Compte rendu vf les unités de production fivoises daphné et clémence ls

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COMPTE-RENDU DU PROJET EXTERNE « LES UNITES DE PRODUCTION FIVOISES »

Décembre 2015

Clémence MEROT & Daphné LECOINTRE Etude prospective territoriale sur le développement de l’agriculture urbaine dans le quartier de Fives pour le compte du collectif d’architectes-paysagistes Les Saprophytes.

DA N S L E C A D R E D U C O U R S « G E S T I O N D E P RO J E T S » MAJEURE DEVELOPPEMEN T SOUTENABLE DE L’IEP DE LILLE


Compte-rendu du projet externe « Les Unités de Production Fivoises »

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons tout d’abord remercier Pascaline Boyron et l’association Les Saprophytes pour nous avoir permis de réaliser ce projet et d’apprendre pendant ces quatre mois ce que sont et pourraient être Les Unités de Production Fivoises. Nos remerciements s’adressent aussi à Rémy Petitimbert et Caroline Lejeune, pour leurs précieux conseils tout au long de ce travail. Un grand merci enfin à toutes les personnes interrogées, en particulier Diane Mazuel et Samuel Baju mais aussi Latifa du CHRS Catry, les membres de l’APEL de l’école Saint Louis ainsi que la directrice de l’établissement.

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TABLE DES MATIERES

I| Penser et redéfinir la commande dans son contexte 1. Retour sur l’environnement matériel du projet a. Une petite Histoire de Fives b. Contexte actuel du projet 2. La commande : une étude prospective territoriale sur l ’agriculture urbaine a. La commande initiale des Saprophytes b. Adaptation et reformulation de la commande 3. Définition des termes a. Dynamique de territoire b. Agriculture urbaine c. Utopie

II| Un territoire propice à l’agriculture urbaine, qui reste pourtant un « pretexte » pour nombre de ses acteurs 1. En bref 2. Les parcelles 3. L’agriculture urbaine à Fives (fin ou moyen ?)

III| Retour sur la méthodologie adoptée pour la réalisation du projet et ses implications dans la gestion de projet 1. Notre méthode a. Matérialité du territoire b. Recherche du potentiel des lieux par l ’interrogation des attentes c. Interprétation et mise en collaboration de la matérialité et des forces vives 2. Limites de la méthode c hoisie et de notre travail a. Lisibilité difficile entre tous les projets et acteurs sur le territoire b. Des difficultés dans le choix du langage pour communiquer autour du projet

IV| Recommandations : et maintenant ? Annexes

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I| PENSER ET REDEFINIR LA COMMANDE DANS SON CONTEXTE

La commande est indissociable du territoire dans lequel elle s’inscrit, et peut évoluer en suivant les diagnostics de ce même territoire. Il est important de la redéfinir pour qu’elle soit en phase avec la matérialité, tout en portant une grande attention au choix des termes utilisés.

1. Retour sur l’environnement matériel du projet A. UNE PETITE HISTOIRE DE FIVES La topographie du quartier de Fives connait un bouleversement à partir du XIXème siècle, avec le développement du chemin de fer. La construction de la ligne de train Paris-Lille, suivie de près par celle de la ligne Lille-Roubaix attire à Fives de nombreux industriels qui voient le quartier comme un territoire idéal pour implanter leurs activités. Ainsi, en 1861, s’installe au coeur de la ville la compagnie Lille-Fives qui sera successivement nommée Fives-Lille-Cail, Fives-Cail-Babcock et finalement groupe Fives en 2007. L’industrialisation soudaine de ce qui était auparavant un espace à dominante rurale contribue au développement de Fives, et à une urbanisation de grande ampleur et rapide. L’entreprise Fives Cail, fleuron de l’industrie métallurgique, occupe une surface de 17 hectares dans la ville, et modifie profondément le paysage urbain, arborant des halles monumentales de briques et d’acier. Toutefois, cet essor industriel et économique ne dure qu’un temps, et après quelques soubresauts, l’usine ferme ses portes en 2001 après 150 ans d’exploitations. C’est désormais une friche de près de 20 hectares qui dessine le visage de ce quartier. La ville, qui s’est étendue et densifiée avec le développement de l’industrie ferroviaire, doit désormais se réinventer. B . CONT E XT E ACT UE L DU PROJ E T Quartier populaire et ancien faubourg industriel, Fives compte aujourd’hui un peu moins de 20 000 habitants et connaît un fort renouvellement de sa population. Cette dernière se compose principalement de familles de classes populaires installées dans le quartier du fait de son passé industriel, de jeunes couples issus des classes moyennes ou supérieures ainsi que d’étudiants. L’arrivée de ces populations dans le quartier de Fives, historiquement ouvrier et encore majoritairement peuplé

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aujourd’hui par les classes populaires, constitue un bon exemple de gentrification. De fait, si le quartier fourmille d’associations et d’institutions diverses, beaucoup d’habitants restent en marge et Fives apparaît encore comme marginalisé par rapport au reste de la métropole lilloise. De plus, c’est un territoire résidentiel où le chômage est important et où peu des actifs travaillent. De cet enchevêtrement de situations sont nées des attentes multiples sur l’avenir du quartier. Les associations fivoises, ses habitants et ses forces vives cherchent à y faire émerger un renouveau du vivre-ensemble, une amélioration de la qualité de vie etc. dans un but de redynamisation sociale, économique et culturelle du quartier. On peut considérer qu’elle s’inscrit de même dans un contexte environnemental en transition. C’est d’ailleurs de là que naît la volonté du collectif Les Saprophytes de compter Fives parmi les villes en transition. Cet horizon, certes un peu utopique, les a amenés à travailler sur la résilience du quartier à travers l’agriculture urbaine. Celle-ci apparaît avant tout comme un moyen de réinscription de l’Homme dans son milieu et de réappropriation de l’espace public.

2. La commande : une étude prospective territoriale sur l ’agriculture urbaine A. LA COMMANDE INITI ALE DES SAPROPHYTES La commande initiale, telle qu’elle a été formulée par Pascaline Boyron de l’association Les Saprophytes, s’inscrivait dans le projet “Les Unités de Production Fivoises”. Il est défini, par le blog qui lui est dédié, comme “une réappropriation de délaissés urbains en systèmes agricoles résilients pour développer une micro-économie basée sur l’échange”. L’objectif est de “travailler sur la mise en valeur d’un écosystème alimentaire à l’échelle d’un quartier en collaboration avec les habitants et structures locales”. La commande plus détaillée de la note de cadrage était la suivante : “Il s’agit de déterminer les besoins et attentes en termes d’agriculture urbaine des habitants et des forces vives de Fives. Pour cela, chaque espace fera l’objet d’une recherche sur ses usages passés et son statut foncier et surtout sur son environnement social, économique et institutionnel (présence d’acteurs locaux, potentiels cultivables, besoins social et/ou éducatif). On se dirige alors vers une étude prospective pouvant avoir un impact sur l’agriculture urbaine dans le quartier de Fives dans le long terme, sans se « censurer » du fait d’un manque de moyens ou de faisabilité technique immédiate. On insistera sur la méthode utilisée afin de faire parvenir à la structure d’accueil un modèle pour le diagnostic territorial, social et économique des besoins et désirs d’agriculture urbaine sur un quartier.” Il apparaît que la commande est assez vaste et vague, et nous disposions d’une certaine marge de manœuvre et liberté pour la réinterpréter au fil de l’avancée de la mission. Nous verrons dans quelle mesure les contingences du territoire nous ont conduit à poser un nouveau regard sur les termes “d’agriculture urbaine” ou de “dynamiques de territoires”.

