Baie des Bulles n°2

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EDITORIAL Bonjour à tous ! Non vous ne rêvez pas, c’est bien moi, Nävis. Si j’ai quitté le convoi de Sillage pour venir ici c’est pour être l’ambassadrice des personnages de bande dessinée de science-fiction. Nous avons pris le contrôle de la rédaction de Baie des Bulles ! Pourquoi ? Tout simplement pour imposer ce genre qui est le notre ! La science-fiction ! Le précédent numéro en était pratiquement dépourvu, nous ne pouvions pas les laisser continuer dans cette lancée ! Ainsi ce numéro sera consacré entièrement à la SF ! Nous en profiterons pour vous faire connaître quelques-unes de nos séries et vous en apprendre plus sur le monde de la SF à travers deux dossiers. Bien sûr ce numéro reste copieusement illustré par les artistes BDiens. Toute l’équipe de rédaction est sous notre contrôle, elle travaille désormais pour nous le temps de ce numéro. Et gare à eux en cas de rébellion ! Je suis sûr que nous ferons du bon boulot ensemble. Bonne lecture et vive la SF ! Nävis


UNPIED DANS L’PLAT Il ne faut pas confondre Caricature et Délit de faciès

L

ectrices, lecteurs, l’heure est grave. Le monde du dessin va mal, l’univers de l’illustration explose, la bulle pète et le pitt bull. En effet, depuis les récents incidents inhérents aux caricatures du prophète M. (qui préfère garder l’anonymat, c’est son choix, respectons le), il n’est certainement pas hâtif d’affirmer que les dessinateurs ont déjà vécu des époques bien plus glorieuses

et nettement m o i n s stressantes. Ainsi par exemple, notre ami Leonardo Da Vinci, à son époque, ne put-il pas passer de longues années à peaufiner le rictus d’une poissonnière de la banlieue romaine aussi hilare que Dieudonné dans une bar-mitsva, sans se voir menacé par une deadline damoclèsienne ne demandant qu’à lui fracasser la tête ? Ou encore, Neandertal, dans sa grotte, ne fut-il pas admiré pour sa peinture rupestre représentant un bison se faisant sodomiser par un cheval sans pour cela choquer les amis d’Omar Sharif ?

Notre création s’emprisonne dans l’angoisse de la feuille blanche de nos frustrations étouffées. Il nous faudrait sans cesse marcher sur des oeufs, ce qui, vous en conviendrez, est chose extrêmement déconseillée alors que la grippe aviaire gagne autant de terrain que la folie furieuse.

Le fait est que ces temps bénis semblent être révolus. Que nous prônions le droit à l’humour ou à la liberté d’expression, nous nous voyons dorénavant conseillés de lever le crayon tout en mettant la gomme.

Redémarrage des serveurs...

N’ayons pas peur de critiquer la dinde et de fourrer les intolérants - à moins que ce ne soit le contraire - amis lecteurs, dessinateurs, chers collègues, écartons les cygnes ostentatoires, bannissons les interdits, jouissons de nos libertés sans demi-mesure, ne coupons pas la poire en deux, fendons-nous là ! Unpied

.............. Virus éliminé... Poursuite du processus...


SOMMAIRE 6........................ Chronique 8-9................... Dossier 11 to 13.............. Chroniques 14-15................. BD 16........................ Chronique 17........................ BD 18-19................. Chroniques manga 20...................... BD 22 to 27........ Dossier 30-31............... BD 32 to 35........ Nouvelle 36 to 42........ BD 44...................... Ours


Chronique

C Valérian 19 albums (sans HS) Mézières Christin Ed Dargaud 8/9 € environ

omment réaliser un webzaïne sur la science-fiction dans la BD sans parler d’une des séries précurseuses (euh, c’est français, ça ?), à savoir Valérian, agent spatiotemporel ? Enfin, je veux bien sûr dire Valérian ET Laureline, agents spatiotemporels, car l’un ne va pas sans l’autre, ni l’autre sans l’un. Aaaah, Laureline… Amour de jeunesse, amour impossible… L’une des héroïnes les plus fascinantes de la BD de SF…mais je m’écarte du sujet. Valérian, dont la première aventure est parue en 1967, est aujourd’hui considéré comme l’un des classiques de la SF française. Cette réputation est due à ses innombrables qualités, dont je ne citerais donc que quelques-unes: il y a bien sûr la qualité graphique qu’apporte Jean-Claude Mézières à la série, qualité graphique dont l’évolution n’a d’ailleurs pas plu à tout le monde (pas compris pourquoi), mais aussi la qualité des histoires distillées par Pierre Christin, remplies d’humour, avec en prime un regard critique sur notre société (Christin

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n’est pas journaliste pour rien) vu à travers les mœurs extraterrestres (ou humaines, en fait aussi, je m’en rends compte là maintenant…) et un imaginaire fabuleux : Valérian et Laureline traversent le temps (petit retour dans nos années 80), et l’espace, permettant aux auteurs de créer un bestiaire fantastique. On n’oublie pas facilement les Shingouz, espions professionnels, complètement pourris mais sous le charme de Laureline, ou les Alflololiens, race aux pouvoirs étranges, qui ont peut-être influencé le monde de Troy d’Arleston… Pas évident non plus de ne pas tomber sous le charme de la vision qu’ont les auteurs de la Sainte Trinité (Dieu le Père en espèce de mafieux obèse, Jésus sous la forme d’un hippie shooté, et le SaintEsprit en machine à sous déréglée…) La plupart des races que croisent Laureline et Valérian sont étudiées plus précisément dans un ouvrage à part : les Habitants du Ciel. Une autre qualité de cette série est sa forme : la

plupart des 20 ouvrages sont des one-shot, il y a quelques albums qui fonctionnent par deux, et les trois derniers formeront un tout (il en reste deux à paraître…), on peut donc lire un album et comprendre l’histoire, sans avoir besoin d’acheter tous les épisodes précédents. En bref, une série à lire, ne serait-ce que pour constater l’influence qu’elle a eu, notamment sur le cinéma : Luc Besson a largement fait appel à Mézières pour les décors du Cinquième élément, tandis que Georges Lucas faisait ça plus en douce, sans prévenir personne, dans une série de films qui a eu son petit succès… Allez donc voir le site http://www.noosfere.org/ mezieres/pages/cinema/ rencontres.htm si vous avez des doutes, et constatez par vousmême les ressemblances troublantes entre le bikini de la princesse Leia et la tenue de Laureline dans Le Pays sans Etoile, le Millenium Falcon et le vaisseau de Valérian, ou entre les Shingouz et l’ET auquel appartient le petit Anakin… FrancisBF



Dossier

8 La SF et ses héroïnes

D

ans le petit monde de la BD, la SF est un genre relativement récent. Elle a cependant engendré des personnages féminins parmi les plus marquants, particulièrement pour l’esprit réceptif à ce genre de choses qu’est le mien. Les héroïnes de SF sont bien souvent les personnages féminins les plus actuels (paradoxalement, ou pas. Je suis pas bien doué en philo) et les plus forts de la BD.

