Spectra 52 aug 2005 fr

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Lorsque la violence côtoie le sport, l’alcool est souvent présent

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Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, www.bag.admin.ch Août 2005/no 52

Prévention et promotion de la santé

spectra

Sport et violence. Les débordements constatés lors de grandes manifestations sportives font de nouveau parler d’eux ces derniers temps. L’alcool est presque toujours présent lorsque le jeu se poursuit sous forme de bagarres et d’actes de vandalisme dans les stades. Que faire? Pour beaucoup, la solution réside dans une intervention musclée; une législation autorisant un contrôle accru – notamment dans l’optique du Championnat d’Europe en 2008 – est en préparation. Les spécialistes plaident en faveur d’un travail de prévention auprès des supporters. Une intervention au Conseil national demande la suppression des subventions pour les clubs et associations qui acceptent le parrainage de l’industrie de l’alcool.

Une visite sur le site d'une brasserie de taille internationale atteste le lien étroit entre le sport (dans le cas présent, l'équipe nationale suisse de football) et le sponsoring de l'industrie de l'alcool. (reproduit avec l'aimable autorisation de la Feldschlösschen Boissons SA).

L

es actes de violence accompagnant les manifestations sportives font de nouveau la Une. Après les très graves problèmes connus au niveau européen dans les années quatrevingt, et une accalmie pendant les années nonante, le vandalisme, les débordements et les actions policières font régulièrement les gros titres ces derniers temps. L’alcool, élément central de la culture des fans, est très souvent la cause du déclenchement de la violence. Pour beaucoup, l’alcool est indissociable des manifestations sportives, comme le prouvent un grand nombre de noms de fan clubs «Die GC Wodka Fanatics Aargau» = «Le fan club qui tolère plus de ‰», ou la «Curva Birra» du FC Bâle = «Ce qui nous intéresse: 1, le FC Bâle et 2, la bière. Eventuellement inversement».

P. P.

3052 Zollikofen

L’alcool lève les inhibitions Pour Anton Lehmann, spécialiste de la prévention à l’Office fédéral du sport (OFSPO), l’alcool joue un rôle important dans les manifestations sportives: «L’alcool lève les inhibitions et favorise les débordements, en particulier lors de rencontres à l’extérieur, lorsque les fans ont déjà bien bu pendant le voyage.» David Zimmermann, psychologue de formation et pionnier du travail sur les fans, met en garde devant une conception trop générique du problème. Pour beaucoup, l’alcool fait partie de la culture des fans comme le sandwich ou l’écharpe aux couleurs de l’équipe. Il est vrai que l’alcool lève les inhibitions et révèle, chez certains, une disposition latente à la violence. S’appuyant sur sa longue expérience en la matière, Zimmermann précise toutefois que les groupes qui recherchent sciemment les débordements violents lors des manifestations spor-

tives boiraient plutôt de l’eau minérale et des sodas pour se préparer aux bagarres, car ils savent que l’alcool diminue le temps de réaction et la disposition à la rixe. Il explique également que d’autres drogues comme la cocaïne interviennent ici. «Il n’est pas rare non plus que les plus jeunes fument des joints, ce qui est loin d’être anodin, car le cannabis modifie également la perception et peut favoriser le vandalisme et les émeutes.»

Prendre les fans au sérieux David Zimmermann a dirigé de 2001 à 2005 le projet zurichois sur les fans – pionnier en la matière – jusqu’à son interruption, faute de moyens financiers. Lors des jeux des Grasshoppers, au milieu des spectateurs, dans le secteur des places debout, Zimmermann et ses collègues ont cherché le dialogue et tenté de calmer les fans afin d’éviter les débordements. Par sa présence permanente, l’équipe a fini par se faire accepter par les fans («enfin des gens qui les écoutaient sans préjugés, qui les prenaient au sérieux»). Les fans sentaient que le club s’intéressait à eux; il devint même possible de réduire le contingent de force de sécurité privée. Zimmermann est bien conscient que deux personnes sont «une goutte dans l’océan», mais elles ont tout de même contribué à calmer la situation. Le travail sur les supporters peut prendre plusieurs formes: un travail social, comme celui de Zimmermann, une structure d’entraide de fans pour les fans, un travail fourni par les grands clubs pour leurs propres fans ou, encore, le travail effectué par la police.

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Politique suisse des dépendances

La future politique suisse des dépendances doit être élargie à l’ensemble des substances psychoactives, donc aussi aux substances légales telles que l’alcool, le tabac et les médicaments. C’est ce que demande le récent rapport (psychoaktiv.ch) présenté par la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues (CFLD). François van der Linde, médecin spécialiste de la prévention, qui a longtemps présidé la CFLD, explique comment et pourquoi les substances doivent être différenciées en fonction de leur dangerosité et de leur mode de consom>> pages 4/5 mation. Tabagisme passif Le Programme national pour la prévention du tabagisme déploie ses effets. Le Conseil fédéral a reconduit le programme jusqu’à fin 2007. La campagne «Fumer, ça fait du mal.._» de l’Office fédéral de la santé publique fait partie de ce programme. En 2005, la campagne reprend la question du tabagisme passif. Des annonces et des spots à la télévision doivent renforcer la conscience de la gravité de ce problème souvent sous-estimé, et motiver les personnes professionnellement actives à s’engager davantage pour un environnement de >> pages 6/7 travail sans fumée.


Point fort: Risque

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Interdire l’alcool dans les stades? Pour éliminer l’alcool en tant que catalyseur du vandalisme, des débordements et de la violence, il faut changer la situation aux abords des grandes manifestations sportives. L’interdiction de vente d’alcool dans les stades, des contrôles renforcés à l’entrée, l’interdiction d’entrée pour les fans déjà ivres sont autant de mesures aptes à prévenir les escalades de violence. L’interdiction générale de vente d’alcool, déjà en vigueur lors des rencontres de l’UEFA et de la Champions League, et l’attitude des grands clubs comme les Grasshoppers de Zurich ou le FC Bâle qui interdisent également la vente l’alcool lors de rencontres qualifiées de risquées, permettent de penser que cette mesure est efficace. Des expériences similaires ont aussi trouvé un écho positif à l’étranger, mais l’interdiction systématique de la vente d’alcool se fait encore attendre. Pourtant, la Convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives et notamment de matches de football (RS 0.415.3), prévoit ces mesures à titre d’actions concrètes pour prévenir les actes de violence. Cette convention a été signée par les Etats membres du Conseil de l’Europe, ainsi que par les autres Etats ralliés à la Convention culturelle européenne, dont la Suisse. Thomas Helbling, président de la commission de la sécurité et des fans de la Swiss Football League (SFL), plaide en faveur d’une voie intermédiaire: «Je crois à une approche pragmatique: interdiction de fumer et de boire dans les tribunes. En effet, il n’y a rien de plus gênant, pour les joueurs sur le terrain ou sur la glace et pour tous les non-fumeurs, que cette fumée dans les tribunes.» Le spectateur décide luimême: s’il veut absolument fumer ou boire, il doit le faire derrière les

Forum La sécurité chez l’homme: un besoin La sécurité est un besoin archaïque chez l’homme. La sécurité garantit la survie de l’individu vulnérable dans un environnement hostile. Toutefois, il n’y a pas qu’une seule définition invariable de la sécurité qui, de son côté, n’est pas non plus une notion perçue de la même manière par tous. L’environnement social et le vécu personnel déterminent le sentiment de sécurité. L’intégrité physique joue un grand rôle en la matière, de même que le besoin de protection psychique. Le risque se trouve à l’opposé de ce besoin élémentaire. Entre le risque et la sécurité, on trouve le danger. Peser le risque et la sécurité revêt une dimension sociale et individuel-

tribunes, et il manquera donc une partie du match. Helbing reconnaît, certes, que «l’alcool a certainement une influence sur la violence lors des manifestations sportives» mais pour lui, le problème réside «dans les spectateurs, parfois très jeunes, qui débridés par l’alcool et les drogues ,douces’, et perdus dans l’anonymat de la foule, s’adonnent à la violence contre des personnes ou des objets, ne respectent pas le règlement du stade, allument des feux d’artifice, etc.». Helbling s’étonne devant l’attitude de la masse des fans qui permettent à ces délinquants de se fondre dans la foule au lieu de les raisonner… Il poursuit: «Dans ces moments là, la bonne ambiance que les vrais fans peuvent créer auprès d’une grande partie du public, par des chorégraphies riches en couleurs ou des actions originales, s’effondre en l’espace de quelques secondes comme un château de cartes. Il est à peine croyable de voir que ces fans laissent toujours compromettre leur fête par une poignée d’irréductibles.» Helbling rappelle que les associations peuvent prendre des mesures variées pour maîtriser le problème – interdire l’alcool lors des rencontres à risques ou n’autoriser que de la bière sans alcool ou faiblement alcoolisée. Il est évident que les associations sportives qui, d’une part, sont sponsorisées par l’industrie de l’alcool se trouvent acculées lorsque, d’autre part, elles proclament des interdictions d’alcool dans le stade.

