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infosantésuisse Magazine des assureurs-maladie suisses N° 11, novembre 2007

Ergothérapie : réinsérer les patients dans la vie quotidienne et sociale  page 12

Le cœur de la salle d’opération page 14

SOUS LA LOUPE :

Les professions de la santé


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SOMMAIRE

infosantésuisse  No 11, novembre 2007

SOUS LA LOUPE 4 5 6 8 10 12 14

Professions de la santé : formation en remaniement Point de vue de Hansueli Späth La Suisse a besoin de professionnels de la santé en suffisance Dans quelle mesure faut-il « académiser » la formation en soins infirmiers ? Frédéric Corminbœuf, physicien médical : « Nous sommes les pharmaciens de la radiothérapie » Ergothérapie : réinsérer les patients dans la vie quotidienne Techniciens en salle d’opération : le cœur de la salle d’opération

DOMAINE DE LA SANTÉ 6 1 17 18 20

Professions de la santé : formation en remaniement page 4

Graphique du mois de novembre La planification hospitalière a échoué – quelle est la voie à ne pas suivre ? Séminaire d’actualités de santésuisse à Morges Modèles de listes : déclaration commune de la FMH et de santésuisse

ASSURANCE-MALADIE 1 2 22 23

Les coûts de santé occasionnés par les femmes sont-ils vraiment plus élevés ? Données issues de la surveillance de l’OFSP : base financière solide de l’assurance-maladie Rapport annuel 2006 de l’institution commune LAMal

SERVICE 4 2 24 24 25 25

Nouvelles du monde Coûts de la santé : il n’y a pas de classe d’assurés extrêmement coûteux santésuisse se présente sur Internet sous un jour nouveau Manifestations

Dans quelle mesure faut-il « académiser » la formation en soins infirmiers ? page 8

Physiciens médicaux : les pharmaciens de la radiothérapie page 10

No 11, novembre 2007, paraît dix fois par an

Mise en page : Henriette Lux et Rahel Fischer

Prix de l’abonnement : 69 fr. par an, 10 fr. le numéro

Administration des annonces : toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à : « infosantésuisse », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure

Editeur et administration : santésuisse, les assureurs-maladie suisses, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure Responsable de la rédaction : Nello Castelli, département politique et communication, case postale, 4502 Soleure, téléphone 032 625 42 49, téléfax 032 625 42 70

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Page de titre : Heiner Grieder, Langenbruck ISSN 1660-7236


ÉDITORIAL

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Les professions de la santé doivent évoluer – mais dans le bon sens

L Fritz Britt Directeur de santésuisse

es besoins en professionnels de la santé ne cessent de croître en rai­ son de l’évolution démographique. Parallèlement, la pression des coûts qui s’exerce sur le système de santé modifie le profil des exigences requises : les tâ­ ches – de nature médicale aussi – confiées aux professions soignantes augmentent et deviennent plus complexes. Les modi­ fications structurelles que connaît le sys­ tème de santé – en particulier le transfert du secteur stationnaire sur l’ambulatoire – affecteront à coup sûr l’activité des pro­ fessionnels de la santé. Les professions de la santé sont par consé­ quent en mutation. Cela vaut également pour le paysage de la formation : de nom­ breuses filières de formation sont rééva­ luées et se positionnent désormais au niveau de l’Ecole professionnelle supé­ rieure ou de la Haute école spécialisée. Par ailleurs, la formation initiale longtemps négligée commence lentement à prendre de l’importance. S’il n’était précédem­ ment guère possible d’effectuer directe­ ment un apprentissage dans le domaine de la santé, la formation d’assistante en soins et santé communautaire existe néanmoins aujourd’hui. Dans l’ensemble, le nombre et la palette des offres de formation aug­ mentent fortement.

Le paysage de la formation tient ainsi compte des changements intervenus dans le système de santé. Le nombre des pro­ fessionnels formés à un niveau plus large à exercer des fonctions variées est ac­ tuellement supérieur à ce qu’il était il y a dix ans encore. Voilà qui est réjouissant – mais il y a pourtant des écueils à éviter : dans les professions de la santé, des qua­ lités telles que l’empathie, l’intuition et la connaissance de l’être humain restent dé­ terminantes. C’est pourquoi il convient, et cela non seulement pour des questions de coûts, de rester prudent face à une aca­ démisation unilatérale. Les voies qui mè­ nent à la formation professionnelle supé­ rieure – aujourd’hui multiples, allant de l’université jusqu’aux examens profession­ nels fédéraux – doivent être maintenues. Et en ce qui concerne la formation mé­ dicale, il faut que les généralistes obtien­ nent au niveau universitaire la place qui correspond à leur importance dans le sys­ tème de santé. Ce serait faire preuve d’un manque de clairvoyance que de conti­ nuer à traiter la formation des médecins de famille à la légère. Quelques indices témoignant de l’amélioration de leur situa­ tion sont perceptibles mais il reste encore beaucoup à faire.


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L’OdASanté veille aux contenus de la formation et à la coordination

Professions de la santé : formation en remaniement La nouvelle loi sur la formation professionnelle de 2004 a aussi modifié profondément les formations de la santé. Elles relevaient de la compétence exclusive des cantons et font maintenant l’objet d’une répartition des tâches entre plusieurs acteurs. C’est l’organisation nationale faîtière du monde du travail en santé (OdASanté) qui est maintenant le partenaire clé pour tout ce qui concerne la formation aux professions de la santé. Urs Sieber, son secrétaire général, voit dans la nouvelle loi une chance d’opérer un positionnement nouveau et meilleur des professions non académiques de la santé. la mise en œuvre de la loi, conseillent le Comité directeur de l’OdASanté. Les ORTRA cantonales se regroupent sous forme de Conférence.

Formation professionnelle initiale : une nouveauté dans le domaine  de la santé La formation professionnelle initiale consti­ tue l’un des grands domaines de respon­ sabilité de l’OdASanté. Jusqu’à l’entrée en ­vigueur de la loi sur la formation profes­ sionnelle en 2004, il n’y avait pas à propre­ ment parler d’apprentissage dans le do­ maine de la santé. Il existe aujourd’hui deux filières de formation à ce niveau, à savoir assistant(e) en soins et santé com­ munautaire et podologue. Mais nous ne

disposons à l’heure actuelle d’aucune for­ mation initiale dans le domaine de la santé qui dure deux ans et débouche sur une attestation professionnelle fédérale. Cette ­situa­tion va toutefois bientôt changer (voir plus bas). Pour l’instant, le paysage relati­ vement pauvre de la formation au niveau secondaire conduit au fait que la forma­ tion aux professions de la santé continue d’emprunter une autre voie. La maturité professionnelle avec approfondissement santé/social constitue à cet égard une bonne base. L’OdASanté a largement in­ fluencé le plan d’étude cadre de cette école. Sous la conduite de l’OdASanté, une ré­ forme des conditions cadres de la forma­ tion d’assistant(e) en soins et santé commu­ nautaire est actuellement en cours.

Photo : Prisma

L

a nouvelle loi sur la formation profes­ sionnelle (LFPr) est entrée en vigueur en 2004. Elle a transféré la compé­ tence des cantons en matière de formation professionnelle à la Confédération et en a fait une tâche commune de la Confédéra­ tion, des cantons et des organisations du monde du travail (ORTRA). C’est pourquoi les associations d’organisations profession­ nelles et d’employeurs du domaine de la santé publique ainsi que la Conférence suisse des directrices et directeurs canto­ naux de la santé (CDS) ont fondé l’OdA­ Santé. Elle constitue l’organisation faîtière du monde du travail en santé et elle est, selon Urs Sieber, son secrétaire général, le partenaire clé de la Confédération et des cantons pour tout ce qui concerne la forma­ tion aux professions de la santé réglemen­ tées par la LFPr. Cette loi règle la forma­ tion professionnelle initiale (apprentissage et école professionnelle) et la formation professionnelle supérieure, à l’exclusion des universités et des Hautes écoles spé­ cialisées. L’OdASanté est notamment com­ pétente en ce qui concerne les contenus des filières de formation. Elle propose des experts pour les examens, garantit la qua­ lité de la formation et organise la colla­ boration des différents acteurs du monde du travail en santé – employeurs, associa­ tions professionnelles, écoles ou autori­ tés sanitaires. La CDS, H+ Les Hôpitaux de Suisse, Cu­ raviva, Association des homes et institu­ tions sociales suisses, et Spitex, Associa­ tion suisse des services d’aide et de soins à domicile, sont membres de l’OdASanté, laquelle gère un secrétariat permanent. Les organisations cantonales du monde du tra­ vail, en qualité d’instances décisives pour

Les portes donnant accès à la formation professionnelle supérieure sont largement ouvertes en Suisse – et doivent le rester.


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Formation professionnelle supérieure : très importante   pour les professions de la santé Un autre domaine de tâches important de l’OdASanté réside dans la formation profes­ sionnelle supérieure aux professions de la santé. Elle s’effectue d’une part par le biais des Ecoles supérieures. A l’inverse des Hau­ tes écoles spécialisées, elles sont encore plus fortement orientées sur la pratique et sont très importantes pour les professions de la santé parce que la plupart des forma­ tions non académiques actuelles de niveau de diplôme sont positionnées à ce niveau (tertiaire B). Cela concerne les infirmières/ infirmiers, les techniciens en salle d’opéra­ tion, les techniciens en radiologie médicale, les techniciens en analyse biomédicale, les ambulanciers et ambulancières, les hygiénis­ tes dentaires et, c’est nouveau, les thérapeu­ tes d’activation. Le positionnement des for­ mations d’orthopédiste et de podologue est en cours de clarification. La formation pro­ fessionnelle supérieure présuppose un titre professionnel ou scolaire du niveau secon­ daire II – à savoir un apprentissage profes­ sionnel (CFC) ou une formation scolaire gé­ nérale supérieure (gymnase, école du degré de diplôme). Selon Urs Sieber, d’autres exi­ gences peuvent être formulées pour accéder à la formation professionnelle supérieure. De plus, il existe des études postdiplômes en écoles supérieures (ES), par exemple en soins intensifs, soins d’urgence, anesthésie, en prévention de l’infection et hygiène hos­ pitalière, en formation de cadre pour tech­ nicien en analyse biomédicale. Pour être reconnues au niveau fédéral, les filières de formation ES et les études post­ diplômes doivent se prévaloir de plans d’études cadres qui sont approuvés par la Confédération (Office fédéral de la forma­ tion professionnelle et de la technologie). Sous l’égide de l’OdASanté, des plans d’étu­ des cadres concernant toutes les filières et études postdiplômes mentionnées ci-dessus sont en cours d’élaboration, ce qui permet de remanier les anciennes directives de for­ mation. Urs Sieber précise que l’OdASanté entend utiliser cette opportunité pour obte­ nir un positionnement nouveau et meilleur des formations au niveau des écoles profes­ sionnelles supérieures.

Paysage des brevets et diplômes : nouveau potentiel La deuxième voie permettant d’acquérir une formation professionnelle supérieure néces­

site un examen professionnel fédéral (bre­ vet fédéral) ou un examen professionnel fédéral supérieur (diplôme fédéral). Avant l’entrée en vigueur de la LFPr, cette voie était inhabituelle pour les professionnels de la santé ; l’offre était en conséquence limitée à quelques domaines spécialisés. Les exa­ mens professionnels fédéraux ou les exa­ mens professionnels fédéraux supérieurs facilitent désormais la création de forma­ tions postdiplômes taillées sur mesure qui correspondent aux besoins du marché du travail. Il est donc probable que le paysage des examens se développera rapidement ces prochaines années dans le domaine de la santé. L’OdASanté assumera un rôle de coordination. La réussite de tels examens suppose l’ac­ quisition de qualifications qui vont au-delà de celles conférées par des examens de fin d’apprentissage et qui attestent que les candidats disposent de connaissances ap­ profondies dans des domaines clairement définis. Un brevet d’une grande impor­ tance à l’époque des DRG sera celui de codeur médical.

Point de vue

Médecine de famille : revaloriser la formation ! Un des problèmes majeurs rencontrés par les médecins de famille, que la pénurie guette, est la situation insatisfaisante de la formation universitaire dans cette branche. Des chaires d’enseignement, plus exacte­ ment des instituts de médecine de premier recours n’existent que dans deux univer­ sités de Suisse (Bâle et Lausanne). Même si le problème a été identifié depuis long­ temps, les facultés tardent à admettre que la médecine de famille soit une discipline académique à part entière jouissant de son propre enseignement et de sa recherche. La nouvelle loi fédérale sur les professions mé­ dicales universitaires (LPMéd), en vigueur

Formation initiale : nouvelles voies L’OdASanté travaille actuellement avant tout à l’introduction de plans d’études ­cadres pour la formation professionnelle ­supérieure. Le premier plan, celui appli­ cable aux infirmiers et infirmières, a déjà été approuvé par la Confédération, explique Urs Sieber. De plus, l’OdASanté s’occu­pe de la réforme des conditions cadres relati­ ves à la formation d’assistant(e) en soins et santé communautaire. Elle s’engage dans une voie tout à fait nouvelle en créant une attestation professionnelle fédérale SantéSocial : en collaboration avec l’ORTRA faî­ tière Social, elle travaille à l’élaboration d’une première formation initiale de deux ans dans ce domaine. Les deux organisa­ tions décideront au printemps 2008 si elles proposeront une telle formation à l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie. D’ici là, elles entendent clarifier s’il est judicieux de proposer une formation professionnelle initiale de deux ans en sus de l’apprentissage existant de trois ans en tant qu’assistant(e) en soins et santé communautaire et si un tel modèle a des chances de s’imposer sur le marché du travail. Jusque-là, il s’agira aussi de cla­ rifier quels profils professionnels entrent en ligne de compte pour une telle forma­ tion.  Peter Kraft

depuis le 1er septembre 2007, et les disposi­ tions fort bien rédigées qu’elle contient, ne changent rien à cette situation. On peut conclure, en lisant les directives claires de la LPMéd, qu’un rôle fondamen­ tal incombe aux médecins de famille, hom­ mes et femmes, en matière de formation médicale universitaire également – et que les ressources correspondantes et les uni­ tés d’enseignement devraient être massive­ ment revalorisées par rapport à la situation actuelle. Dans les facultés suisses, la méde­ cine de premier recours est cependant en­ core très loin de jouer ce rôle central et les ressources dont elle dispose sont toujours calculées chichement. Il doit être dans l’intérêt des patientes et patients aussi bien que des assureurs qu’une prise en charge de qualité élevée par les médecins de famille, lesquels jouent un rôle régulateur sur les coûts, soit égale­ ment garantie à l’avenir en Suisse. Mais cet objectif ne peut être atteint qu’en créant des instituts universitaires qui assument la formation et l’enseignement conjointement avec des médecins enseignants praticiens. Hansueli Späth, président de la SSMG


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Les changements dans le paysage éducatif vont de pair avec les changements dans le système de santé

Former suffisamment de professionnels de la santé pour la Suisse Ces dernières années, les formations de toutes les professions de santé ont été repositionnées et réorientées.   Le système de santé est confronté à une complexité nouvelle dans les qualifications de formation et aux exigences posées par de nouveaux corps de métiers. L’avenir devrait amener encore davantage de changements car les nouvelles filières d’étude et le Managed Care redistribuent les cartes sur le marché de l’offre et de la demande.   Il est urgent de clarifier qui endossera à l’avenir quelle fonction (et à quel prix) dans le système de santé.

