L'ATHLETISME éducatif
2
L’ATHLETISME EDUCATIF
Ségolène ROUSSEL 93 rue Pasteur 78700 Co,nflans Sainte Honorine 06 34 56 57 89 roussel.segolene@yahoo.fr
FORM / TOULOUSE FORMATIONS ARTS APPLIQUÉS / ÉTABLISSEMENTS PUBLICS D’ENSEIGNEMENT DIPLÔME SUPÉRIEUR DES ARTS APPLIQUÉS
DSAA 1 CRÉATEUR-CONCEPTEUR Option : CRÉATION INDUSTRIELLE
L’ATHLETISME EDUCATIF
INTRODUCTION PARTIE 1 : HISTOIRE DU SPORT 14 // LES SPORTS DE L’ANTIQUITE
14 // L’Egypte ancienne 14 // La Grèce antique 15 // Les jeux panhélleniques : le rendez-vous sportif de l’Antiquité 15 // La Rome antique 17 // LE SPORT MODERNE
17 // L’essor du sport avec la société de consommation 17 // Les jeux olympiques modernes 18 // Sport et politique
PARTIE 2 : LES BIENFAITS DU SPORT 24 // LES BIENFAITS PHYSIQUES
24 // Prévention des pathologies 25 // Developpement du corps
26 // LES BIENFAITS PSYCHIQUES
26 // Un corps sain donne un esprit sain 26 // Le rôle social
PARTIE 3 : « SPORT ET SPORTIFS EN FRANCE » : REFERENCES SUR LES PRATIQUES PHYSIQUES ET SPORTIVES DES FRANCAIS 30 // UN NOMBRE EN CONSTANTE AUGMENTATION 31 // DES PRATIQUES SPORTIVES DETERMINEES EN FONCTION DE L’AGE ? DU SEXE ET DE LA CATEGORIE SOCIALE
31 // La distinction sexuelle des pratiques 31 // La différenciation sociale des pratiques 32 // Le sport une question d’âge et de générations
33 // LES FRANCAIS : DES SPORTIFS ASSIDUS ET POLYVALENTS 33 // SPORT ET HABITUS : LES FRANCAIS CHOISISSENT-ILS LEURS SPORTS EN FONCTION DES HABITUS DE CLASSE SOCIALE ? 36 // DE NOUVELLES PRATIQUES SPORTIVES
36 // Une pratique « encadrée » ou une pratique « libre » 36 // De nouvelles formes spécifiques d’engagement sportif
PARTIE 4 : L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE 42 // La naissance de l’éducation physique 44 // Différentes pratiques pour différentes pays 46 // Sport et choix du gouvernement : professeur d’EPS, une profession menacée ?
PARTIE 5 : LE SPORT ET LES ENFANTS : INTRODUCTION 50 51 52 53
// Quelle est l’importance du sport pour les enfants ? // Qu’est ce que le succès pour l’enfant ? // Qu’est-ce qui incitent les enfants à faire du sport ou à abandonner ? // Les enfants sont-ils de petits adultes ?
PARTIE 6 :LE SPORT ET LES ENFANTS : LA PRATIQUE SPORTIVE 58 // A quel moment les enfants devraient-ils se spécialiser dans le sport ? 58 // Les compétitions sont-elles trop stressantes pour les enfants ? 60 // A quel âge les enfants peuvent-ils commencer la compétition ? 60 // Quand faut-il adapter le sport aux enfants ?
PARTIE 7 : D’HIER A AUJOURD’HUI : L’EVOLUTION DES JEUNES 64 // Evolutions physiques 67 // Enfants « jeu vidéo » : génération internet
PARTIE 8 DECOUVRIR L’ATHLETISME 70 // Histoire de l’athlétisme 72 // Les valeurs de l’athlétisme 74 // La FFA 75 // Les épreuves d’athlétisme 79 // L’évolution de l’athlétisme : Innovation
PARTIE 9 : L’ATHLETISME POUR LES ENFANTS 86 // DIFFERENTES MANIERES D’ABORDER L’ATHLETISME
86 // L’athlétisme en club 86 // L’athlétisme à l’école 87 // L’athlétisme vacances 87 // Destination athlé 2012
90 // LA PRATIQUE ACTUELLE
90 // Problématique 91 // Le malaise fédéral : désertion et cimetière des jeunes talents 92 // Un divorce entre l’athlétisme et les jeunes 92 // Les formes de compétitions 95 // L’ANIMATION 96 // SPORT INDIVIDUEL OU SPORT COLLECTIF ? 97 // LES EVOLUTIONS EN ECOLE D’ATHLETISME
PARTIE 10 : VERS LE PROJET 102 104 105 106
// Des objectifs précis // Jeu et sport en famille // Le monde fédéral // Une autre approche de la pratique sportive
CONCLUSION
8
« On peut comparer l’athlétisme à un médicament ou un fortifiant.Ce qui est essentiel dans le médicament c’est son principe actif, pas son goût. Les laboratoires l’ont compris et permettent aux enfants de profiter des bienfaits de leurs produits en leur donnant un goût acceptable, voire plaisant. Pourquoi notre athlétisme doit-il toujours garder un goût amer ? » Charles GOZZOLI, L’athlétisme éducatif
9
10
INTRODUCTION Le sport est aujourd’hui multiple tout autant dans ses formes que dans les lectures sociologiques dont il fait l’objet. En effet, le sport c’est aussi bien une finale du 100 mètres aux Jeux Olympiques qu’une course entre copains, une compétition sans merci qu’un jeu débonnaire. Fournir un état des lieux actualisé du sport est très difficile dès qu’on envisage le sport comme une pratique mais aussi comme un spectacle porteur de valeurs et de symboles. Mais on peut dire que les fonctions du sport renvoient à des domaines variés de la vie sociale. Le sport intervient dans le processus de socialisation des enfants. Les politiques publiques lui accordent également une efficacité en matière d’intégration. Enfin, il remplit des fonctions symboliques de renforcement du lien social à l’échelle locale et nationale. L’athlétisme est une des premières pratiques sportives organisées apparues dans la société humaine, parmi quelques autres comme la lutte. « Reculer les murs de sa prison » (Antoine Blondin) est depuis toujours, la finalité des pratiquants de l’athlétisme. Cette quête permanente de l’absolu, Citius Fortus Altius, a donné à ’athlétisme ses lettres de noblesse. L’effort, la persévérance, la santé mais aussi l’esthétique du corps sont devenus les valeurs sociales portées par l’athlétisme. Avec ce patrimoine de valeurs, il est devenu une part de formation des jeunes, d’abord dans le milieu scolaire et ensuite dans le monde fédéral, mais l’athlétisme chez les enfants rencontre depuis plusieurs années des difficultés sur ces deux espaces de pratiques.
11
L’activité s’est toujours développée en se référant à la pratique des adultes. Une réduction spatio temporelle des épreuves a toujours été la solution pour adapter la pratique aux enfants. Mais ces adaptations mettent souvent les jeunes en difficultés puisqu’on leur demande de réaliser les mêmes gestes que l’on demanderait aux champions olympiques. Des efforts ont été réalisés mais globalement la situation est restée fixer sur une vision traditionnelle. Rien d’étonnant à ce que de nombreux sociologues, historiens, philosophes ou professeurs d’Education Physique et Sportive se soient penchés sur le problème. Cela a abouti à de nombreuses réflexions et à des propositions d’organisation de travail et de contenu de la pratique. En complément à ces propositions, nous, designers pouvons essayer d’élargir également ces réflexions sur la pratique de l’athlétisme pour les jeunes. Pour essayer d’amener des éléments différents de ce qui a déjà été proposé, il est possible en tant que designer de réfléchir sur l’environnement et les formes de la pratique de l’athlétisme, que ce soit sur les installations, le matériel, les services spécialisés dans cette tranche d’âge.
12
13
PARTIE 1
HISTOIRE
DU SPORT
14 // LES SPORTS ET L’ANTIQUITE 17 // LE SPORT MODERNE
LES SPORTS DE L’ANTIQUITE L’EGYPTE ANCIENNE L’étude de certains vestiges a mené à considérer que les Égyptiens de l’Antiquité pratiquaient certains sports dans le but d’acquérir de la force ou des habiletés, à des fins religieuses ou par simple désir de se distraire. On affirme même que certains sports modernes tiennent leurs origines de ce peuple, qui les développa sous une forme archaïque il y a plus de 5 000 ans.
LA GRECE ANTIQUE Ce sont sans doute les Grecs de l’Antiquité qui ont le plus contribué à faire évoluer le sport vers sa forme moderne. Si on connaît bien certains éléments de ce riche héritage, comme la création des Jeux olympiques, on oublie souvent que ce sont les Grecs qui construisirent les premiers gymnases et palestres destinés à l’entraînement des sportifs. L’activité physique était si prisée chez ce peuple que l’on retrouvait de telles constructions dans chaque cité. On y enseignait une vaste gamme de disciplines sportives, mais également la
16
musique, la grammaire et l’arithmétique. L’épanouissement du corps allait de pair avec celui de l’esprit aux yeux du peuple grec.
LES JEUX PANHELLENIQUES – LE RENDEZ-VOUS SPORTIF DE L’ANTIQUITE Les Jeux panhelléniques étaient des événements d’envergure impliquant l’ensemble des cités de la Grèce antique. On comptait quatre événements majeurs : les Jeux olympiques (Olympie), les Jeux pythiques (Delphes), les Jeux isthmiques (Corinthe) et les Jeux néméens (Némée) où avaient lieu des compétitions sportives et intellectuelles. Lors de ces rencontres, on y retrouvait, en plus des cérémonies religieuses et des concours artistiques basés sur le chant et la musique, des courses à pied ou à cheval, des combats, des épreuves de lancer ou de saut, ainsi que des compétitions combinant plusieurs de ces disciplines. Les athlètes grecs croyaient dur comme fer à l’adage d’un esprit sain dans un corps sain. En fait, ils étaient persuadés que l’épanouissement des facultés mentales passait invariablement par le maintien d’une bonne forme physique. Lors des entraînements et des compétitions, les sportifs démontraient donc qu’ils correspondaient à cet idéal en concourant entièrement nus. Les Jeux panhelléniques connurent une fin plutôt brutale. En effet, ils furent tout bonnement interdits par le décret de Théodose 1er un empereur romain ayant vécu au IVe siècle.
LA ROME ANTIQUE Lorsque les Romains en vinrent à régner sur les environs de la Méditerranée, le sport connut une succession de changements importants. Ainsi, des années avant d’interdire et de condamner
17
les Jeux grecs, ils organisèrent leurs propres rencontres sportives calquées sur ce même modèle et appelées ludi. Il semble que les courses de chars étaient particulièrement populaires et que les vainqueurs étaient élevés au rang de héros. La domination romaine se démarqua également par l’apparition de certains sports de spectacle hautement violents et parfois même sanglants. Vers l’an 100 avant Jésus-Christ, les combats de gladiateurs devinrent des événements hautement recherchés par le public. En fait, bon nombre d’activités sportives de la Rome antique relevaient plutôt des arts du spectacle et du cirque, et misaient sur le divertissement des masses.
18
LE SPORT MODERNE L’ESSOR DU SPORT AVEC LA SOCIETE DE CONSOMMATION Le sport moderne prend l’essor avec l’avènement de la société capitaliste industrielle. Le sport devient « un système institutionnalisé de pratiques physiques, compétitives, codifiées, réglées conventionnellement, dont l’objectif avoué est sur la base d’une comparaison des performances, de désigner le meilleur concurrent ou d’enregistrer la meilleure performance ». Les historiens nomment cette idée « l’athlécisme », c’est-à-dire vitesse, constant dépassement de soi, aspiration au succès et surtout esprit de compétition. Les mêmes idées qui animaient les lois du libéralisme économique. Et c’est à cette époque que l’athlétisme prit son essor et devint un vecteur de transmission des valeurs éducatives et morales accordées à la culture industrielle.
LES JEUX OLYMPIQUES MODERNES Le sport fut relancé par Pierre de Coubertin. Il s’intéressa tour à tour à la vie militaire puis à la politique, avant de s’investir dans une campagne de promotion vantant les vertus du sport en milieu scolaire. Son implication dans le domaine sportif fit germer une idée de grandeur. En 1892, il annonça son désir de faire renaître une compétition mondiale disparue depuis fort longtemps. Ses efforts furent récompensés en 1896 lors de la première édition des Jeux olympiques modernes à Athènes. La devise des Jeux olympiques modernes est Citius, Altius, Fortius, trois mots latins pouvant être traduits par « Plus vite, plus haut, plus fort ». Elle fut proposée au Comité olympique par Pierre de Coubertin
19
en 1894 afin de représenter l’esprit de l’événement. Même si cette devise peut paraitre contradictoire avec les intentions de son créateur elle cherche à rappeler que c’est l’effort et la participation qui compte, plutôt que la victoire.