Le sport sponsorisé par l’alcool ? Dans le bulletin «Alcool et sport», édité par Swiss Olympic et l’OFSPO, Anton Lehmann écrit que «les fabricants d’alcool sont souvent présents au titre de sponsors majeurs lors de grandes manifestations. Dans ces cas, l’engagement des organisateurs sportifs contre les drogues apparaît contradictoire et peu crédible, voire saugrenu.»

Sponsoring ou fonds publics Une motion, soumise au mois de juin 2005 par Peter Vollmer, Conseiller national PS bernois, et signée par 19 autres parlementaires, dont deux représentants des partis bourgeois, demande la suppression des subventions fédérales aux associations, fédérations et manifestations sportives financées par la publicité pour l’alcool. Pour Vollmer, la publicité pour l’alcool est en contradiction avec la politique de prévention: si une seule association fait de la publicité pour l’alcool, toute sa fédération devrait être privée des subventions fédérales. Le Championnat d’Europe de football de 2008 qui se tiendra en Autriche et en Suisse est également en ligne de mire. Vollmer affirme que «le Championnat doit avoir lieu sans publicité pour l’alcool». Cette grande manifestation d’ampleur nationale recevra des prestations en argent et en nature de la Confédération pour un montant dépassant les 30 millions. Les associations et fédérations reçoivent environ 5 millions de francs par an; cette année, 15 millions supplémentaires seront investis dans la construction de stades. Pour Vollmer, les choses sont claires: «Si la motion aboutit, la publicité pour l’alcool disparaîtra du sport.» Il voit dans la consommation d’alcool l’une des principales raisons aux exactions et au hooliganisme: «La Confédération ne doit pas cautionner cette situation.»

Des flots d’alcool pour fêter la victoire Anton Lehmann (OFSPO) est également gêné par les excès de consommation de bière et de champagne, suivis de beuveries, qui accompagnent partout les fêtes de Coupe et de Championnat et auxquels plus personne ne peut échapper. «Ce sont des signaux complètement faux, tout simplement parce que beaucoup pensent que ce doit être comme ça.» Le rôle de la télévision est indigne en la matière – en montrant ce genre de beuveries et le faisant passer comme

le. En matière de goût du risque, les clivages sont assez traditionnels; les hommes et les jeunes aiment davantage les risques que les femmes et les personnes plus âgées.

risque de catastrophes majeures est si présent que beaucoup trouvent plus facile de minimiser plutôt que de reconnaître le potentiel de danger réel.

Il y a risque et risque. Nous connaissons le risque, la témérité, le hasard, le jeu avec le feu, mais aussi l’audace. En politique, il est souvent question que la société impose un risque à l’individu. Des études démontrent qu’un risque imposé est ressenti de manière beaucoup plus négative, quand bien même il serait utile à la collectivité, qu’un risque couru volontairement. Le mesure du risque est fortement déterminée par l’envie, l’aventure et le goût de gagner, c’est pourquoi le risque volontaire peut être entre 10 et 100 fois plus élevé qu’un risque imposé par une autorité.

Besoin de sécurité dans la vie quotidienne – Risque pendant les loisirs Gouvernement et Parlement s’efforcent de garantir la plus grande sécurité possible dans la vie quotidienne en communauté. Les citoyens ne veulent pas mettre leur santé en danger sur le lieu de travail, ils demandent une circulation bien réglementée, des aliments sains, la possibilité d’arriver sans encombre chez eux même la nuit et ils attendent que les hôpitaux fonctionnent correctement 24 heures sur 24. A l’opposé de la sécurité exigée dans la vie quotidienne, l’esprit d’aventure pendant les loisirs a considérablement augmenté ces dernières années. Relations amoureuses sans préservatif pendant les vacances, vitesse excessive sur les pistes de ski, snowboard hors-piste, sauts à l’élastique, descentes de torrents tumultueux, escalade libre de rochers en surplomb, vol en parapente alors que

Reconnaître et refouler Percevoir un risque, ce peut être identifier objectivement danger potentiel, mais aussi refouler une éventuelle catastrophe. Ce clivage apparaît parfois dans les discussions sur l’avenir de la force nucléaire ou sur son aspect terrifiant. De nos jours, le

page 2 comportement ,normal’ auprès du public.» Pour Lehmann, les «victoires sportives ont un besoin urgent de nouveaux rituels.»

Prévenir la violence La procédure de consultation sur la nouvelle «Loi anti-hooligan» s’est récemment achevée (voir encadré p.3). Lehmann estime que, parmi tous les arguments de sécurité et de répression, un aspect a été négligé: celui du travail avec les supporters et, donc, la prévention. «Il faudrait créer un espace permettant aux fans de s’exprimer. Tous les fans ne sont pas des hooligans en puissance. Il ne sont pas qu’un risque pour la sécurité, ce sont aussi des clients qui ont leurs propres désirs et besoins.» David Zimmermann, spécialiste des supporters, considère les mesures répressives prévues comme une «lutte contre les symptômes». Il plaide également en faveur de la prévention, demande des moyens et des possibilités de travailler avec les fans de manière préventive. Zimmermann regrette le déséquilibre entre répression et prévention: «Un match à risque entraîne un surcoût de CHF 50'000 pour la police zurichoise – la moitié du budget annuel de notre projet.» Le travail avec les fans calmera les choses à long terme et induira un changement de comportement. Pourtant des mesures plus rapides, telles que celles qui sont prévues par la Convention européenne, pourraient être mises en oeuvre pour influencer directement l’environnement de grands événements sportifs: limiter la vente d’alcool lors des manifestations sportives (et à leurs abords), introduire des contrôles permettant d’identifier et d’exclure les spectateurs en état d’ivresse. Autant de mesures qui sont prévues et décrites dans la Convention européenne. Thomas Helbling estime que la SFL a mis certaines choses en marche après des années d’inactivité en matière de prévention. Les grands clubs fourniraient déjà un travail préventif avec leurs supporters et, désormais,

l’orage menace – sans parler des tours en voiture à des vitesses folles. Pour beaucoup, ces aventuriers des loisirs ont en commun, non seulement qu’ils se surestiment, mais aussi qu’ils méconnaissent souvent les dangers auxquels ils s’exposent. L’appréciation du danger dépasse l’horizon de leurs expériences. Il faut reconnaître que les vidéo-clips et autres films sont aussi là pour fausser la donne, avec des héros qui s’en sortent toujours. Les interdictions ne sont pas la réponse à cette tendance à des loisirs risqués. Mieux vaut expliquer: par des campagnes d’information, mais aussi sur place, par des explications honnêtes du prestataire de loisirs. Cette information sur les dangers et risques potentiels doit devenir obligatoire. Exiger cette information, la réglementer et ne pas omettre de la contrôler serait, à mon sens, une tâche incombant aux autorités.

Paul Günter, Dr méd., conseiller national PS, Berne Médecin chef à l’hôpital d’Interlaken


spectra no 52 • Août 2005 toutes les associations sont tenues de désigner des responsables de supporters. «Les clubs de hockey sur glace de la première ligue en ont depuis deux ans déjà, les footballeurs s’y rallient maintenant.» La formation des responsables des supporters des clubs de football a débuté il y a quelques semaines, sous l’égide de David Zimmermann. Helbling ajoute: «Il ne faut toutefois pas attendre que nous puissions combler sur le terrain de sport un déficit d’éducation constaté à l’école et au sein de la famille.»

