Spectra 56 juni 2006 fr

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Evaluer l’efficacité et en tirer les enseignements

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Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, www.bag.admin.ch Juin 2006/no 56

Evaluation. L’évaluation pratiquée à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a une longue tradition. Avec l’apparition du VIH/sida, l’OFSP a ressenti pour la première fois le besoin urgent d’analyser systématiquement et scientifiquement les effets de ses politiques de prévention. Devenue un instrument indispensable en matière de sida, l’évaluation a été étendue à d’autres domaines de la prévention et de la réduction des risques, notamment en matière de toxicomanie, d’alcoolisme et de tabagisme.

Prévention et promotion de la santé

spectra

A

ujourd’hui, l’Office encourage l’évaluation dans tous les secteurs de son activité. En mettant à disposition de manière ciblée des bases scientifiques pour la planification, la concrétisation et l’optimisation de projets, de programmes et de politiques, l’évaluation joue un rôle important dans la conduite des activités de l’OFSP. L’office a à cœur de développer une véritable «culture de l’évaluation».

Evaluation de l’efficacité au sein de l’Administration fédérale Depuis un certain temps déjà, les mandats reposant sur des lois ne suffisent plus à légitimer, à eux seuls, les mesures et les interventions de l’Etat aux yeux des milieux politiques et du public: elles doivent désormais faire la preuve de leur efficacité. Les mesures prises par l’Etat apportent-elles une réponse adéquate au problème initial? Atteignent-elles leurs objectifs de manière efficace et efficiente? Les groupes cibles sont-ils atteints? Efficacité, efficience et pertinence sont devenues des facteurs majeurs pour juger de la réussite des mesures et des interventions de l’Etat. C’est dans cet esprit que le Parlement a introduit en 1999, dans le cadre de la révision totale de la Constitution, l’article 170 (vérification de l’efficacité) de la nouvelle Constitution fédérale. L’article donne au Parlement le mandat de veiller «à ce que l’efficacité des mesures prises par la Confédération fasse l’objet d’une évaluation». Le terme «efficacité» contenu dans l’article 170 de la Constitution dépasse largement l’acception générale du terme. Le contrôle comprend l’analyse des effets (voulus et non voulus) ainsi que de la manière dont les mesures et interventions ont été mises en œuvre. L’évaluation de l’efficacité doit contribuer notamment à étayer l’élaboration de nouvelles mesures ainsi qu’à développer de nouvelles lois et ordonnances sur des bases plus solides, mais elle doit aussi contribuer à mieux orienter leur exé-

Juger les effets d’un programme pertinence

influences du contexte

programme

cohérence (interne/externe)

inputs objectifs/ressources/mesures outputs

outcomes

impacts

efficience efficacité

Source: Section Politique de recherche, évaluation et rapports, OFSP.

cution par rapport à leurs objectifs et, de manière générale, à améliorer la transparence de l’action étatique. Au sein de l’exécutif, les offices assument eux-mêmes la responsabilité de l’évaluation de l’efficacité des mesures qu’ils prennent et d’en faire rapport. Chacun développe sa propre stratégie, définit les instruments qu’il utilisera et détermine l’attribution des ressources financières et humaines nécessaires. Les responsables de l’évaluation au sein de l’Administration fédérale se réunissent régulièrement pour échanger leurs expériences (pour plus d’informations, voir: www.bj.admin.ch sous > Thèmes > Etat & Citoyen > Evaluation > Le réseau «évaluation»).

Instruments variés Il existe divers instruments d’information permettant aux offices d’analyser les résultats de leurs mesures. Pour le groupe de contact interdépartemental «Evaluation de l’efficacité», le monitoring, le controlling et l’évaluation sont les instruments essentiels pour «mesurer l’efficacité». Toutefois, la mise en forme et l’utilisation de ces suite page 2

Entretien

Pour Heinz Bonfadelli, les ingrédients d’une campagne de prévention efficace sont «un budget correct, suffisamment de temps, des émetteurs crédibles, des messages positifs et une prise d’humour». Le professeur zurichois en sciences de la presse a, sur mandat de l’OFSP, étudié ce qui fait le succès d’une campagne de prévention et publié un livre contenant des indications pragmatiques. >> pages 4/5 Prévention du tabagisme: BRAVO

Nouvelle identité visuelle de l'OFSP www.bag.admin.ch. Le site Internet de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) change de style. Son adresse reste la même www.bag.admin.ch, mais il a été restructuré et reconfiguré suivant les instructions de la Confédération.

P. P.

3052 Zollikofen

L'

OFSP a appliqué à son site Internet la nouvelle identité visuelle de l'Administration fédérale, qui s'applique désormais à tous les offices fédéraux. Les nouvelles exigences minimales sur le plan fédéral concernant la structure, la mise en page et la présentation du contenu sont ainsi prises en compte. Dans un même temps, les pages ont également été configurées pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Ces directives uniformes doivent permettre aux utilisateurs de naviguer plus convivialement sur les différents sites Internet de la Confédération. La mise en place de la nouvelle

identité s'est faite avec l'assistance de l'Office fédéral de l'informatique et de la télécommunication (OFIT) qui, en tant qu'entrepreneur général, était responsable de la conception, de l'introduction et de l'exploitation technique du site.

«Moins de fumée, plus de vie!» La nouvelle devise de la prévention du tabagisme pénètre toujours plus les esprits: de 33% il y a cinq ans, la proportion de fumeurs en Suisse est passée à 30% en 2005. Parallèlement, la part des jeunes fumeurs de 14 à 19 ans est passée de 31% au 25%. La norme, c’est de plus en plus de ne pas fumer; dès lors, il n’y a qu’un mot: BRAVO! >> page 8


Point fort: efficacité

spectra no 56 • Juin 2006 suite de la page 1 instruments dans la pratique varie parfois de manière considérable. • Le monitoring (ou suivi) consiste à rassembler et à préparer des données comparables de manière permanente, systématique et routinière. Son but est d’aider les responsables de mesures étatiques à reconnaître les changements et/ou les tendances dans le domaine de la mise en œuvre, dans le comportement des groupes cibles ainsi qu’au niveau des effets. (Il a pour mission de mesurer les changements de manière systématique sur un laps de temps très long). • Le controlling doit être compris comme un instrument de conduite. Il s’applique à la totalité du processus de planification et de direction dans un domaine d’activité donné. Son but est de permettre une direction à la fois efficace et efficiente des procédures et de contribuer, ainsi, à ce que les mesures étatiques atteignent leur objectif le mieux possible. Il en résulte un système permanent et complet d’observation et d’appréciation des prestations. • L’évaluation est un instrument plus global, utilisé pour apprécier l’efficacité des mesures: il s’agit d’examens précis (sur des questions précises) entrepris dans un laps de temps déterminé. Leur but est de cerner le concept, l’exécution et les effets de l’action étatique, si possible de quantifier ces derniers et, dans tous les cas, de

juger dans quelle mesure ils contribuent au bien public. L’évaluation utilise principalement les critères d’évaluation suivant: pertinence, efficacité et efficience.

