leNSSEIGNANT ’
L’école libératrice
Le magazine du Syndicat des Enseignants-Unsa
février 2012
n°153
CPPAP n° 0214 S 06771 - ISSN N° 1241 - 039 X
Pas de hiérarchie des civilisations
Dossier : Des moyens, oui ! Mais pour quoi faire ? Interview François Dubet
Ciné
N
OTRE OPÉRATION CINÉMA AUTOUR DU FILM DETACHMENT a rencontré
SITUATION PERSONNELLE
SITUATION ADMINISTRATIVE
❑ Nouvel adhérent
❑ Actif ❑ Retraité
Nom : ............................................................................................. Prénom : .................................................................................... Nom de jeune fille : ...................................................................................... Né(e) le : ..................................................................... Adresse personnelle : .......................................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................................. Adresse de l’établissement d’exercice : ............................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................................................................. Téléphone : .............................................................................. Portable : ........................................................................................ Adresse mél : ...................................................................................................................................................................................... TITULAIRE : ❑ Premier degré Spécialité (directeur, Zil, ASH, EMF…) : ................................. ❍ Professeur des écoles Instituteur ❑ Second degré Discipline : ................................................................................ ❍ Certifié PLP ❍ Agrégé ❍ Bi-admissible ❍ AE ❍ CE PEGC ❍ CE d’EPS ❍ PEPS ❍ CPE ❍ DCIO ❍ Autre (préciser) : ....................................... NON-TITULAIRE : ❑ Enseignant, CE, CPE (précisez) : ........................ ❍ Vacataire ❑ Autres (AED…) (précisez les fonctions) : ........................
❍ Contractuel
DÉBUT DE CARRIÈRE : ❑ Étudiant (M1, M2) ❑ Stagiaire : ❍ PE ❍ Certifié ❑ Suppléant
❍ PEPS
❍ Cop
❍ CPE
❍ PLP
❍ Agrégé
Cop
❍ bi-admissible
❍ Classe normale ❍ Hors classe ❍ Classe exceptionnelle ❑ Temps complet ❑ Temps partiel : .......... % ❑ CLM, CLD, CPA...
COTISATION
Le montant de votre cotisation annuelle est proportionnel au salaire. Il est égal à 5,8 millièmes de votre traitement annuel brut. Modalités de versement • En une seule fois par chèque, adressé à votre section syndicale. • En plusieurs fois par prélèvements fractionnés sur votre compte bancaire ou postal. • Par carte bancaire sur www.se-unsa.org
BULLETIN D’ADHÉSION
un énorme succès. D’une part, l’avant-première parisienne a fait salle comble et les 150 adhérents du SE-Unsa ont été ravis de découvrir ce film bouleversant. D’autre part, toutes les invitations ont été pourvues très vite. Merci pour votre participation massive. Néanmoins, nous sommes désolés pour ceux qui n’ont pas pu en bénéficier. Nous espérons pouvoir vous satisfaire plus nombreux la prochaine fois. Pour cela, restez attentifs à la prochaine opération qui sera annoncée sur www.se-unsa.org rubrique «Culture : après la classe/Cinema».
Échelon : .......... Montant de la cotisation : ................... Mode de paiement : ❑ Chèque ❑ Paiement fractionné : ❍ Première demande ❍ Renouvellement
J’adhère au Syndicat des Enseignants-Unsa, date et signature : .................................................... Les informations recueillies sont destinées au fichier syndical. Elles seront utilisées pour vous donner des informations syndicales susceptibles de vous intéresser. Elles peuvent donner lieu à l’exercice du droit d’accès, conformément à la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’Informatique, aux fichiers et aux libertés.
RÉDUCTION D’IMPÔTS 66% de votre cotisation Titulaires
2011-2012
Cotisations
É CLASSE NORMALE Instituteur Prof écoles, Certifié, COP, CPE, PLP, PEPS PEGC, CE d’EPS, AE, CE Bi-admissible Agrégé
Non-titulaires
C
H
E
L
O
N
S
04
05 06 07 08 09 10 11 127 € 129 € 132 € 139 € 146 € 155 € 170 € 143 € 150 € 155 € 164 € 176 € 188 € 203 € 218 € 130 € 137 € 144 € 152 € 160 € 169 € 179 € 146 € 155 € 166 € 174 € 188 € 203 € 218 € 228 € 174 € 186 € 196 € 210 € 226 € 244 € 259 € 272 €
Contractuel Vacataire 40 € indice < 400 100 € Assistant d’éducation 70 € indice 401 à 500 130 € indice > 500 160 €
Situations particulières Disponibilité, congé parental Temps partiel ou CPA : au prorata du temps partiel
40 €
HORS CLASSE Prof écoles, Certifié, CPE, PLP, PEPS, DCIO Agrégé PEGC, CE D’EPS
01 02 03 04 05 06 07 164 € 185 € 199 € 213 € 230 € 245 € 259 € 218 € 230 € 243 € 259 € 272 € 303 € 151 € 159 € 169 € 178 € 203 € 218 €
CLASSE EXCEPTIONNELLE PEGC, CE D’EPS
01 02 03 04 05 203 € 220 € 230 € 245 € 259 €
Début de carrière
Prof écoles, Certifié, CPE, PLP, EPS, Cop : stagiaire Étudiant 40 € Suppléant Agrégé, bi-admissible : stagiaire
100 € 80 € 120 €
Retraités
Pension inférieure à 1400 € 96 € Pension entre 1400 et 1850 € 118 € Pension supérieure à 1850 € 127 €
À retourner au SE-Unsa - Service Adhésions - 209 boulevard Saint-Germain - 75007 Paris
l’
é ditorial de Christian Chevalier
SOMMAIRE
DOSSIER
Dérapages trop contrôlés !
Notre deuxième do ss de la série spéciale ier «élections présiden ti est consacré aux m elles» oy F. Dubet a échangé ens. idées avec vous, su ses r notre blog.
13 PERSONNELS
18
• Blues des formateurs IUFM • Devoir de réserve • Ras-le-bol dans le 1er degré • Mutations dans le 2nd degré • En direct : PEPS, tous certifiés !
27
UNSA • Annonces du Président
À LA UNE
4-5
• Carte scolaire : rester mobilisés
FONCTION PUBLIQUE • Loi non-titulaires
ÉDUCATION
6
eNSEIGNANT
• Harcèlement à l’École
8
• Formation en alternance • Maternelle : un nouvel élan ? • Diplôme national du brevet • Nouvelles épreuves pour le bac techno
l’
S OC I É TÉ
28 (Parenthèses))
Ce numéro est accompagné, pour les abonnés concernés, d’un encart France-Abonnement
209, boulevard St-Germain - 75007 Paris tél : 01 44 39 23 89 - fax : 01 44 39 23 63 mél : enseignant.revue@se-unsa.org Les informations utilisées pour Dans le cadre de son agenda 21, le SE-Unsa fait imprimer cette revue sur du papier recyclé selon la norme «Imprim’vert».
l’envoi de ce bulletin peuvent donner lieu à l’exercice du droit d’accès, de rectification, de suppression dans les conditions prévues par la loi n°78-17 du 6/10/1978 relatives à l’informatique.
Prix au numéro : 4 € Abonnement : 36 €/an
30 Directrice de la publication : Stéphanie Valmaggia Rédactrice en chef : Dorothée Crespin Rédaction : Cyrille Chaleix, Emmanuelle Andrieux Photographe : Jean-Pierre Lallement Maquette : Robert Leroux, Nathalie Olry Mise en ligne : Jean-Louis Bouquet Secrétariat : Ouezna Mohellebi Publicité : Anat Régie - Marie Ughetto Tél : 01 43 12 38 15 - m.ughetto@anatregie.fr Imprimerie : IPS Pacy-sur-Eure Crédits photos : Fotolia Couverture : Fotolia©David Bleja
En période électorale, les remugles enfouis de la xénophobie et d’une prétendue supériorité de civilisation remontent à la surface, occupant de leur pestilence l’espace public. Ces relents nauséabonds sont inacceptables. Dans la bouche d’un ministre de la République, ils sont inadmissibles. En hiérarchisant, en fracturant et en excluant, il dévoie sa mission qui devrait être de rassembler et de protéger. Le dérapage a été soigneusement contrôlé. Les propos ont été pesés. Ils s’inscrivent non seulement dans une stratégie électoraliste de siphonnage des voix de l’extrême droite, mais sont désormais devenus le corpus idéologique d’une partie de la droite se disant «populaire», qui l’assume et en fait la propagande. Rappelons-nous qu’au cours du quinquennat, les mêmes ont défendu «les bienfaits de la colonisation», soutenu le débat sur «l’identité nationale» ou encore offert les Roms à la vindicte populaire. Éducateurs, nous accueillons chaque matin, dans toutes leurs diversités, des enfants et des jeunes. Chaque jour, nous construisons avec eux le «vivre ensemble» indispensable à la cohésion sociale. C’est tout l’honneur de l’École de la République que de leur enseigner que les civilisations n’ont pas à être classées et que «les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits». C’est notre fierté d’éducateur pour leur liberté de citoyen.
Le 15 février 2012
À LA UNE CARTE SCOLAIRE
Rester mobi li s és sur le terrai n
L
LE SE-UNSA AVAIT AFFICHÉ CLAIREMENT SON OBJECTIF : donner les moyens aux enseignants, personnels d’éducuation et d’orientation, mais aussi aux parents d’élèves, de se faire entendre sur toute la période des mesures locales de carte scolaire. Du bruit, il y en a eu et il y en aura encore partout en France pour combattre les annonces des recteurs et inspecteurs d’académie, à travers des actions de grèves et de manifestations.
Les actions décidées localement en intersyndicale, avec les parents d’élèves, voire avec le soutien des élus démontrent bien que c’est au plus près du terrain que la mobilisation doit se construire. Hors de question de se résigner face à l’ampleur du désastre. Hors de question de se taire face à cette politique de destruction massive du Service public d’éducation. Les représentants du SE-Unsa ont porté la contestation dans les Comités techniques et les Conseils de l’Éducation nationale.
Les grèves locales ont été bien suivies, car dans les écoles, collèges et lycées, la mobilisation se construit et s’installe dans la durée. Les parents et élus sont venus soutenir les rassemblements ou manifestations locales des personnels. La presse locale s’en est largement fait l’écho permettant ainsi de sensibiliser l’ensemble des citoyens. La campagne auprès de l’opinion publique est efficace car les enseignants ne sont pas seuls à défendre l’École publique. Des boycotts d’instances, des votes négatifs sur les mesures envisagées par l’administration ont donné la couleur du dialogue social local. Contrairement à ce que le gouvernement prévoyait, la mobilisation contre les suppressions massives d’emploi est venue s’inviter dans les débats en janvier et février. Il y a fort à parier que ce n’est pas fini. Le SE-Unsa engage les personnels à continuer d’agir avec les partenaires de l’école partout où cela s’avèrera nécessaire ! Dominique Thoby
4
Syndicat des
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
Manifestation dans l’Indre le 3 février.