L

a distinction entre professions de santé et professions médicales a ses racines dans la politique de la santé et dans l’histoire sociale. En 1877, les can­ tons n’ont pas hésité à confier un épi­ neux mandat au jeune Etat fédéral, en l’oc­ currence la protection sanitaire du « tiers état et de l’ordre militaire ». L’exode rural dans les régions industrielles en plein es­ sor représentait un risque d’épidémie et la guerre du « Sonderbund » avait révélé que l’incompatibilité des exigences en­ tre les brevets cantonaux avait entravé la constitution de troupes sanitaires opéra­ tionnelles. Dès lors, la Confédération de­ vait contrôler les professions médicales et décerner les diplômes. Les professions médicales – médecins, vétérinaires, phar­ maciens – étaient l’apanage des hommes. Conformément à la perception des rôles dans la société de l’époque et aux connais­ sances en hygiène, les femmes travaillaient dans le domaine des soins où elles rem­ placèrent les religieuses – bien souvent sous le patronage moral et organisation­ nel de la Croix-Rouge.

des évolutions ainsi que le quotidien des enseignants et des étudiants – au premier chef la modularisation des filières basée sur les compétences, la structure à deux niveaux (Bachelor et Master) et le système de points de crédit ECTS. Les professions de santé et les professions médicales sont aujourd’hui à un stade très avancé de trans­ position du processus de Bologne.

Réforme du degré secondaire   et tertiaire en Suisse Dans la formation professionnelle supé­ rieure, la Suisse a déjà connu au début des années nonante une refonte des qualifica­ tions de formation. Les filières ont été re­ positionnées et réorientées : parallèlement aux écoles supérieures sont nées des hau­ tes écoles spécialisées dans le domaine de la technique et de l’économie, mais aussi dans celui des professions de santé, du design et des arts, de même que des hautes écoles pédagogiques. On oublie bien souvent aujourd’hui que le modèle de Bologne est venu se greffer il y a qua­ tre à cinq ans seulement sur les réformes déjà en cours.

L’espace éducatif européen Depuis les années nonante, l’UE s’est donné comme objectif stratégique d’amé­ liorer sa compétitivité internationale et sa force d’innovation par rapport aux EtatsUnis et à l’Asie orientale. Cet objectif a donné naissance à un projet d’harmonisa­ tion de la politique en matière d’éducation qui regroupe aujourd’hui 45 Etats. La « Dé­ claration de Bologne » des ministres euro­ péens de l’éducation du 19 juin 1999 est un volet important de ce projet. La Suisse s’est engagée à transposer les objectifs de la déclaration de Bologne d’ici 2010. Cette réforme détermine aujourd’hui le rythme

Typologie actuelle Le schéma conçu par OdA Santé (orga­ nisation faîtière du monde du travail en santé) est un bon outil pour se repérer dans les échelons structurels du système et les qualifications de formation actuel­ lement décernées. Le tableau présente les diplômes proposés (cf. illustration). Par rapport à la situation qui régnait avant les réformes, l’éventail de formations et de professions s’est différencié et élargi, sur­ tout à la base et au sommet, compte tenu d’exigences accrues dans un contexte pro­ fessionnel de plus en plus complexe, mais

aussi pour des motifs ayant trait au marché du travail et à la politique. Cinq métiers ont fait leur apparition au niveau des hau­ tes écoles spécialisées. D’un autre côté, un mouvement opposé à la (sur)qualification est né dans le secteur des soins avec la création de l’assistant en soins et santé communautaire et du certificat d’aptitude. Le but est de donner aux professionnels une formation conforme à leur fonction et de disposer d’une plus grande quan­ tité de personnel.

Paysage législatif – la LPMéd comme texte directeur Les qualifications de formation dans le domaine de la santé sont régies par plu­ sieurs lois : la loi sur les professions mé­ dicales (LPMéd), la loi sur les hautes éco­ les spécialisées, la loi sur la formation professionnelle et les lois cantonales. Les textes ne sont quasiment pas harmoni­ sés les uns par rapport aux autres parce que leur genèse, leur domaine d’applica­ tion et leurs objectifs divergent. Il s’avère cependant aujourd’hui que la longue ré­ flexion (menée à l’échelle mondiale) sur la réforme des professions médicales a dé­ clenché une discussion de principe sur la réorientation conceptuelle de toutes les professions médicales. La LPMéd est un texte de loi moderne qui donne des impulsions porteuses d’avenir à plusieurs échelons pour toutes les pro­ fessions de santé. Entrée en vigueur le 1er septembre 2007, la LPMéd ne s’appli­ que certes qu’à la médecine humaine, den­ taire et vétérinaire, à la pharmacie et à la chiropractie, mais elle peut aussi être éten­ due à d’autres professions si la nécessité se faisait ressentir du point de vue de la politique de la santé. Elle énonce des ob­


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jectifs généraux et spécifiques aux profes­ sions, réclame le développement de cata­ logues d’objectifs d’apprentissage axés sur les compétences et introduit l’assurance de la qualité. Elle a également un effet politi­ que de régulation puisque la Confédéra­ tion délègue, certes, la formation aux uni­ versités, mais assume indirectement un contrôle via des accréditations et un di­ plôme fédéral. L’uniformisation des règles d’exercice des professions et du droit dis­ ciplinaire relève, elle aussi, de la politique de régulation. Le mandat d’approvisionne­ ment devenant de plus en plus exigeant, la LPMéd met particulièrement l’accent sur

la volonté et la capacité de coopération de différents corps de métiers.

Harmonisation fonctionnelle   et intégration verticale La politique de l’enseignement dans le domaine de la santé procède de l’incer­ titude quant à la capacité de la Suisse à former suffisamment de professionnels de la santé dotés de compétences adéquates pour pouvoir soigner la population à l’ave­ nir. Plusieurs tendances (« Mutation cultu­ relle », « Marché de la santé ») laissent appa­ raître que les acquis présents ne permet­ tront pas de faire face aux défis futurs du

Système suisse de formation Loi fédérale sur la formation professionnelle

Loi fédérale sur les HES + autres lois féd. sur les Hautes écoles

Formation professionnelle supérieure

Hautes écoles Formation continue

degré tertiaire

Master of Advanced Studies Diploma of Advanced Studies Certificate of Advanced Studies

Etudes postdiplôme ES

Formation continue à des fins professionnelles

Examen prof. fédéral supérieur (diplôme)

Examen prof. fédéral (brevet)

Ecole supérieure ES (diplôme)

Haute école spécialisée (master)

EPF/Université (PhD/master)

Haute école spécialisée (bachelor)

EPF Université (bachelor)

degré secondaire II

Maturité professionnelle

Attestation fédérale (2 ans)

Certificat fédéral de capacité (3 ou 4 ans)

Ecole de commerce

Maturité spécialisée

Ecole de culture générale

Expérience prof. (1 an)

Ecoles d'enseignement général (maturité gymnasiale)

Formation professionnelle initiale Source: OdA Santé

Offres transitoires

Ecole professionnelle

Ecole supérieure ES

Haute école spécialisée HES

EPF/Université1

Assistant(e)s en soins et santé communautaire qualifié(e}s ASSC

ES Ecole prof. supérieure I, II (formation continue) Infirmier(ère)s diplômé(e)s2 Diplôme niveau I et II DN I, DN II

Infirmier(ère)s Diplôme féd. en médecine diplômé(e)s HES humaine, dentaire, Physiothérapeute HES vétérinaire, pharmacie, Masseurs/masseuses médicaux HES chiropratique Sages-femmes HES Sciences infirmières Diététicien(ne) HES (Nursing Science) (génér. Bachelor ou évent. Master in Nursing Science, Advanced Nurse Practice)

Dans le domaine des professions médicales universitaires, les diplômés termineront leurs études avec le titre universitaire de Master au plus tôt en 2011. Le diplôme fédéral sera ensuite décerné à l’issue d’un examen fédéral séparé. 2 En Suisse alémanique et au Tessin, les soignants professionnels sont systématiquement formés dans les écoles supérieures, seuls 5 à 10 % suivent une formation sanctionnée par un Bachelor dans une haute école spécialisée. En comparaison européenne, les formations dans les écoles supérieures de soins (DN II) se positionnent à un niveau trop élevé ; la distinction (également la formation continue ES II) avec les Bachelors in Nursing ou Ad­vanced Nurse Practitioners n’est pas claire sur le plan du contenu. 3 En Romandie, tous les soignants professionnels sont formés au niveau de la haute école spécialisée. 1

Vue d’ensemble de la systématique de la formation en Suisse.

système de santé. La mutation culturelle va notamment de pair avec la nécessité d’améliorer la sécurité des patients, qui né­ cessite impérativement un travail d’équipe interdisciplinaire pour éviter les erreurs et la préservation d’une qualité de traitement élevée. Le marché de la santé observe la règle de l’efficacité maximale et il est une conséquence de la gestion et du contrôle de ressources en régression permanente, au moyen d’outils comme les DRG (grou­ pes homogènes de diagnostics) ou le Ma­ naged Care (ces influences étant égale­ ment dues au nombre décroissant de mé­ decins en exercice). Dans l’optique de tels bouleverse­ ments, le congrès Careum sur l’ave­ nir des professions médicales qui s’est tenu à Zurich en septembre 2007 a émis une thèse provocatrice énonçant que d’autres corps de métiers sont ca­ pables de réaliser 80 % de ce que font les médecins – tout aussi bien, mais moins cher. Même si le système d’ap­ provisionnement ne risque pas d’être réorganisé de fond en comble, cer­ tains modèles qui ont fait leurs preu­ ves à l’étranger devraient tôt ou tard faire leur apparition en Suisse. Le paysage éducatif a connu de pro­ fonds bouleversements. Les universités se profilent sur le marché de la forma­ tion continue et les hautes écoles spé­ cialisées forment, elles aussi, des spé­ cialistes de la santé hautement qua­ lifiés, bientôt même jusqu’au niveau du master. Pour que la Suisse conti­ nue de disposer de suffisamment de professionnels de la santé à l’avenir, il faut que la loi crée les conditions per­ mettant à ces spécialistes de trouver leur place. Si les budgets globaux im­ posent la mise en œuvre de solutions économiques dans le domaine de la santé et de la réadaptation, la pression des coûts devrait favoriser cette orien­ tation. Par ailleurs, le marché entrera bientôt en jeu lorsque de nouveaux spécialistes de la santé, dotés d’excel­ lentes qualifications, feront leur appa­ rition et pourront travailler de manière fonctionnelle et économique. Beat Sottas, chef de division et responsable de la politique de formation à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Les déclarations reflètent les avis personnels de l’auteur et non la politique de l’OFSP ou du DFI.


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Compétence sociale et professionnelle : l’important est de trouver le juste milieu

Quelle dose d’académisation pour les soins ? Le paysage de la formation suisse est en pleine mutation. Les professions de santé n’échappent pas, elles non plus, à ce grand chambardement. Dans le domaine des soins en particulier, il est important d’engager avec prudence les réformes nécessaires du système de formation et d’aborder de façon critique la tendance générale à l’académisation.

L

a pression financière qui règne dans le système de santé oblige les fournis­ seurs de prestations à adapter leurs structures, à optimiser leurs processus et à réduire leurs coûts. Dans le domaine hospitalier aussi, le quotidien des profes­ sions médicales et soignantes a profon­ dément changé ces dernières années. La mise en place des forfaits par cas ne fera qu’amplifier cette tendance. Les patients quitteront plus rapidement l’hôpital dans le système des DRG (groupes homogènes de diagnostics). Ces changements ne res­ teront pas sans effets sur le profil d’exi­ gence des soins. D’une part, les exigen­ ces médico-techniques posées à la pro­ fession soignante vont augmenter car les patients doivent quitter l’hôpital plus rapi­ dement après une opération ou pouvoir être transférés dans un établissement de suivi postopératoire. D’autre part, l’évolu­ tion démographique va entraîner un ac­ croissement de la demande en personnel soignant. Par ailleurs, les besoins en per­ sonnel soignant vont continuer de s’inten­ sifier avec le transfert des traitements hos­ pitaliers vers les traitements ambulatoires, surtout dans le domaine de l’aide et des soins à domicile (Spitex). Les défis à relever sont doubles : premièrement, il faut réussir à intéresser et à former suffisamment de soignants qualifiés pour pérenniser l’ap­ provisionnement en soins de la popula­ tion. Deuxièmement, les soig­nants doivent être compétents et qualifiés pour répondre aux attentes élevées des patients, aux exi­ gences de la médecine et de la technique ainsi qu’aux nouveaux critères du proces­ sus d’approvisionnement médical.

