Hambourg, a présenté dans un style rhétorique raffiné les avantages du secteur hospitalier organisé en Allemagne selon les principes de l’économie de marché. Joanne Marcotte, vice-présidente du Groupe de travail sur le financement du système de santé québécois, a montré à quel point le système de santé étatique québécois a conduit au rationnement et à des listes d’attente mettant en danger la santé, voire la vie des patients. En résumant les deux exposés, Claude Ruey a tiré les conclusions qui s’imposent pour la Suisse : l’analyse concrète des réalités démontre qu’un système de santé mixte où cohabitent secteur public et secteur privé se révèle plus souple qu’un système purement étatique. Dans le cadre du dialogue ouvert par le chef du Département fédéral de l’intérieur, les assureurs sont prêts à chercher des solutions réalistes. Gregor Patorski

16 | Domaine de la santé 6/10


Forum Managed Care du 17 juin 2010 à Zurich : 20 ans déjà !

Soins gérés : les attentes pour optimiser le modèle Le 17 juin 2010 se tenait à Zurich le Forum « 20 ans de Managed Care – l’intégration maintenant plus que jamais ». A l’occasion du jubilé, les différents orateurs ont exposé les améliorations, susceptibles de faire du Managed Care une norme de qualité suisse.

En 1990, le premier HMO de Suisse était fondé à Zurich, sous une pluie de critiques. Vingt ans plus tard, les soins gérés sont bien implantés en Suisse : en 2009, environ 900 000 personnes, soit un assuré sur huit ou neuf, étaient assurées dans l’un des 88 réseaux de médecins répartis dans toute la Suisse. Presque 50  % des fournisseurs de soins médicaux sont regroupés dans des réseaux et les trois quarts d’entre eux gèrent un budget dont ils assument la responsabilité. Quelles sont maintenant les attentes pour le futur ? Un rôle central pour les médecins de famille modernes

Une action commune pour plus d’efficience et de qualité

Nicolai Dittli, CEO de la Concordia, a poursuivi en appelant tous les acteurs à agir pour gagner en efficience et en qualité. Pour les fournisseurs de prestations, les priorités doivent être la qualité et la transparence sur toute la chaîne thérapeutique, des soins orientés sur les résultats, la réduction des traitements inutiles, une responsabilité financière claire et le travail d’équipe. Les assureurs devraient quant à eux se démarquer de leurs concurrents en proposant des offres de Managed Care variées et de qualité, à l’attention notamment des malades chroniques. Les patients, eux, devraient cesser de penser que la quantité de soins est un gage de qualité, prendre davantage de responsabilité individuelle et ne plus se précipiter

chez un spécialiste ou à l’hôpital (sauf en cas d’urgence). Mais la réussite des soins gérés repose avant tout sur la liberté de contracter. Personne ne doit être obligé de souscrire ou de fournir un modèle de soins gérés : seules priment la motivation et la bonne volonté de chacun. Promotion et coordination verticale

Didier Burkhalter a clos cette matinée. Selon lui, promouvoir les soins gérés et développer la coordination verticale des fournisseurs de prestations sont les clefs du succès. Malgré les nombreuses questions en suspens, le Conseiller fédéral s’est dit confiant. Il s’est notamment prononcé en faveur de la révision partielle de la LAMal en cours qui, selon lui, définit des règles claires tout en laissant une marge de manœuvre aux différents acteurs. Il a toutefois rappelé que les soins intégrés ne sont pas une panacée susceptible de résoudre tous les problèmes du système de santé, mais que ce modèle améliorera la qualité et l’économicité des soins médicaux dans le domaine ambulatoire. Tous les acteurs sont ainsi invités à œuvrer pour que, d’ici 2015, 60 % des assurés adhèrent à un réseau de soins intégrés. Le Conseiller fédéral, optimiste, a proposé d’intituler un futur symposium « 30 ans de Managed care – intégration réussie et couronnée de succès ! » maud hilaire schenker

Photos : màd.