Barbarella

Laureline

Nävis

Cyann

Je commencerais par une des pionnières, Barbarella : née en 1962, c’est une des premières héroïnes modernes de BD. Elle est (comme toutes, je le reconnais) belle, bien roulée, elle mène sa barque et son cirque dans des aventures poético-érotico-science-fictionnelles que lui a concoctées Jean-Claude Forest (grand Prix à Angoulême en 1983). Une de ses caractéristiques principales est la manière dont elle dispose de son corps, très soixante-huitarde, sans jamais être vulgaire (je n’aime pas la vulgarité) : elle couche avec tous les êtres (on peut pas dire hommes) qui l’attirent, jusqu’aux robots (ahh, Hector, chanceux que tu es…). Elle finira par mal tourner cependant, incarnée par Jane Fonda (si, si, celle de « sa méthode », pour maigrir, vos mamans avaient peut-être la cassette, comme la mienne, même si elle en avait pas besoin, le premier qui dit le contraire je lui pète sa gueule) dans un nanar commis par Roger Vadim. Chronologiquement plus jeune, Laureline est apparue en 1967 dans « Les mauvais rêves », première aventure de Valérian, agent spatio-temporel, né sous la plume géniale de Pierre Christin et le pinceau non moins brillant de Jean-Claude Mézières, grand Prix à Angoulême en 1984. Je n’ai jamais compris ce titre de « Mauvais Rêves ». En effet, l’apparition de Laureline dans le monde de la BD est selon moi le plus beau cadeau que des auteurs aient fait à leurs lecteurs. Laureline est la femme parfaite, belle bien sûr, mais aussi forte, avec un caractère euh… affirmé, et elle vole souvent la vedette à ce pauvre Valérian, prenant toujours le contrôle de la situation quand lui n’est plus en état, ou qu’il a laissé tomber. Jean-Claude Mézières nous l’habille de plus de manière fort seyante, et nous offre quelques plans mémorables de son dos, et un de ses seins (dans « Otages de l’Ultralum », comme me le disait Shloka, on aimerait bien être à la place du transmuteur). Une preuve éclatante du succès qu’a connu ce personnage : aujourd’hui, on rencontre des Laureline dans la rue !


9 Nävis, l’héroïne de Sillage, de Morvan et Buchet, ressemble un peu à un hommage à Laureline : même caractère fort, peut-être plus fragile, ce qui la rend plus humaine. Elle a le même genre de principes, et est, comme Laureline le devient, la dernière représentante connue de l’espèce humaine (du sexe féminin, pasqu’il reste Valérian avec Laureline…). Comme Laureline, elle nous est offerte avec un kit vestimentaire assez impressionnant, et en plus des coiffures exigeant un niveau de technologie supérieur à celui que la NASA est en mesure de fournir.

Cyann est la dernière de mes héroïnes de SF que j’aime. Héroïne du « Cycle de Cyann », de Bourgeon et Lacroix, c’est sans doute celle à la psychologie la plus fouillée, avec une évolution très nette entre son attitude de bourge gâtée et grande consommatrice de sexe du premier épisode et celle de sa troisième aventure, où, ben je sais pas comment dire, puis faut lire pour savoir, ne déflorons pas le sujet (la sujette l’est depuis longtemps).

Les exemples pourraient être plus nombreux (certains ajouteraient bien Druuna, apr exemple, mais pensons à nos jeunes lecteurs…), mais les amateurs d’héroïnes ET d’histoires de SF qui en valent la peine trouveront leur bonheur dans les aventures de ces quatre-là. FrancisBF



Chronique

11 Thriller technologique : Imago Mundi est une BD d’aventure scientifique qui plonge ses racines dans le classique (ses grands prédécesseurs peuvent être recherchés du coté de certains romans de Jules Vernes ou certains albums de «Blake et Mortimer») mais dont les thèmes variés se plongent dans des domaines très actuels de la science et de la technologie. Les secrets des OGM, des abysses, du nucléaire, de l’Atlantide, ou des sondes à micro onde seront au rendez vous dans cette BD bien plus que passionnante. Chaque «enquête» est développée à la manière d’un polar, la «loupe» utilisée par nos trois «détectives» pour déterminer la nature des indices, étant l’outil scientifique. Les compétences de Loïc (physicien) et de Leia

(informaticienne) permettent auteurs de feuilleter quelques aux auteurs de ne pas se limiter revues scientifiques pour au champ du «possible». trouver l’inspiration. Ce qui ne signifie pas que la tache est La part de la sciences : aisée, mais simplement que le mystère est à nos portes... Hawkins et Einstein n’ont jamais cessé de le répéter : La part du rêve : «nous connaissons mal notre monde et personne ne sait Le patrimoine mythologique véritablement apporter de de la planète est une source réponse quant au mystère inépuisable d’inspiration de notre présence sur terre. dans laquelle les scénaristes Il n’en reste pas moins que d’Imago Mundi se plongent nous existons et que certains avec délectation. Quoi de aspects de cet «étrange plus intriguant en effet que réel» qui nous entoure de tenter de créer des ponts peuvent donner naissance entre ces univers fantasmés à bien des dissertations. qui hantent notre inconscient et l’environnement Pas besoin d’aliens, de technologique qui nous démons ou de monstres, entoure et prend jour après donc, pour nourrir l’intrigue jour de plus en plus de place d’un récit d’Imago Mundi. dans notre vie quotidienne. Ici, l’homme fabrique ses La légende se mêle aux propres monstres «grâce» aux sciences et à l’histoire... sciences. Il suffit ensuite aux

-= Tome 6 : Nom de code Babylone =Je pense vous en avoir déjà assez dit pour vous susciter la lecture de cette BD très intéressante, je serai donc bref. Reconstituer virtuellement la Tour de Babel est bien plus qu’un nouveau challenge pour l’agence Imago Munid,

c’est un véritable rêve ! Hélas, lorsque Leia, Loïc et Harald arrivent sur le sol Irakien, ils sont aussitôt happés dans une spirale de violence et d’intrigues telle que leur aventure au pays des mille et une

nuits tourne rapidement au plus noir des cauchemars... Qu’a-t-il donc de si secret sous le sol Irakien ? Sachant que l’histoire se passe peu avant la guerre en Irak... Les américains avaient préparé le terrain...

