Solidarité 3/2019

Page 1

Le magazine de Solidar Suisse | Numéro 3, août 2019

FOCUS

Amener les entreprises à rendre des comptes


02 Éditorial

CHÈRE LECTRICE, CHER LECTEUR,

Felix Gnehm, Barbara Burri Codirection de Solidar Suisse

L’initiative pour des multinationales responsables formule des exigences simples : elle vise à protéger les personnes dont les droits fondamentaux sont violés, dont la santé est compromise, voire dont la vie est menacée. Pour Solidar Suisse, cette initiative est cruciale afin que son engagement contre l’exploitation et pour un travail décent partout dans le monde ne s’arrête pas à l’entrée des usines, des entreprises et des banques. Pour que les travailleuses et les travailleurs, et surtout les femmes, reçoivent un revenu équitable, pour que les enfants fréquentent l’école et ne se retrouvent pas au travail devant un établi. Mais l’initiative est-elle vraiment nécessaire ? Les multinationales ne peuvent-elles améliorer leurs pratiques sur une base volontaire ? L’histoire encore jeune des relations entre les entreprises et les droits de l’homme montre que de tels changements positifs sont tout à fait possibles. Certaines entreprises ont rendu leur production équitable et durable après avoir essuyé de vives protestations en raison de leur comportement environnemental douteux ou de leurs violations des droits des travailleurs. Il est toutefois frappant de constater qu’un tel changement n’a souvent pas eu lieu volontairement. Et que ce dernier est bien trop rare. C’est la raison pour laquelle, avec 113 autres organisations, Solidar Suisse exige que les entreprises suisses et leurs filiales ne violent pas les droits humains et ne saccagent pas l’environnement. La ligne de démarcation entre les partisans et les opposants ne se situe pas entre gauche et droite ni entre entreprises et ONG. C’est ce qu’illustrent bien, dans les pages suivantes, diverses voix du monde des affaires. De nombreuses entreprises ont compris qu’elles ne pouvaient pas se cacher derrière leurs chaînes d’approvisionnement pour nier leurs responsabilités. Elles aménagent leurs relations commerciales internationales de manière juste et équitable et elles soutiennent l’initiative. Tout comme nous. Car des pratiques commerciales équitables ne doivent pas rester volontaires.

Felix Gnehm

Barbara Burri


Sommaire 03

SOMMAIRE 04

12

Focus – Initiative pour des multinationales responsables 04 Les entreprises doivent être tenues respon sables des dommages qu’elles causent 08 Comment des multinationales suisses violent les droits humains et l’environnement 09 Dietrich Pestalozzi : un entrepreneur pour des multinationales responsables

16

10 Campagne de votation avec les comités locaux : participez ! 11 Sandra Cossart : effets de la loi française sur la responsabilité des entreprises

12 Un œil sur Bolivie : Les jeunes trouvent un moyen d’échapper au chômage Suisse : Enfin une loi pour des achats socialement responsables

15 À chaud Coup d’œil sur l’actualité

16 Le défi Asie : Omana George lutte pour les droits des travailleurs précaires

19 Ensemble S’engager avec Solidar Suisse

17 Chronique 18 Sudoku et Revue de presse 19 Impressum 20 Votre soutien fait la différence


INITIATIVE POUR DES MULTINATIONALES RESPONSABLES

FOCUS –


Initiative pour des multinationales responsables 05

Glencore empoisonne les rivières de Colombie. Syngenta vend des pesticides mortels qui ne sont plus autorisés chez nous. Socfin vend des pesticides à des agriculteurs au Libéria. Les entreprises basées en Suisse violent à plusieurs reprises les droits humains et ignorent les normes minimales en matière d’environnement. Afin de mettre un terme à ces pratiques, Solidar Suisse soutient l’initiative pour des multinationales responsables.

POUR DES ENTREPRISES RESPONSABLES Que veut obtenir l’initiative pour des multinationales responsables, pourquoi est-elle nécessaire et comment peut-elle être mise en œuvre ? Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Graphique : Initiative pour des multinationales responsables. Photos : Pain pour le prochain et Initiative pour des multinationales responsables

Des gens ont été chassés de leurs terres sans compensation pour faire place à la plantation d’hévéas de Socfin, au Libéria.

Établi à Baar, dans le canton de Zoug, Glencore est l’un des plus grands groupes mondiaux de négoce de matières premières. La multinationale ne cesse d’apparaître sous un jour défavorable dans les grands titres des médias. D’après les investigations menées par des organisations regroupées afin de défendre l’initiative pour des multinationales responsables, la corruption, les violations des droits de l’homme et les dégradations graves de l’environnement font partie du modèle d’entreprise de Glencore, que ce soit en Colombie, au Pérou ou au Congo.


Les entreprises doivent réparer les dommages qu’elles causent Souvent, les mesures volontaires de responsabilité sociale des entreprises n’empêchent pas la violation de droits humains. Leurs bénéfices comptent généralement plus que la protection des populations et de l’environnement. C’est pourquoi l’initiative veut faire en sorte que les entreprises soient

Seul un petit nombre d’entreprises est concerné : champ d’application de l’initiative.

tenues responsables des violations des droits humains et de la dégradation de l’environnement qu’elles occasionnent elles-mêmes – ou par l’intermédiaire de leurs filiales. En s’appuyant sur la responsabilité civile, l’initiative recourt à un moyen éprouvé du droit suisse. L’effet est surtout préventif : si des multinationales risquent d’être tenues de réparer leurs dommages, détourner le regard n’est plus une option. Indemniser les personnes lésées L’initiative permet concrètement aux victimes d’intenter une action en dommages-intérêts devant un tribunal civil en Suisse et de réclamer une compensation financière pour les dommages subis. Le fardeau de la preuve incombe à la personne lésée. Elle doit démontrer qu’elle a subi un préjudice, que ce dernier constitue une violation des droits humains ou environnementaux, et que le groupe en question contrôle la filiale fautive et en est donc responsable. Si la personne lésée prouve tous ces points, le groupe peut toujours se dégager de sa responsabilité s’il est capable démontrer qu’il a contrôlé correctement sa filiale. Pour les victimes, l’initiative donne enfin accès à un appareil judiciaire qui fonctionne. Car dans de nombreux États, les systèmes juridiques ne sont pas opérationnels ou alors les autorités y sont corrompues.


