Newsletter Prévention et promotion de la santé Janvier 2014
spectra Les vaccinations 2
La vaccination: reine de la prévention L’idée de la vaccination est vieille comme le monde: au septième siècle déjà, les bouddhistes indiens absorbaient de très petites quantités de venin de serpent pour se protéger des conséquences de morsures. Jusqu’à ce jour, la vaccination – l’immunisation par administration de petites doses inoffensives d’agents pathogènes – compte parmi les mesures de prévention les plus importantes et les plus efficaces en médecine. Quels sont les succès des programmes de vaccination? Quels sont les risques de ces succès? Que reste-t-il à faire? La présente édition de spectra répond.
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actionsanté: 5e Conférence annuelle Comment l’économie peut-elle contribuer à résoudre des problèmes de santé de la société? Que peut-elle faire pour que les jeunes soient et restent en bonne santé? Comment intégrer davantage d’activité physique sur les lieux de travail en Suisse? Telles sont quelques unes des questions dont la 5e Conférence annuelle de l’initiative actionsanté s’est emparée en novembre 2013. action santé est le vecteur par lequel l’Office fédéral de la santé publique souhaite collaborer en partenariat avec des entreprises qui s’engagent pour la promotion d’un mode de vie sain.
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OSAV: le dernier né des offices fédéraux Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, OSAV. Tel est le nom du tout jeune office fédéral qui a commencé ses activités début janvier 2014. Il réunit l’ancien Office vétérinaire fédéral (OFV) et la division Sécurité alimentaire de l’Office fédéral de la santé publique. Un nouveau centre de compétences en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé animale, de protection des animaux et de protection des espèces dans le commerce international est ainsi créé. spectra s’est entretenu avec Hans Wyss, le directeur de l’OSAV.
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Prévention vaccinale: contexte et mise en oeuvre en Suisse Editorial. La vaccination est sans conteste un des moyens les plus efficaces de prévention en santé publique. Elle a une histoire à la fois très ancienne et très récente. L’idée de protéger d’une maladie mortelle en l’inoculant sous une forme inoffensive est basée sur l’observation.
étaient parfois transmises en même temps que la vaccine. C’est à partir de 1890 qu’un sérum standardisé, produit à partir de vaches délibérément infectées, et traité pour en éliminer les bactéries, a été régulièrement utilisé. La vaccination était née.
Au 7e siècle en Inde, des bouddhistes buvaient du venin de serpent pour s’immuniser contre ses effets. La variolation est mentionnée en Chine au 10e siècle. Au 16e siècle en Inde du pus séché de pustules de la variole était introduit dans la peau. Une telle inoculation était pratiquée largement en Turquie, d’où elle aurait été importée en Angleterre en 1721: elle était efficace pour rendre la maladie inoffensive en cas d’infection, mais pas sans risque puisque 2–3% mouraient de la variole qu’ils contractaient par la variolation elle-même. A la fin du 18e siècle en Angleterre des vachers ont observé que ceux qui attrapaient la vaccine, une maladie à pustule des pis de vache, bénigne pour l’homme, étaient protégés de la variole. L’un d’entre eux avait inoculé les membres de sa famille vingt ans avant que le Dr Jenner ne publie en 1798 ses études montrant que cette infection bénigne protégeait de la variole, hautement létale (30–96% selon la forme), et pouvait être transmise d’une personne à une autre dans ce but. Ce n’était pas sans risque puisque d’autres infections telles que la syphilis
Au 19e siècle, peu de nouveaux vaccins ont été développés par atténuation de la virulence de l’agent infectieux, principe élaboré par Pasteur, et d’abord destinés aux animaux (choléra des poules, anthrax et rage). L’administration de virus atténué de la rage en 1885 à des enfants qui avaient été mordus par un chien enragé a suscité beaucoup d’opposition, et si l’enfant mourait, le décès paraissait attribuable au vaccin plutôt qu’à la maladie, pourtant toujours létale. Or des centaines de vie ont ainsi pu être sauvées. Le principe du vaccin à germe tué serait né quant à lui aux Etats-Unis, et a permis l’élaboration de vaccins contre la fièvre typhoïde, le choléra et la peste. Le 20e siècle a vu naître quant à lui des vaccins contre au moins vingt autres maladies, à commencer par ceux contre la diphtérie et le tétanos, en 1923 et 1926, respectivement, à base de toxine bactérienne inactivée. Au cours de la 2e moitié du 20e siècle, non seulement les méthodes de développement ont considérablement évolué, parallèlement aux connaissances sur les mécanismes des réponses immunitaires, avec les cultures
Percée de la vaccination moderne
virales, la biologie moléculaire et le génie génétique, mais aussi la rigueur des études cliniques et les exigences envers la qualité des pratiques de production et de surveillance de la sécurité.
Une histoire à succès internationale La mise en œuvre de programmes de vaccination à large échelle a eu un impact considérable très bien documenté sur la mortalité et la morbidité, par exemple pour la diphtérie au Canada, dès la fin des années 1920, ou l’éradication de la variole confirmée en 1980, permettant l’arrêt de cette vaccination. Au niveau mondial, le lancement du programme élargi de vaccination de l’Organisation mondiale de la santé en 1974 a par exemple été suivi d’une chute du nombre annuel de cas de diphtérie d’un million à moins de 10'000, avec l’atteinte d’une couverture vaccinale mondiale moyenne de 81% pour 3 doses à l’âge d’un an. A l’inverse, l’arrêt ou la perturbation de programmes de vaccination dus par exemple à des troubles politiques, à une perte de confiance de la population en raison d’allégations d’effets indésirables graves (coqueluche au Japon en 1975, rougeole en Grande-Bretagne en 1998) ou de suspicion d’intentions malveillantes (poliomyélite au Nigeria) ont été suivis de recrudescences de cas de maladies ou de décès, confirmant si cela était nécessaire l’effet bénéfique de la vaccination.
L’impact va bien au-delà de la protection individuelle des personnes vaccinées, lorsque ces dernières, en étant immunisées, constituent une barrière à la propagation de l’agent infectieux, protégeant ainsi également les personnes non vaccinées ou qui n’ont pas répondu au vaccin.
Se vacciner en Suisse: efforts conjugués de différents partenaires En Suisse, l’Institut suisse des produits thérapeutiques, Swissmedic, est responsable de l’autorisation de mise sur le marché des vaccins et de la surveillance des effets indésirables après vaccination. L’OFSP est responsable des recommandations de vaccination, regroupées dans un plan national de vaccination publié annuellement, adapté continuellement aux connaissances les plus récentes, en collaboration avec la Commission fédérale pour les vaccinations. Les vaccinations sont recommandées en fonction des bénéfices attendus pour la santé de la population en général et des individus en particulier, selon des schémas et à des âges permettant une protection la plus appropriée dans le contexte épidémiologique et les conditions de notre pays. Elles sont ainsi catégorisées en vaccinations recommandées de base (jugées indispensables pour le bien-être individuel et la santé publique), recommandées complémentaires (pour l’intérêt individuel de ceux qui souhaitent une protection optimale
Forum Les vaccinations, parlons-en! En tant que pédiatres qui suivons les enfants, nous sommes tout particulièrement impliqués dans les recommandations et la réalisation des vaccinations. A 1 mois de vie, lors de la première visite, le thème des vaccinations est abordé, à 2 mois le bébé qui n'est plus protégé par les anticorps maternels reçoit les premières doses visant à initier son immunité notamment contre la coqueluche et l'haemophilus qui peuvent provoquer de graves complications chez les jeunes enfants. Entre 2 et 48 mois, l'enfant sera vacciné contre 10 maladies infectieuses selon le plan suisse de vaccination. A l'adolescence, nous faisons des rappels et vaccinons contre l'hépatite B, et les jeunes filles contre le papillomavirus. Et ça marche! Nous ne voyons plus d'enfant souffrant de méningite à méningocoque C ou à haemophilus ou encore en décompensation respiratoire en raison d'une épiglottite à haemophilus. Mais que se passe-t-il? Nous vaccinons les bébés et les jeunes enfants, et pourtant, il persiste des cas graves de coqueluche ou de rougeole ...
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Les enfants sont mieux protégés contre la méningite qui fait peur que contre la coqueluche ou la rougeole qui ne se sont pas encore débarrassées de leur réputation de maladies bénignes... bien que l'on puisse en mourir aussi. Les jeunes adultes ne sont plus protégés contre la coqueluche par le vaccin reçu dans l'enfance et ne sont pas tous vaccinés par 2 doses de ROR. Nous connaissons donc la solution: Il n'y a pas que les bébés qui doivent être bien vaccinés, la poursuite des vaccinations doit être assurée sur la durée, les enfants et les jeunes dont le statut vaccinal n'est pas à jour doivent être identifiés pour rattrapage dans nos consultations pédiatriques, dans celles des puéricultrices, à la crèche, à l'école, dans les lieux de formation, et pour les professions de la santé et de la prime éducation, à l'engagement. Comme pédiatres, nous avons l'occasion d'administrer le vaccin contre la coqueluche recommandé pour les adolescents comme pour les parents de bébés de moins de 6 mois, et de faire les rattrapages ROR nécessaires. Par contre, il reste toute une frange de professionnels de la santé et de la prime éducation insuffisamment vaccinée contre la coqueluche, la rougeole et la
grippe saisonnière, qui n'est plus en âge pédiatrique et qui, étant en bonne santé, ne consulte pas. Certains ne sont vaccinés que contre la fièvre jaune, obligatoire pour partir en voyage ... et peuvent transmettre une coqueluche ou une rougeole aux bébés encore insuffisamment vaccinés. Il ne suffit plus d'informer, de recommander, chaque partie doit prendre ses responsabilités. Les milieux politiques doivent inscrire la protection vaccinale de la population dans leur agenda. Les responsables de la santé publique doivent transmettre des directives claires pour les milieux de la santé et de la prime éducation concernant le contrôle et le rattrapage vaccinal des adultes et des enfants. Une personne de référence doit être mise en place pour superviser et coordonner la mise en oeuvre des directives dans les collectivités: infirmière ou médecin de santé publique pour les enfants accueillis en crèche et scolarisés, infirmière ou médecin du travail pour les professionnels de la santé et de la prime éducation. Les autorités de surveillance des structures d'accueil devront s'assurer de l'application de ces directives.