-= Avis =Entre politique, sciencesfiction, et technologie moderne, des dessins réalistes, un scénario passionnant. Chaque tome est accompagné d’un superbe dossier donnant des explications détaillées des

outils scientifiques utilisés durant l’histoire. Une véritable mine d’informations, souvent mystérieuses, surtout quand on vous parle d’un projet «d’armes nucléaires à la puissance limitée» pouvant

être transportée dans des valisettes. Projet approuvé par les Etats-Unis et paru dans le «Los Angeles Times» le 15 juin 2004. L’Irak était envisagé comme «terrain d’essai»... Blackbal

Imago Mundi 6 albums (+ 2 à paraître) Brahy Braquelaire Ed Dargaud 10 € environ


Chronique

12 Le Vagabond des Limbes

Le Vagabond des Limbes 31 albums Ribera Godard Ed Dargaud 10 € environ

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ui pourrait me dire en quels temps se déroule mon histoire ? ... Et dans quel univers ?... A des milliards d’années-lumière ? Ou de l’autre côté du mir oir? Mon nom ? AXLE MUNSHINE. Dans l’espace tous me connaissent ou ont entendu résonner mon nom, aussi loin que puissent porter les vaisseaux les plus perfectionnés. Naguère encore, je portais le titre enviéde «Grand Conciliateur «. Mon rôle consistait à aller régler, souvent au périlde ma vie, différends et conflits pour le compte de la GUILDE, laquelle règne sur une gigantesque confédér ation de planètes dispersées aux quatre coins du cosmos. Un jour, de retour d’une lointaine mission, j’ai ramené un étrange compagnon. Il se nomme MUSKY. C’est le fils du Prince des Eternautes. Ce gamin exaspérant, à la langue aussi acéréeque celle d’une méchante vipère, a décidé de me suivre partout pour parfaire son éducation. Une éducation qu’il se forge depuis plusieurs siè-

cles déjà ! Il a tout son temps. En effet, il faut savoir que son développement physique et mental a été artificiellement bloqué à l’âge de treize ans. Depuis, il attend paisiblement de rencontrer quelqu’un «qui lui donne envie de vieillir» ! ... Justement, à propos de rêver, j’ai toujours été fasciné par le monde du rêve. Des rêves qui ont agité le dormeur, il ne reste que peu de choses : bribes informes, indéchiffrables, pièces d’un puzzle énorme qui aurait disparu. Pourtant, bien que fragmentaires, les souvenirs demeurent. COMMENT PEUT-ON SE SOUVENIR DE QUELQUE CHOSE QUI N’EXISTE PAS ? Je me le demande. Mais non ! Je suis persuadé que ce monde existe et que, quand je dors, mon esprit capte comme un récepteur les images d’une réalité lointaine ! En grand secret, j’ai fait construire un appareil : le TRANSLATOR. Il permet de matérialiser sous forme de projections holographiques les rêves du dormeur inconscient, de les enregistrer, et de suivre celui-ci pas à pas dans ses

explorations oniriques... Ce faisant, je me suis pris à mon propre piège! Au cours d’une expérience, «là-bas», de l’autre côté, dans un monde complètement fou qui ressemble furieusement au nôtre, j’ai rencontré une femme... Dire qu’elle est belle serait bien peu. Elle m’attendait. Tout de suite ils se sont reconnus.


13 Désormais, je n’aurais plus qu’un but : découvrir le chemin qui me conduira jusqu’à elle, dût-il pour cela fouiller le cosmos de fond en comble ! Son nom ?... CHIMEER... Mon destin est scellé.En se livrant à ces expériences, j’ai transgressé le plus précieux des commandements de la civilisation qui est la mienne : LES PORTES DU SOMMEIL JAMAIS NE FRANCHIRA. Les deux mondes ne peuvent cohabiter, on s’en doute, et trouver le passage qui conduit de l’un à l’autre est considéré comme la pire de toutes les forfaitures. J’ai été condamné. Eternellement, je devrais fuir la GARDE POURPRE, à bord de mon vaisseau fantastique, LE DAUPHIN D’ARGENT, aussi vaste qu’une ville et que je tiens de mon père, avec pour seul et unique ami Musky le gamin sarcastique qui me traite de fou ! Mais je n’en ai cure. Je poursuis mon rêve insensé. Inlassablement, je recherche le passage qui me conduira à Chimeer, les essaie tous, au mépris du danger. Rien ne me rebute, aucun échec : « II y a toujours portes, petit clown», dit-il souvent. « TOUJOURS! » Voilà mon histoire. Shloka qui est ligoté à coté de moi a lu toutes mes aventures, les 31 albums exactement. Il désire expressément vous donner son avis.

*Axle va chercher Shloka et le libère*

Axle : Allez dépêche-toi et tâche d’être pertinent ! Shloka : Euh… oui oui. Mais pitié retenez Musky !!! Axle : Musky, lâche sa jambe ! Shloka : Merci. Euh... mon avis c’est ça ? A l’instar de « Valérian », « Le Vagabond des Limbes » est un précurseur de la science-fiction en bande dessinée, elle a notamment inspiréede nombreux auteurs.

Tout au long des épisodes, cette série a sût garder son originalité et son univers si particulier. La série est établie en cycles et aucun n’est à envié plus qu’un autre, même avec des histoires très différentes des unes des autres la série garde sa qualité ! Au niveau du dessin, rien à redire. Le dessinateur parvient à présenter des décors surprenants avec un trait d’une remarquable esthétique. Cependant ce style de dessin est unique et peut dérouter au départ mais au final on s’extasie devant la beauté des décor s. Le monde d’Axle Munshine ne se prend pas au sérieux, tout en affichant à la fois une gravité très adulte. C’est un univers étrange et décalé. Et derrière cette apparence SF, se cache une profonde réflexion sur la société et l’humanité. Au final, un scénarioen tout point original et un dessin remarquable. Seul bémol : le dessinateur Julio Ribera approche les 80 ans et met de plus en plus de temps à dessiner ses albums. A moins de trouver la relève, cette série ris-

que fort de finir inachevée. Axle : Merci d’avoir donné ton avis jeune lecteur, tu peux te rattacher aux barreaux désormais. A bientôt donc en d’autres temps et d’autres lieux, je vous verrai peut-être de l’autre côté du miroir qui sait ?

Axle Munshine




Chronique

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UW1

Universal War One Kate:levoilaenfin,lenouveautomed’UniversalWarOnequiétaitinitialementprévupourlemoisdejanvier sortirafinalementenavrilprochain. Kalish:ouais,enfin,fautvoir,paraîtqu’ilestencoreretardédequelquesmois,onm’aparlédejuin. Kate : UW1 raconte les aventures de l’escadrille Purgatory, Purgatory... Un nom bien significatif, symbole de l’espérancedelarédemption.Lieudepassagemythiqueentreleparadisetl’enfer...