Initiative pour des multinationales responsables 07

El Cerrejón, la mine de charbon de Glencore pollue la rivière et rend les gens et les animaux malades.

Déjà une réalité dans plusieurs pays Dans de nombreux autres pays, ce que l’initiative réclame pour la Suisse est une réalité depuis longtemps (lire en page 11). Aux Pays-Bas, au Canada et en Grande-Bretagne par exemple, des poursuites judiciaires sont déjà en cours contre des multinationales pour violations des droits humains par leurs filiales. Ce respect n’est pas une exigence éhontée de personnes déconnectées de la réalité, comme les opposants à l’initiative veulent le faire croire : l’initiative est conforme aux lignes directrices de l’ONU et un consensus international règne donc sur les pratiques justes et décentes à adopter.

Si des multinationales risquent d’être tenues de réparer leurs dommages, détourner le regard n’est plus une option. L’initiative pour des multinationales responsables déstabilise certains grands groupes. Ils prétendent donc que l’initiative nuit aux PME, même si la plupart d’entre elles sont exclues de l’initiative (voir graphique). Ils affirment aussi que, pour ne pas mettre en péril leur bonne réputation, les multinationales font déjà tout ce qu’il faut sur une base volontaire. Divers exemples de violations des droits humains (voir page 8) prouvent le contraire. Un large soutien La plupart des multinationales suisses ne sont pas concernées par l’initiative car leurs pratiques sont convenables. Mais certaines agissent de façon irresponsable et profitent d’avantages concurrentiels. C’est ce que l’initiative pour des multinationales responsables veut empêcher, ce qui lui vaut aussi un soutien toujours plus large de la politique et de l’économie. Outre 114 ONG de tous les secteurs

de la société civile, dont Solidar Suisse, l’association « Économie pour des entreprises responsables » (voir page 9) et la plateforme « Églises pour multinationales responsables » soutiennent également ce texte. Il devrait être soumis au vote au printemps 2020, à moins que le Parlement n’adopte à l’automne une contre-proposition qui tienne compte de manière appropriée des préoccupations citées (voir encadré). Pour que les multinationales mettent un terme à la pollution des rivières, à l’expulsion des populations ou à la violation des droits du travail.

Initiative et contre-projet En juin 2018, le Conseil national avait accepté en guise de compromis un contre-projet à l’initiative pour des multinationales responsables – ce compromis allait de pair avec des sacrifices douloureux pour les auteurs de l’initiative : les règles contraignantes ne s’appliquent qu’aux très grandes entreprises et les dispositions en matière de responsabilité sont fortement rognées. Le comité retirerait cependant l’initiative en cas d’acceptation de ce contre-projet par le Parlement. Il faut dire que des mesures légales entreraient ainsi en vigueur plus rapidement qu’en cas de votation populaire. En mars 2019, la Commission des affaires juridiques du Conseil des États a édulcoré le contre-projet rendant de facto la responsabilité impossible. Mais le Conseil des États n’est même pas entré en matière sur ce contre-projet en mars 2019. Comme le Conseil national s’en est tenu à cette dernière à la mi-juin, la balle sera de nouveau dans le camp du Conseil des États durant l’automne. On ne sait toujours pas si le Parlement adoptera un contre-projet satisfaisant. Il est tout à fait possible que nous votions sur l’initiative en 2020.


08 Initiative pour des multinationales responsables

Photo : Solidar

COMMENT DES MULTINATIONALES SUISSES VIOLENT LES DROITS HUMAINS Congo Glencore empoisonne les champs Kamoto Copper Company, une filiale de Glencore, exploite des mines de cuivre et de cobalt au Congo. En 2013 et 2014, des substances nocives provenant des mines ont contaminé les champs de 26 familles d’agriculteurs. Début 2018, une autre catastrophe environnementale s’est produite : une digue érigée sur le site minier s’est brisée, emportant les jardins et les champs de 460 familles. Des produits toxiques ont contaminé les sols : plus rien ne pousse vraiment dans les champs. Glencore n’a rien entrepris pour prévenir de telles contaminations. Avec l’initiative pour des multinationales responsables, Glencore devrait répondre des dommages causés et payer des réparations aux familles touchées.

Burkina Faso Travail des enfants dans la production de coton Un rapport de Solidar Suisse révèle que 250 000 enfants triment tous les jours dans des champs de coton au Burkina Faso. Ils y travaillent avec des outils dangereux et sont exposés à des produits phytosanitaires toxiques causant des maladies cutanées et respiratoires. Des négociants suisses de coton profitent de cette situation, plus précisément le plus grand négociant mondial de coton Louis Dreyfus SA ainsi que Reinhart AG. À ce jour, ils n’ont pas fait grand-chose pour améliorer durablement et à long terme la situation au Burkina Faso. Ils se sont toutefois montrés prêts au dialogue avec Solidar Suisse après la publication de l’étude. En cas d’acceptation de l’initiative pour des multinationales responsables, Dreyfus et Reinhart devraient tout mettre en œuvre pour ne pas tirer parti du travail des enfants. Photo : Public Eye

Inde Les pesticides de Syngenta tuent des paysans À Yavatmal, dans le centre de l’Inde, 800 paysan-ne-s ont été empoisonnés en répandant des pesticides sur leurs champs de coton. Plus de vingt d’entre eux sont morts. Les ouvriers agricoles ont utilisé un insecticide de Syntega interdit en Suisse. Or sa dangerosité est établie depuis longtemps. Mais cela n’empêche pas Syngenta d’exporter le produit vers des pays où il n’est pas (encore) interdit. L’initiative pour des multinationales responsables empêcherait de telles pratiques : comme une utilisation sûre du pesticide ne peut être garantie, ce dernier ne pourrait plus être commercialisé.

