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Newsletter Prévention et promotion de la santé Mars 2011

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Partenariat avec l’économie 2

Partenariat public-privé: atouts et risques La course aux économies et à une plus grande efficience poussent les pouvoirs publics à recourir toujours plus aux services d’entreprises privées. Cette forme de collaboration entre l’État et l’économie privée est appelée partenariat public-privé (Public Private Partnership (PPP). Pour leurs partisans, les PPP sont désormais incontournables. Les détracteurs pointent un risque de perte de contrôle de l’État et contestent l’accroissement automatique d’efficience. En Suisse, les PPP sont encore peu répandus. Le secteur de la santé ouvre la porte à de premiers projets.

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Partage des responsabilités sous contrôle de l’État Dans quelles conditions l’État peut-il déléguer des tâches au secteur privé – notamment dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé? Au cours d’un entretien avec spectra, Roger Darioli, professeur en médecine, et Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC, ont répondu aux questions sur la responsabilité et le contrôle, sur les atouts, les limites et les risques de ce type de collaboration. La conversation se référait, notamment, au projet actionsanté dans lequel des entreprises de l’industrie alimentaire s’engagent, au travers d’actions volontaires, à améliorer la santé de la population.

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Journée PAC sur le thème Alcool, élixir de violence A «La Main Tendue», un tiers des appels concernant des cas de violence domestique impliquent un acteur ayant une consommation problématique d’alcool. Les enquêtes sur les interventions de la police pour violence domestique livrent des chiffres similaires. Alcool et violence vont souvent de pair. C’est pourquoi les offres de conseil et de traitement dans le domaine de l’alcool devraient aussi intégrer la question de la violence, et inversement. Ce qui est encore rarement le cas, comme l’a démontré la dernière journée consacrée aux Plans d’action cantonaux alcool (PAC).


Partenariat public-privé: un avenir dans le secteur de la santé? Article de fond. Les États recourent de plus en plus aux entreprises pour parvenir à remplir leurs missions et à décharger les budgets. Cette forme de collaboration entre le secteur public et le secteur privé est plus connue sous le nom de partenariat public-privé (Public Private Partnership, PPP). Quels sont les atouts et les risques de ce type de partenariats? Quelle importance a le PPP dans le secteur sanitaire en Suisse? Restrictions budgétaires, dette publique, mesures économiques et efforts d’accroissement de l’efficience: les administrations sont contraintes de trouver sans cesse de nouvelles méthodes de financement des services publics et d’amélioration de l’efficience. Depuis le début des années 90, les compressions régulières des moyens publics ont mis à l’ordre du jour le recours à des ressources privées pour remplir les tâches de l’État. La Grande-Bretagne s’est transformée en grande prêtresse de la privatisation, avec des résultats parfois mitigés. Pour répondre aux excès de la privatisation est née ce que l’on a appelé la «troisième voie», c’est-à-dire un partenariat entre l’État et l’économie privée. Fondamentalement, le PPP est un modèle de financement pour fournir des services publics. Les PPP doivent contribuer à alléger les budgets publics et à mettre à disposition des services publics plus efficients et moins chers. Les domaines d’intervention privilégiés sont essentiellement la construction et l’exploitation de projets d‘infrastructures tels que les écoles, les chemins de fer ou les hôpitaux. Une entreprise privée, la plupart du temps une société de

cessité absolue pour l’État et l’économie. Ils fournissent à l’État de nouvelles sources d’argent pour financer des tâches qui lui incombent, et lui permettent d’en accroître l’efficience. Le gain d’efficience mentionné par rapport à des variantes traditionnelles de financement et d’exploitation est d’environ 20%. Étant donné qu’un PPP prend en compte le cycle de vie complet d’un inGrandes chances – dangers vestissement ou d’une installation d’inencore plus grands? frastructure, et qu’un mandat est attriLes partisans des PPP considèrent cette bué sur une base contractuelle à long forme de financement comme une né- terme, il devient possible de raisonner

en termes d’économicité et de procéder à des évaluations sur divers secteurs et phases. Le résultat peut se traduire par des solutions moins chères, plus efficientes et meilleures. Lorsque le service est fourni de manière traditionnelle, cette vision globale n’est pas possible car le nombre de services publics compétents pour telle ou telle tâche et phase de projet est très important. Mais l’État n’est pas le seul gagnant dans un PPP: l’économie privée accède, grâce à ce modèle, à un marché immense de services fournis jusqu’alors par les pou-

Comment saisir les chances offertes par les PPP? Cette question est à l’ordre du jour depuis plus de 10 ans dans la promotion de la santé. En décembre 1999 déjà, l’OMS annonçait le lancement d’une alliance globale pour la promotion de la santé, qui devait réunir des représentants des secteurs public et privé ainsi que de la société civile. La vision d’une alliance globale apparaît aujourd’hui de manière réjouissante dans un grand nombre de partenariats aux niveaux local, régional et national.

obtenu le label Friendly Workspace attribué depuis 2009. Soigner l’image de l’entreprise en améliorant les conditions de travail – une situation gagnant-gagnant classique. S’ils sont clairement définis, les critères de qualité pour l’attribution du label laissent aussi une marge de manœuvre pour les besoins spécifiques des différentes entreprises. La recette du succès d’un PPP pourrait donc être la suivante: pas de système bureaucratique rigide, mais de la souplesse et une présence partenariale. C’est toute la société qui pourra en profiter.

projet à la structure complexe, souvent internationale, assume pour l’État le financement, la construction, l’entretien et éventuellement la valorisation (démantèlement) d’une installation d’infrastructure ou d’un service. L’État paie pour ce service rendu, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une sorte de système de leasing ou de location.

Forum PPP – la formule magique? PPP: Public Private Partnership, en français, partenariat public-privé. Trois lettres, trois mots – une formule magique? Les avis divergent: les uns voient dans le PPP la solution idéale pour l’action commune de l’État et de l’économie, les autres n’y voient qu’un piètre tour de magie visant à éclipser le public. Concrètement et pris au mot, le PPP revêt des traits plus réalistes: fondamentalement, le partenariat public-privé n’est pas nouveau. La culture politique en Suisse connaît une longue tradition de partenariats entre les acteurs publics et l’économie privée. Le rail et la poste au niveau fédéral, l’informatique et l’énergie au niveau cantonal, le trafic et les déchets au niveau communal – pour ne citer que quelques exemples de longs partenariats public-privé. La question n’est pas de savoir s’il faut des PPP mais quelle forme doivent revêtir ces coopérations partenariales et comment on peut les exploiter encore mieux.

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Quelle est la situation en Suisse? Promotion Santé Suisse a fait de bonnes expériences avec des PPP au cours des dernières années et lancé divers projets. En tant que fondation de droit privé avec un mandat légal et sous contrôle de l’État, Promotion Santé Suisse est déjà en soi un exemple de partenariat public-privé. Jusqu’à sa fondation, la prévention et la promotion de la santé ne faisaient que partiellement partie du cahier des charges de l’État. Ce qui fait tomber un point de critique (justifié dans certains

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cas) à l’adresse des PPP: celui selon lequel des partenariats conduiraient tout simplement à la privatisation de tâches étatiques. Notre approche est axée vers l’avenir et repose sur l’hypothèse optimiste selon laquelle il est dans l’intérêt de l’économie d’accorder la plus haute priorité à la santé. Hors de question donc de contraindre l’économie à agir, ainsi que certaines voix s’en sont fait l’écho récemment dans le domaine de la santé. Le partenariat ne repose pas sur un contrôle venu de plus haut mais négocie des conditions qui placeront toutes les parties dans un rapport gagnant-gagnant. Par exemple, le label Friendly Workspace. L’idée est venue de l’économie privée, de créer des standards de gestion durable de la santé en entreprise. Promotion Santé Suisse a saisi la balle au bond et élaboré, avec des entreprises leader suisses, des critères de qualité pour évaluer le climat de l’entreprise. Aujourd’hui, plus de 100’000 employé-e-s travaillent dans des entreprises qui ont

Thomas Mattig, directeur Promotion Santé Suisse


En première ligne

voirs publics. Serions-nous donc en présence d’une situation gagnant-gagnant classique? Les détracteurs des PPP en doutent. Ils se méfient non seulement du gain d’efficience de 20% souvent cité, mais craignent également que des conglomérats économiques aux tentacules internationales étouffent les pouvoirs publics. Ils s’interrogent. A quel prix les pouvoirs publics achètent-ils cette manne financière supplémentaire? Appartiendra-t-il désormais à des entreprises privées, souvent des groupes internationaux, de fixer les normes de service public? L’État perd-il toute influence sur ses missions originelles? L’économie privée est-elle en train de coloniser le secteur public? L’État se lie-t-il pour des décennies à des contrats qu’il ne pourra plus dénoncer, ou seulement à des coûts supplémentaires gigantesques? L’État devient-il tributaire de conseillers et de l’économie privée? Pour les détracteurs, les pouvoirs publics paient, si l’on prend en considération la durée totale du contrat, sensiblement plus pour l’infrastructure ou les services que lors d’une solution traditionnelle. En effet, certaines entreprises privées ne s’engageraient dans la construction, l’exploitation et l’entretien d’infrastructures que pour les périodes contractuelles et n’investiraient pas à long terme dans la préservation de l’infrastructure. Les installations revenant à l’État à l’échéance du contrat auraient alors perdu toute valeur économique et l’État devrait assumer leur assainissement.