Professionnalisation et académisation dosée La nécessité de professionnaliser les soins et les formations correspondantes est

connue depuis très longtemps. Les cycles de formation correspondants sont adaptés peu à peu. Mais le processus de mutation n’est pas clos pour autant. Face aux mul­ tiples exigences posées par les soins mo­ dernes, des voix s’élèvent aussi en Suisse pour réclamer une académisation de la formation soignante – d’autant plus que dans la plupart des autres pays, les soins constituent traditionnellement une pro­ fession enseignée à l’université. Incontes­ tablement, il paraît raisonnable et néces­ saire de compléter la formation classique en soins infirmiers par un niveau acadé­ mique (haute école spécialisée ou univer­ sité). Les avis sont toutefois partagés quand il s’agit de trouver la bonne mesure. Tandis que la Romandie inscrit la formation en soins infirmiers exclusivement au niveau des hautes écoles – à l’exception de celle d’assistant en soins et santé communau­ taire –, la Suisse alémanique et le Tessin estiment que les écoles supérieures doi­ vent continuer à former la majorité des professionnels de soins. Ce modèle pré­ sente également l’avantage de pouvoir ré­ pondre de façon différenciée aux exigen­ ces rencontrées dans la pratique des soins en proposant différentes qualifications. La tendance à l’académisation doit donc être remise en question, non seulement pour des motifs financiers. La Suisse dispose, avec son système de formation dual, d’un atout que d’autres pays nous envient. L’éventail des possi­ bilités offertes depuis la scolarité obliga­ toire jusqu’au diplôme académique – de l’apprentissage professionnel aux écoles spécialisées – est vaste pour acquérir une bonne formation de base axée sur la prati­ que. Nous avons ainsi réussi à former « en­ tre l’ingénieur et le manœuvre » un nom­ bre important de praticiens et de profes­ sionnels hautement qualifiés. Dans le do­

maine des soins infirmiers notamment, les écoles spécialisées ont formé des aides­soignant(e)s hautement qualifié(e)s sans que ceux-ci possèdent une formation aca­ démique. Il convient de préserver et de renforcer cet atout.

Trois degrés de formation en soins Le 1er janvier 2004, la Loi fédérale sur la formation professionnelle est entrée en vi­ gueur. La LFPr a introduit une régulation des professions de santé au niveau natio­ nal sous la responsabilité de l’Office fédé­ ral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT). La nouvelle loi fédé­ rale a diverses répercussions dans le do­ maine des soins, notamment l’intégration des professions de soins, anciennement réglementées par la Croix-Rouge suisse (CRS), dans le système de formation pro­ fessionnelle de l’OFFT. Concrètement, cela signifie que l’ancienne formation d’infir­ mière et d’infirmier n’est plus dispensée désormais qu’au degré tertiaire, c’est-àdire à la suite d’une formation du niveau secondaire II. La formation dans le domaine des soins s’articule désormais autour de trois éche­ lons* : • Assistant(e) en soins et santé communautaire (ASSC) : cette formation est possible directement à l’issue de la sco­ larité obligatoire ; elle est considérée à ce titre comme une formation du niveau se­ condaire II, à l’instar d’un apprentissage par exemple. La formation dure trois ans et permet d’acquérir des connaissances de base dans le domaine des soins. Elle permet d’effectuer des soins sur des pa­ tients stabilisés sous les directives d’un supérieur. L’ASSC est aussi la formation qui mène vers d’autres professions mé­ dicales, p. ex. les professions médicotechniques de la santé.


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• Soignant professionnel niveau école supérieure (ES) : cette formation est acces­ sible à condition de posséder un pre­ mier diplôme professionnel du niveau secondaire II. Il s’agit d’une formation sur trois ans. Pour les assistants en soins et santé communautaire, le cursus est raccourci à deux ans et demi. Les soi­ gnants professionnels ES sont respon­ sables de l’intégralité du processus de soins interdisciplinaire et gèrent le pro­ cessus de traitement défini selon les DRG. Ils sont en mesure de faire face à des situations de soins complexes et d’exercer des activités exigeantes. Pen­ dant la formation, ils bénéficient d’une immersion dans la pratique des soins à l’hôpital, dans les homes médicalisés ou à domicile.

Transversalité garantie Les trois degrés offrent tous des forma­ tions initiales certifiant pour la pratique professionnelle mais avec des profils dif­ férents. L’important est que la transversa­ lité entre les différents degrés soit assu­ rée. Si autrefois, les filières de formation débouchaient bien souvent sur des impas­ ses, il est aujourd’hui possible d’accéder au degré immédiatement supérieur dès lors qu’une formation s’est soldée par un di­ plôme. Cette règle s’applique aussi au do­ maine des soins infirmiers, même si certai­ nes passerelles doivent encore être préa­ lablement définies et faire leurs preuves dans la pratique. Le système doit être flexi­ ble pour pouvoir s’adapter en permanence aux besoins en perpétuelle évolution. Un large éventail de formations postdi­

Les professions de la santé requièrent également un savoir académique sans pour autant reléguer les qualités humaines à l’arrière-plan.

• Soignant professionnel niveau haute école spécialisée (HES) : la formation dispensée dans une haute école spé­ cialisée permet aux détenteurs d’une maturité professionnelle de se préparer de manière ciblée à des exigences plus élevées. Tout comme la formation ES, la formation HES permet aussi de por­ ter la responsabilité intégrale du proces­ sus de soins. La formation se solde par un Bachelor ou un Master of Science en sciences infirmières. En Suisse alémani­ que, les formations dans les hautes éco­ les spécialisées sont proposées en alter­ native à celles des écoles supérieures, tandis qu’en Romandie elles constituent la seule formation du niveau tertiaire.

plômes (anciennement Formations spé­ cialisées supérieures Clin I et II), de pos­ sibilités de perfectionnement et de spé­ cialisation s’offre aux soignants profes­ sionnels diplômés de niveau ES ou HES. Ils peuvent se spécialiser dans les domai­ nes de l’anesthésie, des soins intensifs, de l’urgence opératoire et hospitalière, de la prévention de l’infection, des soins trans­ culturels, du Case Manager ou suivre des formations de cadre. Par ailleurs, ils ont aussi la possibilité d’étudier les sciences infirmières à l’Université de Bâle et d’ac­ quérir un Bachelor ou un Master in Nur­ sing Science. Nous avons incontestablement besoin de professionnels ayant des connaissances

scientifiques lorsqu’il s’agit de transposer dans la pratique les connaissances issues de la recherche sous forme de concepts comme l’Evidence Based Nursing, et d’en­ cadrer cette transposition. Pour les soins quotidiens à l’hôpital, dans les homes mé­ dicalisés ou à domicile en revanche, nous avons surtout besoin de soignants profes­ sionnels possédant une grande expérience pratique, de solides connaissances et de beaucoup de sang-froid dans les ­situations de stress extrêmes. Les écoles supérieu­ res subviennent aux besoins fondamen­ taux dans ce domaine, tout du moins en Suisse alémanique.

Nouvelles tâches pour   les soignants à l’avenir Il est envisageable qu’à l’avenir, les soi­ gnants professionnels prennent également en charge de nouvelles tâches dans la four­ niture des prestations de santé. Le débat sur le manque de médecins de premier recours a ainsi montré qu’à long terme, des pénuries pourraient apparaître dans les soins médicaux de base. Les soignan­ tes et soignants professionnels pourraient assumer des fonctions de triage et déles­ ter les médecins de famille. Les expérien­ ces recueillies à l’étranger se sont avé­ rées positives. Le Managed Care consti­ tue un autre domaine où l’on recherche aujourd’hui déjà, notamment chez les as­ sureurs-maladie, des soignants profession­ nels qualifiés avec une spécialisation de Case Manager. A court terme, on craint plutôt que le nombre de jeunes intéres­ sés par les métiers de soins soit insuffi­ sant. La bonne conjoncture, le manque de prestige du métier de soignant et la ré­ munération modeste font qu’il est difficile d’enthousiasmer les jeunes pour ces pro­ fessions. Il appartient aux établissements de formation, aux employeurs et aux as­ sociations de mettre en avant le fort po­ tentiel du métier de soignant et l’interdis­ ciplinarité croissante de cette activité, pa­ rallèlement à des avantages d’ordre prati­ que, comme la possibilité de travailler à temps partiel.  Peter Marbet

* Pour obtenir une vue d’ensemble des filières de formation de soins, voir : « Gesundheitswesen : Pflege und Betreuung », Schriftenreihe Chancen in Beruf und Arbeit n° 27/32, édité par le Centre suisse de services Formation professionnelle (CSFO), mai 2007. (www.bildung-gesundheit.ch)


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Entretien avec le Dr Frédéric Corminbœuf, président de l’Association Professionnelle Suisse des Physiciens Médicaux (APSPM)

« Le physicien médical est pour ainsi dire le pharmacien de la radiothérapie » Il existe des applications médicales qui sont trop complexes, même pour des médecins hautement spécialisés. Lorsque des cellules sont par exemple traitées par irradiations radioactives, des lois physiques entrent en jeu et nécessitent l’intervention de spécialistes en sciences physiques. Les physiciens médicaux assistent les médecins en cas de traitements très complexes. Frédéric Corminbœuf, président de l’Association Professionnelle Suisse des Physiciens Médicaux, explique le travail qu’il accomplit dans le cadre de sa profession.

infosantésuisse : Le physicien médical est pour beaucoup une profession dont ils n’ont encore jamais entendu parler. Quel genre d’activité exercez-vous ? Dr Frédéric Cormin­ bœuf : Les physiciens médicaux travaillent dans le cadre d’une médecine qui a recours à des appareils complexes, lorsqu’un patient est traité par rayonnements ionisants. La loi sur la radio­ protection prescrit impérativement la pré­ sence d’un physicien médical. Lors de l’uti­ lisation d’installations d’irradiation pour­ vues d’un accélérateur d’électrons, la loi demande même qu’un physicien médical intervienne pour chaque appareil. Le traitement par irradiation conduit à des interactions physiques dans le corps hu­ main. Pour agir correctement, il faut des connaissances en physique approfondies. Notre tâche la plus importante est donc le contrôle de qualité de la radiothérapie. Nous garantissons en particulier que les bons emplacements du corps soient irra­ diés avec la bonne dose. Un exemple pro­ venant de la France en démontre la néces­ sité : à cause d’un dosage excessif d’irra­ diation de 20 %, sept personnes sont dé­ cédées dans ce pays. Dans quels domaines médicaux a-t-on avant tout besoin de physiciens médicaux ? Nous travaillons surtout en radiothérapie et en médecine nucléaire. La radiologie s’y ajoutera à l’avenir parce que les doses d’irradiation utilisées par cette branche ne cessent d’augmenter.

Vous sentez-vous plutôt physicien ou plutôt médecin ? Je suis physicien et je me sens comme tel. Toutefois, je suis conscient que j’exerce une profession médicale – mon activité s’inscrit dans le cadre d’actes médicaux. Quelle est la formation d’un physicien médical ? Un physicien médical a en tous cas achevé avec succès ses études en physique. En­ suite, deux possibilités se présentent : un candidat travaille pendant trois ans sous la conduite d’un physicien médical. En pa­ rallèle, il continue à se former du point de vue médical. En fin de formation, le futur physicien médical rédige un travail écrit de diplôme et passe des examens oraux et écrits. L’autre variante consiste à effectuer des études postdiplômes à l’EPFZ.

« Nous garantissons que les bons emplacements du corps soient irradiés avec la bonne dose. » Comment s’opère la collaboration entre médecin et physicien médical ? La répartition des tâches est-elle claire ? Oui, tout à fait : le médecin décide de l’objectif et du contenu de la radiothéra­ pie. Quant au physicien médical, il éta­ blit le plan des irradiations, il règle les détails techniques et surveille l’exécution de la thérapie. On peut comparer notre travail à celui de la remise des médica­ ments : le pharmacien est responsable de l’utilisation correcte du médicament et du contrôle de qualité. Le physicien médical est pour ainsi dire le pharmacien de la radiothérapie.

La physique médicale est-elle avant tout un domaine d’application pratique – ou existe-t-il aussi une recherche qui lui soit spécifique ? La recherche en physique médicale existe aussi et elle conduit à de nouveaux dé­ veloppements ou applications dans le domaine de la médecine. Je cite à titre d’exemple la radiothérapie à intensité mo­ dulée. Dans ce cas, les cellules à traiter ne sont pas toutes irradiées avec la même intensité. Selon les circonstances, certai­ nes régions de la tumeur peuvent rece­ voir des doses d’irradiation plus élevées que d’autres. A l’hôpital de l’Ile, vous travaillez à la clinique de médecine nucléaire. C’est quoi précisément ? La médecine nucléaire poursuit les mêmes objectifs que la radiologie. Mais il y a une différence : en radiologie, les rayons vien­ nent de l’extérieur, en médecine nucléaire, de l’intérieur du corps. Pour cela, on ad­ ministre un médicament légèrement radio­ actif qui a la propriété de se concentrer sur la tumeur. En mesurant la radio­activité, les médecins peuvent alors constater avec précision où se situe la tumeur. L’exemple le plus connu de tels procédés est la tomo­ graphie par émission de positrons (TEP). La médecine nucléaire sert essentiellement au diagnostic. Mais il existe aussi des ap­ plications thérapeutiques où les médica­ ments radioactifs détruisent des cellules malignes. Les risques liés aux médicaments radio­ actifs ne sont-ils pas trop grands ? Certainement pas pour les patients. En médecine nucléaire, les examens impli­


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quent la plupart du temps une dose d’ir­ radiation sensiblement moindre qu’une ­tomodensitométrie CT diagnostique. Pour le personnel aussi le risque est faible, et cela d’autant plus que les physiciens mé­ dicaux surveillent toujours plus fréquem­ ment cette application.

« La dose d’irradiation liée aux médicaments radioactifs est dans la plupart des cas sensiblement moindre que celle liée à une tomodensitométrie CT diagnostique. » Oui, à n’en pas douter. En radiologie, la physique médicale jouera un rôle toujours plus important. En outre, dans un avenir proche, il sera possible de combiner les procédés TEP avec la tomographie à ré­ sonance magnétique. Nous aurons alors un procédé d’imagerie qui permet une meilleure analyse et exige moins d’irra­ diation que la combinaison TEP/CT. Nous

attendons aussi beaucoup de la tomothé­ rapie : à la différence des accélérateurs d’électrons actuels, ces accélérateurs tour­ nent très vite. Le patient est donc exposé moins longtemps aux radiations et il y a moins d’imprécisions dues aux mouve­ ments. En outre, cette technologie permet d’irradier des tumeurs de manière beau­ coup plus ciblée. Ces évolutions confè­ rent une importance croissante à la phy­ sique médicale. Dans vingt ans, les physiciens médicaux travailleront-ils comme aujourd’hui ? Mon désir serait que les grands hôpitaux disposent de leur propre division de phy­ sique médicale. Les physiciens médicaux des différentes spécialités exercées pour­ raient ainsi mieux collaborer et travailler en réseau.  Interview : Peter Kraft

Photo : Keystone

Quelle distinction fait-on entre les procédés d’imagerie de la médecine nucléaire et ceux qui sont traditionnels ? Les procédés TEP permettent de rendre visibles des processus d’échanges organi­ ques que la tomodensitométrie CT tradi­ tionnelle ne peut pas reproduire. En re­ vanche, une tomodensitométrie montre des images anatomiques beaucoup plus détaillées. La combinaison de ces deux procédés permet de détecter rapidement et sûrement des tumeurs et, de surcroît, de les localiser avec précision.

