Lettre de l'Odéon #9

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tartuffe

molière Luc bondy

FE TUF TAR

OD ON

En attendant Tartuffe

une année sans été

catherine anne joël pommerat

Une pièce de jeunesse(s)

les bibliothèques de l'odéon

shakespeare a 450 ans Colloque international / rencontres

o

Lettre N  9 Odéon-Théâtre de l’Europe

mars 2014


en attendant TARTUFFE (Voyage de Monsieur Molière

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sommaire p. 2 à 5

en attendant tartuffe TARTUFFE Molière Luc Bondy p. 6

FLEURY EN SCÈNE

de Vienne à Paris)

LE VESTIAIRE p. 7 à 10

les bibliothèques de l'odéon shakespeare a 450 ans p. 11 à 12

Une pièce de jeunesse(s) UNE ANNÉE SANS ÉTÉ Catherine Anne Joël Pommerat p. 13

le temps de la création LES JOURNÉES EUROPÉENNES DES MÉTIERS D'ART

le cercle de l'odéon p. 14

Avantages abonnés Invitations et tarifs préférentiels p. 15

ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES

Qui est-il, ce monsieur Tartuffe ? Que veut-il, que vaut-il ? Depuis qu'Orgon l'a rencontré, sa piété tranquille est devenue fanatisme, et son amitié pour Tartuffe a tout d'une passion. Comment donc un père de famille apparemment sans histoires, soudain aliéné et comme dévoré de l'intérieur par un effroyable parasite, a-t-il pu succomber à une telle emprise, jusqu'à faire don de tous ses biens et vouloir livrer sa propre fille à un inconnu rencontré par hasard quelques semaines plus tôt ? Et jusqu'où devra aller Elmire, son épouse, pour lui ouvrir les yeux ? Il y a peu, Luc Bondy a signé l'adaptation d'un Tartuffe en version allemande dont l'épaisseur balzacienne et la vivacité digne de Lubitsch ont fait l'un des grands succès du printemps 2013 à Vienne. Il revient aujourd'hui à l'original pour explorer les mécanismes intimes, familiaux et sociaux qui rendent possible le succès de l'imposture, tout en nous mettant sous les yeux, entre farce et terreur, le portrait génial d'un incroyable aveuglement.

En mai 2013, Luc Bondy a présenté à l'Akademietheater, qui est la deuxième salle du Burgtheater de Vienne, un Tartuffe dont il cosignait la version allemande avec Peter Stephan Jungk. Bondy choisit de saisir dans cette nécessité de traduire l'occasion d'une libération. La réussite du spectacle a tenu pour une bonne part à ce refus initial de se laisser dicter d'avance les moindres détails de la mise en scène au nom d'une fidélité trop littérale à l'original. Tant dans le fond que dans la forme, la traduction, d'une grande cohérence, jouait franchement la carte de la transposition. Bondy et son collaborateur ont renoncé d'emblée à restituer le vers moliéresque pour s'en tenir à une prose contemporaine, confirmant l'ancrage de l'action dans une époque qui pourrait être la nôtre. Chez Molière, Madame Pernelle reproche à sa bru d'aller «vêtue ainsi qu'une princesse» ; à Vienne, au XXIe siècle, Elmire s'est retrouvée «attifée comme une diva» (aufgedonnert wie eine Diva).

Cette décision de privilégier la vivacité moderne de l'expression explique également que le rythme des échanges ait été généralement accéléré. Lorsque Madame Pernelle allonge un soufflet à Flipote pour la presser de sortir, il lui faut deux vers et demi (trente syllabes, donc) pour commenter son geste ; il ne lui en faut que neuf dans l'adaptation allemande. Cependant, à quelques détails et coupes près, l'enchaînement des répliques ainsi que leur teneur étaient rigoureusement respectés. L'actualisation et l'explicitation du sens, délivré de sa gangue historique, ne visaient qu'à rendre plus accessibles les enjeux de chaque scène, sans jamais affecter la logique du développement dramatique. Même sans connaître l'allemand, un bon connaisseur de l'original pouvait donc reconnaître sans mal la plupart des grands moments de la comédie et leurs mouvements caractéristiques. Et apprécier l'humour qui sous-tendait certains écarts. Chez

Molière, Madame Pernelle n'entre en scène et ne lance la pièce qu'avec la ferme intention d'en sortir au plus vite, à toutes jambes s'il le faut ; selon Bondy, elle est clouée dans une chaise roulante, et le tempo qui en découle donne à toute l'exposition un relief assez inattendu... Le public viennois, lui, n'avait garde de comparer des textes. Emporté par le plaisir du jeu, il adhérait d'autant plus volontiers au contrat proposé qu'il n'est pas familier autant que nous le sommes (ou que nous sommes censés l'être) d'un texte qui à nos yeux est un classique. Lorsqu'il s'est demandé comment compenser la perte irréparable du Comme il vous plaira que devait monter Patrice Chéreau, Luc Bondy a songé à son Tartuffe. Il ne pouvait cependant pas être question de programmer huit ou dix semaines durant un spectacle en langue allemande, même au Théâtre de l'Europe. Le retour au français s'imposait – mais lequel ? La tentation était grande de réintroduire la liberté, la fraîcheur, la légèreté de ton de la version viennoise dans la recréation parisienne. Autrement dit, d'adapter à son tour l'adaptation de Bondy et Jungk. Le geste pourrait surprendre, voire choquer certains spectateurs. Il ne serait pourtant pas sans exemple, puisqu'il reviendrait en somme à traiter Molière comme le sont souvent les grands maîtres du répertoire étranger. Shakespeare, Tchekhov ou les tragiques grecs ont fourni plus d'une fois un matériau théâtral que les

metteurs en scène ajustent à leur guise, en s'autorisant d'ailleurs des interventions autrement plus radicales que celles de Bondy abordant Molière. Si personne n'y trouve à

Le fait théâtral obéit à ses propres lois. redire, sans doute est-ce pour deux raisons. D'abord, parce que le public aujourd'hui a moins de réticence à admettre que le fait théâtral obéit à ses propres lois, et que s'il plie parfois le texte à ses exigences, le livre, après tout, n'y perd rien : l'autorité reste à l'auteur, la reconnaissance du rôle créateur du metteur en scène est à peu près acquise, et chacun reste maître chez soi tout en négociant au coup par coup ces imprévisibles trêves armées que sont les spectacles. Ensuite, parce que dans le cas du répertoire étranger, les licences que le théâtre s'accorde avec les mots qui l'animent (et qu'il anime) se trouvent être comme imposées d'entrée de jeu, pour un public français, par le fait brut de la traduction – condition préalable, inévitable, de toute entrée en rapport avec le texte quand on n'en parle pas soi-même la langue. Nous ne sommes pas dépositaires de la lettre de Shakespeare ; ce n'est pas

au français qu'en est confiée la garde. Mais nous pouvons faire de nécessité vertu, et puisant dans cette non-responsabilité (ou dans cette irresponsabilité, comme on voudra) une autre chance, nous pouvons tirer de la distance même qui nous sépare des mots originaux l'espace d'une liberté, d'une aisance qu'on ne s'accorderait peutêtre pas aussi facilement dans l'idiome du poète. Pourquoi dès lors ne pas envisager Molière comme si les siècles avaient creusé de nous à lui une distance analogue, et l'approcher avec toute la latitude de jeu que l'on s'accorde avec Shakespeare, Eschyle ou même Tchekhov ? Ce serait tout à fait envisageable. Certains puristes, nombreux peut-être, se récrieront au motif que l'œuvre originale de Molière est inscrite dans notre langue : n'a-t-on pas tout à perdre à réécrire un tel chef-d'œuvre ? Mais il ne s'agit pas de supplanter un original ; il n'est pas question de l'effacer sous un nouveau texte, mais d'en proposer un autre abord. Une telle approche offre d'ailleurs aux classiques un bain de jouvence que bien des auteurs historiquement plus proches de nous pourraient leur envier (la mise en scène de certains grands dramaturges du XXe siècle, verrouillée dans des limites strictes par leurs ayant-droit, contribuet-elle à préserver dans sa première jeunesse un «bon» sens primitif fixé une fois pour toutes, ou plutôt à en accélérer le vieillissement ?). Cette liberté, comme toujours, ne va pas sans risques. Supposons pour-

tant qu'on veuille les prendre – et il se trouve des artistes pour aimer en prendre. Alors il faudrait marquer net-

Il se trouve toujours des artistes pour aimer prendre des risques. tement, ce serait bien le moins, qu'il ne s'agit plus d'une œuvre de Molière, mais d'après Molière. Faute de quoi ce qui était une information exacte et de bonne foi sur une affiche autrichienne (Molière a beau être traduit de façon très particulière, on peut admettre qu'il s'agit d'une version de son texte) deviendrait sur une affiche française une inexactitude, sinon une tromperie. En outre, quand bien même on produirait un tel spectacle – qui s'appellerait, par exemple, «Un Tartuffe, d'après Molière» – il faudrait espérer que le public saisisse clairement les implications d'un tel intitulé, accepte de se détacher des formules originales, renonce à des comparaisons inopportunes pour mieux se concentrer sur la restitution vivante d'un drame sur le plateau, dans des formes et des rythmes contemporains, en des

termes qui ne fassent pas écran à une 3 perception non savante du spectacle. On comprend dans ces conditions pourquoi Luc Bondy s'est finalement résolu à repartir, pour ce nouveau travail, du texte de Molière. Combler le trou laissé dans notre saison par la disparition de Patrice Chéreau lui imposait de trouver une solution d'urgence, et cette même urgence lui interdisait non seulement de consacrer à l'écriture d'une adaptation moderne du Tartuffe tout le temps nécessaire, mais de s'en expliquer suffisamment à l'avance, de façon à éviter tout malentendu sur la nature du projet. Repartir de Molière ne signifie pas pour autant que ce nouveau Tartuffe selon Bondy manquera de fantaisie ni de profondeur romanesque. Et pas davantage que le metteur en

Ce Tartuffe sera empreint de romanesque. scène s'interdira d'apporter au texte quelques aménagements, ici pour effacer un archaïsme, là pour inquiéter le rythme de l'alexandrin. En attaquant ce nouveau travail, Bondy est fort de l'expérience du spectacle viennois. Il en reprend le décor, conçu

Décor du Tartuffe, mis en scène par Luc Bondy à l'Akademietheater de Vienne – mai 2013 –, réalisé par Richard Peduzzi © Ruth Walz

à Vienne au XXIe siècle, Elmire est «attifée comme une diva»...

Le retour au français s'imposait. Mais lequel ?

26 mars – 1er juin / Berthier 17 e

tartuffe de Molière mise en scène Luc Bondy création

d e l’ O d é o n

(suite p.4)

décor Richard Peduzzi costumes Eva Dessecker lumière Dominique Bruguière maquillages/coiffures Cécile Kretschmar

avec Françoise Brion Gilles Cohen Victoire Du Bois Jean-Marie Frin Laurent Grévill Clotilde Hesme Yannik Landrein Micha Lescot Yasmine Nadifi Fred Ulysse Pierre Yvon (distribution en cours)

production Odéon-Théâtre de l'Europe avec la participation du jeune théâtre national rencontre avec l'équipe artistique dimanche 18 mai à l'issue de la représentation


Le scandale du monde est ce qui fait l'offense,

Tartuffe

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Et ce n'est pas pécher que pécher en silence. Acte IV, scène 5, vv. 1505-1506

TARTUFFE DE 3 À 5 par Richard Peduzzi, et Dominique Bruguière est à nouveau chargée de l'éclairer. Ces deux collaborateurs devaient travailler avec Chéreau sur Comme il vous plaira, ce qui n'a certainement pas été étranger à la décision de Bondy de revenir à son Tartuffe, où il a aussi tenu à confier des rôles à Clotilde Hesme, Gilles Cohen et Laurent Grévill. Le cadre général, les intentions de cette recréation parisienne seront donc les mêmes qu'à Vienne. Recréation et non pas simple reprise en langue française, car Bondy l'a déjà annoncé à ses nouveaux interprètes : il s'agira bien pour eux de réinventer en sa compagnie les personnages qu'ils incarneront. Avec ce Tartuffe, Bondy présente le troisième volet d'une sorte de triptyque secret, après Le Retour et Les Fausses Confidences. A-t-on remarqué, à cet égard, que Micha Lescot et Louis Garrel se sont comme partagé le travail ? Dans la première pièce, ils jouaient deux frères, l'un beau parleur et l'autre tout en muscles ; dans la deuxième, c'est Louis Garrel qui tient le rôle de l'intrus brûlant de désir ; c'est Micha Lescot qui s'en charge dans la troisième, dont il interprète le rôle-titre. La pièce de Molière, comme celles de Marivaux et de Pinter, est en effet une