Centre suisse des paraplégiques de Nottwil (privé). Les deux partenaires fournissent, ensemble, des services en matière de chirurgie spinale, de médecine de la douleur et de pathologies neuromusculaires et garantissent conjointement les soins médicaux. Cette collaboration est souvent citée en exemple parmi les professionnels et qualifiée de «premier véritable PPP de Suisse». Au niveau fédéral, il n’y a jusqu’ici aucun exemple de projet de PPP dans le domaine de la santé. Il est vrai que la marge de manœuvre est restreinte car, pour la majorité des projets sanitaires, la compétence incombe aux cantons. Il existe néanmoins une collaboration avec des partenaires privés dans certains secteurs au niveau national. L’engagement des entreprises privées va de l’emploi à court terme de main d’œuvre temporaire, p. ex. dans le cadre de l’épidémie de H1N1, jusqu’à des coopérations à long terme avec des instituts comme des laboratoires privés. Il s’agit ici toutefois moins de PPP que de l’achat de services, de biens ou de prestations (externalisation, contrats de prestation, etc.).

geable ici. L’idée est que l’entreprise privée finance le service national d’interprétariat communautaire par téléphone, en assure la mise en place et l’exploitation et que la solution élaborée pour l’OFSP soit réutilisable dans un autre contexte. Ainsi, l’utilité serait augmentée pour l’entreprise et l’investissement dans le projet serait plus attrayant. S’il est actuellement difficile d’évaluer les chances et les risques générés par d’éventuels PPP pour l’OFSP, cette forme de collaboration est pourtant appelée à prospérer en Suisse. L’Ordonnance révisée sur les finances de la Confédération incite en effet les unités administratives à envisager, pour accomplir la mission de service public, la possibilité de conclure des contrats de PPP à long terme. Contact: Ursula Ulrich-Vögtlin, co-responsable division Projets multisectoriels, ursula.ulrich@bag.admin.ch

Les prémices

La nouvelle campagne contre l’alcoolisme constitue un point de départ concret pour une collaboration au sens d’un PPP. L’implication des entreprises de la branche dans le financement et la mise en œuvre de la campagne y est clairement abordée. La cybersanté est également un domaine propice aux PPP. C’est ainsi qu’une mise au concours est Les PPP dans le secteur actuellement prévue pour un service nasanitaire suisse tional d’interprétariat communautaire Pourtant, certains cantons ont déjà fait par téléphone en lien avec la stratégie de bonnes expériences avec des PPP. «Migration et santé». Il s’agit de garantir Dans le secteur sanitaire, le domaine les conditions techniques et la mise à hospitalier en a été le principal bénéfi- disposition d’un réseau d’interprètes ciaire, à l’instar de la collaboration ainsi que l’exploitation de ce service. La entre l’hôpital cantonal de Lucerne et le formule du PPP pourrait être envisa-

La promotion d’un mode de vie sain ne peut être la tâche exclusive des autorités sanitaires. Les acteurs privés sont importants lorsqu’il s’agit de permettre aux personnes de se décider en faveur d’un mode de vie sain. Se référant à la législation sur les denrées alimentaires, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) veille, avec ses partenaires, à la sécurité des denrées alimentaires et des objets usuels en Suisse. Premiers responsables de la sécurité des denrées alimentaires qu’ils produisent, les fabricants sont également tenus à un autocontrôle. C’est ensuite à la Confédération et aux cantons qu’il incombe de procéder à des contrôles par sondage. Ce partage des responsabilités et la collaboration entre l’économie privée et l’État garantissent une bonne sécurité des denrées alimentaires tout en évitant lourdeur et cherté d’un système de contrôle étatique. Dans le cadre du Programme national alimentation et activité physique 2008 – 2012, l’OFSP a choisi une nouvelle forme de collaboration avec l’économie. Au travers d’actions volontaires dans le cadre d’actionsanté, les entreprises fournissent une contribution importante à la création d’un environnement favorable à la santé. Leurs domaines d’intervention volontaire sont l’amélioration des informations aux consommatrices et aux consommateurs, le contrôle de la composition des denrées alimentaires, la promotion d’un environnement favorable à l’activité physique ainsi qu’un code de conduite pour la publicité concernant les denrées alimentaires à forte densité énergétique. Le sponsoring est également une forme de répartition des tâches entre le secteur public et le secteur privé dans les projets de prévention.

Infographisme Ensemble des actions des partenaires actionsanté

Quelle que soit la configuration de ces différentes formes de collaboration, leur succès dépend de deux facteurs aussi importants qu’indispensables: la confiance mutuelle et le dialogue ouvert.

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Traditionnellement, la collaboration entre l’État et l’économie privée est bien ancrée en Suisse. Coupes budgétaires, exigences accrues envers l’État et complexité croissante des processus d’innovation contraignent l’Administration à recourir davantage à la collaboration avec l’économie privée. La prévention et la promotion de la santé ne font pas exception. Ici aussi, on assiste à des investissements dans la mise en place de partenariats efficaces.

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Sel

Sucre

Graisses

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Taille des portions

Partenaires actionsanté Les promesses d’actions ont été lancées par 10 partenaires, tous issus de l’industrie agroalimentaire.

1 Publicité/ Marketing

Les 16 actions lancées par les partenaires actionsanté couvrent les domaines suivants: 1) réduction du sel (6), réduction du sucre (2), amélioration de la qualité des graisses et diminution (3), amélioration de l’offre (2), diminution de la taille des portions (1), code de conduite pour la réduction de la publicité destinée aux enfants (2)

Sel

Sucre

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Taille des portions

Publicité/ Marketing

Coop

Coop

Coop

Migros

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Coca-Cola

Mars

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Selecta

Migros

Traitafina

Kellogg

Liliane Bruggmann Responsable de la section Nutrition et activité physique

Mars

Traitafina

Nestlé

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PepsiCo Unilever

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Nouveaux défis pour le traitement résidentiel des addictions Aide en matière de dépendances. Les établissements ambulatoires et résidentiels de l’aide en matière de dépendances devraient davantage collaborer au lieu de se percevoir en situation de concurrence – compte tenu des coupes budgétaires des pouvoirs publics et des exigences accrues posées à des traitements modernes et efficaces des addictions. Telle est la conclusion d’une étude réalisée par l’Université de Lausanne sur mandat de la CRIAD (Coordination romande des institutions œuvrant dans le domaine des addictions).

définition convergente de la problématique de l’addiction, des troubles qu’elle engendre et de la chaîne de traitements pertinents; – la définition commune des objectifs à atteindre par les acteurs, du concept de prise en charge, de l’offre de prestations, des groupes cibles, des partenaires du réseau; – la recomposition et l’ajustement des prestations de l’offre résidentielle et la reconnaissance de sa pertinence en matière de traitement de personnes souffrant de problèmes d’addiction; – l’organisation d’interfaces appropriées entre les secteurs résidentiel et ambulatoire permettant de les constituer comme des chaînes complémentaires d’un système cohérent de traitements; – la formalisation de procédures de collaboration permettant d’assurer une continuité des soins; – la formation et l’information en matière d’offre intégrée afin de capitaliser les bonnes pratiques et de diffuser les acquis de connaissance.

Le traitement des addictions en Suisse s’inscrit depuis quelques décennies dans un processus continu de renforcement et d’élargissement de l’offre de prise en charge. Dans un premier temps, le secteur résidentiel en a été le principal bénéficiaire. Depuis les années 1990, les efforts se concentrent essentiellement sur les institutions ambulatoires et leurs offres de substitution ou de réduction des risques. Le renforcement régulier du secteur ambulatoire s’est alors accompagné d’une tendance à l’affaiblissement de la place du résidentiel au sein de la prise en charge des addictions. Cependant, face à la prévalence de certaines situations sociales et psychopathologiques lourdes et à l’évolution du profil des personnes dépendantes, cette relativisation de la place du résidentiel pourrait avoir trouvé ses limites.

Evaluation de l’offre résidentielle Tous les acteurs du secteur des addictions considèrent aujourd’hui l’articulation et la complémentarité des domaines d’intervention (social et médical) et des types de traitement (ambulatoire et résidentiel) comme une condition sine qua non à un traitement et un accompagnement optimal des personnes en situation de dépendance. Mais qu’en est-il en réalité? Quid de la collaboration entre ces deux domaines? Pour répondre à ces questions, la CRIAD (Coordination romande des institutions œuvrant dans le domaine des addictions) a mandaté une étude à l’Observatoire de la ville et du développement durable de l’Université de Lausanne visant à réaliser une évaluation pluraliste de l’offre résidentielle de traitement des dépendances et de ses articulations avec le secteur ambulatoire. La recherche a recouru à une approche pluraliste impliquant trois méthodes complémentaires de récolte et de traitement des données: une analyse documentaire, une approche quantitative à dominante statistique et une démarche qualitative fondée sur 120 entretiens approfondis auprès d’acteurs des domaines résidentiel et ambulatoire ainsi que des usagers.

en particulier pour les acteurs extérieurs au champ du résidentiel. Les descriptifs des différentes institutions sont insuffisamment compréhensibles au niveau du contenu. Par ailleurs, le profil des usagers s’est fortement modifié: le caractère de marginalité auquel était associée la population des consommatrices et des consommateurs de drogues des années 80–90 a été remplacé par des individus présentés comme beaucoup plus désinsérés, souffrant plus fréquemment qu’avant de polydépendance et de comorbidité. De plus, la majorité des institutions du secteur résidentiel ne correspondent plus, aujourd’hui, à une offre à haut seuil destinée à une population capable de répondre à des exigences élevées (abstinence, vie collective, réinsertion professionnelle). Le plus souvent, elles prennent en charge des personnes dont les difficultés et la trajectoire imposent avant tout des prestations d’ordre socio-éducatif (notamment pour les plus jeunes), ou de rétablissement ou de maintien d’une situation sanitaire et sociale de base, et non une thérapie à haut seuil. L’ambulatoire exprime le besoin d’avoir des lieux résidentiels bas seuil, par Offre diversifiée mais peu lisible exemple pour prendre en charge des L’offre résidentielle est certes impor- usagers en situation de crise sanitaire tante et diversifiée dans la plupart des ou sociale. Les objectifs traditionnels du cantons, mais généralement peu lisible, traitement résidentiel tels que l’absti-

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nence et la réinsertion professionnelle vacillent, et certains établissements résidentiels ont introduit les traitements de substitution. Par ailleurs, la thérapie de groupe, approche de traitement privilégiée du résidentiel, fait une place toujours plus grande à un suivi personnalisé.