SPORT ET POLITIQUE Lors du congrès de Neuchâtel en 1975, le président du Comité international olympique, Juan Antonio Samaranch, déclare : « Nul doute que les compétitions sportives, et en particulier les Jeux olympiques, reflètent la réalité du monde et constituent le microcosme des relations internationales. ». A sa création, les Jeux olympiques étaient imprégnés d’une volonté de pacifier les rapports entre les nations. L’objectif de départ était la promotion d’un esprit antinationaliste et de la fraternité entre sportifs mais en réalité les compétitions vont reproduire symboliquement les rivalités entre les nations. Le sport devient très vite un instrument à des fins politiques. Cette instrumentalisation du sport atteindra son paroxysme avec l’avènement des états totalitaires. Le fascisme italien a inauguré cette pratique en exploitant politiquement à outrance le football. Les fascistes pensaient que le football permettrait de rassembler dans un espace propice à la mise en scène, des foules considérables ; d’exercer sur celles-ci une forte pression et d’entretenir les pulsions naturalistes des masses. Le point ultime sera atteint en 1934 lorsque l’Italie organisa la coupe du monde de football, avec sur l’affiche officielle un footballeur le bras tendu. Le président de la fédération italienne de football, le général Vaccaro, déclare que « le but de cette manifestation est de montrer à l’univers ce qu’est l’idéal fasciste du sport ». Le nazisme imitera le régime mussolinien. Très tôt déjà, Hitler avait compris l’intérêt que pouvait représenter le sport. Il écrivait dans Mein kampf : « des millions de corps entraînés au sport,
20
imprégnés d’amour pour la patrie et remplis d’esprit offensif pourraient se transformer, en l’espace de deux ans, en une armée » 1. L’organisation des Jeux Olympiques revient à l’Allemagne en 1936. Les nazis profitent de cette occasion pour montrer la puissance de leur idéologie. Funk, un assistant de Goebbels déclarait : « les jeux sont une occasion de propagande qui n’a jamais connu d’équivalent dans l’histoire ». Les jeux de Berlin furent un succès international qui a permis au régime nazi de montrer sa puissance, par l’intermédiaire des cérémonies gigantesques et de nombreuses victoires des athlètes allemands, préambule à ce que seront quelques années plus tard ses conquêtes militaires. Après la seconde guerre mondiale, la défaite du nazisme et du fascisme n’entérine pas la fin de l’instrumentalisation du sport. Dès 1948, Eric Honecker, alors secrétaire du parti communiste de la RDA, déclarait « le sport n’est pas un but en soi ; il est un moyen d’atteindre d’autres buts ». Le sport servira de caisse de résonnance aux grandes puissances et il permettra à beaucoup d’états d’accéder à une reconnaissance internationale. Les pays du bloc soviétique avaient aussi l’enjeu des victoires sportives. Ils se donnèrent les moyens de réussir, et toute une partie de la jeunesse fut embrigadée ; elle forme les bataillons d’athlètes qui servirent la propagande. Les régimes staliniens n’hésitent pas à se livrer aux pires pratiques de sélection, de conditionnement et de dopage pour fabriquer des champions et en faire les porte-drapeaux de leur politique. Au lendemain des jeux olympiques de Munich de 1972, la Pravda déclarait : « les grandes victoires de l’Union soviétique et des pays frères sont la preuve éclatante que le socialisme est le système le mieux adapté à l’accomplissement physique et spirituel de l’homme ». Dans ce contexte de guerre froide, l’URSS et les Etats-Unis se livraient une « guerre » par sportifs interposés. Gérard Ford, président des Etats-Unis exprimait en 1974 les objectifs américains : « Est-ce que
1. Hitler Adolf. Mein kampf. Eher-Verlag. 1925
21
nous réalisons à quel point il est important de concourir victorieusement contre les autres nations […] Etant un leader, les Etats-Unis doivent tenir leur rang […] Compte tenu de ce que représente le sport, le succès sportif peut servir une nation autant qu’une victoire militaire. » Le sport est devenu depuis plusieurs années un phénomène universel. Semblable à la mondialisation, le sport connait un accroissement exponentiel des enjeux politiques et économiques qui facilitent la montée de tensions et d’incidents. Alors que les rencontres sportives passaient pour « euphémiser » la violence, il arrive qu’elles soient une continuation de la guerre par d’autres moyens.
Jeux Olympiques de 1936
22
Jeux Olympiques de 1968
23
PARTIE 2
LES BIENFAITS DU SPORT 28 // LES BIENFAITS PHYSIQUES 30 // LES BIENFAITS PSYCHIQUES
LES BIENFAITS PHYSIQUES PREVENTION DES PATHOLOGIES Les bienfaits d’une activité sportive régulière sont désormais reconnus de tous en tant que philosophie de vie, qu’hygiène corporelle et mentale. Nos modes de vie sédentaires parfois associés à des régimes alimentaires trop nriches ont rendu l’exercice physique essentiel. Dans une revue publiée récemment sur le site internet de EUFIC (le Conseil Européen de l’Information sur l’Alimentation) concernant les bienfaits de l’activité sportive, le professeur Ken Fox de l’Université de Bristol explique que les personnes actives sont deux fois moins susceptibles d’être victime d’une mort prématurée ou d’une maladie grave. Il est montré que le sport permet la prévention des pathologies. Il est vrai que les bénéfices du sport sont très nombreux pour être tous cités mais on peut noter que l’appareil locomoteur est le grand bénéficiaire de la pratique sportive. L’augmentation de la force, l’amélioration du tonus musculaire et l’augmentation de son volume ont pour conséquence de prévenir des douleurs de hanches, de genoux et des troubles vertébraux. D’un point de vue osseux,
26
l’activité sportive intervient dans la fixation du calcium de sorte qu’elle prévient de l’ostéoporose. Il a été prouvé que l’exercice physique développe les muscles, les tendons et les ligaments et consolide les os. Le sport améliore la densité osseuse chez les adolescents, aide à maintenir cette même densité osseuse chez les adultes et limite la perte de masse osseuse liée à l’âge. De la même façon, un entraînement régulier équilibré et non excessif génère des effets positifs sur l’appareil cardio-vasculaire. En tant que muscle, le cœur accroît sa capacité de contraction et augmente sa puissance et son efficacité. D’un point de vue circulatoire, le sport combattra efficacement les deux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires : l’hypertension et l’athérosclérose.
DEVELOPPEMENT DU CORPS Un des bénéfices du sport est qu’il développe les muscles et affine la silhouette. On peut constater qu’avoir un corps dit « parfait » est l’une des préoccupations de la société actuelle. Ce phénomène peut être mis en avant par la recrudescence des disciplines sportives dont l’objectif est de sculpter le corps comme la musculation et le fitness. Depuis l’invention de la gymnastique au XIXe siècle, le rapport de l’individu à son corps a changé. En effet, le sport semble constituer une exigence de l’homme qui désire prendre soin de lui : être sain, c’est être soucieux non seulement de sa santé mais aussi de son apparence. Le philosophe Bernard Andrieu 2 , explique que le souci esthétique actuel est devenu pour plus en plus d’hommes et de femmes un moyen de transformer leurs modes d’existence, d’agir et d’intervenir sur eux-mêmes. Ce phénomène répond aussi à un besoin d’appartenance et permet à l’individu de s’identifier à tels ou tels groupes sociaux. Il est vrai que le corps du sportif fait signe socialement, tout comme font signe le corps vieilli ou le corps malade. En bref, de par sa forme, le corps se trouve érigé en reflet 2. Andrieu Bernard. Les cultes du corps. L’Harmattan. Collection : Santé, sociétés et cultures
27
de valeurs qui peuvent être positives comme le dynamisme, la santé, la réussite ou bien négatives telles que la maladie, la laideur… D’ailleurs les sociologues français Jean Baudrillard et Pierre Bourdieu qualifient tour à tour le corps « comme emblème de soi-même » 3 et « produit social »4 .
LES BIENFAITS PSYCHIQUES UN CORPS SAIN DONNE UN ESPRIT SAIN En premier lieu, il faut reconnaître que les bienfaits psychologiques liés à la pratique d’un sport sont loin d’être subsidiaires aux bénéfices immédiatement physiques. En outre ceux-ci s’étendent du renforcement de la confiance en soi à l’acquisition de l’esprit de compétition et de la volonté, en offrant au passage un exutoire tout trouvé à la libération de l’agressivité, du stress et de l’anxiété. Du reste, les moments d’activité physique sont l’occasion d’oublier les soucis du quotidien et du travail. Le flot d’hormones qui l’accompagne génère en effet une sensation de bien-être physique et mental.
LE ROLE SOCIAL Les vertus du sport sont nombreuses et variées mais elles tiennent plus volontiers d’une hygiène de vie ayant des répercussions nettes sur la sociabilité. D’un point de vue social en effet, la pratique d’un sport permet de créer des relations et de favoriser l’échange et l’intégration. Il permet encore d’apprécier de nouvelles personnes, de se sentir exister au sein d’un groupe autour de
3. Baudrillard Jean. La société de consommation. Gallimard.1970 4. Bourdieu Pierre. Habitus, corps, domination: Sur certains présupposés philosophiques de la sociologie. L’Harmattan.
28
valeurs partagées. L’esprit sportif est porteur de valeurs propres à une philosophie faite de respect, de ténacité et de persévérance. En cela, les bienfaits du sport sont psychosociaux pour une large part. Mais aux yeux de certains pratiquants assidus, il est bien souvent la clef d’un profond sentiment d’harmonie et de bien-être.
29
PARTIE 3
« SPORT ET SPORTIFS EN FRANCE » : REFERENCES SUR LES PRATIQUES PHYSIQUES ET SPORTIVES DES FRANCAIS 34 // UN NOMBRE EN CONSTANTE AUGMENTATION 35 // DES PRATIQUES SPORTIVES DETERMINEES EN FONCTION DE L’AGE, DU SEXE ET DE LA CATEGORIE SOCIALE 37 // LES FRANCAIS : DES SPORTIFS ASSIDUS ET POLYVALENTS 38 // SPORT ET HABITUS : LES FRANCAIS CHOISISSENT-ILS LEURS SPORT EN FONCTION DES HABITUS DE CLASSE SOCIALE ? 41 // DE NOUVELLES PRATIQUES SPORTIVES
Le sport fait aujourd’hui partie intégrante du mode de vie des français. il constitue la 8e activité de loisirs et 39 millions de Français s’y adonnent, ne serait-ce qu’occasionnellement. Qui sont les 39 millions de sportifs en France ? Comment pratiquent-ils ? En club, en famille ?
UN NOMBRE EN CONSTANTE AUGMENTATION ... En 1967, d’après la première enquête de l’INSEE5 moins d’un français sur deux faisait du sport. Vingt ans plus tard, l’enquête de l’INSEP6 montre une France bien plus sportive : presque trois français sur quatre faisaient du sport. Cette accroissement est du à trois types de facteurs. En un premier temps, on constate une augmentation de la pratique féminine. En 1987, le taux des pratiques des femmes et des hommes étaient devenus très proches. Le deuxième facteur est la transformation de la durée de la pratique sportive durant la vie des français et en particulier une continuation de la pratique avec l’avancée de l’âge. L’arrêt du sport avec l’âge est moins sensible en 1987 qu’en 1967. L’enquête INSEP de 1987 évalue à 72 % les français âgés de 35 à 49 ans qui pratiquent encore du sport alors qu’en 1967 ils n’étaient que 23 %. Après 60 ans, près de la moitié de la population continuait à avoir une activité physique contre moins de 10 % dans l’enquête de l’INSEE en 1967. Et le dernier facteur est un accès plus important au sport des groupes sociaux qui s’y adonnaient le moins tels que les agriculteurs, ouvriers ou artisans. Si seulement trois ouvriers sur dix faisaient du sport en 1967, sept sur dix en faisaient en 1987.
5. INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. 6. INSEP : Institut National du Sport et de l’Education Physique
32
L’enquête du CREDOC7 de 1994 confirme ses résultats avec un taux de 70 % de français pratiquants une activité physique et sportive. Cette enquête avalise la tendance à la prolongation de la pratique sportive avec l’avancée de l’âge.
DES PRATIQUES SPORTIVES DETERMINEES EN FONCTION DE L’AGE, DU SEXE ET DE LA CATEGORIE SOCIALE LA DISTINCTION SEXUELLE DES PRATIQUES Diffusées et massifiées, les activités physiques et sportives ne se sont pas totalement uniformisées selon les sexes. L’augmentation du nombre de sportives peut s’expliquer par l’accès massif des femmes au salariat, puisque dans les années 60, cinq femmes sur dix exerçaient un travail alors qu’elles sont huit sur dix aujourd’hui. La sortie du foyer s’est largement banalisée. Au point que faire sortir du sport, ce qui était impensable pour nombre de celles des générations précédentes, est vécu aujourd’hui comme « normal ». Ce sentiment d’obligation domestique n’a pas disparu mais il s’accompagne d’un désir concurrent d’épanouissement personnel, légitimant des places de temps pour soi.