Le Dr Kurt Kaspar d’argomed a ouvert la journée en exposant les problèmes liés au « pilotage » des offres de Managed Care, qui voit l’intervention à tous les niveaux de l’Etat. Selon lui, l’Etat devrait donner les conditions-cadres, tandis que les assureurs et les réseaux de Managed Care collaboreraient pour guider les patients et les autres fournisseurs de prestations. Le médecin de fa-

mille moderne ou Care Manager aurait ainsi un rôle central : il aiderait le patient à choisir un nouveau contrat d’assurance-maladie adapté à ses besoins, il le guiderait dans la jungle des offres de prestations, et surtout il serait celui qui gère tous les problèmes concomitants du patient. Le médecin de famille moderne serait le ciment qui soude les chaînons morcelés du traitement. Le Dr Kurt Kaspar a conclu en vantant les avantages du réseau de médecins : un travail plus attractif, une meilleure répartition du temps de travail, une meilleure rémunération et une qualité plus élevée.

Trois intervenants en plein discours : le Dr Kurt Kaspar, le Conseiller fédéral Didier Burkhalter et Nikolai Dittli, CEO de la Concordia.

17 | Domaine de la santé 6/10


Pour dissiper les doutes, la qualité sera mesurée avant et après l’introduction des SwissDRG

Photo : Keystone

Forfaits par cas et qualité vont de pair

A l’heure actuelle déjà, plus de la moitié des prestations hospitalières stationnaires est facturée par le biais du système APDRG. Les assureursaccidents appliquent aussi depuis longtemps déjà les forfaits nationaux DRG.

L’introduction imminente des forfaits par cas liés au diagnostic suscite de vives inquiétudes : « couverture médicale insuffisante », « sorties d’hôpital prématurées », « baisse de la qualité » etc. Toutefois, l’exemple de l’Allemagne – et de certaines régions de Suisse – prouve que ces craintes sont sans fondement.

Aucune étude n’a révélé une éventuelle baisse de la qualité après l’entrée en vigueur du système G-DRG en Allemagne. Au contraire, l’amélioration de la comparabilité et de la transparence des mesures de qualité dynamise la concurrence, à moyen terme, au niveau de la qualité. Par ailleurs, la concentration économique inéluctable des hôpitaux sur quelques domaines débouche sur une spécialisation et une augmentation du nombre de cas traités. Un système similaire est déjà opérationnel en Suisse : à l’heure actuelle, plus de la moitié des prestations hospitalières stationnaires est déjà facturée par le biais du système APDRG, notamment en Suisse romande et en Suisse centrale. Berne et d’autres cantons appliquent le système DRG sur tout leur territoire. Ils ont en l’occurrence adopté un forfait par cas lié aux prestations soumis à une comparaison tarifaire rigoureuse et partant à une pression économique très forte. Les hôpitaux concernés rejetteraient avec véhémence les critiques leur reprochant de ne plus ré-

pondre aux exigences de qualité – et ils auraient raison de le faire. Mesures de la qualité des hôpitaux

Pour éviter les effets redoutés, les partenaires tarifaires, autrement dit H+ et santésuisse, doivent joindre une proposition commune à la demande d’approbation soumise au Conseil fédéral. Celle-ci doit contenir des instruments et des mécanismes garantissant la conservation du niveau de qualité actuel dans le cadre de la mise en œuvre du tarif. Les partenaires tarifaires ont chargé l’Association nationale pour le développement de la qualité dans les hôpitaux et les cliniques (ANQ) de leur présenter un concept visant à mesurer la qualité des prestations dans les hôpitaux avant et après l’introduction des SwissDRG. L’ANQ est issue de la fusion du Service national de coordination et d’information pour la promotion de la qualité (CIQ) et de l’Association intercantonale pour l’assurance qualité dans les hôpitaux. Ses membres sont H+, santésuisse, la CMT (Commission des tarifs médicaux SUVA) et l’ensemble des cantons. L’ANQ est censée devenir la plateforme nationale suisse pour les mesures de la qualité. Ainsi, les experts de l’ANQ ont défini plusieurs critères permettant d’évaluer la qualité des prestations hospitalières. Les indicateurs actuellement évalués sont les infections nosocomiales (infections contractées dans les hôpitaux) selon le système SwissNoso, les réhospitalisations et les réopérations selon SQLape. D’autres élé-