De nombreuses voies possibles

Les auteurs reconnaissent un grand potentiel aux institutions du secteur de l’addiction évaluées en Suisse romande. Ce sont des acteurs importants de la politique suisse en matière d’addictions qui offrent à leurs client-e-s des suivis toujours plus diversifiés atteignant des résultats positifs. L’articulation des secteurs résidentiel et ambulatoire offre, selon l’étude, de bonnes opportunités d’améliorer la continuité dans le traitement et la persévérance des client-e-s et garantit ainsi l’efficience et la cohérence de l’ensemble du système. Elles permettent de développer des solutions durables et intégrées en recourant aux prestations et au savoir-faire existants. Les institutions résidentielles doivent adapter leur offre et leur image aux nouveaux défis (comme le nouveau profil de leur clientèle). Il incombe aux cantons de créer les conditions-cadre propices à un traitement conforme aux besoins des personnes dépendantes dans des situations différentes et aux parcours différents qui intègre souvent aussi bien le traitement ambulatoire que résidentiel.

L’étude souligne qu’il n’y a pas une méthode unique pour maîtriser ou vaincre l’addiction, qu’il n’y a pas une réponse unique pour les personnes en situation de dépendance. Il est donc nécessaire d’optimiser l’articulation et d’instituer des fonctions transversales entre l’am- Un résumé du rapport se trouve sous: bulatoire et le résidentiel. L’intégration www.bag.admin.ch > Thèmes > Drogues des deux secteurs permet d’améliorer la Contact: continuité du traitement et, donc, d’acRené Stamm, croître l’efficacité du suivi. Il faut créer section Drogues, des possibilités de traitement adapté rene.stamm@bag.admin.ch aux besoins des personnes dépendantes dans des situations différentes et aux pathologies différentes.

Recommandations: vers une vision partagée Pour y parvenir, les auteurs du rapport d’évaluation recommandent les mesures suivantes: – la construction d’un référentiel commun et /ou de modèles d’actions concertés, afin de parvenir à une


Charte de prévention pour les entreprises gay Prévention du VIH sur la scène gay. Pour devenir membre de VEGAS, l’Association d’entreprises gay suisses fondée en 2003, il est nécessaire de signer la charte de prévention et, par ce fait, de s’engager à la respecter. La mise à disposition de préservatifs gratuits et l’accès à des informations de prévention sont deux points parmi d’autres de cette charte. Les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) font partie depuis le début de l’épidémie de VIH/sida du groupe de population affichant le taux d’infection le plus élevé. En 2003, des exploitants et des propriétaires d’établissement gays se sont réunis et ont fondé l’association VEGAS afin de lutter contre cette évolution. La charte de prévention, élaborée en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), soutenue par Aide Suisse contre le Sida et l’organisation d’homosexuels Pink Cross, est l’élément essentiel de VEGAS. Elle prévoit notamment la mise à disposition gratuite de préservatifs et de lubrifiants. Mais elle englobe également les prescriptions légales sur l’hygiène, la sécurité, l’attitude face aux drogues ainsi que des règles de comportement au sein des établissements gay. En font partie des règles concernant les «darkrooms» ou les projections de films, interdisant la diffusion intentionnelle et répétée de ceux qui montrent des rapports sexuels non protégés («Barebacking»). Si des films bareback sont montrés, p. ex. dans des cabines ou pour des raisons particulières, des messages attirant l’attention sur les

risques doivent être visibles. Le programme comprend également du matériel informatif, l’affichage et d’autres matériels à caractère préventif. Au total, 52 établissements et organi­ sateurs ont signé la charte à ce jour. 18 d’entre eux ne sont pas membres de VEGAS mais sont néanmoins annoncés auprès de l’OFSP. Pratiquement tous les types de locaux et d’organisations destinés à un public majoritairement gay qui permettent des rapports sexuels «sur place» sont représentés.

Mesure de prévention et label de qualité «tout en un» Le respect de cette charte fait l’objet de contrôles réguliers («audits»), et un compte rendu est remis à l’OFSP. En contrepartie, les établissements membres peuvent obtenir des labels de qualité tels «VEGAS OK» (critères remplis) ou «VEGAS PLUS» (critères dépassés). La charte VEGAS est ainsi à la fois un instrument de certification et de prévention. En 2010, VEGAS a également décerné pour la première fois les Crystal-Awards. Dix établissements ont été récompensés qui, après les audits des cinq dernières années, avaient reçu un «VEGAS PLUS».

Qualité en nette augmentation La statistique effectuée sur les contrôles met en évidence une nette augmentation de la qualité du travail de prévention dans les établissements gay. De manière générale on peut constater que la fondation de VEGAS et l’instauration des audits ont favorisé l’acceptation de la prévention. Cette évolution positive doit être encouragée et le personnel des

Préservatifs et informations dans un sauna-club pour hommes

établissements gays plus fortement sen- pour les HSH et les travailleurs du sexe, sibilisé et mieux informé sur les ques- avec pour objectif d’améliorer la santé tions de prévention. L’OFSP et VEGAS sexuelle et générale de ces groupes. ont, à cette fin, chargé les «checkpoints» Contact: Luciano Ruggia, de Zurich et de Genève de mettre en section Prévention et promotion, place une offre de formation ad hoc. Les luciano.ruggia@bag.admin.ch checkpoints sont une offre médicale

«Ne pas penser qu’aux affaires, mais aussi au bien-être de la société» 5 questions à Martina Bosshard. actionsanté est une initiative de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Diverses entreprises et organisations s’engagent, par le biais d’une déclaration d’intention, à faciliter le choix d’un mode de vie plus sain. Partenaire d’actionsanté de la première heure, le grand distributeur Migros s’engage en faveur d’une alimentation équilibrée et d’une plus grande activité physique au quotidien. Martina Bosshard, porte-parole de la Fédération des coopératives Migros, répond à nos questions. Quelle forme revêt l’engagement de Migros pour l’initiative actionsanté?

Migros est un partenaire de la première heure pour actionsanté. Parlez-nous des expériences faites depuis, et des avantages de cet engagement?

programme Délifit dans les restaurants et dans le secteur des produits à emporter. Les menus Délifit sont la preuve qu’alimentation saine et plaisir de manger ne sont pas incompatibles.

Qu’est-ce qui motive Migros à participer à actionsanté?

Gottlieb Duttweiler, notre fondateur, accordait déjà à la santé de la population Nous présentons chaque année au une importance majeure. C’est pourquoi moins une promesse d’action qui contri- il avait renoncé à la vente de tabac et bue à la promotion de la santé. Il y a d’alcool. Il ne pensait pas seulement aux deux ans, nous avons réduit la teneur en affaires, mais aussi au bien-être de la sel dans le pain. L’année dernière nous société. Aujourd’hui encore, Migros avons montré comment réduire les sels s’engage dans de nombreux domaines cachés dans les produits tout prêts tels pour promouvoir la santé. C’est pourles pizzas et les plats cuisinés. De plus, quoi nous avons volontiers répondu à nous nous sommes engagés à étendre le l’appel de l’OFSP.

duits Lilibigg. Il existe aussi déjà de nombreuses zones de caisse sans articles alimentaires – dans les plus grandes filiales, les parents peuvent choisir la caisse à laquelle ils veulent L’engagement est très positif pour nous. faire la queue. Nous cautionnons cette initiative qui est La conférence annuelle 2011 suivie par de nombreuses entreprises. d’actionsanté a pour thème Les exemples de bonnes pratiques motiprincipal «Activité physique au vent d’autres acteurs du marché à inquotidien». Migros voit-elle dans vestir dans la qualité de leurs produits. ce domaine des possibilités de L’optimisation permanente de notre ass’engager? sortiment et de nos recettes fait partie de notre quotidien. La participation à Certainement. Nous sommes déjà bien actionsanté donne à nos efforts un poids engagés avec l’École Club et les parcs de supplémentaire et un caractère obliga- fitness et de golf. Par ailleurs, Migros sponsorise aussi les principales marches toire envers l’extérieur. populaires et les manifestations slowQuand Migros tiendra-t-elle la up. Notre engagement pour la santé promesse de réduire la teneur en comprend les domaines de l’alimentasucre de certaines denrées alition, des loisirs et de l’activité physique. mentaires? Ou de ne plus placer Enfin, les courses et les compétitions de les sucreries près des caisses? ski que nous organisons servent à transJusqu’ici nous nous sommes concentrés mettre le plaisir de bouger aux enfants. sur la question du sel dans le cadre d’actionsanté. Mais le sucre est aussi un su- www.actionsante.ch jet important pour nous; c’est ainsi que nous avons défini une ligne claire en matière de teneur en sucre pour les pro-