B . A DA P TAT I O N E T R E F O R M U L AT I O N D E L A C O M M A N D E Page 4


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La mission que nous avait confiée les Saprophytes répond à la thématique de la résilience et de la souveraineté alimentaire. Elle devait se faire en collaboration avec les habitants de Fives, en faisant des individus et des structures existantes ce que nous avons appelé les “forces vives” pour assurer la réalisation et la pérennité de ce projet d’agriculture urbaine à l’échelle du quartier. La mission étant vaste, et sur le très long terme, le terme de prospective nous a semblé approprié. Il s’agit donc d’étudier les potentialités du territoire du point de vue des parcelles qui pourraient être utilisées pour une activité d’agriculture. Mais l’agriculture urbaine ne peut exister indépendamment des habitants, et l’objectif était de faire de la population, que ce soit les individus et les structures déjà existantes, le pilier de cette activité.

Grande question : Suite à cette reformulation de la commande, la “grande question” que nous nous sommes posé, celle qui a guidé notre gestion de projet est la suivante : comment mettre en cohérence ce projet d’une agriculture urbaine avec les logiques sociales observées sur le quartier ? Par-là, il s’agissait d’imaginer la forme que pourrait avoir un maillage de micro-projets d’agriculture urbaine et de voir comment celle-ci devrait être ajustée pour répondre aux attentes des habitants. Nous nous sommes donc interrogées sur :  Comment faire pour que le projet des Saprophytes s’adapte aux attentes des habitants du quartier ?  Comment positionner le projet des Unités de Production Fivoises entre la vision utopique d’un quartier en transition vers une meilleure résilience et le désir d’une redynamisation effective par l’agriculture urbaine ?

3. Définition des termes La mission qui nous été confiée par les Saprophytes fait appel à des termes aujourd’hui très utilisé dans le domaine de l’action publique et associative à l’échelle locale. Si ces notions semblent faire consensus, et être le reflet d’un processus qui fait évoluer les territoires, il convient également de chercher à la redéfinir, afin de saisir le cœur du projet, et les représentations du quartier de Fives qui en découlent. A. DYNAMIQUE DE TERR ITOIRE L’expression “dynamique de territoire” met en relation l’occupation du sol et son utilisation, que ce soit dans un milieu urbain ou rural. Dans le cas d’un quartier urbain comme Fives, il recouvre l’ensemble des initiatives qui structurent la vie locale. La dynamique de territoire est indissociable de l’Histoire et du contexte socio-économique, elle s’en inspire directement. Il apparaît donc que la

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dynamique de territoire cherche à représenter la vie du tissu associatif, son déploiement à l’échelle d’un quartier et à la cohérence de cette vision pour le territoire avec les autres politiques menées, notamment par les pouvoirs publics. Le terme est souvent utilisé pour qualifier une évolution d’un territoire, dans le sens d’une réhabilitation, d’une forme de renaissance. Pour Fives qui souffre encore aujourd’hui de la débâcle de l’activité industrielle, la notion semble être appropriée. De plus, les associations à but social sont nombreuses sur ce territoire, et continue de se multiplier. Une dynamique de territoire est donc la collaboration des citoyens, des associations et des pouvoirs publics pour assurer le vivre mieux dans un quartier. Elle peut viser différents objectifs, comme le développement du lien social, souvent dans les quartiers urbains, ou le développement de l’agriculture biologique dans les espaces plus ruraux. Mais elle est la plupart du temps transversale, et vise différents objectifs pour donner une nouvelle vocation, plus large, plus pérenne au territoire. Il s’agit de réinventer le territoire, en puisant dans son Histoire, et en s’inscrivant dans l’existant. La dynamique de territoire ne naît pas indépendamment de l’espace, elle ne doit pas être un projet d’urbaniste détaché de la matérialité du territoire mais plutôt un coup de pousse, un nouvel élan pour ce qui existe déjà sur le territoire. L’expression est souvent utilisée en même temps que le terme de “prospective”. En effet, une prospective pour le territoire est souvent le moyen de nourrir la dynamique de territoire, et inversement, la dynamique de territoire infléchit toute prospective envisageable. La mission confiée par les Saprophytes répond bien à cet objectif : faire de l’agriculture urbaine un nouveau liant, en s’inscrivant dans la réalité de l’espace. La réalité du point de vue technique d’abord : quelles sont les parcelles qui pourraient être utilisées pour une activité agricole urbaine, ces parcelles sont-elles accessibles, publiques; et d’un point de vue plus humain : quelles sont les structures qui existent sur le territoire, peuvent-elles se faire le pilier et relais de cette activité ? La dynamique de territoire que veulent insuffler les Saprophytes est vaste, et entre en écho avec un travail de prospective. Cette dynamique s’inscrit dans la lignée des villes en transition, et dispose d’un aspect visionnaire, voire utopique, que revendique l’association.

B. AGRICULTURE URBAINE L’agriculture urbaine se définit comme la pratique d’activités agricoles en ville, elle s’inscrit dans les particularités paysagères, urbaines et culturelles d’un territoire. Développée ici à l’échelle du quartier de Fives, notre étude prospective donne une place centrale aux vertus de l’agriculture urbaine en termes de résilience mais aussi d’inclusion sociale. La FAO (Programme des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) la définit comme l’ensemble des activités consistant à « cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur des villes ». Ce concept entoure des pratiques diverses qui vont de la production maraîchère à la sylviculture en passant par la production de produits nonalimentaires (plantes médicinales par exemple), de petits élevages ou encore de compost. Elle prend la forme de jardins individuels ou partagés, de bacs ou de toits investis par des activités de jardinage mais aussi de cultures maraîchères verticales dans des tours. Il s’agit par-là de reconsidérer la place de l’Homme dans son environnement en repensant la place de la nature et de la biodiversité en ville. De même, l’agriculture urbaine permet de diminuer l’impact de la consommation alimentaire par la relocalisation de la production et la valorisation de circuits courts. Elle participe en effet à une réduction de la dépendance énergétique des systèmes d’approvisionnement alimentaires urbains. Dans cette optique, elle peut soutenir la sécurité alimentaire des ménages en temps de crise économique et/ou environnementale ainsi que la souveraineté

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alimentaire d’un territoire, s’inscrivant plus généralement dans la nécessité d’une meilleure résilience urbaine. Au-delà de ses réponses aux problématiques environnementales, l’agriculture urbaine apparaît aussi dans certaines de ses formes comme un moyen de créer une dynamique territoriale et de favoriser la cohésion sociale. La majorité des acteurs que nous avons rencontrés ont d’ailleurs insisté sur l’agriculture urbaine comme « outil », comme vecteur d’une meilleure inclusion sociale d’une partie de la population ou comme moyen de revaloriser l’image du quartier. Ces pratiques peuvent en effet être l’occasion de promouvoir autour d’elles des stratégies de participation et des formes solidaires de production. La diversité et la rencontre sont ainsi les deux premiers fondements mis en avant par les Saprophytes dans leur démarche. Les projets d’agriculture urbaine, quelle que soit leur taille, doivent pouvoir contribuer à un échange de savoir-faire, d’expériences et de bonnes pratiques.