UW1 5 albums (n°6 fin juin) Bajram

Kalish:jenetesavaispaspoète,Kate!Purgatory,cenomserattacheàceluid’uneescadrille,l’escadrilledessursitaires,desofficiersdéchusenattentedejugement.QuandJuneWilliamson,ayantreçul’avaldel’AmiralVon RICHBURG,créal’escadrillePurgatoryc’étaitpourpermettreàdesofficiersdel’UnitedEarthForceenattente de jugement d’expier leurs fautes et de se racheter en faisant preuve d’une conduite exemplaire. Des officiers qui,commeelle,avaientcommisunefautegraveetétaientpassibledecourmartiale. Unjourauxconfinsdel’espaceentreUranusetJupiter,apparutun«mur».CequisemblaitêtredepuislaTerre ungigantesquedisquedeplusieursmilliardsdekilomètresdediamètre,serévélaêtreunearmebienplusignobleetdestructricequetoutesnosbombesatomiquesréunies.

Ed Soleil 12 € environ

Kate:enfinc’estbienbeautoutça,maissansnous,cettehistoiren’auraitaucunintérêt.Lapersonnalitédeshéros fait beaucoup pour le récit de cette aventure. Chaque tome commence avec un chapitre dédié au passé d’un despersonnages,afindemieuxlecomprendre. Kalish:n’oublionspasl’aspect«mythologique»,ilyaunehistoireparallèle:chaquetomeportelenomd’une histoirebibliquecélèbre(leGenèse,Babel…)etcomportedestextesdecettefameusehistoirebiblique,audébutdechaquechapitrequicomposentlaBD. Etpuis,l’aspectleplusimportant(pourmoi),l’histoireestjalonnéedethèsesscientifiques,quecesoitsurlagravité ou l’espace-temps, très audacieuses et qui soutiennent les nombreux rebondissements de l’histoire. A lire donc…maisàtêtereposéecarilvautmieuxnepasratertropdedétails.Enfin,moijedisçapourvous.Aucun deleursscientifiquesnem’arriveàlacheville. Kate : ça te monte à la tête le succès, je te signale que tu ne fais que comprendre des phénomènes…tu ne les provoquespas.Enfin,fautdirequelasérieabonneréputation…etcen’estpaspourrien:unehistoireunpeu complexe, un dessin et une mise en couleurs de qualité font de cette BD un must de la BD européenne actuelle. Siteofficielavecliensversd’autressites:http://www.bajram.com/uw1/ Kate&Kalish



Chroniques Manga

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ICARE Le papa de ‘Blueberry’ rêvait depuis longtemps de réaliser le scénario d’un manga de science-fiction. C’est chose faite avec ‘Icare’ : une nouvelle vision du mythe de l’homme volant complètement modernisée.

Icare 1 album (one-shot) Taniguchi Moebius Ed Kana 18 €

Sous la plume de ces grands hommes, se trouve l’histoire modernisée du mythe d’Icare....

té de lévitation. Ni le vent, ni l’adjonction de masses ne semblent pouvoir l’altérer : l’air glisse sur lui. Totalement coupé du monde extérieur, Icare habite dans une serre géante, où il peut s’adonner à sa guise à ses étonnants vols planés. Les seuls contacts sont ces scientifiques qui multiplient les tests, et une jeune infirmière à peine plus âgée que lui, Yukiko. Mais avec la croissance, Icare est aux prises à des sentiments qui décuplent ses facultés et son envie de découvrir le monde extérieur…

Dans une maternité japonaise, une femme connaît un accouchement délicat, avec le cordon ombilical enroulé autour du cou du nouveau né. Après avoir recouvré sa respiration, devant les médecins abasourdis le bébé se met à flotter dans l’air, comme affranchi de toute pesanteur terrestre. Icare est né. Le bébé est placé sous secret défense durant de longues années, dans un centre de recherches en sciences naturelles. 20 ans plus tard, l’équipe du professeur Endor analyse toujours Icare, sans avoir jamais réussi à comprendre l’origine exacte de sa facul-

Entre deux westerns du lieutenant Blueberry, Moebius rêve le scénario d’un manga de science-fiction de plusieurs dizaines de milliers de pages, libéré des albums cages en 48 planches. Le premier synopsis contenait de quoi remplir 15 volumes. Un éditeur nippon et le magazine japonais Morning étaient partants pour le baptême de l’air d’Icare mais après la publication en 1997, Icare fut boudé par le referendum des lecteurs. Il faudra attendre 2005 pour Propos de Moebius à proce manga franco-japonais pos de son oeuvre : Icare soit traduit en français. Il reste de ce vol en apesanBlackbal

Né de la fusion d’un dieu du manga : Jiro Taniguchi, l’homme qui marche. Et de Jean Giraud Moebius, l’homme à l’étoile d’argent. Un duel entre le plus littéraire des mangakas et le plus métal hurlant des créateurs de bande dessinée européens.

teur artistique trois cents pages somptueuses, au parfum graphique proche d’Akira, le chef d’oeuvre de Katsuhiro Otomo, et de l’Incal de Moebius. « Les histoires sont là dans notre paysage, comme les poissons dans la mer et les oiseaux dans le ciel. Or nous savons aujourd’hui que ce que l’on croyait immuable peut disparaître, du moins pour ce qui est des oiseaux ou des poissons. Heureusement, il existe un territoire ou les histoires naissent et grandissent librement : c’est le monde des rêves. Et c’est précisément dans un de mes rêves que cette histoire, Icare, a vu le jour. L’histoire aurait pu être jetée ou oubliée. Mais il semble qu’un dieu bienveillant la protégeait. Icare a survécu. Monsieur Jiro Taniguchi a réalisé de magnifiques dessins pour lui donner vie. J’ai ramené Icare du monde des rêves, et quand je me suis réveillé je ne l’ai pas laissé sombrer dans l’oubli. «


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GUNNM Gally : Pourquoi vous me regardez comme ça. Oui, j’ai un corps en métal, et alors ? Vous en avez jamais vu ? Vous êtes d’une autre planète ou quoi ? Bon, une jeune fille un peu bizarre a accepté de raconter mon histoire.