Votation n le Lot c de postt
De l’absurdité d'une politique strictement budgétaire... L’apprentissage des langues étranglé Luc Chatel affiche la volonté présidentielle de développer l’enseignement des langues vivantes et, dans le même temps, ses recteurs ferment les derniers postes d’intervenants dans les écoles et s’attaquent aux assistants étrangers dans le second degré. La formation des maîtres laminée La Cour des comptes pointe l’impréparation totale des jeunes enseignants. Elle modère un peu ses critiques pour les PE qui peuvent bénéficier de l’appui de maîtres formateurs certifiés. Qu’à cela ne tienne... On les supprime : un tiers des EMF dans le Gers ou l’ Aveyron par exemple. En Lorraine, on supprime leurs quarts de décharges. Les conseillers pédagogiques peuvent aider les jeunes collègues, tant pis... on supprime leurs emplois par dizaines !
Manifestations dans l’Ariège.
Les lycées professionnels sacrifiés Les fermetures de postes se font par centaines : suppression d’établissement, de sections d’enseignement professionnel. Tout y passe. La réforme a atteint son but : récupérer des milliers d’emplois. Tant pis pour les élèves. Les Segpa sont prises en tenaille On tarit leur recrutement et on ferme des 6e d’un côté, de l’autre on fait disparaître les CAP qui pourraient les accueillir. Tout cela au nom de la statistique à Lille, dans tous les cas pour les économies générées. Des collèges au bord de l’asphyxie L’augmentation très importante du nombre des élèves sans moyen supplémentaire conduit à des records au niveau des effectifs : les trente élèves deviennent la règle.
n citoyenne dans contre les suppressions tes.
Mur des 48 classes fermées dans les Côtes d’Armor.
POLITIQUE À HAUTS RISQUES POUR L’ASH
D
ANS LE CADRE DES OPÉRATIONS DE CARTE SCOLAIRE qui n’épargnent pas l’adaptation scolaire et le handicap, le SE-Unsa dénonce le désengagement de l’Éducation nationale dans l’enseignement spécialisé. C’est bel et bien une suppression à l’aveugle de milliers de postes tous dispositifs confondus : Rased, Segpa, CMPP, établissements et services médico-sociaux, titulaires remplaçants spécialisés… Cette perte de compétences professionnelles va placer l’Éducation nationale dans l’incapacité d’exercer pleinement sa responsabilité de scolarisation de tous les élèves. Aussi, à travers les actions menées localement, le SE-Unsa entend combattre ce désengagement de l’État face aux droits des familles de scolariser leurs enfants dans des structures publiques et de qualité, quels que soient leurs difficultés, leur maladie ou leur handicap. C’est bien les usagers du Service public qui sont, au final, privés des compétences des enseignants spécialisés et singulièrement les plus fragiles. Par ailleurs, dans le cadre du collectif Rased, le SE-Unsa s’adresse au Président de la République par le biais d’une carte « Arrêtez le massacre, l’École vacille » à retrouver sur notre site(*), pour dénoncer l’impact de la suppression de ces moyens sur l’École toute entière.
(*) www.se-unsa.org, rubrique «ASH/Nos actions».
e NSEIGNANT 5
n°153 • février 2012 • l’
F ONCTION PUBLIQUE NON TITULAIRES
La loi Fonc tion publique ar rive Les agents non titulaires vont-ils enfin bénéficier de mesures concrètes de sécurisation ?
L
L’UNSA-FONCTION PUBLIQUE, signataire du protocole d’accord de mars 2011, agit dans le cadre du comité de suivi de cet accord et auprès du ministre de la Fonction publique pour que la loi soit enfin publiée. Après la réunion du 13 septembre et une période de silence reculant l’adoption de la loi, le calendrier s’accélère enfin. Cette loi, qui traduit l’axe 1 de l’accord, sera est examinée à la session parlementaire de printemps, en procédure accélérée. Nous intervenons encore actuellement afin que des améliorations concrètes pour les contractuels y soient apportées.
Nous sommes également très vigilants sur l’effectivité du calendrier des travaux à venir quant aux autres axes de l’accord. Ces comités de suivi sont aussi pour nous l’occasion d’intervenir pour qu’un rappel soit fait en direction de tous les ministères sur la préparation concrète de la mise en œuvre de la loi, sur l’état des lieux des personnels éligibles aux différentes voies d’accès à la titularisation. Concernant l’Éducation nationale, le SE-Unsa juge inacceptable que le ministère continue à faire du tri dans la loi et s’entête à vouloir ignorer la piste des examens professionnels. Ne faut-il pas y voir l’influence de certains, non-signataires de cet accord ? Dominique Thoby
6
Syndicat des
Installation du Conseil commun de la Fonction publique : enfin ! La Fonction publique est organisée en trois versants : État, hospitalier et territorial depuis les lois de 83, 84 et 86. Chacun des versants est représenté par un Conseil supérieur de la Fonction publique (CSFP) particulier. L’Unsa siège dans chacun des trois et est donc représentative pour chaque versant. Depuis la loi de 83, créant la Fonction publique actuelle, nous n’avons eu de cesse de réclamer un organisme commun susceptible d’examiner les problématiques communes aux trois versants, tout en garantissant l’unicité de la Fonction publique. Dans la droite ligne des accords de Bercy, signés par l’Unsa, c’est chose faite depuis le 31 janvier. C’est une garantie du maintien de la cohérence entre les «trois Fonctions publiques». Le CCFP, représentatif de l’ensemble de la Fonction publique, est aujourd’hui installé. L’Unsa y est la quatrième organisation représentative derrière la CGT, la CFDT et FO. Prestations familiales : du nouveau Au 1er janvier 2012, les plafonds d’attribution des prestations familiales ont été revalorisés (1%). Les montants, quant à eux, n’évolueront pas avant avril. Notre site www.se-unsa.org rubrique «Carrière/Prestations familiales» a été mis à jour. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à le consulter.
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
É DUCATION FORMATION PAR ALTERNANCE
L’apprentissage est-il la solution miracle ? En déclarant que «toute formation professionnelle, y compris celles délivrées par les lycées professionnels doit aller vers l’alternance», N. Sarkozy véhicule une fois de plus l’idée reçue que les «formations en alternance» seraient la panacée contre le chômage des jeunes. Mais, il confond alternance et apprentissage.
P
PAR DÉFINITION, LES FORMATIONS EN ALTERNANCE sont celles qui intègrent des périodes de travail en milieu professionnel (entreprise, administration…). Elles regroupent les formations en lycées professionnels (CAP, bac pro), l’apprentissage, les contrats de professionnalisation mais aussi des formations post-bac (BTS, IUT, licences pro, master pro…). L’apprentissage n’est donc qu’une des formes de la formation par alternance. C’est d’ailleurs une forme intéressante d’accès à la qualification et au diplôme. Mais un apprenti signe un contrat de travail. Ce n’est pas le cas d’un élève inscrit en lycée professionnel qui est pourtant un «alternant».
à ce mode de formation l’intégralité de ses effets apparents sur la probabilité d’emploi. Pourtant, en France depuis 25 ans, des politiques volontaristes, coûteuses et consensuelles ont été mises en œuvre pour faciliter le développement de l’apprentissage. Elles n’ont jamais rencontré beaucoup de succès. Peut-être du fait que leur efficacité dans la lutte contre le chômage des jeunes est très relative. Thierry Patinaux (1) Enquête «Génération 2007» du Céreq. (2) EDF reçoit par exemple, chaque année, 36 000 candidatures pour 2700 contrats d’apprentissage du CAP à Bac + 2.
Le développement de l’apprentissage a-t-il un effet positif sur l’emploi des jeunes ?
Toutes les enquêtes récentes montrent que le sur-chômage des jeunes n’affecte pas, ou peu, les sortants diplômés de l’Enseignement supérieur et les bacheliers technologiques et professionnels industriels, apprentis ou non. Un an après leur entrée sur le marché de l’emploi, leur taux de chômage n’est pas supérieur au taux moyen de la population active. En revanche, pour les jeunes non diplômés et, dans une moindre mesure les titulaires d’un CAP ou d’un bac technologique ou professionnel tertiaire, leur niveau de chômage est inquiétant. À trois ans, ce taux atteint 40% pour les nondiplômés alors qu’il est de 15 à 24% pour les autres(1). Il y a un argument indiscutable en faveur de l’apprentissage : les apprentis (diplômés ou non) accèdent plus vite à un premier emploi que les sortants du système scolaire. Encore faut-il nuancer. La sélection des apprentis est parfois sévère(2) et les discriminations qui s’opèrent sur le marché du travail (femmes, «minorités visibles»…) interviennent en amont de leur formation. De plus, ils ont une expérience professionnelle à faire valoir. Il est donc abusif d’attribuer exclusivement
8 Syndicat des enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
L’ALTERNANCE OU L’APPRENTISSAGE EXPÉRIENTIEL
L
’ALTERNANCE TRAVERSE AUJOURD’HUI les niveaux pédagogiques, politiques et organisationnels. Sujet complexe qui préoccupe les praticiens. Souvent liés à la conjoncture économique, les dispositifs d’alternance apparaissent comme la solution miracle au chômage des jeunes. Ils se développent dans toutes les formations professionnelles initiales sous statut scolaire ou en apprentissage. Utilisée aussi pour lutter contre la difficulté scolaire, l’alternance est présente dès le collège dans le dispositif d’initiation aux métiers en alternance (Dima). Il y a urgence aujourd’hui à comprendre que l’alternance est un véritable modèle pédagogique et que ce modèle mérite mieux que des positions idéologiques accompagnées de politiques injonctives qui souvent manquent cruellement de fondement. Processus singulier de d’apprentissage, l’alternance génère des savoirs et de la compétence. Pour autant, des conditions sont nécessaires pour réussir une formation alternée. Ces dispositifs n’ont pas simplement vocation à s’adapter
L’alternance en questions Aujourd’hui, l’alternance semble faire l’unanimité du point de vue des praticiens, des chercheurs, des politiques de tous bords. Malgré l’intérêt pour ce dispositif de formation, beaucoup d’interrogations subsistent quant aux conditions de réussite de ce principe éducatif. C’est pourquoi l’Institut international Joseph Jacotot(*) a organisé une réflexion. Elle s’est faite autour de dix questions posées à des experts, dans le cadre de travaux de la Conférence de consensus réunie à Dijon et Paris en décembre et janvier dernier. Une publication fera état des réflexions qui y ont été menées, des bonnes pratiques, des prospectives et des préconisations. Les 5 et 6 décembre 2012 à Dijon, la diffusion et la mise en débat des conclusions feront l’objet d’un colloque. Enfin, en partenariat avec l’Institut, Éducation permanente publiera un numéro sur l’alternance au cours de l’année. (*) Audition des experts sur www.institut-jacotot.eu
à une activité professionnelle ou à un métier ; ils ont une visée formative, éducative. Par l’alternance, les intentions peuvent être le développement intellectuel, culturel et citoyen. Réduire l’alternance à la juxtaposition de l’acquisition de gestes professionnels d’un côté, et de savoirs scolaires de l’autre, conduit à son appauvrissement. Il s’agit de construire une réelle articulation et d’organiser du dialogue entre deux contextes : formatif et productif. Pour rompre cette dualité inhérente à l’alternance, une pratique réflexive doit être mise en place. En effet, la pédagogie de l’alternance va s’appuyer sur le «vécu expérientiel» du jeune, sur les questions qu’il se pose. La mise en problème va le conduire à envisager un modèle de résolution. Ainsi la production de savoirs (transformation de son expérience en prise de conscience et en apprentissage) sera formalisée sous différentes formes (rapport, mémoire…) avec l’aide de l’enseignant, de son maître de stage mais aussi par des échanges polémiques avec ses pairs. L’alternance éducative, impose le «travailler ensemble et autrement».
