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SOTTISESMAGAZINE.FR
Concept éditorial + Direction artistique Sarah Fouassier : s.fouassier@sottisesmagazine.fr | Concept graphique + Design graphique Léa Chaix : l.chaix@sottisesmagazine.fr | Rédaction Alex Egea / Simon Chambon-Andreani / Mathilde Corbet / Claire Delorme / Pierre Francou / Maxime Gueugneau / Benjamin James-Peron / Guillaume Jallut / Steven Mazzola / Ugo Maillé / Sébastien Poirée | Photographie Jean-Baptiste Carhaix / Julien Darius Derriault / Laurie Franck / François Jenssard / Steven Mazzola / Aldo Paredes | Illustration Hugo Charpentier - éditions Mauvaise Foi | Ne peut être vendu. Ne pas jeter sur la voie publique. Reproduction, même partielle, interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur.
Sommaire 1 / MARIOLÂTRIE
TRIBUNE | PAGE QUATRE LES DITES MADONES | PAGE CINQ LA DIX-NEUVIÈME APPARITION | PAGE NEUF MARIE, IDOLE DE L’ORNEMENT | PAGE DIX LAVER MARIA | PAGE DOUZE VIRGINA SHELL | PAGE TREIZE 2 / VIRGINITÉ ÉMANCIPÉE
TRIBUNE | PAGE SEIZE LYON À TRAVERS-SAINTES | PAGE DIX-SEPT L'HYMEN ET LE PIEU | PAGE DIX-NEUF LES MYSTÈRES D’ONAN | PAGE VINGT VOILE, SYMBOLE ŒCUMÉNIQUE | PAGE VINGT-DEUX 3 / VIRGINART
TRIBUNE | PAGE VINGT-SEPT « J’AI TOUJOURS BOUFFÉ DU CURÉ » | PAGE VINGT-HUIT JÉSUS, LE TYPE QUI A INVENTÉ LA SNEAKER | PAGE TRENTE-UN PLAYLIST VIRGINALES | PAGE TRENTE-QUATRE DARK VIRGINS | PAGE TRENTE-SIX
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Édito
Sarah Fouassier
LIBERTÉ, CRÉATIVITÉ, COMPLICITÉ Six mois se sont écoulés depuis notre première édition Cochons, Cochonnes, six mois pendant lesquels vos attentions et encouragements ont été autant de facteurs motivants pour produire ce second numéro. Nos collaborations se sont étoffées et nous sommes heureux de vous présenter ceux dont vous parlerez demain. Nous ne pouvons que constater l’effervescence culturelle et artistique lyonnaise, de plus en plus de projets voient le jour, beaucoup perdurent et la grande majorité a besoin d’une vitrine comme Sottises. Nos collaborateurs sont notre nourriture d’esprit, nous sommes simplement leur support. Ce numéro leur est dédié.
ne serions qu’un énième magazine gratuit qui passe à la poubelle une fois consommé. L’avantage du papier est évident, mais ce Graal a un prix et les finances nous ont manqué pour toucher du doigt le précieux feuillage. Le digital n’est sûrement pas un adversaire à la mesure du papier, mais puisqu’en ces temps de marasme, les annonceurs manquent à l’appel, le numéro deux se devra d’être payant à notre grand regret. Celui-ci verra le jour le printemps prochain. D’ici là, vous aurez de nos nouvelles, pas d’inquiétude. En attendant, la proximité et la complicité restent nos leitmotive. Nous avons besoin de nous rencontrer, de nous soutenir afin de construire ensemble notre ville et l’image que nous véhiculons d’elle, Sottises revendique son ADN de média alternatif per- ici et ailleurs. mettant à une génération impétueuse de partager une vision souvent surprenante, mais toujours intéressante. Nouveaux Lyonnais curieux ou doyens chauvins, nous L’irrévérence est ancrée dans nos gênes, sans elle nous avons tous constaté l’extraordinaire passion que Lyon | trois
voue à la Vierge Marie, une véritable idole puisque nul n’est laissé indifférent. Marie, Myriam, Maryeme, quel que soit son nom, son omniprésence a capté notre attention. Le sujet est vaste. Toutes vos questions ne trouveront pas de réponse, mais vous serez interpellés, choqués pour les plus chastes. Pas de panique, Marie est forcément dans le coin. Idéal pour vous repentir ou assouvir votre curiosité. On ne vous donnera qu’un seul conseil : visitez les lieux de culte, appréciez-les, déboursez quelques pièces. Cultivons notre patrimoine. Pour reprendre Octavio Paz à ce sujet : « Les lieux sont aussi des liens. Et ils sont notre mémoire. » La messe est dite …
sottises mariolâtrie
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rédaction Mathilde Corbet
illustration Hugo Charpentier
Mariolâtrie
La mariolâtrie désigne l’ensemble des croyances qui placent Marie, mère du Christ comme l’égale de Dieu. D’après ce culte, la bonne Marie est rédemptrice des péchés de l’homme et l’expression du principe féminin, de l’amour et de l’harmonie universelle. Elle est mère et épouse, reine du ciel et sainte dévouée. Rien que ça. Elle est un tout idéalisé, un idéal mystifié, elle est sans égal. Une femme de nos jours peut difficilement prétendre à une telle ambivalence. Quelle marie-couche-toilà serait capable de claironner sans passer pour une sainte Nitouche, qu’elle s’est retrouvée enceinte par l’opération du Saint-Esprit tout en revendiquant qu’elle
est une sainte ? Les remises en question vont bon train, Calvin et Luther hurlent à l’imposture, Marie ne serait pas une grâce divine. Le mutisme des écritures saintes concernant ses origines contribue aussi à entretenir le mythe et encourage toutes les extravagances, tant dans les croyances que dans les représentations. L’utilisation de l’archétype de la femme idéale pour la décrire brouille les chemins qui mènent à la vérité. Qui est la Vierge ? Veuve éplorée, mère des pauvres ou fille de joie, elle protège tout et son contraire. Le mystère qui la nimbe nourrit le mythe. Marie nous sauvera tous, les lyonnais l’ont bien compris. Nombreux sont ceux qui | quatre
parent leur intérieur de statuettes et autres objets du culte marial. La vierge est omniprésente. Bernadette Soubirous n’est pas la seule à l’avoir vue, à Lyon nul besoin d’éclat divin, les madones veillent sur la ville et chacun se surprend à les contempler. Le culte qu’on leur voue est pérenne et dans cette ère où on se lasse de tout, les pêcheurs que nous sommes continuons à leur rendre grâce malgré les hordes d’illuminés, qui, chaque année plus nombreux, assaillent la ville pour approcher leur sainte renommée.
sottises mariolâtrie
photographie François Jenssard
rédaction Simon Chambon-Andreani
Les dites madones LES PORTEÑOS ONT LEURS GUÉRITES, LEURS GRANDS PORTAILS À BARBELÉS, ET SURTOUT LEURS MILICES PRIVÉES, QUI DE NUIT COMME DE JOUR - UNE CALEBASSE DE MATÉ À LA MAIN OBLIGE - CUIRASSENT SES BOURGEOIS DES INEXTINGUIBLES ET DANGEREUX VILLEROS. Les Londoniens quant à eux, se contentent de leur mondialement célèbre et super héraut Big Brother. L'homme pèse, comme son nom l'indique. Confortablement avachi devant sa télé - un paquet de chips vinaigrées sur les genoux oblige - il contrôle tous les va-et-vient via un réseau constitué d'un demi-million de caméras profondément cachées. Ici, à Lyon, dans notre petite bourgade tranquille et provinciale - comme se plaisent si fréquemment à le rappeler les parisiens - nous avons les madones, armée de deux cents vierges veillant sur nous depuis des décennies, les yeux fermés et les mains vides. Pas plus qu'on ne les regarde souvent, aucune de ces Wonder Women vieux jeu ne nous observe directement. La plupart des Lyonnais les ignorent, alors qu'elles les protègent au quotidien, et ce par la plus pure opération du Saint-Esprit. Depuis 1643, alors que toutes les routes étaient censées mener à Rome, en capitale des Gaules, "que vous veniez d'un chemin ou d'un autre, c'est Marie [et ses sosies] qui vous accueille dans votre maison." La très sainte et immaculée matrone, puisque c'est elle la chef, revêt un uniforme doré et siège bien au-dessus de ces disciples, au sommet de Fourvière. C'est ainsi qu'avant les autres, elle honore de sa présence, sa
puissance, et son élégance, les plus méritants de nos avouer que voir soudainement le peuple se soulever concitoyens ; ceux qui sur la colline des prieurs ont élu pour des valeurs comme la laïcité avait largement de domicile. quoi les décontenancer. Une autre, on ne saurait trop comment, s'est retrouvée sans bras. Bien regrettable, SA LIEUTENANTE, POSTÉE SUR LES HAUTEURS DE MIRIBEL, quand - comble du sort - une des meilleures chocolateries EN IMPOSE PAR SA TAILLE, ET PUIS PAR SA CARRURE. se trouve à quelques pas de ses propres quartiers. Les ELLE, MOINS SÉDUISANTE MAIS PLUS ROBUSTE, VEILLE madones sont toutes sérieuses et ne sourient jamais. SUR CES PAUVRES OUVRIERS, TOUS BANLIEUSARDS Mais peut-être que l'une d'elles, si tant est que quelqu'un POUR LA MAJORITÉ, QUI LES WEEK-ENDS ENSOLEILLÉS lui déclenche un rictus, nous dévoilerait alors sa mâchoire S'ENTASSENT EN FAMILLE SUR LES BERGES DU LAC. de sans-dents ; ce qui ne manquerait pas de faire grincer celles de son président. Une fois n'est pas coutume, elle est aussi la plus new wave, la plus moderne, la plus ouverte, puisque - Bref. Même si jamais on vous promettait que 72 pucelles retenez-vous bien - elle autorise qu'on la pénètre de vous attendaient au Paradis, n'hésitez pas : ne vous faites temps en temps (moyennant finance, bien entendu). pas sauter dans une voiture piégée, ne foncez pas à Les nombreuses autres sont plus petites, plus banales, toute vitesse et en avion dans le premier building que mais plus claires. Postées au carrefour, à l'angle des vous croisez, déménagez tout simplement à Lyon, c'est bâtisses, elles n'attendent pas le client. Non. Comme toujours plus prudent. Ici les vierges sont belles, bienle berger allemand au fond de son jardin, elles veillantes, et on en trouve à presque tous les coins de patientent passionnément dans leur niche, et guettent rue. Rassurez-vous, l'une d'elles éradiqua jadis la peste à qu'aucun malfrat n'ose faire de mal à nos foyers. elle toute seule, nul doute que toutes ensemble elle nous Toutes se ressemblent beaucoup, mais chacune a son préserverons du Ebola. caractère. Par exemple, certaines des plus radicales et fondamentalistes perdirent la tête, à la Révolution. Il faut | cinq
sottises mariolâtrie
photographie François Jenssard
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sottises mariolâtrie
photographie François Jenssard
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Mirage Festival
3e Edition
MMMMM IIIIIIIIIIIIIII RRRRRR AAAAAAAA GGGGG EEEEEEEEEE Art, Innovation et Cultures Numériques
25 Février — 01 Mars
Installations, Musique, Performances, Workshops, Rencontres Pros.