Comment évoluera la profession de physicien médical à l’avenir ? Le progrès médical va-t-il favoriser l’apparition de nouveaux domaines de tâches ?

Appareil de tomographie par émission de positrons (TEP) en action.


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Une journée dans un cabinet d’ergothérapie

Réinsérer les patients dans la vie quotidienne et sociale Qu’est-ce que l’ergothérapie ? Les personnes qui peuvent répondre spontanément et en quelques phrases à cette question sont peu nombreuses. Même celles qui ont déjà eu des séances d’ergothérapie ou qui « en principe » savent ce que signifie ce vocable ont de la peine à le dire. C’est pourquoi santésuisse a observé les activités du cabinet d’ergothérapie « ergobern », durant toute une journée. Nous avons constaté que le travail y est très varié et assez impressionnant.

P

our Monsieur S., tout a commencé par une écharde de bois plantée dans la main qui paraissait sans gravité. Il l’a immédiatement enlevée mais c’était pourtant déjà trop tard : une mé­ chante infection s’en est suivie, nécessitant plusieurs opérations. Un certain temps, le patient a même eu peur de perdre sa main – ce n’est qu’après quelques jours que les médecins ont pu lui garantir qu’une am­ putation n’était pas nécessaire. Monsieur S. fréquente maintenant le cabinet d’ergo­ thérapie de Jacqueline Bürki, la directrice de « ergobern ». Ils travaillent ensemble à rétablir la mobilité de sa main afin qu’il puisse effectuer les actes de la vie quo­ tidienne. Cette main qu’il a failli ­perdre voici deux mois a un si bel aspect que per­ sonne n’arrive à le croire. Mais les suites de l’infection et les opérations subies par Monsieur S. lui donnent du fil à retordre. D’une part, les zones autour des cicatrices sont encore douloureuses, d’autre part, la cicatrisation a soudé certains tissus, ce qui risque de limiter la mobilité de la main. C’est pourquoi Jacqueline Bürki fait faire des exercices de mobilisation à son pa­ tient. De plus, il a aussi un programme de travail qu’il doit effectuer à la maison. Jacqueline Bürki lui a également fabriqué un tuteur taillé sur mesure qui tient ses doigts en position étendue et étire ainsi la musculature qui s’est raccourcie.

Objectif prioritaire : indépendance dans la vie quotidienne Madame M. suit également un traitement thérapeutique de la main auprès de Jac­ queline Bürki. Elle s’est cassé un doigt en vacances et un médecin bien informé l’a envoyée en ergothérapie – l’autre alter­ native aurait été de l’opérer. Aujourd’hui, Madame M. peut déjà réutiliser presque

normalement son doigt et, jusqu’à un cer­ tain point, le plier et l’étendre à nouveau complètement ; les douleurs et l’enflure ont disparu. L’exemple de la thérapie de la main mon­ tre déjà que dans certaines situations l’er­ gothérapie est très efficace et remédie aux suites d’une blessure ou d’une opération, voire même empêche une telle opération. L’objectif (et en même temps la définition) de l’ergothérapie est de permettre aux pa­ tients de retrouver dans leurs occupations quotidiennes une mobilité et une indépen­ dance aussi complète que possible. Le lien avec la qualité de vie est évident – mais aussi avec les coûts consécutifs qu’il est possible d’éviter, comme le montre l’exem­ ple de Madame M. Cet objectif implique que l’ergothérapie ne se limite pas simple­ ment à recouvrer la mobilité des mains. Les patients souffrant d’atteintes cérébra­ les (notamment dues à des accidents, at­ taques ou maladies telles que la sclérose en plaques), les personnes âgées, les en­ fants handicapés ou les personnes victi­ mes de problèmes psychiques sont éga­ lement traités en ergothérapie.

Entraînement intensif pour  les personnes victimes d’une atteinte cérébrale « ergobern » a ouvert il y a bientôt trois ans à Berne un centre de jour pour les jeunes victimes d’une atteinte cérébrale en âge d’exercer une activité professionnelle. Un programme ambulatoire interdisciplinaire est offert à ces patients un jour par se­ maine. Ils rejoignent Priska Rothen dans le groupe du matin : avec huit patients, elle effectue un entraînement global de la mémoire. Cette méthode fait appel à tou­ tes les activités intellectuelles. Les exerci­ ces éveillent la curiosité des participants,

sollicitent à dessein les différents sens et stimulent la pensée et la parole. Les pa­ tients faisant partie de ce groupe ont subi de sévères atteintes cérébrales, ils possè­ dent souvent une perception spatiale for­ tement réduite, leur pensée est ralentie et ils ont du mal à aller chercher les bonnes informations dans leur cerveau pour ac­ complir les actes les plus simples de la vie quotidienne. Sous une forme ludique, ils s’entraînent en groupe à faire travailler la mémoire longue en énumérant, par exem­ ple, ce qui se rapporte au mot-clé « rouge » ; ils renforcent l’esprit de logique en reliant tous les points inscrits sur une feuille sans lever le crayon ou exercent leur faculté d’analyse des combinaisons en regroupant les images par catégories. Ce qui frappe, c’est la bonne ambiance et l’atmosphère détendue qui règnent dans le groupe – manifestement, l’échange profite à cha­ cun d’entre eux. Après un repas en com­ mun et une pause, la réadaptation neuro­ logique se poursuit au sein d’un groupe d’ergothérapie privilégiant le mouvement par des thérapies individuelles. Quand on lui objecte qu’il s’agit là d’un programme assez lourd pour les patients, Priska Ro­ then rétorque : « Grâce à un entraînement ciblé et à un environnement stimulant, la capacité de résistance et de performance des patients ayant subi des atteintes céré­ brales est durablement renforcée et pro­ gressivement augmentée. »

Chaque patient a d’autres objectifs Le cabinet de Jacqueline Bürki travaille selon le principe de réadaptation CIF. Pour simplifier, cela signifie que l’on tient compte non seulement du diagnostic mé­ dical et du handicap lui-même mais aussi du patient, de ce qu’il est, de ses désirs et de son environnement. Pour que dans la


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cabinet d’ergothérapie dans le but d’arri­ ver à maîtriser les actes de la vie quoti­ dienne avec la plus grande indépendance possible.

tre à l’évidence qu’elle s’épanouit durant le traitement. Elle s’est par exemple levée la troisième fois en faisant preuve de plus de détermination qu’au début. Elle s’est te­ nue debout et a transféré le poids de la jambe saine sur la jambe atteinte, de ma­ nière plus assurée. Sa main valide a même réussi à lâcher la table.

On ne peut pas tout planifier Le prochain arrêt nous mène à Chiètres, dans un établissement pour handicapés physiques. Nous nous rendons compte qu’il n’est pas toujours possible de planifier le travail des ergothérapeutes. S. Lauten­ bach avait prévu d’effectuer avec Madame K., victime d’une attaque cérébrale, des exercices qui devaient notamment l’aider à se lever. Mais il y a quelques jours, Ma­ dame K. est tombée avec sa chaise rou­ lante électrique et souffre de contusions douloureuses. C’est pourquoi S. Lauten­ bach discute d’abord avec la patiente de sa situation actuelle. Cette dernière est af­ faiblie par la chute et les douleurs lui per­ mettent à peine de dormir. Il ne lui reste que suffisamment de force pour se lever trois fois en s’agrippant à la table. Madame K. se montre très préoccupée et S. Lau­ tenbach utilise le temps qui lui reste pour permettre à la patiente d’exprimer ses sou­ cis. Elle a aussi une offre particulière à lui faire : la patiente parlant couramment plusieurs langues, S. Lautenbach lui four­ nit quelques textes à traduire. Malgré sa maladie, Madame K. est restée malicieuse car elle demande en souriant et d’un air narquois comment elle sera indemnisée pour ses traductions. Cette patiente mon­

Le travail en réseau est toujours plus important

Photos : Peter Kraft

vie quotidienne, un musicien, un employé de commerce ou un imprimeur puisse re­ conquérir la plus grande indépendance possible, la thérapeute doit fixer des priori­ tés différentes. Chez un patient qui était un cycliste enthousiaste avant sa maladie, elle va chercher à promouvoir d’autres aptitu­ des qu’avec une personne dont le princi­ pal hobby est le jardinage. Le concept CIF sert aussi d’instrument de qualité : puis­ que des objectifs individuels sont définis pour chaque patient, grâce à cet outil, l’er­ gothérapeute peut mesurer le travail thé­ rapeutique accompli. De plus, dans le ca­ binet de Jacqueline Bürki, le concept CIF implique une évaluation régulière effec­ tuée par un travail en équipe : le cercle de qualité. Depuis Berne, nous nous rendons en train à Morat. Le cabinet « ergobern » exerce éga­ lement son activité à l’hôpital de Meyriez. Silvia Lautenbach prépare avec une pa­ tiente un dessert pour les invités de Ma­ dame E., laquelle a subi une attaque cé­ rébrale il y a quelques années. La malade coupe des pommes et des poires en pe­ tits morceaux qu’elle étendra ensuite sur une tarte. Les gestes qu’elle doit faire sont difficiles pour elle parce qu’il lui faut les réapprendre avec sa main valide, la gau­ che. Elle attache de l’importance à pou­ voir de temps en temps faire plaisir à ses enfants – et continuer à le faire après son séjour à l’hôpital. Durant son traitement à l’hôpital, elle fréquente chaque jour le

La journée passée dans le cabinet d’er­ gothérapie « ergobern » a mis deux choses en évidence : premièrement, l’ergothéra­ pie ­revêt des aspects très différents en ce qui concerne les douleurs traitées et les méthodes utilisées. Deuxièmement, s’agis­ sant des buts et de la façon de procéder, l’ergothérapie s’adapte pragmatiquement aux patients en tenant compte de leur ma­ ladie mais aussi de leur personnalité et de leur situation de vie. Jacqueline Bürki mentionne d’autres domaines de tâches que son cabinet prend en charge : en col­ laboration avec les offices AI et les em­ ployeurs, elle travaille à la réintégration dans leur lieu de travail des personnes victimes d’atteintes cérébrales. D’entente avec les patients, les partenaires trouvent des solutions – que ce soit la réinsertion professionnelle avec un horaire de travail réduit ou une nouvelle fonction que le patient peut également assumer avec son handicap. « ergobern » travaille donc en ré­ seau, aussi bien au sein de son propre ca­ binet qu’avec des services spécialisés ex­ térieurs. Pour Jacqueline Bürki, les nou­ veaux champs d’activité obéissent aussi à un impératif économique : les valeurs des points des prestations ergothérapiques ont été gelées depuis des années, sans aucun renchérissement – c’est pourquoi les ca­ binets d’ergothérapie indépendants sont contraints d’élargir le spectre de leurs of­ fres. La collaboration sous forme de man­ dats octroyés par les hôpitaux (comme ce­ lui de Meyriez) est un exemple. Ce mo­ dèle est, selon Jacqueline Bürki, approprié, efficace et économique – ce qui profite à tous les partenaires contractuels, y com­ pris aux répondants des coûts. Peter Kraft Vous trouverez plus de renseignements, notamment sur les différentes méthodes d’ergothérapie, sous www.ergobern.ch et www.rehapunkt.ch

Jacqueline Bürki (à droite) et Silvia Lautenbach.

* ICF Abréviation pour International Classification of Functioning Disability and Health de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)


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Rencontre avec Roberto Mansueto, technicien en salle d’opération à l’hôpital universitaire de Bâle

Le cœur de la salle d’opération Les techniciens en salle d’opération doivent veiller à ce que les chirurgiens aient toujours les instruments nécessaires à portée de main. C’est ce que l’on pense communément. Une visite de l’hôpital universitaire de Bâle nous a toutefois permis de constater que cette profession recouvre des compétences bien plus larges. Roberto Mansueto – le premier à avoir travaillé comme technicien en salle d’opération à Bâle – nous a présenté son métier. Une conclusion s’impose d’emblée : si les chirurgiens sont le cerveau de la salle d’opération, les techniciens en salle d’opération en sont le cœur.

L

’entrée dans la vie active n’a pas été facile pour Roberto Mansueto. Il a été recruté à l’Hôpital universitaire de Bâle il y a quatre ans en tant que tout premier technicien en salle d’opération (TSO). Au début, les infirmières de bloc et les infirmières généralistes nourrissaient une certaine méfiance à son égard : l’em­ bauche du nouveau était-elle annonciatrice d’une mutation ? Si oui, quelles en seraient les conséquences ? Les conditions de tra­ vail ou les salaires allaient-ils changer ? Il a fallu quelque temps avant que les crain­ tes ne se dissipent et que l’équipe réalise que Roberto Mansueto était tout simple­ ment l’un d’entre eux et que le nouveau métier de TSO ne représentait pas une menace pour les infirmières et soignants classiques.

Des différences minimes

Photos : Peter Kraft

Roberto Mansueto affirme que son travail est le même que celui des « anciens ». La dif­

Roberto Mansueto.

férence réside dans le cycle de formation. Les infirmières de bloc opératoire com­ mencent par une formation d’infirmière – en principe après l’école de culture géné­ rale – et suivent ensuite une formation spé­ cialisée pour travailler en salle d’opération. Les TSO en revanche commencent leur for­ mation de trois ans dans une école supé­ rieure spécialisée directement après l’école de culture générale. Ce parcours est donc plus court, mais il présente de gros avan­ tages selon Roberto Mansueto : il permet tout d’abord de maîtriser parfaitement les appareils techniques, qui revêtent une im­ portance croissante en chirurgie, et traduit par ailleurs un véritable choix profession­ nel. En effet, celui qui décide de devenir TSO ne le fait pas faute d’alternatives.

