art plastique | beeldende kunst
Didier Mahieu
‘Mon art est subliminal, contemplatif, vaporeux...’ Observer le travail de Didier Mahieu, c’est comme jeter une grosse pierre dans un étang. Le ‘plouf’ caractéristique résonne en tête, mais ensuite, les vagues se propagent en s’estompant jusqu’au retour à une surface lisse comme un miroir. Mahieu exerce l’art de l’archéologie inversée, l’archéologie des émotions. En utilisant différents supports, des techniques variées et de préférence une association de celles-ci. Portrait d’un artiste subliminal. Le conflit entre lourdeur et légèreté est l’une des oppositions les plus mystérieuses et les plus équivoques d’entre toutes. C’est du moins ce que déclare Milan Kundera dans L’insoutenable légèreté de l’être. Il aurait pu parler de l’œuvre de Didier Mahieu, car légèreté et lourdeur en sont les principales composantes. Une œuvre qui prend directement à la gorge.
‘Ik maak subliminale kunst, omfloerst en contemplatief…’ Werk van Didier Mahieu bekijken, is als een steen in een plas water keilen. De plons van herkenning echoot meteen door je hoofd, om vervolgens, zoals de golven uitdeinen, helemaal te vervagen in een rimpelloze waterspiegel. Mahieu beoefent de kunst van de omgekeerde archeologie. Archeologie van de emotie. Via verschillende media, met verschillende technieken en bij voorkeur meerlagig. Een portret van de subliminale kunstenaar. Zeker is alleen dit: de tegenstelling zwaarte –lichtheid is de geheimzinnigste en dubbelzinnigste van alle tegenstellingen. ISEL 21 | 19
isel 21 | Didier Mahieu TEKST | TEXTE: christophe De Schauvre FOTO | PHOTO: isabelle pateer
L’artiste m’a reçu à l’Institut Supérieur pour l’Étude du langage plastique, l’ISELP à Bruxelles. Il y mettait la dernière main à l’exposition dont l’ouverture officielle avait lieu le lendemain. C’est surprenant comme certains détails, fruits d’une coïncidence, peuvent sembler aller de soi. Le contexte dans lequel s’est déroulée cette interview épouse en effet étroitement l’expression empreinte de mystère de Mahieu. Mes connaissances du français (l’auteur étant néerlandophone, cet entretien a été rédigé en néerlandais puis traduit en français, ndlr) sont largement suffisantes pour des vacances dans le Midi, tant que l’on n’aborde pas l’art et encore moins l’engagement sociopolitique de l’art contemporain. Je confesse par ailleurs que ma façon d’interviewer mon interlocuteur en français a dû lui sembler quelque peu étrange, transcodée, voire surréaliste. Mais bon, l’artiste hennuyer, incarnation de l’humilité, s’est chaque fois efforcé de me faire préciser ma pensée. On peut pourtant affirmer que Mahieu s’est complu dans ce subtil univers de la traduction des mots et du raisonnement. En effet, une structure multistrates, avec une aliénation certaine des éléments, fait partie intégrante de son travail. La langue comme reflet des émotions... Soupir d’étonnement Pour faire plus ample connaissance, Mahieu m’emmène dans la galerie ISELP pour me présenter une série de toiles d’apparence classique. ‘À première vue, ces toiles font référence à l’art classique, la preuve par le sujet, un paysage idyllique’, déclare-t-il. ‘Mais à y regarder de plus près, vous constaterez avec surprise qu’une peau de poisson est tendue sur le cadre’. Le poisson, les femmes et les arbres sont les trois motifs pivots de cette exposition. Un peu plus loin, des images singulières sont projetées au mur. ‘J’ai retrouvé ces fragments dans les archives poussiéreuses d’une ancienne salle de cinéma de l’île de Bendor, dans le Sud de la France. Ce que vous