Newsletter Prévention et promotion de la santé Avril – Mai 2008
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Nouvelle campagne de LOVE LIFE STOP SIDA Ne pas laisser la moindre chance au VIH/sida, c’est aussi ne pas perdre la tête dans des situations particulières – et penser au préservatif. C’est ce que rappelle la nouvelle campagne LOVE LIFE STOP SIDA qui, avec humour, plaide pour la protection y compris dans des situations exotiques. En effet, des études ont révélé que de nombreuses personnes contractent leur infection précisément dans des situations extrêmes – en vacances, en voyages d’affaires ou en sorties nocturnes.
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Egalité des chances pour la population migrante Un quart environ de la population suisse est d’origine migrante. Pour donner à tous les mêmes chances d’accéder au système de santé, la Confédération a lancé, en 2002, la stratégie «Migration et santé» dont la deuxième phase vient de commencer. La priorité sera donnée à l’intégration des migrants dans les programmes de prévention et de promotion de la santé, à l’amélioration permanente des compétences spécifiques en matière de migration du personnel de santé et à une meilleure utilisation des interprètes communautaires professionnels.
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Alliances contre la dépression
La dépression est une maladie aussi répandue que taboue dans notre société. La détecter précocement et la traiter pour soulager la souffrance des personnes concernées, de leurs proches et pour prévenir les suicides devraient être des priorités de la politique de la santé. De plus en plus d’Alliances contre la dépression se constituent dans les cantons pour intervenir auprès des personnes touchées par la maladie, des médecins généralistes, des multiplicateurs et du grand public.
Jusque sur la lune LOVE LIFE STOP SIDA – Campagne 2008. Selon une étude, de nombreuses nouvelles infections au VIH ont été contractées au cours d’un voyage d’affaires ou pendant les vacances. La campagne LOVE LIFE STOP SIDA rappelle, par des sujets positivement provocants, que les règles du safer sex s’appliquent sans exception – y compris dans des situations extrêmes. Faire l’amour en costume d’astronaute, dans une grotte ou suspendu à une liane… tout existe. Mais aucune circonstance, aussi exotique fût-elle, ne justifie de ne pas se protéger pendant le sexe. Tel est le message majeur délivré par la nouvelle campagne sida lancée le 31 mars dernier. La campagne s’appuie sur l’étude CH.A.T (CH = Suisse, A = Aids, T = Transmission, transmission du VIH en Suisse) menée en Comportement à risque malgré 2006, qui interrogeait les personnes faila stratégie de protection sant l’objet d’un diagnostic récent d’une infection au VIH sur les circonstances et 83% des personnes interrogées dans le cadre de l’étude CH.A.T. ont une idée le moment de l’infection.
très précise du moment et du lieu où elles ont pu s’infecter: pour 43%, dont 25% d’étrangers et 17% de Suisses, cela a eu lieu à l’étranger. Deux tiers des Suisses se trouvaient alors en voyage d’affaires ou en vacances. Les entretiens conduits avec les personnes touchées ont également permis de cerner, en outre, les raisons du comportement à risque et, donc, celles de l’échec des messages de prévention. Certaines personnes n’avaient tout simplement aucune stratégie de protection contre le VIH, ou une stratégie de protection insuffisante, selon la devise «je vois bien si mon partenaire est sain.» Mais l’élément déclencheur de la nouvelle campagne se trouve dans les affirmations d’autres personnes qui avaient développé une stratégie de protection sûre, mais
qui n’ont pas pu la mettre en œuvre au moment décisif, que ce soit sous l’influence de l’alcool ou de drogues, en raison d’une forte excitation, de sentiments débordants ou d’une confiance «mal placée».
De nombreux canaux pour un message La nouvelle campagne de prévention veut sensibiliser les personnes à ces situations particulières afin qu’elles puissent se protéger même dans un «cas extrême», par amour de la vie, et penser aux règles du safer sexe: 1. Pénétration – toujours avec une capote, 2. Pas de sperme ni de sang dans la bouche. Les sujets d’affiches sciemment exagérés, abordant les situations à risque des vacances, des voyages d’affaires ou de la
Prévention du VIH/sida: empêcher la généralisation de l’épidémie Réorientation du Programme national VIH et sida. En cours depuis 2004, le Programme national VIH et sida (PNVS) sera prolongé de deux ans sous une forme légèrement modifiée. Les mesures de prévention se poursuivent jusqu’en 2010 selon des axes définis. L’objectif du premier axe est de prévenir la propagation du VIH/sida dans la population générale. Si le nombre de nouvelles infections au VIH est, il est vrai, resté stable depuis 2002, et que le VIH touche relativement peu la population générale, empêcher une généralisation du sida restera une tâche permanente du travail de prévention tant qu’il n’y aura pas de vaccination possible et que la seule protection contre le VIH restera un comportement sûr. Une nouvelle mouture de la campagne LOVE LIFE STOP SIDA sensibilise, depuis avril 2008, la population générale pour maintenir la propagation du VIH/ sida en échec en Suisse. De plus, des mesures ciblées faisant partie du premier axe du programme national s’adresseront aux groupes spécifiques suivants:
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les jeunes, les travailleuses du sexe, les consommateurs de sexe tarifé, les voyageurs dans des pays à prévalence élevée ainsi que les populations migrantes.
Campagne médiatique focalisée sur «le cas extrême» La campagne LOVE LIFE STOP SIDA, dont l’efficacité est désormais avérée, revient avec de nouveaux sujets à l’intention de la population générale. Comme les précédentes, la nouvelle campagne lancée en avril 2008 a pour objectif d’ancrer la question du VIH/sida dans la conscience collective et de sensibiliser la population aux deux règles essentielles du sexe à moindre risque (safer sexe): jamais de pénétration sans capote, éviter le contact du sperme et du sang avec bouche et ce – c’est là que réside la nouveauté du message – y compris dans des situations particulières comme peuvent l’être les vacances, les voyages d’affaires ou les soirées bien arrosées ou accompagnées de drogues, dans lesquelles de nombreuses personnes négligent de se protéger. La nouvelle campagne s’adressent donc aussi de manière explicite aux voya-
geurs dans des pays à prévalence élevée. Les messages de prévention seront diffusés par le biais des tableaux d’information dans les aéroports et par les spots dans les avions, c’est-à-dire qu’ils accompagneront véritablement les voyageurs. De plus, le VIH/sida sera thématisé par les sites de voyage afin de sensibiliser la population de manière aussi large que possible sur le risque de contamination en voyage.
campagnes de prévention et qu’ils soient en mesure de se protéger correctement. Cette mesure est mise en œuvre par la Haute école pédagogique de Suisse centrale à qui l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a confié, en 2007, la mission de mettre en place et d’exploiter un centre de compétence «Education sexuelle à l’école». De la même manière, les populations migrantes issues de pays à basse prévalence en VIH ont des besoins particuAncrer le VIH/sida à l’école liers. Elles doivent pouvoir disposer faEn raison de leurs besoins spécifiques cilement d’informations sur les voies de d’information, les adolescents consti- transmission du VIH, les situations à tuent un groupe cible à part entière de risques et les mesures de protection l’axe 1. Leurs connaissances en matière dans leur langue. Des offres de traducsexuelle et notamment sur le VIH/sida tion linguistiquement et culturellement varient en fonction de leur niveau de appropriées doivent être mises à leur formation et de leur origine. La mesure disposition pour un conseil individuel. majeure consiste à intégrer l’éducation Don Juan: prévention pour les sexuelle dans les programmes scolaires travailleuses du sexe et les condans tous les cantons et à tous les nisommateurs de sexe tarifé veaux, et à dispenser une formation initiale ou continue appropriée aux ensei- Un homme sur cinq en Suisse a au moins gnants. L’objectif est que tous les enfants une fois par an des activités sexuelles de 12 ans connaissent les situations à avec des prostituées. Selon les informarisque en matière de VIH/sida, qu’ils tions recueillies auprès des travailleuses puissent comprendre les messages des du sexe, la demande en rapports non
En première ligne Les domaines de la nutrition et de l’activité physique recèlent un formidable potentiel de prévention. Les recommandations de l’OMS sont claires: la coordination des activités des différents partenaires et l’approche multisectorielle sont indispensables pour freiner le surpoids, l’obésité et les troubles du comportement alimentaire dans la population. C’est pourquoi il faut créer un contexte propice à la santé et renforcer la culture sanitaire de chacun en communiquant le plaisir qui peut exister à exercer une activité physique et à consommer une alimentation équilibrée.
vie nocturne, illustrent le caractère extrême des situations. Les spots TV et les annonces attireront l’attention du public sur d’autres situations «critiques», telles que les débordements euphoriques qui pourront avoir lieu lors de l’Euro 08 ou pendant des festivals en plein air. D’autres activités, ainsi qu’une bannière Internet viennent compléter la palette de messages. Contact: Norina Schwendener Section Campagnes norina.schwendener@bag.admin.ch
protégés est en augmentation. La contribution des consommateurs de sexe tarifé et des prostituées à la réalisation de l’objectif «empêcher la généralisation» de l’axe 1 du PNVS est donc décisive. Le projet Don Juan de l’Aide Suisse contre le Sida est un projet de prévention VIH/ sida mandaté par l’OFSP, qui s’adresse aux consommateurs de sexe tarifé depuis 1997 et s’inscrit dans le cadre de l’axe 1. Son objectif est d’accroître la conscience de prévention chez les clients des prostituées en les informant sur le VIH/sida et d’autres infections sexuellement transmissibles notamment à travers l’approche «face-to-face», c’est-àdire dans le cadre d’entretiens personnels avec des spécialistes de la question. Par ailleurs, Don Juan s’adresse aux exploitants d’établissements et aux travailleuses du sexe qui y exercent leurs activités, en leur fournissant du matériel d’information. Enfin, le site Internet www.don-juan.ch fournit aux consommateurs de sexe tarifé des informations sur le safer sex, sur les risques inhérents aux différentes pratiques sexuelles et sur les infections sexuellement transmissibles. Outre les activités de Don Juan,
«spectra» bulletin d’information sur papier, sur abonnement ou en ligne «spectra» est un bulletin d’information sur la prévention et la promotion de la santé de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Vous pouvez le lire, gratuitement: En version papier Tous les deux mois, nous vous ferons parvenir un exemplaire imprimé de spectra. Vous pouvez commander votre abonnement gratuit sous kampagnen@bag.admin.ch, ou par téléphone au numéro 031 323 87 79
d’autres objectifs sont définis dans l’axe 1: par exemple l’interdiction des offres de sexe à risque («unsafer sex») dans les médias et l’accompagnement des annonces de sexe par des annonces gratuites de LOVE LIFE STOP SIDA ou de Don Juan.
Réorientation du Programme national VIH et sida (PNVS) La nouvelle mouture du Programme national VIH et sida (PNVS) se compose de six projets dont trois appartiennent au domaine de la prévention; ce sont les «axes de prévention»: – empêcher la généralisation de l’épidémie au sein de la population – freiner la propagation du VIH dans les groupes à risque – éviter la transmission du VIH dans les couples stables sérodiscordants Dans ses prochains numéros, spectra présentera les deux autres axes de la prévention ainsi que les trois autres projets.
