infosantésuisse Nr. 04/2006 français

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SOUS LA LOUPE

infosantésuisse  Nº 4, avril 2006

infosantésuisse Magazine des assureurs-maladie suisses N° 4, avril 2006

Plaidoyer pour les médecins de premier recours page 6

Urs A. Meyer : « la médecine va se personnaliser » page 14

SOUS LA LOUPE :

Le système de santé est-il prêt pour l’avenir ?


SOMMAIRE

infosantésuisse  Nº 4, avril 2006

SOUS LA LOUPE 4 6 8 9 10 12 13 14 16

Forger l’avenir plutôt qu’attendre les évènements, le système de santé de demain nécessite des réformes aujourd’hui Plaidoyer pour les médecins de premier recours Trois questions au Dr Walter Hugentobler, médecin généraliste à Nürensdorf (ZH) A la maison ou en EMS ? Deux alternatives à Genève Rolf Gabriel, directeur de SanaCare : « La caisse unique entraînerait la disparition des soins gérés. » Coûts de la santé et démographie I : Avenir Suisse propose des réformes de fond Coûts de la santé et démographie II : les sociologues mettent en garde contre « l’illusion de l’urgence » Urs A. Meyer, professeur de pharmacologie à Bâle : « la médecine va se personnaliser » Télémédecine : utiliser ses avantages potentiels – éviter des développements sauvages

« La caisse unique entraînerait la disparition des soins gérés » page 10

SYSTÈME DE SANTÉ 18 19 20

Chiffres de l’OFS concernant le financement 2006 du système de santé : transfert de charge vers l’assurance de base Burn-out – risque pour l’individu et pour l’économie A lire : Le droit part-il en fumée ?

ASSURANCE-MALADIE 1 Planification hospitalière à Fribourg : santésuisse obtient gain de cause 2 22 Le personnel en formation de santésuisse récolte des expériences en Bavière

Coûts de la santé et démographie, attention à « l’illusion de l’urgence » page 12nach Finanzierung des Gesundheitswesens Direktzahlern 2004 (Total: 51,7 Mrd. Fr.)

SERVICE 3 2 23 23 23 24 24 24 25 25

Nouvelles du monde Médicaments les plus vendus à nouveau en ligne Stefan Spycher est le nouveau directeur de l’Obsan A quelle fréquence les Suisses vont-ils chez le médecin ? Allemagne : BKK lance des mesures de prévention pour vieillir en bonne santé Nouveau service de conseils pour l’optimisation des primes SwissDRG : nouvelle convention pour le règlement des frais hospitaliers Agenda

Les chiffres de l’OFS accusent un transfert de charge vers l’assurance de base page 18

No 4, avril 2006, paraît dix fois par an

Mise en page : Henriette Lux et Felix Bosch

Prix de l’abonnement : 69 fr. par an, 10 fr. le numéro

Administration des annonces : toutes les annonces – les offres d’emploi y compris – sont à adresser à : « infosantésuisse », Römerstrasse 20, case postale, 4502 Soleure

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Page de titre : Heiner Grieder, Langenbruck ISSN 1660-7236


ÉDITORIAL

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Caisse unique contre soins gérés (managed care)

A Hans-Ueli Regius Membre du Conseil d’administration de santésuisse

intervalles réguliers, l’idée d’une caisse unique refait surface. Le côté positif de telles initiatives est qu’elles font pression sur le Parlement afin qu’il procède enfin à des corrections de la loi sur l’assurance-maladie attendues de longue date. Le Parlement débat depuis longtemps de la manière de mettre en place des incitations correctes pour tous les partenaires de la santé. Concrètement, c’est un financement lié aux prestations qui est prévu, lequel représente un abandon du système actuel focalisé sur le volume des prestations fournies et des chiffres d’affaires qui en résultent. De plus, la compensation des risques devrait stimuler la concurrence entre assureurs-maladie, elle aussi orientée sur les prestations. En encourageant les soins gérés (managed care), il s’agit à l’avenir avant tout d’utiliser les moyens financiers de manière beaucoup plus ciblée et de mettre en place des incitations afin que les assurés assument plus de responsabilité personnelle en fonction de leur capacité financière. A l’inverse, la caisse unique – une idée récurrente – n’amènerait aucune modification au niveau des incitations erronées de comportement dont le système de santé souffre aujourd’hui. Au contraire, de nouveaux facteurs de hausse des coûts viendraient s’ajouter à ceux que nous connaissons déjà ! L’assuré ne pourrait plus choisir entre différents assureurs et différents modèles et perdrait ainsi toute motivation à prendre lui-même plus de responsabilité et à modérer sa consommation de prestations de santé. De même, l’expérience montre que les institutions étatiques ont moins de succès dans les négociations tarifaires qu’elles mènent avec les fournisseurs de prestations à cause de l’absence de pression due à la concurrence. Même l’argument selon lequel la caisse unique permettrait de faire des économies subs-

tantielles au niveau des frais administratifs est illusoire. Aujourd’hui, les assureursmaladie sont soumis à une forte concurrence et doivent continuellement optimiser leurs procédures et réduire leurs frais administratifs afin de ne pas perdre des parts de marché. Grâce au fait que l’assurance est obligatoire et que le libre passage d’un assureur à l’autre est intégral, tout assuré qui n’est pas satisfait de sa prime et de la qualité du service peut changer d’assureur, et cela chaque année. C’est ce qui explique que le bilan de l’efficacité des assureurs-maladie a été réjouissant ces dernières années. Grâce aux contrôles de tarifs effectués et aux mesures de maîtrise des coûts qu’ils ont prises, la plupart d’entre eux réalisent aujourd’hui déjà des économies supérieures à l’ensemble de leurs frais administratifs. Afin d’apporter une solution au problème non résolu de l’augmentation disproportionnée des coûts des prestations d’assurance, il est nécessaire de corriger les incitations en vue de modifier les comportements de tous les partenaires – et donc logiquement d’encourager le managed care. En revanche, en Suisse une caisse unique n’apporterait absolument rien quant à la garantie d’une prise en charge sanitaire qualitativement élevée et dont le financement reste néanmoins possible.


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Le système de santé de demain a besoin de réformes aujourd’hui déjà

Plutôt préparer l’avenir qu’attendre les événements Parmi les médecins, le nombre des spécialistes est en hausse. La population devient de plus en plus âgée. Au cours des dernières décennies, la médecine a fait des progrès considérables et elle continuera d’en faire. Les moyens électroniques et interactifs, tant de traitements que de conseils médicaux, se mettent lentement en place. La révision de la loi sur l’assurance-maladie, en revanche, n’avance que par à-coups et les dossiers importants sont sans cesse repoussés. La situation est délicate  : tout ce qui touche à la santé est en mouvement et il ne faut donc pas que le système de santé reste, lui, en panne.

U

n certain nombre de dispositions de la loi suisse sur l’assurancemaladie (LAMal) ne tiennent plus la route et le Conseil fédéral partage, lui aussi, cette opinion. C’est pourquoi il a présenté une nouvelle fois la révision de la LAMal au Parlement, alors même que la première démarche en ce sens, en décembre 2003, avait échoué. Mais les débats sur le financement des hôpitaux et des soins – les éléments de loin les plus importants de la révision – montrent une nouvelle fois combien il est difficile pour les milieux politiques et les acteurs du système de santé de prendre des décisions factuelles et orientées vers le futur. C’est ainsi que l’on en reste pour beaucoup de choses au statu quo ; on peut dès lors se demander si le système de santé suisse, dans sa forme actuelle, est véritablement armé pour affronter les défis du futur.

Desserte médicale de base : comment rendre le statut de médecin de famille plus attrayant ? Les discussions vont actuellement bon train sur le rôle des médecins généralistes, c’est-à-dire les médecins de famille ou de premier recours (cf. également les pages 6 et 7). Le 1er avril, les médecins de premier recours se sont retrouvés pour une manifestation devant le Palais fédéral et ils ont dénoncé avec colère des conditions de travail qui se dégradent. Il est vrai, en effet, que le nouveau régime tarifaire Tarmed – qui devait revaloriser les médecins de famille face aux spécialistes techniques – n’a que partiellement atteint ses objectifs. A cela s’ajoute le fait que le concept de

neutralité régionale des coûts a pratiquement bloqué le revenu déjà plus bas des généralistes exerçant dans les régions rurales. Tout cela a pour conséquence qu’il est peu intéressant, pour des médecins entendant s’établir, de se lancer dans une carrière de généraliste, tout particulièrement hors des zones urbaines. Pour l’avenir, c’est là une évolution inquiétante : il ne faudrait pas, en effet, que, dans de nombreuses parties du pays, la couverture médicale de base ne puisse plus être assurée de manière optimale. Le problème ne doit pas être sous-estimé et il importe d’autant plus de prendre les bonnes mesures à partir d’une réflexion approfondie sur les faits. Il n’y a pas de manque de médecins, même s’il devient de plus en plus difficile, dans de nombreuses régions, de repourvoir les cabinets de médecin. Nous avons en revanche un problème de répartition : il y a en effet trop de spécialistes et pas assez de généralistes. Il s’agit donc de revaloriser et de renforcer la profession de médecin de famille. Pour ce faire, la voie la meilleure est celle des soins gérés : elle se fonde sur l’idée que c’est au médecin de premier recours de conduire et de coordonner le traitement. Dans un système de ce genre, les médecins de famille jouent un rôle de pivot central. La nouvelle tendance est heureusement à la desserte intégrée des soins. En 2006, en effet toutes les grandes caisses-maladie ont enregistré une croissance du nombre des assurés dans les nouveaux modèles d’assurance. Les conditions-cadre pour les soins gérés n’en devraient pas moins être encore améliorées.

Pour que l’activité dans les zones périphériques soit plus attrayante, il faut que l’obligation de contracter soit levée. Afin d’assurer la couverture médicale de base, les cantons devraient en effet relever les quotas pour les zones rurales alors que tous les médecins installés en ville ne seraient plus assurés d’obtenir un contrat.

Démographie : jusqu’où va-t-elle faire grimper les coûts de santé ? Le vieillissement démographique va se renforcer au cours de prochaines années et continuera de prendre sa part dans la hausse des coûts de la santé. Avec des mesures comme la prévention spécifique pour personnes âgées ou les soins intensifs, la formation et le soutien aux proches dispensateurs de soins, il est possible de faire face à ce problème. Quoi qu’il en soit, il y a accord parmi les spécialistes : l’influence du vieillissement démographique sur les coûts de la santé est bien réelle mais elle est clairement secondaire par rapport à d’autres facteurs (cf. également les pages 12 et 13). C’est pourquoi il s’agit de ne céder ni à la résignation devant des hausses de coûts qui paraissent inévitables ni à un activisme aveugle face au vieillissement. Pour le professeur de sociologie François Höpflinger, il faut garder l’œil sur les problèmes principaux – soit l’augmentation du nombre des prestations, la hausse des prix et l’absence d’incitations. S’agissant des mesures propres à limiter les hausses de coûts dues à la démographie, il en va de même qu’avec la révision du catalogue des prestations : il faut les considérer bel et bien comme une partie d’un catalogue de me-


Oui aux progrès de la médecine ; non aux prix exagérés Il faut évidemment se réjouir du fait que la recherche en médecine et en biologie développe des médicaments et des thérapies plus efficaces et que ces derniers arrivent sur le marché. Ces nouvelles formes de traitement peuvent évidemment avoir un prix. Les choses deviennent toutefois critiques lorsque la différence avec les prix des méthodes employées jusqu’ici n’a plus de rapport avec le gain d’efficacité offert. Il s’impose, dans ce domaine, que les autorités soient plus conséquentes qu’aujourd’hui. Il ne devrait plus y avoir de hausses massives de prix et de suppléments à l’innovation pour les médicaments dont l’utilité est à peine différente de celle des médicaments qui les ont précédés. La politique des prix pour les nouvelles thérapies et les médicaments devrait être élaborée de telle manière que la recherche en vaille encore la peine, mais que les patients ne soient pas en même temps

les victimes de prix fantaisistes. Il faut noter en outre que politique des prix irréfléchie et trop généreuse à l’égard de l’industrie pharmaceutique peut même mettre en danger le progrès de la médecine. S’il y a déjà des hausses de prix et des suppléments pour les innovations insignifiantes et pour les produits qui ne sont que des copies, pourquoi, dès lors, se donner la peine de développer quelque chose qui soit réellement nouveau ?

Télémédecine : malédiction ou bénédiction ? La télémédecine – c’est-à-dire le traitement et les renseignements médicaux à distance – est en train de se répandre. Il y a déjà en Suisse des centres d’appel médicaux qui conseillent les patients au titre d’instance de premier recours ou jouent le rôle de centre téléphonique pour les urgences. La carte européenne d’assuré, qui a été au cours des derniers mois et dernières semaines envoyées à pratiquement tous les assurés, est également une application de la télémédecine à laquelle sont associés de nombreux espoirs : elle doit permettre de laisser au patient davantage d’autoPhoto : Keystone

sures beaucoup plus large mais surtout pas comme une panacée (cf. également infosantésuisse 9/2005).

Préparons aujourd’hui le futur du système, afin de pouvoir implémenter les nouvelles thérapies. (Image: minirobot pour de petites interventions).

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nomie et d’améliorer la qualité du traitement, de promouvoir la recherche, d’améliorer l’efficacité et de réduire les coûts. Mais la télémédecine est-elle en mesure de remplir ces exigences ? Selon l’étude d’évaluation des technologies TA-SWISS, il y a sans aucun doute un important potentiel de valeurs en télémédecine – pour autant que son application soit coordonnée et clairement réglée (cf. également les pages 16 et 17). Un développement sauvage devrait en revanche conduire à une multiplication des prestations et pourrait provoquer des coûts plus élevés si les traitements à distance ne sont pas clairement standardisés et validés ; il pourrait même être un danger pour la qualité des traitements. C’est la raison pour laquelle, selon TA-SWISS, il faut un consensus politique sur les objectifs de la télémédecine ainsi que sur les technologies les plus appropriées et les méthodes ; il faut également un bureau central qui coordonne les diverses technologies et les offres et opère des contrôles de qualité. Les assureursmaladie devront exiger la preuve du caractère économique des prestations de télémédecine avant de les reconnaître et de les rembourser.