LA DIFFERENCIATION SOCIALES DES PRATIQUES La comparaison des résultats sur la distribution sociale de la pratique sportive offert par les trois enquêtes INSEE 1967, INSEP 1987 et l’enquête MJS de Mignon et Truchot8 en 2002 montrent un rattrapage 7. CREDOC : Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie 8. Enquête INSEP confiée par le ministère Jeunesse et Sport à P. Mignon et Truchot (menée en juillet 2000, parution des premiers résultats en mars 2001 dans Stat Info ; Cf. Les pratiques sportives en France, Enquête 2000, Ministère des Sports et Institut National du Sport et de l’Education Physique, 2002).
33
important des catégories « agriculteurs » et « ouvriers » qui sont tout en restant avec des taux plus faibles ne sont plus décrochés des autres groupes sociaux. Moins spectaculaire mais bien réel, les augmentations des autres groupes sociaux font qu’en 2002, plus de huit employés, plus de huit artisans, plus de huit commerçants sur dix font une activité physique. Les professions intermédiaires et les professions intellectuelles ont rejoint avec plus de neuf pratiquants sur dix.
LE SPORT, UNE QUESTION D’AGE ET DE GENERATIONS Les jeunes sont très sportifs : 90 % des 15-24 ans ont pratiqué une activité physique ou sportive en 2003. Les pratiquants sont un peu moins nombreux dans la tranche d’âge des 25-44 ans. Après 65 ans, seule une personne sur quatre a une activité physique ou sportive. Avec 64 % de sportives contre 79 % de sportifs, la pratique est plus importante chez les hommes que chez les femmes. Les différences entre hommes et femmes se manifestent surtout parmi les plus âgés ; entre 15 et 24 ans, filles et garçons sont globalement aussi nombreux à faire du sport. Les filles semblent décrocher à partir de 25 ans : entre 25 et 34 ans, elles sont 80 % à pratiquer du sport contre 90 % des garçons au même âge. Cependant, l’enquête de l’INSEP de 1987 montrait l’apparition d’un troisième âge physiquement actif. Le progrès de la médecine, l’amélioration de la qualité de vie produisent une transformation de la pyramide des âges. La pratique sportive est conçue, comme l’a montré R. Feillet, comme une résistance au vieillissement.
34
LES FRANCAIS : DES SPORTIFS ASSIDUS ET POLYVALENTS Les Français sont vraiment assidus : 3 sportifs sur 10 ont une pratique soutenue, et plus de 4 sur 10 ont une pratique hebdomadaire. Polyvalents, ils aspirent à la diversité : en moyenne, ils ont pratiqué en 2007 quatre activités différentes. À la recherche de convivialité familiale et amicale, moins de la moitié des sportifs pratiquent en club ou en association. Par exemple, près de 51% des personnes qui s’adonnent à la natation le font en famille, 12,9% en club et moins de 2,5% pratiquent la compétition.
SPORT ET HABITUS : LES FRANCAIS CHOISISSENT-ILS LEURS SPORTS EN FONCTION DES HABITUS DE CLASSE SOCIALE ? LA GENESE SOCIALE DES GOUTS Le travail de Pierre Bourdieu9 a constitué une étape marquante de la connaissance des goûts. Il a montré que les différences de goût s’enracinent dans la structure des champs sociaux. Le goût en tant que produit d’un habitus est également l’expression d’un « rang à tenir ou d’une distance à maintenir ». Les goûts et les dégoûts expriment les positions des individus dans un champ social. Dans cette perception de la genèse du goût, la référence aux classes 9. Bourdieu Pierre. La distinction, critique sociale du jugement, Paris, Ed de Minuit, 1979
35
sociales occupe une position centrale et donne une vision relativement unifiée des goûts. Ainsi, les goûts sportifs, musicaux, artistiques ou alimentaires composent les éléments d’un style de vie cohérent.
LE GOUT SPORTIF COMME EFFET DE L’HABITUS Le sociologue du sport, Fabien Ohl, dans son ouvrage Goût et culture de masse : l’exemple du sport10 se demande si toutes les pratiques ou les choix que font les individus se font en rapport avec l’habitus. Selon Ohl, le recours systématique à l’habitus comme explication privilégiée peut faire écran à la connaissance sociologique du goût parce que les relations entre habitus et comportements de consommation ne sont pas obligatoirement liés, il est nécessaire de dépasser le sens commun : deux personnes qui font la même activité ou achètent des objets identiques ne partagent pas nécessairement le même goût. D’après Fabien Ohl, on ne peut donc pas associer de façon systématique des sports et des habitus. Jacques Defrance, professeur de sociologie et d’histoire est du même avis. En effet, il montre dans son livre Sociologie du sport11 que les techniques sportives sont déclinées de plusieurs façons selon les groupes sociaux qui se les approprient. Les sportifs ont fréquemment des pratiques analogues sans que pour autant leurs goûts se confondent. Il en va ainsi des nageurs qui partagent la même ligne d’eau. Certains viennent pour travailler leur condition physique, d’autres pour la détente et le plaisir de glisser dans l’eau. Le sens d’une pratique est très malléable. La signification de l’usage des objets l’est probablement encore davantage. On peut porter des chaussures de sport dans des situations et pour des usages très différents : en ville, au travail ou dans un gymnase.
10. Fabien Ohl .Goût et culture de masse : l’exemple du sport. Presse de l’Université de Montréal. Vol 36 n°1. 2004 P209-228 11. Defrance Jacques. Sociologie du sport. La Découverte Paris. Collection Repères, numéro 164. 2006
36
Aussi, on ne peut négliger l’influence des transformations de l’offre qui renouvellent les expériences sociales. D’après l’enquête de Mignon et Truchot de 2002, parmi les paramètres d’incitation à faire du sport, on retrouve les amis (66 %), la proximité des équipements (52 %), les conseils d’un tiers (35 %), la découverte en vacances (32 %) qui viennent avant l’imitation des parents (22 %). On constate donc une multiplicité d’influences. En conséquence, l’attention du sociologue portée quasi exclusivement sur la mise en relation du goût avec la culture familiale n’est pas justifiée. La diversité des influences et la capacité des individus à intégrer de nouvelles expériences sociales n’effacent pas l’existence de déterminismes économiques et sociaux mais les rendent plus complexes à appréhender. Le goût pour un sport ou un objet évolue selon les expériences de la pratique et les expériences de consommation. On peut constater que les sportifs révèlent de nombreuses mutations du goût : à l’occasion d’apprentissages, le dégoût de l’eau ou de la neige peuvent se transformer en passion sportive ou, au contraire, des années de pratique peuvent provoquer le dégoût du sport adulé. Environ 30 % des individus qui abandonnent une pratique le font « parce qu’ils sont arrivés à saturation » et 40 % parce qu’ils ont « d’autres centres d’intérêts ». Les Français interrogés par Mignon et Truchot souhaitent d’ailleurs autant pratiquer un autre sport qu’intensifier la pratique de leur sport de prédilection. En bref, le lien entre habitus et pratiques sportives sont plus incertains. Il faut tenir compte des changements qui entraînent des expériences sociales plus nombreuses et parfois contradictoires pour comprendre le goût sportif. La massification de la consommation et la diversité des expériences sociales semblent donner un poids moins important aux positions de classes sociales dans le choix de la pratique sportive et ancrer le goût dans un itinéraire de consommation plus singulier.
37
DE NOUVELLES PRATIQUES SPORTIVES UNE PRATIQUE «ENCADREE» OU UNE PRATIQUE «LIBRE» Le sport n’a pas échappé aux changements liés à l’évolution de la société, aux mentalités et aux pratiques quotidiennes. En effet, le ministère de la santé et des sports montre que les pratiques physiques de ces vingt dernières années ont changé et qu’elles sont sorties des cadres qui les organisent traditionnellement. C’est en effet, en dehors des fédérations sportives que se déroulent aujourd’hui la majorité des pratiques physiques et sportives : près de la moitié des français pratique leurs activités sans être licenciés. En outre, les enquêtes du CREDOC montrent une montée remarquable des pratiques individuelles et une stagnation des sports collectifs. En s’autonomisant dans leurs modes d’organisation, en s’inscrivant dans de nouvelles formes de sociabilité et en se centrant sur d’autres finalités, les pratiques sportives de multiplient et se diversifient.
DE NOUVELLES FORMES SPECIFIQUES D’ENGAGEMENT SPORTIF En dix ans, les disciplines susceptibles d’être « librement » entreprises gagnent rapidement des adeptes alors que le nombre de sports organisés, encadrés et structurés s’essoufflent. C’est alors que l’on voit apparaitre de nouvelles formes de pratiques. Les rapports du secrétariat d’état de la jeunesse et du sport déterminent deux formes actuelles de pratiques : les sports en clubs et les sports de rue. Ces deux formes de pratiques reposent sur deux temporalités bien distinctes. Le temps du sport en club est structuré par l’alternance entre entraînement et compétition alors que le sport
38
Street running
39
de rue n’est conçu et vécu que pour entretenir le plaisir du jeu le plus longtemps possible. Le jeu en lui-même conserve les règles du club mais garde un côté malléable. Par exemple, le football « de quartier » emprunte au football officiel mais s’en démarque avec un arbitrage négocié ou un nombre de joueurs variables. Le calendrier sportif du club s’oppose à la logique de surprise renouvelée dans la rue. En club, les compétitions tirent tout leur attrait dans le classement. De semaine en semaine, les rencontres rythment l’existence du sportif. Il peut se projeter dans la saison et se fixer des objectifs. A l’inverse, le sportif de rue ne se mobilise que par rapport à des défis ponctuels au coup par coup. Pourtant on ne peut nier l’existence de modes compétitifs hiérarchisés au niveau même de la rue. Au basket « street-ball », les meilleurs jeunes qui ont gagné en semaine, se voient rencontrer les meilleurs des autres quartiers le week-end. Maxime Travert 12 a mené une étude ethnographique sur le football dit « pied d’immeuble » qui lui a permis de repérer une grande diversité de forme jouée. Ainsi l’auteur identifie le « goal à goal » où l’effectif n’est que de deux joueurs défendant chacun une cage sans utiliser les mains. A trois joueurs, il est possible de jouer à « une minute » en défendant successivement chacun une porte de garage pendant un laps de temps. L’auteur signale aussi le « football suisse » dénommé ainsi en raison de la neutralité du gardien qui défend l’unique cage attaquée par deux équipes… la singularité du foot dans la cité réside donc en premier lieu pour Maxime Travert sur la diversité des formes de jeu. Il insiste également sur la complexité de l’aménagement spatial des parties. En définitive, le foot « pied d’immeuble » suppose qu’un ensemble de conditions temporelles, spatiales et humaines soient réunies. Les joueurs parvenant à cette construction savent à quel point le jeu est précieux ; ainsi les règles qu’ils mettent en place visent avant tout à ne pas s’arrêter de jouer. La victoire, constate 12. Travert Maxime. Football des rues et des stades. Les Annales de la Recherche Urbaine n°79 Travert Maxime. L’envers du stade : le football, la cité et l’école. L’Harmattan
40
l’auteur, n’est plus la finalité du jeu. La jubilation atteint son comble, non lorsqu’un but est marqué, mais lorsqu’un « petit pont » ou une « roulette » sont réussis. C’est plus l’agilité qui est mise en avant. Les pratiques sportives actuelles font apparaître la tendance des français à se tourner vers une pratique « hors club » qui est loin de l’état d’esprit du sport fédéral. Le sport de rue prend peu à peu le pas. Il redonne aux citoyens ce que le sport de compétition a perdu : le fun.
41
PARTIE 4
L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE 48 // NAISSANCE DE L’EDUCATION PHYSIQUE 50 // DIFFERENTES PRATIQUES POUR DIFFERENTS PAYS 53 // SPORT ET CHOIX DU GOUVERNEMENT : PROFESSEUR D’EPS, UNE PROFESSION MENACEE ?
LA NAISSANCE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE L’INFLUENCE DES INTELLECTUELS - GENIE DE ROUSSEAU Au cours du XVIIIe siècle, période qualifiée d’âge des Lumières, des philosophes remirent en question les méthodes d’éducation de la jeunesse, souvent basées sur des modèles inadéquats convenant plutôt à des adultes. Plusieurs d’entre eux préconisaient une nouvelle manière de percevoir l’activité physique et de l’intégrer au domaine de l’éducation. Jean-Jacques Rousseau écrivit d’ailleurs que « L’entraînement corporel, bien qu’il ait été négligé, constitue la partie la plus importante de l’éducation. Cette importance vient du fait que non seulement l’enfant sera en bonne santé et robuste, il pourra en retirer un bienfait moral qui fut jusque-là complètement oublié. »13 Par leurs opinions, les intellectuels permirent à l’activité physique d’entrer dans l’ère moderne et de prendre enfin une plus grande place dans le domaine de l’éducation. Les naturalistes, notamment, croyaient que les instincts naturels de l’homme, tel le besoin de bouger et de pratiquer un sport, ne devaient pas être réfrénés, mais plutôt servir à développer les bases d’une société. Inspirés par leurs écrits, de nombreux pédagogues introduisirent l’exercice 13. Rousseau Jean-Jacques. Emile ou de l’éducation. Flammarion
44
dans les écoles afin de stimuler le développement des jeunes. Cette époque favorisa l’émergence d’un concept bien connu aujourd’hui : l’éducation physique.