Orgon aux aguets erre comme un spectre dans sa propre maison... histoire de corps étranger introduit dans un intérieur et une étude des perturbations qui s'ensuivent au sein d'une famille dysfonctionnelle... Tartuffe, plus encore que Dorante, est un homme qui part de loin et cherche à grimper à l'échelle sociale. Dans sa situation, les scrupules moraux seraient un luxe : comme le monde auquel il s'attaque ne lui fera jamais la moindre place, il n'a d'autre ressource que de la conquérir à tout prix (pour Bondy, Tartuffe est ce qu'on appelle aujourd'hui un winner). Et pour conquérir cette place, il lui faut d'abord l'inventer. Selon les évangiles, «la vérité vous rendra libre», mais il n'est pas écrit, et pour cause, qu'elle vous rendra riche ou puissant... Tartuffe se met donc à une place où il n'est pas, mais qui est la seule à lui donner accès auprès d'Orgon. Il ne peut pas ne pas être hypocrite, car l'hypocrisie est son «moyen de parve-

nir». Il lui faut assumer un rôle (et s'il était sincèrement dévot, ne serait-ce pas encore pire ?). Stendhal s'en souviendra quand il composera Le Rouge et le Noir. Mais là où Dorante et Julien Sorel ont aussi la ressource de jouer du meilleur costume : leur propre corps, d'une beauté telle qu'elle équivaut à une richesse, Tartuffe est obligé de nier le sien – ce pauvre corps désirant, maladroit, envahissant, qui l'embarrasse tellement dans le rôle qu'il a à jouer, est comme un acte manqué à lui tout seul ! Mais tel est le prix que doit payer Tartuffe s'il veut espérer trouver enfin une place. Voire occuper toute la place. Héritier à la place de son fils et époux de sa fille, il serait le successeur absolu d'Orgon – et sur un versant plus intime, plus dangereux, il le supplanterait tout bonnement en devenant l'amant de sa femme et le propriétaire de sa maison. à Vienne, le corps de Tartuffe semblait déborder sans cesse du cadre que son maître (?) tentait de lui assigner : le front luisant, les mains moites, Joachim Meyerhoff semblait toujours se surveiller, obsédé par le contrôle le plus rigoureux, vérifiant à tout instant la correction de sa coiffure, scrutant le prochain signe de désir qui finirait fatalement par échapper à son organisme animé d'une intenable ambition... Sa façon de manger sans manger, de grignoter des grissini du bout des dents, comme s'il ne pouvait se permettre une jouissance qu'à la condition que la matière en soit maigre et sèche, répondait au regard de bête traquée, angoissée du grand Gerd Voss dans le rôle d'Orgon, lui aussi aux aguets, errant comme un spectre dans sa propre maison dont il explorait les recoins à la fois pour y retrouver son cher Tartuffe et y débusquer on ne sait quels espions fantomatiques, prêts à bondir sur lui dès qu'il trahirait ses lourds secrets inconscients... Ces corps d'hommes, dans ce Tartuffe, semblaient vouloir se nier eux-mêmes tout en s'épaulant l'un l'autre dans leur épuisant vertige de négation, jusqu'à ce qu'Elmire y mette bon ordre en rendant un sexe à Tartuffe et des yeux à son mari pour lui faire enfin voir à quelle place Tartuffe aspire : à la sienne, tout simplement... Comment Gilles Cohen entrera-til dans la peau d'Orgon et Clotilde Hesme dans celle d'Elmire ? Quel Tartuffe Micha Lescot va-t-il inventer, quelles inflexions toute la troupe apportera-t-elle au roman viennois de Bondy ? L'expérience est en cours. Réponse dans quelques semaines aux Ateliers Berthier.

Daniel Loayza, 16 janvier 2014

Une première version de Tartuffe (qui selon certaines sources s'intitulait L'Hypocrite) a été créé à Versailles le soir du 12 mai 1664 dans le cadre des trois journées de fête qui composaient Les Plaisirs de l'île enchantée. Louis XIV semble avoir apprécié la comédie, qui compte alors trois actes. Moins de quarante-huit heures plus tard, il fait cependant savoir à Molière qu'il n'en autorise pas la représentation publique. Il ne s'oppose pas pour autant à des lectures privées, auxquelles il lui arrive même d'assister (par exemple chez Monsieur, frère unique du roi et protecteur officiel de la troupe de Molière, qui la fait jouer à Villers-Cotterêts fin septembre 1664). Ce premier Tartuffe est représenté une dernière fois au château de Raincy le 29 novembre, en présence du prince de Condé. Molière a-t-il déjà entrepris de retravailler sa pièce ? Un an plus tard, toujours à Raincy, il semble bien que le Grand Condé ait assisté à une version en quatre actes. Mais il faut attendre le 5 août 1667 pour que soit créée au Palais-Royal, sous le titre de L'Imposteur, une comédie en cinq actes dont le héros, rebaptisé Panulphe, n'est plus un dévot mais un «homme du monde» se faisant hypocritement passer pour tel. Il est impensable que ce Tartuffe remanié ait été donné au public sans l'aval de Louis XIV (qui peut en avoir découvert les «adoucissements» – le terme est de Molière – vers la mi-juillet, au cours d'une représentation privée). Mais au lendemain de la première, coup de théâtre : alors que le roi est retenu loin de Paris par le siège de Lille, le premier président du Parlement de Paris fait interdire L'Imposteur. Et moins d'une semaine plus tard, avant que le souverain ait pu répondre favorablement au placet que le dramaturge lui a aussitôt adressé, l'archevêque de Paris en prohibe à son tour toute représentation ou lecture, privée ou publique, sous peine d'excommunication. Le Tartuffe définitif, le seul dont nous possédions le texte, est finalement créé le 5 février 1669. Le prototype de 1664 a disparu. Malgré l'absence de documents, les érudits se sont employés à reconstituer son aspect à partir des polémiques qu'il a suscitées, de quelques allusions de Molière luimême dans ses placets, et d'indices dramaturgiques. Quelques années après la mort de Molière, ses proches tentèrent d'accréditer une pieuse légende : le premier Tartuffe aurait été une œuvre encore inachevée dont seuls les trois premiers actes furent présentés au roi. Les représentations publiques de la pièce n'auraient donc pas été interdites mais simplement ajournées sur ordre de Louis XIV, «jusqu'à ce qu'elle fût entièrement achevée et examinée par des gens capables d'en juger». Michelet fut le premier à mettre en doute cette version des faits quelque peu invraisemblable et à supposer que seule une comédie

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Micha Lescot © DR

Sans s'être concerté avec sa partenaire de jeu, c'est également à la scène 5 de l'acte IV que Micha Lescot emprunte son distique préféré. Il est sensible à la contradiction entre la solennité du ton (cette réplique, dit-il, est «formulée comme un prêche des plus profonds») et la totale «absence de morale et de culpabilité» dont elle témoigne : pas vu, pas pris ! Le grand style sert ici de parure à un cynisme glacial qui semble presque s'abolir à l'instant même où il se manifeste, racheté par la noblesse spécieuse de l'expression. Un peu comme si la sentence de Tartuffe mimait la leçon qu'elle affirme : est-ce encore être une crapule que l'être aussi éloquemment ?

Ah ! si d'un tel refus vous êtes en courroux, Que le cœur d'une femme est mal connu de vous ! Acte IV, scène 5, vv. 1411-1412

«Hors contexte, cette réplique me fait bondir !» C'est pourtant celle que Clotilde Hesme choisit de distinguer. Car ce contexte, l'actrice le connaît bien : il s'agit du moment où le personnage qu'elle va incarner se fait à son tour comédienne pour prendre Tartuffe au piège et lui rendre la monnaie de sa pièce. à hypocrite, hypocrite et demie. En usant contre l'imposteur du vieux préjugé masculin selon lequel le «non» des femmes peut vouloir dire «oui», Elmire endort sa méfiance ; en l'amenant à se croire désiré d'elle, elle exacerbe son désir pour achever de l'aveugler – unique moyen pour elle d'ouvrir les yeux de son mari... Clotilde Hesme © Rudy Waks/modds

Gilles Cohen © DR © Ruth Walz

Acte V, scène 6, v. 1847

L'Homme est, je vous l'avoue, un méchant Animal ! complète en trois actes avait pu être représentée en 1664. L'examen de la structure du Tartuffe de 1669 confirme cette hypothèse. L'acte II, qui forme un intermède quasiment indépendant du reste de l'action, s'organise autour d'un type de scène dont Molière était familier : le «dépit amoureux». Quant à l'acte V, il repose tout entier sur un ultime rebondissement qui ne fait que retarder la défaite définitive de l'imposteur démasqué. Restent les actes I, II et IV. à quelques détails près, il s'avère qu'ils constituent un tout cohé-

rent du point de vue dramaturgique, et qui ne manque pas d'antécédents romanesques ou théâtraux dans la littérature médiévale ou la commedia dell' arte : «(I) un mari dévot accueille chez lui un homme qui semble l'incarnation de la plus parfaite dévotion ; (II) celuici, tombé amoureux de la jeune épouse du dévot, tente de la séduire, mais elle le rebute tout en répugnant à le dénoncer à son mari qui, informé par un témoin de la scène, refuse de le croire ; (III) la confiance aveugle de son mari pour le saint homme oblige alors sa femme à

lui démontrer l'hypocrisie du dévot en le faisant assister caché à une seconde tentative de séduction, à la suite de quoi le coupable est chassé de la maison»*. On l'aura noté, Mariane n'a pas de rôle à jouer dans une telle histoire. En donnant une sœur à Damis et une fille à Orgon (lequel peut dès lors songer à lui faire épouser Tartuffe), Molière ne s'est pas seulement ménagé un élément d'intrigue pour son acte II : il a aussi transformé le caractère de son protagoniste. En 1664, Tartuffe devait être un dévot véritable, d'une stricte chasteté ; son hypocrisie

n'était pas un choix stratégique préalable mais un masque adopté à la suite de sa rencontre avec Elmire, une attitude que lui imposait son incapacité à résister aux tentations de la chair. En 1667, en revanche, Panulphe devait déjà présenter l'aspect du Tartuffe que nous connaissons : loin d'être un croyant sincère que sa faiblesse contraint à jouer la comédie, il est désormais un aventurier arriviste et tout à fait disposé à épouser la fille de son protecteur pour parvenir à ses fins. La modification du titre, de L'Hypocrite à L'Imposteur, sou-

Gilles Cohen, sans le savoir, a retenu l'un des vers favoris de Luc Bondy. Orgon vient d'apprendre que Tartuffe, non content de le déloger de chez lui, l'a dénoncé aux autorités. On pourrait donc croire que «l'Homme» en question est le traître qui veut le faire jeter en prison. La majuscule de l'édition de 1682 indique qu'il n'en est rien. Comme toujours, Orgon cède à ses «emportements» et généralise : devant l'ignominie de Tartuffe, c'est bien l'humanité entière qu'il condamne. Bondy a donc eu raison de lui faire dire à Vienne : Der Mensch [et non Der Mann], das muss ich sagen, ist wirklich ein gemeines Tier ! ligne donc que la conception même du personnage a changé, ce que l'acte V achève de mettre en relief : Tartuffe n'est qu'un «fourbe renommé», un ambitieux sans scrupules pour qui la religion n'est qu'un déguisement – un impie d'autant plus dangereux pour les familles, pour l'état et pour l'église qu'il se couvre des apparences de la piété. Daniel Loayza, 22 janvier 2014 * Alain Riffaud et Georges Forestier : «Le Tartuffe, ou l'Imposteur : notice», in Molière : œuvres complètes, Gallimard, coll. de la Pléiade, 2010, t. II, p. 1375. Nous empruntons toutes nos informations à ces auteurs.


les bibliothèques

fleury en scène 6

samedi 29 mars / 15h et 18h le vestiaire

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29 mars – 7 mai 2014

«faire tout avec rien»

au Théâtre de l'Odéon – salon Roger Blin tarif unique 6€ 01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu

entretien avec Sylvie Nordheim*, animatrice de l'atelier de théâtre de la Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis Comment est né l'atelier de théâtre créatif que vous animez à Fleury-Mérogis ?

Et comment se présente ce nouveau travail ?

Au début, c'était un atelier d'écriture créative. Mais en prison, l'écrit n'est pas toujours maîtrisé et fait peur à beaucoup. Je me suis vite aperçue que la pratique littéraire de la langue provoquait finalement plus de frustration que de plaisir, plus de rivalités que d’harmonie. Avec l’équipe du service culturel, nous avons réfléchi au moyen de rendre cet atelier plus attractif. J’ai formalisé ce que je pratiquais déjà de temps en temps : écrire du théâtre à partir d’improvisations. Peu importait si on savait écrire ou non, il fallait juste imaginer, construire aussi. J’aimais aussi l’idée d’une œuvre collective.

On est reparti sur les mêmes bases que l'an dernier : découpage en dix scènes, écriture, relecture, gros travail à la table. Mais je ne les fais plus bouger dans l'espace. Ils aiment souvent le sport mais ont un problème avec cet aspect du travail théâtral. Les assouplissements, les bras en l'air, ça les gêne un peu et ils n’en comprennent pas forcément l’intérêt, ça reste un peu «intello». Et puis, nous n’avons pas non plus beaucoup de temps. Au total six mois pour créer cette pièce. Il faut travailler vite.