ments viendront compléter ces indicateurs, les experts mettant continuellement au point de nouvelles mesures appropriées. Mais l’évaluation effective de la qualité des prestations avant et après l’introduction de SwissDRG suppose que tous les hôpitaux suisses participent aux mesures et communiquent leurs résultats en toute transparence. C’est à ce prix que le nouveau forfait lié aux prestations n’entraînera pas de baisse de la qualité. La qualité, critère prépondérant dans la fixation des tarifs

Conformément à l’article 49 LAMal, les tarifs hospitaliers sont « déterminés en fonction de la rémunération des hôpitaux qui fournissent la prestation tarifée obligatoirement assurée, dans la qualité nécessaire, de manière efficiente et avantageuse ». Cette disposition s’applique non seulement aux hôpitaux facturant selon le système SwissDRG, mais aussi à tous les autres domaines tels que la psychiatrie, la réadaptation etc. Cet article de loi met clairement en évidence combien la qualité jouera à l’avenir un rôle prépondérant dans la fixation des prix. santésuisse salue les activités de l’ANQ et demande que ses experts donnent une définition précise de la « qualité nécessaire ». Cette dernière est en effet indispensable pour les négociateurs de l’association de la branche et pour les cantons. Michael Rolaz

18 | Domaine de la santé 6/10


Les caisses paient aussi les prestations en cas d’arriérés de primes

• Suspension de la prise en charge des prestations sur notification du canton La suspension n’a toutefois pas été entièrement supprimée. L’art. 64a, al. 7 prévoit que le canton tienne une liste des payeurs de primes ne donnant pas suite aux rappels de paiement. Il peut alors notifier ces personnes concernées à l’assureur-maladie correspondant. Celui-ci est alors tenu de suspendre la prise en charge des coûts des prestations, sauf s’il s’agit de traitements d’urgence. • La réduction des primes est versée directement aux assureurs Selon l’art. 65, les cantons doivent désormais verser la réduction de primes directement aux assureursmaladie. Les cantons communiquent les données aux assureurs suffisamment tôt pour que ceux-ci puissent tenir compte de la réduction de primes lors de la facturation et facturer les primes nettes.

En

• Les assureurs doivent prendre en charge les coûts des prestations fournies même en cas de non paiement des primes. Jusqu’à présent, la loi prévoyait que l’assureur suspende la prise en charge des coûts des prestations à partir de la réquisition de continuer la poursuite (dans le cadre de la procédure de poursuite). Cette suspension de la prise en charge des prestations a été supprimée. L’assureur continue de recouvrer les primes et la participation aux coûts par le biais de la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (LP). Si des actes de défaut de biens ou des titres équivalents résultent de la procédure de poursuites, le canton compétent doit verser à l’assureur-maladie 85 % du montant figurant dans l’acte de défaut de biens.

