Solidarité 4/2020

Page 17

« Le syndicat est en lien direct avec les gens. Je ne veux pas me contenter de siéger sous la Coupole, mais rester en phase avec la réalité. » À ses yeux, les syndicats manquent toutefois de perspectives internationales, d’où son engagement au sein de Solidar Suisse. « Cette organisation défend des conditions de travail décentes, un travail digne et une solidarité internationale active, une solidarité qui met l’accent sur notre responsabilité de pays qui profite de la production étrangère. » Une question de bon sens En toute logique, Tamara défend l’initiative pour des multinationales responsables : « C’est une question de bon sens : ceux qui violent les droits humains doivent être jugés. Les multinationales doivent assumer les conséquences de leurs activités dans les pays producteurs. » Tamara Funiciello étudie l’Histoire et les sciences sociales. Il ne lui reste pourtant guère de temps en plus de sa charge de conseillère nationale et de ses multiples autres engagements, qui vont d’Unia, de l’Union syndicale et de l’Organisation suisse des lesbiennes au Comité bernois de la grève des femmes en passant par le Réseau de réflexion et les Femmes socialistes. Seule femme ouvertement queer de Suisse, elle concentre son action au niveau national

« Les multinationales doivent assumer la responsabilité de leurs activités dans les pays de production. » sur l’application de la Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes. Comment a été accueilli son coming-out en tant que femme bisexuelle l’année passée ? « Il y avait tant de réactions positives, que j’ai renoncé à mon portable, déclare-t-elle. Je n’ai heureusement pas vu les commentaires négatifs. Mon équipe les avait éliminés. » Pour Tamara Funiciello, l’un des défis du travail parlementaire consiste à ne pas se fourvoyer dans les détails au point de perdre la vue d’ensemble. Elle espère que Solidar l’aidera à garder le recul nécessaire : « Je me réjouis de découvrir la réalité de lieux aussi différents. Je pourrai en apprendre beaucoup. »

Président de Solidar Suisse

Tamara Funiciello souhaite renforcer l’approche féministe à Solidar Suisse.

Carlo Sommaruga

Solidarité 4/2020  Le défi 17

Ensemble contre le travail des enfants Solidar Suisse lutte contre les pires formes d’exploitation, dont le travail abusif des enfants. Dans les pays où nous réalisons des projets, des enfants travaillent pour 50 centimes par jour. Ils cousent, à la main, des étiquettes sur des vêtements, trient du métal sur le sol glacial des usines ou cueillent du coton sous un soleil implacable. Certains doutent que le travail soit nocif pour les enfants. Nous ne le dénonçons bien entendu que si nos collaborateur·trice·s sur place ont constaté des abus ou que ceux-ci ont été scientifiquement prouvés. Car des limites claires existent entre ce qui est légal et tolérable, d’une part, et ce qui relève de l’abus, d’autre part. Le travail des enfants est abusif lorsque les travailleur·se·s sont trop jeunes, qu’ils effectuent une activité dangereuse ou qu’ils sont exploités et que le travail nuit ainsi à leur développement physique et psychique ou les empêche d’aller à l’école. N’entrent pas dans cette catégorie les travaux légers effectués à la ferme pendant les vacances, la participation aux travaux domestiques ou le fait de promener le chien de la voisine pour un peu d’argent de poche. Les contrats conclus avec des adolescents ne relèvent pas non plus du travail des enfants. L’engagement de Solidar contre le travail des enfants est plus indispensable que jamais, car la pandémie aggrave la pauvreté et oblige davantage d’enfants à travailler. Interdictions et boycotts s’avérant peu efficaces, nous recherchons le dialogue avec les autorités, les milieux politiques, les communautés villageoises, les entreprises, les médias, les écoles, les institutions religieuses et les parents, afin de trouver des solutions ensemble. Si tout le monde tire à la même corde, nous pourrons atteindre l’objectif de l’Agenda 2030 de l’ONU : éradiquer le travail des enfants, sous toutes ses formes, d’ici à 2025.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.