Plus concrètement, comment procédezvous ?

La difficulté, c'est la fin : du moment que les amateurs reviennent victorieux, qu'est-ce qui reste à raconter, puisque tout est joué ? On travaille à remettre du conflit là-dedans. Par exemple, les vainqueurs refont le match entre eux, et revoilà les problèmes ! Que ce soit en prison, dans un vestiaire de stade ou ailleurs, un groupe offre toujours un potentiel de conflit.

C’est un peu magique. Il y a des jours avec et des jours sans. J’apporte des idées qui fonctionnent comme des déclencheurs et je les fais improviser là-dessus. Je n’ai pas de magnéto, juste un cahier et un crayon, je dois écrire vite. On reprend le texte ensemble, il y a des participants plus créatifs que d’autres, nous rebondissons sur nos propositions, je lance des idées, des répliques mais ils sont capables de s’en emparer, les mettre à leur sauce. Je travaille en amont et en aval. Chez moi, je restitue ce qui s’est dit en éliminant les lourdeurs, je polis, je cisèle. Mais quand je leur rapporte mes transcriptions, je leur dis toujours «Enlevez ces mots-là, c'est les miens, mettez les vôtres...» Je ne connais pas leur argot, je ne pourrais pas l'inventer, il est plein de trouvailles. Leur langue à eux, c'est celle de la marge, un territoire que je ne connais pas et qu'ils habitent. Ils règnent dessus, personne ne peut les en déloger. Je les aide à donner des lettres de noblesse à cette langue-là rien qu'en la mettant par écrit. Ça ne leur déplaît pas de voir leurs paroles prendre de l'épaisseur sur le papier à mesure que le texte s'élabore. Il y a une poésie dans le langage des prisonniers et de tous ceux qui veulent échapper aux règles, j’adore leur humour, leur distance. Peut-être parce que la vie s'est moquée d'eux, ils se moquent de la vie et d'eux-mêmes. Ils sont malheureux, à quoi bon en rajouter en parlant du malheur ? Ils ne s'apitoient pas sur eux-mêmes. Ils ont d'ailleurs l'humour assez vache, ils s'envoient de sacrées vannes.

Comment s'élabore l'intrigue ?

Et les personnages, comment se développent-ils ? Chacun tricote le sien, mais parfois je leur demande de lire le rôle des autres. Tout le monde dit une réplique, sans souci d'ordre ni de cohérence. C'est très important, d'abord parce qu'on ne sait pas qui sera finalement là le jour de la représentation, et puis parce que ça enrichit. Peu à peu, les personnages accumulent ainsi des strates différentes. L'an dernier, il y avait un Chinois qui ne parlait pas un mot de français. Je lui ai demandé

comment il s'appelait, il m'a répondu par un monosyllabe, et c'est devenu un personnage. Lui n'est pas resté, mais son personnage, oui. On lui a fait parler une langue étrangère totalement imaginaire et loufoque. Je me suis dit : il ne faut pas que j'oublie ça, cette façon dont les personnages sont inspirés par les uns, travaillés par d'autres, passent de l’un à l'autre comme des témoins dans une course de relais. Chacun laisse sa marque... Mais cela dit, j'impose toujours des types. Je tiens en particulier à ce qu'il y ait un intellectuel. L'année dernière, ils ont écrit tout un dialogue entre un religieux et un scientifique. Cette foisci, dans l'acte I, on a un syndicaliste qui veut faire grève avant le match. Et dans le dernier il y a «Einstein», un fort en maths.

plément. Tant qu'on n'arrive pas à se la formuler comme ça, avec cette netteté, c'est qu'il y a quelque chose qui échappe. J'y reviens tout le temps : dites-moi, avec vos mots, comment la scène est articulée, d'où elle part, où elle arrive. Le plus simplement possible. C'est un travail fructueux. Voilà pour le sens de la construction. Et du côté de l'imagination, ça marche aussi. Quand on écrit, on ne peut pas toujours attendre que les Muses viennent nous visiter. On doit faire appel à des ruses, à des trucs. Par exemple, prenez un groupe d'hommes où ça ne bouge plus beaucoup. Il suffit de faire surgir une femme là-dedans et aussitôt ça réagit ! Ils ont inventé une certaine Lili. Elle est devenue un fil rouge qui traverse toute la pièce...

Personnellement, qu'est-ce que vous leur apportez ?

Pensez-vous que cet atelier est utile pour leur réinsertion ?

Il me semble que je les aide à sortir, exprimer ce qu’ils portent en eux, dont ils n’ont parfois même pas conscience. Certains ont vraiment du talent et se révèlent dans ces séances. Ils prennent confiance en eux. Et puis nous vivons des instants de grande complicité sans lequel il n’y aurait pas de création collective. Nous rions énormément ensemble !

Bien sûr. Cet atelier leur permet de porter un projet de A à Z. Il y a tellement d'ateliers de théâtre où l'animateur, le professeur, arrive avec des scènes qu'ils n'ont pas choisies, les distribue dans des rôles en fonction de ses propres intérêts, et que ce soit un emploi ou un contreemploi n'y change rien. On ne trouve d'ailleurs jamais «la» pièce qui correspondrait au groupe. Là, ils doivent se prendre en charge, s'ils veulent que leur rôle soit bien, à eux de se creuser la cervelle... Et puis il y a le collectif. Moi, je trouve que la réinsertion, c'est déjà leur apprendre ça, travailler avec les autres.

Est-ce que vous sentez une évolution de leur regard au fil des semaines ? Ils analysent mieux. Ils sont plus sensibles à la manière. Ils voient l'envers, la construction de tous ces films qu’ils regardent à la télé. La façon dont l'auteur travaille. Et ils saisissent mieux leurs propres idées. Je leur fais beaucoup travailler le «pitch» : réduire une situation à une phrase simple, sujet-verbe-com-

Qu'est-ce qu'une présentation publique représente à leurs yeux ? Un bel enjeu. Il y a un gars formidable qui n'arrête pas de dire que même s'il est

libéré, il sera là le 29. Les autres le charrient, mais lui ne se laisse pas démonter. Et pourtant Paris l'intimide. Il nous a raconté – c'était très drôle – que tout ce qu'il connaissait de Paris, il l'avait vu à travers le grillage du fourgon cellulaire, pendant les fêtes de fin d'année. C'est la seule image qu'il ait de la ville : les décorations, les guirlandes qui défilaient dans la petite fenêtre. Comment envisagez-vous les trois derniers mois de travail ? Ils vont devoir vraiment prendre garde à ne pas se disperser, et moi avec eux... Mais c'est toujours ainsi. Il faut tenir des projets raisonnables. Faire avec les contraintes. Celles qui sont liées à la prison mais aussi au théâtre. Ils s'en font une idée très classique, très «au théâtre ce soir» : pour eux, il faudrait les trois coups, le rideau, un décor, sans quoi ils ne reconnaissent pas «le» théâtre. Dans nos séances, ils doivent aussi apprendre que c'est à eux de tout représenter, de tout faire passer sur une scène minuscule. De faire tout avec rien. C'est en soi un défi qu'ils seront certainement fiers de relever devant un vrai public. Et cette fierté peut, je l'espère, leur donner un nouvel élan.

OD ON

Propos recueillis par Daniel Loayza le 12 décembre 2013 *  Enseignante et comédienne, Sylvie Nordheim anime depuis 2010 des ateliers d’écriture créative à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. En 2012, elle a ajouté une dimension théâtrale à cette activité afin de la rendre également accessible aux personnes détenues qui ne maîtrisent pas l’écrit, ni parfois notre langue.

en partenariat avec le SPIP de l’Essonne, la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’association Léo Lagrange île-de-France, la Fondation la Poste et la Fondation SFR en collaboration avec Lilian Thuram et sa Fondation éducation contre le racisme

Quelle sera l'histoire en 2014 ? Cette année, le fil conducteur, c'est le foot. Le travail s'appelle Le Vestiaire. Un espace très masculin, très fermé... et très émotionnel. D'abord, avant un match, entre une grosse équipe et des amateurs. On voit ensuite les entraîneurs qui coachent leur équipe. Et pour finir, le vestiaire après le match, côté amateurs : contre toute attente, ils ont gagné. C’est une histoire pleine d’espoir qui se produit parfois en vrai. Combien de participants ? Six par groupe. Comme il était d'emblée prévu de sortir pour présenter le travail au Théâtre de l'Odéon, il a fallu limiter le nombre de participants.

© Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis

William Shakespeare. Gravure publiée en frontispice du recueil d’œuvres édité à Londres en 1623 par Isaac Jaggard et Edward Blount.


SHAKESPEARE A 450 ANS

Les Bibliothèques de l'Odéon

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21 AVRIL COLLOQUE INTERNATIONAL 29 - 30 avril / 6 - 7 mai shakespeare dans l'atelier romanesque Shakespeare, racine du romantisme

entretien avec Dominique Goy-Blanquet*, présidente de la Société Française Shakespeare Daniel Loayza – Pourriez-vous nous dire deux mots de la Société que vous présidez ?

Dominique Goy-Blanquet – La Société Française Shakespeare va fêter ses quarante ans l'an prochain, entre les deux grandes commémorations shakespeariennes. Elle a été fondée par un groupe d'universitaires, dont Jean Jacquot, l'auteur de Shakespeare en France, qui a été un peu le pionnier, au CNRS, de ce qu'on appelle aujourd'hui les études théâtrales. On a tendance à oublier qu'à l'époque où j'étais étudiante, on traitait encore les textes de théâtre comme des objets littéraires parmi d'autres, sans particularité notable. Il y avait aussi Richard Marienstras, dont je viens d'éditer chez Gallimard une importante œuvre posthume : Shakespeare et le désordre du monde, Marie-Thérèse Jones-Davis, Robert Ellrodt, Henri Fluchère... L'idée était de créer un lieu de rencontre et de discussion qui prendrait en compte tous les aspects de la recherche et de la création autour de Shakespeare. D'où l'idée d'organiser des congrès, et d'inviter non seulement des professeurs ou des critiques, français et étrangers, mais aussi des praticiens : scénographes, metteurs en scène, acteurs, dramaturges, ou d'autres personnalités, des psychanalystes, par exemple... Au début, les relations n'étaient pas toujours simples... Mais la SFS a toujours lutté contre une certaine tradition très française de cloisonnement, de division. En Angleterre, les relations entre la scène et l'université sont depuis toujours beaucoup plus ouvertes et cordiales. Il est vrai que là-bas, les grands acteurs et metteurs en scène shakespeariens, à commencer par Peter Brook, sont euxmêmes très souvent issus de l'université. D'ailleurs, la pratique théâtrale y est tout naturellement implantée dans le cursus secondaire. Sur ce terrain, les choses ont commencé à bouger en France, mais beaucoup reste à faire. La SFS y a contribué et entend bien continuer. Et si j'avais un souhait pour l'avenir, ce serait que notre Société s'ouvre encore davantage. Je pense en particulier aux enseignants du secondaire. De ce côté-là, on a lancé plusieurs initiatives, notamment avec l'appui de Françoise Gomez, une inspectrice très énergique et enthousiaste toujours en première ligne dès qu'il s'agit de théâtre. J'invite donc tous ceux qui veulent en savoir plus à nous visiter sur notre site. Vous pourrez y consulter les actes de nos précédents congrès. Tout le monde peut être membre de la SFS. Nous ne sommes pas une enclave d'universitaires, ni même d'anglicistes ! D. L. – Votre Congrès 2014 doit d'ailleurs s'ouvrir à l'Odéon-Théâtre de l'Europe... D. G.-B. – Ce sera une belle occasion de toucher un public plus large, lors d’une semaine qui célèbrera le 450 e anniversaire de Shakespeare, la date officielle de sa naissance étant le 23 avril, fête de Saint Georges, patron

de l'Angleterre. Notre journée inaugurale se tiendra au Théâtre de l'Odéon. Beaucoup d'autres manifestations sont prévues, en Sorbonne, au Musée Delacroix, au Musée Victor Hugo, à l'Auditorium Saint-Germain, au cinéma le Louxor. Entre autres ! D. L. – Quelles sortes de fils thématiques avez-vous déjà dégagés ? D. G.-B. – Avec Florence Naugrette, qui est une spécialiste du théâtre romantique, nous avons de la matière pour un mois de lectures, et nous continuons à en trouver tous les jours. Par exemple, il y a eu autour d'Hamlet et d'Ophélie une production énorme de documents qui s'enchaînent au fil des années et des différentes mises en scène. On peut observer comment le personnage d'Ophélie évolue tout au long du XIXe siècle, de Théophile Gautier à Joris-Karl Huysmans. Même chose pour ce qu'on peut appeler l'hamlétisme : très vite, le prince du Danemark est assimilé à une figure du poète ou du penseur, dont on peut suivre les avatars jusqu'à Mallarmé, Laforgue, Claudel et au-delà. Autre exemple, la création fin 1829 du More de