LE PHILANTHROPINUM - L’ECOLE DE LA REFORME Lieu d’enseignement expérimental fondé sur les principes du naturalisme, le Philanthropinum fut établi en 1774, à Dessau, en Allemagne. L’endroit accueillit des jeunes en provenance de plusieurs pays du monde, tous unis par une envie de changement. Ayant bénéficié de l’approbation de grands philosophes comme Emmanuel Kant et Moses Mendelssohn, le Philanthropinum est considéré aujourd’hui comme le premier établissement à avoir offert un programme d’éducation physique pouvant s’apparenter à ceux des écoles modernes. Son instigateur, Johann Bernhard Basedow, prouva qu’il était possible d’obtenir de bons résultats en intégrant la notion de plaisir dans l’éducation des jeunes, sans avoir recours uniquement aux méthodes disciplinaires et à la rigueur des autres établissements scolaires.
FRIEDRICH GUTS MUTHS -PRECURSEUR DU SPORT SCOLAIRE Plusieurs historiens considèrent Johann Friedrich Guts Muths, un éducateur allemand ayant vécu de 1759 à 1839, comme le grand-père de l’éducation physique. Guts Muths croyait qu’il convenait d’intégrer des activités physiques au programme scolaire des jeunes afin de favoriser leur développement. C’est au Schnepfenthal, à Waltershausen, qu’il put enseigner selon sa conviction que la santé physique avait un impact sur l’intelligence et sur le caractère d’un individu. Pour cela, il se basa sur le modèle de l’école expérimentale de Johann Bernhard Basedow.
45
DIFFERENTES PRATIQUES POUR DIFFERENTS PAYS LA CHINE La Chine favorise le sport de masse. L’école est considérée comme le vivier du sport national. Un élève chinois pratique du sport deux fois par jours au sein de l’école. Le matin, tous les élèves se retrouvent sur le terrain de sport afin de réaliser des exercices physiques et où sont organisées des compétitions entre classes, la plus synchronisée étant déclarée vainqueur. Toutes les écoles sont dotées d’équipement sportifs et ont chacune au moins un professeur d’éducation physique. Les écoles sont tenues d’organiser deux compétitions par an pour que les écoles puissent se rencontrer. Un élève qui ne satisfait pas les critères sportifs ne peut pas entrer dans le cycle supérieur et les enfants ayant du talent sont envoyés dans des écoles spécifiques pour suivre un entraînement spécial.
LA ROUMANIE En Roumanie, le sport est également de masse et favorise le sport d’élite. Les enfants font du sport tous les jours à l’école. La Roumanie a de nombreuses écoles « créatrices de champions », où les enfants, de huit à dix ans, s’entraînent de manière très intensive tous les jours. Ils ont des entraînements de quatre heures par jours, deux heures le matin et deux heures l’après midi. Les entraîneurs pratiquent le travail acharné avec des exercices très durs afin de créer leurs futurs champions olympiques.
46
LES ETATS-UNIS Aux Etats-Unis, le sport est intégré au système scolaire. Les jeunes terminent les cours à partir de 15h et le reste de l’après-midi est consacré à la pratique sportive au sein d’un club. En moyenne, ils font quatre à six heures de sport par jour. Le sport aux Etats-Unis est une matière très importante. De nombreuses recherches indiquent que les enfants préfèrent le sport à toute autre activité. Et une étude a démontré que les filles et les garçons d’école secondaire préfèrent exceller dans le sport que d’obtenir de bons résultats en classe. Cette même étude révèle que les garçons préfèrent échouer en classe que dans le sport.
EN ALLEMAGNE Les jeunes allemands ne font pas de sport au sein de l’école. Les allemands ont cours le matin et quartier libre l’après-midi. A 14 heures, l’école ferme ses portes et les enfants rentrent chez eux pour s’adonner aux activités de leurs choix : sport, dessin… mais ils peuvent aussi bien ne rien faire car, rien hormis leur famille, peut les obliger à pratiquer du sport ou à travailler l’après-midi.
EN FRANCE En France, le sport se pratique à l’école. Deux heures par semaine lui sont dédiées. Tous les enfants sont obligés d’y participer. La pratique de l’EPS14 permet aux jeunes de pratiquer différents sports au cours de l’année comme la gymnastique, des sports collectifs, la course d’orientation… l’intégration du sport à l’école nous vient de Pierre de Coubertin qui avait découvert au cours de ses voyages en Angleterre que le sport avait une place importante dans l’épanouissement de la personnalité. Pour faire obstacle au surmenage scolaire, il proposa en 1887 que le loisir soit intégré au système scolaire. Depuis peu, l’éducation nationale expérimente sur plusieurs classes françaises un élargissement de la pratique 14. EPS : Education Physique et Sportive
47
de l’EPS. Depuis un an, une centaine de classes de 26 élèves ont cours le matin et l’après-midi est consacrée à des activités sportives : voile, VTT, lutte… une expérience qui semble porter ses fruits puisqu’il semblerait que les élèves arriveraient en cours plus reposés. Par conséquent, ce modèle semblerait être un bon compromis entre le modèle français et le modèle allemand.
SPORT ET CHOIX DU GOUVERNEMENT : PROFESSEUR D’EPS, UNE PROFESSION MENACEE ? Depuis quatre ans, la profession d’éducateur physique et sportif voit son nombre de places au concours diminuer. Le nombre de places est passé de 780 à 560. De plus, le gouvernement de François Fillon s’engage à poursuivre sa baisse chaque année. Pour la rentrée 2010-2011, seulement 400 nouveaux professeurs on été prévus alors que 1200 sont partis en retraite. Cela signifie que les 800 autres postes ne seront pas destinés à des titulaires mais soit à des vacataires ou à des jeunes professeurs détendeur du nouveau double CAPES. Un étudiant ayant suivi quatre ans de formation d’anglais peut en parallèle de son professorat d’anglais se présenter à une épreuve d’EPS ; et ci celle-ci est validée, il pourra enseigner l’anglais et l’EPS, alors qu’il n’a suivi qu’une heure de formation. Ce constat pourrait être un élément révélateur du choix actuel du gouvernement envers le sport à l’école. La suppression du ministère des sports et son rattachement au ministère de la santé montre que le gouvernement cherche à promouvoir la santé par le sport et une envie moindre de porter le sport de haut niveau. Cette situation
48
pourrait mettre en péril certaines missions du professeur d’EPS, qui en effet fait bouger les jeunes pour une meilleur santé mais aussi qui contribue à la détection des jeunes. D’après un sondage extrait du magazine Athlétisme publié en 2006, 60 % des athlètes d’un club seraient venue à l’athlétisme par l’intermédiaire de leur professeur d’EPS et 20 % par le biais des compétitions scolaires. Ce sondage met en évidence l’impact de l’école sur les adhérents d’un club. Paradoxalement, Luc Chatel expérimente depuis plus d’un an son nouveau programme de sport où les élèves ont cours le matin et sport l’après-midi. L’intérêt de ce programme est de faire découvrir de nouveau sport aux jeunes mais d’après l’interview du ministre publiée dans le 20 minutes le 25 mai 2010, le choix de ce système est tout d’abord un moyen de lutter contre l’absentéisme et les violences scolaires. C’est pour cela que pour mettre en place ce programme, aucun investissement ne sera fait. Il n’y aura pas de recrutement de professeurs supplémentaires. Le gouvernement entend utiliser les heures qui étaient destinées à l’UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) et à l’organisation de compétitions scolaires. Et il n’est pas envisagé de doter les établissements de structures sportives. Le constat est le même que celui fait précédemment, le gouvernement actuel ne cherche pas à développer le sport au sein des écoles. Il est juste un moyen pour atteindre d’autres buts.
49
PARTIE 5
LE SPORT ET LES ENFANTS INTRODUCTION
58 // QU’ELLE EST L’IMPORTANCE DU SPORT POUR LES ENFANTS ? 59 // QU’EST-CE-QUE LE SUCCES POUR L’ENFANTS ? 60 // QU’EST CE QUI INCITENT LES ENFANTS A FAIRE DU SPORT OU A ABANDONNER ? 62 // LES ENFANTS SONT-ILS DE PETITS ADULTES ?
QUELLE EST L’IMPORTANCE DU SPORT POUR LES ENFANTS ? De récentes recherches révèlent qu’il faut prendre l’habitude dès l’enfance de pratiquer régulièrement des activités physiques, afin de prévenir plusieurs problèmes de santé. Les chercheurs dans le domaine de la médecine ont observé que les risques de souffrir d’hypertension artérielle, de diabète, de cancer du côlon, d’obésité et de maladies coronariennes à l’âge adulte sont moins élevés chez les enfants très actifs. L’exercice est également un excellent moyen d’alléger le stress. Certains enfants souffrent autant de stress, de dépression et d’angoisse que les adultes. Toute activité physique, même celle pratiquée à intensité modérée, peut améliorer les aptitudes des enfants pour l’arithmétique, la lecture et la mémorisation. En plus de contribuer au bien-être physique de l’enfant, le sport favorise son développement psychologique et social. Glyn Roberts, psychologue du sport, affirme que le sport fournit un environnement d’apprentissage important pour ces derniers. «Le sport peut favoriser le développement de l’estime de soi et de la confiance en soi chez les enfants, explique Roberts. Le sport permet aussi de se tailler une place et d’être accepté par ses pairs. Les enfants sont acceptés par
52
leurs semblables lorsqu’ils excellent dans la pratique d’activités que valorisent les autres enfants.»15 Exceller dans un sport est un exploit social de taille, car le sport est important pour les enfants. Les jeunes ont surtout recours aux jeux ou au sport pour se mesurer à leurs amis. Les enfants qui réussissent dans un sport sont plus facilement acceptés par les autres enfants de leur âge et plus susceptibles d’être choisis à titre de capitaine d’équipe ou de chef de groupe. En général, ces enfants sont plus sociables.
QU’EST CE QUE LE SUCCES POUR L’ENFANT ? Les enfants ne pensent pas de la même façon que les adultes. Ils voient les choses différemment et cette façon de voir varie selon l’âge, le sexe et le sport pratiqué. Jean Whitehead, chercheuse britannique, a demandé à 3 000 jeunes de neuf à seize ans d’expliquer ce que représente pour eux le succès sportif.
Les réponses ci-dessous proviennent d’élèves du primaire : « J’ai réussi mon premier plongeon renversé devant mon père et mon frère.» « J’ai nagé toute la longueur de la piscine sans aide. » « J’ai été le seul qui a réussi à le faire pendant l’entraînement. »
15. Association canadienne des entraîneurs. Parlons franchement des enfants et du sport. L’Homme. 1997
53
Ces réponses démontrent que les enfants ne limitent pas le succès à la victoire. En fait, la victoire est souvent la dernière raison citée par les enfants interrogés au sujet de leur participation. Whitehead a écrit ce qui suit dans un article : «Les jeunes enfants cherchent bien plus à maîtriser leur environnement et à acquérir des aptitudes qu’à vaincre les autres, du moins jusqu’à ce qu’on leur dise qu’ils doivent gagner.» Pour les enfants de cet âge, terminer la course peut signifier le succès, qu’ils aient terminé premier, deuxième ou vingtième. Les enfants commencent à comparer leurs aptitudes à celles des autres enfants vers l’âge de six ou sept ans. Ils commencent à se demander si les autres peuvent faire les mêmes choses qu’eux. Ils qualifient de «difficiles» les choses que très peu d’enfants réussissent à faire. Ce n’est que vers l’âge de douze ans que l’enfant pourra faire la différence entre l’aptitude, la chance, l’effort et le talent sportif.
QU’EST CE QUI INCITENT LES ENFANTS A FAIRE DU SPORT OU A ABANDONNER ? Il n’est pas facile de comprendre les raisons qui motivent les enfants à faire du sport, notamment parce que ces raisons sont multiples et peuvent changer d’une journée à l’autre. En règle générale, les enfants font du sport pour s’amuser, améliorer leur technique, appartenir à un groupe, réussir, obtenir de la reconnaissance, se mettre en forme et faire quelque chose d’excitant. Par contre, ils abandonnent le sport parce qu’ils ont d’autres intérêts, par ennui, par manque de succès, ou à cause des pressions, d’un manque d’intérêt de leur
54
entourage, du départ de leurs amis ou parce qu’ils ne s’amusent plus. Les enfants ne pratiquent pas un sport dans le but de s’asseoir et ne rien faire. Le sport ne leur procure aucun plaisir s’ils n’ont pas l’occasion de jouer. Des études ont révélé que les enfants préfèrent jouer pour une équipe perdante que d’être assis sur le banc d’une équipe gagnante. Les enfants qui ne jouent pas perdent rapidement tout intérêt pour le sport. Le sport donne aux jeunes une occasion de vivre des expériences enrichissantes en leur offrant la possibilité d’acquérir de nouvelles habiletés ou de relever de nouveaux défis. Les jeunes enfants maîtrisent souvent les nouvelles techniques très rapidement lorsqu’ils commencent à faire du sport. Par exemple, certains enfants qui ne réussissent pas à attraper la balle lors de la première pratique parviennent à le faire et à lancer relativement bien après seulement une semaine d’entraînement. Les enfants qui voient leurs aptitudes s’améliorer tireront énormément de satisfaction du sport.