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
9
1
DUCATION É premier degré MATERNELLE
Un nouvel élan ? Le ministère se préoccupe de l’école maternelle mais, suivant le lieu et le contexte, les discours intéressent ou inquiètent. Quand le conseil scientifique défend une approche globale et active adaptée aux jeunes élèves, la Dgesco continue de parler «repérage» et «remédiation» en s’appuyant sur… son conseil scientifique ! «Ni prédiction, ni sélection mais des apprentissages pour le développement et la réussite de tous» était le thème des rencontres maternelle du GFEN le 28 janvier. «Tous capable, c’est possible» a été le fil rouge de cette journée : proposer aux élèves de maternelle des activités cognitives ambitieuses, riches et variées, ne pas les leurrer avec du «facile», mais leur lancer des défis et oser les confronter à la complexité ; viser la réussite pas seulement scolaire, penser à l’estime de soi, à accueillir et développer la créativité... Le tout dans la bienveillance, sans évaluationnite aigüe, en n’hésitant pas à utiliser les ressources du jeu.
L
LE 19 JANVIER, la Dgesco a reçu le SE-Unsa exclusivement neuroscientifique doublée à l’origine de la contestation du projet d’une démarche «mécaniste» serait contred’évaluation en grande section, pour lui productive. présenter la démarche maintenant Le 26 janvier, le SE-Unsa était invité à partipoursuivie. Des outils doivent être «mis ciper aux travaux du conseil scientifique de à disposition» pour permettre un l’enseignement scolaire sur l’école mater«repérage des besoins» et des ateliers de nelle. P. Claus, doyen de l’Inspection remédiation mis en œuvre en aide générale du premier degré, le linguiste A. personnalisée dans trois domaines : Bentolila et le physicien P. Lena ont fait part maîtrise de la langue, mathématiques et de la nécessité de confronter les jeunes compétences transverélèves à des expériences Des spécialistes sales. riches et diverses. Ils ont Le chantier a été confié à ont remis en cause attiré l’attention sur des des scientifiques de démarches pédagogiques renom qui ont identifié 11 une «primarisation» adaptées à l’âge des élèves compétences à déveet remis en cause une de la maternelle lopper chez les jeunes «primarisation» excessive de élèves. la maternelle. Le temps du jeu, de la découPour l’heure, le seul outil disponible est verte, de l’expérimentation était au cœur des le programme «Parler» de M. Zorman, à propos. l’utilisation duquel seraient formés 2000 Que fera le ministère de ces échanges conseillers pédagogiques. Pourquoi pas ? réjouissants, très éloignés de la logique des Mais n’oublions pas que la difficulté à diagnostics et des remédiations ainsi que apprendre est multifactorielle et que des réponses formatées aux pseudol’enfant doit être pris en compte dans sa cautions scientifiques ? Quand reconsglobalité. Les regards et interventions truira-t-il une formation initiale et continue croisés entre enseignants, enseignants qui prépare réellement aux spécificités de spécialisés, E et G, et psychologues l’exercice du métier en maternelle ? Stéphanie de Vanssay scolaires sont indispensables. Une entrée
10 Syndicat des enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
2
ÉDUCATIO
N
second degré
DNB 2013
Quel lien ave c l e s o cl e ? À l’occasion du «toilettage» des définitions des épreuves écrites du DNB 2013, l’articulation entre socle et DNB a été à nouveau questionnée, mettant en évidence les clivages entre les organisations syndicales.
E
EST-IL SCANDALEUX que le ministère introduise les compétences du socle commun (également présentes dans les programmes des disciplines concernées) comme références pour élaborer les sujets des épreuves écrites du DNB ? C’est la question qui a été posée lors d’une réunion de travail sur le projet de définition des épreuves pour la session 2013. Le Snes, le Snalc et FO ont dénoncé «le coup de force» du ministère qui tenterait de «dénaturer» le DNB. Sa fonction serait, selon eux, de mesurer exclusivement la maîtrise des savoirs disciplinaires des programmes de 3e. Lecture très partiale de la loi car celle-ci précise bien que le DNB doit attester à la fois de la maîtrise du socle et des programmes.
Pour le SE-Unsa et le Sgen, le problème ne se situait pas là. Affichant leur conviction que le DNB doit attester de la maîtrise des compétences du socle commun à l’issue de la scolarité obligatoire, ils ont exprimé leur désaccord avec les rédacteurs du projet de texte sur une vision réductrice du socle. Pour le ministère, le socle serait moins exigeant que les programmes. En conséquence, les acquis à évaluer auraient pour référence les programmes des classes de 3e pour les élèves de la série générale, et se «limiteraient» au socle commun pour la série professionnelle. Une façon d’entériner l’idée d’une «école à deux vitesses» ! Le SE-Unsa a proposé une nouvelle rédaction : ce sont des compétences qui doivent être évaluées, les connaissances associées étant celles des programmes de 3e pour la série collège, celles du socle pour la série professionnelle.
La refonte proposée ne constitue ni une remise en cause ni une évolution radicale du DNB. Elle ne résout pas les contradictions d’un diplôme qui juxtapose deux logiques différentes, compliquant singulièrement la vie des enseignants de collège. La cohérence, ce sera pour une autre fois… Anthony Lozac’h – Claire Krepper
LES PRINCIPALES MODIFICATIONS DES ÉPREUVES • En français, l'épreuve reste structurée en deux temps, la dictée ponctuant la première partie (compréhension-réécriture), les élèves pouvant choisir ensuite entre deux sujets de rédaction, dont l'un s'appuyant sur le texte initial. Une place plus grande est laissée à l’autonomie de l’élève. • En mathématiques, «dans l’esprit du socle commun, le sujet doit permettre d’apprécier la capacité du candidat à mobiliser ses connaissances et à mettre en oeuvre une démarche scientifique pour résoudre des problèmes simples». Six à huit exercices indépendants seront proposés. • En histoire-géographie, le choix du sujet principal disparaît et histoire, géographie et éducation civique sont interrogés. Les sujets ne portent que sur un seul document. Le paragraphe argumenté disparaît au profit d’un «développement construit».
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
11
2
DUCATION É second degré BAC TECHNO
Nouvelles épreuves technologiques
L
LES NOUVELLES DÉFINITIONS D’ÉPREUVES TECHNOLOGIQUES des bacs STI2D, STL et STDA sont en cours d’élaboration. Présentées aux organisations syndicales, elles ont suscité de nombreux commentaires et demandes d’éclaircissements. Le SE-Unsa a fait part de l’attente des enseignants, confrontés à de nouveaux programmes, dont ils ont encore du mal à identifier le niveau de maîtrise attendu des élèves. Les définitions d’épreuves, trop vagues, ne suffiront pas et des sujets «zéro» devront paraître au plus vite.
L’évaluation des compétences expérimentales en STL, l’épreuve de projet en enseignement spécifique dans les 3 séries et l’épreuve de technologie en langue vivante sont complexes dans leur organisation. La démarche de projet est certes à privilégier dans la mesure où elle met en jeu des compétences indispensables que ne peuvent mesurer des épreuves terminales. Pour autant, faut-il imposer une grille à 47 critères soupesés à 1% près, comme en STI2D, pour renseigner la fiche d’examen ? Le SE-Unsa a demandé une simplification des modalités, surtout pour l’épreuve de technologie en langue vivante. L’évaluation prévue prenait plus de temps que les 36 heures d’enseignement. Il est urgent que le ministère retrouve le sens des réalités ! Claire Krepper
NOUVEAU LIVRET SCOLAIRE : ZÉRO VOIX POUR LORS DU CSE ! Après les couacs du bac 2011, le ministère veut agir, résultat : une «charte de déontologie» ! Objectif : la confidentialité des sujets via une charte aux personnels «qui interviennent dans l’organisation des examens terminaux». Sur le fond, elle ne fait que décliner les principes énoncés par la loi «réprimant les fraudes dans les examens et
concours publics» en date du… 23 décembre 1901 ! Les 13 articles de la charte comportent des dispositions générales, des dispositions relatives à l’élaboration et au choix des sujets et d’autres concernant les membres de jury et examinateurs. En pratique, la portée de ce texte est très limitée. Il s’agit essentiellement d’une opération d’affichage.
12 Syndicat des enseignants - UNSA • www.se-unsa.org
L
E MINISTÈRE A PRÉSENTÉ, au dernier Conseil supérieur de l’Éducation, des livrets scolaires rénovés pour tenir compte de la réforme du lycée. Il en profite pour modifier les compétences à évaluer et introduire la valorisation de l’investissement des élèves dans la vie lycéenne. Ces changements auraient mérité une concertation sur le fond et sur les formulations retenues pour les compétences. Celle-ci n’a pas eu lieu. Les enseignants, qui devront remplir dès juin 2012 ces livrets pour les élèves de première, découvriront au dernier moment les changements, qu’ils n’auront pas anticipés dans leur enseignement. Le SE-Unsa a dénoncé la charge de travail que représentent ces livrets qui ne servent que très peu : les grilles de compétences ne sont jamais examinées par les jurys… C’est bien le sens du bac et de ce qu’il doit évaluer qu’il faut d’abord interroger. Sinon, le remplissage du livret scolaire restera un pensum bien peu utile.