2015 Lyon
www.miragefestival.com
sottises mariolâtrie
rédaction Sébastien Poirée
photographie Jean-Baptiste Carhaix
La dix-neuvième apparition JE VIENS DE FÊTER MES TRENTE-CINQ ANS, EN COMPAGNIE DE MES SŒURS. L'AIR FROID DE CET HIVER ME BRÛLE LA GORGE, RÉVEILLANT CETTE LANCINANTE DOULEUR DANS MA POITRINE. POURTANT, J'AI SOURI À CHAQUE ATTENTION DE MES SŒURS PENDANT CE MODESTE DÎNER QUE NOUS VENONS DE PARTAGER. J'AI ACCROCHÉ FACE À MOI CE JOLI CHAPELET DE BOIS QU'ELLES M'ONT OFFERT, DONT LA SUBTILE ODEUR DE CÈDRE M'EMPLIT DE BONHEUR. La nuit est déjà bien avancée, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Mes poumons sont endoloris, la toux empêche mon repos ; toute ma vie, ma santé fragile m'aura accompagnée, et si parfois, j'ai senti ma vie s'échapper, je ne t'ai toujours pas rejointe. À la lueur de la bougie, je me souviens notre première fois, notre première rencontre, il y a bientôt vingt et un ans. Et depuis, un amour constant, puissant, m'a porté. Je n'oublierai jamais nos rendez-vous et tes paroles, toute ma vie, je l'ai consacrée à toi. Toute ma vie, tu as été près de moi. Et si aujourd'hui, le lieu de notre amour est devenu lieu de pèlerinage, si notre histoire ne nous appartient plus, il est un épisode que nul ne connaît, ce secret que j'aurai porté tout ce temps. Et lorsque j'aurai rendu mon dernier souffle, lorsque je serai près de toi, alors ces quelques lignes, déposées par l'encre de ma plume, finiront de compléter notre histoire.
La dernière fois que nous nous sommes vues, c'était un soir d'été, je t'avais retrouvée au lieu de nos rendezvous, dans cette grotte familière qui était nôtre, avant de devenir ce lieu si fréquenté aujourd'hui. Rien n'avait changé, l'odeur des herbes, la fraîcheur portée par le gave, et le parfum enivrant de ce rosier auprès duquel tu m'as toujours attendu. Ce soir-là, j'avais de la peine, mon cœur savait que je ne reviendrai plus, toi aussi, tu le savais, tu m'as accueillie avec ton délicat sourire bienveillant ; quelques jours plus tard, le 4 juillet 1866, je partais pour Nevers. Treize ans déjà, et je me souviens de cet instant comme si je venais de le vivre ; je me suis assise à l'entrée de la grotte, nous sommes restées silencieuses, je m'imprégnais de ta présence réconfortante ; je repensais à ce que nous avions vécu, à tout ce que tu m'avais apporté, et contrairement à ce que tu m'avais dit à notre troisième rencontre, tu m'as rendue heureuse ici même. Je me souviens le ciel scintillant, le chant des insectes et des animaux nocturnes, ta clarté. Je me suis alors tournée vers toi ; je t'ai trouvé belle, resplendissante, et mes mots ont suivi pour te le dire ; pendant ces huit années le temps semblait ne pas avoir eu d'emprise sur toi. Tu m'as souri, puis ta douce voix m'a répondu : « J'ai perdu ma vieillesse, tu perdras la tienne toi aussi, un jour ». Je méditais ta réponse, « Comment peut-on perdre sa vieillesse ? C'est impossible, tout le monde vieillit, tout subit les outrages du temps ». Pourtant, tu en étais la preuve, tu n'avais pas changé, tes traits fins et délicats, ta peau lisse et ton teint éclatant, tu étais jeune, et
paraissais bien plus jeune que je ne l'étais. « Bernadette, ce que tu vois de moi aujourd'hui... Je suis telle que les autres veulent que je sois ». Ce n'était pas la première fois que tu me parlais de façon énigmatique, pourtant à cet instant, et pour la première fois en huit ans, j'aperçus ce qui me sembla être de la tristesse dans ton regard d'ordinaire bienveillant. « - TU ES CE QUE NOUS VOULONS QUE TU SOIS... ? TU ES LA MÈRE DE JÉSUS, LE FILS DE DIEU, TU ES NOTRE SAINTE VIERGE MARIE. - OUI, MA PETITE BERNADETTE, TU AS RAISON, ET EN MONTANT AU PARADIS, J'AI LAISSÉ ICI MA CONDITION DE FEMME, AUJOURD'HUI, JE NE M'APPARTIENS PLUS. JE SUIS FIGÉE DANS MES REPRÉSENTATIONS, CE N'EST PAS MOI QUE TU VOIS ».
Je ne comprenais pas. Dans mon esprit, je me revoyais enfant contempler ton portrait dans les églises. Je te priais déjà, je te trouvais belle, aimante ; en pensant à toi, je savais que rien ne pourrait nous arriver. La couture qu'on m'apprenait m'importait peu, seule comptait ta présence, là dans mon cœur. Et dans l'église ton effigie me souriait, immuablement jeune, belle et sereine. « - Crois-tu que j'ai toujours été jeune ? - Quand tu es montée au Ciel, tu étais comme tu es maintenant... » Et j'ai vu tes yeux se fermer, pour la première fois, j'ai ressenti ta tristesse. « C'est le chagrin qui m'a emportée vers mon Fils. Après sa mort, pendant des années, j'ai parcouru chacun des endroits qu'il a foulés, tous ces lieux attachés à son souvenir. Pendant douze ans, j'ai marché dans ses pas, le cœur empli de chagrin, jusqu'à ce jour où un ange est venu m'annoncer que je serai appelée au Paradis, trois jours plus tard, pour retrouver mon unique Fils ». Jamais je ne t’avais imaginée autant submergée par le chagrin, sauf le jour de la crucifixion, où le corps de ton Fils t'était rendu inanimé, et ce soir-là, la dernière fois que nous nous voyions, tu me faisais cette confidence,
tandis que mes larmes te révélaient à moi ; un sourire délicat, pudique, se dessina sur tes lèvres, et les miennes se courbèrent également. Je te regardais, belle vieille femme apaisée, et dans tes yeux, je lisais ton bonheur. Pendant des siècles, les Hommes t'avaient privée de ta vieillesse, et, avaient réécrit ton histoire, estompant peu à peu la femme que tu avais été. Ce soir, tu en étais libérée ; tes cheveux gris ondulaient sous la brise. Alors tu rompis le silence et me racontas ton enfance et tes jeux de petite fille. Vint ta dévotion pour Dieu, et quand à quatorze ans tu fus mariée à Joseph, de près de vingt ans ton aîné, peu après l'Annonciation, tu ne pus t'empêcher d'être impressionnée ; il fut ton premier homme, ton seul mari. Ton fils grandissait en toi et tu t’épanouissais, le ventre arrondi et les seins généreux. Tu élevas ton fils comme toute mère, bienveillante et protectrice. Et tout au long de sa vie, tu veillas sur lui, seule, ton mari ayant rendu son dernier souffle trop tôt. Puis le chagrin s'installa en toi de nouveau le jour où ton fils te fut enlevé. Tu as souffert, tu as aimé, tu as été heureuse, quelquefois tu as failli douter de toi. Ton histoire était celle d'une femme, à la destinée particulière, et pourtant commune à nombre d'entre nous. Le temps de ton récit, tu retrouvais cette humanité qui t'avait tant manquée et tu te libérais de ce dogme pour regagner ton apparence. Enfin, tu me remercias, ta clarté s'estompa ; je demeurais seule face à la rivière, émue. Je cueillis une rose, le lendemain je partais pour Nevers ; je ne t'ai plus jamais revue, pourtant je te savais près de moi.
« C'EST UNE VIEILLE FEMME AUX CHEVEUX GRIS QUI EST MONTÉE AU PARADIS ».