LES ENFANTS SONT-ILS DE PETITS ADULTES L’association canadienne des entraîneurs s’est intéressée sur la pratique sportive des enfants et s’est demandée si les enfants pouvaient s’entrainer de la même manière que les adultes. Il en ressort que les enfants ne sont pas de petits adultes, mais que plusieurs parents semblent persuadés du contraire. C’est ce qu’il peut être conclu quand on observe une jeune patineuse de neuf ans sauter et exécuter des pirouettes sur la glace dans un costume couvert de paillettes et de pierres. De là, il est difficile de se rappeler que les enfants sont des enfants lorsqu’ils sont habillés comme des athlètes professionnels. Selon cette association,
55
plusieurs parents et entraîneurs font l’erreur de penser que le sport pour enfants est une version miniature du sport pour adultes. Les environnements sportifs pour adultes ne conviennent pas toujours aux enfants et peuvent même leur être néfastes. Les modes d’apprentissage, les techniques de jeu et l’organisation du jeu des adultes ne conviennent pas toujours aux enfants, car ils ne pensent pas comme les adultes. Leur cerveau n’est pas encore complètement développé et ils sont incapables de prendre des décisions compliquées ou de régler des problèmes très complexes. Les jeux devraient être modifiés en fonction du niveau de développement de l’enfant. Ainsi, le sport convient davantage aux enfants lorsque les règlements sont adaptés à leur âge mental et que l’accent est mis sur le plaisir et l’acquisition d’aptitudes plutôt que sur le résultat final.
56
57
PARTIE 6
LE SPORT ET LES ENFANTS LA PRATIQUE SPORTIVE
66 // A QUEL MOMENT LES ENFANTS DEVRAIENT-ILS SE SPECIALISER DANS LE SPORT ? 67 // LES COMPETITIONS SONT-ELLES TROP STRESSANTES POUR LES ENFANTS ? 68 // A QUEL AGE LES ENFANTS PEUVENT-ILS COMMENCER LA COMPETITION ? 69 // QUAND FAUT-IL ADAPTER LE SPORT AUX ENFANTS ?
A QUEL MOMENT LES ENFANTS DEVRAIENT-ILS SE SPECIALISE DANS LE SPORT ? Le DLTA, service des sports du Canada qui aborde le développement des athlètes, pense que les enfants devraient éviter de se spécialiser afin d’acquérir une vaste gamme d’aptitudes sportives. La spécialisation ne devrait pas se faire avant l’adolescence. Si l’adolescent possède un talent et des aptitudes pour un sport et qu’il aime particulièrement ce sport, il pourra alors augmenter le temps qu’il y consacre. Il faudrait encourager les enfants pré pubères à pratiquer le plus grand nombre de sports possible afin qu’ils développent une vaste gamme d’habiletés motrices. Ceux âgés de plus de huit ans devraient, à cette fin, être bien encadrés dans leur pratique sportive. En effet, ils possèdent à cet âge une plus grande facilité à développer des patrons de mouvements qu’à l’adolescence. Une spécialisation sportive précoce risque de priver les enfants d’un vaste bassin d’occasions d’apprentissage.
LES COMPETITIONS SONT-ELLES TROP STRESSANTES POUR LES ENFANTS ? L’association canadienne des entraîneurs dans son enquête intitulée « Parlons franchement des enfants et du sport » montre que la compétition sportive devient trop stressante lorsque les circonstances amènent l’enfant à croire que l’estime qu’on lui porte varie selon la qualité de sa prestation. Les enfants risquent de subir énormément de
60
stress s’ils perçoivent que les choses qui comptent le plus pour eux, c’est-à-dire l’amour et l’affection, dépendent de leur performance. L’enquête a démontré que la crainte d’échouer et de ne pas fournir une prestation à la hauteur des attentes sont les principales causes de stress et d’angoisse reliées à la pratique sportive chez les enfants. Les enfants qui pratiquent un sport individuel peuvent ressentir un plus grand stress de compétition que ceux qui pratiquent un sport d’équipe. Le niveau d’angoisse qui précède une compétition est beaucoup plus élevé lorsque les parents poussent les enfants à gagner. Rainer Martens, psychologue du sport, établit un parallèle entre le sport de compétition et un virus. Une exposition unique importante peut rendre l’enfant malade. Par contre, de petites expositions à intervalles réguliers permettent à l’enfant d’apprendre à utiliser son angoisse à son avantage au lieu d’en subir les conséquences. Des compétitions judicieusement choisies ayant pour but d’atteindre des objectifs et de répondre à des attentes réalistes permettront à l’enfant de voir le sport comme une source de plaisir, quel que soit le résultat de ses efforts. Certains craignent que le stress de compétition nuise au développement émotif des jeunes enfants. Certains experts remettent en question la participation des jeunes enfants à toute forme d’entraînement et de compétition organisée. Ils croient que les enfants sont trop jeunes pour faire face aux angoisses inhérentes au sport organisé. Cependant, les recherches effectuées par Rainer Marten démontrent que le stress associé au sport n’est pas plus néfaste que celui associé aux examens scolaires ou aux concerts de la fanfare de l’école.
61
A QUEL AGE LES ENFANTS PEUVENT-ILS COMMENCER LA COMPETITION ? Les enfants sont généralement attirés par la compétition sportive. Ils commencent à un âge très précoce à essayer de sauter plus haut, de lancer plus loin ou de grimper plus haut que leurs frères et sœurs. Les recherches de Rainer Marten16 montrent que la compétition ne pose aucun problème chez les jeunes enfants. Les problèmes surviennent lorsque quelqu’un d’autre, un entraîneur mal informé ou un parent un peu trop enthousiaste, modifie le sens de la compétition en mettant trop d’importance sur la victoire. Si la compétition est bien encadrée, tout enfant peut participer à des compétitions.
QUAND FAUT-IL ADAPTER LE SPORT AUX ENFANTS ? Les enfants ne devraient pas pratiquer de sports d’adultes, où les règlements et les stratégies de jeu sont établis en fonction des capacités des adultes à créer des liens sociaux, à travailler en équipe et à se mesurer aux autres. L’équipement et les dimensions des terrains de jeu sont habituellement choisis et déterminés en fonction de la taille des adultes. Les jeunes joueurs doivent jouer avec de l’équipement à leur taille. Des raquettes, des bâtons trop lourds ou des disques trop grands empêchent les enfants d’acquérir les habiletés physiques
16 OP.SIT notation 14 (p 12)
62
nécessaires et provoquent le développement d’une mauvaise technique. Les enfants devraient pouvoir utiliser leur équipement avec succès et en toute sécurité. Les enfants auront plus de plaisir à jouer, joueront plus souvent et s’amélioreront davantage si le sport est adapté à leurs caractéristiques physiques et mentales.
63
PARTIE 7
D’HIER A AUJOURD’HUI
72 // EVOLUTION PHYSIQUE 75 // ENFANT « JEU VIDEO » : GENERATION INTERNET
La société évolue à grande vitesse sur un ensemble de facteurs qui influencent les comportements et les mentalités des enfants et des jeunes adolescents.
EVOLUTIONS PHYSIQUES : ILS SONT PLUS FAIBLES PHYSIQUEMENT ET SUR LE PLAN MOTEUR
L’affaiblissement général des enfants depuis une vingtaine d’année, tant sur le plan des qualités physiques et celui des qualités motrices, apparait dans toutes les enquêtes longitudinales. Pour confirmer ce propos, un test de terrain réalisé par André Gimenez, responsable des lancers à la DTN17 de la FFA, peut être cité. Il a testé pendant 23 ans consécutifs les filles et les garçons, de son école des sports à Aix-les-Bains. Le test est simple, il suffit de se pendre à une barre fixe et résister le plus longtemps possible. Ce test montre une perte de force, une augmentation 17. DTN : Direction Technique Nationale
66
de la masse corporelle et une érosion de la motivation pour résister aux douleurs musculaires. En vingt ans, le temps moyen est passé de 6’’28 en 1975 à 1’’25 en 1995, soit une baisse globale de plus de 80 %. Les données statistiques sur les enfants obèses montrent une explosion de ce phénomène. En France, environ 16 à 18 % des enfants de 7 à 9 ans présentent un surpoids, dont 3 à 4 % sont obèses. Si ce phénomène perdure, dans dix ans, un enfant sur trois sera obèse. On sait que les enfants en surpoids se retrouvent très souvent en situation d’échec vis-à-vis des activités sportives, ce qui induit un phénomène de rejet de la pratique. Il serait alors souhaitable que le sport aménage des disciplines pour une pratique plus facile pour ces enfants. Cette baisse de capacité motrice et cette augmentation de la masse corporelle des jeunes font qu’aujourd’hui de nombreux enfants se trouvent sous le seuil minimum d’endurance, de force et de vitesse. Ceci est préjudiciable pour leur avenir du point de vue de la santé et également du point de vue social. Les enfants avec un retard moteur se trouvent en opposition avec la société actuelle puisqu’ils vivent dans une société qui va de plus en plus vite et qui est en recherche constante de vitesse. Nous sommes de plus en plus projetés dans un monde où ce sont les notions de vitesse et de temps court qui l’emportent. La société n’a jamais été aussi pressée. Les technologies telles que le fax, le TGV, le « mobile » placent de plus en plus la société dans un univers de l’instantanéité et l’on assiste même à l’essor des mobilités cumulées : des hommes téléphonent en marchant dans des TGV et ont trois modes de déplacements en simultané. Les réseaux sont plus rapides. Avec l’accélération des transports, comme les autoroutes, le RER, l’avion ou le TGV, on peut voyager dans tous les pays, rapidement et sans faire beaucoup d’efforts. La communication s’est aussi accélérée. La simultanéité de la
67
communication, on peut télécharger ou commander presque chaque musique, livre ou film de n’importe quel pays en quelques clics. Ce constat est lié selon Charles Gozzoli, responsable de la formation au sein de DTN de la FFA, à un manque d’activité physique suffisant qui peut être rattaché aux progrès et avancés techniques qui entrainent une diminution de l’activité physique. Jean-Pierre Orfeuil, dans son livre sur la mobilité montre que les déplacements à pied ou à deux roues sont de plus en plus minimes. Globalement, 900 milliards de kilomètres sont parcourus par les français dans l’année. Chaque individu parcourt environ 300 kilomètres en moyenne par an, une distance quasi-similaire à celle que connaissait la France dans les années 60. Seulement aujourd’hui 83 % de nos déplacements se font en voiture, 13 % en transports publics et la marche à pied et l’utilisation ne représentent que 4 % des déplacements. Ensuite, les conditions de travail ont beaucoup évolué au sein des usines et des entreprises. Le travail à la chaine où chaque ouvrier est destiné à une tâche précise réduit le déplacement des ouvriers. De plus, l’apparition de machines ont facilité le travail de certains ouvriers. Il est vrai que les jeunes font autant de sport qu’il y a vingt ans puisque d’après le ministère de la santé et des sports les jeunes détiennent la moitié des licences sportives. Mais avec une alimentation plus riche liée à l’amélioration des conditions de vie et la baisse de l’activité physique, la dépense énergétique des jeunes d’aujourd’hui est réellement inférieure celle de leur ainés, ce qui a pour conséquence la hausse de la masse corporelle des jeunes.
68
ENFANTS « JEU VIDEO » - GENERATION INTERNET D’après un article publié dans le magazine sciences humaines, six ans serai l’âge à laquelle un enfant commence à surfer sur internet. Un tiers des petits français s’y adonnent régulièrement pour 77 % des 6-17 ans et 96 % des 15-17 ans. 37 % des adolescents passent une heure à deux heures devant leurs écrans d’ordinateur contre 30 % qui y passent trois heures et 21 % quatre heures. Il semble bien que le Net ait rongé le temps consacré à d’autres activités. Depuis 2006, nous sommes devant la première génération d’enfants complètement marquée par Internet, par les jeux vidéo et par la publicité à haute dose. Ces enfants « génération internet » sont donc différents des autres enfants. Ils vivent dans un monde où tout est plus facile d’accès et où la notion effort est minimisée. En effet, on trouve tout sur internet, on peut même y trouver ses amis. Les échanges sont ouverts par le biais des messageries électroniques. On peut obtenir ce que l’on veut en peu d’investissement. On obtient de la musique par simple téléchargement. Et cette façon de vivre est maintenant un facteur clé de la société moderne.