Utiliser les possibilités, se défaire des charges inutiles Ce qui vaut pour la télémédecine vaut également pour tous les défis qui se présenteront dans le secteur de la santé. Il y a des possibilités étendues mais aussi des risques considérables. La concrétisation, qu’il s’agisse des nouvelles technologies, des progrès de la médecine, mais aussi des soins gérés, du financement à source unique des hôpitaux ou de la liberté de contracter doit passer par tout le potentiel des améliorations possibles que l’on peut en tirer. Il faudra encore quelques réformes jusqu’à que le système suisse de santé soit modernisé – des réformes au cours desquelles les intérêts particuliers devront reculer. Il est clair que si le système a jusqu’ici bien fonctionné, cela n’implique pas qu’il n’y a pas besoin de l’adapter. Des résidus particuliers, comme on en trouve dans toute l’Europe, du genre de l’obligation de contracter, d’un financement opaque des hôpitaux ou d’une assurance de qualité à peine présente, pouvaient être encore admis par le passé. Dans un système de santé tourné vers l’avenir, ces reliquats n’ont plus leur place.  Peter Kraft


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Renforcer la position des médecins de famille face aux spécialistes

Plaidoyer en faveur des médecins de premier recours La densité médicale s’accroît d’année en année. Cette tendance s’est aussi confirmée chez les médecins de famille ces dernières années. Il y a cependant des problèmes de répartition : les médecins généralistes installés en campagne ont de la peine à trouver de la relève, tandis que les effectifs des spécialistes dépassent largement les besoins. Les assureurs-maladie sont conscient de ce problème et ont de la compréhension pour les praticiens installés en campagne. Ce problème pourrait être résolu en introduisant une valeur du point taxe différenciée.

L

e 1er avril, les médecins de famille ont protesté sur la place du Palais fédéral. Ils entendent se mobiliser pour renforcer l’offre en soins de base. Ils dénoncent notamment le fait que les médecins de campagne ne trouvent pas de successeur et que, dans les régions reculées, la desserte médicale est en danger. La baisse du point taxe pour les laboratoires a fait déborder le vase. Les débats des derniers mois donnent l’impression qu’il y a pénurie de médecins et que différentes mesures telles que le numerus clausus instauré par les universités ou le moratoire sur l’ouverture des cabinets médicaux auraient conduit à une inversion de tendance au niveau de la densité médicale.

Densité médicale en hausse C’est le contraire qui est vrai : comme différentes sources le montrent, la densité médicale n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui. L’enquête sur la desserte médicale en Suisse, effectuée en commun par l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et santésuisse1 montre que l’offre augmente sans cesse. L’étude ne mesure pas le nombre de médecins, mais les prestations fournies et tient ainsi compte du fait que durant ces dernières années toujours plus de médecins ont opté pour un travail à temps partiel. C’est dans ce but que le terme « unité de desserte » a été défini. Le nombre de ces unités de desserte a augmenté en moyenne entre 1998 et 2004 de 2,1 % (voir graphique). La statistique du registre des codes créanciers atteste également d’une augmentation de la densité médicale. En dépit du gel de l’ouverture des cabinets médicaux,

le nombre des numéros de codes créanciers nouvellement attribués aux médecins est resté pratiquement stable et se situe à un niveau élevé. Si, avant l’entrée en vigueur du moratoire sur l’ouverture des cabinets médicaux, santésuisse attribuait environ 700 numéros par an, ce chiffre a augmenté en 2002, lors de l’entrée en vigueur du moratoire en juillet, à 1160. Il est vrai que durant les années suivantes, le nombre de numéros attribués aux médecins a diminué mais, à l’exception de l’année 2004 (551), le niveau est resté aussi élevé qu’avant le moratoire. Les cantons sont responsables de la mise en œuvre du gel de l’ouverture des cabinets médicaux et ils ont en fait la possibilité d’octroyer, dans des cas exceptionnels, une autorisation d’exercer la profession. Ils font manifestement un usage assez fréquent de cette disposition.

Problème de répartition et non pas de pénurie de médecins Les chiffres le prouvent, il est faux de parler de pénurie de médecins mais plutôt d’un problème au niveau de leur répartition par secteur d’activité. Le statut de spécialiste conserve à l’évidence son attractivité alors que les soins de base attirent moins les jeunes médecins. Cela commence déjà au niveau de la formation universitaire pré- et postgraduée et cela se termine par une activité notablement moins bien rémunérée. La tendance ne se vérifie pas directement au niveau des codes créanciers. Mesurée au nombre total des médecins disposant d’un numéro de code, la part des médecins de premier recours s’élevait à fin 2005 à 41 %, avec 7620 numéros.2 Durant les dernières années (2003 à 2005), les nouvelles

admissions à pratiquer ont augmenté au même rythme, que ce soit pour les médecins de premier recours ou pour les spécialistes. Selon la statistique de la FMH, le nombre de médecins actifs en cabinet a augmenté de 18 % entre 2000 et 2004. L’augmentation est de 36 % pour les généralistes, de 12 % pour les internistes et de 14 % pour les pédiatres. Au total, ce groupe de médecins a progressé de 23 %. On ne peut donc pas dire que le nombre des spécialistes croît plus fortement que celui des médecins de premier recours. Toutefois, les incitations financières sont aujourd’hui telles que les prix (valeur du point tarifaire) sont précisément élevés là où il y a excès de médecins et, inversement, sont bas là où il y a moins de médecins. Il convient cependant de préciser que la valeur du point ne détermine pas à elle seule le chiffre d’affaires et donc le revenu d’un médecin. Dans les régions rurales aussi, certains cabinets médicaux réalisent un chiffre d’affaires largement supérieur à un million de francs. En fin de compte, le chiffre d’affaires résulte de la multiplication des facteurs quantités et prix.

Revalorisation de la médecine de premier recours grâce au TARMED : objectif non atteint Le TARMED avait aussi pour objectif de revaloriser financièrement, au sein du corps médical, les disciplines favorisant le « dialogue » et de corriger vers le bas les chiffres d’affaires des disciplines impliquant des « gestes techniques ». Mais la redistribution des revenus n’a été que partiellement réalisée, car les médecins prestataires de gestes techniques invasifs ont réussi à imposer plusieurs fois des corrections de la structure tarifaire avant son entrée en


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vigueur définitive.3 Une première analyse des chiffres d’affaires par médecin et par groupe de médecins montre, pour l’année 2004, une évolution assez importante par rapport à l’année 2003, année qui a précédé l’entrée en vigueur du TARMED. Les groupes de médecins dont le chiffre d’affaires a le plus augmenté sont la psychiatrie infantile et juvénile ainsi que la psychiatrie et la psychothérapie. Cependant, certains domaines de la médecine invasive ont également enregistré une évolution de leur chiffre d’affaires supérieure à la moyenne. Par contre, les généralistes, les radiologues et les anesthésistes affichent un recul de leur chiffre d’affaires.

Neutralité des coûts : garantie des acquis

Source : santésuisse

Le concept de la neutralité des coûts est fondé sur la notion de neutralité géographique des coûts. Concrètement, on a procédé au calcul des coûts d’entités conventionnées, en règle générale les médecins, les hôpitaux publics et privés d’un canton. Cette opération a permis de comparer et de mettre en lumière les différences de chiffres d’affaires entre cantons mais, parallèlement, les a gelées. Nous obtenons ainsi une image paradoxale : le canton de Genève, dont la valeur du point tarifaire est la plus haute (98 centimes), affiche aussi, avec 34 médecins pour 10 000 ha-

bitants4, une très haute densité médicale. Les cantons de Suisse centrale et orientale, avec des valeurs inférieures du point tarifaire, ont une densité médicale qui est presque la moitié moindre de celle de Genève. C’est le cas du canton des Grisons qui compte 18 médecins pour 10 000 habitants et dont la valeur du point s’élève à 78 centimes. Toutefois, les incitations financières sont fixées de telle sorte que c’est précisément dans les régions surdotées qu’il est financièrement le plus intéressant d’ouvrir un nouveau cabinet médical. Inversement, la reprise d’un cabinet médical à la campagne est moins attractive dans la mesure où, outre la nécessité d’habiter en zone rurale, s’ajoute aussi une valeur du point inférieure. La possibilité de négocier individuellement avec les médecins la valeur du point tarifaire permettrait de trouver une issue à cette situation paradoxale.

Renaissance des modèles de soins gérés (managed care)

Il faut renforcer la position des médecins de premier recours. Même si le nombre de généralistes augmente et que la pénurie souvent crainte dans les soins de base ne se réalise pas, il ne fait pas de sens que les conditions restent largement plus attractives pour les spécialistes que pour les généralistes. Car il y a clairement pléthore chez les spécialistes et cette tendance ne doit pas Comparaison de l'augmentation des se poursuivre. De plus la médecine médecins et des unités de desserte générale est plus 18000 complète et donc unités de desserte médecins libres praticiens plus économique. 16000 Il ne fait pas sens, 14000 soit du point de vue de coûts, soit 12000 de celui de la qua10000 lité, que les spécialistes concur8000 rencent les géné6000 ralistes sur leur propre terrain. 4000 Les assureurs-ma2000 ladie soutiennent ces revendica0 tions depuis des 2000 2003 1998 1999 2001 2002 2004 années en metLe nombre de médecins, mais aussi le nombre d’unités tant sur pied des de soins (prise en compte des temps partiels) augmentent systèmes de mésans cesse.

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decins de famille et de HMO et en introduisant sur le marché de nouveaux modèles alternatifs d’assurance. Il faut avant tout mentionner les services de conseils téléphoniques qui sont extrêmement bien acceptés par les clients. De nombreux assurés ont choisi en 2006 un modèle de managed care et les assureurs enregistrent des taux d’accroissement élevés. On peut d’ores et déjà dire que la proportion des assurés qui ont opté pour une forme particulière d’assurance dépasse les 10 %. Même si ce pourcentage demeure comparativement encore modeste, le taux d’accroissement par rapport à l’année précédente est notoire. Certains commentateurs parlent déjà de renaissance des modèles de managed care. Ces modèles s’inspirent de l’idée fondamentale que le médecin de premier recours est le premier interlocuteur obligé pour le patient. En tant que gate-keeper, il veille finalement que le ou la patiente reçoive la médecine qui lui procure le meilleur traitement pour sa pathologie. Mais pour cela, il faut qu’il y ait suffisamment de médecins de premier recours et suffisamment de médecins qui soient prêts à s’engager en faveur de tels modèles, notamment dans les cabinets de groupe. Pour l’instant, certaines contingences, parmi lesquelles l’obligation de contracter, un contrat d’une année pour les soins gérés et les franchises à option empêchent qu’il en soit ainsi. Les débats concernant l’approvisionnement en soins de base sont lancés. Les assureurs-maladie ont montré la voie pour renforcer la desserte de base : valeurs différenciées du point au lieu de neutralité des coûts au niveau cantonal, modèles de managed care impliquant la responsabilité financière des fournisseurs de prestations, suppression de l’obligation de contracter. Les médecins sont-ils prêts à entrer en discussion ?  Peter Marbet

Voir également « Enquête sur la desserte médicale en Suisse » de Michael Bertschi, étude commune de santésuisse, de l’OFSP et de l’Obsan dans infosantésuisse no 1-2/2006, p. 19. 2 Font partie des prestataires de soins de base les médecins omnipraticiens, les internistes, les pédiatres et médecins pour adolescents, les médecins praticiens, les cabinets de groupes. 3 Voir à ce sujet « TARMED »: Redistribution des revenus des médecins en faveur des médecins omnipraticiens : l’objectif est-il atteint ? in « Mise au point » 4/2005, p. 10. 4 Source : statistique médicale de la FMH, état 2004. 1


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Trois questions à Walter Hugentobler, médecin généraliste à Nürensdorf (ZH)

«Seuls 8 % des étudiants en médecine veulent devenir médecin de famille»

infosantésuisse : Le 1er avril, les médecins ont manifesté devant le Palais fédéral. Pourquoi cette démonstration de rasle-bol ? Walter Hugentobler : Bien que les milieux politiques, les organisations de patients, les caisses-maladie et la FMH soulignent à l’unisson l’importance de la médecine de premier recours, nous constatons que nos conditions de travail ne cessent de se péjorer. Conséquence logique, seuls 8 % des médecins en formation veulent devenir généralistes. Et parmi ceux qui ont obtenu récemment le titre de médecin généraliste de la FMH, un quart seulement désire exercer une activité professionnelle indépendante. Les autres préfèrent un travail sûr, avec des horaires et des conditions financières clairement fixés, par exemple à l’hôpital ou dans des assurances. Dans notre région qui connaît des difficultés, sur 28 médecins généralistes, seuls 10 ont moins de 55 ans. S’ils ne trouvent pas de successeur pour leur cabinet médical, les soins de base et d’urgence risquent dans 10 ans de ne plus être assurés dans notre région. Et cette situation est certainement représentative pour l’ensemble de la Suisse. Nous aussi nous sentons les mutations de la société. Le comportement des patients a changé. Le service des urgences par exemple est de plus en plus submergé de cas qui auraient vraiment pu attendre. Un nombre de médecins en baisse signifie pour chacun d’entre nous un temps de présence plus important. Cela perturbe aussi la vie privée et la vie familiale. Les jeunes médecins surtout ne peuvent et ne veulent plus s’accommoder de ces contraintes. A cela s’ajoute un problème au niveau des revenus. santésuisse a elle aussi constaté que la revalorisation des actes fournis par

Photo : màd.