Je restais muette un instant, saisissant tout le sens de cette phrase, toute la portée de cette conversation ; tu avais toujours les yeux fermés. Au plus profond de mon cœur, je souhaitais te revoir heureuse. Mais je comprenais maintenant, ton corps ne t'appartenait plus ; tout ce que j'avais appris sur toi se mit ainsi à vaciller. Je me sentais coupable d'avoir entretenu ce dogme, de n'avoir vu la femme dissimulée sous la Sainte. Tout ce que je savais de ta vie, je l'avais appris pendant mon catéchisme, dans la lecture des Écritures, et ton image en avait été fabriquée, éternellement jeune. « Marie... », de chaudes larmes coulaient le long de mes joues, et dans mon cœur jaillit tout l'amour que je te portais, toi la femme et la mère que tu as toujours été. Et à mesure que mes larmes ruisselaient sur ma peau, je voyais ton apparence subtilement se transformer ; ta peau se flétrit, tes cheveux d'un noir profond s'éclaircirent. Tu ne perdais rien de ta splendeur | neuf
Vingt et un ans se sont écoulés, bien des choses ont changé. Notre grotte accueille des milliers de pèlerins, parfois des visionnaires en extase ; la quiétude de ce lieu n'est plus. Ta demande a été exhaussée, et une belle basilique a été érigée sur le rocher. Las, tous les fidèles viennent ici adorer une Vierge jeune, éloignée de celle que j'ai pu voir et aimer. Bientôt mon heure viendra, et je te retrouverai, je le sens. Aujourd'hui sœur Marie-Bernard, la femme que je suis s'effacera, ne restera que la religieuse... Soeur Marie-Bernard Soubirous Nevers, le 7 janvier 1879
sottises mariolâtrie
rédaction Claire Delorme
photographie Aldo Paredes
Marie, Idole de l’ornement Les vierges sont mouvantes chez Noémie et Gregory qui en possèdent quelques représentations picturales. Tantôt dans l’entrée, tantôt dans la chambre où elles sont actuellement, c’est par choix esthétique qu’elles trouvent leurs places dans l’appartement. On nous rassure en nous confiant que ces tableaux se déplacent tous ensemble, pas de vierge isolée. Chinées en brocante, Noémie est cependant attentive à la composition des représentations, d’autres vierges oui, mais encore faut-il qu’elles soient seules et originales ! Il va être difficile de trouver mieux que cette sainte en 3D qui veille sur leurs draps… Pour constituer sa collection, Marie, notre hôte, a commis un péché capital. En effet, la jeune photographe a cédé à la tentation puisqu’elle a volé toutes les statues exposées chez elle. Petite, ses grands-mères l’ont éduquée à l’adoration de Marie, en lui disant avoir été miraculées, c’est en partie pour cette raison qu’elle s’est intéressée à cette iconographie. Son butin évoque pour elle la douleur, la féminité et la perte, mais cette figure a le don de l’apaiser. N’ayez crainte, sa série est pour elle terminée, nulle autre vierge ne sera dérobée. Romain, le bon élève, chanteur lyrique, chrétien pratiquant de surcroît, a su transmettre sa passion pour les rituels religieux catalans, les processions andalouses ainsi que la ferveur des fêtes tziganes à son copain Guillaume. Ensemble, ils ont imaginé leur appartement comme un cabinet de curiosités sur le thème de la vanité, un meuble d’usine en guise d’autel sur lequel repose la grande statue de la vierge, et des dizaines de photophores qui illuminent la pièce. La plupart des objets que l’on trouve chez le couple ont été chinés en région lyonnaise ou catalane. Si quelques-uns de leurs proches partagent leurs goûts en matière d’iconographie religieuse, ce n’est pas le cas de certains qui leur confient ne pas pouvoir vivre dans cet appartement aux faux airs de lieu de culte.
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sottises mariolâtrie
rédaction
photographie
Claire Delorme
Aldo Paredes
Dans les pentes de Lyon, existe un lieu où l’on peut se nourrir allègrement dans un cadre atypique : le restaurant Les Demoiselles de Rochefort, connu pour sa fine cuisine, mais également pour ses toilettes dans lesquelles sont accumulées un bon nombre de bondieuseries. Olivier, le gérant, nous confie que cette collection a commencé il y a plus de 25 ans pour ajouter une touche d’humour dans ce lieu habituellement fonctionnel, mais pas nécessairement esthétique… Aujourd’hui, vous pouvez apprécier d'uriner sous des dizaines de regards extatiques de Marie, en écoutant des gazouillis d’oiseaux, un véritable havre de paix. Ce lieu se trouve au 31 rue René Leynaud dans le premier arrondissement, et si cela vous tente d’ajouter votre pierre à l’édifice, sachez que la collection d’Olivier est loin d’être terminée… Chez David et Stéphane, on ne craint pas l’excommunication. C’est dans les toilettes de leur appartement que le couple a choisi de réunir leurs collections respectives de bondieuseries. Les toilettes, ô lieu d’intimité, accueillent donc Marie et ses petits amis qui veillent, jonchés au-dessus de la chasse d’eau, au bon déroulement de notre assise. C’est d’abord pour ne pas exposer leur passion pour le kitsch religieux que les amoureux ont choisi ce lieu, David nous confie qu’un jour un ami a retourné notre sainte Vierge avant de sortir ses attributs et de s’adonner à la libération d’un de ses fluides corporel. Ce sont les notions d’extase et de pureté, l’idée de croire à une divinité comme on croit à un conte de fées qui poussa David et Stéphane à former cet assortiment ainsi que le paradoxe que des objets représentant le sacré puissent être faits de simples morceaux de plastique Made in China. David a ouvert sa boutique/galerie « Blitz » le 12 novembre au 4 rue Louis Vitet dans le 1er.
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sottises mariolâtrie
rédaction Alex Egea
photographie François Jenssard
Laver Maria “JE RÉPANDRAI MON ESPRIT SUR TOUTE CHAIR. VOS FILS ET VOS FILLES PROPHÉTISERONT, VOS ANCIENS AURONT DES SONGES, VOS JEUNES GENS, DES VISIONS.” JOËL 3, 1 ACTE 2, 16-2 Le 7 octobre dernier à 4h27 du matin, j'ai vu la Vierge. J'ai bien tenté un selfie, sans succès : les miracles ne sont pas photogéniques. Sur l'écran, il n'y avait que moi sur un fond blanc immaculé. Une vulgaire photo d'identité en guise de preuve ? Il faudra donc me croire sur parole. Elle m'est apparue de face et sans prévenir, flottante, éblouissante, inévitable, comme un panneau publicitaire rétroéclairé dans une rue sombre. Brune ou blonde, noire ou blanche ? Je l'ignore. Mais, folle impression, je suis à peu près sûr qu'elle avait la voix de mon répondeur. La messagerie vocale, cette fameuse gardienne de nos appels en absence, cette voix inaltérable qui, malgré son impolitesse, ne ment jamais. Dieu me laissait un message. Mirage ? Hologramme ? Même si l'alcool et les yeux fatigués ont relevé la saveur de l'incroyable spectacle je sais que je ne rêvais pas. C'est à moi qu'elle a parlé, rien qu'à moi. La Vierge est la plus célèbre inconnue. Même si pendant longtemps elle était partout, mondialement indétrônable, peu l'ont entendue ou aperçue de dos ; elle n'a aucune vue sur YouTube ; on ne la voit pas non plus vieillir, elle fait toujours son âge de trentenaire comblée pour l'éternité. Ce soir-là c'était mon anniversaire, pas marqué dans la Bible : nouveau cap, nouvelles obligations hypocrites, que je fuyais dans la lueur de ma cigarette comme dans la flamme de ma vingt-cinquième bougie. Partout, c'était déjà demain. Quand on rentre seul chez soi, c'est la fête
de laquelle on sort qui nous escorte avec son lot d'arrièrepensées : aux deux oreilles, mes écouteurs, hameçons musicaux, m'accrochaient à l'électro comme un poisson ; entre les banques, d'interminables vitrines enfermaient leurs mannequins en plastique, m'évoquant au mieux les futurs amis Facebook et au pire d'anciens plans cul bâclés ; en écho, tout du long, les pubs défilaient sur le podium de l'asphalte, pleines de femmes fières mais tristes que l'on rêverait de voir en solde ou de déshabiller. Je ne pensais plus, j'étais déporté, déporté vers des rencontres qui n'auraient jamais lieu.
raît. Elle met tout en pause et vous avec. On revient à la source. On revient à la toute première fois, celle où les étoiles n'étaient pas encore numériques, où les arbres ne connaissaient pas Ikea, où les animaux n'avaient pas encore de label et l'eau de marque ; à notre enfance aussi où une femme aux jambes immenses nous prenait dans les bras sans qu'on tente de la prendre par en bas, où les grands nous apprenaient à lire autre chose que des slogans ou des logos, où l'on avait toujours de la batterie parce qu'on n’avait pas encore de portable, où les filles de notre taille aimaient jouer et ne savaient pas encore compter. Bref, on s'évade. C'ÉTAIT ÇA L'AVENIR ? LA FEMME SE CONJUGUAIT La Vierge, c'est toujours le début de quelque chose AU PLURIEL, PASSAIT EN MEUTE, ET LES HOMMES EN d'autre parce qu'elle sait comment être belle toute seule. REDEMANDAIENT BIEN VOLONTIERS. Avant elle, le monde était une gigantesque partouze, peut-être bien comme aujourd'hui, mais la géométrie Les exorcistes d'aujourd'hui sont tous gynécos. Plus mariable a pu changer la donne. j'avançais, plus la suite devenait fade, désenchantée. Pour avoir soufflé mes bougies, il me semblait que le AVANT ELLE, ÇA NE SERVAIT À RIEN DE TOMBER charme des autres était parti en fumée : puisqu'il n'était AMOUREUX ET NE L'OUBLIONS PAS : plus qu'une obsession de rester dans le rang, la bonne ELLE A QUAND MÊME FAIT BANDER DIEU. mine d'un mannequin sans visage... Si vous approuvez cette mise en scène aussi absurde que Le 7 octobre dernier à 4h27 du matin, j'ai vu la Vierge. quotidienne croirez-vous tout aussi bien à ce miracle ? Elle m'a rappelé que la fin du monde n'est qu'un fake D'ailleurs pourquoi est-elle apparue ici, en France, ce soir ? lorsqu'on arrive à voir ce qu'on pense. Je n'ai plus peur Pourquoi moi ? Pourquoi me voulait-elle encore du bien ? Il y : ma prochaine bougie sera un cierge. Je vous aurais a des pays où le string n'a pas encore remplacé le voile et bien volontiers raconté ce qu'elle m'a dit mais vousoù les jeunes sont toujours croyants. Moi, le fêtard pau- même, laissez-vous si facilement les autres écouter vos mé, je suis l'heureux gagnant d'un jeu dont je ne connais messages ? plus la règle. Peu importe : quand la Vierge apparaît, le monde dispa| douze
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assistante
photgraphie Steven Mazzola
Coline Munier
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Coline Munier
sottises virginité émancipée
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rédaction Alex Egea
illustration Hugo Charpentier
Virginité émancipée
"Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile. Être une qui était là au début du monde ne doit pas gérer la fin du femme libérée, tu sais c'est pas facile." Cookie Dingler mois. Aucun compte à rebours. Depuis la nuit des temps personne ne lui reproche d'être au chômage. Quand on voit la Vierge, on pense aussitôt à toutes les Toutes les femmes rêvent donc de tomber sur l'homme femmes qui ne le sont plus. La Vierge, c'est la passante qui les résume tous et qui les choisirait par-dessus magique du quartier qu'on croise encore et encore sans toutes. Pour la suite, peut-on imaginer progéniture plus oser l'interpeller. On ne l'aborde pas, elle apparaît ; c'est admirable ? Dans son ventre : le seul hippie crédible, la elle qui nous adopte. La Vierge, c'est la condensation Bible et les cathédrales. La semence du mâle le plus viril de ce que l'homme n'aime pas voir chez lui, le miroir de ne pourra jamais faire mieux. sa paresse, le sexe opposé de sa peur. Quand l'homme Alors en attendant d'être un vrai père, on repense à sa pense à la Vierge, il se repose. La Vierge, c'est le sexe qui mère, au premier amour. On s'imagine qu'elle aussi n'a se repose, le sexe qui a réussi. plus jamais couché après nous avoir eu, que la porte d'enLorsque Marie tombe enceinte, ce n'est pas un accident trée n'a laissé passer personne d'autre, qu'il n'y a pas eu de de contraception, c'est Dieu qui est responsable. Et celui brouillon, bref, qu'on a encore une chance d'être désiré. | seize
À la fin, l'homme veut toujours être le seul et unique. Et par chance, pour sa gouverne, il pourra couper le prochain cordon. Ne l'oublions pas : la mère de la Vierge, elle, n'était pas vierge. Copulation oblige. Rien n'interdit à notre homme vexé de rêver d'avoir une fille, de l'appeler Marie et d'épauler Dieu. Tout recommence. Il s'est cru fils de rien le voilà amant de tout ce qui reste. Et devenir le père de la mère du prochain fils de Dieu, ça se mérite. Il fera tout pour être choisi. Pendant que des barbes de Jésus poussent sur les visages de la jeunesse branchée, des millions de Marie cherchent déjà leur prochain fils.