En ligne, au format PDF Vous pouvez, en tout temps, télécharger l’édition actuelle (ainsi que des éditions antérieures sous Archives) de spectra au format PDF sur le site Internet de l’OFSP. Rappel par courriel Pour ne plus manquer la sortie de spectra, vous pouvez vous inscrire et être tenu informé automatiquement par courriel de chaque nouvelle parution. Inscription, voir ci-après www.bag.admin.ch > Themen > Alkohol, Drogen, Tabak.
Liens utiles: www.bag.admin.ch/aids www.lovelife.ch www.check-your-lovelife.ch www.aids.ch www.wbza.luzern.phz.ch Haute école pédagogique de Lucerne/ Centre de compétence «Education sexuelle à l’école» www.don-juan.ch plate-forme d’information pour les consommateurs de sexe tarifé www.isis-info.ch plate-forme d’information des centres de consultation en santé sexuelle et reproductive en Suisse www.safetravel.ch conseils médicaux aux voyageurs
Les organisations non gouvernementales actives dans les domaines de la prévention, de la nutrition, de l’activité physique et de la santé en général – qui s’engagent pour le bien des personnes concernées dont elles plaident la cause aux niveaux politique et social – sont des partenaires importants pour la Confédération, aux côtés des cantons. Le débat autour de «Health & Wellness» a désormais gagné les milieux économiques aussi. La tendance aux denrées alimentaires favorisant la santé est à la hausse. Des partenariats destinés à promouvoir une offre de denrées diététiquement meilleures se mettent en place ou existent déjà (p. ex. contrats de licence entre la campagne «5 par jour» et différentes entreprises). La gestion de la santé en entreprise (qui tient compte du bien-être au travail) est incontournable aujourd’hui. Ainsi, une entreprise ne contribue pas seulement à réduire les coûts économiques, mais accroît également sa propre performance économique. La science n’est pas en reste, car elle livre les bases nécessaires à l’évaluation de projets ou de mesures, à l’identification des approches efficaces et aux adaptations éventuellement nécessaires. La collaboration entre les différents acteurs importants sera indispensable si l’on veut véritablement tenir compte des aspirations de santé publique dans l’esprit qui veut «faciliter les choix favorables à la santé».
Liliane Bruggmann Cheffe de la section Nutrition et activité physique Office fédéral de la santé publique
Contact: Roger Staub chef de la Section Sida roger.staub@bag.admin.ch
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« Nous sommes, comme les médecins et les écoles, souvent confrontés Entretien avec Franz Wyss, secrétaire central de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS), sur des points d’actualité dans les domaines de la prévention et de la promotion de la santé et sur la collaboration entre la Confédération et les cantons. spectra: Monsieur Wyss, où y a-t-il besoin urgent d’agir actuellement dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé? Franz Wyss: Je pense que la future loi sur la prévention et la promotion de la santé a la priorité absolue. Mais en dehors de cette loi, il existe toute une série de projets en cours qui nous occupent actuellement, comme le vaccin contre le virus du HPV et la lutte contre la rougeole. Mais la prévention du tabagisme, le dépistage du cancer du sein, la loi sur les épidémies et la santé psychique sont aussi en tête de notre liste de priorités.
Vous représentez les cantons. Y a-t-il des différences régionales en Suisse?
lutions très positives ont été atteintes à des vitesses différentes aux niveaux cantonal et fédéral. Avec un pilotage central, nous n’aurions pas autant avancé, car l’opposition au progrès est beaucoup plus forte au niveau fédéral que dans les différents cantons. La marge de manoeuvre générée par les possibilités de décisions décentralisées s’est donc
« Même là où l’Etat ne pouvait pas faire grand-chose, comme dans le domaine du tabac, l’OFSP a fait preuve d’une dynamique peu commune.» révélée très positive dans ce cas particulier. Ce sont deux exemples extrêmes, mais il existe toutes sortes de situations entre les deux. C’est ce qui a été très bien thématisé dans le cadre des débats sur la nouvelle loi de prévention et de promotion de la santé: il y a toujours deux côtés et la centralisation à tout prix n’est pas la panacée. Il faut jouer avec les possibilités offertes par la conjonction de décisions centralisées et décentralisées.
Oui. Par exemple, la Suisse romande et le Tessin affichent une sensibilité plus Le Parlement est-il plutôt un élevée aux questions de la prévention et ralentisseur pour les évolutions de la promotion de la santé, comme en dans le secteur de la santé? témoigne la question de la mammographie. Tous les cantons romands ont mis Non, on ne peut pas dire cela. Dans le sur pied des programmes de dépistage, cas de l’assurance-maladie, par exemmais en dehors de la Suisse romande, ple, cela n’est absolument pas exact. c’est le désert. C’est sans doute une A votre avis, l’Office fédéral de la question de mentalité: la Suisse latine santé publique (OFSP) est-il démontre une plus grande confiance plutôt un moteur ou un frein en dans la médecine et la pertinence d’une la matière? telle campagne que la Suisse alémanique. C’est indiscutablement un moteur. MêIl y a donc de grandes différenme là où la Confédération ne pouvait ces entre les régions et les canpas faire grand-chose, comme dans le tons. Est-ce un argument pour domaine du tabac, l’OFSP a fait preuve tendre à la centralisation des d’une dynamique peu commune. Il en soins médicaux? va de même pour une série d’autres suD’une manière générale, je me méfie de jets, comme l’alcool, l’alimentation et la centralisation. Mais il faut être nuan- l’activité physique, la santé psychique et, cé. La loi sur les épidémies, par exemple, bien sûr, les maladies infectieuses telles prouve que certaines activités et mesu- que le VIH/sida. res incombent à l’Etat et doivent être réQuelle forme prend votre glées au niveau national. Là où le contexcollaboration avec l’OFSP? te international l’exige – en cas de maladies contagieuses par exemple – la Des formes très variées. Parfois l’OFSP propose certains sujets que nous devons traiter au sein de nos organes et qui se« La Suisse romande et le ront ensuite inscrits à l’agenda politique. Tessin affichent une sensiC’est le niveau plutôt formel et officiel. Il existe ensuite des formes de collaborabilité plus élevée aux questions de la prévention et de tion dictées par la situation : par exemple, la collaboration concrète dans le cala promotion de la santé. La dre du développement et de l’exécution Suisse latine démontre une de programmes où nous sommes, en plus grande confiance dans tant que représentants des cantons, très fortement intégrés dans les groupes de la médecine que la Suisse travail de la Confédération; la collaboraalémanique.» tion dans le cadre de certains programmes à long terme tels que la lutte contre centralisation de certaines mesures se les pandémies où nous collaborons, ausjustifie davantage que dans d’autres do- si bien le secrétariat de la CDS que de maines. nombreux représentants des cantons, Par ailleurs, nous voyons, comme dans dans des groupes de travail; et puis il la prévention du tabagisme, que les évo- existe un nombre assez élevé de contacts
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spontanés et informels sur des questions actuelles à divers niveaux, du niveau de l’employé spécialisé à celui de directeur, comme dans le cadre des programmes élaborés, préparés ou déjà menés par la Confédération. Tous ces échanges sont très importants pour nous et maintiennent une collaboration fructueuse dans les programmes actuels sur l’alimentation et l’activité physique, le sida, le tabac ou l’alcool.
Les programmes que vous venez de mentionner ont tous été relancés ou remaniés. Avez-vous participé à leur conception dès le départ avec l’OFSP? Oui, mais à des degrés divers et pas toujours au même niveau. Ces dernières années, il est finalement passé dans les moeurs d’intégrer systématiquement le secrétariat de la CDS lors du développement de ce type de programmes. Mais, pour des raisons de capacité, nous ne pouvons pas toujours être très actifs; toutefois, les représentants des cantons collaborent, eux, toujours activement. Naturellement, lorsqu’il s’agit de lois, nous sommes toujours présents. Les exemples actuels sont la révision de la loi sur les épidémies et la loi sur la prévention et la promotion de la santé auxquelles nous avons activement participé.
trouvaient dans une situation très difficile et disposaient d’une marge de manœuvre très étroite face à la législation, la ratification des conventions internationales, l’opposition politique au Parlement etc. Dans ces conditions, la manière dont les travaux ont avancé – dont la Confédération nous a livré des impulsions, à la CDS et aux cantons – a été remarquable. Je me souviens du courrier du chef du DFI aux autorités cantonales, dans lequel il indiquait qu’il serait judicieux de faire avancer les cho-
« L’extrême hétérogénéité des situations et des intérêts des cantons empêche de définir une position commune des cantons, tout simplement parce qu’il n’y en a pas.»
ses dans les cantons au niveau de la prévention du tabagisme, bien que le Parlement fédéral traite des projets sur la même question. J’ai trouvé cette action très positive et utile. Les maladies infectieuses sont un autre exemple. Malgré les très nombreux points de friction et les difficultés entre la Confédération et les représentants des cantons, je pense que, dans l’ensemble, les activités dans ce domaine ont été étonnamment fructueuses. Le Pouvez-vous nous donner un contact direct entre l’OFSP et les autoriexemple de collaboration optités cantonales, notamment les médecins male entre vous et l’OFSP? cantonaux, est très bien établi et intense Je ne crois pas qu’il existe un tel exem- et génère un grand nombre d’activités ple. Mais il y a des exemples pour les- positives, malgré les nombreuses quels, compte tenu des conditions et des confrontations. Mais ces dernières sont possibilités, les choses se sont compara- dues en partie à l’extrême hétérogénéité des situations et des intérêts des cantons qui empêche de définir une position commune des cantons, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Je voudrais terminer par la santé psychique. Bien que les résultats atteints dans ce domaine soient plutôt modestes, nous sommes satisfaits d’avoir réussi à porter cette question sur la liste des priorités de la «Politique nationale de santé». Nous n’aurions jamais atteints ces résultats si l’OFSP ne nous avait pas donné les bonnes impulsions au bon moment.
La politique nationale de la santé a 10 ans maintenant. L’institution de la CDS a été … ... créée en 1919. Et la collaboration avec l’OFSP a toujours été forte. A tel point que les procès-verbaux de la CDS étaient systématiquement, jusque dans les années 1930, publiés dans le bulletin de l’OFSP. La CDS a son propre secrétariat à Berne depuis 1978. Nous l’avons massivement étoffé pendant la deuxième moitié des années 1990 et sommes passés de 3,7 à 11 postes. Aujourd’hui, nous accordons une grande importance tivement bien déroulées. J’ai déjà men- à l’image de la CDS auprès du public et tionné la prévention du tabagisme qui des médias. C’est pour nous le moyen m’a laissé une impression très positive d’être mieux perçus, ce qui nous permet dans l’ensemble. En effet, la Confédéra- d’assumer un rôle plus important, y tion, et tout particulièrement l’OFSP, se compris envers le Parlement fédéral.
