BERN1 5r 7
Passé le moment de surprise, tu t’es employé alors à faire montre d’un entrain que ne lassaient ni ne rebutaient, en apparence, une succession de cinq danses...(tu as commencé à les compter à partir de la troisième), cinq danses sans trêve, sans repos, sans répit pour le début de crampe qui, par moments, tétanisait ton pied droit. Tu te livreais avec elle, gage objectif de bonne humeur, à ces pitreries que tu attribues - une de tes rengaines - au patrimoine immémorial des fils d’Afrique qui se réactiverait chaque fois que ces derniers agissent sous le signe chorégraphique de la déesse Secousse : coups de fesses bien rebondies administrés par un déhanchement rythmique, heurts d’épaules, bras à demi repliés autour d’une prise imaginaire. C’est à croire, as-tu bredouillé, avec un zeste d’exaspération, que la réserve de bonne musique (c’est indiscutablement aux rythmes afro-quelque chose, que tu pensais) est épuisée, car, depuis belle drive, le disc-jockey n’avait de goût (et d’oreilles !) que pour une musique disco que tu trouvais des plus insipides mais qui, imprévument coupée par des stridulations nasillardes, a soudain jeté la foule, Sandia la première, dans une manière de karaoké agrémentée de sautillements unijambistes. Harcelé par ta crampe du pied droit, tu as apprécié l’aubaine. Te voilà, à ton tour, lancé dans la gigue unijambiste, mettant au travail ton pied gauche. Tu espérais de la sorte procurer un peu de repos à l’autre. Mais l’idiot, il en a profité pour se contorsionner de plus belle, t’extorquant une grimace que, bon prince, tu as prolongé en un succédané de sourire de circonstance aussi interminable que ce fichu morceau, que cette foutue soirée. (Est-ce que par mes mots, je te paraîtrai me tromper