DOSSIER
60 000 postes supprimés en cinq ans, ça ne peut plus durer ! Formation initiale et continue saccagées, aide spécialisée en voie de disparition, conditions d’enseignement dégradées… Il faut redonner des moyens à l’École, oui ! Mais pour quoi faire ? Certainement pas pour préserver le statu quo. Des moyens pour changer l’École, pour qu’elle puisse enfin réaliser la promesse républicaine qui la fonde.
2/4
DES
MOYENS
OUIQUOI MAIS POUR
FAIRE
À LA VEILLE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, le bilan sur les problèmes de l’École est relativement partagé : trop d’élèves échouent, le système est inégalitaire, l’expérience scolaire des élèves n’est pas bonne, et on a une expérience symétrique pour les enseignants qui vivent mal les nombreuses réformes. Pour faire évoluer les choses, l’enjeu principal n’est-il pas la formation ? Emmanuel Gunther, prof de math en collège
François Dubet : Grâce à Nicolas Sarkozy, qui a cassé ce qui restait de formation, nous sommes obligés de concevoir complètement différemment le recrutement et la formation des maîtres. Le temps où il suffisait qu’un professeur soit à peu près savant dans sa discipline pour être efficace est révolu. C’était vrai quand les élèves étaient extrêmement sélectionnés ; les enseignants sont maintenant confrontés à des enfants et à des exigences qui font qu’il n’est pas convenable de les former par quelques stages ou observations de classes. Dans les pays qui ont de très bons résultats scolaires, la formation des maîtres est aussi sérieuse que la formation des ingénieurs ou des infirmières. •••
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
13
••• Puisqu’on recrute à bac plus cinq, pourquoi ne pas dire que le concours se fait à la fin de la troisième année et garder deux véritables années de formation professionnelle ? Mais ça veut dire dépasser des corporatismes, des habitudes et ce ne sera pas simple.
Il paraÎt que le temps c’est de l’argent... et l’inverse ? Du temps pour prendre du recul, réfléchir sur sa pratique, travailler ensemble, respirer, apprendre, se former... David Hébert, PE en Rased
F. D. : Tout d’abord l’agenda scolaire doit être revu ; la réforme Darcos ramenant la semaine de classe à quatre jours par semaine et 140 jours par an est une catastrophe. Cela fait beaucoup d’heures pour des enfants de CP ou de maternelle, qui ne sont pas en khâgne ! Un enseignant qui veut qu’un enfant apprenne le programme ne peut pas faire autre chose, il n’a pas le temps de s’occuper
14
Syndicat des
François Dubet est sociologue, il a mené de nombreuses recherches sur l’École et les inégalités. Il analyse les paradoxes de notre société, s’interroge sur la place de l’individu et questionne sur la notion d’égalité des chances. Vous trouverez sur notre blog http://ecolededemain.word press.com l’intégralité de cette interview passionnante et passionnée ainsi que toutes les contributions des internautes à sa préparation. N’hésitez pas à venir ajouter votre «grain de sel».
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
d’un enfant qui décroche. Il faut introduire des respirations dans le temps scolaire et refuser cette concentration. On ne peut pas dire qu’il faut du travail en équipe, que les professeurs doivent accompagner les élèves, recevoir les parents et dire qu’un enseignant ne doit que son temps de présence face aux élèves ! Focaliser les moyens pour l’École n’est pas judicieux ; mettre l’accent sur les moyens pour l’Éducation est plus pertinent avec les collectivités, les associations… afin que l’Éducation soit partagée. Jean Roucou, militant de l’éducation partagée
F. D. : En France, on pense que seule l’École a la capacité de définir le mérite des élèves, le destin social d’un enfant est déterminé par son niveau scolaire à 17 ans. Il faut lever la charge sur l’École, perdre l’obsession de l’âge et développer des systèmes de formation tout au long de la vie qui font que ceux qui n’ont
pas réussi puissent «rejouer». Ce qui est fait dans la vie compte autant que ce qui est fait à l’École, apprendre au travail est tout aussi important. Il faut bien sûr développer une très bonne École, mais se convaincre qu’on peut apprendre et être reconnu dans d’autres lieux. Il faut que l’École apprenne à parler à la société, elle ne doit pas renoncer à éduquer et dépasser sa fonction de transmettre des connaissances, elle peut accueillir une vie associative comme cela existe dans de nombreux villages. En revanche, d’autres écoles sont des forteresses où, selon certaines enquêtes, l’enseignant est à peine plus populaire que le policier. On ne peut pas dénoncer les difficultés éducatives des familles, critiquer le rôle des médias et renoncer au rôle éducatif de l’École. Éduquer, c’est associer des parents, des associations qui peuvent apporter aux enfants si l’on détend le temps scolaire. Quant à «pour quoi faire», la question ne devrait pas seulement porter sur les objectifs éducatifs, mais aussi sur comment aboutir. Comment sortir d’un fonctionnement sélectif ? Bernard Desclaux, directeur de CIO
F. D. : Nicolas Sarkozy propose de mettre fin au collège unique, un sociologue comme moi sait très bien que cette mesure mènera à une guerre des classes scolaires et sociales. Il faut que tous les enfants de 4 à 16 ans aillent dans une École obligatoire et unifiée. Il ne faut plus que 20 à 25% des élèves sortent de l’école primaire avec des acquis fragiles. À 11 ans, un élève n’a qu’un seul maître, à 12 ans il a dix
professeurs, ce n’est pas acceptable. Il faut rapprocher les cultures entre primaire et collège, ce qui devrait être facilité par le fait que le niveau de recrutement des professeurs est identique. On sait que les pays qui ont choisi ce modèle ont de meilleurs résultats. On a voulu massifier l’École sans la changer en proposant à tous les enfants ce qu’on proposait à une minorité privilégiée, chaque cycle est devenu la propédeutique du cycle suivant, où chaque enfant qui rencontre des difficultés est étiqueté : c’est devenu un système de triage. Rapprocher l’école élémentaire du collège n’est pas une rêverie pédagogique mais un enjeu ! En France, la querelle des compétences est instruite par ceux qui ne veulent pas d’un socle commun et qui affirment que seuls les programmes et les savoirs permettent d’évaluer les élèves. Il se développe une idée dangereuse qui considère que les compétences seraient pour les mauvais élèves et les connaissances pour les bons, la querelle des compétencesconnaissances unit les détracteurs du socle dans une alliance étrange entre les conservateurs et l’extrême-gauche, les uns ne voulant pas entendre parler de la vulgarité de la vie sociale, les autres croyant que les compétences incarnent l’horreur du capitalisme. Leur alliance, main dans la main, revient à défendre des modes de sélection qui favorisent des enfants qui sont bien nés.
Questions des internautes : Ostiane Mathon - PE Et si on remplaçait l’obligation d’instruction des élèves par le respect et par les enseignants du désir et/ou du besoin d’apprendre de chacun ? Pouvoir dire à ses élèves : revenez demain, si vous le souhaitez, et si le lendemain je n’ai personne en classe, pouvoir me dire, soit tu changes de métier, soit tu changes de regard. Tibaldi D’Òc étudiant éducateur spécialisé Formation continue des profs ; plus de marge de manœuvre dans la construction de vrais projets pédagogiques ! Gilbert Duval cartonniste Dans chaque établissement un Fab Lab : tout pourrait être fabriqué sans pour autant être spécialiste, et l’on pourrait passer de la société de consommation à la société de création… Thibaut Labarre étudiant Équiper les écoles avec quelques stations informatiques récentes en accès libre et équipées de logiciels de qualité pour favoriser la créativité des élèves et permettre à tous de s’y essayer.
Propos recueillis par Anthony Lozac’h et Stéphanie de Vanssay
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
15
Ils se bougent pour 2012...
L’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) fête cette année ses 20 ans d’intervention au sein de 400 quartiers populaires ; 124 000 étudiants bénévoles ont parrainé près de 140 000 jeunes. L’Afev développe de plus une partie plaidoyer : la lutte contre l’échec scolaire et la promotion de la jeunesse, avec la création de l’Observatoire de la jeunesse solidaire qui fait paraître, tous les ans, un sondage sur les Français et leur jeunesse. Thibault Renaudin, secrétaire national de l’Afev, répond à nos questions.
1
Selons vous, quelles solutions éducatives permettraient de réduire, de manière significative, l’échec scolaire ? Notre pacte national(*) contre l’échec scolaire, appuyé par 52 personnalités et 8 organisations dont le SE-Unsa, propose 3 priorités : En finir avec l’amalgame effort et souffrance Notre système a pour particularité de placer un nombre très important d’enfants en situation de souffrance, incompatible avec les exigences de l’apprentissage. Réinventer le collège unique Le collège n’a pas réussi le pari de la massification et doit être repensé comme le prolongement de l’école primaire afin que chaque élève en sorte avec les compétences scolaires et culturelles nécessaires pour son futur parcours. Pour une orientation choisie en filière professionnelle L’orientation en «pro» a trop longtemps été envisagée comme une option par
16 Syndicat des enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
défaut, réservée aux élèves «non qualifiés» pour les filières d’enseignement général. C’est la raison pour laquelle la majorité des sorties sans diplôme se compte dans la voie professionnelle, alors qu’elle accueille un tiers des lycéens français.