� e ANNIVERSAIRE DE SHAKESPEARE DU AU AVRIL À PARIS shakespeareanniversary.org/shake450

Venise, la version d'Othello qu'a donnée Alfred de Vigny. Elle a donné lieu à une véritable bataille. Toute la jeune génération romantique est impliquée. Dès le lendemain de la première, Victor Hugo rencontre Sainte-Beuve et revendique la victoire : grâce à eux, lui dit-il, tout s'est passé au mieux. Quelque temps après, Hugo écrit au même Sainte-Beuve pour lui faire part de ses griefs : tous comptes faits, Vigny n'est qu'un ingrat – alors que lui, Hugo, l'avait soutenu de ses applaudissements frénétiques, et qu'il avait laissé passer Le More avant Hernani, qui était prévu pour le précéder à l'affiche ! Si je parle de bataille, c'est qu'il s'agit manifestement d'un épisode de la guerre que se mènent, dans ces annéeslà, depuis le Racine et Shakespeare de Stendhal, les défenseurs de la tradition française et les admirateurs du dramaturge anglais. Alexandre Dumas en parle bel et bien comme d'un combat où la jeune troupe romantique composée, dit-il, de «fils de généraux» brûlant d'en découdre pour une noble cause, aurait eu grand besoin d'un meneur d'hommes plus inspiré et engagé que Vigny, ce condottiere qui ne touchait

pas le sol... Le langage est extrêmement militaire ! On est quasiment dans une répétition générale de ce qui sera la grande bataille du romantisme naissant, celle d'Hernani, quatre mois plus tard. On retrouve les mêmes querelles, y compris sur les questions de forme. On critique les choix de Vigny, qui a osé maintenir dans sa version des accessoires aussi vulgaires et triviaux que le mouchoir de Desdémone ou l'oreiller avec lequel Othello l'étouffe ! Les classiques réclament le respect du décorum, tandis que les romantiques revendiquent le mélange des genres qu'on leur reproche. Cette discussion-là s'engage à l'orée du romantisme naissant et va déterminer toute la suite. D. L. – Tout bascule en 1830, avec la Révolution de Juillet... D. G.-B. – Oui. C'est un tournant majeur dans notre histoire politique et esthétique. Voilà aussi pourquoi nous tenions tant à organiser ces séances à l'Odéon, qui est en 1827 le lieu où commence véritablement la passion française pour Shakespeare lors d’une représentation de Hamlet. Dans ces années-là, l'influence du dramaturge a été séminale. On le retrouve un peu partout. Je relisais tout récemment Mademoiselle de Maupin – non seulement Comme il vous plaira intervient au milieu du roman, mais c'est toute l'intrigue qui tourne autour d'une jeune et belle héroïne déguisée en homme... Ce qui se passe en amont, entre 1800 et 1825, est moins connu mais non moins intéressant. Nous avons prévu de parler des débuts de la vogue shakespearienne en France. Et de l'influence de certains passeurs. Chateaubriand est le plus vénérable, mais on le sent encore réticent, imprégné de classicisme. Comme Charles Nodier, qui dans un premier temps se montre à la fois fasciné et réservé devant certains aspects de l'œuvre. Ce qui n'empêche pas celui qui fut le mentor du jeune Hugo de poser très tôt, dès avant Stendhal, les enjeux du conflit à venir. D. L. – Finalement, cet atelier s'avère être plus romantique que romanesque ? D. G.-B. – Je comprends que vous ayez l'impression que le romantisme domine : je vous ai cité Dumas, Hugo ou Gautier. Il y a aussi Flaubert qui intervient dans la deuxième soirée, «du grotesque au sublime»... Je ne vous ai pas tout raconté ! Saviezvous que Flaubert, au moment où il écrit Madame Bovary, est plongé dans la lecture de Shakespeare ? Cela revient constamment dans sa correspondance. Son traitement de la mort d'Emma est manifestement influencé par sa façon d'appréhender le mélange shakespearien du grotesque et du pathétique. Et à propos d'empoisonnement, Alexandre Dumas fournit un autre bel exemple dans La Reine Margot – je pense à ce chapitre intitulé «la sueur de sang», où le roi Charles IX à l'agonie impose sa volonté à sa mère, Catherine de Médicis... Cette soiréelà commencera avec la préface de

Cromwell, elle-même très nourrie de Nodier et des travaux de Guizot – Hugo affiche une grande hostilité à son égard, mais en fait, il s'en est beaucoup servi et inspiré. On croisera aussi Barbey d'Aurevilly, Villiers de l'IsleAdam – il y a dans ses Contes Cruels un texte merveilleux, «Le Désir d'être un homme»... Les romanciers sont donc bien là. Proust est du nombre, et Gide, et Yourcenar. Nous pensons terminer avec un très joli passage d'elle sur le rêve. Cela dit, l'influence de Shakespeare décroît très sensiblement au XXe siècle. Après 1945, Shakespeare semble intéresser surtout les universitaires et les gens de théâtre. On trouve beaucoup moins de traces de lui chez les plasticiens, les compositeurs, les danseurs, alors que jusqu'au début du XXe, les

créateurs étaient encore imprégnés de son univers. Et le disaient. Il y a de superbes exceptions, bien sûr : Valère Novarina, Yves Bonnefoy... à l'occasion du congrès «Shakespeare 450», j'ai demandé à des écrivains qui avaient une relation manifeste à son œuvre d'écrire une lettre à Shakespeare. Le livre va paraître en mars aux éditions Thierry Marchaisse. Peut-être en lirons-nous quelques extraits : le genre épistolaire se prête bien à la lecture ! Propos recueillis par Daniel Loayza le 13 janvier 2014 *Dominique Goy-Blanquet est également professeur émérite de littérature élisabéthaine à l'Université de Picardie et membre du comité de rédaction de La Quinzaine Littéraire.

Shakespeare 450 grande salle Coordonné par Dominique Goy-Blanquet

Colloque international

lundi 21 avril

Introduction par Michel Bataillon 11-12h conférence d'Yves Bonnefoy, «Pourquoi Shakespeare» 12-13h conférence d'Andreas Höfele, «Elsinore, Berlin : Hamlet in the Twenties» 15-16h entretien avec Luc Bondy conduit par Georges Banu 16-17h débat avec David Bobée, Thomas Jolly, Vincent Macaigne, Gwenaël Morin, animé par Leila Adham et Jean-Michel Déprats 17h30-19h master class dirigée par Philippe Calvario, Vincent Dissez et Émeric Marchand > Entrée libre sur réservation 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu

Shakespeare dans l’atelier romanesque salon Roger Blin Avec Dominique Goy-Blanquet, Florence Naugrette, Daniel Loayza Textes lus par Jacques Bonnaffé

Le doute et les ombres

mardi 29 avril / 18h Comment les romantiques français découvrirent-ils Shakespeare en France ? Quelle stature philosophique donnèrent-ils à Hamlet, incarnation du devoir de vengeance et de l’artiste rêveur, et à Ophélie, figure de la douce démence et de l’amour contrarié ? À quelles parodies et critiques l’«hamlétisme» a-t-il donné lieu ? Textes de Chateaubriand, Hugo, Vigny, Dumas, Musset, Sainte-Beuve, Flaubert, Banville, Baudelaire, Laforgue, Mallarmé, Claudel, Gide…

Du grotesque au sublime

mercredi 30 avril / 18h La réversibilité du grotesque et du sublime s’alimente de nombreux modèles shakespeariens, dont Richard III, Falstaff et Caliban, incarnations de l’ivresse, de la démesure, du mensonge, de la difformité, de la bestialité, de la monstruosité physique ou morale, ou d’un mal qui n’inspire pas seulement l’horreur mais aussi le rire ou la pitié. Textes de Chateaubriand, Stendhal, Hugo, Gautier, Dumas, Flaubert, Renan, Barbey d’Aurevilly, Jarry, Ionesco, Novarina.

Passions funestes, crimes et vengeance mardi 6 mai / 18h

Le couple Macbeth, Othello, le roi Lear font partie des figures à la fois terrifiantes et pitoyables à l’origine de nombreux portraits et situations romanesques : du bonheur dans le crime à l’autodestruction sacrificielle, en passant par la volonté de puissance, l’obsession de la culpabilité, la jalousie morbide, la soif de vengeance, la rupture des liens familiaux. Textes de Dumas, Hugo, Vigny, Balzac, Gautier, Flaubert, Barbey d’Aurevilly, Proust, Claudel, Vercors, Céline, Ionesco.

Masques et dédoublements

mercredi 7 mai / 18h Découverte tardivement en France, la comédie shakespearienne plaît par sa fantaisie, son inventivité scénographique, sa capacité à exalter les pouvoirs du théâtre, ses potentialités romanesques, et la richesse de son questionnement existentiel sur la nature de l’homme, via la comédie des erreurs et le motif du travestissement. Textes de Madame de Staël, Nodier, Stendhal, Hugo, Gautier, Sand, Rimbaud, Copeau, Artaud, Beauvoir, Aragon, Yourcenar. > tarif 6€ 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu

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goûter, du bout de l'œil, les multiples variations typographiques mardi 8 avril / 18h Pourquoi aimez-vous ? Tristram Shandy de Laurence Sterne en présence de Claro rencontre animée par Daniel Loayza Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme est un roman de Laurence Sterne, publié en neuf volumes, les deux premiers à York (Angleterre) en 1759, les sept autres dans les dix années suivantes. Il parut en France pour la première fois en 1776. Ce roman, relativement peu connu en France, est pourtant considéré comme l'un des plus importants de la littérature occidentale. Claro*, quand avez-vous lu ce livre pour la première fois ? Racontez-nous les circonstances de cette lecture. L'adolescence est ce moment où les livres s'invitent dans votre vie en courants d'air. Portés par des rumeurs, annoncés comme le Messie ou l'Antéchrist, ils tournent souvent autour de vous sans oser se poser sur votre table de chevet. On les essaie parfois comme des vêtements empruntés à un ami, pour parader plus que pour se vêtir. Tristram Shandy a longtemps fait partie pour moi de ces livres qu'on ne lit pas en entier mais dont on n'hésite pas à vanter l'excellence, la folie bref de ces livres que l'adolescent se sent en droit de célébrer sans pourtant avoir eu la patience de s'y laisser engloutir. J'ai donc dû le lire en contrebandier, ou plutôt en taupe, y creusant des tunnels au détriment de certaines galeries, sans cesse aspiré par cette fameuse page noire qui vaut pour le jeune lecteur comme le monolithe de Kubrick pour l'apprenti cinéphile. Tant il est vrai, aussi, que Vie et opinions de Tristram Shandy se feuillette, afin d'en goûter, du bout de l'œil, les multiples variations typographiques, les insolites compositions, la pléthore de tirets finissant par se convulsionner à la fin du livre VI en lignes sismiquement facétieuses. Les grands livres sont souvent de «grands ivres» : ils titubent dans notre expérience de lecteur avant de nous dévoiler leur complexe et grisante géographie. Nous reproduisons ici, avec l'aimable auto risation de Flammarion, un extrait de l'interview qui figure dans l'édition de la GF, mise à jour en 2014. © Flammarion *Christophe Claro, plus connu sous le simple nom de Claro, est écrivain, auteur entre autres de Livre XIX (Verticales), Plonger les mains dans l’acide (Inculte), Madman Bovary, CosmoZ, Tous les diamants du ciel (Actes Sud), et traducteur (Thomas Pynchon, Salman Rushdie, William T. Vollmann, Hubert Selby...). Il a accepté de répondre au questionnaire «Pourquoi aimez-vous Tristram Shandy ?» pour la GF. ci-contre : Pages tirées de la première édition de l'œuvre The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman (1759 à 1767) publiée à Londres par Ann Ward (volumes 1-2 en 1759), Dodsley (3-4 en 1761) et Becket and DeHondt (5-6 en 1762, 7-8 en 1765, 9 en 1767).

Premières éditions françaises de Justine, Balthazar, Mountolive et Clea (Le Quatuor d'Alexandrie). Lawrence Durrell. éd. Buchet/Chastel, 1957-1960.