sottises virginité émancipée
rédaction Hugo Maillé
photomontage Steven Mazzola
Lyon à travers-saintes « LA JUSTICE, DOCTEUR, C'EST COMME LA SAINTE VIERGE : SI ELLE N'APPARAÎT PAS DE TEMPS EN TEMPS, LE DOUTE S'INSTALLE » JACQUES AUDIARD Morne journée de novembre, je sors animé d’une curiosité maladive, je dois savoir qui sont ces femmes, où ontelles vécu ? Qui sont ces prêcheuses d’une parole oubliée ? Je suis hanté par la beauté de ces destins cruels. Mon esprit roule sur la pente, en contrebas j’aperçois le Jardin des plantes de la Croix-Rousse, un poteau de bois planté dans le sol lui rend hommage. Blandine était innocente.
peste qui allait ensuite sévir, la peste bubonique, la peste noire… Les puissants de la ville de Lyon firent alors vœu de rendre hommage à la Vierge si, par miséricorde, elle les sauvait du Mal.
En ce temps-là, Lugdunum remplaçait Lyon et Rome était maître du monde. Un climat de défiance emplissait peu à peu l’Europe connue. Les Romains affirmaient leur domination sur le peuple gaulois en imposant leur culte religieux. Les exactions étaient choses courantes et l’on voyait souvent de jeunes gens pendus pour avoir cru en un Dieu païen. Le peuple miséreux était annuellement décimé par des épidémies et les famines ne laissaient que peu de survivants. Nous sommes en l’an de grâce 177 après J.C. À cette époque éprouvante pour les âmes et les corps, seule l’Eglise pouvait offrir une échappatoire. Le christianisme était déclaré « religio illicita » par l’empereur Marc Aurèle. À Lugdunum, un petit groupe de 47 irréductibles chrétiens résistait encore et toujours à l’envahisseur. Blandine en faisait partie. Esclave romaine d’à peine 15 ans, elle sera donnée en pâture aux lions avec ses compagnons dans l’amphithéâtre des Trois Gaules. Protégée d’une aura divine, les félins refusèrent de la dévorer. Puisque la cruauté n’a de cesse de se réinventer, Blandine sera patiemment torturée, brûlée vive, puis flagellée, encornée par un taureau, et, pour marquer royalement la fin de ces jeux, égorgée au fil du couteau. Son martyr en fait la Sainte Patronne de Lyon. Deux rues plus loin, Fourvière m’apparaît au détour d’un trottoir. La gardienne des lieux m’observe depuis son piédestal. Encore merci Marie. Je me fais témoin de ta bonté face au chaos. De Charybde en Scylla, c’était la
de ses plus célèbres habitantes me rappelle son bon souvenir. Sœur Thérèse, elle qui ferait pâlir le plus pieu des croyants. Née en 1805, elle appliquera les vertus et les règles du christianisme avec une force exemplaire. Cofondatrice de l’institution les Soeurs de Saint Régis, comparable à un mouvement féministe puisqu’elle vise l’ouverture vers une vie spirituelle plus intense des femmes en pèlerinage. Béatifiée puis canonisée, elle deviendra le sujet du pèlerinage de Lalouvesc, son aura hante à tout jamais le Jardin du Rosaire. Je m’enfonce dans des visions hallucinantes, les traboules m’entraînent dans un profond délire historique. L’Eglise Sainte-Polycarpe se dresse fière devant moi. De ses portes ouvertes j’entends le battement sourd d’un cœur oublié. Du temps où les familles se comptaient en dizaine d’enfants, Pauline-Marie Jaricot la bien nommée, était la huitième et la dernière. Avant que son cœur ne repose ici, elle fut l’initiatrice de l’Oeuvre de la Propagation de la foi : association chargée de prêcher la bonne parole présente dans tous les pays colonisés. Ses fidèles crièrent au miracle quand celle-ci défaillit à Mugnano, pour mieux se relever sur la tombe de Sainte-Philomène. Pauline, la missionnaire, deviendra alors la Vénérable Pauline.
La remontée est longue et éprouvante, les jambes lourdes, ces aventurières de Dieu sont devenues des intimes, il m’est devenu impossible de sortir sans penser aux sacrifices de ces saintes. La ville de Lyon en garde des reliques, des tombeaux, des lieux de pèlerinage et surtout le souvenir reconnaissant de femmes courageuses guidées par la foi et animées d’un amour sans limites pour leur prochain. Si vous n’êtes toujours pas convaincus, tournez-vous vers la Lumière : Dieu pourra vous en Depuis, chaque 8 septembre, la ville renouvelle le vœu dire plus long que moi. des Échevins à la Vierge, bénit soit-elle depuis 1643, elle www.nouvellesneuves.com qui domine depuis Fourvière toute la vallée du Rhône. Avant de tourner les talons à la colline où l’on prie, une | dix-sept
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BLITZ, C’EST À LA FOIS UN BAZAR ET UNE GALERIE. ON Y TROUVE DES PARFUMS ET DES COSMÉTIQUES, DES ACCESSOIRES, DES BIJOUX, DE LA DÉCO, DES OBJETS POUR LA MAISON, DES LIVRES, DES MARQUES ET DES CRÉATEURS INÉDITS À LYON. C’EST AU 4, RUE LOUIS VITET DANS LE PREMIER ARRONDISSEMENT ENTRE L’ACADÉMIE DE BILLARD ET LA PLACE SATHONAY. OUVERT DE 10H À 19H30. DU MARDI AU SAMEDI. facebook.com/blitzlyon
E I R LE
sottises virginité émancipée
rédaction Maxime Gueugneau
photographie Julien Darius Derriault
L'hymen et le pieu JE SUIS PAS UNE PUTE, C'EST DÉJÀ ÇA DE PRIS. LES MST, ÇA RISQUE PAS D'ÊTRE MON TRUC NON PLUS ET POUR TOUT CE QUI EST GROSSESSE NON VOULUE, JE SURVOLE LE PROBLÈME. EN MÊME TEMPS, AVEC UN HYMEN AUSSI LISSE ET AUSSI INSOLEMMENT PROPRET QUE LE MIEN, IL AURAIT ÉTÉ DIFFICILE DE FAIRE FACE À CE GENRE DE DÉSAGRÉMENTS. PARCE QUE, VOILÀ, CELUI QUI DEVAIT VENIR LE DÉCHIRER A DU LOUPER SON TRAIN. ET QU'IL N'Y EN PAS EU D'AUTRE EN 10 ANS. Pour les spécialistes – à savoir des clampins comme moi qui traînent sur les forums doctissimo - je suis atteinte de « Virginité Tardive ». Autrement dit, je me place dans la droite lignée de la transcendantale Jeanne d'Arc, les problèmes d'ORL en moins. Car non, je n'ai pas entendu de voix, ni été appelée à sauver François Hollande de la perfide Albion. À vrai dire, pas grand-chose ne me prédestinait à garder ma petite fleur intacte. J'ai même, dans la mesure du possible, arrangé au mieux les fades pétales qui l'entourent et n'ai jamais refusé la compagnie des abeilles qui pourraient lui faire perdre son innocence. Mais voilà, ça n'est jamais arrivé. Je ne m'en explique toujours pas la raison. Ce qui est un problème parce que, à 27 ans, j'aimerais franchement trouver une solution à ce qu'on peut aujourd'hui considérer comme une catastrophe sociale. Pas tant qu'on me le reproche ou que je le sente dans le regard des gens, c'est surtout que ça me bouffe de l'intérieur et que, de moins en moins, j'arrive à me montrer à l'aise avec un garçon. Et les conversations avec mes copines me gavent de façon costaude quand on glisse sur le terrain poils, sexe, fluide corporel.
CES MEUFS ONT DÉJÀ TELLEMENT BAISÉ QU'IL Y EN A MÊME QUI SONT ENCEINTES. AVEC MON HYMEN EN KEVLAR, JE NE FAIS CLAIREMENT PAS LE POIDS.
Parce que quand même, j'ai déjà vu et même caressé le loup, à peu près dans les temps d'ailleurs. C'était au lycée, avec mon copain « de l'époque » – ça fait genre j'en ai eu plein depuis -, et puis je sais pas trop ce qu'il s'est passé, j'ai eu les jetons d'aller plus loin. Je me disais que j'avais le temps, que rien ne pressait, que c'était con de le faire juste « parce qu'il le fallait ». Ce qui était con, surtout, c'est qu'en réfléchissant comme ça, j'ai foutu les deux pieds dans le cercle vicieux qui en train de ruiner ma vie sexuelle.
