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Newsletter Prévention et promotion de la santé Juin – Juillet 2008

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Entretien avec Regula Mader sur l’EURO 2008 Le championnat d’Europe de football 2008 drainera des foules de supporters. Quelles sont les mesures prises pour éviter les débordements? Régula Mader, préfète de Berne, présente le concept de sécurité et les mesures de prévention. Elle nous parle aussi de son enthousiasme pour le foot, de son engagement pour le football féminin et de sa perplexité devant les millions investis dans la répression alors que la prévention en aurait tant besoin.

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Contre le sédentarisme croissant des enfants Dans les années 70, les enfants se dépensaient entre 3 et 4 heures par jour, aujourd’hui, ils ne bougent plus qu’une heure par jour. Ce manque d’activité physique conduit à une surcharge pondérale chez un jeune sur cinq, un handicap qui durera souvent toute la vie. Divers projets visent à inciter les enfants et les adolescents à pratiquer davantage d’activité physique chaque jour – sur le chemin de l’école, à l’école ou les samedis soir, avec pour mot d’ordre le plaisir, sans focaliser pédagogiquement sur les bienfaits pour leur santé.

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Prise de risques en augmentation

L’étude GaySurvey dévoile des chiffres inquiétants. Les hommes ayant des relations avec d’autres hommes négligent de plus en plus souvent l’utilisation systématique des préservatifs, que ce soit lors de contacts sexuels occasionnels ou en relation stable. Or, cette dernière n’est pas une garantie contre la contamination. Sans être sûr du statut sérologique de leur partenaire stable, près de 40% ont eu des contacts sexuels non protégés. Et environ deux tiers des hommes en couple stable ont des contacts sexuels avec des partenaires occasionnels.


Nouvel ouvrage pédagogique sur Violence et alcool, un cocktail malh  Alcool et violence. Savoir si la violence sexuelle çons et subissent également de 40 à 50% l’alcool incite de manière générale à des actes de violence ou si les personnes fondamentalement enclines à la violence ont une tendance plus forte à consommer de l’alcool est une question encore sans réponse. Mais les faits sont là: l’alcool et la violence vont souvent de pair.

des violences commises à l’encontre des garçons. Les 15% de filles sont responsables de 40 à 50% des actes de violence dus à des filles et subissent de 30 à 40% des violences à l’égard des filles. Les jeunes qui boivent de manière problématique se font également remarquer par leur comportement dans d’autres domaines. Ils sont ainsi plus nombreux que dans d’autres groupes à dire qu’ils La corrélation entre la consommation ne sont pas satisfaits de leur relation d’alcool et la violence est attestée par avec leurs parents, qu’ils manquent une étude de l’Institut suisse de préven- l’école, qu’ils ont des contacts sexuels à tion de l’alcoolisme et autres toxicoma- risque, qu’ils fument des joints ou des nies (ISPA) ainsi que par un sondage cigarettes. réalisé auprès de la police bernoise par Chez les garçons, un acte de l’Institut de psychologie de l’Université violence par mois et par classe de Berne, deux projets de recherche est lié à l’alcool mandatés par l’Office fédéral de la santé Les auteurs L’étude de l’ISPA montre que les violenpublique (OFSP). Jael Bueno est sociologue, scientifique ces sont plus fréquentes chez les jeunes La règle générale est la suivante: qui consomment de l’alcool, et plus parfree-lance, responsable de séminaires et les jeunes qui boivent beaucoup ticulièrement chez ceux qui boivent de du projet de prévention zurichois contre ont une propension plus forte à la violence sexuelle LUNA. Barbara manière problématique. Mais elle ne la violence Dahinden est psychologue lic.phil./FSP, permet pas de dire si la violence a été responsable de cours et impliquée dans L’enquête de l’ISPA «Alcool et violence commise sous l’emprise de l’alcool. Des le service de consultation et d’aide par chez les jeunes» a interrogé un échan- modèles épidémiologiques permettent téléphone ainsi que dans le projet de tillon représentatif de 7000 garçons et toutefois d’estimer la part de violence prévention LUNA. Beatrice Güntert est filles âgés de 13 à 17 ans sur leur attribuable à l’alcool. «Attribuable à travailleuse sociale HF, superviseur et consommation d’alcool et leur compor- l’alcool» signifie que la violence ne se seimpliquée dans le service de consulta- tement violent. Près de 20% des adoles- rait pas produite sans l’influence de l’altion et d’aide par téléphone ainsi que cents ont une consommation d’alcool cool. Des estimations indiquent que problématique, définie par deux états chez les garçons, un acte de violence dans le projet de prévention LUNA. Le livre a été édité par PLANeS, Fondation d’ivresse au moins au cours du mois physique par mois et par classe est attrisuisse pour la santé sexuelle et reproduc- précédant l’enquête et une consomma- buable à l’alcool. Chez les filles, la protive. L’Office fédéral de la santé publique a tion d’alcool pratiquement tous les mois. portion passe à un acte de violence par vre destiné au milieu pédagogique. apporté son soutien financier au projet. Dans ce groupe de consommateurs à classe tous les trois mois. En chiffres L’ouvrage contient des informations de risques, les garçons sont nettement plus absolus, les garçons commettent donc «Mit mir nicht. Mit dir nicht». base et des indications pour organiser nombreux (25%) que les filles (15%). nettement plus d’actes de violence attriJugendliche und sexuelle Gewalt: infordes cours avec des jeunes de 13 à 24 C’est pourtant à ce groupe relativement buables à l’alcool que les filles. Propormieren, hinterfragen, schützen. Editions restreint d’adolescents présentant une tionnellement, l’alcool joue en revanche ans. L’objectif est leur apprendre à se Pestalozzianum et Interact, 108 pages, défendre contre la violence sexuelle consommation problématique d’alcool un rôle plus important chez les filles que CHF 25.–, disponible seulement en alpour éviter des atteintes à leur intégrité. qu’est due une grande partie de la vio- chez les garçons. Tandis que chez les lemand. Commande en ligne possible Le livre tient compte non seulement des lence. C’est ainsi que ces 25% de gar- garçons, un tiers environ des violences sous www.verlagpestalozzianum.ch ou aspects de genre, mais aussi en particuçons commettent 50 à 60% de tous les physiques commises sont attribuables à www.lernmedien-shop.ch lier du contexte de la migration, car la actes de violence perpétrés par des gar- l’alcool, c’est le cas des deux tiers des

Prévention. Un nouvel ouvrage intitulé «Mit mir nicht. Mit dir nicht.» apporte un soutien précieux aux enseignants et spécialistes travaillant avec la jeunesse et désireux d’aborder la question de la violence sexuelle dans leurs classes et groupes de jeunes.

violence sexuelle est, pour des raisons culturelles, souvent tabou chez les jeunes d’origine migrante. Des documents qui ont fait leur preuve dans des cours pilote permettent d’aborder la question d’une manière appropriée aux jeunes. Une première partie est consacrée à des informations d’arrière-plan sur les formes et les conséComment donner aux jeunes les moyens quences de la violence sexuelle ainsi que de se protéger efficacement contre des les réactions à la violence sexuelle dans abus sexuels? De quel soutien, de quels un contexte de migration; la seconde encouragements ont-ils besoin? Trois partie de la publication contient des proexpertes, Jael Bueno, Barbara Dahin- positions pour organiser des cours ou den et Beatrice Güntert ont étudié la des leçons ainsi que des feuilles de traquestion de la prévention dans le travail vail et une liste de services spécialisés et à l’école et avec les jeunes et écrit un li- de consultation.

Forum Carte blanche pour les supporters Voici quelques années qu’il est de tradition de parler abondamment de l’encadrement des supporters lors de tournois majeurs. Depuis la Coupe du monde de football en Italie en 1990, les organisations de différentes nations ont acquis de l’expérience dans l’accompagnement de leurs supporters. Depuis le championnat d’Europe de 2004 au Portugal, ces mesures sont ancrées au travers d’une association internationale avec les organisations Football Against Racism in Europe (FARE) et Football Supporters International (FSI) et reçoivent un soutien financier de l’UEFA. L’élément clé de l’accompagnement et de l’encadrement des supporters est la «Fan Ambassy» («ambassade»). Il s’agit d’un centre d’accueil et d’information pour les supporters qui viennent à la manifestation. L’équipe d’une ambassade doit être en mesure de traiter les demandes spécifiques des supporters, de les renseigner efficacement dans leurs langues respecti-

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ves et de trouver éventuellement des solutions simples et rapides aux problèmes qui peuvent surgir. La philosophie qui sous-tend l’idée est simple: traités en invités, bien accueillis et informés, les supporters se comporteront aussi comme des invités. En revanche, si on les considère uniquement comme un pur facteur de risque pour la sécurité, ils seront davantage enclins à se comporter comme tel. C’est pourquoi les mesures d’accompagnement des supporters peuvent avoir une action préventive contre la violence. Lors des coupes d’Europe et coupes du monde, on a pu enregistrer une diminution des exactions depuis la mise en place systématique des mesures d’accompagnement des supporters. Il est toutefois évident que cette diminution n’est pas le fait exclusif de l’accompagnement des supporters mais que c’est la conjonction de toutes les mesures qui conduit au succès. Avec sa devise accueillante, «Le rendez-vous de l’amitié», le championnat mondial en