Quelque 10 000 médecins de famille et soignants suisses se sont réunis le 1er avril devant le Palais fédéral pour faire connaître leur malaise en raison de conditions cadres qui se dégradent. Qu’est-ce qui a poussé les médecins de famille à descendre dans la rue ? infosantésuisse a demandé à Walter Hugentobler, un médecin généraliste engagé, pour quelles raisons il soutenait activement la manifestation.

Walter Hugentobler : « Dans notre région d’urgence, nous comptons 28 médecins de premier recours, dont seulement dix âgés de moins de 55 ans. »

les généralistes, qui était au demeurant un objectif du TARMED, n’a pas été atteinte de manière satisfaisante – l’indemnisation des prestations d’urgence en particulier n’est pas suffisante. Enfin, des problèmes structurels viennent s’ajouter. L’absence d’offres de formation proches de la pratique, aussi bien au niveau universitaire que lorsque les médecins sont assistants. Nous sommes confrontés à toujours plus de tâches administratives. Et la confiance vis-à-vis des assureurs-maladie, avant tout en ce qui concerne la statistique, est faible. Nous nous sentons souvent un peu à leur merci. Les assureurs-maladie proposent de promouvoir plus intensément des modèles de soins gérés dans lesquels le rôle du médecin de premier recours serait renforcée en tant que gatekeeper. Voyez-vous aussi ici une solution possible ?

Je crains que de tels modèles – à l’instar de ceux qui existent dans la plupart des Etats voisins – conduisent à une bureaucratisation de notre travail. Nous ne voulons pas que notre rôle soit réduit à remplir des ordonnances et à mesurer la pression. Nous sommes persuadés que nous pouvons assumer au mieux notre fonction de tri qu’à condition de pouvoir soigner nous-mêmes jusqu’au bout le plus grand nombre possible de patients et que nous ne devons adresser aux spécialistes que les cas complexes et les patients qui ont besoin d’investigations techniques et de thérapies spéciales. Pour nous, les soins gérés ne sont donc une option que si nos compétences diagnostiques ne sont pas rognées. En tant que médecin de famille, comment vous sentez-vous représenté par la FMH ? Dans les votes et les articles de notre président – lui-même un médecin de premier recours – on voit bien la difficulté de défendre les intérêts de tous les médecins et de les mettre tous d’accord. Le président louvoie souvent entre soutien et relativisation des préoccupations des médecins de famille. Cela est rarement dit ouvertement, mais nous, les médecins de premier recours, nous avons pour une certaine part d’autres intérêts que les spécialistes. C’est certainement pour cette raison que nous ne nous sentons que partiellement représentés par la FMH. Je ne crois pas qu’il y aura prochainement une scission de la FMH même si l’on ne peut pas écarter totalement cette hypothèse. Je suis d’avis qu’un encouragement efficace de la médecine de premier recours n’est possible qu’à condition que nous obtenions plus d’autonomie dans la sauvegarde de nos intérêts.  Interview : Peter Kraft


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Prise en charge des personnes en perte d’autonomie

Genève : entre la maison et l’EMS, deux solutions intermédiaires La perte d’autonomie des personnes âgées pose problème, surtout lorsqu’elles vivent seules et lorsqu’elles ont besoin d’un suivi médical. Des solutions existent pourtant ou sont à l’étude pour retarder le plus possible l’entrée à l’EMS et éviter des hospitalisations. Exemples à Genève avec deux projets qui tentent d’offrir des solutions en phase avec notre changement de société.

Locataires d’immeubles sociaux A Genève, les personnes âgées qui ne sont plus en mesure de subvenir totalement à leurs besoins, mais qui conservent un degré d’autonomie important, peuvent devenir locataires dans des immeubles de la Fondation d’aide et de soins à domicile et disposent, en plus du confort habituel, d’un personnel d’encadrement social de jour et de nuit. Pendant la journée, l’intendant social est une aide pratique appréciée : tracasseries administratives, aide sociale, appui moral. Les immeubles sont en outre équipés de salles à manger où les locataires peuvent prendre leurs repas. Des activités communautaires leurs sont proposées. L’encadrement de nuit comporte une permanence nocturne qui veille à la sécurité. Les soins médicaux ne sont toutefois pas compris et les locataires qui ont besoin d’un suivi médical doivent faire ­appel à un service de soins à domicile ou être pris en charge par leur médecin traitant ou par l’hôpital. Pour l’instant, le canton de Genève dispose d’un parc de dix-sept immeubles pour un total de 1156 locataires. L’offre ne suffit pas à répondre à la demande et ce phénomène tend à s’aggraver, car la population des locataires change. Composée à la base essentiellement de personnes à l’âge de la retraite, elle est de plus en plus complétée de personnes relative-

ment ­ jeunes, qui souffrent de maladies psychiques. Ceci indique une fragilisation d’une nouvelle tranche de la population qui a besoin de structures.

Suivi médicalisé

poseront d’une chambre et de sanitaires particuliers. Un deuxième bâtiment, jouxtant la partie salles de loisirs, abritera un centre de soins. Ainsi, les personnes âgées bénéficieront de la visite d’infirmières à domicile et pourront se rendre à des consultations médicales sans sortir du complexe. Par ce suivi rapproché et, surtout, par la coordination entre infirmière et médecin traitant, le projet entend améliorer la qualité des soins et réduire d’un tiers les hospitalisations en soins aigus. Ce projet ne vise pas seulement à économiser des coûts. C’est aussi un projet de vie pour les personnes qui ont perdu une partie de leur autonomie et pour les actifs – familles, étudiants. Bien que séduisant, sa réalisation montrera dans quelle mesure nos sociétés citadines aux structures familiales éclatées et à la volonté d’indépendance ressentent le besoin de créer et d’entretenir des tissus sociaux inter­ générationnels rapprochés. Nicole Bulliard

A partir d’un certain grade de perte d’autonomie, les personnes âgées ont besoin d’un suivi médical permanent. A ce stade commencent les séjours parfois chaotiques entre la maison, l’hôpital, la réhabilitation. Or, pour être efficaces, les soins devraient être soigneusement coordonnés. Mieux, la personne âgée devrait être accompagnée pas à pas et soutenue dans l’évolution de sa perte d’autonomie. C’est ce à quoi tend par exemple le projet Medonex, du Groupe médical d’Onex, qui vise à créer autour de la personne âgée un lieu de vie, un lieu de socialisation et un lieu de prise en charge médicale coordonnée. Le projet est basé sur le modèle québécois de Réseaux Intégrés pour les Personnes Agées. Un immeuble locatif réunira sous le même toit des familles, des personnes âgées en appartements protégés et des étudiants. Les synergies sociales sont envisagées sous l’angle d’aides aux personnes âgées par les familles et les étudiants, mais aussi de salles de loisirs accessibles à tous, d’activités sociales et d’une garderie. Les appartements protégés regrouperont plusieurs personnes âgées qui partageront la cuisine, la salle à man- Les logements intégrés maintiennent l’autonomie ger et le séjour et dis- des personnes plus longtemps.

Photo : Prisma

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l est fini le temps où l’on intégrait un EMS avec l’âge de la retraite. De nos jours, faute de lits disponibles et question de coûts, on retarde de plus en plus ce pas définitif. Qu’en est-il alors des personnes qui voient leur autonomie diminuée, mais qui ne sont pas suffisamment dépendantes pour être prises en charge en EMS ?


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infosantésuisse  Nº 4, avril 2006

Entretien avec Rolf Gabriel, directeur de SanaCare AG

« Les soins gérés disparaîtraient avec une caisse unique » Les modèles d’assurance non standard ont le vent en poupe : en 2006, en effet, de nombreux assureurs ont enregistré des hausses parfois massives dans ce secteur. Est-ce là le début d’une nouvelle ère dans le domaine de l’assurance-maladie ? Dans quelle mesure les soins gérés vont-ils modifier la desserte en soins de santé ? Rolf Gabriel, directeur de SanaCare, a discuté avec infosantésuisse des perspectives qui sont celles des soins gérés, mais aussi des dangers qui les guettent. infosantésuisse : Les modèles d’assurance alternatifs ont enregistré à nouveau en 2006 une croissance significative, après une longue stagnation. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Rolf Gabriel : Les assureurs – mais aussi les fournisseurs de prestations intéressés – ont beaucoup parlé de ces produits ces derniers temps. Ils ont développé en outre de nouveaux modèles intéressants. Cette diversité suscite l’intérêt d’un nombre de plus en plus important d’assurés. Par ailleurs, un certain nombre de modèles sont maintenant disponibles dans des régions où il n’y avait auparavant pas de soins gérés. A mon avis, les possibilités de faire des éco-

« Nous ne devrions pas être traités de manière particulière par le législateur. Nous avons plutôt besoin de bonnes conditions-cadre, et cela vaut pour l’assurance-maladie dans son ensemble. » nomies sur les primes grâce aux modèles alternatifs de soins gérés n’ont pas eu une grande influence. Evidemment, les primes sont un problème sérieux, mais les hausses de primes pour 2006 sont restées dans les limites de ce qu’elles avaient été l’an dernier. Or, il n’y avait pas eu d’intérêt particulier pour les soins gérés au cours des années précédentes. Dès lors on peut dire que la raison principale du changement de direction vers les soins gérés n’est pas l’augmentation des primes. D’autres Etats, par exemple les Pays-Bas et les Etats scandinaves, ont dépassé la Suisse en matière de soins gérés. Que font-ils de mieux, ou que font-ils de différent?

Dans ces pays, l’idée de gestion des soins est comprise de manière différente d’ici. C’est en effet un élément de la politique de l’Etat et elle n’est donc pas tournée vers le marché mais c’est une volonté politique. Lorsque de pareils modèles sont simplement calqués sur le système de santé, ils prennent logiquement une importance domi­nante. Mais je ne considère pas cette voie comme adéquate pour la Suisse. Je plaide très clairement en faveur de la diversité : ceux qui offrent des modèles alternatifs d’assurance doivent fournir des prestations de bonne qualité et innovatrices. La population décidera ensuite de l’extension qui doit être donnée aux soins gérés. Vous voyez donc d’un œil critique les dispositions légales qui pourraient fournir de meilleures conditions-cadre aux soins gérés ? Nous ne devrions pas être traités de manière particulière par le législateur. Nous avons plutôt besoin de bonnes conditionscadre, et cela vaut pour l’assurance-maladie dans son ensemble. Il serait toutefois approprié de lever un certain nombre d’obstacles qui concernent plus particulièrement les soins gérés. Je veux parler du blocage des autorisations de pratiquer, blocage qui rend l’ouverture de cabinets HMO plus difficile alors même qu’il y a un marché pour eux. Quelles réformes politiques nous faut-il alors pour pouvoir améliorer les conditions-cadre de l’assurance-maladie dans son ensemble ? Il faut promouvoir la diversité et le marché doit pouvoir jouer davantage qu’aujourd’hui. La question de la couverture de base, à mon avis, devrait rete-

nir également davantage l’attention. Lorsqu’un cabinet de généraliste se ferme sans qu’il y ait un successeur, il n’y a pas d’économie sur les coûts parce que les prestations vont se répartir simplement sur des spécialistes qui coûtent, eux plus cher. Nous constatons que les spécialistes tou-

« Pour nous c’est un défi à relever que de nous introduire dans ces zones et de faire en sorte que les conditions de reprise d’un cabinet par un jeune médecin redeviennent intéressantes. » chent de temps en temps à la couverture de base, mais seulement là où cette couverture est intéressante pour eux. Les secteurs comme la couverture en matière de soins d’urgence, ils n’y touchent pas. Cette évolution pose des problèmes. Nous avons besoin d’une couverture médicale de base renforcée, ce qui serait d’ailleurs un bien pour le secteur des HMO. Les entreprises comme SanaCare peuvent pour leur part collaborer à améliorer la situation des médecins de premiers recours en ce sens qu’elles leur permettent de pratiquer sans grand risque d’entreprise ? Par ailleurs, nous devons nous poser la question : les prestations dans la desserte de base sont-elles toujours les bonnes ? Que faudra-t-il, à l’avenir, que la communauté finance ? Les cabinets de médecins qui ne sont pas repourvus sont un problème dans les zones rurales essentiellement. Les modèles de soins gérés sont aujourd’hui principalement offerts dans les grandes villes. Que faudrait-il faire pour pouvoir également atteindre les régions rurales ?


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Les soins gérés ne signifient pas nécessairement HMO. Les réseaux de médecins, par exemple, appartiennent également à ce secteur. Ces derniers s’étendent dans les grandes agglomérations. Dans les zones essentiellement rurales, ces infra­

« Ce qui est le plus important, ce sont les coûts des prestations et ils ne vont à coup sûr pas baisser avec une caisse unique. »

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A l’ordre du jour politique, c’est l’initiative pour une caisse unique qui va bientôt monter en tête de liste. Quels effets aurait une caisse unique sur les soins gérés ? La caisse unique ne pose pas seulement un problème pour ce qui est des soins gérés mais aussi un problème sur le fond. Une caisse unique ne sera pas moins coûteuse que le système actuel. Elle n’offre aucune incitation à une utilisation économe des prestations médicales. Ce n’est pas en raison des coûts de gestion que les primes de caisses-maladie sont si élevées ; ce qui est le plus important, ce sont bien les coûts des prestations et ils ne vont à coup sûr ne pas baisser avec une caisse unique. Il n’y aurait plus non plus d’incitations à offrir des modèles d’assurances alternatifs. Pourquoi faudrait-il aller vers une caisse unique si l’on veut conserver la diversité des modèles d’assurance? Les soins gérés disparaîtraient avec une caisse unique et une possibilité importante serait donc retirée à la population de participer, dans une certaine mesure, à la modération des coûts. Photo : Peter Kraft

structures manquent. Pour nous, en tant qu’entreprise, c’est un défi à relever que de nous introduire dans ces zones et de faire en sorte que les conditions de reprise d’un cabinet par un jeune médecin redeviennent intéressantes, en lui fournissant par exemple une certaine infrastructure ou en lui offrant une aide quelconque. Il est difficile de dire si nous réussirons ce genre de chose, mais je pense que nous devons de toute manière prendre cette tâche au sérieux.