2
Pensez-vous que la pression scolaire augmente en France ? Quels effets observez-vous sur les enfants ? Nous le constatons tous les jours sur le terrain ! Cette pression a au moins deux incidences fortes, une course à «l’armement» scolaire généralisée (coaching, cours privés…) et une augmentation forte de l’angoisse scolaire. Les classes populaires se trouvent encore plus fragilisées. Cette situation n’est plus tenable. (*) www.pacteechecscolaire.org
Oui pour une école commune qui donne le temps aux élèves de se construire, d’apprendre à leur rythme... Caroline Jouneau-Sion, prof en lycée François Dubet a raison d’aborder la question du «risque de refus sans alternative», de la même manière qu’il serait vain de se contenter d’une alternance politique avec des moyens sans aller au-delà. La scolarité commune, et sa progressive unification, est effectivement un enjeu qui implique qu’on fasse autrement. Luc Bentz Intéressant de qualifier de piège la question sur le temps de l’enseignant. Il faut vraiment bien interroger le temps de travail de l’enseignant mais attention on n’est pas sur une économie des moyens :ce n’est pas demander plus aux enseignants, c’est demander différemment avec la logistique qui va avec. Monique Argoualch, PE Merci à vous de permettre aux praticiens de faire entendre leur voix et ce quels que soient leur ancrage politique. Lorsque l’on est face à ses élèves on fait avec eux et pour eux et non en fonction de notre appartenance politique. Il nous faut changer notre mode de conduite en matière de politique éducative en y apportant davantage de souplesse, d’ouverture, de pragmatisme et de culture du consensus. Ostiane Mathon, enseignante et formatrice
SYNDICAT L’AVIS DU
RÉACTIONS À LA VIDÉO
F
RANÇOIS DUBET nous met
fort justement en garde. Des moyens, d’accord, mais pas pour maintenir le statu quo ! Il évoque la question du temps scolaire, de la continuité entre école et collège, des missions des enseignants et de leur formation. Il rappelle l’importance capitale de ne pas orienter les élèves vers des voies différentes avant la fin de la scolarité obligatoire, ce qui implique de revoir le collège pour qu’il soit effectivement pensé pour tous et en particulier mieux articulé entre cycle 3 et sixième. L’Afev, qui mène un travail d’accompagnement remarquable auprès des enfants des familles populaires, nous le dit aussi : «Il faut passer d’un système de «sélection» à un modèle de «promotion», d’où chaque enfant pourra sortir avec la qualification et les compétences nécessaires à son futur parcours, avec un rapport confiant aux apprentissages et une image positive de soi». C’est le sens de nos 12 leviers pour que ça change dès 2012.
LE MOIS PROCHAIN «Quels enseignants et personnels d’éducation pour l’École de demain ?» avec Jean-Pierre Obin Pour participer
¯ Notre blog : http://ecolededemain.com ¯ Twitter : @ecolededemain #bouge2012 ¯ Facebook : École de demain
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
17
P ERSONNELS FORMATEURS IUFM
Le grand écart Thérèse PerezRoux, maître de conférences en sciences de l’éducation, a conduit une enquête auprès des formateurs des 22 IUFM du territoire national; 584 d’entre eux ont répondu. Les résultats sont publiés dans une note du Centre de recherche en éducation de Nantes.
P
POUR LES FORMATEURS, IL EXISTE TROIS FINALITÉS de la formation difficilement conciliables pour les étudiants, dans un espace-temps contraint par les maquettes des masters : • l’obtention d’un master comprenant un volet recherche ; • la préparation au concours ; • la formation professionnelle incluant des stages. On assiste donc à une tension entre la logique de la formation et la logique de l’enseignement. Pour Mme Perez-Roux «la dimension professionnelle et les savoirs hétérogènes qui
MASTERISATION : GROSPERRIN EN FORCE
A
LORS QUE TOUS LES OBSERVATEURS OBJECTIFS constatent chaque jour
les ravages de la «masterisation Darcos», une proposition de loi du député Grosperrin préconise de gommer toutes les références aux IUFM encore présentes dans le Code de l’Éducation. Exit les écoles professionnelles, place aux officines privées sur le «créneau» de la formation des enseignants qui ne serait ainsi plus dévolue aux seules universités. L’acharnement idéologique trouve son point d’orgue. Là où il faudrait innover pour l’École de demain, c’est la politique de la terre brûlée qui prévaut. Le SE-Unsa continue d’exiger une remise à plat de la masterisation dans le cadre d’un débat constructif, à l’opposé de la démarche suivie aujourd’hui.
s’y déploient courent à présent le risque d’être davantage déconnectés des thématiques développées au sein des Master». On connaissait déjà les effets pervers de la masterisation sur les étudiants, on en découvre ici un nouveau sur les formateurs eux-mêmes.
Brouillage identitaire, perte de sens pour de nombreux formateurs, c’est l’un des enseignements majeurs de cette enquête. Ainsi «le travail de l’année écoulée a été perçu comme difficile, générant de la fatigue et du stress, notamment en raison des urgences à tenir». Tout cela conduit les formateurs à exprimer une certaine souffrance au travail à travers un sentiment de solitude, des tensions, une dispersion des tâches et à terme un certain découragement, parallèlement à une volonté de s’adapter aux changements.
Le SE-Unsa rejoint totalement Mme Perez-Roux lorsqu’elle conclut qu’«au plan institutionnel,[…] des adaptations seront nécessaires. L’enjeu est de taille et les politiques en charge de ce dossier ne peuvent en ignorer le coût […] pour que se rencontrent savoirs scientifiques et savoirs professionnels dans une visée de développement identitaire tant pour les formateurs que pour les étudiants». Joël Pehau
18
Syndicat des
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
DEVOIR DE RÉSERVE
En finir avec un mythe
D
© GD
DEPUIS QUELQUES ANNÉES, à aux fonctionnaires». De même, l’approche de chaque élection, l’article 10 de la Déclaration des des IEN, des IA, des recteurs droits de l’homme et du citoyen écrivent aux collègues des écoles de 1789 stipule que «Nul ne doit pour leur demander de respecter être inquiété pour ses opinions, un devoir de réserve. C’est un même religieuses, pourvu que leur abus de droit, non conforme à la manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi». Constitution. L’obligation de réserve invoquée Si une période de réserve électorale s’applique n’existe pas. Notre statut précise seuleC’est un abus aux hauts fonctiondu fait de la ment (art.26) que les de droit, non naires responsabilité qu’ils fonctionnaires doiconforme à la portent, elle ne vent faire preuve de saurait s’appliquer discrétion profesconstitution à l’ensemble des sionnelle pour tout ce dont ils ont connaissance à fonctionnaires. l’occasion de l’exercice de leurs Les écrits demandant aux enseifonctions. Par ailleurs, nous avons gnants de s’abstenir de participer l’obligation de neutralité en classe. à des réunions politiques dans le cadre des campagnes qui Dès lors, c’est le principe s’annoncent relèvent au mieux de général de la liberté d’opinion l’ignorance de la loi, au pire de qui prévaut. L’article 6 de la loi du l’intimidation, ce que nous ne 13 juillet 1983 l’exprime de saurions accepter et que le SEmanière on ne peut plus simple : Unsa combattra. Guy Barbier «La liberté d’opinion est garantie
PASS ÉDUCATION
L
E NOUVEAU «PASS ÉDUCATION», valable pour 2012-2015 est en cours de distribution. Les modalités de remise de ces «pass» doivent, à contrario de ce qui s’est fait en 2009, permettre à tous les enseignants d’y avoir accès. Mais, déjà, des difficultés signalées par nos responsables locaux nous ont amenés à intervenir auprès du cabinet du ministre. En effet, il semble que les contractuels, les TZR ou titulaires remplaçants dans le 1er degré ne soient pas comptabilisés dans le nombre envoyé aux établissements ou écoles. Le SE-Unsa demande que cela soit corrigé très rapidement. Pour le SE-Unsa, ce «pass» est un vrai plus pour l’exercice de nos fonctions. Tous les enseignants doivent en bénéficier.
Passer d’un corps à l’autre Les règles et procédures applicables au détachement des fonctionnaires de catégorie A dans les corps des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation doit paraître au BO en mars. La note de service précisera également le calendrier des opérations pour 2012. Cela peut concerner les demandes de détachement d’un corps d’enseignement à un autre (ex : PE → certifiés, PLP, PEPS, CPE ou certifiés, PLP, PEPS ou CPE → PE). Vous êtes intéressé ? Contactez le SE-Unsa. Revalorisation début de carrière Depuis le 1er février, les enseignants et CPE ont vu leur traitement revalorisé suite à la promesse lancée par Luc Chatel le 24 novembre dernier. Ne nous y trompons pas, cette revalorisation n’est qu’un écran de fumée. Seuls sont concernés les échelons 3 à 5 et l’augmentation ne s’élèvera à guère plus de 100 € bruts par mois. Cette revalorisation a minima ne concerne donc qu’un quart des personnels. Elle est très insuffisante dans sa portée. D’autant que, dans le même temps, la feuille de paye de janvier enregistre une baisse réelle.
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
19
P ERSONNELS CHS-CT
Le ministère doit faire face à ses obligations
L
LE COMITÉ D’HYGIÈNE ET DE SÉCURITÉ-CONDITIONS DE
TRAVAIL est une nouvelle instance à l’Éducation
nationale, installée depuis le 9 février. Cela concrétise l’accord Fonction publique sur la santé au travail que nous avons signé en 2009. Ainsi, dorénavant, le code Le SE-Unsa du travail s’applique pour tout ce a dénoncé les qui concerne la protection des problèmes salariés, tout en conservant quelques spécificités Fonction de gestion des publique. Il appartient au CHS-CT ressources humaines d’identifier et d’évaluer les facteurs de risques pour les personnels. Lors de ce premier comité, le SE-Unsa a mis à l’ordre du jour les problèmes de gestion des ressources humaines qui découlent directement de la politique de suppressions massives d’emplois dans l’Éducation nationale. La rentrée scolaire 2012 ne se fera pas sans heurts ! L’employeur ne peut nier ses responsabilités visà-vis des personnels touchés par ces mesures et
L’ENQUÊTE DUCARREFOUR SANTÉ SOCIAL ENFONCE LE CLOU
L
’ÉTUDE RENDUE PUBLIQUE PAR LA MGEN lors du «Carrefour Santé Social» de janvier montre qu’un agent de l’Éducation nationale sur sept se dit en situation d’épuisement et un sur quatre en état de tension au travail. Cette étude vient d’ailleurs faire écho au rapport de G. Fotinos sur le «burn out» des enseignants (voir l’Enseignant n°152 de janvier 2012). Ces conclusions confirment malheureusement les témoignages que nous recueillons dans les réunions syndicales : l’exposition aux risques psychosociaux est plus que prégnante. Les politiques successives de suppressions de postes et la remise en cause des missions d’enseignement ne sont pas étrangères à la détérioration des conditions de travail. Cette dernière impacte forcément la santé des enseignants. Alors que 24% des agents se disent en état de tension, il devient plus qu’urgent et nécessaire que les CHS-CT soient des lieux de défense des agents. Par définition, ces comités doivent être capables d’anticiper les risques susceptibles de nuire à la santé de tous les agents. Il est donc grand temps qu’une réelle politique de prévention se substitue à la politique de constat.
ne peut plus tourner le dos à son obligation de protection des risques psycho-sociaux.