Gunnm 9 albums Kishiro Ed Glénat 6/7 € environ

Sawadee : Ido, docteur en cybernétique, fait partie des habitants de la décharge. Un jour, il retrouve les restes d’une jeune fille cyborg, la nomme Gally et la retape en lui annexant un corps provisoise.. Il s’occupe d’elle comme un père, et une fois la nuit tombée, il exerce le métier peu glorieux de mercenaire pour récupérer des pièces qui pourront améliorer le corps de Gally. Bien vite, il lui découvre un potentiel de combat incroyable, et lui façonne alors un véritable corps de guerrière. Dans ses aventures, Gally sera confrontée à de nombreux adversaires, mais son esprit combatif sera toujours vainqueur. Malgré cette apparence très forte, elle est pourtant en réalité une jeune fille fragile, qui nourrit des espoirs bien plus hauts. Ses tribulations seront pleines d’épreuves, de combats

et de violence, mais aussi il fut un des tout premiers d’amour, de retrouvailles. mangas à être publié, avec Akira. Gally : c’est plus ou moins ça, même si c’est très Le trait est magnifique, résumé ! Puis bon, y’a pas expressif, détaillé. Les mal d’autres choses à dire personnages sont vite sur mes histoires et sur attachants, même s’ils mon créateur… révèlent également leurs côtés noirs. Même si la Sawadee : Gunnm est violence est fort présente, la série qui a propulsé c’est avant tout l’humanité Yukito Kishiro, un auteur du personnage principal de mangas japonais, sur que l’on retiendra. le devant de la scène. Ce manga plonge dans Gally : mouais, n’empêche l’univers cyberpunk et se que je suis vachement concentre sur une humanité moins humaine quand je désoeuvrée, néanmoins butte des méchants ! remplie d’espoirs. Anecdotes : L’histoire est très sombre. - une adaptation au cinéma Dans la ‘décharge’, la cité est prévue pour 2007, terrestre, tous les coups sont sous la direction de James permis pour se faire un peu Cameron (Terminator, d’argent ou pour survivre, Titanic) : un mélange de tout simplement ; chasseurs prises réelles et d’images de de têtes, meurtriers synthèses seront utilisées. et receleurs d’organes La rumeur veut que le titre humains sont légion. soit « Battle Angel » Tandis qu’à Zalem, la cité - une autre série, nommée d’en haut, les habitants Gunnm Last Order, est ne se soucient de rien, et la « suite » de Gunnm, rejettent ses déchets dans montrant néanmoins la cité d’en bas, considérant toute une série d’éléments leurs habitants comme des alternatifs. véritables pourritures. - 2 OAV sont dérivés de Gunnm. Ce manga en 9 volumes contient de nombreux Quelques sites : ingrédients, ce qui fait http://www.ultima-gunnm. qu’il est difficilement com/ catégorisable. Très peu h t t p : / / u s e r s . s k y n e t . b e / reconnu au Japon, il a en gunnmzone/ revanche eu un énorme succès outre-atlantique, et Sawadee notamment en France où




Dossier

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[Prologue :] *Arkadi fait irruption chez Séléné*…Il faut que je vous fasse connaître son monde et les autres atrocités que Caza, leur auteur, a fait subir à des générations de héros de BD S-F. C’est pour cela qu’aujourd’hui, je vous parle de lui sans quoi Arkadi fera s’enflammer toutes les BD qui sont chez moi (et ça fait beaucoup).

CAZA Caza (en pleine action)

S

i il y a un auteur à qui je pense quand on parle de sciencefiction, c’est bien Caza. En effet, j’ai grandi entourée de ses œuvres et j’ai dévoré ses ouvrages avec bonheur.

mais aussi ses idées. Un petit résumé ? Sur Gandahar, les hommes et femmes disparaissent en grand nombre, emportés par de mystérieux robots noirs. Ils les emmènent près du métamorphe, une

entité pensante et très puissante qui a besoin de régénérer ses cellules. Les robots traversent le temps avec les humains, ils font un bond de 1000 ans dans le futur pour nourrir le métamorphe.

L’occasion pour moi de les relire plus tard, avec un œil plus critique et de vous faire part de mes impressions.

Couverture de Caza pour le roman d’Asimov, les robots Caza et l’illustration S-F, une longue histoire..

Caza n’est pas l’auteur le plus connu de sa génération et pourtant beaucoup de gens croisent ses œuvres au hasard des bibliothèques…il a souvent illustré des couvertures de romans de S-F, pas mal d’Asimov. Bref, un auteur avec un style de dessin assez particulier, des personnages aux traits très rudes qui ont conquis les lecteurs, et pas que ceux de BD. Dans les années ’80, fort d’une certaine notoriété, il sera le maître d’œuvre d’un dessin animé (de plus d’une heure). Son nom Gandahar, on y retrouve le graphisme de Caza,

L’affiche française de Gandahar


23 Mais passons un peu à la produc- pas portés par des humains. tion de Caza en BD. Des jeux de mots décalés, des couleurs vives, un trait simpliLe caillou rouge est un recueil fié. Ce sont les débuts de Caza. d’histoires courtes. Le thème Quelques contes aussi revus et : la vie des costumes quand ils corrigés, c’est un peu cruel mais avaient des dents et n’étaient profondément drôle.

Scènes de la vie de banlieue, tome 1, page 4 Un graphisme inspiré de l’art psychédélique, couleurs vives, entrelacs… effet décoratif garanti

Mais Caza s’est fait connaître dans les années ’70 avec des histoires courtes. En effet, si il a sortis pas mal d’albums, la plupart sont des recueils de courtes histoires sur un même thème. Et ses idées ??? Caza est un pacifiste, en bon ex-soixantehuitard il détruit la société de consommation, dénonce les ravages de la désinformation, de la télévision (il y a 30 ans déjà) et la déshumanisation de notre monde. Evidemment, il conseille le retour à des valeurs plus humaines, une ouverture vers les autres, hommes ou animaux… tous maillons du fragile équilibre de la nature. Cela peut paraître moralisateur mais Caza use souvent de l’humour ou de la caricature. Il a aussi un archétype de la société. Dans la séries « Scènes de la vie de banlieue », il oppose 2 personnages : Marcel Miquelon, petit bourgeois, moche, coléreux, bas de plafond, vivant avec femme et enfants est la caricature du consommateur. Il est dépeint dans ses travers et l’inutilité de sa petite vie bien rangée. L’autre personnage est son voisin, il vit dans le même HLM, c’est la caricature de Caza, rebelle, rêveur, jamais décidé à se plier à la frénésie consommatrice…mais capable de justes colères pour rendre ce monde plus juste. Le graphisme s’inspire de la mouvance psychédélique de l’époque, les couleurs également. Ce trait évoluera pour gagner en personnalité et moins se soumettre à la mode.

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Dossier

24 tant redouté…mais essentiel pour la renaissance des êtres. Toujours dans Arkhê, Caza dépeint l’origine du monde la première seconde et la merveilleuse harmonie des différents règnes, quand plantes et hommes se confondent pour donner la vie. Il possède aussi le goût de l’allégorie et de la sensualité, il évoque des images charnelles de façon très naturelle. Il exalte cette pulsion de vie et la beauté de la femme. Mémoires des écumes résonne pareillement, un homme intemporel voit les âges du monde. Un graphisme fort différent, principalement des photos colorisées, parfois un peu de dessin. Mémoires d’écume c’est aussi un spectacle et une œuvre musicale composés en parallèle avec la BD. Un autre niveau d’exploration.