Alcool et sport de masse L’alcool est un problème grave non seulement dans le sport de pointe, mais aussi dans le sport de masse. Anton Lehmann de l’OFSPO connaît bien la légendaire «troisième mitemps» – lorsque, après l’entraînement ou le jeu, l’alcool coule à flots – ainsi que les beuveries régulières dans les fan clubs. «C’est malheureusement là que beaucoup de jeunes commencent à consommer de l’alcool, une consommation qui peut parfois devenir une véritable dépendance, c’est-à-dire un comportement de drogué.» Contact: Anne Lévy Cheffe de la Section alcool, OFSP 3003 Berne, tél. 031 325 12 66 anne.levy@bag.admin.ch www.fairplay.ch, www.coolandclean.ch

Point fort: Risque

Combattre le hooliganisme plus énergiquement La violence lors de manifestations sportives doit être combattue plus efficacement en Suisse. Le Conseil fédéral a soumis un projet de loi dans ce sens à la consultation au mois de mars 2005. Le point central du projet de révision de la «Loi fédérale instituant des mesures contre la propagande incitant à la violence et contre la violence lors de manifestations sportives» consiste à créer une base juridique pour l’échange national et international d’informations sur les personnes commettant des actes de violence lors de manifestations sportives. Cette «banque de données sur le hooliganisme» est particulièrement saluée par les cantons et les associations sportives. Dans l’optique du Championnat d’Europe de football de 2008, de nouvelles mesures doivent compléter la Loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sûreté intérieure (LMSI), destinées à combattre la violence lors de manifestations sportives. Il s’agit de quatre mesures nécessitant la création d’une base légale: • une obligation de s’annoncer pour les hooligans potentiellement violents • une interdiction de secteur • une interdiction de quitter le territoire • une garde à vue policière préventive, de courte durée Ces mesures doivent être appliquées graduellement, à savoir que l’on ne recourt à une mesure plus dissuasive que si la mesure précédente, plus douce, ne produit aucun effet. La mesure concernant l’obligation de s’annoncer permettrait d’obliger un hooligan à se présenter au service de police pendant une manifestation sportive, l’empêchant ainsi de prendre part à la manifestation. Une interdiction de secteur permettrait d’interdire à des personnes l’accès à un secteur déterminé, décrit avec précision autour d’un stade. L’interdiction de quitter le territoire doit empêcher des personnes frappées d’interdiction de stade, suite à des actes de violence commis antérieurement en Suisse, de gagner l’étranger pour assister à ce type de manifestations. Enfin, en cas d’indice concret d’actes de violence imminents, les hooligans devraient pouvoir être mis en garde à vue par la police pour une brève durée.

Soutien à l’entraide: on continue SUPPORT – Promotion de la santé pour les migrants. Démarré en 2003, le premier programme SUPPORT atteint, voire dépasse les objectifs fixés. Fin 2004, plus de 30 projets avaient pu être soutenus. SUPPORT sera donc reconduit. Des projets de promotion de la santé pour les populations migrantes recevront un soutien professionnel et financier encore jusqu’à fin 2007.

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n matière de santé, les migrants sont souvent défavorisés par rapport à la population suisse. Devant cette constatation, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé, en collaboration avec Promotion Santé Suisse, le projet pilote SUPPORT, afin de soutenir la population migrante à mettre sur pied ses propres projets de santé (empowerment).

Egalité des chances dans le secteur de la santé La stratégie «Migration et santé 2002 –2006» développée par l’OFSP prévoit, entre autres mesures, un soutien accru aux projets de prévention et de promotion de la santé mis en place par des migrants euxmêmes. La collaboration active doit garantir l’adéquation de l’offre aux besoins spécifiques de la population migrante. L’objectif est de soutenir l’entraide et, ainsi, la prise de responsabilité individuelle. Le projet est financé par des fonds de l’OFSP, de Promotion Santé Suisse et, dans la première phase du projet, par la fondation Bertelsmann. Cette dernière a octroyé à l’ancienne Conseillère fédérale, Ruth Dreifuss, une somme de CHF 130'000 pour les services rendus dans le secteur de la santé, somme que l’ancienne Conseillère fédérale a décidé d’investir pour améliorer l’égalité des chances des populations migrantes dans le secteur de la santé.

Un soutien professionnel et financier L’OFSP et Promotion Santé Suisse ont mandaté Radix, Promotion de la

santé, pour la mise en oeuvre de SUPPORT. Depuis 2004, Radix permet à tous les migrants intéressés, de toutes les régions de Suisse qui lui en font la demande, de rencontrer des spécialistes du ,groupe d’experts apportant leur conseil lors de la mise en œuvre de projets de santé. Parallèlement, Radix dispose également d’un fonds de financement pour des projets plus modestes (CHF 10'000 maximum). Les expériences positives des deux premières années ont incité l’OFSP et Promotion Santé Suisse à reconduire SUPPORT.

Des objectifs atteints, voire dépassés L’évaluation a montré que les objectifs ont été atteints, voire dépassés tant au niveau qualitatif que quantitatif. 30 projets ont bénéficié d’un soutien financier, 34 ont profité d’un conseil professionnel, certains d’entre eux ayant obtenu aussi bien des fonds que des conseils. Au niveau qualitatif, 100 % des responsables de projet sont satisfaits du soutien financier et 89 % du conseil professionnel, selon une évaluation intermédiaire. Les projets réalisés doivent répondre aux besoins de la population migrante et être conduits par des migrants eux-mêmes. Une attention particulière est accordée à l’égalité des chances dans les projets, au renforcement des ressources et à l’empowerment. Pour illustrer la grande diversité des projets, citons, par exemple: «drogues et dépendances » en faveur des Kurdes, à Soleure,

«alimentation» pour les Brésiliens, à Zurich, un théâtre d’animation en faveur de la prévention VIH pour les Africains en Suisse centrale, «tambour et cuisine» pour les enfants et les adultes tamouls traumatisés par la guerre, à Zurich, ou encore un atelier de danse pour les migrantes sans papier, à Lausanne.

Mise en réseau grâce au groupe d’experts Le groupe d’experts national est également une réussite: 11 organisations spécialisées/oeuvres d’entraide émanant de différents secteurs y sont représentées. Le groupe est constitué d’experts de la promotion de la santé et de la migration ayant eux-mêmes un passé de migration. En cas de besoin, les experts prennent l’initiative et accompagnent les migrants dans le développement et la réalisation des projets. L’accompagnement compétent de projets de prévention et de promotion de la santé permet de développer et de transférer du savoirfaire dans le groupe d’experts ainsi que de créer des synergies.

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En première ligne

Dernièrement, trois ouvriers ont abattu le tilleul malade dans le jardin du voisin. La semaine dernière, un ballon est sorti du garage et a roulé sur le trottoir; un enfant lui a couru après. Enfin, la nouvelle gérante du restaurant du quartier a décidé d’en faire un restaurant sans fumée. Autant de situations à risque de la vie quotidienne. Certaines peuvent avoir des conséquences immédiates, comme l’ouvrier qui peut tomber de l’arbre, ou l’enfant qui peut se jeter devant une voiture. D’autres des conséquences potentielles, comme pour la restauratrice, exposée au tabagisme passif pendant une période prolongée. Des situations à risque dont les conséquences ne touchent pas uniquement la santé, mais aussi la réussite économique. Les ouvriers, l’enfant et la restauratrice perçoivent le risque de manière différente et apprécient les conséquences possibles de leurs actes selon des critères différents. Il y a des risques que nous assumons et d’autres que nous voulons éviter à tout prix. D’autres encore que nous acceptons mais sans vouloir en subir les conséquences. L’appréciation d’un risque peut dépendre de l’âge, de l’environnement social, de ses propres connaissances, de la publicité ou des dispositions légales, mais aussi de l’humeur du jour. L’ouvrier doit savoir comment abattre le tilleul correctement. Il doit aussi pouvoir s’en remettre à un employeur responsable, respectueux de certaines normes en matière de sécurité du travail. On peut avertir l’enfant, mais, dans certaines situations, il n’aura rien d’autre que son ballon en tête. Il sera tributaire du respect des limitations de vitesse et de la prudence des automobilistes. Mais il est impossible d’éviter tous les accidents. La restauratrice tente d’apprécier les réactions de ses clients et les conséquences économiques possibles pour son activité. Pour limiter ou éviter les risques, il faut des connaissances et de l’expérience, mais aussi un cadre légal. Tout est-il donc si simple? Non. Les interférences entre liberté individuelle, responsabilité personnelle et dispositions légales sont complexes. Le clivage est fréquent entre intérêts sanitaires et intérêts économiques. La limite entre duperie consciente et appréciation des risques différente selon les groupes d’intérêts est souvent floue. L’Office fédéral de la santé publique se trouve au centre des tensions. Avec nos partenaires, nous travaillons à préserver les intérêts de la santé publique, à promouvoir les responsabilités individuelles et à créer des conditions cadre transparentes. P.S.: Les ouvriers, l’enfant et la restauratrice se portent bien, le tilleul est abattu, le ballon de nouveau en jeu et le restaurant de quartier un franc succès.

