Précieux recueil de 157 gravures rassemblées au 17e siècle - Sarah Sauvin - Mars 2024

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Prcieux recueil de 157 gravures é runies au XVII é e sicle è

Important recueil de 157 estampes, runies en un volume, titr «GRAVURES ANCIENNES éé » sur le dos, in-folio (27x33 cm), litalienne,à’ demi-chagrin noir coins (reliure du XIX à e sicle). Bon tat de conservation èé : frottements et coins mousss.éé

Prix : 32,000 €

Contenu du recueil

Le recueil se compose de onze séries en pleines marges et du premier état, ainsi que d’un ensemble conséquent de Scènes de Chasse d’après Stradanus. À cela s’ajoutent quelques planches isolées, dont une très rare épreuve de Thomas de Leu, ainsi qu’un état non décrit d’une planche publiée par Pierre Firens.

Les douze ensembles sont les suivants :

- Les Sept œuvres corporelles de Miséricorde, de Philips GALLE (8 planches)

- Les Dix commandements, d’Adriaen et Johannes COLLAERT, Theodor GALLE et Crispijn de PASSE I (11 planches)

- L’Histoire de Jonas, d’Antonius et Hieronymus WIERIX (4 planches)

- Les Douze apôtres dans les nuages, de Pieter van der HEYDEN (4 planches)

- Exemples de pêcheurs repentis dans l’Ancien et le Nouveau Testament, par un anonyme (10 planches)

- Encomium Musices, d’Adriaen COLLAERT et Theodoor GALLE (16 planches sur 17)

- L’Histoire de David et Saul, par un anonyme (10 planches)

- L’Histoire de Lucrèce, d’Hendrick GOLTZIUS (4 planches)

- Les Figures et Pourtraicts des sept aages de l’Homme, par le monogrammiste IHF ou HF (8 planches)

- Vermis Sericus, de Karel van MALLERY (6 planches)

- L’Histoire de la famille Médicis, de Philips GALLE et Hendrick GOLTZIUS (21 planches)

- Scènes de Chasse, du monogrammiste FLB, Antonius WIERIX, Jan et Adriaen COLLAERT, Karel van MALLERY et Cornelis GALLE (51 planches)

Les planches isolées sont les quatre suivantes :

- Jonas devant les portes de Ninive, de Philips GALLE

- L’Annonciation, par un anonyme, publiée par Pierre FIRENS

1

- Le Christ au bord du lac de Tibériade, de Pieter Jalhea FURNIUS

- Notre Dame de Lorette, par un anonyme, publiée par Thomas de LEU

Les sujets des planches de notre recueil sont assez variés. Dans la première moitié du recueil, on retrouve de nombreux sujets religieux, en majorité tirés de l’Ancien Testament, et dans la seconde moitié, des sujets historiques ou thématiques. Certaines de ces séries sont rares et importantes. Distinguons en particulier la très belle et rare série des Sept Âges de l’Homme, ainsi que les importantes séries consacrées à l’histoire de la famille des Médicis, à la sériciculture mais aussi à l’histoire de Lucrèce, l’une des premières séries gravées par H. Goltzius.

Toutes ces estampes sont dcrites en dtail la suite de cette introduction. ééà

Il est intéressant de noter que l’un des rares exemplaires de la série des Sept Âges de l’Homme, conservé à la Bibliothèque nationale de France, est relié dans un recueil qui possède plusieurs similitudes avec le nôtre. Les estampes qui composent ce recueil sont également reliées à l’italienne, avec de pleines marges et l’on retrouve de nombreux noms de la gravure hollandaise et flamande du XVIe siècle en commun avec notre recueil : entre autres Philips Galle, Adriaen Collaert, Hendrick Goltzius, Maarten de Vos ou encore Maarten van Heemskerck. Les sujets des séries choisies sont cependant plus cohérents: comme nous l’avons dit précédemment, notre recueil est un mélange de sujets religieux, historiques ou thématiques, alors que dans le recueil de la Bibliothèque nationale, les séries reliées représentent des cycles : les douze mois de l’année, les quatre saisons, les cinq sens, les quatre continents, les quatre éléments ou encore les huit merveilles du monde.

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Feuillet de table et provenances du recueil

À la fin de notre recueil se trouve une table dressée anciennement (reproduite ci-contre) qui provient de l’ancienne reliure. Elle contient une description sommaire des estampes et de leur nombre, mais également plusieurs indications de provenance. En voici la retranscription :

15 #

En ce présent livre sont cent cinquante et huict pièces appartenant à Me Jullian Beaudoulx appariteur en l’officialité du Mans

[signature de Beaudoulx?]

[f]euillets où (com)mencens1

[les h]istoires

[les] huict beatitudes

dix commandemens de la loy

[hi]stoire de Jonas

annoncia(tion) de la vierge -----------------------------------------------------------------------------------------------------------

[les] douze apostres

manduca(tion) de notre seign(eur) du poisson grillé St Jean / 21 ---------------------------------------------------------------

portraict de Lorette --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

[ty]pus divinae indulgentiae ---------------------------------------------------------------------------------------------------------

[en]comium musices

[his]toire de David --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

[his]toire de Lucresse -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

[les] sept aages de l’homme ----------------------------------------------------------------------------------------------------------

[ve]rmis serricus ou histoire des verres à soye -------------------------------------------------------------------------------------

[his]toire de la famille des Médicis

[ch]asses aux quadrupèdes / aux serpens, pesches de poissons et vollerie d’oyseaux

il n’y a en 1752, dans ce livre que 157 estampes la 43e étant de manque xxxxxxxxx xxxxxxxx xxxxx près(?) les(?) halles(?) du(?) Mans(?)

1 Une colonne qui indiquait le numéro du feuillet semble avoir été tronquée par le couteau du relieur.

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3 LaRonce Scavoir est Nombre des pieces ou feuilles Nombre de 158 8 11 5 1 4 1 1 10 17 10 4 8 6 21 51

L’analyse de ce feuillet de table permet d’identifier cinq provenances principales entre le début du XVII e siècle et le XIXe siècle que l’on peut classer chronologiquement :

1.- Le rdacteur de la table é qui donne la description et le nombre des estampes. Écriture du début du XVII e siècle, qui est également celle de la numérotation du recueil, dans la marge, en haut à droite, et de la numérotation de certaines séries.

2.- Matre Jullian Beaudoulx î , appariteur en l’officialité du Mans. Écriture du milieu du XVIIe siècle. Les premières lignes concernant la provenance Beaudoulx sont biffées mais lisibles.

L’officialité était un tribunal ecclésiastique où l’appariteur était une sorte d’huissier.

Les registres paroissiaux du Mans permettent de situer chronologiquement ce personnage avec plus de précision car on trouve un maître Julien Beaudoux, inhumé le 31 août 1659, au grand cimetière de la paroisse Saint-Nicolas, il est peut-être le propriétaire de notre recueil 2 .

3.- Un propritaire anonyme é , probablement du Mans ou de sa région, qui a ajouté une inscription sur le feuillet en 1752 précisant qu’à cette époque une estampe citée dans la table d’origine avait été enlevée.

4.- Labb Laronce ( ’é 1733-1799), curé de Saint-Michel-de-Chavaignes dans les environs du Mans, qui a signé en haut à droite.

Cette signature est identique à celle de l’abbé LaRonce, curé de Saint-Michel-de-Chavaignes (Sarthe) que l’on peut voir dans les registres de cette paroisse principalement entre 1782 et 1792.

On peut également voir sa signature au bas de l’acte d’inhumation du curé de Coudrecieux qui eut lieu à Bouloire le 12 mai 1786, acte qui nous permet de connaître les prénoms de l’abbé LaRonce.

Jacques Noel La Ronce, curé de Saint-Michel-de-Chavaignes à l’est du Mans, baptisé à Connerré le 10 mars 1733, fils d’un maître de poste extraordinaire et marchand. Il décéda le 8 ventôse an VII (1799) à Saint-Michel-de-Chavaignes. Sa famille est originaire de l’Orne du côté paternel, et des environs du Mans du côté maternel3 .

5. - Un propritaire anonyme é qui a fait refaire la reliure au XIXe siècle en conservant l’ordre des gravures de l’ancienne reliure.

En haut du feuillet se trouve également une ancienne indication de prix du XVII e ou du XVIIIe siècle qu’il est difficile de dater plus précisément.

Quelques Beaudoux du Mans la fin du XVI à e et au XVIIe sicles è

2 On trouve également le 16 février 1605 paroisse Saint-Benoît du Mans un Julian Beaudoux époux de Geneviève Sarasin pour le baptême d’un fils, mais il s’agit probablement d’un autre personnage. 3 AD de la Sarthe, Registres paroissiaux et d’Etat-civil de Saint-Michel-de-Chavaignes (1782-1792 et 1799), Bouloire (1786) et Connerré (1733) ; AD de l’Orne, Registres paroissiaux de Bellême (SaintPierre, 1755) et Rémalard (1759); Revue du Maine, 1907, p. 182.