Allemagne a offert un brillant exemple de la manière dont une hospitalité déclarée peut créer une bonne ambiance et réduire les incidents au minimum. Lorsque l’on parle du championnat d’Europe, on parle souvent d’effet durable. Au niveau de l’encadrement des supporters, cela pourrait être le transfert de savoir-faire dans le quotidien de la Ligue. Toutefois, les mesures d’accompagnement des supporters lors de ces grandes manifestations et le travail (socioprofessionnel) avec les supporters dans un championnat national reposent sur deux concepts différents. Si, lors d’un championnat, il est possible d’établir des relations sur le long terme avec une clientèle régulière, les supporters des grands tournois ne sont là que brièvement. Il serait néanmoins souhaitable que la Ligue accorde davantage d’importance au dialogue et à la disposition d’aborder les besoins des supporters. A vrai dire, c’est un changement d’attitude à l’égard des supporters et de

leur culture qui s’impose, car ils ont quelque chose de fondamentalement positif ainsi que les organisateurs des grandes manifestations l’ont compris. Il faudrait pouvoir garder cette attitude fondamentale dans le quotidien de la Ligue après l’Euro 2008. Alors, j’en suis convaincu, et mon expérience de 15 ans de travail avec les supporters me conforte dans cette idée, de très nombreux problèmes du quotidien de la Ligue trouveraient une solution dans le dialogue.

David Zimmermann Psychologue lic. phil., engagé depuis plus de 15 ans dans le travail avec les supporters en Suisse, en Allemagne et lors de divers tournois majeurs.


En première ligne

eureux la proportion est d’à peine 30% à la campagne et de 20% en agglomération.

Violence et alcool lors de grandes manifestations

violences commises par les filles. L’une des raisons pourrait en être que le seuil d’inhibition devant le passage à l’acte est plus élevé chez les filles et que, de ce fait, la désinhibition provoquée par l’alcool joue un rôle plus important chez elles que chez les garçons, qui tendent généralement plus vite et plus souvent à recourir à la violence.

Aider les adolescents en danger le plus tôt possible Les résultats de cette étude montrent clairement qu’il existe un lien entre la violence et la consommation d’alcool. Il est par conséquent important de prévenir de manière précoce la consommation problématique d’alcool chez les jeunes. Les adolescents qui ont une consommation de boissons alcoolisées problématique, couplée à d’autres comportements à risques, sont particulièrement en danger. Il est important qu’ils bénéficient d’une aide le plus tôt possible, la prévention à l’école jouant un rôle déterminant à cet égard. Des programmes de prévention des dépendances et de promotion de la santé peuvent apporter un soutien aux jeunes concernés. Il existe aussi des offres de conseil à l’intention des parents, et des programmes destinés aux familles et aux mentors qui constituent des aides précieuses dans

l’éducation des enfants. Pour éviter l’apparition de problèmes de dépendance et de violence, il s’agit de renforcer les compétences sociales et l’estime de soi des enfants et d’attirer leur attention sur les risques de l’abus d’alcool. Les efforts fournis par la Confédération, les cantons et les communes pour mieux respecter les dispositions de protection de la jeunesse sont déterminants pour le succès des mesures de prévention.

Des délits de violence relevés au quotidien par la police Un sondage réalisé par l’Institut de psychologie de l’Université de Berne atteste également un rapport incontesté entre alcool et violence. Coups et violence, tapage nocturne et disputes, voies de fait, vols et violence domestique: l’alcool est impliqué jusque dans les deux tiers des cas. Telles sont les informations données par les employés de la police municipale et cantonale bernoise sur les cas de violence survenus pendant une semaine de service sur le terrain. La différence entre la ville et la campagne est révélatrice: à la campagne et en agglomération, les cas de violence sont plus rares en chiffres absolus, de même que la proportion des incidents liés à l’alcool. Dans les villes, l’alcool est impliqué dans la moitié des cas de violence, tandis que

Environ 80% des policiers interrogés ont indiqué que, lors de grandes manifestations comme le carnaval, des jeunes de moins de 16 ans sont impliqués dans plus de la moitié des actes de violence commis sous l’influence de l’alcool. En dehors des grandes manifestations, les jeunes de moins de 16 ans alcoolisés ne sont que très faiblement représentés. Toutefois, les jeunes de 16 à 18 ans sont impliqués dans un quart environ des incidents. D’une manière générale, les cas concernant des personnes de moins de 24 ans sont caractérisés par le fait qu’ils se produisent au sein de petits groupes, pendant le weekend après 22 heures et sont dirigés la plupart du temps contre des objets. En revanche, la violence perpétrée par des adultes sous l’influence de l’alcool se produit plutôt pendant la semaine, dans des locaux privés et la plupart du temps entre deux personnes. Cependant, aucune différence n’a été établie quant au taux d’alcoolémie entre les personnes, qu’elles soient jeunes ou âgées. Bien que peu de femmes commettent seules des actes de violence sous l’influence de l’alcool, elles sont impliquées au même titre que les hommes dans un quart des cas. En ce qui concerne les grandes manifestations, les policiers interrogés supposent que, pour au moins la moitié des cas de violence, les personnes sont déjà en état d’ébriété avant l’événement. Les incidents ont lieu presque toujours après l’événement, le plus souvent à proximité immédiate du stade. Bibliographie: Kuntsche, E., Gmel, G., Annaheim, B., Alkohol und Gewalt im Jugendalter. Gewaltformen aus Täter- und Opferperspektive, Konsummuster und Trinkmotive – Une analyse secondaire de l’étude ESPAD, ISPA 2006. Keller, L., Giger, P., Haag, W., Ming, W., Oswald, M., Alcool et violence: des policiers du canton de Berne parlent de leur quotidien. Un sondage en ligne réalisé auprès de la police bernoise par l’Institut de psychologie de l’Université de Berne, 2007.

Le sport et la violence sont de plus en plus indissociables pour les médias et la conscience collective. Dès lors, des dispositifs de sécurité impressionnants destinés à prévenir et à contrôler la rencontre violente de supporters fanatiques sont devenus indispensables lors de grands événements sportifs. Selon une enquête conduite auprès de la population suisse (Sport Suisse 08), un peu plus de 10% des personnes interrogées considèrent la violence des spectateurs lors de manifestations sportives comme un des problèmes majeurs du sport actuel, alors que celui de la violence entre sportifs est perçu comme nettement moins crucial (5%). Pourtant, les effets positifs semblent l’emporter et le sport jouit en Suisse d’une excellente image: à la quasi unanimité (98%), les personnes interrogées estiment que le sport exerce une influence positive sur le développement des enfants et des jeunes. L’objectif doit donc être d’exploiter l’action préventive et positive du sport dans la lutte contre la violence et de convaincre les fans, sportivement passifs mais pas moins passionnés, à pratiquer activement un sport. Avec la promotion de l’intégration des minorités et en tant qu’éléments capables de souder les peuples, le sport et l’activité physique sont avant tout des facteurs promoteurs de santé. Les effets positifs sur le corps et l’esprit sont nombreux et conduisent à un meilleur état général, à une aptitude accrue à la performance et à une plus grande qualité de vie. En outre, une activité physique régulière peut prévenir diverses pathologies physiques et psychiques. L’activité physique ciblée doit également être reconnue comme une approche thérapeutique efficace en cas de maladies cardio-vasculaires. Toutefois, il n’est pas nécessaire de s’entraîner plusieurs heures par jour selon un programme draconien pour améliorer sa santé, car toute augmentation de l’activité physique au quotidien est déjà un bienfait pour l’état de santé général. Il faudrait donc encourager et exploiter de diverses manières l’activité physique comme un des plus beaux «passe-temps» au monde. Sans oublier, bien sûr, que l’activité physique et le sport peuvent procurer beaucoup de plaisir, effet secondaire des plus appréciables.

Contact: Anne Lévy Cheffe de la Section Alcool et tabac Nadine Stoffel-Kurt Section Nutrition et activité physique Office fédéral de la santé publique

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« Le football est un business qui joue sur les émotions, hautement lucratif pour beaucoup de monde.» Prévention et manifestation footballistique. Ce mois de juin, plusieurs villes de Suisse accueillent des matchs dans le cadre du championnat d’Europe de football, EURO 2008. Le plus grand show sportif de tous les temps organisé en Suisse est accompagné de programmes variés pour attirer les foules. Fête du foot pour les uns, travail de titan pour les autres. Quelles mesures ont-elles été prises pour prévenir l’abus d’alcool et la violence? Quelle place reste-il à l’esprit sportif dans cette fièvre autour de l’EURO? Un entretien avec Regula Mader, préfète de Berne.

tiennent prêts à conduire rapidement les procédures.

Qu’en est-il plus précisément des conditions cadres que vous fixez en matière d’autorisations. Où placez-vous les garde-fous afin d’éviter au maximum qu’il se passe des choses qui ne devraient pas se passer?

