#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE FOSTERING SUSTAINABILITY AND DEVELOPMENT
LES POLITIQUES RSE À L’ÉPREUVE THE FUTURE OF CSR POLICIES
ENTREPRENEURIAT ET RÉDUCTION DES DÉCHETS REDUCING WASTE THROUGH ENTREPRENEURSHIP
The Energy
Transition
CREATING A MEANINGFUL CAREER
Transition énergétique DONNER DU SENS À SA CARRIÈRE
#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
4
10
Sommaire Contents
04 06
Vivre ensemble Favoriser le développement durable
Building bridges
Regards croisés
Les politiques RSE à l’épreuve
Perspectives
The future of CSR policies
Fostering sustainability and development
10 18
Dossier
Transition énergétique : donner du sens à sa carrière
Cover story
The energy transition: creating a meaningful career
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Apprendre
Recherche et Développement Durable
Learn
Made in GEM
La communauté des entrepreneurs Community of entrepreneurs
22
Chiffres clés
Profils RSE : qui sont-ils ?
Facts & Figures
Who's who in sustainability ?
Research for sustainability
24 26 Zoom sur les
Carrières
Agir pour être utile
Careers
Making an impact
communautés Snapshot of our chapters
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Edito Editorial
Equipe Relations Diplômés (de gauche à droite) / The Alumni Relations Team (left to right) : Isabelle Fitamant, Chelsea Choppy, Marie-Laure Finet, Karine Jacquet-Vaillant, Mélanie Perruchione
12, rue Pierre Sémard 38000 Grenoble FRANCE +33 4 76 70 60 60 alumni@grenoble-em.com
alumni.grenoble-em.com en.alumni.grenoble-em.com
Le monde évolue. Nous prenons de plus en plus conscience de l’impact de nos attitudes et de nos habitudes sur notre planète et sur ses habitants. Les enjeux environnementaux et sociétaux sont débattus dans les cercles privés, entre amis, autour de la machine à café au bureau mais aussi dans les plus hautes instances gouvernementales et économiques. Les plus lucides d’entre nous et les jeunes générations nous montrent qu’il est possible de vivre en harmonie avec nos valeurs y compris dans nos vies professionnelles. Dans les entreprises de toutes tailles les notions de responsabilité et de durabilité deviennent incontournables.
Dans ce 5ème numéro de #GEMAlumni Mag, nous vous proposons de découvrir des diplômés qui, en lien avec cette tendance, s’engagent, inventent, testent et pratiquent ces nouveaux métiers ou de nouvelles façons de mettre en œuvre leurs talents au service de leurs valeurs et de leurs entreprises.
As the world evolves, our awareness grows as well. We are more and more conscious of the impact our attitude and habits can have on the planet and its inhabitants. Environmental and societal challenges are discussed in private, among friends, around the coffee machine at work and also at the highest levels of government and business. Younger generations as well as those of us with greater awareness demonstrate that it is possible to live in harmony with our values, even at work. Responsibility and sustainability have become essential topics for companies of all sizes.
In this 5th edition of the #GEMAlumni Mag, we present you with the experiences and perspectives of alumni who are involved in this trend. They share with us how they engage in inventing, testing and implementing these new responsibilities and skills in order to support both their values and those of their company.
Isabelle FITAMANT GEM ESC 1991 Directrice Relations Diplômés Director of Alumni Relations
#GEMAlumni Mag
Éditeur : Grenoble Ecole de Management - Imprimé en France à 2500 exemplaires. Agence de communication & imprimeur : - www.smart-clic.fr - 163 rue du Verger, 06640 ST-JEANNET. Directrice de Publication : Isabelle Fitamant - Rédaction : Isabelle Fitamant, Chelsea Choppy, Barbara Brelle-Lenoir, Jeremy Burns-Rupp - Crédit photos : GEM Alumni - Getty Images Shutterstock - Dépôt légal : avril 2016 - Date de parution : juin 2018 - N°ISSN : 2556-0107 Toute reproduction, totale ou partielle, du GEMAlumni Mag sans autorisation est interdite.
#GEMAlumni Mag Editor : Grenoble Ecole de Management - Printed in France in 2500 copies. - www.smart-clic.fr - 163 rue du Verger, 06640 Communication Agency & printer : ST-JEANNET - Publication Director: Isabelle Fitamant - Editorial Board: Isabelle Fitamant, Chelsea Choppy, Barbara Brelle-Lenoir, Jeremy Burns-Rupp - Photography credits: GEM Alumni - Getty Images - Shutterstock - Legal deposit: april, 2016 - Publication date: june, 2018 - ISSN No.: 25560107 - Any reproduction, total or partial of GEMAlumni Mag without permission is prohibited.
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
Building Vivre bridges ensemble
Worldwide
Autour du monde
URG LUXEMBO BELGIQUE
UK CANADA
IRLANDE
ESPAGNE
GNE
ALLEMA
QUE REPUBLI TCHEQUE
SUISSE ITALIE
FRANCE IS ETATS-UN
RUSSIE
LIBAN MAROC
CHINE
E
GEORGI
INDE
MEXIQUE
Hugo CHARBIT
BOLIVIE
E CAMBODG SIE INDONÉ
GEM ESC 2007
Corporate Alliances et Spécialiste RSE Corporate Alliances and CSR Specialist UNICEF
UNICEF : s'engager avec les entreprises en Bolivie Après sept ans chez VEJA (une entreprise de commerce équitable travaillant avec de petits agriculteurs à travers le Brésil) et trois ans au sein de l'UNICEF France, Hugo a récemment accepté le poste de Corporate Alliances et Spécialiste RSE à l'UNICEF en Bolivie. « Mon rôle est de nouer des relations avec les acteurs privés et publics afin de faciliter le développement des programmes de l'UNICEF. Alors que les entreprises locales sont généralement très ouvertes pour nous rencontrer, le véritable défi en Bolivie est d’arriver à concrétiser des partenariats. Culturellement parlant, c'est très différent de la France. La philanthropie d’entreprise n’est pas habituelle ici. C’est pourquoi nous privilégions la recherche de partenaires pouvant apporter un soutien sur des aspects techniques, commerciaux ou de communication.» Les programmes de l'UNICEF en Bolivie se concentrent sur le développement de la petite
UNICEF: engaging with companies in Bolivia
enfance (de la grossesse à deux ans) ainsi que sur les jeunes et les adolescents. « Des questions After seven years working for telles que l'accès à l'éducaVEJA (a fair trade company that tion et au multiculturalisme sont works with small farmers across vraiment essentielles en Bolivie, Brazil) and three years working car le pays compte plus de 50 for UNICEF in France, Hugo recultures indigènes. » Pendant sa cently took on the job of Corposcolarité à GEM, Hugo découvre rate Alliances and le secteur humanitaire grâce à l’assoDes questions telles CSR Specialist at UNICEF Bolivia. ciation étudiante que l'accès à “My role is to create SOS (Savoir Oser l'éducation et au relationships with la Solidarité). « Ma multiculturalisme sont private and public première expérience n'a pas été évidente essentielles en Bolivie players in order to facilitate the devecar j'avais l'impreslopment of UNICEF sion que nos actions Issues such as While loavaient très peu access to education programs. cal companies are d’impact. Du coup, generally very open pour mon premier and multiculturalism to meeting with us, are really essential job, j’ai préféré me the real challenge tourner vers des in Bolivia in Bolivia is impleentreprises évoluant menting concrete dans le développartnerships. Culturally speaking, pement durable. Mais une fois it’s very different from France. que je me suis senti prêt, je suis Financial philanthropy is not comrevenu vers l’humanitaire car il mon practice here. As a result, y a beaucoup de choses intéreswe focus on finding partners who santes à faire ! » n
LIE
AUSTRA
can provide support on technical, business or communications issues.”
UNICEF’s programs in Bolivia focus on early childhood development (from pregnancy to two years of age) as well as later development for youths and adolescents. “Issues such as access to education and multiculturalism are really essential in Bolivia as the country has more than 50 indigenous cultures.” During his time at GEM, Hugo first discovered development work thanks to SOS (Savoir Oser la Solidarité), a student association. “My first experience wasn’t easy as I felt like we could make little impact. As a result, I started out by working for the private sector in fields related to sustainable development. But once I was ready, I came back to humanitarian projects because there’s a lot of great work to be done!” n
Suzanne LAMOUR
Marie PAILLER
Directrice France & Europe Manager France & Europe
Chef de projet Digital Head of Digital Projects
Soieries du Mékong
Ecocert
GEM ESC 2013
GEM MSE 2010 - ESC 2008
Soie cambodgienne : pour une qualité durable
De l’Asie au Canada : une carrière éthique
Mais le changement ne s’est pas Agréée entreprise solidaire, fait sans défis : « En France, la Soieries du Mékong vend des qualité reste le critère essentiel foulards en soie de haute qualipour nos clients. Nous devons té faits main. « Notre objectif est convaincre les gens qu'il est d'améliorer la vie des familles possible de combiner qualité et du nord-ouest du Cambodge. durabilité tout en leur expliquant L’entreprise est née de l'ambil'art du tissage de la soie et en tion d'autonomiser les femmes cambodgiennes en leur fournis- valorisant nos contrôles qualité. Heureusement, la qualisant des emplois Nous devons té et la beauté de nos stables, en dévelopdeviennent pant leurs compé- convaincre les écharpes évidentes une fois que tences uniques et en gens qu'il est les gens ont la chance apportant un soutien à possible de de les essayer ! » leurs familles grâce à des avantages tels que combiner qua- L'entreprise a été fondée l'assurance maladie. » lité et durabilité par une ONG (Enfants
travaillons sur nos standards pour Basée en Indonésie depuis 2012, Marie développe les activités de fournir aux consommateurs les garanties qu'ils recherchent. » certification bio d'Ecocert. Ces 10 dernières années, le marché Après cinq ans comme directrice générale d'Ecocert Asie du Sudmondial des produits biologiques Est, Marie est sur le point de a connu une croissance à deux rejoindre le Groupe chiffres pour atteindre 80 milliards d'euros. Nous travaillons au Canada en tant que chef de projet. L’activité d’Ecocert s’est rapidement dé- sur nos standards « Depuis le début de pour fournir aux ma carrière, j'ai touveloppée. L'équipe emploie 15 personnes consommateurs jours mis mes comaujourd’hui en Asie les garanties qu'ils pétences au service d’entreprises éthiques du Sud-Est. « La derecherchent. engagées dans la resmande est supérieure ponsabilité sociale et à l'offre pour certains la protection de l'environnement. produits alimentaires essentiels Ce n’est pas toujours facile de tels que le riz, le café et les protrouver un emploi correspondant duits laitiers. De nouveaux clients à ses valeurs. A chaque fois des potentiels nous contactent chaque opportunités se sont présentées jour. Mais plus la demande augmente, plus il y a de risques de grâce aux candidatures spontanées et à mon réseau GEM ! » n scandales alimentaires et de fraude. Plus que jamais, nous
Suzanne a passé plusieurs années chez LVMH avant de rejoindre Soieries du Mékong. « Après le décès de ma mère, j'avais besoin de trouver un travail qui avait du sens. J'ai croisé le chemin de Soieries du Mékong et ce fut le début d'une nouvelle aventure plus humaine ! »
du Mékong), dont les volontaires ont été témoins de la désertification du Cambodge rural et ont voulu développer les compétences locales et fournir des emplois durables. n
Cambodian Silk: creating sustainable quality Soieries du Mékong is a sustaihasn’t been without challenges: “In France, quality is still the nable company that sells primary factor for our clients. Our handmade, high quality silk work is to convince people that scarves. “Our goal is to improve life for families in Northwest it’s possible to combine quality Cambodia. The company grew and sustainability. We have to educate our audience in order out of a social ambition to empower Cambodian to explain the art of women by providing Our work is to silk weaving and our quality controls. Thankthem with stable jobs, unique skill develop- convince people fully, the quality and ment and support for that it’s possible beauty of our scarves become evident once their families through to combine advantages such as people have a chance quality and to try them on!” health insurance.”