Le pire, c'est que j'ai même pas d'excuse. J'aimerais bien entourer ça d'un voile de lys blanc, comme quoi je me protégerais du serpent masculin pour garder ma vulve à l'écart de tout péché. Je ne crois même pas à ces conneries. Je ne crois pas non plus à l'histoire du preux chevalier qui lui seul aurait la clé de ma ceinture de chasteté. On n'est pas au Moyen-Âge et ma ceinture c'est une H&M toute bête avec laquelle aucun cadenas Il faut pas croire, c'est pas quelque chose qu'on accepte avec le temps. C'est plutôt un genre de pieu sur lequel n'était fourni. un comte roumain maléfique nous aurait posé et nous Et, je vous vois venir, non, je ne suis pas si moche que on descend, petit à petit. C'est de plus en plus gros et ça ça. Certes, je ne suis pas chanteuse de R'n'B et, non, je fait de plus en plus mal. Et on est absolument incapable ne pourrais jamais jouer dans aucun James Bond. Mais, de se tirer de là. Voilà, c'est ça, là où j'en suis, assise sur le physiquement, tout est à peu près en ordre : j'ai pas un nez pieu de ma virginité, attendant patiemment de ne plus à la place des yeux et ma moustache reste dans les clous en pouvoir. C'est marrant, ça, apparemment c'est le seul de l'acceptable féminin. J'irais même plus loin en disant moyen que j'ai trouvé de me faire pénétrer. Affligeant. qu'il se trouve que, moi aussi, j'ai des nichons voire même un boule pas trop dégueulasse. Non, non, vraiment, je crois que c'est dans ma tête qu'il est le pesticide anti-bite. | dix-neuf
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rédaction Guillaume Jallut
photographie Sarah Fouassier
Les Mystères d’Onan « LE SEXE, C'EST COMME LE BRIDGE. SI VOUS N'AVEZ PAS UN BON PARTENAIRE, MIEUX VAUT AVOIR UNE BONNE MAIN » CROYAIT WOODY ALLEN. S’IL EST UN GESTE ASSEZ UNIVERSELLEMENT RÉPANDU, C’EST PEU DIRE QUE LA MASTURBATION N’EST PAS EXACTEMENT LE HOBBY FAVORI AVOUÉ DESCROYANTS. PAS PLUS QU’IL N’EST CHAUDEMENT RECOMMANDÉ DANS LES RELIGIONS DU LIVRE. MAIS COMMENT SE FAIT-CE ? L’Antiquité, et le polythéisme fréquent qui avait cours, ne fut pas vraiment une période prude. La sexualité était alors assez souvent reliée au culte d’une déesse, Inanna, Ishtar, Astarté, Aphrodite ou Vénus, et les lieux de dévotions tenus par des sortes de prostituées sacrées en Mésopotamie, à Rome ou en Grèce. Les agissements des dieux eux-mêmes, anthropomorphes, recèlent d’histoires de fesses, adultère, tromperie et autres : Zeus, Dieu suprême de la mythologie grecque, était connu pour ses innombrables conquêtes parmi déesses, humains ou nymphes ; la masturbation du tout premier dieu sumérien Enki donne naissance au fleuve Euphrate. EN INDE, SHIVA Y ENCOURAGEAIT LES AMANTS, QUAND EN CHINE, LE TAO ASSURE « QU'AVANT DE JOUER AVEC L'ÊTRE AIMÉ, IL IMPORTE DE SAVOIR S'AUTO-CULTIVER ».
Et que dire du philosophe grec Diogène, qui en fit acte en public. Rien de très répréhensible à se taquiner la virgule chez nos aïeux donc, jusqu’à ce que le monothéisme remplace le polythéisme dans les institutions, entraînant une révision des valeurs morales. Les plus exégètes d’entre nous, croyants ou non, se rappellent peut-être l’infortune d’Onan, personnage biblique presque célèbre pour avoir légué son nom à l’onanisme, désormais synonyme précieux de la masturbation. Une « paternité » malheureuse, puisque fausse ! À la mort de son frère Er, Onan doit épouser la femme de celui-ci et lui faire des enfants, selon la coutume, tout à fait répandue à l’époque du lévirat. Les enfants issus de cette union étant considérés comme la postérité de son frère, Onan n’entend pas obéir à l’injonction qui lui est faite. Aussi, s’il n’a rien contre le fait de coucher avec sa belle-sœur de temps à autre, Onan truande en « laissant sa semence se perdre dans la terre ». Un geste technique apparenté à une contraception par coït interrompu. Or Dieu avait bien prévenu : « Soyez féconds et prolifiques » (Gn 1, 28). La sentence est sérieuse, puisque Dieu fait mourir Onan. Nulle question directe ici de masturbation donc : en empêchant la conception, le péché d’Onan est la violation de la loi biblique du lévirat. Une première erreur d’appréciation historique donc, qui tend à confondre onanisme et masturbation en un même geste. Si, dès l’origine, l’onanisme biblique n’est pas à proprement parler une masturbation, le flou est aussi entretenu par l’étymologie incertaine du terme. D’abord justement désignée comme manustupration par Montaigne au 16ème siècle (de manus, « la main », et stupratio, « l’action de déshonorer, souiller, corrompre »,) le vocable masturbation apparaît quasiment à la même époque. Mais avec des origines très incertaines : soit du latin mas, « viril » ou manus, « main », et de turbare, « agiter » ou stuprare, « souiller », soit du grec mastropeuein. La même racine chez les Hellènes que les termes prostitué et porno ! Si l’onanisme biblique condamné n’est pas la masturbation, et qu’on ne sait par ailleurs pas d’où vient exac-
tement le terme, la pratique n’est pas pour autant libéralisée dans les textes religieux. Certes, pour un esprit taquin, le “tu aimeras ton prochain comme toi-même” chrétien pourrait être compris de travers... Fondamentalement, aucune des religions du livre n’a jamais condamné la sexualité. Au contraire, Islam, judaïsme comme catholicisme, ont exhorté les hommes à l’amour. Quelle que soit l’obédience, Dieu a créé l’Homme avec un corps fait pour donner de l'amour, que ce soit en lien avec le sexe ou non. La sexualité fait donc partie de la nature humaine, et l'instinct sexuel ne doit pas être refoulé ou considéré comme une horrible faiblesse en soi. Il y a en revanche clairement des limites à respecter, des orientations à se donner, une élévation à rechercher. Les sources musulmanes (Coran et Hadiths) enseignent que le cadre matrimonial est le seul cadre autorisé pour vivre sa sexualité. La Thora contient parmi ses Mitsvot celle d’aimer, et plus particulièrement son accomplissement dans l'union du mariage. Étymologiquement, aimer, en hébreu signifie donner, partager. Dans la Bible, Dieu crée l'homme et la femme pour qu'à travers leur amour spirituel et corporel, ils vivent une communion à l'image de celle qui existe dans la Trinité. Grâce à cet amour, pur avant le péché originel, l'homme et la femme sont appelés à se rapprocher de Dieu. Le sexe n’est donc jamais un acte proscrit, mais un acte pur essentiellement tourné vers l'autre. L'instinct sexuel est de la sorte orienté, et sert à la fondation de la famille : Croissez et multipliez, comme l’enjoint la Bible à de nombreuses reprises dans la Genèse. C’est à l’aune de celle-ci que l’on comprend le rapprochement de l’onanisme avec la masturbation, dans la vanité du geste, par soi et pour soi, qui contrevient à ce que Dieu a fixé pour l’Homme. En cherchant à tirer du plaisir de son sexe d'une façon déconnectée du don de soi auquel Dieu nous appelle, nous nous refermons sur nous-mêmes au lieu de nous donner. C'est un plaisir certes, mais stérile, qui ne peut selon les religions apporter la plénitude de joie pour laquelle la sexualité a été conçue.
Bekker. Pour tous ces médecins, la masturbation est le mal qui fera s’effondrer l’humanité : chez l’enfant, il produit la fièvre, l’amaigrissement, le marasme et la mort par consomption tuberculeuse. Chez l’adolescent, il est un vice moral qui ébranle les systèmes musculaires et nerveux, affaiblit l’intelligence et les sens, altère les fonctions organiques et morales, et conduit lentement à l’hébétude, à la tristesse, à la paralysie, à la phtisie tuberculeuse pulmonaire et à une consomption mortelle. EN SOMME LA MASTURBATION CONDUIT QUASI INÉVITABLEMENT À LA FOLIE, À LA DÉBILITÉ VOIRE À LA MORT.
Tissot servant de source à la plupart des dictionnaires et encyclopédies, on délivrera à l'envi ce diagnostic pendant presque 150 ans. La force sournoise de ces théories hygiénistes est d’avoir su s’adapter à l’époque : au siècle des Lumières, le médecin informe, il ne parle pas de morale, il s’appuie sur l'étude scientifique. Si l’on pouvait ne pas croire aux préceptes religieux, les faits sont les faits. Et la prescription des traitements n’a rien à envier au châtiment divin de l’Ancien Testament ! Du 18ème au 20ème siècle, on verra fleurir nombre d’instruments de torture moyenâgeux destinés à empêcher les jeunes âmes de mourir en se touchant le kiki. En 1868, l’écrivain Alexandre Weill écrit à propos de la masturbation dans Mystères de l'amour : philosophie et hygiène : « La prison ne sert de rien, il faut frapper sans miséricorde, les parents ne s'y opposeront pas. (...) SI PAR HASARD, CHOSE EXTRÊMEMENT RARE, L'ENFANT VICIEUX SE TOUCHAIT, IL FAUDRAIT LE FRAPPER JUSQU'AU SANG DEVANT SES COMPAGNONS OU SES COMPAGNES, ET NE JAMAIS AVOIR PITIÉ NI DE SES DOULEURS, NI DE SES PLAINTES, NI DE SES CRIS. DÛT L'ENFANT MOURIR SOUS LES CORRECTIONS, IL VAUT MIEUX QU'IL MEURE À QUATRE ET À CINQ ANS QUE DE VIVRE IDIOT OU CRIMINEL ».