C’est nous qui accordons toutes les autorisations dans le domaine de la restauration, et nous pouvons imposer les conditions les plus diverses dans le cadre légal. Le manuel élaboré par les services de la préfecture contient, d’une part des conditions contraignantes et, de l’autre, des recommandations. Ces dernières concernent les domaines de la sécurité et de l’ordre public, de la circuspectra: Madame Mader, n’en lation et de l’environnement, de l’orgaavez-vous pas assez d’entendre parler du championnat d’Europe nisation et de l’exploitation, de la technique et de la construction, de la de football? Regula Mader: Oui c’est vrai, d’une part protection de la jeunesse et de la préj’en ai un peu assez, tout en souhaitant, vention des dépendances, de l’hygiène bien sûr que l’EURO 2008 se passe le et des déchets. Nous pouvons donc pomieux possible et qu’il n’y aura pas ser des conditions et formuler des red’exactions. D’autre part, je me réjouis commandations très complètes dans le naturellement à l’idée d’avoir des cadre de l’octroi des autorisations. matchs passionnants.

Qu’est-ce qui vous fait le plus de souci lorsque vous pensez à l’EURO 2008?

Qu’en est-il concrètement?

Prenons peut-être la protection de la jeunesse et la prévention de l’alcoolisme. Chaque exploitant de stand qui souhaite Des concepts de sécurité complets ont une autorisation individuelle doit reété développés sous l’égide des com- mettre un concept de protection des jeumandants de police cantonaux en prévi- nes; c’est la loi qui le prévoit. C’est-àsion de l’EURO, si bien que je ne suis dire, par exemple, qu’il doit afficher de pas vraiment inquiète. En revanche, la manière bien visible des plaques mensituation générale me préoccupe. Nous tionnant l’âge minimum 16/18 ans de tablons sur 100’000 personnes et plus vente de boissons alcooliques. Le peren ville de Berne, dans les zones public viewing, en direction du stade, dans la « La loi offre toute une gamfan-zone, à l’intérieur et autour du stame d’instruments répresde. Il est évident que cette foule immense recèle bien des dangers. Toutes les sifs dont l’application dans organisations impliquées dans les préla pratique doit encore faire paratifs – je pense avant tout aux orgases preuves.» nisations de secours telles que la police, les pompiers, les ambulanciers, etc. – ont fourni un travail formidable. Je pen- sonnel de vente doit être formé à procése donc que nous avons vraiment pris der aux contrôles nécessaires. La publitoutes les mesures organisationnelles cité pour le tabac et pour l’alcool est interdite. Il faut impérativement que possibles. trois boissons froides non alcoolisées Pouvez-vous préciser: qui a soient meilleur marché que la moins participé à ces mesures de sécu- chère des boissons alcoolisées. Ce sont rité et combien de temps a-t-il les mesures contraignantes prévues vafallu pour les mettre en place? lables pour l’ensemble du canton. Il Enormément de monde y a participé, existe également des recommandations, et beaucoup de ressources de l’Etat, telles que l’interdiction générale de seressentiellement dans le domaine de la vir de l’alcool dans certains secteurs, police. Dans le canton de Berne, c’est l’interdiction des spiritueux ou une limile commandant de la police cantonale tation à la bière allégée. Puis viennent qui est le chef de cet état-major de d’autres conditions concernant les prix, conduite. Les pompiers, police-secours l’interdiction d’alcool, les quantités limiet la protection civile sont également tées et la vaisselle réutilisable. impliqués; et, bien sûr, les organisa- En ville de Berne, les conditions sont entions partenaires comme les services core plus strictes: nous imposons un déde la préfecture, la direction de la san- pôt obligatoire pour la vaisselle en plasté et des affaires sociales, la justice, etc. tique réutilisable. Je pense que ce dépôt Au niveau de la justice, des juges d’ins- réduira la consommation d’alcool si les truction, des procureurs et des collabo- gens ne peuvent pas apporter les packs rateurs des tribunaux des mineurs se de boissons qu’ils auront achetés eux-

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mêmes. Et bien sûr, il y aura moins d’accidents causés par les bris de verre. A Berne, nous avons également mis en place des conditions de prix très claires: 4 dl d’eau minérale ou de boisson sucrée coûteront 3 francs, la même quantité de bière, 5 francs – à Berne, on paiera donc l’eau 2 francs de moins que l’alcool.

L’alcool constituera certainement le problème majeur. Vous avez décrit les mesures structurelles prises pour prévenir ce problème. Mais que se passerat-il sur le terrain, lorsque les problèmes seront là? Les meilleures mesures du monde ne servent à rien si elles ne sont pas appliquées. C’est pourquoi il est prévu que la police du commerce de la ville de Berne procède à des contrôles réguliers pendant l’EURO. En cas de non-respect des conditions de vente d’alcool, des mesures seront prises immédiatement et pourront aller jusqu’à la fermeture immédiate de l’établissement contrevenant. La ville de Berne est particulièrement sensible en matière de protection de la jeunesse. En cas d’actes passibles de poursuites ou d’autres mises en danger, la police devra intervenir. Nous avons prévu, d’une part les locaux de détention et d’attente pour les fauteurs de troubles, dans lesquels la justice statuera sur place s’il faut ouvrir ou non une procédure judiciaire. D’autre part, nous disposerons de locaux de dégrisement réservés aux personnes fortement alcoolisées. Il s’agit de centres de la protection civile surveillés pour garder sous contrôle ces personnes pendant un certain temps et, si besoin, leur prodiguer des soins. Enfin, des places ont été réservées à l’hôpital de l’Ile ainsi que dans l’établissement pénitentiaire de la région pour pouvoir soigner ou incarcérer les personnes.

On a même levé l’interdiction des vols de nuit pour permettre des vols de retour dans la nuit … Nous avons, en Suisse, la «Loi fédérale instituant des mesures visant au maintien de la sécurité intérieure». Elle ne fait pas vraiment l’unanimité, mais contient diverses mesures telles que la possibilité de prononcer une interdiction de périmètre, une interdiction de se rendre dans un pays donné, l’obligation de se présenter à la police pour certains supporters, la possibilité de la garde à vue, la banque de données sur les hooligans, la possibilité de prononcer des interdictions de pénétrer dans les stades, etc. La loi offre toute une gamme d’instruments répressifs dont l’application dans la pratique doit encore faire ses preuves.

Nous avons surtout parlé de l’alcool, mais il y a d’autres sujets sensibles, comme la prostitution, les vols, etc.

Oui, mais en la matière, les lois existantes s’appliqueront, il n’y a pas de mesures spéciales pour l’EURO. Les expériences faites en Allemagne montrent que la demande en sexe tarifé reste malgré tout limitée. La police des étrangers de la ville de Berne est très sensibilisée et appliquera la loi. Quant aux autres délits, ils n’ont pas augmenté de manière spectaculaire pour nécessiter des mesures spécifiques.

Le sport exacerbe les émotions en cas de victoire ou de défaite. A mon avis, c’est une question qui dépasse le cadre de l’EURO. La pratique montre que les supporters se comportent différemment selon qu’il s’agit d’un jeu national ou d’un match de championnat. Dans le premier cas, il n’y a pas ou très peu de hooligans prêts à en découdre, et, d’ailleurs, ces matchs drainent un public différent que lors des championnats de club. Je pars donc du principe qu’il y aura relativement peu de violences à l’EURO. Mais la violence dans le sport est une question fondamentale. Ces dernières années, des centaines de projets visant la prévention de la violence, des campagnes de fair-play et bien d’autres actions

« Il faudrait aussi se pencher davantage sur le problème de la violence et des agressions. En la matière, le sport aurait une influence fortement socialisante.» ont été menés à travers le monde. Et pourtant, la tâche est encore immense. Les mesures telles que celles qui sont contenues dans la loi sur la sécurité intérieure sont essentiellement répressives. Nous essaierons d’empêcher les supporters faisant problème de venir en Suisse, à Berne ou d’entrer au stade. Quant aux projets relatifs aux supporters et aux spotters de la police qui accompagnent les groupes de supporters, ils s’efforcent de prévenir les confrontations violentes. Dans le canton de Berne, les supporters connus pour leur violence seront contactés avant l’EURO. Malheureusement, la prévention est encore bien déficiente. A ce jour, nous ne savons pas vraiment à quoi elle sert. Pour ma part, je suis convaincue qu’elle est très utile, mais les preuves scientifiques sont encore peu nombreuses. Je pense également qu’il n’y a pas assez de travail après les matchs et que c’est un domaine qui offre encore un bon potentiel d’amélioration. J’ai lu pas mal de choses sur les projets de prévention de la violence dans le sport. Il y en a de fort intéressants dans d’autres pays dont nous pourrions nous inspirer. Je pense notamment aux jeux organisés la nuit aux Etats-Unis qui offrent aux jeunes qui traînent dans la rue la possibilité de


Que faire? Promouvoir l’idée du fair-play qui commence bien sûr au niveau individuel. Le type d’échanges au sein du club, par exemple, est très important. Il est primordial que les entraîneurs des jeunes donnent l’exemple. Récemment j’ai assisté, dans l’équipe de mon fils, aux attaques verbales et physiques d’un père envers l’entraîneur parce que son fils ne pouvait pas jouer. J’ai dû intervenir. Il y a beaucoup à faire en matière d’agressions sur le terrain de football – beaucoup de travail de prévention, et cela commence avec les jeunes.