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Où en seront, à votre avis, les soins gérés, dans une dizaine d’années ? Mes prévisions sont pragmatiques et claires : les soins gérés ne seront plus considérés, dans dix ans, comme un secteur particulier de l’assurance-maladie. Les caisses vont de plus en plus pencher vers le modèle des soins gérés. Heureusement, ce processus est déjà en marche aujourd’hui. Cela signifie, pour nous, que nous allons de moins en moins nous positionner comme une organisation de soins gérés et de plus en plus comme une entreprise qui développe et offre des solutions dans le domaine de la santé. Le modèle des soins gérés va donc se répandre de plus en plus et, entre les pôles de HMO et la couverture médicale non dirigée, on trouvera toutes sortes de modèles. Dans le même mouvement, la philosophie propre des soins gérés en tant que contrepoint à la couverture médicale habituelle va disparaître. Dans dix ans, les soins gérés ne seront plus du tout une manière de slogan mais bien une simple réalité de l’économie de la santé.

« Dans dix ans, les soins gérés ne seront plus du tout une manière de slogan mais bien une simple réalité de l’économie de la santé. » Que va signifier cette évolution pour les fournisseurs de prestations ? Eux aussi vont devoir devenir plus souples et tournée vers le marché. Ce processus a de toute façon déjà commencé : beaucoup de fournisseurs de prestations sont aujourd’hui déjà très bien ­organisés.

Rolf Gabriel : « Le coût des prestations est déterminant, et il ne diminuera pas avec la caisse unique, c’est certain. »

Les petits assureurs vont-ils pouvoir tenir le coup avec l’évolution que vous ­décrivez ? Je n’ai pas peur pour les petits assureurs : ils ont des organisations et des plateformes grâce auxquelles ils peuvent se regrouper. Ils vont donc pouvoir maîtriser les défis futurs. Les organisations comme SanaCare peuvent aussi jouer un rôle important pour les petits assureurs en ce sens qu’elles peuvent leur offrir des modèles alternatifs ; c’est ainsi que chaque petit assureur n’aura pas besoin de fonder de toute pièce son propre HMO. Interview: Peter Kraft


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Les coûts de la santé dans une société vieillissante : solutions proposées par Avenir Suisse

Nécessité de réformes générales et spécifiques à l’âge Avenir Suisse a analysé les particularités de l’évolution des coûts dans le marché de la santé et en a tiré des constats explosifs : les coûts de la santé n’augmentent pas seulement parce qu’il y a toujours plus de personnes âgées mais aussi en raison du fait que la croissance des coûts est la plus élevée avant tout chez la population âgée.

Effet du vieillissement dû à la démographie et au système La nouveauté de l’étude présentée l’automne dernier par Avenir Suisse consiste en l’analyse détaillée de l’augmentation des coûts due au vieillissement. Jusqu’à maintenant, en étudiant le phénomène de l’accroissement des coûts de la santé, on mesurait simplement l’effet statique de la hausse des coûts due à des causes démographiques : les scientifiques partaient de l’idée que les coûts de la santé des générations âgées n’augmentaient pas plus fortement que ceux de l’ensemble de la population. Selon la façon de voir les choses, on peut admettre que les coûts de la santé augmenteront, en fonction de la modification de la pyramide des âges, de 0,55 à 0,7 % par an jusqu’en 2030. Lukas Steinmann et Harry Telser ont cependant aussi analysé ce que l’on appelle l’effet du vieillissement imputable au système. Ils ont étudié séparément l’évolution des coûts des différentes catégories d’âge et ont constaté que les coûts engendrés par la génération âgée augmentaient plus fortement que ceux du reste de la population. Les raisons de cette croissance de coûts supérieure à la moyenne sont diverses. D’une part, les progrès techniques font qu’aujourd’hui les maladies avant tout dues à la vieillisse peuvent être mieux traitées. D’autre part,

les exigences ont également augmenté et il en résulte une confusion entre santé et style de vie. En tenant compte de l’effet de l’âge dû au système, on arrive jusqu’en 2030 à des taux d’accroissement annuels de 1,65 % imputable au vieillissement. De ce fait, le report des charges des personnes âgées vers jeunes passera de 4 milliards de francs aujourd’hui à 10 milliards de francs par an en 2030.

Primes, rabais sur les primes et participation aux coûts dépendant de l’âge Avenir Suisse propose des solutions générales et spécifiques à l’âge. La levée de l’obligation de contracter avec les fournisseurs de prestations, la suppression du principe de territorialité cantonal et national ou l’introduction du financement hospitalier moniste font partie des solutions générales. Il est également primordial de veiller à ne pas créer de nouvelles incitations erronées. Il serait par exemple contre-indiqué d’intégrer totalement le financement des soins de longue durée dans

le système de l’assurance-maladie (assu­ rance des soins). La promotion des soins gérés ou l’augmentation de la participation aux coûts constitue d’autres possibilités de réforme du système de santé. Des primes, rabais de primes et une participation aux coûts spécifiques à l’âge consti­ tuent en revanche des solutions praticables. Une modification de la réduction des primes en conformité avec l’âge atténuerait socialement le choc des primes spécifiques à l’âge. Le gros avantage de primes dépendant de l’âge serait que les assureurs pourraient octroyer à la population âgée des rabais plus généreux en cas de choix d’une franchise plus élevée ou d’adhésion à un modèle de soins gérés (aujourd’hui, en raison d’une prime identique pour chaque catégorie d’âge, il n’est pas possible d’octroyer des rabais de primes spécifiques à l’âge). Les modèles de soins gérés deviendraient ainsi plus attractifs pour la population plus âgée.  Michael Bertschi Steinmann Lukas, Telser Harry : Gesundheitskosten in der alternden Gesellschaft, NZZ-Verlag 2005.

Photo : Keystone

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e système de santé est un marché particulier en pleine croissance parce que la couverture d’assurance intégrale conduit au fait que les coûts doivent être pris en charge par l’ensemble de la communauté et non pas prioritairement par ceux qui les occasionnent. C’est la raison pour laquelle les dépenses de santé augmentent de manière exagérée par rapport à l’évolution économique générale. Ce constat n’est pas nouveau.

Les soins gérés doivent être attractifs aussi pour les personnes âgées.


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Selon plusieurs études, le vieillissement démographique ne joue qu’un rôle secondaire

La hausse des coûts n’est pas irrémédiable La population vieillit de plus en plus et, par là même, le nombre des personnes à santé fragile augmente. Les coûts de la santé, dans une pareille situation, ne peuvent donc que suivre une pente montante ; c’est un argument que l’on entend d’ailleurs souvent dans les milieux peu intéressés à stabiliser les dépenses de santé. Du point de vue scientifique, les choses sont pourtant claires : la démographie n’induit une hausse des coûts que de manière réduite. En revanche, c’est bien contre les véritables causes – multiplication du nombre des prestations, hausses des prix et absence d’incitations – que l’on peut et doit faire quelque chose.

S

elon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le vieillissement démographique ne compte aujourd’hui que pour un tiers « seulement » dans la hausse des coûts de la santé. A l’avenir, selon les prévisions établies, cette part ne devrait pas croître. Le vieillissement démographique apparaît ainsi comme une cause moins lourde que prévu dans la hausse des coûts de santé, écrit Yves-Alain Gerber, de l’OFS, dans la revue Sécurité sociale. Il ajoute par ailleurs que la hausse des coûts doit être rapportée en premier lieu à une tendance lourde et complexe qui a de nombreuses causes, causes qu’il s’agirait peut-être d’aborder de plus près. En d’autres termes, il ne faut pas que l’argument du vieillissement démographique soit mis en avant pour justifier et présenter comme inéluctable la hausse des coûts de la santé.

Besoins de soins : pas de hausse massive Pour établir ses prévisions, l’OFS part de l’idée que les besoins moyens en soins, chez les personnes d’une classe d’âge donnée, ne seront pas à l’avenir différents de ce qu’ils sont actuellement. Le professeur de sociologie zurichois François Höpflinger, en revanche, estime que les besoins en soins de certaines catégories d’âges ont déjà diminué et prévoit même qu’ils vont se réduire encore. Les besoins en soins ne dépendent pas en premier lieu de l’âge mais bien de l’espérance de vie subsistante. Lorsque l’espérance de vie augmente, le risque diminue, par exem-

ple pour les 70–75 ans de tomber gravement malade. Mais Höpflinger prévoit encore non seulement que le nombre des années de bonne santé va augmenter mais encore que celui des années de soins va diminuer. Les progrès accomplis en matière de restauration et de rééducation fonctionnelle, la réduction des risques professionnels, une meilleure prise de conscience de la santé et les efforts de prévention vont permettre d’atteindre ce résultat, outre les progrès de la médecine. La réduction relative des besoins en soins sanitaires devrait, selon Hugentobler, permettre de compenser dans une large part, au chapitre des coûts, le vieillissement démographique. C’est pourquoi il se peut que le vieillissement démographique joue un rôle moindre que ce que prévoit l’OFAS en matière d’évolution des coûts. C’est ce que prévoit également Bernd Schips, ex-directeur du Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ : il estime que la hausse annuelle des coûts de la santé due au vieillissement sera de 0,5 %. En plus de la réduction escomptée des besoins en soins dans les groupes d’âge élevé, François Höpflinger escompte un autre phénomène positif, à savoir que les soins fournis au sein de la famille ne diminueront pas, comme on le craint dans divers milieux. La génération du « babyboom » n’est pas seulement relativement nataliste, elle est également « nuptialiste », de telle sorte que la tranche des personnes d’un certain âge qui vivent en partenariat va augmenter à moyen terme. Ce phénomène, selon le sociologue, pour-

rait retarder le moment de l’entrée dans un établissement médico-social.

La dangereuse illusion de la nécessité Les résultats de Höpflinger sont semblables à ceux de l’association Avenir Suisse : les coûts de la santé ne sont pas du tout prédéterminés par l’évolution démographique. Le sociologue met également en garde contre « l’illusion de la nécessité » ; il demande que l’on lutte contre la hausse des coûts par des mesures ciblées contre l’extension des prestations, les augmentations de prix et les fausses incitations. Les coûts induits par l’évolution démographique ne doivent toutefois pas être limités, selon Höpflinger, par des primes calculées en fonction de l’âge ou par un catalogue de prestations particulier, mais bien par un renforcement des mesures de prévention, également pour les personnes âgées, ou par une réadaptation fonctionnelle plus efficace. Il s’agit également de mettre en place une coordination meilleure entre les soins dispensés par des professionnels et ceux fournis par les membres de la famille. Une formation plus étendue, des conseils et un soutien des proches dispensateurs de soins sont nécessaires.  Peter Kraft Bibliographie : • Höpfliger F., Hugentobler V. : Familiale, ambulante und stationäre Pflege im Alter, Verlag Hans Huber 2005 • Höpfliger F., Hugentobler V. : Pflegebedürftigkeit in der Schweiz – Prognosen und Szenarien für das 21. Jahrhundert, Verlag Hans Huber 2003 • Gerber Y.-A. : Kosten des Gesundheitswesens und Demographie, in : Soziale Sicherheit 6/2005, S. 365


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Entretien avec Urs A. Meyer, professeur ordinaire de pharmacologie à l’Université de Bâle

« La médecine va se personnaliser » A l’avenir, les thérapies médicales vont se baser plus largement qu’aujourd’hui sur les caractéristiques particulières de chaque patient. C’est ce que prévoit Urs A. Meyer, professeur de pharmacologie à Bâle, et l’un des chercheurs les plus cités au monde dans le domaine de la recherche sur les médicaments. Ce sont surtout le choix et le dosage personnalisés des médicaments qui devraient contribuer à améliorer les résultats des traitements.

infosantésuisse : La pharmacologie étudie les effets des substances étrangères les plus diverses sur l’organisme. Une des questions est de savoir pourquoi les êtres humains réagissent de différentes façons au même médicament ? Urs A. Meyer : Les effets divers des médicaments sont un problème sérieux en médecine : on admet généralement qu’une proportion pouvant aller jusqu’à 5 % des hospitalisations est due à des effets secondaires indésirables des médicaments. Au cours de leur séjour à l’hôpital, environ 7 % des patients développent des réactions négatives importantes aux substances prescrites. Par ailleurs, certains traitements connus contre des maladies répandues comme l’asthme ou la dépression ne fonctionnent parfois pas du tout ou de façon insuffisante.

« On admet généralement qu’une proportion pouvant aller jusqu’à 5 % des hospitalisations est due à des effets secondaires indésirables des médicaments. » Ces différences reposent sur le fait que nous sommes tous des individus uniques. Nous distinguons trois catégories de facteurs d’influence en matière d’effets médicamenteux. Du côté du patient, on retient les facteurs comme l’âge, le sexe ou la présence d’autres maladies, puis les facteurs externes comme l’alimentation et le tabagisme et, en fin de compte, les facteurs génétiques. Tous ces facteurs ouvrent d’énormes possibilités de former des groupes différents pour étudier les effets des médicaments. Pour chaque groupe, en outre, nous pouvons avoir des principes différents pour les dosages ou le choix des médicaments. Avec quelles méthodes étudiez-vous les effets des médicaments ?