sustainability
Suzanne spent several years at LVMH before joining Soieries du Mékong. “After my mother’s death, I needed to find greater meaning in my work. I crossed paths with Soieries du Mékong and it was the beginning of a new, more human-oriented adventure!” But the change
The company was founded by an NGO (Enfants du Mékong), whose volunteers witnessed the desertification of rural Cambodia. As a result, Soieries du Mékong was created to develop local skills and provide sustainable jobs. n
From Asia to Canada: an ethical career standards to provide consumers Based in Indonesia since 2012, Marie has been developing Ecowith the guarantees they seek.” After five years as managing cert’s organic certification activities. During the last 10 years, the director for Ecocert Southeast Asia, Marie is about to move to global organic market has shown Canada as project double-digit growth to reach 80 billion euros. We’re working on manager for the Ecocert Group. “From the As the global market our standards grew rapidly, so did start of my career, to provide Ecocert. In Southeast I’ve always dedicated consumers with my skills to ethical Asia, Ecocert employs the guarantees companies that are 15 people. “Demand is committed to social higher than supply for they seek. responsibility and ensome essential food products such as rice, coffee and vironmental protection. It wasn’t dairy. New potential clients are always easy to find a job in line contacting us every day. But as with my values, but every time I found one thanks to spontaneous demand grows, food scandals and fraud may escalate as well. More job applications and my GEM than ever, we’re working on our network!” n
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
Regards croisés
Les politiques RSE à l’épreuve « La concurrence n’existe pas quand il s’agit de RSE »
Caroline SACCOLETTO GEM MS Achats 2003
Coordinateur Achats Europe & RSE ARKEMA
S
ignataire du Pacte mondial de l'ONU et du programme Responsible Care®, le Groupe Arkema, acteur mondial de la chimie de spécialités et des matériaux avancés, a pour ambition de se placer au niveau des meilleurs dans le secteur de la chimie en matière de RSE. Parmi les cinq engagements de sa stratégie de développement durable figure le dialogue ouvert avec ses parties prenantes externes. Pour ce faire, un programme d’achats durables est déployé dans l’ensemble du Groupe, avec, comme nous l’explique Caroline qui en a la responsabilité depuis juin 2016, des bénéfices vertueux pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Comment se situe Arkema en matière de développement durable ?
« Arkema a formalisé depuis 2012 son engagement dans la RSE et compte aujourd’hui parmi les acteurs les plus performants de son secteur en matière de développement durable. La performance en matière de sécurité et la réduction de l’empreinte environnementale sont au cœur de sa responsabilité de chimiste. L’innovation et l’offre produits au service du développement durable, ainsi que le développement social et le dialogue sociétal complètent les thématiques de cette politique RSE. »
Comment cela se traduit-il dans la politique d’achats ?
« D’une manière générale, nous cherchons à développer la responsabilité sociétale de nos fournisseurs en nous assurant que leurs activités sont en ligne avec les standards environnementaux, sociaux et sociétaux reconnus. Autrement dit, la démarche vise à évaluer et faire progresser la performance de nos fournisseurs en matière de RSE et à qualifier les fournisseurs les plus engagés. »
Est-ce que ça marche ?
« Oui, de plus en plus, grâce à la mobilisation des plus grands acteurs du secteur qui travaillent ensemble pour évaluer et améliorer les pratiques achats responsables dans leurs chaînes d'approvisionnement. L’initiative, bap-
tisée « Together for Sustainability », a permis d’élaborer un référentiel commun qui permet d’évaluer les performances des maisons mères et auditer les sites industriels de manière cohérente. Nous disposons également d’outils de pilotage et de suivi de l’activité. Ce processus permet à chaque fournisseur d’intégrer de manière équitable et transparente nos processus de qualification. Et côté clients, cela garantit la performance et la durabilité des produits. »
d’éviter de refaire des démarches que d’autres ont déjà réalisées, de partager les bonnes pratiques et de s’entraider. Une entraide dont j’ai pu bénéficier directement. Quand je suis arrivée à ce poste, deux de mes concurrents directs m’ont aidée à structurer ma démarche achats durables. Cela crée un véritable cercle vertueux car nous sommes tous le fournisseur de quelqu’un et nous avons tous intérêt à ce que cela fonctionne. » n
« Il y a encore quatre ans c’était très difficile de parler RSE avec eux. Désormais tous leurs plus gros clients les évaluent sur les mêmes critères, ils ne peuvent plus faire comme si de rien n’était. Cela est bénéfique pour tous dans toute la chaîne de valeur. »
GLOBAL COMPACT : LA PLUS LARGE INITIATIVE MONDIALE EN MATIÈRE DE RSE
Comment réagissent vos fournisseurs ?
Cela ne pose-t-il pas problème en termes de concurrence justement ?
« S’il y a bien un sujet où personne n’est concurrent, c’est la RSE ! Vingt acteurs mondiaux du secteur de la chimie participent actuellement à l’initiative « Together for Sustainability ». Les échanges se font dans le respect de règles, les sujets liés aux affaires ou activités sont bannis et les réunions s’opèrent sous la surveillance d’un expert juridique. Le process garantit la confidentialité des données et la confidentialité des relations commerciales entre les différents acteurs. L’un des principaux objectifs est
Tout comme GEM ou encore Smartclic, l’agence en charge de la création de ce magazine, Arkema est signataire du Pacte mondial de l’Organisation des Nations Unies (Global Compact). Il rassemble entreprises, organisations, agences des Nations Unies, monde du travail et société civile autour de dix principes universellement reconnus pour construire des sociétés plus stables et inclusives. Cadre d'engagement volontaire, référentiel international, plateforme d'actions et d'échanges, le Global Compact est la plus large initiative mondiale en matière de responsabilité sociétale. Source : http://www.globalcompact-france.org/ (mars 2018)
Joël TRONCHON
GEM ESC 1994 Parrain de la promo GEM ESC 2013 Directeur Développement Durable Groupe SEB
D
« Non à l’obsolescence programmée, oui à l’économie circulaire ! »
epuis plus de 10 ans, le Groupe SEB, spécialiste du petit électroménager, mène une politique offensive en matière de Développement Durable. Présent dans 150 pays, le Groupe s’est donné pour objectif de faire du développement durable une réalité dans toutes les activités de l’entreprise. Entré dans le Groupe en 2008 au poste de DRH de Téfal, Joël Tronchon a pris la direction du Développement Durable de l’ensemble du Groupe en 2011. Une mission « sans fin » qu’il aborde avec énergie et conviction.
Dans le vaste chantier qu’est le développement durable, quelle est la priorité du Groupe SEB ?
« Sans conteste, l’éthique. Avant de faire quoique ce soit, vous devez être crédible à l’intérieur. Avec plus de 40 sites industriels dans le monde et la moitié du chiffre d’affaires réalisé dans des pays émergents, l’exposition du Groupe est énorme. Nous sommes attendus au tournant sur beaucoup de sujets par les analystes qui nous évaluent. Pour cela, nous avons mis en place un code éthique mondial dont nous surveillons la bonne application, nous réalisons des audits éthiques, sociaux et environnementaux dans toutes nos usines des pays émergents et déployons une politique d’achat durable auprès de nos fournisseurs mondiaux. C’est une mission sans fin mais incontournable. »
La durée de vie du petit électroménager est de plus en plus courte. Est-ce compatible avec le développement durable ?
« Nous faisons en sorte que ça le soit, d’abord en fabriquant des produits robustes et durables avec des standards qualité élevés. Nous vendons 9 produits par seconde. Des produits qui consomment beaucoup de matière et d’énergie et produisent des déchets. Nous avons conscience que notre activité a un fort impact sur l’environnement. C’est pour cela que nous avons engagé il y a plus de
dix ans maintenant une vaste réflexion autour de la réparabilité de nos produits qui nous permet aujourd’hui de garantir la mise à disposition de nos pièces détachées pendant au minimum 10 ans. »
Quelles ont été les principaux changements réalisés ?
« Il a fallu revoir l’ensemble du modèle, de la conception des produits au service après-vente. Pour être réparables, les produits doivent être faciles à démonter et à remonter, les pièces détachées disponibles et remplaçables à coût réduit et le client doit avoir accès facilement à un réseau de réparateurs agréés partout dans le monde. C’est une petite révolution qui a nécessité beaucoup d’innovations et d’investissements. Une usine entière a été affectée à cette activité, elle gère aujourd’hui 6 millions de pièces détachées ! »
Pour quels bénéfices ?
« Toutes les solutions qui vont dans le sens de l’éco-responsabilité ne sont pas forcément rentables économiquement mais c’est un investissement payant en termes de réputation. Aujourd’hui la réparabilité de nos produits, visible par un logo apposé sur nos produits, constitue un véritable marqueur de différenciation et un important levier d’achat préférentiel. De plus en plus de consommateurs se tournent vers des marques responsables. En ce sens, je ne crois pas du tout à la stratégie de l’obsolescence programmée. »
Est-ce une réalité partout dans le monde ?
« La tendance est très marquée en France et en Europe. Et de plus en plus dans les pays asiatiques qui prennent conscience de l’impact du réchauffement climatique et s’emparent de la question des déchets et d’économie circulaire. En Amérique Latine, la réparation et la seconde vie des produits sont des pratiques courantes, ancrées dans la culture. Le seul point noir reste les Etats-Unis. »
L’économie circulaire serait donc le modèle d’avenir ?