Libéria Des villageois déplacés par une plantation d’hévéas La multinationale du caoutchouc Socfin et ses filiales suisses souhaitaient agrandir leurs plantations : trois villages ont dû faire place nette. La population a été chassée de ses terres sans dédommagement. Avec l’initiative pour des multinationales responsables, Socfin devrait veiller au respect des droits humains. L’entreprise pourrait être traduite en justice en cas de violation.


Initiative pour des multinationales responsables 09

« S’INSURGER QUAND LE CARACTÈRE DEVIENT OBLIGATOIRE EST HYPOCRITE » Trente ans durant, Dietrich Pestalozzi a dirigé une grande entreprise familiale. Il est convaincu que l’initiative pour des multinationales responsables serait tout bénéfice pour l’économie suisse. Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité, Photo : Sandra Julius

« Il est évident pour moi que les entreprises suisses doivent respecter les droits de l’homme et ne pas détruire l’environnement, à l’étranger aussi » explique l’entrepreneur Dietrich Pestalozzi. Et de poursuivre : « Beaucoup le font déjà volontairement ; pour celles qui ne le font pas, un cadre juridique est nécessaire. » Même si Dietrich Pestalozzi s’est retiré voilà cinq ans des activités opérationnelles, on ne se rend pas vraiment compte qu’il est à la retraite. Toujours président du conseil d’administration de Pestalozzi + Co SA, il joue de la contrebasse dans un orchestre de chambre et milite en faveur du oui à l’initiative pour des multinationales responsables au sein de l’association « Économie pour des entreprises responsables ». Il est convaincu que ce texte aurait un effet positif sur l’économie suisse. D’abord, les entreprises auraient tout à gagner à maîtriser leurs risques, ensuite, la mauvaise image des multinationales serait redorée si elles se comportaient correctement à l’étranger. « Il est hypocrite de la part des entreprises de prétendre qu’elles assument leurs responsabilités et de s’insurger dès qu’un caractère contraignant intervient, lâche-t-il. Et il devrait être dans leur intérêt que leurs concurrents respectent également les droits de l’homme et les normes environnementales. » Exigences faciles à mettre en œuvre Pestalozzi + Co SA fournit des produits en acier et en métal aux chantiers de construction et à l’industrie métallurgique. L’entreprise familiale de 300 employés est active en Suisse. La moitié des pro-

duits qu’elle commercialise provient de l’étranger, par exemple l’aluminium et le cuivre. Des vérifications minutieuses sont effectuées dans notre pays, en partie sur la base de labels, en partie moyennant des enquêtes auprès des fournisseurs et des visites d’entreprises. Pour Dietrich Pestalozzi, ce que l’initiative exige ne pose pas de problème : « La plupart des entreprises contrôlent de toute façon leurs fournisseurs. En plus de la qualité, de la fiabilité des livraisons et du prix, il faudrait simplement intégrer les droits de l’homme et les normes environnementales. » Réalisable et favorable aux entrepreneurs Dietrich Pestalozzi lutte pour s’opposer à l’attitude négative de certaines associations professionnelles. « Je suis un peu surpris que les opposants profèrent sans honte des déclarations fausses. L’initiative est réalisable d’un point de vue juridique et favorable aux entrepreneurs, explique-t-il. Ce ne sont pas des lois suisses qui s’appliquent à l’étranger mais les normes internationales – et le fait que le droit suisse s’applique sur le plan de la responsabilité est dans l’intérêt des entreprises. Car en tant qu’entrepreneur, je préfère mener un procès en Suisse, où le système juridique m’est familier. » Les 130 membres de l’association « Économie pour des entreprises responsables » montrent que l’économie ne constitue pas un monolithe hostile, mais qu’elle est divisée sur la suite à donner à l’initiative. « Nous ne faisons rien de très particulier avec l’initiative en Suisse. Elle est fondée sur des principes internationaux, et dans de nombreux pays, des réglementations similaires existent. »


10 Initiative pour des multinationales responsables

LARGE CONSENSUS Plus d’un millier de militants ont attiré l’attention sur les enjeux de l’initiative pour des multinationales responsables, le premier jour de la campagne. Texte : Hannah Locher, secrétariat de l’initiative pour des multinationales responsables. Photo : KOVI