Nous utilisons les méthodes de la recherche biomédicale fondamentale. Tout d’abord, il importe de savoir exactement comment un médicament est dégradé et décomposé, par exemple dans le foie ou dans l’intestin, et avec quelles structurescible il réagit dans le corps. Pour ce faire, nous simulons par exemple la situation dans des cultures de foie ou de cellules de l’intestin. Nous pouvons dès lors voir comment le médicament se modifie chimiquement, afin qu’il puisse être décomposé. Pour finir, nous abordons les mécanismes moléculaires impliqués : y a-t-il un gène qui influence la vitesse de dégradation de la substance ? Y a-t-il des récepteurs qui réagissent de manières diverses au médicament ? Toutes ces questions peuvent aujourd’hui être très bien étudiées en laboratoire et, très souvent, grâce aux résultats obtenus, nous sommes en mesure de faire des prévisions, tout particulièrement dans le domaine des différences génétiques. Dans ce cas, il suffit d’un test unique et l’on sait pour toute la durée de sa vie si un patient dispose d’une certaine protéine qui permet, par exemple, de dégrader un certain médicament. La dégradation des médicaments semble avoir un rôle des plus importants et c’est dans ce domaine que je vois les différences les plus marquantes. Elle est également plus facile à mesurer que, par exemple, les effets, qui peuvent être liés à des processus cérébraux qui sont, eux, à peine étudiés. Comment vos découvertes passent-elles dans la production de médicaments ? Les fabricants, auparavant, tentaient de développer des médicaments qui fourniraient aux patients une même dose de principe actif et qui auraient les mêmes effets. Mais c’est là une illusion. Il y a très peu de médicaments qui peuvent remplir cette exigence. Aujourd’hui, en revanche, les dé-

couvertes de la pharmacologie sont intégrées dans les processus de fabrication. Le fait que, plus tard, différents effets puissent se manifester est déjà pris en compte dans les études cliniques. Par exemple, on établit les caractéristiques génomiques de tous les cobayes volontaires avant les séries de tests.

« Nous travaillons sur des systèmes avec lesquels, par le biais de tests génétiques et la prise en compte de facteurs comme l’âge et l’alimentation, nous pouvons prévoir 50 % des variations dans les effets. » Dès lors, sera-t-il un jour possible de fabriquer des versions d’un médicament adaptées à différents groupes de patients ? Des versions adaptées, il y en aura plutôt moins, mais il y aura davantage de dosages différents. Les médecins pourront également toujours mieux définir la dose d’un certain médicament à prescrire. Quelques entreprises pharmaceutiques développent le concept selon lequel il faut d’abord un test génétique avant que ne soit prise la décision d’application d’une thérapie donnée ou d’un dosage. La méthode est déjà en place pour le traitement du cancer. Avec un cancer du sein, il y a des tumeurs qui produisent une certaine protéine en relation avec la partogenèse des cellules. On utilise des anticorps contre cette protéine et l’on combat ainsi la croissance de la tumeur. Mais ce ne sont que 30 % environ des tumeurs qui produisent cette protéine. Chez les autres femmes, les médicaments en question n’ont pas d’effet ; en revanche, ils ont des coûts ainsi que des effets secondaires. Il y a des tests qui permettent de savoir si les tumeurs produisent cette protéine et dès lors si le médicament a des chances de succès.


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Nous avons également un test en laboratoire en phase d’essai qui met en évidence certaines mutations dans les gènes, mutations qui sont importantes pour la dégradation de plusieurs médicaments. Environ un quart de tous les médicaments les plus prescrits sont plus ou moins concernés. Pour certains, cette mutation joue un rôle crucial pour le dosage. Il est encore important de savoir dans quel groupe génétique se trouve le patient.

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la substance utilisée n’a pas de portée utile. Mais il est bien certain que nous ne trouverions jamais rien si nous n’osions pas investir dans la recherche.

est constituée en outre par la sphère privée du patient.

Où placez-vous les limites pratiques et éthiques de la recherche en biologie et en médecine ? Que peut encore apprendre l’homme sur le fonctionnement de son propre corps et que doit-il encore apprendre ? Chaque année nous en apprenons un peu plus sur l’organisme humain et chaque année nous comprenons un peu mieux son fonctionnement. Mais l’organisme humain et ses maladies sont des systèmes extraorPhoto : Peter Kraft

Qu’est-ce qui vous pousse à entreprendre ces recherches, le désir de connaissance ou l’utilité des résultats pour les patients ?

Urs A. Meyer : « Pour environ la moitié des médicaments, nous ne connaissons pas encore exactement à quelles substances corporelles ils réagissent. »

A la source, il y a toujours une observation, un phénomène d’ordre clinique que l’on ne parvient pas à expliquer. Puis interviennent l’imagination et le désir de savoir. Comment mettre en évidence la raison du phénomène et comment l’inclure dans une solution qui puisse servir aux patients ? La curiosité et le service aux patients vont donc main dans la main. Le service est l’objectif final mais il ne peut pas y avoir de recherche sans curiosité. Par ailleurs, personne ne peut garantir dès le départ le succès d’une recherche. Il peut tout à fait arriver que nous creusions une question sans pouvoir trouver de réponse. Dans ce cas,

dinairement complexes. Il y a encore d’innombrables choses dont nous ne savons rien et bon nombre de phénonèmes ne sont même pas analysables. On ne peut et on ne doit simplement pas, par exemple, prélever des cellules du cerveau d’un être humain vivant afin de comprendre son fonctionnement. Ceci est trop dangereux. L’utilisation de tissus humains est limitée, pour des raisons pratiques et éthiques. Les limites pratiques sont placées par la complexité des causes. Nous ne pouvons, par exemple, pas développer de thérapies efficaces pour les maladies psychiques, si nous ne connaissons pas leurs causes. Une limite éthique

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Sur quelles recherches travaillez-vous actuellement ? Après avoir mis en évidence les facteurs génétiques qui conduisent à certaines réactions différentes à des médicaments, nous nous penchons maintenant sur les facteurs environnementaux. Nous étudions comment les médicaments modifient des systèmes dans l’organisme sur lesquels ils ne devraient pourtant pas avoir d’influence. Les connaissances que nous pouvons acquérir devraient permettre de développer des médicaments sans les effets secondaires de ce genre. Il y a par exemple des médicaments qui induisent leur propre dégradation en déclenchant certains processus dans le foie ou l’intestin. Au cours des dernières années, nous avons trouvé de bonnes explications moléculaires pour ces mécanismes. Les connaissances acquises sont importantes, notamment pour les médicaments agissant contre les rejets d’organes. Si le patient reçoit en supplément un médicament qui provoque l’élimination des médicaments, alors la substance anti-rejet est éliminée avant d’avoir pu exercer un effet. Cela peut avoir des conséquences très dangereuses. C’est pourquoi nous devons connaître très exactement les raisons de l’élimination accélérée, afin de pouvoir trouver si le patient concerné a éventuellement besoin d’une dose plus élevée du médicament contre le rejet. Comment pensez-vous que se développera la recherche médicale au cours des vingt prochaines années ? Nous allons très clairement en direction d’une médecine individualisée et personnalisée. Qu’y a-t-il de particulier chez tel ou tel patient et quelles sont les conséquences de ces caractéristiques pour le traitement nécessaire ? Nous travaillons aujourd’hui sur des systèmes avec lesquels, par le biais de tests génétiques et la prise en compte de facteurs comme l’âge et l’alimentation, nous pouvons prévoir 50 % des variations dans les effets des médicaments. Le but est de mettre au point des programmes avec lesquels les médecins, en fournissant les données requises, obtiennent comme résultat des recommandations sur les médicaments adéquats et les doses les plus appropriées. Interview : Peter Kraft


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Etude TA-SWISS sur les avantages et risques potentiels de la télémédecine

Télémédecine : utiliser ses avantages potentiels – éviter un développement sauvage Le Centre suisse d’évaluation des choix technologiques TA-SWISS a publié récemment une étude sur les avantages et les risques de la télémédecine. Les résultats sont partagés. Les traitements à distance présentent à la fois des aspects potentiellement positifs mais aussi négatifs. Il sera déterminant de réglementer clairement l’exercice de la télémédecine et de la coordonner. Ses effets sur la qualité, l’efficacité et les coûts peuvent alors s’avérer réjouissants. En cas de développement sauvage, c’est le contraire qui risque de se produire.

L

a télémédecine est une notion assez large qui recouvre l’ensemble des traitements ou des renseignements médicaux à distance – peu importe la technologie utilisée à cet effet. Un centre d’appel auprès duquel on peut demander des conseils médicaux par téléphone s’apparente à la télémédecine au même titre que l’analyse d’images microscopiques via e-mail ou une opération effectuée à distance au moyen de robots téléguidés. Ces méthodes ont un point commun, la communication entre le patient et celui qui traite n’est pas directe mais s’effectue par le biais d’un support technique.

Forte progression des centres d’appel médicaux Parmi les offres de télémédecine, les centres d’appel dispensant des conseils médicaux par téléphone sont de loin les plus répandus en Suisse. Ils portent des noms tels que Medgate, Medvantis ou Medi24 et remplissent principalement deux fonctions. D’une part, certains assureurs-maladie offrent des modèles alternatifs où l’assuré doit, en cas de problème de santé, si possible d’abord contacter le centre d’appel. A l’autre bout du fil, un personnel médical qualifié donne aux patients des recommandations sur ce qu’il doit faire. Il faut souligner un point important : les assurés ne sont pas forcés d’appeler le centre d’appel ou de se conformer à ses recommandations. S’ils le font néanmoins, ils reçoivent à la fin de l’année une participation au résultat qui augmente avec la part des visites médicales conformes aux recommandations téléphoniques. L’autre

fonction principale concerne les restructurations au sein du corps médical. La profession de médecin généraliste perd toujours plus de terrain face aux spécialistes parce que les possibilités de gains sont comparativement plus modestes. De plus, la disponibilité d’assurer le service des urgences est en baisse. Les centres d’appel sautent dans la brèche et prennent le relais. Ils exercent la fonction de numéros d’urgence qui aiguillent en cas de besoin les patients vers le médecin de garde – ou au contraire donne des recommandations pour maîtriser la situation sans aide médicale. Il existe déjà à Berne et à Bâle de telles « hotlines d’urgence » où tout au moins en partie ce sont des médecins qui répondent directement au téléphone. Mais dans les régions rurales aussi – notamment en Valais – des sociétés médicales ont signalé le besoin d’un service téléphonique d’urgence.

Vaste domaine – appréciation générale difficile Bien que la forme la plus connue de la télémédecine soit aujourd’hui les services téléphoniques, ceux-ci ne représentent que la pointe de l’iceberg. Font partie de la télémédecine toutes les méthodes de traitement ou de conseils où le patient et le praticien ne sont pas directement face à face. La communication s’effectue indirectement, avec le désavantage que l’échange d’informations est fortement réduit. Mais d’autre part, la communication indirecte permet de mieux se concentrer sur les aspects essentiels. Cela montre combien il est difficile d’évaluer les avantages et les

désavantages de la télémédecine. Dans son étude, le Centre d’évaluation des choix technologiques (TA-SWISS) part de l’idée qu’il faut évaluer séparément les différentes méthodes de la télémédecine. L’utilité médicale d’une opération transatlantique de la vésicule biliaire au moyen de robots n’est guère évidente. En revanche, l’analyse en ligne de prélèvements de tissus peut éviter des opérations supplémentaires. Si le chirurgien sait déjà au cours de sa première intervention qu’il s’agit d’une tumeur maligne, il peut prendre des mesures qui, sans cette information, auraient nécessité une deuxième opération.

Les deux faces de la télémédecine Les attentes placées dans la télémédecine sont variées et élevées. Elle est censée augmenter la qualité de vie et l’autodétermination des patients, améliorer la qualité du traitement médical, encourager la recherche et en même temps favoriser un système de santé plus économique et plus efficace. Avec son projet pilote « e-toile », le canton de Genève essaie de concrétiser tous ces avantages. Dès 2008, les établissements de prise en charge sanitaire seront mis en réseau. Le dossier électronique du patient constitue le pivot central de cette coordination, mais le patient peut déterminer lui-même quelles données font partie du dossier et qui y a accès. Les coûts d’investissements s’élèvent à 34 millions de francs, les frais annuels d’exploitation de 8,5 à 16 millions de francs. La question fondamentale de l’étude réalisée par TA-SWISS est la suivante : des systèmes tels que « e-toile » justifient-ils ces in-


SOUS LA LOUPE infosantésuisse  Nº 4, avril 2006

Photo : Prisma

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du TA-SWISS estime que les deux variantes sont possibles : c’est la mise en œuvre concrète qui déterminera si les effets positifs ou négatifs de la télémédecine l’emporteront.