« Je le crois sincèrement. C’est un challenge d’autant plus intéressant qu’il est impossible de mener une telle stratégie tout seul. Elle implique beaucoup d’acteurs : fournisseurs, collectivités locales, éco-organismes... Mais cela doit être une stratégie sincère. L’économie circulaire fait partie des valeurs intrinsèques du Groupe SEB et de nombreux métiers s’y impliquent. C’est aussi pour cela que ça fonctionne. » n
DE L’ÉCONOMIE LINÉAIRE À L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE L'économie circulaire est un modèle économique qui consiste à produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets. En opposition au modèle linéaire basé sur extraire, produire, consommer et jeter, l’économie circulaire se fonde sur une absence de gaspillage et une augmentation de l’intensité de l’utilisation des ressources tout en diminuant les impacts environnementaux. sources : www.ecologique-solidaire.gouv.fr/leconomie-circulaire www.ademe.fr/expertises/economie-circulaire
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
Perspec tives The future of CSR policies
Caroline SACCOLETTO GEM MS Achats 2003
“ CSR is not about competition”
Coordinator for Purchasing in Europe & CSR ARKEMA
A
s a member of the UN Global Compact and the Responsible Care® program, the Arkema group aims to be a leader of CSR in the chemicals industry. As a global player specialized in chemicals and advanced materials, the group has made five commitments to implement a sustainable strategy. One of these commitments is to engage openly with external partners. As a result, the group launched a sustainable purchasing program. Caroline has been in charge of the program since June 2016 and shares with us its benefits for the entire value chain. What’s Arkema’s position in terms of sustainable development?
“In 2012, Arkema structured its CSR commitments. It’s now one of our industry’s leading players in terms of sustainability. As chemists, it’s essential to increase safety performance and reduce environmental impact. Innovation and sustainable products as well as social development and debate are other aspects that create a solid foundation for our CSR policy.”
How does this impact the group’s policy on purchasing?
“Overall, we are looking to develop the sustainability and responsibility of our suppliers by ensuring their activities respect environmental, social and societal standards. In other words, this approach is designed to evaluate suppliers, facilitate their evolution in terms of CSR, and recognize suppliers who are particularly engaged.”
Is it working?
“Yes, more and more, thanks to the fact the industry’s major actors are coming together to collaborate on the evaluation and improvement of sustainable purchasing throughout their supply chains. The “Together for Sustainability” initia-
tive created a shared framework that enables company performance evaluations and coherent audits of industrial sites. We also have access to tools that help manage and follow-up on this process. Each supplier has an equal and transparent opportunity to integrate our qualification processes. For our clients, this guarantees the performance and sustainability of our products.”
How do suppliers react to this initiative?
“Four years ago, it was very difficult to speak to them about CSR. But now, all of their biggest clients evaluate them based on the same criteria. As a result, they cannot ignore the situation. This is beneficial for the entire value chain.”
Does this effort create problems in terms of competition? “CSR is the one area where no one competes! The “Together for Sustainability” initiative currently unites 20 global leaders from the chemicals industry. Exchanges are carried out according to the rules and any discussion regarding business activities is forbidden. Meetings are supervised by a legal expert. This process guarantees data privacy and protects business relationships between various actors. The initiative enables us to avoid repeating work that has already been
done by others through the sharing of best practices and helping each other out. I benefited personally from this collaborative effort. When I took on this job, two of my direct competitors helped me structure my sustainable purchasing process. This really creates a virtuous circle because we are all the suppliers of someone and it’s in our interests for the process to work.” n
GLOBAL COMPACT: THE WORLD’S LARGEST CSR INITIATIVE Just like GEM or Smartclic, the design agency in charge of creating this magazine, Arkema is part of the UN Global Compact. This voluntary initiative unites companies, organizations and UN agencies in order to create a global movement with the goal of implementing ten fundamental principles on human rights, labor, the environment and anti-corruption. By supporting action on broad societal goals, this framework provides an international platform for exchange, action and collaboration. It’s the largest CSR initiative in the world. Source : http://www.globalcompact-france.org/ (March 2018)
Joël TRONCHON GEM ESC 1994 GEM ESC 2013 sponsor
Director of Sustainable Development SEB Group
“Say no to planned obsolescence and yes to the circular economy!”
F
or more than ten years, the SEB Group has implemented an aggressive strategy in terms of sustainable development. Located in 150 countries, the specialist of household appliances decided to ensure all of its activities were sustainably developed. In 2008, Joël Tronchon joined the group as Director of Human Resources for Téfal before becoming the group’s Director of Sustainable Development in 2011. It’s a “never-ending” mission he pursues with energy and a firm conviction.
Sustainability is an enormous topic. What’s the priority for the SEB Group?
“Ethics comes first. Before doing anything, your internal perspective has to be legitimate. With more than 40 industrial sites worldwide and half of our turnover created in developing countries, the group’s exposure is enormous. Analysts have high expectations and we are evaluated on a wide variety of topics. As a result, we implemented a global ethics code. We ensure it’s properly followed and we carry out ethical, social and environmental audits at all of our factories in developing countries. We also have a sustainable purchasing policy for our global suppliers. It’s a never-ending mission, but it’s essential.”
The lifecycle of small household appliances is getting shorter and shorter. Is this compatible with sustainable development?
“We make it possible by producing robust and durable products with high quality standards. We sell nine products per second and these products require lots of materials and energy while also producing waste. We are conscious of the fact our activity has a high impact on the environment. It’s for this reason that ten years ago we launched a vast effort to reflect upon the ability to repair our
products. The result is that we can now guarantee the availability of replacement parts for at least ten years.”
What are the primary changes the group had to implement?
“We had to rethink our entire model from product design to customer service. To ensure a product can be repaired, it has to be easily taken apart and reassembled. Replacement parts have to be available at lower costs and the customer has to have easy access to an accredited repair person anywhere in the world. This little revolution required lots of innovation and investment. An entire factory was dedicated to this activity. It currently manages six million replacement parts! ”
What’s the return on investment?
“Not all environmentally-oriented solutions are profitable in economic terms. But it’s a worthwhile investment in terms of our reputation. Today, the fact our products are easy to repair is easily seen thanks to a logo displayed on each product. It’s something that differentiates us from the competition and encourages customer interest in our products. More and more consumers are looking to support responsible brands. It’s for this reason I really don’t believe in planned obsolescence.”
Is this reality true around the world?
“The trend is very strong in France and Europe, and many asian countries are gaining awareness on this subject. They are realizing the impact of global warming and starting to act on questions related to waste and the circular economy. In South America, repairing and re-using products is a common practice. Only the U.S. appears to present a real roadblock.”
Will the circular economy be the model of the future?
“I sincerely believe it will. It’s a challenge that is all the more interesting because you cannot overcome it alone. It requires input from many actors: suppliers, local authorities, environmental organizations, etc. But it has to be a sincere strategy. The circular economy is a value that is deeply rooted at SEB and many key players are involved. That’s also why it works.” n
FROM LINEAR TO CIRCULAR ECONOMY The circular economy is a model that aims to produce goods and services in a sustainable manner by limiting consumption, wasted resources (raw materials, water, energy, etc.) and the production of waste. In contrast to the linear economy, which extracts, produces, consumes and throws away, the circular economy is based on reducing waste, increasing how much we can extract from resources and decreasing the impact on the environment. sources : www.ecologique-solidaire.gouv.fr/leconomie-circulaire www.ademe.fr/expertises/economie-circulaire
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
* *COVER STORY
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : DONNER DU SENS À SA CARRIÈRE Partie prenante des stratégies de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique, la transition énergétique induit un ensemble de changements majeurs dans les modes de production, de distribution et de consommation d’énergie un peu partout dans le monde. De nouveaux business modèles émergent offrant, pour certains, des occasions de carrières nouvelles. D’autres y trouvent le moyen de (re)donner du sens à leur carrière et d’être en phase avec leurs valeurs. Autant de nouvelles voies illustrées par les diplômés qui ont accepté de témoigner dans ce dossier.
THE ENERGY TRANSITION: CREATING A MEANINGFUL CAREER Energy transition is an essential component of sustainable development and the fight against global warming. This transition requires major changes around the world and affects the energy industry from production to distribution and consumption. With the rise of new business models, it presents opportunities for new careers. The importance of this transition also provides many professionals with the opportunity to find new meaning in their work and stay true to their values. All of these possibilities are highlighted by the alumni who were willing to participate in this cover story.
Eclairage Insights Alors que le secteur de l'énergie traverse une période de changements sans précédent, toute décision ou orientation en matière de politique énergétique est soumise à de nombreuses incertitudes. Pour autant, pour Carine Sebi, spécialiste des politiques publiques énergétiques, la transition énergétique offre une occasion unique de penser différemment. As the energy sector is undergoing a period of unprecedented change, all decisions and strategies in terms of energy policy are somewhat uncertain. However, Carine Sebi, an expert on public energy policy, underlines that this transition offers a unique opportunity to change our way of thinking.
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Un nouveau modèle économique Si tout le monde s’accorde à dire qu’il faut basculer des énergies fossiles vers les énergies nouvelles, il reste encore à trouver le mix énergétique qui permet de produire et de fournir l’énergie dont nous avons besoin de manière suffisamment efficace et souple en offrant un niveau de service équivalent. Parallèlement, nous devons revoir nos modes de consommation. Le prix et la disponibilité de l’énergie nucléaire ont conduit à des modes de consommation moins responsables. Pour réussir la bascule, les pays développés doivent entièrement revoir leur manière de consommer tandis que les pays émergents doivent décarboner tout en maintenant un niveau de développement économique performant.
A new economic model While everyone agrees that we have to move from fossil fuels to newer sources of energy, there is much debate in terms of how to balance various sources in order to produce and distribute energy in a flexible and efficient manner that provides equivalent levels of service. At the same time, we have to rethink our consumption. The price and availability of nuclear energy has led to irresponsible consumption. To successfully implement this transition, developed countries have to completely rethink their energy consumption practices and developing countries have to lower their carbon footprint while maintaining economic growth.
Carine SEBI
Enseignant-chercheur à Grenoble Ecole de Management
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Professor and researcher at Grenoble Ecole de Management
Une bascule mondiale L’accord international signé en 2015 à Paris lors de la COP21 est un bon signal. Après une phase d’observation et d’évaluation des politiques menées en Europe et aux Etats-Unis, les pays émergents déploient des plans d’actions adaptés. L’Inde et la Chine ont compris qu’ils devaient investir dans les nouvelles énergies dès maintenant s’ils ne veulent pas payer la facture plus tard. Des initiatives très encourageantes sont en train de voir le jour en Amérique du Sud, au MoyenOrient, en Asie du Sud-Est également. Le mouvement général va dans le même sens et la position isolationniste des Etats-Unis ne devrait pas être payante.