Les employeurs et les responsables de ces structures devront s'appuyer sur ces directives lors de l'établissement de contrat d'engagement du personnel ou d'accueil d'enfant. Les professionnels de la santé et de la prime enfance qui se sont engagés dans des métiers pour le bien des patients et des enfants doivent prendre la mesure des risques auxquels ils les exposent et s'ils ne se vaccinent pas pour euxmêmes, doivent le faire pour ceux-ci. Et nous autres pédiatres? Nous avons un rôle de transmission large des connaissances et des recommandations à tous les milieux concernés et nous continuons à contrôler les carnets de vaccination, à informer et à vacciner au cabinet, à hôpital ou dans les écoles.
Dr Nicole Pellaud Pédiatre FMH, Présidente de la Société Suisse de Pédiatrie (SSP)
En première ligne La votation récente sur la loi sur les épidémies l’a encore une fois mis en évidence: les vaccinations sont capables de susciter émotion et débats. Ceux dont les voix se font le plus entendre dépendent du contexte: en cas de menace concrète d’une épidémie à haut taux de mortalité, ce sont ceux qui en veulent; autrement, ce sont ceux qui les craignent. La vaccination n’a pourtant plus à faire la preuve de son bien-fondé, et le fait qu’au moins 95% des enfants en Suisse ont été vaccinés confirme que c’est un moyen de prévention dont le principe n’est pas contesté. Mais la quasi disparition de fléaux mortels tels que la variole, la diphtérie et la poliomyélite, et plus encore la moindre hypothèse d’un éventuel effet indésirable grave survenu après une vaccination, tendent à en faire oublier les bénéfices.
contre des risques bien définis) et recommandées pour groupes à risque accru de complications, d’exposition ou de transmission. Les vaccinations recommandées sont généralement remboursées par l’assurance obligatoire des soins, aux conditions précisées dans la Liste des spécialités et l’Ordonnance sur les prestations, après évaluation de chacune d’entre elles par la Commission fédérale des médicaments et celle des principes et des prestations.
avec les services de santé scolaire l’information, le contrôle des carnets de vaccination et, le cas échéant, les vaccinations scolaires. Les vaccinations sont réalisées par les médecins ou sous leur responsabilité, pratique privée et services publics étant complémentaires pour assurer un accès large et facilité. Tous les professionnels de santé contribuent dans les limites de leurs compétences professionnelles. L’évaluation est conjointe, par l’OFSP et les cantons, au moyen des études de couverture vacciEnsemble pour une meilleure nale et des déclarations obligatoires de couverture vaccinale maladies évitables par la vaccination, Les cantons sont responsables des me- complétées par les déclarations obligasures à mettre en œuvre pour que les toires d’effets indésirables collectées objectifs de santé publique visés soient par les centres de pharmacovigilance et atteints, par exemple en organisant analysées par Swissmedic.
Informations sur la vaccination Le site de l’Office fédéral de la santé publique fournit des informations détaillées sur la vaccination: www.sevacciner.ch L’essentiel sur la rougeole et la vaccination contre la rougeole se trouve ici: http://www.stoprougeole.ch/ InfoVac est un service d’information indépendant sur les questions de vaccination: http://www.infovac.ch/ Le site pour créer son certificat de vaccination électronique: www.mesvaccins.ch
Bonne acceptation, mais peut mieux faire Dans l’ensemble les vaccinations recommandées de base sont très bien acceptées en Suisse, puisque 95–96% des enfants de 2 ans ont reçu 3 doses de vaccin contre diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite et Haemophilus influenzae b. Il y a cependant des retards et des négligences dans l’administration des rappels ou de certaines vaccinations, puisque, à l’âge de 2 ans, ils ne sont que 88% à avoir reçu la 4e dose des vaccins ci-dessus (DTP), et 86% à avoir reçu 2 doses de vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (92% en ont reçu au moins une), pourtant recommandées entre 15 et 24 mois. A l’âge de 8 ans ils sont 95% à avoir reçu la 4e dose de DTP, mais seulement 80% à avoir reçu la 5e, pourtant recommandée entre 4 et 7 ans. Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans que 95% ont reçu au moins une dose de vaccin contre la rougeole, mais seulement 88% ont reçu la 2e dose. Pour les vaccinations de l’adolescence, l’objectif de 70% est atteint en moyenne pour l’hépatite B, mais pas celui de 80% pour HPV chez les filles (54% environ). Il y a donc un potentiel d’amélioration. Contact: Virginie Masserey, cheffe de la section Vaccinations et mesures de contrôle, virginie.masserey@bag.admin.ch
L’équilibre est instable entre la perception des bénéfices et celle des risques, malgré les statistiques et analyses largement disponibles et reproductibles, qui indiquent clairement que les bénéfices des vaccinations recommandées dépassent très largement leurs risques, et que leurs risques sont très inférieurs à ceux des maladies qu’elles permettent d’éviter. La préoccupation commune, qui est de protéger les individus et la population et de ne pas nuire, est largement partagée par les acteurs impliqués à tous les niveaux: de la recherche en laboratoire universitaire à la production à large échelle, de l’autorisation de mise sur le marché à la surveillance post-marketing, de l’élaboration des recommandations à l’évaluation de leur impact, de la communication des recommandations à leur mise en œuvre au cabinet médical, la qualité, la sécurité et l’adéquation sont assurées et vérifiées par de nombreux mécanismes. Les récentes discussions relèvent cependant que pour maintenir et continuer à développer tout le potentiel des vaccinations il faut prendre au sérieux les préoccupations des citoyens, préserver la crédibilité des acteurs et de la communication, et poursuivre les efforts pour que les structures et mesures adéquates soutiennent et documentent l’impact positif des vaccinations. C’est dans cet esprit que nous comptons appliquer la loi sur les épidémies révisée, et développer un programme national de vaccination.
La Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) a conçu des factsheets sur la question des vaccinations, téléchargeables sous: www.bag.admin.ch > Thèmes > Maladies et médecine > Maladies infectieuses > Vaccinations > Factsheets Il est possible de commander gratuitement des prospectus, brochures et présentations traitant du thème de la vaccination auprès de la boutique des publications fédérales: www.b2cshop.admin.ch/cshop_bbl/b2c/start.do
Daniel Koch Chef de la Division maladies transmissibles Office fédéral de la santé publique
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Comité pour une Suisse sans rougeole Elimination de la rougeole. Le Comité pour une Suisse sans rougeole a été institué au printemps 2013 par le conseiller fédéral Alain Berset, qui en a confié la présidence à l'ancien conseiller d'Etat valaisan Thomas Burgener. Ce comité jouera un rôle important dans le cadre de la stratégie nationale visant à éliminer la rougeole d'ici à 2015. Ses membres auront notamment pour tâche: – de diffuser dans leur entourage professionnel et au sein de la population les messages-clés concernant l'élimination de la rougeole, – de faire connaître cette thématique via leur canaux en ligne privés (p. ex., médias sociaux), –d 'aborder ce sujet dans différents comités, associations et organisations, –d 'établir des contacts entre l'Office fédéral de la santé publique, responsable du projet, et des partenaires importants,
Dr med. Nicole Pellaud Présidente de la Société suisse de pédiatrie
Viktor Röthlin Champion d'Europe de marathon
Pr Dr Marcel Tanner Directeur de l'Institut tropical et de santé publique suisse
Barbara Weil Responsable du département Promotion de la santé et prévention, FMH
Franz Wyss Ancien secrétaire de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS)
Dr med. Katharina Wyss Co-présidente de l'association Kinderärzte Schweiz Contact: Adrian Kammer, chef de la section Campagnes, adrian.kammer@bag.admin.ch
–d e développer des idées pour promouvoir la vaccination de rattrapage, et –d 'élaborer des propositions pour optimiser les mesures prévues dans la stratégie. Fin 2015, une délégation du comité examinera les résultats obtenus en se référant aux standards de l'OMS.
Thomas Burgener Président du comité ancien conseiller d'Etat VS
Pr Dr Thierry Carrel Directeur de la Clinique de chirurgie cardiovasculaire de l'Hôpital de l'Ile à Berne
Dr med. Ignazio Cassis Conseiller national, PLR, TI
Monika Dusong Présidente de la Fédération romande des consommateurs FRC et de l'Alliance suisse des samaritains
Discussions animées lors d'une réunion du Comité à Berne: Franz Wyss, Dominique Jordan et Monika Dusong.
Prof Marcel Tanner, Ignazio Cassis, conseiller national et Adrian Kammer, chef de la section Campagnes de l'OFSP.
Daniel Koch, Thomas Burgener et Judith Hanhart, coordinatrice du projet à l'Office fédéral de la santé publique.
Elsbeth Müller, directrice générale de d'Unicef Suisse.
Verena Herzog Conseillère nationale, UDC, TG
Dominique Jordan Président de pharmaSuisse
Elsbeth Müller Directrice générale d'UNICEF Suisse
Simone Niggli-Luder 23 fois championne du monde en course d'orientation
Margret Kiener Nellen Conseillère nationale, PS, BE, avocate
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Tout sauf une maladie infantile bénigne Elimination de la rougeole. La Suisse veut avoir éliminé la rougeole d’ici 2015. Mais le but est encore loin d’être atteint – la couverture vaccinale est trop faible, en raison entre autres d’une information lacunaire. Les faits à propos d’une maladie banalisée et de la manière dont elle peut être éliminée. La vaccination contre la rougeole est victime de son succès: grâce à la vaccination, cette maladie est devenue rare, au point qu’on ne la voit pratiquement plus autour de soi, que l’on méconnait ses complications et qu’on la considère de ce fait comme une maladie infantile bénigne. Or, la rougeole n’est ni bénigne ni une pure maladie infantile, car des adultes peuvent aussi la contracter.