Optimiser l’action L’OFSP cherche à savoir s’il fait «les bonnes choses correctement», c’està-dire de savoir s’il fait ce qu’il avait l’intention de faire et s’il le fait bien. Il ne s’agit toutefois pas uniquement de justifier les mesures prises, mais aussi d’apprendre à améliorer ces dernières. L’efficacité est ainsi mesurée au cours de la mise en place des mesures stratégiques, ceci à différents niveaux et à différents moments. Prenons un exemple. Une campagne médiatique de masse est souvent utilisée comme une mesure parmi d’autres : elle est comprise au sein d’un paquet de mesures global dont l’objectif est d’amener un changement de comportement. En soi, elle a une fonction complémentaire par rapport aux autres mesures. Son rôle principal est ainsi d’atteindre la population dans son ensemble et «d’appeler à une prise de conscience collective» sur un thème de santé publique; à titre d’exemple, les dangers présentés par la consommation du tabac pour la santé des fumeurs actifs et passifs. Dans ce cas-ci, l’efficacité sera mesurée à l’aune du degré de conscience atteint par le groupe cible sur les dangers de la fumée pour la santé. De manière similaire, le contrôle de l’efficacité d’un nouveau programme global de prévention se préoccupera

moins de la question de savoir si le programme peut atteindre ses objectifs globaux que de celle de savoir si le programme peut être lancé sans problèmes majeurs. Ainsi, les objectifs intermédiaires deviennent le centre du contrôle de l’efficacité en vue d’atteindre l’objectif principal visé. Le graphique en première page montre sur quels éléments s’appuie l’évaluation pour faire ressortir les effets (extrants, réalisations et impacts) d’un programme sur le long terme. L’OFSP pratique l’évaluation depuis 1987 et s’en est fait une tradition. L’apparition du VIH/sida a suscité pour la première fois l’examen de l’utilité de l’évaluation. Confronté à l’urgence de mettre en place et de réaliser un programme de prévention des nouvelles infections, et ce à une époque où les voies possibles de transmission du virus n’étaient pas encore véritablement connues, l’Office prit la décision de faire évaluer systématiquement le développement et l’efficacité de la stratégie nationale de prévention du VIH/sida. L’évaluation étant devenue un instrument indispensable en matière de VIH/sida, l’OFSP étendit progressivement son activité d’évaluation à d’autres domaines de la prévention et de la réduction des risques, notamment en matière de toxicomanie, d’alcoolisme et de tabagisme. Les résultats des études sont ensuite systématiquement discutés et utilisés dans le développement de futures mesures.

Améliorer l’efficacité L’évaluation apporte des réponses

page 2 à une multitude de questions spécifiques qui se posent sur les effets de mesures concernant les «outputs» (extrants), les «outcomes» (réalisations) et les impacts (voir graphique en première page), qu’il s’agisse aussi bien des effets positifs, négatifs qu’attendus ou inattendus. L’utilité majeure de l’évaluation pour l’OFSP réside non seulement dans la collecte d’informations sur «ce qui fonctionne», mais permet également d’avoir un aperçu plus approfondi entre les interactions de contextes et les domaines d’interventions spécifiques. Les questions clés que l’OFSP se pose pour évaluer l’efficacité et non pour la prouver, c’est-à-dire pour cerner les moyens d’améliorer et d’accroître l’efficacité sont les suivantes: qu’estce qui fonctionne?, pour qui?, dans quelles conditions et à quel «prix»? Les modalités et l’organisation de l’évaluation, du monitoring et du controlling sont décrites dans le cadre stratégique de l’évaluation de l’OFSP (voir document «Evaluation des effets de la politique et de l’action étatique en matière de santé publique»: cadre stratégique, Office fédéral de la santé publique, 2005). Le document, ainsi que des exemples de rapports d’évaluation, se trouvent sur le site Internet de l’OFSP sous www.healthevaluation.admin.ch. Contact: Section Politique de recherche, évaluation et rapports, OFSP 3003 Berne Evaluation@bag.admin.ch www.health-evaluation.admin.ch

La campagne LOVE LIFE – STOP SIDA est bien notée Evaluation de la campagne. La campagne de prévention contre le VIH/sida a fait l’objet d’un haut degré d’attention en 2005 également. Quelque 80% des personnes interrogées l’ont vue. La campagne est parvenue à ancrer les règles du «safer sex» dans la conscience populaire. Les résultats montrent que la campagne a été largement acceptée par la majorité des personnes interrogées et qu’elle est restée dans les limites du bon goût.

V

oici un an, la campagne STOP SIDA qui porte ses fruits depuis des décennies a élargi son label du message LOVE LIFE. Des affiches, des annonces dans la presse, des spots à la télévision et au cinéma ont transmis le message d’une sexualité épanouie positive grâce à une protection personnelle au nom de l’amour de la vie. Ce changement de stratégie vers un concept de santé sexuelle est bien accepté par 88% des personnes interrogées. L’évaluation de la campagne STOP SIDA 2005 se fonde sur une enquête représentative de la population suisse réalisée auprès de 521 personnes ainsi que sur 196 entretiens de personnes recrutées en fonction de leurs systèmes de valeurs, eux-mêmes définis selon la typologie «Sinus-Milieus». Cette typologie considère les orientations de valeurs, les modes de vie, la conscience du quotidien et les préférences esthétiques, mais recourt également à la situation sociale pour décrire les groupes cibles.

Haut degré de considération L’évaluation (conduite par mrc AG) montre que la campagne STOP SIDA de 2005 a été très bien perçue par la population suisse, tout comme elle l’avait été les années précédentes. 79% des personnes interrogées se souviennent de la campagne de prévention du VIH/sida. L’analyse révèle une perception différenciée selon les moyens de communication et les différents sujets utilisés: le spot télé se distingue par un taux de souvenir particulièrement élevé (66%

des personnes interrogées s’en souviennent). Le sujet «femme» de la campagne d’affichage et d’annonces est celui qui ressort le plus, avec 35%. 51% des personnes qui sont allées au cinéma se souviennent du spot présenté en salle. De manière générale les taux d’attention constatés au Tessin et en Suisse romande sont quelque peu inférieurs à ceux de la Suisse alémanique. Pour ce qui est des Sinus-Milieus, il apparaît que la sensibilité est très élevée chez les «rebelles hédonistes», les «ambitieux modernes» et les «expérimentalistes». En revanche, la sensibilité à la campagne chez les «consommateurs populaires», principal groupe cible, est inférieure à la moyenne, voire insuffisante.

Bonne acceptation Un aspect central de l’évaluation consiste à déterminer si la campagne 2005, par les illustrations et le ton choisis, a atteint voire même dépassé le seuil de tolérance de la population en matière de présentation érotique/sexuelle dans le contexte de STOP SIDA et de son émetteur, l’OFSP. L’évaluation de ce point montre que, pour une forte majorité, cela n’a pas été le cas: 84% des personnes

interrogées jugent cette campagne non ou plutôt non pornographique; 7% seulement la jugent pornographique. 52% des personnes interrogées trouvent que la campagne convient, par son style et sa forme, très bien à un Office fédéral, et 9% définissent la campagne 2005 comme tout à fait inappropriée. Les réponses des personnes interrogées sur les sujets «femme» et «homme» montrent clairement que le message de prévention en 2005 est vécu de façon positive et perçu comme un élément nouveau. Les personnes interrogées ont apprécié l’accent nouveau, explicitement porté sur l’être humain et sa sexualité. La campagne touche la majorité des personnes interrogées, car la prévention VIH/sida avec la campagne LOVE LIFE STOP SIDA ne se dissimule plus, comme auparavant, derrière des symboles et des métaphores, mais «appelle un chat un chat».

Règles du safer sex claires L’évaluation portait également sur la question de savoir si la campagne 2005 est parvenue, d’une part à communiquer les règles du safer sex (Pénétration toujours avec une capote; éviter le contact de la bouche avec du

sperme et du sang), et, d’autre part, à transmettre le nouveau message de prévention (Vivre sereinement une sexualité épanouie en incitant à se protéger pour l’amour de la vie). Les résultats montrent que quasiment 100% des personnes interrogées savent que l’on peut se protéger du virus du sida en utilisant un préservatif (la règle de safer sex). La règle du safer sex ‘Pas de sang ni de sperme dans la bouche’ est connue de 47% des personnes interrogées.

Accroître la précision L’évaluation conclut que la campagne LOVE LIFE a dû combattre certaines contradictions internes: vouloir atteindre, par une seule et même campagne, aussi bien les milieux non conventionnels qu’une large fraction de la population tout en ne générant pas plus de 10% de réfractaires véhéments, peut être considéré comme une mission tout simplement impossible. Etant donné la pluralité de valeurs dans la population, il est presque impossible de toucher de façon optimale tous les univers de vie en ayant recours aux mêmes messages et images. Les évaluateurs recommandent donc de concevoir des messages plus directs et de s’adresser directement aux différents groupes cibles par des canaux spéciaux. Contact: pour tout sujet d’évaluation: Tanya Kasper (voir ci-dessus) pour tout sujet de campagnes: Adrian Kammer (voir p. 3) www.lovelife.ch


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En première ligne

LOVE LIFE – STOP SIDA: «Ici la protection est aussi requise.» L’autoprotection, une évidence. Le 2 mai, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l'Aide suisse contre le sida ont lancé une nouvelle campagne LOVE LIFE – STOP SIDA. Celle-ci met en scène des gens nus pratiquant des sports tels que l'escrime, le hockey sur glace ou le motocyclisme. La nudité met en exergue la fragilité du corps humain, et le slogan «Ici la protection est aussi requise.» l'évidence de l'autoprotection.