Coordination et information, un point crucial

La télémédecine recèle un large potentiel, du moment que l’on coordonne entre elles les différentes offres.

vestissements ? Peuvent-ils répondre aux attentes qu’ils suscitent ? La réponse est ambiguë. En ayant la possibilité de poser par e-mail des questions complémentaires à leur médecin, les patients peuvent bénéficier d’un traitement potentiellement plus efficace et plus personnalisé. En revanche, le risque que le traitement devienne standardisé existe aussi. La télémédecine profitera-t-elle à l’ensemble de la population ou, au contraire, les personnes âgées par exemple n’y auront-elles pas accès et se trouveront-elles marginalisées dans le système de santé ? L’appel téléphonique à un centre dispensant des conseils médicaux

constitue-t-il une sorte de gatekeeping efficace ou y a-t-il un risque que tous les aspects d’un problème ne soient pas clarifiés par téléphone et que cela conduise à de mauvaises décisions ? L’enregistrement et la consultation de données médicales permettent des traitements pratiquement sans perte d’informations mais peuvent engendrer des conflits potentiels avec la protection des données. Enfin, la question se pose de savoir si la télémédecine conduit à freiner les coûts grâce à davantage d’efficacité ou si un accès facilité à des prestations médicales contribue à une inflation quantitative. L’étude

La télémédecine est encore au début de son développement. Il y a momentanément beaucoup d’initiatives individuelles mais peu de coordination entre elles. C’est précisément ce que TA-SWISS estime dangereux. « Le laisser faire n’est pas une bonne stratégie pour tirer profit des potentialités positives de la télémédecine et limiter ses risques » écrit le Centre d’évaluation dans son étude. Selon lui, il faut premièrement trouver un consensus politique sur les objectifs de la télémédecine et, deuxièmement, créer un organisme compétent chargé de coordonner les différentes offres et d’exécuter des contrôles de qualité. Certaines questions doivent être clarifiées. Quelles sont les prestations médicales qui pourront ou devront être dispensées par voie télématique dans le futur? Quelles sont les qualifications professionnelles et les autres exigences requises pour pouvoir gérer des services de télémédecine ? Quelles prestations doivent être payées par l’assurancemaladie obligatoire ? Les assureurs-maladie exigeront la preuve de l’efficacité des traitements par télémédecine avant de les prendre en charge. C’est pourquoi il faut effectuer des contrôles indépendants qui prouvent sans équivoque le caractère efficace, approprié et économique des « nouvelles prestations ». L’information des patients est aussi un point central. Si la télémédecine devait se généraliser, les formes de traitement seraient tout à fait différentes. Afin que les patients puissent en faire un usage judicieux – et aussi afin que personne n’en soit exclu – une information détaillée s’impose. La conclusion de l’étude est claire. La télémédecine comporte des aspects potentiellement positifs, aussi bien en ce qui concerne la qualité du traitement que l’efficacité et les coûts, mais elle doit être coordonnée et introduite en respectant des conditions précises. Une croissance désordonnée dans ce domaine transformerait très rapidement les avantages de la télémédecine en inconvénients.  Peter Kraft


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SYSTÈME DE SANTÉ

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Statistiques de l’OFS sur les coûts et le financement du système de santé en 2004

De nouveaux transferts de coûts vers l’assurance de base Selon les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les coûts du système de santé suisse se sont élevés en 2004 à près de 52 milliards de francs, soit 3,7 % de plus qu’au cours de l’année précédente. Cette évolution des coûts de la santé est particulièrement significative pour les payeurs de primes puisqu’elle est, pour partie, prise en charge par l’assurance de base. Cette part ne cesse de croître et se situait, en 2004, à plus d’un tiers du total. Les assurances complémentaires, quant à elles, perdent simultanément de leur importance.

L

’augmentation des coûts du système de santé, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS) s’est fixée en 2004 à 3,7 % pour atteindre 51,7 milliards de francs, soit une hausse un peu moindre qu’au cours de l’année précédente. Pour 2005 à 2007, toutefois, selon les projections de l’OFS, il faut compter à nouveau avec une augmentation moyenne de 4,1 %. C’est ainsi que la part des dépenses de santé au produit national brut (PIB) devrait passer de 11,6 % en 2004 à environ 12 % en 2007. Dans le secteur de l’assurance-maladie, en revanche, la hausse des coûts a atteint en 2004 environ 5,5 % ; un transfert des coûts de l’Etat vers les payeurs de primes a également contribué à la hausse générale.

Le secteur stationnaire provoque près de la moitié des coûts

Source : Office fédéral de la statistique

Selon la répartition des coûts par prestations, ce sont 24,6 milliards de francs ou 47,6 % de l’ensemble qui reviennent aux traitements stationnaires – c’est-à-dire une part qui, selon les données de l’OCDE, n’est atteinte dans aucun autre pays. Les traite-

ments ambulatoires (par les médecins, les hôpitaux, les dentistes, les services de soins à domicile et les fournisseurs de prestations paramédicales) reviennent à 15,2 milliards de francs, ou 29,4 % de l’ensemble des coûts. S’agissant de la vente des articles à caractère sanitaire (médicaments et appareils thérapeutiques) ce sont 6,5 milliards de francs qui ont été dépensés ou 12,6 % du total. Les coûts de gestion (assureurs étatiques, assureurs-maladie et accidents) se sont élevés à 2,5 milliards de francs ou 4,9 % de l’ensemble. Seulement 1,1 milliard de francs, ou 2,2 % des dépenses, est allé à la prévention. Les assurances sociales couvrent 41,4 % des coûts de santé et l’assurance-maladie obligatoire participe pour 33,6 % ou 17,4 milliards de francs. Les assurances privées ont engagé 4,5 milliards de francs soit 8,7 %. Les pouvoirs publics prennent à leur charge 17 % ou 8,8 milliards, les cantons participant pour 7,3 milliards de francs ou 14 %. Les ménages privés paient directement ou sous forme de participation aux coûts quelque 16,5 milliards de francs, soit 31,9 % de l’ensemble des coûts de santé.

Financement du système de santé en 2004, selon les sources directes (total 51,7 milliards de francs) 17%

32%

pouvoirs publics assurance-maladie (LAMal) autres assurances sociales assurances complémentaires ménages privés 9% 8%

34%

Recul du nombre des assurances complémentaires Au cours des trois dernières années considérées (de 2001 à 2004) les parts aux coûts de ceux qui paient directement les prestations de santé sont les suivantes : la part de l’Etat a légèrement augmenté, passant de 16,9 % à 17 % ; la part des cantons qui était jusqu’en 2002 de 13,4  % est montée ensuite à 14,8 % pour revenir en 2004 à 14,1 %. La plus forte participation aux coûts dans l’assurance-maladie n’a eu que de faibles conséquences sur la participation aux coûts des ménages : l’évolution, avec une hausse de 31,7 % à 31,9 % est resté faible. La part de l’assurance obligatoire des soins (AOS) a augmenté un peu plus fortement, à savoir de 32,3 % à 33,6 %. Cela signifie qu’environ 1,5 % de la hausse annuelle des primes entre 2001 et 2004 est à mettre au compte du transfert de charges vers l’assurance-maladie. Contrairement à l’assurance obligatoire, les assurances complémentaires participent dans une mesure toujours moindre aux coûts de santé ; cette part était de 10,2 % de 2001 et elle n’est plus en 2004 que de 8,7 %. Il n’y a donc pas, comme on le prétend souvent, de développement des assurances complémentaires au détriment de l’assurance de base mais bien l’inverse. L’évolution constatée, selon les prévisions de l’OFS, devrait se poursuivre. Selon l’OFS, l’assurance obligatoire (AOS) devrait en 2007 représenter près de 35 % des coûts de santé et les assurances obligatoires seulement 7,8 %. En comparaison avec 1995, lorsque l’assurance de base ne représentait que 30 % et les assurances complémentaires 12,3 %, on constate donc un déplacement marqué des charges vers l’assurance de base.  Walter Frei


SYSTÈME DE SANTÉ

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Congrès national pour la promotion de la santé en entreprise 2006

Burn-out – un risque qui guette chaque individu et l’économie entière Plus les symptômes d’un burn-out sont détectés précocement, plus il est possible d’enrayer rapidement la dynamique qui mène à l’épuisement et d’en limiter les conséquences négatives pour soi-même, sa famille, pour l’entreprise et l’économie.

Photo : Prisma

main : c’est un processus insidieux qui se développe lentement.

Gestion des absences : toutes les parties sont gagnantes

Le burn-out occasionné par une constante surcharge est à prendre au sérieux pour l’individu tout comme pour l’économie.

L

e Congrès national pour la promotion de la santé en entreprise 2006 (PSE), organisé début mars à Fribourg par le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) et Promotion Santé Suisse, s’intitulait « Maintenir la capacité de travail – éviter le burn-out ! ». La victime la plus connue du burn-out est le Conseiller aux Etats zougois Rolf Schweiger, qui a démissionné à fin 2004 de la présidence du parti radical suisse et qui a quitté le devant de la scène pour de nombreux mois. On lui doit d’avoir levé en grande partie le tabou qui pesait sur ce problème.

en résultent, le soutien insuffisant sur le lieu de travail, l’absence de transparence, un mauvais climat d’entreprise et l’insécurité de l’emploi. La personne dont l’engagement et la motivation sont supérieures à la moyenne, qui place la barre très haut en ce qui concerne ses propres prestations, dont la valeur est trop peu reconnue et qui, de surcroît, ne dispose pas des ressources suffisantes pour maîtriser avec succès le stress est fortement menacée de burn-out. Mais le phénomène d’épuisement n’apparaît pas du jour au lende-

Des interventions fructueuses doivent avoir lieu aux niveaux de la personne, des conditions de travail et de l’entreprise, et porter aussi bien sur la réduction des contraintes que sur le renforcement des ressources personnelles. C’est ce qui est ressorti clairement du Congrès de PSE. Il est important que les médecins et les responsables au sein des entreprises aient une bonne collaboration – tant en ce qui concerne le dépistage que le traitement de l’épuisement mais aussi la planification de l’avenir professionnel des collaborateurs. Les conséquences d’un burn-out ont finalement aussi un impact sur la situation économique de l’entreprise : taux d’absentéisme élevé, fluctuation plus importante du personnel, perte de productivité, performance moindre et baisse de la qualité du travail. De nombreux assureurs-maladie offrent à cet égard aux entreprises des outils différenciés de gestion des absences. Car en fin de compte, ce n’est pas seulement la santé de l’individu qui est en jeu mais aussi des coûts de la santé qui ne cessent de croître et constituent une lourde charge pour la société.  Ursula Vogt

Le burn-out est une réalité En tournant à plein régime, on peut aussi s’épuiser Les facteurs de risque du burn-out sont principalement les suivants : des exigences très élevées, une lourde charge de travail, la pression du temps et des délais, des marges de manœuvre réduites, des possibilités limitées de développement, le manque de clarté des rôles et les conflits qui

Dans une étude réalisée par l’Institut du travail et de la technique de Gelsenkirchen auprès de collaborateurs de la branche de la technologie de l’information, 41 % des personnes interrogées ont montré des signes manifestes d’épuisement chronique. Hans Kernen, spécialiste en psychologie du travail et des organisations, était parvenu à prouver, en 1999 déjà, que pratiquement un

manager sur cinq était menacé de burn-out. Le phénomène de l’épuisement émotionnel, intellectuel et physique semble croître alors même qu’il n’a pas encore fait l’objet de recherches étendues. Selon une étude du seco (2003), les coûts du stress en Suisse devraient s’élever à plus de 4 milliards de francs – le burn-out et ses conséquences en sont co-responsables.


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SYSTÈME DE SANTÉ

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A lire

Le droit part-il en fumée ? A Genève, M. Auer, éminent consultant d’un cabinet d’avocats et professeur de droit à l’Université de Genève a publié un avis de droit controversé sur l’initiative cantonale fumée passive et santé.

Photo: Prisma

A

mi lecteur, une précédente chronique vous parlait de la fameuse affaire Rylander, du nom de ce scientifique scandinave basé à l’Université de Genève qui se faisait payer par une multinationale du tabac pour nier les effets de la fumée passive sur nos pauvres poumons innocents. Le landernau genevois a été récemment secoué par une autre affaire du même type : durant ses heures creuses, un éminent consultant d’un cabinet d’avocats, M. Auer, accessoirement Professeur de droit à l’Université de Genève, publiait un avis de droit sur l’initiative cantonale fumée passive et santé, mandaté qu’il était par un autre multinationale du tabac pour en examiner la constitutionnalité. Cette initiative prévoit dans son titre la protection de toutes et de tous contre l’exposition à la fumée du tabac dans les lieux publics intérieurs ou fermés. Une revue juridique suisse de renom l’a repris, accompagné d’un article en allemand sur le même sujet de MM. Jaag et Rüssli. Juridiquement les deux textes en arrivent à la même conclusion : toute liberté fondamentale (par exemple celle de fumer) peut être restreinte en respectant un certain nombre de critères, habituels en droit constitutionnel (légalité, proportionnalité de l’atteinte…), que le Tribunal fédéral examinera éventuellement en dernière instance. Les auteurs suisses alémaniques ne se penchent pas sur l’initiative genevoise, mais font un raisonnement semblable à celui de M. Auer. Ils sont cependant plus péremptoires sur la notion de dangerosité de la fumée passive. Les arguments, avancés par M. Auer, pour relativiser celle-ci ne tiennent en effet pas compte de la « raison critique et de la préoccupation d’objectivité relative » dont il se fait pourtant le garant. La réaction des scientifiques, notamment des oncologues, en première ligne pour constater les dégâts de la fumée, est là pour le rappeler : la seule étude scientifique citée par M. Auer qui lui est favorable comporte de nom-

A Genève, le front anti-tabac grossit envers et contre tout.

breuses erreurs méthodologique et, par contre, de nombreuses autres études ont définitivement écarté le doute qu’on pourrait encore avoir sur la dangerosité de la fumée passive. Douter est peut-être, dans certaines circonstances, le premier pas vers la foi, mais dans ce cas, il me semble qu’il a immobilisé M. Auer dans une position doctrinale étroite. Le Rapport du Conseil d’Etat genevois du 11 janvier 2006 ne s’y trompe pas et propose le rejet de l’initiative, notamment « pour tenir compte du respect de l’autonomie des personnes vivant des situations particulières », en faveur d’un contre-projet. Les fumeurs genevois (dans des lieux publics fermés !) ont pourtant encore de beaux jours devant eux, car la Décision du Grand Conseil au sujet de la validité de l’initiative sera prise en juillet, un contre-projet verra ensuite vraisemblablement le jour et celui-ci sera adopté fin avril 2008. Il pourra encore être contesté par référendum et rejeté en vote populaire. L’avis de M. Auer

a-t-il pour autant révolutionné le droit ? On peut en douter tant son contenu juridique ne fait que rappeler l’existence des droits fondamentaux et la possibilité que le législateur a, à certaines conditions, de les restreindre. On peut par contre regretter le ton utilisé et le peu de sérieux des recherches d’articles scientifiques prouvant ou infirmant la nocivité de la fumée passive. Une simple demande à un documentaliste aurait permis à notre auteur de lever ses fameux doutes… Reste que, pour reprendre ses termes, le large front anti-tabac grossit envers et contre tout. Même l’Office fédéral de la santé publique, pourtant très prudent, a publié fin février 2006 un Rapport sur l’Analyse des additifs ajoutés aux cigarettes d’août 2005 qui affirme l’attractivité renforcée du tabac par l’adjonction de certains produits et, partant, ses conséquences nocives sur la santé. Mais dans le fond, pourquoi fume-t-on ? Le poète a répondu joliment à la question : Puis l’on porte à la bouche sa première cigarette / Peu importe le goût puisqu’il suffit du geste / Plus on fait de fumée, plus on masque l’enfance / Vous dites l’âge bête, disons l’adolescence (…). En ce début de printemps, je vous souhaite, ami lecteur, le plaisir d’humer un grand bol d’air frais à l’aube d’un jour nouveau ! Jean Perrenoud Institut de droit de la santé, Neuchâtel

Références : • Retrouvez l’Affaire Auer sur le site www.prevention.ch (consulté le 16 mars 2006) • Andreas Auer, Le droit face à la political correctness : la constitutionnalité de l’initiative populaire genevoise « Fumée passive et santé », AJP / PJA, 1/2006, p. 3 • Bertrand Kiefer, le tabagisme pastiche, Revue médicale suisse, n° 40, 2005, p. 2632 • Sophie Malka et Marco Gregori, Infiltration : une taupe à la solde de Philip Morris, Genève, Georg, 2005 • Tobias Jaag et Markus Rüssli, Schutz vor Passivrauchen : verfassungsrechtliche Aspekte, Aktuelle juristische Praxis / Pratique juridique actuelle (AJP / PJA), 1/2006, p. 21


ASSURANCE-MALADIE

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Planification hospitalière à Fribourg : santésuisse obtient gain de cause

Le Conseil fédéral admet 90 % des griefs de santésuisse Le Conseil fédéral donne en grande partie raison à santésuisse qui a recouru contre la liste des hôpitaux fribourgeois et plus particulièrement contre la mission de l’hôpital de Meyriez. Le Conseil d’Etat a dix-huit mois pour établir une nouvelle liste qui tienne compte des exigences de santésuisse.