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«Les partenariats ne fonctionnent que s’ils reposent sur une transparenc Entretien. Quelle est l’importance, présente et future, du partenariat entre le secteur public et l’économie privée – le fameux partenariat public-privé, PPP – en matière de prévention et de promotion de la santé? spectra s’est entretenu avec Roger Darioli, professeur en médecine, et Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC, sur les opportunités et les limites de la collaboration public-privé.

l’État le plus possible. Pour les limites de l’exercice je rajouterais, aux règles éthiques mentionnées, que l’État doit conserver le pilotage, rester le garant de

« Miser sur les engagements volontaires par le biais de promesses d’actions santé est une démarche innovatrice du PNAAP 2008–2012.» Roger Darioli

spectra: Quelle est votre position face au PPP; quels en sont, pour vous, les défis, les limites, les risques et les atouts?

la légitimité démocratique du projet. Dans un contexte public, l’État doit garR. Darioli: Je suis favorable au PPP mais der la haute main sur le projet et ne jaà des conditions claires, avec des règles mais lâcher cette responsabilité. Partede transparence bien établies et dans le nariat donc, mais où les deux partenaires respect des principes éthiques dont trois ne sont pas nécessairement à égalité. sont particulièrement importants à mes L’État a une légitimité démocratique et yeux. Le premier, qui permet d’allier la une mission qui lui a été confiée par les bienfaisance sans malfaisance, pour le citoyens. Il ne peut, à mon sens, y avoir consommateur ou le citoyen. Le deu- délégation de cette responsabilité. xième est celui de la justice sociale, qui Dans le secteur de la santé puexclut l’intention pour certains de s’apblique, quelles sont les tâches proprier le bien public au détriment de aisément intégrables dans un la collectivité et des laissés pour compte. PPP et lesquelles ne le sont pas Le troisième est celui qui permet de gaou ne doivent pas l’être? rantir une certaine autodétermination, c’est-à-dire de bien comprendre les en- R. Darioli: A mon avis, le partenariat s’imposera pour certaines tâches, nojeux, et cela implique la transparence. M. Fleury: Je partage ces règles parfai- tamment dans le secteur de la préventement formulées, même si nous tion et de la promotion de la santé. Je sommes un peu plus nuancés face aux pense que le curatif offrira aussi, par néPPP dans la mesure où notre métier de cessité, des opportunités de partenariat. base consiste à avoir un esprit critique Prenons l’exemple de la médecine de envers les entreprises. Mais le PPP com- proximité, de la médecine ambulatoire. prend aussi les associations, qui ont des La disparition des médecins praticiens compétences, y compris en matière de et des pharmacies a transformé certains santé, et auxquelles l’État peut faire territoires en véritables déserts saniconfiance et demander d’assumer cer- taires. taines tâches. Reste qu’à la base le PPP M. Fleury: Je voudrais revenir sur la déest un choix de société, un choix poli- finition du PPP. P. ex., le système de tique, dans la tendance libérale actuelle caisses-maladie est-il un PPP? En lanqui consiste à réduire les tâches de çant l’idée de la caisse publique, nous soutenons le retour de cet aspect dans le giron public. On le voit, le champ est assez large. Avant de lancer un PPP l’État Nos interlocuteurs doit toujours se poser la question de sa Mathieu Fleury est secrétaire général de nécessité. Le privé doit participer en sala Fédération romande des consommachant qu’il s’agit sans doute pour lui teurs (FRC) et, donc, leur défenseur sud’un gage de succès mais qu’il existe prême en Suisse romande. En 2010, la aussi une autre possibilité moins FRC a fondé l’Alliance des organisations agréable, celle de la contrainte qu’il ne de consommateurs, avec ses homolofaut donc ni exclure d’emblée, ni juger gues de Suisse allemande et italienne. totalement positive. Tout est dans un L’alliance exige notamment une réglejuste équilibre. mentation claire de la publicité pour des R. Darioli: Ce rôle de l’État qui doit prodenrées alimentaires vendues comme téger les plus faibles contre les plus forts favorables à la santé mais dont la comest essentiel. Si l’État montre avec déposition démontre le contraire. termination la voie à suivre, des partenaires intelligents sauront engager une Roger Darioli est professeur de médecollaboration du type gagnant-gagnant. cine interne à la faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne, vice-président de la Société Suisse de Nutrition (SSN) et membre de la Commission fédérale de l’alimentation. Il a étudié les sciences de l’alimentation et la lipidologie. Ses activités cliniques et ses travaux de recherche concernent essentiellement le dépistage et la prévention des maladies cardiovasculaires.

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Abordons l’intérêt des entreprises à s’engager. Quelle peut-être leur motivation?

Prof. Dr. Roger Darioli

contre l’industrie du tabac). Ensuite, on assiste peut-être à un tournant, à la prise de conscience que l’on peut positiver l’image en termes de marketing. Ce point est important: l’image de l’entreprise qui offre au consommateur des produits dont on peut garantir qu’ils auront un effet bénéfique sur la santé, tout en étant respectueux des conditions de travail et de l’environnement.

Dans le domaine de la médecine et de la prévention et de la promotion de la santé, quelles tâches doivent absolument rester dans le giron de l’État? R. Darioli: Je crois que la question ne se pose pas tant au niveau de la tâche à proprement parler qu’à celui du contrôle que l’État doit conserver. M. Fleury: Absolument. En soi, l’ouverture d’esprit est large, mais il faut réfléchir à l’intérieur du PPP aux responsabilités, aux fonctions qui peuvent être transmises et à ce qui est intransmissible, à savoir le contrôle. Le pilotage doit rester auprès de l’État. Si cette règle est respectée, on peut être très ouvert et imaginatif, toujours dans la limite des règles d’éthique mentionnées en début d’entretien.

saine. Il s’agissait d’un vrai intérêt conciliant marketing et facilitation, chez le consommateur, du meilleur choix pour lui. Le projet n’était peut-être pas tout à fait mûr, mais il reviendra. La notion de responsabilité des entreprises est désormais au centre du débat, après celle du consommateur. Je voudrais évoquer un livre (Nudge, «la méthode douce pour inspirer la bonne décision») qui introduit la notion de ‘paternalisme libertaire’. Le concept est qu’il est possible de conserver la liberté de choix – donc l’idée libertaire – tout en faisant évoluer les gens dans des directions qui améliorent leur vie – d’où l’idée de paternalisme. Pas de contrainte visible, mais un guidage du consommateur à prendre des décisions bonnes pour lui, notamment par l’utilisation des «choix par défaut». Pour moi, la responsabilité de l’entreprise se place au niveau de l’assortiment qu’elle doit éventuellement changer. Ce n’est pas en multipliant les labels que l’on aide le consommateur. J’ambitionne un véritable partage des responsabilités. Après avoir exigé du consommateur qu’il soit responsable, facilitons-lui la tâche.

Comme avec la stratégie du sel?

R. Darioli: C’est une très bonne stratégie Pouvez-vous nous citer des qui nous a enseigné que la mise en apexemples de succès ? plication prend du temps pour pouvoir R. Darioli: En premier lieu, la peur du M. Fleury: Je pense à un essai, malheu- tenir des difficultés existantes (qualités gendarme, l’autorégulation, même si ce reusement transformé en échec, mais gustatives, processus de production, n’est pas forcément la meilleure raison. qui demeure une piste prometteuse: le conservation) à l’échelon de la populaSoyons clairs: certaines bonnes actions concept Choices qui donnait la possibi- tion, des producteurs et des milieux d’entreprises ou de grands distributeurs lité à l’industrie agro-alimentaire de dé- scientifiques et politiques. Force est de visent essentiellement à éviter des at- signer, parmi une gamme, les produits constater que les produits transformés taques de type plaintes collectives (ex. les plus adaptés à une alimentation tels que le pain, le fromage, les sau-

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ce loyale.» réjouissant de voir que certaines entreprises ont une vision humaniste, ne s’intéressent pas seulement à vouloir faire fonctionner leurs machines, si sophistiquées soient-elles, pour générer du profit, mais investissent aussi dans la promotion de la santé de leur personnel qui va de pair avec la santé de leur organisation. En fait, chacun devrait se poser la question de sa responsabilité: au plan individuel, de sa famille, mais aussi du groupe où il travaille et dans la société. Assumer sa responsabilité individuelle et ne pas uniquement se décharger sur les autres.

Monsieur Fleury, revenons à actionsanté qui invite mais ne met pas de pression sur les entreprises. Qu’en pensez-vous?