L'

OFSP n'entend pas montrer du doigt qui que ce soit, mais plutôt, au moyen d'images fortes, ancrer efficacement dans l'esprit d'un vaste public la nécessité de l'autoprotection lors de relations sexuelles. Comme l'année dernière déjà, la joie de vivre en relation avec la sexualité occupe l'avant-scène de la nouvelle campagne LOVE LIFE – STOP SIDA de l'OFSP et l'Aide suisse contre le sida (voir p. 2.). A ce propos, Adrian Kammer, chef de la Section campagne a.i. de l’OFSP: «Pour vivre une vie amoureuse décontractée et avec plaisir, l'autoprotection est tout simplement indispensable.» C'est précisément cette idée qui est reprise dans la nouvelle campagne. Elle montre des gens nus, donc non protégés, qui pratiquent des sports présentant un risque de blessure élevé. Ce qui, dans les activités sportives telles que l'escrime, le hockey sur glace ou le motocyclisme est une évidence – «Ici la protection est aussi requise.» l'est aussi pour les activités sexuelles. Courir des risques inutiles est insensé. Ceux qui peuvent se protéger, le font aussi. Les deux règles du «safer sex» faciles à comprendre «Pénétration – toujours avec une capote» et «Eviter le contact du sperme ou du sang avec la bouche» sont aussi un élément important de la campagne

comme pour l'autoprotection. L'objectif consiste à établir ce comportement dans les lits suisses: l'autoprotection par amour pour la vie.

Affiches, annonces, spot TV et bien davantage Les messages de la campagne LOVE LIFE – STOP SIDA seront diffusés par différents moyens de communication dès le 2 mai. Le site Internet lovelife.ch avec ses informations sur la campagne et sur le thème du HIV/ sida constitue également une plateforme importante. En outre, LOVE LIFE – STOP SIDA marquera de sa présence différents events. Des partenariats de marketing seront reconduits et développés. Comme les nouveaux cas d'infection par HIV ont beaucoup augmenté chez les homosexuels masculins, des mesures supplémentaires sont prévues pour ce groupe-cible.

Le making of... La mise en scène impressionnante des séquences d'escrime, de hockey sur glace et de motocyclisme sans courir de dangers pour les sportifs, les modèles et l'équipe et sans que les acteurs nus donnent une impression stupide ou risible a représenté un défi particulier pour le metteur en scène du spot TV, Lewi, et pour le photo-

graphe des sujets print, Finlay MacKay. Ce faisant, il s'agissait de saisir les moments les plus captivants. Un défi aussi pour les joueurs du EC Bülach qui, pratiquement nus dans la froidure de la halle de sports sur glace Schuefweg de Kloten, se sont disputés le puck jusqu'à ce que metteur en scène et photographe soient satisfaits.

Le sida doit rester un thème actuel Dans la perception de la société, l'actualité et la dangerosité du HIV et du sida ont malheureusement diminué en importance depuis que le HIV peut être traité. «Il peut être traité, mais pas guéri», souligne Flavia Schlegel, vice-directrice de l'OFSP. «Le sida est toujours une maladie potentiellement mortelle. La prévention contre le sida doit donc rester un sujet d'actualité parmi la population afin de sensibiliser un vaste public sur un thème connu et le motiver à s'autoprotéger.» Contact: Adrian Kammer, responsable de la Section campagnes a.i., OFSP 3003 Berne, tél. 031 323 87 69 adrian.kammer@bag.admin.ch www.lovelife.ch

Pourquoi est-il nécessaire de juger l’efficacité des actions politiques? A l’heure actuelle, il est de plus en plus demandé à l’Etat de démontrer l’efficience et l’efficacité de ses actions; a fortiori dans un climat de contraintes économiques et de réductions budgétaires. Il n’est dès lors guère étonnant que cette efficacité soit souvent contestée de part et d’autre (politiciens, médias, contribuables et autres groupes d’intérêt). Les responsables comme les bénéficiaires de ces activités publiques sont ainsi impliqués dans un processus consistant à rendre des comptes. Pour démontrer l’efficacité des mesures politiques il est donc attendu que cela soit fondé sur des bases scientifiques et que le jugement soit fait d’une manière impartiale. Et pour la santé publique, qu’est-ce que cela veut dire? Ce que vise la santé publique aujourd’ hui va au-delà de la prévention des maladies classiques. De nouveaux défis comme la violence, le suicide, la sexualité et le stress, sans compter les conditions sociales qui créent des inégalités en matière de santé figurent tout en haut de l’agenda politique de la santé. De tels défis ne peuvent être ignorés, et touchent les priorités de santé publique plus traditionnelles telles que VIH/sida, les dépendances telles que drogues illégales, alcool et tabagisme dont l’OFSP s’occupe. Par conséquent, les actions et les interventions pour traiter de tels défis deviennent plus complexes. En effet, les interventions de santé publique sont caractérisées de plus en plus par une approche interdisciplinaire et sont davantage menées avec la collaboration d’intervenants et d’institutions des secteurs public, non lucratif et privé. De ce fait, la tâche qui consiste à analyser l’efficacité des actions de santé publique est devenue plus complexe à l’instar des objectifs en matière de santé et des mesures qui en découlent. Pour en tenir compte, plusieurs instruments sont à disposition pour mesurer et estimer l’efficacité: les trois plus importants sont le monitoring, le controlling et l’évaluation. Ces trois instruments remplissent des fonctions complémentaires: l’évaluation apporte une valeur ajoutée par rapport aux autres, ceci de deux façons: premièrement elle se concentre sur les effets et l’efficacité par rapport au contexte extérieur et deuxièmement, elle fournit un aperçu plus étendu, pour pouvoir mieux expliquer et/ou mieux comprendre les questions relatives à «ce qui a fonctionné» et «ce qui n’a pas fonctionné». L’OFSP a une longue tradition dans l’évaluation de ses stratégies et ses mesures. L'article traitant du thème de l’évaluation de l’efficacité dans ce nouveau numéro de ‘spectra’, vous présente une vue plus détaillée de la fonction de l’évaluation à l’OFSP. Marlène Läubli Loud cheffe de la Section politique de recherche, évaluation et rapports OFSP


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«Un budget correct, du temps, de

Entretien avec Heinz Bonfadelli. Les autorités et les organisations non gouvernementales tentent, par le biais d par l’argent du contribuable, sont-elles vraiment efficaces? La pression omniprésente aux économies contraint les m l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), le professeur zurichois des sciences de la presse Heinz Bonfadelli et so permettant l’optimisation des campagnes. spectra s’est entretenu avec Heinz Bonfadelli sur ses expériences et les clés spectra: Posons d’entrée la question décisive: les campagnes ontelles le pouvoir d’influencer les choses en matière de santé?

Jörg Spieldenner nouveau chef de Division Programmes nationaux de prévention. Jörg Spieldenner, docteur en médecine, spécialiste de la prévention et des addictions, a pris la direction de la Division Programmes nationaux de prévention auprès de l’Office fédéral de la santé publique au début du mois d’avril.