69
PARTIE 8
DECOUVRIR L’ATHLETISME 78 81 82 84 86
// HISTOIRE DE L’ATHLETISME // LES VALEURS DE L’ATHLETISME // LA FFA // LES EPREUVES D’ATHLETISME // L’EVOLUTION DE L’ATHLETISME - INNOVATION
HISTOIRE DE L’ATHLETISME ANTIQUITE Dès les premiers âges de la civilisation, les hommes couraient entre eux et se mesuraient en vitesse, en endurance, en détente et en force ; qualités qui composent l’éventail des spécificités de l’athlétisme. Ces concours spontanés se déroulaient de manière anarchique. Par les ruines, les vases, les peintures et les récits, on retrouve les traces de l’activité physique de nos ancêtres.
PERIODE CLASSIQUE DU 5EME AU 19EME SIECLE Dans les pays nordiques et anglo-saxons, on note une permanence de jeux et concours divers (hauteur, lancers de pierre, de piques etc.) et des courses longues. Chaque contrée a son « green », terrain permettant d’effectuer ces jeux sportifs. Mais c’est vraiment à la fin du
72
18eme siècle que l’athlétisme voit le jour. En Angleterre, on organise des courses entre coureurs « professionnels ». C’est lors de courses hippiques que les anglais eurent l’idée de faire concourir leur « running-footmen », c’est-à-dire leur laquais coureur dont leur rôle était de porter des messages et d’annoncer le passage des chevaux lors de la course. Durant ses courses de fortes mises d’argent étaient engagées. Running footmen
PERIODE MODERNE C’est principalement l’action de Thomas Arnold (1795-1843) qui va révolutionner les systèmes pédagogiques anglais : enseignant, homme d’église et sportif, il applique sa doctrine : « instruire, éduquer et surtout entraîner les sports et les esprits ». Nommé directeur du collège de rugby en 1828, il va lancer un mouvement sportif dans lequel il introduira la pratique de l’athlétisme dans son programme. L’athlétisme deviendra une véritable institution vers 1840. C’est ensuite que se créeront des clubs où des étudiants prendront en charge les organisations.
Le Racing club de France
Equipe d’athlétisme du Stade Français sur les terrains de l’ancien vélodrome de Bécon-les-Bruyères.
73
EN FRANCE Au 19eme siècle existait bien quelques courses de valets sur lesquelles se faisaient des paris. Ce sera vers 1880 que les étudiants s’organiseront pour lancer le sport à la mode anglaise. Le premier club, le Racing club de France se crée en 1882 par les lycéens puis l’année suivante le Stade Français est lancé par des élèves du lycée Saint Louis. Le premier championnat voit le jour en 1886. On peut considérer que c’est la date de naissance de l’athlétisme en France.
LES VALEURS DE L’ATHLETISME L’athlétisme exprime un ensemble de valeurs formatrices. Tout d’abord, il développe les valeurs qu’enseignent tous les sports telles que la solidarité, l’humilité, la tolérance, le respect, le dépassement de soi. Mais les valeurs véhiculées par l’athlétisme sont l’exigence, la rigueur, la régularité, la performance, l’effort et la patience.
74
75
LA FEDERATION FRANCAISE D’ATHLETISME
La FFA est une association régie par la loi de 1901, elle regroupe l’ensemble des clubs faisant pratiquer l’athlétisme. Elle est affiliée à la Fédération Internationale d’Athlétisme Amateur (IAAF) devenue Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (même sigle) depuis 2001 ainsi qu’au Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Elle reçoit une délégation du Ministère chargé des Sports pour organiser, développer et contrôler la pratique de l’athlétisme sous toutes ses formes en France. Elle est chargée d’assurer la représentation de l’athlétisme français sur le plan international en sélectionnant les meilleurs athlètes en Equipe de France. Elle est constituée de Clubs affiliés qui délivrent des licences à leurs adhérents. Elle organise des championnats de France chaque année pour décerner des titres de champions de France dans toutes les disciplines. Ce sont 3,5 millions de pratiquants réguliers : l’athlétisme avec ses 150 000 licenciés de la FFA, ses 79 000 licenciés des fédérations affinitaires et ses plus de 3 millions de coureurs réguliers est l’un des sports les plus pratiqués en France.
76
Dans ces différents pratiquants, on voit deux états d’esprit : • Des compétiteurs et compétitrices sur les pistes, les courses hors stade et nature. • Mais aussi des personnes cherchant une pratique tournée vers le bien être avec des activités santé-loisir.
La FFA en chiffre : 2200 clubs et sections locales 95 comités départementaux 31 ligues régionales 200 000 adhérents avec un public mixte de 4 à 94 ans
Le budget de la FFA monte à plus de 14 millions d’euros et bénéficie d’un fort soutien du ministère de la jeunesse et des sports pour soutenir les écoles d’athlétisme.
LES EPREUVES D’ATHLETISME Le terme « athlétisme » recouvre un ensemble d’activités variées regroupées en deux grandes catégories ; l’athlétisme de stade ou en salle comprenant les courses, les sauts, les lancers et les épreuves combinées, et les épreuves hors stade comprenant la marche athlétique, le marathon et le cross country.
77
LES 24 DISCIPLINES OLYMPIQUES LES COURSES Sprint : 60 m,100 m, 200 m, 400 m Demi fond : 800 m, 1500 m, 3000 m Fond: 5000, 10 000, Semi marathon, Marathon Haies : 60 mH, 100/10 mH, 400 mH, 3000 Steeple Relais : 4x100 m, 4x400 m
LA MARCHE 20 km et 50 km
LES SAUTS Perche, longueur, Triple saut et Hauteur
LES LANCERS Poid, Disque, Javelot et Marteau
EPREUVES COMBINEES Pentathlon, Heptathlon et le DĂŠcathlon
78
« Marché-Courir-Sauter-Lancer : ce sont les gestes fondamentaux de l’athlétisme »
79
Evolution de la technique du saut en hauteur.
80
L’EVOLUTION DE L’ATHLETISME – INNOVATIONS Depuis la création de l’athlétisme, on a pu observer des nombreuses innovations de la discipline. La progression des performances athlétiques au cours des siècles découle de l’évolution du matériel mais aussi des évolutions techniques propres à chaque épreuve.
INNOVATIONS TECHNIQUES À la fin du XVIIIe siècle, un général américain invente le « crouch start », technique consistant à prendre le départ d’une course accroupi. Tom Burke, premier champion olympique du 100 m de l’histoire, utilise cette nouvelle méthode. Aux Jeux de 1900, l’Américain Alvin Kraenzlein innove en réduisant le nombre de foulées entre les haies. Dans les années 1920, des américains introduisent une nouvelle technique de saut en longueur, le « hitch kick », consistant à effectuer des battements de jambes en l’air durant le saut. Au lancer du poids, l’Américain Parry O’Brien invente la technique de lancer dos à l’aire de réception, et en effectuant une rotation à 180°. Juste après la Seconde Guerre mondiale, des entraîneurs soviétiques développent les différentes techniques de saut en hauteur. Valeriy Brumel est l’un des premiers athlètes à expérimenter la technique du « rouleau ventral » qui remplace aussitôt celle des ciseaux. Quelques années plus tard, la discipline est une nouvelle fois révolutionnée par l’apparition du « fosbury flop », du nom de l’Américain Dick Fosbury qui remporte le concours de la hauteur des Jeux de Mexico en 1968 avec la technique du « saut dorsal ».
81
INNOVATIONS DANS L’ENTRAINEMENT Une meilleure compréhension du geste sportif est l’un des facteurs de l’amélioration de la performance. La biomécanique, c’est-à-dire « la science qui étudie les forces internes et externes agissant sur le corps humain et les effets produits par celles-ci » permet de pouvoir analyser le geste. Cette analyse amène à une meilleure perception des mouvements, ce qui permet de détecter et de corriger les fautes techniques, d’adapter celle-ci, d’en inventer de nouvelles et de nouveaux exercices d’apprentissage. Avec une meilleure connaissance de l’anatomie et l’apparition du professionnalisme au début du XXe siècle, les méthodes d’entraînement ne cessent de progresser. Aux États-Unis, la préparation physique des sprinters est mise au point dès les premières compétitions nationales. La technique consiste à courir à l’entrainement à allure de compétition. Au début des années 1920, le fondeur finlandais Paavo Nurmi est l’inventeur d’une méthode d’entrainement diversifiée et rigoureuse basée sur des séances d’endurance et de vitesse chronométrées. Inspiré par l’exemple finlandais, l’entraineur suédois Gosse Holmer met au point le fartlek, système où l’athlète est libre de pouvoir créer par lui-même un entraînement qui s’adapte à sa propre individualité. Holmer met en place un véritable camp d’entraînement situé en pleine nature suédoise composé d’un parcours sportif en forêt extrêmement sélectif comportant des séries de côtes et d’obstacles (tronc d’arbres, rivière...). Dans les années 1950, la technique de l’entraînement par intervalles, l’interval training, est mis au point par des médecins en Allemagne. Ce système exigeant bénéficie dès l’après-guerre aux athlètes de l’Europe de l’Est, et notamment au Tchèque Emil Zatopek, coureur multi-médaillé aux Jeux olympiques. La RDA, grâce à une politique de détection précoce, de formation d’entraîneurs de haut-niveau, et de recherches en biomécanique ou en physiologie, produit des sprinteuses de haut niveau. En même temps, le jogging est créé en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’un nouveau
82
programme intensif basé sur l’endurance. Cette méthode est utilisée, entre autres, par le fondeur Peter Snell dans les années 1960. À Melbourne, l’Australien Herb Elliott reprend les méthodes suédoises d’avant-guerre dans un camp d’entraînement dédié à l’athlétisme.
INNOVATIONS DANS LES OBJETS Avec le progrès technique, les objets ont aussi beaucoup évolué. Le saut à la perche a connu des transformations. En1866 lors des premières épreuves en Angleterre, les perches étaient alors en frêne ou en merisier. En 1908, l’Américain Gilbert utilise pour la première fois une perche en bambou. C’est en 1948, que l’on voit apparaitre les premières perches en aluminium. En 1958, les Américains lancent la perche en fibre de verre, particulièrement flexible.
Perche en bambou
83
Perche en carbone
84
Au niveau des courses, on voit l’apparition des starting-blocks qui remplacent les trous creusés dans la piste. La texture de la piste d’athlétisme a évolué au fil des années. Tout d’abord disputées sur terre, puis sur herbe au début du siècle, les courses d’athlétisme se déroulent ensuite sur une piste en cendrée, forme de terre battue. Les années 1960 sont marquées par l’avènement des surfaces synthétiques. En 1967, la firme 3M innove en créant les premières pistes en polyuréthane. Le tartan fait son apparition pour la première fois lors des Jeux olympiques d’été de 1968 à Mexico. La couleur rouge de la piste est alors choisie en raison de sa résistance aux rayons ultra-violets du soleil.
85
PARTIE 9
L’ATHLETISME POUR LES ENFANTS 94 // DIFFERENTES MANIERES D’ABORDER L’ATHLETISME 98 // PRATIQUE ACTUELLE 104 // L’ANIMATION 105 // SPORT INDIVIDUEL OU SPORT COLLECTIF ? 106 // LES EVOLUTIONS EN ECOLE D’ATHLETISME
DIFFERENTES MANIERES D’ABORDER L’ATHLETISME L’ATHLETISME EN CLUB S’adressant aux catégories « éveil athlétique et poussin» (4 à 10 ans), cet athlétisme dit « de découverte » se veut avant tout éducatif et formateur. Les séances pratiquées de manière ludique permettent aux enfants de développer leur motricité.
Ecole d’athlétisme en club
L’ATHLETISME A L’ECOLE La signature de convention entre l’éducation nationale et la FFA, ainsi que la production de documents pédagogiques, ont relancé la pratique de l’athlétisme au sein des écoles. C’est une pratique qui cherche à être ludique, à donner envie de le pratiquer en club. La production de ces documents cherche à aider les enseignants à proposer
Athlétisme à l’école
Beach Athlé Tour
88
une pratique mieux adaptée aux attentes des enfants ; et à ne pas montrer une vision faussée de l’athlétisme.
L’ATHLETISME VACANCES Le Beach Athlé Tour permet à petits et grands la découverte de l’athlétisme sur les lieux de vacances en juillet et août. Des stages d’été organisés par la FFA sont l’occasion pour les jeunes de passer d’agréables moments tout en pratiquant l’athlétisme.
DESTINATION ATHLE 2012 « HISSER LES VALEURS DE L’ATHLETISME SUR LE PODIUM » De nombreux évènements sont mis en place afin de promouvoir l’athlétisme. Opération Urban athlé « A vos marques, prêt,quartier» Destiné à un public dit sensible pour inciter les jeunes des quartiers à venir sur le tartan de la piste d’athlétisme. Cet événement a pour but de recruter et faire de la détection mais c’est avant tout la notion de plaisir qui est mise en avant.