La campagne en faveur de l’initiative pour des multinationales responsables prend corps. Début juin, un millier de bénévoles répartis dans toute la Suisse se sont mis en campagne. Les réactions ont été positives : « Pour beaucoup, il est clair que les entreprises doivent assumer leurs responsabilités si elles empoisonnent l’eau potable ou déplacent des populations de leurs terres par la force », lance Markus Müller du comité local de Rapperswil-Jona. Large soutien au niveau local L’initiative pour des multinationales responsables devrait être soumise au vote populaire l’an prochain. De plus en plus de personnes de toutes les tendances politiques se mobilisent : plus de 200 comités locaux ont déjà été créés dans toute la Suisse. Dans les villes et les communes, des personnes organisent des événements et informent la population via des stands. Par exemple Mirjam Rüttimann, dans le canton d’Obwald : « Le soutien à l’initiative est très fort en Suisse centrale, car de nombreuses personnes sont proches de la nature et trouvent cohérent de soutenir cette cause. » Cet engagement de la base est prépondérant pour le succès de l’initiative : elle n’aura une

chance dans les urnes que si d’innombrables personnes sont mises au courant des exemples de violation des droits humains et de destruction de l’environnement imputables à des entreprises basées en Suisse. Car les opposants font des affirmations erronées afin de créer un climat hostile à cette initiative. 20 000 signatures pour une lettre de protestation Le 1er juin, des signatures ont également été réunies pour une lettre de protestation à adresser à Interholco en réponse à des événements actuels. L’entreprise basée à Baar est sous le feu de la critique parce qu’elle abat une forêt tropicale intacte au Congo, mettant ainsi le gorille de plaine en danger. Lors de ce premier jour de campagne, plus de 20 000 signatures ont déjà été réunies pour la lettre de protestation ; 52 000 personnes l’avaient signée au moment de sa remise. début juillet. Au cours des semaines et mois à venir, les comités locaux continueront d’attirer l’attention sur l’initiative en organisant des manifestations. Verena Hertig, du comité local d’Aarau, est des plus motivées : « La première journée d’action a montré que la plupart des passants trouvaient que l’initiative était une bonne chose. » Les personnes intéressées à s’impliquer localement peuvent s’inscrire à l’adresse suivante : www.initiative-multinationales.ch/comites-locaux

Des passant-e-s découvrent l’initiative à Fribourg.


Initiative pour des multinationales responsables 11

LA FRANCE A UN TEMPS D’AVANCE La France a adopté une loi mettant en place un devoir de vigilance pour les multinationales, très proche de celle proposée par l’initiative suisse. La directrice de l’ONG Sherpa fait le point deux ans après son introduction. Interview : Lionel Frei, chargé de communication à Solidar Suisse. Photo : Sherpa.

En Suisse, les lobbys exercent une forte pression sur le Parlement. Avez-vous constaté des blocages analogues en France ? Tout au long du parcours législatif de la loi sur le devoir de vigilance, nous avons eu l’occasion de vérifier le pouvoir de certains lobbys sur le Parlement. Les débats sur le devoir de vigilance auront toutefois obligé ces lobbys à porter ce sujet sur la place publique. Par ailleurs, les directions de certaines entreprises n’ont pas pu ou voulu s’affranchir de la position des lobbys, malgré un soutien parfois témoigné à loi. Quel premier bilan peut être tiré deux ans après l’adoption de la loi ? Lors de l’adoption de la loi, on estimait entre 150 à 250 le nombre

d’entreprises concernées, en raison d’un seuil d’employés à atteindre. Deux ans après son adoption, la liste des entreprises n’a toujours pas été publiée. Pour les entreprises ayant publié un plan de vigilance, l’exercice n’est pas toujours bien compris par certaines d’entre elles qui interprètent la loi comme un simple exercice de reporting. Or, il ne s’agit pas seulement d’une obligation de publication d’un plan : la loi sur le devoir de vigilance oblige les entreprises à s’intéresser à leurs impacts sur les parties prenantes. Les opposants en Suisse mettent en avant un risque pour la compétitivité des entreprises. Que leur répondriez-vous ? Durant le processus d’adoption de la loi, le risque d’atteinte à la compétitivité des entreprises

La grande complexité des chaînes de valeur est-elle un argument valable contre l’initiative ? Les impacts sur les droits humains notamment dus à la complexité des chaînes de valeur imposent de repenser la question du modèle de production. La loi française montre que par la création d’un régime juridiquement contraignant, les entreprises devront désormais apporter des preuves quant à leur prise en compte des risques de violations des droits humains. Les entreprises qui ne respecteront pas leurs obligations pourront voir leur responsabilité civile engagée. Peut-on parler d’une tendance globale vers plus de responsabilités des multinationales ? Oui. Cependant, l’influence des acteurs économiques sur ces divers projets se fait ressentir négativement, car ces deniers se caractérisent pour la plupart par des régimes n’entraînant aucune sanction en cas de manquement. Le Royaume-Uni a, par exemple, créé un mécanisme de reporting pour lutter contre le travail forcé, mais qui ne prévoit aucun mécanisme de sanction. Or, limiter ces législations à de tels mécanismes ne permet nullement d’appréhender l’activité des multinationales dans leur globalité.

RACONTEZ-NOUS

françaises a été martelé par les organisations patronales et repris par plusieurs parlementaires. Certains affirmaient l’impossibilité, voire le coût, pour une multinationale de vérifier que ses sous-traitants respectent les droits humains et l’environnement. Nous n’avons cependant pas constaté que la compétitivité des entreprises françaises ait été affectée.


« ALLEZ, LES JEUNES ! » En Bolivie, le chômage est très élevé parmi les jeunes. Un projet de Solidar Suisse les aide à s’insérer dans le monde du travail.

UN ŒIL SUR

Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photos : Vassil Anastasov

« J’ai terminé mes études en communication en 2012, raconte Maria Esther Gutierrez, mais je n’ai pas trouvé de travail comme journaliste. » À 29 ans, elle compte parmi les nombreux jeunes en Bolivie qui ne parviennent pas, malgré une bonne formation, à entrer sur le marché de l’emploi. Maria vit à Viacha, une ville de 80 000 habitants, à 35 kilomètres à l’ouest de La Paz, la capitale. Alors qu’ils représentent la moitié de la population, les jeunes de moins de 25 ans sont durement touchés par le chômage. Les statistiques sont cependant peu parlantes dans un pays où plus de 80 % de la population travaille dans le secteur informel, puisque les emplois formels sont rares. Unir toutes les forces Maria Gutierrez est enfin parvenue à ses fins : notre entretien se déroule alors qu’elle anime son émission au studio de la Radio Letanias. La pétillante jeune femme s’interrompt sans cesse pour annoncer un morceau de musique, lire l’horoscope ou diffuser des vœux d’anniversaire.