• Nécessité d’une ordonnance d’exécution De nombreuses questions doivent être clarifiées par voie d’ordonnance afin que ces dispositions légales puissent être appliquées. L’ordonnance doit, par exemple, décrire comment les informations doivent être transmises par l’assureur au canton et par ce dernier à l’assureur, quels documents sont assimilables à des actes de défaut de biens et comment les cantons doivent effectuer les versements aux assureurs. La procédure relative aux réductions de primes requiert également des dispositions d’application détaillées. santésuisse a élaboré des propositions de mise en œuvre concrètes qu’elle a communiquées à l’OFSP. • Les dispositions transitoires régissent la prise en charge des coûts Les dispositions transitoires établissent quelles prestations continuent de faire l’objet d’une suspension de prise en charge des coûts après l’entrée en vigueur des modifications de la loi. En principe, les suspensions de prestations déjà décidées sont maintenues jusqu’à ce que les arriérés de paiement aient été acquittés en totalité. Les suspensions de prestations déjà décidées ne portent toutefois plus sur des prestations fournies après l’entrée en vigueur de la révision de la loi ; ces prestations doivent toujours être prises en charge par l’assureur. • Deux années pour la mise en place du nouveau système de réduction des primes Le Conseil fédéral doit encore décider de la date d’entrée en vigueur de la révision. santésuisse pense que ce sera le 1er janvier 2012. Les cantons disposent d’un délai de deux ans après l’entrée en vigueur des modifications de la loi pour introduire le nouveau système de réduction des primes. Les cantons prennent en charge 87 % au lieu de 85 % des créances aussi longtemps que le montant de la réduction des primes est versé directement à l’assuré. Le texte de loi révisé et les explications détaillées sont mis à la disposition des membres de l’association sous www.santesuisse.ch – Service – Circulaires (18/2010)

Photo : Prisma

Les dispositions légales applicables en cas de non paiement des primes ont été révisées. Le Conseil fédéral doit encore décider de la date de mise en œuvre de ces modifications. santésuisse suit ce dossier de près. Voici les principales nouveautés de la révision des articles 64a et 65 LAMal.

19 | Service 6/10


Ser ice

Pas d’effet de « porte tournante » en psychiatrie Sur dix personnes traitées dans un établissement psychiatrique pour une crise unique, neuf ne sont plus réhospitalisées au cours des années suivantes. Par conséquent, seule une personne sur dix séjourne particulièrement longtemps ou fréquemment dans un établissement de soins psychiatriques aigus. Ces résultats proviennent de deux études réalisées par l’Observatoire suisse de la santé. Les études avaient initialement pour objet de déterminer si la répartition des ressources dans le domaine de la psychiatrie stationnaire était adéquate. Deux phénomènes ont notamment été étudiés : d’une part, l’usage disproportionné par certaines personnes des ressources à disposition dans le domaine de la psychiatrie stationnaire (on parle alors de « heavy users »). D’autre part, la question s’est posée de savoir si la psychiatrie moderne a pour effet de faire sortir des institutions des personnes insuffisamment stabilisées, qui seront réadmises peu après en état de décompensation psychique (on parle dans ce cas de l’effet de « porte tournante »). 5 % de « heavy users »

Les ressources sont correctement réparties

Le phénomène de la « porte tournante » a lui été analysé à partir de données concernant 185 000 personnes. L’étude a mis en évidence une évolution positive dans le temps : au fil des quatre années prises en compte, les hospitalisations se sont considérablement espacées. L’extension de l’offre de soins psychiatriques ambulatoires, une meilleure efficacité des thérapies et des changements dans la composition du groupe des malades peuvent expliquer cette évolution. L’allongement des intervalles entre deux hospitalisations et le fait que la plupart des patientes et des patients n’ont pas dû être hospitalisés à nouveau pendant une longue période après une crise unique montrent que l’effet de « porte tournante » n’est pas répandu dans la psychiatrie stationnaire en Suisse. Aucune des deux études n’a donc mis en évidence un recours inadapté à la prise en charge psychiatrique stationnaire en Suisse, en termes de fréquence et de durée des hospitalisations. (Source : www.obsan.admin.ch)

Photo : Prisma

Sur 154 000 personnes ayant souffert de troubles psychiques au moment de l’enquête ou antérieurement, près de 90 % font état d’une faible utilisation des ressources ; on ne peut donc pas parler de « heavy users ». Neuf personnes sur dix n’ont pas dû être réhospitalisées au cours des années suivant une période de maladie marquée par un ou deux séjours en établissement psychiatrique. Pour les autres personnes (environ 8 %), les résultats font état d’un usage dispropor-

tionné des ressources qui s’explique, dans la plupart des cas, par le type de troubles, l’âge ou le sexe. Il s’agit dans 5 % des cas de personnes hospitalisées très fréquemment ou pendant une longue période dans un établissement psychiatrique. Parmi les 3 % restants, les patientes et les patients considérés ont dû être hospitalisés à plusieurs reprises dans un établissement somatique de soins aigus pour une maladie physique chronique, après avoir séjourné dans un établissement psychiatrique.

