Parques Nacionales de Costa Rica

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COSTA RICA, PURA VIDA

En s’installant au Costa Rica au début des années 2000, la société Intel et ses satellites ont transformé l’économie de ce petit pays d’Amérique centrale. Lui qui vivait de ses exportations de café, d’ananas, de bananes et d’un tourisme tourné essentiellement vers l’écosystème, s’est focalisé sur la haute technologie devenue désormais sa première ressource, sans pour autant délaisser sa passion pour la préservation de la faune et de la flore. Nous avons sillonné ce territoire, frontalier du Nicaragua au nord et du Panama au sud, pour en comprendre la séduction et jouir de son extraordinaire biodiversité. Reportage Alain Ammar et Barbara Ghéno.

C

’est au cours de son quatrième voyage pour découvrir la route des Indes que Christophe Colomb débarque sur la côte caribéenne de l’Amérique Centrale en 1502. Il reste subjugué par sa beauté et surtout surpris que les autochtones, notamment ceux de la tribu Bri-bri, arborent des colliers et toutes sortes de colifichets et d’objets en métal précieux. C’est ainsi qu’il baptise cette côte « Costa Rica » : la côte riche. Depuis, ce pays de quatre millions d’âmes a développé une histoire singulière et pacifique dans un continent en proie à des révolutions permanentes. Au cours du XX° siècle notamment, deux leaders politiques vont solidifier la

colonne vertébrale du Costa Rica en lui conférant un statut à part, comme peut l’être aujourd’hui celui de la Suisse en Europe. Le premier s’appelle José (Pépé) Figueres, il côtoya Fidel Castro - qui le méprisa pour ses positions équilibrées - et décida d’abolir l’armée afin d’être en conformité avec ses idées. Le second, toujours en vie, fut deux fois Président du pays et eut l’idée de génie de transformer le Costa Rica en une vaste réserve où la nature est reine, puisque 26% du territoire sont aujourd’hui occupés par des parcs à vocation forestière et animalière. Il s’appelle Oscar Arias. Lors de son premier mandat il comprend que le tourisme écologique peut devenir

le ressort d’un formidable développement économique, et réussit à faire de ses concitoyens des protecteurs de l’environnement : du jamais-vu en Amérique latine. Le succès est au rendez-vous et attire désormais des millions de touristes du Pacifique, où les Nord-Américains viennent en nombre, jusqu’à la côte Caraïbe beaucoup plus humide mais préférée des Européens. En déambulant dans sa capitale San José, située sur le plateau central, rien ne retient l’attention tant elle est hétéroclite en dehors du quartier Amon où restaurants branchés et maisons bourgeoises scandent un espace habité par les « bobos » et les artistes. Seules véritables attractions : le musée de l’or et surtout celui du Jade, scénographié comme une pièce de théâtre. Sur quatre étages l’homme et la nature sont en symbiose dans une envoûtante mise en scène et un décor somptueux. Tout y est expliqué, disséqué, depuis l’existence des tribus indigènes et de leurs chamanes, jusqu’au travail de cette pierre précieuse et vivante. Nous y avons passé une demi-journée les yeux éblouis par tant de beauté. Partis tôt pour éviter les encombrements infernaux de San José, nous avons sillonné des vallées vertes et ondulantes, traversé de minuscules villages dont celui de Sarchi, capitale du meuble et des charrettes peintes, qui autrefois transportaient le café, et nous sommes arrêtés devant la plus ancienne église du pays à Orosi. Un clocher blanc d’allure hispanique et un cloître où l’ombre des Jésuites se profile encore.

Page de gauche : le volcan Arenal dont la dernière irruption remonte à 1986. Ci-contre : une gravure du débarquement en 1502 des premiers conquistadors sur la côte Caraïbe d’Amérique centrale. En dessous : le clocher et le cloître de l’église d’Orosi, la plus ancienne du pays. A droite : une reconstitution de la vie quotidienne indigène dans l’extraordinaire musée du jade. Ci-Dessus : une charrette peinte qui transportait jusqu’au début du XX° siècle les récoltes de café.


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Page de gauche : les fumerolles du cratère Poas et le venimeux serpent jaune, l’Oropal qui vit au creux des arbres. Ci-contre en haut : l’orchidée d’un jour au dessus de la fleur rouge dite le bâton de l’impératrice. A droite : l’œil glauque d’un caïman surveillé par un magnifique toucan. En Dessous : l’un des villages indigènes de Tortuguero.

Au domaine cafetier Doka, la petite graine noire règne en maîtresse absolue : ici on produit l’un des meilleurs Arabica du pays. De sa culture jusqu’à sa mise en sachet, tout est expliqué avec pédagogie et bonne humeur. Et lorsqu’après avoir pris quelques clichés de morphos bleus, ces splendides papillons qui volent dans une serre humide, la pluie menace au-dessus de nos têtes, il ne reste que quelques heures avant que la nuit tombe. Par chance le ciel est encore clair au-dessus du cratère Poas, et la lumière incandescente qui s’en dégage à quelque chose de magique. Poas est l’un des volcans qui ponctuent le Costa Rica, comme l’extraordinaire Arenal situé dans une vallée plus en amont - qui a craché ses dernières laves en 1986. Avant d’y parvenir, il faut franchir des paysages qui font parfois penser à la Normandie, avec des vaches brunes ou tachetées de noir et blanc, des vallons verdoyants et surtout un chemin forestier peuplé d’une faune magnifique : des paons sauvages, des singes paresseux, et même une espèce rare de serpent l’Oropal qui se niche au creux des arbres, jaune comme l’or et dont le venin est mortel. Au bout d’une heure de marche se profilent les pentes majestueuses de l’Arenal, avec à son sommet quelques fumerolles. Sous nos pieds les roches basaltiques qu’il a dégueulées lors de sa dernière colère. Par ci par là, une orchidée blanche a poussé sur la noirceur minérale : on les appelle « les fleurs d’un jour » car elles meurent en quelques heures. Sur le retour nous croisons un village surnommé La Fortune car il a pu renaître des