C. UTOPIE Pascaline Boyron, qui était notre interlocutrice au sein de l’association, a insisté pour que le travail que prospective que nous devions mener sur le territoire de Fives ne se censure pas, et que ce travail relève également d’une forme d’utopie. Les notions de prospective territoriale et d’utopie urbaine peuvent sembler antithétique, tant il apparaît difficile de concilier un diagnostic de la réalité, de la matérialité du territoire qui permettrait une forme d’agriculture urbaine et une vision idéalisée, irréelle de l’avenir de ce même territoire. La confrontation de ces deux termes a rendu parfois difficile la mission qui nous était confiée, car il fallait, auprès de nos interlocuteurs, évoquer la dimension utopique du projet tout en montrant comment il pouvait se réaliser de manière concrète, grâce à leur soutien. Mais cette forme d’antithèse nous a également permis de faire coïncider la projection de Fives comme une ville en transition et ce qu’est aujourd’hui le territoire. Cela nous a aidé à étayer notre propos auprès des différents interlocuteurs, en signifiant que notre mission s’inscrivait dans le temps long, qu’il n’était pas abouti, fini, et qu’il revenait aux structures de décider du visage que pourrait prendre ce projet. La résilience urbaine a beaucoup de visages, et en laissant à nos interlocuteurs, grâce aux formulations que nous avons choisies, le choix de ce que pourrait être l’agriculture urbaine, nous avons davantage pu ressentir leurs besoins, et surtout leurs interrogations. Après la présentation du projet externe, Pascaline Boyron redéfinit le rôle de l’utopie dans le projet. Le terme n’est pas utilisé par l’association dans la communication avec les autres acteurs du territoire, mais est, en interne, le moteur des activités. En effet, imaginer le quartier de Fives comme un quartier en transition, résilient et engagé dans un processus de durabilité forte permet aux membres des Saprophytes d’avancer dans le projet avec confiance. Les nombreux obstacles, les réticences, la compétition entre les institutions et le secteur associatif pourraient provoquer un essoufflement du projet, et cette dimension utopique permet justement de la contrer pour travailler avec persévérance.

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II| UN TERRITOIRE PROPICE A L’AGRICULTURE URBAINE, QUI RESTE POURTANT UN « PRETEXTE » POUR NOMBRE DE SES ACTEURS

1. En bref La méthodologie nous a permis de distinguer 8 parcelles (ici représentées par des étoiles vertes), situés à des points stratégiques du territoire fivois. Ces parcelles sont ouvertes, à des endroits passants, et à proximité de structures qui pourraient être intéressés par le projet. Elles peuvent être utilisées pour différentes formes d’agriculture urbaine : le maraîchage, l’horticulture, le compostage, un verger etc. Ces différentes formes d’agriculture revêtent différentes missions : pédagogiques, esthétiques, alimentaires et surtout créatrice de lien social.

De cette manière, la carte numérique de Fives constituée ainsi que le tableau répertoriant les parcelles et les acteurs potentiellement intéressés par Les Unités de Production fivoises sont des outils qui peuvent être considérées comme des éléments méthodologiques mais aussi comme des résultats. Nous avons répertorié pour ces parcelles leurs références cadastrales, leur taille, les structures

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environnantes et enfin, quel type d’agriculture pourrait y être appliqué. Le type d’agriculture relève surtout de la recommandation, et n’est pas arrêté. En effet, le type d’agriculture se fera en fonction des désirs de la population, et de ces attentes. Il nous est apparu qu’il n’y avait pas véritablement d’attentes concernant un type précis d’agriculture, sauf dans le cas de l’école où le cadre législatif impose des contraintes claires. Mais concernant la mission de cette agriculture, il semblerait que celle-ci doit être le terreau pour créer du lien social. Pour reprendre les mots de Samuel Baju, “l’agriculture urbaine est un prétexte” pour impliquer les gens, pour qu’ils investissent leur territoire et se le réapproprient. Il s’agit bien de faire de l’agriculture urbaine le moyen de redonner aux habitants la conscience de leur propre pouvoir. Dès lors, les missions esthétiques ou alimentaires passent au second plan.

2. Les parcelles

Parcelle I-8   

Composée de deux parcelles d’espace public de 162 m² et 116m² situées à l’angle des rues Belle Vue, Maurice Ravel et Parmentier Plutôt ombragée mais très accessible et visible, elle est aussi déjà végétalisée Les structures environnantes sont les suivantes o Le CHRS Catry o L’ESAT Imprim’service o Une aire d’accueil pour gens du voyage (cf. Atelier solidaire)

Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité d’en faire une aire de maraîchage ou de vergers, à vocation alimentaire.

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Parcelle I-10   

Correspond à une aire d’espace public de 563m² situées à l’angle des rues de Belle Vue et Francis de Pressencé Plutôt ombragée mais très accessible et visible, elle est aussi déjà végétalisée et protégée symboliquement par des haies Les structures environnantes sont les suivantes o L’Accorderie o La résidence LMH Parc Koppel

Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité d’en faire une aire de maraîchage ou de vergers, à vocation alimentaire.

Parcelle I-12  

Composée de deux parcelles de 512m² et 341m² appartenant au CHRS Catry, qui a déjà l’idée d’en faire un jardin maraîcher Elle est déjà végétalisée et propice au maraîchage de par ses caractéristiques physiques. Bien qu’elle ne soit pas accessible à tous, la parcelle a tout son intérêt dans le potentiel des structures environnantes. Les structures environnantes sont les suivantes : o Le CHRS Catry o L’ESAT Imprim’service o Une aire d’accueil pour gens du voyage (cf. Atelier solidaire)

Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité de créer un jardin maraîcher géré par les femmes du centre de réinsertion et d’y organiser des ateliers jardinage au début coordonnés par les Saprophytes. Comme pour les jardins de Cocagne, cette unité de production fivoise pourrait avoir un objectif économique et de réinsertion ou tout simplement de subsistance alimentaire.

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Parcelle II-5 

C’est une parcelle d’espace public de 1812 m², inclue dans le projet Fives Cail de la SORELI (aucune construction n’st prévue à ce jour sur cette aire)  Très ensoleillée, très accessible et visible, elle est aussi déjà végétalisée et semble être un endroit de promenade et de loisirs pour les habitants du quartier  Les structures environnantes sont les suivantes o Un skate park o L’Eglise Saint Louis o L’école Saint Louis et l’école Broca o De plus, il est nécessaire de prendre en compte le potentiel d’animation et de dynamique urbaine amené par la mise en œuvre du projet de rénovation de Fives Cail Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité d’y planter un verger (sur le modèle du verger que nous avons pu observer à Grande Synthe) en libre-accès.

Parcelle II-6  

Composée de deux parcelles de 162 m² et 116m² respectivement situées autour de l’église et à l’intérieur de l’école Saint Louis La première est publique et accessible mais correspond d’après nos informations à une parcelle protégée par le PLU dans le cadre de la protection de l’église, la seconde appartient à l’école Les structures environnantes sont les suivantes o L’Eglise Saint Louis o L’école Saint Louis et l’école Broca

Etant données ces observations complétées par notre entretien avec des parents d’élèves et la directrice de l’établissement, nous avons imaginé la possibilité de créer avec les élèves de l’école un parcours autour des goûts et des couleurs à vocation pédagogique.

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Parcelle II-9   

C’est une parcelle de 45m², située à l’angle des rues Dupuiytren et Frederico Ferrer Elle est petite mais déjà végétalisée, accessible et ouverte sur l’espace public Les structures environnantes sont les suivantes o L’école Lakanal o L’association de tourisme social et économie sociale et solidaire Ecla TS o Les bains douches municipaux o La piscine de Fives

Etant données ces observations et en en déduisant un passage important des habitants de Fives dans les environs de cette parcelle, nous avons imaginé la possibilité d’y mettre des composteurs.

Parcelle III-5   

C’est une parcelle de 130m² située au sein du Square Lardener Elle n’est pas végétalisée mais protégée par des arbres et ouverte sur l’espace public, ce qui la rend très accessible Les structures environnantes sont les suivantes o L’école Descartes o Le centre médico-psychologique de Fives o Le foyer Les Glycines des Papillons Blancs o Le Pôle Emploi et la CAF o La salle de sport Louison Bobet

Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité de mettre des bacs hors sols, dont s’occuperaient successivement ou conjointement les structures citées. A la manière d’un jardin inter-générationnel à vocation sociale, il serait l’occasion de se faire rencontrer des usagers divers de cet espace public.