Contact: Brigit Zuppinger Section Egalité des chances et santé, OFSP 3003 Berne, tél. 031 325 30 66, brigit.zuppinger@bag.admin.ch

Flavia Schlegel Vice-directrice de l’Office fédéral de la santé publique


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Entraide de femmes africaines Personnes séropositives. Le projet genevois d’entraide de femmes africaines séropositives a été accompagné pendant un an par une «marraine» qui décrit maintenant ses expériences dans un rapport.

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’est en 2002 que l’Association Solidarité des Femmes Africaines à Genève (ASFAG) a vu le jour, réunissant des femmes originaires de pays africains afin de s’apporter un soutien mutuel après la constatation d’une infection par le VIH ou de la maladie. Le groupe réunit environ 70 femmes, âgées de 20 à 55 ans. Elles encouragent les femmes concernées à divulguer leur séropositivité, elles les accompagnent et les conseillent au cours de ce difficile processus. Le projet a été reconnu comme projet exemplaire et a reçu une petite aide financière de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour son travail de prévention.

Surmonter les tabous Le fait que des femmes africaines touchées par le VIH et le sida se regroupent pour se soutenir mutuellement et parler ouvertement du VIH et du sida n’est pas seulement une nouveauté pour la communauté des femmes africaines et subsahariennes en Suisse, mais également une évolution vitale. En effet, les tabous importants qui frappent la question du sida et la stigmatisation des personnes touchées constituent les principaux obstacles rencontrés par la prévention VIH/sida auprès des populations migrantes subsahariennes. Il est donc d’autant plus important que le silence soit brisé par des femmes, qu’elles s’approprient la question, s’engagent contre la transmission du VIH et assument un rôle actif dans la solidarité entre personnes concernées.

Tirer les leçons de l’expérience genevoise L’OFSP a voulu savoir s’il est possible de tirer des enseignements du travail accompli par les femmes genevoises pour les intégrer dans des projets similaires ou pour soutenir les personnes travaillant avec des migrants vivants avec le VIH/sida. C’est pourquoi il a chargé Mary HaourKnipe, experte en la matière, de parrainer l’ASFAG pendant un an et d’observer les processus vécus par ce groupe d’entraide dans la phase transitoire entre constitution et professionnalisation. L’experte souligne la nécessité de disposer d’organisations comme l’ASFAG pour permettre une approche socioculturelle adéquate du VIH et du sida et encourager le soutien et la solidarité mutuels, le fameux «Empowerment». Le rapport est disponible (en français et anglais): www.bag.admin.ch (voir: Thèmes, VIH et sida) Contact: Roger Staub Chef de la Section sida, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 87 29 roger.staub@bag.admin.ch

Point fort: Risque

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«La future politique en matière de dépenda

Rapport psychoaktiv.ch. A quoi ressemblera la future politique suisse des dépendances? Le récent rapport prése faire un cube à trois dimensions. Il s’agit d’apprécier et de comparer le degré de risque et la forme de consommation substances légales à ce jour, comme l’alcool et le tabac. Au cours de l’entretien avec «spectra», François van der L politique suisse des dépendances. spectra: La principale recommandation du rapport est de passer à un nouveau modèle de politique des dépendances. Est-ce la fin du modèle des quatre piliers de l’actuelle politique suisse de la drogue? François van der Linde: Au contraire, nous bâtissons sur l’actuel modèle des quatre piliers. Notre nouvelle vision globale est issue de la situation bloquée après l’échec de la révision de la loi sur les stupéfiants (LStup). Il fallait prendre du recul et observer le tout avec une certaine distance. Le modèle des quatre piliers est dès lors apparu comme une très belle base de départ car il offre aujourd’hui déjà, dans la pratique, bien plus de nuances que les quatre principales. Nous élargissons ce modèle d’une dimension et intégrons le type de consommation et la dangerosité de la substance consommée. Cette démarche existe déjà en partie, mais plutôt de manière non systématique. Le modèle que nous présentons permet une réflexion systématique globale. Avez-vous le sentiment qu’un modèle plus complexe réussira mieux que le modèle relativement simple des quatre piliers? A première vue, non. Mais si l’on regarde les choses de plus près, il n’est pas si complexe. Prenons, par exemple, l’un des quatre piliers, disons celui de la thérapie; il est clair qu’il faut nuancer la thérapie en fonction des différentes substances: en d’autres termes, appliquer une thérapie dans le cas du tabac, une autre dans celui de l’alcool, une pour l’ecstasy, une pour le cannabis, l’héroïne, etc. Il est également évident que l’on différencie le mode de consommation. Une consommation peu problématique ne nécessite pas le recours au pilier thérapie; en revanche il faut se poser la question de quelle thérapie pour quelle substance dans le cas d’une consommation à risque et d’une situation de dépendance. Le modèle que nous proposons ressemble à un cube en trois dimensions, composé d’un grand nombre de petites cases dont chacune correspond à une question particulière: par exemple, que signifie «prévention» avec une «consommation à risque» de la substance «cocaïne», ou bien «réduction des risques» en cas de «dépendance» à l’«alcool». La véritable nouveauté de notre modèle réside dans l’intégration des substances addictives légales – l’alcool, le tabac et les médicaments exerçant un effet sur le système nerveux central. Il faut s’attendre à des réticences, mais si l’on considère les choses de manière globale et sans a priori, il est clair que ces substances font partie du modèle. Nous avons tenu compte des ressemblances, mais aussi des différences. Si l’on ne peut pas complètement assimiler les effets du tabac avec ceux de l’alcool ou de l’ecstasy, tous ces produits ont néanmoins en commun qu’ils agissent sur le système nerveux central. Ce faisant ils produisent – de prime abord – l’effet recherché par le consommateur. Lorsqu’une personne fume en

travaillant la nuit car la cigarette la tient éveillée, il s’agit du même effet souhaité que celui d’un verre d’alcool pour animer une discussion. Il n’en est naturellement pas de même pour les effets non désirés par le consommateur, différents pour toutes les substances. Je me souviens du temps où je fumais moi-même: il y avait des moments où je devais fumer quitte à me sentir mal; nous savons que l’alcool et les drogues produisent des effets similaires. Donc: il faut quitter les drogues illégales pour se tourner vers les substances psychoactives, François van der Linde qui ont également donné leur nom à votre rapport. Votre modèle rappelle le cube de Rubik, le fameux «cube magique» des années soixante-dix; un modèle miracle pour résoudre les problèmes de dépendances? Dans le cas du rubicube, la solution «exacte» apparaît après de nombreuses manipulations. Notre proposition est un modèle de pensée; il n’y a pas qu’une seule bonne solution. Il faut l’entendre comme un soutien à la réflexion sur la question des drogues – chaque case permet d’identifier les lacunes et de voir ce qui existe déjà. Il est alors fort possible que différentes solutions exactes s’imposent. Sur les dix recommandations de votre rapport, quelles sont les plus importantes? L’une d’entre elles est certainement celle qui veut que la Confédération établisse des lignes directrices. La vision globale doit se traduire, dans un premier temps, sous forme de lignes directrices, car une législation devrait intégrer un trop grand nombre d’aspects de détail. Ces lignes directrices permettront ultérieurement de définir les besoins en matière de législation et de réglementation à moyen terme. Une autre recommandation importante est celle d’une politique des dépendances cohérente, qui fait encore défaut à ce jour. La politique actuelle a, certes, identifié quelques incohérences notables, comme la légalité de la consommation d’alcool et l’illégalité de celle du cannabis. Il s’agit ici seulement d’un exemple qui souligne la différence de traitement des drogues légales et des substances illégales. C’est pourquoi cette politique n’est pas crédible pour de nombreuses personnes, en particulier les jeunes. La notion de réduction des risques est élargie – ce qui sera peut-être

nouveau pour certains – à la collectivité: il faut protéger la société des effets négatifs provoqués par une consommation excessive d’alcool ou de drogues. Une autre recommandation, qui suscitera certainement des débats et ne sera pas réalisable à court terme, consiste à abandonner le modèle de la pénalisation de la consommation au profit d’un modèle de réglementation pour les différentes substances. Un modèle qui réglemente la vente d’une substance en fonction de sa dangerosité et de son importance sociale: vente libre, vente réglementée ou interdiction totale. On peut envisager une vente adaptée en fonction de l’âge, comme cela est déjà le cas aujourd’hui pour l’alcool. Il est probable qu’une substance comme l’héroïne resterait interdite, y compris dans un tel système de réglementation, et, donc, ne pourrait être vendue – mais sa consommation ne serait plus pénalement poursuivie. Il faudrait naturellement définir des sanctions pour les infractions, notamment au niveau de la fabrication et de la vente. Il ne faut cependant pas croire qu’un modèle de réglementation donnerait carte blanche à la vente des stupéfiants, car certains modèles de réglementation peuvent être plus restrictifs que notre actuelle situation. Qui vous a mandaté pour ce rapport? Nous sommes une commission consultative du Conseil fédéral et, à ce titre, nommée par lui. Nous recevons donc nos ordres du Conseil fédéral, du département concerné ou de l’Office fédéral de la santé publique. Le rapport «psychoaktiv.ch» n’est pas une commande externe, mais une décision prise en interne. Il s’adresse essentiellement aux poli-