Une maladie en deux phases La rougeole est très contagieuse et son virus se propage très facilement par la toux et les éternuements. Généralement, la maladie se déroule en deux phases. Les premiers symptômes apparaissent 7 à 18 jours après la contamination (= temps d’incubation) et font penser à une grippe: fièvre, rhume, toux, conjonctivite et sensibilité à la lumière. À ce stade la maladie est déjà contagieuse. De nombreux malades ou les parents d’enfants malades interprètent à tort ces symptômes comme un refroidissement, ne prennent aucune précaution et infectent des personnes non vaccinées dans leur entourage. C’est ainsi que les virus se propagent rapidement, notamment dans des groupes à faible couverture vaccinale. Après 4 jours environ, la seconde phase apparaît: forte fièvre, perte de l’appétit, sentiment général de malaise, et éruption cutanée caractéristique. (Illustration)
Complications graves La rougeole peut avoir des complications graves, nécessitant fréquemment une hospitalisation et entraînant parfois aussi la mort. Ces complications, et non l’éruption cutanée bénigne, sont la raison pour laquelle la vaccination est recommandée dès la petite enfance. Environ 10% des malades développent des complications nécessitant une hospitalisation. Otites et convulsions fébriles sont relativement fréquentes. Chez 5% des malades on constate une pneumonie et chez environ un pour mille une encéphalite. La rougeole ne renforce pas le système immunitaire, au contraire: après la guérison, le système immunitaire demeure affaibli durant quelques semaines. Il arrive, bien que très rarement, que la rougeole soit suivie, plusieurs années après, par une panencéphalite sclérosante subaigüe (PESS), toujours mortelle. Une étude conduite en Allemagne mentionne que 30 enfants sont décédés d’une PESS entre 2003 et 2009, et que le risque de survenue de cette complication après une rougeole chez les nour-
vaccination est et restera une libre décision de chacun. Les parents devraient toutefois avoir de meilleures connaissances sur la rougeole, ses complications et la vaccination. Les médecins jouent là un rôle déterminant dans le conseil en matière de vaccination. Les crèches quant à elles devraient collaborer avec un médecin référent. Les flambées de rougeole doivent être contrôlées de manière uniforme dans tous les cantons. Tout cas suspect doit être rapidement identifié, déclaré au service du médecin cantonal et investigué au moyen d’une analyse de laboratoire. Grâce à la vaccination combinée ROR la rubéole sera également éliminée. La campagne nationale «Pour ne rien manquer, faites-vous vacciner» (www. stoprougeole.ch) a pour objectif de proEruption cutanée typique chez un enfant (3e jour), source: CDC – Centers of Disease mouvoir la vaccination de rattrapage et Control and Prevention de combler les lacunes de vaccination chez les jeunes et les adultes. La stratérissons est particulièrement élevé çu deux doses de vaccin, ou avoir eu la gie souhaite également faciliter l’accès à (1:2500). Or, les nourrissons ne peuvent rougeole. Lorsque le taux de vaccination la vaccination à tous et tout contact pas encore être vaccinés et sont donc de 95% est atteint, on parle d’immunité entre un médecin et un patient doit être tributaires de la protection vaccinale in- de groupe; les virus de la rougeole ne mis à profit pour contrôler le statut vacpeuvent plus se propager et dispa- cinal. directe de leur entourage. raissent. L’Australie, toute l’Amérique Enfin, d’autres moyens techniques tels Une protection sûre et peu du Nord et du Sud ainsi que plusieurs que le système «Viavac/mesvaccins.ch» d’effets indésirables pays scandinaves qui ont aujourd’hui doivent contribuer à augmenter le taux Avec 2 doses de vaccin, la protection pratiquement éliminé la rougeole sont la de vaccination. Viavac est un carnet de contre la rougeole atteint 95 à 98%. As- preuve que le but peut être atteint. À ce vaccination électronique qui permet aux sez peu onéreuse, la vaccination est jour, la vaccination en Suisse a déjà per- patient-e-s et aux médecins de vérifier le bien tolérée et la protection dure la plu- mis d’éliminer la variole et la po- statut vaccinal et de générer un rappel part du temps toute la vie. Depuis les an- liomyélite. quand une vaccination devrait être efnées 1970, plusieurs milliards d’enfants fectuée ou rattrapée. Couverture vaccinale et d’adultes dans le monde ont reçu encore trop faible le vaccin ROR (rougeole, oreillons, ruConclusion: La rougeole n’est pas une béole). Les effets secondaires peuvent La couverture vaccinale en Suisse a pro- maladie infantile bénigne. Un taux de être les suivants: une légère et bénigne gressé dans toutes les classes d’âge vaccination suffisamment élevé à l’aveéruption cutanée, des convulsions fébriles mais demeure encore trop faible. Actuel- nir parmi les enfants en bas âge est la (0,03%), plus rarement, une baisse tran- lement, 86% seulement des enfants âgés condition pour que la Suisse devienne et sitoire des plaquettes sanguines et, en- de deux ans ont reçu 2 doses de vaccin. reste sans rougeole. core plus rarement,des réactions aller- En cas de contact avec un malade, les Liens: www.bag.admin.ch/rougeole enfants non vaccinés courent un risque giques graves (moins de 0,001%) . www.viavac.ch / www.mesvaccins.ch très élevé de contracter la maladie. 185 000 décès dans le monde Ces lacunes de vaccination chez les enAujourd’hui, la rougeole sévit encore fants peuvent avoir des origines diContact: Virginie Masserey Spicher, principalement en Afrique, en Asie et verses: oubli de la 2e dose de vaccin; atdivision Maladies transmissibles, virginie.masserey@bag.admin.ch dans certains pays européens, dont la titude critique de certains parents, Suisse, qui ont une couverture vaccinale surtout en Suisse alémanique, envers trop faible. En 2011, près de 185’000 les recommandations de vaccination; Recommandations personnes dans le monde sont mortes diffusion d’informations erronées sur de vaccination de l’OFSP de complications de la rougeole. La plu- Internet, mais aussi de certains médepart était des enfants. cins et d’autres professionnels qui ne L’Office fédéral de la santé publique Sans la vaccination, la Suisse déplore- conseillent pas ou informent mal les pa- (OFSP) recommande la vaccination comrait chaque année près de 70’000 cas et rents de jeunes enfants sur la vaccina- binée contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR): à 12 mois pour la pre20 à 30 décès dus à la maladie. Entre tion contre la rougeole. mière dose et entre 15 et 24 mois pour la 2006 et 2009, la Suisse a enregistré une Stratégie d’élimination seconde. Une vaccination de rattrapage épidémie de rougeole avec plus de 4400 de la rougeole 2011–2015 est possible à tout âge et recommandée cas déclarés, des centaines d’hospitalisations ainsi que des coûts estimés dé- Les pays membres de l’OMS/Europe à toute personne non immune née en passant 15 millions de francs suisses. dont la Suisse fait partie ont pour objec- 1964 ou après. Les personnes plus âgées En 2009, une fillette auparavant en tif d’éliminer la rougeole d’Europe à sont considérées comme immunes car bonne santé est décédée de complica- l’horizon 2015. C’est avec cet objectif elles ont très probablement eu la rouque le Conseil fédéral a adopté, en 2011, geole, généralement dans leur enfance. tions de la rougeole. la Stratégie nationale d’élimination de Pour les enfants en bas âge présentant Que signifie «élimination»? un risque accru de contracter la rougeole la rougeole 2011–2015. Un pays peut considérer la rougeole Il doit durablement être assuré qu’au (prématurés, gardés en crèche) la vaccicomme éliminée lorsqu’il n’enregistre moins 95 % des enfants de deux ans nation ROR est recommandée dès l’âge annuellement plus que, au maximum, soient complètement protégés contre la de 9 mois, en cas d’épidémie ou en cas un cas de maladie pour un million d’ha- rougeole (deux doses de vaccin), et que de contact avec un malade, dès l’âge de bitants. Pour cela, 95% de la population les lacunes vaccinales des cohortes nées 6 mois. doit être immune, c’est-à-dire avoir re- en 1964 et après soient comblées. La
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«La vaccination n’est pas seulement une affaire personnelle mais aussi u Entretien avec Hans-Peter Roost. Près d’un tiers des personnes touchées par l’épidémie de rougeole de 2006 à 2009 vivaient dans le canton de Lucerne. Conséquence: ce canton de Suisse centrale a réintroduit récemment les vaccinations à l’école pour améliorer la couverture vaccinale de la population. Un entretien de «spectra» avec Hans-Peter Roost, responsable des maladies infectieuses et suppléant du médecin cantonal du canton de Lucerne aborde la motivation des médecins scolaires, le fédéralisme et la vaccination comme acte de solidarité. spectra: L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Commission fédérale pour les vaccinations publient le plan de vaccination suisse avec toutes les recommandations pour le corps médical. Quelle est l’importance de ce plan pour vous?
profiter encore davantage les uns des autres. Il faudrait instaurer un échange systématique du savoir-faire. Les possi-
« Les cantons pourraient profiter encore davantage les uns des autres. Il faudrait instaurer un échange systématique du savoir-faire.» bilités d’optimisation sont encore nombreuses, précisément en ce qui concerne les programmes de vaccinations scolaires.
Quels sont les facteurs qui permettent d’atteindre les objectifs d’immunisation au niveau cantonal?
Ces facteurs se situent, d’une part, au niveau du système et, d’autre part, au niveau des groupes cibles. Au niveau du système, il s’agit de mesures telles que la vaccination à l’école. Le canton de LuHans-Peter Roost: Elle est très grande. cerne l’avait abrogée en 1996. Mais Ce plan pose le fondement d’une ap- nous avons eu ensuite cette épidémie de proche uniforme dans toute la Suisse. Il rougeole qui a sévi en Suisse de 2006 à est régulièrement réactualisé, ce qui est 2009. Un quart des cas de rougeole protrès positif. venaient à l’époque du canton de Lucerne. Dans un postulat, la vaccination C’est donc un document essenà l’école a été requise et réintroduite au tiel pour vous ... début de l’année scolaire 2013/14. Ce Oui, et nous le prenons bien entendu genre de mesures est très durable, mais très au sérieux. Au niveau cantonal, il nécessite aussi de gros investissements. nous incombe de mettre le plan en Au niveau des groupes cibles, une comœuvre et de communiquer les nouveau- munication crédible en particulier par le tés aux médecins scolaires. corps médical, joue un rôle essentiel.
Echangez-vous avec d’autres cantons? Oui, il arrive que nous abordions par e-mail des questions de vaccination spécifiques avec des experts d’autres cantons. Cela fonctionne très bien. Sur le plan de la vaccination, il n’y a guère de questions, en revanche la question de l’ «off-label use» ou «usage hors étiquette» nécessite quelques explications. C’est lorsque l’Office fédéral de la santé publique et la Commission fédérale pour les vaccinations recommandent une vaccination que Swissmedic n’a pas ou pas encore autorisée. C’est un problème pour les médecins qui assument la responsabilité de l’utilisation des vaccins. Il est nécessaire que l’OFSP et Swissmedic clarifient ce point.
C’est donc l’épidémie de rougeole qui a déclenché la réintroduction de la vaccination dans les écoles à Lucerne?