Au début de cet entretien, nous vous avons demandé quels étaient vos soucis avec l’EURO 2008. Y a-t-il des choses qui vous réjouissent?

Regula Mader

jouer au basket entre 22 heures et 2 heures du matin. De tels projets sont encore trop rares chez nous.

Comment faire face aux agressions … Oui, aux agressions et à la violence en général. Posons donc les choses clairement: la violence dans le sport est un phénomène essentiellement masculin, comme le sont les actes de violence en général. Il faudrait encore beaucoup plus de projets dans le travail avec les jeunes garçons et les hommes, à l’école, dans les activités avec les jeunes, dans le sport, etc. Les associations sportives ont ici un rôle majeur à jouer. Malgré le grand nombre de projets en cours, je suis convaincue que la prévention sexos-

curité reste un sujet dominé par les hommes. Or, les femmes et les hommes ont une autre compréhension et une autre approche de la question de la sécurité.

Pouvez-vous nous dire quelque chose sur les coûts de la répression?

Pas précisément, mais je pense que la sécurité de l’EURO 2008 à Berne se montera à plusieurs millions, et je ne parle que des coûts de la sécurité! Le canton de Berne dressera, après l’EURO 2008, un état des coûts véritablement générés par la sécurité. D’ailleurs, la situation est étrange: l’UEFA et d’autres vont encaisser des centaines de millions, voire des milliards grâce à l’EURO, mais c’est l’Etat qui doit assumer la plus grande part des coûts de sécurité. Quant « La sécurité de l’EURO 2008 à la durabilité de ces grandes manifesà Berne se montera à tations, c’est-à-dire l’avantage économique retiré par la région organisatrice, le plusieurs millions, et je ne doute est permis comme le montrent parle que des coûts de la toutes les enquêtes déjà réalisées dans sécurité!» ce domaine. A ce jour, personne n’a pu me dire combien l’EURO 2008 coûte à pécifique doit encore être intensifiée. l’Etat. Personnellement, je suis sûre que Le délégué à la sécurité de l’EURO a dit, les coûts sont énormes. dans une interview, que la forte présenAprès tout ce que nous venons ce des femmes et des enfants aux matchs de discuter, une question dede l’EURO était une bonne chose, car elmeure: et le sport dans tout ça? le diminue le taux de violence. C’est peut-être vrai, mais c’est une mauvaise Le championnat d’Europe est un busiapproche. Cette attitude est défensive et ness, comme le sport. Il ne faut pas se passive et non progressive et active. Il bercer d’illusions, ce serait naïf. Mais je faut travailler activement avec ceux qui rêve toujours d’un sport qui servirait commettent des actes de violence, c’est davantage la politique de développetout! Permettez-moi d’illustrer la ques- ment, comme c’est déjà parfois le cas. Je tion du genre par un exemple très sim- suis allée à la conférence mondiale des ple: toutes les personnes impliquées femmes de la FIFA, je m’occupe de footdans la sécurité dans le canton de Berne ball féminin, de football comme vecteur étaient invitées à une réunion sur la sé- de développement, de promotion des curité pendant l’EURO 2008. Sur les 137 femmes au Pakistan pour citer quelques présents, j’ai compté 5 femmes. La sé- exemples – c’est fascinant… Mais chez

Bien sûr! Je suis une fan de foot et je me réjouis d’assister à des matchs passionnants. Pas forcément au stade d’ailleurs, je peux très bien avoir beaucoup de plaisir à regarder un jeu sur un grand écran. Nous n’avons pas de télévision à la maison, j’irai donc avec mes enfants regarnous, le foot est avant tout un commerce. der le foot à la maison de quartier, ce Un business qui joue avec les émotions, sera quelque chose de spécial. Je suis un business hautement lucratif pour très contente que les Hollandais jouent beaucoup de monde. Pourtant, la fasci- à Berne, parce que, à mon avis, ils nation est grande. Il est dommage que jouent le plus beau football. l’aspect culturel, le facteur d’intégration En conclusion, quel est votre du sport, notamment du football, soit bilan? réduit à néant dans l’affaire. L’EURO 2008 sera dans tous les cas une Sauf peut-être dans le football manifestation passionnante. Evidemféminin, où vous vous engagez ment je vois – par déformation profesbeaucoup… sionnelle – immédiatement tous les proExactement. Je travaille au comité de di- blèmes et les questions qui peuvent rection du conseil pour le football fémi- surgir. Je vois aussi le travail fourni, les nin suisse au sein de l’Association suis- moyens colossaux qui ont été investis et se de football. Malheureusement, le je me demande si tout cela n’est pas un football féminin est encore trop peu peu déraisonnable pour trois jeux à Berconsidéré en Suisse, trop peu visible, ne! Quand je pense à tout cet argent qui pas assez encouragé malgré son immen- aurait pu être investi dans des projets se succès. Les résultats du championnat de prévention! Mais d’un autre côté, féminin et ceux de l’équipe nationale fé- l’EURO 2008 engendre aussi beaucoup minine qui participera aux qualifica- de projets. tions pour le championnat d’Europe 2009 en Finlande ne sont publiés qu’au compte-gouttes. Et j’avoue que cela me fâche.

Où voyez-vous le potentiel de socialisation et d’intégration du football?

Notre interlocutrice

Regula Mader (1962), est préfète depuis Le foot est pour moi un des sports d’équi- décembre 2000 de la circonscription de pe les plus passionnants. Il peut servir Berne. Dans cette fonction, elle est d’exemple dans de nombreux domaines. notamment responsable de la sécurité et Je pense notamment à la politique de de l’ordre publics ainsi que de l’attribudéveloppement ou à la politique d’inté- tion des autorisations dans la restauragration. Nous valorisons toujours trop tion. peu le fait que beaucoup de footballeurs Elle est née et a grandi à St-Gall, a fait qui jouent chez nous sont des étrangers ses études à Berne. Avocate, elle a intégrés. C’est un sujet important qui travaillé pour la fraction PS au Parlemérite davantage d’attention, ne serait- ment et à l’Office fédéral de la culture. ce que pour garder la scène d’extrême Elle a participé à la mise en place du droite sous contrôle. Il faudrait aussi se service pour l’égalité des femmes et des pencher davantage sur le problème de la hommes de la ville de Berne. violence et des agressions comme je l’ai Regula Mader a deux enfants de 13 et 15 déjà dit. En la matière, le sport aurait ans.

une influence fortement socialisante.

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Forum L’activité physique soigne, mais pas à n’importe quelles conditions. Dans nos sociétés modernes, le sédentarisme a pris une ampleur telle qu’un grand nombre de nos concitoyens souffrent des conséquences de l’inactivité : maladies cardiovasculaires, obésité, diabète type 2. Pour les gens en bonne santé, la promotion de l’activité physique joue un rôle dans la prévention de ces maladies ; avec l’espoir que leur apparition soit retardée par une pratique régulière. Pour la frange de population déjà malade, l’activité physique contribue au traitement de l’affection en tant que telle. Ainsi, l’évolution d’une population d’adultes obèses vers le diabète type 2 est plus efficacement freinée par une activité physique régulière que par le recours à un médicament. Au quotidien, il n’existe guère de différences. Malades et bien-portants se mélangent au gré des activités proposées. De prime abord, l’activité physique est essentiellement considérée comme un élément de bien-être. Ce n’est donc pas tant l’outil qui permet de qualifier la nature préventive ou thérapeutique de l’action mais bien le but recherché, souvent peu apparent. D’un point de vue sociologique il convient de se demander si cette dimension thérapeutique n’est pas en décalage avec les valeurs attribuées au sport ; entretenant ainsi la confusion des genres. En niant sa dimension thérapeutique, l’activité physique est maintenue dans un rôle mineur, correspondant aux valeurs généralement partagées. L’évolution de notre société n’épargne même plus les plus actifs d’entre-nous, nos enfants. Depuis la fin du siècle passé, il est possible d’observer de manière évidente et inquiétante les méfaits de la sédentarité dans ce groupe de population. Ils se traduisent non seulement par une diminution quantitative de l’activité physique mais également par une diminution qualitative des pratiques. Cette dernière est renforcée par une polarisation des comportements face à l’activité physique. Les systèmes organisés privés ou associatifs concentrent la grande majorité des actifs ; alors que les inactifs n’ont plus aucune activité. Envolés les jeux de ballon, la corde à sauter ou autres élastiques de notre enfance. Au-delà de la nostalgie d’un passé révolu, l’absence d’activité physique spontanée diminue d’autant les expériences motrices nécessaires à la pratique sportive. En plus du déconditionnement physique, ces enfants présentent un déficit de capacités motrices. Or l’apprentissage moteur est fondamental pour le développent et le maintien d’une activité physique future. Ce constat a une incidence sur la perception de l’enfant obèse et sur le rôle du sport dans les programmes de prise en charge. L’incapacité de l’enfant obèse à répondre aux messages de prévention est au mieux considérée comme de la

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L’activité physique en soirée, c’est

mauvaise volonté, sans se poser de question sur la pertinence de l’approche. Ces enfants pleins de bonne volonté n’ont pas les outils pour répondre aux exigences et à la pression sociale. Ils sont donc coupables avant même d’avoir été jugés. D’autre part, un axiome de proportionnalité entre quantité d’activité physique et bénéfices impose aux futurs programmes thérapeutiques de lourdes contraintes qui vont à l’encontre des besoins du terrain. En occultant la composante pédagogique, les enfants doivent savoir avant même d’avoir appris, la prise en charge est vouée à l’échec. Avant toute chose, ils doivent apprendre à bouger, à gérer ce corps dans des situations nouvelles, pour qu’ils puissent améliorer leur capacité physique et retourner vers leurs pairs. Pour importante qu’elle soit, cette phase d’apprentissage ne répond pas aux indicateurs de santé, utilisés pour juger l’efficacité des programmes de prise en charge de l’enfant obèse. L’attente est en décalage avec la réalité du terrain. Cet état de fait est la conséquence d’une méconnaissance des besoins de l’enfant. L’enfant n’est pas un adulte en miniature, mais un adulte en devenir avec ses caractéristiques propres. Pour donner une chance à nos enfants, répondons à leurs besoins plutôt qu’a nos attentes.

