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Le défi

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Ensemble

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LE MOZAMBIQUE SE PRÉPARE DÉJÀ AU PROCHAIN CYCLONE

Beat von Däniken a commencé son travail au Mozambique, après que trois ouragans ont dévasté le pays en deux ans. Un début réussi dans des temps difficiles.

Texte : Katja Schurter, rédactrice responsable de Solidarité. Photo : Solidar Suisse

« Il est important pour moi de contribuer à ce que les personnes aient une vie digne avec l’opportunité d’évoluer. » Beat von Däniken n’a pas besoin de réfléchir longtemps sur les raisons qui l’ont amené à diriger le bureau de coordination de Solidar au Mozambique. Nous nous entretenons via Zoom que nous utiliserions de toute façon (pandémie oblige), même si nous n’étions par séparé·e·s par 12 000 km. « Après de longues années au siège en Suisse, j’ai voulu travailler de nouveau dans un pays africain » raconte le géographe de 55 ans, qui a œuvré au Burundi, en Afghanistan, au Pérou et en Jordanie. Arriver jusqu’à Chimoio mi-novembre n’a pas été simple en raison de la pandémie. Il a toutefois réussi et il se réjouit de se lancer dans un nouveau défi et de collaborer avec des syndicats et des organisations de la base.

Début tempétueux

Néanmoins, il a dû se consacrer immédiatement à l’aide d’urgence car, fin décembre, l’ouragan tropical Chalane dévastait la province de Manica, qui avait déjà été frappée par le cyclone Idai. Solidar Suisse a organisé l’accès à l’eau potable, les produits d’hygiène et les mesures de protection pour les familles les plus pauvres. « J’ai eu toutefois un bon début : l’équipe m’a abordé de manière très ouverte et le coordinateur Jorge Lampião m’a introduit durant trois semaines avant de partir à la retraite. Mais naturellement, comme étranger, je ne peux pas le remplacer car, venant de Manica, il a un très bon réseau et a dirigé le Bureau 21 de Solidar durant de longues années », déclare-t-il. Il voit son rôle comme encourageant la population à développer ses propres capacités : « Par le passé, les idées venaient du coordinateur. J’aimerais aider les gens à travailler de manière indépendante. Je ne peux pas offrir une mise en réseau locale mais un réseau international qui utilise de nouvelles ressources pour faire avancer le travail. » Après le cyclone Idai, l’aide humanitaire a représenté un grand changement pour le bureau de coordination : de nombreuses personnes ont dû être recrutées et les deux équipes, pour la coopération au développement à long terme et l’aide d’urgence, ont fonctionné à des rythmes et avec des priorités complètement différents.

Beat von Däniken a terminé l’inspection du véhicule avant de visiter une école professionnelle à proximité.

Lier l’aide humanitaire et le développement

« Le défi est de créer une compréhension mutuelle et de croître ensemble. » Ce qui est d’autant plus important que les deux approches sont dépendantes l’une de l’autre et complémentaires : « Le travail de Solidar pour le développement des municipalités est la condition idéale pour préparer les gens aux catastrophes et apporter une réelle aide d’urgence », Beat von Däniken en est convaincu. En effet, les contacts avec les décideurs et la population existent déjà. « Après une catastrophe, nous devons de nouveau penser en fonction du développement : De quoi vivront les gens, où vont-ils s’installer ? Ces questions d’aménagement du territoire sont hautement politiques. Se borner à distribuer du matériel de secours ne suffit pas, les gens ont besoin d’écoles, de centres de santé, de routes. » Le travail de base lui plaît : « Il faut des communautés informées qui s’organisent et imposent leurs préoccupations. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Le processus est long mais passionnant. » Et les questions de prévention des catastrophes se posent aussi dans ce domaine : les gens vivent-ils dans un lieu sûr ou bien leur maison risque d’être emportée à la prochaine crue ? « Solidar contribue de manière considérable à affaiblir les conséquences des catastrophes naturelles en liant le travail de développement, la prévention des catastrophes et l’aide humanitaire », affirme-t-il.

Créer des perspectives

Beat von Däniken est en revanche bien moins convaincu de la bureaucratie mozambicaine. « Une strate de bureaucrates souvent inutile défend ses privilèges. Les gens n’osent pas critiquer l’autorité. La culture patriarcale se reflète aussi dans les méthodes d’éducation et à l’école. Beaucoup de potentiel est perdu. » C’est là qu’il souhaite apporter sa contribution : « Nous devons favoriser l’éducation, pas seulement l’enseignement supérieur, mais aussi des formations plus courtes et plus pratiques. Il y a certes des institutions de formation, mais elles ont peu de lien avec le marché du travail. Le pire, c’est que les jeunes n’ont pas de possibilité de se développer. Nous devrions nous investir davantage dans ce domaine. C’est aussi une contribution à la prévention des conflits : le fait que les jeunes du nord rejoignent les partis islamistes est dû en partie au manque de perspectives. »

Carlo Sommaruga

Président de Solidar Suisse

Répartir équitablement les charges et les coûts

En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, la communauté mondiale a adopté le principe de la responsabilité commune mais différenciée en matière de changement climatique. Les charges et les coûts doivent être répartis équitablement entre les pays. Ce principe a été confirmé dans l’Accord de Paris sur le climat. En raison de son haut niveau d’industrialisation et de consommation, la Suisse contribue plus à la destruction de la planète que le Burkina Faso par exemple. C’est pourquoi elle s’est engagée à payer une contribution équitable à la restauration des écosystèmes et aux mesures d’adaptation au climat. Mais les actes n’ont suivi qu’avec hésitation.