Comment les jeunes pourraient-ils acquérir de l’expérience, si personne ne leur donne une chance ? Son emploi fixe à la radio, Maria l’a décroché grâce au projet Ch’ama Wayna de Solidar (en langue aymara, ce titre signifie « Allez, les jeunes ! Vous y arriverez ! ») Pour aider des jeunes de 18 à 28 ans à trouver une place de travail ou à se mettre à leur compte, ce projet mise sur différents moyens : tables rondes réunissant employeurs, autorités et jeunes, une plateforme de placement gérée par la ville et des cours qui permettent aux jeunes d’acquérir des compétences sociales, ainsi que d’apprendre à présenter une candidature ou à travailler de manière autonome. Maria


Un œil sur 13

À gauche : Maria Gutierrez occupe désormais un emploi fixe d’animatrice radio. À droite : Mirjam Ventura coupe les cheveux d’un client dans son propre petit salon de coiffure.

Gutierrez se plaît dans son job : « Notre émission dégage une bonne énergie. » Daniel Corbajal, le patron de Radio Letanias, est aussi très content d’elle. « Les employeurs n’engagent que des gens avec de l’expérience. Comment les jeunes pourraient-ils en acquérir si personne ne leur donne une chance ? » Cette contradiction l’a motivé à participer au projet Ch’ama Wayna. Tables rondes Daniel Corbajal a pris part à la table ronde ayant débouché sur des conventions qui garantissent aux jeunes de ne pas être exploités comme de la main-d’œuvre bon marché. D’ailleurs, sans l’appui de Ch’ama Wayna, Maria Gutierrez ne toucherait peut-être pas le salaire minimum. Entre 2017 et 2018, 94 des 283 jeunes participant au projet ont trouvé un emploi ou fondé leur propre entreprise, et 6 % de ces jeunes sont des femmes. Les tables rondes ont engrangé un autre succès important : les fabricants de briques (un secteur économique important de Viacha) ne refusent plus d’engager des femmes. Un salon de coiffure Mirjam Ventura compte parmi les jeunes ayant réussi à lancer leur propre entreprise. Auparavant, cette jeune mère célibataire de 26 ans officiait comme coiffeuse chez elle ou louait ses services à des salons de coiffure, mais aux pires conditions : elle devait être présente pendant plus de douze heures, mais n’était payée que si elle avait des clients. Mirjam a interrompu ses études à la naissance de sa fille. Plus tard, elle a suivi le cours de gestion d’entreprise dispensé par Ch’ama Wayna et obtenu la licence lui permettant d’ouvrir sa propre boutique. Le projet a aussi apporté la mise de départ de 3000 bolivianos (400 francs). Une grande partie de la clientèle du petit salon vient de l’école primaire toute proche et le travail est plus lucratif lorsque Mirjam peut coiffer une future mariée. Comme son salon se trouve dans la maison de ses parents, Mirjam Ventura n’a toutefois pas

de loyer à payer. Sur son chiffre d’affaires mensuel de 200 francs, il lui reste donc près de 100 francs pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille. Pour gérer sa petite entreprise, elle bénéficie toujours des conseils de Ch’ama Wayna. En l’absence de suivi, les jeunes entreprises font en effet trop souvent faillite. Mirjam n’en espère pas moins réaliser un jour son rêve : « Je voudrais diriger un salon qui propose également massages, maquillage, manucure et pédicure à la clientèle et qui offre aussi une chance à d’autres jeunes. » Maria Gutierrez caresse elle aussi un rêve. Elle voudrait devenir productrice dans l’audiovisuel et a déjà franchi un premier pas dans cette direction : « J’ai tourné un court métrage sur de jeunes entrepreneuses et entrepreneurs de Viacha. Vous pouvez le voir sur YouTube. »

Votre don compte Un don de 50 francs permet à une jeune personne de suivre un cours de plusieurs jours axé sur les compétences sociales. Elle apprendra ainsi à rédiger un curriculum vitae, à se présenter et à se préparer à un entretien d’embauche. En versant 150 francs, vous donnez un coup de pouce substantiel à une jeune entreprise.


14 Un œil sur

LA DURABILITÉ ENFIN DANS LA LOI ! Ça y est ! En juin, le Parlement a adopté une loi sur les marchés publics, qui inscrit la durabilité dans le droit. Par son lobbying, Solidar Suisse a contribué à ce succès. Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : OIT

Ouvrières dans une usine vietnamienne de textile.

Il a fallu dix longues années pour boucler le projet de loi fédérale sur les marchés publics, mais l’effort a fini par payer : grâce à d’intenses activités de lobbying, auxquelles Solidar Suisse a largement contribué, la durabilité écologique et sociale a été ancrée dans la loi. Les chiffres prouvent clairement à quel point il est essentiel d’axer les achats publics sur la durabilité : chaque année, Confédération, cantons et communes acquièrent des biens et des services pour 40 milliards de francs. Les pouvoirs publics sont de gros consommateurs et portent à ce titre une responsabilité particulière. Il leur incombe dès lors de rendre leurs acquisitions socialement durables et de veiller à acheter des uniformes, des pavés ou des ordinateurs fabriqués sans exploitation de la main-d’œuvre. Car nombre de biens provenant de l’étranger sont produits dans des conditions qui violent gravement les normes du travail et les droits humains : salaires misérables, horaires interminables et conditions de travail dangereuses.