Les logisticiens   de la salle d’opération Les infirmières de bloc et les TSO assis­ tent le chirurgien dans la salle d’opération, tendent humblement les instruments aux dieux en blouse blanche et leur essuient la sueur du front. C’est sûrement ce que certains imaginent, mais la réalité n’a rien à voir avec ce cliché véhiculé par les sé­ ries télévisées inspirées de l’univers mé­ dical. Roberto Mansueto énumère tout ce qui relève de son domaine de responsabi­ lité. Il prépare les instruments et les appa­ reils en vue de l’intervention. Il doit à cet égard envisager tous les cas de figure car les matériels qui ne sont pas nécessaires en temps normal peuvent sauver des vies en cas d’urgence. Il prépare aussi les pa­ tients pour l’opération. Cela consiste à les installer, à les raser et à leur poser éven­ tuellement des cathéters. Pendant l’opéra­ tion, les techniciens en salle d’opération assument deux tâches essentielles : l’un veille à l’intégralité du matériel et au dérou­

lement sans incident dans la salle d’opé­ ration, l’autre tend les instruments, c’est la partie la plus connue. Le TSO qui tend les instruments au chirurgien doit s’assu­ rer qu’ils sont en bon état. Lorsque l’opé­ ration est terminée, le travail de Roberto Mansueto continue : les instruments sont contrôlés, si nécessaire rendus opération­ nels pour la prochaine intervention, puis nettoyés, stérilisés et emballés. En plus de ces tâches directement liées aux opé­ rations, les techniciens en salle d’opéra­ tion sont les logisticiens de la salle d’opé­ ration : ils font l’inventaire, reconstituent les stocks et contrôlent les dates d’expira­ tion et la stérilité du matériel.

Quatre opérations par jour La journée de Roberto Mansueto com­ mence le matin à sept heures par une réu­ nion. Les interventions prévues dans les différentes salles d’opération y sont dis­ cutées. Puis, les TSO rejoignent les salles d’opération pour préparer les interven­ tions. Les opérations proprement dites dé­ marrent à huit heures quinze, à neuf heures et demie arrive une équipe supplémentaire qui permet aux TSO de faire une pause et de déjeuner à midi. Avant que la journée ne s’achève à seize heures, les TSO net­ toient le matériel utilisé ou le remplacent. A la fin de la journée, Roberto Mansueto a assisté à environ quatre opérations. Evidemment, cela se passe ainsi unique­ ment lorsque la journée se déroule comme prévu et que les urgences sont peu nom­ breuses. Sinon, les TSO continuent de travailler jusqu’à ce que l’équipe du soir prenne la relève à seize heures. C’est alors cette équipe qui se charge, selon le temps dont elle dispose, de nettoyer et prépa­ rer le matériel en vue de sa réutilisation. L’équipe du soir de l’hôpital universitaire


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Les instruments utilisés sont acheminés sur ce tapis roulant pour être stérilisés.

de Bâle compte quatre TSO et travaille jusqu’à vingt-trois heures. L’équipe de nuit composée de trois personnes prend en­ suite la relève. Les équipes du soir et de nuit assurent la permanence pour les ur­ gences, car les opérations planifiées ne sont pas réalisées à ces heures. Deux per­ sonnes sont par ailleurs de garde. Un TSO doit effectuer en moyenne un poste de soir ou de nuit sept jours consé­ cutifs par mois et une garde par semaine. Cela signifie que le TSO doit être prêt à travailler trente minutes après l’appel. Lors­ qu’on habite près de l’hôpital, cela ne pose pas de problème, précise Roberto Man­ sueto. En revanche, les infirmières de bloc qui habitent plus loin doivent assurer leur garde dans la pièce prévue à cet effet à l’hôpital et y passer la nuit.

Opération à cœur ouvert :   aucune raison de s’affoler Les salles d’opération ne se résument pas à ces petites pièces au sous-sol d’un hôpital. Elles sont rattachées à une infra­structure impressionnante en amont et en aval. Il y a des entrepôts pour le matériel dont la taille équivaut à celle des aires de maga­ sinage des supermarchés – la diversité du matériel témoigne de la multiplicité des

opérations et des processus correspon­ dants. Des tapis roulants transportent les instruments utilisés directement vers l’as­ censeur menant au service de stérilisation. Lorsqu’on jette un bref coup d’œil dans les salles d’opération, on ne peut qu’être étonné du calme qui y règne. Bien que des interventions difficiles soient en cours – l’une à cœur ouvert, une autre sur un cer­ veau – on ne sent ni nervosité ni agitation. L’équipe chirurgicale travaille en silence et n’échange que quelques mots. Il serait exagéré de parler d’ambiance détendue, mais tout semble rodé, concentré, routi­ nier. Roberto Mansueto explique cette im­ pression étonnante par le fait que ce travail est le quotidien de l’équipe chirurgicale. La concentration est le b.a.-ba ; les acteurs présents ne peuvent en aucun cas se per­ mettre d’être nerveux lors d’interventions qui exigent une précision maximale. Voir un cœur ouvert pour la première fois est une expérience troublante. Mais pour les TSO et les chirurgiens, ce n’est pas une raison de s’affoler.

Confrontation avec la mort Ce qui est difficile, en revanche, c’est d’être confronté à la mort ou à des destins tragi­ ques. Chacun a ses propres solutions pour

gérer ces situations, explique Roberto Man­ sueto : les uns font du sport, les autres ont besoin de parler, d’autres encore se recen­ trent sur eux-mêmes et digèrent ces expé­ riences seuls. « L’équipe est d’un très grand soutien lorsqu’on vit mal quelque chose », dit Roberto Mansueto. L’expérience pro­ fessionnelle aide aussi à supporter les dé­ cès sur la table d’opération. Avec le temps, on accepte l’idée d’être confronté dans ce métier à des situations dramatiques. Ro­ berto Mansueto ne nie pas toutefois que ces expériences influencent sa vie de tous les jours : lorsqu’un patient meurt et laisse des enfants derrière lui, cela le touche tout particulièrement car il est aussi père de fa­ mille. D’un autre côté, pense-t-il, cela lui permet sans doute de mieux apprécier sa vie et sa santé que d’autres. Il est conscient de la finitude de la vie. Sa femme sait quel­ les sont ses dernières volontés si le pire devait arriver. Roberto Mansueto affirme que les situations difficiles qu’il doit assu­ mer dans son travail le rendent aujourd’hui plus fort qu’elles ne lui pèsent. Entre autres parce que ces expériences le préparent mieux à un coup du destin.

Devenir TSO – une décision   à ne pas prendre à la légère Roberto Mansueto pense que seuls les jeu­ nes très motivés doivent suivre la formation de TSO. L’endurance, la flexibilité et l’esprit d’équipe sont des qualités essentielles pour exercer ce métier. Ce n’est pas une profes­ sion pour les individualistes. Un bon sens de l’observation, la rapidité de pensée et de décision ainsi que la résistance, notam­ ment physique, sont également indispen­ sables. Une future infirmière de bloc opé­ ratoire devrait choisir ce métier par pas­ sion et se décider à suivre cette formation en connaissance de cause. Une fois la dé­ cision prise, les étudiants suivent une for­ mation variée au cours de laquelle forma­ tion théorique et pratique alternent sur des périodes de plusieurs mois. Roberto Mansueto exercera-t-il ce mé­ tier toute sa vie ? Il ne le sait pas encore. « Le travail est très difficile, de par la pré­ sence et l’intensité énormes qu’il exige. Il est possible que j’aie envie de ralentir un peu le rythme dans vingt ans », dit-il. Tout comme il est concevable que ce tra­ vail devienne « l’œuvre de sa vie » comme pour bon nombre de ses collègues qui sont ­fidèles à la salle d’opération jusqu’à leur retraite.  Peter Kraft


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DOMAINE DE LA SANTÉ

infosantésuisse  No 11, novembre 2007

Le graphique du mois de novembre

Brève accalmie sur le front des coûts En 2006, la croissance des coûts a été provisoirement jugulée grâce à diverses réformes décidées par le Parlement et le Conseil fédéral. Mais celles-ci semblent déjà ne plus produire leurs effets en 2007.

L

a plupart des mesures d’économie n’ont freiné la hausse des coûts que pendant un bref laps de temps. La hausse actuelle pour l’année 2007 ré­ vèle qu’il faut s’attendre à nouveau à une croissance des coûts plus importante. Les coûts bruts par assuré au premier se­ mestre 2007 ont progressé de 7,6 % par rapport à la même période en 2006. Les données à fin juin 2007 ne correspon­ dant qu’aux décomptes d’environ trois mois de prestations avec une date de début du traitement en 2007, le taux de croissance peut encore varier au cours des prochains mois. Cela signifie qu’après

l’année hors norme 2006, l’évolution des coûts pourrait à nouveau atteindre les taux de croissance des années précéden­ tes – en supposant que les coûts grim­ pent de manière similaire au second se­ mestre que durant les six premiers mois de l’année. On retrouverait ainsi les taux de croissance des années 2004 et 2005 (selon la date de décompte, 2004 : 6,4 %, 2005 : 5,2 %). Seule l’année 2006 fait ex­ ception à la règle avec une croissance ex­ ceptionnellement basse de 0,8 %. Sur les cinq dernières années, la croissance des coûts par assuré s’est établie en moyenne à 3,4 %.

Nouveauté : date de début   du traitement Etant donné que santésuisse présente désormais l’évolution des coûts selon la date de début du traitement (et non plus selon la date de décompte comme pré­ cédemment), les coûts peuvent être at­ tribués à la période correcte avec une plus grande précision. Cela tient notam­ ment au fait que les retards de factura­ tion ou de comptabilisation ne jouent plus aucun rôle dans cette méthode sta­ tistique.  Peter Kraft

10,0% 9,0%

8,2%

Evolution des coûts

8,0%

7,6%

7,0% 6,0% 5,0% 4,0%

4,0%

3,0% 1,6%

2,0%

2,2%

1,0% 0,0%

2003

2004

2005

2006

Après un bref répit, les coûts de l’assurance de base reprennent l’ascenseur.

er

1 semestre 2007

Source : pool de données santésuisse

Croissance des coûts par assuré dans l’assurance de base par rapport à l’année précédente (2003–2006) ou au même semestre de l’année précédente (2007) (d’après la date de début du traitement)


DOMAINE DE LA SANTÉ

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infosantésuisse  N 11, novembre 2007 o

L’ancien directeur du Département de la santé du canton de Thurgovie dresse un bilan

La planification des hôpitaux a-t-elle échoué ou est-elle la mauvaise solution ? La planification des hôpitaux n’a pas permis d’atteindre les résultats escomptés comme en témoignent les études réalisées et les expériences des acteurs concernés. Cependant, elle est inscrite une fois de plus dans la révision de la LAMal avec une obstination indéfectible. Elle est même encore renforcée par des éléments de planification fédérale supplémentaires. Alors qu’il conviendrait plutôt de se demander si elle constitue la bonne solution pour gérer les prestations hospitalières à la charge de la LAMal.

C

onformément à la loi sur l’assurancemaladie et aux décisions provisoi­ res de révision du Conseil national et du Conseil des Etats, les cantons doi­ vent définir leurs capacités hospitalières au moyen d’une planification des hôpitaux coordonnée et adaptée aux besoins en se basant sur les critères de planification de la Confédération. Or les résultats obtenus avec la planification des hôpitaux sont loin d’être convaincants si l’on en croit des étu­ des fondées. Non pas parce que des erreurs ont été faites : les cantons se sont efforcés, dans le cadre de leurs possibilités, d’établir des planifications correctes et praticables. La Confédération les a même, pour la plu­ part, entérinées ou a demandé des chan­ gements conformes à ses attentes en ma­ tière de planification. De plus, l’offre hos­ pitalière dans les cantons qui ne disposent pas d’une planification des hôpitaux selon le droit fédéral n’est pas pire ni plus chère que dans les cantons dotés d’une planifi­ cation sophistiquée. Dans les milieux politiques, la planifica­ tion des hôpitaux est évaluée selon les cri­ tères les plus divers. Les uns s’attendaient à la fermeture d’hôpitaux, les autres vou­ laient réduire le nombre de lits pour soins aigus. D’autres enfin pensaient voir le nom­ bre d’hôpitaux privés en activité augmenter ou diminuer. Tous s’accordent cependant à dire que la planification des hôpitaux de­ vrait pour le moins permettre de réduire les coûts. Compte tenu de ces attentes politi­ ques multiples, la planification des hôpitaux n’a pas atteint les résultats espérés.

Concurrence ou éléments planificateurs ? La LAMal (une loi d’assurance sociale et non une loi sur la santé) doit gérer plusieurs ni­

Les planifications hospitalières n’ont pas répondu aux attentes.

veaux : celui du système de santé, des four­ nisseurs de prestations, des assureurs et des assurés. La planification des hôpitaux est ancrée au niveau du système de santé. La question qui se pose, en terme d’économie de marché, est de savoir comment assurer la coordination globale. Avant tout par la concurrence ou par des instruments planis­ tes comme la planification des hôpitaux ? Si l’on se place dans une perspective d’ave­ nir, il ne fait aucun sens, dans un contexte de prix basés sur les prestations comme le prévoit la révision de la LAMal, de main­ tenir une gestion planiste des capacités. Sans compter la libéralisation visée par les Chambres fédérales au moyen d’une plus grande liberté de choix des patients. Dans un tel environnement, la planification des hôpitaux n’a plus sa place. Et ce, en faisant abstraction des effets positifs escomptés de la planification des hôpitaux qui font déjà défaut sous la LAMal actuelle. De quoi avons-nous besoin pour gérer ­l’offre hospitalière ? En principe des mê­ mes instruments que ceux du secteur am­ bulatoire dont l’efficacité est indéniable ! En d’autres termes : • Davantage de concurrence afin que les « bons » hôpitaux offrant un meilleur rap­

port prestations-qualité-prix puissent opérer à une plus vaste échelle. Cette li­ berté de choix ne doit pas s’arrêter aux frontières du canton. Cela vaut aussi pour la concurrence vis-à-vis des fournisseurs de prestations ambulatoires. • L’une des tâches fondamentales des can­ tons est de garantir à la population, dans l’ensemble et à titre subsidiaire, une of­ fre suffisante dans tous les domaines du secteur de la santé. Les solutions pour ce faire, qu’elles soient intracantonales ou extracantonales, propres ou fournies par des tiers, doivent être décidées sur le marché suisse de la santé selon le prin­ cipe de la subsidiarité. Le secteur ambula­ toire indique la voie qui pourrait être sui­ vie dans la pratique. L’expérience prouve que cette solution permettrait de satisfaire les besoins régionaux bien mieux qu’avec n’importe quelle planification des hôpi­ taux sous la tutelle de l’Etat. • La Confédération se concentre sur la pro­ motion de l’économicité et, en étroite col­ laboration avec les principaux acteurs, sur la garantie de la transparence et des nor­ mes de qualité. Cela vaut également dans le domaine de la médecine de pointe. Des prix et des conventions basés sur les prestations conclus entre assureurs et fournisseurs de prestations reconnus, ainsi qu’une plus grande liberté de choix pour les patients au-delà des frontières du canton – à l’ère actuelle de mobilité et de communication – sont des thèmes es­ sentiels pour la Confédération. Car celleci légifère dans le domaine de la loi sur l’assurance-maladie et non du système de santé. Dr Jakob Weilenmann, ancien directeur du Département de la santé du canton de Thurgovie, conseiller dans le domaine de la santé


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DOMAINE DE LA SANTÉ

infosantésuisse  No 11, novembre 2007

Séminaire d’actualité 2006

Des choix politiques et sociaux en faveur de l’assuré Comme chaque année, la journée d’information et de réflexions sur l’actualité de l’assurance-maladie de Morges est agrémentée des présentations de conférenciers provenant d’horizons différents, quoique tous impliqués dans le domaine des assurances sociales. Cette agréable recette de l’organisateur de cette journée, Georges-André Escoffey, incorpore adroitement les regards du politique, de l’expert juriste, de l’assureur et des prestataires de soins.

