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Au pays du confinement
Corona
Nous l’avons tous vécu à notre manière, cette obligation au confinement volontaire... Certains se sont sans doute morfondus, d’autres y ont trouvé un certain confort, d’autres encore en ont fait une opportunité. D’autres n’en ont eu cure. Mais d’autres n’y ont pas eu droit parce qu’il fallait faire tourner la planète, vaille que vaille, à leurs risques et périls pour que nous, nous puissions traverser l’épreuve sans trop en pâtir : que ces autres en soient mille fois remerciés, ici et ailleurs. (JK)
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Joëlle - D’abord, on ne comprend pas bien le truc. Ca ne s’intègre nulle part dans nos schémas de vie. Puis, je me suis mise à apprécier ces journées confinées : rester un peu chez soi ! Les chats des voisins sont ravis de squatter mes fauteuils en passant par les fenêtres ouvertes - car il fait beau, en plus ! Je reconnais enfin aux réseaux sociaux une vraie utilité : maintenir le lien social, fut-il virtuel. Mais chaque jour la tragédie progresse - ailleurs. L’impuissance me pèse. Comment aider ? J’attends « le jour d’après » devant mon écran en guettant les signes...
© Jean-Michel Revuz

Jean-Michel - Pour moi, retraité, installé confortablement sur le Salève avec ma femme, un jardin non-clos, des champs et la montagne derrière la maison, le confinement n’a pas changé fondamentalement la vie... sauf que je n’ai jamais eu les mains aussi propres ! Ménage à fond, garage à fond, jardinage à fond. Tout de même, quelques moments d’évasion pour la photo avant le plaisir de lire via FaceTime des histoires à nos petits-enfants confinés, eux aussi, mais... à Washington ! Frustré aussi du contact avec nos amis. Privé de piscine, de cinéma et de théâtre ! Mais nous nous rattraperons !
Christiane - Je voulais retrouver mon coiffeur ! Car comme me disait récemment une amie: « On va sortir de ce confinement avec du poids en surplus et...bicolore. » Je ressemble à une véritable moufette ! Manque de pot, je suis en France, mais mon coiffeur est à Genève et la frontière est fermée à double tour avec des gros blocs de béton pour empêcher le passage à ma petite douane. Problème de privilégiée, évidemment !


© Christiane Berthiaume

Odile - Confinée, encadrée et un peu voyeuse ; - un temps de pause et pourtant rempli d'activités, de réflexions et d'observations. - beaucoup de temps devant l'écran pour les photos, Skype avec les enfants, et Zoom pour les cours.
- un temps de pause pour laisser couler le temps tout en gardant contact avec la réalité extérieure réelle. - un temps de pause qui a fait beaucoup de bien et qui malgré tout aura passé très vite.

Corona (suite)
Surya - Surya en confinement c'est un peu « space »... Ça commence comme tout le monde avec l'effondrement de toutes les activités prévues. Après une semaine, pénarde dans mon doux chez moi à rédiger un récit en cours, me voici assignée à mission : accompagnement de fin de vie d'un vieillard alité souffrant d’un cancer du pancréas.
Chamboulement total ! Toute une autre vie, jour et nuit, au service d'une personne mourante mais à la personnalité tyrannique, dans une atmosphère saturée d'angoisse.
© Surya Baudet

Adaptation, lâcher prise, bienveillance, et yoga pour aider à garder le moral pendant quatre semaines.

Béatrice B. -Qui l’eut crû, il y a quelques semaines, que la planète allait être prise en otage par un virus de 10 à 400 nanomètres ? Oui, je suis prise en otage par mon lit, mes ustensiles de cuisine, mes livres et mon iphone, le nombre de kilomètres parcourus dans les parcs, les jardins et les quais… Ohh, qu’il est bon d’admirer un pistil, d’humer le jasmin au détour d’un chemin… Mais je pleure de voir le monde s’écrouler sans que personne ait pu prévoir cette pandémie. Corona, Covid19, je te hais, et j’attends ta mort avec impatience !

Eric B - Confiné ! Et moi qui me moquais de mon poisson rouge qui tourne en rond dans son bocal, voilà que depuis quelques semaines c’est moi qui tourne en carré dans mon local. C’est l’enfer du décor ! Tout soudain, tout est arrêté ! Voilà un grand silence qui va faire du bruit. Radio, télé, journaux : les nouvelles sont tous les jours les mêmes, chaque spécia

liste y va de sa théorie. Entre confinement et confusion, c’est à en perdre ses repères. Mon calendrier est resté désolément vide, plus de rendez-vous, le vide abyssal. Sauf qu’à 21h, c’est tous à la fenêtre pour applaudir le formidable milieu médical et les soignants. Un peu plus tard, mon chat me réclame de chatter avec celui du voisin, de quoi se raconter quelques miaouseries bien pensées. Alors, quoi faire ? J’ai poutsé de la cave au galetas, trié des piles de livres, jeté des tas de magazines et rangé des collections de
photos. J’ai pris le temps, pour une fois, de bien nettoyer tout mon matériel photo. Et j’ai créé plein de nouvelles catégories dans le classement de mes images. Ca m’a bien pris dix semaines… Seuls les relations et les divers contacts habituels, interdits pour éviter la propagation de la pandémie, m’ont manqué. Notamment ceux avec les camarades de mon photo

© Eric Boillat club préféré, puisque toutes les activités étaient suspendues. Plus de bistrots ni de terrasses, rien, tout est fermé. Ce sera la première année durant laquelle j’aurai vécu cinq saisons ! Je réalise que c’est ma facture d’électricité qui va bondir : tout le temps sur internet à répondre aux divers mails et à fureter en ligne pour dégotter quelques bons coins où aller dès le déconfinement venu. On peut se réjouir, c’est pour bientôt… Le concombre masqué (zut, je suis démasqué)