Oui, car cette épidémie a suscité un écho international. Lucerne est un lieu très touristique et, qui plus est, 2008 était l’année du championnat d’Europe de football. Soudain, des mises en garde envers les voyages en Suisse centrale ont été diffusées par diverses sources. Ne voulant plus être le point chaud de l’épidémie de rougeole, les Lucernois ont réagi. En 2006, la couverture vaccinale avec deux doses était encore de 65 pourcent chez les petits Lucernois de deux ans; en 2010, nous étions déjà dans la moyenne suisse, avec 82 pourcent. Si les objectifs ne sont pas encore atteints, nous avons fortement progresLes médecins s’adressent-ils à sé et n’avons été qu’effleurés par les révous dans de tels cas? centes flambées de rougeole. Cette épiPour l’utilisation «hors étiquette» oui, démie a véritablement réveillé les mais moins pour des questions directes consciences chez les politiques et je sur la vaccination. Le plan de vaccina- pense qu’elle a suscité un mouvement tion est très bien fait. Les questions de sensibilisation au sein de la populaconcrètes sont plutôt traitées dans les tion. réseaux d’experts tels qu’Infovac.
Y-a-t-il des différences entre les cantons en matière de vaccination? Oui, chaque canton a son système, et il est important de pouvoir s’adapter aux situations locales. Les cantons ont des échanges ponctuels, mais ils pourraient
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Hans-Peter Roost
ressant. Les vaccinations nécessaires des communes et des écoles lucerpour les voyages ne suscitent que très noises. rarement des réticences. C’est tout à fait Les organisations de caisses-madifférent avec les vaccinations de base. ladie se sont être élevées contre Si l’on pense à la variole, à la pola réintroduction de la vaccinaliomyélite ou à la diphtérie, on voit bien tion à l’école? que les vaccinations font partie des plus grandes réussites de la médecine, car L'existence de deux associations de caisses-maladie a rendu les négociations plus difficiles. Les négociations ont « Si l’on pense à la variole, à été très dures en matière de tarifs qui la poliomyélite ou à la diphétaient la question litigieuse majeure térie, on voit bien que les entre les médecins et les caisses-maladie. Dans ces négociations, nous avons vaccinations font partie des joué un rôle de médiateur.
plus grandes réussites de la médecine, car c’est bien la vaccination qui a permis de les faire reculer très fortement, voire de les éradiquer.»
Et quelle est la solution? Nous avons négocié des contrats séparés avec les deux organisations. Au niveau des tarifs, les contrats sont identiques, mais certains contenus diffèrent. Et cela complique l’introduction des vaccinations volontaires à l’école.
c’est bien la vaccination qui a permis de les faire reculer très fortement, voire de Vous avez dit un peu plus haut les éradiquer. Mais le succès n’est pas que la majorité des médecins directement visible car on n’est plus scolaires participent à la vaccinaconscient du nombre de cas de maladie tion à l’école. Cela signifie que qui ont été évités. C’est pourquoi les escertains d’entre eux ne le font pas. prits se focalisent sur ce qui est visible ou ressenti, c'est-à-dire sur les effets se- Oui, et parmi ces réfractaires, il existe condaires possibles, même s’ils sont deux groupes différents. D’une part, ceux qui ont une attitude critique envers rares. la vaccination; il s’agit majoritairement Comment êtes-vous parvenus à de praticiens des médecines alternamaintenir la conscience de la tives qui font preuve d’un enthousiasme nécessité de la vaccination plus que modéré face aux vaccinations. contre la rougeole après l’épidé- Dans l’autre groupe, nous trouvons des mie et à réintroduire la vaccinamédecins favorables à la vaccination, tion à l’école? mais qui ne s’engagent pas pour la vacTout repose sur la décision démocra- cination à l’école. Pour eux, cette derLe taux de vaccination trop bas tique du gouvernement cantonal de ré- nière est tout simplement trop compliest en fait un problème de luxe: introduire la vaccination à l’école. Pour quée, ou trop mal payée aussi. Ils les Suissesses et les Suisses ont réussir, nous pouvons également comp- considèrent la vaccination et le conseil un tel sentiment de sécurité ter sur l’engagement des médecins sco- en cabinet comme meilleurs et certains qu’ils estiment être dispensés de laires dont une majorité participe à la ne nient pas non plus trouver la rémuvaccination. Cette thèse vous réintroduction des vaccinations volon- nération plus juste lorsque les vaccinaparait-elle exacte? taires à l’école. Enfin, nous avons une tions sont effectuées dans leur cabinet et Il existe effectivement un décalage inté- bonne coopération avec l’association facturées via les caisses-maladie. Je
une question de responsabilité envers d’autres personnes.» comprends certains arguments, car vacciner dans les écoles représente effectivement un surcroît de travail y compris pour les écoles. Pour y remédier, la vaccination a été intégrée dans les examens médicaux obligatoires pratiqués à l’école, en laissant une marge de manoeuvre organisationnelle aux médecins scolaires. Mais la confrontation a été et est toujours intense. Un groupe réunissant des représentants des écoles et des médecins a été constitué pour accompagner le processus d’introduction. Certes, il n’a pas été possible de tenir compte de chaque opinion des nombreux acteurs, mais en peu de temps nous avons pu convaincre de nombreux médecins scolaires et, comme je l’ai dit, la majorité nous soutient.
Quels sont les avantages de la vaccination à l’école sur la vaccination en cabinet médical? Des études ont montré que les cantons qui ont des programmes de vaccination à l’école affichent une couverture vaccinale nettement plus élevée pour les vaccinations de base officiellement recommandées contre la rougeole/les oreillons/la rubéole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la varicelle et l’hépatite B. L’école permet aussi d’atteindre les enfants, resp. les parents, qui ont tout simplement oublié la vaccination. Notre programme de vaccination, gratuit, repose sur le libre
« Notre programme de vaccination, gratuit, repose sur le libre choix. Personne n’est contraint à se faire vacciner à l’école, ou à se faire vacciner tout court.»
Vous avez déjà mentionné les difficultés lors de la réintroduction de la vaccination à l’école. Par exemple les médecins qui craignent pour leurs acquis. Comment les choses se sontelles passées avec les écoles qui sont déjà bien chargées en activités extrascolaires? En tant qu’ancien enseignant, j’ai le plus grand respect pour ce que les écoles font. C’est pourquoi nous tenions particulièrement à intégrer au maximum la vaccination dans des processus existants et à minimiser ainsi la charge administrative. Mais il n’était pas possible d’éviter tout surcroît de travail. Nous avons informé sur place dans toutes les conférences de recteurs et avons entendu les suggestions et les besoins. Nous sommes désormais dans l’année pilote et procèderons ensuite à une évaluation pour optimiser les processus.
Comment les parents réagissent-ils? La vaccination à l’école vient juste de démarrer, nous n’avons donc pas encore suffisamment de retours. Cela va certainement changer. Toutefois, les parents s’adresseront plutôt à l’école ou au médecin scolaire. Mais bien entendu, nous sommes prêts à répondre aux questions.
Existe-t-il du matériel d’information pour les parents? Oui, nous les informons par le biais de la lettre aux parents qui existe déjà, ainsi que sur notre site Internet sur lequel nous mettons en ligne des témoignages d’experts et de personnes concernées, en coopération avec l’Office fédéral de la santé publique. Bien entendu, nous répondons aussi aux questions de manière personnelle.
choix. Personne n’est contraint à se La campagne nationale pour faire vacciner à l’école, ou à se faire vacl’élimination de la rougeole est ciner tout court. Pour qui préfère aller en cours. Quelle est l’attitude du chez le médecin et souhaite un conseil canton de Lucerne? individuel, cela reste possible. La vaccination à l’école n’est qu’une offre élar- Compte tenu de la dernière épidémie, nous saluons que la Confédération ait gie. pris le taureau par les cornes et qu’il Que doivent faire les parents existe une stratégie uniforme. Mais la dans le canton de Lucerne lorsstratégie est vaste et complexe et nos qu’ils ne souhaitent pas faire ressources sont limitées. C’est pourquoi vacciner leur enfant, ou le faire nous nous concentrons actuellement sur vacciner chez le médecin de la réintroduction de la vaccination à famille? l’école et insistons tout particulièrement Jusqu’ici, le médecin scolaire contrôlait sur la communication. les carnets de vaccination au moment Ne serait-il pas préférable que des examens médicaux obligatoires à les cantons et les communes l’école et émettait une recommandation embauchent des médecins vaccinale. Sur une carte, les vaccinascolaires et renoncent au systions recommandées étaient cochées. tème de milice? Ensuite, les parents pouvaient aller chez leur médecin et faire vacciner leur en- C’est déjà le cas aujourd’hui dans les fant, ou non. Rien n’a changé en la ma- grandes villes de Suisse. Et ce système tière, sauf que les parents ont désormais apporte de nombreux avantages. Dans une nouvelle option, celle de la vaccina- les régions rurales, il n’est pas applition gratuite à l’école. Ils peuvent cocher cable, faute de ressources suffisantes. sur une carte si et contre quoi leur enCertains cantons ne pratiquent fant doit être vacciné. En aucun cas un pas de vaccination à l’école. enfant ne peut être vacciné sans l’autoPourquoi? risation écrite des parents.
Ce sont les effets du fédéralisme. Mais je pense que l’on pourrait gagner encore des cantons à la cause de la vaccination à l’école s’il existait un échange systématique. Il existe toutes sortes de systèmes et de manières de procéder, et tous les cantons pourraient profiter de ce riche savoir-faire. À mon avis, il serait possible de motiver aussi d’autres cantons.
Quel pourrait être le rôle de la Confédération? Elle pourrait créer, par exemple, des structures semblables à celles existant pour la mise en œuvre des plans d’action cantonaux alcool. Ici, des réunions régulières sont organisées, lors desquelles les cantons parlent de leurs programmes dans le domaine de l’alcool ou échangent sur leurs différentes activités.
Comment réagissez-vous face aux critiques en matière de vaccination? Les critiques et les questions nous parviennent souvent directement, et nous y répondons aussi. Le dialogue est essentiel et il faut prendre au sérieux les arguments des opposants. Pour les vaccinations recommandées au niveau national, le succès est très clairement démontré. Nous sommes armés pour le dialogue avec les détracteurs et disposons de connaissances et d’expériences larges dans ce domaine. Par exemple, la vaccination contre la rougeole est pratiquée depuis plus de quarante ans et les connaissances sont très vastes au niveau international, tant sur son efficacité que sur les effets secondaires. Pourtant, il y a encore des progrès à faire en matière de communication. C’est notre devoir, à nous experts, mais les médias doivent aussi assumer leur responsabilité. Friands de controverses, ils accordent volontiers un poids disproportionné dans l’information à un nombre proportionnellement peu élevé de détracteurs. Nous savons que les vaccins peuvent conduire à des effets secondaires graves. Mais le risque est très faible par rapport à celui de la maladie évitée. La nouvelle loi sur les épidémies règle la prise en charge de ces cas isolés.