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Parcelle III-10   

C’est une parcelle de deux fois 60m², située rue Saint Just, face à la résidence LMH Saint Just Elle est végétalisée, accessible et ouverte sur l’espace public Les structures environnantes sont les suivantes o Les résidences LMH Saint Just et Convention o Le secours populaire o L’école Jules Ferry et l’école Bara

Etant données ces observations, nous avons imaginé la possibilité de créer un jardin maraîcher pour les habitants des résidences HLM environnantes notamment. Nous savons en effet que les bailleurs sociaux trouvent un intérêt dans les projets d’agriculture urbaine pour valoriser l’image de leurs résidences.

3. L’agriculture urbaine à Fives (fin ou moyen ?) Il nous est apparu que deux visions de l’agriculture urbaine entraient en confrontation. En effet, pour certains, l’agriculture urbaine était une fin, tandis que pour d’autres, il ne s’agissait seulement d’un moyen. Pour les Saprophytes, le développement de l’agriculture urbaine à Fives est un horizon, qui permettrait de faire entrer Fives en transition. Il s’agit d’une vision intégrale du territoire, dans lequel la durabilité forte réunit vivre ensemble, protection de la biodiversité, relocalisation, résilience. Pour les acteurs sociaux, au contraire, l’agriculture urbaine est davantage un moyen. Les jardins partagés, les composteurs se multiplient sur le territoire. Les associations sont nombreuses, et les initiatives citoyennes aussi. Mais les discours portés par la Mairie de Quartier, par les associations telles que Les jardins dans la ville ou Entrelianes ne font aucune allusion à la résilience. En effet, les projets portés par ces acteurs cherchent avant tout à tisser du lien social, à redonner aux habitants le souhait de participer à la vie locale. La sensibilisation à l’environnement ne vient que dans un second temps, et Samuel Baju défini même l’agriculture urbaine de “prétexte”. L’ambition sociale est également portée par les Saprophytes, mais elle n’apparaît pas aussi clairement que pour les associations à but uniquement social qui considère l’agriculture urbaine comme un moyen. Il nous semble que qualifier l’agriculture urbaine de moyen comporte un danger. En effet, contrairement aux Saprophytes qui ajoute une dimension utopique, espérons de très long terme à leurs projets, les autres associations n’ont pas de vision durable de l’agriculture urbaine. Ce manque peut mettre en péril la pérennité d’une activité relevant de l’agriculture sur le territoire de Fives. Dès

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lors que le lien social semble créé, et que le territoire est revalorisé par le travail de ses habitants, les activités de maraîchage deviendront inutiles. Ainsi, si la dimension utopique que revendiquent les Saprophytes peut être mal comprise, elle est pourtant l’assurance de porter le projet sur le temps long, avec un horizon motivant et fédérateur.

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III| RETOUR SUR LA METHODOLOGIE ADOPTEE POUR LA REALISATION DU PROJET ET SES IMPLICATIONS

1. Notre méthode A . M AT E R I A L I T E D U T E R R I T O I R E Pour mener à bien notre projet, nous nous sommes d’abord concentrées sur une observation de la matérialité du territoire dans lequel il devait s’inscrire. Celle-ci nous est apparue comme essentielle et primordiale dans la manière de mener à bien notre étude prospective. Il s’agissait en effet de partir de la réalité urbaine du quartier de Fives pour en dégager plusieurs parcelles pouvant potentiellement être les lieux de futures “unités de production”, c’est-à-dire de futurs micro-projets d’agriculture urbaine. Nous avons pour cela parcouru à trois reprises, entre le 21 septembre et le 20 octobre, le quartier. A chaque visite, notre objectif était de repérer les lieux et les structures qui pourraient potentiellement être inclus dans le projet. Les frontières de notre éclairage sont la voie de chemin de fer à l’Ouest, les rues de Flers et Gutenberg au Nord, la rue des Montagnards et l’ancienne usine de Fives Cail à l’Est et enfin la rue Malesherbes au Sud. Nous avons fait le choix de se limiter à ce secteur, bien que le quartier de Fives s’étende au-delà de ses limites pour plusieurs raisons. Bien qu’il soit en cours de réhabilitation, l’ancien site industriel de Fives Cail Babcock constitue une rupture urbaine importante qui nécessiterait une intégration dans un projet plus large, à l’échelle des quartiers de Fives et Hellemmes. Tant que le projet n’est pas abouti, il apparaissait difficile pour notre maillage de micro-projets de dépasser cette coupure urbaine. De plus, les parcelles intéressantes de notre point de vue pour constituer de futurs lieux d’agriculture urbaine étaient déjà trop nombreuses dans nos repérages pour faire l’objet d’une étude plus poussée. Nous avons ainsi sélectionné une trentaine de parcelles, répertoriées sur des cartes dessinées à la main, puis sur une carte numérique et enfin dans un tableau récapitulatif. Parmi ces 34 parcelles, nous en avons choisi huit que nous voulions étudier plus précisément, afin de déterminer le rôle qu’elles pourraient avoir. Bien que la dimension utopique de notre projet ait eu une place importante dans la manière de le présenter et d’imaginer les futures unités de production fivoises, les parcelles que nous avons repérées puis choisies répondaient à des critères matériels bien concrets. Nous avons en effet choisi de privilégier les parcelles déjà végétalisées, pour la plupart ouvertes sur l’espace public, accessibles et Page 15


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dont les structures environnantes pouvaient y apporter leurs compétences et trouver un intérêt dans un tel projet. Nous n’avons pas pu nous concentrer - faute de temps et de moyens - sur le problème de la pollution des sols, bien qu’il soit très présent dans un quartier comme Fives qui s’est développé autour d’industries très nocives pour l’environnement. Une étude sur la qualité des sols des parcelles choisies pourrait toutefois faire l’objet d’études postérieures. Ce choix de parcelles s’est fait en forte corrélation avec les valeurs des Saprophytes, qui cherchent à lancer des projets construits collectivement et à redonner du sens aux espaces publics urbains. Cette observation de la matérialité du territoire nous a permis de nous approprier le quartier de Fives, ses particularités urbaines et architecturales mais aussi son ambiance et les caractéristiques de son appropriation par les habitants. Il s’agissait en effet d’appréhender le territoire de manière à y imaginer un maillage de projets cohérents avec les structures présentes dans le quartier ainsi qu’avec sa structure urbaine. Nous avons pu de cette manière créer deux outils (la carte numérique et le tableau) essentiels dans la gestion de ce projet ainsi que dans sa transmission aux membres du collectif des Saprophytes à la suite de notre rendu de projet.