voyez, ce sont les quelques secondes qui précèdent le moment où un clap annonce le début de l’enregistrement. Deux dames, une aux cheveux blonds, l’autre à la coiffure plus foncée, sont assises et regardent, anxieuses, l’air tendu. Les yeux du spectateur cherchent des détails, comme leurs mains par exemple, qui sont presque aussi expressives que des visages. À table, le poisson est servi, l’ensemble donne l’impression d’une toile classique représentant un paysage et quelques personnes de la vie quotidienne. Une femme est assise, elle souffle juste quelques instants avant de lire son texte.’ Mahieu, à cette minute, se glisse dans la peau de l’enseignant - qu’il est aussi. D’un pas agile, il poursuit. Il me voit hésiter à fouler les dessins étendus à même le sol. ‘Si si, suivez-moi, n’ayez pas peur, c’est le but’, plaisante l’artiste. Le concept de cross-over prend soudainement une nouvelle signification dans mon esprit. Les idées, dessins, objets et émotions sont ici représentés comme sur un site archéologique. Lorsque nous nous attablons, une demi-heure plus tard, j’essaie de l’amener à me parler de ses débuts. ‘On pourrait dire que c’est une histoire de famille très personnelle qui m’a poussé vers les arts plastiques’, commence l’artiste, un Borain né à Jemappes. ‘Mon père était directeur d’école - et agent d’assurances après ses heures. Comme mes parents étaient constamment très occupés, j’ai été principalement élevé par mes grands-parents, en particulier mon grand-père, agent de police à Saint-Ghislain. Nous étions très complices. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il avait rejoint la Résistance et s’efforçait, en qualité d’agent de police,
Zo schrijft Milan Kundera in De ondraaglijke lichtheid van het bestaan. Kundera had het over het oeuvre van Didier Mahieu kunnen hebben, want zwaarte en lichtheid bepalen het coloriet in zijn werk. Werk dat je meteen naar de keel grijpt. De kunstenaar ontvangt me in het Brusselse Institut supérieur pour l’étude du langage plastique, kortweg ISELP. Hij legt er de laatste hand aan zijn expositie die de dag erna officieel zal openen. Opvallend hoe details soms wonderlijk kunnen samenvallen. Bevreemdend zelfs. De context waarin dit interview tot stand kwam, leunt immers nauw aan bij de raadselachtige vormtaal van Mahieu. Het Frans van steller dezes, moet je weten, is een zomeridioom en perfect voor vakanties, wanneer er over kunst niet meteen gepraat wordt. Laat staan over socio-politiek engagement in de hedendaagse kunst, noch over L’humanité perdu van filosoof Alain Finkielkraut of de Chinese vorm van onthaasting volgens sinoloog François Julien. Ik ben dan ook niet te beroerd om te bekennen dat mijn vraagstelling bij momenten wellicht cryptisch, misschien zelfs licht surrealistisch was. Maar goed. Mahieu, de beminnelijkheid zelve, wist de mist steeds te doen opklaren. Bijkomende merkwaardigheid is dat dit interview een Franse vertaling meekrijgt. De nevel van het gesprek is de neerslag van de gedachtegang. Toch kan je er donder op zeggen dat Mahieu dit gegeven van Lost in Translation inspirerend en treffend zal vinden. Een meerlagige structuur en de daarmee gepaard gaande bevreemding is immers aan zijn werk verwant. De taal als schubben van de emotie… Zucht van bevreemding Mahieu troont me bij wijze van kennismaking mee naar de ISELPgalerij om me een reeks klassiek aandoende schilderijen te tonen. ‘Deze refereren inderdaad aan de klassieke schilderkunst met het idyllisch landschapje als onderwerp’, zegt hij. ‘Maar als je dichterbij komt, zie je dat er een vishuid over het canvas is gespannen.’ Vis, vrouwen en een boom zijn de drie motieven die in deze tentoonstelling zijn verwerkt. Verderop wordt er een bevreemdend tafereel op een wand geprojecteerd. ‘Dat fragment heb ik opgediept uit een archief van een oude cinemazaal op het Zuid-Franse eiland Bendor. Wat je ziet, zijn de luttele seconden die voorafgaan aan het moment waarop de filmklap de opname van de take aankondigt. Twee vrouwen –een blonde en een donkere– zitten enigszins onbehaaglijk te kijken. De blik van de toeschouwer dwaalt af naar details zoals hun handen die bijna gebaren worden. De opgediende vis op de tafel ligt opengesperd en openbaart zich als een klassiek geschilderd landschap. Een vrouw slaakt een zucht, het moment van heel even ademhalen voordat ze haar tekst zal uitspreken.’ Mahieu doceert. Op zijn witte All Stars en met licht verende tred loopt hij verder. Het begrip cross over krijgt er plotsklaps een nieuwe lading bij. ‘Geen probleem, kom maar. Dat is de bedoeling’, lacht de kunstenaar als hij me ziet aarzelen om over zijn op de grond uitgespreide tekeningen te lopen. De ideeën, tekeningen, objecten en emoties worden hier echt opgevat als was het een archeologische site. Als we niet veel later aan een tafeltje aanschuiven, probeer ik te vissen naar het begin van zijn kunstenaarsschap. ‘Je zou kunnen stellen dat een persoonlijke familiegeschiedenis me in de richting van de plastische kunsten heeft geduwd’, begint de in Jemappes geboren kunstenaar. ‘Mijn ouders waren drukbezette mensen. Mijn vader was een schooldirecteur die na zijn uren ook nog eens als verzekeringsagent werkte. ISEL 21 | 21
‘L’arbre’, 2004-2007 Encre de Chine sur papier baryté (2x) Installation in situ à l’Iselp, Bruxelles 2007 120x280 cm © Florian Mahieu
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‘manipulation’, 2006, installation de 4 000 pièces de plâtre lithographiées
de fournir aux Allemands des informations erronées. Mais il n’en a jamais soufflé mot et personne, pas même moi, ne l’a su avant sa mort. Il m’avait légué un beau meuble avec de nombreux documents qui me permirent de fouiller plus avant dans ce passé mystérieux.’ Mahieu y découvrit de nombreux documents officiels, des informations secrètes, des descriptions de personnes. Emporté par son imagination, il commença à reconstruire ce pan d’histoire. ‘C’était comme essayer de reconstituer un portrait-robot sur base de descriptions, mais aussi de mon apport personnel. Cela a débouché sur la série de portraits Anna Spiegelman, du nom d’une femme juive embarquée par les Allemands. Elle fut libérée plus tard, mais personne n’en a jamais retrouvé trace...’ Cette série illustre à merveille la méthode de Didier Mahieu. Son travail s’apparente à des bocaux de fantaisie remplis de faits historiques. Décrits en termes de romantisme, poésie et mystique. S’il s’y retrouve? ‘Le romantisme, oui, du moins si l’on se raccroche au romantisme d’un Delacroix par exemple. Ce n’est pas le romantisme dans le sens de douceur, mais bien celui de la résignation. Quelque chose pour laquelle il faut se battre. J’aime l’art subliminal qui nous fait découvrir de nouvelles choses, sous le seuil de la conscience. Vous savez, notre monde est envahi par des choses trop vives, trop directes. L’art aussi. Prenez le cas des clichés d’un photographe comme Oliviero Toscani pour Benetton ou l’œuvre de Jota castro qui représente des chefs d’État comme Bush et Blair. C’est presque des instantanés. Leur engagement est louable, pas de doutes, mais il me semble trop simple pour faire passer le message au public.