Aucun n’ont crû voir, dans une telle violence répressive, le fondement de la morale bourgeoise : une peur de la dépense, de l'épuisement vital. Une morale basée selon Si la réprobation de la masturbation est commune Thomas W. Laqueur sur le fait que l'on traitait l’ensemble à toutes les religions monothéistes, le sujet ne revêt des rapports humains comme on traitait de commerce. pas non plus, à dire vrai, une importance majeure ou Il faudra attendre le 20ème siècle pour assister à une dramatique parmi les croyants ou l’église. Certaines interprétations du Coran, par exemple, libération du désir, la psychanalyse et la médecine finispermettent la masturbation aux hommes non mariés, sant d’éreinter les monstrueux diktats des hygiénistes, en dernier recours, et si celle-ci « permet » de ne pas et l’hédonisme des années 70 et son « jouissez sans encommettre de péché plus grand, comme la fornication trave » rebattant les cartes de la morale. Notre époque, elle, est l’étrange enfant de cette période et du consu(soit une « relation sexuelle hors du cadre permis ») ! En réalité, la cabale anti masturbation ne va pas mérisme : une société de consommation qui a intérêt réellement provenir d’une condamnation religieuse, à susciter le désir, favoriser la recherche de sensations mais « scientifique ». Au début du 18ème siècle, et encourager la dépense. Signe des temps, pour éviter certains médecins vont ainsi faire de ce geste l’un des la connotation négative et culpabilisante, le joli terme fléaux les plus préoccupants de l’histoire humaine. La « d’auto-sexualité » remplace souvent le mot masturbacroisade part d'Angleterre en 1710 avec le livre Onania tion. Théoriser sur de légers changements de sens, n’estdu Dr. Balthazar Bekker, elle gagne l'Allemagne, puis ce pas finalement un peu aussi de la branlette ? la Suisse où le Dr. Tissot et le pasteur Dutoit Mambrini reprennent et accréditent les thèses développées par | vingt
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rédaction Pierre Francou
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Voile, symbole œcuménique AU MOMENT OÙ NOTRE « BIEN-AIMÉ » EX-PRÉSIDENT JETAIT SUR LE TAPIS CE FOSSILE SOCIAL QU’EST « L’IDENTITÉ NATIONALE », PATRICK BUISSON, DIT « LE TRAÎTRE », SE FROTTAIT LES MAINS AVEC UN DICTAPHONE INTÉGRÉ À SON IMPER’. L’identité nationale quel beau débat pour « raffermir le lien national » (la blague). L’analyse des politiques sur l’identité nationale démontre bien que faute de recréer du lien entre les individus, elle est à l’origine d’exclusion sociale. D’ailleurs, cette réflexion n’atténuerait en aucun cas le sentiment de déclin d’une culture, qui a « malheureusement » bel et bien changé. Alors quel était finalement l’intérêt du gouvernement Sarkozy de lancer ce débat ?
« Découvre tes cheveux, retrousse ta robe, découvre tes cuisses » voilà ce que disait Isaac. On retrouve en orient et particulièrement en Irak actuel (Assyrie) cette vision sensuelle, si ce n’est érotique de la chevelure : « Les femmes mariées n'auront pas leur tête découverte. Les prostituées ne seront pas voilées ».
LES FEMMES NE PEUVENT SE PERMETTRE D’ÊTRE DÉCOUVERTES DANS LA SPHÈRE PUBLIQUE, ELLES SONT PROVOCANTES, LEURS CHEUVELURES ÉTANT Il serait insensé de penser que le voile ne s’étend qu’à CONCRÈTEMENT APPARENTÉES À LA TOISON DU PUBIS, la symbolique de la religion musulmane. Or pourquoi ELLES DOIVENT DONC CACHER LEUR ASPECT SEXUÉ fait-il directement référence à l’Islam ? L’histoire nous POUR NE PAS TENTER L’HOMME.
montre que les trois grandes religions monothéistes ont toutes une histoire intime avec celui-ci. La Vierge Marie, les bonnes sœurs, de nombreux chrétiens orthodoxes, les Juifs traditionalistes… Faisons un petit bon en arrière et retournons dans les années 60. Rappelez-vous : une voiture cabriolet, un jeune homme impeccablement habillé au volant et une jeune et jolie femme à ses côtés. En fait, on suppute qu’elle est jolie ! Car son visage est difficilement visible avec ses grosses lunettes et son carré Hermès sur la tête. Le symbole est, certes, ici païen, mais on a parfois du mal à saisir l’enjeu de la polémique qui sévit en France.
Avec l’avènement des religions monothéistes, de nombreuses pratiques païennes, ou du moins civiles, ont trouvé leurs places au sein des textes sacrés. Le Judaïsme, la chrétienté et l’Islam ont pas à pas intégrés diverses coutumes, le port du voile en faisant partie. Mais quelle est la particularité du voile musulman ?
et la sécularisation des peuples. Mais le Hijdab, simple voile qui couvre le visage et qui se rabat sur la poitrine, est loin de former l’essentiel du débat. A contrario, le « voile intégral » qui s’impose avec la montée en puissance d’un fondamentalisme musulman tout droit importé de la théologie saoudienne, pose certains problèmes… Pourtant on constate une multitude d’interprétations à propos du Livre. Il est d’ailleurs surprenant de constater que la frange Soufie de l’Islam, qui compte de nombreux adeptes à travers le monde, évoque simplement le « voile de la pudeur » qui vient du cœur et ne suppose pas une pièce d'étoffe particulière. LE TABOU EST RAVAGEUR EN MATIÈRE DE QUESTION SOCIALE.
Mais la manière dont la controverse est amenée dans le débat public importe beaucoup. Comment d’un coté les autorités veulent-elles « intégrer » les « musulmans de France » et de l’autre crier à la disparition de l’identité nationale ? Par ailleurs, quand on cherche un semblant Actuellement, le voile s’étend plus ou moins rapidement de politique d’intégration, on est ébahi par le néant. à travers le « monde oriental ». Processus qui paraît Alors, continuons à faire de faux constats sans lendeimpensable pour les « occidentaux ». Ils y voient un main, et enterons toutes formes d’innovations sociales. retour en arrière, un rétropédalage dans l’émancipation | vingt-deux
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rédaction Benjamin James-Peron
illustration Hugo Charpentier
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Le vocabulaire modeux regorge d'emprunts au domaine religieux. De l'hyperbole « darling, c'est divin » aux magazines taxés de « Bibles » écrites par des « papesses » de la mode, le microcosme fashion se frotte volontiers et sans rougir, au statut de religion. Parmi les légions d'icônes joyeusement brûlées sur l'autel de la lassitude, il en est une qui peut se targuer d’être un véritable symbole : la Vierge Marie très sainte mère de Dieu. Dans l'idéal d'un créateur, comme dans celui d'un homme, il y a la maman, la vierge et la putain. Marie, elle ne remplira jamais que la moitié de cet idéal. Figure rassurante de la mère nourricière, vers laquelle on se tourne, se réfugie. Cette mère dont tous les petits garçons sont amoureux, qu'ils aiment voir belles, parées, baroques. Le champion des créateurs adulateurs de Marie reste Christian Lacroix. L'Arlésien a pioché allègrement dans
une imagerie rutilante et naïve pour changer ses mariées en vierges de pacotille. Consciemment ou non, l’ombre lumineuse de Marie plane aussi sur l'ensemble de l’œuvre de Jean-Paul Gaultier. À grands coups d'auréoles dorées et de Dita Von Teese pleurant du cristal noir, il infuse de sa le parfum de l'immaculée à sa muse. Les petits garçons finissent toujours par grandir. Ils réalisent alors qu'on ne peut pas se marier avec Maman. Vient l'adolescence, la mère chaste, pure et tant aimée devient une femme soudainement sexuée. La Vierge Marie, éternellement inaccessible, s’avère être un terrain incroyablement fertile aux fantasmes. Aux dernières heures des années 90, le travail de Lee Mc Queen est encore chargé de ce romantisme, de cette énergie propre à la rébellion adolescente. Dante - It´s a jungle out there - Joan of Arc, sont autant de collections qui interrogent la beauté, | vingt-sept
la sexualité et le sacré sans jamais franchir la limite du blasphème. Mc Queen utilise cette femme interdite comme un vecteur puissant de la violence contenue dans son imaginaire. Chez tout homme vient l'âge de raison. L'interprétation devient touchante et renvoie à l'immaturité du désir de l'homme, à une ambivalence entre respect, crainte et fascination. Déposons au creux de l'oreille de ces créateurs, non sans une certaine bienveillance, ces mots de Gainsbourg : « TOI QUI RÊVES AU VELOURS DES VIERGES, AUX SATINS INNOCENTS. TES ROMANS-FLEUVES ONT DES BERGES AUX SABLES ÉMOUVANTS. »
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rédaction Sarah Fouassier
photographie Jean-Baptiste Carhaix
« J’ai toujours bouffé du curé » EN MATIÈRE DE RELIGION, CHACUN SEMBLE AVOIR CHOISI SON CAMP. ENTRE L’ATHÉISME PROFOND, LE DÉSINTÉRÊT DES NON-PRATIQUANTS ET L’EXTRÉMISME DE CERTAINS DÉVOTS, DIEU INTÉRESSE TOUT LE MONDE ET NE NÉGLIGE PERSONNE. À la vue des photographies de JBC, j’ai tenté de comprendre ceux qui étaient différents de moi. Comme Jean-Baptiste, je suis profondément athée et comme Saramango, je crois souvent que « Dieu c’est la guerre » et notre époque ne saurait contredire le nobélisé littéraire. Mais plus je regardais les photos, moins je comprenais. Qu’est-ce que la foi ? Pourquoi croire en Dieu ? Pourquoi se substituer à quelqu’un dont on ne peut certifier l’existence ? Ces voies me sont toujours impénétrables, mais l’incompréhension suppose tout de même le respect, car la volonté de choisir est la liberté de l’être. Quand Jean-Baptiste rencontre les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence à San Francisco, en 1979, il est confronté à des convictions peu catholiques. Ces « sisters » n’ont rien d’académique puisque ce sont des activistes homosexuelles déguisés en nonnes de choc. Imaginez des drag queens ayant abusé du make up, déguisées en bonnes sœurs, montées sur des patins à roulettes, armées de fausses mitraillettes et arpentant les rues de SF pour prêcher la bonne parole « To ban Guilt », soit supprimer le complexe de culpabilité rivée dans la conscience humaine par le Christianisme, entre autres. Jean-Baptiste a assisté aux prémices de ce mouvement né en cette même année 1979 lors du festival LGBT : Castro Street Fair. Le festival a été fondé cinq ans plus tôt par Harvey Milk sous l’égide de son association The Castro Village Association. Initialement, cette association exhortait les homosexuels à faire leurs achats dans les commerces gays, la création du festival avait pour seule intention d’attirer de nouveaux clients. Monsieur Milk, en injectant de la solidarité dans l’économie, a développé le quartier de Castro et l’a fait entrer dans l’histoire du militantisme homo. Le festival n’a jamais cessé d’exister, il a lieu tous les étés et 35 après, les bonnes Sœurs de la Perpétuelle Indulgence demeurent. Le mouvement a pris une ampleur telle que des « couvents » abritent ces bonnes sœurs alternatives sur quatre continents.