Dr méd. Michel Cauderay Spéc. FMH Endocrinologie et diabétologie pédiatrique

bike2school – à l’école à vélo bike2school est une action nationale de promotion du vélo menée par PRO VELO Suisse à l’intention des élèves à partir de la 4e classe et de leurs enseignants. L’objectif est que les participants se rendent le plus souvent possible à l’école à vélo pendant quatre semaine librement choisies afin d’accumuler des points et de gagner des prix collectifs. A l’origine de cette action, une double constatation: d’abord, le nombre croissant d’enfants en surcharge pondérale en Suisse (environ 20%) et le manque d’activité physique. Si, dans les années 70, les enfants de 6 à 10 ans se dépensaient physiquement entre 3 et 4 heures par jour, ceux d’aujourd’hui ne bougent plus qu’une heure par jour. Ensuite, la pratique du vélo parmi les jeunes ne cesse de reculer depuis des

années – malgré les nombreux efforts fournis dans le domaine de l’infrastructure et malgré un recul sensible des vélomoteurs. Une étude de l’Office fédéral des routes révèle que la part des trajets en vélo effectués par les jeunes a pratiquement diminué de moitié entre 1994 et 2005. De plus, de nombreux parents ne veulent pas que leurs enfants affrontent les dangers de la circulation. C’est donc contre ces évolutions que bike2school a décide de lutter de manière ludique. En plus d’améliorer la santé, la capacité d’apprendre et de rendre les enfants plus résistants aux maladies, la pratique du vélo leur permet d’exercer leur comportement vigilant dans la circulation routière. Informations et inscription: www.bike2school.ch.


tendance Sport et travail avec la jeunesse. Le rôle positif du sport non seulement en faveur de la santé mais également en faveur de l’intégration et de la prévention de la violence n’est plus à démontrer. Mais comment exploiter ce potentiel avec des jeunes qui ont, certes, envie de bouger, mais qui ne sont pas attirés par les associations sportives traditionnelles? Le projet Midnight Basketball comble une lacune de l’offre de loisirs et donne aux garçons et aux filles la possibilité de jouer au basket dans des salles de sport publiques durant les soirées en fin de semaine.

approfondir cette initiation, des cours de perfectionnement en travail d’équipe et intervention en cas de conflit ont été organisés sur 7 sites différents. En 2007, 450 bénévoles ont participé aux manifestations aux côtés des équipes de projet qui se composent, selon le site, de 2 à 5 collaborateurs rétribués.

Aide à l’intégration en ville, prévention des dépendances au village

A l’origine, Midnight Basketball était un projet destiné à la jeunesse des quartiers urbains affichant une forte proportion de jeunes étrangers. Entre-temps, de nombreux villages avec une majorité de jeunes Suisses ont ouvert leurs salles De nombreuses actions comme bike2- de sport aux activités nocturnes. A Nieschool (à l’école à vélo) ou schule.bewegt derwenigen par exemple, un village de (l’école bouge, voir encadré), cherchent 2000 habitants du canton de Zurich, à motiver les enfants et les adolescents quelque 100 jeunes garçons et filles à bouger davantage – sans pour autant jouent au basket le samedi soir. Si dans toujours mettre la santé physique en l’environnement urbain, les priorités avant. C’est ainsi que le projet Midnight sont essentiellement l’intégration, la Basketball offre aux jeunes avant tout promotion de l’activité physique et la une alternative au fait de traîner tard prévention du tabagisme, en régions rudans la rue. rales, les enjeux sont plutôt la prévention de l’alcoolisme, le vandalisme et Une offre sportive ouverte l’exclusion des filles de l’espace public.

des plus réussies

C’est en 1999 que quelques salles de sport ont été ouvertes pour la première fois dans le Kreis 4 de Zurich pour offrir aux jeunes de la rue la possibilité de jouer au basket. Lancée dans le cadre d’un projet de prévention de la violence et des dépendances, l’offre s’adressait aux 13 –17 ans qui étaient encore dehors le week-end après 22 heures et qui, faute de moyens financiers, ne pouvaient pas se permettre d’aller à des concerts, dans des bars ou des discothèques. L’accueil fut très positif et, depuis, le Midnight Basketball est devenu l’activité sportive la plus prisée des jeunes. En 2007, 42’000 jeunes ont joué au basket dans 49 salles de sport de Suisse alémanique. En janvier 2008, une représentation de Midnight Basketball a été ouverte à Berne et une implantation en Suisse romande est prévue.

Aide au démarrage de projets Midnight L’organisation faîtière des projets Midnight soutient les nouveaux groupes de projets dans la mise en place de manifestations de Midnight-Basketball et organise les premières séances de planification. La planification et la conception de la phase pilote incombent ensuite au groupe de projet. Les projets Midnight reçoivent un soutien financier de la part des communes, des fondations privées, de la promotion de la santé cantonale et fédérale, de l’Office fédéral du sport et de l’Office fédéral de la santé publique. Contact: Valérie Bourdin Section Nutrition et activité physique valerie.bourdin@bag.admin.ch

Jouer et participer Le Midnight Basketball est accessible à toutes les filles et tous les garçons entre 13 et 17 ans. Il n’y a pas d’inscription ni de cotisation, pas d’arbitre non plus, afin que les jeunes apprennent à trouver eux-mêmes une solution constructive en cas de désaccords. L’élément central du concept sont les «junior coaches», c’està-dire des jeunes à qui les collaborateurs du projet confient certaines tâches sur le terrain, à l’entrée de la salle ou à l’extérieur avec, pour objectif, de motiver avant tout les jeunes «non sportifs» à participer. En effet, les garçons et les filles qui ne brillent ni dans le sport ni par leur apparence vestimentaire trouvent trop souvent refuge dans des comportements négatifs pour attirer l’attention. Mais dès qu’ils endossent le t-shirt de coach, leur comportement change radicalement. En 2007, 126 jeunes ont été initiés au travail de junior coach. Pour

schule.bewegt – 20 minutes d’exercice physique par jour De nombreux enfants n’ont pas l’espace nécessaire pour assouvir leur besoin naturel d’activité physique. En plus des parents, des responsables de crèches et de jardins d’enfants, des pédiatres et des représentants politiques, les écoles ont aussi pour rôle de créer pour les enfants un environnement propice au mouvement et de les encourager, par l’exemple, à bouger suffisamment pour rester en bonne santé. Dans le cadre de l’Année internationale du sport et de l’éducation physique 2005, le programme «l’école bouge» a été lancé dans les écoles afin d’inciter les enfants à intégrer l’activité physique dans leur quotidien. Toutes les écoles et les classes participantes sont invitées à bouger au

moins 20 minutes par jour pendant au moins un trimestre. Les activités choisies peuvent être pratiquées partout: sur le chemin de l’école, avant ou après les cours, pendant les pauses ou en classe. Chaque classe choisit elle-même la manière dont elle veut bouger quotidiennement. Toutes les classes reçoivent de la part de schule.bewegt des idées et du matériel afin de mettre les différents modules en oeuvre de manière aussi variée qu’attrayante. Informations et inscription: www.schule.bewegt.ch

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« Pour un bon développement!» – Congrès pour professionnels de la prévention Prévention secondaire. Un congrès aura lieu le 30 octobre 2008 à Berne, intitulé «Pour un bon développement! – Nouvelles approches en prévention pour enfants, jeunes et familles». Les résultats de la recherche sont clairs: les enfants avec des conditions de départ difficiles et soumis à des contraintes familiales sont défavorisés dans leur développement. Cette constatation permet de mieux comprendre l’ivresse ponctuelle, la consommation de cannabis et d’autres comportements problément et une intégration réussie? Quel matiques, comme la violence juvénile. est l’impact des nouvelles approches Plate-forme d’échange de la rede prévention sur la consommation de cherche actuelle cannabis et autres comportements à Comment la prévention peut-elle soute- risque? La journée «Pour un bon dévenir les enfants à risque ainsi que leur fa- loppement!» sera une plate-forme d’inmille et leur assurer un bon développe- formation et de discussion sur les projets de recherche et d’intervention conduits actuellement.