Nous avons demandé que la DGRH adresse des préconisations aux rectorats et inspections académiques pour assumer cette charge. Nous avons exigé : • le recensement des personnels concernés ; • l’examen de chaque situation et son suivi dans la durée, dans l’instance adéquate qu’est la CAP ; • un accompagnement personnalisé visant à trouver la solution humaine la plus appropriée pour la réaffectation ; • un accompagnement professionnel adapté dans la durée en cas de changement radical de mission, fonction ou spécialité ; • l’examen d’aides financières en cas de déplacement important ; • un rendu compte au CHS-CT local, puis un bilan au CHS-CT ministériel, des mesures prises pour protéger ces salariés. Le SE-Unsa l’exigera aussi au plan local. Dominique Thoby
20
Syndicat des
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
1
P ERSONNELS premier degré
MORAL DES ENSEIGNANTS
Le Carrefour santé social qui associe la MGEN et des partenaires syndicaux, dont l’Unsa-Éducation, a conduit une étude relative à l’impact de leur métier sur la santé des agents de l’Éducation nationale. Celle-ci révèle que 24% sont en état de tension au travail et 14% en situation d’épuisement professionnel.
L
LES CHIFFRES PRÉOCCUPANTS DE CETTE ENQUÊTE sont des logiques incompatibles. Ajoutons à cela encore plus élevés pour certaines catégories, la multiplicité des dispositifs qui se sont parmi lesquelles les enseignants du 1er degré. empilés tels les stages de remise à niveau Pour le SE-Unsa, la conjugaison de la dégra- pendant les vacances ou l’aide personnalisée, dation objective des conditions de travail dont le seul accompagnement aura été le et du caporalisme institutionnalisé sont à contrôle hiérarchique des heures faites. l’origine de cet inquiétant constat. Depuis 2007, la dégradation chiffrable Enfin, au titre des mesures des conditions de travail s’est doublée vexatoires, on peut citer la restriction de d’une dégradation de l’environnement l’exercice du droit syndical via les déclarapsychologique du métier. À l’heure du bilan tions d’intention de grève obligatoires et les réunions d’information syndu quinquennat, rappelons Des enseignants dicale reléguées en dehors qu’augmentation sensible du temps d’enseignement. des effectifs, mise en sur le podium Et plus récemment, les extinction des aides spéciades personnels enseignants des écoles ont lisées, diminution du en tension aussi inauguré des évaluapotentiel de remplacement et disparition des stages longs sont venus tions nationales qui fournissent aux IEN la considérablement durcir les conditions de nouvelle mesure de l’appréciation de la travail. Mais n’omettons pas l’environnement valeur professionnelle des enseignants ! psychologique de notre métier et l’impact Selon l’étude du Carrefour santé social, la situation de tension au travail est accrue de la pression volontairement accrue. lorsque : Tout d’abord pour justifier ce qui a • les exigences du travail sont importantes ; été dénommée «la réforme du primaire» ; • la demande psychologique forte ; les discours ministériels ont accusé l’école • les ressources disponibles dans le travail, primaire de ne pas répondre à sa mission pour y faire face, sont insuffisantes. et d’envoyer au collège des élèves qui Ceci est accentué lorsque la latitude décisionn’auraient pas le «niveau», disqualifiant ainsi nelle est faible. Rien d’étonnant alors à l’engagement de deux décennies de travail retrouver les enseignants du primaire sur le par compétences et de politique des cycles. podium des personnels en tension, voire en Ensuite, il a fallu mettre en œuvre les souffrance. programmes 2008 et le socle commun, selon Stéphane Crochet
© Hoboton
Ras-le-bol !
Mon Isoe, je la veux ! 100€ mensuels pour les missions de suivi des élèves à l’instar des collègues du collège et du lycée. «L’Isoe, pour les PE» est une juste revendication. Afin d’amplifier les 11 000 signatures déjà récoltées, téléchargez la pétition et faites signer autour de vous sur www.se-unsa.org rubrique «PE».
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
21
1
ERSONNELS P premier degré
FONCTIONNEMENT ET DIRECTION D’ÉCOLE
Votre avis pour que ça change
R
RYTHMES SCOLAIRES, programmes, temps de travail des enseignants… l’école est régulièrement convoquée dans les débats de cette campagne électorale. Pourtant, sur le dossier du fonctionnement et de la direction d’école, rien. Pas un mot. Il est vrai que cette question est aussi technique que risquée. Si d’un côté les familles ne se préoccupent pas de connaître la répartition des responsabilités -et on ne peut pas le leur reprocher- de l’autre, les maires craignent de voir leur champ de compétences diminuer dans une évolution de la structuration administrative de l’école. Pourtant, les équipes pédagogiques, directeurs en tête, se désespèrent de voir les responsabilités clarifiées, d’obtenir les moyens de faire face à la multiplicité des tâches et missions, d’avancer vers l’autonomie budgétaire et la capacité de mieux répondre aux besoins des élèves.
Pour ouvrir le débat, pour que l’avis de la profession
INDEMNITÉ DE DIRECTION
pèse sur la campagne électorale mais aussi sur la future majorité, le SE-Unsa lancera au mois de mars une grande enquête. Cette grande enquête s’adressera à ceux qui sont ou veulent être directeurs d’école. Il s’agira de donner leur point de vue sur les multiples aspects du fonctionnement et de la direction d’école. L’objectif est de dégager ainsi plusieurs propositions d’évolution de cette fonction. C’est votre participation, le nombre de réponses, qui donnera toute sa force à cette action, à découvrir et suivre sur www.se-unsa.org
le ministre de l’Éducation nationale a annoncé une autre augmentation. Celle-ci concerne les directeurs d’école. Un chiffre ? 50% ! Mais, dommage, il ne concerne que la part variable de l’indemnité de sujétion spéciale des directeurs d’école. Cela se traduit par l’attribution de 100€ à 300€ de plus par an selon le nombre de classes par école (voir tableau ci-dessous). Si ce signe ne peut être négligé dans le contexte de perte de pouvoir d’achat, il n’est pas de nature à répondre à l’exaspération des directeurs d’école.
Stéphane Crochet
22
Syndicat des
E
N MÊME TEMPS QUE CELLE portant sur le traitement des enseignants en début de carrière,
Détails de la mesure : Montant de l’augmentation 1 à 4 classes +8,33€/mois 5 à 9 classes +16.66€/mois 10 classes et plus +25€/mois
Nouveau montant Nouveau montant parts part variable au 1er février 2012 variable et fixe cumulées 25€ 132,97€ 50€ 157,97€ 75€ 185,97€
L’indemnité (part fixe+part variable) est majorée de 20% en Zep. L’ISS est complétée d’une bonification indiciaire (BI) de 3 à 40 points d’indices selon le nombre de classes et une nouvelle bonification indiciaire (NBI) de 8 points. En situation d’intérim, on ne bénéficie pas de la bonification indiciaire mais on perçoit l’indemnité de sujétion spéciale majorée de 50%.
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
2
ERSONNELS P second degré
CPE
La corde va finir par lâcher
A
ANNÉE APRÈS ANNÉE, la tension se fait plus forte apparaissent (toutes catégories confondues) sur les équipes de vie scolaire et, en comme les plus exposés à l’état de tension découlant, sur les CPE. La machine à broyer au travail. 45% des répondants se disent partibudgétaire poursuit son œuvre avec tous les culièrement «tendus» contre 18% pour les dégâts collatéraux que l’on sait et la vie autres corps. Cela ne fait qu’apporter de l’eau scolaire n’est pas épargnée, loin s’en faut ! au moulin du SE-Unsa qui tire le signal Faire toujours plus (et mieux tant qu’à faire) d’alarme depuis plusieurs années. avec toujours moins, voir Le CPE est un point de débarquer des personnels Le CPE est un point rencontre de toutes les au statut de plus en plus de l’établissement, de rencontre de «tensions» précaire pour remplir à la sans compter qu’il est démuni volée des missions éduca- toutes les tensions parfois en termes décitives de plus en plus de l’établissement sionnels. Lors des CHS-CT difficiles, jongler avec les désormais institués par la loi, injonctions contradictoires ou dénuées de le SE-Unsa interpellera à nouveau sens… bref, la vie d’un CPE n’est pas de toute l’administration pour qu’elle prenne ses repos. À la clé, un stress de plus en plus fort. responsabilités quant à la dégradation des C’est ce que confirme une étude récente du conditions de travail des CPE qu’elle a elleCarrefour santé social (voir article p20). Parmi même engendrées ! les plus de 5000 agents interrogés, les CPE Michel Martinet
Hors-classe des agrégés Le ministère persiste dans sa volonté de faire des agrégés le laboratoire des promotions «au mérite». Une nouvelle circulaire le prévoit explicitement en laissant au ministre le libre choix des élus à la hors classe. Or, pour ces quelques enseignants qui accéderont plus vite à la hors-classe, alors qu’ils auraient pu continuer leur carrière dans la classe normale, ce sont autant de collègues qui seront bloqués au 11e échelon de la classe normale. La gestion nationale du corps des agrégés aggrave encore le dispositif. Chaque recteur devra proposer au moins 15% de «jeunes» promouvables (7e-10e échelon) au ministre. Au moment du choix final, le ministre pourra en promouvoir «une part significative», voire même au-delà du quota. Toujours au détriment des collègues déjà passés au 11e ! Pour le SE-Unsa, les agrégés ont droit à un déroulement de carrière complet incluant la hors-classe. Il est inacceptable que des choix ministériels conduisent à bloquer éternellement la carrière des collègues.
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
23
2
P ERSONNELS second degré MUTATIONS
De l’inter... vers l’intra Malgré les oppositions formulées, le ministère maintient son cap de gestion managériale en imposant le mouvement particulier des Éclair. C’est le «dialogue social rénové» à la mode du ministère de l’Éducation nationale. Malgré nos demandes, la circulaire continue à ignorer le regard des élus du personnel, garant de l’équité. Qu’à cela ne tienne, les élus SE-Unsa vont exiger la transparence au plan académique ! Le ministère persiste également dans l’ouverture de ces postes à des fonctionnaires d’autres ministères, mais sur la base de quelle expérience professionnelle ? Le SE-Unsa conteste ce mouvement parallèle.
