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EMMA BRUSCHI

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SHOW DEVANT

SHOW DEVANT

Gestes du passé et blé tressé, en novembre dernier, Emma Bruschi a cueilli le jury du Festival International de la mode d’Hyères. Dans son atelier genevois, elle imagine en effet un vestiaire bucolique, au carrefour de la mode, de l’artisanat et de l’agriculture. Une envie de nature, épi c’est tout !

PAR MÉLANIE MARULLAZ PHOTOS : CYNTHIA MAI AMMANN

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© Emilie Kirsch

Emma Bruschi

Ado, quand on lui demandait ce qu’elle voulait faire, elle a longtemps répondu : “des études de commerce”. Pour botter en touche. “Parce que si on répondait quelque chose de trop original, il fallait s’expliquer, ça attirait l’attention.” Tout ce qu’Emma la réservée voulait éviter. Elle savait pourtant depuis longtemps qu’elle fabriquerait des choses, et que c’est dans le textile qu’elle trouverait le plus de possibilités de s’exprimer. Ce qu’elle ne savait peut-être pas, par contre, c’est qu’elle ferait elle-même pousser sa matière première. En 2020, avec l’aide de son oncle, et sur une parcelle familiale près de Rumilly, elle a en effet planté du seigle. Du seigle ? Pour faire des vêtements ? De la paille de seigle qu’elle travaille au crochet, tout à fait ! Et à moyen terme, Emma aimerait produire ses céréales et pourquoi pas de la laine, du mohair, du cachemire… Parce qu’elle aime utiliser ses propres matériaux, “les voir pousser, travailler avec le vivant”.

VISER JUTE ET AVOIR GRAIN DE CAUSE

C’est dans la ferme savoyarde de ses grands-parents que les idées de cette jeune créatrice de 27 ans trouvent leur origine. Enfant, elle y passe toutes ses vacances. Au milieu des cochons, des chèvres, des lapins, elle participe à la récolte des pommes de terre, à la fabrication du cidre ou du vin. “Ils vivent presque en auto-suffisance, ils ont tout fabriqué et ils savent tout faire : ma grand-mère tricote, coud, mon grandpère fait de la vannerie. J’avais envie de réhabiliter ces savoir-faire, les matériaux, les machines et les gens qui gravitent autour.” A l’Ecole Supérieur des Arts Saint Luc de Tournai, en Belgique, où elle passe sa licence de stylisme, on lui fait comprendre que son approche n’est pas très moderne : “c’était un peu un sujet de conflit, mais j’ai quand même pu développer mon univers. En dernière année, j’ai même fait une collection autour de l’agriculture urbaine, en récupérant des bleus de travail et de la toile de jute.” Très vite, et à la différence de ses copines de promo, elle sait qu’elle ne veut pas travailler comme designer pour une marque, se voit bien créer son propre métier. Un Master à la

Haute Ecole d’Art et de Design (HEAD) de Genève affûte son approche de la direction artistique : “c’était très professionnalisant, pendant deux ans, je n’ai fait que ça, je n’avais pas de vie à côté, mais j’ai appris à communiquer et à travailler avec d’autres artisans.” Un vannier, une fileuse de laine, qu’elle a notamment rencontrés grâce au Strohmuseum de Wohlen (Argovie)… Et oui, en Suisse, la paille a son musée, car, produite en masse, elle y fut la base d’une industrie florissante d’exportation des tresses à chapeaux aux 18 et 19e siècles.

AGRI-COUTURE

C’est d’ailleurs un chapeau que fabrique Emma en nous racontant son histoire, avec des « tortillons », soit de la corde de paille de Wohlen. Mais elle décline également ces fibres en bijoux. Au Festival d’Hyères, ses boucles d’oreilles oversized en forme de croix lui ont valu le prix des métiers d’art de Chanel, mais toute sa collection a attiré l’attention. Une collection Homme plutôt androgyne : “j’étais partie sur des modèles Femme, mais je faisais les essais sur mon copain et j’ai trouvé que ça apportait quelque chose de nouveau, plus de fraîcheur.” Côté matières, du naturel évidemment, et de la seconde main : du raphia brodé sur de la paille ou du seigle crocheté, des caleçons tricotés ou d’anciens draps transformés en chemises et tuniques. Côté motifs, du naïf et de la toile de Jouy revisitée, inspirée des gravures de l’Almanach Savoyard. En se plongeant dans l’incontournable revue régionale, hommage rendu aux traditions locales et aux métiers d’antan, elle a en effet retrouvé non seulement l’univers de ses grands-parents, mais celui de toute une génération, “un artisanat lié au temps, aux saisons, loin de la mode actuelle”. Ce qui n’a pas empêché cette passionnée de bio-technologies, auxquelles elle a consacré un mémoire, d’explorer aussi de nouvelles matières, comme un cuir de kombucha, issu d’une fermentation de bactéries,

et sur lequel elle a imprimé des extraits de l’almanach. Grâce à Hyères, Emma a gagné énormément de temps et reçu beaucoup de propositions : un budget pour travailler avec une maison d’art, très certainement le prestigieux plumassier Lemarié, un projet pour une ferme au Maroc et une collaboration sac et chaussures avec une créatrice parisienne réputée écolo et décroissante. “La préoccupation pour l’environnement fait de plus en plus partie de notre vie, ce n’est plus seulement un positionnement. Plus on apprend comment sont faits les vêtements, plus on connaît les rouages, plus on est confortés dans ces choix. Evidemment, ce travail autour de mes grands-parents rejoint l’écologie, le local, le lien avec les gens, mais tout ça me plaisait avant que je sois consciente des scandales de l’industrie textile, et mon moteur reste avant tout l’émotionnel.” 

+ d’infos : emmabruschi.fr

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Comment ça va, la ville ? Bien dans son urba ? Poisy, plutôt bonne nature, vise culture et associations, Annecy, rangée des voitures, pense vélo et se refait le pont ; Thonon prend soin de son cœur, voit ses pentes en vert, Quand Val Tho remet du sport dans ses affaires ; Chambé rit de se voir si belle avec un stade en construction, Et pour soigner sa circulation, mettre fin aux bouchons, Mise sur un parking qui fait de la mobilité douce une vocation… La ville ne vaut rien, mais rien ne vaut la ville, dirait Souchon.

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