N

é à Neunkirchen sur Saare, Jörg Spieldenner, 42 ans, a fait des études de médecine et a obtenu le diplôme de professeur de sport. Il a pratiqué la médecine en Suisse et a été expert et responsable de programme au sein d’un programme de la Commission européenne visant à la réduction de la demande en drogues dans 12 pays de l’Europe centrale et de l’Est. Avant de prendre les fonctions, en l’an 2000, de directeur de l’organisation non gouvernementale International Council on Alcohol and Addictions (ICAA), à Lausanne, Jörg Spieldenner a été délégué du gouvernement du Land SachsenAnhalt pour le secteur «Drogues et addictions» au sein du ministère de la santé. Après ces activités, Jörg Spieldenner est entré, en décembre 2003, comme professeur à la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale. Dans le cadre de ses fonctions, il était responsable de la formation dans les domaines des dépendances et de la politique sanitaire et sociale à la Haute Ecole Spécialisée du Valais à Sion, ainsi que des relations internationales. Il vient de finir un Master en économie et management de la santé à l’Université de Lausanne et a démenagé à Berne.

Contact: Jörg Spieldenner Chef de la Division Programmes nationaux de prévention Office fédéral de la santé publique 3003 Berne tél. secretariat 031 323 87 11 joerg.spieldenner@bag.admin.ch

Bonfadelli: Les avis ont évolué ces 20 dernières années. Longtemps, le pessimisme régnant ne permettait pas d’attendre des effets importants. Aujourd’hui, en revanche, on part du principe que les campagnes peuvent tout à fait être efficaces sous certaines conditions. L’une d’entre elle est la mise en œuvre, lors de la planification et de la conduite des campagnes, des connaissances scientifiques de base acquises entre-temps. Pouvez-vous nous citer des exemples de belle réussite? D’emblée je vous dirai que la campagne de prévention du sida de l’Office fédéral de la santé publique est un classique en la matière; mais d’autres campagnes sur le même thème, conduites à l’étranger, ont également remporté des succès remarquables. Ces campagnes doivent leur succès, d’une part à des messages simples et sans détour et, d’autre part, au fait

«

La campagne de prévention du sida de l’Office fédéral de la santé publique est un classique.

»

qu’elles ont bénéficié de l’accompagnement d’une recherche d’évaluation scientifique systématique grâce à laquelle on connaît leur efficacité. Par ailleurs, les campagnes ont été régulièrement optimisées au cours des années sur la base de la recherche en évaluation – par exemple en matière d’atteinte des groupes cibles ou de formulation des messages. Pour illustrer mes propos, je prendrai pour exemple la toute dernière campagne suisse LOVE LIFE STOP SIDA qui essaie davantage qu’autrefois de replacer la prévention du sida dans le contexte d’une sexualité épanouie. Donc, pour réussir, il faut faire passer des messages positifs? La recherche en évaluation a montré que la pratique qui a consisté pendant de longues années à bâtir des campagnes sur le spectre de la peur est à double tranchant. Les appels à la peur ont des effets négatifs ou des effets «à boomerang» s’ils sont trop martelés ou s’ils stigmatisent les groupes cibles de manière négative. Aujourd’hui on part davantage du principe qu’il faut aborder les groupes cibles en touchant leurs besoins, en soulignant le bienfait que leur apportera le nouveau comportement prôné par la campagne. La prévention du sida est donc un bon exemple pour vous, quels sont les mauvais? Ce sont des sujets que l’on n’aborde pas volontiers. Il existe naturellement des campagnes qui n’ont pas été conçues ou réalisées de manière optimale. En général, ce sont des

campagnes qui ne se concentrent pas suffisamment clairement sur des groupes cibles précis et dont les messages sont ambigus. On pourrait citer la campagne qui utilisait le fameux docteur D. Moniack pour diffuser des messages très ironiques. Une recherche d’accompagnement a toutefois démontré que l’ironie n’avait pas été comprise, et de loin, pas tous. Le danger réside souvent dans le fait que les planificateurs et les agences qui réalisent ce type de campagnes partent beaucoup trop de leurs propres connaissances préalables et occultent souvent le fait que les destinataires sont peut-être moins formés et peuvent mal interpréter les messages. Vous avez analysé les campagnes de prévention du sida, du tabagisme et de l’alcoolisme menées par l’OFSP pour votre étude. Quelle note donneriez-vous à STOP SIDA, à «ça débouche sur quoi?» et à «Fumer, ça fait du mal…_»? La meilleure note revient sans conteste à la campagne de prévention du sida qui utilise des messages à la fois concrets et nuancés en fonction des groupes cibles qu’elle veut atteindre. La prévention du tabagisme a enregistré, à mon sens, un certain changement au cours des dernières années. Pour moi, le transfert de la focalisation sur les fumeurs vers les personnes victimes du tabagisme passif est positif. Cette stratégie est de type plutôt social et évite la stigmatisation des fumeurs. Enfin, je placerai la campagne alcool au troisième rang, car je trouve qu’elle fait passer les messages les moins clairs. Il est vrai que l’environnement est probablement le plus difficile ici, à cause des associations économiques qui s’activent contre des campagnes susceptibles de mettre leurs revenus en danger. Dites-nous en quelques mots ce qui favorise le succès d’une campagne et ce qui l’entrave. Il y a un grand nombre de facteurs en jeu. Une condition essentielle du succès est sans doute de capter l’attention du groupe cible. Pour ce faire, les campagnes doivent disposer de budgets suffisamment dotés et d’un temps d’action suffisant. Les interventions brèves de deux ou trois mois n’apportent rien. L’émetteur et les communicateurs d’un message doivent être crédibles. La formulation des messages doit être positive, ac-

«

Les campagnes doivent disposer de budgets suffisamment dotés et d’un temps d’action suffisant. Les interventions brèves de deux ou trois mois n’apportent rien.

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cordant la priorité à l’humour au détriment du spectre de la peur. Les messages, simples et concrets, doivent atteindre des groupes cibles clairement définis par l’intermédiaire de médias et de canaux adaptés à leur si-

Heinz Bonfadelli

tuation. C’est ainsi que, pour atteindre les jeunes, on sera bien inspiré d’utiliser les spots au cinéma ou des médias qui ont du succès auprès des jeunes, comme l’Internet ou les SMS. Les messages intégrés dans un contexte de divertissement – comme une série télévisée – peuvent également être très efficaces. La publicité essaie bien d’atteindre directement son public par le biais du sponsoring avec ses messages. Pourquoi ne pourrait-on agir de même pour la prévention et la promotion de la santé? Quels facteurs sont-ils susceptibles d’entraver l’efficacité des campagnes? Des objectifs trop généraux, un public cible trop large et la planification et la mise en œuvre de campagnes sans avoir préalablement analysé la situation ni procédé ensuite à une évaluation sérieuse. En effet, seule la recherche en évaluation permet de tirer les leçons de ses erreurs et d’optimiser une campagne. Il y a étonnamment peu de campagnes dans le domaine de la promotion de la santé. Pourquoi? Le sujet est-il trop complexe? Je pense qu’une des raisons réside dans la légitimation dont les services de l’Etat ont besoin pour pouvoir conduire ce type de campagnes. Or, à ce jour, la majorité des offices n’ont été légitimés que dans un contexte lié à des problèmes de santé engendrant des coûts subséquents élevés pour la société, comme le sida, le tabagisme ou l’abus d’alcool. Les messages d’ordre préventif sont manifestement ignorés puisqu’il n’y a pas (encore) de problème visible. D’un autre côté, je pense qu’il y a aussi un problème de restrictions budgétaires qui fait que l’on organise des campagnes uniquement lorsque les problèmes sont brûlants.


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la crédibilité, du positif et de l’humour.»

des campagnes de communication, d’amener la population à éviter des comportements dommageable pour la santé. Ces campagnes, financées notamment mandataires à légitimer leur action et à planifier soigneusement les campagnes de prévention avant de les mettre en œuvre et de les évaluer. Mandaté par on collaborateur, Thomas Friemel, ont analysé le pouvoir des campagnes de prévention. L’ouvrage publié sur cette étude contient un outil pragmatique du succès. tuation du canton de Zurich à travers mon activité de recherche – j’ai pu observer ces dernières années une évolution en direction de messages plutôt préventifs qui tentent de guider la population vers un comportement soucieux de la santé dans les domaines de l’activité physique, de l’alimentation et de la détente. Le canton de Zurich a, par exemple, envoyé une brochure contenant des recettes de santé à tous les ménages.