Omdat mijn ouders altijd bezig waren, verbleef ik overwegend bij mijn grootouders. Vooral met mijn grootvader, die politieagent was in Saint-Ghislain, had ik een bijzonder hechte band. Het verhaal wil dat hij tijdens de Tweede Wereldoorlog in het verzet zat en als politieagent foute informatie doorspeelde aan de Duitsers. Nooit heeft hij daarover gepraat, niemand wist hiervan tot na zijn dood. Hij liet me een meubelstuk na en daarin vond ik allerlei documenten terug die me toegang gaven tot dat verborgen verleden.’ Mahieu trof tal van officiële documenten, achtergehouden informatie, persoonsomschrijvingen ook. Meegevoerd door zijn fantasie begon hij deze geschiedenis te reconstrueren. ‘Het was zoals een robotfoto creëren op basis van deze omschrijvingen, maar ook door mijn persoonlijke invulling. Het leidde tot de reeks Anna Spiegelman-portretten, naar een Joodse vrouw die opgepakt was door de Duitsers. Hoewel ze opnieuw vrijgelaten werd, is er nooit meer een spoor van haar teruggevonden.’ Deze Anna Spiegelman-reeks is exemplarisch voor de aanpak die Mahieu voorstaat. Zijn werk zijn weckpotten van de fantasie weliswaar met feiten gevuld. Dát steevast omschreven in termen van romantisch, poëtisch en zelfs mystiek. Of hij zich daarin kan vinden? ‘Romantisch ja, ten minste als men daarmee de romantiek van een Delacroix bedoelt. Het is niet romantisch in de zeemzoeterige zin van het woord, maar met een lijdzame kant. Iets waarvoor gevochten en gestreden moet worden. Ik hou van de subliminale kunst waarbij je onder de drempel van je bewustzijn nieuwe dingen ontdekt. Vandaag de dag heerst er al zoveel directheid. Ook in de kunst. ISEL 21 | 23
‘Portrait d’Ève’, 2007, Photographie de dessin sur aluminium, 90x120 cm
Non, je préfère l’art contemplatif, vaporeux, nébuleux. Poétique et mystique.’ Il en connaît un bout La façon dont Didier Mahieu étaye son raisonnement confirme son expérience d’enseignant. Depuis 1999, il est en effet professeur titulaire à l’atelier de peinture de la Haute École d’Art ESAPV de Mons. ‘Responsable laboratoire’, se qualifie-t-il volontiers. ‘Chaque étudiant doit rechercher lui-même sa voie et développer son propre langage. Mon rôle, ce n’est rien d’autre que parler, discuter, les stimuler.’ Sa méthode pédagogique trahit pourtant une immense passion pour le métier et les traces de son évolution personnelle et artistique. ‘Je dois beaucoup à Willy Van de Bussche, surtout en ce qui concerne l’exposition. J’ai eu avec lui des conversations vraiment captivantes. Mais de vrais guides durant ma formation, non, je ne pense pas. Ah si, lors d’une année complémentaire à Salzbourg, à la Sommerakademie für Bilden Kunst (Académie d’Été des Beaux-Arts, ndlr). Jim Dine, l’artiste américain, y donnait cours. Il m’a appris à réfléchir d’une toute autre façon mais aussi à me distancier de mon propre travail...’ Jim Dine, rattaché bien contre son gré au mouvement pop art mais qui affiche une nette préférence pour le dada et le surréalisme, ajoute souvent des objets à ses peintures. Des objets, affirme la légende, qu’il allait chercher dans la quincaillerie de son grand-père.
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Neem de beelden van een fotograaf als Oliviero Toscani voor Benetton of de werken van Jota Castro die regeringsleiders als Bush en Blair in een olievat stopt. Dat is bijna instant. Ongeacht het lovenswaardige engagement dat ze ermee betonen, is het me te eenvoudig om je boodschap zo onomwonden op de kijker los te laten. Nee, dan liever omfloerste contemplatieve kunst. Poëtisch. Mystiek.’ Pappenheimers De manier waarop Mahieu zijn gedachten verwoordt of zijn visie onderbouwt, verraadt zijn ervaring als docent. Sinds 1999 is hij professor-titularis van het schildersatelier van de kunsthogeschool ESAPV in Bergen. Laboratoriumverantwoordelijke noemt hij het zelf. ‘Het is aan de studenten om hun weg te zoeken en een persoonlijke taal te ontwikkelen. En mijn rol? Met hen praten, discussiëren, hen stimuleren.’ Zijn pedagogische aanpak verraadt ook veel liefde voor het vak en vertoont duidelijke sporen van zijn persoonlijke en artistieke ontwikkelingsproces. ‘Aan Willy Van de Bussche heb ik veel te danken, vooral dan wat exposeren betreft. Met hem heb ik interessante en prikkelende gesprekken. Maar echte mentors tijdens mijn opleiding? Nee, die heb ik niet meteen gehad. Wel tijdens mijn extra jaar aan de Sommerakademie für Bilden Kunst van Salsburg. Jim Dine, de Amerikaanse kunstenaar, gaf er les.