Scènes de la vie de banlieue, tome 1, page 26 Du texte, beaucoup de texte pour certaines nouvelles. Arkhê, page 26 <---Les hommes éphémères face à l’arche, voyageur des âges du monde. Dans le même type d’idées, il va aussi plus loin. Il lui arrive de parler de l’humanité comme d’un simple passage, une époque fugace où les hommes ne sont que les jouets de la nature. Ils font partie d’un tout immense qui leur échappe totalement. Caza raconte alors les

âges du monde, ce qui dure. C’est le cas dans Arkhê, l’arche traverse les époques et le monde des hommes n’est que vanité, il disparaît dans un souffle. Dans d’autres nouvelles, il dépeint les enfers, monde fascinant de la Bête,


25 Caza, fini les albums contenant plusieurs histoires courtes. Ici, une seule histoire sur plusieurs tomes, 7 sont parus…la série doit en compter 10. C’est une des craintes des fans de la série car Caza tarde à publier un nouvel opus. Arkadi est un monde fascinant et inspiré par la mythologie gréco-romaine. Le monde d’Arkadi (ou Les Chroniques de la terre fixe) se déroulent dans un avenir lointain. La terre ne tourne plus autour du soleil. La

tits villages se croyant le centre du m o n d e … mais le centre du monde est au cœur de la n u i t : une Arkhê, page 14 ville où Quand Caza réinvente vivent l’origine du monde les élus, sous un dôme, protégés par les ordinateurs qui subviennent à leurs besoins…mais un jour Or-Fé, le créateur de rêves disparaît.

l’Âge d’ombre, tome 2, page 39 Quand les cités des Oms sont plongées dans la destruction L’âge d’ombre est une série en deux volumes, chacun composés de plusieurs nouvelles. Les Oms vivent dans des villes aseptisées, avachis, sans plus aucune joie de vivre. A l’extérieur des villes vivent les autres, des créatures féeriques, respirant le bonheur… mais les Oms ne peuvent pas aller à l’extérieur et contacter les autres, les autres sont malsains, les autres sont dangereux…et l’air est vicié. Caza y raconte la révolte de certains Oms qui veulent se libérer de ce monde et continuer à rêver, mais surtout la chute inextricable de ces villes inhumaines.

moitié de la planète est continuellement exposée à la lumière, l’autre moitié vit perpétuellement dans l’obscurité. Entre les deux, il y a la limite, une fine bande de terre, entre ombre et lumière, la seule réLe monde d’Arkadi est assez gion habitable. particulier car il marque un La limite est tournant dans la carrière de remplie de pe-

le Monde d’Arkadi, tome 6, Noone, couverture La couverture de l’édition publiée chez les Humanoïdes Associés


Dossier

26 sont enfermés des créatures néfastes. Le récit est peu innovant et il faut avouer que l’intérêt de la série ne commence à naître qu’au tome 3 et 4. Les deux premiers sont peu captivants. La série est inachevée, le dernier tome date de 1997.

Scènes de la vie de banlieue, recto de l’album. Marcel Miquelon versus Caza Et puis Caza a été scénariste pour la série Amiante (4 tomes). Le style ??? De l’héroïc-fantasy, la série a commencé peu de temps avant Lanfeust. L’histoire ? Un mage, une femme guerrière et un troll partent à la recherche d’objets magiques. Le mage est possédé par une puissance obscure et les objets magiques sont en fait des cadenas sur les portes d’un monde infernal où

En dehors d’Amiante, il faut noter chez Caza une envie de conter plutôt que d’inciter ses héros aux dialogues. Vous voulez du texte compact, sans phylacL’Âge d’ombre, tome 1, tères…il y en a, les Habitants du crépuscule, page 29 beaucoup, enUn lettrage soigné et très expressif fin surtout dans Scènes de la vie de banlieue, certaines Véritable chercheur, il nouvelles tiennent plus de innove dans ses compol’histoire illustrée que de sitions, ses mises en pala BD. Caza aime écrire… ges. Dynamiques ou simmais aussi décrire, il se plement décoratives, il fait poète, use de super- ne se contente pas d’une latifs et se plaît à décrire recette qui marche. Jusla beauté, mais surtout la qu’au lettrage qui devient fange. expressif.

Amiante, tome 2, l’Ile du géant triste, page 11 Nos trois héros en route vers des aventures qui les dépassent.


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Un auteur à redécouvrir !

Vous voulez en savoir plus sur Caza : http://www.noosfere.com/caza/

Références des ouvrages : - Le caillou rouge et autres contes, Caza et Bazzoli, éditions Dargaud, 1985

Mémoire des écumes, page 22. Un procédé nouveau dans les publications de Caza, la colorisation de photos - Arkhê, Caza et Bazzoli, Les Hu- Le Monde d’Arkadi, Caza, Les manoïdes Associés, 1982 Humanoïdes Associés, puis nou- Mémoires des écumes, Caza et velle publication chez Delcourt, 1989-2004 Lejalé, éditions Dargaud, 1985

- Scènes de la vie de banlieue, - L’Âge d’ombre, Caza, éditions - Amiante, Caza et Lemordan, Caza, éditions Dargaud, 1982- Dargaud, 1984, prépubliées dans Soleil, 1993-1997 1984, prépubliées dans la revue la revue Pilote Pilote Séléné






Histoire dont vous êtes le héros ! P A N I Q U E à P A R A N O P O L I S

Panique à Paranopolis ! 1. BDworld, centre-ville. C’est une après-midi très calme et ensoleillée. Comme beaucoup de citoyens, vous vous baladez tranquillement dans les rues. Cependant, des ombres très bizarres assombrissent le ciel… Les habitants sont plutôt curieux qu’inquiets et scrutent le ciel. Des formes plus ou moins ovales obscurcissent de plus en plus la ville. Vous décidez de : - vous parlez au citoyen le plus proche pour lui demander ce qu’il se passe : rendezvous au 19. - vous rentrez chez vous, empli d’un mauvais pressentiment : rendez-vous au 23. - vous ne faites rien et continuez à observer le ciel : rendez-vous au 8. 2. Un peu plus hardi, vous marchez, toujours les yeux bien bandés. Vous marchez d’un pas rapide, n’entendant toujours rien autour de vous et ne sentant aucune présence. Après tout, vous connaissez cette ville par cœur. Mais vous aviez oublié les travaux sur la rue principale. 12. 3. Les cris se font de plus en plus nombreux. Que faire ? - rester cloitré chez vous. Rendez-vous au 15. - vous bandez les yeux avec un foulard opaque et ressortir dans la rue. Rendezvous au 21. 4. Vous avancez doucement. Vos yeux ne vous font plus mal. Vous sentez la chaleur de la lumière diminuer. - vous enlevez la première couche autour de vos yeux, à vos risques et périls. Rendez-vous au 26. - vous gardez vos yeux bien protégés et vous continuez votre chemin en rasant les murs. Rendez-vous au 2. 5. C’est la bousculade à l’entrée du café Bongo. De nombreuses personnes, comme vous, vont s’y réfugier car la lumière est absolument insupportable. Grâce à votre petite taille, vous arrivez à vous faufiler à l’intérieur, et puis dans l’arrière boutique, très sombre, ou plein de gens sont déjà entassés, jacassant, criant, pleurant. Vous apercevez dans la salle un homme qui a l’air très calme. Apercevez, oui, car vos yeux sont déjà très abîmés. Une autre dame, elle, crie qu’elle est devenue aveugle. - Vous vous approchez de l’homme calme pour parler avec lui. Rendez-vous au 10. - Vous vous approchez de la femme en pleurs. Rendez-vous au 14. 6. Le clapet s’ouvre de lui-même, et vous avez à peine le temps de voir des sortes d’asticot qu’un jet acide vous frappe de plein fouet dans l’œil. Votre œil est complètement détruit. Rendez-vous au 16. 7. Malheureusement pour vous, ils avaient encore des munitions en réserve. Vous avez le réflexe de vous protéger le visage. Rendez-vous au 27.