La politique préfère donc éteindre les incendies plutôt que de les prévenir? Oui, jusqu’à un certain point. On différencie des mesures de prévention proactives et les mesures réactives. Malheureusement, c’est un fait que les campagnes réactives orientées sur la réduction des risques sont toujours les plus fréquentes. Il est temps que les choses changent. Au niveau cantonal – je connais la si-

Le livre Les institutions d’Etat et d’utilité publique mènent de plus en plus des campagnes de communication pour expliquer, éduquer ou modifier des comportements. Parallèlement, la science de la communication a développé les bases théoriques nécessaires et organisé des évaluations empiriques de ces campagnes. Le livre paru au mois de janvier 2006 qui traite des Campagnes de communication dans le domaine de la santé, présente une introduction systématique aux bases théoriques ainsi que les résultats empiriques de la recherche actuelle en matière de campagnes. Par ailleurs il montre, à l’aide d’exemples concrets, comment le savoir théorique en matière de communication peut être bénéfique à la planification concrète, à l’organisation et à l’évaluation de campagnes. Le livre se concentre sur le secteur de la santé ainsi que sur les sujets majeurs des dépendances et du sida. «Kommunikationskampagnen im Gesundheitsbereich» 50 pages, broché ISBN 3-89669-579-7, CHF 42.– UVK Verlagsgesellschaft, Constance

Quelle est la différence essentielle entre une campagne de publicité commerciale et une campagne en faveur de la santé? Les messages des campagnes de santé sont nettement plus complexes et le comportement du public cible plus difficile à influencer. Dans la publicité, il s’agit essentiellement de conduire les clients ou les clients potentiels à acheter certains produits, alors que dans le domaine de la santé il s’agit de modifier des comportements bien ancrés. Toutefois, les mécanismes d’influence sur les comportements sont, en gros, les mêmes. Il faut, tant pour les campagnes de publicité que pour les campagnes de santé, procéder à une analyse du problème, il faut, dans un cas comme dans l’autre, réfléchir aux groupes cibles que l’on veut atteindre, aux objectifs que l’on se fixe et aux stratégies que l’on utilisera. Les différences se situent au niveau de la légitimation de la campagne. Alors que dans la publicité les firmes agissent pour leur propre intérêt, l’action se situe, dans les campagnes de santé, dans l’intérêt du groupe cible et/ou de l’ensemble de la population pour combattre des comportements dommageables pour l’individu ou pour l’ensemble de la population (comme ceux qui induisent des coûts supportés par la collectivité). Les stratégies sont donc souvent différentes et les campagnes de santé ne rencontrent de véritable succès que s’il est possible de les associer à des mesures de communication, à des mesures législatives ou à des conséquences économiques. On peut lire dans votre livre que la conjugaison de campagnes d’information et de sanctions ou de menace de sanctions est prometteuse de succès. Oui, prenons l’exemple de la prévention du tabagisme: il est difficile de lancer des campagnes efficaces car, d’un côté, la population est sans cesse confrontée aux messages très puissants de la publicité pour le tabac et, de l’autre, par exemple, il n’y a toujours pas de zones non-fumeurs dans les restaurants. Ce dernier aspect pourrait améliorer de manière décisive l’efficacité d’une campagne de prévention du tabagisme.

Vous recommandez donc de renoncer aux messages chocs mais de recourir à la menace de sanction. Donc, une campagne contre l’alcool au volant ne devrait pas montrer de photos d’accidents graves, mais rappeler le risque de perdre son permis de conduire? Ce serait une bonne possibilité! En général, il n’est pas souhaitable de visualiser dans la campagne les comportements que l’on désire changer. Prenons l’exemple de la campagne alcool de l’OFSP, qui montre des verres d’alcool. Certes, ils sont très stylisés, presque abstraits, mais, idéalement, il vaudrait mieux représenter les comportements souhaités ou indiquer des possibilités de récompense. S’il existe aussi des thèmes consensuels, comme la lutte contre le sida qui fait l’unanimité, des campagnes comme celles contre l’abus de tabac ou d’alcool s’opposent frontalement aux intérêts des industries correspondantes. Il y a naturellement de gros intérêts économiques en jeu, ceux du commerce, de l’industrie et des associations concernées. L’industrie du tabac est même allée jusqu’à influencer la recherche. Fondamentalement, deux stratégies sont possibles: l’une consiste à intégrer les parties prenantes et à tenter de faire les campagnes avec elles, l’autre est la stratégie de la confrontation. En Scandinavie et aux Etats-Unis, ce type de campagnes qui

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Les campagnes de santé ne sont qu’un facteur d’influence parmi de nombreux autres, et ne seront donc efficaces que si elles sont intégrées dans un environnement approprié.

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d’adressaient à l’industrie du tabac ou révélaient avec quels moyens celle-ci tentait de manipuler la population, ont enregistré un relatif succès. Mais il s’agit d’un domaine juridiquement délicat dans lequel il faut prendre toutes les précautions nécessaires. Dans ce contexte, la question suivante s’impose: quelle est l’importance de la crédibilité de l’émetteur? La crédibilité est primordiale, elle accroît l’efficacité du message communicateur. Mais la crédibilité peut provenir de sources différentes: un communicateur habile peut augmenter la crédibilité – comme nous l’avons vu dans la campagne LOVE LIFE STOP SIDA, qui a eu recours à des personnalités du show-business. Mais on peut aussi recourir à des experts. Auprès des jeunes, les communicateurs habiles qu’ils idolâtrent et auxquels ils peuvent s’identifier auront le plus grand succès. Il faut toutefois prendre garde à ce que ces personnalités ne se détournent pas du message de la campagne à proprement parler.

Dans votre livre, vous avez développé un outil d’amélioration – la «boîte à outils», utilisable de manière tout à fait concrète dans diverses phases du projet pour améliorer la campagne. Cet instrument est-il déjà utilisé? La publication du livre repose sur un mandat de l’OFSP qui consistait à développer un instrument destiné à optimiser la planification et la surveillance des campagnes. Nous l’avons présenté à l’OFSP et avons rencontré un écho positif. A ma connaissance, l’instrument est déjà utilisé pour améliorer les campagnes en cours et lors de la conception des nouvelles campagnes. Par la publication du livre, l’OFSP a donné accès à l’instrument à un plus large public et j’espère que d’autres organisations – comme la SUVA ou Promotion santé Suisse – y recourront également. La pression économique tous azimuts induit un besoin accru de justification. Votre instrument peut-il conduire à une plus grande efficacité des campagnes compte tenu des fonds investis? Je suis convaincu que nous avons franchi aujourd’hui, dans le domaine des campagnes de prévention, un pas important par rapport à la situation d’il y a 15 ans. J’espère que notre publication contribuera aussi à accroître l’efficience des campagnes de santé. Mais il ne faut pas oublier que l’action des mesures de communication sur le comportement de la population demeure assez limitée. Les campagnes de santé ne sont qu’un facteur d’influence parmi de nombreux autres, et ne seront donc efficaces que si elles sont intégrées dans un environnement approprié, doté de conditions cadres légales qui posent des limites claires au comportement non souhaité ou récompensent un comportement favorable à la santé.

Notre interlocuteur Le professeur Heinz Bonfadelli, né en 1949, a fait des études de psychologie sociale, de sociologie et de sciences de la presse à l’Université de Zurich. En 1992, il obtient son habilitation avec une étude sur la recherche en matière de disparité des connaissances. Il est professeur extraordinaire à partir de 1994, puis professeur ordinaire depuis 2000 en sciences de la presse à l’Université de Zurich. Il place les priorités de son travail dans les domaines suivants: les enfants et les médias, la recherche sur le contenu des médias, la recherche sur l’action des médias, la communication en ligne, la communication de la science, de l’environnement et des risques.


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Egalité des chances pour les migrants Service Santé et intégration de Caritas. Mis en place il y a six ans par Caritas en Suisse orientale, ce service s’engage pour que les migrants aient un accès direct au système de santé suisse et puissent bénéficier d’un conseil, d’un traitement et d’un suivi appropriés à leur situation. L’Office fédéral de la santé publique prolonge de deux ans son soutien à un travail d’intégration qui a fait ses preuves.