à un éparpillement de programmes parallèles dans divers domaines.» En 1919, la CDS était pour ainsi dire le bras de l’Office fédéral. S’est-elle, depuis, émancipée en une institution à part entière?
programme de prévention de l’alcoolisme et à un programme alimentation et activité physique. A nous ensuite de rassembler les morceaux et d’en faire un A vrai dire, elle a toujours été les deux à tout cohérent dans notre quotidien. la fois. Il y a toujours eu cette tendance Les écoles sont impliquées dans tous ces à organiser et à positionner les cantons programmes; aux autorités scolaires et face à la Confédération tout en encoura- au corps enseignant de traiter concrètegeant la collaboration avec la Confédé- ment tous ces sujets qui leur arrivent – ration. Avec toujours la priorité à l’OFSP. tâche complexe s’il en est. Cela frise Mais il y a eu aussi la collaboration avec parfois l’intolérable. C’est comme chez le service de santé de l’armée. De même pour la collaboration avec les autorités de la formation. Elle joue aujourd’hui un rôle particulièrement important, car la responsabilité de la formation professionnelle incombe désormais à l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie et plus à nous.
sera impliqué? La CDS pourrait assumer un rôle d’avocat important. Ne nous berçons pas d’illusions. Voilà des années que nous essayons de donner plus de poids à cette idée du traitement de la politique de la santé par delà les secteurs et les départements, jusqu’ici avec peu de succès. A vrai dire, tous les efforts ont toujours échoué, y compris ceux de l’OFSP. Par exemple, un groupe
Considérez-vous la collaboration entre la CDS, la Confédération et l’OFSP comme un partenariat? Dans l’ensemble, oui. Nous avons bien sûr aussi des conflits et des divergences d’opinion, ce qui transparaît dans nos prises de position, c’est inévitable. Mais dans l’ensemble, il existe un bon partenariat, aussi bien avec le Département fédéral qu’avec l’OFSP.
Où voyez-vous un potentiel d’optimisation? Dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé et dans la coordination des différents programmes. Nous avons, comme les médecins et les écoles, souvent un sentiment d’éparpillement de programmes parallèles dans divers domaines qui nous arrivent ensuite tous dessus. En d’autres termes, des thèmes pour nous indissociables nous parviennent séparément et sans coordination. Par exemple, nous sommes confrontés à un programme tabac, à un programme sida, à un programme de prévention des dépendances, à un
Nos premiers partenaires sont, bien sûr, ceux qui appartiennent à notre environnement professionnel, c’est-à-dire les délégués à la promotion de la santé et les médecins cantonaux. En revanche, puisque la responsabilité du domaine de la politique en matière de drogues incombe à la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales et pas à nous, nous n’avons que des rapports ponctuels sur ce sujet et collaborons très peu avec les délégués des cantons à la question des dépendances. C’est peut-être un point faible à reconsidérer tous ensemble. Mais cela dépend aussi des concepts et de la législation
« Notre Comité directeur s’est explicitement prononcé en faveur d’une nouvelle politique en matière de drogues, et a notamment salué les propositions de la commission van der Linde.»
Que va apporter la Maison des cantons, sise à la Speichergasse à Berne, où vous emménagerez le 24 juin? Le positionnement des cantons vis-à-vis de la Confédération en sera-t-il renforcé? Oui, on peut le supposer, car le regroupement des secrétariats de la plupart des Conférences des directeurs facilitera sensiblement la collaboration. Mais la Maison des cantons jouera probablement un rôle encore plus important en tant que lieu de rencontre. C’est déjà un peu le cas ici, où la Conférence des gouvernements cantonaux, celle des directeurs cantonaux des finances et la nôtre ont des locaux et des salles de réunion en commun. Les contacts naturellement accrus se répercutent favorablement sur la collaboration intersectorielle. La Maison des cantons apportera sans doute des effets de synergie au niveau administratif. Certes tout ne changera pas d’un jour à l’autre mais il y aura des répercussions au niveau du positionnement des cantons et, finalement aussi au niveau de la collaboration avec la Confédération.
Quels sont pour vous les principaux interlocuteurs?
Franz Wyss
de travail a, un jour, émis des propositions d’étude d’impact sur de compatibilité de santé à un niveau très modeste. Ces propositions n’ont même pas passé le niveau de notre Comité directeur. Mais je peux comprendre pourquoi les « Voilà des années que nous directrices et les directeurs cantonaux essayons de donner plus de de la santé ne sont pas enthousiastes. Ils poids à cette idée du traivivent quotidiennement la difficulté de tement de la politique de la s’entendre avec leurs collègues sur les santé par delà les secteurs et priorités et les méthodes de travail. Rien qu’à penser que toutes les affaires deles départements, jusqu’ici vront repasser par tous les départeavec peu de succès.» ments – comme pour les vérifications d’écocompatibilité – et seront réexamid’avoir une ou deux réunions par se- nées, ils sont saisis de panique. Panique maine avec les mêmes personnes des parce qu’ils ne comprennent pas pourcantons et de l’OFSP, chaque fois sur un quoi on organise un tel remue-ménage «autre» sujet. Mais, dans le fond, il s’agit autour de la santé, de l’égalité entre les de la même chose. C’est parfois pesant. hommes et les femmes, de la migration et que sais-je encore. Je ne sais pas moiNe pensez-vous pas que la loi même comment nous pourrons avancer. sur la prévention et la promotion Certes, nous voulons toujours tous nous de la santé, avec ses stratégies engager en faveur de mesures suprasecet ses objectifs nationaux, pourtorielles, mais j’ai mes doutes sur la suirait améliorer les choses? te des événements. Cela fait des années Je pense que cette loi posera au moins que nous essayons, sans atteindre de bonnes bases pour une amélioration. grand-chose. Mais gardons nous d’en attendre des Vous avez dit que certains sujets miracles. Il faudra encore beaucoup concernant divers secteurs d’efforts pour faire fructifier ces nouvelarrivent chez vous sous de multiles conditions cadres que je considère ples formes. Quid de votre collacomme très positives. le médecin, on repart toujours avec de nouvelles choses. A mon sens, il faut vraiment améliorer la coordination des programmes. Par exemple, il m’arrive
Si la «santé dans tous les domaines politiques» prévue dans la loi doit être mise en oeuvre, qui
boration avec d’autres secrétariats de Conférences telles que la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique?
qui s’imposeront dans le secteur des dépendances à moyen terme. Notre Comité directeur s’est explicitement prononcé en faveur d’une nouvelle politique en matière de drogues, a notamment salué les propositions de la commission van der Linde et dit que l’on devrait continuer dans cette direction. Je pense que, si les choses changent dans ce domaine et que les structures sont repensées, la question d’une intégration dans cette nouvelle conception pourra se poser pour nous et pour la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales, car il est évident que cette Conférence doit jouer un rôle important dans le domaine de la politique en matière de drogues. Nous entretenons une collaboration étroite avec elle. Et pour tout le domaine scolaire, nous collaborons avec la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique. Je pense que, précisément dans ce domaine, le regroupement des secrétariats dans la Maison des cantons pourrait conduire à des progrès.
Notre interlocuteur Franz Wyss est secrétaire central de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) depuis 1985. Né en 1948 à Wynigen (BE), il a grandi à Granges-Paccot (FR) et étudié à Fribourg et à Berne: les sciences sociales et économiques à Berne (lic. rer. pol. 1973); puis recherche et médias à Berne, Munich, Augsbourg. Il est secrétaire à la Conférence universitaire suisse et de la Commission de planification universitaire de 1974 à 1985. Membre de la Commission fédérale des stupéfiants et de la sous-commission «drogues» de 1985 à 1996, il est ensuite membre de la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida CFPS de 2000 à 2007.
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Sept questions et réponses sur la collaboration entre l’Office fédéral de
Petra Baumberger Responsable du secteur santé Conseil suisse des activités de jeunesse
Markus Theunert Psychologue FSP et journaliste BR Secrétaire général du Fachverband Sucht
Rosemarie Zapfl Présidente de la Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool, ancienne Conseillère nationale (PDC, ZH)
Quels sont vos principaux domaines d’activité et objectifs?
Le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), créé en 1933, est l’organisation faîtière d’environ 80 organisations de jeunesse en Suisse. Il représente leurs intérêts et ceux de la jeune génération auprès des administrations, des organes politiques et de la population. La mission principale et à long terme du CSAJ est de promouvoir la participation et le travail bénévole, deux thèmes concrétisés notamment à travers des projets tels que la Session fédérale des jeunes ou l’Action 72 heures. Les autres domaines de travail du CSAJ s’alignent sur les priorités politiques du moment. C’est ainsi que la prévention et la promotion de la santé ont fait leur entrée dans les préoccupations du CSAJ jusqu’à devenir très importantes aujourd’hui.
Le Fachverband Sucht, association de spécialistes des addictions en Suisse alémanique, représente 200 institutions de tout le domaine de l’aide en matière de dépendances. Son activité principale consiste à tisser des réseaux, à les développer ainsi qu’à s’engager activement en faveur d’une politique des dépendances cohérente et basée sur une approche professionnelle.
La Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool (CFPA) regroupe des experts du sujet et joue un rôle consultatif auprès du Conseil fédéral. La Commission veille à ce que les instances politiques tiennent compte, dans leurs décisions, des informations et des problèmes sanitaires importants en matière d’alcool. La CFPA s’engage avec détermination pour la reconnaissance des questions de stratégie en matière d’alcool auprès des milieux politiques, du public, de l’Administration et des milieux scientifiques.
Qui sont vos partenaires?
Les principaux partenaires du CSAJ sont ses organisations membres : leur nombre et leur diversité légitiment le CSAJ dans son rôle de porte-parole de la jeunesse. Pour inscrire des sujets concrets à l’agenda politique et pratiquer un lobbying dans des domaines particuliers, le CSAJ travaille en étroite collaboration avec le groupe parlementaire pour la jeunesse, avec la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse CFEJ ainsi qu’avec la Conférence des délégués cantonaux à la promotion de l’enfance et de la jeunesse. En la matière, des organisations apparentées comme Pro Juventute, Lobby Enfants Suisse ou l’Association faîtière pour l’animation jeunesse en milieu ouvert jouent également un rôle important. Dans le domaine de la santé, le CSAJ entretient des partenariats avec l’OFSP, l’OFAS ainsi que des contacts informels avec Promotion Santé Suisse et de nombreux services nationaux de prévention et de promotion de la santé. Le CSAJ est membre de la Communauté nationale de travail politique de la drogue CPD ainsi que de Public Health Suisse.
Notre premier partenaire est notre « pendant » en Suisse romande, le GREA (Groupement romand d’études des addictions). D’autres partenaires importants sont – outre les parlementaires et les partis – l’ISPA et infodrog, la Communauté nationale de travail politique de la drogue CPD, la Société Suisse de Médecine de l’Addiction (SSAM) et, bien sûr, l’OFSP…
La Commission se compose de membres d’horizons divers, élus par le Conseil fédéral, et qui poursuivent leur travail dans leurs associations ou leurs organisations respectives, actives dans le domaine de la prévention, des soins, ou de la recherche. La composition même de la Commission recèle donc déjà un potentiel de collaboration. Depuis un certain temps, la CFPA est également en contact avec la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues CFLD et la Commission fédérale pour la prévention du tabagisme CFPT pour débattre des défis futurs dans le domaine des dépendances. Enfin, la Commission s’engage aux côtés de l’OFSP pour la mise en réseau avec les cantons et organise les séances annuelles des PCAA (sessions d’échange pour les plans cantonaux d’action alcool).
Les réseaux sont-ils importants pour votre travail?