B . R E C H E RC H E D U P O T E N T I E L D E S L I E U X PA R L’ I N T E R RO G AT I O N D E S AT T E N T E S La carte numérique

Des cartes manuelles faites lors de nos trois observations de terrain à Fives, nous avons élaboré une carte numérique à partir de l’outil “My Maps” de Google (cf. annexe n°1). Nous y avons reproduit l’emplacement des parcelles potentiellement appropriables par le projet des Unités de Production Fivoises, l’emplacement des structures observées sur place et nous avons rajouté quelques structures dont nous n’avions pas noté la présence dès nos observations. Nous avons décidé de classer les structures en quatre catégories : les structures sociales, les structures pédagogiques, les résidences gérées par des organismes HLM et les “autres” structures à visée sportive, culturelle ou encore religieuse. Le fait de répertorier les structures sociales ou les résidences gérées par des organismes HLM s’inscrit dans les buts de regain d’une dynamique territoriale et d’inclusion sociale sous-jacents à cette étude. Les structures pédagogiques peuvent quant à elle participer à une éducation à l’environnement, essentielle dans un projet qui s’inscrit dans le long terme. Enfin, les autres structures, si elles n’ont pas forcément de lien direct avec l’agriculture urbaine ont été listées car elles font partie intégrante du quartier et structurent la vie de ses habitants. La carte permet ainsi de visualiser la relation qui pourrait être faite entre certaines parcelles et les structures présentes à proximité. C’est un outil modulable, qui peut être modifiable par les usagers disposant du lien. Les membres du collectif souhaitant continuer le projet des Unités de Production Fivoises pourront ainsi y ajouter des parcelles, des structures, ou encore étendre le secteur d’éclairage du quartier. Le tableau

Nous avons mis en relation la carte qui recensait les différentes parcelles et les structures et institutions présentes sur le territoire avec un tableau Excel (cf. annexe n°3). Celui-ci se divise en deux pages : une première page, qui cherche l’exhaustivité et dans laquelle nous avons répertorié toutes les

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parcelles et toutes les structures qui pourraient être intéressantes, mais sans détailler la nature des parcelles ou des possibles interlocuteurs, et une deuxième page qui se concentre sur les parcelles que nous avons choisies comme étant celles qui sont les plus intéressantes. Sur cette deuxième page, nous avons nommé nos contacts, et énuméré les différents messages ou appels à leur destination. Ce tableau pourra être réutilisé, car il retrace les différentes prises de contact, les réponses possibles ou, à l’inverse, les non-retours fréquents. Nous espérons que les prises de contacts, souvent infructueuses, s’avéreront plus positives à l’avenir, et que ce tableau aura une véritable utilité pour l’association. La prise de contact et les entretiens

Afin d’interroger les attentes des forces vives de Fives de manière qualitative, nous avons effectué une prise de contact assidue avec les acteurs sociaux, culturels, pédagogiques et institutionnels du quartier. La liste des contacts de ces structures ainsi que l’état de nos relations avec elles sont répertoriées dans le tableau décrit ci-dessus. Nous avons généralement préféré les mails ou les contacts téléphoniques pour ces acteurs, afin de leur décrire précisément le projet et de leur permettre de garder une trace facilement mobilisable de nos coordonnées et de ceux des Saprophytes. Au contraire, nous avons choisi une prise de contact par lettre pour les demandeurs de jardins partagés inscrits à la Mairie et résident sur le territoire de Fives. Le sujet étant sensible pour les nombreux demandeurs, qui attendent une parcelle pour la plupart depuis déjà quelques années, nous avons préféré cette prise de contact moins intrusive et qui permettait aussi une inscription de la démarche sur le long terme, puisque nous avons laissé nos coordonnées ainsi que ceux des Saprophytes. Cela nous aura aussi permis dans les deux cas de faire connaitre le projet ainsi que de réfléchir sur les obstacles potentiels à une adhésion au projet, étant donné le peu de retour que nous avons eu pour de plus amples discussions à ce sujet lors d’entretiens. Nous avons toutefois effectué trois entretiens ainsi qu’une discussion informelle dont la restitution est faite en annexe n°2 de ce document. Le premier entretien en date fut celui avec Diane Mazuel, chargée à de mission à la Mairie de Lille au Service des parcs et jardins sur l’animation. Cet échange nous a permis de dresser un paysage des initiatives en matière de jardins partagés et d’agriculture urbaine dans la ville de Lille et particulièrement à Fives. Le second fut avec l’APEL Saint Louis, le syndicat de parents d’élèves de l’école maternelle et primaire Saint Louis à Fives, ainsi qu’avec la directrice de l’établissement. Nous avons pu dès lors découvrir ce qui était fait par l’école en termes d’agriculture urbaine et de sensibilisation à l’environnement mais aussi sonder les attentes d’un acteur pédagogique du quartier à ce sujet. Nous avons aussi pu rencontrer Samuel Baju, en charge de la politique de la ville à la Mairie de quartier de Fives, qui nous a dépeint les potentialités de l’agriculture urbaine en termes de mobilisation des habitants et de régénération de l’image du quartier. Finalement, nous avons découvert la motivation des administrateurs du CHRS Catry, centre de d’hébergement et réinsertion pour femmes. Ces différents entretiens nous ont quant à eux permis d’écouter et d’interpréter les attentes de quelques forces-vives du quartier, de comprendre la variété des positionnements vis-à-vis de l’agriculture urbaine mais aussi de dresser un paysage des différentes initiatives.

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C . I N T E R P R E TAT I O N E T M I S E E N C O L L A B O R AT I O N D E L A M AT E R I A L I T E E T D E S F O RC E S V I V E S Parallèlement à ces démarches d’observation de la matérialité du territoire, de sondage des attentes des forces vives de Fives et du potentiel d’investissement dans des projets d’agriculture urbaine, nous avons commencé un travail d’interprétation et de mise en collaboration de nos parcelles et des structures sociales, pédagogiques et culturelles composant le quartier. Si nous avons pu dégager quelques grandes tendances concernant les attentes des habitants quant à l’agriculture urbaine, ce travail n’est pour l’instant pas abouti par manque de retour de la part des structures contactées. Cette interprétation ainsi que les pistes de travail pour mettre en cohérence le projet des Unités de Production Fivoises avec les attentes des habitants de Fives seront exposées plus en détail dans la partie “diagnostic et résultats”.

2. Limites de la méthode choisie et de notre travail A . L ISIBILIT E DIF F IC ILE EN T RE TOUS LE S P ROJE TS ET ACT E URS SU R LE TERRITOIRE Un calendrier qui nous a contraint à privilégier l’étude de l a matérialité du territoire

Le projet qui nous a été confié par les Saprophytes aurait dû donner lieu à un rendu différent : il était en effet prévu que nous fassions entre 5 et 10 portraits des différents acteurs et initiatives qui pourraient porter le projet Les Unités de Production Fivoises, et que ces portraits nourrissent le blog tout le long du semestre prochain. Nous avons pour l’instant écrit un seul portrait : celui du projet de l’école Saint Louis, et nous attendons que le texte soit validé par la directrice, Madame Allemon, et qu’elle nous envoie une photo du jardin pour illustrer le petit article. Le manque de temps nous a contraint à rédiger ce rapport, qui retrace la méthodologie employée, et pourra donner quelques indications aux Saprophytes sur notre compréhension de la commande, et sur les limites que nous avons rencontrées. La première étant donc le manque de temps. La reconnaissance initiale, qui a donné lieu à une cartographie qui se veut exhaustive des différentes parcelles et structures, a pris du temps, et nous aurions dû commencer la prise de contact avec les différentes structures dès septembre. Diviser en deux phases distinctes la cartographie initiale et la prise de contact a été contre-productive, car nous aurions peut-être rencontré plus d’acteurs si nous avions débuté plus tôt la prise de contact. Toutefois, la phase initiale était également importante car il émanait une vraie demande de la part des Saprophytes, et cela nous a permis de choisir les parcelles les plus intéressantes, car nous avions alors répertorié toutes les structures existantes. Une trop faible prise en compte des autres projets et acteurs « concurrents »

Cette phase initiale nous a donc aidée pour comprendre la dynamique de territoire de Fives. Mais elle ne s’est pas réellement terminée dès la fin de l’inventaire des parcelles. En effet, nous avons eu connaissance, au cours des entretiens, des différentes initiatives autour de l’agriculture urbaine sur Page 18