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es populations migrantes sont défavorisées à plus d’un égard dans le système de santé suisse, notamment pour les raisons suivantes: ils ne sont pas suffisamment informés sur notre système de santé, les offres existantes tiennent trop peu compte de leurs besoins spécifiques et les

Nouveaux résultats en matière de recherche: «Gesundsein in der Migration» Des priorités de recherche fondamentale dans le domaine «Migration et santé» ont été définies dans le cadre de la stratégie de la Confédération «Migration et santé 2002– 2007». Suite à un appel d’offres, des chercheurs ont pu soumettre leurs projets sur ces priorités en 2003. Après sélection, l’OFSP a commandé la réalisation de neuf projets de recherche. Les résultats de l’étude conduite par l’Institut d’Ethnologie de l’Université de Bâle «Gesundsein in der Migration» font partie des derniers travaux publiés. Tous les travaux publiés peuvent être consultés sur le site de l’OFSP sous: www.bag.admin.ch > Politique de la santé > Egalité des chances > Migration et santé > Recherche > Recherche: projets.

professionnels de la santé n’ont que rarement la compétence transculturelle suffisante. Le manque de compréhension conduit fréquemment à des traitements inefficients qui, à leur tour, induisent une chronicité des pathologies. Afin de remédier à cette situation, Caritas Suisse a mis en place en l’an 2000, avec le soutien de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), le Service Santé et intégration en Suisse orientale (cantons SG, AR, AI, TG, SH et GR). Ce service s’adresse en premier lieu aux professionnels des secteurs de la santé, des affaires sociales et de la formation, mais aussi, en second lieu, aux décideurs et aux organisations actives dans ce domaine. Il est accompagné par un groupe de spécialistes de la région qui garantit en permanence l’adéquation du service avec les besoins locaux. Les coûts sont répartis entre l’OFSP (un peu moins de la moitié), les cantons, des fondations et Caritas elle-même. Dans la mesure du possible, les prestations de services sont facturées aux clients.

Améliorer l’intégration Le credo du service est le suivant: une personne saine peut mieux s’intégrer dans la société. Les migrants doivent pouvoir bénéficier d’un traitement adapté qui prend en compte leur environnement de vie, assure les traductions nécessaires, exploite les connaissances transculturelles et les réseaux existants. Cette manière de

Le service de Caritas contribue à éliminer les barrières linguistiques et culturelles.

procéder engendre des effets collatéraux positifs, notamment celui d’éviter des coûts inutiles liés à des traitements non adéquats. Autre effet positif: un traitement adapté à la situation individuelle des patients ne profite pas uniquement aux populations migrantes.

Connu et avéré Le rapport d’évaluation commandé à la Haute école spécialisée de Soleure/Suisse du nord-ouest, sur la phase pilote qui s’est étendue de 2000 à 2003, souligne le bon ancrage du service, la qualité des offres et des instruments d’information (notamment la newsletter), les offres pragmatiques de formation à l’interne ainsi

que le modèle de service régional. Le premier prix décerné par la fondation CSS qui, en 2004, a récompensé le projet de «Cours de préparation à l’accouchement pour migrantes», atteste la qualité élevée des offres du service qui s’efforce également d’entretenir une bonne liaison avec des organisations et des projets au niveau national – notamment avec le projet Migrant friendly hospitals MFH, la plate-forme Internet migesplus.ch ou les acteurs du secteur de la santé reproductive. Contact: Rahel Gall Azmat, OFSP 3003 Berne, tél. 031 324 10 39 rahel.gallazmat@bag.admin.ch www.caritas.ch/gesundheit

Prolongation de la stratégie «Migration et santé» Suite de la stratégie «Migration et santé». L’Office fédéral de la santé publique s’engage depuis plus de 15 ans dans le domaine «Migration et santé» en faveur d’un système de santé ouvert dans une société pluraliste. En 2002, le Conseil fédéral a entériné une vaste stratégie nationale «Migration et santé 2002 à 2006» qu’il a prolongée d’un an au mois de mai 2005. Il a également donné mandat d’élaborer une stratégie subséquente à partir de 2008.

L

a prolongation de la durée jusqu’à fin 2007 permettra de terminer correctement les projets en cours et d’intégrer les résultats de l’évaluation globale de la stratégie de la Confédération dans la reformulation d’une stratégie subséquente. L’élaboration de cette stratégie subséquente aura lieu sous l’égide de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), en concertation avec l’Office fédéral des migrations et de la Commission fédérale des étrangers. Elle s’appuiera sur les résultats de l’évaluation globale, du

monitoring de la santé de la population migrante en Suisse, de la recherche fondamentale dans le domaine «Migration et santé» ainsi que des tendances nationales et internationales et devra tenir compte des critères qualitatifs suivants: • prise en compte du besoin en mesures d’amélioration de la santé, du comportement sanitaire ainsi que de l’accès aux soins du/des groupe(s) cible(s). • Intégration des développements intervenus en matière de santé

Impressum

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«spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office.

Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et d’autres auteurs Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: Barbara Graf, Christoph Hoigné, privé, Campagnes OFSP Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3018 Bern

Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33 www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne hoigne@datacomm.ch Responsable de la commission de rédaction: Markus Allemann, markus.allemann@bag.admin.ch

Impression: Büetiger AG , 4562 Biberist Tirage: 7000 ex. allemands, 4000 ex. français, 1500 ex. anglais Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: Office fédéral de la santé publique, Section campagnes, 3003 Berne Tél. 031 323 87 79, Fax 031 324 90 33 kampagnen@bag.admin.ch Le prochain numéro paraîtra en juillet 06.

publique aux niveaux national et international en matière d’égalité des chances et de santé (essentiellement auprès de l’OMS et du Conseil de l’Europe). • Intégration des développements dans le secteur de la politique d’intégration suisse, comme l’intégration, la société pluraliste, la lutte contre la discrimination et la gestion de la diversité. Une première phase sera consacrée à l’orientation sur la base des docu-

ments définis, sur mandat de l’OFSP, par le Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population (SFM). Une seconde phase verra la formulation de la stratégie subséquente qui sera soumise au Conseil fédéral pour approbation au printemps 2007. Contact: Thomas Spang responsable Section Egalité des chances et santé, OFSP, 3003 Berne thomas.spang@bag.admin.ch

Tout simplement: Informations sur la mise en oeuvre de la stratégie «Migration et santé 2002 à 2007» de la Confédération A la fin du mois de mars, l’Office fédéral de la santé publique a résumé l’état intermédiaire de la mise en oeuvre de la stratégie «Migration et santé 2002 à 2007» de la Confédération dans une publication aussi brève que précise. Le vice-directeur de l’Office, Christian Affolter, a intitulé son éditorial «Sur le bon chemin»; six autres pages sont consacrées aux principales expériences, réussites et enjeux, articulés selon les cinq champs d’intervention prin-

cipaux «Formation», «Information, prévention et promotion de la santé», «Soins de santé», «Offres de thérapies pour personnes traumatisées du domaine de l’asile» et «Recherche». La publication peut être téléchargée en ligne sous www.bag.admin.ch > Politique de la santé > Egalité des chances > Migration et santé > Downloads.


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La Régie fédérale des alcools et la prévention Politique alcool et prévention. Le Conseil national veut transférer une partie des tâches de la Régie fédérale des alcools à la Direction générale des douanes et l’autre à l’Office fédéral de la santé publique. Cette apparente simplification serait toutefois un mauvais service rendu à la santé publique, car l’impôt sur l’alcool est l’instrument le plus efficace et le moins cher contre l’abus d’alcool.