La lutte contre les exclusions et le SIDA, le culte pour la tolérance et la non-violence, la charité, le droit et le devoir de mémoire pour les sœurs et les frères qui ne sont plus là, voilà leurs vœux. De 1981 à 1983, JBC a documenté leurs provocations théâtrales dans les rues de SF. Grâce à elles, il est devenu artiste.
« JE N’AI PAS PEUR DE LA MORT. LA MORT, C’EST CE SOMMEIL SANS RÊVE DONT ON NE S’APERÇOIT PAS, JE NE CROIS PAS EN LA VIE APRÈS LA MORT. JE N’AI PAS ENVIE DE MOURIR, CAR JE N’AI PAS ENCORE TOUT DIT ET J’AIME LA VIE, C’EST POUR CELA QUE JE PEUX PARLER SAINEMENT DE LA MORT. »
« AVANT DE RENCONTRER LES SPI, J’ÉTAIS PHOTOGRAPHE, GRÂCE À CES MODÈLES, JE SUIS DEVENU ARTISTE »
.Pour Jean-Baptiste, l’art est une réflexion à travers laquelle il questionne la religion catholique et notamment sa sémantique. Le terme religion trouve sa racine latine dans «religare » (relier), cette définition, semble être contrarié par les dissensions que suscitent les religions entre elles et les chiismes qui leurs sont propres. La seule idole qui mettrait tout le monde d’accord, catholique comme non catholique et athée comme croyant, serait la Vierge Marie. En parallèle à son travail sur les Vanités, JBC documente les lieux de cultes mariaux en noir et blanc. Fatima au Portugal, Lourdes, Porcaro et les Saintes-Maries-de-la-Mer en France et Czestochowa en Pologne. Le seul « reproche » virtuel que l’on pourrait faire à Marie, selon l’artiste – qui n’a jamais été brandie pour commettre les crimes de masse de l’Église - serait l’humiliation que les Pénitent(es) s’affligent sur les lieux de culte. Les photographies de JBC retranscrivent des images saisissantes de postures humiliantes censées attirer le regard et l’amour de Marie. Dans une gymnique masochiste de leur Piété mariale, rampant sur les genoux, les coudes, ils participent d’une mise en scène de soi et de leur foi, sans que la Vierge le leur ait demandé. Le spectacle de la vénération de certains croyants pour Marie, mère et femme née « immaculée », c’est-àdire sans la tâche originelle dont est frappé le reste de l’humanité, confine au grand-guignol pathétique.
En 1989, c’est l’hécatombe. Les voisins, les collègues, les amis meurent et les médias recensent le nombre de morts, la maladie a un nom, AIDS, et il est dans toutes les bouches. En 1982, les chercheurs ne peuvent pas encore prouver que la maladie se contracte sexuellement mais tout le monde s’en doute, les Sisters ont flairé la transmission par voie sexuelle et sont parmi les premières à prôner le port du préservatif. La maladie, la mort, en s’engouffrant dans le corps de ses modèles, se sont invitées dans les photographies de JeanBaptiste. La capture du désastre s’annonce impossible, malgré le maquillage et la ferveur des quelques sœurs malades à poursuivre le combat, JBC ne parvient plus à les photographier et décide de les mettre en scène en s’inspirant des extases mystiques des Folles de Dieu du 17ème et 18ème siècles : Eros et Thanatos sont ainsi convoqués. Le Sida ne relève-t-il pas de cette image unifiée : la sexualité conduisant à la mort ? Pour faire le deuil des bonnes sœurs en 1992 et 1993, il fait la nique à la mort dans sa première série réalisée en studio intitulée Danses Macabres, Trophées et Autres Vanités. Comme pour faire un bras d’honneur à la mort, il image la relation entre Éros et Thanatos, la sexualité et la mort. Des squelettes miment des fellations, de véritables crânes humains sont portés en trophée, le studio est drapé de noir, Les photographies de Jean-Baptiste Carhaix sont visibles dans ce tombeau funeste JBC se met en scène mimant une à la Galerie Vrais Rêves, 6 rue Dumenge Lyon 4ème danse avec un squelette, en embrassant la mort, il la repousse. Ces représentations ne seraient-elles pas apotropaïques ? | vingt-huit
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photographie Jean-Baptiste Carhaix
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photographie Jean-Baptiste Carhaix
Dominique, Sister of Perpetual Indulgence San Francisco -1984
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rédaction Steven Mazzola
photographie Steven Mazzola
Jésus, le type qui a inventé la sneaker ÉVANGILE SELON SAINT MATHIEU, JÉSUS DE NAZARETH DIT : « JE NE SUIS PAS VENU APPORTER LA PAIX SUR TERRE, MAIS LA SNEAKER ». Il en avait ras-le-bol de porter des vulgaires spartiates. Toujours la même couleur, la même forme, bref la même rengaine, et puis le cuir en croûte de vache laisse une odeur sur les panards. Lors d’une discussion avec Judas (collectionneur de spartiates),
pour la sneaker 2014. « Raf, toi seul peut remettre la foule, il y avait : Chuck Taylor Senior Senior, Adolphe sneaker à sa véritable place ». Dassler Senior Senior, Philip Knight Senior Senior, entre autres. L’homme est bon, si bon que lors de sa première sortie officielle avec ses pompes, l’effet ne s’est pas fait La vérité sur les origines de la basket devait être attendre. Les gonzs sont devenus fous. « Jésus, pourrais- divulguée. Seule une minorité de personnes (une forme JDN AFFIRMA : « CE N’EST PAS PARCE QUE NERFERTITI tu nous expliquer ce que c’est que ça », en pointant de groupe secret comme les Wolf’s Head ou les Kull PORTAIT CES POMPES QUE TOUT LE MONDE DOIT LES du doigt les socques. « Ça, c’est le futur ». and Bones) connaît le secret. Effectivement, le fait PORTER. » UN REBELLE DANS L’ÂME LE JÉSUS ! de savoir cela vous permettra, demain matin en vous « APPRÉCIEZ L’ESTHÉTIQUE, LA LÉGÈRETÉ ET LA SÉCURITÉ baissant pour faire vos lassés de vos TN ou air max 95, Le sauveur de l’humanité a donc réfléchi à une chaussure DE CETTE CHAUSSURE. TENEZ ET PRENEZ EN TOUS, de penser à ce personnage, Jésus, le type qui a inventé qui serait pratique à porter, qui couvrirait comme il faut CECI EST MA CRÉATION. » la sneaker. les orteils, et avec du style. Il opta pour du cuir de veau (la différence avec la croûte de vache est réelle), souple, de Généreux et heureux d’avoir créé ce chef-d’œuvre, le haute qualité et des semelles en gomme. C’est d’ailleurs Christ waxait de la sneaker à tout bout de champ. Jésus qui est venu chuchoter à l’oreille de Raf Simons Une foule en liesse était présente … Et au sein de cette | trente et un
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photographie Steven Mazzola
modèle Nicolas
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photographie Steven Mazzola
modèle Benjamin
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rédaction Sarah Fouassier
photographie Sarah Fouassier
Playlist virginales SIMON – CLFT
RÉMI – SATELLITE JOCKEY
« Redonnons un sens à la fête » tel est le dogme de la milice CLFT. Avant d’être un label techno avant-gardiste et dénicheur de talents, Simon s’attardait à écrire, non sans génie, sur cette musique si abstraite. Puis vint la volonté de sortir la techno des clubs en l’amenant dans des galeries ou lieux insolites fermés au grand public. Pour Sottises, le fondateur de CLFT a retrouvé ses oreilles chastes et insipides. Des sons 100% Virgin initieront les techno-réfractaires les plus musclés. En revenant aux prémices du genre, la virginité est à la recherche d’une transe qui se voudrait thérapeutique : cold wave, indian-electro spirituelle, EBM et techno de Detroit forment une brèche dans cette aliénation qu’est le quotidien. Vivement la prochaine messe qu’on oublie tout.
Beaucoup d’artistes masculins composent cette sélection qui traduit, sous divers aspects, la virginité féminine. La lassitude d’attendre des Kinks s’oppose à la tentation coupable de Daniel Johnston, tandis que le refrain populaire des Sultans et le ska de Phyllis Dillon forment une league anti-sex. La peur, la religion, l’amour qui fait mal, sont autant de raisons qui empêchent de passer le cap. La frustration n’est pas aux abonnés absents pour Rémi et son groupe Satelitte Jockey. Leur créativité trop fertile les oblige à travailler davantage pour arriver à condenser toutes leurs idées en un seul album qui sortira ce printemps. Satellite Jockey est un ovni qui instrumente une pop bizarre aux accents punk. L’ambivalence des sonorités nous absorbe à la fois dans les abîmes de l’enfer et dans un paradis agnostique. Ils seront en concert le 28 janvier dans le cadre du Tremplin Découverte du Ninkasi.
HAPPY MONDAYS - HALLELUJAH KGB - STARK ANNE CLARK - OUR DARKNESS NITZER EBB - CONTROL I'M HERE JESUS LOVES YOU - AFTER THE LOVE INNER CITY - GOOD LIFE MK - MIRROR MIRROR DAF - VERSCHWENDE DEINE JUGEND VICE - RITUAL NEW ORDER - BLUE MONDAY OCTAVE ONE FEAT LISA NEWBERRY - I BELIEVE BLAKE BAXTER - FOREVER AND A DAY
DANIEL JOHNSTON – PREMARITAL SEX NEUTRAL MILK HOTEL – SONG AGAINST SEX THE DAMNED - TEMPTATION THE HOUSE OF LOVE – GIRL WITH THE LONELIEST EYES SEBADHO – TEMPTATION TIDE GENE CLARK – THE VIRGIN THE LEGENDARY PINK DOTS – THE WAITING GAME THE HOPE BLISTER – IS JESUS YOUR PAL ? SPACEMEN 3 – WALKIN’ WITH JESUS LES SULTANS – LA POUPÉE QUI FAIT NON THE KINKS – TIRED OF WAITING FOR YOU PHYLLIS DILLON – DON’T TOUCH ME TOMATO
HOLY TWO Élodie et Hadrien nous convoquent dans un univers où la transe se veut douce et mélancolique rappelant à chacun « le plaisir d’être triste ». À défaut d’être masochiste, cette peine qui rend heureux est un exutoire pour les émotions. La playlist d’Holy Two ressemble à une messe collective qu’on aimerait fuir pour se perdre seul et avec magie dans la musique. Ce voyage spirituel se compose de voix semblables à celles des castrats ; les hommes sont décharnés de leur virilité et s’autorisent sans vergogne à se morfondre. Le dernier opus du groupe n’est pas dépourvu de vague à l’âme, vous pouvez écouter Éclipse sur une platine aux prémices de la nuit. Si vous venez de vous faire plaquer, éloignez les lames de rasoir et ramenez plutôt votre dépression au Ninkasi le 17 décembre pour le Tremplin Découverte.