Mathieu Fleury

cisses ainsi que d’autres produits carnés, les soupes et les plats préparés contribuent de manière insidieuse à l’apport de sel. C’est pourquoi une étroite collaboration avec l’industrie agroalimentaire et la recherche doit permettre de trouver des solutions pour réduire à long terme la teneur en sel dans les aliments industriels, de la restauration et de la gastronomie. Prenons l’exemple de Migros dans actionsanté qui a adopté une démarche progressive, nécessaire pour accroître les chances de parvenir au but. Certes, ce ne sera pas suffisant, mais c’est une avancée pertinente. M. Fleury: Pour en revenir aux limites je voudrais évoquer le cas d’une entreprise qui, après s’être engagée à baisser la teneur en sel d’un de ses produits, sort quelques jours plus tard une publicité en totale incohérence avec son engagement, mais pour un autre produit. C’est du business! Saluons le fait que les entreprises enrichissent leur recherche du profit d’une responsabilité assumée sans oublier qu’elles restent des entreprises. Cette recherche sous-jacente du profit peut conduire à des incohérences. Restons vigilants. R. Darioli: Veillons aussi à ce qu’il ne s’agisse pas d’opérations alibi. Cela implique un contrôle, un suivi et des règles claires élaborées au préalable qui, si elles sont transgressées, peuvent conduire à la rupture du contrat de partenariat. Mais gardons à l’esprit que tout ce mouvement nécessite un apprentissage de part et d’autre.

actionsanté demeure une stratégie très prudente qui repose sur le bon vouloir des entreprises. A votre avis, est-ce trop ‘soft’? R. Darioli: Il faut être réaliste. Nous sommes à un tournant. Des règles trop strictes auraient un effet dissuasif et au-

M. Fleury: Nous saluons chaque pas dans la bonne direction, mais il est vrai que nous voulons davantage, car ce sont des problèmes majeurs qui intéressent nos enfants (notamment la pandémie d’obésité). Il faut trouver des mesures contraignantes dans les domaines les plus importants. Pour nous, c’est clairement la protection des enfants et des cune chance d’établir un PPP. Miser sur jeunes contre le matraquage ainsi que les engagements volontaires par le biais l’éducation en parallèle à une alimentade promesses d’actions santé est une tion équilibrée. Il y a beaucoup de tradémarche innovatrice du PNAAP 2008– vail à fournir pour éduquer la jeune gé2012, sachant aussi que cette démarche nération à une alimentation saine et fait l’objet d’une évaluation de ses mo- simple, à renoncer en grande partie aux dalités d’application et de son impact plats précuisinés, en fort développesur la santé. En l’état, parmi les entre- ment actuellement. C’est pourquoi la prises qui ont lancé des actions, certaines sont tout à fait adéquates, claires, « Il est difficile de demander à cohérentes sans risque de dérive perun industriel de faire moins verse. Il existe sans doute un potentiel de profit. S’il n’y a pas non négligeable d’actions santé qui mérite d’être exploité et qui peut induire un autorégulation, alors il y a effet boule de neige auprès des autres régulation.» entreprises. Mathieu Fleury M. Fleury: actionsanté va peut-être moins loin mais plus vite, c’est aussi ce qui nous convainc. Mais nous ne vou- FRC a engagé une action avec Promolons pas renoncer à protéger les plus tion santé suisse, «bien manger à petit faibles. Je crois que l’État peut se baser prix». Par ailleurs, dans le cadre de sur un consensus large dans la popula- notre activité qui consiste essentielletion qui demande l’arrêt du ciblage des ment à comparer les produits, à les enfants pour des produits déséquilibrés. mettre en perspective les uns vis-à-vis des autres, il est clair que nous sommes Professeur Darioli, quelles sont insatisfaits au niveau des indications vos visions, vos souhaits pour le qui figurent sur les produits. C’est la futur. Où faut-il encore agir? jungle. Or, nous voulons que le consomR. Darioli: Il reste beaucoup à faire dans mateur conscient puisse choisir en le domaine de l’alimentation. Le sel connaissance de cause et comparer vén’est qu’une petite partie. Si l’on consi- ritablement les produits. Toutes les opédère l’assortiment offert, nombre de rations marketing menée par l’industrie produits n’y ont vraiment pas leur place. visent à créer des différences qui n’exisLes distributeurs ne sont toutefois pas tent pas ou à masquer des différences seuls en cause. N’oublions pas la restau- qui existent. Le consommateur souffre ration où les offres sont parfois extraor- de cette prédominance de la communidinaires d’incohérence. Donc au niveau cation sur l’information. de l’alimentation, on peut vraiment enLes PPP incluent l’État, les entrecore développer l’imagination pour faciprises, mais aussi les consomliter le choix favorisant santé, plaisir et mateurs économicité. Mais la santé comprend aussi l’activité physique, un domaine M. Fleury: Absolument. La figure cenimportant dans lequel nous sommes en- trale de notre action est le consommacore en retard. En poussant la réflexion teur responsable, éclairé qui veut choiencore plus loin, nous arrivons à la sir en connaissance de cause. Mais toute question de l’organisation du travail et la responsabilité ne lui incombe pas en de ses répercussions sur la santé. Il est exclusivité, elle doit être partagée. Si le

consommateur a perdu le lien avec les saisons (fraises en hiver), aux entreprises d’avoir le courage de le ramener sur le chemin. Si l’on veut respecter à tout prix la liberté du consommateur d’acheter du hors saison et celle du distributeur de proposer du hors saison (business) alors, adoptons des présentations plus discrètes dans la promotion de ces produits. R. Darioli: J’ajoute que le consommateur détient un pouvoir plus important qu’il n’imagine et que ce pouvoir produit des effets plus rapides que ceux résultant de la mise en place de mesures législatives. En renonçant à l’achat de produits à la traçabilité douteuse, aux conditions de production plus que discutables ou à la composition inappropriée, il fait preuve de responsabilité citoyenne amenant ainsi les entreprises à corriger leur politique commerciale.

L’OFSP envisage un partenariat à plusieurs niveaux, avec des associations mais aussi des entreprises pour aborder la question de l’alcool. Qu’en pensez-vous? M. Fleury: C’est un thème délicat, comme le tabac, avec beaucoup d’hypocrisie dans les messages ou des messages très contradictoires. Des études ont constaté l’ambigüité et l’inefficacité des mesures d’information. Mais il faut collaborer avec l’industrie, notamment dans la protection de la jeunesse. Les industriels ont bien réalisé que l’alcoolisme chez les jeunes est mauvais pour les affaires. Il y a ici des succès possibles. Il n’en demeure pas moins difficile de demander à un industriel de faire moins de profit. Je pense qu’ici, la seule incitation est la menace. S’il n’y a pas autorégulation, alors il y a régulation. Aux entre­ prises de prendre les mesures nécessaires pour ne pas en arriver à ce point.

Nous avons déjà mentionné le tabac comme domaine très sensible. Ici, pas de PPP prévu. M. Fleury: Il est vrai que s’il était introduit aujourd’hui, ce produit ne serait pas autorisé à la vente. Nous nous efforçons d’adapter une réalité historique. Mais comment appliquer les règles d’aujourd’hui à un produit implanté à une autre époque? Le débat est faussé. La vraie question est celle du tabagisme passif.

En votre qualité de haut défenseur des consommateurs de Suisse romande, avez-vous confiance dans les entreprises qui s’engagent? M. Fleury: J’ai pour habitude de prêter ma confiance, c’est-à-dire que je peux toujours la retirer. Donc, face à un comportement incohérent, je reste vigilant et critique. Je cherche toujours quel peut être le gain possible pour une entreprise, sinon, il y a quelque chose d’absurde. Si je vois un vrai intérêt chez une entreprise, je peux croire à sa sincérité.

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Simonetta Sommaruga, Conseillère fédérale, lors de la journée du 30 novembre 2010 à Berne: «L’arrivée de la retraite ravive souvent, pour les migrant-e-s, le sentiment de déchirure entre leur nouvelle et leur ancienne patrie.»

Jadis jeune et en bonne santé, aujourd’hui vieux et malade? Migration, âge et santé. Une journée a été consacrée à la situation sanitaire et sociale de la population migrante aujourd’hui plus âgée ainsi qu’à la discussion sur des mesures d’amélioration de leurs conditions de vie. Après la Deuxième guerre mondiale, la Suisse a recruté une main-d’œuvre nombreuse dans le sud de l’Europe. Les immigré-e-s, majoritairement venu-e-s d’Italie, devaient être en bonne santé pour être admis-e-s comme saisonniers sur le marché de l’emploi suisse. Les examens de santé aux frontières garantissait que seuls des healthy migrants, comme ils sont mentionnés dans la littérature de recherche, entraient sur notre territoire. Mais comment vont ces personnes aujourd’hui? Le 30 novembre 2010, la Croix-Rouge suisse et Pro Senectute Suisse ont organisé une journée sur la question, mandatées en cela par le Forum national «Age et migration», avec le soutien de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et dans le cadre du Programme national Migration et santé 2008–2013.

Des migrant-e-s en moins bonne santé Il est révélateur, à l’exemple de la géné-

ration de l’immigration, de constater l’étroite interaction de facteurs matériels, sociaux et sanitaires sur la situation de vie dans la vieillesse et leur action directe sur la biographie. Les migrant-e-s de l’après-guerre ont fourni, dans des secteurs où les salaires étaient bas, un travail physique pénible qui a durablement péjoré leur santé. Cette population était, en outre, exposée à un risque accru d’accident et d’invalidité. D’un point de vue économique aussi ils étaient et sont toujours moins bien lotis. Ayant touché des salaires plus bas, la plupart des migrant-e-s doivent aujourd’hui vivre avec des retraites peu élevées. Tous ces facteurs se répercutent sur la santé. Les migrant-e-s se sentent en moins bonne santé que la population suisse du même âge. C’est ce qu’atteste le monitoring santé de la population migrante en Suisse conduit par l’OFSP. L’écart augmente en même temps que l’âge. De plus, les migrant-e-s âgé-e-s sont deux fois plus exposé-e-s à la pauvreté que les Suisses et constituent ainsi un groupe à risque.