A global change
La transition énergétique offre une occasion unique de penser différemment
Energy transition is a unique opportunity to change our way of thinking
The agreement signed in Paris during the 2015 COP 21 is a promising sign. After observing and evaluating policies in Europe and the U.S., developing countries are implementing appropriate action plans. India and China have understood that they must invest in new energy sources if they don’t want to pay a higher bill later on. There are promising initiatives in South America, the Middle East and Southeast Asia. Overall, countries are moving together in the right direction, and the U.S.’s isolationist movement will probably not pay off.
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Agir avec et pour des consom’acteurs La transition énergétique implique une remise à plat des business models de toutes parts : producteurs, distributeurs, fournisseurs et consommateurs. Cela fait naître de nouveaux marchés et de nouvelles manières de penser les choses. Les consommateurs ne sont plus passifs et de plus en plus impliqués. Pour les acteurs de ce marché, ce sont des challenges permanents dans la manière d’imaginer les modèles et de les faire accepter.
Acting for and with consum’actors The energy transition requires producers, distributors, suppliers and consumers to completely revisit conventional business models. This creates new markets and ideas. As consumers become engaged, they are no longer passive onlookers. The actors in each market have the continuous challenge of inventing new models and convincing others to accept them.
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Contribuer à changer le monde Helping to change the world Chloé JOLY GEM ESC 2013 Chef de projet, ekWateur Project Manager, ekWateur
J’ai rencontré des gens qui, comme moi, veulent changer les choses
A sa sortie d’École, Chloé est embauchée dans un cabinet de conseil. Mais très vite elle remet en question l’utilité de son job. Alors quand ekWateur se lance sur le marché de la fourniture d’énergie alternative elle n’hésite pas à rejoindre l’équipe. « J’ai rencontré des gens qui, comme moi, veulent changer les choses. Nous sommes tous portés par l’écologie et avons envie de faire évoluer les mentalités. ekWateur incarne un système différent dans lequel je crois profondément. » Fournisseur d’électricité et de gaz 100% renouvelables, ekWateur propose un modèle innovant dans lequel le client a le choix et devient consom’acteur. Un modèle qui repose sur la force de la communauté et le parrainage. Et ça marche puisqu’en mars 2018, soit un an et demi après son lancement officiel, l’entreprise comptait déjà 23 salariés et 54 000 clients. Ils ont même remporté le lot « petit producteur 100% renouvelable » de l’achat groupé énergie organisé par l’association française UFC Que Choisir.
Un pari gagnant I met like-minded people who wanted to change the way things are done
« Lorsque j’ai rejoint cette start-up, j’ai fait un énorme pari. Mais c’était l’occasion ou jamais de pouvoir contribuer à quelque chose ». Et Chloé ne le regrette pas : chaque matin, en arrivant dans l’entreprise, elle ne manque pas de puiser force et inspiration dans les messages apposés sur les murs du style « Qu’importe je me bats, je me bats, je me bats » ou « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ».n
GEM : une Ecole engagée vers le zéro déchet C’est l’engagement pris par Loïck Roche, Directeur général, d’ici 2020. Plusieurs actions sont déjà déployées : réalisation d’un bilan carbone, achat d’électricité 100% verte, collecte des déchets d’appareils électriques et électroniques, mise en place d’un plan de mobilité, développement du télétravail, etc.
Upon graduating, Chloé was hired by a consulting firm, but she soon questioned the usefulness of her job. When ekWateur was entering the distribution market for alternative energy, she jumped at the chance to join the team. “I met like-minded people who wanted to change the way things are done. We’re very motivated by the environment and want mentalities to evolve. ekWateur represents an alternative system that I believe in deeply.” The company supplies 100% renewable electricity and gas using an innovative model in which customers have choices and can become consum’actors. The model is built on a community with referrals and seems to be working well. In March 2018 (a year and a half after its official launch), the company had 23 employees and 54,000 customers. The company also won the “100% renewable small producer” award given by the French association, UFC Que Choisir.
A winning bet “I took a risk joining this startup, but it was the opportunity for me to help build something.” And Chloé doesn’t regret her choice. Every morning, she enters the office with new inspiration thanks to messages pinned on the office walls such as “No matter what, I will fight, fight, fight.” or “It’s at night that it’s beautiful to believe in light." n
GEM zeroes in on waste Loïck Roche, the school’s Director, committed to a zero waste goal for 2020. Several actions have already been launched: an analysis of the school’s carbon footprint, purchasing 100% green electricity, specific waste collection for electrical equipment, the implementation of a mobility plan, expanding telecommuting, etc.
Mobiliser pour faire bouger les lignes An engagement to foster evolution Anne BRINGAULT GEM ESC 1989 Coordination Transition énergétique chez Réseau Action Climat et CLER (association française agréée pour la protection de l'environnement) Energy Transition Coordinator at Réseau Action Climat and CLER (a recognized French association for environmental protection)
Je crois que le modèle doit évoluer vers une plus grande décentralisation avec des ressources adaptées à chaque territoire I believe the model has to evolve to be more decentralized with resources that match the needs of each region
A sa sortie de l’École, Anne part 18 mois en Suède où elle découvre un nouveau rapport à la nature. Puis, de retour à Paris, après onze ans en cabinet de conseil, la question du sens de son travail commence à se poser. Son fils a déclenché des allergies et elle découvre le rôle de la pollution de l’air comme facteur aggravant. Il est temps pour elle de s’engager. En 2005, elle prend la direction de l’association Les Amis de la terre. Puis s’empare de la question de la précarité énergétique au sein de l’association Les amis d’Enercoop dont elle est toujours Présidente. Les questions environnementales ne la quitteront plus.
After finishing school, Anne went to Sweden for 18 months where she discovered a new relationship with nature. Later, after working 11 years in Paris for a consulting firm, she began to question the meaning of her work. When her son developed allergies, she discovered that air pollution was a major trigger. It was time for her to get involved. In 2005, she became the director of the association Friends of Earth. She then worked on energy insecurity with the association Les amis d’Enercoop, of which she is still president. Since then, environmental issues have continued to be a part of her life.
La force venue du bas
The power of local action
En septembre 2012, alors que François Hollande lance un grand débat sur la transition énergétique en France, Anne est appelée à la coordination du travail des ONG au sein de deux structures complémentaires : Réseau Action Climat et CLER. Toutes deux fédèrent plus de 300 acteurs associations, collectivités locales, entreprises…- qui oeuvrent pour faire de la transition énergétique une réalité en France. Des acteurs qu’elle doit mobiliser pour porter ensemble, d’une même voix, un message fort vis-à-vis des pouvoirs publics. « L’enjeu est très clair : nous devons parvenir à changer de modèle énergétique en réduisant la consommation et en développant les énergies renouvelables. Être le plus uni possible pour porter ensemble ce message est indispensable pour parvenir à faire front face aux acteurs dominants du système énergétique actuel. » Si elle reconnaît que sa mission n’est pas toujours simple, Anne croit fermement à la force venue du bas. « Même si au niveau national ça bloque encore parfois, ça fait du bien de voir que des citoyens, des collectivités et des entreprises mènent des initiatives très encourageantes à l’échelle locale et s'engagent vers le 100 % énergies renouvelables. Notre système énergétique va évoluer vers une plus grande décentralisation en s'appuyant sur des ressources adaptées à chaque territoire. Comme dans un vol d’étourneaux, ce n’est pas par la tête que se fait le mouvement. » n
In September 2012, when François Hollande was calling for a national debate on energy transition, Anne was asked to coordinate the work of NGOs in two complementary networks: Réseau Action Climat and CLER. Both networks unite more than 300 actors (associations, local authorities, companies, etc.) that collaborate to create a successful energy transition in France. Anne is in charge of motivating all of these actors to communicate a single, strong message to the government. “The stakes are clear: We have to change our energy model by reducing consumption and developing renewable energies. It’s essential for us to be united in communicating this message as we face opposition from conventional and dominant actors in our current energy system.” While her mission is not always easy, Anne strongly believes in the power of local action. “Even if things get stuck on a national level, it’s great to see citizens, local authorities and companies implement local initiatives and work towards achieving 100% renewable energy. Our energy system will evolve to be more decentralized with resources that match the needs of each region. Like in a flock of starlings, it’s the not leader that creates movement.” n
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
Eduquer le consommateur Educating the consumer François DESJARDINS GEM ESC 2016 Consultant, CGI Business Consulting
Il est indispensable d’éduquer le consommateur en parallèle du travail fait en amont par les fournisseurs et les producteurs It’s essential to educate consumers as well as work with suppliers and producersare done
Le goût pour le développement durable, François le développe pendant son parcours à l'école. Secrétaire Général de l’association étudiante IMPACT, il participe à la promotion d’ECOFEST, un label destiné à tous les organisateurs d’événements qui s’inscrivent dans une démarche environnementale responsable. « Nous avons développé ce label en premier lieu au sein de GEM, puis nous avons formé des équipes d’autres Grandes Ecoles de manière à pouvoir étendre la portée du label. Cette expérience m’a donné envie de développer une expertise dans ce secteur. » François choisit alors de partir en double diplôme à Georgia Tech suivre un MBA en Stratégie et Développement Durable. Aujourd’hui il est consultant au sein de la branche Energy & Utilities du cabinet CGI Business Consulting et travaille aux côtés d’acteurs clés comme EDF, ENGIE ou l’ADEME. A travers une mission d’évaluation d’un tableau de bord de l’habitat, il a pu mesurer l’importance de l’implication des consommateurs dans l’évolution des modes de consommation de l’énergie. « Il est indispensable d’éduquer le consommateur en parallèle du travail fait en amont par les fournisseurs et les producteurs. Nous avons pu observer qu’il était possible de baisser la consommation d’énergie à travers le passage aux ampoules LED, le renouvellement des appareils électriques ou le lavage à basse température par exemple. Mais pour que cela fonctionne, il faudrait que chaque foyer, et en priorité les foyers en situation de précarité énergétique, puisse disposer d’un affichage détaillé de sa consommation. Le fournisseur a également son rôle à jouer en incitant le consommateur à réduire sa consommation. Avec les énergies renouvelables, le fournisseur n’aura plus à gérer le volume fourni mais va devenir un fournisseur de services. » n
François’s interest in sustainable development blossomed during his experience at school. As general secretary of the student association, IMPACT, he helped promote ECOFEST, a label for event organizers who engage in responsible environmental initiatives. “At first, we developed this label at GEM. Then we teamed up with other business schools to extend the label’s reach. This experience made me want to expand my expertise in this field.” François chose to earn a double degree with Georgia Tech and then an MBA in Strategy and Sustainable Development. He is currently a consultant for the Energy & Utilities branch of CGI Business Consulting. He works with key actors such as EDF, ENGIE or ADEME. Thanks to a project to evaluate housing consumption, he realized the importance of consumer engagement. “It’s essential to educate consumers as well as work with suppliers and producers. For example, we observed that it’s possible to lower energy consumption through the use of LED light bulbs, renewing electrical devices or using low temperature wash cycles. But for this to work, every household, and in particular households whose energy supply is unstable, have to have clear information about their consumption. The supplier has a role to play in encouraging consumers to lower their consumption. With renewable energies, suppliers no longer have to manage volume, instead they become service providers.” n
IMPACT : une association engagée
IMPACT: Students take action
Association d’entrepreneuriat social promouvant le développement durable, IMPACT a été créée en 2006 au sein du couloir associatif de GEM. Elle compte aujourd’hui 80 membres impliqués dans des projets aussi divers que la distribution de paniers de produits locaux, l’organisation d’ateliers de bricolage pour les étudiants souhaitant se meubler à bas prix, la sensibilisation au développement durable dans les écoles primaires, des ateliers informatiques auprès des personnes âgées, de la finance éthique et bien d’autres encore. Comme le souligne leur Présidente, Clotilde Bignard, tous tirent leur motivation “dans le plaisir d’agir.”