20 | Service 6/10


Le gouvernement allemand a approuvé des plans de réforme censés entrer en vigueur début 2011. Noyau de la réforme : les entreprises pharmaceutiques doivent à l’avenir prouver de manière détaillée l’utilité supplémentaire d’un nouveau médicament, si elles veulent se soustraire aux prescriptions légales en matière de prix. De plus, et c’est nouveau, elles doivent négocier le prix de tels médicaments avec les caisses-maladie. Le gouvernement frappe là où le bât blesse, c’est-à-dire là où l’industrie pharmaceutique est autorisée à fixer elle-même le prix de ses nouveaux médicaments innovants. Il espère obtenir des économies de 2 milliards d’euros par an. La France et l’Italie veulent aussi faire baisser les coûts de la santé. La France entend réduire les prix des médicaments de 100 millions d’euros, l’Italie a annoncé des économies de 24 milliards d’euros, dont 1,35 milliard de dépenses au titre des médicaments. Pour y parvenir, les prix des génériques doivent baisser de 12,5 % d’ici fin 2010 et dès 2011, seul le médicament le meilleur marché sera remboursé. (AIM)

Le chien, l’ami de l’homme... Une firme de la région de la Styrie (A) a, selon ses propres déclarations, mis sur le marché des chiens détectant le cancer. D’après cette entreprise, les chiens formés auraient flairé correctement la maladie – dans plus de 93 % des cas – chez les personnes soumises au test de reniflement de l’haleine. Ainsi, une méthode avantageuse de détection précoce du cancer serait désormais disponible. La firme ne précise pas si la nourriture du chien et les sachets de ramassage de crottes seront compris dans le prix du chien. (sis)

Le Médiateur européen a demandé à l’Agence européenne du médicament (EMEA, European Medecines Agency), à Londres, que les scientifiques puissent avoir accès aux rapports cliniques et aux protocoles de tests concernant deux médicaments contre l’obésité. Auparavant, des scientifiques danois du secteur de la santé s’étaient plaints de la publication de rapports non objectifs sur les tests de médicaments et voulaient en conséquence effectuer une analyse indépendante. L’EMEA a rejeté leur demande d accès aux documents au motif que leur publication nuirait aux intérêts commerciaux des fabricants de produits pharmaceutiques. Les scientifiques ont défendu leur point de vue en argumentant que le bien des patients présentait un intérêt supérieur à la protection des intérêts commerciaux de l’industrie pharmaceutique.

arguments convaincants contre leur publication. L’EMEA a jusqu’au 31 août pour présenter une prise de position fondée. L’Agence européenne du médicament évalue et contrôle les médicaments introduits sur le marché unique de l’UE, dans le but de protéger la santé publique. Aussi reçoit-elle les études cliniques et les protocoles de tests des fabricants de produits pharmaceutiques qui demandent l’autorisation de mise sur le marché de certains médicaments. Une transmission éventuelle de ces documents ne doit pas léser les intérêts commerciaux de l’industrie. (AIM) Photo : Prisma

Nouvelles du monde Prix des médicaments sous pression

Médicaments contre l’obésité sous la loupe

L’EMEA doit protéger les intérêts commerciaux

Lors de son enquête, le Médiateur européen a examiné les rapports et protocoles de recherche concernés. Il est arrivé à la conclusion que le fait de les rendre publics ne porterait pas préjudice aux intérêts commerciaux des fabricants. Le Médiateur a donc recommandé à l’EMEA de diffuser ces documents ou de présenter des