Estimez-vous que c’est le rôle de l’Etat de promouvoir la crédibilité des vaccinations? Oui, car le plan de vaccination émane de l’Etat. Pour nous, ce sont les personnes dépassées et désécurisées par la complexité des vaccinations qui comptent le plus. Je pense avant tout aux parents. C’est là qu’il faut s’engager, et non dans une bataille de croyances. L’Etat, mais aussi les cantons, s’engagent dans la communication sur les vaccinations. Je trouve le modèle du canton de Lucerne pertinent, avec son comité d’experts qui s’engage aussi publiquement. Ce sont des gens qui connaissent les maladies évitées par la vaccination de par leur activité en cabinet, leurs recherches scientifiques ou leur travail médical à l’étranger. Ils ont constaté les dégâts causés
par ces maladies. Ou ce sont des gens qui ont souffert de l’une de ces maladies et qui savent qu’elle n’était pas bénigne. Ces personnes sont crédibles.
Défendre la vaccination contre des oppositions n’est pas nouveau pour vous personnellement… C’est exact. J’ai mis sur pied, dans le temps, la promotion nationale de la vaccination au sein de l’OFSP. J’ai compris l’ampleur du défi pour communiquer avec succès les recommandations en matière de vaccination. Je comprends aussi que les vaccinations ne soient pas le premier souci d’une jeune maman. D’autant plus qu’Internet déverse des flots d’informations en la matière, y compris très critiques et critiquables. Il n’est pas non plus très facile de saisir la nécessité de se faire vacciner contre une maladie que l’on n’a jamais vue. Pour améliorer les choses, il faut avoir une vision globale du cycle de vie, de la naissance au grand âge. Les premières personnes clés sont donc les gynécologues et les sages-femmes, puis les pédiatres et le conseil aux parents, et ensuite les crèches, les écoles et l’école de recrues. Il existe une foule de possibilités d’aborder les questions de vaccination. Par exemple, le médecin pourrait aussi inciter ses patients à apporter leur carnet de vaccination lors d’une consultation, même si ce n’est pas l’objet de la consultation. Le système de rappel tel qu’il est déjà pratiqué par les dentistes ou les gynécologues pourrait aussi servir à la vaccination. Il serait ainsi possible de beaucoup progresser au niveau individuel.
La stratégie est donc celle des petits pas à tous les niveaux. Comment mieux présenter l’importance de la vaccination dans la conscience collective? Il faudrait faire en sorte que la grande majorité silencieuse qui se fait vacciner devienne audible. Nous entendons trop de voix critiques envers la vaccination. Certes, il faut les prendre au sérieux et les écouter, mais les personnes qui ne se font pas vacciner ne sont qu’une petite minorité en Suisse. C’est pourquoi nous voudrions donner la parole à des experts et à des personnes concernées pour renforcer la conscience que la vaccination n’est pas seulement une affaire personnelle mais aussi une question de responsabilité envers d’autres personnes, y compris d’autres pays. N’oublions pas que près de 150'000 personnes meurent encore chaque année de la rougeole dans le monde, principalement des enfants. Nous parlons ici de solidarité. Lors de la grande épidémie de rougeole de 2006 à 2009, la Suisse a sans doute exporté la rougeole dans différents pays qui n’ont pas un système de santé équivalent au nôtre. Comment exclure avec certitude que personne n’en a subi des conséquences irrémédiables?
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Moitié moins de sel mais plaisir intact Stratégie sel. D’ici 2016, la consommation de sel par personne en Suisse doit passer de 9 g environ actuellement à moins de 8 g par jour. À plus long terme, il s’agit d’atteindre 5 g par jour sans pour autant sacrifier le plaisir de manger. Tel est l’objectif de la Stratégie sel qui fait partie de la Stratégie alimentaire suisse et soutient les objectifs du Programme national alimentation et activité physique (PNAAP). De nombreuses études l’attestent: une forte consommation de sel s’accompagne souvent d’une hypertension qui est l’un des principaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, en particulier chez les personnes âgées dont la pression artérielle réagit de manière plus sensible à la consommation de sel. Mais les enfants sont également susceptibles d’être atteints d’une hypertension artérielle due à une consommation trop élevée de sel. La plupart du temps cette hypertension perdurera à l’âge adulte. Par ailleurs, un enfant habitué au goût très salé privilégiera, une fois adulte, les mets très salés.
neur en sel des aliments les plus consommés tout en garantissant à la fois leur saveur, la sécurité alimentaire et la 5 questions à Hans Wyss. Pour renforcer la collaboration entre faisabilité technologique.
Modèles de réussite
Liliane Bruggmann parle de la stratégie sel lors d'une conférence de la Fondation suisse de cardiologie à Berne.
Des exemples de réussite à l’étranger montrent que le succès est possible. Cinq pays (Finlande, Grande-Bretagne, France, Irlande et Japon) qui suivent des stratégies similaires à celle de la Suisse ont pu enregistrer les premiers effets positifs de leurs mesures sur la consommation générale de sel et sur la santé de la population. Premier pays à avoir pris des mesures en la matière, la Finlande est parvenue à réduire, entre 1979 et 2002, la consommation de sel moyenne de 3 g par jour, passant de 12,6 à 9,8 g. Parallèlement, l’hypertension artérielle a enregistré une baisse significative. En Grande-Bretagne, où des campagnes ont été lancées en 2005 et en 2008, la consommation moyenne de sel a baissé de 0,9 g par jour.
blique. Le groupe a étudié dans le détail les répercussions sur la santé de la consommation de sel, a élaboré un doAugmentation de la cument et assuré l’OSAV de son soutien concentration d’iode dans la réalisation de ses objectifs straLes efforts visant à réduire la consomtégiques. La question de la consommation de sel mation de sel ne doivent pas faire ouet de son effet sur la santé mérite d’être blier l’iode. Pour prévenir une carence De neuf à cinq grammes par jour traitée davantage dans la formation de due à la réduction de sel, la teneur en L’OMS recommande de consommer base et la formation continue des pro- iode sera augmentée dans le sel de cuimoins de 5 g de sel par personne et par fessionnels de la santé afin qu’ils soient sine à partir de 2014 en Suisse. Un mojour. Pour elle, une consommation de sel en mesure d’informer les consomma- nitorage surveillera les apports d’iode et moindre contribue de manière détermi- teurs des risques qu’une consommation la teneur en iode dans les aliments. nante à réduire la prévalence des mala- trop élevée de sel fait peser sur la santé. L’iode est un oligo-élément indispendies non transmissibles. Avec 9 g par sable à l’organisme humain, absorbé Industrie agroalimentaire et jour en moyenne, la consommation de essentiellement au travers de la nourrirestauration: sur la bonne voie sel en Suisse est presque deux fois plus ture. La thyroïde a besoin d’iode pour élevée que la recommandation de l’OMS. On estime que 75 pourcent du sel produire les hormones thyroïdiennes Les hommes consomment nettement consommé proviennent de denrées ali- essentielles dans le développement du plus de sel que les femmes (voir enca- mentaires transformées telles que le cerveau chez le fœtus et le petit enfant. dré). Dans un premier temps, l’objectif pain, le fromage, les produits carnés et En Suisse, les sols et les denrées alimende la Stratégie sel suisse est de faire les plats cuisinés. La Stratégie sel ne taires qu’ils produisent sont pauvres en baisser la consommation de sel à moins pourra donc atteindre ses objectifs iode. Il n’y a donc pas d’approvisionnede 8 g par jour d’ici 2016. L’objectif à qu’avec le soutien de l’industrie agroali- ment «naturel» suffisant en iode. En plus long terme est d’atteindre les 5 g mentaire et de la restauration. Même si conséquence, il est nécessaire de mettre par jour recommandés par l’OMS. Pour de nombreuses entreprises ont déjà pris d’autres sources d’iode à disposition. réussir, il faut informer la population de des mesures pour réduire la teneur en sel Actuellement près de 80 pourcent des manière à lui donner les moyens de ré- dans les produits et les repas, l’OSAV leur ménages suisses utilisent du sel iodé. duire sa consommation de sel, mais pas demande de ne pas relâcher leurs efforts Lien: www.osav.admin.ch au détriment du plaisir. Concrètement, et d’aller encore plus loin. C’est dans cet cela signifie que la Stratégie sel en esprit que l’OSAV conduit des négociaContact: Liliane Bruggmann Suisse veut, dans les trois années à ve- tions avec divers producteurs de denrées Domaine d’activité Nutrition nir, continuer à réduire la teneur en sel alimentaires, avec le commerce de détail Office fédéral de la sécurité alimentaire dans les denrées alimentaires et les re- ainsi qu’avec des représentants de la reset des affaires vétérinaires OSAV pas ainsi que sensibiliser les profession- tauration individuelle et collective dans liliane.bruggmann@blv.admin.ch nels de la santé (médecins, nutrition- le but de réduire progressivement la tenistes) et de la fabrication d’aliments (cuisiniers, boulangers, etc.) pour faire Consommation de sel et hypertension en Suisse passer l’information auprès des consomLa consommation de sel et la tension artérielle des personnes de plus de 15 ans ont mateurs. été mesurées en 2010 et 2011 dans toutes les régions de Suisse, dans le cadre d’une étude nationale. La consommation quotidienne de sel était de 7,8 g parmi les femmes et de 10,6 g parmi les hommes, sans différences significatives entre les L’Office de la sécurité alimentaire et des régions linguistiques. 78.4% des femmes et 94% des hommes en Suisse ont donc affaires vétérinaires (OSAV) a trouvé une consommation de sel supérieure à celle recommandée par l’OMS (5 grammes dans la Fondation suisse de cardiologie par jour). Les mesures de tension artérielle effectuées dans le cadre de la même un partenaire déterminé pour sensibili- étude ont révélé une prévalence de 25,5% d’hypertension (>140/90 mm Hg) en ser les personnes-clés dans le domaine moyenne ainsi que, une nouvelle fois, une grande différence entre les sexes: 19,1% de la santé. En 2012, la Fondation des femmes et 32,3% des hommes souffrent d’hypertension artérielle. Des diffésuisse de cardiologie a constitué le rences géographiques sensibles ont également été constatées: 28,9% des personnes groupe «Salz und Gesundheit» qui re- interrogées sont touchées en Suisse alémanique, contre 22,9% en Suisse romande groupe des médecins, des chercheurs et 18,1% en Suisse italophone.