L

a planification hospitalière dans le district du Lac pose problème dans le canton de Fribourg depuis de nombreuses années. Le maintien d’une petite structure à Meyriez avec un mandat de soins aigus a notamment été remis en cause à plusieurs reprises. Mais la population germanophone veut défendre à tout prix un hôpital de proximité qui prenne en charge les urgences et les soins aigus. Elle est même descendue massivement dans la rue pour faire pression sur le Conseil d’Etat qui prévoyait de changer la mission de l’hôpital pour des soins psychiatriques et de réadaptation. Le revirement du Conseil d’Etat, qui a finalement décidé en décembre 2004 de maintenir la structure de soins aigus, a été combattu par santésuisse qui, jugeant la nouvelle liste des

hôpitaux non conforme aux dispositions fédérales ainsi qu’à la planification hospitalière, a fait recours auprès du Conseil fédéral. santésuisse estime qu’il y a surenchère quand à l’offre de prestations des établissements médicaux fribourgeois et des sous-spécialités trop étendues pour les cliniques privées. Pour ce qui est de l’hôpital de Meyriez, santésuisse conteste le maintien de vingt-cinq lits de soins aigus, refusant le consensus politique. Elle demande qu’une nouvelle planification soit faite en fonction d’une estimation précise des besoins réels.

santésuisse entendue par le Conseil fédéral Dans son jugement, le Conseil fédéral admet que la planification hospitalière qui a

conduit à la répartition des mission entre les hôpitaux, les cliniques privées et les établissements de réhabilitation ainsi qu’à la décision de maintenir vingt-cinq lits de soins aigus à l’Hôpital de Meyriez est lacunaire. Il donne dix-huit mois au Conseil d’Etat pour évaluer les besoins de la population pour les différents types de prestations en tenant compte des paramètres de planification admis. Il demande une évaluation des offres et des capacités en lits. Suivant cette analyse, le Conseil d’Etat doit ensuite donner des mandats de prestations basés sur une réflexion objective et motiver clairement ses choix. santésuisse attend de cette réflexion une nouvelle répartition des missions dans la partie germanophone du canton. Nicole Bulliard

santésuisse Fribourg est satisfait de la décision du Conseil fédéral

Sébastien Ruffieux, secrétaire général de santésuisse Fribourg, ne cache pas sa satisfaction face à la décision rendue. Quel est votre sentiment face à ce verdict ; il s’agit d’un combat de longue haleine ? Nous sommes naturellement très satisfaits, car le Conseil fédéral admet le 90 % des griefs que nous avons soulevés. Cette décision montre que nos attentes depuis 1998 en matière de planification hospitalière dans le canton de Fribourg sont parfaitement légitimes. Nous allons bien sûr suivre les futures démarches du Conseil d’Etat avec beaucoup d’attention. D’après vous, quels sont les correctifs à apporter à la liste des hôpitaux ? Le Conseil fédéral a constaté qu’une évaluation des besoins en soins hospitaliers de la population fribourgeoise, par domaine de prestations, devait impérativement être effectuée. Il s’agit là d’un fondement essentiel à toute planification. Sur cette base, le Conseil d’Etat fribourgeois devra réévaluer les mandats attribués aux différents établissements afin de couvrir les besoins réels de la population à l’échelle du canton mais également par région. Actuellement, il y a par exemple trop d’hôpitaux publics

et privés habilités à fournir des prestations identiques dans l’agglomération de Fribourg. Quel effet aura cette mesure dans la perspective de la création d’un réseau hospitalier cantonal ? Va-t-on vers une disparition de l’hôpital de Meyriez ? Nous avons toujours été d’avis que la création d’un réseau hospitalier cantonal n’aurait aucune influence sur la planification hospitalière cantonale. Un tel réseau devrait par contre permettre le développement de synergies entre les différents sites et une allocation des ressources plus efficiente. S’agissant de Meyriez, il appartient maintenant au Conseil d’Etat d’y justifier le maintien de soins aigus du point de vue économique et de la qualité. Nous sommes d’avis que le Conseil d’Etat aura beaucoup de difficultés à faire cette démonstration. Par contre, la fusion administrative opérée récemment entre cet hôpital et celui de Tavel, tous deux situés en région germanophone, pourrait apporter des résultats positifs au niveau de la répartition interne de certaines activités.


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ASSURANCE-MALADIE

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Le personnel en formation de santésuisse à la 11e Conférence fédérale allemande (GJAV) de l’AOK Bayern

Une passionnante expérience

Photo : Katharina Kellner

C’est du 1er au 3 mars qu’a eu lieu la 11e Conférence fédérale de la jeunesse et des personnes en formation (Gesamt-Jugend- und Auszubildendenvertretung, GJAV) au centre de formation de l’AOK Bayern, à Hersbruck (D). Outre le président du comité de l’AOK Bayern, Helmut Platzer, des hôtes de marque étaient présents. L’auteur du compte-rendu qui suit est en formation auprès de l’ÖKK et a participé à la conférence fédérale en tant que représentant de santésuisse.

De gauche à droite : Fritz Schösser, Dr Helmut Platzer, présidente du GJAV, Katharina Kellner, Karlheinz Stangl, assistant du comité, et Florian Tinner.

F

ranz-Josef Knieps, responsable de la division « Assurance légale » auprès du Ministère fédéral allemand de la santé a présenté un exposé sur la situation actuelle du système de santé. A son avis, le rapport entre l’assurance-maladie légale (GKV) et l’assurance privée doit être ré­aménagé. Comme en Suisse, l’assurancemaladie légale allemande fait en sorte que chaque assuré, indépendamment de son âge et de son revenu, obtienne les soins médicaux dont il a besoin. L’assurancemaladie légale couvre en Allemagne environ 90 % de la population. Les assurés de la GKV sont soit des assurés qui ont l’obligation de l’être soit, si leur revenu excède les limites prévues par l’obligation de s’assurer, des assurés volontaires. Le cœur de la GKV est le principe de solidarité. Contrairement à la Suisse, les cotisations de l’assurance-maladie sont, en Allemagne, fonction du revenu. On ne sait pas si cette situation se maintiendra car les dépenses se montaient à près de 140 milliards d’euros en 2004. Ce montant représente près de la moitié des dépenses totales de santé en Allemagne. Ce qui nous réunit, c’est que les trois systèmes, aussi bien le système suisse que les systèmes

allemand et autrichien conduisent à des augmentations de dépenses. Fritz Schösser, président du conseil d’administration de l’AOK Bayern et président par tournus du conseil d’administration de la fédération allemande de l’AOK, a pris position sur la formation et la situation du personnel en déclarant que la réduction de l’effectif du personnel ne pouvait pas être proportionnelle à la perte du nombre des membres puisque les assurés demandant beaucoup de travail n’allaient pas sortir de la caisse. Chez les personnes en formation continue, mais également chez les employés formés régnait la crainte de suppressions d’emplois. Pour le moment, on ne sait pas comment va évoluer la situation dans le système AOK pour ce qui est de la formation et des emplois.

Ce qu’était ma tâche Le représentant de la « Gebietskrankenkasse Wien » et moi-même avons présenté les systèmes d’assurances-maladie qui sont les nôtres. Au premier abord, les auditeurs allemands ont été quelque peu choqués par la participation personnelle élevée et les prestations réduites. Notre système a été qualifié de « commerce avec des êtres

humains » et compris de manière quelque peu biaisée. Une intéressante conversation a toutefois eu lieu en complément de l’exposé. Ce n’est pas seulement au cours de mon exposé que notre système d’assurancemaladie a été un thème de discussion. Franz-Josef Knieps, du Ministère de la santé, et d’autres participants ont pris la Suisse pour cible à de multiples reprises. J’ai toutefois mis en évidence le fait que notre système, comme par le passé, est mieux structuré. En effet, on définit clairement, en Suisse, à qui et à quoi les primes sont destinées. Notre système d’assurance sociale et maladie doit dès lors absolument conserver son cap et se développer. Le système allemand d’assurance-maladie est remis en question, cela pour le moins est certain. Je pense que les Allemands prennent plutôt la direction d’un système semblable à celui de la Suisse mais FranzJoseph Knieps n’a pas pu confirmer cette tendance.

Caisse unique : la fausse voie Le système allemand montre très clairement que la voie d’une caisse unique va dans la mauvaise direction. Les assureursmaladie doivent promouvoir un système libéral d’assureurs-maladie autonomes. Chez nous, c’est à une considérable réduction du nombre des emplois que la caisse unique conduirait et les assureursmaladie devraient alors se concentrer sur les assurances privées. Les coûts ne seraient pas réduits et les dépenses augmenteraient dans le secteur de la santé. L’introduction d’une caisse unique poserait des problèmes pendant des années. La responsabilité de la direction reviendrait à la caisse unique et donc à l’Etat. Et comme le montre l’expérience, l’Etat ne peut pas être un entrepreneur. Florian Tinner


service Le palmarès des médicaments à nouveau en ligne

Aucun générique parmi les médicaments générant les plus gros chiffres d’affaires

Migration de médecins : De plus en plus de médecins allemands émigrent, selon un compte-rendu de la NZZ am Sonntag, principalement vers l’Amérique du Nord, la GrandeBretagne, la Suisse et la Scandinavie. Selon la société allemande de médecine, les raisons de cette émigration sont les revenus plus élevés et les meilleures conditions de travail offertes par les pays d’accueil. Migration de médecins 2 : Parce que le système de santé américain ne peut plus couvrir la demande en hausse de médecins par ses propres étudiants, ce sont environ 13 500 médecins étrangers qui viennent s’installer aux Etats-Unis. C’est ainsi, selon un article de la NZZ, qu’il y a désormais davantage de médecins ghanéens à New York qu’il n’y en a dans la capitale du Ghana, Accra. Démission : Nigel Crisp, directeur du service public britannique de la santé (NHS) a quitté ses fonctions. La raison de ce départ, selon les médias britanniques, tient aux déficits records qu’enregistre le NHS. Les coûts, dans le système de santé britannique, ont plus que doublé depuis 1997.

Le palmarès des médicaments établi par santésuisse, qui dresse la liste des 30 médicaments les plus vendus en 2004, est à nouveau en ligne après avoir fait l’objet de vérifications. Le résultat est le même : aucun générique ne figure parmi les médicaments les mieux

vendus – santésuisse espère à cet égard que les choses vont s’améliorer en raison de la quote-part différenciée nouvellement introduite. De plus, ce sont les médicaments pour lutter contre le cholestérol, pour faire baisser la pression et contre les maladies psychiques

qui dominent dans les 30 médicaments qui caracolent en tête des ventes. Cela fait penser que le traitement médicamenteux est souvent préféré à la prévention. Vous trouvez le palmarès des médicaments sous www.santesuisse – Politique et droit – Médicaments.

Le cofondateur du bureau BASS prend les commandes de l’Obsan

Stefan Spycher devient le nouveau directeur de l’Obsan Stefan Spycher, le cofondateur et jusqu’à maintenant codirigeant du Bureau d’études de politique du travail et de politique sociale (BASS) est le nouveau responsable de l’Observatoire de la santé.

Selon la direction de l’Obsan, les atouts qui ont joué en faveur de Stefan Spycher sont son bagage scientifique ainsi que son réseau de contacts avec les partenaires les plus importants du système

de santé suisse. Stefan Spycher entre en fonction à l’Obsan au 1er septembre, mais il se familiarisera déjà dès mi-avril avec certains aspects fondamentaux des activités de l’Obsan.

Le saviez-vous ?

Fréquence des prestations à charge de l’assurance-maladie Photo : Prisma

Nouvelles du monde

On parle souvent des coûts de la santé, mais rarement de l’utilisation des prestations par les assurés. Le médecin, l’hôpital ou l’EMS voient défiler chaque année nombre de patients. Mais à quelle fréquence ? En 2004, les assurés sont allés en moyenne 5,7 fois chez le médecin. Quelque 68 % des assurés ont fait une visite en cabinet, tandis que 30 % des assurés n’y sont pas du tout allés. La même année, quelque 9 % des assurés ont fait au moins un séjour à l’hôpital. Les résidants en EMS représentent le 1 % des assurés, tandis que 1,5 % des assurés ont reçus des soins à domicile. Ces chiffres laissent songeurs. En effet, seul 30 % des assurés n’ont pas eu recours au système de santé, soit moins d’un tiers de la population suisse. Quelles leçons devons-nous en tirer pour le futur de notre système de santé ?