‘Sans titre’, 2007, Photographie sur aluminium, 90x120 cm © Didier Mahieu
Ce mélange de dessins et de toiles, ce choix conscient de supports mixtes, on les retrouve aussi chez Mahieu. À la triennale artistique de Beaufort, on lui doit par exemple une intervention interactive dans une maison délabrée, mais il n’hésite pas non plus à présenter des compositions musicales à la John Cage, à matérialiser ‘l’odeur du paradis’ (en collaboration avec Agnes Costa de la fabrique de parfum Fragonard à Grasse), à travailler sur des parchemins ou à réaliser un montage à partir de ses propres photos. Mais ce qui, en fin de compte, se révèle déterminant dans le choix du support, même Didier Mahieu peut difficilement l’expliquer... ‘Mon œuvre prend forme petit à petit. Je recherche perpétuellement à aboutir à une sorte de synthèse de souvenirs, de traces du passé, de mes pensées et de ma fantaisie. Je me suis lancé dans la photographie lorsqu’un enseignant a un jour qualifié mes dessins de bien faits. Qu’est-ce que cela signifie? Eh bien, que ce n’est pas parfait. Qu’il manque quelque chose. J’ai donc décidé de faire évoluer mes propres travaux et de les photographier. Par exemple, dissoudre des dessins dans l’eau ou les faire brûler, en saisissant leur évolution rapide sur la pellicule sensible.‘ (Rires) Comme un photographe de guerre faisant un compte rendu au front? ‘Oui, c’est à peu près ça. En tant qu’artiste, je me considère plutôt comme reporter. Je fais un rapport de mon propre travail. Cette distance, inhérente à la photographie, apporte de la profondeur. Le procédé technique par lequel, d’une pression sur un bouton,
Hij heeft me op een heel ander manier leren denken, en me laten loskomen van mijn eigen werken...’ Jim Dine, die tegen zijn eigen wil tot de popartbeweging werd gerekend, heeft een duidelijke voorkeur voor dada en surrealisme, en voegde vaak objecten toe aan zijn schilderijen. Objecten die hij volgens de legende ging halen in de ijzerwarenhandel van zijn opa. Dat samplen en mengen van objecten met tekeningen en schilderijen, de weloverwogen keuze voor mixed media is ook bij Mahieu aan de hand. Zo pakte hij op de kunsttriënnale Beaufort uit met een interactieve artistieke interventie in een vervallen huis, maar net zo goed speelt hij John Cage-achtige muziekcomposities, construeert hij in samenwerking met Agnes Costa van de parfumfabriek Fragonard in Grasse de geur van het paradijs, werkt hij met perkamentachtig papier, of gaat hij aan de slag met zelfgenomen foto’s. Wat uiteindelijk de keuze bepaalt voor het medium, kan Mahieu moeilijk verklaren. ‘Mijn werk komt gaandeweg tot stand. Ik zoek daarbij telkens naar een soort synthese van herinneringen, sporen uit het leven, uit mijn gedachten, mijn fantasie. Met de fotografie ben ik begonnen toen een leerkracht mijn tekeningen omschreef als goed gemaakt. Maar wat betekent dat? Dat het niet goed genoeg is. Dat er iets ontbreekt. Na tal van experimenten ben ik bij het fototoestel uitgekomen. Ik besloot mijn eigen werken te gaan fotograferen terwijl ze transformeren. Ik liet tekeningen in water oplossen of ik liet ze opbranden, en ondertussen maakte ik er foto’s van.’ (lacht)