Ils sont primordiaux. Sans eux, le CSAJ ne pourrait pas assumer son rôle de défenseur des intérêts de la jeune génération auprès des administrations, des organes politiques et de la population. C’est pourquoi nous entretenons soigneusement ces contacts et les augmentons régulièrement, par exemple en participant ou en collaborant activement à l’organisation de manifestations politiques ou de réunions professionnelles. Mais s’ils sont importants au niveau national, les réseaux le sont aussi au niveau international où le CSAJ s’engage pour les intérêts des jeunes – par exemple à travers la représentation des jeunes à l’Assemblée générale de l’ONU (Youth Rep).
Très importants: le Fachverband Sucht se voit comme un maillon d’une grande alliance au service d’un développement basé sur une approche professionnelle de la politique et de l’aide en matière de dépendances. L’activité opérationnelle du secrétariat général consiste, pour l’essentiel, à gérer en permanence la communication et les recoupements à l’interne comme à l’externe. Nous voulons être un agent de liaison entre le monde professionnel et les milieux politiques.
Ce qui est important pour le travail de la Commission est que le savoir-faire des experts actifs dans les différentes organisations soit regroupé et que la Commission puisse présenter une vision interdisciplinaire des questions de politique en matière d’alcool. La collaboration avec les cantons est essentielle aussi, puisque ce sont eux qui assument la plus grande part de responsabilité dans la mise en œuvre des mesures prises en matière d’alcool.
Qu’en est-il de la collaboration concrète avec l’OFSP?
Le CSAJ collabore avec l’OFSP à plusieurs niveaux : – L’OFSP consulte fréquemment le CSAJ en tant qu’expert dans les questions de la politique de la santé des jeunes et lui donne la possibilité de s’impliquer en participant à des auditions dans le développement de nouveaux programmes importants pour la jeunesse. De plus, le CSAJ fonctionne comme plaque tournante entre l’OFSP et ses membres. – Ensuite, nous collaborons au niveau de projets concrets. Ainsi, le programme Voilà – Promotion de la santé et prévention des dépendances dans les associations de jeunesse – a bénéficié du soutien financier de l’OFSP et de son accompagnement professionnel. Il existe actuellement une collaboration similaire dans un projet de prévention de la consommation excessive d’alcool auprès des groupes de jeunes (pour l’instant uniquement en Suisse alémanique).
Le Fachverband Sucht travaille avec les sections Drogues et Alcool et tabac de l’OFSP dans le cadre de mandats de prestation. Nous sommes donc ici dans un échange permanent avec les responsables de l’OFSP. La proximité avec les professionnels dans les régions et la sensibilité politique créent une plus-value, par exemple dans le projet en cours qui vise la diffusion de modèles réussis de détection et d’intervention précoces. Par ailleurs, le Fachverband Sucht profite du matériel et des données de l’OFSP et de la recherche qu’il soutient.
La CFPA a été impliquée dans l’élaboration du Programme national alcool dont elle est donc coresponsable. De ce fait, il existe une collaboration très étroite et très bonne avec l’OFSP.
Qu’attendez-vous de l’OFSP comme partenaire?
Acteur politique défenseur des intérêts de la jeunesse, le CSAJ a à cœur que les décisions prises en matière de politique de santé tiennent toujours compte des conséquences possibles sur le bien-être des jeunes. C’est pourquoi nous souhaitons être pris au sérieux comme représentants de la jeunesse et consultés dans les questions qui concernent les jeunes. Mais pour mettre sur pied des projets innovants et les développer, le CSAJ reste tributaire de l’OFSP tant au niveau financier que professionnel.
En matière de dépendances, nous nous réjouissons du consensus qui existe entre l’Administration et les milieux professionnels, ce qui évite les débats sans fin. De même, en ce qui concerne les tâches d’administration de l’OFSP, nous apprécions le mélange pragmatique de pilotage et de modération, de direction et de participation.
Nous attendons la mise à disposition de documents et d’une compétence professionnelle. En tant que Commission, nous sommes tributaires du soutien administratif de l’OFSP.
Y a-t-il des points forts ou des faiblesses particuliers dans le travail avec l’OFSP?
Je qualifierai de point fort le rôle et le poids que l’OFSP accorde au CSAJ en tant que représentant de la jeunesse, en lui permettant par exemple de participer à des processus stratégiques, en le respectant comme expert et en le consultant dans les questions de santé de la jeunesse. Cette attitude exemplaire à l’égard de la jeunesse et de ses représentants fait honneur à l’OFSP.
Les processus complexes de l’Administration sont parfois difficiles à comprendre. Mais l’engagement personnel et total des collaborateurs responsables auprès de l’OFSP ne peut que nous faire oublier les difficultés rencontrées.
La bonne collaboration est un bon point. J’apprécie les informations basées sur une approche professionnelle et le soutien administratif qui permettent d’avoir des documents toujours très bien préparés et de conduire des séances de manière optimale.
Où voyez-vous un potentiel d’amélioration dans la collaboration avec l’OFSP?
En collaborant avec le CSAJ, l’OFSP rassemble des expériences importantes en matière de participation concrète des représentants de la jeunesse dans les processus politiques et stratégiques. Nous souhaiterions que l’OFSP rende cette forme exemplaire de collaboration accessible à d’autres offices fédéraux au titre de modèle de bonne pratique de la participation politique.
Les moyens administratifs investis dans la rédaction des rapports dans le cadre des mandats de prestation sont énormes. Des exigences moins élevées seraient les bien venues.
Je souhaite que nous fassions preuve, avec l’OFSP, de plus de courage dans notre engagement pour des processus de changement.
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la santé publique et les organisations partenaires.
Michel Graf, MPH Directeur de l’ISPA, Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies
Barbara Zumstein, lic. phil. Coordinatrice nationale du Réseau suisse d’écoles en santé
Daniel Bruttin Directeur de l’Aide Suisse contre le Sida
Francoise Dubois-Arber, MD, MSc. UMSP – Institut universitaire de médecine sociale et préventive
L’ISPA est actif depuis plus de 100 ans (!) dans la prévention des problèmes liés à l’alcool. C’est donc notre activité centrale, que nous continuons inlassablement de développer aux côtés des autres addictions. Nous voulons éviter que la consommation de substances psychoactives ne crée des souffrances et des dommages aux personnes qui consomment, à leurs proches et à la société. Toutes nos activités y contribuent, en synergie: recherche scientifique, prévention, aide directe, information et politique.
J’apporte mon soutien depuis 1997, en tant que coordinatrice nationale du RSES et sur mandat de l’OFSP et de Promotion Santé Suisse, aux écoles dans la mise en place d’un profil favorable à la santé. Information, conseil, newsletter, site Internet et gestion de la banque de données des projets, rencontres d’échanges d’expériences, journées d’étude et préparation de documents font partie de notre quotidien. Depuis quatre ans, nous accompagnons aussi les cantons dans la mise en place de leurs propres réseaux d’écoles. Au 1.1.08, l’OFSP nous a transmis la coordination de école + santé Réseau Suisse. L’objectif général est le suivant : faire de l’école un lieu d’apprentissage et de travail – avec des élèves et des enseignants en bonne santé afin de fournir la meilleure performance possible.
L’Aide Suisse contre le Sida (ASS) est l’organisation faîtière de 21 antennes cantonales et régionales ainsi que de 36 autres organisations actives ou engagées dans le domaine du VIH/sida. Nos objectifs sont les suivants : empêcher de nouvelles infections VIH, améliorer la qualité de vie des person nes touchées et de leurs proches, et renforcer la solidarité de la société à l’égard des personnes séropositives, de leurs familles et de leurs amis. L’Aide Suisse contre le Sida réalise des projets de prévention, notamment pour des groupes de population particulièrement exposés. Elle met à la disposition des personnes vivant avec le VIH/sida des informations de nature médicale et juridique, sous forme de brochures, de publications régulières et de consultations spécialisées.
La plus grande partie de nos activités est consacrée à l’évaluation de politiques publiques. Nous avons aussi développé une expertise dans le domaine de la recherche sur la sexualité.
L’ISPA a pour vocation de collaborer avec tous les acteurs de la recherche, de la prévention et de la prise en charge des problèmes de dépendance en Suisse: organismes et institutions cantonales, associations professionnelles, ONG, mais aussi universités et acteurs fédéraux. Nous collaborons aussi avec des partenaires du champ plus large de la santé publique. De plus, nous avons des collaborations internationales, en particulier en matière de recherche scientifique.
Pour pouvoir apporter un soutien optimal aux quelque 740 écoles membres, il est indispensable de collaborer avec les directions cantonales de l’instruction publique et des affaires sanitaires, avec les services du domaine de la promotion de la santé et du développement des écoles ainsi qu’avec les centres de compétence d’école + santé et d’autres institutions de promotion de la santé. Au total, nous collaborons avec une centaine d’organisations.
Notre partenaire majeur – dans le domaine de la prévention du VIH – est certainement la section Sida de l’OFSP. Mais dans le domaine de la vie avec le VIH/sida, nous travaillons aussi avec l’Office fédéral des assurances sociales.
Administrations fédérales et cantonales, organisations internationales (OMS, ONUSIDA, ECDC, etc), ainsi que ONGs.
Essentiel! L’ISPA collabore étroitement avec les acteurs locaux qui utilisent et diffusent la documentation de prévention conçue par l’ISPA. Nous souhaitons ainsi les soutenir dans leurs tâches via nos études scientifiques, nos concepts, nos documents informatifs et pédagogiques. Par ailleurs, l’échange d’expériences et de compétences est un enrichissement pour l’ISPA.
Certainement. Sans réseau, rien ne va. Toutefois ce qui est difficile, ce n’est pas de construire des réseaux, mais de ne pas s’y perdre. Sans fausse modestie, je pense que nous avons bien réussi jusqu’ici.
Les réseaux avec les organisations les plus diverses sont essentiels à notre travail. Il ne s’agit pas uniquement de réseaux dans le domaine du VIH/sida, mais aussi avec des organisations lobby, telles que la Conférence nationale suisse des ligues de la santé COLISA.
Le travail en réseau est très important pour nous.
Depuis plusieurs années, l’ISPA travaille en étroite collaboration avec l’OFSP sur toutes les questions liées à l’abus de substances légales et illégales. Nous menons pour l’OFSP des projets de recherche (épidémiologie, monitorage, expertise), sur des thèmes parfois élargis à d’autres aspects de santé publique. Ces projets de recherche et de diffusion de concepts et d’information sont réalisés en fonction des besoins stratégiques de l’OFSP. L’ISPA contribue à l’amélioration de la situation par des apports scientifiques et conceptuels, l’OFSP agit au plan politique. Nous sommes complémentaires.
L’OFSP est, avec Promotion Santé Suisse, notre donneur d’ordre. Dans le groupe de pilotage, c’est l’OFSP qui définit les objectifs stratégiques.
Avec l’OFSP, nous avons d’une part des échanges permanents informels, et d’autre part, des rencontres dans le cadre d’entretiens d’étapes formels au cours desquelles nous examinons la situation et le déroulement des projets de prévention convenus. Par ailleurs, la section Sida nous livre régulièrement des informations et suggestions positives pour notre travail.
La plupart des collaborations avec l’OFSP ont lieu sur des mandats d’évaluation ou lors du travail en Commissions ou groupes de travail.