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SANTÉSUISSE – SERVICE

infosantésuisse  No 4, avril 2006

La BKK lance une série de mesures de prévention

Photo : Prisma

Allemagne : initiatives pour vieillir en bonne santé Les caisses-maladie d’entreprises (BKK) allemandes ont mis en place une série de mesures de prévention afin d’atténuer les répercussions du vieillissement démographique sur les coûts de la santé. Ainsi, des offres de loisirs favorisant l’activité physique sont créées dans certains lotissements à l’intention des personnes âgées. Plusieurs programmes dans différentes régions du pays sont consa-

crés à la prévention des chutes. L’objectif est par exemple de parvenir à faire baisser le nombre des fractures de la hanche de 40 %. Des visites préventives à domicile de même que des structures d’accueil à bas seuil offrant assistance et conseils doivent permettre aux seniors de rester indépendants le plus longtemps possible. Enfin, la BKK offre aussi des formations aux proches qui prodiguent des soins.

« Primes-Conseil CH » de l’Office fédéral de la santé publique

Nouveau service de conseils afin d’optimiser les primes des assurés mis sur pied le service « PrimesConseil CH ». Il a pour mission d’aider les assurés dans la recherche d’une variante d’assurance optimale qui correspond à leurs besoins individuels. Les personnes intéressées à recevoir

Accord sous toit avec l’institut allemand spécialisé dans la rémunération des coûts hospitaliers

SwissDRG : nouvelle rémunération des hôpitaux réglée par contrat Les hôpitaux suisses seront à l’avenir rémunérés conformément au système allemand des forfaits par cas. En effet, les représentants de SwissDRG, parmi lesquels MarcAndré Giger, directeur de santé­ suisse, ont signé le 23 mars à Berlin un contrat de coopération avec l’institut allemand (Institut für das Entgeltsystem InEK) spécialisé dans la rémunération des coûts hospitaliers. Pour l’association SwissDRG il a été dès le début parfaitement clair que la Suisse ne doit pas

réinviter un nouveau système de forfaits par cas mais reprendre un système qui fonctionne bien et l’adapter aux conditions de notre pays. L’association SwissDRG regroupe les principaux partenaires de la santé en Suisse. Les objectifs de ce nouveau modèle de rémunération utilisant les forfaits par cas sont d’obtenir un financement hospitalier transparent, des rémunérations liées aux prestations ainsi que l’encouragement de la concurrence entre hôpitaux.

des conseils peuvent s’adresser téléphoniquement à l’une des organisations affiliées. D’après la brochure « PrimesConseil CH », il s’agit avant tout de sensibiliser la population aux modèles tels que les HMO et ce-

lui du médecin de famille – modèles qui permettent d’économiser des coûts – et de la rendre attentive aux centres d’appel médicaux. Vous pouvez trouver la brochure sous www.bag.amin. ch/kv/beratung/f/index.htm.

Photo : Prisma

En collaboration avec des organisations spécialisées en matière de protection des consommateurs, de droits des patients et aussi de consultation pour les questions sociales, l’Office fédéral de la santé publique a


SANTÉSUISSE – SERVICE infosantésuisse  Nº 4, avril 2006

Manifestations Organisateur

Fait particulier

Date / lieu

Renseignements

Le séminaire s’adresse avant tout aux journalistes.

21 avril 2006 www.hplus.ch Hôtel Kreuz, Berne

H+ Séminaire SwissDRG-LAMal H+ Les Hôpitaux de Suisse

L’hospitalisation hors canton : une porte ouverte à plus de concurrence dans le système de santé ? Centre du droit des assurances sociales de l’Université de Lucerne

Des conceptions alternatives de planification hospi- 27 avril 2006 www.unilu.ch talière peuvent-elles contribuer à une amélioration Hôtel Schweizerhof du rapport coûts/prestations médicales ? Lucerne

13 e forum « Médecine et environnement » Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Bâle

Thème : la chimie au quotidien

27 avril 2006 Hôtel Arte, Olten

www.rvk.ch

Avec le concours de Thomas Zeltner et Manfred Manser.

4 mai 2006 Allresto, Berne

www.sggp.ch

Bilan intermédiaire du TARMED Société suisse de santé publique (SSSP) Medvantis Forum 2006 Medvantis – Centre d’expertise médicale Thème : responsabilité personnelle et compétences de santé

5 mai 2006 www.medvantis.ch Hôtel Palace, Berne

Forum suisse de l’assurance-maladie sociale Thème : concurrence grâce à la diversité

11 mai 2006 Kongresshaus Zurich

www.rvk.ch

Dessin : Marc Roulin

RVK – Association des petits et moyens assureurs-maladie

Lisez en pages 16 et 17 comment éviter de tels débordements de la télémédecine et comment optimiser son potentiel.

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L‘Annuaire de l‘assurance-maladie suisse édition 2006 L‘annuaire de l‘assurance-maladie suisse paraîtra probablement au mois d‘avril / mai 2006. La partie législative contient, entre autres, les lois et ordonnances suivantes : • ordonnance sur la limitation de l’admission des fournisseurs de prestations à pratiquer à la charge de l’assurance-maladie obligatoire • ordonnance sur le calcul des coûts et le classement des prestations par les hôpitaux et les établissements médicosociaux dans l’assurance-maladie (OCP) • loi fédérale sur la partie générale du droit des assurances sociales (LPGA) • ordonnance sur la partie générale du droit des assurances sociales (OPGA) • loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) • ordonnance sur l’assurance-maladie (OAMal) • ordonnance sur les prestations de l’assurance-maladie des soins (OPAS) • loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA) • ordonnance sur l’assurance-accidents (OLAA) • loi fédérale sur le contrat d’assurance (LCA)

Grâce à cette indispensable source de renseignements actualisés, vous disposez d’une mise à jour complète de vos connaissances pour la pratique de l’assurancemaladie et accidents. Le livre est disponible en français et en allemand à Fr. 35.– la pièce, TVA, frais de port et d’emballage en sus.

2006

• les chiffres concernant l’assurance-maladie sociale en Suisse • la liste des autorités fédérales et des commissions • la liste de santésuisse, (conseil d’administration, collaborateurs de la direction de Soleure, secrétariats régionaux et cantonaux) • la liste des équipes d’assureurs chargés de la collaboration au sein de l’asociation et des commissions paritaires de santésuisse • les institutions affiliées • les instances cantonales compétentes en cas de litige impliquant l’assurance de base ou l’assurance complémentaire • la liste des membres de santésuisse avec des informations détaillées • les groupements d’assureurs-maladie • les statuts et règlements de santésuisse • le tableau des prestations aux accouchées

e de l’assuranc emaladie suiss e

L‘édition 2006 comprend dans sa partie administrative :

Annuaire

de l’assurance maladie suis se

2006

Commande Die Schweize r Krankenv ersicherer Les assureur s-maladie suiss es Gli assicurat ori malattia svizzeri

Je commande _____

exemplaires de l’Annuaire de l’assurance-maladie suisse 2006, édition française, Fr. 35.– TVA non comprise

_____

Exemplare Handbuch der Schweizerischen Krankenversicherung 2006, deutsch, Fr. 35.– exkl. MwSt.

Prénom / Nom

• Fax: 032 625 41 51 • shop@santesuisse.ch • www.santesuisse.ch

Rue/Nº NPA / Localité Date / Signature


91x132 infosantesuisse

23.1.2006

18:48 Uhr

Seite 1

BERUFSPRÜFUNG SOZIALVERSICHERUNGS-FACHAUSWEIS 2006

RV053_For06_Ins_Infosantésuisse

24.3.2006

15:33 Uhr

8. Schweizerisches Forum der sozialen Krankenversicherung

Datum/Ort: 9./10./11. Oktober 2006, mündlich nach Aufgebot, in Aarau, Bern, Chur, Lausanne*, Luzern, St. Gallen, Winterthur, Zürich.

SVS

Prüfungsgebühr: Fr. 2’000.- + BBT-Urkunde

FEAS FIAS

Anmeldung: Bis 31. Mai 2006 mittels besonderem Anmeldeformular bei: SVS Prüfungskommission Deutschschweiz, Postfach 273, 8353 Elgg. *FEAS, Commission romande des examens, c/o Jean-Paul Coquoz, président, Wasserschöpfi 24, 8055 Zürich. Die Lehrgangsteilnehmer erhalten die Anmeldeunterlagen direkt zugestellt.

Wettbewerb dank Vielfalt im Gesundheitswesen

Wunschdenken oder echte Chance? Das Forum 2006 zeigt auf, warum Wettbewerb und Vielfalt für alle von Vorteil sind: Donnerstag, 11. Mai 2006, 09.30 bis 16.00 Uhr im Kongresshaus Zürich

Die Plattform für Vor- und Querdenker:

Prüfungskommission Deutschschweiz Sekretariat: Postfach 273 . 8353 Elgg Tel. 052 368 61 50 . Fax 052 368 61 51

Brochure « Faits et chiffres » Le nouveau numéro de « Faits et chiffres » vient de paraître. Pour en savoir plus sur les modèles alternatifs d’assurance : Les modèles alternatifs d’assurance enregistrent un regain d’intérêt. Les derniers chiffres le prouvent. Le domaine de la médecine en cabinet est en pleine évolution. La profession perd de son attractivité. Face à ce constat, que faire ? « Faits et chiffres » peut être téléchargé sous www.santesuisse.ch, « services », « publications », « Faits et chiffres ».

Dr. Ueli Heiniger, Schweizer Fernsehen «Club» Tagungsmoderation, Podiumsdiskussion Dr. Lukas Steinmann, Avenir Suisse Mut und Vertrauen in den Wettbewerb Stephan Sigrist, Gottlieb Duttweiler Institut (GDI) Neue Horizonte im Gesundheitsmarkt Claude Longchamp, gfs.bern Leitplanken für das Gesundheitswesen Philippe Milliet, Galenica AG Erwartungen an eine effiziente Medikamentenversorgung Prof. Dr.Thomas Zeltner, Bundesamt für Gesundheit (BAG) Wettbewerb für die Gesundheit

La version papier est gratuite.

Willy Palm, Association Internationale de la Mutualité, Brüssel Wettbewerb und Solidarität in der EU

Veuillez compléter et retourner ce talon à : santésuisse, service des éditions, case postale, 4502 Soleure

Dr. Charles Giroud, Präsident RVK Wettbewerb dank Vielfalt

Commande _____

exemplaire(s) brochure « Faits et chiffres », édition 1/2006, gratuit

Prénom / Nom Rue / Nº NPA / Localité

Weitere Informationen und Online-Anmeldung: www.rvk.ch RVK Haldenstrasse 25 6006 Luzern Telefon +41 (0) 41 417 01 11 Telefax +41 (0) 41 410 69 65 forum@rvk.ch

RVK – Verband der kleinen und mittleren Krankenversicherer

Seit


7^d! =ZVai] jcY LZaacZhh LVh ]VWZc He^i~aZg! KZgh^X]ZgZg jcY EVi^ZciZc YVkdc4 9dccZghiV\! -# ?jc^ '%%+! <gVcY 8Vh^cd AjoZgc Bio, Health, Wellness oder Functional Food werden oft als grosse Wachstumspotenziale für Institutionen des Gesundheitswesens propagiert. Stimmt diese Auffassung überhaupt? Oder begünstigt diese Entwicklung eher andere Anbieter, welche die etablierten aus dem Markt verdrängen? Welche Erfahrungen machen Spitäler und Versicherer mit solchen neuen Trends? Entsprechen diese Angebote einem Bedarf? Diesen und anderen Fragen soll im Rahmen dieser Tagung nachgegangen werden. I]ZbZc$GZ[Zg^ZgZcYZ • Trend zu High-Touch-Health-Culture: Realität oder Fiktion? Einige Gedanken aus Sicht eines Gesundheitsökonomen zum Einstieg Dr. Willy Oggier, Gesundheitsökonomische Beratungen AG, Zürich • Redefining Health – Wachstumschancen im neuen Gesundheitsmarkt Stephan Sigrist, Senior Researcher, Gottlieb Duttweiler Institut, Rüschlikon • Gesundheit und Gesundheitsbewusstsein bei Menschen 50+ Prof. Dr. François Höpflinger, Soziologisches Institut der Universität Zürich, Zürich • Aufbau von komplementärmedizinischen Abteilungen als Chance für Regionalspitäler? Max Rickenbacher, Vorsitzender der Geschäftsleitung der Regionalspital Emmental AG, Burgdorf • Hotelstation und Patientenhotel: Die neue Versorgungsform im DRG-finanzierten Krankenhaus? Prof. Dr. Günter Neubauer, Institut für Gesundheitsökonomik, München • Bio, Health, Wellness: Mengenausweitungspotenzial für Spitäler und Ärzteschaft oder Bedürfnis der Versicherten? Jacqueline Bachmann, Geschäftsführerin Stiftung für Konsumentenschutz, Bern 6YgZhhViZc`gZ^h Alle Akteure im schweizerischen Gesundheitswesen, insbesondere alle Leistungserbringer, Behörden und Versicherer und solche, die es über die Bereiche Bio, Health und Wellness werden wollen. Egd\gVbbZ! 6cbZaYjc\ >chi^iji [ g GZX]ihl^hhZchX]V[i jcY GZX]ihegVm^h >GE"=H< ! 7dYVchigVhhZ )! .%%% Hi#<VaaZc IZa# %,& '') ') ')! ;Vm %,& '') '- -(! :"BV^a/ ^ge"X]5jc^h\#X] $ lll#^ge#jc^h\#X]


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