This student association for social and sustainable entrepreneurship was created in 2006 at GEM. IMPACT currently has 80 members who are involved in a wide variety of projects such as local food baskets, DIY workshops for students looking to build their own furniture cheaply, raising awareness in primary schools for sustainable development, IT workshops for retirees and ethical financing. As underlined by the association’s president, Clotilde Bignard, every member is motivated by the “enjoyment of taking action.”
Offrir de nouveaux débouchés New career prospects Céline AUBRY GEM MS 2017 - ESC 2016 Chef de projet solaire, ENERPARC Solar Project Manager, ENERPARC
Les énergies nouvelles sont un secteur d’avenir qui foisonne d’innovations. Des idées émergent sans cesse avec de nouvelles façons de penser New energy sources create a sector full of innovation. New ideas and ways of thinking are constantly emerging
Lorsqu’elle doit chercher son premier stage, Céline s’oriente directement vers l’environnement et plus particulièrement les énergies renouvelables. « Je voulais trouver une mission qui avait du sens et dans laquelle je me sentirais utile ». Bingo ! Elle part trois mois au Burkina Faso participer à un programme d’Etat autour d’un barrage hydroélectrique. Puis elle rejoint la branche Energies Nouvelles d’EDF pour faire du business development. Là, elle prend conscience que si elle veut poursuivre dans ce secteur, il lui faut une formation plus technique. Elle s’engage alors dans le Mastère Spécialisé Management et Marketing de l’Energie qui lui ouvre de nouveaux horizons professionnels. « Les énergies nouvelles sont un secteur d’avenir qui foisonne d’innovations. Des idées émergent sans cesse avec de nouvelles façons de penser. Les jeunes diplômés y ont une vraie place et peuvent rapidement gagner en légitimité. »
Le challenge de l’Afrique Aujourd’hui, Céline participe au développement de l’activité d’ENERPARC, un producteur de centrales photovoltaïques allemand, sur le marché français. Cette société, créée en 2008, a déjà installé plus de 200 parcs photovoltaïques en Europe. Si elle reconnaît qu’il y a encore beaucoup à faire en France, l’Afrique demeure sa destination de prédilection. « Il y a énormément de challenges à relever sur ce continent. C’est très stimulant aussi car la mise en service d’une nouvelle centrale photovoltaïque à un impact plus visible et important en Afrique qu’en France. » n
When looking for her first internship, Céline immediately sought out opportunities tied to the environment, and more precisely, renewable energy. “I wanted to find a mission that had meaning and where I would feel useful.” And, bingo! She left for three months to go to Burkina Faso as part of a government program for a hydroelectric dam. She then joined the New Energies branch of EDF to work on business development, at which point she realized that she needed more technical expertise if she wanted to continue in this sector. She joined the Advanced Master’s of Energy Management and Marketing in order to open new doors for her career. “New energy sources create a sector full of innovation. New ideas and ways of thinking are emerging all the time. Recent grads can really contribute and quickly earn respect.”
The challenge of Africa Céline is currently working on the development of ENERPARC’s activity in France. Since its creation in 2008, this German producer of photovoltaic plants has already installed 200 photovoltaic parks in Europe. While the company recognizes there is still lots to be done in France, Africa is its number one direction. “The continent presents many challenges. It’s also very motivating because the installation of a photovoltaic plant in Africa has a much more visible impact than in France.” n
L’énergie : une expertise clé de GEM
Energy: a key expertise at GEM
Depuis plusieurs années, GEM a fait de l’énergie et du changement climatique une expertise à part entière. Grâce aux travaux de recherche menés sur cette question, l'Ecole propose, depuis trois ans, un MOOC autour des problématiques de transition énergétique et de développement durable. La dernière édition baptisée New Energy Technologies a été lancée en avril 2018. Elle réalise par ailleurs un baromètre du marché de l’énergie qui permet d’observer, par un suivi régulier, les grandes tendances et les principaux défis du secteur énergétique en France.
For several years, GEM has focused on developing its expertise on energy and climate change. Research work in this field has enabled the school to offer a MOOC on the subject of the energy transition. The third edition, called New Energy Technologies, was launched in April 2018. The school also publishes an energy market barometer that follows the trends and challenges of the energy sector in France.
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Participer à la révolution de la mobilité et de l’énergie Participating in the mobility revolution Frédéric RIDOU GEM ESC 2000 Business Development Manager Charge Point (Berlin)
Les bornes de recharge de véhicules électriques sont le point de rencontre de deux mondes qui connaissent une révolution technique, économique et sociétale sans précédent : celui de la mobilité et celui de l’énergie Charge stations are a meeting point for the energy and mobility sectors, both of which are undergoing unprecedented technical, economic and societal revolutions
C’est du côté des véhicules électriques que Frédéric vit la transition énergétique. Après un stage de fin d’études chez Total (ELF à l’époque) à Berlin, il rejoint SAFT, champion français des batteries. On est au début des années 2000 : une première génération de véhicules électriques tire à sa fin. L’innovation dans le domaine du stockage d’énergie se concentre alors sur les nouvelles applications liées aux énergies renouvelables et aux réseaux électriques intelligents. « Dès le début, j’ai senti que des évolutions cruciales allaient se passer dans ce secteur et que ma double compétence acquise à GEM était un vrai atout. » Il suit en parallèle un Mastère Spécialisé Management de l’Energie pour ensuite devenir responsable du marché allemand alors à la pointe sur ces sujets. Après un passage comme directeur Europe d’une start-up australienne, également dans le stockage, il est aujourd’hui en charge de partenariats stratégiques pour ChargePoint en Europe, premier réseau mondial de bornes de recharge connectées pour véhicules électriques. « Les bornes sont le point de rencontre de deux mondes qui connaissent une révolution technique, économique et sociétale sans précédent : celui de la mobilité et celui de l’énergie. Venant de la Silicon Valley, nous savons concevoir et mettre en œuvre les business models qui contribueront à leur réussite. Après plusieurs années dans de grosses structures où la prise de décision n’est pas toujours simple, j’apprécie de travailler dans un environnement agile où tout va vite et dans lequel je peux agir avec responsabilité. » n
Frédéric views and participates in the energy transition from the perspective of electric vehicles. He started out with an internship at Total (previously called ELF) in Berlin and then he joined SAFT, a French leader in the battery sector. At the time, the first generation of electric vehicles were winding down. After which innovation in the energy storage sector was primarily focused on new applications for renewable energy and smart networks. “Right off the bat, I realized that crucial evolutions were going to take place in this sector and that my double skillset from GEM would be a real advantage.” While continuing his career, he also earned an Advanced Master’s of Energy Management. This led to a position as head of the German market. After a stint as European director for an Australian startup specialized in energy storage, he joined Charge Point, the first global network for electric vehicle charge stations, as head of strategic partnerships. “Charge stations are a meeting point for the energy and mobility sectors, both of which are undergoing unprecedented technical, economic and societal revolutions. With our background in Silicon Valley, we know how to design and implement business models that contribute to their success. After several years working for larger organizations where decision-making wasn’t always an easy process, I appreciate working in an agile environment where everything moves fast and I can act under my own responsibility.” n
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Made in GEM La communauté des entrepreneurs Community of entrepreneurs
Coffee and cosmetics: a circular economy
Alejandro FRANCO Juan MEDINA Camilo FERNANDEZ
GEM BIB 2016 (all 3) Co-fondateurs / Cofounders Kaffee Bueno
Du café aux cosmétiques : l’art de l’économie circulaire Dès leur diplôme en poche, Alejandro, Camilo et Juan, tous trois colombiens, créent Kaffee Bueno. « Le projet a commencé à Londres pendant notre bachelor. Nous fréquentions beaucoup de suédois et avons constaté qu’ils aimaient le café, mais en buvaient rarement du bon. Lorsque nous avons ramené du café de Colombie, leur réaction a été incroyable. Ensuite, nous nous sommes aperçus que les pays scandinaves ont la consommation de café par habitant la plus élevée. Nous avons alors très vite évalué le potentiel que représentait ce marché », explique Alejandro.
Unique en son genre, la stratégie de Kaffee Bueno repose sur un triptyque : « Nous ne voulions pas être un nouvel importateur de café qui ' paie correctement les agriculteurs '. Notre modèle est basé sur l'économie circulaire : nous achetons du café aux agriculteurs à 250% au-dessus du prix du marché en supprimant tous les intermédiaires ; nous offrons à nos clients la possibilité de recycler leurs déchets de café, et enfin, nous extrayons l'huile des dé-
Alejandro, Camilo and Juan, all three originally from Colombia, founded Kaffee Bueno after graduating together from GEM. “The project started in London during our bachelor’s at GEM. We studied with lots of Swedish people who love coffee, but rarely drink good coffee. Their reaction was amazing when we brought some coffee back from Colombia. Afterwards, we saw potential as Scandinavian countries have the highest per capita consumption of coffee,” explains Alejandro.