Normes sociales minimales La loi adoptée par le Parlement à la veille des vacances d’été fournit un moyen de lutter contre l’exploitation : l’article qui spécifie le but de la loi, prescrit le respect des trois dimensions – économique, écologique et sociale – de la durabilité. Par ailleurs, un autre article permet d’aller au-delà des conventions fondamentales de l’OIT en fixant des normes plus strictes. C’est crucial, car les conventions de l’OIT ne condamnent que les pires abus, tels l’esclavage, le travail des enfants et le travail forcé. Elles omettent en effet des aspects essentiels : salaires de subsistance, protection de la santé au travail, contrats de travail écrits et interdiction des durées de travail excessives. Le lobbying de la coalition d’ONG pour les achats publics a garanti que ces points figurent en bonne place dans la loi. Par conséquent, il est possible d’exiger le respect de ces normes du travail et de les faire contrôler. Telle qu’elle est formulée, la loi ne contient hélas pas de contrainte, mais elle fournit enfin la base nécessaire aux services désireux d’acheter durable. Auparavant, ces derniers évoluaient dans une zone grise et couraient même le risque d’être attaqués en justice par des entreprises n’ayant pas remporté le contrat en raison du manque de durabilité dans leur production. Solidar encourage les communes Reste à exploiter au mieux les possibilités qu’offre la loi : formuler par exemple des directives sur les achats publics ou appliquer au quotidien les dispositions légales aux acquisitions de la Confédération, des cantons et des communes. Avec le rating des communes, Solidar Suisse favorise cette réorientation : depuis bientôt dix ans, nous vérifions à quel point les achats des communes suisses sont durables. Ce classement leur donne aussi l’occasion de progresser et de s’inspirer d’autres communes. Les résultats du quatrième rating seront publiés fin août.


Photo : ILO

À chaud 15

CONVENTION DE L’OIT CONTRE LA VIOLENCE

Photo : Erik Haug

À l’occasion de sa conférence annuelle, l’Organisation internationale du travail (OIT) a adopté le 21 juin sa 190e convention, qui vise à éliminer la violence et le harcèlement dans le monde du travail. C’est là une étape importante vers l’égalité des droits pour les femmes et la communauté LGBT+. La nouvelle convention contient une définition communément admise du « harcèlement » et de la « violence » au travail. À l’avenir, les pays qui ratifieront la convention devront prendre des mesures, même dans le secteur informel, afin de protéger les salariés, en particulier les femmes, contre la violence et le harcèlement. Solidar attend de la Suisse qu’elle ratifie cette convention rapidement et sans réserve.

NÉPAL : RECONSTRUCTION RÉUSSIE

DES BOLIVIEN-NE-S À GENÈVE L’association Solidar Suisse Genève organise une série de représentations chorégraphiques du 18 au 22 novembre 2019. Cocréé à Cochabamba, en Bolivie, par la compagnie Danzur et à Genève, le spectacle mettra en scène de jeunes bolivien-ne-s : par la danse, ils expriment leurs aspirations, mais aussi les difficultés de la jeunesse du pays. À l’issue des représentations, les danseuses et danseurs prennent place en « bord de scène » pour dialoguer avec le public. Depuis cinq ans, Solidar Suisse Genève contribue à l’implémentation du projet « Lanzarte » dans lequel est intégrée la compagnie Danzur. Celui-ci bénéficie du soutien de la Fédération genevoise de coopération (FGC). www.solidar.ch/geneve

À CHAUD

Photo : Vassil Anastasov

En avril 2015, la terre a tremblé au Népal. La catastrophe a coûté la vie à 8000 personnes et privé des centaines de milliers de leur toit. En collaboration avec Helvetas, Solidar Suisse a réalisé un travail fantastique sur place : reconstruction de maisons antisismiques pour 2000 familles et rétablissement de l’adduction d’eau dans le district de Sindhupalchok, durement touché par le séisme. Une évaluation externe montre que le succès de ce projet repose sur le savoir-faire technique, la coopération soutenue avec les bénéficiaires et les autorités ainsi que sur l’engagement sans faille des collaboratrices et des collaborateurs. Fin juin, Solidar Suisse a ainsi pu mettre un terme à son engagement au Népal.


« CE SONT LES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS QUI SAVENT » Passionnément engagée, Omana George défend les conditions de travail des employé-e-s précaires en Asie.

LE DÉFI

Texte et photo : Lionel Frei, chargé de communication à Solidar Suisse

Omana George nous accorde une interview dans un café de la place des Nations, entre deux réunions de la 9e Conférence de la Convention de Rotterdam. Salariée de l’Asia Monitor Resource Centre (AMRC), soutenue par Solidar Suisse, cette spécialiste des problèmes de santé dans le monde du travail est venue dans la capitale des droits humains pour relayer la voix des employé-e-s asiatiques victimes de l’amiante chrysotile. La Convention de Rotterdam aurait le pouvoir de limiter le commerce de cette fibre cancérigène qui tue 220000 personnes par année. « Mais quelques États bloquent le processus. L’intérêt économique de quelques-uns – les entreprises d’amiante – coûte la vie à des millions d’autres. Cette inaction est absurde : ce sont les populations et les États qui finiront par payer les coûts en matière de santé », analyse la militante. Du Kerala à Hong Kong Issue d’une famille chrétienne de la classe moyenne indienne, rien ne la prédestinait pourtant

à ce travail. Papa banquier, mère au foyer. « Je n’étais pas une activiste avant mon engagement à AMRC. J’ai d’ailleurs dû expliquer mon travail à ma famille qui ne comprenait vraiment pas ce que je faisais, rigole-t-elle. On raconte que notre famille descend de saint Thomas, le religieux qui a introduit le christianisme en 52 après notre ère », complète-t-elle amusée. Omana fait ses études à Chennai où elle obtient un Master of Arts in Com-

Une convention pour rien La 9e Conférence de la Convention de Rotterdam a réuni à Genève les États du monde entier au printemps 2019. Malgré les appels de la société civile à interdire l’amiante, aucune décision n’a été prise. En cause, un petit groupe de pays emmenés par la Russie, grande productrice de cette fibre mortelle.