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Dans la seconde moitié du XVIe siècle les Beaudoux du Mans sont apparentés au célèbre sculpteur Germain Pilon qui avait épousé vers 15571558, Madeleine Beaudoux, fille d’un boulanger de Paris et dont des parents demeurent au Mans. Plusieurs documents aux Archives nationales font références à ces individus, dont :

« Vente par Germain Pilon, maître sculpteur pour le Roi, bourgeois de Paris, et Madeleine Beaudoux sa femme, à Macé et Félix Beaudoux, demeurant au Mans, absents, Jacques Roger, marchand en cette même ville, présent et stipulant pour eux, de la dixième partie en une moitié de deux petits bordages situés l'un en la paroisse de Sargé et l'autre en celle de Chemiré, aux vendeurs appartenant du propre de Madeleine Beaudoux, comme héritière de Martin Beaudoux, son oncle »4 .

Germain Pilon et Madeleine Beaudoux sont les parents de Claude-Nicole Pilon, née en 1564, mariée vers 1583 avec Nicolas Leblond, peintre, éditeur et marchand d’estampes à Paris5. De plus on peut rappeler que le père de Germain Pilon était né à Loué, petite ville située à quelques lieues du Mans6 .

Au XVIIe, on trouve des Beaudoux ou Beaudoulx, notables du Mans, des notaires, des praticiens et des religieux7 .

Il est également important de noter qu’un Beaudoux, peintre, semble avoir travaillé dans la région du Mans car il signe plusieurs tableaux conservés au Mans ou dans sa région :

- Un tableau vers 1640, conservé dans l’église de Pirmil. Ce tableau représente Sainte Catherine8 .

- Trois tableaux entre 1630 et 1639, retrouvés dans un grenier de l’Hôpital général du Mans9 .

Hors de la région et assez éloigné géographiquement il nous paraît intéressant de signaler un Robert de Baudous (vers 1575 - vers 1659), graveur et principalement éditeur d’estampes à Amsterdam et dans d’autres lieux des Pays-Bas 10. Une origine française ou des liens avec la France ne sont pas à exclure car son père Willem de Baudous11 avait séjourné en Angleterre comme beaucoup de protestants français qui y avaient trouvé asile12. De plus ce dernier s’est occupé de littérature française dont une adaptation de l’Antigone 13 de Robert Garnier, auteur décédé au Mans en 1590.

Les dates dditions des gravures compares aux informations contenues dans la table manuscrite permettent de penser que lensemble a ’éé’ t runiééé aux alentours de 1610, ou peu de temps aprs. Cet ensemble tait au XVII èé e sicle en la possession dun amateur du Mans nomm è’é Jullian Beaudoulx, qui tait peut-tre apparent des artistes ou des diteurs destampes de son temps. Des recherches plus approfondies éêéàé’ aux archives du Mans et de Paris permettraient probablement de prciser les liens de parents entre les individus cits prcdemment. Le ééééé

4 AN, MC/ET/CXXII/93, 1566, 17 janvier 1566.

5 Dictionnaire des éditeurs d’estampes à Paris sous l’ancien régime. 1987, p. 205.

6 Jal. Dictionnaire critique de biograpjie et d’histoire. 1867, p. 971.

7 Revue historique et archéologique du Maine, 1928 et 1933; Cosnard. Histoire du couvent des FF. Prêcheurs du Mans, 1219-1792. 1879; Registres paroissiaux du Mans.

8 Esnault, Dictionnaire des artistes et artisans manceaux, 1899, p. 32; Revue historique et archéologique du Maine, 1914, p. 44, le tableau est représenté (fig. 13).

9 Revue historique et archéologique du Maine, 1941, p. 19.

10 Wurzbach, Niederländisches Künstler-Lexikon, 1906, I, p. 66; Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Tweede Deel, 1912.

11 Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Derde Deel, 1914.

12 On trouve d’ailleurs des Baudoux en Angleterre dont un baptême en 1602 à Canterbury, The registers of the Wallon or Strangers' Church in Canterbury, Vol. V, part. I, p. 66.

13 Tragedie ofte treur-spel, van Edipes en Antigone. Amstersam, Marcusz, 1618.

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volume est ensuite rest entre les mains de propritaires privs de la rgion mancelle jusqu la fin du XVIII éééé’à e sicle. La conservation de ce è feuillet de table avec ses indications de provenances constitue de prcieux dtails sur la manire de collectionner des estampes au dbut du ééèé XVIIe sicle. è

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Notices compltes des è estampes 8

1.- Septem Opera Misericordiae Corporalia (ff. 1 8) à

Philips GALLE (1537 - 1612)

Septem Opera Misericordiae Corporalia [Les Sept œuvres corporelles de Miséricorde] - 1577

Burin, dessiné et gravé par Philips Galle, 256 x 192 mm. The New Hollstein (Galle) 257-264 I/II.

Série complète de huit estampes, dont un titre, illustrant les sept œuvres de Miséricorde, numérotées de 2 à 8, le titre n’étant pas numéroté. Première édition, sur deux, de Philips Galle, à Anvers, en 1577.

Premier état, sur deux, avant la suppression de la date et de l’adresse sur la planche de titre et la suppression de la numérotation sur les autres planches de la série.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : pot avec une anse). Excellent état de conservation, rares défauts marginaux : rares mouillures claires, une petite tache, un petit manque de papier à l’angle d’un feuillet.

Sur la planche de titre, Philips Galle représente au centre le Jugement Dernier, passage de la Bible au cours duquel les différentes œuvres de miséricorde sont énumérées [Mathieu 25:34-40]. Celles-ci sont illustrées par les sept planches suivantes :

- Donner à manger aux affamés (Esurientes Pascere)

- Donner à boire à ceux qui ont soif (Potum Dare Sitientibus)

- Vêtir ceux qui sont nus (Operire Nudos).

- Visiter les prisonniers (Redimere Captivos vel auxilium iis adferre).

- Assister les malades (Aegrotos Invisere)

- Accueillir les pèlerins (Hospitio Peregri nos Ecipere)

- Ensevelir les morts (Mortuos Sepeliere)

La composition de chacune des planches est semblable : au centre, Philips Galle représente une illustration concrète de la réalisation de l’œuvre de miséricorde dans la vie quotidienne du chrétien, qu’il entoure, sur les côtés, de divers épisodes tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament. Chaque planche est abondamment légendée en latin : sur les côtés notamment, deux figures bibliques, différentes pour chaque estampe, soutiennent une stèle sur laquelle sont inscrites des citations tirées de la Bible. 10

Comme l’indique Manfred Sellink dans son étude sur Philips Galle, lorsque ce dernier publie cette série en 1577, les tensions entre les idées protestantes et les idées catholiques sont vives. Catholique, Philips Galle prend parti avec cette série contre la doctrine de la prédestination, défendue par les églises réformées : lors du Jugement Dernier (planche de titre), chacun sera jugé pour la conduite morale qu’il aura eue au cours de sa vie sur Terre. Le chrétien est ainsi invité à respecter les œuvres de miséricorde pour s’assurer d’aller au Paradis. Philips Galle publie, la même année, une série en pendant dans un style semblable sur les sept œuvres spirituelles de miséricorde (TNH Galle 249-256).

Rfrence éé : Manfred Sellink, Philips Galle (1537-1612), Engraver and Print Publisher in Haarlem and Antwerp, Leyde, Université de Leyde, 1997, tome I, p. 97-98.

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2.- Decalogus cum Acerbissimis Praevaricatorum Poenis (ff. 9 19) à

Adriaen COLLAERT (c. 1560 - 1618), Jan COLLAERT II (c. 1561 - 1620), Theodoor GALLE (1571 - 1633), Crispijn de PASSE I (1564 - 1637)

Decalogus cum Acerbissimis Praevaricatorum Poenis [Les Dix commandements] - circa 1587

Burin, d’après Maarten de Vos, 214 x 244 mm (titre), 193 à 198 x 244 mm (planches 1 à 10). The New Hollstein (Collaert Dynasty) 30-38 I/II ; Hollstein (Maarten de Vos) 72-82, I/II.

Série complète de onze estampes, dont un titre et 10 planches numérotées de 1 à 10. Première édition, sur trois, de Philips Galle, à Anvers.