L’ISPA, en tant qu’ONG, revendique sa liberté d’expression et son indépendance politique. En sa qualité de partenaire, l’OFSP respecte cela. Par ailleurs, l’OFSP joue un rôle essentiel de coordination et de facilitateur, avec une vue d’ensemble des différents partenaires cantonaux et nationaux, et ce au-delà du champ des addictions, ce qui est précieux.
Une promotion de la santé au sens de la Charte d’Ottawa – c’est-à-dire participative et orientée sur les comportements et les contextes – est une affaire à long terme et nécessite de la persévérance. C’est pourquoi la stratégie de l’OFSP en la matière devrait s’ouvrir sur un large horizon. L’ancrage des systèmes de soutien ad hoc – encore plus lorsque les ressources manquent à tous les niveaux – devrait être pensé en décennies et non en années.
Nous attendons avant tout un soutien conceptuel et politique dans notre travail, ainsi qu’une collaboration partenariale dans la mise en œuvre au niveau national des programmes de prévention du VIH/sida.
Un bon leadership en santé publique, une capacité de dialogue, l’ouverture, l’audace, la capacité de mettre en pratique les nouvelles connaissances acquises et les recommandations.
Dans une collaboration, il y a toujours des hauts et des bas. Parce qu’elle est faite de relations profess ionnelles et humaines ouvertes, notre collaboration avec l’OFSP favorise l’échange, le dialogue et la concertation, pour déboucher sur des solutions bénéfiques à la collectivité publique; c’est essentiel.
Nous avons connu quelques beaux moments au cours des dix dernières années – par exemple lorsque des interlocuteurs compétents à tous les niveaux de l’OFSP sont montés au créneau pour l’idée des écoles en santé. Bien sûr, il y a aussi eu des décisions difficilement compréhensibles – en tout cas de l’extérieur – comme les énormes et subites coupes budgétaires ou la soudaine orientation vers de nouveaux objectifs qui mettent les anciens en péril.
Je peux citer plusieurs grands moments : d’abord le programme national VIH/sida, élaboré par l’OFSP en collaboration avec les acteurs importants, et nous en particulier, qui est un modèle de collaboration, mais aussi de transparence du travail sur le sida à l’extérieur ; il y a aussi la manière dont la section Sida a rendu possible l’organisation de la grande campagne de prévention «Mission Possible» auprès des gays. Plutôt que de parler de faiblesses, je voudrais mentionner l’évolution en matière de prévention au sein de la Confédération. Il me semble que le succès de la prévention du sida a conduit à une sorte de mise à l’écart de la question dorénavant par le Parlement, avec pour conséquence possible, une recrudescence du nombre d’infections.
La plupart du temps, une relation de confiance sur le long terme.
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Je ne peux, en la matière, qu’exprimer des vœux : échange, écoute et transparence des décisions.
Je dirige l’Aide Suisse contre le Sida depuis une année au cours de laquelle j’ai vécu une collaboration intensive avec l’OFSP. Avec autant de projets en cours et de tâches à réaliser, il est évident que tout ne fonctionne pas toujours bien. De l’extérieur, j’ai l’impression que certaines structures rigides au sein de la Confédération ont tendance à freiner une exécution dynamique des tâches. Mais la section Sida, qui est notre principal partenaire, nous épargne bien des tracas. Donc pas vraiment de potentiel d’amélioration, plutôt le souhait que cette très bonne collaboration se poursuive.
Des contacts un peu plus suivis au cours des mandats
D’autres réponses en page 8
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Sept questions et réponses – les organisations partenaires de l’OFSP.
Lorenz Ursprung Chef Promotion du sport Office fédéral du sport; Macolin
Dr Jean-Luc Baierlé Médecin cantonal Canton Jura
Ueli Simmel Directeur d’infodrog Berne
Quels sont vos principaux domaines d’activité et objectifs?
L’Office fédéral du sport a pour mission de promouvoir le sport et l’activité physique en Suisse et son rôle positif, utile et nécessaire au sein de la société. Il offre une structure d’entraînement, de formation et de service au sport suisse ainsi qu’un centre de compétence en matière de recherche sportive.
La relation du médecin cantonal avec l’OFSP est à l’image changeante de ce qui se passe entre les Cantons et la Confédération. A cet égard, il est bon de rappeler que, tant au plan fédéral que cantonal, nous sommes à la fois les exécutants et les conseillers des femmes et des hommes politiques que nos concitoyennes et concitoyens ont élus afin d’assumer les tâches politiques que requiert la santé publique. La santé publique en Suisse est un enjeu majeur entre la Confédération et les Cantons, dont il faut toujours rappeler le rôle central en la matière. Les récents projets de lois actuellement en consultation ou en préparation, tels que la révision de la loi sur les épidémies ou le futuriste projet de loi sur la prévention en sont l’illustration. Et le médecin cantonal, généraliste de santé publique par excellence, se retrouve tiraillé entre les impératifs de la médecine de santé publique et ceux de la politique.
Infodrog est la centrale nationale de coordination des addictions mise en place conjointement par l’OFSP et la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS). Infodrog est née en 2006 de la fusion entre COSTE et le BRR. Nos activités se concentrent sur les deux piliers de la politique des dépendances que sont la thérapie et la réduction des risques. Nous traitons toutefois les questions importantes de la qualité, du genre, de la migration, des processus d’indication, du financement, de la promotion de la santé de manière transversale par-delà les limites traditionnelles des piliers définis. Le développement professionnel de chaque sujet et la mise en pratique concrète sont au centre de nos préoccupations. Nos principaux secteurs d’activité sont les suivants: conseil et soutien, information et documentation, médiation indépendante et fonds d’impulsion «Thérapie et réduction des risques» de l’OFSP.
Qui sont vos partenaires?
L’OFSPO travaille avec de nombreux partenaires au sein et en dehors du sport. Nous sommes un office fédéral et, à ce titre, la collaboration avec d’autres offices est essentiel le, ainsi qu’avec des services cantonaux et communaux actifs dans la promotion du sport et de l’activité physique, mais aussi avec des institutions telles que la CDIP. Enfin, nous travaillons avec des partenaires privés, comme Swiss Olympic et les associations sportives nationales.
Dans un domaine aussi complexe et interactif que la santé publique, il est bon que les responsables cantonaux et fédéraux se connaissent et apprennent à travailler ensemble; à cet égard, les (certainement nécessaires) restructurations qu’a vécues l’Office au cours de ces dernières années n’ont pas toujours facilité l’établissement de liens personnels-professionnels solides et durables, premises indispensables à toute bonne collaboration. Dans le système que nous connaissons et au sein duquel nous devons vivre et fonctionner, avoir en face de soi des personnes reconnues et avec lesquelles on a tissé des liens est un atout majeur. Sans citer de noms, j’en connais quelques-uns que je pratique et apprécie depuis des années, que ce soit dans le domaine des maladies transmissibles ou, plus particulièrement, dans celui des dépendances où un travail de longue haleine a pu être réalisé, par exemple dans la mise en place d’un concept novateur et prometteur tel que MedRoTox .
La collaboration avec des organismes, des associations et des organisations sur des questions touchant les drogues et dépendances est essentielle pour nous. Dans ces activités de mise en réseau, infodrog assume divers rôles et fonctions, en tant que membre actif de groupes d’experts, de travail et d’accompagnement, mais aussi en tant que participant invité dans des groupes professionnels. Plus précisément, infodrog est notamment représentée dans les groupes suivants: CPD-NAS, groupe de travail «collaboration avec la police» (ZuPo), CFAL, CDCT, CDVT, groupes professionnels du Fachverband Sucht, GREA, CRIAD, BeAK, groupes d’accompagnement dans des projets de niveau national et cantonal comme le groupe d’accompagnement du PNA, CT-GRAS, CIIS (domaine C), RPT etc. Nous entretenons également des contacts divers avec des représentants de notre milieu professionnel dans le cadre de notre activité d’information et de conseil.
Les réseaux sont-ils importants pour votre travail?
La promotion du sport et de l’activité physique est un thème transversal qui nécessite une bonne mise en réseau si l’on veut atteindre les objectifs fixés.
Au vu de ce qui précède, on comprendra que toute relation personnelle avec la ou le responsable d’une section, division, domaine d’activité quel qu’il soit est essentielle et qu’elle ait été parfois difficile à maintenir au cours des remaniements que nous avons vécus.
Infodrog encourage et soutient, sur mandat de la Confédération et en collaboration avec les cantons, la diversité, l’accessibilité, la qualité, le développement et la mise en réseau des offres de thérapie, de conseil et de réduction des risques. La collaboration au sein de groupes de travail, l’organisation de manifestations professionnelles et la réalisation des projets les plus divers sont notre contribution à une mise en réseau et une coordination efficaces.
Qu’en est-il de la collaboration concrète avec l’OFSP?
L’OFSP et l’OFSPO sont des centres de compétence de la Confédération qui assument une fonction de leadership dans les domaines de la nutrition, de l’activité physique, du sport et de la santé. Les deux offices sont liés par une bonne collaboration éprouvée au fils des ans. Une meilleure coordination permettra d’optimiser les priorités existantes nutrition/santé (OFSP) et sport/activité physique (OFSPO) dans l’optique d’une plus-value sanitaire pour la population. Les thèmes communs sont régulièrement traités et fixés au niveau de la direction. Pour illustrer notre collaboration, je citerai le PNAAP, le Fonds de prévention du tabagisme, des questions de législation, la promotion commune du réseau suisse Santé et activité physique hepa ou la publication commune de recommandations d’activité physique.
Une fonction pour moi fondamentale de l’OFSP est de collecter de l’information de toutes les parties du pays et de nous en restituer une synthèse intelligemment digérée; elle reste essentielle. Notre bon fonctionnement dans un système fédéraliste est à ce prix. Cela n’empêchera pas de se trouver en permanence dans un autre type de spannungsfeld -champ de tension, où la position du curseur entre le centre et la périphérie reste un enjeu permanent. Avec bien sûr 26+1 visions de la position idéale dudit curseur.
Infodrog développe des produits et des projets en consultation et souvent en étroite collaboration avec les interlocuteurs de l’OFSP. Nous entretenons des échanges très réguliers avec l’OFSP sur différents sujets.
Qu’attendez-vous de l’OFSP comme partenaire?
Qualité, compétence et transparence.
De l’OFSP, j’attends un soutien spécialisé, notamment au plan scientifique, de la formation continue, surtout pour un médecin cantonal de région plutôt rurale. Par ailleurs, j’ai toujours apprécié, et défendu l’idée, d’un OFSP initiant et soutenant (y compris financièrement) des projets novateurs, tels que le déjà nommé MedRoTox. Les impulsions et des aides financières au démarrage sont justifiées et nécessaires, et je fais partie de ceux qui considèrent que la reprise, à terme, de ces projets et de leur financement par les cantons est légitime et ne doit pas être vue comme un désengagement du pouvoir fédéral qui «laisserait tomber» les cantons. Même si, au vu du débat politique sur la péréquation financière, cela n’est pas toujours perçu de cette manière.
Que la collaboration puisse se poursuivre comme elle est: professionnelle, de haut niveau, orientée pratique, authentique, fiable, partenariale et constructive.
Y a-t-il des points forts ou des faiblesses particuliers dans le travail avec l’OFSP?
+: L’engagement personnel du directeur de l’OFSP en faveur du groupe de travail Recherche de la Commission fédérale du sport est très précieux pour la recherche sportive en Suisse. –: En période de changements de personnel, le flux d’information n’est pas toujours maintenu de manière optimale.