LIPPIE Lippie vient à peine d’entrer dans sa troisième décennie, mais son esprit a gardé un grain de folie adolescent. Curieuse de tout et troublée par tous, sa créativité fantasque est inspirée par sa réalité. Ses mélodies soul touchent au sensible de ce bas monde faisant écho à nos troubles nerveux. Sa playlist chaotique provoque l’expérience. La techno bigarre un opéra de Brahms, et le questionnement punk new wave de Nini Raviolette nuance à peine l’hommage de Nina Simone rendu au genre féminin. La pucelle imaginée par Lippie s’interroge et en attendant la sentence, elle panique. Cette précipitation qui fout les frousses n’est pas sans rappeler celle de la préparation du prochain EP de la touchante Lippie.
SON LUX - LANTERNS LIT SOHN - THE CHASE THOMAS AZIER - HOW TO DISAPPEAR FOALS - MOON PORTUGAL. THE MAN - MODERN JÉSUS LOCAL NATIVES - YOU & I RADIOHEAD - LOTUS FLOWER ISAAC DELUSION - SLEEPWALKING THE ACID - CREEPER ALT-J - WARM FOOTHILS BON IVER - ROSELYN JAMES BLAKE - I NEVER LEARNT TO SHARE CASCADEUR - GHOST SURFER
NINI RAVIOLETTE – SUIS-JE NORMALE ? NINA SIMONE – FOUR WOMEN SIR ALICE - PRINCESS REMEDIOS SILVA - NACI EN ALAMO THE MYSTIC MOOD – UNIVERSAL MIND MISS KITTIN – LIFE IS MY TEACHER JOHANNES BRAHMS – TREUE LIEBE SHANNON WRIGHT – FATHER PJ HARVEY – RID OF ME COCO ROSIE – TECHNO LOVE BONNIE BANANE – MUSCLES NICO – CHELSEA GIRL ARK & DOLIBOX – DEEP AT ALL LA FONTA – TU ES MON ARBRE | trente-quatre
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rédaction Sarah Fouassier
photographie Sarah Fouassier
JACQUES TERRASSE – DIFU BRACE BRACE Afin de déflorer sa belle, le rockeur mime des refrains fragiles pour petit coeur naïf. Une fois passée l’étape du “faire l’amour tout doucement”, la ballade amoureuse se transforme en baise furieusement noise. Pour Antoine et Thibaut, fondateurs de Brace Brace, la sensualité reprend le pas sur cette montée en puissance un peu cra cra. C’est ça les sonorités pop garage de Brace Brace : la base est belle, efficace, et on finit par lui casser la gueule ; l’expression par la destruction, voilà leur religion. Worries, le premier EP belliqueux du duo, a été édité à 500 exemplaires vinyle sur le label quali clermontois Freemount Records. Rendezvous au Marché Gare le 12 décembre pour la bastonnade.
BROADCAST - BEFORE WE BEGIN TAME IMPALA - MIND MISCHIEF SONIC YOUTH - THÈME D'ALICE OUTKAST - PROTOTYPE THE JESUS & MARY CHAIN - JUST LIKE HONEY MELODY'S ECHO CHAMBER - SNOWCAPPED ANDES CRASH BLUR - YOU'RE SO GREAT TY SEGALL - TALL MAN SKINNY LADY CIVIL CIVIC - LESS UNLESS GRAHAM COXON - CITY HALL ADAM WOOD - RISE UP & SHINE MOON DUO - MOTORCYCLE I LOVE YOU JOHN FRUSCIANTE - MURDERERS SUUNS - ARMED FOR PEACE
MASSIMILIANO PAGLIARA - WITH ONE ANOTHER NHAR – NOSTROMO MR G - SEAPRESS FCL - LET'S GO DJ QU - PARTY PEOPLE CLAP (ANTONY PARASOL & FRED P REMIX) ATOM TM - ICH BIN EINE MASCHINE ITALO JOHNSON – 05.UNTITLED PAUL KARLBRENNER - DOCKYARD (DJ BACKFISH & FRIEND) MIKE HUCKABY - BASELINE 89 ELBEE BAD - IT'S THE PEOPLE KIANI & HIS LEGION REMIX [DIFU] THE PILOTWINGS - COURS LA VILLE [BFDM001] KIANI & HIS LEGION – DARWIN GEORGE MOREL - LET'S GROOVE LAUI XIV - TYLER (BEAT MIX)
LUCAS – EROTIC MARKET
ALTO CLARK Méfiez-vous des apparences, Alto Clark n’est pas si réservé. Des esprits pernicieux lui susurrent quelques stratagèmes obscènes au creux de l’oreille. Allongée sur une peau de bête sous la chaleur d’un feu de cheminée, la belle qui n’a pas encore vu le loup doit être rassurée. Pour la séduire, la musique doit être langoureuse et pousser les amants à la tension. Il est possible qu’elle ne lui laisse pas goûter son miel, la jeune fille préfère souvent exciter son prédateur. Sans remords, le chasseur est joueur. Les musiques d’Alto Clark aussi, taquinent. Ses productions électroniques entraînent le corps à s’abandonner sur des mélodies joyeusement groovy. Ce goût de chewing-gum s’apparente à l’électro-pop qu’Alto produit avec Camille pour leur duo De la Montagne. Autant varier les plaisirs, non ? Son nouvel album sortira début 2015 en édition vinyle.
À l’aube de l’an 2000, pour les jeunes Disc Jockey comme Jacques et Laurent, c’est plus le même deal. La période est ultra stimulante. Remember, les grands-messes de Lolo Garnier auxquelles les deux têtes pensantes du label Difu, ne sont pas étrangères. Créé à Lyon en 2007, le label est un moyen de jouer ensemble et d’éditer les prods de Laurent. Deux hommes, deux styles : Jacques Terrasse est fasciné par les musiques black des nineties, tandis que Laurent Caligaris voue un culte aux new wave et cold wave. Tous deux se retrouvent autour de l’acid house et de leur Grand Amour pour la Grande Techno (Detroit, Chicago). Leurs sets à quatre mains forment un micmac métissé de house mélodieuse et de techo rude. La sélecta virginale est un retour aux racines. Ils l’ont confectionné comme leurs sets : les mélodies sont tripées, les sonorités black donnent du rythme et du groove. La piste aux étoiles du Terminal Club ouvre ses platines au duo une fois par mois. Rendez-vous le 12 décembre avec Difu et Oskar Offerman, résident du célèbre Panorama Bar berlinois.
BETTY DAVIS - ANTI LOVE SONG J DILLA - BODY MOVIN' GRINDERMAN - NO PUSSY BLUES KWES - BROKE DEATH GRIPS - BIRDS LOVE COMES IN SPURTS - RICHARD HELL AND THE VOIDOIDS ROOTS MANUVA - TRIM BODY EARL SWEATSHIRT - PRE SUPREME CUTS & HALEEK MAUL - CHROME LIPS NACHO PICASSO - TELL ME SOMETHING PHARRELL - CAN I HAVE IT LIKE THAT GRIMES - BE A BODY IGGY AND THE STOOGES - I NEED SOMEBODY MYSTICAL - PUSSY CROOK
CIARA - BODY PARTY (AAMOUROCEAN R M X) JANET JACKSON - SOMEONE TO CALL MY LOVER (GIRAFFAGE REMIX) JUSTIN TIMBERLAKE - LOSING MY WAY KENDRICK LAMAR - SING ABOUT ME, I’M DYING OF THIRST PIU PIU - BALLER TEPR - U R THE ONE I NEED TO MY BOY - MODEL FRANK OCEAN - CRACK ROCK BRITNEY SPEARS - TOXIC WAKA FLOCKA FLAME - SEX QUADRON - IT’S GONNA GET YOU LIL WAYNE - LOLIPOPP FATIMA AL QUADIRI - HOW CAN I RESIST YOU CLÉA VINCENT - RETIENS MON DÉSIR
Quand Marine, Lucas et leurs potes débarquent sur scène, le coup de feu arrache le cerveau de sa boîte crânienne. Le son est bruyant, il donne chaud. Erotic Market n’a pas d’aphrodisiaque que son nom. Face à cette fougue, notre réserve s’atténue, le corps veut s’émanciper et trouver une place singulière au creux de la foule. Les influences musicales du duo sont à l’image de sa playlist : le hip hop a le cœur brisé, tandis que le rock alternatif est frustré de ne pas attraper de « pussy ». Le romantisme n’a jamais été aussi cul-cul et le machisme si dégueu. Le premier album d’Erotic Market, Blahblahrians sonne comme un cri de guerre féministe. La rudesse de ce rnb-noisy confesse la volonté de renouveler l’image de la femme : non au diktat des corps parfaits photoshopés et oui à l’amour de toutes les croupes. Comme dirait l’autre : aimez-vous (les uns les autres).
LYON SOUTIENT LA CRÉATIVITÉ
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sottises virginart
photographie Sarah Fouassier
stylisme Benjamin James-Peron
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coiffure Nadège Nouet
Bijoux Les Bijoux de Joe
maquillage Vanille Dubois
| trente-sept
sottises virginart
stylisme Benjamin James-Peron
modèles Mona & Germain
| trente-huit
sottises automne 2014
numĂŠro un like a virgin
photographie Laurie Franck / Sarah Fouassier / Steven Mazzola
| trente-neuf
koobecaf enizagamsesittos
leirtsemirt tiutarg
nigriv a ekil
RF.ENIZ AGAMSESIT TOS
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