Premier état, sur deux, avant la suppression de l’adresse de Philips Galle sur la planche de titre et sur les deux premières planches, et avant l’ajout des commandements en légende, en haut à gauche, sur les dix planches de la série.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : armoiries avec deux fleurs-de-lys surmontées d’une couronne / contremarque au cornet). Bon état de conservation : petites taches dans le sujet à deux planches, une mouillure claire marginale. Cette deuxième série, également publiée par Philips Galle, représente les Dix Commandements [Exode 20:1-18]. Ceux-ci sont énumérés, en latin, sur les tables de la loi que tient Moïse sur la planche de titre. Quatre scènes issues de la Bible l’entourent : la dédicace du Temple par le roi Salomon, l’apparition de Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï, Jésus expulsant les marchands du Temple et l’histoire du bon Samaritain.

Les dix planches suivantes illustrent chaque commandement par un épisode tiré de l’Ancien Testament, légendé par des passages de la Bible :

- Tu nauras pas dautres dieux que moi ’’

La scène de l’adoration du Veau d’or [Ex. 32:1-24]

- Tu ninvoqueras pas en vain le nom du Seigneur ’

Le blasphémateur condamné à mort par les Israélites [Levit. 24:10-23]

- Souviens-toi du jour du Sabbat

La mise à mort de celui qui ne respecte pas le Sabbat [Nombre 15:32-36]

- Honore ton pre et ta mreèè

Sem et Japhet couvre la nudité de leur père Noé [Gen. 9:23]

- Tu ne commettras pas de meurtre

Le meurtre d’Amasa par Joab [2 Sam 20:8-10]

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- Tu ne commettras pas dadultre ’è

Le meurtre de Zimri et Cozbi par Phinehas [Nombre 25:6-8]

- Tu ne commettras pas de vol

Josué jugeant Achan [Jos.7:1-25]

- Tu ne porteras point de faux tmoignage contre ton prochain é

Daniel innocente Suzanne [Dan. 13:52-62]

- Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain

David et Bethsabée, amants [2 Sam 11:4-13]

- Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain

Ahab convoitant le vignoble de Naboth [1 Rois 21:1-3]

Maarten de Vos représente simultanément plusieurs étapes de chaque épisode. Par exemple, pour le troisième commandement, il représente au premier plan à gauche le jugement de l’homme ne respectant par le Sabbat, et au second plan, à droite, sa lapidation.

Cette série est dédiée à Liévin van der Beken, qui fut évêque d’Anvers de 1586 à 1595, dont le nom latin Laevinus Torentius apparait sur la planche de titre, sans doute à l’occasion de son ordination.

Les onze dessins préparatoires de Maarten de Vos sont aujourd’hui conservés au cabinet des dessins de la Galerie des Offices, à Florence. Sept d’entre eux sont datés « 1586 », ce qui laisse supposer à M. Sellink que cette série a été publiée aux alentours de 1587.

Rfrences éé : Manfred Sellink, Philips Galle (1537-1612) : engraver and print publisher in Haarlem and Antwerp, 1997, tome II, p. 203, note 176; Ilja M. Veldman, « The Old Testament as a Moral Code: Old Testament Stories as Exempla of the Ten Commandments », in Simiolus: Netherlands Quarterly for the History of Art, 1995, Vol. 23, n° 4, p. 232- 235.

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3.- LHistoire de Jonas (ff. 20 23) ’à

Hieronymus WIERIX (1553 - 1619), Antonius WIERIX II (c. 1555/1559 - 1604)

L’Histoire de Jonas - 1585

Burin, d’après Maarten de Vos, 193 x 252 mm. The New Hollstein (De Jode) 225 II/IV et 226-227 I/III ; Hollstein (Wierix) 53 II/IV et 54-56 I/III; Hollstein (Maarten de Vos) 158 II/V et 159-161 I/III ; Mauquoy-Hendrickx, 1995, 38 II/V et 39-41 I/III. Série complète de quatre estampes, non numérotées, illustrant quatre épisodes de l’histoire de Jonas. Première édition, sur cinq, de Gerard de Jode, à Anvers, en 1585.

Deuxième état, sur quatre, de la planche de titre avec la présence de la signature de Hieronymus Wierix et avant le remplacement de la représentation de Dieu par un tétragramme (un troisième état, pour cette planche, avait été supposé par M. Mauquoy- Hendrickx, mais il est désormais exclu) ; premier état, sur trois, des trois autres planches de la série, avant la numérotation gravée. Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : « P » gothique / contremarque difficile à identifier). Très bon état de conservation : une petite tache dans le sujet de la première planche, rares mouillures claires dans les marges.

La troisième série de ce recueil raconte, en quatre épisodes, l’histoire de Jonas, un prophète de l’Ancien Testament. Elle a été reliée dans l’ordre inverse à celui établi dans les ouvrages de référence, suivant la chronologie de la Bible.

La première planche représente Jonas recevant l’ordre de Dieu de se rendre à Ninive, pour annoncer à la ville qu’elle sera punie pour ses nombreux péchés; dans la deuxième estampe, Jonas, qui ne respecte pas l’ordre de Dieu et préfère s’enfuir, est jeté à la mer par l’équipage du bateau sur lequel il voyageait, dans l’espoir de calmer la tempête provoquée par Dieu; dans la troisième estampe, Jonas, après avoir été sauvé par un gros poisson et avoir demandé pardon à Dieu, est recraché par celui-ci sur la plage; enfin, dans la dernière estampe, Jonas est représenté devant les portes de la ville de Ninive. Furieux que la malédiction de Dieu ne se soit pas réalisée, qu’Il ait pardonné à la ville s’étant repentie, Jonas se met à l’écart.

Cette série a été utilisée par Gerard de Jode dans son Thesaurus sacrarum historiarum Veteris Testament, un recueil de plus de trois cents estampes illustrant les textes de l’Ancien Testament, publié à Anvers en 1585.

Le musée du Louvre conserve deux dessins préparatoires pour cette série, dont l’un daté « 1585 ».

Les quatre estampes ont été réalisées par les deux frères Hieronymus et Antonius Wierix, qui ont chacun signés une estampe. Les deux autres ne sont pas signées, mais le style de ces gravures atteste qu’elles ont bien été réalisées par l’un d’eux.

Une cinquième planche représentant le repentir des habitants de Ninive, sera rajoutée à la série à partir de la deuxième édition, publiée par Claes Jansz. Visscher. 18

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4.- Jonas devant les murs de Ninive (ff. 24)

Philips GALLE (1537 - 1612)

Jonas devant les murs de Ninive – 1562

Burin, d’après Maarten van Heemskerck, 152 x 261 mm. The New Hollstein (Galle) 74 I/II ; The New Hollstein (Heemskerck) 178 I/II ; Riggs 124.

Édité par Hieronymus Cock, 1562.

Premier état, sur deux, avant la suppression de l’adresse de H. Cock.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane : haute couronne). Bon état de conservation : infimes taches dans les marges.

Cette estampe, qui ne fait pas partie d’une série, a été gravée par Philips Galle, alors qu’il travaillait pour l’atelier de Hieronymus Cock, à Anvers. Elle représente l’un des passages de l’histoire du prophète Jonas, que l’on retrouve également dans la série de Maarten de Vos, présente précédemment dans le recueil. Il s’agit d’un épisode du quatrième chapitre du livre de Jonas, lorsqu’il sort de Ninive, furieux que Dieu ait pardonné aux habitants de la ville. Jonas est représenté en bas à droite, les mains jointes, sous la calebasse envoyée par Dieu, en-dessous d’un pont, avec la ville de Ninive en arrière-plan.

Maarten van Heemskerck a dessiné cette scène pour deux autres estampes : une eau-forte de Dirck Volkertsz. Coornhert (TNH Heemskerck 177) et un burin de Philips Galle (TNH Heemskerck 182). La composition de notre estampe se démarque des deux autres par la grande place accordée au paysage et à l’architecture de la ville de Ninive, et par la mise en valeur du fleuve et du pont qui le traverse.

N’ayant pas été réalisée pour s’intégrer dans une série sur l’histoire du prophète, cette estampe est plutôt une invitation à une réflexion sur la clémence et la miséricorde divine, illustrée par l’histoire de Jonas. La légende latine n’est donc pas une citation tirée de la bible, comme c’était le cas dans la série précédente, mais une maxime, sans doute rédigée par Philips Galle.

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5.- LAnnonciation, entoure de prophtes de lAncien Testament (ff. 25) ’éè’

Anonyme, d’après Cornelis CORT (1533 - 1578)

L’Annonciation, entourée de prophètes de l’Ancien Testament - début du XVIIe

Burin, d’après un burin de Cornelis Cort, lui-même d’après une fresque de Federico Zuccaro, 221 x 303 mm. The New Hollstein (De Jode) 434 état non décrit.

Impression d’un état non décrit, publié par Pierre Firens, d’une estampe initialement publiée par Gerard de Jode : la planche est réduite en hauteur avec la suppression de la partie inférieure sur laquelle se trouvait l’adresse de Gerard de Jode, l’adresse de Pierre Firens est ajoutée dans le sujet, sur un piédestal, en bas à gauche.

Belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane : « M » à l’intérieur d’un cercle), petit pli de tirage. Excellent état de conservation.

Cette édition est très rare : elle n’est pas recensée dans l’Inventaire du Fonds Français, et nous n’avons pas connaissance d’autres épreuves.

L’édition de Gérard de Jode elle-même est rare. Dans le Hollstein, elle n’est recensée que dans deux institutions : le Rijksmuseum d’Amsterdam et le musée des Beaux-Arts de Stuttgart.

Cette gravure est une copie en contrepartie, réduite et modifiée, d’une gravure réalisée par Cornelis Cort en 1571 (TNH Cort 20-22), d’après une fresque, aujourd’hui disparue, de Federico Zuccaro, pour l’église Santa Maria Annuziata de Rome. Gerard de Jode a notamment remplacé la représentation humaine de Dieu par un tétragramme, et a réduit le nombre de prophètes. Il reprend par contre les positions de la Vierge Marie, agenouillée derrière un pupitre, et de l’archange Gabriel, qui lui présente une fleur-de-lys.

Rfrence éé : Michael Bury, The Print in Italy (1550-1620), Londres, British Museum, 2001, n°74.

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6.- Les Douze aptres dans les nuages ô (ff. 26 29) à Pieter van der HEYDEN (c.1530 - 1576)

Les Douze apôtres dans les nuages - 1568

Burin, d’après Peter de Vos II, 209 x 256 à 259 mm. Hollstein (Peter de Vos II) 1-4 I/II ; Hollstein (Heyden) 21-24; Riggs 204.

Série complète de quatre estampes, représentant les douze apôtres, non numérotées. Première édition, sur deux, de Hieronymus Cock, à Anvers, en 1568.

Premier état, sur deux, avant la suppression de l’adresse de H. Cock, remplacée par celle de Philips Galle.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : « P » gothique). Très bon état de conservation : très rares taches, mouillures dans les coins des marges.

La quatrième série de ce recueil représente en quatre planches les douze apôtres, accompagnés de la prière du Crédo, écrite en latin dans des cartouches. Ces estampes ont été gravées par Pieter van der Heyden, qui signe de son monogramme « PAVE », d’après des dessins de Peter de Vos II, le frère de Maarten de Vos. Peter de Vos n’a réalisé les dessins préparatoires que de deux séries d’estampes.

Dans le recueil, les planches de la série n’ont pas été reliées dans l’ordre attendu, c’est-à-dire suivant l’ordre des versets du Credo.

Les douze apôtres sont représentés assis dans les nuages, avec leurs noms en latin inscrits au-dessus d’eux, d’une manière assez classique. Chaque saint est caractérisé par l’un de ses attributs caractéristiques, facilement identifiables.

- Saint Simon le Zélote (avec la scie), Saint Mathieu (avec l’équerre), et Saint Matthias (avec la hache).

- Saint Philippe (avec la croix), Saint Barthélémy (avec le poignard), et Saint Judas Thadée (avec la hallebarde).

- Saint Jacques le Majeur (avec le bâton de pèlerin), Saint Thomas (avec la lance), et Saint Jacques le Mineur (avec la crosse en forme de massue).

- Saint Pierre (avec les clés), Saint André (avec la croix en forme de X) et Saint Jean, (avec le calice).

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7.- Le Christ au bord du lac de Tibriade é (ff. 30)

Pieter Jalhea FURNIUS (c. 1545 - 1610)

Le Christ au bord du lac de Tibériade - avant 1585

Burin, d’après Crispijn van den Broeck, 203 x 268 mm. The New Hollstein (de Jode) 352.

Probablement première édition, sur deux, de Gérard de Jode, avant 1585.

Seul état connu.

Belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane : pot surmonté d’une croix). Bon état de conservation : une petite épidermure dans le sujet et quelques petites mouillures sur le bord des marges.

Notre épreuve provient probablement d’une première édition de cette estampe, publiée individuellement par Gerard de Jode avant d’être réunie à d’autres estampes dans une série représentant les apparitions du Christ Ressuscité pour l’intégrer dans son Thésaurus en 1585. Les estampes réunies dans cette série ont été réalisées par différents graveurs d’après différents dessinateurs. Cette estampe n’est pas signée, mais son dessin a été attribué à l’artiste Crispijn van de Broeck par Hans Mielke, et son exécution au burin à Pieter Jalhea Furnius, par Christian Schuckman, dans le New Hollstein consacré à Gerard de Jode.

Le sujet de cette estampe est la seconde pêche miraculeuse de Jésus, celle qu’il accomplit après sa résurrection, selon le vingt et unième chapitre de l’évangile selon Saint Jean. Cette représentation respecte à la lettre le texte de l’évangile [Jean 21 : 8-11] :

08 Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

09 Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.

10 Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »

11 Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons

Cette planche, placée quatrième dans la série, ne sera pas utilisée dans la réédition du Thésaurus de Claes Jansz. Visscher, en 1639, puis sera remplacée par une copie dans le même sens à partir de 1643.

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8.- Notre Dame de Lorette (ff. 31)

Thomas de LEU (1560-1612)

Notre Dame de Lorette – fin du XVIe siècle

Burin, 201 x 244 mm. IFF 91, Robert-Dumesnil 169.

Publiée par Thomas de Leu.

Seul état connu.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane non identifié). Très bon état de conservation : rares taches claires dans le sujet, mouillures claires sur le bord des marges.

Cette estampe semble très rare. Nous n’avons connaissance que d’une épreuve conservé au département des Estampes de la Bibliothèque nationale de France (Ed. 11a. fol.).

Cette estampe anonyme publiée par Thomas de Leu, est une représentation de la ville de Lorette en Italie, lieu de pèlerinage important en Europe. Jean Adhémar la décrit ainsi :

« Les noms de villes et de châteaux sont donnés en italien. On peut supposer que cette image de sanctuaire était diffusée à l’étranger avec la légende traduite en différentes langues, selon les pays. Le lieu de pèlerinage de Lorette, et l’église sur le toit de laquelle la Vierge est assise avec l’Enfant, est situé au milieu d’un grand paysage, d’inspiration flamande, en vue cavalière. La valeur de cette image est autant touristique que religieuse ».

D’après une tradition de la fin du Moyen-Âge, la maison de la Vierge aurait été miraculeusement transportée dans les airs par des anges, de Nazareth jusqu’en Italie, à Loreto, ville de la province d’Ancône. »

Rfrence éé : Georges-Henri Rivière, Jean Adhémar, Cinq siècles d’imagerie française, Paris, Musée national des Arts et Tradition Populaires, 1973, n°16, p. 22.

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9.- Typus Divinae Indulgentia atq[ue] Misericordiae (ff. 32 41) à Anonyme

Typus Divinae Indulgentia atq[ue] Misericordiae [Exemples de pêcheurs repentis dans l’Ancien et le Nouveau Testament]

Burin, d’après Maarten de Vos, 200 à 205 x 225 à 235 mm. Hollstein (De Vos) 1137 I/IV et 1138-1146 I/II.

Série complète de dix estampes, dont un titre, représentant des épisodes de la Bible sur la miséricorde divine. Numérotées à la plume et à l’encre brune dans le coin inférieur droit de la cuvette. Première édition, sur trois, de Philips Galle.

Premier état, sur quatre, de la planche de titre, et sur deux, des planches suivantes, avant la suppression de l’adresse de Philips Galle et l’ajout d’une numérotation gravée.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigranés (filigrane : main surmontée d’une fleur). Très bon état de conservation : infime trou dans le bas de l’un des sujets, rares mouillures claires sur les bords des marges.

Inscription à la plume et à l’encre brune dans la marge de la cinquième planche, à gauche : « Manassé ».

Cette série de dix estampes, dessinée par Maarten de Vos et publiée par Philips Galle, représente plusieurs passages de la Bible témoignant de la Miséricorde divine. Maarten de Vos représente, dans la planche de titre, l’allégorie du pénitent (Poenitens), guidé par la miséricorde de dieu (Misercordia Dei) et tournant le dos au péché (Peccatum), sous la forme d’un satyre.

Les estampes suivantes illustrent des passages de la Bible sur cette thématique :

- Les israélites détruisent les idoles de Baal [Juges 10:15-16]

- Le repentir de David au prophète Nathan [2 Sam. 12:13]

- Le peuple de Ninive se repends après avoir entendu la prophétie de Jonas [Jonas 3:4-9]

- Le roi Manassé enchainé dans un donjon [2 Chron. 33:11-13]

- Marie Madeleine lavant les pieds du Christ dans la maison de Simon [ Luc 7:36-50]

- Le retour du fils prodigue [Luc 15:20-22]

- Le Christ s’adressant à Zachée [Luc 19:2-5 ]

- Le repentir de Saint Pierre [ Mark 14:66-72 ]

- La joie de l’arrivée au Paradis d’un pêcheur repenti.