Manifestations

Swiss eHealth Summit

Nouveau financement des hôpitaux et des soins

Les 24 et 25 août prochains se déroulera au BEA Bern le sommet suisse eHealth, la manifestation suisse pour les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) dans la médecine et la fourniture de soins de santé. Ce sommet est consacré globalement à la santé en ligne dans les processus clés du système de santé. La conférence du sommet s’adresse aux décideurs et spécialistes de la médecine, des soins, des hôpitaux, des assurances et des autorités. Dans le cadre de l’exposition qui regroupera 50 exposants, les principaux fournisseurs de solutions pourront rencontrer leurs clients. Cette manifestation constitue une plate-forme d’information et de contact pour les participants. www.ehealthsummit.ch

Le 26 août 2010, l’institut des sciences juridiques et de la pratique juridique de l’Université de Saint-Gall (Institut für Rechtswissenschaft und Rechtspraxis der Universität St. Gallen) organise au Grand Casino de Lucerne un congrès dédié au « Nouveau financement des hôpitaux et des soins ante portas : défis pratiques dans la mise en œuvre de la loi révisée sur l’assurance-maladie (LAMal) » (Neue Spital- und Pflegefinanzierung ante portas : Praktische Herausforderungen bei der Umsetzung des revidierten Krankenversicherungsgesetzes KVG). Les conférenciers seront essentiellement des représentants des fournisseurs de prestations, des assureurs et des offices publics. Programme et inscription sous : www.irp.unisg.ch

21 | Service 6/10


Photo : Keystone

Mois Image

Pourquoi le chef mise sur le yoga L’industrie privée américaine dépense sans compter pour la santé de ses collaborateurs. Comme l’a récemment rapporté la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), les travailleurs en mauvaise santé et en surpoids coûtent aux entreprises américaines quelque 45 milliards de dollars par an. Selon l’article, beaucoup d’entreprises appâteraient donc leurs employés en leur offrant de l’argent ou des bons pour les inciter à faire du sport et à entreprendre des cures d’amaigrissement. A l’heure actuelle aux USA, une entreprise sur trois encourage ses employés à prendre soin de leur santé. Les mesures sont diverses : argent, explications médicales, cours de fitness et d’amaigrissement ou primes d’assurance-maladie meilleur marché. La chaîne d’hôpitaux Ohio Health a ainsi lancé l’année dernière pour ses collaborateurs un programme de marche assorti d’une distribution gratuite de pédomètres (un appareil comptant le nombre de pas effectués et évaluant la distance parcourue à pied et la vitesse). Plus les chiffres enregistrés sont élevés, plus le montant versé est important – jusqu’à 500 dollars au maximum. La moitié des 9000 employés ont accepté l’offre. L’entreprise IBM favorise aussi activement la promotion de la santé et économise 3 dollars par dollar investi. La règle est simple : plus les collaborateurs sont en bonne santé, moins les factures de médecins et d’hôpitaux sont élevées. Pourtant, ce que la pratique semble confirmer n’est pas encore scientifiquement prouvé. Quel type de récompense pousse effectivement les employés à faire du sport n’a pas non plus été étudié. Ce n’est peut-être pas l’argent qui séduit, mais la perspective du malin plaisir à voir que son chef s’essouffle en faisant du sport. Le plaisir sadique active, en tous les cas, une zone du cerveau, le circuit de récompense, et ça, c’est scientifiquement prouvé.

22 | Service 6/10


sanitas compact one

Die günstige Krankenversicherung ohne Extras.

Sanitas Compact One ist unser neues, innovatives Krankenversicherungs-Produkt für clevere Leute. Für unser Compact Center in Bern suchen wir ab sofort oder nach Vereinbarung eine/n kompetente/n

Leistungscontroller/in (100%) Du übernimmst selbstständig die Leistungskontrolle und stellst die Triage von Rechnungen sicher. Dabei überprüfst du die Leistungspflicht nach medizinischen, gesetzlichen und tariflichen Kriterien. Ausserdem beurteilst du komplexe Geschäftsfälle und bist Ansprechperson für unsere Versicherten. Mit den Leistungserbringern arbeitest du aktiv zusammen. Künftig wirst du für die fachliche und personelle Führung eines Teams zuständig sein. Dabei stellst du sicher, dass die definierten Qualitätsstandards eingehalten werden und optimierst teaminterne Abläufe. Du zeichnest dich durch Selbstständigkeit, Verantwortungsbewusstsein sowie eine speditive und genaue Arbeitsweise aus. Du hast mehrere Jahre bei einer Kranken- oder Sozialversicherung gearbeitet und konntest dir ein sehr gutes Fachwissen im Leistungsbereich aneignen. Idealerweise bringst du bereits Führungserfahrung mit. Eine medizinische Ausbildung sowie sehr gute Sprachkenntnisse in Deutsch und Französisch setzen wir voraus.