Apprendre l'amour

La revue Page des libraires s’associe à l’Odéon-Théâtre de l'Europe pour vous proposer le regard des libraires indépendants sur l’œuvre des auteurs programmés dans le cadre des Bibliothèques de l’Odéon. La revue Page des libraires œuvre depuis 25 ans à diffuser au plus grand nombre l’avis des libraires indépendants sur l’actualité littéraire. En lisant les titres avant parution et en sélectionnant les ouvrages qu’ils ont aimés, les 1200 libraires du réseau Page, acteurs clé de la chaîne du livre, témoignent de leur expertise et de leur plaisir à partager leurs lectures avec les lecteurs, tous les deux mois en librairie. Lawrence Durrell par Daniel Berland, libraire Il existe des romans si extraordinaires que leur découverte embellira et marquera à tout jamais l’âme et la vie de leurs futurs lecteurs. L’œuvre maîtresse de Lawrence Durrell, Le Quatuor d’Alexandrie, est l’un d’eux. Enraciné dans l’histoire, Le Quatuor d’Alexandrie est une quête de l’art en même temps qu’une quête amoureuse. Les chassés-croisés sentimentaux sur fond de préoccupations sociales et géopolitiques dans l’Alexandrie de l’entre-deuxguerres forment la colonne vertébrale

de cette œuvre polyphonique de plus d’un millier de pages. Darley, personnage principal du Quatuor, semble voué à osciller en permanence entre le désir et le rejet, le bien et le mal, la constance et le caprice. Cette valse des sentiments se déploie sur le grandiose théâtre, en scène et en coulisses, de la magique Alexandrie, «comme dans un grand congrès d’anguilles enchevêtrées dans la matière visqueuse d’un complot.» Lentement, au terme d’une sorte d’initiation truffée de rebondissements, Darley apprendra l’amour et accédera à sa maturité d’homme et d’artiste. Et puisqu’il est des œuvres qu’un simple résumé déflore et appauvrit, je m’arrête ici et exhorte chacun des lecteurs de cet article à se (re)plonger dans cette époustouflante merveille de la littérature mondiale. Écrit dans les années 1930 et interdit par son auteur à toute publication de son vivant, Petite musique pour amoureux retrace la vie d’un jeune garçon britannique, Clifton Walsh, de son enfance en Inde jusqu’à son retour dans une Angleterre qui le mettra au pied du mur de ses contradictions et des déchirements auxquels le confronte sa double culture. Ce roman d’apprentissage largement autobiographique appartenait depuis longtemps au domaine de la légende. Les initiés s’arrachaient sous le manteau les très rares tapuscrits à prix d’or, la plupart des copies de l’ouvrage ayant été détruites dans

un incendie durant les bombardements de l’Axe sur Londres. De la liberté des grands espaces de son Himalaya natal jusqu’aux étroits corridors conventionnels d’une Angleterre décadente et étriquée, l’auteur, plein d’une fraîche et franche naïveté, s’y raconte en toute intimité. Un roman de jeunesse dans lequel on sent déjà poindre à chaque page le lumineux génie de l’auteur du Quatuor. La première édition française de ce texte mythique devrait constituer l’un des événements littéraires majeurs du printemps. Citrons acides a été inspiré à Lawrence Durrell par son passage à Chypre entre 1953 et 1956, alors que l’île est en pleine guerre de décolonisation contre l’Empire britannique. Très éloigné d’une démarche politique, Durrell réserve toute la maîtrise de son art à la peinture de personnages plongés dans les tourmentes de l’histoire. «Je voudrais que ce livre soit tenu pour un monument utile élevé à la paysannerie chypriote et aux paysages de l’île.» déclare l’auteur dans sa préface. Lawrence Durrell est mort en France en 1990, il aurait fêté ses 100 ans en 2012. J’envie ceux qui ne l’ont encore jamais lu et sont sur le point de sauter le pas en s’absorbant dans les méandres inoubliables de son œuvre.

lundi 7 avril / 20h Exils, conversation avec Paula Jacques Lawrence Durrell / Mathias énard textes lus par Olivier Cruveiller en partenariat avec France Inter


une pièce de jeunesse(s)

PROCHAINEMENT

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Lire le théâtre

La Tempête / Shakespeare mardi 1

er

avril / 18h salon Roger Blin avec Yves Bonnefoy / textes lus par Martin Juvanon du Vachat animé par Jean-Yves Tadié

Fantômes en littérature

Notes sur l'art d'accompagner

La Femme au collier de velours mercredi 2 avril / 18h salon Roger Blin

d'après Alexandre Dumas / lu par Julie-Marie Parmentier présenté par François Angelier

entretien avec Joël Pommerat

Lawrence Durrell / Mathias Énard lundi 7 avril / 20h Grande salle textes lus par Laurent Cruveiller présenté par Paula Jacques

de Laurence Sterne / en présence de Claro animé par Daniel Loayza

Pourchassez le naturel ! Pourquoi regarder les animaux vendredi 11 avril / 18h salon Roger Blin

de John Berger / lu par Jeanne Balibar orchestré par Thibault de Montalembert

CONNAISSEZ-VOUS SHAKESPEARE ? CONCOURS

Pour gagner des places sur chacune des soirées «Shakespeare dans l'atelier romanesque», envoyez votre réponse à l'adresse les.bibliothèques@theatre-odeon.fr Quel rôle shakespearien a-t-il été interprété par Isabelle Huppert à l'Odéon-Théâtre de l'Europe ? Quelle pièce inspirée de Titus Andronicus a-t-elle été créée par Luc Bondy aux Ateliers Berthier ?

1- Seul ou en collaboration, combien de pièces Shakespeare a-t-il écrites ?  19  24  37 2- Et combien de sonnets ? 62  154  332

3- Quelle est sa pièce la plus longue (en nombre de mots) ?  Cymbeline  Richard III  Hamlet 4- Et la plus courte ? Les Deux gentilshommes de Vérone  La Comédie des erreurs  La Tempête 

13- Dans quelle pièce se trouve la didascalie : «Il sort, poursuivi par un ours» ?  Coriolan  Troïlus et Cressida  Le Conte d'hiver 14- Une autre didascalie précise que le héros entre, «mouillé». Dans quelle pièce?  La Comédie des erreurs  Périclès  La Tempête

La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit. Die Eule der Minerva beginnt erst mit der einbrechenden Dämmerung ihren Flug. Georg Wilhelm Friedrich Hegel Principes de la philosophie du droit, 1821

La Nuit de Diane (détail), Jan Fabre, 2006, installation © Paris, Musée de la Chasse et de la Nature. Sophie Lloyd

Exils

Pourquoi aimez-vous ? Tristram Shandy mardi 8 avril / 18h salon Roger Blin

Daniel Loayza – Pouvez-vous revenir sur le projet d'Une année sans été, et sur le mot, «accompagner», que vous employez pour le décrire ? Joël Pommerat – Depuis plusieurs années, je m'interrogeais sur la manière de m’investir dans un rôle d'«accompagnant» de jeunes artistes, comédiens de théâtre. On m'a proposé quelquefois d'intervenir dans des lieux institutionnels, dans des écoles de théâtre, mais ces propositions me gênaient, en particulier parce que j'avais l'impression que je ne pourrais rien approfondir. Que dans ces lieuxlà, malgré toute la bonne volonté de tout le monde, les interventions étaient ponctuelles et restaient donc un peu superficielles. Alors j'ai eu l'idée et l'envie de créer quelque chose comme une structure, à l’intérieur de ma compagnie, éventuellement en partenariat avec des théâtres. Ce projet aurait mis l'accent sur l'autonomie, la mise en responsabilité des jeunes artistes. Cela

7- Avec quelle plante a-t-on empoisonné le roi du Danemark ?  armoise  ciguë  jusquiame

tarifs Grande salle Plein tarif 10€ Tarif réduit 6€ Salon Roger Blin Tarif unique 6€ CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ 01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu Programme complet sur theatre-odeon.eu suivez nous sur twitter @Bibliodeon

8- Quelle éminente actrice anglaise a-telle interprété les rôles de Juliette, Ophélie, Viola, Imogène, Béatrice, Régane, Lady Macbeth, Cléopâtre et Volumnie ?  Vanessa Redgrave  Helen Mirren  Judy Dench 9- Quel roi shakespearien parle-t-il français sur scène ?  Richard II  Henry V  Henry VIII 10- Combien de syllabes comprend le mot le plus long employé dans le corpus shakespearien ?  11  13  16 11- Dans quel coffret Bassanio découvret-il le portrait de Portia ?  plomb  argent  or 12- Qui a écrit des ouvertures pour La Tempête et Le Roi Lear ?  Tchaïkovsky  Berlioz  Mendelssohn

D. L. – Avez-vous adopté un processus de travail particulier ? J. P. – Dans le contexte actuel de l'économie du théâtre, et dans le cadre de la compagnie, c'est un spectacle qui aurait pu être monté en quatre ou cinq semaines. Il est assez court : à peine une heure et quart environ. Nous l'avons monté en quatorze semaines. C'est-àdire que nous avons réellement pris notre temps. D. L. – Et à part le temps de répétitions, y a-t-il d'autres différences ?

D. L. – C'est-à-dire ? J. P. – C'est-à-dire que grâce à ce projet, ces jeunes gens se retrouvent confrontés à des situations «pour de vrai», des situations artistiques réelles de mise en danger et de mise en responsabilité. De mise en demeure de prendre leurs responsabilités. Voilà ce que je pourrais dire de l'historique et du contexte de ce projet. Et de comment j'en suis arrivé là.

J. P. – Ce que ce temps passé indique, c'est l'investissement de la compagnie, l'implication de tous ceux qu'on peut nommer aujourd'hui les piliers de la compagnie, qui étaient présents et qui se sont engagés d'une façon différente, à l'écoute, en dialogue, en conversation avec ces jeunes gens. Je dois préciser que le projet était aussi ouvert à différents autres jeunes dans d'autres secteurs que le jeu. Il y en avait à la mise en scène, au son, à la lumière et à la scénographie, mais qui n'ont été présents que dans le temps des répétitions.

J. P. – Accompagner, pour moi, cela veut dire : mettre en situation et être présent pour pouvoir soutenir, dialoguer, donner des conseils, simplement réconforter, être là. Accompagner, comme quand on part faire une marche en montagne. être à côté, simplement, comme si on disait : «Je ne vais pas t'apprendre à marcher, ça tu sais le faire et si tu ne sais pas parfaitement comment on marche en montagne tu vas le comprendre. Je vais juste être à côté de toi. J'ai déjà fait ce chemin dix ou quinze fois. Je ne suis pas non plus diplômé en marche. Je vais être là pour toi.» Voilà tout. C'est comme cela que je comprends cette position. Je n'ai pas la prétention de l'avoir inventée, c'est juste celle que j'ai voulu mettre en place, pour créer.

15- Quel est le rôle masculin le plus long ?  Falstaff  Hamlet  Iago 16- Et le rôle féminin le plus long ? Rosalinde  Cléopâtre  Juliette

17- Quel personnage s'exclame «Mon royaume pour un cheval !»  Bolingbroke  Percy  Richard 18- Que signifie le mot «turtle» dans le titre du poème The Phoenix and the Turtle ?  Tourterelle  Tortil  Tortue

D. L. – ... En compagnie ? J. P. – Je n'avais jamais fait le lien entre les deux termes. Oui, ça me paraît très juste. Et si j'ai employé le mot «je», c'est parce que j'étais dans l'exemple et dans la projection. Mais la vérité, je le redis, c'est que c'est toute la compagnie qui s'est investie – et je les remercie parce qu'au début c'était mon projet. Je l'ai défendu et il a été non seulement accepté mais porté et accompagné par tous. ça a été vraiment très beau. Du dehors, ça ne se voit pas et ça n'a peut-être pas grande importance, mais de l'intérieur, pour nous, ça a été quelque chose d'assez fort.

19- L'aspic de Cléopâtre est dissimulé dans un panier de  Grenades  Abricots  Figues 20- Entre les règnes de Richard II et de Richard III, combien de pièces Shakespeare glisse-t-il ? 2 3 6 21- Combien d'enfants a eus Lady Macbeth ?  Deux  Aucun  On en discute encore RéPONSES

1- 37 (sans compter Sir Thomas More et les pièces perdues) • 2- 154 (sans compter ceux qui figurent dans les pièces) • 3- Hamlet (Richard III et Cymbeline occupent les 2e et 3e rangs) • 4- La Comédie des erreurs • 5- Les deux (mais leur dialogue forme un sonnet à leur insu !) • 6- Lautréamont • 7- Jusquiame • 8- Judy Dench • 9- Henry V • 10- 13 syllabes (et 27 lettres : «honorificabilitudinitatibus», Peines d'amour perdues, V, 1) • 11- Plomb • 12- Berlioz (Tchaïkovsky a écrit entre autres une ouverture pour Roméo et Juliette, et Mendelssohn pour Le Songe d'une nuit d'été) • 13- Le Conte d'hiver • 14- Périclès • 15- Hamlet (sauf si l'on additionne les rôles de Falstaff dans les trois pièces où il apparaît) • 16- Rosalinde (dans Comme il vous plaira) • 17- Richard (dans Richard III) • 18- Tourterelle • 19- Figues • 20- 6 (les deux Henry IV, Henry V, et les trois Henry VI) • 21- On en discute encore (cf. Macbeth, I, 7) !

6- Qui a dit : «Chaque fois que je lis Shakespeare, il me semble que je déchiquète la cervelle d'un jaguar» ?  Lautréamont  Blaise Cendrars  Carmelo Bene

n'a pas pu se faire. Je n'ai pas monté ce projet personnel, et je ne suis pas non plus intervenu dans les écoles. Aujourd'hui, ce projet de spectacle est un peu une façon de trouver un équilibre entre ces deux renoncements. C'est nettement moins ambitieux que de créer ma propre structure. Mais c'est aussi un peu plus qu'un simple passage dans une école. C'est la possibilité d'approfondir avec un groupe d'acteurs sur une très longue durée et de les mettre dans une situation de responsabilité artistique.