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le quartier de Fives, et à Hellemmes. Il est regrettable que nous n’ayons pas eu connaissance de ces différents projets, portés par les associations, les mairies ou les habitants avant de commencer la prospective. Cela nous aurait peut-être permis d’affiner le projet, de comprendre quel était le jeu entre ces différents acteurs, et de mieux cerner la place qu’occupe les Saprophytes au sein des associations qui travaillent pour le développement de l’agriculture urbaine. Ces associations sont nombreuses : les Saprophytes, Paroles d’habitants, Entrelianes, les Ajoncs, les Jardins dans la Ville ou encore le service Parcs et Jardins de la mairie. Elles travaillent souvent ensemble sur les projets, mais n’ont pas toujours la même vision de l’agriculture urbaine. Elle est, pour l’association Les Jardins dans la Ville, un outil de réinsertion. Cette association a une grande expérience dans le domaine, travaille avec des partenaires institutionnels, et est bien implantée dans le paysage associatif, de même qu’Entrelianes. L’association des Saprophytes se détache, elle n'emprunte pas au même répertoire que les deux autres. L’originalité de cette association s’explique par la formation de ses membres, tous diplômés d’écoles d’architecte, d’urbanisme ou de paysage. Ils apportent une plus-value théorique forte au thème de l’agriculture urbaine et de l’espace public, en s’inspirant des travaux de Luc Schuiten ou de Gilles Clément. Contrairement à Entrelianes ou les Jardins dans la ville qui poursuivent en priorité un objectif social précis, les Saprophytes proposent une alternative urbaine plus large, plus profonde, plus intellectuelle. Cette particularité des Saprophytes nous ait apparue au cours des entretiens, avec Pascaline et avec nos autres interlocuteurs. Elle explique la dimension utopique de la mission qui nous était confiée, et a conditionnée la manière dont nous sommes entrées en contact avec les structures.

B . DE S DI F FI C ULT E S DA NS L E C HO I X DU L AN G AGE P O UR COMMUNIQUER AUTOUR D U PROJET Le langage utilisé par les Saprophytes, et que nous avons également utilisé dans les mails et les lettres que nous avons envoyés, est complexe pour le néophyte. “Résilience urbaine”, “microurbanisme” et même “agriculture urbaine” ne sont pas des notions transparentes, elles renvoient à une littérature précise, à des cas parfois peu connus du grand public comme l’exemple de Totness. En proposant à travers Les Unités de Production Fivoises un projet de territoire alternatif, il s’agissait de motiver les habitants, de leur montrer comment l’agriculture urbaine n’était pas seulement un prétexte mais aussi le pilier pour faire basculer un territoire dans la durabilité forte. Si cet aspect utopique devait être moteur du changement et élément de persuasion auprès de nos interlocuteurs, il apparaît en réalité qu’il remporte peu d’adhésion. Le concept d’agriculture urbaine recouvre des réalisations très larges, et est parfois mal compris. Madame Allemon, directrice de l’école Saint Louis, nous a reproché l’utilisation de ce terme qui était pour elle trop obscur. De plus, le projet à une dimension prospectiviste, il s’inscrit dans le temps long, et peut souffrir d’un manque de lisibilité pour nos interlocuteurs. Ceux-ci, afin de s’engager dans une collaboration avec les Saprophytes, souhaitent comprendre concrètement ce que l’agriculture urbaine sur une parcelle à Fives implique. Le centre social Mosaïq, les demandeurs de jardins, le CHRS seraient plus touchés, plus engagés si la formulation était davantage concrète, et qu’elle était également réalisable sur un temps plus court, avec un planning et des objectifs. Il y a eu une véritable difficulté à engager nos interlocuteurs, le nombre de non-retour le montre bien. Nous pensons que ce déficit d’investissement s’explique par le manque de lisibilité du projet pour nos contacts, et par le décalage qu’il existe entre les attentes d’une offre opérationnelle et Page 19


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le travail du prospective. En mettant l’accent sur l’aspect souhaitée, idéalisée ce que pourrait donner l’agriculture urbaine à Fives, nous n’avons pas réussi à créer autant de contact que nous l’aurions souhaité avec les structures existantes. Ce projet nous a permis de comprendre à quel point le langage était crucial dans le développement d’une initiative pour un quartier. Nous avons, face aux manque de réponses, et aux remarques qui nous ont été faites, adapté notre discours, pour que celui-ci soit davantage en phase avec les possibles attentes des structures en place. Ce fut pour nous une véritable chance d’observer dans quelle mesure le choix des termes et les formulations ont un impact sur les interlocuteurs. Cette prise en compte du langage a été tardive, et avec la connaissance assez limitée que nous avions du territoire, nous n’avons pas pu fédérer comme nous l’aurions souhaitée. Le quartier de Fives regorge pourtant de nombreuses initiatives, de forces vives indéniables, mais notre mauvaise gestion du temps et de la parole a retardé la prise de contact. L’adaptation au langage de notre interlocuteur nous semble désormais primordiale, afin de cerner ses attentes, de comprendre sa position et de pouvoir mettre en place une collaboration. La mission qui nous a été confiée nous a fait beaucoup avancer sur ce point, et certainement permis de développer une compétence nouvelle.

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IV| RECOMMANDATIONS : ET MAINTENANT ?

Du décalage entre la vision “intellectuelle” du projet portée par les Saprophytes et par notre fort bagage théorique (sur la notion de résilience urbaine ou de sobriété notamment) et la vision des autres acteurs du quartier est né une première recommandation. Plutôt que d’adapter le projet des Unités de Production Fivoises, qui colle très bien aux potentialités du quartier et aux attentes que nous avons pu observer, on peut se poser la question suivante : comment adapter le langage entourant cette démarche ? Les différentes visions de l’agriculture urbaine existant à Fives nous ont éclairées sur une certaine distorsion entre les discours des Saprophytes quant au paysage, à la sobriété, à la résilience et la vision qu’en ont les autres acteurs du quartier, qui voit ces démarches comme des instruments, des outils pour la cohésion sociale. Nous avons conscience que ces objectifs sont aussi partagés par les membres du collectif mais qu’ils ne sont sans doute pas assez mis en avant dans leurs outils de communication (site Internet notamment). Nous considérons en effet que cette piste pour le développement futur d’un maillage de micro-projets d’agriculture urbaine pourrait participer à une meilleure compréhension du projet par les parties-prenantes à une adhésion plus forte des forces vives à celui-ci. D’une autre manière, il serait aussi judicieux d’insister sur le rôle d’éducation populaire des Saprophytes pour familiariser les habitants de Fives aux enjeux de l’agriculture urbaine et de ses pendants en termes de résilience et de transition. De même, la difficulté que nous avons eu à nous positionner entre la dimension utopique du maillage et les attentes réelles présentes sur le territoire a fait naître une deuxième piste pour le développement du projet. Les Unités de Production Fivoises, pour gagner en lisibilité comme en visibilité, méritent à être concrétisées. S’il apparaît nécessaire et stimulant de garder l’identité du projet grâce à son inscription dans une prospective de long terme et dans une utopie de résilience à l’échelle du quartier, cette vision ne saurait suffire à fédérer autour de la démarche. Pour permettre une adhésion du projet de la part des acteurs, il apparaît nécessaire de se recentrer sur un petit nombre de micro-projets et de pouvoir les rendre réels. Nous avons en effet perçu de grandes attentes quant à l’agriculture urbaine à Fives de la part des acteurs du quartier. Ceux-ci ont toutefois fait remarquer le manque de visibilité du projet de l’association et leurs doutes quant à la réalité future de celui-ci.

