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La satisfaction d’avoir été et de rester utile

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PR PETER BURCKHARDT

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Le Pr Peter Burckhardt a quelque chose d’un gentleman anglais : précis et concis dans ses propos, il les agrémente de touches amusantes et de raccourcis inattendus. Il les teinte aussi d’émotion pour ce métier qu’il exerce depuis longtemps et qui semble être au cœur de son existence.

La satisfaction d’avoir été et de rester utile

Peter Burckhardt choisit de devenir médecin tout naturellement, pour suivre les traces d’un grand-père « adoré et admiré ». Il fait ses études dans sa ville natale de Bâle et en Allemagne. En 1968, sa formation post-grade le conduit au CHUV, en tant qu’« assistant itinérant ». Il se spécialise en médecine interne et en endocrinologie, s’épanouit dans le milieu hospitalier, poursuit sa formation, notamment à Harvard. Devenu chef du département de médecine, il se voue aussi aux maladies osseuses qui feront l’objet de ses recherches. « Mon poste au CHUV était extrêmement enrichissant, il touchait à l’enseignement, à la clinique, à la gestion, aux soins ambulatoires et hospitaliers, à la recherche, aux actions médico-politiques… Je vivais dans une pression constante et stimulante », évoque-t-il sans nostalgie, si ce n’est celle qu’on peut avoir pour les années de plein épa-

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nouissement. Parmi les satisfactions du Pr Burckhardt, citons la création de la première consultation en obésité d’un hôpital universitaire suisse ( à une époque où cette problématique n’était pas encore considérée comme sérieuse ), la présidence de la Société suisse de médecine interne, la création de l’Association suisse contre l’ostéoporose ainsi que ses engagements au niveau international.

Au nombre des changements survenus au cours des années que le Dr Burckhardt a passées au CHUV, il relève l’évolution de l’approche du patient et une attention différente à la question – toujours présente – de la maîtrise des coûts. En effet, éduqué à une médecine basée sur les notions de

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physiopathologie, il porte un regard critique sur les diagnostics qui privilégient l’image, certes précieuse, mais qui ne devrait pas être utilisée au détriment de la réflexion et sans une collaboration avec le patient. Il croit en « l’ultime vérité de la logique physiopathologique et au fait que le savoir acquis est utilisable tel quel ». Le Pr Burckhardt a également été témoin de l’écrasement de la « pyramide hiérarchique » au CHUV. Aurait-il vécu la fi n des mandarins ? « Quand on est dans cette position, on se sent surtout excessivement exposé, pas forcément détenteur d’un pouvoir ! » répond-il en souriant.

L’ART DE VIVRE APRÈS LE CHUV

Arrivé à l’âge offi ciel de la retraite, le Pr Burckhardt ne se voit pas devenir inactif et caresse encore plein d’envies professionnelles, dont celle de voir des patients et de « pouvoir enfi n s’en occuper en paix ». En 2004, la possibilité d’ouvrir une consultation en ostéologie à la Clinique Bois-Cerf à Lausanne tombe à pic. Il y cultive aujourd’hui encore des contacts directs et suivis avec les patients qui lui sont adressés par des confrères. Il apprécie la collaboration avec les orthopédistes de la clinique et « garde le sentiment d’être utile et de se maintenir jeune ! »

Actuellement, Peter Burckhardt ne rêve plus de grands projets professionnels, content d’œuvrer à maintenir la compétence dans son domaine, nous confi e-t-il. Il continue néanmoins à publier et assume la rédaction en chef d’un journal scientifi que. Donnant des conférences et des cours, il est membre de conseils de fondations œuvrant dans la recherche et souligne combien l’enthousiasme des jeunes scientifi ques le touche. Mais l’ambition qui lui tient probablement le plus à cœur est de voir ses fi ls – dont un est médecin – arriver à un épanouissement professionnel « tout en ayant un papa qui galope encore ! »

Paru en mai 2011

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