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ances doit faire la part des choses entre plaisir et risque»

enté par la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues (CFLD) ajoute une nouvelle dimension à l’actuel modèle des quatre piliers pour en pour chaque substance psychoactive. Le rapport veut élargir la politique de la drogue à une politique globale des substances psychoactives, y compris aux inde, médecin spécialiste de la prévention, qui a longtemps présidé la CFLD, présente les traits principaux du rapport ainsi qu’une ébauche de future

Médicaments psychoactifs Opiacés

Dépendance

Consommation problématique (usage à risque et usage nocif)

Hallucinogènes

Consommation peu problématique

Cocaïne

Répression (réglementation du marché et protection de la jeunesse)

Cannabinoïdes

Réduction des risques (individuels et collectifs)

Amphétamines

Prévention élargie (protection de la santé, promotion de la santé et détection précoce)

Alcool

Thérapie et différents modes de traitement (intégration sociale)

Le nouveau modèle de politique des dépendances

Tabac

Le nouveau modèle s’étend à l’ensemble des substances psychoactives, donc également aux substances légales telles que l’alcool, le tabac et les médicaments. Grâce à une différenciation, il permet entre autres de valider les mesures en matière de dépendance. Exemple: le classement des mesures thérapeutiques actuelles permet de constater si et où des mesures font manifestement défaut, si elles sont insuffisamment adaptées ou dépassent leur objectif. Ainsi, certaines thérapies particulières destinées aux personnes – jeunes pour la plupart – ayant une consommation problématique de cannabis ou d’ecstasy n’existent qu’à l’état d’ébauche.

tiques et aux personnes qui contribuent à faire bouger les choses dans le débat sur les drogues. Le rapport ne peut pas et ne veut pas être un mode d’emploi pour résoudre le problème de cannabis qui n’a toujours pas trouvé de solution. Le rapport ne se prononce pas non plus sur ce qui est bien – au sens moral – ou mal. Dans les milieux conservateurs, la consommation de drogues est souvent assimilée à quelque chose de condamnable. Cette attitude, qui domine fortement la politique nord-américaine, n’est pas notre propos; le rapport ne porte pas de jugement moral. Le rapport s’appuie sur une vision libérale du monde qui part du principe que l’être humain adulte sait ce qu’il fait et doit assumer jusqu’au point où il importune les autres ou leur nuit. Où est, à votre avis, la frontière entre ce que l’individu doit assumer et le moment où on doit l’empêcher de prendre des risques? Elle fluctue. La personne dépendante n’est plus capable de décider par elle-même. Prenons l’exemple des risques du saut à l’élastique, qui ne sont pas particulièrement négligeables. Ces risques justifient-ils l’interdiction de cette activité? C’est une question d’appréciation qui trouve des réponses différentes selon les époques. L’important est de disposer d’une information claire et complète sur les risques que chacun doit apprécier par rapport aux aspects positifs – car la consommation de substances psychoactives a aussi toujours un côté positif. La nuisance causée à des tierces personnes est également une limite. Enfin, le fait qu’une personne consomme une substance qui ruine sa santé au point de mettre le système de santé excessivement à contribution permet de s’interroger sur l’existence d’une limite, ici aussi.

La réglementation du marché des substances psychoactives inclut également le prélèvement de taxes et d’impôts par l’Etat, pour contrôler le marché. L’important en la matière est de savoir dès le début à quoi servira un impôt. Veut-on réduire la consommation autant que possible – il s’agit alors d’un impôt préventif – ou veuton remplir les caisses de l’Etat, qui est également un objectif légitime. Dans le modèle que nous proposons, la consommation de cannabis serait certainement frappée d’impôts. Quelle différence y a-t-il entre des jeunes qui fument des joints et ceux qui s’enivrent? La différence n’est pas si grande. Les deux attitudes peuvent être relativement anodines et cacher un problème qui se traduit par une consommation excessive. Il s’agit dans les deux cas la plupart du temps de plaisir. Mais cela peut devenir aussi une sorte d’automédication. L’ivresse semble – du moins à cours terme – résoudre les problèmes. Quelle est la différence réelle entre un groupe de jeunes qui fument du cannabis lors d’une fête et un groupe d’adultes réunis autour d’un verre de vin? Il peut y avoir excès dans les deux groupes. Toutefois, si l’on pense aux conséquences possibles d’un état d’ébriété, il devient légitime de se demander sérieusement si, dans certaines circonstances, le cannabis ne serait pas le plus inoffensif des deux. Parlons plaisir: faut-il une nouvelle définition du plaisir dans notre société? Alors qu’en Suisse l’alcool et le tabac sont reconnus comme substances dispensatrices de plaisir (surtout par les puissantes industries qui les commercialisent), les drogues illéga-

les sont, logiquement, des substances «addictives». Que dit votre rapport sur le «plaisir»? Le plaisir est une notion très subjective. Notre rapport ne va pas plus loin que l’affirmation de la nécessité de savoir que le plaisir est une composante importante et que l’on ne peut pas toujours débattre uniquement des risques. Une politique ne peut fonctionner qu’en faisant la part des choses entre plaisir et risque. A notre sens, le plaisir devient problématique lorsque d’autres personnes sont incommodées ou mises en péril. Parmi les exemples connus, citons l’alcool au volant ou pendant la grossesse. On peut aussi définir des situations qui ne tolèrent pas la consommation de substances, par exemple, pas de consommation de cannabis dans certains lieux publics. Le plaisir s’arrête là où commence la gêne des autres. Il ne faut pas être obsédé par la nocivité d’une substance, mais se concentrer sur la gêne occasionnée à d’autres personnes. Ce que chacun fait chez soi est une autre question. Votre rapport est paru. Qu’attendez-vous maintenant? Passera-t-il à la trappe ou fera-t-il des vagues? Au début nous avons espéré que le rapport pourrait servir de contribution dans le cadre de la révision de la LStup. Mais, suite à la décision du Conseil national de ne pas entrer en matière, il a pris une autre forme… Nous ne savons pas non plus s’il sera bien perçu ou non. A l’automne, le rapport sera publié aux éditions Hans Huber. Il trouvera alors certainement un écho supplémentaire, peut-être aussi davantage à l’étranger, comme en Allemagne. Le rapport arrive à un moment d’indifférence générale, due certainement aux scènes de drogue ouvertes. Il semblerait que la population n’y accorde guère d’importance aujourd’hui. Une de vos recommandations vise à régler le plus de questions isolées concernant l’abord des substances psychoactives au niveau des ordonnances et non des lois. Une future loi doit tenir compte du contexte global; les détails de la réglementation devraient le plus possible être réglés par voie d’ordonnance, ce qui, à notre sens, permettrait de réagir avec souplesse. La consommation de substances psychoactives sera, à l’avenir aussi, sujette à des phénomènes de mode et des variations. Il n’est pas exclu non plus que de nouvelles découvertes médicobiologiques entraînent un changement d’attitude face aux drogues. Vous avez un peu dépassé votre propre domaine et ,empiété, sur ceux des Commissions fédérales pour les problèmes liés à l’alcool et au tabac … A l’origine, nous devions travailler en étroite collaboration. Nous avons intégré des représentants de ces commissions dès les travaux préliminaires ainsi que lors des consultations avec les experts suisses et étrangers. Nous avons ensuite constaté qu’un rapport traitant à égalité toutes les substances