33 8. Des formes se dessinent, mais rien de très visible. Impossible de savoir ce dont il s’agit. Après une vingtaine de minutes, un éclair fend le ciel, et aveugle toutes les personnes aux alentours. La panique se fait ressentir… Ca court dans tous les coins. Que faites-vous ? - vous cachez vos yeux pour ne pas être aveuglé, et vous tenter de vous orienter de mémoire vers le café le plus proche, pour y voir plus clair. Rendez-vous au 5. - vous courrez précipitamment chez vous pour vous réfugier. Rendez-vous au 12. 9. A l’intérieur, vous semblez apercevoir des sortes de vers de terres. Ils font un bruit très bizarre. Soudain, vous avez compris. Ce sont les créatures de la TV, qui en réalité ne mesurent à peine qu’un centimètre de haut. Vous les voyez brandir des armes miniatures, et par réflexe de protection, vous balancez la boîte très très loin de vous, flairant le danger. Rendez-vous au 13. 10. Il est très stoïque. Vous lui demandez pourquoi il reste aussi calme, et il dit qu’il est certain qu’il ne s’agit de rien de grave, que c’est juste Dieu qui vient régler ses comptes avec les pécheurs. Vous vous éloignez bien vite de ce curieux personnage, quand soudain vous entendez des bruits venant de dehors. Ou plutôt, un message. A vue d’oreille, les bruits proviennent des mégaphones publicitaires des rues de Paranopolis. Vous entendez : « « Rendez-vous au plus vite dans votre domicile ou le lieu fermé le plus proche. Vous aurez besoin d’une télévision. Allumez-là sur la 1. Nous avons une annonce à vous faire. Obtempérez. » Vous vous rendez alors dans l’avant du café ou le gérant a vite fait d’allumer la TV. Tous les regards sont rivés vers elle. Rendez-vous au 28. 11. Les rayons provenant de la boîte s’affaiblissent, et la luminosité du ciel également. Comment une si petite boîte a pu produire autant de lumière au point d’aveugler tous les habitants ? Vous voulez en avoir le cœur net, et vous approchez davantage. Vous soulevez la boîte. Un petit clapet semble s’ouvrir facilement. L’ouvrez-vous ? - Oui. Rendez-vous au 9. - Non. Rendez-vous au 6. 12. Vous trébuchez sur un gros bloc de ciment, perdez l’équilibre et tombez en arrière. Sur votre nuque. Coup du lapin. Mort sur le coup. C’est vraiment trop con, hein ? 13. Vous voyez la boite tomber et rouler, mais les Zorbiens et leurs armes miniatures sortent vite de la boîte et vous visent. Vous avez le temps de vous enfuir plus loin et d’éviter leur jet de liquide sans doute très dangereux. Que faites-vous ? - Vous attendez un peu pour voir ce qu’il va se passer ensuite rendez-vous au 20. - Vous vous précipitez pour écrabouiller la boîte, rendez-vous au 7 14. Elle ne semble en effet pas vous voir arriver, bien que ses yeux soient ouverts. Vous tentez de la rassurer tant bien que mal, quand soudain, vous entendez des bruits venant de dehors. Ou plutôt, un message. A vue d’oreille, les bruits proviennent des mégaphones publicitaires des rues de Paranopolis. Vous entendez : « « Rendezvous au plus vite dans votre domicile ou le lieu fermé le plus proche. Vous aurez besoin d’une télévision. Allumez-là sur la 1. Nous avons une annonce à vous faire. Obtempérez. » Vous vous rendez alors dans l’avant du café ou le gérant a vite fait d’allumer la TV. Tous les regards sont rivés vers elle. Rendez-vous au 28. 15. Vous rivez vos yeux vers la TV. Elle est brouillée. Les images sont interrompues, laissant place à un bandeau « PROBLEME TECHNIQUE », écrit en grosses lettres rouges. Rendez-vous au 28.


Histoire dont vous êtes le héros ! P A N I Q U E à P A R A N O P O L I S

16. Sous le coup de la douleur, vous vous effondrez, laissant tomber la boîte par la même occasion. Celle-ci tombe par terre, et vous apercevez de votre œil valide des petits asticots ou vers de terre brandir de minuscules pompes vers vous. - vous vous protégez le visage, rendez-vous au 27. - vous courrez très vite le plus loin que vous pouvez. Rendez-vous au 20. 17. Vous marchez le long de la rue principale. A présent, la luminosité n’est plus très agressive. Il y a des travaux, et vous prenez soin de tourner, pour ne pas vous empêtrer. Et là, au fond, vous voyez une grosse boîte dans une matière que vous ne connaissez pas. Elle est ronde. Des orifices émettent une lumière d’une couleur que vous n’avez jamais vue. Cette lumière est tellement forte que vous devez vous recouvrir les yeux. L’éclair de tout à l’heure proviendrait de cette toute petite boîte ? - Vous vous en approchez d’un pas lent. Rendez-vous au 11. - Vous vous enfuyiez, effrayez par ce qui pourrait vous arriver si vous étiez plus près. Vous courrez vers la rue principale. Rendez-vous au 18. 18. Dans votre hâte, vous ne faites plus du tout attention aux travaux dans la rue. Rendez-vous au 12. 19. Un homme, assez âgé, est près de vous. Vous lui demandez ce qui se passe : -Oh, à mon avis, c’est tout bonnement un orage qui se prépare. Vous n’êtes pas vraiment convaincu de la pertinence de cette information. Ces ombres sont bien trop bizarres pour être simplement les prémices d’un orage. Vous ne comprenez pas ce qui se passe et décidez de rentrer cher vous, à deux pas, pour voir si la TV vous donnera de plus amples informations. Rendez-vous au 23. 20. Vous voyez les Zorbiens lancer de nombreux jets avec leurs armes. Vous vous éloignez mais pas longtemps ; vous remarquez vite que leur débit diminue et qu’ils avancent vraiment très lentement vers vous. Normal, ils sont minuscules. Vous vous ennuyez, presque, alors qu’ils continuent à essayer de vous toucher. Ridicules. Une fois toutes leurs munitions usées, vous vous approchez calmement de la boîte et vous l’écraser avec votre paire de baskets favorite. Vous en donnez à cœur joie, sautant dessus, écrabouillant tous les bouts de chair rose s’en dégageant. Et comme par magie, le ciel reprend sa couleur normale. Un beau bleu, ensoleillé. Vous courrez vers le bâtiment du poste de TV 1. Vous racontez votre histoire aux employés, toujours effrayés, qui vous laissent prendre l’antenne. Vous expliquez alors ce qui s’est passé et dites au citoyen qu’ils n’ont plus à avoir peur. Quelques heures plus tard, le calme règne de nouveau sur Paranopolis. Rendez-vous au 29. 21. Vous sortez précipitamment, avec les yeux bandés. La lumière arrive quand même a transpercer votre foulard, si bien que vos yeux deviennent douloureux. Les mégaphones de la ville se mettent alors à hurler un message avec une voix grave, métallique, désagréable : « Rendez-vous au plus vite dans votre domicile ou le lieu fermé le plus proche. Vous aurez besoin d’une télévision. Allumez-là sur la 1. Nous avons une annonce à vous faire. Obtempérez. » - Vous remontez les escaliers de votre immeuble tout comme de nombreux gens. Rendez-vous au 15.