Kaffee Bueno’s unique approach to the coffee business is divided into three parts: “We didn’t want to simply become another coffee company that ‘pays farmers correctly’. Instead, our model is based on the circular economy. We buy cofchets de café collectés et l’utilisons pour fabrifee from farmer’s at 250% above market price quer des produits cosmétiques commercialisés by cutting out all intermediaries; we offer clients sous notre marque Bueno Naturals.» the opportunity to recycle their coffee waste; and finally, we extract oil from collected coffee waste Kaffee Bueno a pu développer son concept et in order to create new value s'installer à Copenhague grâce à une subvention danoise pour Nous ne voulions pas être through Bueno Naturals, our cosmetics brand.” l'innovation. « Nous vendons du
un nouvel importateur de
Kaffee Bueno was able to devecafé depuis un an, mais cela ne café qui “paie correcte- lop its concept and set up its bureprésente que 5% de notre acsiness in Copenhagen thanks ment les agriculteurs” tivité. Le recyclage est au cœur to a Danish innovation grant. de nos priorités. Nous sommes en contact avec les commer- We didn’t want to simply “We’ve been selling coffee for the last year, but it’s only 5% become another cofçants (cafés, hôtels, etc.) pour of our work. We’re focusing on lesquels nous cherchons à fee company that ‘pays the recycling business by interproposer un service de collecte farmers correctly’ viewing coffee waste producers des déchets facile d’utilisation. (cafés, hotels, bars, etc.) in orNous préparons également une der to offer a practical waste collection service. levée de fonds pour construire la première bioWe’re also preparing a round of seed funding raffinerie de déchets de café en Scandinavie, to build Scandinavia’s first coffee bio-refinery, dont l'huile de café extraite pourra être utilisée which will extract coffee oil that can be used for dans des produits de cosmétique et paraphara variety of health products.” n macie. » n
Thomas GOURIOU
Ana LABORDE
GEM MS MTI 2015
GEM MIB 2007 CEO & Fondatrice / CEO & Founder
Mont Vrac
BioSolutions
Le vrac : une nouvelle façon de consommer
BioSolutions : une alternative durable au plastique
Docteur en océanographie, Thomas rejoint GEM dans l’idée de faire le lien entre innovation et recherche. Mais là tout bascule. Pendant son alternance, les réalités des grandes entreprises lui apparaissent très loin de ses valeurs. Une collègue lui fait découvrir le vrac, une nouvelle façon d’acheter ses produits en limitant les emballages. Petit à petit l’idée fait son chemin. « Il fallait que je trouve un projet professionnel qui donne du sens à ma vie. J’ai débuté par un état de l’art de la filière du vrac et je me suis vite rendu compte que toutes mes idées existaient déjà. Je me suis alors rapproché des structures existantes ». C’est ainsi qu’il adhère puis est élu au Conseil d’administration de Réseau Vrac, une association interprofessionnelle qui organise et promeut la filière du vrac. Avec 450 membres en France et à l’international, Ré-
seau Vrac accompagne les porteurs de projet, les commerçants et les fournisseurs et travaille sur les aspects juridiques et hygiène d’une filière en pleine expansion. ❱ Renouer avec le commerce de proximité Depuis quelques mois, Thomas a concrétisé son rêve en ouvrant une épicerie zéro déchet, à Voiron en Isère. Souhaitant renouer avec le commerce de proximité, il ne propose que des produits naturels et de préférence locaux. « Les produits ne sont pas forcément bio mais respectent un cahier des charges précis que je valide auprès du fournisseur, qui est soit producteur soit transformateur. » En parallèle, Thomas propose des ateliers DIY*. L’occasion pour lui de valoriser cette nouvelle façon de consommer tout en favorisant les rencontres. n * DIY : Do it yourself - Fais-le toi-même
Packaging-free stores: the way of the future With a doctorate in oceanography, Thomas came to GEM with the goal of connecting innovation and research. But then, everything changed. During his work/ study program, he realized the values of major corporations were very different from his own. When a colleague of his introduced him to buying unpackaged goods, a concept began to blossom. “I needed to find a professional project that gave meaning to my life. I started out by reviewing the current state of the zero-packing industry. Once I realized that my ideas had already been implemented, I decided to connect with an existing organization.” As a result, he joined and was elected to the board of directors of the Réseau Vrac, a no-packaging association composed of 450 professionals around the world who work on legal and hygiene issues
created by selling goods without packaging. ❱ Rebuilding ties with local businesses Several months ago, Thomas’s dream project officially took off: He opened a zero-waste supermarket in Voiron, Isère. To support local businesses, Thomas only sells natural products, and if possible, locally produced ones. “My products are not necessarily organic, but they respect a bill of specifications that I set with suppliers, both producers and sellers of processed goods.” At the same time, Thomas offers DIY workshops to help develop this approach to consumerism all the while creating an opportunity for friendly get-togethers. n
Depuis longtemps, Ana a un sens de l’entrepreneuriat très développé. À huit ans déjà, elle a l’idée de vendre de la citronnade aux personnes sortant de la salle de fitness située près de chez elle. Après plusieurs années dans le secteur des matériaux, de la logistique puis du service client, Ana est prête à revenir à ses racines entrepreneuriales. « Au cours de mon Master, j'ai commencé à faire des recherches sur les fibres d'agave en tant que biomasse pour les bioplastiques. BioSolutions a été créée en 2010 pour offrir une alternative durable aux plastiques traditionnels. Nous avons pu financer notre phase de R&D grâce à un prix de 46000 USD décerné par l’Université Tec de Monterrey dans le cadre d’un concours de business plans. » BioSolutions a ensuite breveté sa technologie au Mexique et aux États-Unis. « Notre technologie permet de produire des composites de fibres naturelles à partir d'agave et
de cellulose et nous a valu d’être financé par l’Economic and Science Bureau de Mexico. » En 2012, après l’ouverture de la première usine pilote de BioSolutions, le MIT* Technology Review a élevé Ana au rang des dix meilleurs entrepreneurs technologiques du Mexique. BioSolutions est aujourd'hui leader mondial dans la fabrication de bioplastiques à base d'agave. Ses solutions offrent aux entreprises des performances équivalentes à celles du plastique traditionnel tout en réduisant l'empreinte carbone de l'utilisateur. Pour preuve du succès de l'entreprise, la société Heineken a récemment fait fabriquer des verres réutilisables à partir de matériaux de BioSolutions pour le concert « Vive Latino ». Fabriqués à partir des écorces d'orge issues du brassage de la bière, les verres donnent ainsi une seconde vie à la biomasse restante ! n * Massachusetts Institute of Technology
BioSolutions: a sustainable alternative to plastic Entrepreneurship has long been a part of Ana’s character. At eight years of age, she began her entrepreneurial career selling lemonade to people leaving their aerobics class at the gym near her home. After several years working in materials, logistics and then customer service, Ana was ready to come back to her entrepreneurial roots. “As part of a master’s program, I started researching agave fibers as a biomass for bioplastics. BioSolutions was founded in 2010 to provide a sustainable alternative to traditional plastics and our R&D phase was funded thanks to a $46,000 prize awarded by the Business Plan Competition at Tec de Monterrey.” BioSolutions went on to patent its technology in Mexico and the U.S. “With our proprietary technology to produce natural fiber composites
from agave and cellulose, we were awarded seed capital funds from the Economy and Science Bureau in Mexico.” In 2012, after the launch of BioSolutions first pilot plant, the MIT Technology Review recognized Ana as one of the ten most outstanding technology entrepreneurs in Mexico. BioSolutions is now the world leader of agave-based bioplastics. Its bioplastics solutions offer businesses equivalent performance as compared to conventional plastic all the while reducing the user’s carbon footprint. As a recent example of the company’s success, the Heineken company used BioSolutions cups at the “Vive Latino” concert. The cups are made from barley husks, thus giving a second life to the biomass leftover from beer brewing! n
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#05 ÉTÉ | SUMMER 2018
Learn
Apprendre Mia BIRAU
GEM PhD 2016 Professeur Assistant / Assistant Professor
ESDES Lyon Business School
Psychologie du gaspillage alimentaire Alors que plus de 800 millions de personnes souffrent de malnutrition, le gaspillage alimentaire reste un problème majeur à l’échelle mondiale : un tiers des aliments est gaspillé chaque année, soit du fait de problèmes de transport et de stockage dans les pays en développement soit de mauvais comportements de la part des consommateurs dans les pays développés. D’après la recherche, les facteurs psychologiques impactent chaque étape de la chaîne alimentaire, depuis la préparation et l’acte d’achat jusqu'à la façon de cuisiner, de consommer et d’éliminer les aliments. « Il est essentiel de considérer comment notre état d'esprit influence le comportement. Bien que de nombreux facteurs interviennent, trois sont particulièrement intéressants à observer : l'esthétique, l'excès et le compostage. » 1. L'esthétique de l’aliment « Nous sommes naturellement attirés par ce qui est beau. En conséquence, nous avons une forte tendance à éviter les légumes et les fruits «laids» ainsi que les emballages endommagés ou déformés. » 2. L’excès d'apparence « Nous aimons montrer une image positive de nous-mêmes (par exemple, un parent responsable ou un hôte accueillant). Cela nous amène à acheter ou à faire cuire des aliments
en quantité abondante qui ne seront pas forcément consommés. C’est l’exemple typique du parent qui achète beaucoup de légumes pour que sa famille soit en bonne santé, quitte à ce que cela soit perdu s'ils sont incapables de tout manger. » 3. Compostage : soulager sa culpabilité
The psychology of food waste
Despite the fact that more than 800 million people suffer from malnourishment, food waste continues to be a major issue with a third of our global food supply being squandered every year. Whereas transportation and storage are the main sources of food waste in developing countries, consumer behavior is the primary factor in developed countries. Research highlights that psychological factors affect every step of the food chain, from preparing your purchases to purchasing, cooking, eating and disposing of food. “It’s essential to consider how our psychological mindset influences behavior. Although there are many factors, we can highlight three that I find particularly interesting: aesthetics, excess and composting.” 1. The aesthetics of food “We are naturally attracted to what looks good. As a result, we have a strong tendency to avoid ‘ugly’ vegetables and fruits as well as damaged or deformed packages.”