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Les planches ne sont pas signées, mais elles témoignent de la maitrise technique du graveur qui les a réalisées. Maarten de Vos a créé des compositions claires, malgré l’abondance des détails (vêtements, décors…). Philips Galle propose ainsi une série religieuse moralisatrice, appuyée par des compositions d’une grande qualité artistique.

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10.- Encomium Musices (ff. 42 et 44 58) à

Adriaen COLLAERT (c. 1560 - 1618), Theodoor GALLE (1571 - 1633), Encomium Musices [Ode à la musique] - circa 1590

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 236 x 285 mm (titre), 220 x 284 à 290 mm. The New Hollstein (Johannes Stradanus) 135 et 137151 seul état connu ou II/II selon les planches; The New Hollstein (The Collaert Dynasty) 473 et 475-488 seul état connu ou II/II selon les planches.

Série de seize estampes (au lieu de dix-sept : manque la planche New Hollstein, The Collaert Dynasty, 474), dont un titre, faisant l’éloge de la musique. Numérotation gravée dans la sujet de 4 à 18, accompagnée d’une numérotation à la plume et à l’encre brune, de 3 à 17, dans le coin inférieur droit de la cuvette. Éditée par Philips Galle.

Seul état connu ou deuxième état sur deux, après l’ajout de la numérotation gravée.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : armoiries surmontées d’une couronne avec deux fleur de lys / contremarque au cornet). Très bon état de conservation : quelques rousseurs et taches dans le sujet, rares mouillures sur le côté des marges, légère déchirure dans la marge inférieure de la dernière planche de la série.

Comme indiqué dans la table manuscrite à la fin du recueil, la planche manquante a été perdue avant 1752 : « il n’y a en 1752, dans ce livre que 157 estampes, la 43me étant de manque ».

Philips Galle souhaitant faire l’éloge de la musique, a commandé des dessins à Johannes Stradanus, qui représentent des scènes bibliques dans lesquelles la musique joue un rôle. Philips Galle adresse cette série aux amateurs de musique dans un texte imprimé en latin, qui accompagne parfois la série, mais qui n’est pas présent dans notre recueil.

Chaque scène biblique est accompagnée de vers latins, composés par Johannes Boghe, un secrétaire de la ville d’Anvers, qui a indiqué les passages de la bible auxquels il fait référence. Les illustrations de Stradanus sont fidèles aux saintes écritures, mais il a ajouté de nombreux instruments de musique qui ne sont pas mentionnés dans les textes.

La planche de titre de la série représente ainsi de nombreux instruments, à la fois anciens, contemporains ou issus de l’imagination de Stradanus. Les personnifications de l’harmonie (harmonia), de la mélodie (musica) et de la mesure (mensura) tiennent un livre de chœur sur lequel se trouve la partition d’un motet, « Nata et grata polo », composé par Andreas Pevernage, le maitre de chœur de la cathédrale d’Anvers.

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Les planches ont toutes été gravées par Adriaen Collaert, sauf l’Adoration des bergers, la seizième planche, qui fut gravée par le fils de Philips Galle, Theodoor. Les scènes représentées dans la suite de la série sont les suivantes :

- Le cantique de Moïse près de la mer Rouge [Ex. 15 : 1-21]

- Saul parmi les prophètes [1. Sam. 10 : 5-6]

- David jouant devant Saul [1. Sam. 16 : 14-23]

- Les femmes d’Israël chantant et dansant au retour de David [1. Sam. 18 : 6-7]

- David et son peuple dansent en ramenant l’arche de l’alliance à Jérusalem [2. Sam : 6-5]

- Les lévitiques chantent pour le retour de l’arche de l’alliance [2 chron 5 : 12-13]

- Un ménestrel jouant devant les rois d’Israël, Judah et Edom [2 Rois 3 :15]

- Le peuple de Juda se réjouissant du serment prêté au seigneur [2. Chron 15 :14-15]

- Joas consacré roi par Jehoiada [2 Chron 23 : 11-13]

- Les fondemenmple du seigneur [Esdras 3 :10]

- Les femmes d’Israël louant Judith [Judith 15]

- L’entrée dans la ville de Jérusalem [1 Macc 13 : 49 – 53]

- L’annonciation aux bergers [Luc 2 : 13-14]

- La célébration musicale d’une messe

- Représentation de Dieu le père, avec l’agneau [Apocalypse 5 : 9-11]

Les gravures reproduisent très fidèlement les dessins de Stradanus, notamment dans le rendu de la lumière. Quatorze dessins sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque royale de Belgique, à Bruxelles, et deux d’entre eux sont datés « 1589 ».

Rfrences éé : Alessandra Baroni, Manfred Sellink (dir), Stradanus (1523-1605). Court artist of the Medici, Turnhout, Brepols Publishers, 2012, p. 307-313; Ann Diels, ‘Wat d’yser can bemaelen’. Estampes des graveurs anversois Collaert (1550-1630), Bruxelles, Bibliothèque Royale de Belgique, 2005, p. 70-75.

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11.- Lhistoire de David et Saul (ff. 59 68) ’à

Anonyme

L’histoire de David et Saul

Burin, d’après Maarten van Heemskerck, 201 à 205 x 247 à 250 mm. The New Hollstein (Heemskerck) 94 II/III et 95-103, Riggs 137. Série complète de dix estampes, représentant l’histoire de David et de Saul, numérotée de 1 à 10; deuxième édition, sur quatre, de Theodoor Galle.

Deuxième état, sur trois, de la première planche, l’adresse de Cock remplacée par celle de Theodoor Galle ; seul état connu pour le reste de la série.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : armoiries surmontées d’une couronne avec deux fleur de lys / contremarque au cornet). Excellent état général de conservation : quelques salissures dans les coins des marges, rare taches dans les sujets.

Cette série, complète, fut dessinée par Maarten van Heemskerck pour l’éditeur Hieronymus Cock. Les tirages présents dans le recueil sont d’une deuxième édition, par Theodoor Galle, qui a modifié l’adresse sur la première planche. Il s’agit là encore d’une série puisant son thème dans l’Ancien Testament, puisqu’elle retrace l’histoire de David et du roi Saul, tiré du Premier Livre de Samuel. Hieronymus Cock a produit de nombreuses séries de ce genre sur des figures importantes de l’Ancien Testament.

Chaque estampe est composée de la même manière, avec au centre la scène principale, et en arrière-plan, d’autres évènements. La légende est en latin. Dans chaque planche, David est représenté avec son bâton de berger, qu’il tient dans sa main ou apposé à ses pieds. On retrouve donc :

- David consacré par Samuel

- David rapportant au roi Saul les présents de son père, Jessé

- David est envoyé par son père porter des provisions à ses frères, soldats sous les ordres du roi Saul dans la guerre contre les Philistins

- David se renseigne sur le défi lancé par Goliath

- David prend les armes devant le roi Saul

- David face à Goliath

- David tranche la tête de Goliath

- David présente la tête du géant au roi Saul

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- Les femmes dansent et chantent en l’honneur de la victoire de Saul et David

- Saul, jaloux, menace David avec un javelot

Le musée du Louvre conserve sept dessins préparatoires pour cette série, datés entre 1555 et 1556, ce qui laisse supposer que la première édition a été publiée vers 1556. Theodoor Galle a dû publier cette série au début du XVII e siècle, après la vente des planches de Hieronymus Cock par sa veuve Volcxken Diericx.

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12.- LHistoire de Lucrce (ff. 69 72) ’èà

Hendrick GOLTZIUS (1558-1617)

L’Histoire de Lucrèce - circa 1578-1579

Burin, dessiné et gravé par Hendrick Goltzius, 215 à 220 x 249 mm. The New Hollstein (Goltzius) 159 I/II et 160-162 seul état connu. Série complète de quatre estampes, représentant l’histoire de Lucrèce, numérotée de 1 à 4 à la plume et à l’encre brune, dans le coin inférieur droit de la cuvette. Première édition, sur trois, de Philips Galle, à Anvers.

Premier état, sur deux, pour la première planche avant l’ajout d’un titre et d’une signature en haut à droite ; seul état connu pour le reste de la série.

Belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : « P » gothique). Très bon état de conservation : rares taches claires dans les marges.

Publiée par Philips Galle dans les années 1578-1579, cette série est l’une des premières réalisées par le graveur Hendrick Goltzius. Il en a luimême imaginé le sujet. Deux dessins préparatoires pour cette série sont aujourd’hui conservés au musée Herzog Anton Ulrich, à Braunschweig, en Allemagne. Les estampes de notre recueil ont été numérotées à l’encre brune, dans le coin inférieur droit de la cuvette, mais l’ordre n’est pas exactement celui original de la série.