–S ensibilisation des institutions et des spécialistes dans les domaines sanitaire et social aux conditions de vie et de travail des migrant-e-s âgé-e-s, notamment dans le travail des personnes âgées ainsi que dans les soins ambulatoires et hospitaliers. – Efforts pour aborder ce groupe cible de manière plus professionnelle grâce à une formation de base et continue appropriée dans le domaine de la vieillesse. – Explication, dans la langue maternelle, du système d’assurance vieillesse en Suisse (droits relatifs à l’AVS, caisse de pension, prestations complémentaires, etc.). – Information sur les services fournis aux personnes âgées (établissements de soins et pour personnes âgées, aide et soins à domicile, services de conseil) au sens d’une autonomisation. – De leur côté, les établissements de soins et de personnes âgée devraient ouvrir leurs services à ce groupe cible et développer, avec lui, des modèles de suivi innovants. Étant donné que l’hétérogénéité de la Des mesures à divers niveaux population vieillissante continuera Pour apporter une amélioration globale d’augmenter, il faut agir en faveur à la situation sanitaire des migrant-e-s d’un accompagnement de la âgé-e-s, diverses mesures sont nécesvieillesse tenant compte de la saires à plusieurs niveaux: diversité.

–D es mesures spécifiques de prévention et de promotion de la santé, c’est-à-dire des offres dans la langue maternelle, ancrées de manière accessible et à bas seuil dans le milieu social de ce groupe cible. Ces offres nécessitent une étroite collaboration avec des spécialistes de la migration ainsi qu’avec les organisations de migrant-e-s. L’objectif est de renforcer les compétences sanitaires quotidiennes des migrant-e-s âgé-e-s ainsi que de soutenir leur organisation d’entraide et leur participation à promouvoir la santé. Lien: www.alter-migration.ch Contact: Hildegard Hungerbühler, résponsable de la section fondements et développement, hildegard.hungerbuehler@redcross.ch

Christine Egerszegi, conseillère aux États et présidente du Forum national âge et migration (à gauche): «Notre mission, en tant qu’État, est de créer les conditions d’une vie de bonne qualité pour les migrant-e-s âgé-e-s». Cristina Anliker Mansour, responsable du service Migration du syndicat Unia (à droite), au cours de la table ronde.

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Alcool et violence: un lien complexe Journée PAC. La consommation d’alcool augmente de manière avérée le risque d’être impliqué dans la violence (domestique et publique), que ce soit en tant que victime ou en tant qu’auteur. La journée PAC (Plans d’action cantonaux alcool) sur le thème «Alcool, élixir de violence?» a mis la question en lumière. La collectivité est confrontée à un grand nombre de questions et de problèmes provoqués par la rencontre alcool – violence. Lors de la journée PAC du 18 novembre 2010, des professionnel-le-s venu-e-s de Suisse et de l’étranger ont souligné les interactions entre l’abus d’alcool et la violence et indiqué des pistes de solutions pour mieux aborder ce problème. La violence domestique a été particulièrement mise en lumière, un sujet qui, en comparaison avec l’alcool et la violence en public, reçoit proportionnellement peu d’attention.

La violence domestique: danger Les chiffres de différentes enquêtes sont très éloquents sur les liens entre l’alcool et la violence domestique. Dans le cadre d’une étude de grande ampleur conduite en Suisse en 2001* des policiers, des services du conseil en alcoolisme et de la thérapie en alcoolisme, des médecins généralistes, des gynécologues ainsi que des personnes concernées du canton de Zurich et des expert-e-s issu-e-s des sept autres plus grands cantons ont été interrogés. Selon les résultats, l’alcool était en jeu dans 40% des cas de violence domestique. Une enquête menée auprès de policiers du canton de Berne en 2007** débouche même sur une proportion de 57% de cas de violence sous l’emprise de l’alcool. Problèmes d’alcool et violence sont donc étroitement liés. En conséquence, les offres de conseil et de traitement dans le domaine de l’alcool devraient aussi intégrer la question de la violence et inversement. Ce qui n’est pas (encore) le cas en Suisse. Qu’en est-il donc du lien entre conseil en matière d’alcoolisme et lutte contre la violence domestique? Avant la journée PAC 2010 déjà, la nécessité de faire un état des lieux des modèles et des mesures à l’interface entre ces deux domaines avait été identifiée. Cet état des lieux a été réalisé par le Fachverband Sucht en collaboration avec le Service contre la violence du Bureau fédéral de l‘égalité entre femmes et hommes. Ces deux services ont été chargés par l’Of-

* S ource: Maffli et Zumbrunn (2001). L’alcool et la violence dans l’environnement social proche (ISPA) (en allemand, résumé en français). ** Source: Université de Berne, Chaire de psychologie social et juridique (2007): Alcool et violence: questionnaire en ligne adressé à des officiers de police dans le canton de Berne (en allemand uniquement).

fice fédéral de la santé publique (OFSP) de mettre en réseau plus étroit les mesures de lutte contre la violence domestique et de conseil en matière d’alcoolisme. L’enquête a été conduite auprès des services de consultation dans les domaines de l’alcool, de la violence et de l’aide aux victimes. Une petite analyse qualitative et une enquête standardisée ont permis d’étudier les offres, les stratégies, le réseautage et les besoins d’agir à l’interface des trois secteurs.

Peu d’offres de conseil combiné Richard Blättler, du Fachverband Sucht, a présenté les résultats à la journée PAC. L’enquête auprès de 59 services de consultation et les recherches dans trois cantons sélectionnés ont révélé un potentiel d’optimisation important. Les client-e-s ne sont systématiquement interrogé-e-s sur la problématique combinée ni dans le domaine de l’alcool ni dans celui de la violence. La situation en la matière semble meilleure dans les centres urbains qui disposent d’une offre relativement bonne dans le domaine du conseil en matière de violence. Dans le domaine de l’alcool, une grande réticence est ressentie face au thème de la violence. Exception faite du TAVIM (Treatment of Alcoholic Violent Men, un

programme appliqué en Allemagne) – qui n’est à ce jour encore appliqué par personne en Suisse – il n’a pas été cité de stratégie pour le conseil sur la problématique combinée. Traitement et conseil sont prodigués soit pour l’alcool ou pour la violence et, dans le meilleur des cas, on peut avoir un transfert et un traitement parallèle. L’ancrage structurel réciproque est aussi encore trop faible pour donner une réponse commune efficace à la combinaison de dépendance et violence. Des entretiens avec des juges ont fait ressortir que la possibilité d’ordonner un

Journée PAC Afin d’agir efficacement tant au plan national qu’au plan cantonal sur les problèmes liés à l’alcool et de coordonner ces actions, la Commission fédérale pour les problèmes liés à l’alcool (CFAL) organise chaque année, conjointement avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Régie fédérale des alcools (RFA), la journée consacrée aux Plans d’action cantonaux alcool (PAC). Les professionnel-le-s chargé-e-s de la politique en matière d’alcool dans les différentes directions cantonales constituent le public visé par cette journée.

conseil pour cause de violence et de problèmes liés à l’alcool est trop peu utilisée. Souvent, les procédures pour violence domestique sont même abandonnées au prétexte que l’auteur était sous l’influence de l’alcool. L’ivresse reste fréquemment invoquée comme circonstance atténuante – avec succès. L’enquête a pu néanmoins susciter un pas en direction de la sensibilisation. De nombreuses suggestions sur le besoin d’agir et de formation continue ont émané des services interrogés, qui concernent essentiellement la recherche, le financement, la sensibilisation et un meilleur réseautage. Contact: Gabriela Scherer, co-responsable section Alcool, gabriela.scherer@bag.admin.ch

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Publications Titre

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A commander auprès de

Poverty and social exclusion in Comptant 334 pages, ce rapport de l’OMS qui date de the WHO European Region: 2010 contient de nombreuses études de cas sur la mahealth systems respond nière dont les systèmes de santé européens abordent le problème de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Les pages consacrées à la Suisse décrivent le programme national Migration et santé qui lutte contre les discriminations sanitaires envers les migrant-e-s.

www.miges.admin.ch (bei Downloads als PDF aufgeschaltet) www.euro.who.int/ en/what-we-publish/abstracts/poverty-and-social-exclusion-in-the-who-european-region-health-systemsrespond (Bestellmöglichkeit für gedruckte Version)

Abonnement gratuit Novembre 2009 et promotion de la santé Newsletter Prévention

spectra 77 spectra spectra 76 Newsletter Gesundheitsförderung und Prävention September 2009

Newsletter Gesundheitsförde rung

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und Prävention Juli 2009

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Santé mentale mental important de stress d’informaLa migration: source est le titre d’une brochure

frapper chacun/e» et à leurs proches. Les «La dépression peut touchées par la maladie les par la dépression que tion destinée aux personnes sont plus souvent touchés s’accompagne d’une migrantes et les migrants car le processus de migration brochure a Suissesses et les Suisses, la santé mentale. La – en particulier pour quement série de traumatismes et des contenus spécifi des recommandations donc été complétée par disponible en huit langues. migrantes et sera bientôt Migration et adaptés aux populations 3 du Programme national contexte le dans système l’accès au Cette mesure s’intègre Was passiert, wenn einedes Gesellschaft als Ganzes kollektiv lernt? Diesen chances dans suprême est l’égalité santé dont l’objectif Prozess beschreibt das sozietale Lernen. Erkenntnisse über die Mechanismen de santé suisse. solcher Lernprozesse liefern unter anderem Antworten zu grundsätzlichen Fragen der Prävention. Wie hat die Gesellschaft auf das Elend der Süchtigen in den offenen Drogenszenen in den 80er- und 90er-Jahren reagiert? Wie läuft que vie. Or, bien 4 der Lernprozess beim Passivrauchen? Beimsa sozietalen Lernen, dem die zweite psychique dans deux souffre d’un trouble personne une en Suisse, Une personne surSuchtakademie 2009 imrépandues Tessin gewidmet war, geht es also um den Auf bau von en suicidalité soient très est prise à forts la dépression et la Kompetenzen in einer Gesellschaft, um gemeinsam komplexe Probleme moyens souffrant de symptômes canplusieurs jour dans zu sur quatre seulement analysieren und Lösungsansätze entwickeln können. Und letztlich muss der ont vu le contre la dépression avec pour objectifs charge. Des Alliances Wertewandeldepuis auch nachhaltig verankert werden. deux ans maintenant), reconLucerne tons (Zoug, Berne et La dépression doit être et la déstigmatisation. l’information principaux pas à avoir honte. maladie dont il n’y a nue comme une 4