2. Excess for appearances sake « La recherche montre que lorsque vous “We like to show a positive image of ourselves recyclez du papier, cela vous déculpabilise (e.g., a responsible parent or d’utiliser plus de papier. Le a welcoming host). This leads Si vous cuisinez en quantité même phénomène peut us to purchase or cook excess trop importante pour le être constaté en matière de food that won’t be eaten. For dîner, ne vous sentez-vous gaspillage alimentaire avec example, a parent might buy le compostage. Si vous pas moins coupable parce lots of vegetables because cuisinez en quantité trop que vous pouvez composter they want their family to be importante pour le dîner, healthy, but this goes to waste les restes ? ne vous sentez-vous pas if they’re unable to eat all that’s moins coupable parce que If you cook too much food for purchased.” vous pouvez composter les dinner, do you feel less guilty 3. Composting: relieving guilt restes ? ». because you can compost it? “Research shows that when Les questions liées au gasyou recycle paper you feel less pillage alimentaire peuvent guilty about using more paper. It’s interesting to constituer une opportunité pour les entreprises. see this idea translated to food waste and com« Cela peut sembler contradictoire de combiposting. If you cook too much food for dinner, do ner efficacité marketing et volonté de réduire le you feel less guilty because you can compost it?” gaspillage alimentaire. Mais des campagnes The issue of food waste is also interesting for bucomme celles de Carrefour pour convaincre siness. “It may seem like a contradiction to comles clients d'acheter des légumes et des fruits bine effective marketing and a desire to reduce « laids » sont très intéressantes. S'il est comfood waste. But there are promising projects such mercialisé correctement, un article « laid » peut as Carrefour’s campaign to convince customers être perçu comme plus naturel et donc plus atto buy ‘ugly’ vegetables and fruit. In fact, if martractif. Les entreprises peuvent certainement keted properly, an ‘ugly’ item can be perceived as trouver de nouvelles façons d'améliorer leurs more natural and therefore desirable. Companies can definitely find many ways to improve their profits en vendant des produits non désirés ! » n profits by selling unwanted goods!” n
L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL :
SOCIAL ENTREPRENEURSHIP:
C’est une manière d’entreprendre qui place l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Quel que soit le statut juridique des entreprises (association, coopérative, SAS, …), les dirigeants sont à la recherche d'un impact social positif. D’où l’intérêt de savoir évaluer la valeur sociale ajoutée de leur activité.
This approach to business encourages economic efficiency as a means to support public interest. Using various legal frameworks (e.g., associations or cooperatives), the founders of such organizations aim to create a positive social impact. As a result, it is interesting to evaluate or quantify the added social value they produce.
Source : mouves.org
Source: mouves.org
une autre façon d’envisager l’entreprise
a new perspective on business
De nombreux entrepreneurs sociaux ont l’impression que les mesures classiques ne reflètent pas pleinement la valeur de leur impact social
Greg MOLECKE
Many social entrepreneurs believe formal measurements don’t adequately convey the full value of their social impact
Evaluer l'impact des entreprises sociales Alors que le nombre d’entreprises sociales continue de progresser, leurs dirigeants comme leurs parties prenantes réclament de plus en plus que leur impact social puisse être mesuré. Mais comment faire ? Des outils formels et objectifs aux données issues du terrain, la tendance actuelle semble tendre vers un mix associant mesures quantitatives et qualitatives. « Les organisations disposent de beaucoup de données. La question est de savoir quoi en faire. Il y a souvent discordance entre les mesures d’impact traditionnelles et les données que les organisations ont en main. Le défi consiste à concilier les deux. » Alors que les grandes fondations et entreprises à but non lucratif disposent des ressources nécessaires pour collecter des données permettant une évaluation précise, la plupart des petites entreprises sociales doivent se contenter des données qu'elles collectent dans le cadre de leurs activités au quotidien. « En outre, d’après nos travaux de recherche, de nombreux entrepreneurs sociaux ont l’impression que les mesures classiques ne reflètent pas pleinement la valeur de leur impact social. » Pour contourner le problème, les entreprises sociales tentent de combiner les données objectives dont elles disposent et celles issues de leurs expériences quotidiennes. « Les entrepreneurs négocient avec leurs parties prenantes pour créer des outils d’évaluation pertinents et rassurants sur leur projet. »
❱ Mesurer l’impact social : une question d’équilibre Les méthodologies formelles pour mesurer l'impact social sont généralement créées par de grandes organisations ou entreprises en réponse à des demandes spécifiques venues des autorités publiques par exemple. « Fort de ce constat, la première chose à faire est de créer des mesures souples et subjectives adaptées à la situation de l’organisation. Cela ne l’empêchera pas d’adopter des méthodologies plus formelles dans un deuxième temps. » Lorsque l’on crée une méthodologie, il faut également garder en tête que la valeur de la mesure de l'impact social ne se fait pas seulement à partir des chiffres. « Le processus de négociation et de collaboration avec les parties prenantes pour développer une méthode d’évaluation est une opportunité unique de partager les connaissances et de renforcer la confiance mutuelle. » Chaque organisation doit ainsi trouver un juste équilibre entre les données objectives et celles qui lui sont propres, entre ce qui est quantifiable et ce qui ne l’est pas. n
GEM PhD 2017 Chercheur / Research Fellow ESSEC Business School
Measuring the impact of social enterprises
As the growth of social enterprises continues to boom, funders and stakeholders have voiced increasing demands in terms of measuring impact. Yet how does one measure social impact? From formal, objective measurements to experiential accounts, the current trend appears to favor a patchwork of quantitative and qualitative measurements.
“Organizations have lots of data. The issue is what can they do with it. There’s often discordance between conventional impact measurement and the data organizations actually have on hand. The challenge is to reconcile the two.” While major non-profit foundations and entreprises have the resources to collect data that matches a particular metric, most smaller social enterprises have to make do with the data they collect as part of their usual activities.“In addition, our research highlighted the fact that many social entrepreneurs believe formal measurements don’t adequately convey the full value of their social impact.” The usual solution to this dilemma is that social entreprises try to combine the operational data they have on hand and what they see and learn from daily experiences. “It’s really a negotiation between the entrepreneurs and the funders and stakeholders in order to create a measurement that provides insightful and reassuring information about the project.”
❱ Measuring your social impact: finding the right balance Formal methodologies to measure social impact are generally created by major organizations or enterprises that have to meet specific requests by funders such as public authorities. “With this in mind, the first thing to remember is that it’s ok to start out by creating a flexible, subjective set of measurements that match your situation. Organizations can get pretty big using such a ‘bricolage’ approach and methodologies can become more formalized later on.” When creating a methodology, also remember that the value of measuring social impact is not just about the numbers. “The process of negotiating and working with stakeholders to develop a measurement method is a unique opportunity to share knowledge and build trust.” In the end, each organization must find its own balance between knowledge and wisdom; between objective data and individual experience. n
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Facts & Chiffres Figures clés Ils déclarent exercer un métier en lien avec le développement durable, la transition environnementale et/ou sociale. Qui sont les professionnels des métiers de la Responsabilité Sociétale en Entreprise ? What can we learn about people who work in the field of sustainable development or environmental and/or social change? Who are the people who manage and implement CSR policies?
QUE DISENT LEURS CARTES DE VISITE ? WHAT DOES THEIR BUSINESS CARD SAY? > Chargé de développement RSE > Chargé de l’engagement sociétal > Directeur développement durable et responsabilité sociale > Responsable performances extra financière et environnement …
> Head of CSR development > Head of societal engagement > Director of sustainable development and social responsibility > Performance manager for environmental and sustainability reporting …
LE CHIFFRE / THE KEY FIGURE Plus de 75% d’entre eux ont un rôle transverse et leur mission implique de travailler sur tout type de sujets en mode projet. Les autres occupent des postes d’experts sur des domaines liés à l’environnement. More than 75% of them have transversal responsibilities and their mission requires them to work on a variety of subjects in ‘project mode’. The rest work as experts in fields related to the environment.
75%
LEUR PROFIL / THEIR PROFILES Très diplômés
Highly educated
59% de femmes female
38ans Moyenne d’âge Average age
90%
61%
de bac+5 ou plus hold a master’s degree or higher
vivent en Île-de-France live in the Île-de-France region
LEURS POINTS DE VUE / THEIR POINT OF VIEW > Quel est le principal apport de la transition
environnementale et sociale dans les entreprises ?
What is the primary benefit of environmental and social transition for companies?
64%
Développer la capacité de l’entreprise à innover Develop a company’s ability to innovate
55%
Engager la motivation des salariés Improve employee engagement
52%
Assurer la pérennité de l’organisation Ensure the organization’s longevity
> Quels sont les principaux enjeux à adresser en priorité ?
What issues are most important?
71% 60% 58%
Environnementaux Environmental
Digitaux Digital
Sociaux Social
> Quel est le premier levier de la transition ?
85%
What is the primary tool to implement a transition? La formation pour 85% d’entre eux 85% consider training to be most important
Source : Etude Birdeo 2017, menée auprès d’un panel de 800 professionnels du Développement Durable et de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise. http://birdeo.com Source: Birdeo 2017 Study, carried out using a survey of 800 sustainability development and CSR professionals - http://birdeo.com
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Carrières
Careers
Yelena NOVIKOVA
Les enjeux ESG au cœur de sa carrière
GEM MIB 2014 Chercheuse Membre du G20 Young Global Changer 2017 G20 Young Global Changer 2017 Researcher
En 2017, Yelena est l’une des cent “Young Global Changers” participant au Sommet Think 20 du G20, où elle représente son pays natal, le Kazakhstan. « J'ai été invitée pour mes travaux de recherche dans le domaine de l'intégration des enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Je m’intéresse particulièrement à la mesure et l'amélioration de l'impact durable des investissements des entreprises. »
❱ La recherche au cœur de sa formation Contrairement à de nombreux diplômés de GEM, Yelena s’est construit un parcours purement académique. « En 2011, j'ai remarqué qu’il y avait peu de recherches sur l’intégration ESG. Cependant, le think tank pour lequel je travaillais n'avait pas les moyens de financer mes recherches sur le sujet. J’ai alors décidé de retourner à l'école. Je me souviens que beaucoup de mes camarades de promo ne voyaient pas nécessairement l'importance de la recherche et s'intéressaient davantage au contenu « pratique » du programme. » Un contenu pratique que Yelena utilise quant à elle comme support de travail pour approfondir ses recherches.
Après son diplôme, Yelena profite de ses nouvelles connaissances pour étudier l'intégration
des enjeux ESG dans les investissements de fonds de pension au Kazakhstan. « Le fonds de pension national au Kazakhstan est un sujet important car il risque la faillite d'ici 2040. Alors que les questions sociales et environnementales sont de plus en plus présentes, il semble logique que notre fonds de pension prenne en compte ces enjeux. »
Research: shaping the future of business In 2017, Yelena was one of a hundred Young Global Changers invited to the G20 Think 20 Summit, where she represented her home country of Kazakhstan.
“I was invited because of my continuing research efforts in the field of ESG (environmental, social and governance) integration, which focuses on measuring and improving Les politiques publiques jouent the sustainable impact of business investun rôle décisif dans ments.”