Pour un bon développement!

Nouvelles approches en prévention pour enfants, jeunes et familles Jeudi 30 octobre 2008 Kultur-Casino Berne Programme & inscription: www.lebenschancen.infodrog.ch Renseignements: Infodrog, téléphone 031 376 04 01 Coûts: 130 CHF/80 EUR, repas et documentation du congrès inclus. Délai d’inscription: 10 octobre 2008

Des experts venus de Suisse et d’Europe Bernhard Meili, président du comité d’organisation, se félicite de la venue «d’éminents spécialistes des questions de la prévention et de la détection précoce, dont le dénominateur commun est la mise en pratique des résultats de la recherche». Le congrès accueillera des experts suisses comme Gebhard Hüsler de l’Université de Fribourg, Françoise Alsaker de l’Institut de psychologie de

l’Université de Berne, Heidi Simoni de l’Institut Marie Meierhofer pour l’enfant à Zurich et Jean-Pierre Gervasoni de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Lausanne. Deux experts renommés, d’origines suédoise et portugaise, ouvriront une perspective européenne. «J’attends avec une impatience particulière l’exposé de l’éminent professeur Sven Bremberg du Public Health Institut de Stockholm. La Suisse a beaucoup à apprendre de la Suède en matière de prévention, de détection précoce et d’égalité des chances», nous dit Bernhard Meili.

Forums «Cannabis» et «Enfants et parents» L’après- midi, les participants auront le choix entre deux forums présentant chacun trois contributions. Dans le forum sur le cannabis, trois études et pro-

jets seront exposés, parmi lesquels les premiers résultats sur l’étude INCANT sur le traitement de famille multidimensionelle de jeunes dépendants aux cannabis. Le forum «Enfants et parents» sera consacré à de nouvelles approches dans le soutien aux enfants socialement défavorisés, à l’intervention précoce lors de mobbing et à la prévention précoce de la violence. Ce congrès s’adresse aux professionnels de la prévention et de la promotion de la santé, aux personnes-clés dans les domaines de la santé, du social et de la jeunesse, aux scientifiques et à tous les autres intéressés. Les exposés seront présentés en français, allemand et anglais avec traduction simultanée. Contact: Bernhard Meili, Infodrog b.meili@infodrog.ch www.infodrog.ch

«Pour les jeux les plus excitants de tous les temps» une fois par an aux services d’une travailleuse du sexe. Ils ne se distinguent des autres hommes ni par leur formaLes cinq règles du client tion, ni par leur nationalité ou leur relides prostituées gion. Etre client de prostituées est touLes actions menées à l’occasion de jours tabou dans la société suisse. Le l’Euro 2008 doivent rappeler qu’il y a révéler fait craindre aux hommes la disdes règles dans le sexe tarifé: crimination et le préjudice. L’un des ob– La courtoisie, le respect et une jectifs de Don Juan est de lever ce tabou apparence soignée facilitent le contact. et de contribuer ainsi à faire reconnaî– L’alcool désinhibe mais réduit la tre la consommation tarifée de services libido. Moins on boit, plus on prend sexuels offerts par des personnes adulson pied. tes comme une donnée sociale. Cette ac– Tenir sa parole. Respecter toujours ceptation est le fondement d’une préce qui a été convenu, à commencer vention efficace. Les offres de Don Juan par le prix. visent une meilleure sensibilisation des – Si la prostituée travaille contre son clients en matière de prévention et, par gré ou si elle est sous pression, là même, une contribution à la baisse consulter www.don-juan.ch des nouvelles infections par des malaRègles du client des prostituées à lent, par leur action dans le cadre de – Préservatif ou préservatif, on peut dies sexuellement transmissibles au sein l’Euro 2008. L’Aide Suisse contre le leur offre de prévention à l’intention des choisir: la bonne taille. Mais jamais de la population hétérosexuelle: site InSida et ProCoRé lancent, avec le clients de prostituées «Don Juan», plaisans. ternet avec consultation en ligne pour les soutien de la campagne LOVE LIFE der pour le fair-play requis dans les couclients de prostituées, dialogue indiviSTOP SIDA pour l’Euro 2008, un lisses de la grande fête du football. Cel- La campagne doit permettre d’atteindre duel avec les clients dans le milieu, maprojet Don-Juan spécial: rappeler le-ci inclura aussi la vie nocturne dans davantage d’hommes que ne l’autori- tériel de prévention destiné aux établisles cinq règles du client des les villes où se disputent les matchs, et sent les autres activités de dialogue di- sements et aux bars. www.don-juan.ch prostituées rassemblées sous le donc aussi le sexe, y compris tarifé. Ce rect dans le cadre du projet Don Juan. Contact: Norina Schwendener titre «Fairplay aussi dans le sexe sont des équipes chargées de la prévenLe projet Don Juan Section Campagnes tarifé». tion et issues des antennes régionales norina.schwendener@bag.admin.ch qui distribueront à Bâle, Berne, Coire, En Suisse, quelque 350’000 hommes – L’Aide Suisse contre le Sida et ProCoRé Genève et Zurich des préservatifs et des soit près d’un homme sur cinq ayant enKaren Klaue, section Sida (Prostitution-Collectif-Réflexion) veu- cartes postales au contenu informatif, tre 20 et 65 ans – recourent au moins karen.klaue@bag.admin.ch censées également déclencher un petit sourire chez les hommes.

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Safer sex toujours en diminution auprès des homosexuels GaySurvey 2007. Réalisée pour la huitième fois en 2007, l’étude GaySurvey montre que l’érosion du safer sex se poursuit parmi les HSH, en particulier dans le contexte de relations avec des partenaires sexuels occasionnels. GaySurvey est une enquête menée périodiquement depuis 1987 par l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (Lausanne) auprès des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Elle s’inscrit dans le dispositif de surveillance du VIH, établi par l’Office fédéral de la santé publique, en tant qu’instrument de suivi des comportements face au VIH/sida dans ce groupe-cible. Elle consiste en un questionnaire anonyme diffusé par la plupart des associations homosexuelles, les journaux gays et certains saunas. Depuis 2004, l’enquête est également réalisée sur Internet à l’aide d’un questionnaire en ligne annoncé sur des sites gays (webzines et sites de rencontre). En 2007, 2953 HSH ont répondu au questionnaire (1047 au questionnaire imprimé et 1906 au questionnaire en ligne).

Activité sexuelle Les premiers résultats de l’enquête 2007 montrent une vraisemblable stabilisation de l’activité sexuelle à un niveau relativement élevé. On n’observe pas d’évolution significative du nombre de partenaires sexuels déclarés par les répondants: plus de la moitié des répondants ont eu plus de 5 partenaires sexuels au cours des 12 mois précédant l’enquête. Environ trois quarts ont eu des relations sexuelles avec des partenaires occasionnels (anonymes ou non) et près de 70% ont eu un partenaire stable (50% au moment de l’enquête). Les relations stables non-exclusives sont fréquentes: deux tiers des répondants ayant une relation stable d’une durée de plus d’une année déclarent avoir eu un ou des partenaires occasionnels au cours des 12 mois précédant l’enquête.

La part de répondants s’exposant au risque de transmission du VIH continue d’augmenter. On observe en effet une hausse du pourcentage de répondants ayant eu un rapport non protégé avec un partenaire de statut sérologique différent ou inconnu: de 11% en 1994, il est passé à 16% en 2007. Parmi ces répondants, la moitié déclare avoir eu ce type de rapport plusieurs fois au cours des 12 derniers mois. Dans un tiers des cas, le dernier rapport non protégé impliquait un partenaire anonyme. La pratique de la pénétration anale (active ou passive) avec des partenaires occasionnels continue d’augmenter (1992: 61%; 2007: 79%), de même que le pourcentage de répondants déclarant ne pas utiliser systématiquement de préservatifs dans cette circonstance (1992: 14%; 2007: 24%) (cf. figure). Le non usage de préservatifs avec des partenaires occasionnels est associé à différents facteurs, dont le fait de connaître son partenaire, de ne pas avoir de partenaire stable, ainsi que d’être VIH-positif. L’usage systématique de préservatifs avec le partenaire stable est nettement moins important qu’avec les partenaires occasionnels en raison notamment de stratégies de prévention alternatives basées sur la confiance, des accords et/ ou la connaissance mutuelle du statut sérologique de l’un et l’autre partenaire. Cela étant, environ 40% des répondants ayant une relation stable ignorent (ou ne se prononcent pas) sur le statut sérologique de leur partenaire ou sur leur propre statut sérologique. Plus d’un tiers des répondants (39%) ont des rapports non protégés avec leur partenaire stable dans cette circonstance. Aussi, le risque de transmission du VIH demeure non négligeable dans le cadre de relations stables. Le graphique ci-dessous illustre la proportion de répondants ayant pratiqué la pénétration anale avec des partenaires occasionnels au cours des 12 derniers mois et, parmi ceux-ci, la proportion de répondants déclarant ne pas utiliser systématiquement de préservatifs. Contact: Roger Staub Chef Section sida roger.staub@bag.admin.ch

Poursuite de l’augmentation des expositions au risque

100 90 80 70 60

66

61

83

79

73

76

66

56

50 40 30 20 10 0

14

13

9

1992

(n=771)

1994

(n=936)

1997

(n=860)

2000

(n=720)

2004

(n=880)

25

23

24

20

18

2007

2004

(n=781)

2007

web (n=846)

web (n=1315)

% répondants ayant pratiqué la pénétration anale au cours des 12 mois précédant l‘enquête % répondants ayant eu des rapports non protégés parmi ceux pratiquant la pénétration anale

Un accès satisfaisant au test VIH L’enquête montre, par ailleurs, que les répondants recourent fréquemment au test VIH. La grande majorité d’entre eux ont déjà fait le test au cours de la vie et environ un tiers y ont recouru dans les 12 mois précédant l’enquête. Le pourcentage de répondants testés positifs au VIH varie fortement selon le mode de recrutement: il s’élève à 12% parmi les répondants au questionnaire imprimé contre 6% parmi les répondants du questionnaire en ligne.