MOUVEMENT SPÉCIFIQUE
L
LES VŒUX SONT FAITS. LES BARÈMES ONT dérégulation et de contournement, ÉTÉ VÉRIFIÉS, ils sont remontés au notamment via les affectations en ministère. Place au mouvement Éclair, cette action est essentielle. proprement dit. Tous les stagiaires et les titulaires qui souhaitent Le SE-Unsa sera à votre changer d’académie participent disposition pour vous informer à la grande mécanique du mouve- au mieux. Une permanence télément inter. phonique nationale Les commissions sera ouverte à partir nationales du Le SE-Unsa ouvre du 23 février. Pour mouvement sont une permanence connaître les numéros prévues du 5 au des lignes «spéciales téléphonique 12 mars. Ce n’est Muts», allez sur dès 23 février qu’à ce moment www.se-unsa.org que les résultats Dès les résultats de définitifs seront connus. Toute l’inter, les sections académiques du «information» donnée avant la SE-Unsa seront prêtes à commission n’est qu’un projet et accueillir les candidats peut encore être modifiée. pour préparer C’est le travail des élus paritaires la phase intra. en commission qui assurent la N’hésitez pas transparence et l’équité du à les contacter ! mouvement. Face aux tentatives de Antoine Tresgots
24
Syndicat des
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
L
ES GROUPES DE TRAVAIL CONCERNANT
LE MOUVEMENT SPÉCIFIQUE se sont réunis du 1er au 9 février. Ce mouvement concerne essentiellement les postes en sections internationales, en CPGE, requérant des compétences particulières, certains BTS et les postes de chefs de travaux. Les affectations définitives seront prononcées en mars, lors du mouvement interacadémique. Aucun barème n’est pris en compte, c’est l’Inspection générale qui pilote entièrement ce mouvement spécifique. Seuls les dossiers constitués par les enseignants servent à départager les candidats. Les élus du SE-Unsa sont intervenus sur tous les dossiers confiés pour obtenir de l’IG les éléments indispensables à la bonne compréhension des choix effectués. Ce travail des élus en commission permet d’avoir des explications concrètes sur les raisons des choix effectués par l’Inspection générale.
L'acte II de la décentralisation (loi de 2004) a conféré aux régions des compétences importantes en matière de formation professionnelle. Elles réclament maintenant l'acte III…
VOIE PRO
Décentralisation, acte III
A
AVEC L’ACTE II DE LA DÉCENTRALISATION, les Régions ont vu leur rôle renforcé en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. C’est ainsi qu’elles définissent et mettent en œuvre, la politique d’apprentissage et de formation professionnelle des jeunes et des adultes à la recherche d’un emploi. L’Association des régions de France (ARF) revendique maintenant un acte III, affichant entre autres la volonté de pilotage de la carte des formations professionnelles et laissant planer
professionnel un doute sur son souhait, à gnement moyen terme, de transférer initial sous statut scolaire doit rester le cœur de la voie les personnels. C’est pour cela que le SE- professionnelle ; Unsa, avec douze autres • fustige la proposition du organisations syndicales, a Président de la République rencontré l’ARF. Cette d’instaurer une dernière dernière s’est voulue rassu- année en apprentissage pour les CAP et les rante et nous Signez bacs pro. avons noté et faites signer Mais des interqu’elle : rogations de• s’oppose à la pétition sur sur sa toute évenwww.se-unsa.org meurent volonté de tualité de transfert vers les Régions des contrôler la carte des formapersonnels enseignants et tions sous statut scolaire. Jusqu’où les Régions d’éducation ; • considère que l’ensei- souhaitent avoir l’initiative,
sachant que l’impact sur les personnels ne sera pas neutre ? C’est donc à l’aune des positions et des décisions effectives adoptées par les diverses Régions, que le SE-Unsa mesurera la défense réelle de l’enseignement professionnel public sous statut scolaire. En attendant, signez et faites signer la pétition pour l’enseignement professionnel public sur http://pourlenseignement professionnelpublic.org Stéphane Dépierre
GRÉTA ENSURSIS ’eST UNE MOBILISATION D’AMPLEUR DES PERSONNELS DES GRÉTA qui a eu lieu le 9 février dernier. À l’appel notamment de l’Unsa-Éducation, des centaines d’agents se sont retrouvés dans les rassemblements et les assemblées générales. Un seul mot d’ordre : Oui au service public de formation continue des adultes, non au Gip-Greta ! Si le gouvernement s’entête malgré tout, et il est probable qu’il le fera vu le sens qu’il donne au dialogue social, nous ne devons pas baisser la garde. Pour le SE-Unsa, les Assises qui sont organisées actuellement doivent constituer une tribune revendicative. Il faut donc obtenir un droit de participation. Les thèmes sont connus : pas de Gip unique, des contrats de droit public et des droits garantis aux personnels. La mobilisation continue !
C
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
25
.en direct du terrain...en direct du terrain...en direct du terrain...en direct du terrain...en direct du
26
ACTION
L
A DEMANDE D’INTÉGRATION des
professeurs d’EPS dans le corps des certifiés devient urgente au regard des attaques portées au sport scolaire ou à l’EPS en général. Cette intégration peut se faire rapidement en maintenant le volume horaire (17+3) de nos obligations de service. L’EPS est attaquée à travers des expériences type «cours le matin, sport l’après-midi» ou des attaques sur le fonctionnement de l’UNSS (suppression des cadres...). Il est faux de dire qu’en restant Peps, notre discipline est mieux défendue ! Devenir certifié serait une vraie avancée pour la profession. Cela légitimerait sa place dans l’Éducation nationale tout en assurant un fonctionnement pérenne du sport scolaire et apporterait l’espoir d’une revalorisation.
Syndicat des
ENSEIGNANTS D’EPS
To u s c e r t i f i é s !
«
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
Depuis 3 ans et la mise en place de la RGPP, nos moyens en EPS ne cessent de diminuer. Après la suppression d’une heure de coordination afin de gérer les examens, les plannings d’occupation des salles, le matériel, les forfaits UNSS sont remis en cause. Le chef d’établissement, pourtant président de l’As, nous demande de rendre deux forfaits UNSS pour boucler sa DHG. C’est intolérable, nous nous battrons pour récupérer ces moyens mais au détriment de qui ? Sûrement d’une autre discipline : c’est inacceptable !
TÉMOIGNAGES
NOTRE
Les DHG sont sanglantes. En EPS, les heures de coordination, les forfaits AS, les options EPS sont sur la sellette. Ayant un statut différent de leurs collègues, les enseignants d’EPS sont de plus en plus isolés pour défendre leurs moyens, sans léser les autres disciplines et créer des tensions dans les équipes pédagogiques. Le forfait UNSS de 3h fait partie intégrante des heures de service. Le SE-Unsa soutiendra tous les collègues qui pourraient rencontrer des difficultés dans leur établissement !
Nicolas, professeur d’EPS en lycée professionnel
La réduction de notre DHG nous oblige à faire des choix intolérables pour la formation des élèves. Le choix doit se faire entre : • la suppression d’un dédoublement à la piscine qui permettait de favoriser les non-nageurs pour leur faire acquérir le «savoir nager»; • la suppression de forfaits UNSS, ce qui signifie la mort du sport scolaire. Laurette, professeur d’EPS en collège
Afin d’élargir l’offre EPS aux élèves, nous voulions développer un enseignement d’exploration à la rentrée 2012. Là où le rectorat dit oui mais sans donner de moyens supplémentaires, le chef d’établissement doit donc proposer aux équipes de faire des choix. Pour offrir cette option aux élèves, il faut donc que les PEPS abandonnent 9 heures d’UNSS ou suppriment le dédoublement mis en place en seconde (ce qui permettait d’éviter des classes à 35). Bilan, le projet de l’enseignement d’exploration tombe à l’eau ! Cyril, professeur d’Eps en lycée
LA PAGE DE L’
européenne des syndicats (CES) appelle à une journée d’action européenne le 29 février prochain pour que l’emploi et la justice sociale soient les priorités politiques. À la veille du Conseil européen qui réunit les 27 chefs d’État ou de gouvernement de l’Union, tous les syndicats en Europe mèneront des actions dans leur pays pour alerter sur la gravité de la situation économique et sociale.
Les syndicats se mobiliseront pour dire «Trop c’est trop ! Arrêtez la casse sociale ! D’autres solutions sont possibles !». Les mesures d’austérité ne sont pas la réponse à la crise. Elles causent d’énormes dégâts sociaux. Avec la CES, l’Unsa revendique un changement de cap. Nous voulons une politique de relance par l’investissement pour créer des emplois. Nous voulons une politique de justice sociale.
Confédération européenne des syndicats
ANNONCES DU PRÉSIDENT
e
Un 3 plan d’austérité qui ne dit pas son nom
L
LES ANNONCES DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, méthode pour y parvenir ? Quel dimanche 29 janvier 2012, sonnent pacte de croissance respectueux comme un nouveau train de mesures des principes du dévepesant sur le pouvoir d’achat des loppement durable pouvonssalariés et des ménages. Le transfert nous construire ? de 13 milliards d’euros de charges Voilà quelques-unes des sociales vers la TVA pour 1,6 point questions fondamentales et la CSG pour 2 points allègera aujourd’hui posées par principalement les entreprises. l’Unsa aux candidats à Les consommateurs, au l’élection présidentielle. premier rang desquels les Sur le champ social ménages populaires, qui est le sien, l’Unsa paieront l’essentiel de la entend bien nourrir le facture, avec des réperdébat public qui va cussions possibles sur une s’engager dans le pays rétraction de la consomentre les candidats et mation, nuisant à la les citoyens. croissance. Le syndicalisme réforÀ cela, il faut ajouter les miste, tel que nous le «accords emploi-compéconcevons, n’a pas titivité», que le Président vocation à déléguer de la République a aux partis et à leurs confirmés, malgré candidats la responl’opposition des orgasabilité qui incombe nisations syndicales. aux acteurs sociaux. Les dérogations dans C’est pourquoi, sur l’entreprise à la loi et six grandes quesaux conventions tions sociales décicollectives deviensives pour les draient la règle. salariés, qui vont Prétendre renforse jouer dans le cer la compétitiprochain quinÉlections vité via la réducquennat, l’Unsa a présidentielles : tion du coût du décidé d’assumer travail et l’augses responsabipas sans le social mentation de la lités et d’interflexibilité est, peller les canpour l’Unsa, une didats. vision réductrice Pascal Priou et dangereuse. (*) Retrouvez nos fiches d’interpellation Quel modèle des candidats social voulonswww.unsa.org/dossiers/ nous ? Quelle presidentielle © creatveoneuk
LA CONFÉDÉRATION
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
27
S OCIÉTÉ HARCÈLEMENT À L’ÉCOLE
Sensibiliser, mobiliser et agir Le 24 janvier 2012, le ministère de l’Éducation nationale a lancé une campagne médiatique de grande ampleur contre le harcèlement à l’école.