Yelena reçoit une subvention de la Fondation Soros pour travailler sur l'intégration des pratiques les pays en Unlike many GEM graESG dans les polidéveloppement duates, Yelena came tiques publiques. « Les from a purely acadepolitiques publiques Public policy mic background. “Back jouent un rôle décisif in 2011, I noticed a gap dans les pays en déis particularly in the field of ESG reveloppement. La pluimportant search. However, the part des entreprises in developing think tank I worked et des investisseurs countries for didn’t have the dans ces pays sont inresources for me to capables de défendre pursue this topic. As a result, I efficacement une approche ESG. decided to return to school. I reLes politiques mises en œuvre member that many of my classà l’échelle nationale sont essenmates didn’t necessarily see the tielles pour inspirer et guider les importance of research and were entreprises. Et ces politiques sont more interested in ‘practical’ probasées sur la recherche. » Un gram content.” But for Yelena, the lien étroit et stratégique qui lui MIB’s practical course content apparaît d’autant plus indispenon business and finance was a sable au fur et à mesure qu’elle means to improve her research. s’implique dans le programme du G20. n
Upon graduating, Yelena also applied her new knowledge to projects such as ESG integration for pension fund investments in Kazakhstan. “The national pension fund in Kazakhstan is an important topic because it risks bankruptcy by 2040. With the growing importance of social and environmental issues, it seemed logical for our pension fund to consider ESG.” Yelena received a grant from the Soros Foundation to work on integrating ESG practices through public policy.
“Public policy is particularly important in developing countries. Most of the business and investing communities in these countries are unable to effectively champion an ESG approach. Policies implemented by national leadership are key to inspire and guide business. And these policies are based on research.” The more Yelena becomes involved in the G20 agenda, the more she underlines the importance of public policy in shaping business. n
Lucie CODIASSE
GEM ESC 2004 Directrice déléguée à la communication Head of Communications Action Contre la Faim France
L’humanitaire : l’occasion de changer de perspectives Passionnée par la communication et animée par le sens de l’engagement, Lucie a pris un nouveau tournant professionnel. Comme de nombreux diplômés de GEM, Lucie termine son cursus avec de solides compétences en communication et en entrepreneuriat. Elle démarre sa carrière comme chef de projet pour Ideactif, une agence spécialisée dans la communication événementielle pour laquelle elle travaille pendant quatre ans. Puis, elle fonde Brandcasterz, une agence de communication au service de grandes marques comme Reebok, North Face, Samsung ou Orange. « La création d’entreprise fut une belle aventure. Mais certaines journées étaient très longues et n’avaient pas beaucoup de sens. Une fois passée la phase d'excitation liée à la création, je ne pouvais tout simplement plus supporter les réunions sans fin sur des détails sans importance. Je ne voulais plus passer 12 à 15 heures par jour pour simplement encourager le consumérisme. J'avais besoin de changer de perspectives et me sentir utile ! » Alors qu’elle a toujours aimé voyager et s’engager (Croix-Rouge, Téléthon à GEM), Lucie quitte son entreprise pour voyager pendant 18 mois en Amérique du Sud.
Humanitarian work: an opportunity to change perspectives Passionate about communications and motivated by her Lucie managed to give new
« Je voulais prendre le temps de sense of social engagement, comprendre les réalités des gens meaning to her career. en voyageant à mon rythme. » Lucie rentre en France alors qu'une As with many GEM graduates, crise de réfugiés secoue le pays. Lucie finished her degree with a Elle prend alors son sac à dos profile that was strong in terms et part à Calais, où elle passe of communications and entreprequatre mois en tant que volonneurship. She spent the first four taire pour Médecins Sans Fronyears of her career as project matières. « L’expérience fut un choc, nager for Ideactif, an agency spemais cela a confirmé mon désir cialized in event communications. de travailler dans Afterwards, she l’humanitaire. Par Je ne voulais plus passer founded Brandcasla suite, j'ai suivi un 12 à 15 heures par jour terz, which focused programme de forcommunicapour simplement encou- on mation à Bioforce, tion campaigns for rager le consumérisme au cours duquel major brands such j'ai été heureuse de as Reebok, North I no longer wanted to retrouver cinq étuFace, Samsung or diants de GEM en spend 12-15 hours a day Orange. “Creating double diplôme. » with the end goal simply a company was a Lucie a ensuite digreat adventure. being to encourage rigé un programme But, I also had very consumerism d'urgence en Irak long days with little pour Action Contre meaning. Once the la Faim avant de devenir responexcitement of building a company sable de la communication de wore off, I simply couldn’t stand l'ONG. « Ce travail me permet de the never ending meetings about mettre à profit mes douze anunimportant details. I no longer nées d'expérience et de continuer wanted to spend 12-15 hours à exercer un métier que j’aime a day with the end goal simply tout en étant en phase avec mes being to encourage consumerism. valeurs. » n I needed to change perspectives
and feel useful!”
Having always traveled and taken part in social causes (Red Cross, Téléthon at GEM), Lucie quit her company to travel for a year and a half in South America. “I wanted to understand the realities faced by people and take the time to travel at my own pace.” Lucie returned to France during a refugee crisis, which led her to pick up her backpack and travel north to Calais, where she spent four months as a volunteer for Doctors Without Borders. “It was quite a shock, but it confirmed by my desire to do humanitarian work. Afterwards, I took part in a humanitarian training program at Bioforce, in which I was happy to find five students from GEM doing a double degree.” Lucie went on to manage an emergency program in Iraq with Action Contre la Faim before becoming head of communications at the NGO. “This job allows me to put my 12 years of experience to good use.” n
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Snapshot of our
chapters communautés Zoom sur les
GEM Alumni in Sustainability-Transition Nous vous proposons d'échanger à propos d’énergies, de cultures (celles que nous mangeons), d'habitats, de déplacements, de mode de vie, de modèles économiques d'échanges ou solidaires, d'idées, d'expériences, de résultats de recherches : tout ce qui permet de faire avancer nos réflexions et au-delà la société et la planète sur laquelle nous vivons et que nous transmettrons aux générations futures : https://alumni.grenoble-em.com/gem-alumni-sustainability-transition Découvrir tous les groupes thématiques : https://alumni.grenoble-em.com/groupes-thematiques
Join us and let’s exchange about energy, farming, habitats, transportation, lifestyle, business or solidarity models, ideas, experiences, research results and more! Exchanging on these subjects makes it possible take our reflections a step further, beyond the society and the planet on which we live, and that we will pass on to future generations: https://en-alumni.grenoble-em.com/gem-alumni-sustainability-transition See all interest-based groups: https://en-alumni.grenoble-em.com/interest-based-chapters
Olivier DELANNOY GEM ESC 2010 Sophie TROUILLET GEM ESC 2009
GEM Alumni in Geneva/Lausanne C’est Tiphaine qui a représenté le groupe GEM Alumni in Geneva/Lausanne à l’ALS*. « J'y suis allée en tant qu'animatrice avec une envie forte de partager nos projets, faire des rencontres et créer des connections à travers le monde pour notre communauté. Nous avions tous la même envie : faire de notre réseau GEM Alumni une force incontestable pour tous. J'ai vraiment réalisé que GEM Alumni ce n'est pas seulement une communauté locale mais un réseau à travers le monde. » Depuis janvier 2018, le groupe a pu organiser deux conférences et deux G.I.T. S.I.T. (Get In Touch, Stay In Touch) afterwork plus informels. Pour connaitre leurs prochains événements : https://alumni.grenoble-em.com/gem-alumni-geneve
This year, Tiphaine had the opportunity to represent GEM Alumni in Geneva and Lausanne at the ALS*. “I went there with a desire to share our projects, meet other coordinators, and create links around the world to help our community.” “We all had the same goal: make our GEM Alumni network unquestionably strong. I truly realized that GEM Alumni is not only a local community, but a powerful network that spans the globe.” Since January 2018, the chapter has successfully organized two conferences and two more informal G.I.T. S.I.T. (Get In Touch, Stay In Touch) afterwork events. We invite you to join the chapter for their next event: https://en-alumni.grenoble-em.com/gem-alumni-geneva *ALS : Alumni Leaders Summit
Tiphaine BLAIN THOMASSIN GEM ESC 2003 Nicolas DEMIAUX GEM ESC 2002 Clémentine LARGETEAU GEM ESC 1997 Amandine PETIT-JEAN GEM ESC 2002
“Thank you all guys, for very fun, interesting and amazing event, I will never forget amazing and unforgettable applauses and fun club made by you!" Beka
GEM MBA 2017 – GEM Alumni in Tbilissi
It was an amazing weekend to spend with the team. Hope to meet you soon. Heiter GEM MSc 2015 GEM Alumni in Shanghai
Alumni Leaders Summit 2018
Vos animateurs bénévoles s’impliquent ! L’équipe GEM Alumni Relations a accueilli en janvier 2018 vingt-sept animateurs venus du monde entier travailler ensemble sur les outils et échanger leurs bonnes idées pour animer les groupes de diplômés dont ils ou elles s’occupent bénévolement toute l’année. Deux jours rythmés par une présentation de Jean- François Fiorina, directeur adjoint de l’école, des ateliers co-construits et co-animés avec Karine Capelle-Lenoir, GEM ESC 1992, des temps de pauses actives et l’accueil des nouvelles promotions de tous les programmes dans notre réseau pendant la remise de diplômes. Objectif atteint : les animateurs sont repartis plein d’énergie, d’informations, et best practices pour les partager avec vous ! Venez découvrir les évènements qu’elles et ils organisent près de chez vous : https://alumni.grenoble-em.com/groupes-geographiques
Your volunteer coordinators get involved!
In January 2018, the GEM Alumni Relations team hosted twenty seven alumni volunteers from around the world to work together on tools and exchange bests practices to animate their groups. These action-packed two days included a presentation by Jean-François Fiorina, deputy director of the school, workshops co-created and co-led by Karine Capelle Lenoir, GEM ESC 1992, active breaks and finally a warm welcome into our alumni network for the new graduating class during the graduation ceremony. Goal achieved: the coordinators returned back home full of energy, information, and best practices to share with you! Check out the events they’re organizing near you: https://en-alumni.grenoble-em.com/geographical-chapters
Karine Capelle-Lenoir a fondé Jalan Jalan, outil des rebelles constructifs qui facilite le travail en équipe et l'innovation collaborative.
Thank you so much for the professional and stimulating ALS ! It was a great experience to participate with all motivated and positive persons! Proud to be part of the GEM Alumni Team! Special thanks for the quality of the workbook and all the documents Olivier GEM ESC 1998 – GEM Alumni in Lyon
I truly had incredible 48 hours with you all. I would have never thought feeling so part of GEM alumni after this time together. I feel good, empowered, full of energy and lucky [..]. Let’s spread the word and energy so all our communities know we are now one worldwide team stronger than ever. Tiphaine
GEM ESC 2003 GEM Alumni in Geneva
A memorable weekend!!! Another great time sharing our common DNA: GEM! Sébastien
GEM ESC 2007 - Los Angeles, USA
Karine Capelle-Lenoir founded her company Jalan Jalan in order to facilitate team work and collaborative innovation through fun, creative and agile methods.
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ACT THINK GET INVOLVED alumni.grenoble-em.com