L

a conseillère aux Etats vaudoise, Ma­ dame Christiane Langenberger, a ex­ posé son regard sur la société. Elle a d’abord mis en perspective l’influence de la situation économique sur les assurances sociales. La Suisse vit aujourd’hui dans une période de haute conjoncture. Le taux de chômage est assez bas pour être envié par de nombreux pays voisins. La balance com­ merciale est aussi positive. Néanmoins, les régulations du marché sont une préoccu­ pation constante des politiques. Dans une plus large assertion, ces règles incluent aussi celles liées au monde du travail. Les impor­ tantes différences salariales entre les diri­ geants et les employés ont engendré la ca­ tégorie des « working poor ». Plusieurs étu­ des ont démontré que les personnes éco­ nomiquement défavorisées doivent recourir plus souvent aux assurances sociales. Le stress des restructurations d’entreprises est aussi un facteur de problèmes socio-écono­ miques. Les angoisses engendrées par ces incertitudes touchent tous les niveaux des entreprises. Ces mal-être sont souvent com­ pensés par des addictions telles que le ta­ bac, l’alcool, la drogue ou plus sournoise­ ment la nourriture. Les déséquilibres éco­ nomiques et sociaux auront bien évidem­ ment des répercussions sur les assurances sociales, car au final ce sont ces institutions qui devront prendre en charge ces cas. Ces changements expliquent en partie l’évolu­ tion toujours grandissante des coûts de la santé. D’autres facteurs sont aussi détermi­ nants. Les patients sont de plus en plus in­ formés par les médias ou par Internet. Cela les rend exigeants en matière de prestations médicales délivrées. Aussi, la charge impor­ tante des primes maladie dans certains can­ tons incite les assurés à exiger des presta­ tions selon le précepte : « je paie, j’ai droit », en négligeant le principe de solidarité. Au

surplus, le vieillissement de la population nécessite des adaptations, y compris pour l’âge de la retraite. Dès lors, les assurances sociales ont une forte influence sur la production, l’épargne privée et la consommation. Les politiques en sont conscients et le travail de régulation du Par­ lement n’est pas simple. Dans cette volonté de gestion, les cantons agissent de plus en plus pour limiter leurs prises en charge. Les menaces de référendum rendent cela en­

La nouvelle pratique du Tribunal fédéral des assurances Invitée régulièrement aux Journées de Mor­ ges pour ses connaissances expertes, Mme Béatrice Despland a présenté les nouveau­ tés en matière de droit des assurances so­ ciales. Le Tribunal fédéral des assurances (TFA) a récemment établi une jurisprudence sur le devoir de renseigner selon l’art. 27 de la Loi sur la partie générale du droit des as­ surances sociales (LPGA)1. Dans cette déci­

Christiane Langenberger, Monique Luisier,

core plus délicat car les oppositions idéo­ logiques entre les partis de gauche et de droite aboutissent difficilement à des com­ promis. C’est pourquoi l’on est obligé d’avoir une politique des « petits pas ». En prenant l’exemple d’un projet pour personnes han­ dicapées dans lequel elle s’est personnelle­ ment investie, Christiane Langenberger s’est dite convaincue que dans le domaine des assurances sociales, il faut autant que pos­ sible permettre aux gens de se responsabi­ liser en se construisant eux-mêmes.

sion concernant l’assurance invalidité (AI), l’Office AI devait donner son accord pour une hospitalisation à l’étranger pour un cas grave et urgent. L’Office AI a mis presque deux mois pour établir une décision, incitée par un préavis de l’autorité de surveillance (OFAS) qui n’a mis que deux jours pour ­répondre à une consultation. Selon l’OFAS, une telle opération pouvait être réalisée en Suisse. Dès lors, la prise en charge à l’étran­ ger par l’AI ne devait pas être ­acceptée. La décision de l’Office AI étant parvenue la


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infosantésuisse  N 11, novembre 2007 o

veille de l’opération à l’étranger, le TFA a estimé que l’assureur (AI) devait prendre à sa charge cette prestation, car il n’avait pas été suffisamment diligent dans sa ré­ ponse. Ainsi, le devoir de renseigner n’in­ clut pas de retard « excusable » dans la ré­ ponse ou la décision, sauf si cela nécessite des besoins de recherche importants. Cette décision a une grande influence sur la for­ mation et les directives des employés des ­assurances sociales.

Se débarrasser des préjugés  sur les cliniques Le « quotidien d’un directeur d’établissement de soins » a été décrit par M. Pierre-Frédé­ ric Guex, directeur de la Clinique ­Cecil à Lausanne. Cet établissement fait partie des 13 cliniques du Groupe Hirslanden, ra­ cheté en 2007 par le groupe de cliniques privées sud-africain Medi-Clinic. M. Guex a tordu le cou à plusieurs idées reçues. Souvent les gens pensent que ces établis­ sements s’adressent pour l’essentiel à une élite étrangère. Ceci ne correspond pas du tout à la réalité, puisque 90 % des patients

rance complémentaire. A la différence de beaucoup de médias, M. Guex estime que les assureurs-maladie mettent peu d’entrain pour promouvoir les assurances complé­ mentaires. En effet, aucun intérêt n’a pu être éveillé chez un partenaire assureur pour s’associer à Vaud-Cliniques et à Ge­ nève-Cliniques pour mener une campagne pour la promotion de l’assurance complé­ mentaire privée.

L’initiative sur la caisse unique…   et après ? Cette journée de réflexion a permis de se pencher à nouveau sur la votation concer­ nant l’initiative « caisse unique », afin de li­ vrer quels enseignements principaux santé­ suisse en retirait. M. Michel Reichenbach, responsable des affaires publiques pour la Région Ouest, a dans un premier temps listé les problèmes révélés par l’initiative. Les dé­ bats nourris concernant les primes, les frais administratifs, les réserves ou encore les effets de la concurrence ont interpellé les assureurs-maladie. Par santésuisse, ils esti­ ment qu’il faut développer et améliorer le

les négociations avec les fournisseurs de soins ou en prenant position pour les me­ sures politiques actuellement discutées au Parlement. Celles-ci doivent tout d’abord favoriser la concurrence entre les presta­ taires des soins, conformément aux atten­ tes de la majorité des votants sur la caisse unique. Dès lors, les principes tels que la rémunération liée aux prestations, l’égalité de traitement de tous les assurés dans l’as­ surance de base ou la détermination de gardes-fous évitant des transferts vers les payeurs de primes sont quelques éléments essentiels de la révision en cours. Le débat qui a clôturé cette journée a per­ mis une réflexion sur un thème alliant éthi­ que et soins : les derniers instants de vie. Mme Monique Luisier, infirmière en soins palliatifs et thanatologie (science de l’expé­ rience de la mort et de l’agonie et du proces­ sus de deuil) et le Dr Jean-Emmanuel Stras­ ser, vice-président de l’association Exit, se sont entretenus avec le public de leurs ex­ périences et de leurs vues différentes sur l’accompagnement de fin de vie. Ce thème est actuellement le sujet de nombreux dé­

le public, Jean-Emmanuel Strasser, Béatrice Despland.

viennent du canton de Vaud et seuls 3 % sont des clients étrangers. D’autre part, les cliniques ne sont pas synonymes de luxe, mais de soins personnalisés que beaucoup de personnes peuvent s’offrir. Du point de vue tarifaire, les cliniques sont soumises au TARMED pour ce qui concerne les presta­ tions amubulatoires et semi-stationnaires. Ceci vaut pour environ 27 000 patients par année. Pour les hospitalisations stationnai­ res, d’une durée moyenne de 5 jours, en­ viron 3250 patients bénéficient d’une assu­

partenariat avec l’ensemble des fournisseurs de soins. D’autre part, les controverses poli­ tiques et médiatiques ont mis en exergue la nécessité d’un besoin supplémentaire d’ex­ plication du système de l’assurance-mala­ die et de communication avec les assurés, les politiques et les médias. Les résultats de la votation ont aussi mis en lumière le lien direct entre le haut niveau des primes et le rejet inhérent à une lourde charge pour les familles. Dès lors, les assureurs-mala­ die mettent tout en œuvre, que ce soit par

bats, d’autant plus que la législation suisse autorise l’assistance indirecte au suicide. Animé très intelligemment et sobrement par le journaliste Laurent Bonnard, cet échange a permis à l’ensemble des participants de s’enrichir des expériences fortes des deux orateurs, mais aussi de partager leurs doutes ou leurs croyances, loin des considérations économiques qui ont dominé l’ensemble des autres conférences. Matthias Schenker Arrêt du TFA du 17.07.2007 I 5/07

1


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DOMAINE DE LA SANTÉ

infosantésuisse  No 11, novembre 2007

Deuxième entretien du 27.9.07 réunissant les assureurs et le corps médical

Promotion du Managed Care et / ou des « modèles de listes » Après les premières discussions qui ont eu lieu en mars 2007 au sujet de la promotion du Managed Care et des modèles de listes, les représentants des assureurs et médecins ont participé le 27 septembre à une deuxième rencontre.   Nous publions ci-dessous le texte intégral de la déclaration commune.

L

a promotion de la gestion des soins (managed care) est primordiale tant pour les assureurs que pour le corps médical. Les deux partenaires sont d’ac­ cord sur le fait que les questions en sus­ pens ne peuvent être résolues que par la discussion. Le débat public de plus en plus polarisé concernant les « modèles ba­ sés sur des listes » proposés par différents assureurs, l’estompage évident des limi­ tes entre ces derniers et les modèles de managed care et les incertitudes que ces questions engendrent au sein de la popu­ lation et du corps médical avaient donné lieu, le 28 mars 2007, à une première dis­ cussion entre représentants des assureurs et des médecins. Les délégués des assu­ reurs (santésuisse, CSS, Helsana, SWICA) et ceux du corps médical (FMH, medswiss.net, Association des médecins de famille de Schaffhouse, sociétés médica­ les des cantons de Neuchâtel, du Tessin et du Valais) avaient décidé d’appliquer les « règles de jeu » suivantes : • les participants cherchent des solutions aux questions restées ouvertes par le dialogue ; • si des blocages se font sentir dans les discussions, la FMH et santésuisse of­ frent leurs « bons offices ». Le fruit de cette rencontre avait été publié dans les organes officiels de santésuisse et de la FMH. Une réunion ultérieure avait été convenue.

Deuxième discussion   du 27 septembre 2007 Les représentants suivants des assureurs ont assisté à ce débat : Reto Dahinden (CSS), Corina Ackermann et Georg Raguth (Helsana), Stefan Kaufmann (santésuisse) et Adrian Obrist (SWICA). Le corps mé­ dical a délégué les personnes suivantes :

Olivier Kappeler (FMH), Ulrich Bodmer (med-swiss.net), Pierre-Yves Bilat (Société neuchâteloise de médecine) et Paul Bösch (Asssociation des médecins de famille de Schaffhouse). Les délégués de la Société valaisanne de médecine et de l’Ordine dei medici del Canton Ticino se sont excusés. Peter Berchtold, président du Forum Ma­ naged Care, a animé les débats. Les par­ ticipants ont fait mention des développe­ ments suivants intervenus depuis la ren­ contre précédente : Association des médecins de famille de Schaffhouse : Les deux discussions me­ nées avec Helsana ont permis de clari­ fier les questions ouvertes. Une déclara­ tion d’intention est prête à être signée et la conclusion d’un contrat semble possi­ ble pour la fin de l’année. Société neuchâteloise de médecine : Les dif­ férends juridiques ont pu être aplanis de manière extrajudiciaire. Un groupe de tra­ vail de la société se charge d’élaborer les ba­ ses de futurs contrats en gestion des soins. On recherche le dialogue avec les assureurs et aspire à conclure des contrats. Helsana : L’assureur confirme les informa­ tions transmises par l’association de Schaff­ house et les Neuchâtelois. Les représen­ tants locaux sont inclus dans les discus­ sions et celles-ci se déroulent dans un cli­ mat constructif. Au Tessin, les différends juridiques ont aussi pu être réglés. Des discussions sont en cours et la conclusion d’un contrat semble également possible. CSS : Les conflits ont pu être résolus au printemps déjà et les discussions ont lieu dans une atmosphère constructive.

Conclusions Pour les participants, il est clair que le cli­ mat s’est nettement détendu. Les questions encore ouvertes peuvent se résoudre par

le dialogue et une évolution positive est possible. La discussion qui s’en est suivie a porté sur la question de savoir si les as­ sureurs étaient disposés à renoncer aux modèles basés sur des listes. Les assureurs ont relevé que ces modèles font jouer la concurrence et qu’il leur est impossible d’y renoncer sous les dispositions légales actuelles. Pour le corps médical, les mo­ dèles basés sur des listes sont probléma­ tiques dans la mesure où ils comportent des éléments de régulation et que les mé­ decins traitants s’y voient confier des de­ voirs qu’ils n’ont pas souhaités. En résumé • Les modèles de managed care doivent être développés d’entente entre le corps médical et les assureurs. Les droits et les devoirs des parties doivent être fixés par contrat. • Le libellé des produits d’assurance est à élaborer avec soin. Les éléments de régulation ne doivent être mentionnés que s’ils ont été fixés par des contrats ad hoc. • La création d’incitations au managed care fait l’objet de discussions dans le cadre de la révision de la LAMal en cours. • La FMH et santésuisse maintiennent leur offre de « bons offices ». Les participants s’accordent sur le fait que pour l’ins­ tant, il n’y a aucune nécessité immédiate d’organiser une nouvelle rencontre. Par contre, ils soulignent l’importance de la poursuite du dialogue entre les parte­ naires. Le Forum Managed Care servira de plate-forme de discussion. Stefan Kaufmann, directeur adjoint de santésuisse Olivier Kappeler, Dr méd., membre du Comité central de la FMH


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ASSURANCE-MALADIE infosantésuisse  N 11, novembre 2007 o

Statistique de la compensation des risques 2006

Les femmes génèrent-elles effectivement des coûts de santé plus élevés ? A combien s’élèvent les coûts des femmes et des hommes en fonction de l’âge dans l’assurance-maladie ? Quel est le montant moyen de la participation aux coûts d’un assuré ? Quel volume de coûts est redistribué entre les assureurs-maladie dans la compensation des risques ? La statistique de la compensation des risques répond à ces questions et à bien d’autres encore.