Sensibilisation des consommateurs
ainsi que des experts de la santé pu-
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«La mission princip bien-être des perso l’Office vétérinaire fédéral (OVF) et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) dans le domaine de la sécurité alimentaire, le Conseil fédéral a décidé de regrouper, début 2014, l’OVF et la division Sécurité alimentaire de l’OFSP pour former le nouvel Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Un nouveau centre de compétences en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé animale, de protection des animaux et de protection des espèces dans le commerce international a ainsi été créé. Un nouvel office fédéral a été créé début 2014. Vous en êtes le directeur. Quelles réflexions et quelles visions ont conduit à la création du nouvel office pour la sécurité alimentaire et les affaires vétérinaires? L’organisation de la sécurité alimentaire est un thème qui préoccupe la Confédération depuis de nombreuses années. Avec le transfert, début 2012, de l’Office vétérinaire fédéral (OVF) du Départe-
«actionsanté» – To Conférence annuelle 2013. La Conférence annuelle actionsanté 2013 qui s’est tenue le 5 novembre au Kursaal Bern à Berne s’est penchée principalement sur la collaboration entre les autorités et les entreprises pour améliorer la santé et l’activité physique au travail, ainsi que sur les défis de la santé publique du point de vue des jeunes. Dans son discours d’ouverture, Maya Graf, présidente du Conseil national, paysanne bio et assistante sociale diplômée ESTS, souligne le rôle important de la politique et de l’économie dans la promotion de la santé et de l’activité physique au travail. Et pour lancer le débat, elle précise: «L’une des principales missions du monde politique est de prendre en compte l’évolution sociale. Les tenants de l’économie ont, quant à eux, le devoir moral de tirer à la même corde». Rahel Mösch, du Forum de la Session des jeunes et membre du Groupe «Sécurité sociale et santé» annonce que la Session des jeunes a, elle aussi, abordé récemment la question des influences de la société axée sur le profit et de l’alimentation sur la santé. Les jeunes parlementaires ont élaboré une idée de projet visant à réduire le stress et le surmenage au travail – par exemple par un meilleur aménagement des postes de travail. Rahel Mösch plaide également la cause des jeunes pour que des repas sains leur soient offerts à des prix ac-
pale du nouvel office est de promouvoir activement la santé et le onnes et des animaux.» division Sécurité alimentaire de l’OFSP pour former le nouvel Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) début 2014.
ment fédéral de l’économie (DFE) au Département fédéral de l’intérieur (DFI), une étape déterminante a été franchie pour optimiser la collaboration entre l’OVF et l’OFSP et exploiter au mieux les synergies existant dans le domaine de la sécurité alimentaire. Le DFI a ensuite examiné diverses options quant à la future organisation de la sécurité alimentaire. Il est apparu qu’il serait possible de supprimer des interfaces, de soutenir efficacement l’exécution dans les cantons et de faciliter la surveillance de la Confédération si la responsabilité de la sécurité tout au long de la chaîne alimentaire était confiée à un seul office au sein du DFI. C’est pour cette raison que le Conseil fédéral a décidé, fin 2012 et sur mandat du DFI, de regrouper l’actuel OVF et la
L’OSAV aura pour mission de poursuivre la mise en œuvre de la Stratégie alimentaire suisse et de veiller à prendre en considération les groupes cibles concernés afin de pouvoir protéger leur santé Quelles sont les tâches princiet d’éviter les maladies dues à l’alimenpales du nouvel office? tation. En tant que nouveau partenaire Sa mission principale est de promouvoir du Programme national alimentation et activement la santé et le bien-être des activité physique, l’OSAV sera désorpersonnes et des animaux. Les piliers mais responsable de l’objectif «Promouprincipaux sont la sécurité alimentaire et voir une alimentation équilibrée». une alimentation saine pour les êtres hu- L’OSAV continuera à collaborer étroitemains, et la protection des animaux et la ment avec l’OFSP. santé animale. L’objectif est d’être prêt à Quels avantages et synergies le assumer de nouvelles tâches et à maîtriser nouvel office apportera-t-il? de nouvelles menaces. Il est donc indispensable de collaborer avec les organes La création de ce nouvel office permet d’exécution dans les cantons et avec nos d’éliminer certaines interfaces existant entre l’OVF et l’OFSP dans le secteur de partenaires au niveau international. la sécurité alimentaire. Le regroupement Jusqu’ici, la question de la nutri- de responsabilités tout au long de la tion était traitée à l’Office fédéral chaîne alimentaire permettra d’accroître de la santé publique. Désormais l’efficience et la qualité. La coordination un office se saisit de l’alimentade l’application uniforme de la loi sur les tion équilibrée de la population denrées alimentaires au niveau cantonal suisse. Quelle forme la collabosera facilitée et la surveillance dans le ration traditionnellement étroite secteur de la sécurité alimentaire simpliavec l’OFSP prendra-t-elle à fiée. Par ailleurs, la réorganisation tient l’avenir? compte de l’importance croissante de la L’alimentation, les repas, sont des élé- sécurité alimentaire dans le contexte des ments essentiels de la vie quotidienne. flux de marchandises globaux. Elle faci-
litera en outre la coopération avec l’UE et d’autres organisations internationales. La collaboration entre les acteurs est plus simple car les autorités cantonales d’application, l’industrie alimentaire et les organisations de protection des consommateurs, mais aussi les médias et la population suisse auront désormais, avec l’OSAV, un seul interlocuteur au niveau fédéral.
La bannière Internet du nouvel office visualise le chemin parcouru par les denrées alimentaires des pâturages à l’assiette. Quel message l’OSAV veut-il transmettre par là? L’image reflète l’ampleur des tâches de l’OSAV: la sécurité des denrées alimentaires, une alimentation équilibrée, la santé animale et la protection des animaux. En outre, la sécurité alimentaire dans les aliments pour animaux commence par les animaux – une bonne détention animale garantit une bonne santé animale qui garantit à son tour la sécurité des denrées alimentaires. Mais l’image veut aussi exprimer le plaisir et le bien-être, qui sont finalement les fondements de la santé des êtres humains et des animaux.
ous unis pour améliorer la santé et la forme des collaborateurs
Discussion animée à la conférence annuelle actionsanté: Matthias Schneider (Coca-Cola Suisse), Samuil Simeonov (Fondation Bertelsmann) et Sibylle Heunert Doulfakar (Réseau syllogos).
ceptables, à l’école, à l’université et en entreprise.
rence et être planifiées durablement en tenant compte des ressources. Samuil Simeonov souligne que ce type d’actions Intégrer l’économie peut se traduire par une plus-value écoPour Samuil Simeonov, project manager logique ou un profit direct, dans la meauprès de la Fondation Bertelsmann, sure où elles augmentent la compétitivicertaines initiatives spécifiques à l’in- té de l’entreprise. dustrie se prêtent particulièrement bien Prise de conscience pour intégrer l’économie à résoudre des vs culpabilité problèmes de société. Pour réussir, ces initiatives sectorielles doivent remplir Didier Gasser, responsable de la gestion cinq conditions: les actions doivent re- RH et de l’Unité Santé & Sécurité au Traposer sur une base commune et recueil- vail auprès de la Société coopérative Milir une forte adhésion des acteurs pu- gros Vaud décrit comment une entreblics et privés, démontrer leur fiabilité prise assume ses responsabilités en par la formulation d’objectifs réalisables matière d’activité physique et d’alimenet mesurables, encourager la transpa- tation envers ses collaborateurs et in-
vestit dans la santé au travail. Pour lui, la forte proportion d’employés en surpoids dans les filiales de la Coopérative Migros a été l’un des facteurs déterminants pour lancer une campagne interne en faveur de la santé et de l’activité physique sous l’étiquette: «Bonne Santé en Entreprise». La campagne se déroule sur deux niveaux: le premier par la formation des cadres – les lacunes en matière de connaissances, pour plus d’activité physique et de santé, devraient être éradiquées; le second est axé sur la communication par le biais de la petite mascotte Dr PEPS distribuée à tous les collaborateurs. Démarrée il y a trois ans, la campagne contient des incitations interactives pour davantage d’activité physique au travail, ainsi que des informations ciblées. Selon Didier Gasser, les résultats sont positifs: activité physique en hausse chez les employés, moins d’absences pour cause de maladie et travail plus efficace.
permettre davantage d’activité physique au travail. «Hélas, la Suisse ne dispose pas encore de projets-phares ou de possibilités de comparaison montrant les effets de campagnes en faveur de la santé au travail sur les collaborateurs, sur leur santé et sur leur productivité» a regretté Lukas Zahner de l’Institut des sciences du sport à l’Université de Bâle, et membre du Groupe d’experts actionsanté.
L’union fera la réussite
Lors de la Table ronde, des représentants de l’économie, de la recherche et de l’administration se sont exprimés sur la responsabilité sociétale des entreprises. Matthias Schneider, responsable de la communication chez Coca-Cola Suisse, a annoncé que l’entreprise de boissons, soucieuse de s’engager sur le thème du surpoids, a déjà lancé pour cela diverses initiatives. Roland Charrière, directeur suppléant de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et responInciter plutôt que réglementer sable de l’unité de direction Protection Trois sessions d’approfondissement, des consommateurs, a souligné l’impordont la modération était assurée par un tance du dialogue avec l’économie, diamembre du Groupe d’experts actionsan- logue au sein duquel actionsanté pourté, ont repris les thèmes exposés dans la rait assumer un rôle important de matinée. L’un d’eux portait sur la parti- multiplicateur. cipation de l’économie à résoudre les www.actionsante.ch problèmes de société. Les entreprises devraient commencer par clarifier les Contact: Sandra Habegger, besoins du personnel lors de l’élaborasection Nutrition et activité physique tion de campagnes pour leurs collaborasandra.habegger@bag.admin.ch teurs. De plus, des infrastructures appropriées sont nécessaires pour
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Agenda Date/lieu – Titre
Descriptif
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15 –17 janvier 2014, Université de Neuchâtel 3e symposium international multidisciplinaire
Le présent symposium fait suite aux journées intitulées «De la législation à l’action» et «Prévenir le jeu excessif dans une société addictive» organisées en 2005 et 2008 à l’Université de Lausanne. Entre approche clinique, épidémiologie, neurosciences, perspectives historique, juridique, et économique, quelles sont les incidences des nouvelles connaissances pour les politiques publiques? Face à l’épidémie silencieuse des addictions comportementales, ce 3e symposium international propose le paradigme de réduction des risques en tant que fil rouge et principe intégrateur des efforts d’intervention.