L

e 8 mars dernier, le Conseil national a renvoyé au Conseil fédéral, par 98 voix contre 72, une motion de Jean-René Germanier, Conseiller national PRD valaisan, producteur de vin et de spiritueux. L’auteur et les cosignataires demandent que l’on étudie la possibilité de transmettre les tâches fiscales de la Régie fédérale des alcools (RFA) à la Direction générale des douanes et que l’on examine l’opportunité de confier les tâches de prévention à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP); ils demandent également la privatisation d’Alcosuisse, le centre de profit de la RFA, et la suppression du monopole d’importation sur les alcools dont la teneur est supérieure à 80% du volume. Le motionnaire estime que la restructuration de la Régie fédérale des alcools devrait permettre de réaliser des économies. Le Conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz a tenté, en vain, de s’opposer à cette motion. Une partie des questions aurait déjà trouvé réponse, une autre partie serait en cours de réalisation. Le Conseil fédéral n’attend pas de grandes synergies ni économies induites par la restructuration demandée. Lucien Erard, directeur de la RFA, estime qu’un argument économique sous-tend cette intervention politique demandant la suppression de la RFA: «La Régie fédérale des alcools est trop efficiente et trop dynamique pour les grands groupes industriels qui dominent le marché mondial des spiritueux. Ils préfèreraient être traités comme les producteurs de vin et de bière en matière d’impôts et de

restrictions du marketing et de la publicité.»

Imposer pour influencer Pour des raisons historiques, les spiritueux sont fortement taxés en Suisse, alors que la bière, le vin et les jus de fruits fermentés ne le sont que faiblement, voire pas du tout. Cette incohérence est source de critique récurrente: les spécialistes de la prévention demandent une imposition systématique de toutes les boissons alcooliques, adaptée en fonction du degré d’alcool, puisqu’il est scientifiquement démontré depuis longtemps que le prix exerce une influence considérable sur la consommation. En d’autres termes, les aspects fiscaux de la politique en matière d’alcool ne peuvent être dissociés des aspects préventifs, sans porter préjudice aux intérêts de la santé publique. Les débats actuels autour de l’impôt sur la bière (qui devrait rester un impôt pur, abstraction faite de toutes considérations d’ordre sanitaire) illustre clairement ce dilemme. «Comment dissocier la mission de prévention de la mission fiscale lorsque notre contribution à la prévention de l’alcoolisme passe précisément par le prélèvement d’impôts» regrette Lucien Erard. «Si l’OFSP devait reprendre la mission de prévention de la RFA, il lui faudrait prélever des impôts et contrôler le marché de l’alcool».

L’alcool n’est pas un bien de consommation ordinaire L’alcool n’est pas un bien de

consommation ordinaire, les spiritueux encore moins. Les pères fondateurs de notre Confédération avaient déjà été confrontés aux problèmes induits par l’abus de spiritueux. Leur réaction fut de frapper d’imposition les spiritueux les plus consommés, ce qui généra un recul massif de la consommation, à la grande satisfaction des patrons qui retrouvèrent des ouvriers performants, car sobres. Bien que la situation actuelle ne soit pas comparable à celle de la seconde moitié du XIXe siècle, l’abus d’alcool coûte plus de six milliards de francs par an à l’économie suisse; or, il faut reconnaître que seul le prix (et, donc, l’impôt sur les spiritueux) permet de «limiter» les dégâts à ce niveau.

Effet d’économie douteux L’impôt est le principal instrument de la prévention, toutes les études le prouvent. Prélever l’impôt sur les spiritueux est toutefois une tâche relativement complexe et coûteuse sur le plan administratif. Si l’on veut continuer à utiliser cet instrument de la politique sanitaire étatique de manière ciblée et si l’on veut garantir que les impôts soient véritablement acquittés, il faut disposer d’un service léger et efficace, disposant du savoir-faire indispensable sur les combinaisons optimales des différentes possibilités de contrôle dans le secteur des spiritueux. Seule la levée efficiente de l’impôt sur l’alcool garantit des recettes nettes de quelque 250 millions de francs par an. Selon Lucien Erard, «une certaine expérience est nécessaire pour percevoir les im-

pôts auprès de plus de 150'000 personnes qui distillent ou font distiller leurs fruits.» Pour assurer la même qualité de la perception des impôts dans le secteur des spiritueux, il faudrait donc transférer également l’entier de l’infrastructure vers un éventuel autre office. Les économies induites par un tel remaniement seraient donc limitées. «La RFA adapte en permanence ses activités et ses structures aux nouvelles situations et est capable d’identifier et de concrétiser les potentiels d’accroissement de l’efficience» assure Lucien Erard. Un regard sur les effectifs des dernières années le prouve de manière impressionnante: des 260 collaborateurs en poste en 1985, il n’en restait que 153 en 2005.

La bière: un problème crucial Quels sont les problèmes urgents en matière d’alcool pour le directeur de la RFA? «Le prix joue un rôle essentiel, surtout auprès des jeunes. En introduisant l’impôt spécial sur les alcopops, nous avons largement contribué à résoudre le problème; en revanche, nous avons un grave problème avec la bière. On trouve un demi litre pour moins de 50 centimes déjà dans le commerce. Si l’on veut s’attaquer efficacement à l’abus d’alcool chez les jeunes, il est urgent d’imposer plus lourdement la bière.» Contact: Anne Lévy responsable Section alcool, OFSP 3003 Berne, tél. 031 325 12 66 anne.levy@bag.admin.ch

Plate-forme commune pour l’aide en matière de dépendance Infodrog. Réunion des forces dans l’aide en matière de dépendances: la Centrale de coordination nationale de l’offre de thérapies résidentielles pour les problèmes de drogues (COSTE) et le Bureau suisse pour la réduction des risques liés aux drogues (BRR) deviennent la Centrale nationale de coordination des addictions.

I

nfodrog est la nouvelle centrale commune de coordination des addictions de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS). Son objectif est de contribuer au développement d’une offre d’aide diversifiée, qualitativement mesurable et facilement accessible aux personnes toxicodépendantes et de contribuer à la réduction des risques en matière. La décision de fusion a été déterminée, d’un côté par des raisons liées au contenu et, de l’autre, par des demandes de plus en plus insistantes souhaitant une organisation unique pour répondre aux questions professionnelles et de coordination dans les domaines des thérapies (ambulatoires et résidentielles) et de la réduction des risques.

Tâches variées Infodrog encourage et soutient, sur mandat de l’OFSP, la diversité, l’accessibilité, la qualité, le développement et la mise en réseau des offres dans le domaine des dépendances, tant au niveau de la Confédération, que des cantons, des communes et

des institutions. Les principaux domaines d’intervention concernent les piliers thérapie et réduction des risques, bien qu’il y ait également des liens étroits à entretenir avec les piliers prévention et répression: • Information et documentation sur les offres et leur développement dans le domaine des dépendances à travers la mise à disposition de matériel adéquat (bases de données, plate-forme Internet www.infoset.ch, brochures, manuels, etc.) • Conseil et soutien d’institutions ou de projets pour les changements de concept ou les questions de placement et de coordination • Collaboration ou lancement de projets liés à des thèmes professionnels actuels comme la qualité, le genre, la migration, l’indication, le financement, etc. • Amélioration de la collaboration entre les différents acteurs, par exemple à travers le soutien ou l’organisation de groupes de travail ou de journées nationales ou régionales. Par ailleurs, Infodrog offre, en tant que service indépendant, à disposition des clients, des patients, de leurs

L’équipe d’Infodrog: devant (de g.à d.): Ueli Simmel, Doris Samaniego, Alison Chisholm, Franziska Eckmann, Peter Menzi; en arrière plan: Roberto da Pozzo, Marianne König, Nicolas Dietrich. Absents lors de la photo: Patricia Broillet und Aline Keller.

proches, des professionnels des institutions résidentielles, des services ambulatoires ou encore des représentants des communes et des cantons des services de médiation en cas de problèmes ou de décisions litigieuses.