Dans certains domaines, l’interaction avec des structures clairement identifiées et des personnes de confiance ont permis la mise sur pied de réalisations durables. Dans d’autres, on peut craindre que certaines énergies se soient perdues dans les sables. A cet égard, j’évoquerai la ques tion de l’élaboration d’une politique nationale en santé sexuelle et reproductive, dans laquelle beaucoup d’énergie et de volontariat ont été dépensés, sans avoir toujours la conviction d’un soutien efficace. On pourra toujours dire que les bases légales et les compétences officielles n’étaient formellement pas suffisantes, mais il faut parfois oser et savoir avancer sans attendre d’être dûment mandaté pour le faire.
Certains thèmes et projets ont requis une collaboration étroite, parfois sur plusieurs années, avec l’OFSP, jusqu’au produit final. Le projet QuaThéDA, dans lequel infodrog a été impliquée depuis 1999 dans divers mandats et rôles est certainement un grand moment de collaboration. Bien que le processus d’élaboration de QuaThéDA ait nécessité de gros investissements en travail et en discussions, le résultat exerce une action considérable, majoritairement positive dans le domaine pour ancrer durablement le développement de la qualité.
Où voyez-vous un potentiel d’amélioration dans la collaboration avec l’OFSP?
... voir sous question précédente
Sans donner de leçon à quiconque, le portrait robot d’une santé publique suisse où le fédéral et le cantonal travaillent en réseau et en partenariat loyal et créatif se déduit aisément des éléments déjà évoqués. Mes années de pratique ne m’ont pas enlevé toute naïveté, et je reste convaincu qu’une collaboration Cantons - Confédération peut et doit se mettre en place au sein d’un réseau qui ose être parfois pro-actif et novateur; c’est non seulement possible mais indispensable. Pour construire et faire vivre un tel réseau, il faut non seulement des structures claires dont les interrelations sont bien définies, mais aussi des personnespartenaires clairement identifiées, et prêtes à oeuvrer ensemble à ce but commun.
Dans notre quotidien, les thèmes abordés par infodrog concernent diverses sections et touchent donc des compétences diverses à l’OFSP. Cette situation requiert une bonne communication entre les personnes, mais aussi au sein des organisations; pour éviter autant que possible les lacunes d’information, ou leur contraire que sont les doublons, nous pourrions être encore plus attentifs.
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spectra 68 Avril – Mai 2008 Partenariat
Le système de santé suisse s’adresse aussi aux migrants Stratégie «Migration et santé 2008 – 2013». La réussite de l’intégration repose sur un principe fondamental, l’égalité des chances, y compris en matière de santé. L’Office fédéral de la santé publique s’engage dans cette voie avec succès depuis 2002, dans le cadre de la stratégie «Migration et santé» dont la deuxième phase débutera cette année. Plus de 25% des personnes vivant en Suisse sont d’origine migrante. Elles affichent souvent un risque de santé accru, sont touchées par la pauvreté et le chômage dans une mesure dépassant la moyenne de la population suisse, et leur état de santé est, sous bien des rapports, plus mauvais que celui des Suisses. Une enquête conduite en 2004 dans le cadre de la stratégie «Migration et santé» a révélé que les populations migrantes souffrent par exemple plus souvent de douleurs chroniques, dues notamment à des années de travaux physiques lourds. De même, des infections telles que la malaria, la tuberculose et le VIH sont plus présentes dans ces populations dont l’état psychique est également moins bon que celui des Suisses. Les requérants d’asile se sentent fréquemment isolés, et nombre d’entre eux souffrent de séquelles de violences subies.
Une population migrante défavorisée Malgré un état général moins bon, les migrants ne recourent pas plus souvent aux prestations du système de santé, comme les soins médicaux, que la population autochtone. Un grand nombre d’entre eux manquent en effet de la culture sanitaire nécessaire ou sont défavorisés pour des raisons diverses telles que leur langue ou leur méconnaissance des possibilités d’accès aux
pour intervenir dans le domaine de la santé et créer un réseau de 40 «MigrantFriendly Hospitals» suisses avec la collaboration de H+ Les Hôpitaux de Suisse. Le monitorage de l’état de santé de la population migrante en Suisse a permis pour la première fois de mener une enquête de grande envergure sur la santé de la population migrante. Enfin, le site Internet www.migesplus.ch permet aux spécialistes de la santé d’accéder à des brochures dans les diverses langues des migrants et de les transmettre aux personnes venant chercher conseil.
La stratégie Migration et santé contribue à abolir les barrières linguistiques et culturelles
informations et aux prestations du système de santé. Inversement, le système de santé suisse reste mal équipé pour faire face à la diversité de la population migrante. Souvent, la capacité de reconnaître le contexte de vie des migrants fait défaut. De même, le personnel soignant est confronté à des pathologies et à des traumatismes spécifiques, rares en Suisse.
Projets fructueux dans la phase I Des projets d’amélioration au niveau sanitaire, visant la population migrante ont vu le jour sous l’égide de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) au cours de la première phase de la stratégie «Migration et santé» (2002 – 2007). Certains ont été particulièrement fructueux. Ainsi quelque 500 interprètes communautaires ont pu être formés
Des économies à long terme
A travers sa stratégie «Migration et santé », la Suisse s’aligne sur des standards internationaux tels que les objectifs de l’OMS, les recommandations du Conseil de l’Europe et la Déclaration de Bratislava. Le thème de la migration et de la santé est une préoccupation majeure de la Confédération, en particulier du fait que le postulat de l’égalité des chances est inscrit dans la Constitution et constitue un leitmotiv de la politique nationale d’intégration. Les investissements en faveur de l’égalité des chances pour la population migrante ne sont pas uniquement une question de noblesse d’esprit. Feu vert pour la phase ll Les spécialistes sont convaincus qu’un L’OFSP a mis au point la stratégie renforcement de la promotion de la san«Migration et santé» phase II (2008 à té et de la prévention auprès de la popu2013) en collaboration avec l’Office fé- lation migrante et une amélioration des déral des migrations et la Commission compétences transculturelles du perfédérale des étrangers en se fondant sonnel de santé conduiront à des éconosur les expériences faites durant la mies à long terme. phase I et en tenant compte des recomContact: Thomas Spang mandations de l’évaluation. La stratégie responsable du Programme national a été approuvée fin juin 2007 par le Migration et santé Conseil fédéral. Ses principaux objectifs thomas.spang@bag.admin.ch sont les suivants: – Les programmes de promotion de la santé et de prévention intègrent la population migrante. «Migration et santé – Résumé – Les personnes migrantes disposent de la stratégie fédérale phase ll d’informations et de compétences (2008 à 2013)» suffisantes pour pouvoir adopter La publication de 32 pages donne un un comportement favorable à la aperçu des mesures prévues et de santé. l’historique de la question de l’égalité – Le personnel de santé dispose de des chances en matière de santé. Elle est compétences spécifiques en matière disponible gratuitement en allemand, en de migration. français, en italien et en anglais sur le – Les interprètes communautaires site internet de l’OFSP professionnels sont davantage sollicités et interviennent en fonction www.bag.admin.ch > Services > Politique de la santé > Migration et santé. des besoins. – Les connaissances sur la santé de la population migrante sont complétées et mise à la disposition des milieux intéressés.
Recherche: les résultats en ligne Nouveautés à l’intention des utilisateurs. Les résultats des recherches menées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en matière de dépendances, d’alimentation et d’activité physique sont désormais plus rapidement accessibles en ligne sous www.bag.admin.ch/themen/ drogen.
parément sur les pages Internet de l’OFSP. Un sommaire interactif permet de s’orienter rapidement. L’objectif est d’atteindre une publication rapide des articles tout en augmentant la facilité d’utilisation. Les anciens articles seront eux aussi mis à disposition sous forme de documents individuels, en commençant par ceux publiés à partir de 2002. La page www.bag.admin.ch/themen/drogen est opérationnelle dès à présent. Depuis 1996, les projets de recherche en Ce nouveau service permet d’apprécier matière de dépendances auxquels le travail des chercheurs en matière de l’OFSP apporte son soutien financier dépendances, d‘alimentation et d’actisont documentés et publiés à la fois sur vité physique à sa juste valeur, et d’en papier (les recueils bleus désormais ouvrir l’accès à un large public. L’OFSP bien connus) et sur Internet (www.bag. espère donner ainsi une nouvelle impuladmin.ch/shop). A partir de cette année, sion au dialogue entre la recherche et les projets scientifiques concernant l’ali- la pratique. mentation et l’activité physique seront Contact OFSP: Sandra Villiger eux aussi documentés. Section Bases juridiques et scientifiques En outre, les contributions ne seront plus sandra.villiger@bag.admin.ch publiées par thème sous forme de rewww.bag.admin.ch/themen/drogen cueils bleus, mais seront disponibles sé-
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ll n’y a pas d’âge pour arrêter de fumer Journée mondiale sans tabac. Concours pour arrêter de fumer organisé pour la Journée mondiale sans tabac. La ligne stop-tabac offre son aide aux fumeurs désireux d’arrêter de fumer.
tierce personne qui confirmera l’arrêt du tabagisme. Un tirage au sort récompensera ces «témoins» à raison de 10 x 100 francs.
Arrêter de fumer: oui, mais comment? Par exemple en prenant part au grand concours national qui sera lancé lors de la Journée mondiale sans tabac le 31 mai 2008. Pour participer, les fumeurs et fumeuses doivent s’engager à ne plus fumer entre le 4 juin et le 3 juillet 2008. A la clé, un premier prix d’une valeur de 5000 francs et dix autres d’un montant de 500 francs chacun. Les inscriptions doivent parvenir à l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (www. at-suisse.ch ou tél. 031 389 92 46) jusqu’au à 3 juin 2008. Condition de participation au tirage au sort: le fumeur ou la fumeuse doit indiquer, sur le talon d’inscription, les coordonnées d’une
Nombreux sont les fumeurs qui, à plusieurs reprises, ont vainement tenté d’arrêter de fumer. Pour réussir, le choix de la méthode est très important. Les conseillères de la Ligne nationale stoptabac 0848 000 181, dotées d’une formation particulière, disposent de connaissances précises sur les différents moyens qui ont fait leurs preuves scientifiquement. Grâce à un entretien complet, ces conseillères aident le fumeur à trouver la méthode la mieux adaptée à ses besoins et qui tienne compte de sa situation personnelle. La ligne stop-tabac (en français, allemand et italien, du lundi au vendredi, de 11h à 19h, 8 centimes/min. sur le réseau
La Ligne stop-tabac 0848 000 181 est là pour vous aider
fixe) offre également un suivi à celles et ceux qui le désirent. Ces derniers pourront recevoir jusqu’à quatre appels téléphoniques et consultations au cours des différentes étapes qui jalonnent la désaccoutumance au tabac.
Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer
En 2006, 53% des fumeurs déclaraient vouloir arrêter de fumer (enquête suisse sur le tabagisme, 2006). Les motifs pour lesquels les fumeurs s’arrêtent ou souhaitent s’arrêter varient en fonction de Qui organise le concours? l’âge. Mais quelles que soient ces raiLe concours national pour arrêter de fu- sons, toutes et tous en retireront rapidemer est organisé par la Ligue suisse ment des bénéfices importants pour leur contre le cancer, la Fondation suisse de santé. Participer au concours national cardiologie et l’Association suisse pour peut vous aider à faire le premier pas. la prévention du tabagisme. Il reçoit le soutien financier du fonds de prévention Contact: Claudia Zbinden du tabagisme et de Nicorette©. La FédéAssociation suisse ration des médecins suisses (FMH), pour la prévention du tabagisme pharmaSuisse, la Société suisse d’odonclaudia.zbinden@at-schweiz.ch to-stomatologie (SSO), l’Association www.at-suisse.ch suisse des infirmières et infirmiers (ASI) et Swiss Dental Hygienists sont également partenaires de ce projet. Les centres cantonaux de prévention du tabagisme sont chargés de mettre en œuvre cette action dans les cantons.
« Il n’y a pas de solution miracle aux problèmes d’alcool, mais il y a des mesures efficaces» 5 questions à Lucien Erard. Fin mai, Lucien Erard quittera ses fonctions de directeur de la Régie fédérale des alcools qu’il occupe depuis 12 ans. Ce jurassien, dont l’engagement pour la prévention de l’alcoolisme est bien connu, est resté pendant 40 ans au service de la Confédération. Quelle évolution avez-vous pu observer en matière de politique d’alcool au cours des 10 à 15 dernières années, et quels enseignements peut-on en tirer? La Confédération, mais aussi les cantons ont pris mieux conscience des problèmes que peut poser une consommation abusive d’alcool. En réduisant à 0,5 pour mille le taux d’alcool au volant et en en renforçant le contrôle, ils ont clairement réduit la consommation et les risques sur la route. Par contre ils prennent progressivement conscience des nouveaux problèmes que pose l’alcool: bruit, désordres, violence. Ils s’inquiètent des effets de la libéralisation du commerce: l’alcool est devenu beaucoup plus facile d’accès, notamment le soir. Dans plus d’un millier de petits commerces et autres stations services où il est abondamment disponible et surtout bien meilleur marché que dans les cafés, les bars et les dancings. Les consommations à risque se sont sensiblement développées: chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, on boit plus, plus jeune, et souvent pour se soûler. Cette évolution est clairement encouragée par la libéralisation du marché, la baisse de 50 % de l’impôt (introduction du taux unique) et donc des prix des spiritueux importés, whisky, vodka, cognac et par l’arrivée sur le marché de nouveaux produits – premix et autres alco-
10 spectra 68 Avril – Mai 2008 Partenariat
pops – destinés à initier les jeunes – gar- res efficaces, les études scientifiques le prouvent: c’est l’augmentation du prix, çons et surtout filles – à l’alcool. et donc de l’impôt, auquel les jeunes Comment jugez-vous l’importan- sont particulièrement sensibles. C’est ce des différents acteurs, et en l’interdiction de la publicité. C’est éviter particulier le rôle des cantons? que l’alcool soit trop facile d’accès. Ces La Confédération et les cantons ne sont mesures sont difficiles à faire comprenpas restés totalement inactifs face à ces dre et accepter car elles touchent aussi développements. Une campagne d’in- ceux qui n’ont pas de vrais problèmes formation «Ça débouche sur quoi?» a d’alcool. sensibilisé la population. Des plans d’ac- La RFA a été créée à la fin du XIXe siècle tions ont été établis par la Commission pour lutter contre une consommation fédérale pour la prévention de l’alcoo- excessive d’alcool. Elle devait limiter la lisme puis par les cantons. Les autorités production d’eau-de-vie et en augmencantonales et communales, sensibili- ter le prix. Cela reste une fonction essées au problème, ont pris conscience sentielle, sachant que sans charge fisde leurs possibilités d’intervention: li- cale, on trouverait de la vodka à moins mitation de la publicité sur la voie publi- d’un franc la bouteille de 7 dl – c’est le que, réduction des heures d’ouverture, prix hors taxe auquel un discount la contrôle des ventes aux mineurs notam- vend. Aujourd’hui, si les jeunes se soûment. Le programme de Radix «Les lent, surtout à la bière, c’est qu’elle est communes bougent», financé par la clairement trop bon marché. Il n’est pas Confédération y a contribué. Le Parle- rare d’en trouver à moins de 50 cts le ment, en votant l’impôt spécial sur les demi-litre. alcopops a montré, avec efficacité, que Comment s’est passée la collal’on devait et pouvait fixer des limites boration entre l’OFSP et la RFA claires pour protéger les enfants. au cours des 15 dernières anLe Programme national alcool, préparé nées: y a-t-il eu des périodes en très larges consultations avec les mifastes? Des difficultés? Voyezlieux concernés, constitue une nouvelle vous un moyen d’améliorer cette étape, à la fois prise de conscience de collaboration à l’avenir? l’importance des problèmes que peut poser l’alcool et cadre d’intervention L’OFSP joue un rôle essentiel dans le dispour tous les acteurs de la prévention positif mis en place pour lutter contre la consommation problématique d’alcool: dans notre pays. il collabore au plan international avec Quel est le rôle de la RFA dans la l’OMS et l’UE et définit les éléments clés prévention de l’alcoolisme, ou, d’une prévention efficace. La RFA disen d’autres termes, quelle est pose d’instruments et d’un cadre juridil’importance accordée à la préque qui lui permettent d’intervenir vention contextuelle? concrètement sur le prix, la publicité et Il n’y a pas de solution miracle aux pro- le commerce des spiritueux. Le contrôle blèmes que pose l’alcool aux quelques du commerce est cependant de la com20 % de la population qui en consomme pétence des cantons, qui appliquent dangereusement. Mais il y a des mesu- également les dispositions de la législa-
tion sur les denrées alimentaires dont est responsable l’OFSP. Si des progrès ont pu être accomplis en matière de prévention, c’est incontestablement grâce à la collaboration étroite qui s’est développée entre l’OFSP, la RFA, les cantons et les organisations privées et en particulier l’ISPA. Au moment où s’organise la mise en œuvre du programme national alcool et se prépare une révision totale de la loi sur l’alcool, cette coopération constitue un facteur de succès essentiel.
Quelles sont les perspectives d’avenir de la RFA dans le cadre de la révision de la loi sur l’alcool? L’impôt sur l’alcool, le contrôle de la production, du commerce et de la publicité sont, on l’a vu, des tâches essentielles en matière de prévention de la consommation problématique d’alcool. Elles existent, et continueront d’exister, comme partout dans le monde. La RFA a su se réorganiser ces dernières années et continuera de le faire, notamment pour simplifier ses procédures de contrôle et d’imposition des quelques 13 000 de nos concitoyens qui continuent de distiller ou de faire distiller leurs propres fruits. Une révision de la loi sur l’alcool devrait permettre aussi de tenir compte de l’évolution des marchés, et notamment des nouveaux produits destinés avant tout aux enfants et aux adolescents, et d’adapter les mesures de contrôle du commerce aux différents types de produits alcooliques.
Les «Alliances contre la dépression»: une lueur dans la nuit Programme d’action contre la dépression et le suicide. La dépression est une maladie fréquente mais encore souvent tabou. Depuis 2003, des «Alliances contre la dépression» régionales se sont organisées en Suisse pour améliorer la détection précoce et le traitement de cette maladie et prévenir, ainsi, le suicide. Pour atteindre cet objectif, les alliances fondent leurs activités sur quatre niveaux: les médecins généralistes, le public, les multiplicateurs et les personnes concernées.
2 Campagnes d’information au public
1 Coopération avec les généralistes et formation continue
Objectif: Amélioration du dépistage précoce et structures de soins optimisées pour les dépressifs 4 Prestations aux personnes concernées et à leurs proches
3 Collaboration avec les multiplicateurs: p. ex. enseignants, prêtres, soignants
La dépression compte parmi les maladies les plus répandues. On estime que Graphique 1: le programme d’action à 4 niveaux des Alliances contre la dépression 5 à 7% de la population souffrent d’une dépression. Mais la maladie n’est souvent pas reconnue comme telle, elle est Mise en place prévue bagatellisée, mal comprise et occultée. En cours Pourtant, au même titre que le diabète ou l’hypertension, une dépression n’est Achevée pas l’expression d’une défaillance personnelle. Ce malentendu conduit à ne pas traiter la maladie, qui aurait pourtant la plupart du temps de très bonnes chances de guérison, épargnerait des souffrances inutiles aux personnes en péril et qui, dans le pire des cas, en arrivent au suicide.
Programme d’action à quatre niveaux
Programme de prévention du suicide
Population atteinte: env. 4 millions
Source: www.1x1.ch Les «Alliances contre la dépression» veulent abolir les préjugés et les malen- Graphique 2: Alliances régionales contre la dépression et le comportement suicidaire tendus à l’égard de cette maladie et informer davantage le public. Leur programme d’action repose sur quatre L’objectif de ce niveau d’intervention est d’autres milieux étrangers à la santé et niveaux d’intervention. de soutenir la formation de groupes à faire de la dépression un thème de déd’entraide et de les encadrer. Des offres bat public. D’autres «alliances» ont vu le 1 Coopération avec les généralistes spéciales s’adressent aux personnes jour depuis, dans les cantons d’Appenet formation continue ayant un comportement suicidaire et à zell Rhodes Extérieures, de Berne et de Soutien aux praticiens dans le diagnos- leurs proches. Lucerne. Les cantons de Bâle-Ville, de tic (à temps) d’une dépression et dans Genève, de Thurgovie et de Zurich étuUne idée née en Allemagne l’introduction d’un traitement approdient actuellement le lancement d’un prié. Les médecins sont informés régu- L’idée d’une «Alliance contre la dépres- programme d’action pour leur populalièrement des dernières découvertes en sion» vient d’Allemagne. Elle a été déve- tion. matière de diagnostic et de traitement loppée sur la base de «l’étude de GotSoutien aux «alliances» des dépressions et du comportement land» conduite dans les années 80 et qui suicidaire et reçoivent du matériel d’in- a démontré que la formation des méde- L’Office fédéral de la santé publique formation qu’ils peuvent distribuer à cins généralistes contribue fortement à (OFSP) et la Conférence suisse des direcdiminuer le taux de suicide. Un bémol trices et des directeurs cantonaux de la leurs patients. cependant: l’étude à révélé que l’effet santé (CDS) se félicitent de l’extension positif n’est pas durable. A la suite de du programme d’action et soutiennent 2 Information au public Les trois messages-clés du programme l’étude, une équipe de chercheurs de d’action (voir encadré) sont au centre de l’Université de Munich a développé l’accette mesure. Il faut informer le public tuel programme d’action contre la déde manière concrète et compréhensible pression et le suicide, désormais bien sur la maladie et les traitements possibles. établi, programme mis en œuvre pour la première fois en 2002 par «l’Alliance de Impressum Nuremberg contre la dépression». Quel3 Collaboration avec les multiplicaques régions allemandes, le Tyrol du sud, spectra Nr. 68, Avril – Mai 2008 teurs et les groupes-cibles Les figures-clés de la vie publique, telles l’Islande et d’autres pays ont ensuite dé- «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de que les pharmaciens, les journalistes, le marré des programmes similaires. la santé publique qui paraît six fois par an en personnel soignant, les enseignants, les français, en allemand et en anglais. Il publie prêtres, les agents de police ou autres, Le programme d’action a été présenté également des opinions qui ne coïncident pas sont des vecteurs idéaux pour sensibili- en Suisse en 2002, lors de la journée na- avec la position officielle de l’office. ser la population à la question. C’est tionale de travail sur la politique sanipourquoi il faut les informer sur la ma- taire de la Suisse. Dès 2003, le canton Editeur: Office fédéral de la santé publique ladie et, le cas échéant, les former à en de Zoug a lancé une phase pilote, avec 3003 Berne, Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33, www.bag.admin.ch un programme adapté aux situations lo- Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, parler. cales. Les promoteurs du projet ont Allmendstr. 24, 3014 Berne, hoigne@datacomm.ch réussi à toucher des familles, des écoles, Responsable de la commission de rédaction: 4 Prestations aux personnes concerdes institutions de soins ainsi que Adrian Kammer, adrian.kammer@bag.admin.ch nées et à leurs proches
les alliances de prestataires tant financièrement que professionnellement. L’OFSP a acquis pour la Suisse les droits d’utilisation du programme d’action jusqu’en 2021 et peut les céder gratuitement aux régions et cantons intéressés. De plus, l’OFSP et la CDS soutiennent les alliances par le biais d’activités interrégionales et d’échanges d’expériences aux niveaux national et international. Contact:Regula Ricka Section Stratégie et politique de santé regula.ricka@bag.admin.ch
Trois messages pour briser le tabou Chaque «alliance» en Europe fait passer les trois mêmes messages-clés pour lutter contre l’ostracisme qui frappe la dépression dans la conscience collective et abolir les malentendus. «La dépression a de nombreux visages» Ce message doit attirer l’attention de la population sur les symptômes variés d’une dépression afin de détecter une éventuelle maladie. Ces symptômes peuvent être les suivants: perte de plaisir, sentiment de vide intérieur, manque d’énergie, troubles de la concentration, insomnie, anxiété, apathie sexuelle et douleurs physiques multiples. «La dépression peut frapper chacun» La maladie est parfois précédée d’un événement traumatisant comme la perte d’un être cher ou un surmenage persistant. Elle peut venir de nulle part. Quoi qu’il en soit, elle peut toucher tout un chacun, indépendamment de l’âge, de la profession et du statut social. «La dépression se guérit» Les dépressions ne traduisent pas des échecs personnels et ne sont pas rédhibitoires. Les traitements médicamenteux et les méthodes psychothérapeutiques sont hautement efficaces. Mais on y recourt malheureusement encore trop rarement, car la dépression reste souvent masquée.