Cette série illustre l’histoire de Lucrèce, relatée par Tite-Live dans son Histoire Romaine, en quatre épisodes. Walter L. Strauss, dans son ouvrage sur Goltzius, les décrit ainsi :

- Le banquet dans la maison de Tarquin

« Pendant le siège de la ville d'Ardée par le tyrannique roi romain Tarquin le Superbe, deux de ses fils et son neveu, Collatinus, décidèrent de retourner à Rome pour faire une visite surprise à leurs épouses. Ils trouvèrent les épouses des fils de Tarquin à un splendide banquet, alors que Lucrèce, l'épouse de Collatinus, était chez elle en train de filer la laine, bien qu'il fût tard dans la nuit.

Carel van Mander admirait cette gravure parce que Goltzius, contrairement à l’usage, avait choisi de représenter ses personnages vêtus de costumes hollandais contemporains. » (traduit par nous)

- Lucrèce filant avec ses servantes

« Après avoir surpris leurs épouses lors d'un banquet somptueux, les fils de Tarquin accompagnèrent leur cousin Collatinus chez lui. Ils trouvèrent son épouse, Lucrèce, en train de filer la laine parmi ses servantes.

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Dans cette deuxième planche de la série, les cousins sont en arrière-plan, sur le point d'entrer dans la chambre. Les soldats sont représentés avec des armures antiques, ce qui contraste fortement avec la robe contemporaine de la femme » (traduit par nous)

- Le viol de Lucrèce

« Sextus Tarquin, l'un des fils du roi, fut impressionné par la vertu et la beauté de Lucrèce, l'épouse de son cousin, et il décida de retourner lui rendre visite quelques jours plus tard. Au cours de la nuit, Sextus pénètre dans la chambre de Lucrèce, qui ne se méfie de rien, avec son épée dégainée. Il oblige Lucrèce à se soumettre à lui en la menaçant si elle résiste d'égorger un esclave, qu'il prétendrait avoir tué pour venger l'honneur de son mari. Après le départ de Sextus, Lucrèce convoque son époux et son père et réclame vengeance, puis elle se poignarde à mort. Le scandale obligea le roi Tarquin à quitter Rome vers 510 avant J.-C., ce qui permit à la ville de devenir une république. » (traduit par nous)

La composition de Hendrick Goltzius s’inspire d’une gravure de Cornelis Cort, que ce dernier réalise d’après un tableau de Titien (TNH Cort 191), dont il reprend les positions de Lucrèce et de Tarquin. Hendrick Goltzius propose cependant une composition plus large, avec un format horizontal.

- Le suicide de Lucrèce

« Dans le quatrième et dernier épisode de la série, Lucrèce se plante un couteau dans le sein en présence de son père et de son époux. En arrière-plan, on aperçoit le peuple romain qui se rassemble pour venger Collatinus et Lucrèce. » (traduit par nous)

Comme le développent Huigen Leeflang and Ger Luijten dans leur ouvrage sur Goltzius, la représentation de l’histoire de Lucrèce était assez courante au XVIe siècle. En Hollande, ce sujet prend une signification particulière liée au contexte politique : Tarquin devient le symbole de la monarchie espagnole, tandis que Lucrèce est celui des Pays-Bas attaqués. Goltzius se distingue toutefois en consacrant quatre planches à son histoire alors qu’habituellement, seuls le suicide ou le viol de Lucrèce étaient représentés.

Rfrence éé : Huigen Leeflang, Ger Luijten (dir.), Hendrick Goltzius (1558-1617). Tekeningen, prenten en schilderijen, Zwolle, Waanders, 2003, p. 40-42 ; Walter L. Strauss, Hendrik Goltzius, 1558-1617 : the complete engravings and woodcuts, New York, Abaris Books, 1977, p. 54-61.

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13.- Les figures et Pourtraicts des sept aages de lHomme (ff. 73 80) ’à

ANONYME (Monogrammiste IHF ou HF) d’après Baptiste PELLERIN (mort en 1575) - Les Figures et Pourtraictz des sept Aages de l’Homme – 1579/1580

Les figures et Pourtraicts des sept aages de l’Homme – 1579/1580

Eau-forte et burin, 196 à 204 x 242 à 249 mm. Brun p. 285.

Rarissime série complète de huit planches dont un titre. Le titre ne porte pas de numérotation gravée, contrairement aux planches des sept âges : 1 : Enfance, 2 : La puerilité, 3 : Adolessance, 4 : Jeunesse, 5 : Le viril, 6 : Vieillesse, 7 : Le Caduc.

Belles épreuves imprimées sur papier vergé. Très bon état général. Le coup de planche de la page de titre est légèrement fracturé dans son angle supérieur et a été anciennement renforcé au verso. Une petite tache de couleur sur une planche, quelques mouillures claires marginales. Grandes marges (feuilles : environ 262 x 330 mm)

La planche de titre porte le titre complet suivant : Les Figures et Pourtraictz des sept Aages de l’Homme, Avec le subject sur chacun diceux, Faictz tailler et graver Par N.L.C. Sur les principaux de Feu B.P., Présentez au Roy. Elle précise également un privilège A Paris, Par permission et privillege de sa Majesté Pour X Ans, une date d’édition, 1609, et une adresse d’éditeur : A Paris chez Jean Le Clerc, rue S. Jean de Latran a la Salemandre Royalle.

La dernière planche porte en pied la mention gravée Parachevez de tailler et graver en decembre 1580. Pour Nicolas le Camus Notaire. Ce nom explique les initiales N.L.C. du commanditaire de la série qui apparaissent dans la planche de titre.

Les exemplaires de cette série étant extrêmement rares et mal décrits, il est difficile de comparer entre elles les éditions. Il semble cependant qu’il y en ait eu au moins quatre, faisant appel à au moins deux titres gravés différents.

Une première édition daterait de décembre 1580 et porterait sur la planche de titre la date de 1579 et un titre gravé conforme au nôtre. Cette édition, citée dans Baptiste Pellerin et l’art parisien de la Renaissance, p. 23, serait éditée par Nicolas Le Camus. L’unique exemplaire connu de cette édition est conservé à la Houghton Library, Harvard University. Une seconde édition porte la date de 1595 sur une planche de titre plus petite et plus sommaire, sans figures. Le titre gravé est différent : Les figures et portraicts des sept aages de l'homme. Avec les subjects par quatrains, de feu M. de Ronssart au pied de chacun d'iceulx. Taillez et gravez sur les principaulx inluminez de feu M. Baptiste Pellerin . La Bibliothèque nationale de France en conserve un exemplaire, relié dans un recueil de gravures similaire au nôtre (Paris, BnF, Impr., Rés. G 1400 (4)). Il n’y a toujours pas de nom d’éditeur autre que celui de Nicolas Le Camus dans cette édition. Une troisième édition porte la date 1601 et est éditée par Jean Le Clerc ; un exemplaire en est conservé à la BnF (Paris, BnF, Est. Td 24 in-fol). Notre exemplaire appartient à une quatrième édition, datée 1609, qui réutilise la même planche de titre que la première édition. L’éditeur mentionné dans les éditions de 1601 et de 1609 est 46

Jean Leclerc IV (1560 - 1621/1622), qui s’était établi à Paris, rue Saint-Jean-de-Latran, à la Salamandre, à partir de 1590. En 1601, la Salamandre devient la Salamandre royale.

Il est difficile d’expliquer l’existence de deux planches de titres différentes pour cette série. Dans Baptiste Pellerin et l’art parisien de la Renaissance, les auteurs écrivent qu’en 1580 Baptiste Pellerin n’était mort que depuis cinq ans et qu’ « il ne parut pas utile à l’éditeur, Nicolas Le Camus, notaire au Châtelet, d’expliciter son nom, sans doute toujours connu de tous. Quinze ans plus tard, ni Ronsard (mort le 28 décembre 1585), ni Baptiste n’étaient de ce monde. Et l’éditeur dut alors préciser leur identité. » Ceci n’explique cependant pas pourquoi les éditions de 1601 et 1609 utilisent de nouveau la première planche de titre, qui comporte de simples monogrammes.

L’auteur des gravures reste tout aussi mystérieux. Le monogramme IHF ou HF, présent sur la planche de titre de la première édition et de la nôtre, et également sur la dernière planche, n’a pas encore été identifié. Robert Brun proposait sans certitude de le lire « Hoorbe fecit » (Gillis Hoorbe ou Horbeck, actif vers 1585).