35 - Vous vous engouffrez dans le café Bongo, et fermez la porte derrière vous, pour que la lumière n’entre pas. La TV est déjà allumée. Rendez-vous au 28. 22. Alors que personne ne semble vouloir sortir, de peur de périr, vous prenez votre courage à deux mains et sortez, non sans au préalable avoir bandé vos yeux avec un foulard, ainsi que votre pull par-dessus. Ca devrait suffire pour vous protéger. Une fois dehors, vous n’entendez plus aucun bruit. Personne n’a eu votre bravoure et n’a osé sortir. Vous rasez les murs pour être le plus discret possible. Rendez-vous au 4. 23. Vous rentrez calmement chez vous. Votre premier réflexe est d’ouvrir les rideaux pour avoir un regard sur le ciel étrange qui s’assombrit de plus en plus. Vous allumez la TV. L’animatrice du journal télévisé ne semble pas le moins du monde au courant de ce qui se passe. Vous allumez la radio, et idem, aucune trace d’un évènement inhabituel. Rendez-vous au 25. 24. « Terriens, terriennes, vous êtes sous notre contrôle. Nous sommes les Zorbiens, tout droits venus de la planète Zorb. Grâce à nos rayons lumineux, que seuls nous pouvons supporter, vous allez bien vite périr dans vos mansardes, et nous prendrons le contrôle total sur votre planète, qui nous apportera les matières nécessaires à construire de nouvelles technologies sur Zorb. Ne tentez pas de sortir de chez vous, nos agents Zorbiens vous écraseront comme des mouches ou vous deviendrez bien vite aveugles avec notre lumière transperçant. Soyez humbles, humains, et restez chez vous pour périr. » - Etant sans doute le citoyen le plus stupide de Paranopolis, vous décidez de sortir tout de même, car cette histoire ne vous semble pas tenir debout. Rendez-vous au 22. 25. Vous apercevez alors par la fenêtre qu’un éclair de lumière pourfend le ciel. Vous avez le réflexe de vite fermer vos stores, tellement la lumière est aveuglante. Vous rallumez la TV, et la présentatrice ne semble plus du tout sereine. Elle annonce que dans la ville, une lumière aveuglante a transpercé le ciel, et que c’est la panique en ville. En effet, du premier étage de votre immeuble, vous entendez de nombreux cris. Rendezvous au 3. 26. La luminosité semble se rapprocher de la normale. Vous retirez doucement la deuxième couche de vos yeux, et vous ouvrez très lentement les yeux, histoire de vous réhabituer à la lumière. Etonnamment, personne ne semble être sorti pour autant. Sans doute trop effrayés. Rendez-vous au 17. 27. Malheureusement, même le visage protégé, ils ont le temps de lancer un jet d’acide très abondant sur vous, qui vous va droit dans le cœur. Vous titubez lentement, puis vous effondrez, mort. Votre bravoure vous a perdu. 28. Un hangar noir est soudain montré à l’écran. La caméra, tremblante, s’en approche. Vous n’en croyez pas vos yeux. Là, à l’image, vous voyez des créatures qui ne sont certainement pas de ce monde. Elles sont roses, paraissent gluantes, et assez allongées. Une sorte de trône peut être aperçu au fond de la salle. Une de ces créatures porte ce qui ressemble à une couronne autour de sa tête, ou plutôt, autour de la grosse boule rose qui lui sert de tête. Elle prend un appareil, et commence à émettre des bruits indescriptibles. Ceux-ci sont bien vite traduits par l’appareil en langage humain. Elle prend l’aspect d’une grosse voix, métallique et s’exclame : rendez-vous au 24. 29. Vous vous réveillez en sursaut. Pfff, quel rêve stupide vous venez de faire !










The End ?

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Lecture effectuée... ... Libération otage... 50%... 75%.... 100% ... Préparation départ... ... Update discours Nävis... ... Done !

Poukram ! Déjà la fin !

V

otre lecture arrive à sa fin et donc notre monopolisation de la rédaction également. J’ai été ravie de connaître cette formidable équipe, qui bien que forcée, a fait du très bon boulot. J’espère que ce numéro

de Baie des Bulles spécial science-fiction vous a plut et je vous remercie de votre attention.

(quoique...). Les personnages de Science-fiction et donc moi-même devont maintenant repartir afin de rejoindre Un prochain numéro nos histoires respecde Baie des Bulles tives. devrait voir le jour (quand ? euh... joker !) A bientôt et et se passera en prinvive la SF ! cipe «normalement» Nävis

Merci à : Rédacteur en chef : Shloka – 2860 Directrice de projet : Sawadee - 17419 Mise en page : Shloka - 2860

BD & Illustrations : Redaction : Unpied - 19043 FrancisBF – 36401 Blackbal - 54135 alias Kalish Séléné – 27570 alias Kate Sawadee – 17419 alias Gally Shloka - 2860 alias Axle alias Nävis

ADN - 15773 Unpied - 19043 Blast – 2256 Fougère - 29291 Drawer – 26120 Séléné – 27570 M€d®4wt – 40198 Judark – 9142 Arkanash - 47366 Shloka - 2860




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