prendrait une ampleur déraisonnable. Beaucoup de questions sont différentes selon que l’on traite de l’alcool, du tabac ou de l’héroïne, c’est pourquoi nous avons décidé de mettre l’accent sur les drogues aujourd’hui illégales. Nous avons néanmoins consulté à plusieurs reprises les représentants des deux autres commissions, ce qui permet de dire qu’ils ont une attitude de principe positive à l’égard du rapport auquel ils ont pu contribuer. Que pensent les experts de votre rapport? Je pense qu’ils l’approuvent pratiquement à l’unanimité. Les divergences d’opinions sont minimes entre eux, pour autant que les idéologies n’interviennent pas. Par exemple, nous n’avons jamais ressenti dans la commission le moindre souffle de Röstigraben – les experts de Suisse alémanique et de Suisse romande sont d’accord sur les questions importantes. Le côté technique du rapport ne sera pas critiqué, en revanche sa vision peut l’être. Ce genre de modèle ne correspond pas à toutes les optiques. Le rapport est sciemment indépendant de toute idéologie car dans un pays comme la Suisse où il existe tellement d’opinions différentes on ne trouvera jamais de dénominateur commun. Nous avons donc préféré nous concentrer à livrer des bases techniques solides à cette société ,multi-optionnelle’. Le rapport doit démontrer à ceux qui excluent toute drogue de leur vision personnelle du monde que l’on doit, dans la réalité, avancer avec pragmatisme. C’est essentiellement de ce côté que nous nous attendons à des critiques et du refus; peut-être de la part du proche étranger, et à coup sûr de la part de l’Outre-Atlantique … Vous dites que la législation suisse en matière de stupéfiants a largement subi, jusqu’ici, l’influence de l’extérieur, et notamment celle de la pression états-unienne à la répression. Votre modèle peut-il se libérer de cette influence au titre de modèle helvético-suisse, voire européen? Justement, il n’est pas facile, pour des raisons d’idéologie, de reporter un modèle adapté à un pays sur un autre pays. Prenons l’exemple maintes fois cité de la politique de drogue suédoise, répressive, que l’on pensait pouvoir appliquer en Suisse. C’est une politique de drogue qui enregistre des succès, mais qu’il faut voir dans le contexte de la société suédoise et de rapports sociaux largement dominés par l’ingérence de l’Etat dans la vie du citoyen. Notre rapport sera mieux perçu dans les pays connaissant déjà une grande diversité d’opinions. Cette diversité nous confère une certaine avance, en Suisse. C’est pourquoi la politique de drogue suisse a suscité et suscite encore bien des hochements de têtes dans certains pays européens. Mais nous pensons que bien des pays ont connu une évolution similaire à celle de la Suisse, au cours des dernières années. Leur politique de drogue ne pourra pas faire abstraction de ces évolutions.


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Efficacité d’une information et d’une sensibilisation régulières Les préservatifs sortent le grand jeu LOVE LIFE – STOP SIDA. A la fin du mois de juin, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé, en collaboration avec ses partenaires, d’autres actions dans le cadre de la nouvelle campagne LOVE LIFE STOP SIDA: la diffusion d’un spot télévisé et d’un spot cinéma, la vente de préservatifs en partenariat avec Migros ainsi que le préservatif parlant Love Lips.

A

près avoir informé sur les deux règles d’or du ,safer sex’, la campagne d’affichage LOVE LIFE STOP SIDA prévoit d’autres actions pour insister sur l’importance de l’utilisation du préservatif lors de relations sexuelles. Au cours des prochains mois, l’OFSP présentera quatre nouvelles affiches, conçues dans le cadre de la campagne. Le spot cinéma s’est servi d’une des scènes de «The Meaning of Life» des Monty Python afin de montrer, de manière quelque peu exagérée mais divertissante, quel effet un adepte du préservatif peut produire sur les femmes. Le spot télévisé, quant à lui, place la femme au premier rang en lui donnant son mot à dire lorsqu’il s’agit de «safer sex». L’OFSP se félicite particulièrement de sa collaboration avec Migros. En effet, des préservatifs M-Budget, munis du label de qualité «ok» et du logo LOVE LIFE STOP SIDA seront mis en vente dans 320 filiales du groupe Migros.

transforme en objet de désir. L’ouverture du préservatif a pris la forme d’une bouche, capable de prononcer des phrases simples. Doté d’une voix érotique, le préservatif reproduit le texte entré dans le programme par son utilisateur. Les «Love Lips» sont disponibles en trois langues et destinées à un usage varié. Le préservatif parlant peut dès à présent être envoyé depuis www.lovelife.ch.

Contact: Adrian Kammer Section Campagnes, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 87 69 adrian.kammer@bag.admin.ch www.lovelife.ch

Des messages érotiques Les «Love Lips» électroniques se chargent de corriger l’image du préservatif de manière pleine d’humour: de «tue l’amour», il se

«inforMaternité – pour toutes les femmes en Suisse» Travail.Suisse informe les femmes enceintes et les mères qui allaitent au travail. Quels sont leurs droits en matière de congé maternité et de maintien du salaire après l’accouchement? L’employeur peut-il les licencier pendant la grossesse? Que se passe-t-il si elles ne peuvent plus assurer un travail debout toute la journée? L’offre d’information de la campagne «inforMaternité – pour toutes les femmes en Suisse» de l’organisation faîtière des travailleurs Travail.Suisse comprend: • une brochure dans les langues suivantes: albanais, bosniaque, allemand, anglais, français, italien, portugais, serbe, espagnol, tamoul, turc (prix CHF 3.–; réduction en cas de quantités importantes) • une infoline téléphonique pour des renseignements personnels: allemand mardi 11h00 – 13h00 français mardi 13h00 – 15h00 tél. 0900 55 55 61 CHF 3.–/min. • un manuel rédigé par des expert(e)s pour harmoniser la maternité et l’activité rémunérée (allemand ou français; 173 p., CHF 52.90 + frais d’envoi). Commande: Travail.Suisse, Hopfenweg 21, case postale 5775, 3001 Berne, tél. 031 370 21 11, info@travailsuisse.ch, www.travailsuisse.ch

«De l’air!» La campagne «Fumer, ça fait du mal.._» déploie ses effets: de plus en plus de personnes prennent conscience des risques du tabagisme passif et sont prêtes à défendre leurs droits à un air sans fumée.

L

ancée en 2001 dans le cadre du Programme national pour la prévention du tabagisme, la campagne «Fumer, ça fait du mal.._» a été reconduite, au mois de juin, jusqu’à fin 2007 par le Conseil fédéral. Durant les trois premières années, la campagne a tout d’abord joué un rôle d’information. Elle faisait état de faits prouvés scientifiquement concernant les risques engendrés par le tabagisme (la fumée contient plus de 40 substances cancérogènes), afin que la population suisse soit davantage sensibilisée aux dangers pour la santé de cette consommation. Au vu des résultats de l’Enquête suisse sur le tabagisme (monitoring sur le tabac 03/04), la campagne 2004 s’est alors muée en campagne de mobilisation. L’accent a été mis sur le tabagisme passif et donc sur les 71 % des Suisses qui ne fument pas. Une majorité qui, même si elle est fortement incommodée par la fumée dans les lieux publics, ne l’exprime guère. Le message de cette campagne «De l’air! Fumer passivement ça fait du mal.._», est plus populaire et nettement plus émotionnel que les années précédentes. Voici les résultats principaux de l’évaluation externe et de l’Enquête suisse sur le tabagisme (monitoring sur le tabac): Efficacité d’une présence publicitaire en continu. Le nombre de personnes se souvenant d’une campagne en particulier, après citation spécifique du thème, a augmenté de 21 % par rapport à l’évaluation 2002 (42 % en 2002 ; 63 % en 2004). L’OFSP considère cette hausse comme très satisfaisante et estime qu’elle vient confirmer la stratégie ciblée. Plus de la moitié de la population suisse, entre 14 et 65 ans, se souvient avoir vu des informations sur la nocivité de la consommation de tabac dans les deux à trois mois avant l’enquête. Au cours des années 2003 et 2004, cette part est passée de 58 à 77% (en décembre 2004). Sympathie croissante pour la campagne «De l’air!». Pour ce qui est de l’acceptation et de l’efficacité, les campagnes 2003 et 2004 sont jugées en des termes identiques. 61 % des personnes interrogées lors de la campagne 2003 se disaient déjà convaincues des dangers du tabagisme passif et ce nombre est passé à 69 % pour l’année 2004. Bien que le message «De l’air!» soit direct et puisse être jugé agressif, les personnes interrogées ont trouvé cette campagne moins discriminatoire envers les fumeurs que celle de 2003. Bonne appréciation des slogans français. Le message «Rauchen schadet.._», «Fumer, ça fait du mal.._», «Fumare fa male.._» est très bien perçu dans les trois régions linguistiques avec une note moyenne de 7,0 sur une échelle de 10. Le slogan «Uns stinkts!» est – avec une note de 5,8 – moins apprécié par les Suisses alémaniques, alors que les Suisses romands se sont sentis fortement interpellés par le slogan «De l’air!» (note de 6,8).