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ANNEXES

1- Construction de la carte numérique et de sa légende

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LIEN POUR VISUALISATION ET MODIDICATION (contact : clemence.merot@gmail.com) https://www.google.com/maps/d/edit?hl=fr&hl=fr&authuser=0&authuser=0&mid=zqrlQ9_xzq6s.kLigCa muRd-8

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2- Entretiens 

Samuel Baju (entretien le 7/12/2015)

Samuel Baju, dont nous avons eu le contact grâce à Diane Mazuel, s’occupe de la politique de la ville à la mairie de quartier de Fives. Sa tâche est de d’élaborer un nouveau contrat de ville, car le dernier date de 2008. Il n’occupe ce poste que depuis cet été, et dit ne pas connaître encore tous les acteurs et leurs histoires. Il connait de nom les Saprophytes, et l’existence du jardin ressource sur le terrain qui entoure la piscine mais ne les a jamais rencontré. Il souhaite développer un projet de territoire pour Fives. Il travaille également avec la régie de quartier Mos’Art. Sur le territoire d’Hellemes, le projet sur le boulevard de l’épine est validé, on en est encore à la phase de sensibilisation des habitants et les aspects techniques ne sont pas encore évoqués.La mairie a demandé aux Saprophytes une étude pour le quartier de l’épine qui va voir émerger une ferme urbaine, et l’association doit analyser le territoire qui entoure la parcelle qui est choisie, pour imaginer des aménagements paysagers notamment. Il y a une commande pour réaliser la même chose à Fives, notamment de la part de Sébastien Duhem, président du conseil de quartier. Le secteur Petit Maroc est particulièrement intéressant, il y a une véritable demande, de la part des habitants et des élus. Il est également intéressant, car il y a de nombreuses dents creuses à aménager. De plus, c’est un secteur isolé, coincé entre le chemin de fer d’un côté et la route de l’autre. Samuel Baju insiste sur l’objectif de la mairie : il faut que les gens s’approprient leur territoire. Il y a un autre projet qui existe et se développe à Hellemes encore, autour de la place Paul Dombrowski sur une parcelle qui appartient à LMH. Il se fait en collaboration avec l’association “les jardins dans la ville”. Il y a plus de 300 parcelles, qui sont cloturées pour l’instant mais qui ont pour vocation de s’ouvrir. C’est un projet qui durera trois ans, la gestion étant confiée à la mairie et à l’association, le but étant que les habitants deviennent à terme gestionnaires du jardin. Rue Lannoy également, à Fives, il y a un fond de partcipation habitant, juste à cpité de la salle des fêtes. Ces habitants veulent développer l’agriculture urbaine, et ils ont pour projet d’installer des bacs hors sols, des composteurs et un récupérateur d’eau de pluie? Enfin, il y a le projet Organum (qui avait été évoqué par Diane Mazuel également), à côté de la rue Rivoli. Un terrain devrait être transformé, et ce travail se fait avec les associations Entrelianes et Paroles d’habitants. Les initiatives citoyennes sont nombreuses, dans le quartier des Peupliers, les habitants ont développé une jardin partagé au fond d’un cul de sac, mais il est clôturé, et il y a des horaires d’ouverture précis pour que les citoyens viennent déposer leurs déchets dans les composteurs. Samuel Baju revient sur la problématique de la pollution de la terre. Dans le cadre de la politique de la ville, utiliser les espaces verts qui sont mal aménagés est, selon Samuel Baju, un très bon moyen de mobiliser les habitants, et notamment ceux qui sont le plus isolés, ceux qu’on ne retrouve pas dans les actions de droit commun. Les Jardins dans la ville ont une place importante, ils ont embauché deux personnes dernièrement, contribuent au relogement etc. Pour Samuel Baju, ce qui est important dans l’agriculture urbaine est ce qu’elle génère, c’est “tout ce qu’il y a autour”. L’Accorderie aussi participe à cette dynamique, ils ont reçu de nouveaux financements pour développer une nouvelle antenne à l’épine, dans ce qui sera le futur local associatif. L’agriculture urbaine est un “prétexte”. Il s’agit, notamment dans le cas de L’épine, de faire venir les gens sur place, de leur prouver que ce n’est pas une zone de non droit. La population est en danger, c’est une population fragile qui se renferme sur elle-même. il faut la faire sortir, il faut créer une dynamique et faire venir les gens qui ne vivent pas dans ce quartier. C’est un projet coûteux, qui demande beaucoup de temps, mais il est absolument urgent de “désenclaver”. La place du bailleur est très importante, que ce soit ICF ou LMH. Le bailleur est très intéressé par les projets d’agriculture urbaine, car cela amène de la tranquillité. Il y a plus de passage, les jeunes squattent moins les entrées, les voisins échangent plus et cela permet de limiter les problèmes de voisinage. Il y a également un aspect esthétique, et cela concourt à une meilleure attractivité des résidences. Samuel Baju travaillait auparavant à Bois Blancs, et avait développé un partenariat avec Entrelianes et LHM. Ils avait décidé de fleurir le fond des courrées, avec des journées de plantation avec les habitants. Cela marche un temps, mais retombe. En effet, 15 jours après les plantations, tout est piétiné, à cause de 2 ou 3 “idiots”. Ils

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décident de mettre en place un nouveau projet : c’est le jardin des papillons, et le terrain appartient à LMH. Il est clôt, mais les habitants peuvent s’y rendre facilement, et l’école maternelle en profite directement. Le jardin est agréable, surtout en été. Mais il faut bien se coordonner avec LMH : pour la première tonte, les jardiniers n’avaient pas été prévenus, et ils ont tondu toutes les pousses. Samuel Baju, pendant tout le temps de l’entretien, insiste sur le fait que l’agriculture urbaine est avant tout un prétexte pour que les habitants participent à la vie de quartier, et il n’évoque jamais la question de la résilience ou de l’environnement. 

Diane Mazuel (entretien le 06/11/2015)

Diane Mazuel travaille à la direction Parcs et Jardins de la Mairie de Lille, en charge de l’animation. Nous la rencontrons, car c’est elle qui s’occupe de la liste des demandeurs de parcelle dans un jardin municipale. Les gens qui sont demandeurs d’une parcelle, et qui habite dans le quartier de Fives, nous intéressent, car cela nous permettra d’interroger leurs attentes quant à l’agriculture urbaine, et de les mettre en relation avec les Saprophytes. Nous discutons une heure avec Diane, qui nous explique le fonctionnement des jardins municipaux, et nous dresse le portrait de nombreux projets autour de l’agriculture urbaine. La Mairie veut accompagner un projet de territoire autour des jardins. Mais ils ne connaissent pas les gens, leurs profils, leur attentes vis-à-vis de l’agriculture urbaine. Il y a 6 jardins sur des terrains municipaux, dont 4 gérés directement par la ville :  à la citadelle  à Wazemmes  à Concorde  à boulevard de Bethune Il y a deux terrains gérés par les associations : le jardin des coccinelles, et à la poterne. Il y a des agents de contacts qui travaillent pour la mairie et s’assurent du bon fonctionnement des jardins. Le prix d’une parcelle est de 10e par an. Le prix est symbolique, et à surtout une vocation d’engagement de la part des occupants des parcelles. La mairie emploie un agent de contact pour gérer les jardins municipaux. Elle apporte également un règlement de gestion des parcelles. Il y a deux ans d’attentes pour obtenir une parcelle, et certains jardins ont plus de 10 ans, et sont toujours occupés par les mêmes personnes. L’attribution est réservée aux Lillois, ou au quartier pour le jardin des cultures. Diane Mazuel déplore que la mairie ne réoriente par les demandeurs vers les jardins associatifs, mais c’est compliqué car ceux-ci ont leur propre organisation, qui ne fonctionne par sur liste d’attribution. La demande la plus vieille date d’octobre 2012, il y a aujourd’hui 86 personnes en attente. La demande double entre 2013 et 2014. Sur Fives, il n’y a que 3 demandes, dont une personne qui demande une place à la Poterne. Les jardins sont exclusivement utilisés pour le maraichage à vocation vivrière. La Mairie n’intervient pas pour l’animation des jardins. Mais ils fonctionnent bien naturellement, il y a beaucoup d’entraides. Quand un des occupants part en vacances, il confie sa parcelle à son voisin. La taille des jardins est très variable. A la Citadelle, il y a 19 parcelles dont la surface va de 100 à 400m2. A Wazemmes, les parcelles sont plus petites, elles font entre 20 et 50m2 et 3 des 6 parcelles sont occupées par le centre médico-psychologique. Pour le jardin à Concorde, il y a 53 parcelles, et le jardin est ouvert. La Mairie est toujours en train de rechercher des terrains qui pourraient être utilisés, mais il y a un problème de pollution des sols et c’est très compliqué de trouver de nouveaux terrains. Mais il y a un vrai souhait politique de développer les jardins municipaux. La mairie a mis en place un jardin intergénérationnel dans la rue du long pot, à la demande de l’élu du quartier. Il y a 10 bacs. Il y a un projet, nommé Organum, avec les associations Paroles d’habitants et Entrelianes, à Fives du côté de Caulier. Samuel Baju, qui est à la politique de la ville dans la mairie de quartier de Fives, et à la régie mozart, porte le projet d’un jardin partagé à petit Maroc. Il y a aussi le jardin de l’Accorderie, mais il n’est pas visible depuis la rue. Il y a beaucoup de projet, il y a déjà un fort potentiel. Maintenant, il faut faire connaître le projet auprès des habitants. Il faut ouvrir, et ne pas cacher derrière les murs. Il faut que les gens se sentent libres de venir, qu’il ne se sentent pas chez quelqu’un. Pour le Jardin des Cultures, ce sont les associations Entrelianes, Des jardins et des