Renforcer les employé-e-s par la base Engagée à AMRC depuis 2002, elle coordonne aujourd’hui les activités d’organisations de travailleurs, groupes de victimes, syndicats et organisation de défense des droits humains. « Aucune organisation n’a une expérience régionale comme AMRC. » Omana a également joué un rôle central dans le développement du Réseau asiatique pour les droits des victimes du travail et de l’environnement, qui réunit des organisations de plus de 20 pays en Asie. Cet engagement hors norme sera prochainement récompensé par un prix prestigieux. La femme de 47 ans recevra cet automne une distinction de l’American Public Heath Association pour son engagement en faveur de la santé au travail. Des militant-e-s sous pression Omana semble ne jamais s’arrêter. Et cela malgré les conditions politiques de plus en plus difficiles en Asie pour les militants. « On constate que l’espace pour la société civile est de plus en plus restreint en Asie. Aujourd’hui les militant-e-s de la région se font arrêter. La Chine et son modèle autoritaire se diffusent dans les pays de la région, car son influence économique et politique est grandissante. » Pas le temps de se plaindre : Omana rejoint le Centre International de Conférences pour suivre les débats de la Convention de Rotterdam.

Président de Solidar Suisse

munication, puis déménage à Hong Kong. « Je vis depuis plusieurs années dans cette ville qui est fantastique. Mais mes amis se plaignent que je n’y suis jamais, car je voyage tout le temps. » Formation des inspecteurs du travail au Bangladesh, conférence stratégique en Corée avec les réseaux d’activistes du continent, soutien aux travailleuses et travailleurs exploités en Thaïlande : Omana enchaîne les activités dans toute l’Asie afin de renforcer les réseaux qui luttent pour de meilleures conditions de travail. « La philosophie d’AMRC est que ce sont les travailleuses et travailleurs qui savent mieux ce qu’il faut améliorer et comment le faire. Nous coordonnons et renforçons des initiatives locales et nationales. Mais ce sont eux qui sont à la base des revendications », précise-t-elle.

Carlo Sommaruga

Omana George se bat pour une interdiction mondiale de l’amiante.

Changer la donne ! Les derniers sondages montrent une belle approbation par la population de l’initiative pour des multinationales responsables. Toutefois, au Parlement, l’initiative et son contre-projet rencontrent d’importantes résistances. Pourtant, exiger des entreprises avec siège en Suisse le respect des droits humains et des standards environnementaux internationaux relève du bon sens. Mais au Parlement rien n’est évident. Tout d’abord, il y a la majorité politique. Celle issue des dernières élections. C’est certainement la pire que l’on pouvait imaginer pour toutes celles et tous ceux qui sont engagés dans la solidarité internationale, le travail décent ou la responsabilité des multinationales. Avec cette majorité, ce sont les intérêts avant les valeurs ! Ensuite, il y a le lobbyisme. Une grave maladie de notre démocratie. Premièrement, nombre d’élus siègent dans des conseils d’administration d’importantes sociétés et touchent des dizaines de milliers de francs en toute discrétion. Deuxièmement, la présence d’une foule de lobbyistes professionnels au cœur du Palais fédéral, dans une opacité totale, mais avec un énorme impact sur les élus et les débats politiques. Des influences occultes toujours pas réglementées. Le ballottage parlementaire de l’initiative pour des multinationales responsables, comme bien d’autres sujets sensibles, est le fruit de cette double contrainte. La donne doit donc changer ! Cela passe par un indispensable changement de majorité lors des prochaines élections fédérales et ensuite par une réglementation stricte des lobbyistes.

Le défi 17


18 Sudoku et Revue de presse

7

1

LE SUDOKU DE SOLIDAR

6

4

9 1

7

La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon la clé suivante :1 = N, 2 = V, 3 = O, 4 = I, 5 = T, 6 = A, 7 = L, 8 = S, 9 = P

4 3 2

Envoyez la solution à Solidar Suisse sur une carte postale ou par courrier à contact@solidar.ch, objet « sudoku ».

1 7

5

2 6 9

2

3

5

Compléter les cases vides avec les chiffres 1 à 9. Chaque chiffre ne peut figurer qu’une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chacun des carrés de 3 × 3 cases.

8

La date limite d’envoi est le 20 septembre 2019. Le nom des gagnante-s sera publié dans le Solidarité 4/2019. Aucune correspondance ne sera échangée concernant ce concours. Tout recours juridique est exclu. Les collaborateurs et collaboratrices de Solidar Suisse ne peuvent pas participer au concours.

4

La solution du concours paru dans le Solidarité 2/2019 était « inégalités ». Julia Ogay-Zosso de Lausanne a gagné un sac à dos du projet Padem en Bolivie, Ruth Hänggi de Riehen un T-shirt de la grève des femmes et Urs Schaub de Stein am Rhein un tissu du Burkina Faso. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé au concours.