TABL EAU 1  : C O Û T S PA R AS S UR É S E LON LE S E XE E T L‘ÂGE EN 2006 (en francs)  ( E N T RE PA R E N T H È S E S 2 0 0 5 ) Age

Femmes

Hommes

0 – 18

824

(818)

864

(852)

19 – 25

1468

(1517)

871

(886)

26 – 30

2059

(2117)

950

(987)

31 – 35

2389

(2389)

1120

(1152)

36 – 40

2240

(2251)

1323

(1358)

41 – 45

2232

(2228)

1583

(1614)

46 – 50

2571

(2587)

1949

(1981)

51 – 55

3018

(3040)

2493

(2503)

56 – 60

3524

(3542)

3236

(3245)

61 – 65

4181

(4183)

4102

(4108)

66 – 70

4948

(4931)

5144

(5162)

71 – 75

6075

(5999)

6443

(6460)

76 – 80

7485

(7404)

7762

(7705)

81 – 85

9558

(9461)

9080

(8960)

86 – 90

12654 (12513)

10969 (10810)

à partir de 91

17555 (17118)

14139 (13942)

tous

3154

L

menté de 0,5 à 2,5 % dans les catégories d’âge plus élevées.

(3131)

2330

(2319)

a mise en œuvre de la compensa­ tion des risques permet de disposer de nombreuses données statistiques. L’institution commune LAMal les traite et les publie dans son rapport annuel. La statis­ tique 2006 révèle quelques tendances fort intéressantes dans l’assurance de base.

Les coûts totaux de l’aos (participation aux coûts incluse) ont représenté en 2006 quel­ que 20,6 milliards de francs ou 2750 francs par personne assurée. Les assurés ont fi­ nancé directement 14,8 % des coûts (comme l’année précédente) au titre de la participa­ tion aux coûts.

Dix-huit caisses réunissent   85 % des assurés

Les coûts baissent   entre 19 et 65 ans

En 2006, 7 488 733 personnes étaient assu­ rées dans l’assurance obligatoire de base (aos), soit 44 000 (0,6 %) de plus qu’en 2005. 87 assureurs pratiquaient l’assurance obli­ gatoire des soins. Dix-huit d’entre eux comptaient plus de 100 000 assurés et as­ suraient conjointement 85,3 % de la popula­ tion. Les 27 assureurs dont les effectifs sont compris entre 10 000 et 100 000 assurés dé­ tenaient une part de marché de 12,6 % et les 42 assureurs ayant moins de 10 000 as­ surés, une part de 2,1 %.

Les femmes affichent en moyenne des coûts de 3154 francs contre 2330 pour les hom­ mes. Les coûts supplémentaires constatés chez les femmes surviennent surtout en­ tre l’âge de 20 et de 55 ans. Dans les deux catégories d’âge « moins de 18 ans » et « en­ tre 66 et 80 ans », les coûts générés par les femmes sont même inférieurs à ceux des hommes (voir le tableau 1). On constate aussi que les coûts ont légèrement dimi­ nué par rapport à 2005 dans les catégories « entre 19 et 65 ans » tandis qu’ils ont aug­

Ecarts cantonaux  toujours aussi importants En 2005, la compensation des risques a donné lieu à un volume de redistribution de 5 milliards de francs entre les assurés. Mais la majeure partie de cette redistribution a été opérée au sein des caisses. Le volume de redistribution entre assureurs n’a été que de 1,24 milliard de francs. Il a toutefois augmenté de 700 millions de francs depuis l’entrée en vigueur de la LAMal. Dans le canton affichant les coûts les plus bas (Appenzell AI), les coûts par assuré se sont montés à 1828 francs tandis que dans le canton le plus cher (Bâle-Ville), les coûts étaient plus de deux fois plus éle­ vés, à 3833 francs. Les coûts par assuré ont également été très élevés dans les cantons de Genève (3655), du Tessin (3253) et de Vaud (3176) alors qu’ils ont en général été sensiblement inférieurs à la moyenne dans les cantons de Suisse centrale et orientale (voir le tableau 2).  Walter Frei TA B L E A U 2  : C O Û T S PA R A S S U RÉ   E T PA R C A N T O N E N 2 0 0 6 Canton

Coûts en CHF

Canton

Coûts en CHF

BS GE TI VD NE BE BL JU ZH SO SH FR VS

3833 3655 3253 3176 2978 2951 2864 2823 2685 2637 2595 2568 2492

AG GL GR TG SZ LU SG ZG UR OW AR NW AI CH

2455 2340 2325 2307 2293 2261 2256 2217 2204 2124 2083 2030 1828 2750


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DOMAINE DE LA SANTÉ

infosantésuisse  No 11, novembre 2007

Données de surveillance 2006 de l’OFSP

Base financière solide dans l’assurance-maladie Les données de surveillance de l’Office fédéral de la santé publique confirment que la plupart des assureursmaladie ont enregistré un résultat global positif dans l’assurance de base en 2006, ce qui leur a permis d’accroître leurs réserves. Dans l’ensemble, les recettes ont dépassé les dépenses de quelque 500 millions de francs. Quatorze assureurs sur 87 ont toutefois dû puiser dans leurs réserves pour compenser des pertes.

Frais administratifs et amortissements dans l’aos en % des dépenses

Données de surveillance   de l’OFSP

8,5% 8,1%

8,0% 7,5% 7,2%

7,0% 6,6%

6,5% 6,1%

6,4%

6,0%

6,1%

5,7%

5,9%

5,70%

5,6%

5,5% 5,4%

5,0% 1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Les données de surveillance de l’as­ surance-maladie obligatoire (aos) recueillies par l’OFSP auprès des assureurs-maladie et publiées cha­ que année englobent les chiffres clés suivants pour chaque assureur ainsi que pour la branche dans son ensemble : • Effectifs d’assurés • Recettes et dépenses • Primes dues • Compensation des risques • Prestations • Frais administratifs • Résultat global (par personne) • Réserves et provisions

Depuis l’introduction de la LAMal, les frais administratifs des assureurs-maladie ont considérablement baissé.

A

vec des recettes de 19,41 mil­ liards de francs et des dépenses de 18,92 milliards, les assureurs ont réalisé un excédent de 500 millions de francs qui a alimenté les réserves. Celles-ci se montaient à 3,75 milliards de francs ou 501 francs par personne à fin 2006 (2005 : 427 francs). Le taux de réserves a augmenté en moyenne de 17,2 % à 19,4 % par rapport à l’année pré­ cédente. Dix-neuf assureurs restent ce­ pendant en deçà du seuil de réserves mi­ nimal prescrit (voir le tableau), même si cela représente cinq assureurs de moins qu’en 2005. Les provisions pour les cas d’assurance en suspens ont atteint au total 4,99 mil­ liards de francs ou 667 francs par per­ sonne (2005 : 4,71 milliards ou 632 francs par personne).

En 2006, les assureurs-maladie ont pris en charge des prestations brutes à hau­ teur de 20,6 milliards de francs au to­ tal (2765 francs par personne). Sur cette somme, les assurés ont payé 3,04 milliards de francs de leur poche (406 francs par personne) au titre de la participation aux coûts, si bien que les prestations nettes à la charge des assureurs-maladie ont culminé

à 17,56 milliards de francs. Les recettes de primes (primes dues) se sont élevées à 19,32 milliards de francs ou 2583 francs par assuré. Les frais administratifs ont été légèrement supérieurs à 1 milliard (1,07 milliard de francs). Compte tenu des dépenses, ils ont progressé de 5,4 % à 5,7 % par rapport à 2005 (voir le graphique).  Walter Frei

TAUX DE RÉSERV ES MIN IMA U X  (R ÉSER V ES EN  % DES PRI MES DU ES PAR AN )

Assureur

< 50 000

< 150 000

< 250 000

> 250 000

2004 – 2006

20 %*

20 %

20 %

15 %

2007

20 %*

18 %

16 %

13 %

2008

20 %*

16 %

12 %

11 %

2009

20 %*

15 %

10 %

10 %

*Les assureurs ayant moins de 50 000 assurés sont tenus de conclure une réassurance.


DOMAINE DE LA SANTÉ

23

infosantésuisse  N 11, novembre 2007 o

Rapport annuel 2006 de l’institution commune LAMal

Des dépenses en forte hausse pour l’entraide internationale en matière de prestations

L

’entraide internationale en matière de prestations est la tâche qui mobilise le plus les effectifs de l’institution com­ mune. L’accord avec l’UE sur la libre circu­ lation des personnes désigne en effet l’insti­ tution commune LAMal à la fois comme or­ ganisme de liaison et institution d’entraide en cas de maladie et de maternité. La mise en œuvre progressive de la libre circula­ tion a amplifié les flux migratoires à des­ tination et en provenance des Etats mem­ bres de l’UE. Avec pour conséquence, en­ tre autres, un accroissement rapide des cas et des coûts des prestations pris en charge dans les Etats de l’UE pour les assurés suis­ ses et inversement.

Conséquences de la libre   circulation des personnes et de   la carte d’assurance-maladie En 2006, l’institution commune a dépensé plus de 119 millions de francs pour des prestations fournies à des assurés d’un Etat de l’UE ou de l’AELE, soit 13 % de plus que l’année précédente. Le nombre de cas a pro­ gressé de 6 % : l’institution commune a payé

Organes de l’institution commune Le conseil de fondation : Président : Dr. iur. Markus Moser (Ueli Müller jusqu’au 31.12.06) Vice-président : Peter Schürch, SVV Autres membres : Josef Barmettler, CSS Pierre-Marcel Revaz, Groupe Mutuel Kurt Wilhelm, Sanitas Le secrétariat : 51 postes, 62 collaborateurs Directeur : Rolf Suter

plus de 95 700 factures (contre 90 600 en 2005) d’Européens en Suisse. Près de 39 % des cas voire 26 % des coûts concer­ naient l’Italie, 24 % des cas ou 29 % des coûts l’Allemagne et 12 % des cas voire 17 % des coûts, la France. A l’inverse, l’entraide en matière de pres­ tations pour des Suisses dans un pays européen s’est montée à 41 millions de francs, soit une hausse de 99 %. Le nom­ bre de cas a progressé de 73 %, à 32 000, par rapport à l’année précédente. L’ins­ L’entraide internationale en matière de titution commune part du principe que prestations augmentera également à l’avenir. le nombre actuel de décomptes traités (30 000 par an) doublera au minimum compte tenu de l’émission de la carte euro­ lions de francs en 2005. Tandis qu’en 2004, péenne d’assurance-maladie, et ce d’autant un montant encore relativement élevé de plus qu’un nombre croissant de factures quatre francs par assuré était prélevé pour provenant des nouveaux Etats membres de le fonds d’insolvabilité, celui-ci a pu être abaissé à trois francs en 2006. Il descen­ l’UE lui est adressé. L’adhésion de la Bulgarie et de la Rouma­ dra même jusqu’à deux francs en 2007. Se­ nie à l’UE au 1er janvier 2007 aura aussi des lon l’institution commune, rien ne permet conséquences pour l’institution commune. de craindre actuellement l’insolvabilité d’un Le 29 mai 2007, le Conseil fédéral a attribué nouvel assureur-maladie. un mandat de négociation en vue de l’ex­ tension progressive de l’accord sur la ­libre Redistribution croissante   circulation des personnes à la Bulgarie et dans le cadre de la compensation à la Roumanie. des risques Les divers accords internationaux se réper­ Le volume de redistribution de la compen­ cutent aussi sur les effectifs de l’institution sation des risques n’a cessé d’augmenter commune puisque le nombre de postes est depuis l’entrée en vigueur de la LAMal. passé de 51 à 55 en 2007. Le montant de la compensation entre as­ sureurs-maladie est passé depuis 1996 de 530 millions à 1,24 milliard de francs. Les Forte baisse des paiements  informations statistiques, que le service de pour insolvabilité En 2006, les paiements en lieu et place compensation doit mettre à disposition de des assureurs-maladie insolvables n’ont at­ l’administration, des assureurs et du grand teint que 858 365 francs – des « séquelles » public, sont un produit dérivé important de de cas anciens – alors qu’ils se montaient à la compensation des risques (voir l’article à Josef Ziegler 33 millions de francs en 2004 et à 2,5 mil­ la page 21).

Photo : Keystone

L’institution commune LAMal se charge pour le compte des assureurs-maladie de l’entraide internationale en matière de prestations, du règlement des prestations en lieu et place des assureurs insolvables et de la compensation des risques. Alors que les dépenses pour l’entraide en matière de prestations et le volume de redistribution de la compensation des risques ne cessent de croître, les paiements pour cause d’insolvabilité reculent très nettement.


service Une étude allemande relativise l’importance des cas coûteux

Nouvelles du monde Marchandage avec des ovules : le conseil de recherches médicales de Grande-­Bretagne accorde une réduction de 50 % sur les fécondations in vitro aux femmes qui acceptent de donner des ovules à des fins de recherche. La réduction s’élève à 3500 francs. Limitations pour les médecins : le président français Ni­ colas Sarkozy souhaite limiter l’installation des médecins libé­ raux. Ces derniers étant en sur­ nombre dans les villes et trop peu nombreux à la campagne, seuls les médecins qui seront prêts à s’installer dans les ré­ gions sous-dotées seront admis à pratiquer à la charge de la sé­ curité sociale. Plaintes des caisses : en Alle­ magne, 47 caisses-maladie pri­ vées sur 48 ont déposé une plainte devant le tribunal fédé­ ral des assurances contre la ré­ forme de la santé de la grande coalition. Celle-ci prévoit l’ali­ gnement du catalogue des prestations et des primes des caisses privées et des caisses publiques. Histoire sans fin : les hôpitaux de Grande-Bretagne continuent – bien malgré eux – de faire les gros titres des journaux : suite à une erreur informatique, moins de médecins que nécessaire ont été embauchés cette année si bien qu’il en manque plusieurs centaines. Par ailleurs, une étude a révélé que des dizaines de personnes étaient décédées suite à des infections dues à un manque d’hygiène.