Fonds d’impulsion Sur mandat de l’OFSP et en étroite collaboration avec lui, Infodrog est

en outre responsable de la gestion du «Fonds d’impulsion thérapie et réduction des risques». L’argent de ce fonds permet de soutenir les projets et les innovations dans ces domaines. Contact: Infodrog, Eigerplatz 5 3000 Berne 14, tél. 031 376 04 01 office@infodrog.ch www.infodrog.ch


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Point fort: efficacité

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La fumée en moins, la vie en plus! Une nouvelle campagne pour le Programme national. Selon les dernières données du monitoring tabac, la consommation de tabac recule en Suisse. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en fait le sujet d’une campagne et adresse son «Bravo!» à tous ceux qui se sont impliqués pour créer des espaces sans fumée dans le sport, dans les écoles, dans les transports publics, dans les restaurants et sur les lieux de travail. quelques années. Les gens sont mieux informés des risques et des dangers présentés par la consommation du tabac et par le tabagisme passif. Les initiatives en faveur de la protection des non-fumeurs face aux atteintes du tabagisme passif sur la santé se multiplient, de même que celles en faveur de la protection des jeunes par une augmentation des prix, une interdiction de distribution et une réglementation de la publicité pour le tabac. Des interventions parlementaires ont été déposées dans presque tous les cantons, des lois sont préparées et, en partie, déjà appliquées.

L’OFSP réagit à cette évolution positive en réorientant sa campagne de prévention du tabagisme. Le nouveau logo «Bravo!» traduit ce qui se passe en maints endroits déjà et ce que de nombreuses personnes commencent à ressentir directement: moins de fumée, c’est plus de vie. En montrant des personnes qui ont créé des espaces sans fumée, la campagne illustre des réussites concrètes de la prévention du tabagisme et encourage l’engagement en faveur de la prévention. En d’autres termes, la

campagne assoit le changement de paradigme – la norme, c’est ne pas fumer. La nouvelle campagne présente une Suisse en mutation et félicite publiquement les classes qui ont volontairement renoncé au tabac, les entreprises qui ont déjà aménagé des lieux de travail sans fumée, les associations sportives qui s’engagent avec détermination pour un sport sans fumée, les transports publics et les restaurants sans fumée. Raphael Wicky et Tranquillo Barnetta, stars du football helvétique, ont prêté leur image à la campagne. Dans une première étape, aux mois de mai et juin, la campagne se présentera sous la forme de deux spots télé, six sujets d’annonces et du nouveau portail www.bravo.ch; la deuxième étape est prévue pour septembre-octobre.

vidence based medicine (EBM). On rappellera ici que ce mouvement, inspiré des travaux de l’épidémiologiste anglais Archibald Cochrane, vise à aider à une prise de décision fondée sur les résultats des révisions systématiques et des méta-analyses des interventions et des pratiques médicales. Ces analyses n’incluent en général que des études «expérimentales» conduites sur la base d’essais cliniques randomisés (Randomised controlled trials – RCT) qui visent à mettre en évidence et à quantifier les différences entre les «outcomes», positifs et négatifs, d’une ou plusieurs interventions sur un groupe «traité» par rapport à un groupe «témoin». La question de fond sera alors celle de savoir si, et dans quelle mesure, l’efficacité des interventions de prévention non médicalisée et de promotion de la santé pourra répondre au paradigme de la rationalité scientifique. Par exemple faudra-t-il renoncer à organiser des campagnes d’information sur les dépendances seulement parce que l’effet sur les comportements des populations cibles est presque négligeable, même si ces interventions pourraient produire un effet écologique important en terme d’information et de cohésion communautaire? Or, la santé publique oblige à une

constante redéfinition des problèmes qui, historiquement, n’ont jamais cessé d’évoluer: d’abord la lutte aux maladies infectieuses et la promotion de l’hygiène, puis les maladies chroniques dégénératives et aujourd’hui les pathologies liées à la précarisation et à la paupérisation de couches de plus en plus larges de la société. Si les effets des inégalités sociales sur le bien être sanitaire sont «evidence-based» les remèdes proposés par la promotion de la santé «classique», qui visent essentiellement la seule «responsabilité individuelle», ne le sont point. C’est ainsi que, par exemple, nous savons que, grâce à maintes recherches épidémiologiques, les pauvres fument davantage que les appartenants aux classes les plus aisées. Et pourtant on continue à proposer des campagnes antitabac tout public, tandis que la solution serait à rechercher dans une amélioration des conditions générales de vie de cette partie de la population au lieu de la culpabiliser. Il serait alors utile de se demander par exemple si le déplacement du financement vers la prévention primaire médicalisée et la prévention secondaire n’est qu’une conséquence de cette envie de tout placer sous le parapluie rassurant de l’ «évidence» statistique, en grande partie cuisinée «maison» par l’industrie pharmaceu-

Bravo – la nouvelle campagne

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a prévention du tabagisme a nettement fait bouger les choses en Suisse au cours des cinq dernières années: il y a moins de fumeurs, notamment parmi les jeunes. En 2001, les fumeurs représentaient 33% de la population en Suisse, en 2005 ils n’étaient plus que 30%. En 2001, 31% des jeunes de 14 à 19 ans fumaient, contre 25% en 2005. La Suisse affiche actuellement un taux de fumeurs quotidiens de 21%. L’opinion publique est davantage sensibilisée au sujet qu’il y a encore

Forum Quelle efficacité pour quelle prévention? Cette question est à l’ordre du jour depuis une dizaine d’années, c.à.d. depuis qu’un climat de réductions budgétaires dans les systèmes de santé publics s’est instauré au nom d’une rationalisation des prestations, des pratiques et des services medico-sanitaires. Il faut aussi souligner que le thème de l’efficacité des actions et des programmes de prévention primaire non médicalisée et de promotion de la santé préoccupe depuis longtemps les acteurs du secteur qui se posent une question, aujourd’hui centrale, pour assurer la durabilité de ces interventions, c.à.d. comment et avec quelle méthodologie faut-il évaluer l’efficacité des programmes et des actions? Il faut être clairs: là où cela est possible les programmes de prévention devraient être fondés et évalués sur la base de données probantes, comme le veut le paradigme de l’E-

Action «lieu de travail.sans fumée.» Avec le programme «lieu de travail. sans fumée.», l’OFSP, le secrétariat d’Etat à l’économie (seco) et l’association faîtière de la branche de l’assurance-maladie sociale (santésuisse) souhaitent encourager le plus grand nombre possible d’entreprises, en Suisse, à protéger leurs collaborateurs du tabagisme passif en mettant à leur disposition des lieux de travail sans fumée. L’action «lieu de travail.sans fumée.» propose une démarche pour devenir, dans un délai maximal de trois ans, une entreprise sans fumée. Les entreprises trouveront conseil et soutien dans la mise en place d’un espace sans fumée auprès des organisations de prévention et des services cantonaux. L’action est également soutenue par l’Union patronale suisse, par l’Union syndicale suisse et par Travail Suisse. L’action s’adresse aux petites, aux moyennes et aux grandes entreprises, ainsi qu’aux organisations et aux administrations. Les candidats participent à un tirage au sort de prix d’une valeur totale de 50'000 francs. Le délai d’inscription pour l’édition 2006 est fixé au 30 juin. www.lieudetravail-sansfumee.ch Contact: Sabina Müller porte-parole du Programme National de Prévention du Tabagisme, OFSP 3003 Berne tél. 031 322 95 05 sabina.mueller@bag.admin.ch

tique et les conférences de consensus qu’elle sponsorise, et dont les enjeux commencent aujourd’hui à être bien visibles: élargir les marchés et les profits en médicalisant la vie et la société et faisant peu à peu disparaître toute personne en bonne santé. Nous croyons que sans un nouveau cadre conceptuel et politique visant à agir sur les déterminants socio-économiques de la santé toute intervention de «santé publique» centrée sur les seuls «lifestyles» et facteurs de risque individuels ne représente qu’un alibi totalement inefficace. Cinq années d’espérance de vie séparent en Suisse les appartenants aux classes moins favorisées par rapport aux plus aisées bien que l’ensemble de la population, aisée et non, bénéficie d’un accès équitable à n’importe quelle prestation médicale. Les inégalités de santé ont une étiologie économique et sociale et les remèdes ne peuvent donc être qu’économiques et sociaux. C’est justement ici qu’il y a le vrai problème. On a encore besoin de savoir si la prévention est efficace? Gianfranco Domenighetti Professeur et chef de la section sanitaire au Département de la santé publique et des affaires sociales du canton du Tessin


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