cendres du volcan et profite aujourd’hui de l’afflux de touristes, notamment américains, qui adorent cette région, l’une des mieux développées du pays. De nombreux grands hôtels s’y sont installés mais celui que nous préférons est le Kioro, pour son confort et son jardin où coule une source thermale (voir encadré), tout proche d’un parc foisonnant d’espèces végétales rares et de cascades où les aficionados s’adonnent à la tyrolienne pour mieux en apprécier la canopée. Au Costa Rica, en deux heures de route les paysages peuvent changer radicalement. Si la région de l’Arenal est tempérée et respirable comme l’est la côte nord pacifique, l’ambiance et le climat n’ont rien à voir en quittant la province d’Alajuela pour rejoindre le Limon et l’humidité caraïbes. De la barque qui nous transporte sur le fleuve Suerte (la chance) marron comme la terre qu’il charrie, nous apercevons quelques singes capucins accrochés à d’immenses branches, des toucans avec leurs grands becs jaune et rouge et même des faucons qui passent au-dessus de nos têtes. De part et d’autres des canaux s’ouvrent sur des perspectives avec lesquelles la forêt fait corps en se projetant sur le miroir de l’eau. Des caïmans laissent apparaître leurs yeux glauques et l’ombre de leurs mâchoires. Une tortue glisse élégamment dans le fleuve et disparaît aussitôt. Un oiseau rare fait cliquer ses ailes, là une poule d’eau aux étranges lunettes jaunes couve ses œufs et dès que nous posons un pied à terre, des singes hurleurs nous font la fête de leurs cris rauques.


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Ci-dessus : une femme de la tribu Bri-bri avec à gauche une maman capucin et son bébé et à droite un artiste peintre du village de Sarchi.

Bienvenue à Tortuguero, une langue de terre entre le fleuve et la mer où des villages prospèrent à l’ombre des clubs internationaux qui ont installé de confortables bungalows le long de chacune des rives. Le nôtre s’appelle M’wamba Lodge et nous surprend par sa qualité architecturale, son ambiance et surtout son jardin luxuriant, dans lequel les propriétaires ont eu l’intelligence de créer un parcours initiatique avec faune et flore endémique de cette partie exotique du pays. Dépaysement garanti, surtout si par plaisir on longe à nouveau les canaux à la recherche d’espèces rares qui peuplent cette contrée. A l’aube certains sont repartis en bimoteur d’un aéroport tout proche, tandis que nous poursuivons en 4X4 notre route plus au sud. Vers Puerto Viejo. L’humidité est de plus en plus insupportable mais la perspective d’entrer en contact avec des tribus Bri-bri compense cet inconfort. Avant cette rencontre, nous traversons le parc Cahuita situé en bord de mer - qui regorge lui aussi d’espèces animales sauvages en liberté. Jamais nous n’avons pu apercevoir la queue du moindre jaguar, dont on nous a tant parlé et qui vit encore dans ces régions, en revanche quelques minuscules grenouilles rouges venimeuses, des vertes et noires façons militaires et surtout une maman singe avec son petit sur le dos venue déguster un lézard devant nous sans aucun complexe. Alex vient d’arriver avec son visage tanné par le soleil et son immense sourire. C’est un indigène Bri-bri parfaitement assimilé. Avec lui nous grimpons à travers une forêt dense et humide à la recherche de sa tribu. En chemin il nous explique la façon dont ses ancêtres ont peu à peu intégré la communauté nationale au prix d’énormes sacrifices et comment ils furent malgré eux les esclaves de Noirs venus d’Afrique au début du XX° siècle, tout en nous indiquant combien ils restaient proches de cette mère nature qui leur apporte tout. Une leçon d’humilité, de savoir vivre et un amour infini pour cette terre qui les nourrit chaque jour avec en remerciement cette phrase devenue la philosophie du Costa Rica : Pura vida ! q Ce reportage a été possible grâce à Marjolaine Bavoux de l’agence Indigo Consulting et à l’extraordinaire humanité et au professionnalisme de notre guide Constantin que nous saluons et remercions chaleureusement.

ENTRE NOUS Air France dès le 2 novembre 2016, propose deux vols par semaine au départ de Paris-CDG, le mercredi et le samedi pour l’ensemble de la saison hiver 2016-17, à destination de San José. Ces vols seront opérés en Boeing 777-300 d’une capacité de 468 sièges : 14 en cabine Business, 32 en Premium Economy et 422 en Economy. Cette nouvelle offre est complémentaire de celle proposée par Copa Airlines, partenaire du groupe Air France-KLM, opérant de nombreux vols vers San José au départ de Panama, hub des Amériques de la compagnie panaméenne. Renseignements et réservations sur www.airfrance.fr ou 3654. en agences Air France ou en agences de voyages. Pour des séjours à la carte, circuits au volant ou accompagnés au Costa Rica. Equinoxiales, Costa Rica Essential, 9 jours/7 nuits, Circuit au volant. A partir de 1639 € /par personne base double tél. : 01 77 48 81 00 - www.equinoxiales.fr

M’WAMBA Lodge : Tortuguero Canals, tél. : +506 2709 8181 Arenal KIORO : La Fortuna, tél. : +506 2479 1700 Grano de Oro : Calle 30 San José, tél. : +506 2255 3322


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