Wir, eine gesamtschweizerisch tätige Krankenund Unfallversicherung, suchen per sofort oder nach Vereinbarung in Zürich eine/n

Leiter/in Leistungen 100% Ihre Aufgaben: • Führung der Abteilung Leistungen • Planung, Organisation und laufende Optimierung der Abläufe • Medizinische Fallbeurteilungen • Leistungsentscheide • Bearbeitung von Spezialfällen • Zuständig für die Verhandlung von Verträgen im Leistungsbereich der GALENOS Kranken- und Unfallversicherung • EDV-Koordination für Leistungsarten und Zahlstellen der Leistungserbringer • Entwicklung und Aufbau der elektronischen Rechnungsverarbeitung Sie denken unternehmerisch, sind kommunikativ und teamfähig. Sie bringen eine fundierte kaufmännische Ausbildung mit und haben eine Weiterbildung im Bereich Sozialversicherung abgeschlossen. Sie verfügen über sehr gute EDV-Kenntnisse und medizinisches Know-how sowie über mehrjährige praktische Erfahrung im Leistungs- oder Tarifbereich der Krankenversicherung. Sie zeichnen sich aus durch Verhandlungsgeschick und die Fähigkeit, Ihre Mitarbeitenden zu motivieren. Entsprechende Führungserfahrung und sehr gute Deutschkenntnisse sind unabdingbar, gute Französischkenntnisse runden Ihr Profil ab.

Wir bieten dir eine interessante, vielseitige Tätigkeit, einen modernen Arbeitsplatz in der Stadt Bern und ein junges, motiviertes Team.

Wir bieten Ihnen einen attraktiven Arbeitsplatz im Herzen von Zürich mit fortschrittlichen Anstellungsbedingungen.

Interessiert? Dann schicke bitte deinen Motivationsbrief, CV und Zeugniskopien an beatrice.knopf@sanitas.com

Haben wir Ihr Interesse geweckt? Dann freuen wir uns auf Ihre vollständigen Bewerbungsunterlagen. Senden Sie diese bitte an:

Fragen? Dann melde dich bei Frau Stephanie Wyler unter Tel.-Nr. 031 387 58 02 Wir freuen uns, von dir zu hören!

GALENOS Kranken- und Unfallversicherung Herr Emmanuel Champredonde Militärstrasse 36 / PF 8021 Zürich Tel. 044 245 88 31 echampredonde@galenos.ch


infosantésuisse Le Magazine des assureurs-maladie suisses

Tendances du système de santé – avenir des médecins de famille – efficience – qualité. Nous vous en révélons les dessous. Dans infosantésuisse, vous trouverez des dossiers, des interviews et des analyses. De la vision internationale aux offres d’emploi en passant par des conseils pratiques pour votre vie professionnelle, infosantésuisse – actuel, concret et intéressant – vous livre l’essentiel du système de santé.

 

Abonnement (10 parutions) à Fr. 69.– Abonnement découverte : 3 parutions à Fr. 20.–

Commandez-le et découvrez-le par vous-même dès maintenant ! santésuisse – Les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, 4502 Soleure par fax au 032 625 41 51 / par courriel à l’adresse : shop@santesuisse.ch ou sur la page d’accueil de santésuisse sous www.santesuisse.ch (sous Service – Rubrique « Publications » – un numéro d’essai à télécharger vous attend).

Prénom / Nom Rue / No NPA / Localité


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.