D. L. – Pourquoi tenez-vous à ce mot : «accompagner» ?

5- Que font Juliette et Roméo quand ils se parlent pour la première fois ?  Ils échangent un baiser  Ils composent un sonnet  Les deux

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D. L. – C'est la première fois que vous travaillez sur un autre texte que les vôtres ?

accompagner ces jeunes gens. Quand je suis engagé dans un processus d'écriture la pièce s'écrit pendant les répétitions. Cette façon de faire habituelle pour moi prend beaucoup d'énergie et de temps pendant la phase de création et donc de répétitions. Toute mon énergie et ma concentration sont engagées en vue de l’aboutissement d’un tout. Or je voulais être disponible, pour cet accompagnement dont j'ai parlé. On me dira que j'aurais pu monter une de mes pièces déjà existantes. J'aurais pu, c'est vrai. Mais je n'ai pas eu envie de «réchauffer» un de mes textes. Alors, puisque je venais de décider de ne pas écrire et que de toute façon, j'allais me retrouver dans la position de simple metteur en scène, j'ai trouvé plutôt intéressant de le faire avec le texte de quelqu'un d'autre. Un texte qui évidemment n'a pas été choisi au hasard, c'est l'autre point important. D. L. – Comment s'est opéré ce choix ? J. P. – Une première chose qu'il faut dire, c'est que je connais ce texte depuis très longtemps. Une année sans été est un texte qui est presque inscrit dans ma propre histoire d'auteur. Quand j'ai commencé à écrire, la pièce était jouée ou venait d'être jouée au Théâtre de la Bastille. Sa création a eu beaucoup de retentissement à l'époque, un gros impact dans le milieu du théâtre, et j'en garde une trace. C'est une des premières fois que j'entendais dire que quelqu'un écrivait et mettait en scène son propre théâtre. Et il s'agissait en plus d'une équipe très jeune, ce qui m'a interpellé, comme on peut imaginer. J'avais 23 ans, à peu près l'âge de ces jeunes gens. Je n'ai pas vu le spectacle, mais quand j’ai lu ce texte quelque temps plus tard, j’ai été très touché. Ensuite, il se trouve que certains jeunes gens de la distribution du spectacle actuel avaient pris l'initiative de monter cette pièce, il y a à peu près deux ans. Finalement, ils ont abandonné leur projet et moi, j'ai décidé de le poursuivre, de le prendre en charge et de le prendre en main artistiquement. Donc, c'est un peu comme si on avait tous choisi ce texte. Ou que ce texte s'était choisi dans l’espace de notre rencontre. Plus j'y réfléchis, plus je me rends compte qu'il y a eu comme un ensemble de points qui créent tous ensemble une belle justesse. D'un côté ce projet tourné vers la question de l'accompagnement, et d'un autre côté cette pièce qui a pour thème la jeunesse, et qui a été écrite par une auteure ayant l'âge des comédiens et des personnages... C'est une pièce de jeunesse, une pièce de jeunes, pas une pièce «sur» la jeunesse. J'ai fait l'erreur, au début, de dire que c'était une pièce «sur» la jeunesse, mais je pense décidément que ce n'est pas juste. C'est une pièce «de» jeunesse. C'est vraiment en ça qu'elle est instructive et touchante selon moi à propos de la jeunesse.

appelle jeunesse, mais aussi la question artistique, la question de la création artistique et de la vocation artistique. C'est une pièce d'une jeune auteure, Catherine Anne, mais qui est aussi inspirée de l'œuvre et de la vie de Rilke, du jeune Rilke, et également du Rilke plus mûr des Lettres à un jeune poète. Ce livre où il est question de la parole d'un artiste expérimenté s'adressant à un artiste en devenir. Tout cela s'est configuré d'une manière naturelle, j'insiste, on n'a pas monté tout un échafaudage intellectuel pour arriver à ça. ça s'est fait par accident, par hasard et je vois cette rencontre ou cette conjonction comme un signe de justesse de ce projet. D. L. – à propos de miroir, n'y a-t-il pas aussi celui que vous tendait, pour la première fois, une écriture autre que la vôtre ? En vous mesurant à elle, avezvous vu s'ouvrir une autre perspective sur votre propre travail de «créateur de spectacles» ? J. P. – Sur Une année sans été, c'est vrai que je me suis retrouvé avec une matière d'écriture qui m'était étrangère – mais comme, finalement, me devient étrangère ma propre matière d'écriture textuelle. Ce qui fait qu'au fond je n'ai pas ressenti de si grand dépaysement. La seule chose que je peux dire, c'est : oui, je n'ai pas été de la même manière au cœur de ce projet, mais de même que je demande aux acteurs, quand ils travaillent ma parole, de s'approprier mes mots, d'en faire leur propriété, de même, moi, je me suis approprié les mots de Catherine Anne, et en fin de compte c'est exactement comme si je les avais écrits moi-même. De ce point de vue, je me suis retrouvé dans la même position que celle que je connaissais. D. L. – Vous avez publié cet été dans Libération une page intitulée «Mon texte mettait en scène un mort...», où vous parlez de votre propre entrée en écriture. Y a-t-il un rapport avec Une année sans été, qui raconte les efforts d'un poète de 19 ans pour trouver sa propre voix ? J. P. – Oui. Et je ne m'en suis vraiment aperçu que cet automne pendant les répétitions de la pièce. En écrivant ce texte-là cet été je n'avais pas du tout fait le rapport. Mais il y en a un, c’est vrai. Dans l’atmosphère de cette pièce, dans les actions, les propos des personnages, je peux me retrouver, moi, individu, d'une façon assez anecdotique et assez intime aussi. C'est peut-être le spectacle que j’ai fait le plus rapproché d'une sorte de biographie personnelle. Parce que j'ai vécu sans doute des situations assez en proximité avec celles évoquées dans le texte. C'est quand même bizarre : le seul texte de ma vie que j'ai monté sans l'avoir écrit est celui qui parlerait de façon anecdotique le plus de moi. D. L. – Et de votre recherche de l'écriture ?

© élisabeth carecchio

J. P. – C'est absolument vrai. Mais je ne renonce pas pour autant à cette position que j'ai toujours défendue, qui est d'être avant tout un créateur de spectacles. Si j'ai abordé autrement les choses pour ce projet, c'est pour une raison essentielle, qui est très simple à comprendre : en m'appuyant sur un texte déjà écrit, je me donnais de la disponibilité pour

D. L. – Par cette conjonction de plusieurs jeunesses : celle de l'auteur, des interprètes, des personnages ? J. P. – Oui, et parce que ces jeunesses sont en miroir les unes des autres, et en miroir avec le projet d'accompagnement. Au centre de cette pièce, il y a l’âge des débuts, l’âge de la vie qu’on

Oui c’est ça. «D’où» on écrit, «comment» on écrit. Anecdotique donc, mais assez essentiel bien sûr pour la personne concernée.

Propos recueillis par Daniel Loayza le 19 janvier 2014


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12 Une année sans été

Samedi 5 avril / 14h visite du décor de tartuffe aux ateliers berthier

Les Journées Européennes des Métiers d’Art 2014

une année sans été

© élisabeth carecchio

«il y avait plusieurs chemins» En 1987, Catherine Anne n'avait encore rien publié. Aucun de ses textes n'avait été joué. Elle ne connaissait pas l'auteur qu'elle deviendrait, elle ignorait qu'elle dirigerait un jour un théâtre. Catherine Anne avait l'âge de ses personnages, elle était jeune et n'y pensait pas... Retour sur la magie d'un beau début.

éCRIRE

Une année sans été est mon premier texte édité, en 1987, il marque un passage, me révèle comme une personne qui écrit. J’écris depuis longtemps. J’ai gardé des poèmes écrits lorsque j’avais dix-douze ans. Depuis cet âge, j’écris. Écrire, pour crier sans faire trembler les murs. Ma mère avait toujours peur que nous dérangions les voisins. Dès que les cris ou les rires éclataient, ma mère disait : «Moins fort, il y a des gens qui dorment !». À toute heure du jour, il y avait «des gens qui dorment». Ce qui n’est pas faux… Alors écrire ! pour ne pas déranger le sommeil des voisins. Ensuite, adolescente, je me suis frottée au théâtre, un lieu pour dire tout haut. L’écriture des autres a été vibration, plaisir, violence en moi. J’ai aimé jouer et j’ai fait mon apprentissage de comédienne sans que jamais l’écriture ne me lâche. L’écriture des autres m’a ouvert des mondes. Puis soudain, au début de l’âge adulte, Rainer Maria Rilke. Les Lettres à un jeune poète. Révélation. Sentiment d’intime proximité. Plongée dans l’œuvre du poète, ses nouvelles de jeunesse, sa correspondance, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge. J’ai été emportée, joie et douleur mêlées. J’ai reconnu mes désirs et mes terreurs : aimer, être aimée, créer, accepter l’enfance inachevée tapie au fond de soi… Lire Rilke à ce moment de ma vie m’a ouvert un chemin pour me balbutier écrivain. À l’époque, je ne me disais pas encore écrivaine, je n’avais pas conscience que la tension entre ma nécessité et mes empêchements avaient en partie à voir avec ma féminité. Je n’avais pas encore rencontré des écritures qui me bouleversent encore aujourd’hui : Nathalie Sarraute, Virginia Woolf, Marguerite Duras, Clarice Lispector. Cela me frappe, en relisant Une année sans été, de constater que la figure de l’écrivain est Gérard, tandis que le personnage d’Anna dit qu’elle peut vivre sans écrire. Pour moi, nourrie comme tous les lycéens (de mon époque ?) de littérature masculine, il était plus «naturel» de faire porter la figure de l’écrivain par un jeune homme !

VOYAGER

Dans cette première pièce, il est beaucoup question de voyages, de départs, d’un pays à l’autre ou depuis la province vers Paris. Ces déplacements participent du développement des personnages et permettent les rencontres, les absences, les retrouvailles – nourritures de l’amour. Pour moi, encore aujourd’hui, chaque départ provoque une souffrance et un sentiment d’abandon en même temps qu’une joie et une libération. Réussir à s’arracher ! Ne pas être prisonnière ! Le voyage implique l’idée de retour, le départ celle d’un changement radical. Les deux me semblent nécessaires, bénéfiques, un certain nombre de fois dans une existence humaine. En quittant – voyage ou départ – le lieu des habitudes, on éprouve que l’on est toujours vivant !

JEUNESSE

Écrivant Une année sans été, je ne voulais rien raconter sur la jeunesse, j’ai juste écrit une œuvre mettant en fiction et en friction cinq personnages ayant environ vingt ans… J’avais à peu près l’âge des personnages et des affinités avec eux. Les mêmes rêves ! Rêve de vivre, rêve de voyager, rêve d’aimer, rêve d’échapper à l’emprise du passé. Je me disais qu’il y avait sûrement plusieurs chemins, celui de l’artiste me faisait trembler. Aujourd’hui, lorsque je vois des gens qui ont l’âge que j’avais au moment de l’écriture, je suis émue par leur jeunesse, à l’époque, je me sentais tout sauf jeune !

CENTENAIRE

Cette nouvelle mise en scène d'Une année sans été est jouée cent ans après l’année où fut déclarée une guerre… qui a confisqué le bonheur de l’été à des millions d’Européens. Le fait que cette guerre soit actuellement amplement commentée donne sans doute à l’épilogue de la pièce un poids particulier. La guerre est une des catastrophes qui fracassent en masse des existences humaines. Dans l’ardeur de

leurs questions de jeunes gens, aucun des personnages ne peut supporter de la voir venir, cette «grande guerre».

CRÉATION – 1987 – LUXE ET FRUGALITÉ

La création d'Une année sans été a été une aventure de jeunes gens. Nous sortions tous du CNSAD, les cinq interprètes – Hélène Alexandridis, Éric Doye, Isabelle Larue, Fabienne Lucchetti, Aladin Reibel – et moi. Le luxe, c’était notre enthousiasme, notre désir de théâtre, notre engagement, notre disponibilité. Le luxe, c’était l’absence de souci matériel : six salaires JTN, à temps complet, trois mois durant, deux de répétitions, un de représentations. Le luxe, c’était d’être accueillis au Théâtre de la Bastille, alors dirigé par JeanClaude Fall, et qu’il ne nous soit rien demandé d’autre que de créer un beau spectacle. Sur simple lecture du texte, sans aucun appui particulier, le théâtre nous fut ouvert, simplement, quinze jours de plateau pour finir les répétitions, un mois de représentations. La frugalité, c’était d’avoir très peu d’argent, juste l’aide à la création dramatique ; cet argent servit presque entièrement à louer une salle de répétition agréable (calme, claire, chauffée). La frugalité, c’était de n’avoir aucun décor que les murs du théâtre et d’habiller les personnages en allant tous ensemble un matin récupérer des fripes à Saint-Roch. Nous avons beaucoup ri et beaucoup tremblé ensemble. Le souvenir en est intense, beau. Notre équipe était minimale : cinq comédiens et l’auteur-metteur en scène. Ghislaine Gonzalès, alors régisseuse au Théâtre de la Bastille, aimait la lumière, elle a éclairé le spectacle, gracieusement. Ensuite est venue la chance : le succès. Créé le 20 mars 1987, le spectacle a pu tourner dès l’automne de la même année ; trois mois entre octobre et décembre, dans de grands théâtres régionaux et nationaux, ainsi qu’une reprise à Paris dans le cadre du

Festival d’Automne. Réactivité impensable aujourd’hui (hélas !). Dans cette même frugalité, nous tournions à sept, les comédiens, l’éclairagiste-régisseuse et moi, trimballant les costumes et les gélatines. Un souvenir pour sourire : à notre arrivée au TNS, le régisseur général nous a demandé à quelle heure arriverait le camion avec le décor et nous avons répondu que tout le décor était là, avec nous… Il y avait une valise et quelques tissus.

