Courrier du médecin vaudois #4 - 2021 // Les médecins et la mort

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septembre 2021

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DOSSIER

Introduction

«Ma plus belle histoire, c’est la mort d’un enfant»

C

ette phrase volontairement provocatrice lâchée par le seul médecin présent, pédiatre de surcroît, à la fin d’une réunion de politique professionnelle il y a bien longtemps a jeté un froid chez ses interlocuteurs. Après un instant de silence, il a expliqué son propos et décrit l’attitude de ce tout jeune enfant qui a pris tous les adultes par la main, à commencer par ses parents, sur le chemin de sa fin prochaine. Le médecin s’est laissé toucher par la beauté de ces instants d’émotion et par la grâce de cet enfant déjà tourné vers un au-delà et qui l’accepte. Chacun dans son rôle n’a pu que le suivre sans protester et garder intacte l’image de ce petit héros sans peurs et sans reproches. Cette proximité avec la mort dont parle Axel Kahn est ce lien intime et ultime que le médecin partage avec celui ou celle qui va

On n’a pas à apprendre à mourir. C’est inné. Apprendre à vivre à proximité de la mort est un superbe défi. Je le relève. AXEL KAHN, MÉDECIN GÉNÉTICIEN ET ESSAYISTE (1944–2021), PUBLICATION TWITTER, 20 JUIN 2021

mourir. Parfois, il pressent cette frontière invisible que son ou sa patient·e va bientôt franchir pour ne plus revenir. Il ne la rejette pas. Il doit savoir à quel moment toute agitation devient vaine et doit céder la place à la seule présence. ■

PIERRE-ANDRÉ REPOND SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SVM

Ataa Oko, sans titre, 2010, mine de plomb et crayon de couleur sur papier. Photo: Sarah Baehler


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