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vous captez la lumière sur le film et fixez de la sorte une image, est vraiment fascinant. L’histoire devient image et c’est cette image que je réintègre dans un nouveau récit.’ Londres-Stambruges Ces paroles me rappellent une réflexion d’un artiste photographe surréaliste, Man Ray, qui prétendait photographier les choses qu’il ne voulait pas peindre et peindre celles qu’il ne pouvait photographier. Chez Didier Mahieu, la symbiose est encore plus totale. Une des œuvres exposées à l’ISELP présente un arbre. Un arbre universel cependant, car composé de branches de l’ensemble de la planète. ‘Ce qui m’attire, c’est l’art avec un grand A,’ déclare-t-il soudainement, ‘ou si vous préférez: les tentatives d’expliquer ce qui reste inexplicable. L’art nous laisse des marges de manœuvre pour supposer des choses que l’on ne perçoit pas directement. Son caractère subliminal, c’est d’après moi ce qu’il y a de plus beau, car propre à l’homme, et donc très personnel.’ Nous glissons sur le sujet de la scène artistique contemporaine et de la complexité –parfois élevée au rang d’art– qui semble être devenue la norme. Didier Mahieu se cabre, en étayant ces arguments d’un peu de philosophie. ‘Je me garde bien de propager cette complexité. D’accord, il existe un art primaire, directement perceptible, et pour lequel j’ai beaucoup de sentiments. Le travail de l’artiste danois Olafur Eliasson par exemple, qui parvient, avec son Weather Project, à simuler le soleil dans la Tate Modern. Fantastique! C’est une expérience sensorielle directe, qui suscite tant de questions.’ Notre interlocuteur réside à Londres, une métropole qu’il dit captivante, source d’inspiration permanente mais, paradoxalement, ne crée que dans son atelier de Stambruges, une petite localité rurale entre Tournai et Mons. Il est pourtant en pleine préparation d’un projet au cœur financier de la City. ‘Il s’agit d’un pont en or permettant aux hommes d’affaires de se rendre au travail. Il y a un requin en argent, un clin d’œil aux ‘requins’ qui peuplent le monde des affaires – avec une webcam dans la gueule, pour saisir les passants sur le vif. Parmi ces photos, l’une d’entre elles sera publiée chaque jour dans le quotidien The Economist.’ Le ton empreint de mystère de l’artiste hennuyer ne cache pas un léger soupçon de fierté. À raison d’ailleurs, car il poursuit de façon résolue son œuvre monumentale axée sur le dialogue avec le spectateur. Un spectateur attiré, attisé même, par la curiosité du monde et qui remet en question sa propre identité...