89
Les Zolympiades de la rue Cela fait déjà deux ans que l’association S’Team organise les « zolympiades de la rue » en plein cœur des villes pour promouvoir l’athlétisme en adaptant les épreuves à la géographie des lieux.
Kid stadium Le Kid stadium est un outil crée par la FFA pour développer l’athlétisme au plus près des habitants. La plupart du temps, il est monté au cœur des quartiers des villes, voire même des campagnes, plus éloignées des installations sportives. Il est destiné principalement aux enfants âgés de 8 à 13 ans.
90
Le concept Kid stadium se décline autour d’un véritable stade compact (40m X 20m) dont les principales caractéristiques sont : • Complet : les 3 fondamentaux de l’Athlétisme, Course Saut - Lancer. • Modulable : peut être installé partout sous couvert d’autorisation. • Mobile: qui se monte et se démonte en 1 heure, et se ransporte dans un simple utilitaire. L’outil Kid stadium cherche à développer deux types d’utilisation : la Performance où les jeunes qui ont participé sont classés. La deuxième est l’Animation car les jeunes peuvent s’initier en pratiquant 5 épreuves athlétiques sous une forme plus ludique en toute sécurité.
Les journées mondiales de l’athlétisme à l’école Les journées mondiales de l’athlétisme à l’école sont un événement d’ampleur internationale qui permettent aux clubs d’athlétisme de se rapprocher des écoles élémentaires et de faire découvrir l’athlétisme aux enfants.
Semaine nationale du cross La semaine du cross scolaire et universitaire a pour objectif de relancer cette discipline qui est souvent dépréciée par les jeunes.
91
LA PRATIQUE ACTUELLE L’athlétisme a toujours été une discipline d’enseignement fortement implantée dans le milieu scolaire grâce à sa présence massive dans les évaluations. L’athlétisme est aussi une discipline sportive fédérale ayant officialisé très tôt la pratique chez les jeunes enfants. Mais depuis plusieurs années, on peut constater que la pratique de l’athlétisme chez les enfants rencontre des difficultés. Le monde scolaire s’est tourné vers de nouvelles activités sportives moins exigeantes en termes de capacités physiques. Néanmoins l’athlétisme reste malgré tout une activité physique et sportive représentant encore 20 à 25% du temps d’enseignement, ce qui est sans doute une présence très significative. Le monde fédéral n’arrive pas à sortir de son ornière élitiste pour la pratique des enfants. La fédération d’athlétisme adapte son sport aux enfants en réduisant ses données spatio-temporelles. L’approche globale de l’activité chez les enfants correspond à une vision calquée sur la forme et le fond de la pratique des adultes : même épreuve, même stade, même règle et même jugement par le même type de jury. Mais l’utilisation des épreuves inspirées des adultes implique de demander à des enfants de réaliser les même techniques que nos champions… chose quasi impossible
PROBLEMATIQUE Une partie de la consolidation d’une discipline sportive se fait par le biais de ses champions. A travers la médiatisation de leurs exploits, ils donnent aux adultes et aux enfants l’envie de pratiquer. Mais les
92
bonnes performances de cet été des sportifs français au championnat d’Europe d’Athlétisme, n’ont pas fait décupler l’envie des français de faire de l’athlétisme, puisque le nombre de licenciées de cette année est passé de 200 000 à 150 000 adhérents. Parmi ces 50 000 licenciés en moins, les trois quart sont des enfants. Proposer aux enfants une pratique adaptée est un des enjeux de l’athlétisme d’aujourd’hui afin de donner envie ou redonner envie aux jeunes de pratiquer.
LE MALAISE FEDERAL : DESERTION ET CIMETIERE DES JEUNES TALENTS L’athlétisme est un sport qui a souvent servi dans la formation des jeunes, dans un premier temps dans le milieu scolaire et dans un second temps dans le monde fédéral. En effet, depuis la création de l’EPS , l’athlétisme est présent dans les programmes scolaires. Plus tard, la Fédération française d’Athlétisme a reconnu la nécessité de proposer sa discipline aux jeunes. En 1967, la catégorie des benjamins fut créée pour les enfants de 11 et 12 ans. Quelques années plus tard, en 1976, ce fut le tour de la catégorie des poussins (9 et 10 ans), celui des écoles d’athlétisme (7 et 8 ans) devenues depuis peu la catégorie « éveil athlétique ». Enfin, la liberté de licencier des enfants de tout âge a récemment été prise, ouvrant le droit à chaque enfant de profiter, s’il le souhaite, de faire ce sport. La pratique athlétique dans les deux institutions connut son âge d’or pendant les Trente Glorieuses (de la fin des années 1940 au milieu des années 1970). Au cours de ces trois décennies, la recherche de performance, de progrès et de dépassement correspondait exactement à certaines valeurs véhiculées par l’athlétisme. Ce sport
93
devient une activité physique sportive de base très pratiquée en EPS et en association sportive (UGSEL18 ,USEP19 , UNSS20 ) et les effectifs de jeunes licenciés à la FFA montèrent en flèche. Par les valeurs qu’il véhicule, l’athlétisme était en parfaite osmose avec la société des années 1950, 1960 et 1970. Puis la société a évolué et l’athlétisme s’est trouvé en difficulté, ses valeurs et la façon de les faire découvrir se heurtent aux nouvelles tendances des années 1980, 1990 et 2000. Cette fracture amènera progressivement le système éducatif à se tourner vers des disciplines plus « fun », plus ludiques et moins exigeantes, et la FFA vu son nombre de licenciés diminuer.
UN DIVORCE ENTRE L’ATHLETISME ET LES JEUNES Les valeurs véhiculées par l’athlétisme ne sont pas en accord avec les jeunes d’aujourd’hui. Selon Charles Gozzoli21 l’athlétisme n’a pas su évoluer de façon a s’adapter aux nouvelles envies, aux nouvelles possibilités et aux nouveaux modes d’actions des jeunes. Pour lui, l’athlétisme aurait confondu la conservation de ses valeurs, de son pouvoir formatif et éducatif avec la conservation des ses façons de faire et des modalités de mise en œuvre. En effet d’après une enquête réalisée par Jean-Paul Bourdon, la raison pour laquelle le monde enseignant et les enfants décrocheraient de l’athlétisme serait la rigidité des règlements et la finalité compétitive élitiste.
LES FORMES DE COMPETITION Ceci nous amène à nous interroger sur les formes de compétitions. Les compétitions sont généralement la finalité de toute pratique sportive pour les enfants. Un adulte peut pratiquer un sport pour sa santé, dans un objectif immédiat ou lointain alors qu’un enfant veut des résultats immédiats.
18. UGSEL : Union Générale Sportive de l’Enseignement Libre. 19. USEP : Union portive de l’Enseignement du Premier degré 20. UNSS : Union Nationale du Sport Scolaire 21.Bourdon Jean-Paul et Gozzoli Charles. L’athlétisme éducatif. Savoir Gagner. Collection : Entraîner
94
Actuellement, les compétitions d’athlétisme sont organisées de façon « traditionnelle ». Les compétitions d’animation sont très rares, voire quasi-inexistantes et sont considérées comme pas assez compétitives, pas assez sélectives pour des championnats départementaux poussins. La FFA a proposé a plusieurs reprises, des évolutions dans les compétitions mais celles-ci sont restées un simple aménagement de pratiques traditionnelles. La FFA est restée dans une logique appropriée à l’adulte en adaptant au mieux les espaces. Cette approche s’est trouvée de plus en plus éloignée des attentes des enfants. D’après le psychanalyste D.W Winnicot, les compétitions devraient être un lieu de vie où les jeunes peuvent se comparer, s’exprimer sans être en situation d’évaluation. En ce sens, la pratique des enfants doit se situer dans ce que D.W Winnicot appelle « l’aire de jeu », c’est-à-dire un espace où l’on peut faire des expériences sans enjeux importants pour l’avenir. De nombreux clubs adoptent une politique de représentativité compétitive (point FFA, participation aux pointes d’or, titre de champions départementaux) qui fait que les préoccupations des éducateurs sont axées sur les gros potentiels au détriment des autres enfants qui finiront par quitter les clubs à cause de manque d’intérêt. Seulement, aborder cette politique ne semble pas efficace.
Sur 80 garçons et filles qualifié aux pointes d’or (l’équivalent des championnats de France pour enfants) : 2 ans après ; il en reste 40% 4 ans après : il en reste 30% 2 ans après leurs exploits aux pointes d’or : seuls 12 filles et 10 garçons sont classés dans les 30 meilleures disciplines.
96
Charles Gozzoli qualifie les compétitions de «cimetière des jeunes talents », car les plus forts sont souvent des enfants en avance physiologique. Ils choisissent des épreuves non techniques telles que la longueur, la vitesse où les qualités physiques prédominent. En grandissant le décalage physique s’estompe et ces enfants ne gagnent plus. Ils finissent par quitter l’athlétisme amers et déçus. Par conséquent, cette politique de compétitions des jeunes nous coupe de la masse et nous prive sur le long terme de nos jeunes talents.
L’ANIMATION « A quoi sert-il de former des entraîneurs pour faire de la garderie ? » une réflexion qui est souvent dite par des entraîneurs de jeunes lors des formations. Le statut « Animateur-Entraîneur » est totalement dévalorisé au sein de la fédération, ce qui pousse beaucoup d’entraineurs à poursuivre leur formation dans la filière entraînement. Et pourtant animer, « c’est organiser, donner la règle du jeu, encourager, stimuler » J. Ducal 1978 22.
Face à ce bilan, des pédagogues comme J. Dudal, R. Bodin et J. Poczobut ont des propositions très convaincantes pour essayer de faire avancer des idées innovantes.
22.J. Ducal. Mes conceptions de la pratique des jeunes.1978
97
En 1970, dans l’ouvrage Athlétisme pour tous23 de Robert Bobin la notion d’animation était déjà évoquée. D’après l’auteur, l’initiative sportive peut commencer tôt. L’assimilation sous forme jouée et en limitant la technique aux éléments simples sont préférable. En 1978, d’après J Ducal dans Mes conceptions de la pratique des jeunes, la fédération devrait s’appuyer davantage sur l’animation que sur la technique. Ces propositions pour la pratique des jeunes sont toujours d’actualité. Leur mise en œuvre est aujourd’hui une nécessité face à la crise de la pratique de l’athlétisme, face au rajeunissement des pratiquants et face aux évolutions de la société du XXIème siècle. Il serait souhaitable pour l’athlétisme d’être simple donc accessible à tous les enfants, de tendre le plus souvent vers le collectif et avec des résultats immédiats en mettant l’accent sur l’animation.
SPORT INDIVIDUEL OU SPORT COLLECTIF ? De nombreux parents sont réticents à inscrire leurs enfants dans un sport individuel de peur que celui-ci s’isole ou que celui-ci soit moins sociable que s’il pratiquait un sport collectif. Alors peut-on se poser la question à savoir quelles sont les aptitudes que les sports individuels ou collectifs apportent. A cela la réponse ne sera pas tranchée. Les sports d’équipe développent la sociabilité mais on ne peut en dire autant pour un bon nombre de sports individuels qui se pratiquent avec d’autres ou dont les entraînements se font en groupe.
23.Bobin Robert. Athlétisme pour tous. Amphora.1967
98
Des sports individuels comme le cyclisme ou l’athlétisme peuvent se pratiquer en équipe, tel est le cas pour les cross ou les interclubs où chaque sportifs courent individuellement tout en concourant pour une équipe. Dans les sports collectifs, la victoire ou la défaite est collective alors que dans les sports individuels les lauriers ne sont attribués qu’à un seul sportif. Et c’est ce coté individualiste qui pousse les parents à inscrire leur enfant dans un sport collectif. On peut noter le fait regrettable que l’athlétisme n’ait pas tendance à mettre en avant le double côté de ce sport. Son côté individuel permet aux enfants d’apprendre à se débrouiller et à se dépasser seul, à être face à soi-même alors que son côté collectif développe la sociabilité, le respect des autres, à être solidaire et avoir l’esprit d’équipe. C’est pour cela, que l’athlétisme pourrait mettre en avant cet aspect en proposant une pratique à la fois individuel et collectif.