7 6

1er prix Un tissu du Burkina Faso 2e prix Un T-shirt du projet Lanzarte en Bolivie 3 e prix Un sac shopper de Changemaker

REVUE DE PRESSE

Solution :

Moins pour l’Amérique latine La Liberté, 3. 5. 2019 Avec la mise à l’écart de l’Amériquelatine, la réorientation de la politiquesuisse d’aide au développement laissede nombreuses ONG dans l’expectative. Dans les faits, la DDC ne va pastotalement supprimer son aide àl’Amérique latine. Elle continuera à octroyer des crédits-cadres aux ONG qui seront libres de les attribuer aux projets de leur choix. « Avec ce budget alloué par la DDC, Solidar Suisse est libre d’affecter les fonds selon ses priorités, telles que travail décent, démocratie et participation », éclaire Lionel Frei, porte-parole. Les programmes concernant la Bolivie, le Nicaragua et le Salvador « ne sont donc pas affectés directement par la réorientation stratégique de la Confédération ». En revanche, dès 2021 la DDC ne mettra plus au concours demandats pour des programmes en Amérique latine.

Accord-cadre et marchés publics sous pression L’Agefi, 24.6.2019 Les principes de durabilité et dequalité se sont finalement imposés, au terme d’une réforme quiaura duré dix ans. La nouvelle loi fédérale sur les marchés publics (LMP), adoptée vendredi passé par le Parlement, offre de fait une plus grande marge de manoeuvre pour des achats publics socialement et écologiquement responsables. Notre pays dépense quarante milliards de francs en achats publics, chaque année. Certains de ces biens sont produits à l’étranger : des textiles pour l’armée, la police ou le personnel hospitalier, du matériel informatique pour l’administration, des pierres pourles rues ou encore des aliments pour les restaurants du personnelde l’État. « Dans les chaines d’approvisionnement de ces biens, lesviolations de droits humains ou des droits du travail sont récurrentes », souligne Solidar Suisse.

L’amiante, un crime mondial Le Courrier, 17.7.2019 Le pouvoir du lobby de l’amiante se manifeste au sein de la Convention de Rotterdam. Cet accord entré en vigueur en 2004 présente un défaut de conception crucial qui le rend pratiquement sans valeur. Pour qu’un pesticide ou une autre substance dangereuse soit inscrit à l’annexe III de la Convention, un consensus entre les parties contractantes est nécessaire. Cela signifie qu’un seul pays peut bloquer l’inclusion. Ainsi, la Russie, le Kazakhstan, l’Inde et d’autres pays empêchent depuis plus de dix ans que le commerce de l’amiante soit soumis à des exigences minimales. Selon les dernières estimations, plus de 220 000 personnes dans le monde meurent chaque année de l’amiante. C’est deux fois plus de morts que tous les conflits armés réunis. Et la communauté internationale reste les bras croisés et laisse la Russie et son lobby poursuivre cette spirale de la mort avec leur « niet ».


Ensemble 19

S’ENGAGER Luttez à nos côtés pour un monde équitable. À tous les niveaux, les possibilités d’agir sont infinies. Voici quelques propositions concrètes.

FAIRE UN DON Soutenir la lutte pour des conditions de travail décentes Malgré une législation assez progressiste, le travail dans les usines chinoises s’effectue souvent dans des conditions indignes et dangereuses. Notre partenaire sur place, Labour Action China, propose une assis­ tance juridique aux personnes souffrant de maladies professionnelles. Engagez-vous à nos côtés pour imposer des conditions de travail décentes dans le monde entier. Chaque don compte ! Faire un don : www.solidar.ch/chine

Inscrivez-vous à la newsletter de Solidar Notre newsletter vous fournit des informations sur les activités les plus récentes de Solidar Suisse dans les pays où nous sommes à l’œuvre et vous présente nos succès. Elle vous invite aussi à participer à nos campagnes, comme celle en faveur de conditions de travail décentes dans les chaînes logistiques des grandes multinationales et chez les fabricants chinois de jouets.

CONSOMMER DURABLE Où en est votre commune ? Les résultats du quatrième rating des communes de Solidar Suisse sont sur le point de paraître. Voici quelques infos exclusives : un nouveau record a été battu et une nouvelle commune pointe en tête de classement. Dans l’ensemble, plusieurs communes ont continué à progresser depuis le rating de 2016. Dès le 20 août, vous connaîtrez le rang de votre commune dans le rating 2019.

Plus d’infos : www.solidar.ch/newsletter

Rating des communes : www.solidar.ch/rating

IMPRESSUM Éditeur Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, case postale 2228, 8031 Zurich, tél. 021 601 21 61 email : contact@solidar.ch, www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne Membre du réseau européen Solidar Rédaction Katja Schurter (rédactrice responsable), Marco Eichenberger, Lionel Frei, Eva Geel, Cyrill Rogger

Layout artischock.net Traduction Milena Hrdina, Katja Schurter, Jean-François Zurbriggen Correction Jeannine Horni, Catherine Vallat Impression et expédition Unionsdruckerei/ subito AG, Platz 8, 8201 Schaffhouse Paraît quatre fois par an. Tirage : 37 000 ex. Le prix de l’abonnement est compris dans la

cotisation (membres individuels 70.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé et respectueux de l’environnement. Photo de couverture Des agents de sécurité de Glencore attaquent des agricultrices devant une mine au Pérou en 2018. Photo : zVg. Dernière page Merci pour votre soutien aux victimes du cyclone Idai. Photo : Denis Onyodi.

ENSEMBLE

PARTICIPER


MERCI !

AIDE AUX VICTIMES DU CYCLONE IDAI En mars, le cyclone Idai a dévasté des régions entières du Mozambique. Grâce à votre contribution, Solidar Suisse a pu venir en aide aux personnes sinistrées. Nous leur avons fourni des abris d’urgence et de l’eau propre, cette dernière étant essentielle pour prévenir les épidémies. Nous réparons actuellement des puits afin de garantir à nouveau l’accès à l’eau potable.

Merci de tout cœur de continuer à soutenir notre action.

www.solidar.ch/idai


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.