L
LE SE-UNSA NE PEUT QUE SE RÉJOUIR de ce premier pas, dans une société où a trop longtemps dominé la version conformiste et naturaliste des tenants de la «loi de la jungle» où le plus faible «n’a qu’à se défendre». En humanistes, nous pensons qu’il était grand temps de prendre en compte la souffrance des élèves concernés, ces parcours scolaires anéantis et ces trop nombreuses vies, parfois brisées. Faisant suite au rapport Debarbieux et aux assises nationales sur le harcèlement à l’école, cette campagne est axée sur 3 objectifs principaux : sensibiliser, mobiliser et agir. Sur le site internet dédié du ministère www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr se trouvent des informations, des repères chiffrés, des conseils, des éléments de fond, des paroles d’experts ainsi que trois «clips» sensibilisateurs.
© Helder Almeida
Pour cette campagne, de nombreux partenaires se sont joints à
28
Syndicat des
l’action. Dont notamment l’Unicef qui s’inscrit ici dans le prolongement de son engagement dans la lutte contre les violences à l’école (publication en mars 2011 d’une enquête exceptionnelle(*) sur la victimation dans les écoles primaires). Le SE-Unsa soutient l’action du ministère dans la lutte contre le harcèlement à l’école mais rappelle que pour être pleinement efficace, cette campagne de sensibilisation doit être accompagnée de la formation de tous les personnels de l’éducation à la prévention et à la lutte contre le harcèlement scolaire.
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
Émilie Trigo (*) Enquête «À l’école des enfants heureux… ou presque», à retrouver sur www.unicef.fr
L’Unsa signe le texte «Pour un Big Bang des politiques de jeunesse». Lancé par 12 organisations, l’appel compte à ce jour plus de 50 organisations signataires. Considérant que la problématique des jeunes doit être une priorité, l’Unsa soutient cette campagne qui se décline en 5 axes : • Éduquer pour s’insérer durablement : un droit à l’éducation-formation tout au long de la vie. • Accompagner l’émancipation : la mise en place d’un service public de l’information, de l’orientation et de l’accompagnement des jeunes. • Garantir des ressources : une clé pour une vie décente. • Peser sur l’emploi pour que chacun prenne sa place. • Les jeunes, acteurs du changement. Plus d’infos sur www.bigbangjeunesse.net Étudiants étrangers, étudiants français : mêmes études, mêmes droits ! Alors qu’ils ont déjà subi la circulaire du 31 mai 2011, le décret du 6 septembre 2011 et, dernièrement, la hausse exponentielle de la taxe pour le renouvellement des titres de séjour, le SE-Unsa se joint à l’Unef pour dire stop. Oui, nous signons l’appel du syndicat étudiant sur les conditions d’accueil et de séjour des étudiants étrangers !
Destiné aux enfants dès 7 ans ainsi qu’aux professionnels de l’éducation, ce fascicule donne des clés pour comprendre et enrayer ces phénomènes. www.unicef.fr
.
Parenthèses (Coup de ❤)
La compilation «Paris-Africa : à l’unisson pour les enfants» est dans les bacs ! Un très beau titre «Des ricochets» et 33 autres offerts par des artistes. Tous les bénéfices de cette compilation seront reversés à l’Unicef, à destination des enfants de la Corne de l’Afrique.
( Vousnousils)
(Elfstedentocht) C’est une course de patinage sur glace en plein air sur les canaux gelés du Pays Bas. 200 km qu’on ne peut parcourir que lorsque l’ensemble des canaux présente une couche de glace de 15 cm minimum. La dernière a eu lieu il y a 15 ans ! Pourront-ils l’organiser cette année ?
(Conseil) Dans son blog, Nora Berra (secrétaire d’État à la santé) conseille aux personnes vulnérables, dont les SDF, «d’éviter de sortir». Face au buzz créé par cette ineptie, la mention «sans abri» a disparu de la liste des personnes vulnérables. Pour voir le florilège des réactions ironiques sur twitter, utilisez le mot clé #NoraBerration.
L’e-mag de l’Éduca tion, VousNousIls.fr est pa rrainé par la Casden-Banque po pulaire. Il permet aux memb res de la communauté éduc ative de ne pas perdre le fil en matière d’actualité et d’aide r les enseignants dans l’exerc ice quotidien du métier (fiches pé dagogiques, dossiers thématiqu es...). Un espace interactif complète les nombreux atouts de ce site. S’abonner à la news letter : www.vousnousils.fr /newsletter
(Écologie) À l’appel de «Agir pour l’environnement» vous êtes invités à éteindre vos lampes et appareils électriques entre 19h55 et 20h les 11 mars, 11 avril, 26 avril et 4 mai prochains. À vos interrupteurs !
e
n°153 • février 2012 • l’ NSEIGNANT
29
A P R È S
L A
Les enfants ont souvent bien du mal à comprendre leurs parents, voilà le livre qu’il leur faut absolument ! C’est très drôle, cela fourmille de conseils, c’est coloré, ludique et surtout, si les parents eux-mêmes prennent la peine de le lire aussi, ils verront que c’est tellement vrai. Avec cet ouvrage, les enfants vont enfin savoir pourquoi : - les parents sont obnubilés par les fruits, les légumes, les promenades au grand air, la culture ; - ils sont d’humeur inégale, ils ont des hauts et des bas ; - ils veulent connaître tous les amis de leur progéniture ; - les parents obligent leurs enfants à se dépêcher pour tout. Et pourquoi les enfants doivent se laver... Cela et bien plus encore est expliqué dans ce livre décalé à découvrir d’urgence en famille ! «Le livre qui t’explique enfin tout sur les parents» de Françoise Boucher, éditions Nathan, 112 p. - 9,90€.
«L’atelier», c’était lui, «Zone libre» aussi. Jean-Claude Grumberg est un auteur d’aujourd’hui incontournable et, c’est tant mieux, incontourné. Ses textes sans concession, sur ses contemporains, mais non sans tendresse, sont d’une drôlerie empreinte d’une grande humanité, où l’on rit jaune parfois en se prenant à rire de nous-même. Un homme, une femme, mais pas chabadabada. Ici le temps a fait son œuvre. Un univers rétréci, ratatiné. Plus de séduction ou d’élan amoureux, on se cherche plutôt des poux dans la tête. Monsieur c’est : «moi, je ne crois pas», rembarré aussitôt par madame prête à croire à autre chose surtout si ça contrarie monsieur… La télé pour seule compagnie, ils trompent leur ennui en commentant tout et rien : de l’existence du yéti à l’hypothétique coup monté du 11 septembre, en passant par les flatulences provoquées par les fèves… Catherine Hiegel et Pierre Arditi, sont inénarrables de comique, et la subtilité avec laquelle ils restituent le texte est à l’image de ces deux grands comédiens. Un plaisir hautement recommandable.
@
Tous nos coup de cœur à lire, voir ou écouter sur www.se-unsa.org dans la rubrique
«Après la classe»
Syndicat des
Dans le cadre de l’exposition Paul Klee Polyphonies, le Musée de la musique propose un dispositif pédagogique exceptionnel pour les familles et les scolaires. Cet atelier composé d’une quinzaine de modules permet d’appréhender l’univers poétique et artistique du peintre avec les mains, les pieds, les yeux et les oreilles, mais aussi avec l’imagination. Les enfants y trouveront des puzzles tactiles, des tableaux aimantés, des projections lumineuses, un mur pour dessiner, du théâtre de marionnettes, une marelle au sol géante, des jeux sonores... Un dispositif particulier est mis en place pour l’accueil des enfants handicapés. L’Atelier «Klee en main» est accessible avec le billet d’entrée de l’exposition. Mercredi, samedi, dimanche et tous les jours pendant les vacances scolaires, de 14h à 18h. Cité de la Musique - 221, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris. Pour les scolaires et plus d’infos : www.citedelamusique.fr
Le premier tome de «Quai d’Orsay» a remporté un immense succès. Ce second volume s’annonce tout aussi délectable, voire plus. Au ministère des Affaires étrangères, le ministre Alexandre Taillard de Worms est un homme débordé, exalté, pétri de belles lettres. Il a embauché le jeune Arthur Vlaminck pour écrire ses discours. Aujourd’hui, il entraîne tout son staff aux Nations-Unies à New-York pour tenter de régler la crise du «Lousdem», un pays qui détiendrait de quoi fabriquer l’arme atomique et à qui les États-Unis veulent déclarer la guerre. Ça vous rappelle quelque chose ? Le langage et les mœurs ministérielles sont décortiqués dans cette série, avec un humour acide. Les pratiques diplomatiques sont mises en lumière avec ironie et le dessin tout en finesse et en mouvement restitue à merveille ce monde codifié jusqu’à l’absurde parfois. Un régal. «Quai d’Orsay» de Christophe Blain et Abel Lanzac, éditions Dargaud, 104 p. - 16.95€.
L’aquarium de Paris vous accueille que vous soyez seul ou en famille, une association, un centre de loisirs ou en configuration de classe, que vous ayez 3 ans ou que vous soyez ados ou séniors, à l’occasion d’un événement (St Valentin, anniversaire, sortie...) ou au détour d’une balade parisienne. 3500 m2 d’espace de visite avec une progression thématique géographique (de la Seine à l’Atlantique, de la France métropolitaine à la rivière Guyanaise). Parmi 10 000 poissons, 25 requins et 43 bassins, chaque public trouvera sa formule : visite libre ou guidée, atelier créatif ou pédagogique (maternelle, collège...), animations ludiques, spectacles, films... Tout un programme renouvelé mensuellement pour passer un excellent moment de détente ou d’étude.
«Moi je crois pas !» de Jean-Claude Grumberg. Au théâtre du Rond-point, jusqu’au 24 mars. www.theatredurondpoint.fr
30 30
C L A S S E
enseignants - Unsa • www.se-unsa.org
Sous les jardins du Trocadero. Ouvert 7j/7. Toutes les infos sur www.cineaqua.com Si vous êtes enseignants et que vous voulez organiser votre visite : www.cineaqua.com/index_ecoles.html
CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable – Siège social : 91 Cours des Roches – 77186 NOISIEL. Siret n° 784 275 778 00842 . RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138. BPCE – 50 rue Pierre Mendès France – 75013 Paris – RCS 493 455 042. - Illustration : Killoffer
Quand les enseignants se mobilisent pour réaliser leurs projets, ils créent leur propre banque. ,U WLYTL[[HU[ n S»tWHYNUL KL [V\Z ZLZ :VJPt[HPYLZ KL MPUHUJLY SLZ WYVQL[Z KL JOHJ\U SH *(:+,5 KtTVU[YL KLW\PZ HUZ SH WLYMVYTHUJL K»\U Z`Z[uTL IHUJHPYL JVVWtYH[PM Rejoignez-nous sur casden.fr ou contactez-nous au 0826 824 400 ( 0,15 € TTC/min en France métropolitaine )
L’offre CASDEN est disponible en Délégations Départementales et également dans le Réseau Banque Populaire.