Sozietales Lernen

Wenn die Gesellschaft lernt

Tous unis contre la dépres

Agenda

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Interview mit Verena El Fehri und Sandro Cattacin Wie funktioniert gesellschaftliches Lernen, wie kann es für die Prävention séropositives nes welche Grenzen sind dem sozietalen Lernen gesetzt? Im genutzt werden und person pour les concernant notamment Un cours spectra-Interview äussern sich der Soziologieprofessor Sandro Cattacin und questions, au VIH soulève de nombreuses les assurances, la Une infection die Tabakpräventionsspezialistin carrière, El Fehri über das Konzept und den , la Verena outre sur l’activité professionnelle ont besoin, les répercussions praktischen Nutzenrécemment des sozietalen Lernens, den Austausch von Fachleuten an séropositives Les personnes situation. Exclunouvelle famille, la relation. der Tessiner Suchtakademie, diecette Gefahr der Manipulation und die Chancen de desde soutien dans la gestion du suivi médical, les guettent. Un cours und Grenzen gesellschaftlicher Lernprozesse. qui les plus grands dangers la première fois à Arosa sion et isolement sont du VIH, organisé pour ces personnes tiné aux personnes porteuses indices sur l’aide dont fournit de premiers printemps au printemps 8 dernier, d’un second cours au besoin. Il sera suivi ont le plus urgemment In einer Rekordzeit von nur vier Wochen hat das Bundesamt für Gesundheit 2010. eine Kampagne lanciert, welche die Verbreitung der Grippe in der Schweiz eindämmen soll. Drei- bis fünfmal mehr Menschen als in normalen Jahren könnten sich nämlich diesen Herbst mit dem Virus anstecken. Einfache Botschaften informieren auf witzige Art und Weise, wie jede und jeder Einzelne die Verbreitung der Krankheit bremsen kann. Verschiedene bekannte Komiker vermitteln diese Botschaften in TV-Spots und betonen dabei: Es ist kein Witz!

Eine Grippekampagne in Rekordzeit

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Contact

Congrès national Sexualité et Pédagogie – (im)possible?! De la formation des enseignant-e-s à la situation de la classe: quelle est la place de l’éducation sexuelle?

Samedi, 26 mars 2011, Berne

Nous nous interrogerons notamment sur la manière d’aborder les thèmes liés à la sexualité à l’école et celle d’enseigner l’éducation sexuelle pour qu’elle atteigne ses objectifs.

Inscription sous www.amorix.ch

Thérapie intensive et ambulatoire chez les adolescents vulnérables – focus sur les nouveaux modèles

31 mars 2011, Bienne, 13h15 – 17h15, participation gratuite

Journée d’information sur la thérapie familiale multidimensionnelle (MDFT) et la thérapie systémique multiple (MST). Le but est la clarification de l’intérêt et de la pertinence des méthodes MDFT / MST pour les décideurs.

Infodrog, Eigerplatz 5 CP 460, 3000 Berne 14 Tél. 031 376 04 01, office@infodrog.ch, www.infodrog.ch

12 mai 2011, 13h45 – 16h45, Département fédéral des finances, salle 44, Schwarztorstrasse 50, Berne

Cassis de Dijon – enthousiasme ou déception?

Secrétariat Nutrinet Schwarztorstrasse 87, 3001 Berne Tél. 031 385 00 00 www.nutrinet.ch

17 juin 2011, Uni S, Berne

Ce symposium international offrira l’occasion de revenir sur 25 ans d’activité d’évaluation dans le domaine Public Health et de débattre sur les chances et les défis futurs.

Congrès de printemps Nutrinet 2011

sion

Oui... … j’aimerais m’abonner gratuitement au magazine de prévention et de promotion de la santé «spectra»

Veuillez me l’envoyer à l’adresse suivante: Nom Prénom

Evaluation in Public Health – lessons learned and future directions

Swiss Public Health Conference 2011

25/26 août 2011, Université de Bâle

Les maladies chroniques – un défi global

Université de Berne, Zentrum für universitäre Weiterbildung, Schanzeneckstr. 1, 3001 Berne Tél. 031 631 39 28 zuw@zuw.unibe.ch www.zuw.unibe.ch Organisation Organizers Suisse sarl Tél. 061 836 98 78 public-health@organizers.ch www.organizers.ch www.public-health.ch

Adresse Lieu

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Veuillez me faire parvenir plusieurs exemplaires de «spectra»:

spectra online: www.spectra.bag.admin.ch Impressum spectra No 85, Mars 2011 «spectra – Prévention et promotion de la santé» est un bulletin d’information de l’Office fédéral de la santé publique qui paraît six fois par an en français, en allemand et en anglais. Il publie également des opinions qui ne coïncident pas avec la position officielle de l’office.

Traduction: Marie-Françoise Dörig-Moiroud Photos: OFSP, Christoph Hoigné Graphisme: Lebrecht typ-o-grafik, 3006 Berne Impression: Büetiger AG, 4562 Biberist Tirage: 6 400 ex. allemands, 3 400 ex. français, 1 050 ex. anglais

Editeur: Office fédéral de la santé publique 3003 Berne, Tél. 031 323 54 59, Fax 031 324 90 33, www.bag.admin.ch Réalisation: Pressebüro Christoph Hoigné, Allmendstr. 24, 3014 Berne Responsable de la commission de rédaction: Adrian Kammer, adrian.kammer@bag.admin.ch Textes: Collaborateurs de l’OFSP, Christoph Hoigné et autres auteurs

Il est possible de commander des numéros séparés et des abonnements gratuits à: GEWA, Alpenstrasse 58, Case postale, 3052 Zollikofen Téléphone 031 919 13 13, Fax 031 919 13 14, service@gewa.ch

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Le prochain numéro paraîtra en Mai 2011.

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Le Fonds de prévention du tabagisme: pour une prévention efficace Gestion de l’efficacité. Depuis 2004, le Fonds de prévention du tabagisme (FPT) finance, sur demande, des mesures de prévention du tabagisme. Un service rattaché à l’Office fédéral de la santé publique a été créé pour gérer ce fonds alimenté par une redevance de 2,6 centimes par paquet de cigarettes vendu. Le fonds dispose ainsi de près de 16 millions de francs de ressources annuelles. En mettant en œuvre un système de gestion de l’efficacité, le fonds veut accroître l’efficacité et l’utilité des projets financés.

Le FPT met à la disposition des per- ne l’ont pas fait, d’identifier le déficit

Comprendre les interconnexions et apprendre les uns des autres Au travers de sa gestion de l’efficacité, le FPT assure la production d’informations sur le fonctionnement et le profit apporté par les projets qu’il soutient et le moyen de les systématiser en vue d’en accroître l’efficacité et l’utilité. Le fonds emprunte cette voie non seulement poussé par son obligation d’utiliser ses moyens de manière aussi efficiente que possible mais aussi convaincu de la possibilité d’accroître encore l’efficacité du travail de prévention si les interconnexions sont bien comprises, les objectifs planifiés de manière réaliste et les interventions évaluées dans une optique d’utilité.

L’article 2 de l’Ordonnance sur le Fonds de prévention du tabagisme stipule que le fonds sert à financer des mesures de prévention contribuant de manière efficace et durable à la diminution du tabagisme. Le FPT doit désormais relever le défi de financer, conformément à la stratégie du Programme national tabac 2008 – 2012, les mesures de prévention qui satisfont à cette exigence. Sur la base d’une évaluation externe, le Conseil fédéral a chargé le FPT de développer et de mettre en œuvre les processus et les instruments nécessaires pour promouvoir les projets orientés efficacité et évaluer leur impact. Il sera ensuite particulièrement important de traiter les enseignements tirés des projets et de les mettre à disposition pour la conception et l’évaluation de futurs projets.

Planification de projets axée sur l’efficacité

sonnes déposant des demandes de fonds différents instruments et explicaL’approche axée sur l’efficacité est un tions sur la conception de projet axée défi pour les responsables de projets et sur l’efficacité et sur les évaluations les personnes déposant une demande constatant l’efficacité. Des offres graqui doivent, en effet, centrer leur projet tuites de formation et de conseil leur apdès le départ sur l’effet escompté. On portent un soutien précieux dans la parle ensuite d’efficacité lorsque le pro- phase de développement de leur projet. jet crée non seulement des produits ou Évaluer les interconnexions des prestations (p. ex. brochures, cours) mais suscite véritablement chez le Une fois achevés, les projets de prévengroupe cible un changement de compor- tion du tabagisme font l’objet d’une évatement, d’attitude et de connaissance. luation qui fournit aux responsables de Connaître clairement les effets visés par projets des informations précieuses sur un projet ainsi que les liens logiques le succès de leur travail. Pour évaluer entre les actions et les impacts prévus son activité de promotion, le FPT a égapermet aux responsables de projets de lement intérêt à savoir si et comment les fixer des objectifs réalistes et d’évaluer projets avalisés ont agi. ensuite le projet sous l’angle des effets Les interventions exploratoires non standardisées dans des environnements escomptés. Les projets de prévention dans un envi- sociaux complexes permettent rareronnement social complexe ont de nom- ment d’apporter une stricte preuve d’efbreux effets – voulus ou non. De plus, ficacité (p. ex. avec un panel de groupes des facteurs externes influencent l’inter- de contrôle). L’orientation sur l’efficacivention et son efficacité. C’est pourquoi té n’est pas automatiquement synonyme les responsables de projet ne peuvent de causalité des effets. Dans leur rappas toujours recourir, pour leur travail port final, les responsables de projet de conception, à des connaissances peuvent évaluer le degré d’atteinte des scientifiquement établies. Ils décrivent objectifs et l’efficacité des mesures alors, à l’aide d’un modèle d’efficacité mises en œuvre. Le modèle détaillé qui détaillé, comment et pourquoi les inter- éclaire les interconnexions d’efficacité ventions prévues doivent conduire à supposées, rend plausible l’hypothèse quels résultats et intègrent en cela aussi selon laquelle les changements sont un les expériences d’autres interventions. effet du projet. Mais il permet surtout de Il est donc essentiel de disposer des déterminer quels arguments soutienmeilleures connaissances possibles sur nent cette thèse et lesquels ne le font les interconnexions pour réussir la pla- pas, quelles mesures ont fait leurs preuves dans quel domaine et lesquelles nification d’une intervention.

exploiter plus facilement des informations et résultats d’autres projets afin d’optimiser leur efficacité dans différents contextes. Cette procédure bénéficie de manière optimale aux projets subséquents ou à la planification de nouveaux projets de prévention.