L’auteur des principaux ou principaulx inluminez, c’est-à-dire des dessins gravés par le monogrammiste IHF/HF, est en revanche connu, son nom étant explicité par la planche de titre de la seconde édition. Baptiste Pellerin, peintre et enlumineur parisien, a fait l’objet de recherches récentes afin de reconstituer sa carrière. On sait peu de choses de sa vie, sinon qu’il s’est marié en 1542, qu’il est actif à partir de la fin des années 1540 et qu’il est mort en 1575. Artiste prolifique, il a produit des dessins qui ont été déclinés par de nombreux artistes sous forme de vitraux, tapisseries, armures, jetons et médailles, orfèvrerie, joaillerie, illustrations de livres et estampes. Dans ce dernier domaine, l’examen attentif de nombreuses gravures dont le dessin était jusqu’ici attribué à Etienne Delaune a permis de rendre à Pellerin la paternité de leur invention. La conclusion de ces récentes recherches est que Pellerin « fut l’une des figures importantes de l’art parisien de la Renaissance ».

Les Figures et Pourtraictz des sept Aages de l’Homme est l’une de ses plus belles productions. Cette « série remarquable de gravures » pour reprendre les termes d’Henri Zerner (Baptiste Pellerin, p. 7) décline sept âges de la vie humaine, formalisés à partir de classifications latines élargies : l’enfance, qui dure quatre ans, et est placés sous le signe de la Lune ; la puérilité, qui dure dix ans, sous le signe de Mercure ; l’adolescence, qui dure huit ans, sous le signe de Vénus ; la jeunesse, qui dure dix-neuf ans, sous le signe du Soleil ; la virilité, qui dure quinze , sous le signe de Mars ; la vieillesse, qui dure douze ans, sous le signe de Jupiter ; la caducité enfin, sous le signe de Saturne, jusqu’à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Chaque planche détaille en son centre différentes activités représentatives de l’âge illustré, auxquelles font écho les riches décorations des encadrements.

Un dessin de Baptiste Pellerin conservé dans les collections du Musée du Louvre a été mis en rapport par Valérie Auclair avec la première planche de la série, l’Enfance.

L’attribution des vers gravés en légende à Pierre de Ronsard est contestée.

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Références : Robert Brun : Le livre français illustré de la Renaissance : étude suivie du catalogue des principaux livres à figures du XVIe siècle, 1969 ; Maxime Préaud, Marianne Grivel, Pierre Casselle, et Corinne Le Bitouzé : Dictionnaire des éditeurs d’estampes à Paris sous l’Ancien Régime, 1987 ; Marianne Grivel, Guy-Michel Leproux, Audrey Nassieu Maupas et Henri Zerner : Baptiste Pellerin et l’art parisien de la Renaissance, 2014.

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14.- Vermis Sericus (ff. 81 86) à

Karel van MALLERY (1571 - 1635)

Vermis Sericus [L’introduction du ver à soie et la production de soie en Europe] circa 1595

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus. 214 x 271 (titre), 201 à 203 x 270 à 272. The New Hollstein (Stradanus) 346-351 I/V.

Série complète de six estampes, dont un titre, représentant la production de la soie; première édition, sur six, de Philips Galle, à Anvers, vers 1595.

Premier état, sur cinq, avant la suppression de l’adresse de Philips Galle.

Très belles épreuves imprimées sur papier vergé filigranés (filigrane : armoiries surmontées d’une couronne avec deux fleur de lys / contremarque au cornet). Très bon état général de conservation : deux déchirures atteignant le sujet restaurées et renforcées sur la planche de titre et la quatrième planche, légère déchirure dans la marge de la cinquième planche, quelques mouillures claires dans les coins des marges.

Cette série, dessinée par Stradanus et gravée par Karel van Mallery, illustre en cinq planches l’introduction du ver à soie en Europe et la production de ce précieux tissu. Cette série eut un grand succès et fut réimprimée de nombreuses fois, mais les tirages présents dans notre recueil sont de la première édition de Philips Galle, datant d’environ 1595.

La planche de titre de la série, Vermis Sericus, représente les quatre âges de la vie du ver à soie, de son état de chenille à celui du papillon, en passant par la confection de son cocon.

La première planche de la série représente l’introduction du ver à soie en Europe, originaire d’Asie. Il fut introduit clandestinement par deux moines nestoriens à la demande de l’empereur Byzantin Justinien. Celui-ci est représenté au centre de l’estampe, récupérant la canne de bambou dans laquelle les vers ont été transportés.

Les planches qui suivent cette estampe historique sont plus techniques. Elles décrivent les différentes étapes de la culture du ver et de la production de la soie. La première étape est l’incubation des œufs : les ouvrières trient et choisissent les œufs, puis, pour les faire éclore, les placent dans des sachets qu’elles portent sous leurs vêtements. La deuxième étape représentée est l’installation des œufs sur des étagères ; la troisième est le nourrissage des chenilles, tout au long de la journée, avec des feuilles de mûrier. Stradanus représente, à gauche, le ramassage des feuilles de cet arbre dont se nourrissent exclusivement les vers. Enfin, la dernière estampe de la série représente le dévidage de la soie, à partir des cocons, dernière étape avant le tissage de la soie.

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Cette série, très précise, témoigne de la bonne connaissance de Stradanus sur le sujet. Elle fut commandée par Raffaele de Medicis, et dédiée par Stradanus à son épouse, Constanza Alamanni, sœur du poète Luigi Alamanni.

Rfrences éé : Alessandra Baroni (dir.), Giovanni Stradano : le più strane e belle invenzioni del mondo, Florence, Edizioni Polistampa, 2023, no.60, p. 324-327.

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15.- Mediceae Familiae Rerum feliciter Gestarum Victoriae et Triumph (ff. 87 107) à

Philips GALLE (1537 - 1612), Hendrick GOLTZIUS (1558-1617)

Mediceae Familiae Rerum feliciter Gestarum Victoriae et Triumph [L’Histoire de la famille Médicis] – 1577-1583

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 207 x 276 mm (titre), environ 212 à 220 x 277 à 295 mm. The New Hollstein (Stradanus) 352372 I/II, III (sauf 359 II/IV); The New Hollstein (Galle) 488-503 I/II ou III; The New Hollstein (Goltzius) 348-352 I/II ou III. Série complète de vingt-et-une planches, dont un titre, représentant l’histoire de la famille de Médicis. Numérotée de 1 à 21 à la plume et à l’encre brune dans le coin inférieur droit de la cuvette. Première édition, sur trois, de Philips Galle, à Anvers.

Premier état, sur deux ou trois, avant l’ajout d’une nouvelle numérotation. Le New Hollstein sur Stradanus relève un premier état, non décrit précédemment pour la septième estampe de la série Le renvoi des mercenaires suisses (TNH 359). Notre épreuve serait donc un deuxième état, sur quatre, après l’ajout du nombre « 7 » dans la marge à droite et avant l’ajout de la nouvelle numérotation. Belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : « P » gothique / contremarque au cornet accroché à un losange et à une croix). Très bon état de conservation : une petite tache dans la marge de la première planche, rares taches et rousseurs dans les sujets.

Cette série publiée par Philips Galle, d’après les dessins de Stradanus, illustre des faits d’armes de la famille de Médicis dans la première moitié du XVIe siècle. Commandée par Ferdinand Ier de Médicis, elle met en valeur son père, Cosme Ier, et son grand père, Jean de Médicis, dit Jean des Bandes Noires. Elle se compose d’une planche de titre, puis de trois séries d’estampes, possiblement crées à l’origine pour être publiées séparément, puis réunies en 1583. Commandée pour glorifier la famille de Médicis, cette série comporte quelques erreurs historiques dans sa légende en latin.

Cette série débute par un premier ensemble de huit planches, numérotées d’un à huit, dont trois gravées par Philips Galle, les autres par Hendrick Goltzius, qui est alors au début de sa carrière de graveur. Ce premier ensemble est consacré à l’histoire de Jean de Médicis, condottiere, qui a livré de nombreuses batailles, au service de différents camps :

- Jean de Médicis pendant le siège de Rome

- La défaite de Jean de Médicis à Parme

- La prise de Milan

- La dispersion de l’ennemi espagnol

- Jean de Médicis en duel

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- La rencontre avec François Ier

- Le renvoi des mercenaires suisses

- La mort de Jean de Médicis.

Un deuxième ensemble de huit estampes, gravées par Philips Galle, représente les batailles entre les villes de Florence et de Sienne, menées par Cosme Ier. Sienne sera annexée par la république de Florence après sa défaite en 1554. Les batailles représentées, dans l’ordre, sont les suivantes :

- La bataille de Porta Camolia

- La bataille de Monteriggioni

- La bataille de Labadia di Sena and St Abonda

- La bataille de Marciano

- La retraite de Pierre Strozzi

- La capture de Casulum

- La capture de Porto Ercole

- La défaite des Turcs à Plumbinum

Enfin, le troisième ensemble, comportant quatre estampes, gravées par Philips Galle, est consacré au couronnement de Côme I er de Médicis, qui fut consacré grand-duc de Toscane par le pape Pie V en 1569.