www.problemgambling3.ch
L’autonomie est un élément clé de la promotion de la santé et de la prévention. Si dans le domaine de la médecine ce terme est étroitement lié à l’indépendance fonctionnelle, la promotion de la santé comprend l’autonomie dans un sens plus large, synonyme de maîtrise de sa propre santé dans tous les domaines de l’existence. L’autonomie en matière de promotion de la santé nécessite d’une part d’avoir les connaissances et les compétences pour faire des choix. D’autre part, de bénéficier d’un environnement qui permet, voire favorise, les choix les meilleurs pour la santé. Les séances plénières aborderont entre autres les liens entre l’autonomie et les déterminants de la santé tout au long de l’existence, les aspects éthiques de l’autonomie pour la promotion de la santé et la prévention et les risques de dérives. Il sera également question de l’autonomie dans les politiques publiques et des différents aspects de l’empowerment et leurs conséquences pour la promotion de la santé et la prévention.
www.promotionsante.ch/conference
20 mars 2014 Bienne HIV & STI-Forum
Assurance de la qualité et l'amélioration de la qualité en matière de prévention VIH / IST
www.bag.admin.ch/hiv_aids
9 mai 2014 Sorell Hotel Ador, Laupenstrasse 15, Berne
Les mécanismes d’interaction entre la santé et la pauvreté sont divers et nombreux: www.soziale-arbeit.bfh.ch des problèmes de santé peuvent entraîner le chômage, et le chômage peut être source de problèmes de santé. Les situations précaires ont un effet négatif sur la probabilité de pouvoir mener une vie en bonne santé. Les problèmes de santé des personnes touchées par la pauvreté compliquent leur intégration sociale et professionnelle et augmentent les coûts de la santé et du secteur social. Pour souligner l’aspect politique de la question, pour renforcer le réseau entre les acteurs du secteur de la santé et ceux du domaine social et pour encourager les échanges entre les professionnels sur le terrain, les chercheurs et les politiciens, la Haute école spécialisée bernoise organise, en collaboration avec la ville de Berne, la CroixRouge suisse, Caritas Suisse et l’Office fédéral de la santé publique, un premier congrès national sur le thème de la santé et de la pauvreté en Suisse.
Jeu excessif: connaître, prévenir, réduire les risques
Jeudi 30 janvier 2014, Centre de Congrès de Beaulieu, Lausanne 15e Conférence nationale sur la promotion de la santé L’autonomie, défi pour la promotion de la santé et la prévention
Congrès Santé & pauvreté – inégalités face à la santé
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Abonnement gratuit
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031 323 87 86
Section Tabac
031 323 20 43
Section Bases scientifiques et juridiques (Programmes nationaux de prévention) 031 323 87 93
Section Drogues
031 323 87 13
Section Prévention et promotion (Maladies transmissibles)
031 323 88 11
Téléphone
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spectra online: www.spectra.bag.admin.ch Impressum • spectra No 102, Janvier 2014 «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office.
Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et autres auteurs Traduction: Marie-Françoise Jung-Moiroud, BMP Translations AG Photos: OFSP, Christoph Hoigné, iStockphoto Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3006 Berne Impression: Büetiger AG, 4562 Biberist Tirage: 6 400 ex. allemands, 3 400 ex. français, 1050 ex. anglais
Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33, www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne christoph.hoigne@la-cappella.ch
Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: GEWA, Alpenstrasse 58, Case postale, 3052 Zollikofen Téléphone 031 919 13 13, Fax 031 919 13 14, service@gewa.ch
Responsable de la commission de rédaction: Adrian Kammer, adrian.kammer@bag.admin.ch
Le prochain numéro paraîtra en mars 2014
10 spectra 102 Janvier 2014 Les vaccinations
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Les experts en vaccination de la Confédération Commission fédérale pour les vaccinations (CFV). Qui doit se faire vacciner contre quelle maladie dans quelles circonstances et pourquoi? Voici cinquante ans que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) émet régulièrement des recommandations de vaccination à l’intention de la population. Il s’appuie pour cela sur l’avis des expertes et des experts de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV).
part, celle de conseiller les autorités pour l’élaboration de recommandations de vaccination scientifiquement fondées et, d’autre part, celle d’assurer une médiation en matière de vaccination entre les autorités, les milieux médicaux et la population. La CFV se compose de 15 personnes nommées pour quatre ans. Dans le choix de ces personnes, on veille à ce que tous les domaines et toutes les expertises relevant de la vaccination soient représentés. Depuis le début, la CFV est présidée par Claire-Anne Siegrist, experte en vaccination mondialePour élaborer et justifier scientifique- ment reconnue. Le secrétariat de la ment ces recommandations conformé- Commission est assurée par la section ment à la loi sur les épidémies, l’OFSP a Vaccinations et mesures de contrôle de toujours requis le conseil de groupes l’OFSP. d’experts. Initialement, ces conseils Catalogue de critères étaient délivrés par une commission de vaccination de la Société Suisse de Mé- Dans son travail, la CFV s’appuie sur decine Interne, reprise par l’OFSP dans l’évidence scientifique. L’évaluation des les années quatre-vingts et rebaptisée vaccinations repose sur des critères «Commission suisse pour les vaccina- stricts prédéfinis. Il s’agit notamment de tions». L’augmentation continue des répondre aux questions suivantes: tâches et des responsabilités de cette – Le fardeau de la maladie justifie-t-il une recommandation de vaccinacommission ont conduit le chef du Détion? partement fédéral de l’intérieur de l’époque à instituer, en 2004, la nouvelle – Les propriétés du vaccin permettent-elles de formuler une recomCommission fédérale pour les vaccinamandation efficace et sûre? tions (CFV). – La stratégie de vaccination proposée Experts et intermédiaires permet-elle d’atteindre l’objectif visé La CFV a deux tâches principales: d’une par la recommandation?
–L e rapport coût-efficacité de la stratégie de vaccination proposée est-il raisonnable et comparable avec d’autres interventions dans le domaine de la santé? – Existe-t-il une demande élevée pour une recommandation de vaccination? Une telle recommandation recevra-t-elle un accueil favorable? – La recommandation proposée peutelle être mise en œuvre en pratique? – Les différents aspects de la recommandation proposée sont-ils évaluables? – Existe-t-il d’importantes questions ouvertes qui peuvent influencer la mise en œuvre de la recommandation? – La recommandation proposée assure-t-elle un accès équitable au vaccin pour tous les groupes cibles? – Des questions juridiques peuventelles influencer la mise en œuvre de la recommandation proposée? – La recommandation proposée estelle conforme aux recommandations nationales et internationales existantes ou prévues?
Garantir l’indépendance Les 15 membres de la CFV sont tenus de déclarer tout lien d’intérêt qui pourrait constituer un «conflit d’intérêt réel, potentiel ou apparent» susceptible d’affecter l’impartialité et l’intégrité de leur
travail. Par conflits réels, il faut entendre, par exemple, des intérêts de propriété ou des intérêts financiers. Ces conflits excluent en règle générale la possibilité d’être membre de la CFV. Les conflits potentiels ou apparents tels qu’un travail de consultant rémunéré ou le soutien d’activités de recherche sont gérés en accord avec les directives de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM 2013: «Collaboration corps médical – industrie»).
Contribution importante à la prévention En neuf ans d’existence, la CFV a fourni un gros travail: élaboration de nombreuses recommandations sur les vaccinations les plus diverses, actualisation des recommandations existantes et prises de position sur diverses questions relevant du domaine de la vaccination. Elle a ainsi apporté une contribution essentielle à la lutte contre les maladies évitables par la vaccination. Liens: www.bag.admin.ch/ekif www.samw.ch (Académie suisse des sciences médicales) Contact: Hans-Peter Zimmermann, section Vaccinations et mesures de contrôle, hanspeter.zimmermann@bag.admin.ch
GRIPS: élaboration d’une stratégie nationale de prévention de la grippe saisonnière GRIPS. La grippe n'est pas une maladie bénigne. En Suisse, elle est responsable chaque année de 120'000 à 265'000 consultations médicales, de 1000 à 5000 hospitalisations et de centaines de décès. L'Office fédéral de la santé publique développe actuellement, avec ses partenaires, une stratégie nationale de prévention contre la grippe (GRIPS).
travail de prévention de la grippe sur la base de sa Stratégie nationale de promotion de la vaccination contre la grippe de 2008 à 2012. Faisant partie de cette dernière, la Stratégie de communication pour la prévention de la grippe saisonnière 2008–2012 a été évaluée en 2011 et des recommandations pour la future stratégie ont été publiées. Cette évaluation a montré que certains objectifs de la stratégie n’ont pas encore été réalisés, principalement La grippe, un problème important au niveau de la couverture vaccinale des La morbi-mortalité due à la grippe sai- groupes à risque, de leur entourage et sonnière et à ses complications est du personnel médical et soignant. L’évaconsidérable. En Suisse, la grippe est luation a cependant montré des succès la cause chaque année de 120 000 à concernant la diffusion des messages 265 000 consultations médicales, 1000 par les multiplicateurs (médecins, méà 5000 hospitalisations et plusieurs cen- dias, etc.). taines de décès. Ce sont des chiffres Elaboration de la GRIPS: considérables et qui ne constituent ceune approche participative pendant que le «sommet de l’iceberg» du fardeau de la maladie. En effet, la En sus des recommandations conteperte de qualité de vie et d’autonomie, nues dans ce rapport, la section Stratéparticulièrement chez les personnes gies, principes et planification (SGP) de âgées, n’est pas connue mais estimée la division Maladies transmissibles à comme très élevée. Economiquement l’OFSP, en charge de l’élaboration de la parlant, le coût direct de la grippe en stratégie nationale de prévention de la Suisse a été estimé à environ 300 mil- grippe (GRIPS), a mené un avant-projet lions de francs suisses. A ceci s’ajoutent auprès de personnes-clés. Les quatre les coûts indirects, également estimés défis principaux posés par cette maladie seraient: l’important fardeau de la comme élevés. maladie et de ses complications; la Historique «bagatellisation» de la grippe; le potenDe 2008 à 2013, l’OFSP a orienté son tiel pandémique du virus; et le rôle du
personnel de santé concernant la vaccination. La future stratégie permettra d’orienter les activités de la Confédération, des cantons et autres acteurs principaux vers des objectifs nationaux, afin de réduire le nombre de cas de maladies sévères dues à la grippe saisonnière chez les personnes à risque accru de complications. Elle permettra également d’optimiser l’utilisation des ressources disponibles. L’élaboration de cette stratégie bénéficie grandement de l’apport de multiples partenaires. Ainsi, deux ateliers de planification stratégique ont eu lieu durant le premier semestre 2013, permettant de s’accorder sur les nécessités d’agir, les objectifs à atteindre, les interven-
tions et les tâches et responsabilités des acteurs. En juin 2013, les interventions ont été priorisées en fonction de leur efficacité, faisabilité et acceptabilité. Début 2014, la participation des acteurs sera à nouveau demandée pour commenter la première version de laGRIPS. Au total, une trentaine de représentants d’institutions-clés auront été directement impliqués dans l’élaboration de la GRIPS. Ce sera mi-2014 que la stratégie pourra être approuvée par le Chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI). Contact: Sylvie Olifson, cheffe des projets GRIPS et NIP, sylvie.olifson@bag.admin.ch
Le Programme national de vaccination Depuis septembre 2012, un Programme national de vaccination (NIP) est en cours d’élaboration par l’OFSP, en partenariat avec les acteurs principaux. L’objectif général de ce programme sera de garantir la protection la plus adéquate possible de l’ensemble de la population contre les maladies pouvant être évitées par la vaccination. Le NIP fera office de programme-cadre. Les trois domaines principaux sur lesquels se concentre le travail actuel touchent: – à l’accès – aux incitations pour les fournisseurs de prestations – à la promotion des compétences en santé Il sera approuvé par le Conseil fédéral en 2015 pour être mis en œuvre début 2016, en même temps que la loi révisée sur les épidémies.