Le FPT et les autres acteurs de la prévention du tabagisme ont un objectif commun: la réduction du tabagisme. C’est pourquoi ils concentrent tous leurs efforts et leurs projets sur l’efficacité. Pour l’accroître, le FPT mise sur la capacité de tous les acteurs à avoir une réflexion critique, à partager leurs expériences et à apprendre des expériences des autres. d’évidences scientifiques et la nécessité Autres informations sous: d’un échange professionnel plus inten- www.prevention-tabagisme.ch sif.

Traiter les expériences et les informations Le but des évaluations de projets n’est pas seulement de juger la mesure dans laquelle les objectifs ont été atteints, mais aussi de livrer des informations sur les facteurs de succès et les obstacles pour le futur travail de prévention. Le fonds utilise ensuite ces informations dans ses décisions relatives aux demandes de financement. Les évaluations et les mesures d’efficacité des projets achevés sont donc utiles pour décider de l’utilisation des moyens financiers. A moyen terme, le FPT prévoit de mettre au concours sur cette base des thèmes ou des objectifs sectoriels. Dans le domaine de la prévention du tabagisme, les résultats des évaluations de projets livrent des informations sur les effets qui peuvent être utilisées par tous les participants. Aujourd’hui déjà, le FPT publie dans une banque de données des informations détaillées sur les projets qu’il soutient et répond à chaque demandeur de fonds de manière individuelle. De plus, le service s’attache à traiter les informations pour en faire des «enseignements» et des «good practices» de la prévention du tabagisme et à les rendre accessibles. Les responsables de projets profitent ainsi non seulement de leurs propres expériences, mais peuvent également

Contact: Peter Blatter, responsable du service Fonds de prévention du tabagisme, peter.blatter@bag.admin.ch

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Swisscom: nouvelle «entreprise sans fumée» Prévention du tabagisme. La Ligue pulmonaire apporte son conseil à Swisscom, nouvelle venue dans le programme «Entreprise sans fumée», dans la mise en place de nouvelles réglementations sur le tabac et offre aux collaborateurs des cours stop-tabac dans toute la Suisse.

la motivation des fumeuses et des fumeurs à participer aux cours stop-tabac. 3. Cours stop-tabac pour les fumeuses et les fumeurs à l’aide d’une méthode scientifiquement fondée sur la connaissance thérapeutique du comportement. 4. Soutien à la communication pour communiquer de manière positive les «Entreprise sans fumée» est un proréglementations sur le tabac et les gramme national dont l’initiative recours stop-tabac. vient à la section bâloise de la Ligue pul138 apprentis non fumeurs monaire. Il reçoit une participation chez Swisscom financière substantielle de la part du Fonds de prévention du tabagisme. Les Swisscom prend la protection de la sanentreprises souhaitant planifier et intro- té de ses collaborateurs au sérieux et a duire des mesures promotrices de santé développé, en 2010 avec le soutien bénéficient d’un soutien à quatre ni- d’«Entreprise sans fumée», des réglementations modernes sur le tabac enveaux. trées en vigueur début 2011. En prévi1. Conseil aux entreprises lors de l’opti- sion du changement, l’entreprise a misation des réglementations sur le offert des cours stop-tabac de la Ligue tabac et leur adaptation à la Loi fédé- pulmonaire à tous les collaborateurs, au rale sur la protection contre le taba- dernier trimestre 2010. L’offre destinée aux apprenti-e-s a été mise en œuvre gisme passif. 2. Séances d’information pour les colla- dans le cadre du projet «Apprentissage borateurs fumeurs et non fumeurs sans tabac» de la Ligue pulmonaire de afin d’accroître l’adhésion aux nou- Saint-Gall. velles réglementations sur le tabac et Susanne Buri, Head of Health & Case

Management, nous dit: «Nous sommes particulièrement fiers des 138 apprentie-s qui ont pris la décision de ne pas fumer durant leur apprentissage. «Entreprise sans fumée» nous a fourni des impulsions précieuses lors du développement de nos réglementations sur le tabac. Notre personnel a particulièrement apprécié les cours stop-tabac. Les programmes scientifiquement fondés sont très bien vus.»

événement. La carte d’objectifs personnels que j’ai créée pendant la phase préparatoire me rappelle chaque jour l’objectif atteint et ses avantages – elle m’est aussi précieuse que ma nouvelle vie sans fumée.»

110 collaborateurs ont arrêté de fumer 180 collaborateurs fumeurs ont participé aux cours stop-tabac. 110 sont parvenus à arrêter de fumer et profitent maintenant d’une vie sans fumée. Markus Schumacher, Key Account Manager, se réjouit de son succès: «Le soutien du groupe et le manuel du cours m’ont aidé à préparer mon sevrage; j’étais à la fois ravi et très nerveux. Le problème n’est pas l’arrêt en soi, mais les premières heures, les premiers jours, les premières semaines. Les surmonter est un véritable défi. Le sevrage est un

Contacts: Claudio Paulin, responsable de projet «Unternehmen rauchfrei» Suisse, claudio.paulin@llbb.ch www.unternehmenrauchfrei.ch Grégoire Vittoz, responsable de projet «Entreprise sans fumée» Suisse romande, gregoire.vittoz@lpvd.ch www.entreprisesansfumee.ch

Études de médecine et genre: des progrès à faire Gender Mainstreaming. Dans quelle mesure les études de médecine sont-elles sensibles au genre en Suisse? Et que pouvons-nous apprendre des Pays-Bas qui ont introduit systématiquement le volet genre dans les plans d’étude des universités de médecine? L’Université de Lausanne a mené l’enquête. C’est au milieu des années 1990 que les questions de «Gender Health» et «Gender Medicine» ont pour la première fois été régulièrement intégrées dans le discours universitaire et de politique de santé. Des pays tels que les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Autriche ont alors envisagé l’introduction de contenus sur le genre dans la formation médicale de base. Les Pays-Bas livrent en

la matière un exemple intéressant de la manière dont l’approche intégrée du genre (Gender Mainstreaming) peut être implémentée avec succès dans la formation médicale. A la fin des années 1990, aucune des huit universités de médecine néerlandaises n’offrait de cursus différencié selon le genre. C’est alors que la scientifique Toine Lagro-Janssen a conduit une étude pour renforcer l’inclusion du genre dans l’enseignement de base de son université de médecine à Nijmegen. Dès 1996 elle avait reçu le mandat de créer la première chaire de «Women’s studies in medicine» aux Pays-Bas. En 2002, les points essentiels de l’étude modèle Largo-Janssen ont été appliqués aux sept autres universités de médecine du pays. Ainsi, en cinq ans seulement, les études de médecine de l’ensemble des huit universités néerlandaises ont systématiquement adopté

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domaine du genre sont donc encore très fragmentaires. La mise en place de contenus liés au genre dans la formation Premières approches à Lausanne médicale de base a donc besoin d’un Une étude d’évaluation de la situation programme plus cohérent et d’un engaconcernant l’approche intégrée du gement explicite à les appliquer entièregenre dans la formation médicale en ment. C’est pourquoi l’étude recomSuisse s’est penchée sur le cas de l’Uni- mande la création d’un groupe de travail versité de Lausanne – à titre représenta- «Genre et formation médicale de base» tif pour les universités suisses. Les ré- qui se fixe les étapes suivantes: implésultats sont décevants. S’il existe, il est mentation du genre dans le catalogue vrai, quelques approches de formation suisse des objectifs d’apprentissage respectueuse des différences entre les (SCLO) pour la formation médicale de hommes et les femmes, Lausanne est base, élaboration d’un programme moencore loin de la situation qui règne dèle sur l’inclusion du genre dans l’enaux Pays-Bas. L’année universitaire seignement et mise en œuvre de mesures 2009/2010 a offert, sur les cinq années de soutien aux enseignant-e-s disposéde formation, cinq cours magistraux e-s à aborder les questions de genre. obligatoires dans ce domaine, plus Contact: Verena Hanselmann, quelques conférences destinées touteresponsable du projet Gender Health, fois qu’à une petite partie des étudiantverena.hanselmann@bag.admin.ch e-s. Les unités d’enseignement dans le une approche intégrée du genre Gender Mainstreaming.


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