- L’entrée de Côme Ier à Rome

- Côme Ier entre dans le collège des cardinaux.

- Le couronnement de Côme Ier

- Le retour du Grand-Duc Côme Ier dans son palais

Rfrences éé : Alessandra Baroni (dir.), Giovanni Stradano : le più strane e belle invenzioni del mondo, Florence, Edizioni Polistampa, 2023, n°9, p. 160-169 ; Alessandra Baroni, Manfred Sellink (dir), Stradanus (1523-1605). Court artist of the Medici, Turnhout, Brepols Publishers, 2012, p. 286-291.

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16.- Ensemble de scnes de chasses, daprs Stradanus è’è (ff. 108 158) à

À la fin de notre recueil se trouve un ensemble de 51 estampes représentant des scènes de chasse, d’après les dessins de Jan van der Straet, dit Stradanus. Les compositions de ce dernier ont été gravées par plusieurs graveurs, et réunies dans différentes séries, publiées par trois éditeurs successifs : tout d’abord Hieronymus Cock, puis sa veuve Volcxken Diericx, et ensuite Philips Galle. Les 51 planches de notre recueil proviennent des éditions de ces deux derniers, et ont été reliées dans le désordre.

Sries publies par la maison éé AuxQuatrevents,de Volcxken Diericx :

Anonyme (Monogrammiste FLB)

Scènes de Chasses - 1574

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 219 à 225 x 298 à 304 mm (dimensions de la feuille). The New Hollstein (Stradanus) 409 I/II et 411-414 I/III ou seul état connu selon les planches.

Série de cinq estampes (au lieu de six), numérotée de 1 à 6, la 2 étant manquante. Première édition, sur trois, de la maison Aux Quatre vents, tenue par la veuve de Hieronymus Cock, en 1574, à Anvers.

Premier état, sur deux pour la première planche de la série, sur trois pour la dernière, avant le remplacement de l’adresse de la maison Aux Quatre vent par celle d’Adriaen Collaert ; seul état connu pour les autres planches de la série.

Belles épreuves imprimées sur papier vergé, collées en plein. Très bon état de conservation : rares taches claires dans le sujet.

Anonyme (Monogrammiste FLB)

Scènes de Chasses - 1576

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 212 à 217 x 294 à 300 mm (dimensions de la feuille). The New Hollstein (Stradanus) 416-420 I/III.

Série de cinq estampes (au lieu de six), numérotée de 2 à 6. Première édition, sur trois, de la maison Aux Quatre vents, tenue par la veuve de Hieronymus Cock, en 1576, à Anvers.

Premier état sur trois, avant le remplacement de l’adresse de la maison Aux Quatre vents par celle d’Adriaen Collaert.

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Belles épreuves imprimées sur papier vergé, collées en plein. Très bon état de conservation : légère déchirure dans la marge d’une planche, mouillure claire dans le sujet à plusieurs planches.

Ces deux séries représentent des scènes de chasses liées aux animaux de la forêt. On retrouve ainsi dans les planches de la première série la chasse à l’ours, au loup ou encore au cerf, et dans la deuxième série la chasse au lapin, au renard et au blaireau.

Stradanus reprend pour certaines des planches de ces deux séries des compositions qu’il avait créées pour un ensemble de tapisseries que lui avait commandé Côme Ier pour sa villa de Poggio a Caiano, en Toscane, en 1567.

Sries publies par Philips Galle éé :

Antonius WIERIX II (c. 1555/1559 - 1604)

Scènes de Chasses – circa 1596

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 210 à 217 x 282 à 286 mm. The New Hollstein (Stradanus) 426, 429, 432, 439, 440 et 441 III/III.

Six estampes issues d’une série de quarante-quatre (TNH 421-464). Troisième édition, sur trois, par Philips Galle, à Anvers, circa 1596.

Troisième état, sur trois, après le remplacement de la numérotation initiale par une nouvelle. Les planches de la troisième édition ont été renumérotées pour être réunies avec la deuxième série de chasse que publie Philips Galle (voir le commentaire ci-dessous).

Belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : double « C » entrelacés avec une croix, couronnés ; contremarque au « 4 » et à la fleur de lys). Très bon état de conservation : quelques taches claires dans le sujet.

Jan COLLAERT II (c. 1561 - 1620), Karel van MALLERY (1571 - 1635), Cornelis GALLE I (1576 - 1650), Adriaen COLLAERT (c. 1560 - 1618)

Scènes de Chasses – après 1596

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 197 à 207 x 259 à 270 mm (dimensions de la feuille). The New Hollstein (Stradanus) 467, 469, 470, 473, 474, 479, 481, 483, 488, 496, 497, 498, 500, 510, 521 I/ III ou IV selon les planches.

Quinze estampes issues d’une série de soixante-deux (TNH 465-526). Sans doute deuxième édition, sur huit, par Philips Galle, à Anvers, après 1596, après l’ajout de 29 planches non numérotées dont font partie quatre planches de ce recueil (la 1ere, la 2eme, la 3eme et la 25eme planches de l’ensemble des chasses).

Premier état, sur trois ou sur quatre, avant la modification ou l’ajout de la nouvelle numérotation. 65

Belles épreuves imprimées sur papier vergé, collées en plein. Très bon état général de conservation : rares taches claires dans les marges et les sujets, quelques mouillures claires dans les marges, infimes trous dans les sujets.

Jan COLLAERT II (c. 1561 - 1620), Cornelis GALLE I (1576 - 1650), Adriaen COLLAERT (c. 1560 - 1618)

Scènes de Chasses

Burin, d’après Jan van der Straet, dit Stradanus, 192 à 203 x 262 à 270 mm. The New Hollstein (Stradanus) 505, 506, 507, 508, 509, 510, 511, 512, 513, 514, 515, 516, 517, 518, 519, 520, 521, 522, 523, 524, 525 et 526 II/III.

Vingt-deux estampes issues de la même série de soixante-deux planches (TNH 465-526). Troisième ou quatrième édition, sur huit, par Philips Galle, à Anvers, après la réunion de sa première et de sa deuxième série des chasses.

Deuxième état, sur trois, après l’ajout d’une nouvelle numérotation et avant le remplacement de l’adresse de Philips Galle par celle de Johannes Galle.

Belles épreuves imprimées sur papier vergé filigrané (filigrane : double « C » entrelacés avec une croix, couronnés ; contremarque au « 4 » et à la fleur de lys). Très bon état de conservation : quelques taches dans les marges et le sujet, mouillures claires dans les marges, déchirure restaurée dans la marge d’une planche.

Devant le succès des scènes de chasse de Stradanus, ce dernier et Philips Galle décidèrent de collaborer pour une ambitieuse série, qui se fit en plusieurs éditions et atteignit un total de 106 estampes, dont 2 planches de titre. Un premier ensemble de 44 estampes fut publié dans les années 1578-1580, puis un second, en 1596, composé de 62 estampes.

Dans notre recueil se côtoient et se mélangent ces deux séries et leurs différentes éditions. On retrouve donc un ensemble de planches du premier état de la deuxième série des Scènes de Chasse, issues probablement d’une deuxième édition. Puis se trouve un ensemble de planches qui semblent être de la troisième ou de la quatrième édition de la deuxième série, en pleine marge, contrairement aux autres scènes de chasse de notre recueil, collées en plein. Cet ensemble se compose de planches de la première série de Philips Galle, qui furent renumérotées afin d’être réunies avec la deuxième série, et de planches de cette deuxième série, du deuxième état.

Les estampes publiées par Philips Galle se différencient de celle publiées avant lui par Hieronymus Cock et sa veuve, par la grande variété des scènes de chasses représentées. On retrouve ainsi des chasses d’animaux marins, d’oiseaux, d’animaux exotiques tels que la chasse au lion, à l’éléphant ou encore au singe, voire même la chasse d’animaux légendaires avec la représentation de la chasse à la licorne. Stradanus a également représenté des scènes et des personnages historiques, tels qu’Hannibal ou Alexandre le Grand, et des scènes se déroulant en dehors de l’Europe, par exemple en Éthiopie. Enfin, on retrouve également des scènes de combat entre animaux.

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Rfrence éé : Alessandra Baroni, Manfred Sellink (dir), Stradanus (1523-1605). Court artist of the Medici, Turnhout, Brepols Publishers, 2012, p. 245-260.

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Sarah Sauvin

Mars 2024

Pour ce catalogue nous remercions Ophélie Peyrard qui a rédigé l’introduction et réalisé la description de toutes les estampes à l’exception :

- de la transcription de la table et des recherches sur les provenances qui ont été effectuées par Christophe Hüe

- de la série des Sept aages de l’hommes (n°13) qui a été décrite par Sarah Sauvin

sarah-sauvin.com

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