Le mythe selon lequel un pe­ tit pourcentage de la population « génèrerait » la majeure partie des coûts de la santé a la dent dure – et pas seulement parmi les néophytes. Une étude réali­ sée par les assurances-maladie privées allemandes (PKV) tord le cou à ce préjugé. En effet, les assurés les plus chers, soit 20 % des effectifs, n’occasionnent pas même 60 % des coûts. Les as­ surés les plus onéreux ne sont donc « que » trois fois plus chers que la moyenne. Dans les caté­ gories d’âge élevées et chez les femmes, la répartition des coûts entre les assurés est plus homo­ gène que chez les jeunes et les hommes. A un âge avancé, la répartition des coûts de la santé entre les assurés est donc plus régulière

Photo : Prisma

Coûts de la santé : il n’y a pas de catégorie d’assurés très onéreuse

qu’on ne le pensait jusqu’à pré­ sent. En clair, les dépenses de santé des personnes âgées ne se résument pas aux derniers mois très chers de la vie des assurés. Vu sous cet angle, la prévention et la promotion de la santé du­

rant la vieillesse devraient re­ vêtir une importance au moins équivalente à celle d’un bon Case Management et à la promo­ tion des soins à domicile. Plus d’informations sous www.wip-pvk.de/projekte

Plus attrayant, plus flexible et à la pointe de la technique

Relookage du site Internet de santésuisse Le site Internet de santé­ suisse est très visité et très ­appré­cié, comme le démon­ trent la ­statistique des utilisa­ teurs et les feed-back de ces

derniers. ­santésuisse a néan­ moins décidé d’actualiser ses pages web, tant techniquement ­qu’optiquement parlant. La plus grosse difficulté lors du re­

lookage de sites Internet est de rendre la navigation plus convi­ viale pour les nouveaux utilisa­ teurs sans négliger pour autant les habitudes des « anciens ». La nouvelle présentation du site www.santesuisse.ch en tient compte tout particulièrement. Les diverses informations se trouvent toujours à leur empla­ cement habituel. Mais le nou­ veau site est désormais plus clair et plus esthétique, si bien que les nouveaux et les anciens utilisateurs se repèrent plus fa­ cilement et accèdent plus ra­ pidement aux contenus. Par ailleurs, le site revisité offre da­ vantage de flexibilité pour ac­ cueillir de nouveaux contenus. Nous vous invitons à découvrir ces nouveautés et à vous lais­ ser surprendre.


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SANTÉSUISSE – SERVICE infosantésuisse  N 11, novembre 2007 o

Manifestations Organisateur

Fait particulier

Date/Lieu

Renseignements

21 novembre Lausanne, Buffet de la gare, Salle des Cantons

www.sggp.ch

Colloque public de la SSPS : A qui sert la recherche ? Société suisse pour la politique de la santé SSPS

Le progrès médical, entre les intérêts des patients et de l’industrie

Disease management et pool de hauts risques : une solution à la compensation des risques ? Institut de santé et d’économie

Seront notamment discutés les enseignements des expériences faites en Allemagne

22 et 23 novembre www.isesuisse.ch Ancien hôpital de Soleure

Croissance – et après ?

29 et 30 novembre www.insurance-forum.org Swiss Re Centre for Global Dialo­ gue, Rüschlikon

Insurance Forum 2007 « Schweizer Versicherung »

Dessin : Marc Roulin

Zeichnung : Marc Roulin

Informez-nous de vos manifestations : redaktion@santesuisse.ch Plus d’informations sur www.santesuisse.ch


Avis d’ouverture de l’examen professionnel pour la/le spécialiste en assurance-maladie avec brevet fédéral 2008 L‘examen professionnel pour la/le spécialiste en assurance-maladie avec brevet fédéral, organisé par santésuisse, se déroulera comme suit : Lieu :

Lausanne (nombre de participants minimum : 15) et Olten

Dates :

Examen écrit : Examens oraux :

Admission :

• détenteurs d’un certificat fédéral de capacité d’employé de commerce et justifiant d’une activité professionnelle d’au moins quatre ans dès la fin de l’apprentissage, dont au moins deux dans le domaine de l’assurance-maladie selon la LAMal ; • détenteurs d’un certificat de même valeur que celui mentionné ci-dessus, (diplôme reconnu d’une école de commerce fédérale ou cantonale, maturité fédérale, diplôme fédéral obtenu à la suite d’un examen supérieur de branche, etc.) et justifiant d’une activité professionnelle d’au moins quatre ans dès la fin des études dont au moins deux ans dans le domaine de l’assurance-maladie selon la LAMal ; • détenteurs d’une formation d’au moins trois ans dans une profession de prestataire de soins reconnue par la LAMal et une pratique professionnelle d’au moins quatre ans dès la fin des études, dont au moins deux ans dans le domaine de l’assurance-maladie selon la LAMal ; • détenteurs d’une autre formation reconnue par la Confédération d’au moins deux ans et une pratique professionnelle générale d’au moins cinq ans dès la fin de l’apprentissage ou des études, dont au moins trois ans dans le domaine de l’assurance-maladie selon la LAMal ; • candidats qui justifient de six ans de pratique professionnelle dans le domaine de l’assurance-maladie selon la LAMal.

Finance d’examen :

CHF 1050.–, payable dès confirmation écrite de l’admission

Inscription :

sur formulaire adéquat, à demander auprès de l‘Office de formation de santésuisse, Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure, tél. 032 625 41 41, fax 032 625 41 51, e-mail ausbildung@santesuisse.ch

Délai d’inscription :

lundi 7 janvier 2008 (timbre postal)

lundi 26 mai 2008 mardi 27 mai 2008 mercredi 28 mai 2008 jeudi 29 mai 2008 vendredi 30 mai 2008

L’admission à l’examen sera confirmée par écrit aux candidats après expiration du délai d’inscription. Veuillez vous adresser à l‘Office de formation de santésuisse pour tout renseignement complémentaire.


Fßhrend in Qualität und Innovation.

Symposium Stand und Perspektiven des Qualitätsmanagements im schweizerischen Gesundheitswesen 6. Dezember 2007 im Kongresshaus ZĂźrich Die Schweiz steht vor der EinfĂźhrung eines DRGorientierten Abrechnungssystems. Vor diesem Hintergrund sollen der derzeitige Stand der Qualitätssicherung und die sich ergebenden Perspektiven erĂśrtert werden, um hieraus Anregungen fĂźr die kĂźnftige Entwicklung zu gewinnen. Ziel des Symposiums: Eine zukunftsorientierte Standortbestimmung zum Qualitätsmanagement im schweizerischen Gesundheitswesen • mit Einbezug der Sichtweise aller Verantwortung tragenden Partner • vor dem Hintergrund der internationalen Praxis und dem Stand der wissenschaftlichen Diskussion. Es referieren: • Peter Indra, Vizedirektor des Bundesamtes fĂźr Gesundheit • Thomas Mansky, Leiter medizinische Entwicklung, Helios Kliniken Berlin • Heinz Locher, Management + Consulting Services, Bern • Fritz Britt, Direktor santĂŠsuisse • Dieter Conen, Direktor der medizinischen Klinik, Kantonsspital Aarau • Georg von Below, Leiter QM, Spitalzentrum Biel, Präsident Society fĂźr Qualitiy Management in Healthcare • Berhard WegmĂźller, GeschäftsfĂźhrer H+ Die Spitäler der Schweiz • Wulf Dietrich Leber, Leiter des Geschäftsbereichs Gesundheit des AOK-Bundesverbands in Bonn

Anmeldung und weitere Informationen: www.rsmediaconsult.com

Innovations- und ProduktemanagerIn (100%) MRRSZE ZIVWMGLIVX 0IFIRWUYEPMXmX Œ MRHMZMHYIPP YRH QMX MRRS ZEXMZIR %RKIFSXIR %PW 4IVWSRIRZIVWMGLIVIV FMIXIR [MV EYW KI[mLPXIR /YRHIRKVYTTIR QMX WTI^MIPPIR &IH‚VJRMWWIR YRH FIWSRHIVIR 6MWMOIR IMR^MKEVXMKI 0}WYRKIR HMI RIYI 1EWWWXm FI EQ 1EVOX WIX^IR 5YEPMXmX MWX HIV 7GLP‚WWIP ^YQ )VJSPK *‚LVIRH MR 5YEPMXmX YRH -RRSZEXMSR ^Y WIMR MWX YRWIV >MIP Œ MR NIHIV &I^MILYRK (EJ‚V WIX^IR [MV EYJ IRKEKMIVXI YRH ^YJVMIHIRI 1MXEVFIMXIV MRRSZE MWX IMR VEYGLJVIMIW 9RXIVRILQIR [IWLEPF [MV RMGLXVEYGLIRHI %VFIMXRILQIV FIZSV^YKIR -LRIR FMIXIR [MV ¾I\MFPI %VFIMXW^IMXQSHIPPI ZMIPJmPXMKI ;IMXIVFMPHYRKWQ}KPMGL OIMXIR YRH IMR JSVXWGLVMXXPMGLIW *}VHIVYRKWW]WXIQ %YWKI^IMGL RIXI 7S^MEPPIMWXYRKIR EYJKIWXIPPXI 8IEQW YRH IMRI VEYGLJVIMI %VFIMXWYQKIFYRK WMRH [IMXIVI )PIQIRXI HMI YRWIVI 1MXEVFIM XIV ^Y ,}GLWXPIMWXYRKIR QSXMZMIVIR 2EGL IMRIV KI^MIPXIR )MRJ‚LVYRK IRKEKMIVIR 7MI WMGL EPW XVIM FIRHI /VEJX MQ 4VSHYOX YRH -RRSZEXMSRWQEREKIQIRX 7MI ‚FIVRILQIR HMI :IVERX[SVXYRK ^YV 4¾IKI YRH ;IMXIVIRX[MGO PYRK YRWIVIV 4VSHYOXI YRH (MIRWXPIMWXYRKIR YRH WXIPPIR WMGLIV HEWW -RRSZEXMSRWMHIIR MRRIVX R‚X^PMGLIV *VMWX IVJSPKVIMGL EQ 1EVOX PERGMIVX [IVHIR 7MI PIMXIR ZIVWGLMIHIRI 4VSNIOXI YRH IVPIHMKIR EPPKIQIMRI /SQQYRMOEXMSRW YRH 1EVOIXMRKEYJ KEFIR [MI 1EVOXJSVWGLYRKIR YRH /SROYVVIR^EREP]WIR 7MI ZIVJ‚KIR ‚FIV IMRI FIXVMIFW[MVXWGLEJXPMGLI %YWFMPHYRK SHIV LEFIR HMI %YWFMPHYRK ^YQ ^YV 1EVOIXMRKTPERIV-R EFWSP ZMIVX YRH FIWMX^IR IMRI QILVNmLVMKI )VJELVYRK MQ 1EVOIXMRK 4VSHYOXQEREKIQIRX MWX J‚V 7MI OIMR *VIQH[SVX YRH 7MI OIR RIR WMGL EYW QMX 1EVOXJSVWGLYRKIR YRH /SROYVVIR^EREP]WIR -HIEPIV[IMWI ZIVJ‚KIR 7MI ‚FIV )VJELVYRKIR YRH /IRRXRMWWI MR HIV /VEROIR YRH 0SLREYWJEPPZIVWMGLIVYRK ;MGLXMK WMRH YRW IMRI LSLI 7S^MEPOSQTIXIR^ IMR KYXIW %YJXVIXIR YRH IMRI LSLI 7IPFWXWXmRHMKOIMX ;IRR 7MI WMGL ^YHIQ EPW 8IEQTPE]IV FI^IMGL RIR YRH IMRI KIWYRHLIMXWFI[YWWXI 0IFIRWIMRWXIPPYRK LEFIR HERR JVIYIR [MV YRW EYJ -LVI &I[IVFYRK ER YRXIRWXILIRHI %HVIWWI *‚V *EGLJVEKIR O}RRIR 7MI WMGL KIVRI ER 7IVKMS 4VEHIVE 0IMXIV /SQQYRMOEXMSR [IRHIR 8IP SHIV ) 1EMP WIVKMS TVEHIVE$MRRSZE GL

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10e Conférence nationale sur la promotion de la santé 24 et 25 janvier 2008, Interlaken

Vers l’avenir avec conviction! Conférencières et conférenciers Chantal Balet Emery, lic. jur., economiesuisse, Genève | Urs Brügger, Prof. dr oec., Institut für Gesundheitsökonomie, Winterthour | Ignazio Cassis, dr méd., MPH, Santé publique Suisse | Joachim Eder, Président du Conseil d’Etat, chef du Département de la santé du canton de Zoug | Hans Gerber, Prof. dr méd., médecin cantonal, Berne | Ilona Kickbusch, Prof. dr, Berne | Thomas Mattig, dr jur., directeur de Promotion Santé Suisse | Isabelle Moncada, magazine santé 36,9°, Télévision Suisse Romande TSR | Adolf Ogi, dr h.c., ancien Conseiller fédéral, conseiller spécial de l’ONU pour le sport au service du développement et de la paix | Philippe Perrenoud, Conseiller d’Etat, Berne | Bosse Pettersson, Senior Adviser, Suède | Iwan Rickenbacher, Prof. dr phil., Communication et conseil, Schwyz | Markus Stadler, dr, Président du Conseil d’Etat, directeur des finances du canton d’Uri | François van der Linde, dr méd., MPH, Zurich | Thomas Vellacott, membre de la direction, WWF Suisse | Salome von Greyerz, dr pharm., MAE, Office fédéral de la santé publique | Benedikt Weibel, dr rer. pol., délégué du Conseil fédéral pour l’Euro 2008 | Thomas Zeltner, Prof. dr méd., directeur, Office fédéral de la santé publique Lors de la Conférence, des ateliers sont organisés. Inscription: www.promotionsante.ch/conference


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