Les fumeurs sont sensibilisés. La campagne souhaite éviter que les fumeurs se sentent marginalisés ou même discriminés. Ce but est en grande partie atteint, étant donné que seul un fumeur sur dix se sent discriminé par la campagne, ce qui correspond à 3 – 4 % de la population. Selon leurs indications, 32 % des fumeurs prennent davantage les non-fumeurs en considération. Concrètement, cela signifie que 21 % fument moins dans les espaces publics et 20 % moins à la maison. Un changement de comportement à relever après seulement un an de la campagne «De l’air!». Prise de conscience renforcée chez les non-fumeurs. Selon leurs indications, 43 % des personnes interrogées ont changé de comportement après la campagne 2004. Parmi les non-fumeurs, 34 % s’impliquent davantage pour défendre leurs droits dans les espaces publics, 27 % défendent davantage leurs droits à la maison et 26 % sur le lieu de travail. En novembre 2003 et en janvier 2004, il ressortait des résultats de l’Enquête suisse sur le tabagisme (monitoring sur le tabac) que pratiquement encore personne n’osait manifester son inconfort par rapport à la fumée du tabac. Un des objectifs ambitieux - et en partie atteint - de la campagne «De l’air!» visait justement un changement de cet état de fait. Dans certains segments, comme ceux consacrés aux «responsables dans les cafés, bars, théâtres, cinémas, sociétés de chemins de fer/bus/ taxis», on constate un investissement encore insuffisant en faveur de la protection des non-fumeurs. La campagne 2005 concentrera donc ses efforts sur certains de ces segments et essaiera de poursuivre le travail de sensibilisation visé ici. Presque toutes les recommandations faites dans le cadre de l’évaluation ont été intégrées lors du développement de la campagne 2005 (voir art. p. 7).

Des transports publics sans fumée Le tabagisme passif est l’un des principaux sujets de conversation des derniers mois. Certains cantons ont récemment imposé des restrictions de la publicité, une limite d’âge pour la vente de cigarettes et des interdictions de fumer dans des établissements publics. Le point le plus discuté est l’interdiction de fumer dans les restaurants, introduite dernièrement avec succès dans plusieurs pays européens. La décision prise fin juin par l’association des transports publics, d’interdire de fumer dans tous les trains, bus et bateaux, ainsi que dans les salles de gare fermées (interdiction qui entrera en vigueur le 11 décembre 2005) est un pas très réjouissant dans la bonne direction. Contact: Ursula Reinhard Section Campagnes, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 54 59 ursula.reinhard@bag.admin.ch


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«De l’air!» – Le tabagisme passif au travail, ça suffit! «Fumer, ça fait du mal.._»: La Campagne nationale de prévention du tabagisme de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) reprend la question du tabagisme passif. Des annonces dans la presse et des spots TV doivent raviver la conscience du problème et motiver les personnes professionnellement actives à exiger davantage un environnement de travail sans fumée. 29 organisations soutiennent la protection contre le tabagisme passif par une campagne d’affichage distincte.

L

e tabagisme passif présente un risque pour la santé souvent sousestimé. Les non-fumeurs exposés à la fumée peuvent être victimes de cancer du poumon, de maladies cardiovasculaires, d’asthme et d’infections des voies respiratoires. La question d’une meilleure protection contre le tabagisme passif reste donc un débat d’actualité auprès du grand public et des milieux politiques. La Confédération met, en 2005, quatre millions de francs à disposition de la campagne médiatique «Fumer, ça fait du mal.._», qui fait partie du Programme national pour la prévention du tabagisme lancé en 2001.

Fumée inopportune au travail En Suisse, près de la moitié des personnes professionnellement actives est exposée à la fumée d’autres personnes sur le lieu de travail. Des études de l’OFSP révèlent qu’un employé sur cinq est exposé au moins trois heures par semaine à la fumée passive et qu’un sur dix, même, y est exposé plus de six heures par semaine. Deux tiers des non-fumeurs se sentent incommodés par la fumée. La moitié des non-fumeurs exerçant une activité professionnelle souhaite une interdiction de fumer totale ou en tout cas très large sur le lieu de travail. Un tiers des fumeurs au travail soutiennent même cette revendication.

Situation souvent difficile sur le lieu de travail La nouvelle campagne veut motiver les gens à s’engager pour un air sans fumée sur le lieu de travail et thématise, à cet effet, la situation de nombreux non-fumeurs exposés

plusieurs heures par jour à la fumée du tabac. Des spots TV montrent des clients d’un restaurant et des participants à un congrès servis et accueillis par des personnes qui fument. Les annonces veulent inciter la population à s’engager pour des espaces sans fumée («De l’air!») ou à cesser de fumer. La première étape, menée en mai et juin, sera suivie d’une seconde vague en septembre et octobre 2005.

Prolongation du programme national de prévention Afin de garantir la continuité des activités de prévention du tabagisme, le Conseil Fédéral a décidé de prolonger le Programme National de Prévention du Tabagisme jusqu’à fin 2007. Ce Programme fut lancé en 2001 par le Conseil fédéral avec mandat de réaliser 12 objectifs à l’aide d’un paquet de mesures. Le Conseil fédéral a constaté que de nombreux résultats avaient été atteints: l’OFSP a conduit chaque année une campagne d’information et de sensibilisation nationale «Fumer, ça fait du mal.._». Plusieurs projets de prévention ont été réalisés en collaboration avec des partenaires de prévention nationaux et cantonaux. L’ordonnance sur le tabac a été totalement révisée. Le prix moyen des cigarettes est passé de 4.80 francs en 2001 à 5.80 aujourd’hui. Enfin, la Suisse a signé la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac (CCLAT). A ces résultats s’ajoutent la création et mise en place du Fonds de prévention du tabagisme. Selon l’enquête suisse sur la santé*, la part des fumeurs dans la population suisse s’est stabilisée à un haut niveau depuis 1992. Cette année-là, 30% des Suisses fumaient;

après une augmentation à 33% en 1997, une légère diminution a été enregistrée en 2002, avec une valeur de 31%. A l’échelle européenne, la Suisse figure parmi les pays avec les plus forts taux de prévalence. D’ici à fin 2007, tous les objectifs du PNPT restent pertinents. Les prochaines mesures importantes seront notamment la révision de la Loi fédérale sur les denrées alimentaires, nécessaire pour introduire une limitation de la publicité et une interdiction de vente aux mineurs. Cette révision, avec le message de ratification de la CCLAT, est inscrite dans le programme de législature 03 – 07 du Conseil fédéral. En outre l'OFSP élabore, avec les principaux acteurs de la prévention du tabagisme, une stratégie nationale de prévention du tabagisme. Ce projet produira un nouveau Programme national pluriannuel, qui prendra en considération les développements récents dans le domaine de la prévention du tabagisme. Il sera soumis au Conseil fédéral en principe durant le deuxième semestre 2006. * Enquête suisse sur la santé 1992, 1997 et 2002. Office fédéral de la Statistique, Neuchâtel, www.ofs.admin.ch

Aide téléphonique pour qui veut cesser de fumer La prestation de conseil et d’aide par téléphone (0848 000 181) destinée aux fumeurs désireux d’arrêter de fumer est élargie.

Ensemble pour un air sans fumée 29 organisations ont décidé de s’engager pour la protection contre le tabagisme passif par l’intermédiaire d’affiches communes. Il s’agit d’institutions actives dans le domaine de la prévention et de la santé, d’associations de consommateurs, de jeunes, de familles, d’associations sportives et de la jeunesse, et même de l’union

syndicale et du Secrétariat d’état pour l’économie (seco). A partir du mois d’août, des affiches seront visibles dans toute la Suisse, portant la devise «De l’air!» ainsi qu’un message très clair: «71% de la population suisse ne fument pas, et n’ont pas envie non plus de supporter le tabagisme passif ».

Contact: Ursula Reinhard Section Campagnes, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 54 59 ursula.reinhard@bag.admin.ch www.fumercafaitdumal.ch

Impressum «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office. Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne Tél. 031 323 54 59 Fax 031 324 90 33 www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne hoigne@datacomm.ch

Nr. 52, Août 2005 Responsable de la commission de rédaction: Markus Allemann, markus.allemann@bag. admin.ch Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et d’autres auteurs Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: Christoph Hoigné Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik 3147 Aekenmatt

Impression: Büetiger AG 4562 Biberist Tirage: 7000 ex. allemands, 4000 ex. français, 1500 ex. anglais Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: Office fédéral de la santé publique, Section Campagnes 3003 Berne Tél. 031 323 87 79 Fax 031 324 90 33 kampagnen@bag.admin.ch Le prochain numéro paraîtra en octobre 2005.


spectra no 52 • Août 2005

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Vingt ans d’engagement en faveur de la prévention et des personnes vivant avec le VIH/sida L’Aide Suisse contre le Sida fête ses 20 ans. Il y a 20 ans, le 2 juin 1985, l’Aide Suisse contre le Sida (ASS) a été fondée à Zurich. Composé à ses débuts des premiers concernés par le VIH/sida et d’autres hommes désireux de s’engager, le groupe s’est développé depuis lors pour devenir une organisation nationale connue du public. L’ASS oeuvre en faveur de la prévention, joue un rôle de porte-parole pour les personnes vivant avec le VIH/sida et leurs proches et s’engage à défendre leurs intérêts auprès de la société comme sur le plan politique. Durant cette année, des activités variées auront lieu, toutes visuellement caractérisées par un logo d’anniversaire.