Dans l’ensemble, ces résultats montrent que l’érosion des comportements préventifs – même s’ils restent majoritaires – se poursuit parmi les HSH en Suisse expliquant ainsi la forte recrudescence des nouveaux diagnostics VIH-positifs observée ces dernières années en Suisse. Ces résultats plaident en faveur d’ajustements des stratégies de prévention, mais ne devraient en aucun cas décourager l’effort de prévention primaire, en particulier auprès des jeunes HSH qui débutent leur vie sexuelle.

Infographique

L’épidémie de VIH/sida en Suisse depuis 1996 1000

400

800

300

600

Nombre

Nombre de diagnostics

Diagnostic VIH selon le mode de contamination 500

200 100 0

400 200

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

0

1996

1997

1998

1999

Année de test Hétérosexuel

HSH

Injection de drogues

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Année Autres

VIH

Sida

Nb. total de décès

Nb. de décès dus au sida

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Publications Titre

Contenu/volume

Prix

A commander auprès de

Manuel «Diversité et égalité des chances. Les fondements d’une action efficace dans le microcosme des institutions de santé»

Le manuel, issu du projet Migrant Friendly Hospitals, est disponible en allemand, en français, en italien et, désormais aussi en anglais.

gratuit

H+, Hôpitaux de Suisse, Secrétariat central. www.hplus.ch

Combattre la discrimination raciale en milieu hospitalier

Un manuel à l’intention des établissements prestataires de soins, publié par la Société suisse pour la politique de la santé et la Croix-Rouge Suisse.

CHF 52.– pour les non-membres, CHF 40.– pour les membres de la SSPS, frais de port non compris

SSPS, case postale 2160 8026 Zurich Fax 043 243 92 21 info@sggp.ch www.sggp.ch

Titre

Date/lieu

Descriptif

Contact

«Promotion de la santé, l’affaire du chef!»

Jeudi, 19 juin 2008, Université de Bâle

Congrès national pour la promotion de la santé dans l’entreprise 2008

www.gesundheitsfoerde rung.ch/tagung

2e symposium international «Prévention et traitement du jeu excessif dans une société addictive»

19 et 20 juin 2008 Université de Lausanne

Dans un contexte d’expansion économique sans précédent de l’industrie des jeux d’argent, quelle peut être la place d’une politique de santé publique des addictions dites «comportementales».

Centre du Jeu excessif 7, rue Saint-Martin 1003 Lausanne Tel. 021 316 44 40 www.jeu-excessif.ch

Nouvelles approches en prévention pour enfants, jeunes et familles

www.infodrog.ch

Abonnement gratuit

Agenda

Congrès «Pour un bon développement!»

Jeudi, 30 octobre2008, Kultur-Casino Berne

Oui... … j’aimerais m’abonner gratuitement au magazine de prévention et de promotion de la santé «spectra»

Veuillez me l’envoyer à l’adresse suivante:

Contact

Nom

Section, Service

Téléphone

Section, Service

Téléphone

Prénom

Section Alcool et Tabac

031 323 87 86

Section Campagnes

031 323 87 79

Adresse

Section Drogues

031 323 87 13

Section Egalité des chances et santé

031 323 30 15

Lieu

Section Sida

031 323 88 11

Section Nutrition et activité physique

031 323 87 55

Section Bases scientifiques et juridiques

031 323 87 93

en allemand en français en anglais

spectra online: www.spectra.bag.admin.ch Impressum spectra Nr. 69, Juin – Juillet 2008 «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office. Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33, www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne hoigne@datacomm.ch Responsable de la commission de rédaction: Adrian Kammer, adrian.kammer@bag.admin.ch Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et d’autres auteurs

10 spectra 69 Juin – Juillet 2008 sport & violence

Veuillez m’envoyer «spectra»:

Veuillez me faire parvenir plusieurs exemplaires de «spectra»: Nombre

Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: BAG, AHS, Roland Baumberger (Voilà), Christoph Hoigné Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3006 Berne Impression: Büetiger AG, 4562 Biberist Tirage: 7000 ex. allemands, 4000 ex. français, 1500 ex. anglais Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: Office fédéral de la santé publique, Section Campagnes, 3003 Berne Tél. 031 323 87 79, Fax 031 324 90 33 kampagnen@bag.admin.ch

Le prochain numéro paraîtra en Août 2008

en allemand en français en anglais

Adresse de commande: GEWA Alpenstrasse 58 Case postale 3052 Zollikofen Téléphone 031 919 13 13 Fax 031 919 13 14


«Voilà est considéré comme un projet exemplaire par les professionnels.» Promotion de la santé et prévention des dépendances dans les associations de jeunesse. Depuis 15 ans déjà, Voilà soutient les camps organisés par les associations de jeunesse pour les enfants et les jeunes dans un but de promotion de la santé et de prévention des dépendances. Un entretien avec Petra Baumberger, responsable du secteur santé auprès du Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ). Qu’est-ce que Voilà, que fait Voilà? Voilà est le programme de promotion de la santé et de prévention des dépendances dans le travail extrascolaire avec la jeunesse. Notre objectif est de promouvoir le bien-être global des enfants et des jeunes au sein des associations de jeunesse et de les soutenir dans le processus qui fera d’eux de futurs adultes afin qu’ils deviennent des personnalités en bonne santé. Voilà est mis en oeuvre dans les associations de jeunesse qui organisent des camps de vacances. Ces camps doivent répondre à certains critères de promotion de la santé et de prévention des dépendances pour être accrédités par Voilà.

Quels sont les principes essentiels du projet Voilà? Voilà est un programme à haute valeur participative. Il est primordial pour nous que les enfants qui participent aux camps soient impliqués autant que possible dans la conception du programme et des conditions-cadres. Pour ce faire, il faut leur permettre de vivre et d’exprimer pleinement leur créativité au sein de la communauté. La participation est également importante au niveau de la direction du programme où les jeunes engagés dans des associations de jeunesse sont impliqués dans les processus de développement et des questions stratégiques ou financières. Un autre principe de Voilà est l’empowerment, c’està-dire donner aux enfants et aux jeunes la capacité d’être actifs et de modifier, seuls ou en groupe, leur environnement. Pour terminer, je voudrais encore mentionner deux grands principes du programme Voilà. D’abord, celui selon lequel les responsables doivent assumer leur fonction de modèle avec conviction et, ensuite, le respect du genre dans toutes nos activités. Il faut, d’une part, que ces activités correspondent aussi bien

aux responsables de camps un accompagnement dans la planification, la conception et l’analyse, assuré par des formateurs spécialisés. Le troisième pilier important de l’assurance qualité est la formation de base et la formation continue des collaborateurs engagés bénévolement dans les programmes cantonaux ainsi que des responsables de camps. Ces derniers doivent suivre une formation spécifique pour que leurs camps puissent être accrédités comme promoteurs de santé.

aux filles qu’aux garçons et, d’autre part, qu’elles permettent aux deux sexes de découvrir et de vivre des aptitudes traditionnellement attribuées à l’autre sexe.

Voilà fête ses 15 ans d’existence. Comment ce programme est-il né? Tout est parti de la base, tout a commencé dans le canton de Soleure où les associations de jeunesse qui se rejoignaient sur un grand nombre de composantes de prévention des dépendances s’étaient regroupées. Elles avaient alors créé et développé le projet «Globalité» et commencé à intégrer systématiquement la prévention des dépendances dans le travail avec les jeunes. La réussite de ce modèle a incité d’autres cantons à faire de même. En 1993, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’est adressé aux organisations de jeunesse et les a incitées à créer un organe de coordination national chargé de coordonner les activités des projets en cours et d’implanter le modèle dans d’autres cantons. C’est ainsi que Voilà est né, et que l’OFSP a chargé le CSAJ de sa coordination.

Comment la base voit-elle Voilà? Avec enthousiasme? Scepticisme?