EVOLUTION DE L’ATHLETISME EVOLUTION DES OBJETS En quarante ans d’école d’athlétisme, peu d’objets ont été créés : seulement six. Mais ce sont des objets qui ont été réalisés durant les dix dernières années, ce qui montre que l’athlétisme cherche à évoluer. Ce sont principalement les objets de lancers qui ont été interrogés. Le vortex est un bon exemple. Dans l’ensemble, cet objet de lancer est mieux adapté aux attentes des enfants de 6 à 10 ans, puisqu’il est ludique par le son qu’il émet lorsque celui-ci est lancé. Le bruit est un indicateur sur l’efficacité du jet, si celui-ci ne produit pas de bruit, cela signifie qu’il a mal été lancé. Sa forme et ses couleurs
99
sont plus attractifs. De plus, cette forme de fusée permet une prise de main plus facile et donc plus adapté aux mains des enfants. Des entreprises comme DIMA ou CASAL se sont rendues compte que peu d’objets sportifs pour enfants avaient été produits. De ce fait, cette année, DIMA a sorti deux catalogues avec de nombreuses propositions pour développer la motricité générale des enfants de 0 à 6 ans, mais au niveau des objets dédiés à l’athlétisme, il n’y a pas d’évolution. On sent que le problème a été vu ; c’est un début mais il est surement possible d’aller plus loin afin de donner une nouvelle impulsion à ce sport.
EVOLUTION TECHNIQUE Durant ces vingt dernières années, l’athlétisme a vu naître quelques nouvelles épreuves pour chercher à adapter ce sport aux enfants.
100
L’invention de nouveaux objets, comme le vortex ou le médecine ball ont permis de créer des nouvelles épreuves que l’on ne retrouve pas dans les compétitions des adultes. Des disciplines ont connu quelques variations pour être ajustées aux jeunes, ce qui a entrainé l’apparition de nouvelles techniques telles que le triple bond. Le triple bond est une variante du triple saut qui s’avère difficile d’accès pour les jeunes. De ce fait, le triple saut a été réadapté en enlevant le cloche pied et est devenu le triple bond. La recherche d’apprentissage de gestes simples et précis ont fait aussi naître des épreuves. Par exemple, chercher à apprendre la précision a fait voir le jour à l’épreuve de « la cible » où les enfants doivent viser un cerceau avec une balle. Ces adaptations restent cependant limitées car de nombreuses épreuves similaires de celles des adultes sont encore très présentes dans les épreuves des jeunes. Mais le fait de vouloir tendre vers des propositions nouvelles montre une envie de changer et de proposer quelque chose de différent à ces enfants.
101
PARTIE 10
VERS LE PROJET
112 // DES OBJECTIFS PRECIS 114 // LE MONDE FEDERAL 116 // UNE AUTRE APPROCHE DE LA PRATIQUE SPORTIVE 118 // JEU ET SPORT EN FAMILLE
DES OBJECTIFS PRECIS L’Education nationale a toujours fixé ses objectifs à travers les instructions officielles. Le choix est clair. La pratique de l’Education Physique et Sportive a pour but de former des individus dans toutes les dimensions physiques et cognitives par la pratique de l’APS24 . Pour la FFA, les choses sont à ce jour moins claires et aucun discours officiel n’a donné de direction à suivre. Mais l’on sait que les clubs sportifs ont souvent tendance à privilégier la performance et à faire de la détection chez les jeunes. A travers les observations faites précédemment, nous avons pu voir que cet état d’esprit ne correspondait plus aux envies et aux attentes des jeunes d’aujourd’hui. C’est pour cela des pistes de réflexion peuvent être avancés pour essayer de répondre à ce besoin d’un athlétisme adapté pour les jeunes.
L’OBJECTIF DE DETECTION Cette direction me parait un non-sens pour plusieurs raisons. La pratique de l’athlétisme de haut niveau est une pratique à maturité tardive, contrairement à la gymnastique par exemple. La moyenne d’âge des équipes de France est de 26 ans. Les enfants qui m’intéressent sont souvent en phase de développement et toutes les tentatives de sélections précoces se sont heurtées à des erreurs de diagnostic. 24. APS : Activité Physique et Sportive
104
L’OBJECTIF DE « GARDERIE SPORTIVE » C’est un objectif rarement annoncé en tant que tel mais c’est un objectif recevable dans le sens où il permet au moins aux enfants de vivre physiquement des jeux et des situations de découverte. C’est en cela une première façon de lutter contre l’inaction physique des jeunes. Elle a cependant un effet pervers très négatif puisque pour animer une garderie il n’est pas nécessaire d’avoir des personnes bien formées en termes d’apprentissage sportif. De ce fait, cette approche « garderie » fut aussi la principale raison de l’évaporation des jeunes licenciés de certains clubs. En opposition, une approche d’éducation sportive où le rôle est l’acquisition de gestes sportifs et de préparer les jeunes en vue de compétitions et championnats, est aussi un repoussoir pour la majorité des enfants. C’est pourquoi, il pourrait être envisageable de proposer de nouvelles formes d’action où l’apprentissage et l’animation se mêleraient ; un nouveau concept que j’appellerai « garderie sportive ».
L’OBJECTIF DE FORMATION DES JEUNES PRATIQUANTS Il me semble incontournable de mettre au centre de mon action l’enfant et son développement. Cet objectif a pour but l’épanouissement des enfants qui pratiquent ce sport tant sur le plan moteur, social et personnel.
105
JEU ET SPORT EN FAMILLE JOUER A L’ATHLETISME Le « Ballouppa » et le « Tennis Super Swingball » sont deux jeux sportifs qui permettent pour le premier de s’entraîner au tir au but et pour le second, de pouvoir jouer au tennis lorsque l’on a peu de place. Ces deux exemples montrent que certains sports ont pris conscience que cibler les enfants dans le domicile familial pourrait être un tremplin pour la pratique de leur sport. En effet, ces jeux initient et peuvent donner par la suite envie de le pratiquer en club. Certains jeux peuvent être complémentaires au club sportif, ce qui est le cas du « Ballouppa » qui permet le perfectionnement du tir au but. L’athlétisme pourrait suivre cette tendance en proposant des jeux sportifs qui pourraient initier les débutants et perfectionner les confirmés.
FAIRE DU SPORT, C’EST BIEN MAIS EN FAMILLE C’EST ENCORE MIEUX Outre ses bienfaits naturels pour l’organisme, le sport en famille offre quelques vertus de socialisation intéressantes pour les enfants. Proposer des jeux sportifs permet de renforcer le lien familial. La joie du sport associée à un moment de détente renforce la complicité avec les enfants. De plus, le sport offre enfin aux parents la possibilité d’enseigner de façon ludique et non rébarbative certaines valeurs à leurs enfants : le sens de l’entraide, du collectif, du dépassement de soi, de l’effort… sur un vélo ou dans le jardin un ballon aux pieds, le message passe beaucoup plus facilement. De nombreux jeux existent tels que les kits badminton ou de golf, et permettent la pratique de ce sport en famille mais rien n’a été pensé pour la pratique de l’athlétisme.
106
LE MONDE FEDERAL POURSUIVRE L’EVOLUTION DE L’ATHLETISME CHEZ LES JEUNES Pour adapter la pratique aux enfants au sein des clubs, il est souhaitable de leurs proposer un athlétisme spécifique et adapté. Pour cela, il est possible de réfléchir sur les disciplines proposées, sur les objets d’apprentissage ou sur le déroulement d’une séance, (l’échauffement, le travail de gammes et des fondamentaux, la pratique des différentes disciplines et le retour au calme).
L’EVALUATION DES PROGRES : LA COMPETITION / RENCONTRE Tout comme l’entraînement, les compétitions peuvent être repensées afin qu’elles soient propres aux enfants. S’entraîner sous-entend « se préparer à » et cela signifie aussi que la compétition, comme elle est proposée aujourd’hui, est une finalité de la pratique sportive. Les éléments mis en exergue précédemment ont montré que les rencontres, où le but est seulement la confrontation, ne correspondaient pas aux attentes des jeunes. La compétition sert d’évaluation du progrès et de la performance mais elles pourraient chercher à montrer l’avancée et le progrès de chaque enfant. Cette démarche pourra s’interroger sur deux secteurs tels que les épreuves et les modalités d’organisation de la rencontre. Sur ces deux points, beaucoup d’éléments peuvent être pensés comme la façon de juger les performances, les matériels utilisés, le classement, les récompenses …
107
QUE FAIRE LORSQUE L’ON N’A OAS DE STADE ? De nombreuses villes ne peuvent ouvrir de session athlétisme par manque d’infrastructures ou d’équipements. Cependant, les villes disposent de places, de parcs, de terrains de football, de gymnases, de forêt… il est alors possible d’investir ces lieux pour faire de l’athlétisme.
UNE AUTRE APPROCHE DE LA PRATIQUE SPORTIVE Les pratiques autonomes régulières prennent progressivement le pas sur le sport de club. L’unique possibilité de pratiquer l’athlétisme seul et en dehors de toute association est la pratique du footing ou la course hors stade. Il pourrait être envisageable de réfléchir à une nouvelle approche qui associerait la pratique en club et la pratique hors institution et qui permettrait de faire découvrir toutes les disciplines de l’athlétisme. La pratique de l’athlétisme pourrait se dérouler sur des espaces sportifs spécifiques, qui seraient autres qu’un stade. L’enjeu serait d’accroitre le nombre de participants en cherchant à intégrer ce sport au sein de la ville. L’intérêt serait de proposer un sport informel qui cherche à détourner les espaces de leurs usages premiers pour en faire un terrain de jeu, matérialisé, délimité sommairement pour créer un espace de pratique. Cette approche pourrait s’inspirer des sports de rue qui sont autonomes et auto-organisés. L’intérêt serait que ces sports soient à la fois physiques, ludiques et sportifs et qu’ils se dérouleraient dans des espaces ouverts de plein air et de libre accès, dans une optique hédoniste et ludique. Il pourrait être envisageable d’utiliser la rue, les places, le mobilier urbain comme terrain de jeu et de pratique sportive. On pourrait éventuellement s’inscrire dans une logique déambulatoire qui réapproprie la ville en essayant de laisser place à l’auto-organisation.
108
109
CONCLUSION Mettre à la disposition de tous les enfants une pratique adaptée et chercher à donner ou redonner envie de pratiquer ce sport sont les enjeux majeurs de l’athlétisme d’aujourd’hui. Le nombre de licenciés dans les écoles d’athlétisme est en diminution ou reste sensiblement le même, mais ces jeunes ne sont jamais les mêmes d’une année à l’autre. Les écoles d’athlétisme subissent un turn-over de leurs jeunes chaque année, ce qui signifie que cette dernière n’arrive pas à conserver ses éléments et leur donner envie de rester. De ce fait, une action aujourd’hui permettrait de modifier la situation de demain.
110
111
SOURCES 112 // BIBLIOGRAPHIE 114 // FILMOGRAPHIE 114 // WEBOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES ASSOCIATION CANADIENNE DES ENTRAINEURS. Parlons franchement des enfants et du sport. L’Homme. 1997. 135 p Pierre DE COUBERTIN. Essai de psychologie sportive. Édition Jérôme Million.1913. 200 p DEFRANCE Jacques. Sociologie du sport. La Découverte Paris. Collection Repères, numéro 164. 2006 DURET Pascal. Sociologie du sport. PUF. Collection Que sais-je ?. 2008. 128 p BROHM Jean-Marie. Sociologie politique du sport. P U de Nancy. 2003. DELIGNIERES Didier. Psychologie du sport. PUF. Collection Que sais-je ?128 p
114
YONNET Paul. Travail, loisir, temps libre et lien social. Gallimard. Collection : Bibliothèque des sciences humaines.1999. 324 p DUMAZEDIER Joffre.Vers une civilisation du loisir ?. Seuil. Collection : Points Essais.1972. 309 p ANDRIEU Bernard. Les cultes du corps. L’Harmattan. Collection : Santé, sociétés et cultures. 299 p BOURDON Jean-Paul et GOZZOLI Charles. L’athlétisme éducatif. Savoir Gagner. Collection : Entraîner 253 p THILL Edgar, THOMAS Raymond et CAJA José. Manuel de l’éducateur sportif – préparation au brevet d’état. Vigot.1996. J. DUCAL. Mes conceptions de la pratique des jeunes.1978 BOBIN Robert. Athlétisme pour tous. Amphora.1967 GASPARINI William et VEILLE-MARCHISET Gilles. Sport dans les quartiers, pratiques sociales et politiques publiques. PUF. Collection : Pratiques physiques et Société.176 p REVUES OHL Fabien.Goût et culture de masse : l’exemple du sport. Presse de l’Université de Montréal. Vol 36 n°1. 2004 P209-228 WAHL Alfred. Sport et politique, toute une histoire ! , Outre-Terre 3/2004 (no 8), p. 13-20
115
RAPPORTS UNIVERSITE KARLSRUHE. Santé, capacité motrice et activité physique et sportive des enfants et des jeunes au Luxembourg. Ministère de l’Education national et de la Formation professionnelle. 2004
FILMOGRAPHIE ARTE. Deva, l’école des petites médaillées
WEBOGRAPHIE www.eufic.org www.credoc.fr www.athle.org (FFA) www.insee.fr www.insep.fr www.plusloinplussport.tv http://home.nordnet.fr/scharlet/histoire.htm www.sports.gouv.fr www.cnar-sport.franceolympique.com (Centre National d’Appui et de Ressources du secteur Sport) www.lemonde.fr www.liberation.fr/societe/0101644843-virilio
116