Didier Mahieu °1961
Zoals een oorlogsfotograaf verslag uit brengt? ‘Vergelijkbaar ja. Als kunstenaar zie ik mezelf als een reporter. Al breng ik verslag uit van mijn eigen werk. Die afstand, inherent aan de fotografie, zorgt voor meer diepgang. Het technische procedé waarbij je met één druk op de knop licht op de film laat vallen en daarmee een beeld vastlegt, is fascinerend. Het verhaal wordt een beeld en dat beeld integreer ik vervolgens in een nieuw verhaal.’ Londen-Stambruges Ik moet denken aan een uitspraak van de surrealistisch kunstenaarfotograaf Man Ray die zei dat hij net die dingen fotografeerde die hij niet wilde schilderen en de dingen schilderde die hij niet kon fotograferen. Dan is het bij Didier Mahieu symbiotischer. Eén van de werken geëxposeerd in ISELP toont een boom. De universele boom want geknutseld uit takjes van over de hele wereld. ‘Wat mij zo aantrekt in de kunst met grote K,’ zegt hij plots, ‘dat zijn de pogingen om het onuitlegbare toch uit te leggen. Kunst laat ons ruimte om dingen te veronderstellen die je niet rechtstreeks waarneemt. Het subliminale karakter ervan vind ik het mooiste wat er is, want eigen aan de mens en dus persoonlijk.’ We hebben het over de hedendaagse kunstscène en de soms tot kunst verheven complexiteit die vandaag de dag zo bon ton is. Mahieu pareert, argumenteert en filosofeert. ‘Ik propageer de complexiteit niet. Er bestaat heel wat primaire, direct waarneembare kunst waar ik heel veel voor voel. Het werk van de Deense kunstenaar Olafur Eliasson bijvoorbeeld, die er met zijn Weather Project in slaagt de zon te simuleren in het Tate Modern, dat is een directe zintuiglijke –maar daarom niet minder vraagroepende– ervaring. Fantastisch.’ Mahieu woont in Londen, vindt het een inspirerende stad. Creëren doet hij enkel in zijn atelier in Stambruges nabij Doornik. Bovendien is hij in volle voorbereiding voor een project in het financiële hart van Londen. ‘Het gaat om een gouden brug die het mogelijk maakt voor zakenmensen om van en naar het werk te gaan. Daarnaast komt ook een zilveren haai naar analogie met de sharks uit het zakenleven en in de bek van de haai komt een webcam die dagelijks foto’s zal maken van de mensen die de brug oversteken. En elke dag zal er een foto verschijnen in The Economist.’ Mahieu zegt het op samenzweerderige toon en met lichte trots. Terecht, want hij bouwt immers vastberaden verder aan een imposant oeuvre dat geënt is op de dialoog met de toeschouwer. De toeschouwer die gedreven door nieuwsgierigheid de wereld en de eigen identiteit in vraag stelt…
Indivduele tentoonstellingen (selectie) 2007
École supérieure des Arts Plastiques et Visuels de l’état à Mons (ESAPVE), 1987 Studiebeurs voor de Internationale Sommerakademie für Bilden Kunst, Salzburg, 1987 Administrateur UNESCO, service Arts Plastiques Prix International Princesse Grace uitgereikt door de Fondation Prince Pierre de Monaco naar aanleiding van de Grand Prix international d’Art contemporain, Monaco, 1993 Sinds 1999, professor-titularis van het schildersatelier van het École supérieure des Arts Plastiques et Visuels de la Communauté française à Mons (ESAPV) 28 | ISEL 21
2006 2005 2004 2003
Fondation Ricard, commande privée d’une installation publique, île de Bandor (FR), en face de Bandol /Jacqueline Morabito, La Colle-sur-Loup (FR) Think Tank/Une journée ailleurs, Chelsea Art Museum, New York (US) / Cycle 4, Galerie Pascal Retelet, Bruxelles Une journée ailleurs/Think Tank, PMMK - Provinciaal Museum voor Moderne Kunst, Oostende Cycle 3: instrument du désir, Galerie Pascal Retelet, Bruxelles / Maison Charles Jourdan, Marunoschi building, Tokyo (JP) / L’Embarcadère, Montceau-les-Mines (FR) Grüsenmeyer gallery, Deurne / Cycle 2: saprophyte, Galerie Pascal Retelet, Bruxelles / Centre culturel de Metz, Metz (FR)
‘Sans titre’ (détail), 2007, video projection sur toile peinte, installation in situ à l’iselp, bruxelles 2007
EXPOSITION ISELP Du 5 octobre au 1er décembre 07 Bruxelles Grande salle Didier Mahieu, Eve’s’ Phase I: le complot Au départ d’une séquence d’un film des années ‘50, trouvée par hasard dans une salle de projection désaffectée, Didier Mahieu crée un imaginaire surgissant véritablement de la pellicule pour se déployer sur différents supports : le dessin, l’animation, la photographie, l’installation, la vidéo. www.iselp.be
Installation, 2003 (détail) Fusain sur plâtre Installation in situ à l’Iselp, Bruxelles 2007 © Pépite photography/jjs
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