Le Parlement a certes dit oui à la transition énergétique d’ici à 2050, tout en permettant que les chauffages au fioul soient remplacés par d’autres systèmes au fioul et que des voitures toujours plus grandes, dont les émissions de CO² augmentent au lieu de diminuer, circulent sur nos routes. Les politicien·ne·s ont au moins adopté la nouvelle loi sur le CO². S’il s’agit d’un pas nécessaire et important, il ne suffit pas. En sus de la réduction des gaz à effet de serre à l’interne, la Suisse doit considérablement augmenter sa contribution aux pays plus pauvres afin qu’ils puissent compenser les dommages issus du dérèglement climatique et s’y adapter. Toutefois, les ressources limitées de l’aide au développement ne doivent pas être utilisées à cette fin et simplement calculées une seconde fois comme financement international du climat. Une nation industrielle riche comme la Suisse ne peut pas vivre aux frais des générations suivantes et des plus pauvres de la planète.

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3 1

Solution :

LE SUDOKU DE SOLIDAR

Compléter les cases vides avec les chiffres 1 à 9. Chaque chiffre ne peut figurer qu’une seule fois sur chaque ligne, dans chaque colonne et dans chacun des carrés de 3 × 3 cases.

La solution se trouve dans les cases grises lues horizontalement, selon la clé suivante : 1 = I, 2 = E, 3 = S, 4 = T, 5 = M, 6 = A, 7 = C, 8 = L, 9 = R

Envoyez la solution à Solidar Suisse sur une carte postale ou par courrier à contact@solidar.ch, objet « sudoku ».

1er prix Un masque de protection cousu main du Mozambique 2e prix Un tablier du projet contre la violence en Bolivie 3e prix Un marque-page au motif de lama en argent de Bolivie

La date limite d’envoi est le 25 juin 2021. Le nom des gagnant·e·s sera publié dans le Solidarité 3/2021. Aucune correspondance ne sera échangée concernant ce concours. Tout recours juridique est exclu. Les collaborateurs et collaboratrices de Solidar Suisse ne peuvent pas participer au concours. La solution du concours paru dans Solidarité 1/2021 était « libertés civiles » . Barbara Schenk Seiler de Bern a gagné un masque de protection du Mozambique, Raymond-Felchlin Dumont de Buchs un stick USB de Bolivie et Marc Schaerer de Thônex des mangues du Burkina Faso. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont participé au concours.

REVUE DE PRESSE

Comment les habitants de l’île indonésienne de Sulawesi sont passés de victimes à spécialistes

Chaîne du Bonheur, 24.3.2021

Deux ans et demi après le séisme de 2018 et le tsunami destructeur qui en avait résulté, les habitants de l’île de Sulawesi (île de Célèbes) ont dû faire face à un nouveau séisme en ce début d’année, cette fois 500 kilomètres plus au sud. Retour sur l’effet qu’a eue cette faible distance sur l’aide apportée par nos organisations partenaires et la solidarité de la population.

Save the Children a mis en place des points de lavage des mains et informe les enfants sur la manière d’enrayer la pandémie. Solidar Suisse organise un transport d’eau depuis plusieurs sources jusqu’aux villages et s’assure que celle-ci ne soit pas contaminée. ADRA recrute des volontaires qui aident les victimes à reconstruire leur logement.

Pain pour le prochain et Action de Carême lancent aujourd’hui leur campagne œcuménique

RTS, 17.2.2021

Ils appellent la BNS à sortir des énergies fossiles. Une campagne sous tension puisque depuis les votations pour des multinationales responsables les ONG sont critiquées pour utiliser des fonds publics dans des campagnes politiques. Les commentaires de Tiziana Conti (campagne oecuménique), Lionel Frei (Solidar Suisse) et d’autres organisations non gouvernementales.

Ravagée par deux ouragans, l’Amérique centrale appelle à l’aide

Le Temps, 12.2.2021

Eta et Iota : deux lettres de l’alphabet grec donnent aux tempêtes atlantiques de novembre dernier des allures de déesses antiques. Mais ce sont des déesses funestes. La saison 2020 des ouragans atlantiques a été la plus intense jamais enregistrée et 5 millions de personnes ont un urgent besoin d’aide, alertent le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) et la FAO. Pour la première fois, deux ouragans majeurs ont dévasté l’Amérique centrale à deux semaines d’intervalle, en novembre 2020.

Sans compter la situation sanitaire au sein d’une des populations les plus pauvres du globe. Selon l’ONG Swissaid, qui a également lancé un appel, 1,5 million de Nicaraguayen-ne-s ont vu leur maison emportée. Dans la même région, sa consœur Solidar suisse mène également des projets de reconstruction.

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