E

n Suisse, deux nouvelles infections VIH sont constatées chaque jour. A ce jour, environ 15'000 personnes vivent dans notre pays avec le

1987

1991

1995

Un film d’information sur le VIH/sida pour les migrants Sous le titre «LOVE LIFE – STOP SIDA», l’Office fédéral de la santé publique a produit un film d’information sur le VIH/sida à l’intention des populations migrantes afin de les sensibiliser à ces questions. Ce film de 12 minutes, disponible sur DVD, dans 16 langues différentes, avec une version pour les hommes et une pour les femmes, transmet des informations fondamentales sur le VIH et le sida. Deux médecins, une femme et un homme, guident le spectateur tout au long du film et expliquent l’essentiel sur les questions suivantes: les différentes voies de contamination, comment le virus ne se transmet pas, comment se protéger et comment utiliser correctement un préservatif. Les informations sont illustrées par des pictogrammes. Dans chaque version, des personnages appartenant au même groupe culturel familiarisent le spectateur avec la problématique et lui dispensent un bon conseil avant de prendre congé. Le DVD d’information est disponible dans les langues suivantes: albanais, amharique, arabe, allemand, anglais, français, italien, portugais, roumain, russe, serbo-croate, somalien, espagnol, souahéli, tamoul et turc. Commande: www.bag.admin.ch (sous: Thèmes, VIH et Sida), Prix: CHF 25.– Contact: Roger Staub Chef de la Section sida, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 87 29 roger.staub@bag.admin.ch

VIH ou le sida. Depuis 20 ans, l’Aide Suisse contre le Sida oeuvre, d’une part, afin d’empêcher de nouvelles infections et, d’autre part, pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Cet engagement restera nécessaire à l’avenir également, car le signal de fin d’alerte ne peut pas être donné. Le nombre des nouvelles infections est passé de tout juste 600 en l’an 2000 à 800 en 2002, niveau auquel il s’est stabilisé depuis, ce qui rend nécessaires de nouveaux efforts en matière de prévention. Par ailleurs, les personnes touchées par le VIH/sida sont, aujourd’hui encore, victimes de discrimination et d’exclusion, tant dans le monde du travail que dans le cadre de leur vie privée.

Manifestations anniversaire Le coup d’envoi des activités anniversaire a été donné par l’assemblée générale de l’ASS du 28 mai 2005 avec, pour devise, «Regard rétrospectif vers l’avenir». Des personnalités en vue ont jeté un regard rétrospectif sur les 20 dernières années et débattu des défis lancés en matière de

prévention ainsi que des autres mesures à prendre pour contrer la discrimination des personnes concernées par le VIH/sida. A la fin octobre débutera, au Musée de la Bärengasse, à Zurich, une exposition anniversaire sur les 20 ans de travail effectué en Suisse dans le domaine du sida, réalisée par le Musée national suisse et l’Office fédéral de la santé publique en collaboration avec l’ASS et le groupe zurichois d’aide contre le sida. A la mi-décembre, l’ASS mettra sur pied le «Forum 20 ans d’Aide Suisse contre le Sida» au Technopark de Zurich, qui s’adressera aux spécialistes du sida et aux autres cercles de personnes intéressées. Les sections régionales de l’ASS mettront également sur pied toute une série d’activités anniversaire: à St Gall, par exemple, dans le cadre de la nuit des musées et lors d’un «Poetry Slam»; à Zurich, des soirées cinéma seront organisées, ainsi que des programmes pour les femmes et les homosexuels; à Berne, un gala sida est prévu, ainsi qu’un «event tram».

Contact: Aide Suisse contre le Sida Konradstrasse 20, 8031 Zurich tél. 044 447 11 21, thomas.lyssy@aids.ch www.aids.ch

1999

2003

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Pour une amélioration de la prévention CH.A.T Survey. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a commandé une enquête auprès des personnes infectées par le VIH pour connaître les circonstances de leur contamination. Leurs réponses doivent contribuer à poursuivre l’optimisation de la prévention VIH/sida, compte tenu de moyens de plus en plus réduits.

L

e nombre de nouvelles infections au VIH déclarées a enregistré une forte progression entre 2000 et 2002, passant de 581 dépistages positifs à 792. Entre 2003 et 2004, le nombre de déclarations s’est maintenu à ce niveau élevé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse: indifférence et lassitude vis-à-vis de la prévention, régression de la peur de mourir «grâce» aux meilleures possibilités de traitement, etc. En dépit de cette situation inquiétante et en raison de la réduction des moyens financiers des pouvoirs publics, les budgets alloués à la prévention peuvent, dans le meilleur des cas, être stabilisés. Ils sont passés de CHF 16 millions (1993) à environ CHF 9 millions (2004). Compte tenu de cette régression des ressources, il est primordial de procéder au moins aux adaptations les plus urgentes en matière de prévention VIH. Pour cela, il est nécessaire de disposer d’informations plus précises sur les circonstances dans lesquelles les infections se sont produites. L’OFSP a donc mandaté l’Hôpital cantonal de St-Gall pour mener une enquête pendant 12 mois auprès des personnes chez lesquelles un diagnostic de nouvelle infection au VIH a été détecté. Cette enquête a pour objectif de clarifier plus précisément les circonstances de l’infection au VIH. Ces informations sont particulièrement significatives lorsqu’elles proviennent de personnes récemment infectées par le VIH (lors de la détermination des anti-

corps, on peut également déterminer depuis peu si une infection au VIH s’est produite dans les quatre à six mois avant le test.). L’objectif de l’étude, baptisée CH.A.T Survey (CH=Suisse, A=Aids (sida), T=Transmission) est de disposer de bases solides afin de cibler encore mieux la prévention VIH.

Questionnaires et interviews L’étude porte sur tous les tests VIH positifs validés, confirmés et communiqués entre juillet 2005 et juin 2006. L’OFSP attend entre 750 et 800 tests VIH positifs confirmés pour la période d’étude. L’étude se compose de trois phases. Les deux premières sont consacrées à la collecte d’informations par l’intermédiaire de questionnaires. Le premier questionnaire est rempli par le médecin et le patient, pendant la consultation informant ce dernier du résultat positif du test. Puis les personnes concernées reçoivent, par l’intermédiaire de leur médecin, un second questionnaire (dans une des langues nationales ou en anglais), en même temps que le résultat du laboratoire les informant de l’ancienneté de leur infection. Ce second questionnaire, que les patients peuvent remplir chez eux, traite plus en détail des circonstances et du moment de l’infection, ainsi que des comportements généraux et des attitudes envers la santé et la prévention. Il est également demandé aux patients si une autre/meilleure pré-

vention aurait pu, éventuellement, empêcher leur infection au VIH. La troisième phase touchent les patients avec une infection récente (datant des quatre à six mois précédents), se déclarant prêts, dans le second questionnaire, à participer à un entretien approfondi.

Anonymat A aucun moment de l’étude, l’OFSP ne connaît les données personnelles des individus infectés par le VIH. Jusqu’au questionnaire 2 inclus, la participation à l’étude reste complètement anonyme. Le patient décide lui-même – et sur la base d’informations détaillées – s’il souhaite se mettre à disposition pour un entretien personnel. En cas de besoin, l’entretien est conduit de manière anonyme. La participation à l’étude reste, bien entendu, entièrement libre. L’OFSP et les responsables de l’étude sont conscients que ce travail s’ancre dans un secteur de recherche sensible. C’est pourquoi l’étude a été soumise à la Commission d’éthique du canton de St-Gall et autorisée par elle. Les présidents des Commissions d’éthique cantonales ont pris connaissance de la documentation et ont été informés de la décision de la Commission d’éthique de St-Gall. Contact: Roger Staub Chef de la Section sida, OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 87 29 roger.staub@bag.admin.ch


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