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hommes et Lille sud insertion (Epicerie solidaire) qui le gèrent. Le jardin est de presque 1ha, il est ouvert, il y a des composteurs de quartier et un projet de pépinière. 

APEL St Louis (entretien le 26/11/2015)

Suite à un échange de mail et lors d’un entretien à l’Ecole St Louis, en compagnie de Corinne Allemon, sa directrice, et de Dominique Grenier et David Lemaire, deux représentants des parents d’élèves de l’APEL, nous avons pu présenter le projet et discuter de l’implication des élèves dans un projet d’agriculture urbaine. 120 élèves, de la petite section de maternelle au CM2, sont inscrits à l’école. C’est une école privée catholique. Nous avons d’abord présenté le projet des Unités de Productions Fivoises ainsi que l’association des Saprophytes, déjà connue par les deux parents d’élèves. Pour décrire notre démarche, nous avons expliqué le désir pour nos commanditaires de recréer du lien social à Fives à travers une réappropriation de l’espace public et l’agriculture urbaine. Nous avons insisté sur la dimension prospective du projet, en indiquant que celuici – s’il devait se réaliser – se ferait sur du très long terme et sera repris par les membres du collectif à partir de janvier 2016. Nous les avons ensuite informés que nous nous intéressions à quelques parcelles dans le quartier, dont une à proximité de l’école (II-6). La directrice de l’école appelle cette parcelle « le crottoir » et nous informe de la protection des alentours de l’Eglise, classée monument historique dans le PLU. Elle apparait peu emballée à l’idée de faire faire des activités d’agriculture à ses élèves dans une parcelle ouverte (l’école s’était déjà impliquée dans des activités au Bizardin, le jardin des AJONCS à Hellemmes). Elle nous expose ensuite sa vision de l’agriculture urbaine qui se concentre sur l’éducation à l’environnement. Les enfants doivent faire figure ici de relais autour d’eux et d’exemples pour leur quartier. On insiste sur l’importance de la transmission de ses bonnes pratiques dans leur entourage et dans leurs perspectives futures. La directrice comme l’APEL sont convaincus de l’importance d’une telle démarche : « on prépare un terreau » nous dit la première, elle insiste aussi sur son souhait d’un effet « ricochet » de l’éducation à l’environnement au sein de l’école. Ainsi, ce qui plait dans les Unités de Production Fivoises est la démarche de micro-projets car elle offre la possibilité de faire des activités sur le site de l’école. L’établissement a en effet déjà enclenché des activités d’éducation à l’environnement dans un petit jardin, dont s’occupent les parents de l’APEL, « L’Arc-en-ciel à la Saint Louis ». Tous les trois s’accordent sur la nécessité d’entretenir ce qu’ils ont déjà entrepris et de se concentrer à continuer leurs initiatives à l’intérieur de l’école, d’où leur abandon des activités au Bizardin (« se reconcentrer sur ce qui existe déjà »). Le jardin pédagogique se divise en deux parcelles : une « parcelle potager » avec des plantes aromatiques, et une parcelle de bulbes de fleurs. Le but affiché est ici de sensibiliser aux odeurs, aux couleurs mais aussi d’éduquer aux saisons. Les élèves s’occupent d’y arracher les mauvaises herbes. Ils ont aussi mis en état les jardinières aux fenêtres de l’école. On nous expose ensuite le souhait de développer des activités d’éducation à l’environnement au sein de l’établissement avec un recupérateur d’eau de pluie, un bac à compost en cours d’installation et une volonté d’utiliser l’espace boisé du fond de la cour. Les idées fusent mais la directrice insiste sur son envie de recentrer les activités sur les fleurs, les odeurs, les couleurs, et tout l’écosystème qui s’agite autour de celles-ci (oiseaux, insectes) car ces activités qui « apportent de la vie et de la lumière » sont moins contraignantes que la production d’aliments comestibles. Pour ce qui est de leur intégration dans les UPF ou d’un partenariat avec Les Saprophytes, on nous explique que l’équipe enseignante est partante pour ce type de projet mais qu’ils aimeraient que l’on leur présente quelque chose de plus concret, du fait d’un manque de temps pour organiser. Ils insistent encore sur leur préférence à travailler dans des milieux fermés. La directrice déplore du peu de visibilité des Saprophytes mais partagent leur volonté de recréer une dynamique culturelle dans un quartier réputé « sombre » du fait de sa séparation du reste de la ville. 

CHRS Catry

Nous n’avons pas pu avoir d’entretiens avec les personnes qui travaillent au CHRS Catry, mais nous avions rencontré Latifa pendant la première phase du projet, lorsque nous faisions la cartographie de toutes les parcelles qui pourraient être utilisées. Le CHRS est un Centre d’Hébergement et de Réinsertion sociale, il se situe dans la rue Maurice Ravel, juste à côté de la rue du Long Pot. et s’adresse aux femmes battues qui ont quitté ler foyer. Ces femmes occupent les appartements de la résidence, et elles sont seules ou accompagnées de leurs enfants.

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La résidence dispose d’une belle surface verdie, et Latifa nous avoue que les résidentes du centre avaient déjà évoqué l’idée d’une activité de jardinage sur la parcelle. Elle ne connaît pas les Saprophytes, mais se dit très motivée pour qu’on lui présente le projet lors d’une réunion avec toute l’équipe un mardi. Après de nombreux mails, appels et un retour sur place où nous avons rencontré une autre personne qui travaille dans le centre, nous n’avons toujours pas de retour.

3- Tableaux 

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Listing de la totalité des parcelles


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Tableau des parcelles retenues

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LIEN POUR VISUALISATION ET MODIFICATION (contact : daphne.lecointre@sciencespo-lille.eu) https://sciencespolille-my.sharepoint.com/personal/daphne_lecointre_sciencespolille_eu/_layouts/15/WopiFrame.aspx?sourcedoc={3B59066F-F625-4887-9546BA033EEF86B6}&file=tableur%20saprophytes.xlsx&action=default

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