2014 JOËL POMMERAT

J’ai reçu, il y a deux ans, un mot de Joël Pommerat me demandant les droits d'Une année sans été. C’était un étonnement de lire qu’il connaissait et aimait ce texte «depuis toujours» et qu’il voulait «franchir le pas et le monter avec des jeunes comédiens». Je l’ai vécu comme une belle surprise ! J’aime et admire le travail de Joël depuis la période héroïque de ParisVillette, j’ai eu la joie lorsque je dirigeais le Théâtre de l’Est Parisien d’y accueillir Le Petit Chaperon rouge, et nous avons eu ensemble parfois de belles conversations. Il me semble qu’il y a une sorte d’affinité entre nous – malgré d’évidentes différences – dans la façon d’être au monde, mais je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse un jour me demander le droit de mettre en scène une de mes pièces. Ce qu’il m’a dit de son désir de transmission et de son engagement avec les jeunes acteurs qu’il emmène dans cette aventure artistique particulière m’a plu. C’est une façon intelligente et généreuse d’offrir à de jeunes artistes des conditions ambitieuses de création. De cette rencontre entre la force de son théâtre, de jeunes interprètes fervents et mon premier texte, j’attends… ce qui viendra… avec curiosité, appétit et confiance !

de Catherine Anne mise en scène Joël Pommerat

Après «Lecture d'un décor : autour du Prix Martin» proposé l'an passé, l'OdéonThéâtre de l'Europe convie le public, le samedi 5 avril à 14h, aux Ateliers Berthier, à découvrir les pratiques et les secrets de nos ateliers. Cette rencontre s'intitulera «Le temps d'un décor : Le Tartuffe» et vous permettra d'explorer pendant une heure et demie toutes les étapes de l'élaboration d'une scénographie, de sa conception à son implantation sur le plateau, en compagnie de représentants de l'équipe technique du théâtre – régisseur plateau, chef d'atelier, menuisier et peintre décorateur. La projection d'un court reportage récapitulera les principaux moments de l'élaboration du montage. Vous serez invités à poser toutes vos questions, mais aussi à manier sur site des éléments de décor : ne manquez pas cette occasion d'entrer dans l'intimité des processus de fabrication d'un spectacle !

scénographie et lumière éric Soyer costumes et accessoires Isabelle Deffin son François Leymarie musique Antonin Leymarie dramaturgie Marion Boudier

La Compagnie Louis Brouillard reçoit le soutien du Ministère de la Culture − DRAC Île-de-France et de la Région Île-de-France Joël Pommerat est artiste associé au Théâtre National – Bruxelles créé le 8 janvier 2014 à l'Hippodrome – Scène nationale de Douai

d e l’ O d é o n

Devenez mécène de l’Odéon Le Cercle de l'Odéon rassemble tous les passionnés de théâtre, spectateurs et entreprises*, qui désirent se retrouver autour d'un des foyers majeurs de la création européenne. Chaque saison, le Cercle participe au financement de quatre spectacles phares de la programmation, autour desquels sont proposées des rencontres et des soirées en présence des équipes artistiques.

durée 1h10 Une année sans été a bénéficié de résidences de création à la maison des métallos, au T2G – Centre Dramatique National de Gennevilliers et au Théâtre Paris-Villette. Le texte de Catherine Anne est publié aux éditions Actes Sud-Papiers. rencontre avec l'équipe artistique le mardi 29 avril à l'issue de la représentation représentation en Langue des Signes Française le mercredi 30 avril à 20h

L'Odéon remercie l'ensemble des membres du Cercle pour leur soutien à la création théâtrale. Hervé Digne est président du Cercle de l'Odéon.

Information et contact Pauline Rouer 01 44 85 40 19 cercle@theatre-odeon.fr

Catherine Anne, janvier 2014

Renseignements et inscriptions Fanny Gauthier 01 44 85 41 19 metiersdart@theatre-odeon.fr

l'innovation numérique offre un formidable champ de réflexion pour le théâtre

avec Carole Labouze Franck Laisné Laure Lefort Rodolphe Martin Garance Rivoal

production Compagnie Louis Brouillard coproduction Théâtre National – Bruxelles, Odéon-Théâtre de l'Europe, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, CNCDC – Centre National de création et de diffusions culturelles de Châteauvallon, l'Hippodrome – Scène nationale de Douai, Saint-Valéry en Caux – Le Rayon Vert, Théâtre d'Arles – Scène conventionnée pour des écritures d'aujourd'hui

Le temps d'un décor : Le Tartuffe samedi 5 avril à 14h entrée libre sur inscription aux Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier), Paris 17e M° et RER C Porte de Clichy

Coupe longitudinale du Théâtre de l'Odéon 6e

4 – 30 avril / Berthier 17 e Petite salle

Pour la deuxième année consécutive, l'Odéon-Théâtre de l'Europe s'associe aux Journées Européennes des Métiers d'Art. La matière, les techniques, les démonstrations de savoir-faire, l’innovation, le partage, l’orientation, la transmission sont au cœur de ces journées, au travers d’une programmation diversifiée et innovante qui a pour objectif de faire découvrir au grand public le secteur des métiers d'art. Cet événement national est coordonné par l'Institut National des Métiers d'Art. Neuf pays européens ont également rejoint cette initiative et présenté leurs savoir-faire : l’Italie, l’Espagne, la Belgique (Wallonie), la Suisse (Genève), l’Allemagne (Berlin), etc. La programmation 2014 – 4, 5, 6 avril – permettra d’élargir notre vision de ce secteur autour de la question du temps de la création.

*Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale.

Entretien avec Stéphane Distinguin fondateur et

PDG de FABERNOVEL

à quand remonte votre rencontre avec le théâtre ? Le théâtre est une passion qui remonte à ma toute petite enfance. J'ai plusieurs souvenirs de la Comédie-Française, où mes parents m'emmenaient régulièrement. Certains sont plus marquants que d'autres, notamment lorsque j'étais allé voir Le Cid, mis en scène par Francis Huster avec Jean Marais, JeanLouis Barrault et Emmanuelle Devos (Théâtre du Rond-Point, 1985). Je me rappelle avoir attendu fébrilement les comédiens à la sortie de la pièce pour demander un autographe à chacun d'entre eux. Je ne me suis plus départi de cette passion depuis. à l'époque où j'ai créé FABERNOVEL, en septembre 2003, je me dépêchais de me rendre au Rond-Point après ma journée de travail, parfois jusqu'à quatre fois par semaine pour assister aux représentations du Grand Mezze d’édouard Baer et François Rollin. On peut dire que la création de ma société s'est faite parallèlement à de nombreuses découvertes théâtrales, qui m'ont profondément influencées. Pourquoi avez-vous souhaité faire adhérer FABERNOVEL au Cercle de l'Odéon ? Il me semble qu'il y a un pont naturel entre les industries numérique et culturelle, qui ont en partage le même souci

de création. C'est cette création que je viens chercher au théâtre, source d'inspiration et de dépassement. Le Cercle de l'Odéon me permet aussi de partager une expérience particulière avec mes clients ou mes amis. J'apprécie tout particulièrement le fait de ne pas avoir à choisir, et d'être surpris par les spectacles que l'on me propose. La convivialité et le dynamisme qui caractérisent les soirées du Cercle m'ont aussi amené à faire des rencontres singulières, qui n'auraient pas pu avoir lieu autre part. Les échanges avec les équipes artistiques ou celles du théâtre sont toujours riches et surprenants. De quelle manière votre entreprise FABERNOVEL, spécialiste de l'innovation pourrait-elle contribuer au développement du théâtre ? FABERNOVEL a pour objectif premier de favoriser la rencontre entre les grandes entreprises et les start-up, afin de provoquer une expérience qualitative et inédite, principalement dans l'industrie numérique. Cette innovation numérique, au cœur de notre activité, offre un formidable champ de réflexion pour le théâtre, notamment sur les questions d'accessibilité du public à l'offre culturelle, par exemple en termes de billetterie ou de diffusion. Plus encore que le cinéma, le théâtre est un lieu d'expérimentation où les activités digitales

peuvent coexister avec l'instantanéité du spectacle vivant. L'entreprise peut alors être une ressource pour le théâtre, en se positionnant non pas uniquement comme soutien financier, mais pourquoi pas comme inspirateur de contenus ou développeur de compétences. Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année au sein du Cercle de l'Odéon? En tant qu'entrepreneur mécène, participer à l'innovation artistique et au rayonnement du théâtre est une action qui me tient à cœur. Le spectateur que je suis, lui, voudrait toujours être surpris, pas nécessairement en bien d'ailleurs, et continuer de venir admirer cette esthétique de l'audace qui me fascine et m'interpelle.

Propos recueillis par Pauline Rouer le 8 janvier 2014 FABERNOVEL est une agence de conseil en innovation numérique. FABERNOVEL est membre du Cercle depuis 2013.


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avantages abonnés Invitations (nombre de places restreint) Tarifs préférentiels

Ouvertures de location tout public

Maison Européenne de la Photographie

Orchestre de Paris

EXPOSITIONs «David Lynch, small stories» «Joan fontcuberta, camouflages»

CONCERT SYMPHONIQUE SALLE PLEYEL mercredi 19 février / 20h

Cinéaste de renom, David Lynch est aussi artiste plasticien, designer et musicien. Pour la Maison Européenne de la Photographie, qui lui a donné carte blanche, il a imaginé «Small Stories». Pour sa part, Joan Fontcuberta propose ses «Camouflages». Camouflage de l’auteur, camouflage de la photographie, camouflage de la réalité, camouflage de la vérité… Expositions présentées jusqu'au 16 mars.

Place à la danse et au cabaret allemand des années 30 ! Une grande soirée articulée autour des suites du ballet Cendrillon de Prokofiev et de l’Opéra de quat’sous de Kurt Weill.

> Laissez-passer valables sur toute la durée des expositions > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > MEP – 5/7 Rue de Fourcy, Paris 4e

Odéon-Théâtre de l'Europe lundi 10 février / 20h

James Baldwin / Alain Mabankou / Marcel Bozonnet «Exils» Lecture/rencontre animée par Paula Jacques. «Je serai peut-être ivre d'ici l'aube mais cela ne me sera d'aucun secours. Je prendrai le train pour Paris malgré tout. Le train sera un train comme les autres ; les gens, qui essaieront comme toujours de trouver un certain confort, une certaine dignité, sur les sièges de bois à dossier raide de troisième classe, seront des voyageurs comme tous les voyageurs, et moi je serai toujours moi.» James Baldwin, La chambre de Giovanni, trad. Élisabeth Guinsburg, Paris 1998, ed. Rivages-Poche

en coproduction avec France Inter > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e

vendredi 14 mars / 10h30

Visite du Théâtre de l'Odéon Le Théâtre de l'Odéon, qui a ouvert ses portes en 1782, est le premier théâtre-monument de Paris. Sa restauration a duré trois ans, il a rouvert en 2006. Accompagnés d’une guide de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, parcourez les coulisses, les dessous et les parties publiques. Découvrez l’histoire du théâtre et de la scénographie du XVIIIe à nos jours et devenez familiers de ces lieux magiques ! > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e

lundi 17 mars / 20h

Julia Kristeva / Isabelle Huppert «Voix de femmes» «Tandis qu'elle agonise, Thérèse mon amour» Lecture/entretien présenté par Jean Birnbaum. Le visage renversé d'une femme endormie, à moins qu'elle ne soit déjà morte de plaisir, bouche ouverte, porte avide d'un corps vide que remplit sous nos yeux un bouillonnement plissé de marbre... dans cette pièce de théâtre radiophonique, pensée pour Isabelle Huppert, Julia Kristeva célèbre son amour de Thérèse à partir de l'agonie de la sainte... en coproduction avec France Culture en partenariat avec le Monde des Livres > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e