spectra online: www.spectra.bag.admin.ch Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et d’autres auteurs Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: BAG, Christoph Hoigné Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3006 Berne Impression: Büetiger AG, 4562 Biberist Tirage: 6400 ex. allemands, 3400 ex. français, 1050 ex. anglais Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: Office fédéral de la santé publique, Section Campagnes, 3003 Berne Tél. 031 323 87 79, Fax 031 324 90 33 kampagnen@bag.admin.ch Le prochain numéro paraîtra en Juin 2008
spectra 68 Avril – Mai 2008 Partenariat 11
La nouvelle «loi sur la prévention» est sur les rails Nouvelle loi fédérale sur la prévention et la promotion de la santé. Les principes de la nouvelle loi sont désormais formulés dans un avant-projet et font actuellement l’objet d’adaptations internes. Le Conseil fédéral attend l’avant-projet d’ici l’été ou l’automne 2008. Au mois de septembre 2007, le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral de l’intérieur (DFI) d’élaborer, d’ici l’automne 2008, un avant-projet de «loi sur la prévention». Grâce à cette nouvelle loi, le Conseil fédéral escompte un renforcement durable de la prévention et de la promotion de la santé, ainsi qu’une amélioration de la coordination et de l’efficience des diverses activités en cours au niveau des cantons et des communes.
Feu vert des partenaires et des milieux d’experts Compte tenu des délais relativement serrés, le projet de loi a d’abord été élaboré en interne. Mais pour pouvoir néanmoins intégrer les partenaires – c’est-à-dire les cantons et les organisations de prévention et de promotion de la santé non gouvernementales – deux auditions ont eu lieu fin février 2008. Des experts externes, issus des milieux professionnels les plus divers, ont éga-
lement été impliqués pour certaines questions. L’orientation proposée de la loi a trouvé un large consensus, lors des auditions.
la santé, ce qui requiert une extension des prestations de service et de soutien de la Confédération. – Renforcer les conditions-cadres fixées aux cantons pour leurs Principaux objectifs mesures de prévention et de promode la nouvelle loi tion de la santé (p. ex. services de La principale aspiration de la réglementasanté scolaires, délégué à la prévention proposée est de renforcer les condition et à la promotion de la santé). tions-cadres de la prévention et de la pro- – Poursuivre le développement des motion de la santé. La nouvelle loi veut bases de données épidémiologiques notamment régler les aspects suivants: et améliorer l’activité de rapport. – Améliorer le pilotage et la coordina– Ancrer dans la loi la possibilité d’un tion de tous les acteurs par le biais soutien financier des organisations d’objectifs nationaux de prévention faîtières nationales et des mesures et de promotion de la santé. d’encouragement dans les domaines – Améliorer la coordination des de la recherche et de l’innovation, mesures de prévention et de promoainsi que formation et formation tion de la santé au niveau national continue par la Confédération. par le biais d’une planification stratégique de quatre ans. En outre, la loi règle le prélèvement se– Harmoniser les actions de la lon l’article 20 de la Loi fédérale sur Confédération et des cantons dans l’assurance-maladie de la contribution certains secteurs par le biais de perçue sur les primes de la LAMal ainsi programmes nationaux de prévenque les conditions-cadres d’une évention, de détection précoce et de tuelle mutation de Promotion Santé Suisse promotion de la santé. en une institution de droit public. – Définir clairement la répartition des Davantage d’implication dans tâches entre la Confédération et les la lutte contre les maladies non cantons en respect du principe de transmissibles subsidiarité. Les maladies cardiovasculaires et le – Améliorer la qualité et l’efficacité cancer sont aujourd’hui très répandus des mesures de prévention, de détection précoce et de promotion de et comptent parmi les principales cau-
ses de décès prématurés. Un grand nombre d’entre elles pourraient être évitées ou retardées par une bonne hygiène de vie (ne pas fumer, alimentation saine, activité physique suffisante, etc.). La nouvelle loi doit donner à la Confédération la possibilité d’être plus active dans le domaine de la prévention des maladies non transmissibles ainsi que des affections psychiques.
Les départements et les offices donnent leur opinion L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a achevé les travaux d’avantprojet de la nouvelle loi. Pour la première fois, les autres offices et départements pourront prendre position sur le projet et donner leur opinion. L’avantprojet de loi sera ensuite une nouvelle fois adapté, puis le Conseil fédéral le mettra en consultation en été ou à l’automne 2008. Dans le cadre de cette consultation, les cantons ainsi que tous les milieux concernés ou intéressés auront l’occasion de s’exprimer sur l’avant-projet de loi de prévention. En règle générale, une consultation dure trois mois. Contact: Salome von Greyerz responsable du projet «Prévention et promotion de la santé 2010» salome.vongreyerz@bag.admin.ch
Des écoles en santé dans toute la Suisse éducation + santé Réseau Suisse. Si les projets de promotion de la santé et de prévention à l’école sont en augmentation, la part des élèves et des enseignants en Suisse qui peuvent profiter d’une offre ad hoc est encore très faible. Le programme «éducation + santé Réseau Suisse» de l’Office fédéral de la santé publique soutient les cantons et les communes dans leurs efforts d’intégrer la question de la santé dans le cursus scolaire. La nécessité de disposer d’une offre complète en prévention et promotion de la santé dans les écoles est avérée, ainsi qu’en atteste le concordat HarmoS, adopté en juin 2007 (accord intercantonal sur l’harmonisation de la scolarité obligatoire). Il accorde à l’éducation à la santé une intégration fixe dans la formation scolaire de base. Le programme éducation + santé Réseau Suisse (e+s) soutient cet ancrage de la promotion de la santé et de la prévention à l’école.
ces en matière de santé des élèves et du corps enseignant, notamment par le biais de son site internet, grâce à la publication deux fois par an de la brochure «info réseau» et à l’organisation de réunions de sa plate-forme d’échanges. e+s travaille en étroite collaboration avec la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) et la fondation Promotion Santé Suisse.
Un centre de compétence pour chaque domaine
La réalisation du concept e+s se fait par le biais de centres de compétence et de partenaires qui sont les interlocuteurs des écoles et services cantonaux et les soutiennent par leurs conseils, en leur fournissant du matériel didactique ou du «coaching» pour des processus de développement. Les thèmes, centres de compétence et partenaires suivants sont intégrés au réseau e+s: – Climat scolaire: Haute Ecole Pédagogique de Suisse centrale à Lucerne (PHZ) – Formation: «PROMESCE», Haute Accroissement des compétences Ecole Pédagogique Berne Jura en matière de santé Neuchâtel (HEP BEJUNE) Le but de e+s est de permettre la mise – Parents: «Elternmitwirkung», en réseau et la coordination d’instituFédération suisse pour la formation tions issues des domaines de la promodes parents (FSFP) tion de la santé et de la prévention ainsi – Stress: «Ressourcen +», Fachhochsque d’offrir une plate-forme d’échanges chule Nordwestschweiz (fhnw) (inforaux différents acteurs. La préoccupation mations actuellement disponibles principale est d’améliorer les compétenuniquement en allemand)
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–N utrition: Société Suisse de Nutrition (SSN) – Alcool, tabac et drogues illégales: Institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA) –A ctivité physique: Office fédéral du sport (OFSPO) – Education sexuelle à l’école: Haute Ecole Pédagogique de Suisse centrale à Lucerne (PHZ), Haute Ecole de travail social de Lucerne (HSA) – Violence: «chili», Croix-Rouge suisse – Promotion de la sécurité: Bureau suisse de la prévention des accidents (bpa) – Plate-forme d’information: «feelok», Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich (ISPMZ) – Réseau suisse d’écoles en santé (RSES), Radix
vent pas assurer ou financer, telles que, par exemple, le transfert de connaissances, qui prend une signification centrale. e+s crée ainsi des plates-formes d’échane+s a succédé, en 2003, au projet «San- ge pour assurer le transfert de connaisté Jeunesse» axé sur l’éducation à la sances et d’expériences entre tous les santé dans les écoles (1992 –1995) et partenaires, centres de compétences et au programme cadre Ecoles + Santé écoles. Ce nouveau concept est valable (1997– 2002). Les conditions ayant jusqu’en 2010. La planification au-delà changé, le concept d’e+s a été remanié de cette date est abordée cette année. en 2007. L’idée principale, lors de la De plus amples informations et de nomnouvelle conception du programme, est breux documents didactiques sont disde concrétiser le soutien aux cantons ponibles sur le site Internet e+s: et aux communes dans leur travail de www.educationetsante.ch. prévention et de promotion de la santé Contact: Dagmar Costantini à l’école. Conformément au principe de direction du programme e+s subsidiarité, il a été décidé que e+s asdagmar.costantini@bag.admin.ch sume des tâches que les cantons ne peu-