Petra Baumberger

Si Voilà existe depuis 15 ans et n’a rien perdu de son actualité, c’est qu’il répond à un besoin, est adapté aux structures des associations de jeunesse et qu’il y est bien intégré. Les associations faîtières comme les associations cantonales confirment régulièrement l’utilité de Voilà et insistent sur le besoin en promotion de la santé et en prévention dans les organisations. Grâce à notre longue expérience, nous sommes capables d’apporter une plus-value sensible aux programmes des responsables de camps. Une évaluation effectuée en 2004/2005 a montré que les blocs de programmes consacrés à la promotion de la santé sont particulièrement appréciés, y compris par les enfants des camps.

une collaboration prolongée avec Promotion santé Suisse, puis grâce à un partenariat de projet avec Suisse Balance. Malheureusement, ces deux formes de collaboration ont également trouvé une fin. Voilà est donc contraint à vivre seul, ce qui se ressent aux niveaux national et cantonal. Jusqu’ici, Voilà pouvait participer à des activités au niveau cantonal, désormais la décision de soutenir la promotion de la santé et la préQu’en est-il du financement? vention des dépendances dans le travail L’OFSP est beaucoup engagé pour Voilà des associations de jeunesse incombe pendant 12 ans, d’abord en permettant aux autorités cantonales et éventuelleses débuts grâce à une assistance finan- ment aux paroisses. Les coûts de la Quel est le poids de Voilà au sein cière et en aidant à introduire le projet coordination nationale, soit 80’000 du CSAJ? dans d’autres cantons. Par la suite, francs par an, doivent être financés par l’OFSP a soutenu l’extension du projet le biais de la collecte de fonds. Et nous Le secteur Promotion de la santé et Poen Suisse romande et contribué à déve- ne savons pas encore si cela sera possi- litique de la santé a connu une très forte croissance ces dernières années. Créé lopper l’assurance qualité et à optimiser ble. en 2004 seulement, il est en 2008 déjà les structures. C’est en 2004 que l’OFSP Comment la qualité de l’offre le plus important au sein du CSAJ. Cela s’est retiré de son partenariat avec Voide Voilà est-elle garantie? montre l’importance de la question pour là. A l’échelle nationale, Voilà regroupe 15 nos organisations membres. En la maQuelles conséquences le retrait programmes cantonaux développant tière, Voilà jouit d’une grande valeur en de l’engagement de l’OFSP a-t-il leurs activités dans 18 cantons. L’orga- tant que programme éprouvé et est toueu pour Voilà? ne de coordination national est un pres- jours considéré comme un projet exemDes conséquences très directes. En effet, tataire de service pour les programmes plaire par les professionnels. les associations de jeunesse appré- cantonaux qui, de leur côté, collaborent ciaient grandement, dans leur partici- avec des responsables d’organisations pation à Voilà, le fait que l’organisation de jeunesse dans leurs cantons. Avec ces Voilà en chiffres des camps de vacances répondant aux programmes cantonaux, nous avons critères de promotion de la santé rece- formulé des objectifs communs qui per- 6’000 camps de jeunesse reconnus vait un soutien financier de Voilà. S’il y mettent de travailler avec des instru- comme favorisant la santé ont été a moins de subsides, la disposition des ments unifiés et de concevoir des dérou- organisés depuis 1993. responsables à participer au program- lements homogènes. L’utilisation de ces 265’000 filles et garçons ont profité de me sera moins forte. Les chiffres sont instruments, élaborés en collaboration Voilà depuis sa création. clairs. Dans les meilleures années il avec Promotion santé Suisse et l’Institut 21’500 responsables ont fourni avait été possible d’atteindre 25’000 en- de médecine sociale et préventive de 121’000 heures de travail bénévole. fants et adolescents, aujourd’hui nous l’Université de Berne, garantit un ni- 500’000 francs, c’est ce que coûte le arrivons à 15’000. Nous avons pu com- veau de qualité élevé. De plus, les diffé- programme chaque année, soit penser une partie du soutien retiré par rents programmes cantonaux offrent 35 francs par personne sensibilisée. Trois distinctions ont été octroyées à Voilà: en 2001, le prix de la Mentor Foundation en tant que projet de prévention des dépendances le plus innovant de la Suisse, en 2004 le Premier prix européen de la prévention et, en 2004 également, le prix Eduard-Aeberhardt pour la promotion de la santé. Voilà est un programme du Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ) www.voila.ch / www.sajv.ch

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C’est dans l’air: bientôt un quotidien sans fumée en Suisse Prévention du tabagisme. Lancée début mai, la nouvelle campagne de prévention du tabagisme de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’appuie sur le slogan «La fumée en moins, la vie en plus». Avec une certaine touche d’humour, elle communique en un clin d’œil les nombreux avantages d’une vie sans tabac et s’inscrit dans le droit fil de la précédente campagne «BRAVO» avec le même objectif qui est de transformer le fait de ne pas fumer comme allant de soi. La campagne «La fumée en moins, la vie en plus» s’adresse aussi bien aux fumeurs qu’aux non-fumeurs et réaffirme les avantages d’une vie sans fumée pour les deux groupes. Elle conforte les nonfumeurs dans leur comportement d’abstinence et aspire à réduire l’appréhension des fumeurs désireux d’arrêter. Les mises en garde ont cédé la place à une tonalité positiviste qui communique la promesse d’une meilleure qualité de vie étayée par des faits scientifiques. C’est ainsi que ceux qui abandonnent la cigarette peuvent retrouver leur «Atout coeur» ou respirer de nouveau «A pleins poumons», car après une année sans tabac déjà la capacité pulmonaire augmente et le risque de maladies cardiovasculaires diminue de 50%. La nouvelle campagne consiste en trois séries d’affiches et d’annonces qui seront publiées de mai à novembre.

Suisse, 8’000 personnes meurent prématurément des suites du tabagisme chaque année, soit plus de 20 décès prématurés par jour. 47% de ces décès sont dus à des maladies cardio-vasculaires imputables au tabac, 22% au cancer du poumon, 17% à des maladies des voies respiratoires et 12% à d’autres types de cancer. A l’échelle mondiale, la mortalité imputable à la consommation de tabac est tout aussi importante. En 1999, le nombre de cas mortels dus au tabagisme se montait à 4 millions dans le monde. L’OMS prévoit pour 2030 une mortalité due au tabagisme de 10 millions de perLa ligne téléphonique stopsonnes par an. Un tel chiffre signifierait tabac: une aide pour s’en sortir que le tabagisme est devenu le premier Il est avéré qu’un soutien professionnel facteur de mortalité, avant toute autre accroît sensiblement les chances d’aban- maladie (paludisme et sida compris) et donner durablement le tabac. C’est qu’il est à l’origine d’un décès sur six. A pourquoi les annonces mentionnent juste titre, l’OMS considère le tabac aussi la ligne téléphonique stop-tabac comme un cas particulier: la cigarette 0848 000 181 dont le conseil personnel est «le seul produit de consommation et professionnel facilite le sevrage; la li- courante qui, utilisé dans le but pour legne est gérée par l’Association suisse quel il a été produit, tue son consommapour la prévention du tabagisme et la Li- teur». gue suisse contre le cancer.

20 victimes du tabac chaque jour en Suisse Un regard sur les statistiques suffit à se convaincre que la prévention du tabagisme est toujours un sujet urgent. La moitié des fumeurs réguliers meurt prématurément et, parmi eux, 50% également avant d’avoir atteint 70 ans. En

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Changement de mentalité à l’égard du tabagisme passif

En 2006, 71% des personnes âgées de 14 à 65 ans vivant en Suisse étaient nonfumeurs, mais 27% d’entre elles inhalaient involontairement la fumée d’autrui au moins une heure par jour. C’est dans les restaurants, les cafés et les bars que l’exposition est la plus forte.

Le tabagisme passif concerne en premier lieu les adolescents et les jeunes adultes. 42% des 14 –19 ans et 65% des 20 – 24 ans étaient exposés quotidiennement à la fumée ambiante pendant au moins une heure par jour. On estime que le tabagisme passif entraîne la mort de plusieurs centaines de non-fumeurs chaque année en Suisse. La campagne de prévention du tabagisme ne vise pas seulement à faire baisser le nombre de fumeurs mais aussi à atteindre un changement profond des mentalités à l’égard du tabagisme passif: l’objectif est de convaincre 80% de la population de la nocivité du tabagisme passif et de la nécessité qu’il y a à prendre des mesures de protection appropriées. A ce jour, 64% de la population se prononcent en faveur d’une interdiction générale de fumer dans les restaurants, les cafés et les bars.

Succès des «Actions sans fumée» Un nombre croissant d’actions de prévention du tabagisme s’inscrivant dans la lignée des campagnes nationales contribue dans tous les domaines de la vie à créer un environnement sans fumée. En participant au concours «Lieu de travail. Sans fumée.», les entreprises qui garantissent un lieu de travail nonfumeur à leurs employés peuvent gagner de l’argent – 1900 entreprises participent déjà au concours. «L’expérience non-fumeur» incite les élèves de la 6e à

la 9e année à ne pas fumer pendant au moins 6 mois. Le sport aussi bénéficie d’une action nationale: «Le sport sans fumée!» est un projet de «cool and clean», le plus grand programme de prévention lancé dans le sport en Suisse. Contact: Adrian Kammer Chef Section Campagnes adrian.kammer@bag.admin.ch Liens www.bravo.ch: Commande gratuite de petites affiches (A3) en ligne (shop). www.tabak.bag.admin.ch www.sportrauchfrei.ch www.experiment-nichtrauchen.ch


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