Les Concerts de Radio France Festival présences «paris-Berlin» salle pleyel vendredi 14 février / 20h Le festival de création musicale Présences mettra à l’honneur les jeunes compositeurs allemands et français sous la direction de Peter Hirsch. À l’affiche, Wolfgang Rihm, Philippe Manoury, et l’ombre portée de Bernd Alois Zimmermann, auteur de cet opéra halluciné qui a pour titre Die Soldaten et dont on donnera ici la méconnue symphonie vocale. > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr

Musée d'Orsay exposition «Gustave Doré (1832-1883). L'imaginaire au pouvoir» du 18 février au 11 mai Gustave Doré est l'un des plus prodigieux artistes du XIXe siècle. Caricaturiste à quinze ans à peine, puis illustrateur, il embrasse tous les domaines de la création : dessin, peinture, aquarelle, gravure, sculpture. Son talent s'investit dans tous les genres, de la satire à l'histoire, livrant des tableaux gigantesques et des toiles plus intimes, des aquarelles flamboyantes... > Offre abonnés de l'Odéon. 13€ au lieu de 17€ pour la visite de l’exposition avec un conférencier. Réservation obligatoire 10 jours au moins avant la visite au 01 53 63 04 63. Envoi des billets à domicile. Dates des visites sur www.musee-orsay.fr. > Musée d'Orsay – 1, rue de la Légion d'Honneur, Paris 7e

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Des propositions ponctuelles élaborées avec les partenaires culturels de l'Odéon-Théâtre de l'Europe

> Tarifs préférentiels de -30% (hors catégorie 5) pour les abonnés de l'Odéon en réservant avec le code «OdEon» au 01 56 35 12 12 ou sur internet www.orchestredeparis.com > Orchestre de Paris à la Salle Pleyel – 252 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e

Fondation Cartier pour l'art contemporain EXPOSITION «América Latina 1960-2013» jeudi 20 février / 18h L’exposition, rassemblant plus de soixante-dix artistes de onze pays différents, révèle la grande diversité des pratiques photographiques en présentant aussi bien le travail de photographes que des œuvres d’artistes contemporains, à travers le prisme de la relation entre texte et image photographique. La Fondation Cartier, en coproduction avec le Museo Amparo de Puebla (Mexique), présente cette exposition jusqu'au 6 avril. > Réservation au 01 42 18 56 67 / info.reservation@fondation.cartier.com > Fondation Cartier pour l'art contemporain – 261 boulevard Raspail, Paris 14e

Forum des images Cinéma «La vie est belle» de frank capra samedi 22 février / 21h Venez (re)découvrir le cinéma optimiste et tendre de Capra. Un homme bon mais désespéré est poussé au suicide. Son ange gardien le fait vivre dans un monde fictif où il ne serait pas né. Ses amis et sa famille sont la richesse de George Bailey, mais il ne s’en rend compte qu’en passant dans un autre univers, injuste et cruel. Un film enthousiaste, chaleureux et poétique. Dans le cadre du cycle «L'argent ne fait pas le bonheur (!)», présenté jusqu'au 28 février. > Réservation au 01 44 85 41 17 / missions-rp@theatre-odeon.fr > Forum des images – Forum des Halles, porte Saint-Eustache, Paris 1er

Odéon-Théâtre de l'Europe / Musée du Luxembourg PARCOURS CROISÉs «MIROIR MON BEAU MIROIR» mardi 18 mars / 20h : spectacle Les Fausses Confidences samedi 22 mars / 10h30 : visite de l'exposition Joséphine Côté pile, Araminte, figure emblématique des Fausses Confidences de Marivaux, riche veuve, séductrice et rompue aux intrigues amoureuses. Côté face, Joséphine, l’impératrice volage, follement dépensière, régnant avec habileté sur la cour de Napoléon. (Entre)croisez les destins de ces deux héroïnes à l’Odéon-Théâtre de l’Europe puis au Musée du Luxembourg.

mer 26 jeu 27 ven 28 sam 29 dim 30

UNE ANNÉE SANS ÉTÉ theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 5 mars

Tartuffe 20h Tartuffe 20h Tartuffe 20h Tartuffe 20h Tartuffe 15h

Fleury en scène / Le Vestiaire 15h/18h

Berthier 17e Berthier Petite salle 17e mar 1 Tartuffe 20h mer 2 Tartuffe 20h jeu 3 Tartuffe 20h ven 4 Tartuffe 20h Une année sans été 20h sam 5 Tartuffe 20h Une année sans été 20h dim 6 Tartuffe 15h Une année sans été 15h lun 7 mar 8 Tartuffe 20h Une année sans été 20h mer 9 Tartuffe 20h Une année sans été 20h jeu 10 Tartuffe 20h Une année sans été 20h ven 11 Tartuffe 20h Une année sans été 20h sam 12 Tartuffe 20h Une année sans été 20h dim 13 Tartuffe 15h Une année sans été 15h lun 14 mar 15 Tartuffe 20h Une année sans été 20h mer 16 Tartuffe 20h Une année sans été 20h jeu 17 Tartuffe 20h Une année sans été 20h ven 18 Tartuffe 20h Une année sans été 20h sam 19 Tartuffe 20h Une année sans été 20h dim 20 Tartuffe 15h Une année sans été 15h lun 21 mar 22 Tartuffe 20h Une année sans été 20h mer 23 Tartuffe 20h Une année sans été 20h jeu 24 Tartuffe 20h Une année sans été 20h ven 25 Tartuffe 20h Une année sans été 20h sam 26 Tartuffe 20h Une année sans été 20h dim 27 Tartuffe 15h Une année sans été 15h lun 28 mar 29 Tartuffe 20h Une année sans été 20h mer 30 Tartuffe 20h Une année sans été 20h*

01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu

Abonnés Si vous n’aviez pas choisi de date, merci de contacter le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la disponibilité sur la date que vous souhaiteriez, au plus tard quinze jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation téléphonique, retournez votre contremarque. Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouverture de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle. Ligne réservée aux abonnés 01 44 85 40 38

Représentations

mai

Grande salle Odéon 6 e / Salon Roger Blin 6 e Lire le théâtre / La Tempête – William Shakespeare 18h Fantômes en littérature / La Femme au collier de velours 18h

Exils / Lawrence Durrell / Mathias énard 20h Pourquoi aimez-vous ? Claro & Tristram Shandy 18h Pourchassez le naturel ! / Pourquoi regarder les animaux 18h

Shakespeare 450 11h-19h

Grande salle Odéon 6 e / Salon Roger Blin 6 e jeu 1 Férié ven 2 Tartuffe 20h sam 3 Tartuffe 20h dim 4 Tartuffe 15h lun 5 mar 6 Tartuffe 20h Shakespeare dans l'atelier romanesque III 18h mer 7 Tartuffe 20h Shakespeare dans l'atelier romanesque IV 18h jeu 8 Tartuffe 20h ven 9 Tartuffe 20h sam 10 Tartuffe 20h dim 11 Tartuffe 15h lun 12 mar 13 Tartuffe 20h mer 14 Tartuffe 20h jeu 15 Tartuffe 20h ven 16 Tartuffe 20h sam 17 Tartuffe 20h dim 18 Tartuffe 15h lun 19 mar 20 Tartuffe 20h mer 21 Tartuffe 20h jeu 22 Tartuffe 20h ven 23 Tartuffe 20h sam 24 Tartuffe 20h dim 25 Tartuffe 15h lun 26 mar 27 Tartuffe 20h mer 28 Tartuffe 20h jeu 29 Tartuffe 20h ven 30 Tartuffe 20h sam 31 Tartuffe 20h

> Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier), Paris 17e M° et RER C Porte de Clichy

une année sans été durée : 1h10 du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi > Ateliers Berthier Petite salle 36 Bd Berthier, Paris 17e M° et RER C Porte de Clichy

une année sans été

juin

Istres – Théâtre de l’Olivier 16 mai 2014

Berthier 17e

dim 1 Tartuffe 15h *Représentation en Langue des Signes Française

Tarifs Tarifs hors abonnement

Théâtre de l’Odéon

série 1

série 2

série 3

Bibliothèques de l’Odéon

Ateliers Berthier

série 4 Grande salle Roger Blin Une année sans été

Plein tarif 36 € 26 € 16 € 12 € 10 € 6€ 8 € 6 € 6 € — Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA* 18 € 13 € 8 € 6 € 6 € — Public en situation de handicap* 18 € 13 € 6 € 6 € — Demandeur d’emploi* 20 € 16 € 10 € 6 € 6 € — 6 € — Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 € — — — 6 € — — Lever de rideau (2h avant la représentation) — — — — — — Pass 17 * (dates spécifiques)** *Justificatif indispensable

Shakespeare dans l'atelier romanesque I 18h Shakespeare dans l'atelier romanesque II 18h

Berthier 17e

TARTUFFE du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi

Draguignan – Théâtre en Dracénie 13 mai 2014

Grande salle Odéon 6 e / Salon Roger Blin 6 e

avril

les bibliothèques de l'odéon Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison

Opéra national de Paris

> Tarif préférentiel de -20% (catégories 1, 2, 3 soit 124€, 108€, et 92€ au lieu de 155€, 135€, et 115€) pour les abonnés de l'Odéon en réservant avec le code «ODEON131» sur operadeparis.fr, onglet «Billetterie» dans le champ «Offres en partenariat» ; par téléphone au 08 92 89 90 90 (0,34€ TTC/min) ou aux guichets du Palais Garnier et de l'Opéra Bastille. > Opéra Bastille – Place de la Bastille, Paris 12e

Berthier 17e

TARTUFFE représentations du 29/04 au 01/06 theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 26 mars

Tournée

Pour mettre en musique ce mythe, Richard Wagner repousse loin les limites de son art : tonalité mouvante, tension languissante, résolution toujours retardée jusqu’à la mort d’amour d’Isolde. Sous la direction de Philippe Jordan, cette production réunit deux grands artistes : le metteur en scène Peter Sellars et le vidéaste Bill Viola. Sur scène, ce dernier a conçu un monde d’images parallèles, une vie par-delà la vie qui est comme «le reflet du monde de l’esprit dans le miroir du temps.»

mars spectacles les bibliothèques

TARTUFFE représentations du 26/03 au 27/04 theatre-odeon.eu mercredi 5 février guichet / téléphone mercredi 12 février

> Parcours à 40,50€ (place en 1re série à l'Odéon) > Réservation à museeduluxembourg.fr espace «billetterie» puis «Parcours croisés» > Musée du Luxembourg – 19 rue de Vaugirard, Paris 6e > Théâtre de l'Odéon – Place de l'Odéon, Paris 6e

OPÉRA «Tristan ET Isolde» jeudi 17 et lundi 21 avril / 18h

Calendrier

30 € 15 € 15 € 20 € 6 € — 15 €

Tartuffe

36 € 18 € 18 € 20 € 6€ — 18 €

** Tartuffe : vendredi 18 avril à 20h / samedi 26 avril à 20h / dimanche 11 mai à 15h / dimanche 25 mai à 15h Une année sans été : dimanche 13 avril à 15h / dimanche 20 avril à 15h

CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ; une ou plusieurs places lors de la même manifestation.


16

13/14

14 septembre – 19 octobre / Odéon 6e

Au monde Joël Pommerat 18 septembre – 19 octobre / Odéon 6e

Les Marchands Joël Pommerat 20 – 26 septembre / Berthier 17 e

Die gelbe Tapete

Le Papier peint jaune Charlotte Perkins Gilman / Katie Mitchell

4 – 13 octobre / Berthier 17 e

Die Bitteren tränen der Petra von Kant

Les Larmes amères de Petra von Kant Rainer Werner Fassbinder / Martin Kušej

7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 e

La Bonne Âme du Se-Tchouan Bertolt Brecht / Jean Bellorini 20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e

todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy)

Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy) Angélica Liddell

8 janvier – 1er février / Berthier 17 e

Platonov Anton Tchekhov / Benjamin Porée 16 janvier – 23 mars / Odéon 6e

Les Fausses Confidences Marivaux / Luc Bondy

création 26 mars – 1er juin / Berthier 17e

tartuffe Molière / Luc Bondy

création 4 – 30 avril / Berthier 17 e

Une année sans été Catherine Anne / Joël Pommerat 7 mai – 28 juin / Odéon 6e

Cyrano de Bergerac Edmond Rostand / Dominique Pitoiset septembre 2013 – juin 2014

LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON

Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg Ateliers Berthier > Grande salle 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e > Petite salle 36 Bd Berthier Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy

Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40

suivez-nous Twitter «@TheatreOdeon» Facebook «Odéon-Théâtre de l'Europe»

Renseignements et location Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h Contacts Abonnement individuel, jeune, et Carte Odéon 01 44 85 40 38 abonnes@theatre-odeon.fr Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 / 40 88 collectivites@theatre-odeon.fr Public de l'enseignement 01 44 85 40 39 enseignement@theatre-odeon.fr Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 alice.herve@theatre-odeon.fr Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris

couverture : affiche de Tartuffe © design Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 - 1064582 - 1060064

rencontres littéraires et philosophiques


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