spectra 102 Janvier 2014 Les vaccinations 11
Résultats du Monitorage suisse des addictions 2012 0%
5%
10%
Abstinents (n=1307)
Autres drogues illégales
30%
35%
20.5 14.2
20.9
18.1 18.5
8.5 2.3
Médicaments
Autres drogues illégales
25%
0.8 0.1 0.0 0.5 0.4 0.0
Tabac
Cannabis
20%
11.7 1.6
Médicaments Cannabis
15% 11.2
Tabac
Pas de consommation d'alcool à risque (n=7392)
Substances psychoactives. L’Office fédéral de la santé publique a mené pour la deuxième fois une enquête téléphonique auprès de la population suisse afin d’étudier sa consommation de substances psychoactives. Par rapport à la première enquête de 2011, la consommation d’alcool, de tabac et de drogues illégales a peu changé. Ce monitorage permet pour la première fois de tirer des conclusions quant à l’influence de facteurs sociodémographiques tels que la formation ou la région de domicile sur la consommation de drogues légales et illégales.
0.4 0.0 0.0
0.8
3.4
Légère hausse de la consommation mixte
11.3
2.6 1.9
Tabac
29.2
30.7
Le Monitorage suisse des addictions re18.5 2.0 pose sur une enquête représentative Médicaments 3.7 13.0 conduite auprès de la population suisse. 8.3 Chaque année, près de 11 000 personnes Cannabis 3.5 2.6 âgées de 15 ans et plus sont interrogées 5.9 Autres drogues illégales sur leur consommation d’alcool, de tabac 2.9 0.5 et de drogues illégales. Ce système de collecte des données permet une estimation 15–29 ans (n=2440) 30–64 ans (n=6372) 65+ ans (n=2192) en temps réel de la consommation en Suisse. Au cours des prochaines années, Consommation élevée d’autres substances parmi les consommateurs d’alcool (2012), il sera ainsi possible d’identifier des évo- selon l’âge. lutions et des tendances. concernent principalement les hommes. une consommation chronique à risque TABAC Ici, le pourcentage de fumeurs, notam- exclusivement et 3,1% combinent les Une personne sur quatre fume ment de fumeurs quotidiens, est sensi- deux risques. La part de fumeurs et de fumeuses dans blement plus élevé parmi les hommes Définition de l’ivresse ponctuelle: 4 boisla population (15 ans et plus) se monte ayant un niveau de formation plus faible sons standard ou plus lors d’une même à 25,9%, celle des 15–19 ans à 24,5%. que parmi ceux ayant une formation su- occasion pour les femmes, 5 boissons Ce pourcentage correspond à celui de périeure. Plus d’un quart des hommes standard ou plus pour les hommes. Une l’année précédente. Alors qu’environ un ayant comme niveau de formation le boisson standard contient environ 10 à tiers des 20–25 ans (32,6%) et des 25–34 plus élevé l’école obligatoire (25,2%) ou 12 g d’alcool pur (p. ex. 3 dl de bière ou ans (33,6%) sont des fumeurs, moins l’école secondaire (26%) fument quoti- 1 dl de vin). d’une personne sur dix (9,1%) fume en- diennement. En revanche, 16% seuleÀ formation élevée core parmi les plus de 74 ans. Les résul- ment des hommes au bénéficie d’une consommation élevée tats montrent clairement que la consom- formation professionnelle supérieure et mation de tabac diminue avec l’âge. 12% de ceux ayant un diplôme universi- En matière de consommation d’alcool, Soulignons toutefois que le nombre de taire ou d’une haute école fument quoti- les facteurs sociodémographiques réfumeurs quotidiens ne diminue vrai- diennement. Chez les femmes, ces diffé- vèlent que plus une personne possède ment qu’à partir de 45 ans. rences liées à la formation n’apparaissent une formation élevée, plus elle présente pas. Il n’est pas possible non plus une consommation à risque. Ainsi, trois 13 cigarettes par jour d’identifier des différences entre les ré- hommes sur dix titulaires d’un diplôme La cigarette est le produit du tabac le plus gions rurales et urbaines. universitaire ou d’une haute école consommé. Les fumeurs consomment en boivent trop ou trop souvent, ou comALCOOL moyenne 13 cigarettes par jour. 29,5% binent les deux comportements. Chez les Une personne sur dix boit des fumeurs réguliers consomment un femmes de cette catégorie de formation, chaque jour paquet (= 20 cigarettes) ou davantage par la proportion est de deux sur dix (23%). jour. 2,3% des fumeurs quotidiens in- La consommation d’alcool n’a pas vrai- On observe qu’une personne sur trois en diquent fumer également des pipes à eau. ment changé non plus. En Suisse, neuf formation ou dans un apprentissage a Avec 25,1%, cette proportion est nette- personnes sur dix boivent de l’alcool. une consommation d’alcool à risque. ment plus élevée chez les 15–19 ans. En- Une personne sur dix le fait quotidienne- Cette part est de 27% parmi les perfin, 3,1% de la population consomment ment, et les hommes beaucoup plus sou- sonnes ayant une activité lucrative à des produits du tabac sans fumée, prin- vent que les femmes. La consommation a plein temps et de 20% chez les personnes cipalement sous forme de tabac à priser. tendance à progresser avec l’âge, le pic ayant une activité lucrative à temps parse situant à 74 ans. Les adolescents et tiel. Chez les personnes à la retraite, enDavantage d’intention d’arrêt les jeunes adultes âgés de 15 à 24 ans viron un homme sur six et une femme sur Avec 32,3%, la part de personnes décla- sont ceux qui boivent le moins souvent dix ont une consommation d’alcool à rant avoir l’intention d’arrêter de fumer quotidiennement. Mais lorsqu’ils boivent, risque. Il n’y a pas de différence entre les dans les 6 mois à venir a légèrement c’est souvent en grandes quantités. On régions rurales et urbaines. augmenté par rapport à l’année précé- boit nettement plus d’alcool dans les réDROGUES ILLEGALES dente (27,6). gions latines qu’en Suisse alémanique. Consommation d'alcool à risque (n=2454)
demeure à un niveau peu élevé en Suisse. Les substances les plus fréquemment prises par les 15 ans et plus sont l’ecstasy (0,2%), le LSD (0,5%) et les amphétamines (0,1%). En général, les hommes consomment plus souvent des substances illégales que les femmes. De plus, le recours à ces produits est plus répandu parmi les adolescents et les jeunes adultes que dans le reste de la population.
On parle de consommation mixte lorsqu’une personne consomme de manière élevée au moins deux substances psychoactives, ce qui est le cas pour 10% de la population. Ce type de consommation est en légère augmentation de 1% par rapport à 2011. Ce phénomène est le plus répandu chez les 20–24 ans – 21% chez les hommes, 12% chez les femmes.
L’alcool, pivot de la consommation mixte Le fait de consommer une substance accroît la probabilité de consommer également une autre substance psychoactive. L’alcool joue un rôle essentiel dans la consommation mixte. La consommation simultanée d’alcool et de tabac est la plus fréquente. Parmi les 30–64 ans ayant une consommation d’alcool à risque, 29,2% fument quotidiennement. Parmi les consommateurs occasionnels d’alcool, cette proportion chute à 18,1%. Mais il existe également des liens entre l’alcool et le cannabis ou d’autres drogues illégales. Parmi les 15–29 ans qui présentent une consommation d’alcool à risque, 8,3% fument du cannabis et 5,9% consomment d’autres drogues illégales. Et chez ceux qui consomment de l’alcool occasionnellement, ces pourcentages sont de 2,3% et 1,9%. Liens: www.suchtmonitoring.ch www.bag.admin.ch, mot-clé «monitorage des addictions»: rapports sur les différentes substances Contact: Wally Achtermann, section Bases scientifiques et juridiques, wally.achtermann@bag.admin.ch
Monitorage suisse des addictions
L’Office fédéral de la santé publique a lancé le monitorage suisse des addictions en 2011 avec pour objectif de collecter des données sur la consommation de substances psychoactives telles que l’alcool, le tabac et les drogues illégales. La récolte régulière de données doit permettre de suivre les évolutions à long terme et de définir en conséquence la politique sanitaire aux niveaux fédéral et cantonal. Quatre organes sont chargés Cannabis en tête de réaliser ce projet: Addiction Suisse, Différences socio-économiques Consommation d’alcool à risque Le cannabis est et reste la substance illé- Lausanne, l’Institut suisse de recherche chez les hommes pour un cinquième gale la plus consommée en Suisse. sur la santé publique et les addictions Pour la première fois en 2012, l’in- Une personne sur cinq (22%) a une L’usage de cette substance est le plus ré- (ISGF, Zurich), l’Institut universitaire de fluence sur le tabagisme de facteurs tels consommation d’alcool à risque, c’est- pandu chez les 15–24 ans; 20% d’entre médecine sociale et préventive de Lauque la formation, l’activité profession- à-dire boit trop ou trop souvent. Cette eux en avaient consommé durant les sanne (IUMSP) et l’Institut d’études de nelle et le taux d’urbanisation a été éva- proportion se décompose comme suit: douze mois précédant le sondage. La marché et d’opinion (IBSF, Zurich).
luée. Les différences socioéconomiques
12 spectra 102 Janvier 2014 Les vaccinations
17,8% s’enivrent ponctuellement, 1% a
consommation d’autres drogues illégales